WEB_Le lien du réseau_N°6_NOV2022_V02

Hommages
Actions mémorielles
Vie du Réseau
SEMESTRIEL — NOVEMBRE 2022 — n°06
Éduquer et
transmettre
En 2022, 90 enseignants
français de lycées,
collèges et écoles publiques
ont suivi les séminaires
proposés par le Comité français
à l’École internationale de Yad
Vashem – Institut International
pour la Mémoire de la Shoah,
à Jérusalem. Ils souhaitaient
enrichir leurs connaissances
et perfectionner leur pédagogie
sur l’enseignement de la Shoah.
Tous saluent la richesse et
l’intérêt de ces formations.
EN SAVOIR PLUS
Yadvashem-France.org/
Éduquer et transmettre
7 décembre 2022
Le Ministre de l’Éducation
nationale, Pap Ndiaye sera
l’invité d’honneur du dîner
de soutien annuel du Comité
français pour Yad Vashem
EN SAVOIR PLUS
Yadvashem-France.org/
Actualité
ÉDITO
La nécessité de la transmission de l’histoire
de la Shoah s’est largement imposée dans
la société française depuis les années 90.
Son enseignement s’inscrit désormais dans
les programmes d’histoire en CM2, en 3 e et
en terminale.
Un grave écueil se présente pourtant
face aux nouvelles générations nées dans
une Europe pacifiée, fondée sur des valeurs
de pluralisme, de tolérance et de justice.
Comment faire entendre que l’inconcevable,
l’extermination de six millions de
Juifs d’Europe, a eu lieu quand le temps et
l’évolution démographique de la société
estompent le souvenir collectif des mémoires
familiales et que s’éteint la voix des témoins.
Comment armer les jeunes esprits à refuser
les falsifications et les négations de
l’histoire, les sensibiliser aux dangers de
l’antisémitisme ?
Enseignants entourant Pierre-François Veil président du Comité
et Arielle Nahmias directrice de l’école internationale de Yad Vashem
© Comité français pour Yad Vashem
Pour faire connaître la vérité historique
de la Shoah, outre le soutien des institutions
mémorielles, existent deux forces majeures
sur lesquelles compter, les enseignants et
les élus de la République.
Remercions d’abord les professeurs qui
enseignent cette sombre page de l’histoire et
s’efforcent par l’apport de la connaissance
rigoureuse de donner aux jeunes des outils
d’analyse et donc la capacité de juger et
d’agir. Soutenons-les dans leur immense
tâche.
Saluons le courage et l’engagement
des élus des villes et villages de France qui
commémorent les victimes, honorent les
Justes parmi les Nations et leur donnent
vie dans l’espace public.
Pierre-François VEIL
Président du Comité français pour Yad Vashem
COMITÉ FRANÇAIS POUR YAD VASHEM

VILLES ET VILLAGES DES JUSTES DE FRANCE
Depuis le dernier numéro
du Lien du Réseau
en mai 2022,
ont été honorés, à titre
posthume, Justes parmi
les Nations :
Le 15 mai à
Mours-Saint-Eusèbe (26)
Justinien GILLAIZEAU
Maire : Philippe Gaboriau
(voir article ci-contre)
Le 20 mai à
Mandailles-Saint-Julien (15)
Eliane BONAL
et à titre posthume
Jean et Marie RONGIER,
Léontine TOUNIER
Louis et Léontine AMALRIC
Marie BONAL
Maire : Philippe Fabre
Le 28 juin à la mairie
de Aiffres (79)
Jean et Marie-Louise HAVILAND
Maire : Jacques Billy
Le 7 août 2022 à Chammes (53)
Joséphine MARÉCHAL
Maire : Michel Galvane
Le 21 août à Val d’Isère (73)
Frédéric PÉTRI
Maire : Patrick Martin
Le 11 septembre à Pineuilh (33)
Georges et Janine MERVEILLEAU,
Pierre MARBOUTY,
Pierre, Eva et Jacques MATIGNON
et Paul et Caroline FAURE
Maire : Didier Teyssandier
Le 20 novembre à Lille (59)
Louise DELIGNE
Maire : Martine Aubry
Le 24 novembre à Paris 7 e (75)
Mathilde GAUTHIER
Maire : Rachida Dati
Le 27 novembre à Beaufay (72)
Léontine BRACCHI
Maire : Géraldine Vogel
Le 29 novembre à Thiviers (24)
Raoul et Marie-Josèphe BEYLOT
et Emile COMBELAS
Maire : Isabelle Hyvoz
COMITÉ FRANÇAIS POUR YAD VASHEM
HOMMAGES
MANDAILLES-SAINT-JULIEN
Une cérémonie exceptionnelle
Eliane BONAL entourée d’enfants lors de la cérémonie.
©Comité français pour Yad Vashem
Dans cette commune du Cantal de
183 habitants, sept personnes ont reçu
la médaille des Justes parmi les Nations
le 20 mai dernier.
Parmi elles, Eliane BONAL, centenaire, a reçu
ce jour-là les insignes de Chevalier de la Légion
d’honneur, hommage instauré par le Président
Jacques Chirac lorsque les Justes sont toujours en
vie. Marie et Jean RONGIER, Léontine RONGIER,
Léontine et Louis AMALRIC et Marie BONAL ont
été, quant à eux, distingués à titre posthume.
Tous les sept ont formé une chaîne de solidarité
pour sauver Abram KUCZYNSKI, jeune médecin
juif polonais traqué par les Allemands et la
police de l’état français, qui connut cinq camps
d’internement pendant la guerre.
Dénoncé fin 1942 par un gendarme qu’il avait
pourtant soigné, Abram KUCZYNSKI est envoyé
au camp de Nexon (87) puis interné trois mois
au camp de Gurs (64). Pour en sortir, il répond
à un appel pour aller travailler dans les mines
du nord de la France. Il tente de s’enfuir mais
il est rattrapé et affecté en mai 1943 au camp
d’internement de Bagnères-de-Bigorre (65)
« Il est fondamental de rappeler
à la jeunesse ce qui a été vécu et
ce qu’il ne faut pas reproduire. »
Serge Castel, préfet du Cantal
puis de Septfonds (81). Enfin, le 15 juillet 1943, il
arrive à Mandailles, incorporé comme bûcheron
au camp Faraut où travaillaient 40 personnes
dont 25 Juifs. Entre l’été 1943 et août 1944, on
fait appel à lui pour soigner clandestinement
plusieurs personnes. Peu à peu, il est connu
des habitants sous le nom de « D r Dubois ».
C’est ainsi que les familles Amalric, Bonal et
Rongier, reconnaissantes des soins qu’il leur
avait prodigués, l’ont caché dans le foin de
leur grange, le grenier de l’école et une petite
chambre aménagée alors que leurs maisons
faisaient l’objet de perquisitions, en particulier lors
d’une action de la feldgendarmerie allemande
et de gardes mobiles de réserve français contre
le maquis du Cantal. S’en suivit l’exécution de
plusieurs Résistants appartenant aux FTP ou à
l’Armée Secrète les 17, 18 et 19 juin 1944. Soutenu
physiquement et moralement par leur courage
et leur générosité, le D r Abram Kuczynski put
survivre, bien qu’il fût sans aucune nouvelle
des siens.
Cette cérémonie exceptionnelle, à laquelle les
écoliers de la commune ont pris une part active,
récompense les actes d’humanité de ces trois
familles, effectués avec la plus grande modestie
et un total désintéressement.
« Madame Bonal, votre courage
et celui de votre famille
oblige notre reconnaissance. »
Philippe Fabre,
maire de Mandailles-Saint-Julien
VIE DU RÉSEAU
20 NOUVELLES
COMMUNES ont créé
des lieux porteurs de mémoire
pour honorer les Justes
Blan (81), Campagnac (81),
Châteaumeillant (18), Drancy (93),
Dunkerque (59), Hure (33), Laval (53),
Leyritz-Moncassin (47), Lignières (10),
Moncel (73), Montjavoult (60),
Négrondes (24), Nice (06),
Paris 16 e , Paris 17 e , Paris 6 e ,
Saint-Martin-des-Monts (72),
Saint-Michel-sur-Orge (91),
Sausses (04) et Val d’Isère (73).

SEMESTRIEL — novembre 2022 — n° 06
ACTIONS MÉMORIELLES
AULUS-LES-BAINS
L’espace muséal met en lumière
les années sombres
CABRIÈRES D’AVIGNON
La mémoire
retrouvée
En 1940, la loi de l’État français du 4 octobre
relative aux ressortissants étrangers de
race juive autorise les préfets à organiser
leur internement. La station thermale
d’Aulus-les-Bains est désignée Centre
d’assignation à résidence et voit soudain
arriver 587 hommes, femmes et enfants
juifs obligés de se loger à leurs propres
frais dans des fermes, des baraques et les
hôtels de la station. Grâce à des villageois
pour lesquels les sentiers n’ont aucun
secret, certains passeront en Espagne,
mais 174 d’entre eux seront raflés le 26 août
1942, puis 266 le 9 janvier 1943. La plupart
seront assassinés dans les camps de
concentration de l’Est de l’Europe. La
solidarité aulusienne sauvera des familles
ou des enfants en les cachant ou en leur
faisant traverser les montagnes. Douze
habitants ont été reconnus Justes parmi
les Nations par Yad Vashem.
6 NOUVELLES
COMMUNES
adhèrent au Réseau
des villes et villages
des Justes de France
Blan (81),
Saint-Etienne (42),
Dompierre-sur-Yon (85),
Campagnac (81),
Gaillac (81) et
Gap (05).
« Nous voulions rendre aux
habitants cette histoire trop
longtemps tue. C’est très
touchant aujourd’hui de
recevoir des jeunes.
On leur donne des repères
historiques avec des
témoignages, des films,
on espère ouvrir leur esprit
critique. »
Bernadette Rogalle,
adjointe au maire et
fille de Justes parmi les Nations
En 2008, le maire Michel Veyssière et son
équipe souhaitent retracer cette histoire
et rendre hommage aux personnes Juives
assignées à résidence à Aulus en 1942 et
1943. Avec le concours du Département,
de la Région, de fonds européens, d’une
banque régionale et de divers partenaires,
ils vont réhabiliter l’ancienne école qui
retrouvera ainsi sa vocation de transmission
du savoir et de la mémoire. En 2016, un
groupe de villageois, d’enseignants,
d’historiens et un ami architecte, crée
l’association Mémoire et Histoire Vivante
Aulus-les-bains (MHVA). Ils concevront
le contenu mémoriel et pédagogique de
l’Espace muséal inauguré en 2019.
Aujourd’hui présidée par Danick Florentin,
l’association fait vivre le lieu devenu Site
d’intérêt départemental : expositions, films,
archives, témoignages attirent un public
scolaire et de nombreux visiteurs. La
nouvelle municipalité, la Fondation pour
la mémoire de la Shoah, le Mémorial de la
Shoah et Yad Vashem y contribuent. Très
active, l’association organise également
des marches, des commémorations, des
lectures de noms, des visites commentées.
POUR PLUS D’INFORMATIONS
https ://espace-memoire-histoire-vivanteaulus-les-bains.com/
Quand Delphine Creps, élue maire de Cabrières
en 2020, découvre que Marie et Attilio Garagnoli,
habitants de sa commune, ont été honorés Justes
parmi les Nations en 2012, elle décide de leur
donner une place d’honneur dans l’espace public.
D’origine italienne par sa mère, elle est particulièrement
sensible à l’histoire de ce couple généreux
et courageux qui avait fui l’Italie fasciste en 1925 et
s’était installé dans la commune. En effet, lorsque
les allemands arrivent à Cabrières en 1944, les
Garagnoli savent que leurs voisins sont en grand
danger : la famille juive Pulvermacher a fui Paris au
début de la guerre. De mars 1944 à la Libération,
Marie et Attilio cacheront Berthe, Dora et Léon
Pulvermacher ainsi que leurs deux cousins, Robert
Pulvermacher et Maurice Wietrzniak membres d’un
groupe de résistance. Le couple Garagnoli les a
protégés, nourris et soutenus moralement durant
toute cette période.
Pour rendre hommage à ses Justes, la commune
décide d’adhérer au Réseau : Réseau Villes et
Villages des Justes de France, de poser une plaque
en l’honneur de Marie et Attilio GARAGNOLI puis
d’installer, à l’entrée de la commune, le panneau
des villes et villages membres du réseau.
« Pour nous, élus, ces hommages coulaient de
source. Les habitants sont fiers de ce passé.
Notre conseil municipal des jeunes s’en est
d’ailleurs emparé. Les jeunes sont allés à Paris,
au Mémorial de la Shoah le 9 novembre dernier.
Ils ont découvert le Mémorial et se sont recueillis
devant le mur des noms des Justes parmi
les Nations. »
Delphine Creps, maire de Cabrières
POUR TOUTE INFORMATION
sur les panneaux d’entrée de ville,
contacter : david.adam@yadvashem.fr
COMITÉ FRANÇAIS POUR YAD VASHEM

LA VOIX DES JUSTES,
un podcast pour l’histoire française
des Justes parmi les Nations
« Il était important
que ces voix qui se sont
tues restent vivantes…
Ce podcast les met
en scène et elles vont
continuer à résonner
longtemps. »
Pierre-François Veil,
président du Comité français
pour Yad Vashem
Au 20 novembre
2022,
50 000
écoutes
avaient déjà été
dénombrées.
Pour écouter
les podcasts de
La voix des Justes
scannez
le QR code
Créé à l’initiative du Comité français pour Yad Vashem, le podcast
LA VOIX DES JUSTES est diffusé sur le site de France Culture et
l’application Radio France depuis le 26 octobre dernier, date de la
cérémonie de lancement qui a eu lieu à la mairie de Paris en présence
de Sandrine Treiner, directrice de France Culture, de Laurence Patrice,
adjointe en charge de la mémoire et du monde combattant, et de très
nombreuses personnalités.
LA VOIX DES JUSTES donne à entendre le récit de femmes et d’hommes
qui partagent un destin commun, celui d’avoir sauvé, au péril de
leur vie, des personnes dont le fait de naître Juives a été considéré
comme un crime par les nazis. Dans la plupart des cas, les actions de
sauvetage n’étaient pas préméditées. Elles ont été accomplies par
des héros du quotidien reconnus Justes parmi les Nations, entrant
ainsi dans l’Histoire.
Ce podcast propose, en dix épisodes, d’écouter le parcours de dix
Justes parmi les Nations, souligné par la narration de plusieurs artistes
et personnalités françaises qui ont gracieusement prêté leurs voix :
Sophia Aram, Emmanuelle Béart, Bénabar, Carla Bruni, Claire Chazal,
Marc Lavoine, Lucie Lucas, Nagui, Muriel Robin, Joey Starr.
Il a pour vocation de faire découvrir, grâce à un outil de diffusion
accessible à toutes générations, l’histoire et l’engagement des Justes
parmi les Nations et l’héritage qu’ils nous laissent. Il révèle les valeurs
morales qui ont été celles des Justes aux moments où, sans hésiter,
ils ont soustrait des hommes, des femmes et des enfants juifs à un
destin tragique, au mépris des risques encourus.
Produits à partir d’enregistrements réalisés par les ateliers de Radio
France et de témoignages des derniers Justes, d’enfants cachés et
de leurs descendants recueillis par Nouvelle Voix et David Gordon,
cette série de podcasts est une innovation qui mêle différentes sources
pour construire un récit actuel, pédagogique et vivant.
Lors de la soirée de lancement, une table ronde était organisée
en présence des historiens Denis Peschanski et Antoine Grande,
du journaliste Guillaume Erner, et du président de l’UEJF, Samuel
Lejoyeux, sur le thème de la place de la Mémoire dans l’Histoire, de
la place des Justes parmi les Nations dans l’imaginaire collectif des
Français, et de la résurgence de l’antisémitisme en ces premières
décennies du 21 e siècle.
« Le travail de notre radio est, quand cela est possible,
d’être présent au côté des voix oubliées de l’Histoire (…)
Nous sommes à la fois soucieux et habités par l’enjeu
de la transmission… Il fallait faire entendre le récit
des témoignages des Justes de France, en dialogue avec ceux
de leurs descendants et ceux de personnes sauvées,
cela sous forme de podcasts, ce medium accessible à tous,
plébiscité par toutes les générations….
Pour se souvenir que face à l’effroi, des femmes et des hommes
de toutes conditions sociales, des gens souvent ordinaires,
sans engagement préalable, se sont levés, pour agir,
dans le secret de leur vie et de leur conscience. »
Sandrine Treiner,
directrice de France Culture
PUBLICATION SEMESTRIELLE
DU COMITÉ FRANÇAIS
POUR YAD VASHEM
ISSN 2739-6177
DIRECTEUR DE PUBLICATION :
Pierre-François Veil
RÉDACTRICE EN CHEF :
Catherine Korenbaum
ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO :
David Adam,
François Guguenheim,
Viviane Lumbroso,
Corinne Melloul,
David Sztabholz,
Catherine Vieu-Charier
Fabienne Waks
Bernard Zimbris.
GRAPHISME : Valérie Delebecque
Comité français
pour Yad Vashem
6 avenue de la Motte-Picquet
75007 Paris
contact@yadvashem.fr
www.yadvashem-france.org
Avec le
soutien de la :
COMITÉ FRANÇAIS POUR YAD VASHEM