GI 2024 1 F
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G ALÁPA<br />
G<br />
édition printemps <strong>2024</strong><br />
O S<br />
I<br />
N TER<br />
N E<br />
Pourquoi la perte de biodiversité<br />
est-elle si tragique ?<br />
Les plantes ont besoin de notre<br />
aide<br />
Grippe aviaire<br />
Bulletin<br />
d‘information<br />
des Amis des<br />
Îles Galápagos<br />
(Suisse)
Éditorial<br />
Chères amies et chers amis des Galápagos<br />
Cette année, nous pouvons célébrer un anniversaire<br />
: il y a 30 ans, en juin 1994, notre association<br />
a été portée sur les fonts baptismaux lors d‘une<br />
assemblée constitutive à Berne. Cela fait donc 30<br />
ans que nous travaillons à l‘étude de la flore et de la<br />
faune et à la préservation de la biodiversité unique<br />
des Galápagos.<br />
Grâce à vos généreux dons, nous avons pu, au cours<br />
de ces 30 années, soutenir d‘importants projets<br />
de protection et d‘étude de la biodiversité aux<br />
Galápagos pour un montant de plus de 2,2 millions<br />
de francs. Cette somme considérable a permis<br />
d‘acquérir des connaissances approfondies sur la<br />
conservation d‘espèces menacées, la restauration<br />
d‘écosystèmes, mais aussi de mieux comprendre les<br />
influences environnementales sur les Galápagos et<br />
la réserve marine qui les englobe.<br />
Parce qu‘à l‘ère de la mobilité mondiale, les Galápagos<br />
ont perdu l‘isolement auquel elles doivent leur<br />
caractère unique, l‘archipel continuera à dépendre<br />
de mesures actives de conservation. En <strong>2024</strong>, de<br />
grands défis nous attendent également. L‘hiver El<br />
Niño de cette année a apporté beaucoup de pluie<br />
et donc de la verdure fraîche aux habitants des<br />
terres. Mais pour ceux dont la source de nourriture<br />
est la mer, la période El Niño, en supprimant<br />
les courants marins froids, entraîne un manque<br />
important de nourriture. Il est à craindre que les<br />
populations d‘oiseaux marins en soient fortement<br />
affectées. L‘avenir nous dira dans quelle mesure la<br />
grippe aviaire, qui a atteint les Galápagos pour la<br />
première fois l‘automne dernier, aura un impact négatif<br />
supplémentaire sur les populations d‘oiseaux.<br />
Notre appel aux dons dans ce numéro ne concerne<br />
pas les oiseaux, mais la flore non moins unique des<br />
Galápagos. Sans une flore variée, saine et originale,<br />
les animaux des Galápagos ne peuvent pas non<br />
plus être préservés à long terme. Aidez-nous à<br />
protéger la flore des Galápagos à long terme.<br />
Contenu<br />
3 Pourquoi la perte de biodiversité estelle<br />
si tragique ?<br />
4 Comment se portent les oiseaux marins<br />
des Galápagos ?<br />
5 Développements réjouissants chez les<br />
moucherolles vermillons<br />
6 Les plantes ont besoin de notre aide<br />
8 Avez-vous déjà entendu parler de<br />
„Blue Carbon“ ?<br />
9 Nouvelles du projet raie<br />
10 Grippe aviaire<br />
11 Événement cinéma<br />
12 Nouvelles des Galápagos<br />
Mentions légales :<br />
Amis des Îles Galápagos (Suisse)<br />
c/o Zoo de Zurich, Zürichbergstrasse 221, 8044 Zürich<br />
Téléphone : 044 254 26 70<br />
E-Mail : freunde.galapagos@zoo.ch<br />
Page d‘accueil : www.galapagos-ch.org<br />
Collaboration sur cette question :<br />
Lukas Keller, Patrick Schmitz, Claudia Haas, Veronika<br />
Huebl, Doris Hölling, Marianne Egli, Karin Ramp. Imprimé<br />
sur du papier certifié FSC.<br />
La prochaine édition du<br />
Galápagos interne<br />
paraîtra au automne <strong>2024</strong><br />
Follow us also on Social Media<br />
Je vous souhaite une bonne lecture et j‘espère vous<br />
voir nombreux à notre 30e Assemblée générale.<br />
freundegalapagos<br />
friendsofgalapagos<br />
Avec mes meilleurs vœux<br />
Image de<br />
couverture<br />
2 Galápagos Interne<br />
Lukas Keller, Président<br />
Pigeon des Galápagos,<br />
© Paquita<br />
Hoeck
Pourquoi la perte de biodiversité est-elle si tragique ?<br />
La perte de biodiversité est un mot-clé que nous<br />
entendons de plus en plus souvent. Beaucoup d‘entre<br />
nous l‘ont entendu dans le cadre des actions relatives<br />
à la disparition des abeilles. Mais que signifie<br />
exactement la biodiversité et pourquoi est-elle si<br />
importante ?<br />
Selon la définition des Nations unies, la biodiversité<br />
englobe toutes les formes de vie sur terre, du tout<br />
petit micro-organisme aux écosystèmes qu‘il forme,<br />
en passant par l‘ensemble de la flore et de la faune et<br />
les différents habitats terrestres, aquatiques et aériens.<br />
En bref, toute la vie dans son environnement naturel.<br />
Cela signifie qu‘une biodiversité saine et équilibrée<br />
garantit la vie sur Terre. Malheureusement, nous, les<br />
humains, provoquons par notre comportement des<br />
changements massifs sur notre planète. Celles-ci privent<br />
de nombreuses formes de vie de leurs moyens<br />
de subsistance et les font disparaître à jamais de<br />
l‘écosystème „Terre“. Nous avons longtemps négligé<br />
le fait que chaque organisme vivant remplit une<br />
fonction dans ce système et que sa perte entraîne<br />
une chaîne de conséquences. Celles-ci entraînent à<br />
leur tour un déséquilibre de notre environnement et<br />
mettent en péril notre mode de vie habituel.<br />
Le défrichement des forêts pour les monocultures,<br />
les routes ou l‘urbanisme, l‘utilisation de pesticides<br />
dans l‘agriculture et la production excessive de CO 2 ne<br />
sont que quelques exemples de notre surexploitation.<br />
Rien que sur les îles Galápagos, isolées dans le Pacifique,<br />
188 espèces sont considérées comme menacées<br />
d‘extinction. Bien que les îles, avec leur faune<br />
et leur flore inhabituelles, semblent être un paradis<br />
presque intact, la menace des espèces invasives,<br />
des constructions (souvent pour le tourisme), de la<br />
pêche industrielle ou de la pollution plastique est<br />
omniprésente.<br />
Les projets visant uniquement à restaurer ou à reboiser<br />
les terres et les forêts ne sont pas suffisants,<br />
car la faune qui y vit normalement est également<br />
nécessaire pour que ces écosystèmes fonctionnent<br />
à nouveau comme à l‘origine.<br />
C‘est pourquoi les projets visant à protéger les petits<br />
oiseaux chanteurs contre les larves de la mouche<br />
vampire des oiseaux Philornis downsi, l‘extension<br />
du sanctuaire marin des Galápagos à la Hermandad,<br />
la renaturation de Floreana ou la surveillance des<br />
populations de tortues marines et d‘oiseaux marins<br />
sont si importants. Les informations recueillies ici<br />
contribuent à maintenir l‘équilibre de l‘écosystème<br />
„Galápagos“ et assurent la préservation de la biodiversité<br />
unique de l‘archipel.<br />
Protéger les tortues géantes des Galápagos – qui<br />
ont donné leur nom à l‘archipel – et travailler à ce<br />
qu‘elles puissent jouer leur rôle dans la préservation<br />
de la biodiversité est un autre projet important. En<br />
effet, les tortues contribuent de manière significative<br />
à la préservation de la biodiversité de l‘archipel : lors<br />
de leurs migrations à travers les îles, elles répandent<br />
des graines dans leurs excréments. Elles aèrent le sol<br />
avec leurs ongles puissants et écartent la végétation<br />
avec leur corps massif. Tout cela contribue à la multiplication<br />
des plantes et des insectes, qui constituent<br />
la base de la nourriture des oiseaux et d‘autres animaux.<br />
C‘est pourquoi il est indispensable de trouver<br />
des solutions, principalement dans les hautes terres<br />
peuplées des Galápagos, pour permettre aux tortues<br />
de vivre avec les hommes sans être affectées par<br />
leurs déchets, les clôtures ou les routes et les espèces<br />
invasives introduites par l‘homme.<br />
De nombreuses personnes engagées travaillent<br />
sans relâche pour expliquer le problème de<br />
l‘appauvrissement de la biodiversité afin d‘éviter<br />
de nouvelles extinctions d‘espèces. Pour que les<br />
générations futures puissent elles aussi admirer la<br />
biodiversité que nous connaissons.<br />
Gardons à l‘esprit une phrase inscrite sur un panneau<br />
d‘information près de l‘enclos de la dernière tortue<br />
de Pinta survivante, „Lonesome George“, décédée<br />
en 2012 :<br />
„Quoi qu‘il arrive à cet unique animal, il doit toujours<br />
nous rappeler que le destin de tous les êtres<br />
vivants sur Terre est entre les mains de l‘homme“.<br />
Centre d‘élevage de tortues des Galápagos, © Doris Hölling<br />
Lonesome George, © Paquita Hoeck<br />
Galápagos Interne<br />
3
Comment se portent les oiseaux marins des Galápagos ?<br />
L‘équipe de Gustavo Jiménez-Uzcátegui travaille<br />
d‘arrache-pied pour déterminer la taille actuelle<br />
des populations de manchots des Galápagos<br />
(Spheniscus mendiculus), de cormorans aptères<br />
(Phalacrocorax harrisi) et d‘albatros des Galápagos<br />
(Phoebastria irrorata). Ces données sont importantes<br />
pour développer des projets de conservation<br />
à long terme pour ces oiseaux, car les oiseaux<br />
marins sont menacés non seulement par le changement<br />
climatique, mais aussi par les espèces<br />
invasives, l‘interaction avec nous, les humains, et<br />
les agents pathogènes. Malheureusement, depuis<br />
cette année, la grippe aviaire, qui a été détectée<br />
pour la première fois dans l‘archipel, fait également<br />
partie des risques.<br />
C‘est pourquoi les chercheurs surveillent étroitement<br />
les zones de reproduction des oiseaux sur<br />
les îles Fernandina, Isabela, Española et Mariela.<br />
Il est ainsi possible de déterminer dans quelle<br />
mesure les oiseaux se reproduisent, combien de<br />
jeunes oiseaux prennent leur envol et quelles sont<br />
les influences extérieures qui en sont responsables.<br />
Des chats et des rats ont été observés dans de<br />
nombreuses zones de reproduction visitées. Les<br />
chercheurs ont donc installé plus de 220 pièges,<br />
dont la surveillance étroite permettra de voir s‘il<br />
est possible de réduire ainsi les espèces introduites<br />
dans ces zones.<br />
Une autre question importante pour les chercheurs<br />
est de comprendre dans quelle mesure les<br />
populations d‘oiseaux marins sont affectées par<br />
les changements de leur environnement. Ces connaissances<br />
sont nécessaires pour développer des<br />
mesures et des projets de protection appropriés,<br />
mais aussi pour déterminer dans quelle mesure<br />
les animaux s‘adaptent à ces changements. C‘est<br />
pourquoi tous les oiseaux capturés sont marqués<br />
avec des tags (petites plaques métalliques avec<br />
des numéros) qui permettent de reconnaître les<br />
animaux et de suivre leur évolution physique et<br />
sanitaire. De plus, des prélèvements du cloaque et<br />
du pharynx sont effectués pour déterminer l‘état<br />
de santé des oiseaux. Heureusement, la grippe<br />
aviaire n‘a été détectée chez aucun des oiseaux<br />
capturés.<br />
été trouvé, les chercheurs supposent que certains<br />
cormorans aptères pourraient avoir migré vers<br />
d‘autres régions en quête de nourriture. Cette hypothèse<br />
devrait être clarifiée lors d‘une autre expédition.<br />
Albatros des Galápagos, © Hannes Barandun<br />
Cormoran aptère, © Andreas Schöllhorn<br />
En 2023, la population de manchots a atteint un<br />
niveau record, bien qu‘il y ait malheureusement<br />
trop peu de jeunes. La sécheresse causée par les<br />
événements La Niña des trois dernières années<br />
pourrait en être la cause. L‘expérience montre que<br />
l‘hiver El Niño 2023 - <strong>2024</strong> entraînera une diminution<br />
des ressources alimentaires, ce qui aura également<br />
un impact négatif sur la reproduction des<br />
oiseaux et entraînera certainement une baisse de<br />
la population. De nouveaux comptages au printemps<br />
<strong>2024</strong> permettront d‘en savoir plus.<br />
L‘équipe a également constaté que le nombre de<br />
cormorans aptères avait considérablement diminué.<br />
Cependant, comme aucun oiseau mort n‘a<br />
Colonie de manchots des Galápagos, © Ursina Koller<br />
4 Galápagos Interne
Développements réjouissants chez les moucherolles vermillons<br />
Depuis des années, nous soutenons les projets du<br />
Dr Birgit Fessl et du Dr Sabine Tebbich de l‘université<br />
de Vienne, qui contribuent à préserver les moucherolles<br />
des Galápagos (Pyrocephalus nanus) de l‘extinction.<br />
La principale menace pour ces petits oiseaux chanteurs<br />
est la mouche vampire des oiseaux (Philornis<br />
downsi), qui pond ses œufs dans les nids des oiseaux<br />
et dont les larves se nourrissent ensuite des oisillons<br />
éclos.<br />
Pour éviter cela, les chercheurs ont jusqu‘à présent<br />
traité tous les nids qu‘ils ont pu trouver avec un insecticide<br />
plusieurs fois par saison de reproduction.<br />
Cette manière de lutter contre les larves de mouches<br />
nécessite toutefois un personnel très qualifié, car les<br />
nids sont souvent situés en hauteur dans les arbres et<br />
les chercheurs ont besoin de grimper dans les arbres<br />
pour y accéder.<br />
C‘est pourquoi, il y a quelques années, on a commencé<br />
à proposer aux oiseaux différents matériaux de<br />
nidification dans des distributeurs, qui ont été préalablement<br />
traités avec un insecticide. Heureusement,<br />
les moucherolles des Galápagos ont très vite réagi à<br />
ces distributeurs et ont commencé à rembourrer leurs<br />
nids de préférence avec des plumes de poulet, mais<br />
aussi avec du sisal et du kapok. Pour cette raison, il<br />
était maintenant important de démontrer l‘efficacité<br />
des matériaux de nid traités dans la lutte contre les<br />
larves de Philornis downsi.<br />
Jusqu‘à présent, le succès de reproduction des<br />
moucherolles des Galápagos était nul dans les nids<br />
qui n‘avaient pas été traités avec un insecticide. Il a<br />
donc été décidé de diviser la zone de reproduction<br />
de l‘île d‘Isabela, sur les pentes de la Sierra Negra,<br />
en parcelles. Dans une moitié de ces parcelles, les<br />
oiseaux se sont vus proposer différents distributeurs<br />
de matériaux de nidification traités avec l‘insecticide<br />
Permacap®, tandis que dans l‘autre moitié des parcelles,<br />
les matériaux de nidification ont été simplement<br />
aspergés d‘eau. Au total, 62 nids d‘oiseaux ont ainsi<br />
pu être observés.<br />
Le point positif est que le matériel de nidification<br />
proposé a été trouvé dans 98% des nids. Les plumes<br />
de poule blanches ont été très appréciées par les<br />
femelles de moucherolle des Galápagos en train de<br />
Nid de moucherolle des Galápagos avec osillons et la mère,<br />
© David Anchundia<br />
couver. Mais la question importante pour les chercheurs<br />
était de savoir dans quelle mesure les plumes<br />
traitées avaient une influence sur le nombre de larves<br />
de mouches dans le nid. Les chercheurs ont constaté<br />
que dans les nids avec des plumes traitées, les œufs<br />
étaient moins souvent abandonnés par les oiseaux.<br />
De plus, le nombre d‘oisillons morts à l‘éclosion était<br />
inférieur à celui des nids en plumes non traitées. Dans<br />
l‘ensemble, les nids avec du matériel de nidification<br />
traité ont connu un succès de reproduction de 54%,<br />
contre seulement 7% pour les nids avec du matériel<br />
de nidification non traité.<br />
De cette manière, les Drs Fessl et Tebbich ont pu<br />
démontrer que les distributeurs de matériaux de nid<br />
traités sont un moyen aussi efficace de protéger les<br />
moucherolles des Galápagos des larves de Philornis<br />
downsi que les injections d‘insecticide dans les nids.<br />
Les distributeurs ont également l‘avantage de ne pas<br />
nécessiter de personnes qui grimpent dans les arbres<br />
spécialement formés. Comme les oiseaux transportent<br />
eux-mêmes le matériel, il est possible d‘atteindre<br />
des nids situés à des hauteurs élevées.<br />
Un autre avantage est que cette méthode est également<br />
facile à appliquer à grande échelle. Cette<br />
année, le Dr Fessel et le Dr Tebbich ont prévu de mener<br />
une étude de grande envergure avec l‘utilisation<br />
de distributeurs sur l‘île de Floreana. Ils souhaitent<br />
ainsi contribuer à ce que les populations existantes<br />
d‘oiseaux chanteurs vivant sur place puissent se rétablir<br />
plus rapidement après l‘éradication des rongeurs<br />
et des chats.<br />
Distributeur de plumes, © David Anchundia<br />
Nid de moucherolle des Galápagos, © David Anchundia<br />
Galápagos Interne<br />
5
Les plantes ont besoin de notre aide<br />
Les îles Galápagos sont mondialement connues pour<br />
le grand nombre d‘espèces endémiques qu‘elles<br />
abritent exclusivement. Cela vaut non seulement<br />
pour la faune, mais aussi pour la flore de l‘archipel, qui<br />
est heureusement restée pratiquement intacte. Seules<br />
trois espèces végétales endémiques sont actuellement<br />
considérées comme éteintes.<br />
Le cactus de lave pousse comme plante pionnière sur un sol<br />
de lave, © Doris Hölling<br />
Mais la flore des îles est également menacée. Les<br />
espèces invasives, les changements d‘utilisation des<br />
sols et le changement climatique contribuent à ce que<br />
plus de la moitié des espèces végétales endémiques<br />
des Galápagos soient désormais classées comme<br />
menacées. Certaines de ces plantes sont même classées<br />
dans le Livre rouge des plantes endémiques des<br />
Galápagos comme étant en danger d‘extinction.<br />
Beaucoup de ces plantes sont des plantes pionnières<br />
et constituent donc un élément de base de l‘archipel<br />
actuel des Galápagos. C‘est leur présence qui a<br />
permis la poursuite de la vie sur les îles volcaniques.<br />
Elles fournissent un abri, différents habitats et de la<br />
nourriture, par le biais de fleurs qui attirent les insectes,<br />
de fruits ou de la plante elle-même. Ces services<br />
écosystémiques ont joué un rôle fondamental dans<br />
le développement des îles en tant que paradis que<br />
nous avons eu la chance de connaître.<br />
Comme il existe un lien étroit entre la flore et la faune,<br />
la perte de certaines espèces végétales dans cet<br />
écosystème spécialisé peut avoir des conséquences<br />
importantes. Les scalesia arboresentes, qui offrent un<br />
habitat important à de nombreuses petites espèces<br />
d‘oiseaux chanteurs, en sont un exemple. Elles ont<br />
disparu à la suite de l‘introduction de ronces (nous<br />
en avons parlé à l‘automne 2022).<br />
Afin de lutter contre la perte de biodiversité, le projet<br />
„Galápagos Verde 2050“ a commencé à cultiver des<br />
espèces végétales menacées d‘extinction et à les<br />
replanter dans leur habitat naturel. Il s‘agit notamment<br />
des quatre espèces de plantes suivantes : Galvezia<br />
leucantha subsp. leucantha, Lecocarpus lecocarpoides,<br />
Scalesia retroflexa et Scalesia affinis.<br />
Pour la plupart d‘entre nous, faire pousser une plante<br />
semble trivial ; il suffit de mettre la graine dans le sol,<br />
de lui fournir suffisamment de lumière, d‘eau et de<br />
chaleur et d‘attendre. Mais ce n‘est pas aussi simple<br />
pour les plantes très spécialisées de l‘archipel. Soit<br />
parce qu‘il n‘y a pas assez de graines, soit parce que<br />
les graines ne germent que sur des supports spéciaux<br />
et alors mal ou pas du tout. De même, les jeunes<br />
plantes ont souvent des besoins très spécifiques que<br />
les chercheurs doivent découvrir par différents essais,<br />
souvent infructueux.<br />
Les plantes cultivées avec succès en laboratoire sont<br />
ensuite replantées dans leur habitat d‘origine. Mais<br />
cela aussi nécessite une planification. L‘eau n‘est pas<br />
disponible partout en quantité suffisante sur l‘archipel.<br />
Une plante qui grandit sous la protection de l‘homme<br />
est cependant habituée à recevoir régulièrement de<br />
l‘eau. Il est donc indispensable de prévoir un arrosage à<br />
long terme, même dans la nature. Les plants sont donc<br />
plantés dans des conteneurs biodégradables équipés<br />
de réservoirs d‘eau ou en utilisant de l‘hydrogel, un<br />
matériau qui retient l‘eau et qui est mélangé à la terre.<br />
En outre, il est important de protéger les plantes de la<br />
prédation animale par des grillages ou des clôtures.<br />
Premiers succès de la reproduction<br />
Galvezia leucantha sous-espèce leucantha est une<br />
sous-espèce endémique de la gueule de loup. Les<br />
chèvres et les rats introduits ont réduit drastiquement<br />
les populations de plantes. En août 2017, il ne restait<br />
plus que quatre de ces plantes sur l‘île d‘Isabela. D‘ici<br />
fin 2022, les chercheurs ont réussi à faire pousser 24<br />
plantes saines de Galvezia leucantha à partir des graines<br />
des quatre plantes restantes et à les replanter dans leur<br />
habitat naturel sur Isabela. Cependant, le problème<br />
était qu‘une grande partie des graines des quatre<br />
dernières plantes n‘étaient pas capables de germer.<br />
Jeune plante dans une clôture de protection avec réservoir<br />
d‘eau, © Paul Mayorga<br />
6 Galápagos Interne
Leocarpus leocarpoides est une plante endémique<br />
de la famille des astéracées que l‘on trouve sur l‘île<br />
d‘Española. On la trouvait généralement à Punta<br />
Manzanillo. Cependant, elle n‘a plus été vue depuis<br />
2014. On a craint qu‘elle ne soit éteinte. Leocarpus<br />
leocarpoides avait également été victime de la voracité<br />
des chèvres introduites. Malgré l‘éradication des chèvres<br />
sur Española, les populations de plantes ne se sont pas<br />
reconstituées. C‘est pourquoi on a commencé à cultiver<br />
des plants à partir de graines conservées dans l‘herbier<br />
de la station Charles Darwin. Les nouveaux plants<br />
ont déjà produit plus de 6000 graines qui devraient<br />
permettre de replanter Leocarpus leocarpoides à Punta<br />
Manzanillo.<br />
Scalesia<br />
Les plantes endémiques des îles Galápaogos<br />
appartiennent, tout comme Galvezia leucantha subsp.<br />
leucantha, à la famille des Astéracées, qui comprend<br />
également les pâquerettes, les soucis, la camomille et<br />
diverses plantes à salade. En raison de leur adaptation<br />
aux différents habitats des Galápagos, les Scalesia sont<br />
également appelées les „pinsons de Darwin du monde<br />
végétal“. Il existe 15 espèces de Scalesia arbustives<br />
ou arborescentes sur l‘archipel. La Scalesia retroflexa<br />
se trouve exclusivement sur l‘île de Santa Cruz et est<br />
menacée d‘extinction. Actuellement, seules 23 de ces<br />
plantes ont été trouvées sur l‘île. Des clôtures ont donc<br />
été érigées autour de ces plantes afin de les protéger<br />
d‘une éventuelle prédation animale.<br />
Scalesia affinis est présente sur les îles orientales et<br />
centrales de l‘archipel, avec un déclin massif des<br />
populations sur Santa Cruz et Floreana. Dans ce<br />
contexte, la croissance considérable de Puerto Ayora<br />
sur l‘île de Santa Cruz a largement contribué à la perte<br />
de Scalesia affinis. La reproduction de ces plantes est<br />
difficile, car la capacité de germination de leurs graines<br />
est limitée. Jusqu‘à présent, plus de 400 de ces plantes<br />
ont été plantées à Santa Cruz, ce qui représente 45% de<br />
la population totale de cette espèce de scalesia sur l‘île.<br />
De nombreuses recherches sont encore nécessaires<br />
pour étendre ces premiers succès à d‘autres plantes<br />
Galvezia leucantha var. Leucantha, © Liliana Jaramillo<br />
Fleur de Scalesia affinis, © galapagosverde 2050, CDF<br />
endémiques menacées de l‘archipel et garantir ainsi<br />
la biodiversité des Galápagos à long terme. Aussi<br />
bien en laboratoire que dans les habitats naturels.<br />
Pour cela, il ne suffit pas de disposer de banques de<br />
graines complètes à long terme, mais il est également<br />
important de découvrir comment assurer la croissance<br />
et la survie des jeunes plants et comment développer<br />
des méthodes de culture durables.<br />
L‘extinction d‘une espèce est définitive et entraîne<br />
souvent des dommages et des problèmes dans<br />
un écosystème qui ne deviennent évidents qu‘a<br />
posteriori. Chaque espèce a un rôle à jouer dans<br />
son habitat. Et celle-ci ne peut pas être simplement<br />
remplacée par une autre espèce.<br />
Aidez-nous à préserver la biodiversité<br />
unique de la flore des Galápagos.<br />
Leocarpus leocarpoides, collecte et emballage de graines pour l‘herbier de CDF, © Josua Vela Fonseca, Patricia Jaramillo<br />
Díaz, CDF<br />
Galápagos Interne<br />
7
Avez-vous déjà entendu parler de „Blue Carbon“ ?<br />
âgés de plus de 50 ans, est causée par des insectes pour<br />
lesquels on cherche sérieusement un moyen de lutte.<br />
Littoral des Galápagos, © Lukas Keller<br />
Nous sommes tous conscients que, dans le cadre du<br />
réchauffement climatique, il est urgent de réduire les<br />
émissions de CO 2 afin de préserver notre climat dans<br />
un cadre vivable pour nous à l‘avenir.<br />
C‘est plus facile à dire qu‘à faire. En cherchant des<br />
moyens de stockage peu coûteux mais durables pour<br />
le carbone que nous produisons en excès, les scientifiques<br />
ont constaté que les forêts terrestres ne sont pas<br />
les seules à pouvoir absorber et stocker le CO 2 . Les zones<br />
côtières, avec leurs mangroves, leurs marais salants<br />
et leurs herbiers marins, ainsi que les forêts d‘algues<br />
dans les océans, capturent et stockent également du<br />
CO 2 avec succès. Ce dioxyde de carbone stocké dans<br />
l‘océan ou sur les côtes est appelé „Blue Carbon“ ou<br />
carbone bleu.<br />
Il est intéressant de noter que ces écosystèmes marins<br />
sont beaucoup plus petits que les forêts terrestres. Ils<br />
absorbent toutefois le CO 2 plus rapidement et sont en<br />
outre capables de stocker le carbone sur une longue<br />
période. Cela est possible parce que, contrairement<br />
aux sols terrestres, les sédiments des fonds marins ne<br />
contiennent pas d‘oxygène et que la salinité de l‘océan<br />
limite la formation de méthane.<br />
Selon certaines théories, plus de 65% du CO 2 est biologiquement<br />
stocké dans les écosystèmes marins.<br />
Les mangroves ne protègent pas seulement les zones<br />
côtières des inondations. Aux Galápagos, elles constituent<br />
également une importante nurserie pour les<br />
espèces marines menacées, telles que les requins et<br />
les raies. Elles offrent également un habitat unique à<br />
de nombreux insectes et oiseaux, comme les géospizes<br />
(ou pinsons) des mangroves.<br />
Cependant, la dégradation de ces écosystèmes (par la<br />
mort des arbres ou l‘assèchement du sol) ne menace<br />
pas seulement l‘habitat des plantes et des animaux qui<br />
y vivent, mais libère également de grandes quantités<br />
de CO 2 stockées dans les fonds marins.<br />
À Playa Tortuga Negra, sur l‘île Isabela, on observe<br />
depuis plusieurs années un dépérissement des mangroves<br />
noires (Avicennia germinans). Il s‘agit de l‘une des<br />
trois espèces de palétuviers que l‘on trouve ici et que<br />
les géospizes des mangroves utilisent de préférence<br />
pour construire leur nid. La mort de ces arbres, souvent<br />
Le chercheur Nicolas Moity s‘intéresse de près à<br />
l‘écologie des mangroves. Pour ce faire, il divise certaines<br />
zones de mangrove en parcelles, puis utilise<br />
des drones pour collecter des informations sur les<br />
structures et la biomasse des arbres dans les zones<br />
ainsi divisées. Il prélève également des échantillons<br />
de feuilles et de sol afin d‘évaluer l‘état de santé des<br />
mangroves et d‘étudier les relations génétiques. Ces<br />
données lui permettent d‘évaluer l‘âge des mangroves<br />
et donc leur contribution au carbone bleu.<br />
Cette recherche est importante car elle permet de<br />
représenter les changements dans le temps, ce qui est<br />
nécessaire pour évaluer l‘impact des variations climatiques<br />
et le risque d‘effondrement de cet écosystème.<br />
Forêt de mangrove, © Ursina Koller<br />
Veronika Huebl C‘est pourquoi Nicolas Moity a étendu<br />
les études des différents services écosystémiques des<br />
mangroves et observe également leur rôle de nurserie<br />
pour les espèces marines. Pour ce faire, il plonge<br />
dans les lagunes de mangrove, compte les poissons<br />
présents, les tortues marines, les requins et les raies. Il<br />
installe également des capteurs de température. Grâce<br />
à ces données, il veut démontrer le rôle souvent sousestimé<br />
des lagunes de mangrove en tant que réservoir<br />
de carbone et nurserie pour les espèces menacées. Il<br />
espère également mettre en évidence les effets non<br />
prouvés de la présence humaine sur ces points chauds<br />
de la biodiversité.<br />
Baie avec raies et tortues de mer, © Amy McLeod<br />
8 Galápagos Interne
Nouvelles du projet raie<br />
Veronika Huebl<br />
De nombreuses parties du littoral des Galápagos<br />
sont bordées de mangroves. Cette végétation dense<br />
d‘arbres et d‘arbustes enracinés dans l‘eau salée et<br />
saumâtre protège non seulement les bandes côtières<br />
de l‘érosion, des tempêtes et des inondations,<br />
mais stocke également le CO 2 de manière extrêmement<br />
efficace, contribuant ainsi de manière significative<br />
à la stabilisation du climat. Et ce n‘est pas tout<br />
: les racines des mangroves situées à proximité des<br />
côtes offrent également une protection optimale<br />
aux jeunes de plus de 50 espèces de requins et de<br />
raies qui vivent et grandissent autour des Galápagos.<br />
Il existe peu de données sur les raies dans la réserve<br />
marine des Galápagos. On ne sait pas quelle est leur<br />
taille, combien elles pèsent ou quel est leur âge. Un<br />
projet dirigé par le Dr Diana Pazmiño vise à changer<br />
cela. L‘archipel compte 15 espèces de raies différentes,<br />
dont trois sont ciblées par le projet : la grande<br />
raie manta (Mobula birostris), la raie dorée (ou raie à<br />
nez de vache du Pacifique, (Rhinoptera steindachneri)<br />
et la raie aigle tachetée (Aetobatus ocellatus) dans<br />
les environs d‘Isabela et de San Cristóbal.<br />
Les raies dorées et les raies aigles tachetées se rencontrent<br />
généralement en bancs. On peut parfois<br />
les voir se balancer élégamment dans l‘eau en formation<br />
régulière à Academy Bay, à Puerto Ayora. Le<br />
projet consistait à mieux connaître ces deux espèces<br />
de raies et leur cohabitation, notamment dans les «<br />
nurseries » de la mangrove, et à prélever des échantillons<br />
de tissus sur les animaux à plusieurs endroits<br />
afin de comparer les populations dans l‘ensemble<br />
de l‘archipel, mais aussi à l‘échelle mondiale.<br />
Des succès malgré un revers<br />
Le projet a rencontré des difficultés, en particulier<br />
autour d‘Isabela, car les effets du phénomène La<br />
Niña au début de l‘année 2022 et du tsunami des<br />
Tonga se sont fait sentir dans les eaux du sud des Galápagos<br />
au cours de la période d‘observation : Seules<br />
trois raies dorées aient été observées et qu‘elles présentaient<br />
des lésions dorsales, probablement dues à<br />
des collisions avec des bateaux de tourisme ou des<br />
bateaux de pêche locaux, si bien que l‘équipe de recherche<br />
a décidé de ne pas prélever d‘échantillons<br />
Raie aigle tachetée, © Veronika Huebl<br />
Raie Manta, © Chris Rohner<br />
de tissus sur ces animaux. Cependant, un peu plus<br />
tard, alors qu‘ils recherchaient des raies manta en<br />
haute mer, l‘équipe a rencontré un banc d‘une centaine<br />
de raies dorées. Cependant, dans les eaux agitées,<br />
seul un prélèvement de tissus a pu être effectué.<br />
Autour de San Cristóbal, l‘équipe a eu plus de<br />
chance et a pu collecter 36 échantillons de tissus de<br />
raies aigles tachetées, ainsi que trois échantillons de<br />
raies dorées, qui sont maintenant en cours d‘analyse.<br />
L‘une des grandes réussites de ce projet est l‘inclusion<br />
de plusieurs parties du littoral comme sites de reproduction<br />
dans la base de données internationale des<br />
„Important Shark and Ray Areas“ (ISRAs).<br />
Raie manta<br />
Le travail de terrain sur les raies manta a été très<br />
satisfaisant pour les chercheurs. Les grandes raies<br />
manta se trouvent surtout dans les eaux profondes<br />
autour d‘Isabela.<br />
„Lors de notre séjour aux Galápagos, nous avons pu<br />
une fois observer de près une de ces carapaces : Elle<br />
nous a accompagnés lors d‘une excursion en kayak.<br />
Apparemment curieux, il a nagé sous nos kayaks et<br />
nous a fascinés par sa taille imposante. En fait, on<br />
ne voyait qu‘une surface sombre, il était impossible<br />
de distinguer un contour tant l‘animal était énorme.<br />
Trois kayaks plus loin, il était toujours juste en dessous<br />
de nous. Lorsque nous sommes remontés dans<br />
le canot pneumatique, le grande rai manta a fait ses<br />
adieux à distance en sautant trois fois hors de l‘eau.<br />
Ils font parfois cela, un peu comme les baleines, mais<br />
on ne sait pas pourquoi ils le font“.<br />
Le projet raie manta avait pour but de mieux connaître<br />
la dynamique et les relations de la raie manta<br />
géante autour des Galápagos et de la comparer à la<br />
grande population connue près de l‘île de La Plata<br />
en Équateur continental. De nombreux échantillons<br />
de tissus ont été prélevés, dix raies manta ont également<br />
été équipées d‘émetteurs acoustiques et quatre<br />
autres ont été équipées d‘émetteurs satellites.<br />
Trois récepteurs acoustiques ont été installés autour<br />
d‘Isabela afin d‘observer les mouvements des grandes<br />
raies manta taguées. Ces données permettront à<br />
l‘avenir de tirer de nombreuses conclusions qui contribueront<br />
à la protection de ces animaux impressionnants.<br />
Galápagos Interne<br />
9
Grippe aviaire<br />
Veronika Huebl<br />
En septembre 2023, des bateaux de plongée naviguant<br />
autour des îles Darwin et Wolf, situées loin au nord<br />
de l‘archipel des Galápagos, ont signalé des dizaines<br />
d‘oiseaux morts ou mourants, principalement des<br />
fous à pieds rouges (Sula sula). Peu de temps après,<br />
on a également signalé la mort de fous à Genovesa<br />
et à Punta Pitt, à l‘extrême nord-est de San Cristóbal.<br />
Des examens ont rapidement apporté une certitude<br />
inquiétante : la cause de la mort était la grippe aviaire<br />
H5N1, qui a connu sa plus grande propagation jamais<br />
documentée dans le monde à l‘automne 2023 et qui<br />
semble maintenant avoir atteint les Galápagos.<br />
La grippe aviaire est causée par des virus „Influenza A“.<br />
Ces virus se propagent de préférence par les oiseaux<br />
aquatiques, chez lesquels ils sont présents dans le<br />
tractus gastro-intestinal, via leurs fientes. Les virus se<br />
divisent en 16 sous-types H et 9 sous-types N avec de<br />
nombreuses combinaisons possibles. Chez l‘homme,<br />
les sous-types H1, H2, H3 sont responsables de la<br />
grippe, tandis que H5 et H7 sont responsables de la<br />
grippe aviaire, qui touche principalement les volailles<br />
domestiques.<br />
Punta Pitt, les îles Genovesa et Wolf ainsi que l‘île<br />
Española ont été fermées au tourisme par mesure de<br />
précaution afin de protéger l‘albatros des Galápagos<br />
(Phoebastria irrorata). D‘autres zones connues pour<br />
être des lieux de nidification et de reproduction des<br />
oiseaux marins ont été placées sous contrôle actif<br />
et les animaux morts ont été collectés dans le strict<br />
respect d‘un protocole de sécurité. En outre, le parc<br />
national et la station de recherche Charles Darwin ont<br />
immédiatement enquêté sur la manière dont le virus<br />
avait pu arriver aux Galápagos.<br />
Comme il a été détecté principalement chez les fous à<br />
pieds rouges, on pense que ce sont eux qui ont apporté<br />
le virus dans l‘archipel. Ils se nourrissent de très peu<br />
d‘espèces de poissons et ont dû se rendre dans des<br />
zones très éloignées l‘automne dernier en raison du<br />
phénomène El Niño actuel qui, en raison des courants<br />
d‘eau chaude dominants, réduit considérablement la<br />
nourriture disponible dans les eaux de l‘archipel. C‘est<br />
là qu‘ils sont susceptibles d‘avoir été infectés par des<br />
oiseaux migrateurs.<br />
Le plus grand danger concerne les espèces endémiques,<br />
dont il n‘existe de toute façon que peu<br />
d‘exemplaires dans l‘archipel, comme le mouette<br />
obscure (Leucophaeus fuliginosus), le manchot des<br />
Galápagos (Spheniscus mendiculus) ou encore le cormoran<br />
aptère (Phalacrocorax harrisi) et l‘albatros des<br />
Galápagos. Après que des otaries et des dauphins<br />
aient été testés positifs au virus au Chili, les populations<br />
d‘otaries des Galápagos ont également été<br />
étroitement contrôlées.<br />
Les oiseaux chanteurs, comme les pinsons de Darwin,<br />
qui n‘entrent normalement pas en contact avec les<br />
oiseaux aquatiques, sont relativement protégés.<br />
Depuis fin septembre 2023, les sites de nidification et<br />
de reproduction de dix îles ont été visités plus de 20<br />
fois afin de collecter le plus rapidement possible les<br />
animaux morts infectés et d‘éviter ainsi une nouvelle<br />
propagation de la grippe aviaire. Parallèlement, des<br />
échantillons ont été prélevés sur les animaux morts<br />
et sur les animaux vivants.<br />
Heureusement, il n‘y a pas eu de grande frayeur : Certes,<br />
quelques animaux vivants ont été testés positifs – lors<br />
du deuxième prélèvement à Genovesa, par exemple,<br />
trois échantillons sur 30 étaient positifs – mais avec<br />
une faible charge virale et les animaux concernés ne<br />
présentaient pas de symptômes. Sur Española, les<br />
36 échantillons prélevés sur des albatros, des fous<br />
de Nazca (Sula granti) et des fous à pieds bleus (Sula<br />
nebouxii) étaient tous négatifs. De plus, les populations<br />
ne semblent pas être décimées partout, mais sont<br />
tout aussi nombreuses. On suppose qu‘un autre soustype<br />
du virus de la grippe aviaire est déjà apparu aux<br />
Galápagos et que les animaux disposent donc d‘une<br />
certaine immunité.<br />
Les mesures de sécurité se poursuivent et toutes les<br />
personnes concernées espèrent que le virus restera<br />
effectivement confiné à quelques oiseaux marins.<br />
10Gustavo Galápagos Jiménez teste Interne le virus de la grippe sur un<br />
albatros, © Andrea Coloma, CDF<br />
Une équipe d‘experts étudie les oiseaux marins de<br />
Genovesa et Wolf et prélève des échantillons, © EPA/<br />
Parque Nacional Galápagos HA
Événement cinéma<br />
Veronika Huebl<br />
Le 3 novembre 2023, la salle de cinéma du musée<br />
zoologique de l‘Université de Zurich a accueilli la<br />
projection du documentaire „Galápagos - Hope for<br />
the Future“. La projection du film était initialement<br />
prévue pour le printemps 2020, mais n‘a pas pu<br />
avoir lieu en raison de la pandémie de Covid-19.<br />
Aujourd‘hui, ce voyage virtuel aux Galápagos a<br />
enfin pu s’accomplir, en présence du réalisateur, M.<br />
Evert Van Den Bos, qui a expliqué en introduction à<br />
quel point le tournage dans ce lieu particulier était<br />
fascinant, mais aussi quelles étaient les contraintes<br />
et les difficultés, prévisibles ou imprévisibles, auxquelles<br />
lui et son équipe ont dû faire face.<br />
Evert Van den Bos y Lukas Keller, © Doris Hölling<br />
Le film était une commande pour le 60e anniversaire<br />
de la Charles Darwin Foundation. Le défi pour M. Van<br />
Den Bos était de réaliser un film sur la recherche et<br />
les connaissances scientifiques, mais dont le récit<br />
serait intéressant pour le grand public. Une scène<br />
dans laquelle cet écart est particulièrement visible<br />
est l‘animation habituelle du marché aux poissons.<br />
Pour attirer le public, la dramaturgie prévoyait<br />
qu‘une otarie réussisse à piquer un poisson sur le<br />
comptoir. Le parc national n‘a accepté cette scène<br />
qu‘après de longues discussions et avec de grandes<br />
réserves, car il est strictement interdit de nourrir<br />
les animaux et, en général, tous les participants au<br />
marché aux poissons sont très attentifs au respect<br />
de ces conditions.<br />
La période de production relativement courte de<br />
huit mois seulement et l‘incroyable effort logistique<br />
fourni par tous les participants pour réaliser le film<br />
ont constitué un défi supplémentaire : pour chacun<br />
des nombreux lieux de tournage sur différentes<br />
îles, sur terre, sur mer et sous l‘eau, il fallait une<br />
autorisation du Parc National précisant dans quel<br />
créneau horaire telle ou telle espèce serait filmée –<br />
et si l‘autorisation prévoyait des fous à pieds bleus<br />
à un endroit donné à une certaine heure, il n‘était<br />
pas possible de filmer des albatros. Et bien sûr, on<br />
ne peut pas non plus ordonner aux animaux de se<br />
mettre en scène de manière cinématographique<br />
exactement dans le créneau horaire prévu. Mais<br />
grâce à l‘engagement impressionnant de tous les<br />
participants et à leur grand professionnalisme, le<br />
projet a pu être mené à bien.<br />
Le film montre les animaux, l‘environnement, mais<br />
aussi les hommes – les scientifiques ainsi que les<br />
habitants des îles qui sont impliqués dans les projets<br />
de protection et qui ont à cœur de protéger<br />
leur habitat particulier. Il offre un aperçu approfondi<br />
des efforts déployés par la Charles Darwin<br />
Foundation pour protéger des espèces animales<br />
particulièrement menacées comme le géospize des<br />
mangroves, pour repousser des espèces introduites<br />
comme la ronce et pour aider les jeunes pousses<br />
de scalesia à reconquérir leur habitat. Ainsi, le film<br />
voit les Galápagos comme un symbole d‘espoir,<br />
car les habitants, par compréhension et respect<br />
de leur environnement et de ses habitants les plus<br />
divers, sont passionnément déterminés à préserver,<br />
protéger et assurer l‘avenir de cette région unique<br />
et si fragile avec son écosystème vulnérable.<br />
Le public présent dans la salle de cinéma du musée<br />
zoologique de Zurich, remplie jusqu‘à la dernière<br />
place, a été enthousiasmé par ce magnifique film.<br />
L‘apéritif qui a suivi a été l‘occasion de discuter<br />
longuement avec M. Van Den Bos de son expérience<br />
unique et des défis qu‘il a relevés lors du tournage<br />
aux Galápagos. Quand a-t-on l‘occasion d‘échanger<br />
et de poser des questions directement au réalisateur<br />
? Cet aperçu des coulisses n‘a pas de prix pour de<br />
nombreux spectateurs.<br />
Mais comme toujours, les discussions entre les amis<br />
des Galápagos n‘ont pas été oubliées. Ils ont échangé<br />
des informations sur leurs futurs voyages ou se sont<br />
remémorés ensemble leurs souvenirs d‘un séjour<br />
riche en émotions aux Galápagos.<br />
Membres intéressés en discussion avec Evert, © Doris Hölling<br />
Galápagos Interne<br />
11
Nouvelles des<br />
Galápagos<br />
Fin août 2023, une expédition en eaux profondes de<br />
30 jours a été menée en collaboration avec la Station<br />
Charles Darwin, l‘Autorité du Parc national des Galápagos,<br />
l‘Institut océanographique et antarctique<br />
de la Marine équatorienne et des chercheurs de<br />
plusieurs universités du monde entier.<br />
Le Dr John Jamieson de l‘Université Memorial de<br />
Terre-Neuve (Canada) a pu établir des cartes à haute<br />
résolution des fonds marins au large de l‘ouest des<br />
Galápagos à l‘aide de véhicules sous-marins télécommandés<br />
équipés de la toute dernière technologie<br />
sonar.<br />
Les cheminées hydrothermales encore inconnues qui<br />
ont été découvertes à cette occasion se situent à des<br />
profondeurs comprises entre 1 600 et 2 400 mètres.<br />
Jusqu‘à présent, seules des sources hydrothermales<br />
au large des Galápagos orientales étaient connues.<br />
Grâce aux cartes très détaillées, les chercheurs ont pu<br />
identifier non seulement les animaux qui s‘y trouvent,<br />
comme les crabes et les vers tubulaires, mais aussi les<br />
produits chimiques que les cheminées rejettent. Des<br />
œufs de raie blanche du Pacifique ont été trouvés<br />
dans l‘une des cheminées à basse température. C‘est<br />
seulement la deuxième fois que de tels œufs sont<br />
découverts. Actuellement, les équipes de chercheurs<br />
travaillent intensivement à l‘analyse des données<br />
qu‘ils ont collectées.<br />
Une cheminée active dans un champ hydrothermal récemment<br />
découvert, © Schmidt Ocean Institute<br />
Invitation à la 30e assemblée générale<br />
Quand:<br />
Qù:<br />
Ordre du jour:<br />
Orateur invité:<br />
jeudi 4. avril <strong>2024</strong>, 18h30<br />
Zoologique de l’Université de Zurich, Karl-Schmid-Strasse 4, 8006 Zürich<br />
cf. Lettre d’invitation en annexe<br />
cf. Lettre d’invitation en annexe<br />
Suivi d’un apéro avant 21h00<br />
Nous nous réjouissons de votre participation.<br />
12 Galápagos Intern