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SECRET BANCAIRE<br />

Valeurs actuelles<br />

Comment<br />

sortir<br />

dutrounoir<br />

Ce que la droite<br />

attend de lui<br />

M02810 -3841 - F: 3,50 E<br />

«Iln’est derichesses que d’hommes. » Jean Bodin<br />

LaSuisse<br />

renonce<br />

Chaque<br />

jeudi<br />

NUMÉRO 3841<br />

DU 8AU<br />

14 JUILLET 2010<br />

3,50 €<br />

DOM :4,90 €<br />

BELGIQUE :3,80 €<br />

MAROC :45DH<br />

TUNISIE :2,9 DT<br />

ZONE CFA :2600 CFA<br />

CANADA :5,50 DC<br />

MAYOTTE :5,50 €.<br />

www.valeursactuelles.com


Notre opinion<br />

Pasderigueursansrelance<br />

Ilest curieux d’entendreles donneurs de leçons<br />

reprocher au gouvernement de ne pas aller assez<br />

loin dans la rigueur.Àles en croire, plus mal on<br />

traiterait les Français,plus ceux-ci seraient rassurés.Qu’on<br />

les accable d’impôts et ils se précipiteraient<br />

aussitôt dans les magasins, relançant ainsi le principal<br />

moteurdelacroissanceenFrance, la consommation<br />

!Enrevanche, faceàdes mesures trop timides<br />

àleurs yeux,ils épargneront en prévision de jours<br />

plus difficiles encore. Et de citer en exemple Angela<br />

Merkel et ses 86 milliards d’euros d’économies ou<br />

DavidCameron et son budget d’austérité imposé au<br />

Royaume-Uni.<br />

On comprendque les Français s’inquiètent<br />

pour l’avenir quand Martine<br />

Aubrypromet d’abroger les réformes<br />

deNicolasSarkozysiles socialistesrevenaient<br />

aux affaires en 2012.Mais peuton<br />

sérieusement soutenir que la droite<br />

manque de courage et que ses efforts<br />

pour rétablir les équilibres financiers<br />

sont insignifiants ?Dès l’an prochain,<br />

le gouvernement veut réduirenos déficits<br />

de deux points de PIB, soit 40 milliardsd’euros.Dujamais-vuenundélai<br />

aussi court!<br />

La seule non-reconduction des mesures<br />

duplan de relance économisera<br />

15 milliards d’euros. Le gel des dépenses<br />

de l’État au niveau de 2010, les 5à<br />

10 milliards“rabotés”sur les niches fiscales (appelons<br />

cela crûment des hausses d’impôts) ne seront<br />

pas indolores. Le non-remplacement d’un départà<br />

la retraitesur deux dans la fonction publique d’État<br />

conduitàréduirelenombredefonctionnairesdeplus<br />

de 30 000 par an, un chiffrequi se compareavantageusement<br />

aux réductions d’effectif consenties par<br />

notre “modèle”allemand. Àcondition que, dans le<br />

même temps, la gauche, maîtresse des régions et de<br />

nombreusesgrandesvilles,cessedegonflerlenombre<br />

de fonctionnaires territoriaux. Pour l’en dissuader,<br />

le gouvernement réduiraaussi les quelque 100 milliards<br />

d’eurosdetransferts aux collectivités locales.<br />

Posez la question ànos fonctionnaires,dont les traitements<br />

risquent d’être gelés après l’augmentation<br />

du 1 er juillet, ou ànos militaires, qui devront encore<br />

amaigrirleurs régiments,étaler la modernisation de<br />

leurs équipements et vendre leur patrimoine immobilier,desavoir<br />

si on ne leur demande pas assez de<br />

sacrifices ?Certes, nous n’en sommes pas encore,<br />

comme en GrèceouenIrlande, àbaisser les salaires<br />

des fonctionnaires ou, comme au Royaume-Uni, à<br />

Par OLIVIER DASSAULT<br />

Pourboucler<br />

sonbudget,<br />

legouvernement<br />

abesoinde<br />

croissance ;<br />

leséconomies<br />

nesuffirontpas<br />

si,danslemême<br />

temps,lesrecettes<br />

fiscaleschutent<br />

avecl’activité.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

3<br />

augmenter le taux de la TVA, ce qui nous interdit<br />

peut-être de parler de “rigueur”.Mais les efforts<br />

demandés aux Français, ycompris la réforme des<br />

retraites,qui apportera de nouvelles recettes fiscales<br />

dès 2011 et rétabliral’équilibreen2018,sont tout sauf<br />

insignifiants.<br />

La questionsepose d’ailleursdesavoir si nous n’en<br />

faisons pas trop.Pour boucler son budget,le gouvernement<br />

abesoin de croissance;les économies ne<br />

suffiront pas si,dans le même temps,les rentrées fiscales<br />

chutent avecl’activité.Pour obtenir les 2,5 %de<br />

croissanceduPIB nécessaires au respect des objectifs<br />

de réduction des déficits, il faut<br />

prendregarde ànedécourager aucune<br />

initiative.Ceux qui agitent àtout proposlajustice<br />

et l’équité pour réclamer<br />

des hausses d’impôts sont des apprentis<br />

sorciers. Méfions-nous, dans notre<br />

“chasse aux niches”, de ne pas brider la<br />

création d’emplois ou d’alimenter le<br />

travail au noir.<br />

N’oublions pas non plus que ces<br />

fameuses exceptions ont pour origine<br />

un taux de prélèvements obligatoires<br />

démentiel, qui fait de notre pays le<br />

champion d’Europedes impôts toutes<br />

catégories.Rappelons-nous également<br />

que certaines niches permettentaux<br />

particuliers de prendreencharge des<br />

tâches d’intérêt général que l’État ne<br />

peut assumer.Les mêmes qui crient àlarigueur et<br />

appellent àcouper des têtes au nom de l’égalité seront<br />

les premiers, demain, àreprocher àl’État de ne pas<br />

entretenir le patrimoine ou de laisser ses orphelinats<br />

en déshérence quand les fondations qui s’en chargent<br />

auront disparu.<br />

On ne peut pas non plus jalouser les succès de nos<br />

voisins allemands àl’exportation tout en réclamant<br />

la suppression des aides qui préservent la compétitivité<br />

de nos entreprises.Ceux qui pleurentsur la pauvreté<br />

de notre recherchenepeuvent en même temps<br />

appeler àlaréduction du crédit impôt recherche.<br />

En réalité, dans cettecrise démesurée, le danger<br />

serait de perdrelesens de la mesure. LesFrançais<br />

ne sont pas masochistes. Si on les charge de trop<br />

d’impôts, ils ne verront pas l’intérêt de travailler<br />

davantage et consommerontsûrement moins. Les<br />

détenteurs de capitaux,qui détiennent la clé de l’investissement<br />

et des exportations,eux,s’en iront.Pas<br />

de rigueur sans relance.C’est ce qu’a voulu direnotre<br />

ministre de l’Économie, Christine Lagarde, quand<br />

elle alancé le concept de «rilance ».<br />

PHOTOTHÈQUE VALMONDE


Entre nous<br />

PATRICK IAFRATE<br />

Notremodèle<br />

social<br />

craque<br />

detoutes<br />

parts,mais<br />

lesFrançais<br />

préfèrent<br />

chercher<br />

desboucs<br />

émissaires.<br />

Ensortir<br />

Par<br />

GUILLAUME ROQUETTE<br />

Lacrise qui secoue<br />

la majorité est<br />

le symptômed’un<br />

profondmalaise<br />

de la société française.<br />

Pendant trenteans, nous<br />

avons vécu dans une bulle,<br />

finançant àcrédit<br />

le système social le plus<br />

généreux du monde.<br />

Gouvernants de gauche<br />

comme de droiteont<br />

distribué généreusement<br />

un argentqu’ils n’avaient<br />

paspourfinancerlaretraite<br />

à60ans, les 35 heures, une<br />

administration<br />

exubérante,<br />

pléthore<br />

d’allocations, etc.<br />

Aujourd’hui,<br />

le système craque<br />

de toutes parts,<br />

mais plutôt que de<br />

regarder la réalité<br />

en face pour tenter<br />

de le sauver,<br />

les Français se<br />

trouvent sans cesse<br />

de nouveaux<br />

boucsémissaires.<br />

L’équipe nationale<br />

de footballhier,<br />

Éric Woerth cettesemaine,<br />

et demain ?Ceclimat<br />

délétère plombe la majorité<br />

mais, surtout, distrait<br />

le pays des vrais sujets.<br />

Le rôle du président de la<br />

République est de l’en faire<br />

sortirauplus vite pour être<br />

en mesure, àlarentrée,<br />

de défendre non seulement<br />

la réforme des retraites<br />

mais aussiuntour de vis<br />

budgétairesans précédent.<br />

Tout le reste, àl’aune<br />

de cetenjeu, est secondaire.<br />

Valeurs<br />

actuelles<br />

3. Notre opinion par OlivierDassault<br />

6. Quelle semaine !<br />

8. Le carnet de Christine Clerc<br />

Le dossier d’actualité<br />

10. Secret bancaire:laSuisse lave plus blanc<br />

13. L’île cernée d’ennemis<br />

France<br />

16. Droite :commentsortir du trounoir<br />

20. Affaire Bettencourt:le procureur Courroye accélère<br />

21. Ce que souhaitent les députés UMP<br />

22. Crédits :coup de rabot pour les armées<br />

24. Focus France<br />

26. Parlons vrai Paul-Marie Coûteaux ;Stéphane Denis ;<br />

David Victoroff<br />

Société<br />

30. 24heures àLCI<br />

33. Études :lamoulinette de l’orientation<br />

34. Focus Société<br />

35. La chronique de Denis Tillinac<br />

Monde<br />

36. L’influence française àlaloupe<br />

39. L’Amérique des milices<br />

40. Train chinois pour la Lune<br />

41. Focus Monde Décryptage, par Frédéric Pons<br />

Entreprises<br />

42. Fiscalité:touche pas àmaniche!<br />

45. Équipementiers :Heuliez enfin sauvé<br />

46. Focus Entreprises<br />

48. Votre Argent Patrimoine, Bourse, Dérivés<br />

Culture<br />

54. Astrophysique:dernières nouvelles du ciel<br />

56. Le parti pris de Bruno de Cessole<br />

57. Profil :Jordi Savall<br />

58. Guide Culture<br />

63. Guide Télévision<br />

Tendances<br />

66. Essaouira:entre azur et mer<br />

68. Santé :respecter l’enfance<br />

70. Guide Tendances<br />

Histoire<br />

76. 10 juillet 1940:laIII e RépubliquesombreàVichy<br />

79. Focus Histoire<br />

80. Le Forum des lecteurs<br />

82. La lettre de M. de Rastignac<br />

Créditsdecouverture:WITT/SIPA-DESAXO<br />

Ce numéro comprend un encartbroché “Abonnement VA/CD Hélie de Saint Marc”entre les pages 26-27et58-59<br />

Valeurs actuelles 8 juillet 2010<br />

4


Quelle semaine !<br />

Absent<br />

Preuve qu’Alain<br />

Joyandet s’est décidé<br />

au dernier moment<br />

àdémissionner(le<br />

4juillet) :son agenda<br />

particulièrement<br />

chargé pour la<br />

semainedu5au8.<br />

L’ex-ministre de la<br />

Coopération devait<br />

notamments’entreteniravecunministreguinéen<br />

et une<br />

administratricede<br />

l’Onu, petit déjeuner<br />

avecKouchneret<br />

Lellouche, participer<br />

àdeuxcolloques<br />

(à l’Assemblée et au<br />

Palais des congrès)<br />

et àune réception<br />

àl’Élysée.<br />

Modif<br />

Ancien ministre de<br />

l’Écologie de Raffarin,<br />

l’UMP-Radical<br />

Serge Lepeltier veut<br />

créerun«pôle écologiste»àdroite,<br />

susceptible, selonlui,<br />

d’attirerune partie<br />

desvoixdes Verts.<br />

Pour ce faire, Lepeltier,soutenupar<br />

Borloo,propose<br />

l’introduction de la<br />

proportionnelle dans<br />

le mode de scrutin.<br />

Retrouvez<br />

François d'Orcival<br />

Valeurs<br />

actuelles<br />

face à<br />

Denis Olivennes<br />

dans l'émission<br />

LE DUEL<br />

sur France Info<br />

présentée par<br />

Nicolas Poincaré<br />

Chaque mercredi<br />

à8h50<br />

LES COULISSES DE LA VIE POLITIQUE<br />

Le“J’assume”d’Hortefeux<br />

B<br />

rice Hortefeux (<strong>photo</strong>),<br />

le ministre de l’Intérieur,l’a<br />

confié à Valeurs actuelles, après<br />

avoir pris connaissance<br />

de notre article<br />

parulasemaine<br />

dernièresur la<br />

rémunération des<br />

préfets : «C’est une<br />

révolution, et je l’assume!»,<br />

dit-il.<br />

Pour la première<br />

fois dans la fonction<br />

publique, les hauts<br />

responsables de<br />

l’administration serontrémunérés<br />

au mériteetselon leurs<br />

performances. Un engagement<br />

du présidentdelaRépublique<br />

datant de sa campagne de 2007.<br />

Surquels critères serontcalculées<br />

cesrémunérations ?Les chiffres<br />

LA BOURSE DES VA LEURS<br />

Par CATHERINE NAY<br />

Éditorialiste<br />

Woerth<br />

Il fait front avec<br />

courage et tenacité<br />

pourdéfendre<br />

sa nécessaire<br />

réforme<br />

des retraites.<br />

Woerth<br />

De révélations<br />

en insinuations,<br />

sa position<br />

est cependant<br />

très profondément<br />

affaiblie.<br />

FACELLY/SIPA<br />

><br />

VERNIER/JBV NEWS<br />

><br />

Par JEAN-DANIEL LÉVY<br />

CSA<br />

Strauss-Kahn<br />

><br />

Sa popularité est au<br />

zénith, et son absence<br />

de la scène politique<br />

nationale, considérée<br />

comme corrompue,<br />

devient un atout.<br />

Sarkozy<br />

Àunniveau record<br />

d’impopularité,<br />

il aperdu la main sur<br />

son agenda, désormais<br />

fixé par les révélations<br />

de scandales.<br />

ROZBICKI/ENPOL/SIPA<br />

XAVIER MOUTHON/GLOBEPIX<br />

><br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

6<br />

de la délinquance, ceux de la<br />

sécurité routière, l’efficacité des<br />

aides pour le retour àl’emploi.<br />

SelonHortefeux, les<br />

critiquesdelagauche<br />

et dessyndicats,hostilesàces<br />

primes au<br />

mérite, démontrent<br />

leur immobilisme.<br />

Lesdites primes sontelles,<br />

comme ils l’affirment,contraires<br />

àla<br />

rigueur des temps ?<br />

XAVIER MOUTHON/GLOBEPIX<br />

Au contraire, répond-<br />

on PlaceBeauvau :<br />

celles-ci sont non seulement<br />

«motivantes »,mais constituent<br />

aussiundémenti àdes informations<br />

erronées, puisqu’elles sont<br />

incluses dans les 8000 euros<br />

de rémunération mensuelle<br />

moyenne des préfets.<br />

Par FRANÇOIS D’ORCIVAL<br />

Valeurs actuelles<br />

Alliot-Marie<br />

Éternellement<br />

solide. La tempête<br />

ne l’atteint pas.<br />

Elle fait voter,avec<br />

une belle majorité,<br />

la loi sur la burqa.<br />

><br />

Royal<br />

Fragile et emportée.<br />

Dénoncer la corruption<br />

de l’UMPquand<br />

le PS marseillais<br />

est éclaboussé,<br />

c’est risqué !<br />

VERNIER/JBV NEWS<br />

PATRICK IAFRATE<br />

><br />

Appel<br />

On le murmure:<br />

DanièleMitterrand<br />

et Pierre Joxe pourraient<br />

s’associer àun<br />

appelenfaveur<br />

de la candidaturede<br />

Jean-Luc Mélenchon<br />

pour la présidentielle,<br />

sous les couleurs<br />

du Front de gauche<br />

(PC plus Partide<br />

gauche). Cet appel,<br />

actuellement<br />

en préparation,<br />

va être prochainement<br />

lancé àl’initiative<br />

d’élus et de<br />

responsables du PG<br />

ainsi que d’anciens<br />

militants du PS<br />

et des Verts.<br />

Pressenti<br />

Président du groupe<br />

UMP au Sénat,<br />

GérardLonguet<br />

fait figured’entrant<br />

presque certain dans<br />

un nouveau gouvernementremanié.<br />

On parleduministèredelaDéfense,<br />

en remplacement<br />

d’Hervé Morin.<br />

Oubliettes<br />

Les élus de droitede<br />

Parisavaient obtenu,<br />

en septembre2008,<br />

qu’une rueouune<br />

placedelacapitale<br />

porte le nom<br />

d’AlexandreSoljenitsyne.<br />

Àl’origine<br />

du projet, Jérôme<br />

Dubuscraignait<br />

alors que Delanoë<br />

n’attribue qu’une<br />

toutepetite rue<br />

au célèbreécrivain<br />

russe. C’est pire:près<br />

de deuxans après la<br />

décision du Conseil<br />

de Paris, le projet<br />

est toujours au point<br />

mort. Un nouveau<br />

vœuvaêtredéposé.


Come-back<br />

Lesélus PS restés<br />

fidèles àGeorges<br />

Frêche lors des<br />

régionales dans le<br />

Languedoc-Roussillon<br />

s’apprêtent à<br />

envoyerune lettre à<br />

Martine Aubrypour<br />

demander leur réintégration.<br />

Selon<br />

Didier Codorniou,<br />

premier secrétaire<br />

régional du PS, cette<br />

démarcheatoutes<br />

les chances d’aboutir.<br />

«Lacommission<br />

n’arelevéaucune illégalité<br />

àleur encontre,<br />

reconnaît-il. Rien<br />

ne devrait entraver<br />

leur retour.»<br />

Droite<br />

Convaincu d’avoir<br />

une carte àjouer<br />

au sein de la majorité,<br />

dont il entend<br />

occuper l’aile droite,<br />

le petit CNI (Centre<br />

national des indépendants)<br />

s’apprête<br />

àpromouvoirl’ancien<br />

FN et expremier<br />

adjoint<br />

de Bruno Mégret<br />

àVitrolles, Hubert<br />

Fayard,nommé<br />

membre du bureau<br />

politique et présidentduCNI<br />

pour<br />

la région Paca.<br />

Casse<br />

Symbole de “l’ère<br />

Delanoë”,les Vélib’<br />

(vélos en libre-service<br />

dans les rues)<br />

vont voir leur prix<br />

de location augmenter.<br />

Lesabonnements<br />

de courte durée<br />

vont être majorés.<br />

Motif:letropgrand<br />

nombre de vols<br />

et de dégradations<br />

–non prévuspar<br />

la Mairie de Paris.<br />

Royaljouelaprovocation<br />

égolène Royal (<strong>photo</strong>) s’est<br />

Sinvitée dans le débat politique<br />

national la semaine<br />

dernière sur TF1, profitant<br />

des récentes affaires qui ont<br />

secoué le gouvernement pour<br />

se remettre au centre du jeu<br />

en tant qu’opposanteàNicolas<br />

Sarkozy.L’occasion pour<br />

elle de dénoncer un «pouvoir<br />

corrompu » et un «effondrement<br />

des valeurs morales ».<br />

L’ancienne candidate àla<br />

présidentielle adumême<br />

coup forcé Martine Aubry à<br />

lui emboîterlepas dès samedi,<br />

lors de la convention nationale<br />

du Partisocialiste.<br />

Obligée de suivre sa rivale<br />

pour ne pas paraîtreàlatraîne,<br />

la première secrétaire a<br />

ainsi parlé d’une «République<br />

abîmée par trois ans de sarkozysme.<br />

»<br />

Pasdequoi effrayer la droite,qui<br />

apréféré concentrerses<br />

tirs sur Ségolène Royal. Pour<br />

le patron des députés UMP<br />

Jean-François Copé, celle-ci<br />

aainsi tenu «des propos de<br />

BockelàbouletsrougescontrelePS<br />

C<br />

’est une interview au canon contre ses<br />

anciens amis socialistes qu’a livrée Jean-<br />

MarieBockel mardi dans le Parisien.Accusant<br />

ceux-ci de se complairedans «lepopulisme »<br />

et de n’être «pas porteurs d’un projet»,lesecrétaire<br />

d’État àlaJustice enfonce leclou en<br />

confiant même avoir «honte pour eux. » Pour<br />

lui, «lePSn’existe plus que dans la critique<br />

systématique, voire ad hominem. » Réaffir-<br />

haine qui rappellent ceux de<br />

Marine Le Pen».Comme un<br />

pied de nez, la vice-présidente<br />

du Front national ad’ailleurs<br />

soutenulasocialiste, en<br />

estimant que «Madame Royal<br />

araison quand elle utilise le<br />

terme de corruption ».<br />

Plus proche du PS depuis<br />

quelques temps, Ségolène<br />

Royal suit désormais une<br />

double tactique :temporiser<br />

avec ses rivaux, tout en s’imposant<br />

au regarddes militants<br />

comme la candidatenaturelle<br />

Le nouveau<br />

site Internet<br />

du Parti. Signedesavolonté<br />

d’apaisement, l’assemblée<br />

générale de Désirs d’avenirs,<br />

son association politique,<br />

qui devait se tenir dimancheàRochefortenmarge<br />

d’un pique-nique solidaire<br />

au profit des sinistrésdela<br />

tempête Xynthia, aété annulée.<br />

Raison officielle :Ségolène<br />

Royal n’avait pas eu le<br />

temps de la préparer.Raison<br />

officieuse :iln’estpasencore<br />

temps de rouvrir les hostilités.<br />

mant son soutien àlamajorité dans cette<br />

période troublée, le président de «lagauche<br />

moderne»,parti satellitedel’UMP,compare<br />

le soutien de la droite àÉricWoerth àcelui<br />

dont manqua DSK lors de l’affairedelaMnef:<br />

«Moi, j’ai connu la période Strauss-Kahn. Et<br />

j’ai vu comment certains, dans sonproprecamp,<br />

avaient pris leur distance. Ça m’avait beaucoup<br />

choqué et déplu. »<br />

L’actualité, oui !Lapensée unique, non !<br />

Retrouvez les grandes signatures<br />

du journal, et participez aux débats<br />

www.valeursactuelles.com<br />

STEVENS FREDERIC/SIPA


Quelle semaine !<br />

LE CARNET DE CHRISTINE CLERC<br />

LaRépubliqueensonjardin<br />

Jemesouviens de Jacques Chirac,en plein soleil<br />

sur le perron, scandant avec Aimé Jacquet «Et<br />

un,et deux,et trois,zéro!»,etdes 4000 jeunes invités<br />

–dont quelques centaines venues des“cités”–<br />

reprenant avec un bonheur fou le scoresymbolique des<br />

“Blacks-Blancs-Beurs”etchantant àperdrehaleine We<br />

arethe Champions.C’était le 14 juillet 1998. Comme la<br />

Franceétait belle et comme elle s’aimait,ce jour-là,sur la<br />

pelouse de l’Élysée, autour des buffets régionaux où les<br />

amateurs de ti-punchetd’accras se mêlaient àceuxde<br />

beaujolais-jambon persillé. Tout le monde s’embrassait.<br />

Même le premier ministre<br />

socialiste Lionel Jospin avait<br />

l’air épanoui !<br />

J emesouviensdu14juillet<br />

2008.Arrachée àlajungleprison<br />

desFarc, descendue du<br />

ciel les mains jointes, Ingrid<br />

Betancourt, notre madone<br />

d’un été, provoquait la même<br />

allégresse consensuelle.Au côté<br />

de Carla, si douceetbelle en<br />

son miroir, Ingrid,notre statue<br />

de la Liberté ànous, était la<br />

preuve miraculeuse, vivante,<br />

qu’à cœur français rien d’impossible.<br />

Je me souviens du<br />

14Juillet précédent (2007), celui de la «rupture » sarkozysteetdel’irruptiondelavieprivéesurlascèneélyséenne.<br />

Devant un parterrecompactd’invités enchantés,le nouveau<br />

président lançait:«Jevoudrais direàCécilia et àJudith<br />

qu’elles sont très belles toutes les deux sur ce perron. »<br />

Chirac àlagarden-party de l’Élysée. Comme<br />

la France était belle lorsqu’elle fêtait le 14 Juillet.<br />

apremièregarden-partyfutcellede1981. Le“peuple<br />

Mde gauche”s’engouffrait dans le“changement”, célébrépar<br />

François Mitterrand.Il s’égayait dans le palais aux<br />

grilles grandes ouvertes et venait admirer son monarque.<br />

Lorsque celui-ci parut enfin sur le perron, escorté forcément<br />

de Jack Lang,s’éleva un“Aah !”d’extase amoureuse.<br />

Jours de bonheur et de concorde. Jours de tensions, parfois<br />

aussi,comme ce 14 juillet 1986 où l’on apprit soudain<br />

que le président socialisterefusait de signer les ordonnances<br />

de privatisation du premier ministre Chirac. La<br />

cohabitation allait-elle tourner àlaguerre?Charles Pasqua<br />

affichait sa têtedes mauvais jours. La plupartdes autres<br />

ministres n’étaient pas venus. Vingt ans plus tard, on<br />

connaîtrait une cohabitation d’un autre genre:l’ambitieux<br />

ministre de l’Intérieur,NicolasSarkozy,donnerait<br />

une “contre-garden-party”dans le jardin de l’hôtel de<br />

Beauvau et s’amuserait àcomparer le locataireprésidentiel<br />

de la maison d’en faceàLouis XVI…<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

8<br />

Entre les tentes blanches des buffets, affrontements et<br />

manœuvres de séduction se jouaient àciel ouvert.Mais la<br />

bonnehumeurl’emportait.Aprèsavoirfaitlaqueueruedu<br />

Faubourg-Saint-Honoré,les5000à7000invitéspouvaient<br />

voir de près et même toucher le président,sa femme,ainsi<br />

quelesprincipauxpersonnagesdelaCour.Celan’avaitrien<br />

àvoiraveclesJournéesdupatrimoine,oùlesvisiteurssont<br />

admisàcontemplerenbonordrelesors,lespourpresetles<br />

lustresdelasalle des fêtes ainsi que le petit salon de la<br />

Pompadour.Àla garden-party,lepeuple prenait possession<br />

du palais. Il pouvait circuler dans le désordre(autant<br />

que le permettait l’affluence<br />

WITT/SIPA<br />

grandissante) et piétiner –oui,<br />

piétiner !–legazon du parcoù<br />

GiscardetMitterrandpromenèrentleurlabradoretoùl’onimagineSarkozyfaisantsonjogging.<br />

Des ministresetélus de gauche<br />

et de droite, accompagnés de<br />

leur femme, acceptaient de se<br />

faire <strong>photo</strong>graphier au bras<br />

d’électeurs de tous bords. Des<br />

vedettes du showbiz signaient<br />

avecsimplicitédesautographes.<br />

On croisait de valeureux pompiers,<br />

des légionnaires àladémarchechaloupée<br />

et des mères<br />

defamilleméritantesquiavaient<br />

misleurrobedestard’unjour.Ons’émouvaitdereconnaîtrelejeunehéros,fraîchementdécoré,quiavaitplongédans<br />

lefleuve poursauverunenfantouunegrand-mère.J’aivu,<br />

en pleine affaireGreenpeace, Charles Hernufélicité. Éric<br />

Woerth et sa femme auraient peut-être trouvé là le même<br />

réconfort?<br />

’y ai même vu PhilippeSéguin heureux : entouré,<br />

J embrassé, félicité, <strong>photo</strong>graphié parmi des Vosgiens<br />

pour qui cetteréception resterait l’un des plus beaux jours<br />

de leur vie, il voyait revivre, en ce jardin, la République.<br />

Alors,quand on nous aannoncé la suppression de ce rite<br />

du 14 Juillet –cedéjeuner géant sur l’herbe aux couleurs<br />

des provinces de France(pour économiser 732 000 euros,<br />

vraiment?Mais ne faudra-t-ilpas indemniser les traiteurs,<br />

comme on aindemnisé l’hôtel de luxeoùRamaYade n’est<br />

pas descendue ?) –, j’ai cruentendrelavoixtonnantedu<br />

regretté président de la Cour des comptes.Ne pouvait-on<br />

faireappel àdes fournisseurs moins coûteux ?N’y avaitil<br />

pas bien d’autreséconomies àréaliser sur le train de vie<br />

de la Cour avant de priver le peuple de sa fêtedans le parc<br />

de l’Élysée ?Mais voilà :cette garden-party aux allures de<br />

kermesse populaireendimanchée n’amusait plus notre<br />

président. Il n’aime que les fêtes qu’il inventelui-même.<br />

PATRICK IAFRATE


“Le Meilleur de l'Autriche”<br />

Depuis 1847<br />

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Le dossier d’actualité<br />

LA FIN DU SECRET BANCAIRE HELVÉTIQUE<br />

LaSuisselavep<br />

L’un des premiers gérants<br />

de fortuneaumonde voitsa<br />

discrétionbattue en brèche :<br />

accord passé avec les États-Unis<br />

sur l’UBS, signature de conventions<br />

conformes aux exigences<br />

de l’OCDE… C’est la fin<br />

d’un paradisfiscal.<br />

Detoutefaçon, Liliane Bettencourtaurait<br />

dû régulariser<br />

ses comptes en Suisse.<br />

Ce pays, symbole pour<br />

les Français du paradis<br />

fiscal, adécidé pour sauversaplace<br />

financièrededevenir irréprochable.<br />

Le 17 juin, le Parlement helvétique a<br />

autorisé l’UBS àtransmettre au fisc<br />

américain 4450 noms de clients résidant<br />

outre-Atlantique soupçonnés<br />

de fraude fiscale. Le secret bancairea<br />

vécu.<br />

Les temps ont bien changé en effet<br />

depuis que les rois de France très<br />

catholiques confiaient aux banquiers<br />

protestants de Genèvelesoin de pourvoir<br />

au financement de leurs fastes et<br />

de leurs guerres. Aucun chef d’État<br />

français n’aurait alors songé àremettreenquestion<br />

la nécessité absolue du<br />

secret bancaire etn’aurait menacé,<br />

comme Nicolas Sarkozy l’an dernier,<br />

d’inscrirelaSuisse sur la listenoirede<br />

l’OCDE !Les révolutions du XIX e<br />

siècle, puis la PremièreGuerre mondiale,<br />

n’ont fait que confirmer l’utilité<br />

d’avoir au cœur de l’Europeunîlot<br />

de prospérité, neutre,oùles belligérants<br />

pouvaient continuer àparler<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

10<br />

Ultimatum. L’UBS, en violant la loi<br />

américaine, afourni le prétexte rêvé<br />

pour mettre àbas le secret bancaire.<br />

Les autorités helvétiques ont dû céder<br />

aux exigences du fisc américain<br />

pour préserver l’avenir de la gestion<br />

de fortune en Suisse.<br />

et àfairedes affaires en toutediscrétion.<br />

De cette discrétion ont profité des<br />

fortunes bien ou mal acquises du<br />

monde entier àmesureque les États<br />

s’entêtaient àaugmenter la pression<br />

fiscale pour financer un intervention-


PETE SOUZA/WHITE HO/NEWSCOM/SIPA<br />

Obama.<br />

Les États-Unis<br />

ontmenacél’UBS<br />

de lui retirer sa<br />

licence sur leur<br />

territoire.<br />

moment de la Grande Dépression.Les<br />

États ruinés,qui cherchent par tous les<br />

moyens àaugmenter leurs recettes<br />

fiscales,combattentlafraude.En octobre1932,le<br />

gouvernement d’Édouard<br />

Herriot s’attaque de front au secret<br />

bancaire helvétique en arrêtant des<br />

banquiers suisses (lire l’article de<br />

Stéphane Denis page 13).Cette offensive<br />

ne dure que ce que durent les<br />

gouvernements de la IIIe lusblanc<br />

Par DAVID VICTOROFF<br />

République :<br />

quelques mois.<br />

nisme débridé. L’industrie bancaire<br />

suisse devait tirer avantage de ce<br />

contexte troublépourdépasserenpuissancecelle<br />

de Franceaprès la Première<br />

Guerre mondiale.Aujourd’hui encore,<br />

selon l’ASB (Association suisse des<br />

banquiers),leur placefinancièrereprésenteencore12%du<br />

produitintérieur<br />

brut du pays, contribue àhauteur de<br />

15 %aux recettes fiscales et rémunère<br />

195000 emplois qualifiés.<br />

La tolérancedont abénéficié la Suisse<br />

asuscité la jalousie des États dès<br />

qu’ils ont pu se passer d’elle.Première<br />

alerte sérieuse dans les années 1930,au<br />

QUILLERET JEAN/SIPA<br />

IPON-BONESS/SIPA<br />

Merkel.<br />

Sesservices secrets<br />

ont acheté une liste<br />

de noms de comptes<br />

allemands au<br />

Liechtenstein.<br />

Les nazis exécutaient les détenteurs<br />

irréguliers de compte en Suisse<br />

En Allemagne, la menace est plus<br />

sérieuse.Àpartir de janvier 1933, la<br />

détention illégale d’un compteenSuisse<br />

devient passible de la peine de mort<br />

et le gouvernement du Reichenvoie<br />

ses agents àZurich pour<br />

traquer les coupables:trois<br />

Allemands sont exécutés<br />

pour ce motif en 1934. La<br />

même année, le principe<br />

du secret bancaire,jusquelà<br />

implicite, sera inscrit<br />

dans la loi fédérale helvétique<br />

etsaviolation deviendraundélit,<br />

passible<br />

de trois ans de prison.<br />

La Seconde Guerre mondialerendraàlaplacefinancière<br />

suisse toute sa<br />

valeur.Les Allemands ont<br />

besoin de la Suisse pour vendreleur or<br />

et se procurer les devises pour acquérirdes<br />

matières premières en contournant<br />

le blocus allié.La Suisse,neutre et<br />

encerclée par les puissances de l’Axe,<br />

doit pour sa surviecomposer avec elles.<br />

Dès la fin de la guerre,les Alliés lui<br />

reprochent d’avoir écoulé l’or pillé<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

11<br />

ALFRED/SIPA<br />

Latolérance<br />

dontabénéficié<br />

laSuisse<br />

acessédès<br />

quelesgrandes<br />

puissances<br />

ontpu<br />

sepasser<br />

desaneutralité.<br />

Sarkozy.<br />

Il aobtenu, au G20<br />

de Londres, l’inscription<br />

de la<br />

Suisse sur la “liste<br />

grise” de l’OCDE.<br />

dans les pays occupés ou extorqué aux<br />

victimes des nazis,principalement les<br />

juifs.Elle serasommée de leverlesecret<br />

bancaire sur les comptes des Allemands<br />

et sur ceux de leurs victimes.<br />

Ses avoirs aux États-Unis serontun<br />

temps bloqués.<br />

Paspour longtemps :lerideau de fer<br />

tombe sur l’Europeetlaguerre froide<br />

rend àlaSuisse tout son intérêt de place<br />

neutre.Lesecret bancaireest provisoirement<br />

sauvé. Il faudra attendre la<br />

chute du murdeBerlin pour que les<br />

États-Unis repassent àl’offensive.Il<br />

subiraalorsdeuxentorsesdetaille:avec<br />

l’entrée de Fidel Castro àLaHavane en<br />

1959,lamafiaaméricainesetournevers<br />

la Suisse pour blanchir l’argent sale.Les<br />

scandales se multiplient, tant avec<br />

les États-Unis qu’avecl’Italie.La Suisse<br />

abriteaussi les comptes de plusieurs<br />

dictateurs (Mobutu, Duvalier,Marcos…),ce<br />

qui ternit l’image de la place.<br />

Pour défendresaréputation, la Suisse<br />

adopteen1998 et 2003 des lois contre<br />

le blanchiment d’argent issu de la<br />

criminalité ou destiné au financement<br />

du terrorisme conformes aux recommandations<br />

du Gafi (Groupe d’action<br />

financière) sur le blanchiment de<br />

capitaux.<br />

La principale entorse au<br />

secret bancaireinterviendraaveclapublication<br />

dans<br />

la presse,en 1997,de la liste<br />

des comptes détenus par<br />

des étrangers et des Suisses<br />

sans mouvement depuis<br />

1945. C’était àl’issue de la<br />

querelle des comptes en<br />

déshérence,ouvertsprincipalement<br />

au nom de familles<br />

juivesvictimes des nazis.<br />

Le problème n’avait pas été<br />

réglé en 1945 ;ilaressurgià<br />

la fin de la guerre froide sous la pression<br />

du Congrès juif mondial et des<br />

autorités américaines.<br />

Convaincues de mauvaise foi, les<br />

banques suisses ont cédé sous la menace.L’UBS<br />

et le Credit suisse ont alors<br />

dû verser 1,2 milliarddefrancs suisses<br />

auxorganisations juives.Lesautorités


helvétiques ont invoqué pour la levée<br />

du secret bancaire «des circonstances<br />

historiques extraordinaires » et la période<br />

inhabituellement longue pendant<br />

laquelle les comptes étaient restés<br />

dormants.Il s’agissait surtout de sauver<br />

les activités de l’UBS et du Credit suisse<br />

aux États-Unis en restant ferme sur<br />

les principes.<br />

Au moins jusque-là le secret bancaire<br />

pour fraude fiscale était-il demeuré<br />

entier.Ilseradeplus en plus attaqué<br />

après le 11 septembre<br />

2001;lesÉtats-Unisprennent<br />

alors des mesures<br />

draconiennes pour traquer<br />

les fonds d’Al-Qaïda<br />

:surveillancedetous<br />

les transferts internationaux<br />

opérés par le réseau<br />

interbancaireSwift, mobilisation<br />

de la CIA pour<br />

traquer les fonds suspects…<br />

Surtout,premièreplace<br />

financièredumonde,les<br />

États-Unis ont pu imposer<br />

des réglementations<br />

exorbitantes aux banques<br />

en échange de leur accès<br />

au marché américain.<br />

Ainsi en est-il de la réglementation<br />

QI (Qualified<br />

Intermediary), qui impose<br />

depuis2001 la divulgationdes<br />

noms des<br />

contribuables américains<br />

détenant des titresaméricains<br />

sur leurs comptes à<br />

l’étranger.Malgré tout,<br />

les banquiers suisses ont<br />

continué àdissimuler au<br />

fisc américain les comptesdeleurs<br />

ressortissants,<br />

au besoin en logeant<br />

leurs avoirs dans des<br />

sociétés écrans. Mais la<br />

contradiction devenait<br />

de plus en plus intenable entre le droit<br />

suisse et le respect des conventions<br />

internationales.<br />

La crise des subprimes allait donner<br />

le coup de grâceausecret bancaire.<br />

Comme dans les années 1930,les États<br />

se retrouvaient surendettés et àla<br />

recherche denouvelles ressources.<br />

Incapables de s’entendresur une politique<br />

économique concertée et sur la<br />

nouvelle réglementation bancaire, ils<br />

allaient trouver unpoint d’accord<br />

symbolique aux yeux de l’opinion<br />

publique :laluttecontreles paradis<br />

fiscaux. Leserreurs de l’UBS allaient<br />

leur faciliter la tâche. La plus grande<br />

banque suisse s’était en effet massivement<br />

fourvoyée dans les actifs àrisque<br />

aux États-Unis.La Confédération avait<br />

dû lui prêter massivement pour la<br />

sauverdudésastre.Simultanément,les<br />

révélations d’un agent commercial de<br />

la banque, BradleyBirkenfeld, au fisc<br />

américain ont montré que la banque,<br />

en violation des lois américaines,<br />

démarchait des clients fortunés sur le<br />

territoireétats-unien et organisait avec<br />

eux la fraude fiscale.<br />

Coalition. Obama, Sarkozy et Merkel (ici<br />

au sommet du G8 d’Aquila, en Italie) ont<br />

conjugué leurs efforts pour contraindre<br />

la Suisse àseplier aux normes de l’OCDE.<br />

Uneoccasion rêvée pour<br />

l’administration américaine<br />

de mettre un point<br />

final au secret bancaire<br />

suisse en reprenant, avec<br />

plus de vigueur,l’offensive<br />

avortée d’ÉdouardHerriot<br />

trois quarts de siècles plus tôt.Arrestations,<br />

auditions au Sénat, plainteau<br />

pénal contre l’UBS, demande d’entraide<br />

judiciaireàlaSuisse, ultimatum…<br />

La Confédération helvétique,<br />

qui venait de sauver àgrands frais<br />

l’UBS, fut contraintedecapituler sur<br />

toutelaligne en acceptant de ratifier<br />

un accord de transmission des noms<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

12<br />

des clients américains convaincus de<br />

fraude,en violation de toutes les procédures<br />

du droit suisse.<br />

Simultanément, l’Allemagne et la<br />

Francemenaientuneattaqueconjointe<br />

avecdesmoyensauxmargesdelalégalité<br />

(achat de renseignements volés au<br />

Liechtensteinparlesservicessecretsallemands,listedes3000nomsbrandiepar<br />

ÉricWoerth,tentative d’exploitationde<br />

listingsvolés àHSBC Genève). Face à<br />

l’offensive générale, la Suisse acceptait<br />

le 13 mars 2009 de renoncer<br />

àladistinction entre<br />

fraude fiscale et“soustrac-<br />

Lesbanquiers<br />

suisses<br />

promettent<br />

desefocaliser<br />

surlagestion<br />

d’avoirs<br />

déclarés.Reste<br />

àrégulariser<br />

lepassé.<br />

JASON REED/REUTERS<br />

tion fiscale”, spécificité qui<br />

lui permettait de ne pas<br />

répondreàlaplupartdes<br />

demandesd’entraidejudiciaire.<br />

Insuffisant pour<br />

l’OCDE qui, au G20 de<br />

Londres, en avril2009, à<br />

l’instigationdesFrançaiset<br />

desAllemands,inscrivaitla<br />

Suisse sur une“listegrise”.<br />

Ne restait plus àlaConfédération<br />

qu’à se plier aux<br />

exigences de ses voisins<br />

et àsigneravecses partenaires<br />

une quinzaine de<br />

conventions fiscales intégrant<br />

l’article 26 du Modèle<br />

de convention fiscale<br />

de l’OCDE, qui prévoit<br />

l’entraide administrative,<br />

aucasparcas,pourtousles<br />

délits fiscaux sans distinction.Laconventionavecla<br />

France devrait entrer en<br />

vigueur le 1 er janvier prochain.<br />

Les banquiers suisses<br />

redoutaient d’être ostracisésparl’inscriptionsurune<br />

“listenoire”.Ils affirment<br />

maintenantsefocalisersur<br />

l’acquisition et la gestion<br />

d’avoirs déclarés et promettent<br />

que le secret bancaireneseraplusutiliséque<br />

pour la protection de la<br />

sphèreprivée.Resteàrégulariser<br />

le passé. L’Association<br />

suisse des banquiers<br />

appelledesesvœuxlamise<br />

en placed’un système de retenueàla<br />

source correspondantauximpositions<br />

des pays de résidencedes titulaires de<br />

comptes et souhaite des procédures<br />

d’amnistie acceptables par tous.<br />

Àlire<br />

La Chute du secret bancaire, de Pierre-<br />

Yves Frei, Favre, 176 pages, 14,50 €.


Banquessuisses. Comment s’adapter face àl’hostilité<br />

américaineetaux pressions européennes.<br />

L’îlecernéed’ennemis<br />

Le temps n’est plus<br />

où AntoinePinay<br />

remerciaitles Suisses<br />

d’avoirgardé au chaud<br />

l’épargne des Français,<br />

qu’il sut faire revenir<br />

non par la contrainte<br />

mais par la confiance.<br />

Scène de chasse de mai en Alsace:trois<br />

des plus gros banquiers<br />

suisses sont venustirer<br />

lechevreuil.Appelons-lesI,M<br />

et P. Au menudusoir,les déclarations<br />

du client de l’un d’entreeux :enrévélantqu’iléconomisait2,3millionsd’eurosd’impôtsurlafortuneparandepuis<br />

qu’il est devenu résident fiscal en Suisse,lecofondateurdugroupeAccor,Paul<br />

Dubrule,afait scandale.<br />

Il est loin d’être seul :953nouveaux<br />

Français ont en effet choisi de s’installer,après<br />

avoir demandé et<br />

obtenuleurquitus, surla<br />

dernière île du continent.<br />

Car la Suisse est une île,<br />

hélascernéedetoutesparts.<br />

Depuislagrandequerellede<br />

l’hiverdernier,les relations<br />

financières entre la Confédération<br />

et les pays qui la<br />

somment derenoncer au<br />

secretfiscalsesontenlisées:<br />

rienn’achangédanslapratique,<br />

mais les pressions<br />

continuent.Deuxétablissements<br />

fameux, le Credit<br />

Suisse et l’UBS, sont engagés dans un<br />

bras de fer avec Washington qui exige<br />

toujours que l’identité de 250 000 teneursdecomptesdenationalitéaméricaine<br />

lui soit révélée,dont une première<br />

tranche de 52000 afait l’objet d’une<br />

menace deretrait de l’agrément des<br />

deux banques aux États-Unis. Un<br />

premier accord aété adopté par le<br />

Conseil national le 17 juin ;iloblige<br />

l’UBS àlivrerles noms de 4450 clients<br />

Endroit<br />

européen,<br />

laSuisse<br />

estclassée<br />

“offshore”.<br />

Uneîle<br />

desecretfiscal<br />

aucœur<br />

ducontinent.<br />

au fisc américain avant le<br />

31 août (après une premièrelistede500déjàtransmise).<br />

Au même moment les<br />

procédures imposées par<br />

les Européens en 2009 sont<br />

ignoréesoudétournéespar<br />

l’ensemble des banques<br />

suisses, qui campent sur<br />

leurspositions:n’accepterderépondre<br />

quedanslecadrestrictdescommissions<br />

rogatoiresqui font l’objet d’une jurisprudenceétablie.Leresteestjournalisme,même<br />

s’il afait des dégâts.<br />

«Voyez-vous,ditM,l’undesnouveaux<br />

dirigeants de l’Association des banquiers<br />

privés suisses, les Américains<br />

détestent la Suisse. Ils l’ont toujours détestée.<br />

En 1946, un rapportduCongrès<br />

établissait à750 millions de dollars le<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

13<br />

La Suisse, pays<br />

desbanquiers<br />

et des traditions<br />

locales.<br />

Tant aimée<br />

des Français,<br />

haïe de leur<br />

gouvernement.<br />

montant des actifsnazis aux États-Unis.<br />

Lesbanques suisses ont été accusées de<br />

servirdeprête-nomsetd’intermédiaires.<br />

Ensuite, il yaeulaquerelle de l’or.Pour<br />

financer leur guerre,les Allemands, qui<br />

ne disposaient en 1939 que de 100 millionsdemarksd’or,ontviteramassétout<br />

ce qu’ils pouvaient dans l’Europe occupée.Cela<br />

leur était indispensable pour se<br />

procurer des devises, avec lesquelles ils<br />

achetaient les matières premières dont<br />

leurpaysétaitdépourvu.LesSuissesachetaient<br />

légalement l’or nazi,sans poser de<br />

questions sur la provenance. Et naturellement,<br />

une partieavait été volée, une<br />

autre provenait des camps. On nous a<br />

obligés àenrendrepour 250 millions de<br />

francs suisses après la guerre, mais la<br />

Banque des règlements internationaux<br />

deBâle,quiassuraitleplusgrosdesopéra-<br />

DOMINIC FAVRE/AP/SIPA


Rente. Antoine Pinay<br />

présentant l’emprunt fameux,<br />

en 1958.Une réussite,<br />

disait-il, grâce àl’argent<br />

que les épargnants français<br />

rapatrièrent de Suisse.<br />

tions, est demeurée en place.<br />

On s’est contenté de condamner<br />

sesadministrateurs allemands.<br />

Personne ne pouvait<br />

sepasserdelaBRI.Furieux,le<br />

secrétaireauTrésor,Morgenthau,<br />

qui était juif, s’est juré<br />

d’avoir la peau des autres<br />

banques suisses. Alors la guérilla<br />

n’ajamais cessé. Elle a<br />

culminé avec la croisade du<br />

sénateurD’Amatosurlarestitution<br />

des “comptes dormants”attribués<br />

àdes victimesjuivesdunazisme.Maisvoyez-vous,<br />

même si ça faisait les gros titres, c’était<br />

peanuts. Aujourd’hui, l’affaireest plus<br />

vaste et sesbuts moins nobles:D’Amato<br />

aété remplacé par Carl Levin ;lefisc<br />

américain veut mettre la main sur ses<br />

contribuableségarés.Celadit,lefondreste<br />

lemême:lesAméricainsdétestentlaSuisse.Heureusement,<br />

les autrespaysneles<br />

suiventqueduboutdeslèvres.Sauf vous,<br />

les Français. C’est nouveau… »<br />

MêmesondeclocheàlabanquePictet<br />

(dontlelégendairechef defamilleIvan,<br />

parailleursprésidentdelatrèsinfluente<br />

Fondation Genèveplacefinancière,<br />

anommé àlatêtedel’Association des<br />

banquiers privés, après l’éviction de<br />

Pierre Mirabaud,jugépasassezcombatif<br />

l’an dernier,Anne-Marie de Weck,<br />

delabanqueLombardOdier),comme<br />

chezdeuxautresgrossesmaisons,celles<br />

de Philippe JabreetMichel Dominicé.<br />

Si les Américains détestent la Suisse,<br />

les Français l’ont beaucoup aimée.<br />

Antoine Pinaylui vouait une reconnaissanceéternelle.Ilavaitcoutumede<br />

direqu’ilavaitréussigrâceauretourde<br />

l’argent que les épargnants de la bourgeoisie<br />

française avaient planqué en<br />

Suisse sous la IV e République. Etle<br />

souvenir des grandes ruées de 1968 et<br />

1981, mais aussi de 2002, réchauffe<br />

encorelecœurdeschasseurs.D’ailleurs,<br />

c’est àcause des Français que le secret<br />

fiscal aété inventé. Pas pour rendre<br />

serviceauxjuifspersécutésparlesnazis,<br />

comme les Suisses l’ont prétendu plus<br />

tard. Sous ÉdouardHerriot, il yavait<br />

une fuite monstre des capitaux. Le<br />

gouvernement français eut l’idée de<br />

mettre sous clé deux dirigeants de la<br />

Banque de Bâle jusqu’à ce qu’ils aient<br />

dénoncé leurs clients.Lorsqu’ils furent<br />

relâchés deux mois plus tardsans avoir<br />

parlé,leConseilfédéralproposalacréationd’unsecretbancaire.Enrevanche,<br />

ce sont les Anglais qui ont inventé<br />

l’exemptionfiscalepourcaused’extraterritorialité<br />

(il s’agissait de permettre<br />

àlaCouronne de ne pas payerd’impôt<br />

sur ses actions du canal de Suez,domiciliéesenÉgypte)etlafinanceoff-shore<br />

(la gestion des pétrodollars dans les<br />

années 1970).<br />

Lemouvementd’expatriationlégale<br />

verslaSuissenesetaritpas<br />

Le gouvernementFillonmèneactuellementdeuxnégociationssurdeuxlistes<br />

de clients français de banques suisses,<br />

maisilsemblequ’àquelquesexceptions<br />

près, personne n’ait reconnuavoir fait<br />

de l’évasion fiscale. « “Attendreetvoir<br />

venir” est le conseil que nous adonné le<br />

meilleur de tous les avocats fiscalistes :<br />

naturellement, c’est un Français, Fabrice<br />

Goguel… [qui fut conseiller de Liliane<br />

Bettencourt] »,lancePqui veut se<br />

couchertôt:enmai,onselèveà4heures<br />

pour chasser.<br />

Detoutefaçon,cesdeuxlistessontpeu<br />

de chose faceaumouvement d’expatriationlégalequisepoursuitetdontles<br />

effectifs augmentent chaque mois. La<br />

Suisse vient largement en têtedes pays<br />

refuges dès lors qu’on souhaiteconserverson<br />

capital. Grâceauforfait qu’elle<br />

consent àceuxqui la rejoignent. «Le<br />

problème n’est pas là, coupeI.La question<br />

est de savoir si nous continuerons à<br />

gérer enSuisseles avoirs de nos clients ou<br />

sinousdevronsorganiserleurdépartpour<br />

l’Asie,auquelcasnousperdronslegrosde<br />

notre rémunération.Peut-être que,grâce<br />

ànous, Paul Dubrule ne paie que<br />

250 000 euros d’impôt, mais il en laisse<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

14<br />

RUE DES ARCHIVES/AGIP<br />

200 000 au family office de<br />

ma banque. Dans les deux<br />

moisquiontsuivil’ultimatum<br />

lancé àlaSuisseetauLuxembourg<br />

l’an dernier,letiersde<br />

nos dépôts aprislechemin de<br />

Singapour… »<br />

Mconsidèrequelepremier<br />

responsable de la crise est…<br />

la Suisse. «Siles patrons du<br />

Credit Suisse etdel’UBS<br />

n’avaient, en 1980, pas voulu<br />

fairedubusiness aux USA,en<br />

levantdesfondspourlesgrandes<br />

entreprisesaméricaines,<br />

leurs banques n’auraient pas<br />

eu l’idée d’ouvrir des guichets<br />

d’évasion fiscale au passage.<br />

Nous étions bientranquilles<br />

sans l’Amérique !Qu’avons-<br />

nous àfairedes retraités du<br />

NewJersey?»Psecharge de porter le<br />

coup de grâce:«Onneparle que du<br />

secretfiscal,maisunepluslourdemenace<br />

pèsesur nos affaires. Nous avons deux<br />

cœurs de métier :lagestion des fortunes<br />

privées non déclarées et la gestion des<br />

fonds alternatifs;mais nous sommes de<br />

droit suisseetledroit européens’impose<br />

comme l’unique standardpour accéder<br />

aux investisseurs du continent.Lesfonds<br />

alternatifsdedroitsuissenesontpasautorisés<br />

dans l’Union alors que les fonds de<br />

droit européensont autorisés en Suisse.<br />

Or,le17mai, la commission du Parlementeuropéenaadoptéunerésolution<br />

interdisantauxfondsalternatifsoffshore,<br />

c’est-à-direétablis hors de l’Union, de<br />

démarcherlesinvestisseurseuropéens.Ça<br />

s’appelle la directive AIFM. Et nous<br />

sommesoffshore…Une île…Ilvafalloir<br />

délocaliser vers l’Union, probablement<br />

auLuxembourg.Bref,nousallonsdevoir<br />

inciternosclientsàsedéclareretàbasculer<br />

sur l’Europe… Malgré l’aide des<br />

Anglais qui abritent 80 %des hedge<br />

funds du continent, nous n’avons pu<br />

bloquer l’AIFM, une initiativefrancoallemande…quiseracertainementvalidée<br />

par le prochain Conseildel’Europe.<br />

Nous yperdrons autant que dans l’exode<br />

des fortunes privées vers l’Asie. Il ne<br />

nous reste qu’un espoir :que les Américains,<br />

qui seraient exclus comme nous<br />

du marché del’Union, menacent de<br />

représailles… Mais Tim Geithner, le<br />

nouveau secrétaireauTrésor,refusede<br />

jouer avec nous… »<br />

Pauvre Suisse!Entre Singapour d’un<br />

côté et le Luxembourg de l’autre,commentcontinuera-t-elleàresterceparadis<br />

tant aimé des Français et haï de leur<br />

gouvernement ?Écœuré, Pest monté<br />

se coucher. STÉPHANE DENIS


LE TROU N° 7DU<br />

PARCOURS DU<br />

SAINT GÉRAN<br />

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de l’hôtel (tennis,ski nautique,voile...)<br />

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France<br />

Crise. En pleine tourmente, Sarkozy peut-il se ressaisir ?Et<br />

sondage Ifop-“la Lettre de l’opinion” dévoile les attentes des<br />

Droite Comment<br />

sortirdutrounoir<br />

Frappé par l’affaire<br />

Bettencourt, en chute<br />

libre dans les sondages,<br />

Sarkozy doit d’urgence<br />

reconquérir son électorat.<br />

Parson discours,<br />

et surtout par ses actes.<br />

Par ARNAUD FOLCH<br />

Delapaille sèche qu’une simple<br />

étincelle suffirait àembraser.<br />

C’est ainsi que Nicolas Sarkozy<br />

dépeint, en privé, l’état<br />

actuel de l’opinion.Traversant un véritable<br />

trou noir,lechef de l’État ne fait<br />

plus mystèredeson inquiétude.<br />

Il yadequoi. Lesderniers rebondissements<br />

de l’affaireBettencourtlefrappent<br />

de plein fouet (lirepage 20).L’ancienne<br />

comptable de Mme Bettencourt<br />

déclarait lundi qu’Éric Woerth aurait<br />

reçu une enveloppe de 150 000 euros<br />

en liquide pour financer (illégalement)<br />

la campagne de Sarkozy en 2007.<br />

Même si l’Élysée dément –s’en remettant<br />

au passage au «trésorier de la<br />

campagne » (en l’occurrenceWoerth<br />

lui-même!) –, c’est bel et bien le nom<br />

du chef de l’État qui apparaîtpour la<br />

premièrefois directement dans l’enquête.<br />

Pour Woerth, qui devrait être<br />

auditionné, la situation devient intenable.<br />

Pour Sarkozy aussi.<br />

«C’est Stalingrad, il faut tenir !»,<br />

confie un ancien ministre. «Tenir »,<br />

donc. Mais aussi, et surtout, préparer<br />

la contre-attaque. Reconquérir le<br />

terrain perdu.Sans cela,pas de victoire<br />

possible en 2012. Telest, àl’heureoù<br />

il est profondément affaibli, le défi<br />

auquel se trouve aujourd’hui confronté<br />

Sarkozy et, au-delà, l’ensemble de<br />

son camp.<br />

Confirmant plusieurs études commandées<br />

par l’Élysée, le sondage Ifopla<br />

Lettre de l’opinion sur“les attentes<br />

des électeurs de droite”réalisé pour les<br />

Réformateurs de l’UMP que nous<br />

publions en exclusivité (lirepage 18),<br />

indique clairement la direction àsuivre:pour<br />

reconquérir son électorat,<br />

c’est àdroite, et sans complexe,que le<br />

chef de l’État va devoir mettre le cap.<br />

Testés par l’Ifop, les sympathisants<br />

UMP et FN, ayant voté àplus de 85 %<br />

pour Sarkozy au second tour de la<br />

présidentielle,réclament en effet àune<br />

écrasantemajorité des paroles, et surtout<br />

des actes forts pour renouveler<br />

leur confiance: ils sont ainsi 97 %<br />

àplébisciter l’adoption d’un fichier<br />

unique de luttecontreles fraudes aux<br />

allocations familiales,83 %àsouhaiter<br />

un régime de retraiteunique et la suppression<br />

de tous les régimes spéciaux,<br />

76 %àsedirefavorables àl’interdiction<br />

des minarets, 72 %(dont 67 %à<br />

l’UMP !) àvouloirladissolution des<br />

associations de soutien aux sanspapiers…<br />

Des mesures emblématiques<br />

pour la droite. Ou ce qu’il en reste.<br />

Les vingt-deux mois qui restent à<br />

Sarkozy seront-ils suffisants ?Avec<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

16<br />

26 %d’opinions favorables dans le<br />

dernier baromètre TNS-Sofres-le Figaro<br />

Magazine,leprésident est àson plus<br />

bas niveau depuis son élection. François<br />

Mitterrand (22 %en1992) et<br />

Jacques Chirac (21 %en2005) ont<br />

certes connupire,mais c’était au cours<br />

de leur secondmandat. Et ni l’un ni<br />

l’autre ne se représentaient… Circonstanceaggravantepour<br />

l’actuel chef de<br />

l’État :l’exceptionnel engouement,<br />

aujourd’hui déçu, qu’avait suscité à<br />

droite, jusque dans l’électoratFN, son<br />

élection en 2007. «Silarupturedela<br />

confiance est aujourd’hui si profonde,<br />

c’est qu’elle est proportionnelle àla<br />

confiance dans la ruptured’il yatrois<br />

ans », décrypte Guillaume Peltier,<br />

directeur de la Lettre de l’opinion.<br />

Du “président-qui-agit”<br />

au “président-qui-subit”<br />

Citadelle assiégée, le pouvoir sarkozyste<br />

doit faire face àtrois critiques<br />

majeures de la partdeceuxqui l’ont<br />

élu:ses piètresrésultats économiques<br />

(alors que le candidat avait promis d’aller<br />

«chercher la croissance avec les<br />

dents »);l’insécurité persistante(alors<br />

qu’il s’était engagé às’y attaquer au<br />

«Kärcher »);et, désormais, la multiplication<br />

des“affaires”(après avoir annoncé<br />

une «République exemplaire»).<br />

«Pour une bonne partdenos électeurs,<br />

reconnaît undéputé UMP, il yaeu<br />

tromperie sur la marchandise. » Donc<br />

tentation de “retour àl’envoyeur”.<br />

«Plus encoreque sonbilan,poursuit-il,


comment ?Un<br />

électeurs de droite.<br />

Cercle infernal. Éric Woerth<br />

(ci-contre)allait-il connaître<br />

le même sortque Christian Blanc<br />

et Alain Joyandet ?Les dernières<br />

révélations de l’ex-comptable de<br />

Mme Bettencourtl’ont encore affaibli.<br />

ce qui est reproché àSarkozy, c’est le<br />

sentiment qu’il donne de n’avoir plus<br />

prisesur les événements. » Oublié“l’omniprésident”!Au<br />

“président-qui-agit”<br />

asuccédé l’image du “président-quisubit”.<br />

Mois après mois, le nombredes<br />

demandeurs d’emploi progresse ?Pas<br />

d’amélioration attendue avant la «sortiedecrise<br />

».Semaine après semaine,<br />

les faits divers sordides se succèdent<br />

comme si la société était vraiment<br />

détraquée. Jour après jour,les accusations<br />

s’accumulent sur tel outel<br />

ministre,etmaintenant sur lui-même?<br />

L’Élysée se contente d’annoncer un<br />

remaniement pour… octo-<br />

bre, mais désormais celuici<br />

ne pouvait plus être différé.<br />

De même, le président<br />

devrait-il très prochainement<br />

s’adresser aux Français.<br />

Pour annoncer la<br />

démission de son gouvernement<br />

et le nom de son<br />

nouveau premier ministre?<br />

Et si oui, lequel ?Borloo ?<br />

MAM ?Uncandidat surprise<br />

?Certains l’y poussent.<br />

Il ypense. Mais, là<br />

encore, ce sont les événements<br />

qui décident. Sa mise en cause<br />

par l’ex-comptable de Mme Bettencourt<br />

lui offre-t-elle d’autre choix<br />

qu’un spectaculairecoup d’éclat?<br />

Contrairement àlaversion officielle,<br />

l’Élysée n’était pas non plus à la<br />

manœuvre lors des départs d’Alain<br />

Joyandet et de Christian Blanc. C’est<br />

Joyandet, seul, qui adécidé de démissionner.Contrel’avisdeSarkozy.Qui<br />

s’est contenté,ensuite,d’exiger de Blanc<br />

qu’il l’imite… Le chef de l’État l’avait<br />

en effet répété la semaine dernièreaux<br />

députés UMP:pas question de «réagir<br />

àchaud ».Claude Guéant le confir-<br />

mant dans une interview publiée<br />

Entraîné<br />

par<br />

letourbillon<br />

desaffaires,<br />

l’Élysée<br />

n’aplus<br />

prise<br />

surles<br />

événements.<br />

Suite page 19 >><br />

PHOTOS :FACELLY/SIPA -DELESSARD/NECO/SIPA -BERTRAND GUAY/AFP


CE QUE VEULENT LES ÉLECTEURS DE DROITE<br />

Un fichierunique de lutte<br />

contre les fraudes<br />

aux allocations familiales<br />

3%<br />

3%<br />

16 %<br />

97 %<br />

L’idée est plébiscitée dans toutes<br />

les tranches d’âge (95 %chez les<br />

moins de 35 ans, 99 %au-dessus),<br />

et tout autant par les sympathisants<br />

UMP (97 %) que FN (96 %).<br />

Des “internatsadaptés” dans<br />

chaque département pour<br />

suppléer les familles dépassées<br />

79 %<br />

81 %<br />

Habitants de quartiers plus sensibles,<br />

souvent confrontés aux “problèmes”<br />

de la jeunesse, les électeurs de<br />

Le Penen2007 sont moins nombreux<br />

àl’approuver (68 %contre 82 %àl’UMP).<br />

Le remplacement desstatuts<br />

de la fonction publique par des<br />

contrats de droit commun<br />

19 %<br />

5%<br />

16 %<br />

49 %<br />

8%<br />

Surprise :même les employés et ouvriers<br />

approuvent (69 %). Plus attachés<br />

àl’État, les électeurs de Le Pen(65 %)<br />

sont moins nombreux àapprouver<br />

que ceux de Sarkozy,plus libéraux (77%).<br />

Une“loiantiloi”<br />

poursupprimer<br />

les loisnon appliquées<br />

2%<br />

8%<br />

44 %<br />

L'interdiction des minarets<br />

lorsdelaconstruction<br />

de mosquées<br />

76 %<br />

C’est chez les employés et les ouvriers<br />

que l’on soutient le plus cette mesure :<br />

84 %(contre 68 %chez les cadres).<br />

Plus concerné par l'immigration, l'est<br />

de la France yest plus favorable (79%).<br />

La dissolution des<br />

associations qui aidentles<br />

clandestins sans papiers<br />

73 % 72 %<br />

43 %<br />

30 %<br />

30 %<br />

18 %<br />

25 %<br />

Seuls 6%des électeurs de droite n’y<br />

sont “pas favorabledutout”. C’est<br />

au sein de l’électorat FN que l’on trouve<br />

le plus d’approbation (89 %). L’idée est<br />

aussi ultramajoritaire àl’UMP (67 %).<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

18<br />

Un régime de retraite unique<br />

et la suppression de tous<br />

les régimesspéciaux<br />

90 % 46 %<br />

83 %<br />

Réalisée par Berlusconi en Italie,<br />

cette réforme séduit notamment<br />

àl’UMP (92 %). C’est chez les<br />

plus de 35 ans qu’elle rencontre<br />

le plus d’adeptes (94 %).<br />

22 %<br />

26 %<br />

6%<br />

51 %<br />

46 %<br />

Très favorable Assez favorable Peufavorable Pasdutout favorable<br />

6%<br />

27 %<br />

5%<br />

12 %<br />

Plus attachésàl’Étatetàses<br />

protections, les électeursdeLePen<br />

ne sont “que” 75 %àrépondre oui.<br />

Les employés et ouvriers sont<br />

cependant 77 %àl’approuver.<br />

Le financement d'une part<br />

significativedes retraites par une<br />

épargne individuelle défiscalisée<br />

19 %<br />

7%<br />

74 %<br />

48 %<br />

56 %<br />

26 %<br />

Le “tabou” du “tout-répartition”,<br />

concernant les retraites, est largement<br />

brisé chez les électeurs de Sarkozy<br />

de 2007 (80 %contre 67 %néanmoins<br />

chez ceux de Le Pen).<br />

L'abrogation<br />

de la loi<br />

sur les 35 heures<br />

22 %<br />

19 %<br />

12 6% %<br />

26 25 % %<br />

69 %<br />

46 44 %<br />

C’est ici que les électorats de Sarkozy<br />

et de Le Pendivergent le plus :77%<br />

de réponses favorables chez les<br />

premiers, contre 55 %chez les seconds<br />

–oùles ouvriers sont surreprésentés.<br />

Sondage Ifop/"la Lettre de<br />

l'opinion"/lesRéformateurs.


samedi dans le FigaroMagazine.Àla<br />

question:«N’aurait-il pas fallu faireun<br />

exemple en sanctionnant un des auteurs<br />

de ces incidents?»,lebrasdroit du chef<br />

de l’État répondait: «Quelexemple?Se<br />

séparer de ministres? Gardons notre<br />

calme!»Vingt-quatre heures plus tard,<br />

les deux étaient annoncés partants du<br />

gouvernement…<br />

Àcette absencedeprise sur les événements<br />

s’ajoutent, lorsqu’elles ont lieu,<br />

des réponses jugées inadaptées. Le<br />

maintien, envers et contre tout, de la<br />

double casquette deministre et de<br />

trésorier de l’UMP d’Éric Woerth ?<br />

60 %des Français trouvent“choquant”<br />

ce cumul, selon un sondage<br />

Viavoice-Libération. L’annonce<br />

demesures visant à<br />

restreindreletrain de viede<br />

l’État ?75%des personnes<br />

interrogées les estiment “insuffisantes”.<br />

Quant au discrédit<br />

àl’encontredes ministres<br />

et parlementaires, il est<br />

plus marqué que jamais.<br />

Après trois ans de mandat de<br />

Sarkozy, qui promettait de<br />

«réconcilier » les Français avec<br />

la politique, 64 %d’entre eux<br />

jugent leurs représentants<br />

“corrompus”!<br />

Symbole du décrochage de<br />

l’opinion àl’égarddelaclasse<br />

politique, le dernier baromètredepopularitéTNS-Sofresle<br />

Figaro Magazine :sur les<br />

trente-sept personnalités<br />

testées, seules… quatre progressent<br />

:Villepin (pour son<br />

opposition àSarkozy),Bachelot<br />

(pour avoir traité les Bleus<br />

de «caïds »), mais surtout<br />

Jean-Marie et Marine Le Pen.<br />

Laquelle, bénéficiant d’une<br />

cote d’avenir de 18 %(+3<br />

points), fait désormais jeu<br />

égal avec Xavier Bertrand, le<br />

patronduparti majoritaire,<br />

distançant nombredehauts<br />

responsables politiques :<br />

Baroin, Hortefeux, Raffarin, Valls,<br />

Morin… Du jamais-vu !Etunmotif<br />

d’inquiétude supplémentaire pour<br />

Sarkozy, dans l’optique de 2012 :<br />

que «l’image de délitement » (dixit<br />

Jean-Christophe Cambadélis) donnée<br />

aujourd’hui par la majorité profite<br />

d’abord auFront national –dont le<br />

“siphonage”des voix, en 2007, avait<br />

permis au chef de l’État de l’emporter.<br />

Sarkozy lui-même en convient devant<br />

des proches : «Leclimat va offrir 5%<br />

au FN. » Le député UMP Bernard<br />

Debré pronostique, quant àlui, un<br />

possible «21avril àl’envers » en 2012.<br />

Raffarin estimant de son côté probable<br />

un «FNà20%».Afin de reprendrela<br />

main, plusieurs députés réclament en<br />

priorité la nomination d’un nouveau<br />

«gouvernement restreint »(lirepage 21).<br />

Emmenés par Thierry Mariani, treize<br />

d’entreeux viennent même de lancer<br />

un Collectif de la droitepopulairequi<br />

s’est fixé pour objectif de ne pas «laisserauFNleterrain<br />

de l’immigration ou<br />

de la sécurité, ni les valeurs de la nation ».<br />

Reste,s’il parvient àsortirdupiège de<br />

l’affaireBettencourt,que c’est du président<br />

de la République, d’abord, que<br />

Remaniement ? Sarkozy pourrait annoncer<br />

prochainement la nomination d’un gouvernement<br />

restreint.Laquestion du maintien de Fillon est posée.<br />

doivent venir les signaux attendus par<br />

un électoratdedroite… de plus en plus<br />

àdroite. «Depuis 2006, le curseurs’est<br />

nettement déplacé,noteeneffet Jérôme<br />

Fourquet, directeur adjoint du département<br />

opinion de l’Ifopetauteurdu<br />

sondage sur les attentesdes électeurs<br />

de droite. Parmiles cinq familles de la<br />

droite, la plus àgauche, la“droite socialehumaniste”,<br />

ne représente plus que 8%<br />

de cet électorat, contre 32 %, UDF<br />

comprise, il yaquatre ans. » De sensibilité<br />

centriste, écolo,ettrès pro-euro-<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

19<br />

péenne, cettedroite“borlooiste” hostile<br />

aux mesures anti-immigration est<br />

aujourd’hui surreprésentée en hommes<br />

et en idées au sein de la majorité,<br />

par rapport aux “droite modérée”<br />

(33 %des électeurs de droite) et“libérale”(11<br />

%), privilégiant la famille et<br />

l’initiative individuelle. Elle l’est aussi,<br />

et surtout, par rapportaux deux pôles<br />

les plus àdroite:la“droiteautoritaire”<br />

(10 %) –populaire, eurosceptique et<br />

sécuritaire –etla“droite libéraleprotectrice”(38<br />

%) –laplus attachée à<br />

la “rupture” de 2007. «C’est au sein de<br />

ces deux groupes que le risque est le plus<br />

grand pour Sarkozy de voir sesex-électeurs<br />

voter FN en 2012,pour-<br />

WITT/SIPA<br />

suit-il. C’est donc àlui que le<br />

chefdel’État doit s’adresser en<br />

priorité. » Quitteàheurterson<br />

“aile gauche”, comme il l’avait<br />

fait durant sa campagne présidentielle,<br />

en s’emparant des<br />

thèmes de la sécurité et de<br />

l’identité nationale qui lui<br />

avaient agrégé l’électorat de<br />

droite.<br />

Trois ans, la nomination de<br />

ministresd’ouverture, des réformes<br />

souvent inachevées,un<br />

style présidentiel aux antipodes<br />

de ce qu’attendaient ses électeurs,<br />

la crise économique et<br />

maintenant les “affaires”l’atteignant<br />

personnellement permettront-ils<br />

àSarkozy de faire<br />

ànouveau “rêver” ses anciens<br />

électeurs, “la” condition pour<br />

être réélu? «S’il tientbon sur les<br />

retraites, et oseimposer certainesmesures-symbolesplébiscitées<br />

par sonélectorat, rien n’est<br />

encore joué, car le FN n’est<br />

toujours pas perçu comme un<br />

parti de gouvernement etla<br />

gauche peine àretrouver son<br />

crédit »,répond Jérôme Fourquet.<br />

«Rienn’est irréversible,<br />

confirme Guillaume Peltier.<br />

Contrairement àGiscard en<br />

1981, il n’a pas de concurrent<br />

dans sonproprecamp.Lacampagne de<br />

2012 se ferasur le thème de la “protection”,<br />

àtous les niveaux, sur lequel il<br />

conserve une vraie crédibilité. » Sarkozy<br />

est prévenu:il est profondément<br />

atteint et sa chanceréside, s’il peut la<br />

saisir,dans la rupture… avec son début<br />

de mandat. Unevraie, cettefois-ci. Il<br />

lui restemoins de deux ans pour la rendrecrédible.<br />

Après s’être extrait de la<br />

glue des affaires. ●<br />

Lire aussi, pages suivantes, l’Affaire Bettencourt-<br />

Woerth et les propositions des députés UMP >>


AffaireBettencourt. Éric Woerth bientôt<br />

auditionné par la brigade financière.<br />

Leprocureur<br />

Courroyeaccélère<br />

Ilfauttoujoursseméfierdu<br />

petit personnel!Après les<br />

enregistrements sauvages<br />

del’ancienmajordomede<br />

Liliane Bettencourt, c’est au<br />

tour de l’ex-comptable de la<br />

vieille dame, ClaireT., d’apportersapartdevérité<br />

àune<br />

affairedeplusenplustortueuse.Interrogéelelundi5juillet<br />

par la PJ,ClaireT., jusque-là<br />

totalement muette, se met à<br />

parler.Sadéposition est carrément<br />

explosive. Elle affirme<br />

qu’en mars 2007, quelques semaines<br />

avant le premier tour<br />

de l’élection présidentielle,<br />

PatricedeMaistre,legestionnairedefortune<br />

de Mme Bettencourt,<br />

aurait remis une<br />

somme de150 000 euros en<br />

espècesàÉricWoerth,trésorier<br />

de l’UMP.Une somme destinée<br />

àlacampagne présidentielle<br />

du candidat Sarkozy.<br />

Àpeine le procès-verbal<br />

d’audition était-il signé que<br />

la même personne livrait son<br />

témoignage au site Mediapart.Celui-ci<br />

est «totalement<br />

faux », contesteaussitôt l’Élysée…<br />

Idem pour ÉricWoerth.<br />

Tandis que Franck Louvrier,<br />

le conseiller en communication<br />

de Nicolas Sarkozy,déclare:<br />

«Cela semble infondé mais il faut voir<br />

avec le trésorier de la campagne. »<br />

Sous-entendu,“Sivous voulez des informations,adressez-vousàWoerth…”<br />

Yaurait-il là une volonté d’instaurer<br />

un cordon sanitaireautour du chef de<br />

l’État et d’isoler l’ancien ministre du<br />

Budget ?<br />

Pendant les vacances,<br />

pas d’armistice<br />

Unecertitude:plus les jours passent,<br />

plus la situation d’ÉricWoerth devient<br />

intenable. Même les vacances ne mar-<br />

Déterminé. Philippe Courroye démontre qu’il est seul<br />

décideur du calendrier de ce bourbier politico-judiciaire.<br />

querontpaslesignaldel’armisticedans<br />

ce feuilletonappeléàconnaîtred’autres<br />

développements. Car depuis quelques<br />

jours,cetteaffaireBettencourt-Woerth<br />

s’est judiciarisée. Témoin, le rapport<br />

adressé àlafin juin par le procureur de<br />

la République de Nanterre,Philippe<br />

Courroye auprocureurgénéraldeVersailles,<br />

Philippe Ingall-Montagnier,<br />

pourl’informerqu’ilenvisagedepoursuivrel’enquête<br />

préliminaire non seulement<br />

sur les écoutes sauvages du<br />

maître d’hôtel de Mme Bettencourt<br />

(atteinteàlavie privée) mais aussi sur<br />

lesconditionsd’embauchedeFlorence<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

20<br />

Woerth, la femme de l’ex-ministre du<br />

Budget,parlasociétéClymène,chargée<br />

de gérer la fortune de la principale<br />

actionnairedeL’Oréal –etdirigée par<br />

PatricedeMaistre.<br />

Dans ce même rapport, le procureur<br />

de Nanterre s’interroge sur les liens<br />

susceptibles d’exister entre Florence<br />

Woerth, les évasions fiscales de Mme<br />

Bettencourt etlafonction d’Éric<br />

Woerth, ministre du Budget de 2007 à<br />

mars2010(dateàlaquelleilestnommé<br />

ministre du Travail). Ceux qui contestaient<br />

l’indépendancedeCourroye –<br />

qui apourtant mis en examen Pierre<br />

Bédier et Charles Pasqua –<br />

en serontpour leurs frais !<br />

CHESNOT/SIPA<br />

D’ailleurs, dans ce document,<br />

le procureur de Nanterre<br />

démontre queluiseulestdécideurdesinitiativesetducalendrier<br />

de ce bourbier politicomédiatique<br />

qu’est devenueen<br />

quelquessemainesl’affaireBettencourt-Woerth.<br />

La chancellerie,<br />

en effet, ne lui adonné<br />

aucune instruction. Pasplus<br />

lorsqu’ilafaitappelle1 er juillet<br />

de la demande de supplément<br />

d’informations décidée par la<br />

15 e chambredutribunal correctionnel<br />

de Nanterre.<br />

Que peut-il se passer désormais<br />

?Dans son rapport, Philippe<br />

Courroye fait allusion à<br />

une éventuelle prise illégale<br />

d’intérêts et àdes soupçons de<br />

blanchiment de fraude fiscale.<br />

Conséquence:ni Florence<br />

Woerthnisonépouxnepourrontvraisemblablementéchapperàune<br />

audition, sans doute<br />

parlabrigadefinancière.Dans<br />

lecasd’ÉricWoerth,uneautorisation<br />

du Conseil des ministres<br />

seraobligatoire –s’il fait<br />

encorepartiedugouvernement.Demême,onnevoitpas<br />

commentPatricedeMaistre,le<br />

patrondeClymène, détenteur de bien<br />

des secrets sur l’exactesituation fiscale<br />

de Mme Bettencourt, échapperait lui<br />

aussi àune convocation. Dans les fameuses<br />

écoutes sauvages, n’entendaiton<br />

pas Maistre révéler àsapatronne<br />

qu’elle était titulairededeux comptes<br />

enSuisseetqu’ilsouhaitaitlesdéplacer<br />

vers Singapour?<br />

Ce n’est qu’à l’issue de cesauditions,<br />

voiredeconfrontations entre certains<br />

protagonistes de cetteaffairehors norme,que<br />

le procureur de Nanterre déciderad’ouvrir<br />

ou non une information<br />

judiciaire. GILLES GAETNER


Propositions.Comment redresser la barre<br />

danslatempête?Huit élus répondent.<br />

Cequesouhaitent<br />

lesdéputésUMP<br />

“Remaniement immédiat”<br />

Jean-Pierre Grand (Hérault)<br />

Le président n’aplus le choix. Il ne<br />

faut pas attendretrois mois pour faire<br />

un remaniement. Quand il yalefeu,<br />

on agit vite et avecefficacité.Il faudrait<br />

effectuer un remaniement très rapidement<br />

et composer un gouvernement<br />

resserré. Déjà, cetteéquipe n’avait pas<br />

beaucoup d’autorité,mais là,les ministres<br />

perdent tout crédit et n’existent<br />

plus. Sans compter l’ambiancedétestable<br />

qui suit cetteannoncederemaniement<br />

en octobre,où l’on commence<br />

àmontrer tel ou tel dudoigt en<br />

disant qu’il est sur un siège éjectable.<br />

“Gouvernement restreint”<br />

Lionnel Luca (Alpes-Maritimes)<br />

Je crois que la situation exige un<br />

remaniement,avec un gouvernement<br />

limité àquinzeministresrépartis paritairement,<br />

autour de François Fillon.<br />

J’accompagnerais l’arrivée de cette<br />

nouvelle équipe de quelques mesures<br />

fortes,comme la suppression du bouclier<br />

fiscal et de l’ISF et la création d’une<br />

tranche supplémentairedel’impôt sur<br />

le revenu,qui marqueraient la nécessité<br />

de s’adapter aux réalités.<br />

“Un acte d’autorité”<br />

Claude Goasguen (Paris)<br />

Un acte d’autorité s’impose pour<br />

reprendrelamain et en finir avec ce<br />

climat malsain, qui flirte<br />

avec le populisme et le<br />

poujadisme. Il me semble<br />

qu’ilfaudraiteffectuerassez<br />

rapidement un remaniement<br />

et présenter un nouveau<br />

gouvernement restreint.<br />

“Sanctionner<br />

les dérapages”<br />

Christian Jacob<br />

(Seine-et-Marne)<br />

Ne cédons pas àlapanique.Il<br />

ne faut pas mélanger<br />

les dérapages et l’affaireWoerth,qui<br />

est un coup<br />

monté.Il aurait fallu réagir<br />

plus rapidement lorsque<br />

les premiers problèmes<br />

sont apparus. Plutôt que se contenter<br />

de dire que ces manquements àla<br />

morale étaient intolérables,ilaurait<br />

falluque lessanctions tombent. Par<br />

ailleurs, je ne crois pas que la diminution<br />

du nombre deconseillers des<br />

ministressoit une bonne idée. Ils ont<br />

besoin de cetentourage pour être efficace.<br />

“Ne pas céder àl’intoxication”<br />

Philippe Meunier (Rhône)<br />

Je nemelaissepasintoxiquerparlefeu<br />

roulantdesattaquesmédiatiques.Nous<br />

n’avons pas àreprendrelamain, car<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

21<br />

PHOTOS :WITT/SIPA -TSCHAEN/SIPA<br />

Christian<br />

Jacob :“Face<br />

auxdérapages<br />

desministres,<br />

ilaurait<br />

falluque<br />

dessanctions<br />

tombent<br />

immédiatement.”<br />

ThierryMariani. Le gouvernement<br />

devra se recentrer autour des engagements<br />

de la campagne présidentielle.<br />

nous ne l’avons pas perdue. Le remaniement<br />

se feraàlarentrée, comme l’a<br />

indiquéleprésident.Dontacte.Cen’est<br />

pas àl’opposition de gérer notre calendrier.<br />

Et la majorité élue restemaîtresse<br />

de la politiquedupays.<br />

“Une feuille de route claire”<br />

Marie-Anne Montchamp(Val-de-Marne)<br />

Quand l’opinion est confiante, optimiste,<br />

les éventuelles affaires ne créent<br />

pasunclimataussidélétère.Je croisque<br />

lesFrançaissententparfaitementquela<br />

situation financièredenotre pays est<br />

beaucoup plus grave que ce qu’on veut<br />

bien leur dire. Il faudrait, sans tarder,<br />

définirlecheminquenousallonsprendrepour<br />

remettre de l’ordredans les<br />

financespubliques.Lesgensontbesoin<br />

de connaîtrelafeuille de routequi va<br />

être celle de la Francepour les années<br />

quiviennent.Cetteréflexion<br />

aurait dû être lancée il ya<br />

dix-huit mois, on aperdu<br />

untempsprécieux.Je pense<br />

que le vrai malaise est là.<br />

“Se recentrer<br />

sur les engagements<br />

de 2007”<br />

ThierryMariani (Vaucluse)<br />

Un remaniement s’impose,<br />

tout de suite, avant les<br />

vacances. Enrevanche, je<br />

suis contre l’idée d’un gouvernement<br />

restreint. C’est<br />

typiquement une fausse<br />

bonne idée, qui conduirait<br />

les ministresàdonner davantage<br />

de pouvoir àl’administration<br />

et àralentir<br />

le rythme des réformes. Le<br />

gouvernement devrait être<br />

plus lisible, éviter d’étaler<br />

desdivergencesd’opinionet<br />

serecentrersurunprogrammeresserré<br />

autour des engagements de la campagneprésidentiellede2007:travail,sécurité,immigration,prime<br />

au mérite.<br />

“Ne pas céder”<br />

Jacques Myard (Yvelines)<br />

Il faut maintenir le cap,surtout ne pas<br />

céder.Ces histoires de Joyandet et de<br />

Blanc, même si elles sont regrettables,<br />

sont comme des bulles de savonque<br />

l’on voit et qui disparaissent après avoir<br />

éclaté.Pour ma part,je ne les aurais pas<br />

fait démissionner.<br />

Propos recueillis par JOSÉE POCHAT


Défense.Les coupes budgétaires annoncées menacent la<br />

Coupderabotpourles<br />

Nouvelle réduction<br />

des crédits, nouvelle<br />

déflation des effectifs :<br />

le risque est de baisser<br />

la garde et de faire une<br />

croix sur des projets<br />

quipréparent l’avenir.<br />

Même sans la traditionnelle<br />

garden-party de l’Élysée,le<br />

défilé martial du 14 juillet<br />

2010 sera fidèle àlatradition.<br />

En apparence, tout sera“nickel”<br />

dans les rangs, grâceaux 4millions<br />

d’euros déboursés pour cetteparade<br />

annuelle des armées. Mais dans les<br />

têtes ?Les militaires redoutent le“coup<br />

de rabot”, annoncé alors qu’ils subissent<br />

depuis plus de vingt ans déjà des<br />

réorganisations et des déflations d’effectifs<br />

(54 000 postes doivent être supprimés<br />

entre 2009 et 2014).«Cette fois,<br />

c’est la boule àzéro… »<br />

Nicolas Sarkozy,chef desarmées, a<br />

chiffré l’ampleur de l’effort: 20 000<br />

postes (dont la moitié pour l’armée de<br />

terre) et environ3,5 milliards d’euros<br />

de crédits militaires en moins sur trois<br />

ans.C’estunpeumoinsquelacoupede<br />

5milliards envisagée dans un premier<br />

temps, mais les militaires, plutôt abattus,<br />

s’inquiètent des conséquences sur<br />

leursmissions.Le climatgénérald’économies<br />

alimenteles rumeurs et nourritlaméfianceàl’égardd’un<br />

ministre,<br />

HervéMorin,dontlastratégiepolitique<br />

semble le pousser àquitter bientôt le<br />

gouvernement. Calculette enmain,<br />

chaque armée vérifie les conséquences<br />

dela“réductiondepérimètre”:àterme,<br />

l’armée de terrepourrait être réduiteà<br />

93000hommes(aulieude131000),la<br />

forceaériennedecombatramenéeà180<br />

appareils et la marine àmoins de 30<br />

grandes unités navales.<br />

Pour pouvoir honorer le contratdes<br />

opérations extérieures,les“opex”dans<br />

lejargondesmilitaires(10000hommes<br />

déployés,dont 3750 enAfghanistan et<br />

1450 au Liban), les armées sont déjà<br />

contraintes àdes acrobaties opérationnelles<br />

et logistiques dont le monde civil<br />

n’apas idée.On déshabille Pierre pour<br />

habillerPaul.Ongèlemomentanément<br />

les activités de trois ou quatre grandes<br />

unités en métropole pour armer un<br />

bataillon en opex(600 à800 hommes),<br />

pour le rendreopérationnel à100 %et<br />

tenir le rang au sein d’une coalition,<br />

mais on mesure leur désillusion sur<br />

cettearmée peau de chagrindont le<br />

modèle n’arien de séduisant pour ceux<br />

qui seraient tentés de s’engager.<br />

La lettre de cadrage du premier ministre<br />

(45 milliards d’économies à<br />

trouver) afixé la ligne de conduite.<br />

Pour la défense,la rigueur portera sur<br />

trois années (2011-2013),<br />

avec la simple reconduction<br />

des crédits de 2010 l’an<br />

prochain.<br />

Morinveutlimiter lacasse<br />

mais la loi de programmation<br />

militaire2009-2014<br />

n’est déjà plus respectée :<br />

elle prévoyait une stabilisation<br />

des crédits d’équipement<br />

militaireentre 2009<br />

“Nousdevons<br />

consacrer<br />

lesmoyens<br />

quinous<br />

permettent<br />

depesercomme<br />

ungrandpays”<br />

(Sarkozy,<br />

le10juin).<br />

et 2011, puis une progression continueensuite,<br />

passant de 16,2 milliards<br />

d’euros en 2011 à18milliards en 2014.<br />

Plus personne ne croit au rétablissementultérieur<br />

desbudgetsinitiaux,au<br />

termedeces trois ans d’austérité.L’engagement<br />

initial validé par le “Livre<br />

blancsurlaDéfense”, laloideprogrammation<br />

et la révision générale des politiquespubliquesétaiteneffetd’assurer<br />

des crédits de 377 milliards d’euros à<br />

la défense, mais c’était avant la crise,<br />

véritable“surprise stratégique”deces<br />

années 2000. Àterme, le manque à<br />

gagner des armées pourrait atteindre<br />

40milliardsd’euros.Ilfaudrasansdoute<br />

rouvrirledébat stratégique.<br />

Dès octobre 2008,le géné-<br />

ralJean-Louis Georgelin,<br />

alors chef d’état-major des<br />

armées,reconnaissait l’ampleur<br />

du problème : «La<br />

trajectoirefinancièredéfinie<br />

dans le Livre blanc repose<br />

sur des postulats qui, s’ils<br />

devaient varier,rendraient<br />

l’exercice particulièrement<br />

difficile.» Ce dossier «extrê-


cohérence de l’outil.<br />

armées<br />

mement complexe » estsur le bureau<br />

de l’amiral ÉdouardGuillaud,successeur<br />

du général Georgelin : «Lerisque<br />

est de trop baisser la garde, mais je ne<br />

suis pas inquiet»,disait-il le 2juillet sur<br />

Europe 1.Il avait d’abordcraint àune<br />

encoche de 5milliards d’euros :<br />

«Ç’aurait été la rupture… »<br />

Où sabrer? «Dans les budgets de fonctionnement<br />

»,répond l’amiral Guillaud.<br />

«Mais le gras n’existe pratiquement<br />

plus et nous sommes àl’os »,<br />

assurent les militaires. La marge de<br />

manœuvreest étroite, surtout que la<br />

défense doit revoir àlabaisse les prévisions<br />

de recettes supplémentaires que<br />

devaient apporter lavente d’actifs<br />

immobiliers et de certaines fréquenceshertziennes.<br />

On ne mise plus que<br />

sur 2milliards d’euros àpeine,contre<br />

les 3,7 milliards prévus.<br />

Ces fortes contraintes budgétaires<br />

menacentl’architectured’ensemble.<br />

«L’équilibreest fragile, dit Guillaud. Il<br />

ne faudrait pas que les logiques comptables<br />

prennent le pas sur la cohérence<br />

opérationnelle. » Il faut en effetàlafois<br />

économiser mais ne pas dégrader la<br />

PHOTOS :WOJAZER-POOL/SIPA -MARC CHARUEL<br />

dissuasion nucléaire,«notre assurance<br />

vie»,niréduireles capacités de projection<br />

(aérienne et navale),ni affecter la<br />

protection du territoire. Arrêter ou<br />

étaler un programme coûtecher,avec<br />

des conséquences sociales difficiles à<br />

prévoir.Les financiers pourront parler<br />

de «réductions temporaires de capacités<br />

» mais les militaires sont sans illusions<br />

: «Onpasseradutemporaireau<br />

permanent, sans retour en arrière. »<br />

Lesgrands programmes d’équipements<br />

devraient être épargnés,assure<br />

l’amiral Guillaud : «Onn’arrête rien,<br />

dans le cadredelastratégie du Livre<br />

blanc. » Mais chaque armée se sent<br />

visée et défend ses programmes majeurs,<br />

dits “decohérence” :les sousmarins<br />

nucléaires d’attaque Barracuda<br />

ou les frégates multimissions pour la<br />

marine ;les véhicules blindés VBCI,<br />

les hélicoptères NH90 ou Tigre,les systèmes<br />

Félin de l’infanterie pour l’armée<br />

de terre;et les trois programmes<br />

phares de l’armée de l’air –Rafale,<br />

Airbus A400M de transport, avion<br />

ravitailleur Airbus A330 MRTT.La<br />

tentation est bien sûr de tailler dans les<br />

effectifs (225 000 hommes,fixés par le<br />

Livreblanc).«Mais nous sommes déjà<br />

au taquet pour honorer nos contrats<br />

opérationnels »,répondent les étatsmajors.<br />

Chacun se renvoie la balle.<br />

Chez les“terriens”, on chercheàsavoir<br />

qui seraleplus raboté,entre les paras,<br />

les alpins,les cavaliers,les artilleurs,les<br />

légionnaires ou les marsouins.<br />

«Ilsuffit de procéder àune réévaluation,<br />

entend-on àBercy. Le contrat<br />

initial de 30 000 hommes et 70 avions<br />

projetables à8000 kilomètres, pendant<br />

un an, est-il toujours aussi pertinent et<br />

utile, surtout dans le cadredel’Otan ?»<br />

Lesarmées pourraient se rabattre sur<br />

le format des unités d’intervention<br />

interarmées de 5000 hommes, projetables<br />

en permanencedans un cadre<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

23<br />

Afghanistan. Près de 250 soldats<br />

français seront envoyés en renfort<br />

pour accélérer la formation de l’armée<br />

afghane. En bas, Nicolas Sarkozy,le<br />

10 juin,àborddu“Charles-de-Gaulle”.<br />

national ou multinational, déjà prévu<br />

dans la loi de programmation militaire.<br />

La réintégration dans l’Otan plaide en<br />

ce sens,même si,àterme,ce processus<br />

risque de fairedel’armée française un<br />

simple supplétif des Américains.<br />

Cetteinteropérabilité revendiquée a<br />

un avantage :ellepermet àlaFrance<br />

de maintenir le niveau opérationnel<br />

de ses forcesetdepeser sur certains<br />

théâtresmajeurs. Lesinconvénients<br />

sont nombreux:la réduction du format<br />

devrait dégrader, ipso facto,les<br />

missions et les ambitions géopolitiques<br />

de notre pays, et le recours aux<br />

capacités alliées –lecultedelamutualisation,<br />

prétexte àbeaucoup de<br />

renoncements –entraîneralaperte<br />

de capacités pointues, au détriment<br />

directdelaFrance(et de l’Europe).Ce<br />

“décrochage”technologique devrait<br />

bénéficier aux seuls États-Unis. Cette<br />

évolution est préoccupante:dans le<br />

monde,l’Europedésarme,tandis que<br />

l’Amérique et l’Asie ne cessent d’augmenter<br />

leurs budgets militaires.<br />

Le 10 juin, sur le porte-avions Charles-de-Gaulle,Nicolas<br />

Sarkozy livrait<br />

son ambition dechef des armées :<br />

«Nous devons conserver les capacités<br />

d’agir partout dans le monde en projetant<br />

nos forces. Sinon, nous ne serions<br />

pas un grand pays,nous ne serions plus<br />

un grand pays.»Il précisait aussi une<br />

condition absolue : «Nous devons<br />

consacrerles moyens qui nous permettent<br />

de peser sur la scène internationale<br />

commeungrand pays.»Avec 1,5 %de<br />

son produit intérieur brut (PIB) consacré<br />

àsadéfense,un pays peut-il encore<br />

se dire «grand » ? FRÉDÉRIC PONS


Focus France<br />

DROIT DE REGARD<br />

Onjouesurlesmots<br />

Par CATHERINE NAY<br />

lyaunan, devant le congrès réuni<br />

IàVersailles, Nicolas Sarkozy déclarait<br />

: «Jeneferai pas une politique<br />

de rigueur parce qu’elle atoujours<br />

échoué. » Un an plus tard, il écrit à<br />

François Fillon une lettre de trois<br />

pages : «J’ai décidé que le train de vie<br />

de l’État serait rigoureusement réduit.<br />

» C’estlegrand virage de l’été<br />

2010. L’État va devoir se serrer la<br />

ceinture: logements de fonction<br />

contrôlés, suppression de 10 000<br />

véhicules, déplacements limités en<br />

avion :ils prendront le train. Les<br />

cabinets ministériels serontréduits.<br />

«Les ministres paieront leurs frais<br />

privés sur leurs deniers personnels. La<br />

violation de cette règle sera<br />

immédiatement sanctionnée<br />

»,écrit encoreleprésident<br />

qui acependant<br />

longtemps hésité àseséparerdeChristian<br />

Blanc.<br />

Devant les affaires visant<br />

plusieurs ministres,<br />

alors qu’Éric Woerth se<br />

trouve pris dans l’essoreuse<br />

de l’affaireBettencourt,<br />

l’Élysée devait<br />

réagirpourtenter–sipossible<br />

–derestaurer une<br />

imageternie.Chaquejour<br />

apportant son lot de révélations, le<br />

feuilleton était loin d’être clos.<br />

L’annulation de la garden-party<br />

du 14 Juillet, àtrois semaines de la<br />

fête nationale, qui feraéconomiser<br />

732 000 euros aux contribuables,<br />

fait partie de la rigueur. Certains<br />

traiteurs brandissent une menace<br />

de faillite s’ils n’obtiennent pas<br />

un dédit…<br />

Pressée par Bruxelles, le FMI et<br />

les marchés, la France n’avait pas<br />

d’autrechoix. Ce qui met fin àune<br />

exception française. Cela fait trente<br />

ans que notre monarchie républicaine<br />

peine àmaîtriser ses dépenses<br />

et son comportement. Mais la crise<br />

est passée par là. Tous les gouvernements<br />

européens réduisent leur<br />

train de vieavecdes diminutions de<br />

Laperspective<br />

delarigueur<br />

n’effraiepas<br />

lesFrançais.<br />

MaisenFrance,<br />

onaimela<br />

rigueurquand<br />

elletouche<br />

levoisin.<br />

salaires des ministres(moins 5%en<br />

Grande-Bretagne et au Portugal,<br />

moins 15 %enIrlande et en Espagne).<br />

Partout les flottes de véhicules<br />

subissent des coupes claires. À<br />

Londres, les ministres n’ont plus<br />

droit, sauf exception, àune voiture<br />

avec chauffeur. EtenAllemagne,<br />

les ministres continuent de rouler<br />

en Mercedes, Audi ou BMW, ces<br />

vitrines majeures des exportations<br />

allemandes.<br />

« La perspective de la rigueur<br />

n’effraie pas les Français »,annonçait<br />

le Figaro,seréférant àune enquêteOpinionWay.<br />

Ilfaut néanmoins<br />

nuancer :siles Français applaudissentla<br />

rigueur lorsqu’elle<br />

s’appliqueaux dépens des<br />

ministres, aux logements<br />

de fonction et aux véhicules<br />

de service, lenonremplacement<br />

d’un fonctionnairesurdeux<br />

partant<br />

àlaretraiten’est approuvéquepar20%dessalariés<br />

du secteur public<br />

contre 53 %des salariés<br />

du privé.<br />

En France, on aime la<br />

rigueur quand elle touche<br />

le voisin. Tout de même,<br />

cetteapprobation est déjà le signe<br />

que l’opinion entérine l’ardenteobligationdejugulerledéficit.Comme<br />

pour les retraites.L’allongement de la<br />

durée du travail ne leur fait pas franchement<br />

plaisir,mais au fond d’euxmêmes,ils<br />

savent que c’est inévitable.<br />

C’est bien pour cela que Martine<br />

Aubry est en train de réviser daredareses<br />

positions.<br />

À en croire François Fillon et<br />

ClaudeGuéant, le gouvernement ne<br />

met pas en placeune politique de rigueur<br />

:onn’augmente ni les impôts<br />

ni la TVA, et les salaires des fonctionnaires<br />

ne sont pas amputés. Pour ne<br />

pas casser la croissance. C’est une<br />

«politique de “rilance”»,ose Christine<br />

Lagarde :“ri”comme rigueur,<br />

“lance” comme relance… Ouais !<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

24<br />

VA<br />

NOS QUESTIONS À…<br />

Claude Reichman,<br />

président du Mouvementpour la liberté<br />

de la protection sociale (MLPS) *<br />

PHOTOTHÈQUE VALMONDE<br />

“LeParisien” vient de révéler qu’un de<br />

vosadhérents aporté plainte au pénal<br />

pour discrimination contreledirecteur<br />

de la Sécurité sociale. Pourquoi cette<br />

action ? Pour en finir avec une situation<br />

intolérable. Leslois européennes,<br />

toutes inscrites dans le droit français,<br />

permettent des’assurer ailleurs qu’à<br />

la Sécurité sociale<br />

pour la maladie et<br />

la retraite. Or elles<br />

sont bafouées par<br />

les pouvoirs publics,<br />

qui veulent<br />

maintenir un monopole<br />

condamné<br />

par des textes qui<br />

s’imposent. Nous<br />

voulons fairesanc-<br />

tionner par la justice ces violations<br />

du droit.<br />

LCI afait écho àcette plainte et évoqué<br />

“un dossier explosif”… Ce qui va<br />

exploser,c’est l’incroyable boulet que<br />

représente laSécu pour l’économie<br />

française. C’est àcause d’elle que notre<br />

pays n’est pas compétitif et que les<br />

salariés sont insuffisamment payés.<br />

Cela fait seizeans que le monopole est<br />

abrogé dans les lois. Seize ans de<br />

perduspour la France!<br />

Comment se fait-il que la justice ait<br />

toléré cette situation de non-droit ? Le<br />

Conseil constitutionnel vient de siffler<br />

la fin de la récréation. Il exige que la<br />

Cour de cassation se conforme aux<br />

exigences du traité européen. Et la<br />

Cour de Luxembourg vient d’enjoindreàlajusticefrançaise<br />

d’écarter<br />

toute loi nationale contraire aux<br />

dispositions du droit de l’Union. Ce<br />

séisme était inévitable, et il va réconcilier<br />

les Français avec l’Europe!<br />

*Sur Internet:www.claudereichman.com<br />

IL AOSÉ LE DIRE!<br />

«Lavraie intégration,<br />

c’est quand des<br />

catholiquesappelleront<br />

leur enfant Mohamed. »<br />

Martin Hirsch,<br />

ancienhaut-commissaire<br />

aux Solidarités actives.


Laburqabientôtinterdite<br />

’est dans un climat relativement<br />

C<br />

serein que devaient s’engager,<br />

mardi soir àl’Assemblée nationale, les<br />

débats sur le projet de loi «interdisant<br />

la dissimulation du visage dans l’espace<br />

public».Présenté par le ministre de<br />

la Justice, Michèle Alliot-Marie, ce<br />

texteproscrit le portduvoile intégral<br />

en France sous peine d’une amende<br />

de 150 euros et-ou d’un stage de<br />

citoyenneté.<br />

L’article 5prévoit que cettesanction<br />

entreraenvigueuràl’expiration d’un<br />

délai de six mois suivant la promulgation<br />

de la loi. Ce délai vise à «préparerl’application<br />

effective de la règle par<br />

un effortdepédagogie »,legouverne-<br />

ment espérant que certaines des<br />

femmes portant la burqa ou le niqab<br />

yrenonceront spontanément.<br />

Lessanctions sont plus sévères contre<br />

toute personne ayant obligé une<br />

femme àrevêtir un voile intégral «par<br />

menace, violence ou contrainte, abus<br />

de pouvoir ou abus d’autorité » :unan<br />

de prison et 15 000 euros d’amende<br />

(peine doublée si la jeune femme est<br />

mineure). Cette loi s’appliquera sur<br />

tout le territoire français, outre-mer<br />

compris. Selon la mission d’information<br />

parlementaire sur le voile intégral,<br />

on peut estimer à2000 environ<br />

le nombre defemmes portant un<br />

niqab en France.<br />

“Atteinteàladignitédelapersonne”<br />

P<br />

lusieurs arguments plaident,selon<br />

le gouvernement, pour l’adoption<br />

de ce texte:«Même si le phénomène<br />

reste pour l’instant quantitativement<br />

limité, le port duvoile intégral est la<br />

manifestation communautariste d’un<br />

rejetdes valeurs de la République,lit-on<br />

dans l’exposé des motifs. Parailleurs,<br />

cette forme de réclusion publique, quand<br />

bien même elle serait volontaire ou<br />

LePSn’yestpashostile<br />

L<br />

acceptée, constitue àl’évidence une<br />

atteinte au respect de la dignité de la<br />

personne. Au reste, il ne s’agit pas seulement<br />

de la dignité de la personne ainsi<br />

recluse, mais également de celle des<br />

personnes qui partagent avec elle l’espace<br />

public et se voient traitées comme des<br />

personnesdontondoitseprotéger<br />

par le refus de tout échange,<br />

même seulement visuellement. »<br />

agauche ne devrait pas faireobstacle àl’adoption de ce texte.<br />

En commission des lois, Jean Glavany(PS,<strong>photo</strong>)arappelé que<br />

les élus «étaient tous d’accordsur l’interdiction »,mais les socialistes<br />

plaident pour qu’elle se limite aux services publics et aux<br />

commerces–une proposition écartée par le gouvernement<br />

: «L’édiction de mesures ponctuelles […] outre<br />

qu’elle se heurterait àd’extrêmes difficultés d’application ne<br />

constituerait qu’une réponse insuffisante, indirecte et détournée au<br />

vrai problème. »<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

25<br />

PHOTOS :PATRICK IAFRATE -WITT/SIPA<br />

VU DE GAUCHE<br />

Lescasseurs<br />

Par OLIVIER DUHAMEL<br />

Essayiste, professeur àSciences Po<br />

ls ne vivent pas dans des cités<br />

Ipauvres des banlieues. Ils ne subissent<br />

pas le chômage. Ils exercent<br />

les plus hautes magistratures. Ils<br />

président la cour suprême<br />

de l’ordre judiciaire,<br />

la Cour de cassation<br />

et ses différentes<br />

chambres. Ils se veulent<br />

les juges suprêmes. Les<br />

seuls. Ils n’admettent<br />

pas que d’autres qu’eux disent le<br />

droit, que d’autres qu’eux interprètent<br />

laConstitution. Ils n’ont<br />

jamais aimé le Conseil constitutionnel.<br />

Jusqu’à présent, ce n’était<br />

pas trop gênant. Le Conseil n’intervenait<br />

qu’avant promulgation des<br />

lois. Et sur saisine politique. Pastrès<br />

souvent, donc.<br />

Tout vient de changer avec la<br />

QPC. La question prioritaire de<br />

constitutionnalité. Le point le plus<br />

important de la révision constitutionnelledejuillet2008.Lapossibilité<br />

donnée àtout justiciable de<br />

contester une loi en vigueur si elle<br />

viole un droit fondamental. Pour<br />

éviter les utilisations infondées, le<br />

Conseil d’État ou la Cour de cassation<br />

filtrent. Notrejuge administratif<br />

suprême applique la réforme, et<br />

transmet nombredeQPC. La Cour<br />

de cassation tente, elle, de saboter<br />

la réforme. Elle aosé direque la loi<br />

Gayssot, qui pénalise la contestation<br />

de crimes contre l’humanité,<br />

ne pose pas une question sérieuse<br />

au regarddelaliberté d’expression.<br />

Elle aosé saisir la Cour de Luxembourg<br />

pour faire déclarer la QPC<br />

contraireaudroit européen. Cette<br />

dernière l’a envoyée promener le<br />

22 juin dernier.Elle ose ne pas<br />

tenir comptedel’arrêt. Elle<br />

se pose au-dessus des juges,<br />

au-dessus de la loi. Lescasseurs<br />

de la Cour de<br />

cassation sont entrés<br />

en guerrecontrele<br />

droit nouveau accordé<br />

aux citoyenspar ses élus. Ils<br />

la perdront.<br />

PATRICK IAFRATE


Parlons Vrai<br />

SOCIÉTÉ<br />

L’effet miroir d’une débâcle sportive.<br />

LaFranceduMondial<br />

Par PAUL-MARIE COÛTEAUX écrivain<br />

Mésaventures de notre équipe de “foutebole”:<br />

on dirait qu’un dramaturge voulut peindre<br />

la Francecontemporaine sans oublier aucun<br />

trait. La presse étrangèresegaussa de notre<br />

cultedelagrève.Arme habituelle pourtant –jeune capitaine<br />

de l’Olympique lyonnais, Domenechyrecourut<br />

déjà en 1977… Le monde ne comprendpas :<br />

contre qui, sinon contre soi ?Mais les réalités<br />

nous importent peu :plus haut que tout,<br />

trônent la révoltepermanente,le refus de l’autorité<br />

et d’un Bien commun qui oserait se<br />

croiresupérieur.Lagrèven’est pas un caprice<br />

mais un devoir social. En ce même mois de<br />

juin, les colonnes des “touche pas àmaretraite”<br />

rappelaient un pays qui, de la réalité,<br />

ne veut plus rien connaître.<br />

acourtoisie était l’une des valeurs cardi-<br />

Lnales du monde ancien;ondirait que son<br />

inverse est celle de la modernité : avant que<br />

le même Domenechnerefuse la main que lui<br />

tendait rituellement son homologue d’Afrique<br />

du Sud, il yeut celle de M. Henry:cetteirrégularité<br />

flagrante que des gentilshommes<br />

eussent admise devint un exploit salvateur<br />

dans un pays qui tient quiconque se veut<br />

honnête pour unimbécile, qui parle bien<br />

pour un précieux ridicule, qui connaît les<br />

usages pour un réactionnaire, et où les incivilités<br />

passent pour une étape de la libération.<br />

Entre la tête deM.Zidane et les mains de<br />

MM.Henry et Domenech, un nouveau<br />

monde s’est installé.<br />

Quelles que soient ses suffisances,un seul homme n’aurait<br />

pas suffi pour un teldésastre:le“président Escalettes”<br />

–etson pompeux“staff”(quels tombereaux de bureaucratie,<br />

autre travers français, n’aperçoit-on derrière ce<br />

mot omniprésent) –est lui aussi emblématique de ces<br />

“pouvoirs sans pouvoirs”qui ne gouvernent ni même<br />

ne“gouvernancent”plus rien mais font semblant àcoups<br />

de déclarations enjoliveuses et calculées, et de cesopérations<br />

de “com”devenues masques universels de l’impuissance<br />

publique. En consultant les joueurs sur la<br />

reconduction de leur entraîneur,chose inouïe (c’était le<br />

priver àl’avancedetouteautorité), le bonasseprésident<br />

révéla l’impasse du tout-démocratique :défausse elle<br />

aussi venuedes profondeurs d’un pays où l’indécision<br />

passepourune marque de sagesse et la lâcheté devant<br />

les conséquences, pour celle de l’esprit politique.<br />

Les<br />

mésaventures<br />

denotreéquipe<br />

brossent<br />

untableau<br />

delaFrance<br />

contemporaine<br />

oùnemanque<br />

aucuntrait.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

26<br />

Restent les joueurs :égotistes ne se préoccupant que de<br />

leur image,qui déterminedefabuleuxcontrats,nos starlettes<br />

ont étalé àl’envi les ravages de la valeur suprême<br />

que ce monde se reconnaîtdésormais officiellement,l’argent.<br />

Mais la ploutocratie règne partout, et qui accuse<br />

les sportifs de se faireles hommes-sandwichsdepublicitaires<br />

n’en exhibe pas moins sa casquette<br />

promotionnelle ou la marquedeses lunettes,<br />

petit soldat sifflotant de la marchandisation<br />

générale. Dans cettecourse où chacun est le<br />

PHOTOTHÈQUE VALMONDE<br />

concurrent de tous, où tout individu renvoyé<br />

àlui-même se sangle dans le calcul délirant<br />

de ses intérêts, où la seule solidarité nationale<br />

est la distribution d’avantages, on ne vitpas<br />

sans frémir la file des «voyous milliardaires »,<br />

comme dit un Finkielkraut inspiré, passant<br />

visages clos au milieu des supporters parqués,<br />

avec lesquels ils n’avaient rien àpartager.<br />

Cachez ce peuple que l’on ne saurait voir.<br />

Omniprésent fossé entre les nantis de l’âge<br />

démocratique et cesobscurs qu’ils méprisent<br />

comme aucun princeneméprisait jadis ses<br />

vassaux. Tout fut dit dès la premièreminute<br />

par les bouches cousues devant la Marseillaise:<br />

symbole d’élites ou d’oligarchies qui ne<br />

veulent plus rien avoir àfaireavecunpeuple,<br />

ni le sien ni quelque autre.<br />

emanqua pas l’ultime caprice:une fois<br />

Nencore, on vit laFrance officielle déployerune<br />

xénophilie aveugle et chanter sur<br />

tous les tons cetteaubade àlasociété multiculturelle<br />

dont tout montre,làcomme ailleurs, qu’elle<br />

conduit àladésunion, le “pas de passe àqui n’est pas de<br />

mon clan” renvoyant aux rivalités communautaires.<br />

L’hymne au Black-Blanc-Beur de 1998 (au siècle dernier)<br />

ne pouvait être que l’apothéose d’une ambition nationale,seul<br />

un profond sentiment d’appartenancepouvant<br />

unir ce qui est séparé:qu’il disparaisse et l’on ne voit plus<br />

que bandes jalouses décryptant les quotas et caïds traquant<br />

le mouchard–mépris de la nation que révèle le<br />

relâchement de sa langue, l’omniprésencedufranglais,<br />

et d’une grossièreté qui n’est pas il est vrai l’apanage de<br />

cescaïds-là.<br />

Tandis que se déroulait cettedramaturgie,la Franceofficielle<br />

célébrait le général de Gaulle :onn’imagine pas<br />

meilleureillustration d’une nation réduiteàsepayer de<br />

mots,às’agenouiller devant la statue comme le vice devant<br />

la vertu, àneplus célébrer que ce qui lui manque.


AFFAIRES<br />

Bettencourt, Nixon, Bérégovoy…<br />

Jefaismoncourrier<br />

Par STÉPHANE DENIS<br />

PhilippeBarthelet me reprend, dans son excellent<br />

Esprit des mots de la semaine dernière;<br />

j’aurais écrit àtortque le général de Gaulle adit<br />

aux pêcheurs de l’île de Sein «Vous êtes le quart<br />

de la France libre»,ignorant que de Gaulle ne pouvait<br />

songer qu’à la Franceéternelle, bientôt<br />

la France enGénéral. Hélas, ça<br />

n’est pas moi. La France, je ne détaille<br />

pas. Et courrier pour courrier, des<br />

lecteurs m’écrivent, me téléphonent,<br />

pour me demander au contraire<br />

pourquoi je n’ai pas parlé de l’affaire<br />

Bettencourt. C’est que je ne fais pas<br />

davantage parler les vivants que les<br />

morts, et que j’en connais les protagonistes<br />

depuis si longtemps que, je<br />

l’avoue, je ne me vois pas sauter le<br />

murdelavie privée. Tout au plus me<br />

fait-ellepenseràceque Scott Fitzgerald<br />

disait :les riches sont différents<br />

de nous. Lestrès riches sont très différents,<br />

et je crois qu’éblouis, les médias<br />

mélangent un peu tout.<br />

’est sur les aspects politiques que<br />

C j’aurais un avis. Le pouvoir,déjà<br />

fatigué, peut naturellement espérer se<br />

refaire enchangeant legouvernement.<br />

J’ai bien peur que ce soit trop<br />

tardetque cela n’ait aucune importance.Il<br />

faudrait trouverdes ministres<br />

et franchement, qui rejoindra une<br />

cause aussi mal en point ?Tous ceux<br />

qui veulent monter d’un cran bien sûr,<br />

mais qui sont déjà tellement identifiés au système qu’on<br />

ne s’apercevramême pas s’ils sont là ou absents.<br />

Le fond de l’affaire, politiquement s’entend, est judiciaireetc’est<br />

là que ça pourrait mal tourner.Ils’agit de<br />

savoir si le pouvoir adonné ses ordres au parquet, si ces<br />

ordres ont été respectés, bref s’il apriscause pour un des<br />

camps et agiaumieux de ses intérêts. Ce n’est pas inhabituelenFrancemais<br />

ce serait prouvé.<br />

Je crois que les conséquences seraient considérables, un<br />

peu comme quand on apprit que Nixonenregistrait les<br />

conversations de la Maison-Blanche. Bien qu’encoreune<br />

fois nous soyons en France, les choses ont changé. Les<br />

impôts directs d’une contribuable de l’importance de<br />

Liliane Bettencourtnesetraitentpas àlaperception du<br />

coin, tout le monde en est d’accord,mais il yaune diffé-<br />

PierreBérégovoy. Sa fin tragique fut<br />

révélatrice d’une société de nouveaux<br />

riches avides de singer les anciens.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

27<br />

renceentre suivreundossier particulier et prendreparti<br />

dans un différend privé.<br />

Aussi l’Express a-t-il raison de titrer «L’Affairedetrop»,<br />

parce que c’est exactement où on en est. C’est bien le<br />

conflit entre Liliane Bettencourtetsafille qui semble avoir<br />

occupé le pouvoir,etçan’est certainement<br />

pas pour des raisons poli-<br />

AL JAWAD/SIPA<br />

tiques. Qu’on n’aille pas nous racon-<br />

ter non plus qu’elle finançait la<br />

V e République àcoupsdechèquesde<br />

7500 euros. Non, c’était une affaire<br />

privée et le pouvoir,sil’on en croit les<br />

enregistrements du maîtred’hôtel,y<br />

amis la main.<br />

tpuis il yacette façon de parler,<br />

Equi est épouvantable et,là encore,<br />

rappelle Nixonetses collaborateurs.<br />

D’ailleurs sur un autre plan, tout<br />

aussi politique, on peut faired’autres<br />

comparaisons. On aparlé de Pierre<br />

Bérégovoy;ce n’est pas si bête. Bérégovoy<br />

était un brave homme, travailleur<br />

et retors, que son arrivée aux<br />

Finances avait comblé. Des hommes<br />

d’affaires, des énarques lui juraient<br />

qu’il était le plus grand ministre de<br />

tous les temps. Il les acrus, il s’est mis<br />

àles fréquenter,ilavoululeur ressembler<br />

bien qu’il restât le sérieux Bérégovoy.<br />

Sa femme se mit àfaire ses<br />

courses avec des amies qui ne comptaient<br />

jamais. Elle voulut avoir un<br />

appartement dans le XVIe arrondissement.<br />

C’était un petit appartement mais Bérégovoyse<br />

compromit ;lui qui avait rendu tant de services en<br />

demanda un ;ilsefit prendre, le regretta jusqu’à s’en faire<br />

une montagne, tenta de le dissimuler,n’y réussit pas et<br />

se suicida.<br />

C’était un suicide d’honnêtehomme, auquel il se décida<br />

tout seul, parce qu’il ne fut jamais jeté aux chiens. Au<br />

contraire, la presse le ménagea comme elle ménagea son<br />

principal collaborateur qui devait finir millionnaire. Si le<br />

pouvoir se retourna contre les journaux, c’est parce que<br />

touteune société se sentait visée, où de nouveaux riches<br />

n’avaient plus pour passion que de singer les anciens,<br />

d’être admis dans le monde,d’en prendreles habits.Mais<br />

les riches sont différents de nous,et si j’étais ministre,tous<br />

les soirs avant d’éteindre, je relirais Scott Fitzgerald.<br />

PATRICK IAFRATE


Parlons Vrai<br />

LE COMMENTAIRE<br />

Baroinmaîtredujeu<br />

Par DAVID VICTOROFF<br />

Que souhaiter de plus au<br />

ministre du Budget ?La<br />

croissance, bien sûr !Une<br />

activité économique vigoureuse,<br />

ce sont des rentrées fiscales<br />

supplémentaires, un équilibrebudgétaireplus<br />

aisé àréaliser et l’occasion<br />

de se tailler une réputation de ministre<br />

génial. Après tout, Dominique<br />

Strauss-Kahn ne doit-il pas largement<br />

sa renommée de grand économisteà<br />

la chanced’avoir dirigé les finances de<br />

la Franceenplein haut de cycle de la<br />

croissance mondiale?<br />

Hélas, ce qui est logique<br />

en économie ne l’est pas<br />

toujours en politique.<br />

Quand la croissance est<br />

là, l’argent est disponible.<br />

Impossible de résister aux<br />

ministresdépensiers et de<br />

raisonner un exécutif et<br />

des parlementaires soucieux<br />

de cajoler leurs électeurs<br />

par des cadeaux fiscaux<br />

et sociaux afin de<br />

préparer leur réélection.<br />

Et si, par bonheur,ilse<br />

trouve un ministre du Budget suffisamment<br />

vertueux pour tenter<br />

d’épargner en période de vaches grasses<br />

l’argent du contribuable en prévision<br />

de jours plus difficiles, on l’accuse<br />

de dissimuler une «cagnotte ».<br />

C’est la mésaventurearrivée àChristian<br />

Sautter, secrétaire d’État au<br />

Budget de Dominique Strauss-Kahn<br />

puis son successeur àlatêtedeBercy.<br />

Il fut accusé d’avoir dissimulé 30,7<br />

milliards de francs (environ4,7 milliards<br />

d’euros) de recettes en même<br />

temps qu’il tentait de réduireles effectifs<br />

de son ministère. Sa vertului fut<br />

fatale et lui coûta son poste.<br />

Qu’est-il arrivé àÉricWoerthquand<br />

il était au Budget ?Onl’entendait<br />

tempêter contre les excès de dépenses<br />

sociales et fiscales. L’État passe son<br />

temps àfaire des chèques, se plaignait-il.Las!C’était<br />

le temps où Nicolas<br />

Sarkozy misait sur les réformes<br />

pour «libérer la croissance ». La<br />

Avec la croissance,impossiblederésister<br />

aux ministres<br />

dépensiers.<br />

Quandlafaillite<br />

menace,<br />

le Budget<br />

reprend la main.<br />

rigueur avait beau être affichée au<br />

Budget, les dépenses s’ajoutaient aux<br />

dépenses.Au commencement, Bercy<br />

jouait les croquemitaines. Lesarbitrages<br />

de l’été,pris àl’Élysée,faisaient<br />

fondreles économies annoncées au<br />

printemps. Le RSA puis la TVA à<br />

5,5 %pour la restauration sont venus<br />

gonfler les dépenses et diminuer les<br />

recettes. Et quand la crise est arrivée,<br />

la priorité accordée àlarelance a<br />

conduit àdépenser sans regarderles<br />

sacro-saints équilibres pour sauverles<br />

banques et les construc-<br />

teurs automobiles.<br />

Les temps ont changé.<br />

Depuis quelques jours,<br />

on voit François Baroin,<br />

le ministre du Budget,<br />

annoncer sans complexe<br />

dans les journaux et sur<br />

les ondes les coupes clairesqu’il<br />

s’apprêteàfaire<br />

dans les dépenses.Et cette<br />

fois, loin d’être critiqué<br />

par sa majorité, il est encouragé<br />

àaller plus loin<br />

par lerapporteur de la<br />

commission des finances de l’Assemblée,<br />

Gilles Carrez. François Fillon le<br />

soutient et les ministresdépensiers<br />

se résignent àune cure d’austérité<br />

jusqu’ausein de leur proprecabinet.<br />

Personne ne douteque, cettefois, le<br />

Budget auraledernier mot lors des<br />

arbitrages de l’été.<br />

La crise de l’euro aradicalement<br />

changé la donne.Jusqu’à maintenant,<br />

l’État comptait sur le crédit indéfiniment<br />

renouvelé de la communauté<br />

internationale pour payerses folies.<br />

Aujourd’hui, il se voit dans la situation<br />

d’un surendetté qui aabusé du<br />

crédit revolving. Que demain une<br />

agencedenotation dégrade la notede<br />

la Franceetcelle-ci risque de ne plus<br />

pouvoir payer ses factures. Finalement,<br />

rien ne vaut une bonne récession<br />

mondiale pour un ministre du<br />

Budget. Elle lui permet d’être pris au<br />

sérieux et de bénéficier de taux d’intérêt<br />

faibles.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

28<br />

PATRICK IAFRATE<br />

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Éric Lerouge (1191), MarieLaurand (1189), Diane Manière(1208).<br />

Premier rédacteur-graphiste : Yves Le Bescond (1168).<br />

Rédacteurs-graphistes : FabriceFournier (1183), Nicolas Lemay(1184).<br />

Infographiste : FlorenceBinoche-Giboreau (1167).<br />

Responsable technique et production : Nicolas Gigaud (1187).<br />

VALEURSACTUELLES.COM<br />

Rédacteurs en chef : Laurent Dandrieu (1136) et Frédéric Paya (1155).<br />

GROUPE VALMONDE<br />

Président :Pierre-Yves Revol<br />

Vice-Président :Olivier Dassault<br />

Directeur général, directeur de la publication :Guillaume Roquette<br />

Conseiller du président :Jean-Jacques Schardner<br />

ADMINISTRATION –GESTION –DÉVELOPPEMENT<br />

3/5, rue Saint-Georges, 75009 Paris.<br />

Fax:01.40.54.11.31.<br />

Secrétairegénéral, directeur de la diffusion : Antoine Broutin (1162)<br />

Directeur administratif et financier :ÉricBaracassa (1130)<br />

Services Généraux :Catherine Delange (1113)<br />

PUBLICITÉ :<br />

Directeur Commercial : Christian Norlöff (1153)<br />

Avec :Marc-Antoine Gélibert(1106), BarthélemyNevot (1109),<br />

Jérôme Pinel (1107)<br />

COMMUNICATION FINANCIÈRE ET INSTITUTIONNELLE<br />

Directeur commercial : Christian Norlöff (1153)<br />

INTERNET<br />

Directeur de la publicité : Marc-Antoine Gélibert(1106)<br />

Planning FigaroMedias : 01.56.52.24.11.<br />

DIFFUSION –ABONNEMENTS–LIBRAIRIE<br />

Service diffusion:Valérie Dubuy(1159), Corinne Landry(1158)<br />

Service abonnements : 01.55.56.70.94.<br />

Ventes au numéro-Inspection des ventes<br />

Sordiap : Delphine Pellan (01.42.36.92.04 -dpellan@sordiap.fr)<br />

SERVICE ABONNEMENT<br />

22, rue René-Boulanger,75472Paris Cedex10<br />

Tél. :01.55.56.70.94 -Fax :01.40.54.11.81.<br />

France :1an, 52 nos : 130 € -6mois, 26 nos : 65 €<br />

Étranger :1an, 52 nos : 165,37 € -6mois, 26 nos : 82,68 €<br />

Les taxes aériennes sont àajouter<br />

Coffrets-reliures : 15 € l’unité.<br />

Copyright 2007 -Valeurs Actuelles. Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus.<br />

Sauf dans les cas où elle est autorisée expressément par la loi et les conventions internationales,<br />

toutereproduction totale ou partielle du présent numéroest interditeetconstituerait<br />

une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.<br />

Impression : SEGO 26, rueConstantin-Pecqueur 95150 Taverny.<br />

N° de commission paritaire:0910C79794. N° ISSN 0049-5794.<br />

Valmonde et Cie, SA au capital de 14 373 463,41 €.Actionnairemajoritaire:SudCommunication.RCS:Paris<br />

B775 658 412. Siret:775 658 412 00 140.


Modèle Royal Mini<br />

Dominique BOULBES,<br />

Président<br />

C’est vrai,<br />

ces nouveaux<br />

scooters vous<br />

changent vraiment<br />

la vie. Une<br />

dame de Paris<br />

me l’a dit l’autre<br />

jour : « Depuis<br />

que je fais à<br />

nouveau mes<br />

courses avec mon scooter, j’ai tout<br />

simplement repris goût àlavie. Et<br />

je revois aussi mes amis !J’ai vraiment<br />

bien fait de vous demander<br />

votre Guide Gratuit ce jour-là… ».<br />

C’est vrai qu’ils sont étonnants, ces<br />

nouveaux scooters, lisez la suite…<br />

Retrouver l’indépendance, c’est<br />

retrouver la forme aussitôt.<br />

Imaginez, vous pouvez ànouveau<br />

rendre visite àvos amis ou àvos<br />

proches, quand vous le décidez et<br />

sans demander de l’aide à personne.<br />

Quelle joie pour eux de vous<br />

revoir plus souvent et de passer de<br />

bons moments avec vous !<br />

©MAETVA -Colmar<br />

Véhicule<br />

sans permis<br />

Normes<br />

“<br />

CAMPAGNE D’INFORMATION GRATUITE<br />

VU<br />

àla<br />

TÉLÉ<br />

Vous pouvez aussi faire de longues<br />

balades, oualler faire vos courses.<br />

Aujourd’hui, on voit aussi de plus<br />

en plus de scooters électriques dans<br />

les supermarchés, c’est si pratique…<br />

Et moins de fatigue, ça veut dire<br />

un meilleur moral et la forme qui<br />

revient.<br />

«Est-ce que jedois acheter un<br />

de ces nouveaux scooters ?»<br />

Refaire du shopping ou des<br />

promenades, quel plaisir !<br />

Demandez le Guide Gratuit<br />

C’est la question que beaucoup<br />

de gens se posent aujourd’hui.<br />

Dans beaucoup de pays, on connaît<br />

déjà bien ces nouveaux scooters et<br />

plus personne n’hésite àles adopter.<br />

Après avoir conquis l’Angleterre, l’Allemagne et les<br />

États-Unis, les nouvelles générations de scooters<br />

électriques sont disponibles en France, pour la plus<br />

grande joie de tous les Français et Françaises qui<br />

éprouvent des difficultés àsedéplacer. Plus robustes, plus sûrs<br />

et plus faciles àutiliser, ils ont déjà changé la vie deplusieurs<br />

milliersdepersonnes. Et vous ?... Un nouveau Guide Gratuit vous<br />

explique tout !<br />

La France, heureusement, commence<br />

à rattraper son retard<br />

et le bouche-à-oreille fait son effet.<br />

Le modèle Royal-Mini, par<br />

exemple, est très demandé car<br />

il se range facilement dans le<br />

coffre d’une voiture. En plus, il<br />

offre d’autres avantages excep-<br />

Retrouvez une nouvelle jeunesse !<br />

Déplacez-vous :<br />

•partout<br />

•très facilement<br />

•entoute sécurité<br />

tionnels, et c’est pour cela qu’il<br />

est déjà le plus vendu au monde,<br />

à plus de 200 000 exemplaires.<br />

Ce n’est pas par hasard !<br />

Qui utilise déjà ces nouveaux<br />

scooters ?<br />

Il yades gens qui n’aiment pas<br />

trop marcher, tout simplement.<br />

D’autres que la marche fatigue,<br />

d’autres enfin qui ne peuvent plus<br />

marcher du tout. Ces scooters sont<br />

si simples àutiliser, apprendre à<br />

s’en servir ne prend que quelques<br />

secondes. C’est aussi pour ça<br />

qu’ils rencontrent tant de succès.<br />

Ce que les gens apprécient aussi<br />

beaucoup, c’est leur grande sécurité<br />

et leur confort. Vraiment,<br />

ces nouveaux scooters changent<br />

la vie de beaucoup de personnes<br />

en ce moment.<br />

Comment en savoir plus sans<br />

engagement ?<br />

Bien sûr, ilest impossible de tout<br />

dire sur une simple page dans un<br />

magazine. C’est pour cela que nous<br />

avons créé le Guide Gratuit qui<br />

vous explique tout en détail, de<br />

façon simple et agréable. Il vous<br />

suffit de remplir et de poster le<br />

BON POUR UN GUIDE GRATUIT<br />

ci-dessous et vous le recevrez par<br />

retour. Nelaissez pas passer cette<br />

occasion, répondez tout de suite,<br />

c’est gratuit.<br />

Poster sans timbrer à:<br />

Indépendance Royale -Libre réponse N° 42906 -87089 Limoges Cedex 9<br />

BON POUR UN GUIDE GRATUIT<br />

❏ Oui, faites-moi parvenir GRATUITEMENT le Guide Scooters Indépendance<br />

✗<br />

Royale. J’ai bien noté que je ne m’engage àstrictement rien par la suite.<br />

Mlle Mme M.<br />

Nom : ............................................................................ Prénom :..............................................................<br />

Adresse :......................................................................................................................................................<br />

Code Postal : |——|——|——|——|——| Ville : ..............................................................................................<br />

Téléphone : |——|——| |——|——| |——|——| |——|——| |——|——| E-mail : ..............................................................<br />

1 9<br />

Date anniversaire : |——|——| |——|——| |——|——|——|——| (facultatif)<br />

Poster sans timbrer à:Indépendance Royale -Libre réponse N° 42906 -87089 Limoges Cedex 9<br />

“<br />

Conformément àlaLoi Informatique et Libertés n° 78.17 du 6janvier 1978 -Art. 27, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux données vous concernant. Par notre intermédiaire votre adresse peut être transmise àdes tiers. Vous pourriez ainsi recevoir des propositions d’autres entreprses. Photos non contractuelles.<br />

✂<br />

VA S080710


Société<br />

Télévision. Reportage<br />

chez la première-née des chaînes<br />

d’informationfrançaises.<br />

24heures<br />

àLCI<br />

La chaîne info vient de fêter ses 16 ans.<br />

“Valeurs actuelles” asuivi, durant toute<br />

une journée, la vie trépidante de cette jeune<br />

doyenne du “tout-actu”. Par MARIE BLONDEAU<br />

Aupremier étage de la tour<br />

TF 1àBoulogne-Billancourt,<br />

LCI, ce sont 107 journalistes.<br />

Et une effervescence<br />

permanente. «L’actualité nous<br />

parvientdefaçon brute mais nous<br />

nous efforçons de l’analyser, de l’approfondir<br />

et non de la servirtelle<br />

quelle »,explique Éric Revel, le<br />

directeur de LCI. Nonprésente<br />

sur la TNT,lachaîne est accessible<br />

à17millions d’abonnés. Profil<br />

de son téléspectateur ?Unhomme<br />

de 50-65 ans, plutôt urbain, cadre<br />

supérieur ou chef d’entreprise, intéressé<br />

par l’actu et l’économie, mais<br />

aussipar les voyages, les nouvelles<br />

technologies, l’écologie et la…<br />

gastronomie. Cettegrosse machine<br />

disposant d’animateurs-débateurs<br />

aussidiversque NikosAliagas,<br />

Michel Field, Valérie ExpertouLuc<br />

Ferryaccueille 7000 invités par an,<br />

et propose50journauxquotidiens<br />

et 10 magazines par semaine.<br />

6h30. Dépêches de la nuit,sujets décidés<br />

la veille en conférencederédaction:<br />

dès 3heures du matin débarquent les<br />

deux journalistes de la tranche 6h30-<br />

10 heures,Audrey Crespo et Jean-François<br />

Rabilloud. Des couche-tôt. Pas<br />

question de bailler àl’antenne au<br />

moment des directs du petit matin.<br />

8heures. En plateau, caméramans,<br />

assistants et maquilleuses s’affairent ;<br />

en régie tous les écrans sont<br />

allumés. LCI, fébrile, entame<br />

sa journéeavec la Matinale<br />

dont lagrille de<br />

programme inclut notamment<br />

Christophe Barbier,<br />

de l’Express,etson invité<br />

politique.Aujourd’hui,Michel<br />

Barnier,commissaire<br />

européen, interviewé en<br />

duplex depuis Bruxelles.<br />

Pour Barbier,habitué des<br />

plateaux télé, «une bonne<br />

interview politique, c’est<br />

d’abordcelle qui fait sortir<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

30<br />

PHOTOS :PATRICK IAFRATE<br />

“Nousnous<br />

efforçons<br />

d’analyser<br />

l’information<br />

etnondela<br />

servirtelle<br />

quelle”,dit<br />

sondirecteur,<br />

ÉricRevel.<br />

les annonces, ensuite c’est la petite phrase,puis<br />

l’analyse politique qui en découle.<br />

Lesinvités savent qu’à LCI, comme<br />

pour l’émission de Michel Field, ils<br />

peuvent développerleurpoint de vue.»<br />

8h13. Retour en régie.<br />

Michel Barnier,maquillé,a<br />

pris place sur le plateau.<br />

«Michel Barnier,bonjour,<br />

c’est la régie de LCI, vous<br />

nous entendez?».«Après la<br />

météo,jereprends la main »,<br />

clame un assistant àl’autre<br />

bout de la pièce. «Jesuis<br />

disponible,réplique en off<br />

Barnier. Allons-nous parler<br />

des inondations dans leVar?<br />

Cela m’intéresse, les prévisions<br />

»,interroge l’ancien<br />

ministre. «Non, aujour-


d’hui, nous sommes davantage tournés<br />

sur la prévention… des inondations<br />

financières !»<br />

Barnier sera donc interrogé sur la<br />

réforme des retraites. C’est le journalistequi<br />

choisit les sujets.<br />

8h44. Inquiétude en régie. Où est<br />

Bruno Solo ?Lecomique, vedettede<br />

CaméraCafé surM6,est attendu pour<br />

présenter son dernier livreendirectà<br />

9heures. Lescaméras installées àl’entrée<br />

ne retransmettent pas son arrivée.<br />

L’assistantefait des allers-retours. En<br />

vain. Pasdechancepour Solo.Ilarrive<br />

justeaprès 9heures.<br />

Trop tard. LCIenvoieunreportage<br />

(toujours prévu pour pallier une<br />

absence) dédié àla<strong>photo</strong>graphe Bettina<br />

Rheims. Visiblement ennuyé, Bruno<br />

Solo reprend rendez-vous pour une<br />

autre date. En télé, impossible de ne<br />

pas être ponctuel. Sinon, on ne passe<br />

pas !<br />

10 heures. Valérie Expert, ancienne de<br />

FranceInter,s’installe avec ses invités<br />

pour son émission On en parle.<br />

Thème du jour :“L’infidélité peut-elle<br />

sauverlecouple ?”Le débat fait (aussi)<br />

rage parmi les journalistes, hilares,<br />

nombreuxàlasuivreendirect… «Le<br />

fait de devoir trouver des idées différentes<br />

chaque jour amène forcément à<br />

traiter des sujets que l’on ne traite pas<br />

sur les chaînes généralistes,explique<br />

l’un d’eux. C’est aussi cela le “plus”<br />

d’une chaîne info :des angles et des<br />

thèmes non abordés ailleurs. »<br />

11 heures. Conférence derédaction.<br />

Journalistes politiques, économiques,<br />

sportifs, tous sont réunis autour d’Éric<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

31<br />

Au rythme de l’info. Ci-dessus, Éric<br />

Revel, directeur de LCI, avec François<br />

Baroin, invité du “Grand Journal”.<br />

En haut,àgauche :Audrey Crespo-<br />

MaraetJean-FrançoisRabilloud<br />

sur le plateau de “LCI Matin” ;<br />

àdroite, MichelField,qui présente<br />

“leRing”(ci-dessus, àgauche).<br />

Revel. Trente minutes àpeine pour<br />

décider et répartir les sujets. Pasplus.<br />

Il faut vite envoyer les journalistes<br />

reporters d’images (JRI) sur le terrain<br />

ou joindre les correspondants basés<br />

en Franceetàl’étranger.Objectif :que<br />

tout soit monté pour les journaux<br />

pharedelami-journée et du soir (les<br />

plus suivis).<br />

12 heures. Salle de rédaction, préparation<br />

du Grand Journal de 12 h30


présenté par Katherine CooleyetPhilippeBallard.Largesouriredecedernier:<br />

«Çatombe bienpour notre invité<br />

politique d’aujourd’hui, François Baroin<br />

[ex-chiraquien devenu ministre du<br />

Budget], je vais pouvoir lui fairecommenter<br />

le sujetdubac:“Faut-il oublier<br />

le passé pour se donner un avenir?” »<br />

12 h30. Le Grand Journal.Baroinest<br />

signalé àl’entrée. Il est accompagné<br />

I-Télé.Née en 1999,cettefiliale du<br />

groupe Canal Plus est accessible sur<br />

la TNT,lecâble, le satellite, l’ADSL<br />

TVetInternet.Lachaîneseveutréactive,àla<br />

recherchedescoops,et propose<br />

des journaux toutes les demiheures<br />

ainsi qu’un direct intégral<br />

entre6heureset0h15.Depuis2008,<br />

Pierre Fraidenraich etThierry<br />

Thuilliersontrespectivementdirecteur<br />

général et directeurdelarédaction<br />

de la chaîne.<br />

BFMTV.Crééeen2005,cettechaîne<br />

est une filiale du groupe Next-<br />

RadioTV,égalementpropriétairede<br />

BFMRadioetdeRMC.Enplusdela<br />

TNT,elleestaccessiblesurlecâble,le<br />

satellite, l’ADSL TV et Internet. Sa<br />

programmation – l’information<br />

non-stop –est largement consacrée<br />

àl’informationéconomiqueetfinancière.<br />

Elle diffuse un journal toutes<br />

lesdemi-heuresetproposedesémissions<br />

thématiques. En mars 2010,<br />

sonéditionduweek-endaintégréde<br />

nouvelleschroniqueset,depuis2010,<br />

elle est diffusée en hautedéfinition<br />

surlesréseauxADSLd’Orange,<strong>Free</strong><br />

et SFR. BFM TV apour présidentdirecteurgénéral<br />

Alain Weill.<br />

LCPetPublic Sénat. Bien qu’autonomes,<br />

les deux chaînes de télévision<br />

publique se partagent le<br />

de son directeur decabinet et d’une<br />

assistante.<br />

Éric Revel l’accueille. «Engénéral,<br />

ce sont des assistantes qui reçoivent,<br />

guident et accompagnent nos invités en<br />

salle de maquillage,confie l’attachée<br />

de presse de la chaîne, mais lorsqu’il<br />

s’agit de personnalités ou qu’il est disponible,<br />

Éric Revel tientàvenir lui-même<br />

les saluer.»<br />

I-Télé.<br />

Audrey Pulvar<br />

officiechaquesoir<br />

de 18 à20heures,<br />

un horaire<br />

stratégique.<br />

Chaînes d’info. Qui fait quoi ?<br />

même canal LCP, alternant leurs<br />

tranches horaires. Elles sont accessibles<br />

sur la TNT,leréseau ADSL,<br />

le câble et le satellite. La Chaîne<br />

Parlementaireaété créée en 1999<br />

par l’Assemblée nationale. Elle est<br />

l’émanation du Canal Assemblée<br />

nationale, créé en 1993, àdestination<br />

des députés ne pouvant assisteraux<br />

séances. Public Sénat aété<br />

créé en 2000 par le Sénat. Ces deux<br />

chaînes d’information ont une mission<br />

de service public destinée aux<br />

citoyensqui veulent suivre les programmes<br />

parlementaires,éducatifs<br />

et civiques,agrémentés de magazines<br />

politiques, d’émissions et de<br />

reportages. LCP est dirigée par<br />

Gérard Leclerc, Public Sénat par<br />

GillesLeclerc.<br />

France 24. Lancée en décembre2006,<br />

cettechaînepublique a<br />

pour objet l’actualité internationale.<br />

Depuis 2008, c’est une filiale à<br />

100 %delaSociété de l’audiovisuel<br />

extérieur de la France.Elle propose<br />

des bulletins d’information toutes<br />

les vingt minutes, des magazines et<br />

émissions diffusés simultanément<br />

en français et en anglais. Alain de<br />

Pouzilhac en est le président et<br />

Christine Ockrent la directrice<br />

générale. M. B.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

32<br />

PATRICK IAFRATE<br />

16 h24. Michel Field, concentré, prépareses<br />

questions pour son émission<br />

le Ring.Lethème du jour aété inspiré<br />

parlacouverturedeValeurs actuelles<br />

consacré àDominique de Villepin<br />

(« Jusqu’où ira-t-il ?»). Guillaume<br />

Roquette, directeur du magazine, est<br />

invité. Àses côtés, Anna Cabana du<br />

Point,Anne Fulda du Figaro et Sidi el-<br />

Haimer,adjoint au mairedeMantesla-Jolie.<br />

Caméramans et accessoiristes<br />

s’activent. Field appelle un assistant<br />

qui aduretard. Mais il ne le sermonne<br />

pas. «Jesuis un pédago de la vieille<br />

école, dit-il. Il faut toujours donner<br />

confiance aux personnes et les valoriser.<br />

Après, ça fonctionne mieux. » Àdeux<br />

jours du lancement du mouvement de<br />

Villepin –dont le nom n’aalors toujours<br />

pas été dévoilé –, Field ironise<br />

hors micro:«Ceserapeut-être “Nicolas,<br />

nous voilà”… Mais c’est un peu<br />

trop maréchaliste. Alors “Nicolas, me<br />

voilà !” »<br />

Du côté de la régie, on transmet :<br />

«Attention, écrandans une minute !»<br />

Tout est OK. L’enregistrement débute.<br />

En régie, le nom de BrigitteGirardin,<br />

bras droit de Dominique de Villepin,<br />

intrigue l’équipe de Field: «Aufait, elle<br />

est élue Girardin?»Unerapide recherchesur<br />

Internet, puis : «Non, elle n’a<br />

jamais été élue. C’est une fonctionnaire.»Pendant<br />

ce temps, en régie, continuededéfiler<br />

le fil ininterrompu des<br />

nouvelles –retransmises pendant les<br />

émissions sur le bas de l’écran.<br />

18-20 heures. S’enchaînent le Grand<br />

Journal de Romain Hussenot, le Oui-<br />

Non de Michel Field, le Journal du<br />

monde.Letout est suivi d’une nouvelle<br />

conférencederédaction destinée à<br />

préparer lessujetsdulendemain.<br />

20 heures-minuit. Leséquipes de la<br />

nuit – «larelève » –investissent régie<br />

et plateaux. Particularité ?Leurjeune<br />

âge :laplupartont moins de 30 ans !<br />

Après avoir travaillé sur leur sujet tout<br />

l’après-midi, Damien Givelet et ses<br />

confrères se démènent pour fairevivre<br />

la tranche du 22 heures-minuit. Avec<br />

eux,c’est l’heuredes carrefours de l’info,proposant<br />

tous les quarts d’heure,<br />

ou presque, un tour complet de l’actualité.Mais<br />

aussi le moment de LCIest<br />

@vous, un“concept”original signé<br />

BenoîtGallerey:traiter,chaquesoir,les<br />

sujets les plus cliqués sur Internet.<br />

0-6 heures. La tour TF 1prend ses<br />

quartiers de nuit. ÀLCI, les machines<br />

àcafé fonctionnent àplein. Àtout<br />

moment, les flashs et rediffusions<br />

d’émissions du jour peuvent faire<br />

placeàl’info. ●


Études.C’est maintenant que se décident,sur Internet,<br />

les inscriptions dans l’enseignement supérieur.<br />

Lamoulinettedel’orientation<br />

APB:ces trois lettressont<br />

familières aux lycéens<br />

de terminale. Usagers<br />

quasi quotidiens d’Admission<br />

post-bac, le sitequi<br />

se cache derrièrecesigle, ils<br />

connaissent bien cette gigantesque<br />

porte d’entrée de l’enseignement<br />

supérieur… Sa mission<br />

:informer puis trier et<br />

affecter dans l’établissement<br />

de leur choix quelque 650 000<br />

bacheliers candidats àplus de<br />

9000 formations, toutes disciplines<br />

confondues.Finis les dossiers<br />

laborieusement remplis,les<br />

mille et une démarches de guichets<br />

en salles d’attente:depuis<br />

2002 dans quelques académies<br />

pilotes, depuis 2009 dans la<br />

Franceentière,toutes les inscriptions<br />

–oupresque –dans l’enseignement<br />

supérieur passent<br />

par APB.<br />

Auxcommandes de ce système<br />

informatique unique en Europe,<br />

un comité de pilotage àParis,une<br />

équipe technique installée àl’Institut<br />

polytechnique de Toulouse<br />

et, dans toutes les académies et<br />

lycées,des“correspondantsAPB” Admission post-bac (APB)aproposé cette année<br />

qui accompagnent les élèves tout plus de 9000 formations à650 000 bacheliers.<br />

au long de la procédure…<br />

C’est en février que commence la données brassées est impressionnante,<br />

phase d’information.Brevets de tech- autant la formule mise en œuvrepar<br />

niciens supérieurs,diplômes universi- le logiciel paraîtsimple :ilreçoit d’un<br />

taires de technologie, licences, écoles côté les réponses des établissements<br />

d’ingénieurs,diplômes de l’agriculture, sollicités et les croise,de l’autre,avecla<br />

parcours étudiants classiques ou alter- listedes vœux des lycéens.<br />

nance, voies littéraires ou chemine- Début juin, un premier verdict<br />

ments scientifiques, rien n’échappe tombe :l’ordinateurpropose àchaque<br />

au tableau d’affichage virtuel d’APB. lycéen l’admission la mieux placée<br />

Aucun élèvenon plus, puisque le sys- dans la listequ’il asoumise. Le canditème<br />

concerne même les étudiants dat aalors la possibilité d’accepter,ou<br />

étrangers, aidés par les ambassades. d’attendred’éventuels désistements<br />

En mars arrive l’inscription des sur un vœu mieux placé dans sa liste.<br />

vœux. Une fois classés par ordre de C’est début juillet qu’APB rendrason<br />

préférence, ils sont envoyés par infor- jugement… Àcemoment-là,le minismatique<br />

aux établissements concertèreest catégorique :nul ne restesur le<br />

nés, suivis par la poste des dossiers carreau,tous les lycéens obtenant une<br />

demandés (bulletins, courriers de réponse positive àl’un ou l’autre de<br />

motivation, etc.).<br />

leurs vœux.<br />

Pendant quelques semaines, chut, Lesavantages de cettecentralisation?<br />

APB travaille… Autant la quantité de «Ceux du guichetunique,dit-on au<br />

PATRICK IAFRATE<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

33<br />

ministère del’Enseignement<br />

supérieur:AvecAPB,tout est plus<br />

simple… »<br />

Lesétablissements d’enseignement<br />

supérieur en sont-ils tous<br />

convaincus ?Chaque élèvepouvant<br />

être candidat, d’un simple<br />

clic, àdes formations très diverses,<br />

certaines filières sont submergées<br />

de demandes. Même<br />

des formations universitaires<br />

non sélectives, ne pouvant de<br />

toutefaçon pas pousser les murs,<br />

doivent refuser des dossiers par<br />

centaines. Pasfacile de gérer un<br />

telafflux, même si cela permet<br />

aux établissements de diversifier<br />

leur recrutement…<br />

Pour les lycéens eux-mêmes,<br />

APB,outil d’aide àladécision,<br />

ne résout pas les difficultés de<br />

l’orientation. «Lesystème informe<br />

les lycéens, leur donne le temps<br />

de la réflexion et facilite la logistique<br />

des inscriptions. Mais sur le<br />

fond, il ne peut choisir àlaplace<br />

des candidats… »,souligne-t-on<br />

au ministère.<br />

Tout ne va pas encore pour<br />

le mieux dans le meilleur des<br />

mondes informatiques :chaque<br />

année, l’équipe technique qui<br />

gère lesite améliore son fonctionnement<br />

en tenant comptedes difficultés<br />

rencontrées par les élèves.<br />

Le système élargit aussi sans cesse son<br />

emprise :denouvelles formations,<br />

gérées par des chambres de commerce,oubien<br />

par d’autresministères que<br />

l’Enseignement supérieur,prennent<br />

placesurAPB.Ainsi,en 2010,les écoles<br />

d’architecture, sous tutelle du ministèredelaCulture,et<br />

les brevets de techniciens<br />

supérieurs du notariat, gérés<br />

par la Justice,ont rejoint le grand ordinateur.<br />

Seules quelques formations, notamment<br />

dans leparasocial, gèrent<br />

encoretoutes seules leursinscriptions,<br />

de même que certaines écoles –de<br />

commerce, instituts d’études politiques<br />

–qui recrutent sur concours :<br />

une gouttedeplus en plus petitedans<br />

l’océanAPB… CHRISTINE MURRIS


Focus Société<br />

ÀSAVOIR<br />

ProcèsdeVilliers-le-Bel<br />

La cour d’assises duVal-d’Oise a<br />

rendu son verdict:quinzeans de<br />

prison fermepourAbderhamane<br />

Kamaraetdouzeans pour son demifrèreAdama,qualifiés<br />

de «leaders »<br />

par l’avocat général;neuf ans pour<br />

Ibrahim Sowettrois ans pour Maka<br />

Kanté;trois ans aussi pour Samuel<br />

Lambalamba,accusé de complicité.<br />

Des peines jugées sévères par les<br />

familles des condamnés mais approuvées<br />

par les syndicats de policiers –<br />

plusieursd’entre eux avaient été blessés<br />

lors de cesévénements.Brice<br />

Hortefeux estime que cettedécision<br />

est «unsignal fortadressé aux délinquants».Les<br />

avocats de la défense<br />

ont dix jours pour faireappel.<br />

Outrageaudrapeau<br />

La Fnac aengagé une procédure<br />

de licenciement àl’encontrededeux<br />

salariés, après la diffusion d’une<br />

<strong>photo</strong>controversée primée par<br />

la Fnac de Nice,dans le cadred’un<br />

concours ayant pour thème le“politiquement<br />

incorrect”:le cliché représentait<br />

un homme s’essuyant les<br />

fesses avec le drapeau français. Selon<br />

le secrétaire du comité d’entreprise,<br />

la procédurevise la responsable<br />

de la communication du magasin<br />

de Nice et un cadredel’action culturelle.<br />

Àlasuitedecette affaire, la<br />

chancellerie asoumis au Conseil<br />

d’État un projet de décret complétant<br />

le délit d’outrage au drapeau.<br />

Maillotsensolde<br />

Même soldé, le maillot de l’équipe<br />

nationale(75 eurosavantremise)<br />

adumal àtrouver preneur.Après<br />

la débâcledes Bleus, les magasins<br />

et lessites Internet vendent l’article<br />

au rabais mais les clients lui préfèrent<br />

le maillotdes autres équipes.Au<br />

Décathlon Madeleine àParis, celui<br />

du Brésil se vend deux fois mieux et<br />

non soldé. Malgré les 40 %deremise<br />

àLyonchez Intersport, les acheteurs<br />

passentleurchemin.Adidas avendu<br />

300000 maillots cetteannée au lieu<br />

de 500 000 en 2006. Ironie du sort,<br />

le maillot Adidas serabientôt un<br />

“collector”puisque Nike deviendra<br />

sponsorofficiel dès 2011.<br />

lle avait dénoncé les<br />

Edysfonctionnements de changer leurs noms<br />

(“The Boss”, “L’intrigan-<br />

de la fonction publique<br />

te”,“Simplet”ou“Cocon- territoriale, elle est aune”…),<br />

ses collègues se<br />

jourd’hui menacée d’en<br />

sontvitereconnusdansles<br />

être exclue.AurélieBoulet,<br />

personnagesqu’elledécrit<br />

30 ans (<strong>photo</strong>),est admi-<br />

dans un récit aussi drôle<br />

nistratriceauservice des<br />

qu’alerte.Etl’ont rapide-<br />

relations internationales<br />

ment démasquée.Aurélie<br />

duconseilrégionald’Aqui-<br />

Bouletestpasséele1<br />

taine.Souslepseudonyme<br />

de ZoéShepard, elle apubliéunlivredanslequelelle<br />

décrit, sur le mode ironique, l’univers<br />

surréaliste d’une collectivité locale :<br />

Absolument dé-bor-dée!ouleParadoxe<br />

du fonctionnaire (Albin Michel).Surle<br />

bandeau rouge ajouté par l’éditeur :<br />

«Comment faireles 35 heures en…un<br />

mois!»Oùl’oncomprendquelaréductiondutempsdetravailaréussiàréduire<br />

aussi la motivation des employés de<br />

la“territoriale”…<br />

Bien qu’elle ait pris la précaution de<br />

situer l’action en région parisienne et<br />

er “Absolumentdébordée”<br />

juilletdevantleconseildedisciplineduconseilrégional<br />

d’Aquitaine, qui dénonce<br />

lecaractère«injurieuxetpurementdiffamatoire»de<br />

son ouvrage. La sanction<br />

envisagée après cinq heures de discussion<br />

:son exclusion de la fonction<br />

publique pendant deux ans et sans<br />

rémunération.<br />

Choquée, l’accusée trouve ce jugement<br />

«terriblement disproportionné et<br />

extrêmement injuste ».Ilrevient désormais<br />

au président du conseil régional,<br />

le socialisteAlain Rousset, de se prononcer.<br />

AUDIOVISUEL PUBLIC<br />

Pflimlin,prénomRémy<br />

la tête deFrance Télévisions, il attiré par un retour àlatélévision ;il<br />

Afallait un tempérament calme que était question d’Arte, comme succes-<br />

rien ne démonte,un négociateursouseur de Jérôme Clément.RémyPflimriant<br />

et endurant, un passionné de lin est un grand amateur de théâtre et<br />

culture. Trois qualités réunies par de musique;ilpréside le Conservatoire<br />

RémyPflimlin, 56 ans (<strong>photo</strong>),neveu national supérieur de musique et de<br />

du président du Conseil de<br />

danse de Paris.<br />

1958. HEC, il acommencé<br />

Il asuconduireleplan de<br />

sa carrièrecomme chef de<br />

remise en ordredes messa-<br />

publicité à Jours de France,<br />

geries Presstalis, il devra<br />

avant de rejoindreles Der-<br />

reprendreles négociations<br />

nières Nouvelles d’Alsace en<br />

sur la convention sociale<br />

1985,au cœur de ses racines<br />

unique du groupe France<br />

familiales.<br />

Télévisions, interrompues<br />

Il entre dans le service pu-<br />

en juin par le Conseil d’État.<br />

blic en 1999, et devient di-<br />

Il aunmois pour se préparecteur<br />

général de France3,<br />

rer;Patrick de Carolis achè-<br />

fonctions qu’il exerce durant six ans. ve son mandat le 22 août. Depuis la<br />

Avant que l’on vienne le chercher pour réforme de2009, le chef de l’État<br />

prendreencharge les Nouvelles Mes- nommelui-mêmeles présidents de<br />

sageries de la presseparisienne(deve- l’audiovisuel public. Le CSA, présidé<br />

nues Presstalis),déjà en situation déli- par Michel Boyon,doit rendreunavis<br />

cate. Il allait se familiariser avec la conforme, puis le futur président sera<br />

négociation sociale musclée avec le entendu par les commissions ad hoc de<br />

syndicat du Livreparisien.On le savait l’Assemblée nationale et du Sénat.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

34<br />

CLAVIERES VIRGINIE/SIPA<br />

SAURA PASCAL/SIPA


VU DE MA FENÊTRE Par DENIS TILLINAC<br />

Pilotageàvue<br />

Les jours du sarkozysme ressemblent cestempsci<br />

àdes nuits de pleine lune, il yadel’électricité<br />

dans l’air.Mieux vaut que les ministres,cumulards<br />

ou pas, regagnent leurs pénates au lieu de fumer<br />

des cigares sous le nez<br />

d’une opinion àcranoude<br />

se balader en jet aux frais<br />

du contribuable. Ils font<br />

trop les marioles, on les a<br />

trop vus, trop entendus, il<br />

faut qu’ils se fassent oublier<br />

sous peine de se faireétriper.<br />

Tous, ou presque.<br />

Sarkozy lui-même devrait<br />

nous laisser souffler, il<br />

tourne comme un bourdon<br />

ivre dans le sérail, les<br />

Français ont enviedepasserunété<br />

sans sescomparutions<br />

biquotidiennes à<br />

la télé. Qu’il vienne donc<br />

en vacances en Corrèze, je<br />

lui présenterai des gens<br />

“normaux”,ils lui diront ce<br />

qui cloche avecles mots de<br />

tous les jours. La plupart<br />

sont convaincus du bien-<br />

fondé des réformes qu’il a<br />

initiées, même s’ils répugnent àsel’avouer.<br />

C’est l’ambiancequi les indispose,cettefébrilité,cescoups<br />

de pub foireux,ce pilotage àvue<br />

entre les écueils imputables àl’imprudence<br />

des uns,àlagaucherie des autres,àl’arrivisme<br />

enfantin de tous. En se dispersant, Sarkozy<br />

dérouteses troupes au lieu de les mettre en<br />

rang par deux.<br />

Onlevoit auCanada dans un de ces<br />

innombrables “sommets” qui ne débouchent<br />

sur rien, puis le lendemain dans une<br />

cour de ferme enAveyronpour un one-manshowtout<br />

aussi inopérant,mais entre-temps,Bachelot et<br />

Yade se sont disputé le microenAfrique du Sudetiln’a<br />

pas su leur clouer le bec.Àl’UMP,des comparses se balancent<br />

des peaux de banane, on ne sait plus qui gouverne<br />

quoi dans une majorité où la cacophonie occultelavoix<br />

élyséenne. Laquelle d’ailleurs est inaudible, tant les<br />

“conseillers”officiels ou officieux peinent àrespecter un<br />

diapason.Euxaussi,ils parlent trop.Dans ce charivariplus<br />

que bordélique,la mission de Fillon s’apparenteàcelle de<br />

la Légion àCamerone.Vraiment,l’état des lieux exige une<br />

“rupture”,etleplus tôt seralemieux. L’éviction de Blanc<br />

Unjour<br />

auCanada,<br />

lelendemain<br />

enAveyron :<br />

Sarkozy<br />

sedisperse<br />

sanscesse<br />

etdéroute<br />

sestroupes.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

35<br />

et de Joyandet est un bon prologue symbolique. Il faut<br />

impérativement que Sarkozy vire les faux importants et<br />

les vrais importuns pour bâtir une architectonique<br />

du pouvoir resserrée, cohérente et disciplinée. Sans<br />

les bavards et les combinards.<br />

Sans les bruitages<br />

SICHOV/SIPA<br />

des communicants :leur<br />

cynisme devient pesant.<br />

Avec des mecs fiables et<br />

solides (Fillon,Hortefeux,<br />

Estrosi, Juppé, Copé) et<br />

des femmes sérieuses<br />

(Lagarde, Alliot-Marie,<br />

Pécresse). Sans cessecrétariats<br />

d’État bidon, qui<br />

encombrentetembrouillent.<br />

En définissant des<br />

priorités lisibles et une<br />

répartition clairedes rôles<br />

entre le chef de l’État et le<br />

patrondugouvernement.<br />

Lesministressont commis<br />

àl’exécution de leur politique,et<br />

àrien d’autre.Les<br />

camés àladrogue médiatique<br />

doivent être éliminés<br />

au profit des compétences<br />

discrètes.<br />

Jansénisme de rigueur:l’opinion ne supporte<br />

plus les bruits de casserole. Soit Sarkozy osera<br />

cetterupture,etils’ensortiraavecleshonneurs,<br />

éventuellementavecuneréélection,ce qu’ilfaut<br />

souhaiter àlaFrance. Soit il empoisonnerala<br />

fin de son quinquennat avecson proprevenin,<br />

et son activisme –louable mais mal cadré –<br />

n’auraservi de rien, les Français préféreront<br />

l’agoniedoucesousmorphine.Autantdiresous<br />

socialisme. Àbon entendeur…<br />

Quand le Brésil affronteles Pays-Bas àla<br />

télé,les cœurs françaisdansent la samba.<br />

Unedéfaitedes Anglais, des Italiens ou des Espagnols<br />

faceàdes Africains,voireàdes Asiatiques,les comble de<br />

plaisir.Ilfaut relativiser les engouements des foules, ils<br />

sont sujets àvariations saisonnières.<br />

Tout de même, il est évident que le patriotisme européen<br />

n’existenulle partenEurope, car nos voisins ont<br />

été ravisd’assister àladéroutedes Bleus. De ce constat,<br />

il n’y apas àtirer de conséquences “souverainistes”<br />

ou autres:l’Histoirenous accule àdes noces de raison,<br />

mais nos libidos nationales feront chambreàpart,voilà<br />

tout.<br />

PATRICK IAFRATE


Monde<br />

Bruxelles. Ce que pèse vraiment<br />

notre paysdansl’Union et àl’Otan.<br />

L’influence<br />

française<br />

àlaloupe<br />

La place et le rôle<br />

de notrepaysdans<br />

les institutions européennesetatlantiques<br />

s’améliorent,mais de<br />

gros progrèsrestent<br />

àfaire. L’Institut de<br />

recherchestratégique<br />

de l'École militaire<br />

l’explique dans son<br />

premier rapport.<br />

La France n’est pas aussi mal<br />

classée qu’on le pense en termes<br />

d’influence ausein des instances<br />

euro-atlantiques (Union<br />

européenne et Otan), au moins dans<br />

les domaines de la politique étrangère<br />

et de la défense : «LaFrance reste un<br />

acteur important àBruxelles,conclut<br />

le premier rapportpublié par l’Institut<br />

de recherchestratégique de l’École<br />

militaire (Irsem), au terme d’une<br />

cinquantaine d’entretiens menés<br />

en 2008 et 2009. L’histoire, son poids<br />

politique, culturel, diplomatique, militaire,<br />

démographique et économique,<br />

lui ont conféré une place centrale. »<br />

Par FRÉDÉRIC<br />

PONS et ÉLISE<br />

DELORAINE<br />

Une conférence<br />

de presse lors<br />

d’un sommet<br />

de la zone euro<br />

àBruxelles. La<br />

France est au<br />

3 e rang despays<br />

les mieux<br />

représentés.<br />

Créé le 1 er janvier 2010 pour coordonner<br />

la recherchestratégique, l’Irsem<br />

explore cedomaine délicat de<br />

l’influence aumoment où l’armée<br />

française redécouvre, avecprécaution,<br />

l’enjeu des stratégies d’influencedans<br />

les opérations –les opérations psychologiques<br />

de naguère –,devenues<br />

taboues depuis la fin de la guerre d’Algérie.<br />

Un colloque amême eu lieu sur<br />

ce thème àl’École militaire, associant<br />

l’Irsem, dirigé par le professeur FrédéricCharillon,<br />

et le Centre interarmées<br />

de concepts, de doctrines et d’expérimentations(crééen2005),dugénérald’aviation<br />

Guillaume Gelée, où de<br />

brillants officiers planchent sur ces<br />

nouveaux concepts.<br />

L’analyse de l’Irsem quant àl’influencefrançaise<br />

àBruxelles tranche<br />

sur une approche généralement plus<br />

pessimiste. «L’étude de sa politique<br />

étrangère comme de sa défense redevientàlamode<br />

dans les circuits d’experts<br />

internationaux, indique le<br />

rapport. L’apparition puis le renforcement,<br />

au fil des dernières années, de<br />

militaires aux côtés des diplomates, a<br />

encorerenforcé cette influente présence<br />

française. »<br />

La présidence française de l’Union<br />

européenne, au secondsemestre 2008,<br />

amême amélioré la donne, grâceaux<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

36<br />

nominations qui ont accompagné la<br />

nouvelle architecture européenne et<br />

au retour dans le commandement<br />

intégré de l’Allianceatlantique : «La<br />

France intéresse… » Mais notre pays<br />

est-il encore une nation influente à<br />

Bruxelles en matière d’action extérieureetdedéfense<br />

? «Notre réponse<br />

est clairement oui »,répond l’Irsem.<br />

Tout est-il idyllique ? «Laréponseest<br />

évidemment non. »<br />

La Franceresteunpaysinfluent pour<br />

l’action extérieureetladéfense, mais<br />

le mode de fonctionnement de sa<br />

diplomatie peut être amélioré : «Sa<br />

position n’est jamais acquise. Et l’influence<br />

se cultive. Très clairement, les<br />

règles de fonctionnement explicites et<br />

implicites de l’Union à27comme de<br />

l’Otan à28sejouentsur un mode qui<br />

n’est pas familier àl’administration<br />

hexagonale, ni même, peut-être,àson<br />

tissu d’experts. Des adaptations sont<br />

donc nécessaires. »<br />

L’argument classique du déclin de<br />

l’usage du français dans l’Union est<br />

balayé. L’enquêtenoteque la proportion<br />

de documentsinitialementrédigésenanglaisauConseil<br />

est passé de<br />

42 %à18%entre 1997 et 2002. Le<br />

français resterait, au moins sur le<br />

papier,l’une des deux langues offi-


cielles, se maintenant comme une<br />

langue active dans les instances décisionnelles.<br />

La perte d’influencetiendrait<br />

plutôt au fait que les Français<br />

maîtrisent encore mal l’anglais : «Les<br />

diplomates continuent de s’arc-bouter<br />

àlalangue française »alors que «les<br />

militaires ont depuis longtemps accepté<br />

de travailler en anglais ».<br />

Un Français seranumérodeux<br />

de la diplomatie européenne<br />

Si l’Europe maîtrise le français moins<br />

bien qu’avant, «les Français pourraient<br />

àl’avenir s’efforcerdemieux maîtriser<br />

le fonctionnement de l’Europe » pour<br />

mieux faire entendre leur voix. Cela<br />

passe par une stratégie d’occupation<br />

de postes clés. Sur les 25 000 agents<br />

employés par la Commission début<br />

2008, la France figure autroisième<br />

rang des pays les mieux représentés<br />

avec plus de 2600 personnes, après la<br />

Belgique et l’Allemagne. Elle est la<br />

première (devant l’Allemagne et la<br />

Belgique) pour le nombred’administrateurs<br />

(11 %des personnels).<br />

L’organigramme du futur Service<br />

européen d’action extérieure, que les<br />

Vingt-Sept ont mis sur pied le 21 juin<br />

àMadrid, devrait confirmer ce rôle.<br />

Le Français Pierre Vimont, actuel<br />

ambassadeur de France à<br />

Washington,est pressenti<br />

pour le postedesecrétaire<br />

général exécutif de cette<br />

structure qui emploiera<br />

près de 7000 personnes<br />

(dont 60 %defonctionnaires<br />

européens), avec<br />

135 délégations dans le<br />

monde. Sous l’autorité de<br />

la Britannique Catherine<br />

Ashton,hautereprésentantedel’Union<br />

européenne pour les Affaires étrangères,<br />

Pierre Vimont seraflanqué d’un<br />

Polonais et d’une Allemande.<br />

La Franceadéjà une «réelle capacité<br />

d’entraînement » au Conseil, grâce à<br />

une personnalité d’influencecomme<br />

Pierre de Boissieu, secrétairegénéral<br />

du Conseil de l’Union européenne<br />

après avoir été l’un des principaux<br />

négociateurs et rédacteurs du traité<br />

de Maastricht. Sa longévité dans la<br />

machinerie bruxelloise est quasi sans<br />

égale.<br />

D’autresFrançais jouent ou ont joué<br />

un rôle important, même si des entreprises<br />

françaises leur ont parfois<br />

reproché leur timidité ou leur manque<br />

de “patriotisme économique”.<br />

Claude-FranceArnould fut directrice<br />

de la directionVIII (défense) de la DGE<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

37<br />

Lesrègles<br />

implicites<br />

etexplicites<br />

del’Union<br />

nesontpas<br />

familières<br />

auxagents<br />

etauxexperts<br />

français.<br />

(Relations économiques<br />

extérieures,Politique étrangère<br />

etdesécurité commune)<br />

de 2001 à2009. Le<br />

nombred’agents français<br />

àses côtés agaça certains<br />

eurocrates,qui parlaient de<br />

«ladirection française».<br />

Christine Roger aété<br />

représentantedelaFrance<br />

auprès du Cops (Comité<br />

politique et de sécurité) jusqu’en<br />

décembre2009.<br />

On peut aussiciter PatriceBergamini,<br />

directeur adjoint du cabinet du<br />

secrétaire général haut représentant<br />

pour la Pesc, Jean-Claude Piris, chef<br />

du service juridique du secrétaire<br />

général du Conseil, ou Jean-François<br />

Bureau, ancien directeur de la<br />

communication du ministère dela<br />

Défense, secrétairegénéral adjoint de<br />

l’Otan pour la diplomatie publique<br />

depuis septembre2007.<br />

Au Parlement européen, dont le rôle<br />

est croissant (pour les questions<br />

budgétaires) dans les activités extérieures<br />

et militaires, l’Irsem noteque<br />

la Francedétient 3des 22 présidences<br />

de commission mais aucune dans les<br />

affaires étrangères et la défense :<br />

«Dans le Conseileuropéentel qu’il se<br />

BRUNO ARNOLD/EUEYES/SIPA


présentait avant la mise enœuvre du<br />

traité de Lisbonne […] les Français<br />

représentaient 6%des effectifs de l’organisation,<br />

avec une augmentation de<br />

20 %entre 2006 et 2009, et 6,7 %des<br />

administrateurs (93 sur 1388). Au sein<br />

des 22 agences communautaires […]<br />

les Français représentent 13 %des<br />

agents. Àl’Agence européenne de défense,<br />

les 13 Français présents sur 106<br />

personnes sont tous administrateurs. »<br />

Avec 60 %denouveaux<br />

élus au Parlement européen,<br />

les Français manquent<br />

souvent d’expérience<br />

dans les arcanes<br />

européens et de discernement<br />

dans le choix des<br />

postes. La Francevise les<br />

plus prestigieux (directions<br />

générales), ce qui<br />

n’est pas très efficace,note<br />

l’Irsem.Lespostes les plus<br />

influents ne sont pas<br />

toujours ceux du premier<br />

niveau, le prestige n’est<br />

pas synonyme d’efficacité:<br />

«Làoùles Français se<br />

battentpour la position de<br />

numéro un, les Britan-<br />

niques emportent facilement<br />

la position de numéro<br />

deux,moins prestigieuse<br />

mais ôcombienefficace…<br />

Ils considèrentque les vrais postes d’influence<br />

dans une commission sont ceux<br />

de coordinateurs (élus par les membres<br />

de la commission en question) et de<br />

rapporteurs (sur les sujets importants). »<br />

Lesfonctionnaires français interrogés<br />

àBruxelles par l’Irsem regrettent<br />

l’absenced’une ligne de conduiteclaire<br />

qui les aiderait àpromouvoir l’influencefrançaise<br />

: «Onconsidèreque<br />

l’influence de la France est naturelle,<br />

que la France est influente parce que<br />

c’est la France. Dès lors, l’influence ne<br />

s’organise pas. » Beaucoup affirment<br />

manquer d’une réflexion opérationnelle<br />

sur les thèmes liés àladiplomatie<br />

française. Ils souhaitent undocument<br />

officiel pour les guider et des<br />

réunions régulières, en présenced’autorités<br />

importantes, qui leur offriraient<br />

«une possibilité précieuse de<br />

networking,perspective qui réconcilie<br />

la nécessitéd’une action collectiveavec<br />

lesstratégies personnelles des agents ».<br />

L’absencedeFrançais dans les think<br />

tanks bruxelloisrévèleune des failles<br />

du dispositif, comme si l’Université<br />

française négligeait d’apprendre la<br />

culture dulobbying –lanouvelle<br />

règle du jeu –àses étudiants en droit<br />

ou en relations internationales. Ils se<br />

montrent encore trop peu familiers<br />

des acteurs, des lieux et des méthodes<br />

qui comptent ausein de l’Union :<br />

«L’Europe se joue de moins en moins<br />

sur le poids des notables, et de plus en<br />

plus sur le savoir-faire des experts. Ils<br />

Otan. Les soucis de la réintégration<br />

L’Irsem s’est intéressé aux conséquences<br />

financières et humaines du<br />

retourdelaFrancedanslecommandement<br />

intégré de l’Alliance, alors<br />

quenotrepaysestencoreloind’avoir<br />

un poids suffisant dans les affaires<br />

politiques, les investissements de<br />

défense et la planification des capacités<br />

: «Quatrième contributeur au<br />

budget civil après les États-Unis,<br />

l’Allemagne et la Grande-Bretagne<br />

(14 % du budget militaire de<br />

l’Alliance), troisième contributeur<br />

Pierre de Boissieu (à droite), vingt ans dans la machine bruxelloise.<br />

Avec Catherine Ashton et un ministre luxembourgeois.<br />

militaireavec4800hommesengagés,<br />

environ250officiersetsous-officiers,<br />

appelés àpasser àenviron 1300 lors<br />

du retour effectif dans le commandement<br />

intégré »,laFrancedevra fournir<br />

davantage de personnels de haut<br />

niveau àl’Otan, sans pour autant<br />

diminuer sa présencedans les instances<br />

européennes.<br />

Laperspectives’annoncedifficileau<br />

regard des ressources humaines<br />

disponibles, «sans compter un coût<br />

financier estimé par plusieurs sour-<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

38<br />

interagissent constamment avec les<br />

institutions dans le domaine stratégique.<br />

» Cesexpertssont des «entrepreneurs<br />

de normes » dont les idées<br />

finissent par pénétrer les réseaux de<br />

haut niveau.<br />

Cetteprésenceausein des think tanks<br />

de Bruxelles est une nécessité:ils agissent<br />

dans tous les domaines et tous<br />

les lieux oùsenouent les contacts.<br />

«Certaines évolutions nécessitent de<br />

simples ajustements techniques,<br />

peut-être un choix<br />

différententermes d’allocation<br />

de moyens, ou la<br />

THIERRY CHARLIER/AP/SIPA<br />

miseenœuvre,même mo-<br />

deste, d’idées qui circulent<br />

déjà dans les esprits “autorisés”,<br />

précise l’Irsem.<br />

D’autres, en revanche,<br />

pourraient réclamer de travailler<br />

plus en profondeur<br />

sur les cultures et habitus<br />

bureaucratiques, administratifs,<br />

sur les usages classiques<br />

de la gestion des<br />

ressourceshumaines, chez<br />

les civils comme chez les<br />

militaires. »<br />

Ce défi s’inscrit dans la<br />

même logique qui aprésidé<br />

au développement<br />

de l’intelligence économique<br />

en France, sous la<br />

conduited’Alain Juillet et de Bernard<br />

Carayon. L’enjeu est stratégique. L’ancien<br />

ministre des Affaires étrangères<br />

HubertVédrine le rappelait récemment<br />

en cestermes : «Aulieu de gémir<br />

sur notre influence qui diminue, nous<br />

ferions mieux d’utiliser l’influence que<br />

l’on aencore. »<br />

Àlire<br />

Action extérieureetdéfense :<br />

l'influence française àBruxelles,<br />

Cahiersdel’Irsem, n° 1.<br />

cesàenviron650millionsd’eurossur<br />

la période 2012-2015 ». La France<br />

pourraitnepasavoirlesmoyensd’assurerlaprésenced’agentscompétents<br />

et influents au plus haut niveau de<br />

l’Union européenne et de l’Otan.<br />

L’Institut se fait même l’écho d’une<br />

question qui taraude“les plus hauts<br />

décideurs”:«Leretourfrançaisdans<br />

l’Otan, qui fait l’objetd’une priorité<br />

politique non dissimulée, se solderat-il<br />

par un transfert “atlantique”des<br />

meilleurs éléments aujourd’hui au<br />

servicedelaprésencefrançaiseausein<br />

de l’Union européenne ?» F. P.


États-Unis.Dans un pays angoissé, des citoyens s’arment.<br />

L’Amériquedesmilices<br />

Larésurgencedu“mouvementpatriote”américain,qui<br />

rassemble pêlemêle<br />

des suprématistes<br />

blancs, des skinheads, des chrétiens<br />

conservateurs,des militants<br />

pro-armes et des contribuables<br />

en colère, pourrait devenir un<br />

enjeu de sécurité nationale pour<br />

BarackObama. Souvent armés,<br />

cesgroupements communient<br />

dans la même détestation de<br />

l’État fédéral, souvent convaincus<br />

qu’un complot gouvernemental<br />

se trame.<br />

Le nombredemilices armées serait<br />

passé de 42 en 2008 à127 en 2009. Le<br />

centre de rechercheSouthern Poverty<br />

LawCenter,créé en 1971 pour étudier<br />

la haine raciale et politique aux États-<br />

Unis, aexaminédeprès ce phénomène,répertoriant<br />

pour sa part932 de ces<br />

“groupes de haine”en2009,dont 66 au<br />

Texas,60 en Californie et 51 en Floride.<br />

«Nous vivons l’une des rébellions les<br />

plus importantes de la droite populiste<br />

dans l’histoiredes États-Unis, affirmele<br />

journalisteChip Berlet, spécialistedu<br />

sujet.Nous voyons émerger des mouvements<br />

politiques et sociaux composés de<br />

gens en colère, haineux et angoissés. »<br />

Certains observateurs pensent même<br />

que les conditions sont favorables àun<br />

attentat majeur sur le modèle de celui<br />

commis àOklahoma City,le19avril<br />

1995,par TimothyMcVeigh,membre<br />

d’un groupuscule d’extrême droite.<br />

Il fit exploser un camion bourré de<br />

3,2tonnes d’explosifs contre un bâtiment<br />

fédéral,faisant 168 morts et près<br />

de 700 blessés.McVeighfut exécuté par<br />

injection létale le 11 juin 2001.<br />

Depuis la guerre d’indépendance<br />

contre l’Angleterre,àlafinduXVIII e ,la<br />

formationdecitoyensarmésatoujours<br />

été un baromètre de la confiancedu<br />

peuple dans son gouvernement. L’Amérique<br />

d’avant la tragédie d’Oklahoma<br />

City avait vu proliférer cesmilices,<br />

en réaction àune série de “coups de<br />

force de l’État fédéral”:en1992, le FBI<br />

tuait la femme et l’enfant d’un suprématisteblanc<br />

àRubyRidge (Idaho) ;<br />

enavril1993,Washingtonordonnaitla<br />

destruction de la résidencedeDavid<br />

Koresh, chef de la sectedes Davidiens,<br />

àWaco(Texas);quelques mois plus<br />

tard, l’administration Clinton renforçait<br />

les restrictions au portd’armes.<br />

Lesmiliciens d’aujourd’hui ont des<br />

profils plus variés que dans les années<br />

Communication<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

39<br />

HALEY/SIPA<br />

Ci-dessous,<br />

des suprématistes.<br />

La crise et la couleur<br />

d’Obama ont réveillé<br />

les extrémismes.<br />

1990, conséquencede<br />

l’explosion des nouveaux<br />

moyens de communication.<br />

On trouve parmi eux<br />

aussi bien des prêcheurs de<br />

haine que des extrémistes<br />

religieux,de simples contribuables<br />

en colère,d’anciens<br />

policiers ou militaires.<br />

Leur existence est légale,<br />

fondée sur le II e amendement<br />

àlaConstitution qui<br />

stipule que les milicessont<br />

«nécessaires » àl’existence<br />

d’un État libre.Leurs intentions<br />

ne le sont pas toujours :enmars,<br />

le FBI aarrêté les neuf membres d’une<br />

milicechrétienne de l’Ohio qui projetaient<br />

de partir en guerre contre les<br />

agents de l’État.<br />

De NewYork, ALEXIS BUISSON<br />

BURKINA FASO Les Postes dans l’ère technologique<br />

Erratum àl’article SONAPOST paru ausein dureportage de Veritas<br />

Communications sur le Burkina Faso publié le 20 mai 2010.<br />

La Société nationale des Postes du Burkina Faso (SONAPOST) fait<br />

Arthur P. Kafando<br />

Directeur Général<br />

appel aux technologies de l’information et de la communication pour moderniser<br />

ses deux métiers traditionnels, àsavoir le traitement du courrier et les services<br />

financiers postaux. Cette entreprise publique, gérée selon les mêmes règles que<br />

n’importe quelle entreprise privée, va lancer un appel d’offres pour l’interconnexion<br />

de toutes ses agences, au nombre de86. «Nous allons les relier soit<br />

par satellite, soit par fibres optiques. L’étude technique du projet est bouclée.<br />

Parallèlement, nous voulons mettre en place unsystème électronique de gestion<br />

des comptoirs postaux », explique Arthur P. Kafando,directeur général<br />

de SONAPOST.LaSociété apar ailleurs entrepris de renforcer saprésence dans<br />

le secteur des services bancaires àtravers la récente création d’un établissement<br />

financier chargé de gérer les crédits postaux. «2010 est une année de mutation.<br />

Un projet de loi est en discussion àl’Assemblée Nationale qui réformera lesecteur<br />

postal. Nous nous préparons aux temps nouveaux qui s’annoncent. Nous<br />

enregistrons des bénéfices<br />

depuis plusieurs années. Nous<br />

avons par ailleurs noué un<br />

partenariat fructueux avec<br />

Chronopost France. Nous<br />

sommes actionnaires àhauteur<br />

de 60 %d’une co-entreprise<br />

commune ànos deux sociétés »,<br />

ajouteArthur P.Kafando.<br />

Sa principale ambition est de<br />

convertir SONAPOST<br />

en pionnier de la bancarisation<br />

du monde rural.


Espace.Révélations sur ce que prépare<br />

Pékin pour “sa” conquête…<br />

TrainchinoispourlaLune<br />

Faible présence américaine,<br />

imposante délégation chinoise:lapremière“Conférence<br />

lunaireglobale”que vient d’organiser<br />

la Fédération internationale<br />

d’astronautique (IAF) àPékin abien<br />

montré le basculement qui s’opèreen<br />

matièrespatiale.Des centaines de spécialistes<br />

de la Lune –scientifiques et<br />

industriels –étaient réunis pour faire<br />

un premierbilandes missions récentesetexposer<br />

leurs projets. Tous ont<br />

été frappés par la capacité chinoise à<br />

occuper le terrain depuis que l’administration<br />

Obama arenoncé,au début<br />

de l’année, au programme Constellation<br />

de la Nasa (le retour d’astronautes<br />

américains sur la Lune dans les<br />

années 2020).<br />

Pour la première fois, la Chine a<br />

exposé sa stratégie d’exploration et ses<br />

projets d’engins habités lunaires.Deux<br />

options sont àl’étude :unlanceur<br />

superlourd(100 tonnes au moins de<br />

charge utile en orbite,sur le modèle des<br />

Saturn5del’èreApollo) ou la fusée<br />

CZ-5 (25 tonnes en orbite),qui entrera<br />

en service dans quatre ans.<br />

La première option s’inspire du<br />

Constellation américain,avec des lancements<br />

du vaisseau habité d’une part,<br />

et du module d’alunissage et d’un étage<br />

de transfertverslaLune d’autrepart.<br />

La seconde utiliserait quatre CZ-5<br />

pour réaliser la même opération.Dans<br />

tous les cas, il s’agit d’assembler un<br />

“train spatial”dans l’espace,composé<br />

de tous les éléments nécessaires àla<br />

mission. Tout cela éclaireles objectifs<br />

des futures petites stations orbitales<br />

Tiangong –dont le premier exemplaire<br />

seralancé dans quelques mois –,qui<br />

visent justement àexpérimenter ces<br />

techniques.<br />

Lestaïkonautes (le termedésormais<br />

officiel pour désigner les astronautes)<br />

voyageraient dans une version “anabolisée”<br />

duShenzhou –<br />

l’actuel vaisseau spatial chinois<br />

–, doté d’un étage de<br />

propulsion qui serait utilisé<br />

pour la mise en orbite<br />

autour de la Lune puis<br />

pour le retour sur Terre.<br />

Àlamanière d’Apollo,<br />

cestaïkonautes,une fois en<br />

orbitesélène, passeraient<br />

dans le module d’alunissage<br />

et entameraient leur<br />

descente.Dans un premier<br />

temps,ils effectueraient de<br />

courtesvisites sur la Lune<br />

et disposeraient,comme leurs homologues<br />

américains il yaquaranteans,<br />

d’une“Jeep lunaire”.Àce titre,les Chinois<br />

ont été généreuxendescriptions<br />

des activités extravéhiculaires et des<br />

matériels d’exploration associés lors<br />

de la conférencedel’IAF.Auretour,la<br />

partie hautedumodule d’alunissage<br />

rejoindrait le Shenzhou resté en<br />

orbite. Celui-ci retournerait vers la<br />

Terre àlamanière des Zond soviétiques<br />

testés àlafin des années 1960 :<br />

les vaisseaux Shenzhou sontpresque<br />

identiques.<br />

Pour réussir ces vols habités complexes,<br />

les Chinois devront encore<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

40<br />

Vued’artiste du “train spatial”chinois,<br />

àpartir des informations recueillies<br />

àlaconférence lunaire de Pékin.<br />

Pour<br />

lapremièrefois,<br />

Pékin<br />

aexposé<br />

sastratégie<br />

d’exploration<br />

etsesprojets<br />

d’engins<br />

lunaires.<br />

mieux connaîtrelaLune. C’est justement<br />

l’enjeu du programme d’exploration<br />

automatique Chang’e, qui a<br />

commencé avec la mise en orbite<br />

sélène d’une premièresonde en 2007.<br />

Selon les résultats présentés àPékin,<br />

Chang’e-1 apermis d’établir une cartographie<br />

globale de l’astre.<br />

Unedeuxième sonde or-<br />

bitale rejoindralaLune à<br />

l’automne prochain.Viendra<br />

ensuite l’atterrisseur<br />

Chang’e-3 :en2013,il déposeraàlasurfacelunaire<br />

un véhicule robot autonome<br />

qui étendrales possibilités<br />

d’exploration in situ.<br />

Suivra un Chang’e-4. Enfin,en<br />

2017,Chang’e-5 tentera<br />

de ramener sur Terre<br />

des échantillons de sol lunaire.<br />

Une fois maîtrisées, ces<br />

techniques permettraient d’édifier sur<br />

la Lune un“camp de base”entièrement<br />

robotisé.C’est une autre nouveauté de<br />

la conférencedePékin.Ce camp offrirait<br />

un luxedemoyensetune marge<br />

de sécurité aux astronautes du premier<br />

alunissage chinois.Le retour de l’Homme<br />

sur la Lune pourrait ainsi être envisagé<br />

d’ici àune quinzaine d’années,soit<br />

àpeu près dans les mêmes délais que<br />

feu le programme Constellation américain.<br />

PHILIPPE COUÉ<br />

Philippe Coué est l’auteur<br />

de La Chineveut la Lune<br />

(A2C Media, 2007).<br />

MOURAD CHERFI 2010


Monde<br />

REPÈRE<br />

DÉCRYPTAGE<br />

Choixlibéral<br />

enPologne L’atoutPetraeus<br />

L ’aura<br />

tragique de Jaroslaw Kaczynski,<br />

61 ans, frèrejumeau de<br />

Lech,l’ancien président décédé dans<br />

un accident d’avion le 10 avrildernier<br />

àSmolensk,n’a pas suffiàleporterà<br />

la présidencedupayslors du second<br />

tour de la présidentielle du 4juillet.<br />

BronislawKomorowski,sonrivallibéral<br />

pro-européen,58ans<br />

(<strong>photo</strong>),l’aasseznettementemporté<br />

(53 %<br />

dessuffrages), sans<br />

doutegrâceàun apport<br />

de voix significatif<br />

de la gauche<br />

qui ne voulait pas du<br />

conservateuranti-européen Kaczynski<br />

(47 %).<br />

Candidat présenté par la Plate-forme<br />

civique (PO) du premier ministre<br />

Donald Tusk, ainsi renforcé dans<br />

la perspective des élections de l’an<br />

prochain, Komorowski présidait la<br />

Diète,la chambrebasse du Parlement,<br />

et assurait l’intérim de la présidence<br />

depuis avril. Lesdeux candidats ont<br />

parlé d’une «nouvelle Pologne », à<br />

l’image de ce que disait Jaroslaw<br />

Kaczynski au soir de l’élection : «C’est<br />

grâce au travail et au service de mon<br />

frèrequ’une nouvelle qualité de la vie<br />

publique polonaise est apparue, un<br />

retour aux valeurs, au patriotisme,<br />

chacun dans la campagne devait yadhérer.<br />

Et c’est aussi notre grande victoire.»<br />

Des dossiers lourds attendent la<br />

majorité et le président :leplan d’économies,<br />

le passage àl’euro (d’ici<br />

cinq ans), le retrait éventuel des 2600<br />

soldats polonais déployés en Afghanistan<br />

(d’ici deux ans). Autant de<br />

projets que contestentKaczynski et son<br />

camp. F. P.<br />

PETR DAVID JOSEK/AP/SIPA Focus<br />

LE CHIFFRE<br />

0,74<br />

En centimes<br />

d’euros, c’est<br />

le coût annuel<br />

total de la famille royale britannique<br />

pour chaque contribuable en 2009-<br />

2010, selon un communiqué du<br />

palais de Buckingham. L’enveloppe<br />

affectée àlareine Élisabeth II est<br />

de 9,54 millions d’eurospar an.<br />

Par FRÉDÉRIC PONS<br />

Ladémarchen’est pas banale. Elle<br />

indique l’urgencedelasituation<br />

en Afghanistan. Supérieur hiérarchique<br />

du général StanleyMcChrystal,<br />

limogé le 23 juin de son poste<br />

de commandant en chef, le général<br />

David Petraeus, 57 ans, patron du<br />

CentralCommand (couvrant àlafois<br />

l’Iraketl’Afghanistan), aaccepté de<br />

redescendredans l’arène,en prenant<br />

le commandement des 150 000 soldats<br />

alliés.<br />

Il aurait pu refuser l’offredeBarack<br />

Obama. Il l’a acceptée «sous le feu »<br />

carcette guerre de contre-insurrection<br />

est aussi la sienne :ilenaconçu<br />

la stratégie après en avoir testé l’essentiel<br />

en Irak. ÀKaboul,les<br />

résultats sont<br />

lents àvenir, mais il<br />

rappelle qu’il lui avait<br />

fallu un an pour inverser<br />

la situation catastrophique<br />

trouvée à<br />

Bagdadàlafinde2007.<br />

Petraeus avait réussi à<br />

sortirl’Amérique du<br />

bourbier,alors que<br />

la plupartdes observateurs<br />

de l’Irakévoquaient<br />

un «nouveau<br />

Viêtnam ».<br />

ÀKaboul, il va<br />

d’abord remettre de<br />

l’ordredans le dispositif américain<br />

sur place, contraindre les civils et<br />

les militaires àtravailler ensemble,<br />

convaincrel’État afghan d’améliorersagouvernance.<br />

Deux rendezvous<br />

majeurs l’attendent :unpoint<br />

de situation en décembre etune<br />

évaluation décisive en juillet 2011,<br />

prélude àunpossible retrait des<br />

forces. «Nous sommes engagés dans<br />

un conflit difficile,reconnaît-il,agacé<br />

par le défaitisme ambiant. Nous<br />

sommes arrivés àunmoment critique.<br />

Nous sommes icipour gagner.»<br />

Ce moment est“critique”parce que<br />

le bilan des pertesn’a jamais été aussi<br />

lourd:331 tués depuis le début de<br />

l’année. Le ratio de juin (3,2 morts<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

41<br />

par jour) rappelle les pires moments<br />

de l’Irak,en 2007.Cetteaggravation<br />

s’explique d’abordpar le regain des<br />

opérations, grâce audéploiement<br />

progressif des renforts (30 000<br />

hommes) et par le fait que les insurgés<br />

sontpoussésdansleurs derniers<br />

retranchements. Ils ne gagnent pas<br />

la guerre,leur capacité de combat se<br />

dégrade et ils sèment des pièges<br />

explosifs (60 %des pertes).<br />

L’Otan gagne du terrain, comme le<br />

prouve le transfertprogressif de zones<br />

aux Afghans :c’est le cas àKaboul et<br />

c’est prévu (fin 2011) dans la zone<br />

française.«Nous pouvons être encouragés<br />

par les progrès, mais rien n’est<br />

Recours. Le général Petraeus embrasse le drapeau.<br />

simple en Afghanistan,dit Petraeus.<br />

Nous sommes engagés dans une lutte<br />

d’influences.» Une «prudence raisonnée<br />

» règne aussi àParis, comme l’a<br />

confié au Sénat l’amiral Guillaud,<br />

chef d’état-major des armées : «C’est<br />

une guerre compliquée, meurtrière,<br />

inscrite dans la durée. » Petraeus a<br />

quelques mois pour réussir et 2012<br />

en ligne de mire:la fin possible de sa<br />

carrièreetl’élection présidentielle.<br />

Depuis longtemps, ses camarades<br />

l’appellent “King David” :unhommage<br />

caustique àson talent, àsa<br />

chance, àson ambition…<br />

Retrouvez ce Décryptage<br />

sur www.valeursactuelles.com<br />

(rubrique Opinion).<br />

DUSAN VRANIC/AP/SIPA<br />

PHOTOTHÈQUE VALMONDE


Économie<br />

Fiscalité. Comment économiser 10 milliards<br />

sur 75 milliards de “dépenses fiscales”.<br />

Touchepasàmanic<br />

Au fil du temps, les<br />

niches fiscales se sont<br />

accumulées. Prime<br />

àl’emploi, prêt àtaux<br />

zéro, TVAà5,5 %,<br />

réductions diverses,<br />

chaque dérogation<br />

ases défenseurs.<br />

Passimple de revenir<br />

en arrière.<br />

Par CHRISTINE MURRIS<br />

Sus aux niches fiscales !L’idée,<br />

qui ne datepas d’hier,agagné<br />

ces temps-ci de nouveaux<br />

adeptes :pour redresser des<br />

finances publiques en pleine déconfiture,<br />

pourquoi ne pas puiser dans un<br />

magot qui n’acessé au fil des années<br />

de croîtreetd’embellir ?C’est la piste<br />

suiviepar le gouvernement, qui aaffirmé<br />

vouloir récupérer 10 milliards<br />

d’euros, via la diminution des“dépenses<br />

fiscales”. Gilles Carrez, rapporteur<br />

général du budget à l’Assemblée<br />

nationale, préconise plutôt, lui, un<br />

effort de15milliards d’euros dès<br />

2011… Plafonnements, suppressions<br />

ciblées, «coup de rabot » de 10 %sur<br />

l’ensemble des niches ?Cesera très<br />

probablement unsubtil dosage des<br />

trois méthodes, avec priorité donnée<br />

au “coup de rabot”, plus prudent et<br />

plus efficace.<br />

Le filon est des plus prometteurs :en<br />

2010, les dépenses fiscales –c’est la<br />

dénomination officielle –atteignent<br />

presque 75 milliards d’euros.Un manque<br />

àgagner pour l’État qui résultede<br />

l’accumulation par le législateur de<br />

quelque 468 “dispositions dérogatoires”.Des<br />

mesures qui, comme les algues<br />

vertes, semblent capables de<br />

CHESNOT/SIPA<br />

proliférer inexorablement:<br />

«Elles ont augmenté àpérimètre<br />

constant de plus de<br />

5%par an depuis 2000 »,<br />

déplore Didier Migaud,<br />

premier président de la<br />

Cour des comptes. «Etde<br />

8,5 %chaque année depuis<br />

2004 !»<br />

Encore nedécomptet-on<br />

pas toutes les dépenses:<br />

selon un rapport d’information de<br />

2008 de la commission des Finances<br />

de l’Assemblée nationale, «14%des<br />

mesures ne sont pas chiffrées ;44%se<br />

voient assorties d’un simple ordre de<br />

grandeur ».<br />

On passe également en général sous<br />

silenceceque la RueCambon appelle<br />

les «niches sociales »,soit les exonérations<br />

de cotisations consenties aux<br />

entreprises ;leur montant devrait<br />

s’éleveràplus de 33 milliards d’euros<br />

en 2010, selon le projet de loi de<br />

finances 2009.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

42<br />

Sur<br />

468niches<br />

fiscales,<br />

aides<br />

aulogement<br />

etàl’emploi<br />

seront<br />

lespremières<br />

“rabotées”.<br />

Un montant compensé<br />

en principe par une dotationbudgétaireàlaSécurité<br />

sociale ou par des recettes<br />

fiscales affectées. Là<br />

aussi, il faudraraboter…<br />

Aucun gouvernement,<br />

année après année, ne<br />

semble pouvoir se passer<br />

de sa bottefiscale.<br />

Car ces allégements et<br />

autrescrédits d’impôts, loin de n’être<br />

qu’une aubaine destinée aux contribuables<br />

les plus aisés, nourrissent bien<br />

d’autres ambitions :elles servent<br />

même àtout,oupresque.<br />

Elles peuvent d’abordêtreles instruments<br />

d’une politique sociale.Ainsi la<br />

prime pour l’emploi, qui fonctionne<br />

sous forme de crédit d’impôt –<br />

3,2 milliards d’euros en 2010… –, a<br />

pour objectif de compléter les revenus<br />

des contribuables modestes, afin de<br />

les aider àprendre ouàgarder des<br />

emplois peu rémunérateurs.


Empilement. Sous le vocable<br />

de “dépenses fiscales”, une série<br />

d’instruments politiques. Page<br />

de gauche, Christine Lagarde<br />

et François Barouin.<br />

he!<br />

De la même façon, des avan-<br />

tages dérogatoiresàlalégislation<br />

fiscale de base sont accordés à<br />

despersonnes handicapées ou à<br />

des parents élevant seuls leurs<br />

enfants.<br />

Le plus souvent, les allégements<br />

fiscaux sont des instruments de<br />

politique économique.<br />

C’est pour favoriser les recrutements<br />

et soutenir l’activité dans<br />

le secteur du bâtiment que le<br />

taux de TVAsur les travaux dans<br />

des logements achevés depuis<br />

plus de deux ans est passé à5,5 %<br />

en 1999. Une aubaine pour les<br />

artisans, qui peuvent proposer<br />

des devis moins élevés et donc<br />

plus convaincants, pour leurs<br />

clients, qui paient enprincipe<br />

leurs travaux moins cher, et<br />

même pour les salariés qui, s’ils<br />

sont dûment déclarés, bénéficieront<br />

de la couverturesociale que<br />

leur travail doit leur garantir…<br />

L’objectif est louable, la facture<br />

salée :avec5,15 milliards d’euros<br />

en 2010, ce n’est plus d’une niche<br />

mais d’un château fiscal qu’il<br />

s’agit…<br />

De la même façon, les services<br />

aux particuliers, apparus comme<br />

un gisement d’emplois potentiels<br />

non exploité, font depuis<br />

plusieurs années l’objet d’un<br />

sérieux coup de main aux particuliers<br />

employeurs. En déduisant<br />

des impôts de cesemployeurs les<br />

charges sociales et une partiedes<br />

salairesnets versés aux employés<br />

àdomicile, le fisc cofinance jardiniers,<br />

femmes de ménage et<br />

autresprofesseurs particuliers. Entre<br />

crédit et réduction d’impôt, il en<br />

coûte3milliards par an àl’État.<br />

La dépense fiscale est aussi utilisée<br />

en faveur de la politique familiale :<br />

ainsi de l’exonération d’impôt des<br />

LES DIX “NICHES”<br />

LES PLUS COÛTEUSES EN 2010<br />

Source :projet de loi de finances.<br />

TVAà5,5 %pour travaux<br />

dans leslogements anciens<br />

5150 millions d'euros<br />

Crédit d'impôt recherche<br />

4000 millions d'euros<br />

Prime pour l'emploi<br />

3200 millions d'euros<br />

Exonération des produits<br />

de capitalisation<br />

et assurancevie<br />

3000 millions d'euros<br />

TVAà5,5 %dans<br />

la restauration<br />

3000 millions d'euros<br />

Abattement sur les<br />

pensions et les retraites<br />

2670 millions d'euros<br />

Crédit d'impôt pour<br />

les économies d'énergie<br />

2600 millions d'euros<br />

Exonérationdecontrats<br />

d'assurance<br />

maladie complémentaire<br />

2200 millions d'euros<br />

Crédit d'impôt pour<br />

l'emploi àdomicile<br />

1750 millions d'euros<br />

Exonération de certaines<br />

allocations (prestations<br />

familiales, etc.)<br />

1600 millions d'euros<br />

prestations familiales, des aides pour<br />

l’emploi d’assistantes maternelles,de<br />

l’allocation de garde d’enfant àdomicile,<br />

etc. Total :1,6 milliard.<br />

La dépense fiscale adonc ses raisons,<br />

même si elles l’ont conduite à<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

43<br />

une expansion au-delà du<br />

raisonnable.<br />

De cetenfer pavé de plus ou<br />

moins bonnes intentions,<br />

aucun gouvernement ne<br />

parvient às’extraire. Afortiori<br />

en période de disette budgétaire:il<br />

est plus facile pour<br />

l’État d’accepter un manque<br />

àgagner que de “sortir” de<br />

nouvelles dotations àl’appui<br />

de ses politiques. Et le gouvernement<br />

peut même ainsi se<br />

draper àbon compte dans<br />

une vertubudgétairequi n’est<br />

qu’un trompe-l’œil, puisqu’il<br />

cède sur le front fiscalcequ’il<br />

économise en dotations…<br />

Nicolas Sarkozy n’yapas plus<br />

résistéque lesautresenintroduisant<br />

en 2009 la fameuse<br />

diminution à5,5 %dutaux<br />

de la TVA dans la restauration.Unemesureimmédiatement<br />

propulsée dans les tout<br />

premiers rangs aupalmarès<br />

du coût des dépenses fiscales,<br />

avec 3milliards en 2010.<br />

Or,leproblème sur la voie<br />

de la niche fiscale, c’est que<br />

l’on n’ypasse jamais la marche<br />

arrière. Àpeine mise en<br />

place, elle comptedes défenseurs<br />

acharnés, au premier<br />

rang desquels se trouvent ses<br />

bénéficiaires… Et àlamoindrevelléité<br />

de remise en cause,<br />

la levée de boucliers est<br />

immédiate.<br />

Ainsi la Capeb, Confédération<br />

de l’artisanat et des<br />

petites entreprises du bâtiment,<br />

syndicat patronal des<br />

artisans du secteur, a-t-elle<br />

fait connaîtresaposition ces<br />

derniers jours, avant même<br />

que soient connues des mesures<br />

gouvernementales encore<br />

très floues. «Supprimer<br />

laTVA à5,5 %pour les<br />

travaux de rénovation,affirme<br />

Patrick Liébus, président de la<br />

Capeb, reviendrait àamputer<br />

le secteur de 3,6 milliards d’euros<br />

dechiffre d’affaires, avec<br />

une perte de 30 000 emplois àlaclé. »<br />

Un tel scénario, selon le syndicat,<br />

aboutirait àamplifier les effets de<br />

la crise actuelle et àdonner «un<br />

coup d’arrêt fatal àlareprise.Cen’est<br />

plus d’une politique de relance qu’il


faudrait parler, mais bien plutôt de<br />

décroissance !»De fait, si les artisans,<br />

en payant une TVA réévaluée, venaient<br />

àtravailler moins et àrecruter<br />

moins, ne paieraient-ils pas, au bout<br />

du compte, moins d’impôts ?Bien<br />

malin qui désignera legagnant, au<br />

bout du compte…<br />

Mêmes réticences de la part du<br />

Crédit foncier de France face àla<br />

perspective d’une mise en cause des<br />

incitations fiscales dans l’immobilier,<br />

et notamment du prêt àtaux zéro<br />

(PTZ), une mesureoùl’absenced’intérêts<br />

est compensée sous forme de<br />

crédit d’impôt pour les banques :<br />

«C’est un instrument qui asolvabilisé<br />

beaucoup de ménages, notamment<br />

avec le doublement du PTZ intervenu<br />

dans le cadre duplan de relance »,<br />

explique Nicole Chavrier,directrice<br />

des relations institutionnelles du<br />

Crédit foncier. «Deux cent seize mille<br />

opérations en ont bénéficié en 2009.<br />

Alors que le reste de l’immobilier était<br />

très déprimé, c’est cette mesure qui a<br />

soutenu le marchédelaprimo-accession.<br />

Quant au locatif, le dispositif<br />

Scellier aeuuneffetspectaculaire. »<br />

Aucune évaluation rigoureuse<br />

de ces dépenses n’est conduite<br />

De fait, les épargnants auraient-ils<br />

placé leurs économies dans l’immobilier<br />

locatif sans les aides Quilès et<br />

Méhaignerie de 1985 à1995, l’amortissement<br />

fiscal Périssol en 1996,<br />

l’amortissement Besson àpartir de<br />

1999, les dispositifs Robien, Bouvard,<br />

Scellier,etc.?Et qu’aurait été le développement<br />

économique des départements<br />

d’outre-mer sans la défiscalisation<br />

des investissements que l’on y<br />

réalise ?<br />

Impossible, en réalité, de répondreà<br />

ces questions :aucune évaluation<br />

sérieuse de la portée de cesdépenses<br />

n’étant conduite, nul nesait si elles<br />

Alain Trannoy. “Un impôt illisible”<br />

Trois questions au directeur de<br />

l’Institutd’économiepublique,thinktank<br />

du CNRS ayant pour vocation<br />

d’étudier les conséquences des politiquespubliquessurl’activitédupays.<br />

Le recours massif aux niches fiscales<br />

constitue-t-ilunespécificitéfrançaise ?<br />

Cetteutilisation de l’impôt est très<br />

largement répandue dans les pays de<br />

l’Organisation de coopération et de<br />

développement économiques et elle<br />

est d’ailleurs pertinente. Tous les<br />

impôts qui vieillissent génèrent leurs<br />

dérogations. Ce qui est propreàla<br />

France, et qui pose problème, c’est la<br />

prolifération de cesmesures fiscales.<br />

Elles rendent l’impôt illisible et sont<br />

source d’insécurité juridique. N’estil<br />

pas préférable d’appliquer un taux<br />

nominal d’imposition plus faible et<br />

de créer moins de niches,àproduit<br />

d’impôt identique?<br />

LegouvernementetleParlementsontilsenmesuredecontrôlerl’efficacitéde<br />

ces dépenses ? Pasvraiment. La TVA<br />

réduitepour les travaux de rénovation<br />

de logements anciens acertainement<br />

contribué àlégaliser du travail<br />

au noir.Mais comme on ne savait pas<br />

exactement ce qu’il en était de la situation<br />

antérieureàlamesure,comment<br />

mesurer sa portée ?Des études sont<br />

conduites parfois, mais de façon<br />

ponctuelle et parcellaire.ÀMarseille,<br />

nous avons comparé les cartesde200<br />

restaurants avant et après la réduction<br />

du taux de TVA;dans 84 %des cas,<br />

elles étaient inchangées. Mais c’est<br />

une étude limitée dans l’espace et<br />

dans le temps. Prenez le crédit impôt<br />

recherche;beaucoup l’accusent de<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

44<br />

PERROT OLIVIER/SIPA<br />

Rénovation. Selon les artisans,<br />

la TVAà5,5 %adopé les travaux<br />

dansles logements anciens.<br />

sont efficaces, pas plus que ce qui se<br />

serait passé en leur absence…<br />

La Cour des comptes, elle, n’hésite<br />

plus àtrancher, compte tenu des<br />

impératifs de l’heure:«Ilfaut absolument<br />

arrêter les baisses d’impôt et limiter<br />

la progression des dépenses fiscales,<br />

ces deux phénomènes étant la cause<br />

principale de notre déficit structurel »,<br />

affirme Didier Migaud. C’est une<br />

exigencebudgétaireaussi bien qu’au<br />

regard de l’équité, compte tenu de<br />

l’utilisation massive de ces mesures<br />

par les foyers aux revenus les plus<br />

élevés. Et les 6milliards de réduction<br />

annoncés parlegouvernement –qui<br />

ne correspondent jamais qu’à la hausse<br />

moyenne annuelle des dépenses fiscales<br />

!–nesauraient ysuffire, selon<br />

l’institution de la rueCambon.<br />

Restealors la même lancinantequestion<br />

:oùtrouver la fameuse manne ?<br />

Dans les dépenses sociales,primes pour<br />

l’emploi et autres soutiens aux personnes<br />

handicapées, en pleine crise ?<br />

C’est peu vraisemblable. Dans les mesures<br />

àforte portée politique, comme<br />

la diminution de la TVAdans la restauration,<br />

imposée par le président de la<br />

République?Non moins improbable.<br />

Les premières mesures annoncées<br />

font porterl’effortsur les aides àl’emploi<br />

d’un salarié àdomicile et sur<br />

certaines aides au logement. Mais ce<br />

n’est pas fini. ●<br />

donner lieu àuneffet d’aubaine.Mais<br />

la mise en placed’un service de R&D<br />

et l’obtention de premiers résultats<br />

prennent du temps dans les entreprises<br />

;comment savoir avant plusieurs<br />

années si cela marcheoupas?<br />

Ce qui est sûr,c’est qu’en 2009, les<br />

dépenses privées de R&D sont restées<br />

stables, sans baisser,mais sans pour<br />

autant rattraper le retarddéjà enregistré<br />

par rapportàl’Allemagne.<br />

Dans ces conditions, le “coup de rabot”<br />

est-il salutaire ?Dans l’impasse<br />

budgétaire qui est la nôtre, ilfaut<br />

incontestablement faire quelque<br />

chose. Mais les économistes préféreraient<br />

une remise àplat plus rigoureuse<br />

et des choix fiscaux fondés sur<br />

des études menées bien en amont de<br />

la décision. Il yfaut beaucoup de<br />

temps et de rigueur ;cela s’accommode<br />

mal des impératifs de la<br />

communication politique !<br />

Propos recueillis par CH. M.


Entretien.Le groupe familial français BGI<br />

rachète l’activité historique de la société.<br />

“Heuliezsauvé”<br />

Ilyaunan,letribunaldecommerce<br />

de Niortvalidait la reprise d’HeuliezparBernardKrief<br />

Consulting.<br />

Sonpatron,LouisPetiet,n’ajamais<br />

apporté l’argent annoncé. Après un<br />

plan social et 400 licenciements, la<br />

société aété déclarée en cessation de<br />

paiement, puis ànouveau placée en<br />

redressement judiciaire.<br />

C’est finalement le groupe<br />

familial français BGI,associé<br />

aux sociétés allemandes<br />

ConEnergyetKohl,<br />

quiassurerontlesauvetage<br />

de l’entreprise. Éclairage<br />

avecFrançoisdeGaillardet<br />

Pierre Baelen, les deux coprésidents<br />

de BGI.<br />

Laplupartdescandidatsàla<br />

reprise d’Heuliez ont jeté<br />

l’éponge. En quoi la société<br />

vous intéresse ?<br />

François de Gaillard Je<br />

connais bien Heuliez,car j’y<br />

ai démarrémacarrièreetj’y<br />

suis resté dix ans. Heuliez<br />

est présent dans la carrosserie,<br />

le ferrage, l’emboutissage<br />

pour l’automobile<br />

mais aussi dans l’aéronautique et le<br />

ferroviaire. Nous avons une stratégie<br />

industrielle avecl’une de nos filiales,le<br />

carrossier Buisard, fabricant de cabines<br />

d’engins de travaux publics et de<br />

machines agricoles. Leur activité est<br />

complémentaire.<br />

Pourquoireprenez-vousl’activitéemboutissage<br />

et carrosserie et non celle de la<br />

voitureélectrique,quisemblaitpourtant<br />

êtrel’avenir d’Heuliez ?<br />

F. de G. Le véhicule électrique est un<br />

métier àpart. Le groupe BGI, àdominanteindustrielle,n’apascettecompétence,notamment<br />

pour la distribution<br />

et l’après-vente. Lessociétés allemandes<br />

ConEnergy etKohl reprennent<br />

l’activité véhicules électriques mais ne<br />

conserveront pas le nom d’Heuliez.<br />

L’accord que nous avons signé avecles<br />

Allemands prévoit que nous assurerons<br />

la construction du châssis et de la<br />

carrosserie de la Mia,ce véhicule électrique<br />

léger qui devrait être commercialiséàpartirdelami-2011.<br />

Combien de salariés allez-vous conserver?<br />

PierreBaelenBGI d’un côté et lesAllemands<br />

de l’autre,nous reprenons 485<br />

salariés sur 600. Notreobjectif est de<br />

réembaucher les 115 personnes qui<br />

n’auraient pas retrouvé un emploi d’ici<br />

à2012.<br />

Conclusion. En présence de Christian Estrosi (aucentre),<br />

François de Gaillard (à gauche) et Pierre Baellen (à droite)<br />

ont annoncé le rachatdel’activité historique d’Heuliez.<br />

N’êtes-vous pas gêné par l’aspect politique<br />

du dossier ?<br />

P. B. Quand la politique vient au<br />

secours de l’industriel,cela n’arien de<br />

gênant. Heuliez doit être sauvé. Les<br />

politiques,de droitecomme de gauche,<br />

les partenaires sociaux,les salariés ont<br />

tous cherchéànous aider.Sur le projet<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

45<br />

global,véhicule électrique aveclesAllemands<br />

et carrosserie avecBGI, le ministèredel’Industrie,<br />

avec Christian<br />

Estrosi,et la région Poitou-Charentes,<br />

présidée par Ségolène Royal,financent<br />

d’une manièreoud’une autre 15 millionsd’euros.PourquoileFSI(Fondsstratégiqued'investissement)n’est-ilpasentréaucapital<br />

d’Heuliez ?<br />

F. de G. Nous souhaitons conserver<br />

notre structureindépendanteetfamiliale.<br />

Êtes-vous spécialisé dans la reprise de<br />

sociétés en difficulté ?<br />

P. B.Pasdutout !C’est la premièrefois<br />

que nous reprenons une société en<br />

difficulté. Notregroupe<br />

s’est bâti sur le rachat<br />

NOSSANT/SIPA<br />

d’entreprises (huit au<br />

total), toutes en bonne<br />

santé et que nousavons<br />

continué àdévelopper.<br />

Nous réalisons un chiffre<br />

d’affaires de 115millions<br />

d’euros et un bénéficeà<br />

deux chiffres.Nous amenons<br />

10 millions d’euros<br />

àHeuliez.<br />

Oùenestlecarnetdecommandes<br />

du groupe ?Louis<br />

Petiet assurait qu’il était<br />

plein…<br />

F. de G. Il est loin d’être<br />

plein !Notre action immédiateest<br />

de le remplir<br />

et de chercher de nouvelles<br />

commandes. Le<br />

chiffred’affaires d’Heuliez<br />

est aujourd’hui de 50 millions<br />

d’euros.L’entreprise tourne mais notre<br />

objectif est d’atteindreunchiffred’affaires<br />

de 100 millions. En termes de<br />

rentabilité, Heuliez devrait être à<br />

l’équilibreen2011 et dégager de vrais<br />

bénéfices en 2012. Propos recueillis par<br />

MARIE DE GREEF-MADELIN


Focus Entreprises<br />

ÀSAVOIR<br />

LaurenceParisotreconduite<br />

Seule candidate, la présidente<br />

du Medef aété réélue avec 93,85 %<br />

des voix le 1 er juillet àlatêtedel’organisation<br />

patronale. Cela malgré<br />

sa gestion de l’affairedel’UIMM et,<br />

plusrécemment,ledépartdel’Ania,<br />

la fédération de l’agroalimentaire.<br />

Pour son nouveau mandat de cinq<br />

ans,elle achoisi de mettre l’accent<br />

sur la compétitivité française.<br />

L’ÉtatausecoursdespucesAltis<br />

Yazid Sabeg,commissaireàladiversité<br />

et àl’égalité des chances et président<br />

de CS,une SSII,qui vient de racheter<br />

Altis,aconvaincu Christian Estrosi de<br />

soutenir cetteopération par le biais<br />

du Fonds stratégique d’investissement<br />

(FSI).Laconfirmation de l’aide<br />

de 20 millions d’euros au fabricant de<br />

composants électroniques situé dans<br />

l’Essonne est attendue le 23 juillet.<br />

L’OMCn’inquiètepasAirbus<br />

Louis Gallois, président d’EADS,<br />

maison mèred’Airbus, estime que la<br />

décision de l’Organisation mondiale<br />

du commerce (OMC) «nechange<br />

rien » quant aux futures subventions<br />

de l’Union européenne accordées à<br />

l’A350.Àla suited’une plaintedéposée<br />

àl’OMC par les États-Unis àla<br />

demandedeBoeing, l’Union européenne<br />

aété invitée àretirer des<br />

aidesassimilées àdes subventions<br />

àl’exportation interdites.Airbus<br />

attend, le 16 juillet, le rapport<br />

de l’OMC sur les aides irrégulières<br />

que la Nasa et le département<br />

de la Défense américain auraient<br />

accordées àBoeing.<br />

PasdecrisepourlaBourseenChine<br />

Selon PricewaterhouseCoopers<br />

(PwC),ildevrait yavoir 300 introductions<br />

sur les Bourses de Shanghai<br />

et de Hong Kong en 2010 pour<br />

un montant de capitaux levés<br />

de 59 milliards d’euros. Un chiffre<br />

record qui permettra àlaChine<br />

de passer devant les États-Unis.<br />

En comparaison, il yaeutrois fois<br />

moinsd’introductions en 2009.<br />

Le gouvernement chinois pourrait<br />

parailleursautoriser la cotation<br />

des sociétés étrangères àShanghai.<br />

AirFranceréduitlavoilure<br />

adirection d’Air France a<br />

Lprésenté au comité central<br />

d’entrepriseunnouveauplande<br />

réductiondeseffectifs.Ilprévoit<br />

la suppression de 4109 emplois<br />

entre 2010 et 2013. Comme le<br />

plan lancéendécembre2009,<br />

celui-ci s’effectuerasans licenciement,enassociantlesdéparts<br />

àlaretrairenon remplacés, la<br />

mobilité et un plan de départs<br />

volontaires(PDV).SeulelaCGT<br />

contesteun«plandesauvegarde<br />

de l’emploi, terme positif qui désigne un gnies low-cost. En 2010, Ryanair<br />

plan social ».<br />

devrait transporterplus de passagers<br />

Àlafinmai,lorsdelaprésentationdes qu’Air France, qui en attend 71 mil-<br />

résultats de l’exercice2009-2010, qui lions.<br />

s’était soldé par une perte d’exploita- TandisquelegroupeAirFrance-KLM<br />

tion historique (1,3 milliardd’euros), table sur un retour àl’équilibrepour<br />

le directeur général, Pierre-Henri 2010,la“méthode douce”des suppres-<br />

Gourgeon (<strong>photo</strong>),avait prévenules sionsdepostesdevraitéviterunegrogne<br />

salariés : «Nous nous devons de réagir syndicale telle que l’a connue British<br />

en interne. » La réductiondes effectifs Airways récemment. Par ailleurs, le<br />

contribue au programme de réduction groupe développe ses partenariats :<br />

des coûts Challenge 2012. Pour Air Alitalia aannoncé lundi qu’elle rejoi-<br />

Francecomme pour l’allemand Lufgnait le joint-venturetransatlantique<br />

thansa avec Climb 2011, il s’agit de d’Air France-KLM et de l’américain<br />

résister àlaconcurrencedes compa- Delta Airlines. ANNA CUXAC<br />

ÉNERGIE<br />

MareNostrumelectrica<br />

enriGuaino,conseiller spécial de<br />

HNicolasSarkozy,etJean-LouisBor loo,ministre de l’Écologie,ont présentéle5juillet(<strong>photo</strong>)unprojetderéseau<br />

électriqueentre l’Europeetl’Afriquedu<br />

Nord appelé Transgreen. Ce réseau de<br />

cinqousixinterconnectionssous-marines<br />

d’une capacité de 5gigawatts,dont<br />

l’ouvertureestprévueen2020,coûtera<br />

8milliardsd’euros.Latechnologieutilisée,celleducourantcontinu,coûteseptfoispluscherquecelleducourantalternatif,<br />

mais limiteles pertesderéseau<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

46<br />

MUGUET/IP3 PRESS/MAXPPP<br />

potentiellement importantes pour des<br />

lignes de plus de 1000 kilomètres.<br />

Le projet réunit pour l’instant treize<br />

entreprises, dont huit françaises :<br />

Agencefrançaise de développement,<br />

Alstom,Areva,Atos Origin,Caisse des<br />

dépôts, EDF, Nexans et Réseau de<br />

transportd’électricité (RTE),aux côtés<br />

de l’allemand Siemens, des espagnols<br />

Abengoa et RedEléctrica de España,<br />

de l’italien Prysmian et de l’égyptien<br />

Taqa Arabia. «Ilest ouvertàd’autres,<br />

notamment l’italien Terna et àdes<br />

partenaires du Sud»,explique André<br />

Merlin, président de conseil de surveillancedeRTE,<br />

appelé àprendrela<br />

présidencedeTransgreen.<br />

Ces « partenaires du Sud»,sont encore<br />

peu nombreux. Sans douteparce<br />

qu’il est encoredifficile de déterminer<br />

la rentabilité de Transgreen.Lesinvestisseurs<br />

du golfe Persique ou d’Asie du<br />

Sud-Est seraient néanmoins intéressés.<br />

FACELLY/SIPA


NOUS AVONS LU…<br />

Sociétal<br />

Collectif<br />

La revue éditée par<br />

l’Institut de l’entreprise<br />

revient sur une “crise<br />

grecque”, devenue<br />

“crise de l’euro”<br />

puis crise de l’Union<br />

européenne.<br />

D ans ce no 69 de Sociétal,l’économiste<br />

grec Christos Passadéos<br />

rappelle avec acuité que «crise en grec<br />

signifie“jugement”, c’est-à-direenparticulier<br />

lumièrejetée sur les illusions<br />

et les mensonges ».<br />

Cetéclairage prendson sens dans un<br />

article où la crise grecque est justifiée<br />

par les dysfonctionnements du système<br />

monétaire européen. L’amertume<br />

de l’auteur se ressent lorsqu’il<br />

évoque les traités de Maastrichtetde<br />

Lisbonne, qui «contenaient en euxla<br />

double tare del’imprévoyance et de<br />

l’impuissance ».<br />

Si les constats sont sévères, les solutions<br />

ne manquent pas pour assainir<br />

la situation.Le billet que signe Gérard<br />

Moatti en appelle àungouvernement<br />

économique européen «entre solidarité<br />

et discipline », entre fédération<br />

budgétaire etcontrôle mutuel des<br />

États. Mais ce n’est pas pour demain.<br />

Et le directeur de la rédaction, Jean-<br />

Marc Daniel, affirme que la crise a<br />

porté avec elle une dépréciation de<br />

l’eurofaceaudollar dont on ne saurait<br />

se réjouir.Ils’alarme, dans son éditorial,<br />

d’une baisse du pouvoir d’achat<br />

des résidents de la zone euroenmontrant<br />

que la dévaluation inavouée,<br />

opérée par la Grande-Bretagne, aeu<br />

des conséquences regrettables : «l’économie<br />

britannique est sortie la dernière<br />

de la récession ».<br />

Réflexion complète sur une crise<br />

dont les origines et les solutions ont<br />

parfois été brouillées par le flux médiatique,<br />

elle s’adresse àunpublic familier<br />

de théories économiques souvent<br />

pointues.<br />

Quant au grand dossier sur l’économie<br />

de la biodiversité,nous retiendrons<br />

les théories d’Elinor Ostrom, dernier<br />

prix Nobel d’économie, sur l’intérêt<br />

propreaux entreprises de préserverle<br />

milieu quiles entourepour prospérer<br />

durablement. A. C.<br />

L’Institut de l’entreprise, 144 pages, 16 €.<br />

Latroisièmecompagnie<br />

ne compagnie aérienne française<br />

U<br />

sans concurrent ou presque, ça<br />

existe!En se faisant une spécialité du<br />

transportdevoyageursémigrés,Aigle<br />

Azur arejoint en moins de dix ans la<br />

troisième placeenFrance, àégalité<br />

avec AirAustral,derrièreCorsairfly et<br />

AirFranceettransporté 1,7 million<br />

de personnes en 2009.<br />

«Nous avons volontairementadopté<br />

un positionnement de niche. Nous ne<br />

pouvons aller que là où les autresne<br />

vont pas »,explique Meziane Idjerouidene<br />

(<strong>photo</strong>),vice-président du<br />

conseil de surveillancedelacompa-<br />

LemirageParis-Bagdad<br />

L<br />

eprojet d’ouvertured’une ligne<br />

Paris-Bagdad dès septembre ne<br />

correspond pas au schéma de développement<br />

d’origine de transport<br />

d’immigrés. Pourtant, près de vingt<br />

ans après la premièreguerre du Golfe<br />

et l’interruption de lignes régulières<br />

françaises vers l’Irak, la demande<br />

existe. La reconstruction du pays<br />

nécessite l’envoi sur place d’entrepreneurs<br />

et de matériels. La compa-<br />

Leslibertésdel’indépendance<br />

ne compagnie familiale et privée.<br />

UÀl’heuredelamondialisation,ce modèle n’est pas dépassé. «Cela n’est<br />

pasunhandicapmaisune force. Nous<br />

sommes libres d’ouvrir ou de fermer<br />

telle ou telle ligne, selon les contraintes<br />

du moment, et nous sommes entièrement<br />

responsables de ce que nous<br />

faisons »,explique la direction d’Aigle<br />

Azur.Lebilan de la compagnie plaide<br />

pour elle. Moribonde au début des<br />

années 2000 quand elle ne comptait<br />

plus que deux vieux Boeing 737-200,<br />

elle s’est redressée, asuprofiter du<br />

vide laissé par la faillited’Air Lib.Avec<br />

une flotte detreize Airbus, elle est<br />

prêteàtous les défis. M.-T.F.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

47<br />

gnie acquise en 2001 par le groupe Go<br />

Fast, fondé par Arezki Idjerouidene,<br />

son père.<br />

Àpartir de la France elle dessert<br />

l’Algérie, pays d’origine de la famille<br />

fondatrice, etaussi le Maroc, la<br />

Tunisie,le Mali,le Portugal et le Cap-<br />

Vert. Elle est moins touchée par la<br />

crise économique que les compagnies<br />

traditionnelles.<br />

«Dans la mentalité de la plupartdes<br />

immigrés, on peut toujours se priver de<br />

vacances, mais on renonce rarement à<br />

aller voir la famille au pays »,constate<br />

Meziane Idjerouidene.<br />

gnie allemande Lufthansa réfléchirait<br />

elle aussi àunvol régulier vers la capitale<br />

irakienne qui n’est joignable que<br />

par Istanbul, Amman, Beyrouth et<br />

Abou Dhabi.<br />

AigleAzur estime qu’il faudraenvirondix-huit<br />

mois pour rentabiliser<br />

la ligne,guèreplus que pour un Paris-<br />

Dakar,unParis-Abidjan ou encore<br />

un Paris-Kayes, au nord duMali,<br />

actuellement àl’étude.<br />

PHOTOS :AIGLE AZUR


Votre Argent Patrimoine<br />

LA VIE IMMOBILIÈRE<br />

LaDéfenseàl’heurerusse<br />

Lors du Forum économique international<br />

de Saint-Pétersbourgdela<br />

mi-juin, le groupe russe Hermitage<br />

et l’Établissement public d’aménagement<br />

de la Défense (Epad)ont<br />

signé un accord qui fixe le calen-<br />

ls’agit du plus gros investissement<br />

IrusseenFrance:2milliardsd’euros pour la construction de deux tours<br />

jumelleshautesde323mètres,situées<br />

danslenouveauquartier<br />

d’affaires de la Défense,<br />

en bord deSeine et en<br />

marge de l’esplanade de<br />

Courbevoie. «Les investisseurs<br />

russes ont décidé<br />

de construiredeux grandes<br />

tours pour relancer le<br />

marché immobilier àla<br />

Défense»,adéclaréNicolas<br />

Sarkozy lors dela<br />

signature duprotocole<br />

d’accord àSaint-Pétersbourg.Ceprojet,baptisé<br />

HermitagePlaza,s’inscrit<br />

dans le cadre durenouveau de la<br />

DéfenselancéparNicolasSarkozyluimême<br />

en 2006.<br />

Malgré le scepticisme des professionnels<br />

de l’immobilier parisien, le<br />

montage financier du projet serait<br />

bouclé.Le groupeHermitage,présent<br />

en Francedepuis 2004 et que certains<br />

disaient en faillitel’an dernier,adéjà<br />

déboursé150millionspourl’achatdes<br />

terrains et les charges financières.<br />

Il apporterait en tout entre 250<br />

et 300 millions de fonds propres,<br />

auxquels s’ajouteraient 700 millions<br />

d’empruntsauprèsdebanquesétrangères.Le<br />

milliardrestant serait financé<br />

par la commercialisation du bâtiment<br />

pendant la construction.<br />

Les deux tours, dessinées par<br />

NormanFoster,abriteront35000mè-<br />

LE CHIFFRE<br />

9500<br />

C’est en<br />

euros le<br />

montant<br />

moyendes dépenses de logement,<br />

selon les données de l’Insee,en hausse<br />

de 3%sur un an.Lesménages<br />

drier du chantier des tours jumelles<br />

de la Défense. Celles-ci réunissent<br />

bureaux,logements et hôtelssur<br />

le modèledes tours américaines.<br />

Le chantier durera cinq ans<br />

et coûtera 2milliards d’euros.<br />

tres carrés de bureaux, un centre<br />

commercial ainsi que 540appartements<br />

luxueux. Les logements de<br />

150 à200 mètres carrés seront<br />

commercialisés autour<br />

SICHOV/SIPA<br />

de 12 000 euros le mètre<br />

carré,soitl’équivalentdes<br />

prix les plus élevés de<br />

Neuilly-sur-Seine. Un<br />

palace cinq étoiles de<br />

210chambres est égalementprévu,ainsiquesix<br />

restaurants, des salles<br />

de sport, de concert, et<br />

même une galerie d’art<br />

contemporain.<br />

Les présidents Sarkozy Ledébutdestravauxest<br />

et Medvedev en soutien. prévu àl’été 2011 pour<br />

unelivraisondébut2016.<br />

Lespremièresdemandesdepermisde<br />

démolir ont été déposées et les deux<br />

premiers permis de construire le<br />

serontàlafin juillet. Déjà, un protocole<br />

d’accord aété signé avec BouyguesConstructionpourl’assistanatet<br />

la faisabilité technique du projet.<br />

Recouvertesdepanneaux <strong>photo</strong>voltaïques,àfaçadedeverreetd’acier,lestourssatisferontauxnouvellesexigences<br />

enmatière deconsommation<br />

énergétique et de normes environnementales.<br />

«Lechantierferatravailler<br />

5000 personnes », aaffirmé Emin<br />

Iskenderov,lejeune président-directeur<br />

général (34ans) d’Hermitage,<br />

filiale du groupe russe Mirax, qui a<br />

commevice-présidentl’ancienministredelaConstruction<br />

russe.<br />

MARIE DE GREEF-MADELIN<br />

propriétaires dépensent en moyenne<br />

11000 euros par an en charges contre<br />

6000 pour les locataires du parc<br />

social.Après une forte hausse en 2008,<br />

les dépenses énergétiques se sont<br />

stabilisées.L’énergie représenteprès<br />

de 20 %des dépenses de logement.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

48<br />

REPÈRES<br />

Créerundéficitfoncier<br />

A<br />

condition d’entreprendre des<br />

travaux de rénovation dans un<br />

logement locatif, le propriétaire<br />

bailleur peut imputer –sans aucune<br />

limitedemontant –les déficits occasionnés<br />

par cesdépenses sur leurs revenusfonciers.<br />

Ce mécanisme permet<br />

aux propriétaires d’éviter ainsi d’être<br />

redevables de l’impôt sur les revenus<br />

du loyer. Si le particulier réalise sa<br />

premièreopération d’investissement<br />

locatif et par conséquent ne touche pas<br />

encoredes revenuslocatifs, il est autorisé<br />

àimputer les déficits sur ses<br />

revenus globaux àconcurrence de<br />

10 700 euros par an.<br />

Seules les dépenses relatives àdes<br />

travaux d’entretien, de réparation et<br />

d’amélioration sont déductibles.Entre<br />

l’achat du bien àrénover, la constitution<br />

d’uneassociation syndicalelibre<br />

qui prendral’initiative d’engager les<br />

travaux de rénovation et la livraison,il<br />

faut bien compter deux àtrois ans.<br />

L’investisseur défiscalise au rythme des<br />

appels de fonds lancés par le pilotede<br />

l’opération, un spécialistedelarénovation.<br />

En contrepartie de cetallégement<br />

fiscal, le bailleur doit donner ce<br />

bien en location àtitre de résidence<br />

principale pendant une durée de trois<br />

ans. «Dispositif de droit commun, le<br />

régime du déficit foncier présente également<br />

l’avantage de ne pas figurer parmi<br />

les niches fiscales,commenteJean-François<br />

Chaury, directeur du développementchez<br />

Avenir FinanceGestion. À<br />

ce titre, il constitue un placement hors<br />

plafonnement, sur la partiedes revenus<br />

fonciers existantsdes contribuables. »<br />

Parmiles quelques acteurs présents<br />

sur cetteniche,citonsPierre &Vacances<br />

pour certaines résidences de<br />

tourisme, Intergestion et Avenir<br />

Finance Immobilier dans la pierre<br />

résidentielle, qui commercialise actuellement<br />

un programme situé<br />

justeau-dessus de la gareSaint-Paul<br />

àLyon, sur la base de 47 000 euros de<br />

“foncier” et de 99 300 euros de travaux,<br />

pour un appartement de 25<br />

mètrescarrés. D’où un prix de sortie<br />

global de 146 300 euros pour ce logement<br />

et de 5852 euros le mètre carré.<br />

Grosso modo, ceprix, hors avantage<br />

fiscal,correspondàlavaleurdemarché<br />

de ce secteur. RENÉE DEHEL


POURBIEN DÉFISCALISER<br />

Laréponsede… Delphine Abergel<br />

ISF:l’immobiliersoussurveillance! PATRICK<br />

G<br />

areaux valeurs immobilières déclarées àl’ISF.Lefisc<br />

semble s’yintéresser comme un terreau fertile susceptible<br />

de lui procurer quelques ressourcessupplémentaires.On<br />

constateeneffet une recrudescence des contrôles<br />

fiscaux en la matière. Ces derniers sont souvent transférés<br />

en région pour être effectués par des centresdes impôts<br />

situés àproximitédes biens dont les évaluations sont vérifiées.<br />

Et au vu de quelques notifications de<br />

redressement, nuldouteque les agents des<br />

impôts n’hésitentpas àserendresur place!<br />

Lorsque l’administration entend rectifier<br />

l’évaluation d’un bien, elle est tenued’apporterlapreuvedelasous-évaluation<br />

par rapport<br />

àlavaleur vénale réelle du bien au 1er janvier<br />

de l’année d’imposition.Elle doit donc déterminer<br />

le prix de ventequi pourrait être obtenu<br />

sur le marchépar le jeu normal de l’offreet<br />

de la demande,abstraction faitedetoutevaleur<br />

de convenance. Ce prix doit être fixé de la<br />

manièrelaplus objective possible,comptetenu<br />

des caractéristiques physiques, juridiques et<br />

économiques propres àchaque bien immobilier<br />

(situation géographique, état d’entretien et de vétusté,<br />

etc.). Il n’est donc pas inintéressant de savoir quelles<br />

sont les méthodes d’évaluation immobilièrequi peuvent<br />

être valablement utilisées par le fisc pour effectuer son<br />

contrôle et,le cas échéant,redresser les insuffisances d’évaluation<br />

!<br />

Il ressortdelajurisprudenceetdeladoctrine administrative<br />

que la valeur vénale des immeubles (bâtis ou non<br />

PENSEZ-Y PLACEMENTPASSION<br />

Honoraires<br />

dessyndics:<br />

nouvellesrègles<br />

A<br />

fin d’améliorer la transparencedes<br />

contrats de syndics, la loi encadre<br />

désormais leurs pratiques tarifaires.<br />

Selon un arrêté du 19 mars 2010, une<br />

listeminimale de prestations de gestion<br />

courante, figurant dans le forfait payé<br />

chaque année par les copropriétaires,<br />

doit être établie.Dressée par le Conseil<br />

national de la consommation, elle<br />

compte44tâches ne pouvant pas être<br />

facturées en supplément.<br />

Touteprestation particulière, hors<br />

forfait, doit être indiquée de manière<br />

expliciteetfacturée séparément. Cet<br />

arrêté est entré en vigueur ce 1er juillet.<br />

Lefisc<br />

nepeutpas<br />

fonderson<br />

redressement<br />

surdesventes<br />

intervenues<br />

aprèsle1 er janvier<br />

del’année<br />

contrôlée.<br />

aste domaine, les antiquités de<br />

marine englobent les cartesgéographiques<br />

imprimées ou manuscrites,les<br />

atlas,les maquettes de bateaux,<br />

les tableaux et instruments scientifiques<br />

et les curiosités liées au monde<br />

de la mer:figures de proue, coffres de<br />

corsaire. Dans ce secteur,laqualité,<br />

l’état, la rareté et la provenance des<br />

biens contribuent àdéterminer la cote<br />

des objets. «Sur le marché del’art,<br />

souventvolatil,les antiquités de marine<br />

affichent des prix relativementstables »,<br />

constateBruno Petitcollot, expertde<br />

la venteaux enchères orchestrée par<br />

Piasa les 16 et 17 juillet àlacitadelle de<br />

Belle-Île. Exceptionnelle, cettevacation<br />

portera sur 200 objets anciens<br />

bâtis) doit obligatoirement être déterminée par comparaison.<br />

Pour être valable, la comparaison doit être effectuée<br />

avec des cessions en nombresuffisant (au moins deux,<br />

si ce n’est trois) de biens intrinsèquement similaires (en<br />

fait et en droit) et situés dans des localités proches.Autant<br />

d’éléments qui peuvent donner lieu àdiscussion (voire<br />

négociation), s’agissant de biens situés hors agglomération…<br />

Néanmoins, une chose est sûre:le fisc<br />

ne peut pas fonder son redressement sur des<br />

ventes intervenues postérieurement au fait<br />

générateur de l’impôt,c’est-à-direau1 er janvier<br />

de l’année contrôlée.<br />

Mais les éléments de comparaison peuvent<br />

être insuffisants,voireinexistants,en raison de<br />

la faiblesse ou de l’absencedetransactions sur<br />

des biens similaires en fait et en droit dans un<br />

périmètre proche.Dans une telle situation,les<br />

servicesfiscaux peuvent, àtitre exceptionnel<br />

et de manièrecomplémentaire,recourir àune<br />

autre méthode d’évaluation àcondition qu’elle<br />

permettedefixer la valeur vénale réelle du<br />

bien en cause (et non une valeur théorique).<br />

La méthode d’évaluation par le revenu est alors souvent<br />

employée pour les immeubles locatifs (la difficulté étant<br />

de déterminer le taux d’actualisation des loyers).Le fisc a<br />

aussi la possibilité de procéder àune évaluation par réajustement<br />

du prix ou de la valeur pratiquée lors d’une mutation<br />

antérieure.<br />

Delphine Abergel est ingénieur patrimonial<br />

àLaCompagnie financièreEdmond de Rothschild.<br />

provenant des réservesdumuséedela<br />

V citadelle. Allant du XVIe au XIXe Raresantiquitésdemarine<br />

,les<br />

cartesgéographiques sur la Bretagne<br />

démarrent à300 euros. Tout comme<br />

des bateaux en bouteille qui témoignent<br />

de l’artisanat populaire. Les<br />

amoureuxdelamer et les collectionneurs<br />

vont apprécier les atlas exécutés<br />

parWaghenaer,Blaeu,Goos,Le Neptune<br />

François àpartir de 15 000 euros.<br />

Entre 3000 et 8000 euros, il serasans<br />

doutepossible d’acquérir des petites<br />

maquettes en ivoire(10 centimètres),<br />

réalisées àDieppe vers 1800. Mais<br />

il faudra compter entre 10 000 et<br />

60000 euros pour s’offrir une maquette<br />

en bois d’Augustin Pic, élèveingénieur<br />

sous Louis XV. RENÉE DEHEL<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

49<br />

IAFRATE


Votre Argent Bourse<br />

LA VA LEUR AU CRIBLE<br />

FranceTélécom<br />

àlatraîneduCac40<br />

uplus bas depuis 2003, l’action de<br />

Al’opérateur télécoms affiche un<br />

recul de 19 %depuis le début de l’année<br />

et de 40 %sur cinq ans.Le nouveau<br />

directeurgénéral de FranceTélécom,<br />

Stéphane Richard, désigné le 1er Pour réaliser ce programme,la direction<br />

amis en placeunnouveau projet<br />

d’entreprise, àdominante sociale et<br />

économique. Présenté le 29 juin aux<br />

syndicatsetle1<br />

mars,<br />

afortàfairepour rassurer les investisseurs.<br />

La semaine dernière, Goldman<br />

Sachs anon seulement abaissé son<br />

objectif de cours sur le titre de 22,70 à<br />

19 euros, mais l’a également retiré de<br />

sa liste des valeurs paneuropéennes<br />

recommandées. Le cabinet d’études<br />

estime que la pression concurrentielle<br />

surlemarchéduhaut débit en France<br />

s’intensifie.«FranceTélécom devraêtre<br />

agressif pour atteindresacible de 30 %<br />

de parts de marché»,écrit le broker.Ce<br />

qui se traduirait par une pression<br />

supplémentairesur ses marges.<br />

Au premier trimestre, legroupe a<br />

réalisé un Ebitda de 3,8 milliards d’euros,en<br />

baisse de 5,5 %,pour un chiffre<br />

d’affaires d’un peu moins de 11 milliards<br />

d’euros, en repli de 2,7 %. Sur<br />

l’ensembledel’année,ladirectionespère<br />

réaliser un chiffred’affaires « globalement<br />

stable » et vise un cash-flowde<br />

8milliards d’euros.Lesdépenses d’investissements<br />

mesurées par le Capex<br />

devraient atteindre 12%duchiffre<br />

d’affaires àlafin de l’année (contre 8%<br />

sur les trois premiers<br />

mois de<br />

l’exercice).<br />

er juilletauxcadres,celuici<br />

apour ambition «dedonner du sens<br />

au travail » et d’apporter une «qualité<br />

deserviceauxclients».Baptisé“Conquête<br />

2015”,leplanprévoitderecruter10000<br />

salariés en trois ans et des investissementsde900millionsdansledomaine<br />

social. Auprès des cadres, Stéphane<br />

Richardainsisté sur la fidélisation des<br />

clients (leur satisfaction devient le<br />

premiercritèred’évaluationdesmanagers)<br />

plutôt que sur le recrutement de<br />

nouveaux abonnés. Rappelons que le<br />

coût d’acquisition d’un client est estiméà475euros.Le<br />

groupeaparailleurs<br />

l’ambitiond’avoiren2015300millions<br />

de clients dans le monde contre moins<br />

16,58<br />

juillet 09<br />

NotreConseil<br />

Conserver.<br />

Cours en euros<br />

16,64<br />

novembre<br />

de 200millions aujourd’hui.<br />

D’un point de vue stratégique, le<br />

nouveau directeur général plaide pour<br />

un recentrage du groupe sur son cœur<br />

de métier, dans les télécoms etles<br />

réseaux, plutôt que le développement<br />

des contenus. Pour dynamiser la politique<br />

commerciale, l’opérateur mise<br />

notamment sur son offrequadruple<br />

play(téléphone fixeetmobile, télévision,Internet).Fortdesatoutsdugroupe<br />

(puissance delamarque, base de<br />

clients, réseau technique), Stéphane<br />

Richardentenddonnerunsecondsouffleàl’entreprise.Sans<br />

pour autant évoquer<br />

une réelle<br />

rupture avec le<br />

passé. MARIE<br />

DE GREEF-<br />

MADELIN<br />

FRANCE<br />

TÉLÉCOM<br />

Évolution de l’action<br />

depuisunan:–19%<br />

Évolution sur trois ans : –30%<br />

Fonds stratégique d’investissement 13,50 %,<br />

État français 13,23 %,Salariés 4,41 %<br />

Directeur général :Stéphane Richard<br />

14,06<br />

juillet 10<br />

ON EN PARLE<br />

Moody’s<br />

L’agencedenotation Standard&<br />

Poor’sréfléchit àplacer sa concurrenteMoody’ssous<br />

surveillanceavec<br />

implication négative.S&Pjustifie<br />

sa décision par le projetderégulation<br />

de la sphèrefinancièreaux États-<br />

Unis, qui risque de peser sur toutes<br />

lesagences financières. La nouvelle<br />

réglementation permettra aux investisseurs<br />

d’attaquer en justiceles<br />

établissements quicommuniqueront<br />

des notations financières erronées.<br />

Carrefour<br />

Malgré plusieurs grèves, la direction<br />

aréussi àfinaliser son plan<br />

de restructuration en Belgique. Seize<br />

magasins déficitaires serontfermés<br />

àlafin juillet et un plan de réduction<br />

descoûtsdel’ordrede25millions<br />

d’euros par an aété adopté.<br />

Carrefour Belgique compteinvestir<br />

300 millions d’euros dans les trois<br />

prochainesannées.<br />

LE TOP HEBDO<br />

><br />

Vilmorin<br />

L’action du semencier français<br />

agagné 5%enune semaine après la<br />

révision àlahausse des perspectives<br />

de résultats sur l’année. La direction<br />

ainsisté sur l’accélération de la croissance<br />

de l’activité potagère, notamment<br />

surlemarchéaméricain.<br />

Lesanalystes de Portzamparc<br />

ont renouvelé leur recommandation<br />

“à conserver”sur le titre,avec<br />

un objectif à67,20 euros, et Gilbert<br />

Dupont est passé àl’achat<br />

avec un objectifdecours à80euros,<br />

soit un potentiel supérieur à15%.<br />

LE FLOP HEBDO<br />

Lafarge<br />

Après le détachement du coupon<br />

de 2euros, l’action aperdu plus<br />

de 10 %encinq séances. Le numéro<br />

un mondial des matériaux de construction<br />

étudie la cession d’une<br />

participation minoritaire(environ<br />

11 %) dans le capital de sa filiale<br />

malaisienne Lafarge Malayan<br />

Cement Berhad. Àlafin juin,<br />

l’agenceFitch avait attribué<br />

la noteBBB– àladettedeLafarge,<br />

avec une perspective négative.<br />

>


DNCA<br />

AV IS D’EXPERT<br />

IgordeMaackDNCAFinance<br />

L’Europeaubancdesaccusés harlemagne, proclamé empereur renforceront l’Europe et pérenniseront de l’ordrede5%sur la dettesouve-<br />

Cd’Occident en l’an 800 àRome, ses marchés financiers.<br />

raine russe ou mexicaine,soit autant<br />

doit se retourner dans sa tombe en Cet environnement incertain conduit queladette souveraine espagnole ou<br />

assistant aux vicissitudes de l’euroet les investisseurs àdouter de la vigueur portugaise?Pour un taux équivalent,<br />

auxdébatspassionnelsquianimentle de la reprise européenne, tandis que il serait plus sage de regarderl’Aus-<br />

couplefranco-allemand.Carc’estlui, des signes de surchauffe resurgissent tralie ou le Canada, un peu moins<br />

Charlemagne, alors roides Francs et dans les économies émergentes. Les rémunérateurs, qui bénéficient de<br />

futurpèredel’Europe,quiorganisale entreprises européennes,<br />

finances publiques saines<br />

premier véritable système monétaire<br />

européen en 781. Il remplaça celui<br />

datant de l’èreromaine par la frappe<br />

d’unemonnaied’argentauseindeson<br />

empire, qui recouvrait la France et<br />

l’Allemagne d’aujourd’hui.<br />

Touteunion monétairerepose donc<br />

avant tout sur l’hégémonie d’un<br />

pouvoir politique et institutionnel<br />

organisé.C’est cettequestion qui aété<br />

posée brutalement aux dirigeants<br />

européens lors de la baisse violente<br />

de l’euro etdes marchés en mai.<br />

moteurs de la globalisation<br />

des économies depuis dix<br />

ans, continuent toutefois<br />

de publier de très bons<br />

chiffres.Elles serontdesurcroîtaidées<br />

par la faiblesse<br />

de l’euro, dont une baisse<br />

de 10 %apporterait 0,5 %<br />

de croissanceduPIB supplémentaire<br />

àlazone. Il<br />

n’est cependant pas facile<br />

d’investir aujourd’hui sur<br />

des marchés actions par<br />

Lapublication<br />

desrésultats<br />

semestriels<br />

pourrait<br />

marquer<br />

leretour<br />

engrâce<br />

desactions<br />

européennes.<br />

et de modèles économiques<br />

robustes exposés àla<br />

croissancedes émergents<br />

grâceàleur statut de réservoirs<br />

de matières premières.<br />

Lesinvestisseursdoivent<br />

cependantgarderàl’esprit<br />

qu’il est rare de gagner sur<br />

lesdeuxtableaux,lesdevisesetlesactifssous-jacents.<br />

La baisse de l’euroest déjà<br />

bien enclenchée et pour<br />

L’écroulement de la Grèceaurafini naturevolatilsetdans des<br />

l’instantlesinvestisseursne<br />

de les convaincre des’atteler àla actifs libellés en euro dans une Europe donnent que peu de crédit aux déci-<br />

réforme structurelle de l’Union,bri- encore fragile.Privéderendement sur sions des dirigeants européens et aux<br />

sant les tabous de la non-solidarité et les placements monétaires, les inves- bons résultats des entreprises euro-<br />

du non-interventionnisme de la BCE. tisseurs se ruent alors sur les obligapéennes.Laprochainepublicationdes Ce chemin seraparsemé d’embûches, tions internationales, évitant ainsi les résultats semestriels cetété pourrait<br />

mais la rigueur budgétaire,la révision chausse-trappes de la dettesouveraine donc bien surprendremême les plus<br />

des traités pour prévoir des clauses européenne notée AAA tout en profi- eurosceptiques et les convaincrede<br />

d’exclusion de l’eurooulameilleure tant de l’effet devises. Est-il toutefois revenir sur les actions européennes.<br />

coordination des politiques fiscales raisonnable d’accepter des rendements Igor de Maack est gérant chez DNCA Finance.<br />

LANGAGE<br />

Newcits<br />

ls’agit de fondsàrendement<br />

Iabsolu, aux stratégies souvent<br />

complexes,commercialisés dans<br />

une enveloppe répondant àla<br />

directive de l’Union européenne<br />

sur les produits financiers UCITS<br />

III.Ces produits de gestion alternative,<br />

très proches des hedge<br />

funds, ont attiré 20 %delacollectedes<br />

fonds àrendement absolu<br />

depuis le début de l’année,<br />

selon une étude d’Eurekahedge.<br />

Leurs encours ont quant àeux<br />

progressé de 15 %depuis janvier<br />

2010 pour atteindre100 milliards<br />

de dollars.<br />

LE PRODUIT DE LA SEMAINE<br />

Saint-HonoréEuroLeaders<br />

S<br />

elon les gestionnaires d’Edmond<br />

de Rothschild, la récentebaisse des<br />

actions européennes offredes occasions<br />

d’investissement.Le fonds Saint-Honoré<br />

Euro Leaders (ex-Tricolore), dont la performanceaatteint<br />

27 %en2009, sélectionneparmilesgrandesetmoyennescapitalisationslessociétésquioccupentune<br />

position dominantedans leur secteur et<br />

qui bénéficient d’une croissancerégulièredeleurcash-flow.Diversifiéàlafoisd’un<br />

point de vue géographique et sectoriel, le<br />

fonds privilégie les valeurs de croissance<br />

dans la santé, l’alimentation et l’énergie<br />

mais aussi les valeurs cycliques liées àla<br />

consommation et àl’investissement.<br />

NOTREPORTEFEUILLE<br />

otre sélection de titresrecule de 5,3 %, en ligne avec nos indices de références.<br />

NParmiles fortesbaisses, notonscelle de la Société générale, qui abandonne près<br />

de 8%.Les valeurs bancaires restent sous pression. Autrerecul important, celui de<br />

Technip,qui aperdu 7,6 %enune semaine en raison de la baisse du prix du baril de<br />

pétrole. Le groupe avait pourtant annoncé la signaturedeplusieurs gros contrats.<br />

Retrouveznotre portefeuille sur www.valeursactuelles.com<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

51<br />

FINANCE


Votre Argent Dérivés<br />

BONUS<br />

DuresanctionpourVinci<br />

ùs’arrêteralachute du<br />

O titre du leader mondial<br />

des concessions et du BTP?<br />

Sa capitalisation boursièrea<br />

fondu de près de 22 %en<br />

trois mois. Lesplans d’austérité<br />

annoncés dans la plupartdes<br />

pays de la zone euro<br />

font craindre des annulations<br />

de grands projets et<br />

unerechute del’activitédans<br />

les travaux publics, la route<br />

et l’énergie.<br />

Il convient néanmoins de<br />

rappeler que le groupe afait<br />

partàlafin du premier trimestre<br />

d’un carnet de commandes<br />

record de 25,9 milliards<br />

d’euros, qui ne prend<br />

pasencomptelegigantesque<br />

contratdeplusde7milliards<br />

d’euros correspondant àla<br />

lignegrandevitessequirelieraToursàBordeauxen2016.<br />

La sanction sur le titre paraît<br />

excessive,sachant que sa capitalisation<br />

boursièreest<br />

équivalenteàlavaleurdeson<br />

portefeuille de concessions.<br />

Ce qui signifie que le marché<br />

32,72 €<br />

VINCI<br />

42<br />

36<br />

33,41 €<br />

juil. 09 janv.10 juil. 20<br />

L’analyse graphique<br />

Le Cac 40 àlaloupe<br />

sur deux ans<br />

juillet 08 juillet 09<br />

juillet 10<br />

sur six mois<br />

févr.10<br />

mars<br />

avril<br />

mai juin juil.<br />

En points<br />

4500<br />

3355,19<br />

3000<br />

4100<br />

4000<br />

3900<br />

3800<br />

3700<br />

3600<br />

3500<br />

3355,19<br />

3300<br />

ne valorise plus les métiers<br />

cycliques du BTP, de la route<br />

et de l’énergie.<br />

Le contexte de forte volatilité<br />

des indices inciteàprendreunbonuscappéémispar<br />

BNP Paribas avecune échéancefixéeau20janvier2012<br />

et deux bornes situées pour<br />

la plus basse à25,50euros et<br />

à44,50 euros pour la plus<br />

haute.Le certificatseraremboursélorsdesamaturitédu<br />

1 er janvier 2012 àson niveau<br />

bonus de 44,50euros àcondition<br />

que l’action Vinci ne<br />

rechute pas d’ici là sous la<br />

limitebasse de 25,50 euros.<br />

Sachant qu’il peut s’acheter<br />

autourde34euros,ilferait<br />

ressortiruneperformancede<br />

30 %enunanetdemi.Pour<br />

un risque comparable àun<br />

investissement en direct sur<br />

letitre,sachantquesilalimi-<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

52<br />

te basse de 25,50 euros est<br />

atteinte,lecertificatseraremboursé<br />

au cours de l’action<br />

au 20 janvier 2012.Le bonus<br />

cappé ne permet pas, en<br />

revanche,d’être exposé àun<br />

rebond du titre Vinci audessus<br />

de sa borne hautede<br />

44,50 euros.Ainsi,si l’action<br />

vaut 50 euros le 20 janvier<br />

2012,l’investisseurdubonus<br />

nepercevraque 44,50euros.<br />

Notreconseil<br />

Acheter un bonus cappé<br />

Vinci émis par BNP<br />

Paribas (code:<br />

NL0009469618<br />

ou J481B);échéance:<br />

20 janvier 2012 ;<br />

bornes :25,50 et<br />

44,50euros ;parité :<br />

1/1 ;prix:34,24 euros ;<br />

quotité :1.<br />

ans une forte volatilité,le Cac 40 est retombé<br />

Dsur sa ligne de soutien à3350 points,sur lequel<br />

il avait rebondi par quatre fois.Depuis le début mai,<br />

l’indiceévolue dans un large rectangle de consolidation<br />

dont le plafond se situe à3780points,avec<br />

une résistanceintermédiaireà3550points.Tant<br />

que l’indiceévolue entre cesbornes,la prudence<br />

restedemise tant la volatilité est importante.<br />

L’orientation des indicateurs techniques,en particulier<br />

du RSI,plaide pour une poursuitedumouvement<br />

de consolidation dans cettezone.Quant aux<br />

bandes de Bollinger,qui tracent l’écart-typeautour<br />

de la moyenne mobile àvingt séances,elles indiquent<br />

que la ligne des 3350 points devrait,pour<br />

la cinquièmefois,jouer son rôle de support<br />

et entraîner un rebond,au moins àcourtterme.<br />

Lesinvestisseurs restent focalisés sur le problème<br />

des dettes souveraines en Europe.Après la dégradation<br />

de la notedel’Espagne par l’agencefinancière<br />

Fitch,c’était au tour de Moody’sd’envisager d’abaisser<br />

sa recommandation,en raison de la faiblesse<br />

des perspectivesdecroissanceéconomique.<br />

Dans une autre étude,Fitch pointedudoigt<br />

la hausse du coût de protection de la dette<br />

de la France.Mesuré par les CDS (credit default<br />

swap),les contrats d’assurancepour se protéger<br />

d’un risque de faillitedupayssesont rapprochés<br />

de leur plus haut niveau atteint début juin.À,975 %,<br />

le niveau des CDS reflèteque le remboursement<br />

de 10 millions de dollars de dettefrançaise sur cinq<br />

ans coûte97500 dollars par an! M. DE G.-M.


TRACKER<br />

MisezsurleBrésil<br />

etous les pays émer-<br />

Dgents,le Brésil fait partie<br />

de ceux qui inspirentleplus<br />

confiance. D’abordparce<br />

que le pays atrès vite tourné<br />

la page de la crise avec une<br />

croissancedesonPIBfrôlant<br />

10 %aupremier trimestre<br />

après un recul de 0,2 %sur<br />

l’ensemble de l’année 2009.<br />

Ensuite,parcequecontrairement<br />

àlaChine, le Brésil<br />

peuts’appuyersur une demande<br />

locale dynamique et<br />

disposeenplusderessources<br />

naturellesconsidérables,notamment<br />

du pétrole et du<br />

mineraidefergrâceauxquels<br />

ildégaged’importantsexcédentscommerciaux.<br />

Le commerce de détail a<br />

ainsiprogresséde13%surle<br />

premier trimestre dans un<br />

contexte très propice au<br />

marché dutravail. Cette<br />

année,lesexpertstablentsur<br />

la création de 2,5 millions<br />

d’emplois. Cettecroissance<br />

n’est pas sans risque puisqu’ellepeutfairerenaîtrel’in-<br />

18,48 €<br />

LYXORETF BRAZIL<br />

juil. 09 janv.10 juil.<br />

28<br />

26,33 €<br />

22<br />

16<br />

flation qui afait tant de mal<br />

au pays par le passé. Raison<br />

pourlaquellelabanquecentraleaprissoindereleverson<br />

taux directeurde0,75point<br />

en avril pour le porter à<br />

9,50 %. Mais au regarddes<br />

menacesquiguettentlaplupartdespaysoccidentaux,le<br />

Brésil apparaît comme un<br />

havredepaix.<br />

Enachetantuntracker,l’investisseur<br />

alapossibilité de<br />

s’intéresser àl’économie du<br />

paysetàsesentreprises,dont<br />

certaines,commelepétrolier<br />

Petrobras ou le minier Vale,<br />

sontmondialementconnues.<br />

LeproduitproposéparLyxor<br />

réplique ainsi fidèlement<br />

l’évolution de l’indiceIbovespa<br />

de la Bourse de São<br />

Paulo.Cet indiceaune forte<br />

pondérationenmatièrespremières,<br />

en gazetenpétrole<br />

www.editionsdurocher.fr<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

53<br />

(plus de 40 %), mais offre<br />

aussi une exposition aux<br />

services financiers et aux<br />

banqueslocales,ainsiqu’aux<br />

biens et servicesindustriels<br />

et aux télécommunications.<br />

Depuisle1 er janvier,lavaleur<br />

du tracker progresse de 6%<br />

etlebilanestencoreplusflatteur<br />

sur un an (+55 %) ou<br />

sur trois ans (+36 %).<br />

Notreconseil<br />

Acheter le tracker Lyxor<br />

ETF Brazil (codes :RIO<br />

et FR0010408799) vers<br />

27,40euros. Ce produit<br />

présente le grand avantage<br />

d’être éligible<br />

au PEA.Il ne supporte<br />

aucun droit d’entrée<br />

ni de sortie,seulement<br />

des frais annuels limités<br />

à0,65 %del’encours.<br />

Bigeard<br />

Les valeurs éternelles<br />

« Ma vie pour la France paraîtraquand je ne serai plus<br />

de ce monde. Mon ultime souhait est que mon parcours<br />

rappelle aux jeunes générations le sens des valeurs que<br />

j’ai toujours défendues, celles qui font la grandeur d’un<br />

homme et d’un pays.»<br />

En librairie<br />

24 €


Culture<br />

Astrophysique. Àtravers son ouvrage, Jean Audouze transp<br />

Dernières<br />

nouvellesdu<br />

ciel<br />

laisse àla<br />

suivante son lot livredesynthèse,parfois très technique<br />

mais toujours passionnant.<br />

de nouveaux Lesfigures les plus étranges ont tapis-<br />

problèmes irrésolus. sé le ciel depuis la nuit des temps. Les<br />

tracés des constellations et leurs noms<br />

Sous le titre le Ciel àdécouvert, ont varié d’une civilisation àl’autre.<br />

Jean Audouzeprésentel’état LesChinois n’yont pas vu les mêmes<br />

des différentes sciences consti- monstresque les Mésopotamiens ou<br />

tuant la cosmologie moderne. les Grecs. Il en va de même aujour-<br />

Ancien professeur àPolytechnique et d’hui. Le cosmos de 1910 était exclu-<br />

ex-directeurdel’Institut d’astrophysivement lumineux. Celui de 2010 fait<br />

sique de Paris, il adirigé une trentaine apparaîtredes galaxies lointaines, des<br />

de collaborateurs pour composer ce rayons Xougamma, des particules<br />

Chaque<br />

génération<br />

de scientifiques<br />

livre son<br />

interprétation<br />

du cosmos et<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

54<br />

insolites,des trous noirs… Autant dire<br />

que les évocations cosmiques ont<br />

toujours été cosmétiques :elles habillent<br />

de sciencecequi échappe àl’expérimentation<br />

directe.Elles relèvent de<br />

la représentation, comme au théâtre,<br />

mais le textedelapièceest dicté par les<br />

appareils d’observation, et versifié en<br />

équations.<br />

Lorsque les radaristes de la Royal Air<br />

Forces’ennuyèrentdans le sud de l’Angleterre<br />

durant les nuits sans alerte de<br />

1944-1945, ils tournèrent leurs “grandes<br />

oreilles”verslehaut et observèrent<br />

un ciel encoreinimaginable,celui des<br />

fréquences radio, qui n’était pas le<br />

même que celui de la lumière nocturne.<br />

Toutescienceal’âge de ses instruments.D’autresappareilsexplorèrent<br />

bientôt d’autrescieux, dans des<br />

longueurs d’ondes différentes. Ainsi,<br />

deux sondes satellisées par Ariane 5en<br />

2009 :l’une, Herschel, qui scrute de<br />

lointaines fréquences infrarouges;l’autre,<br />

Planck, qui mesureles variations<br />

d’un horizon thermique légèrement<br />

supérieur au degré zérodes températures<br />

(il vient d’acheversapremière<br />

image de l’ensemble du ciel).AuChili,<br />

le Very Large Telescope du mont Paranal,<br />

où trois crêts furent rasés pour<br />

installer quatre grands télescopes,<br />

fournit également des informations<br />

nouvelles instruisant la spéculation.<br />

Pour autant, l’astronomie moderne<br />

n’est pas que théorie. Le Soleil et le<br />

système solaire ont pris un jour<br />

nouveau depuis que l’on aconstaté<br />

qu’ils appartiennent àunsystème de<br />

200 milliards d’étoiles,“notre”galaxie,


orte ses lecteurs aux confins de l’univers. Par JEAN-FRANÇOIS GAUTIER<br />

cette île cosmique dont la traversée<br />

demanderait 100 000 ans àunmissile<br />

projeté àlavitesse de la lumière. Le<br />

Soleil aune masse égale à99,8 %de<br />

celle de la totalité du système solaire,<br />

ses activités éruptive et magnétique<br />

défient l’imagination et il n’est plus la<br />

seule étoile àplanètes dans notre<br />

espacegalactique (plus de 200 ont été<br />

identifiées).<br />

Plus près de nous, sur Mars, des<br />

explorations récentes ont mis fin au<br />

rêvedesaluer des Martiens :lesol yest<br />

trop aride et pour l’instant sans trace<br />

d’activité biologique. Un peu plus<br />

loin, les sondes Voyager ont montré<br />

depuis les années 1980 que les planètes<br />

géantes, Jupiter,Saturne, Uranus et<br />

Neptune, sont entourées de très nombreux<br />

satellites, qu’elles ressemblent<br />

plus àdes boules de gaz qu’à des<br />

sphères solides et qu’elles sont agitées<br />

de cyclones, de geysers gazeux et de<br />

turbulences tant matérielles qu’optiques<br />

:aurores polaires, ouragans<br />

lumineux, éclairs surprenants et<br />

toujours incompris. En octobre2009,<br />

un nouvelanneau de poussières aété<br />

observéautour de Saturne, à200 fois<br />

sondiamètre;il laisse les spécialistes<br />

ébahis:d’où vient-il, et pourquoi estil<br />

là ?Questions auxquelles réponse ne<br />

seraunjour donnée qu’en déchiffrant<br />

les inconnues de l’origine et de la<br />

formation des planètes, dont la nôtre,<br />

la Terre.<br />

Dans les échelles de radiations, audelà<br />

de la lumière, au-delà des ultraviolets<br />

et des rayons X, il yales rayons<br />

gamma. Cesderniersont été cherchés<br />

par satellite dans les années 1960,<br />

uniquement pour vérifier que les<br />

Soviétiques respectaient les accords<br />

d’interdiction des essais nucléaires<br />

atmosphériques (1963). Lesmilitaires<br />

américains ont dû faire appel àdes<br />

physiciens pour confirmer que ces<br />

rayons gamma, caractéris-<br />

tiques d’essais nucléaires<br />

et observés le 2juillet 1967,<br />

ne provenaient pas du sol,<br />

mais du ciel. Plus de 70<br />

éclairs de ce type ont été<br />

étudiés en dix ans, qui ont<br />

quitté le secret militaireen<br />

1973. La cartographie de<br />

ces événements énergétiques<br />

ne répondait àrien<br />

de connu, et leur source<br />

n’était ni terrestre,nilunaire,<br />

ni solaire;elle reste<br />

d’ailleurs inconnue, et la<br />

théorie physique permettant de comprendreleurfonctionnementn’existe<br />

pas encore. Bien plus, ces rayonnements<br />

maintenant observés par centainessont<br />

les plus violents de tout le<br />

cosmos et restent pourtant des phénomènes<br />

non lumineux sans cause identifiée.<br />

La cosmophysique pose plus de<br />

questionsqu’elle ne sait en résoudre,<br />

et c’est ce qui la rend remarquable.<br />

Elle postule en outre la présencedans<br />

le cosmos d’une énergie dite“étrange”,<br />

et d’une matière“noire” invisible<br />

qui composerait néanmoins 85 %des<br />

structures cosmiques. L’une et l’autre<br />

n’étaient initialement que des feintes<br />

logiques destinées àéquilibrer des<br />

équations. Mais observateurs et théo-<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

55<br />

Fini,lerêve<br />

desaluer<br />

lesMartiens!<br />

Mais<br />

d’autres<br />

merveilles<br />

attendent<br />

autréfonds<br />

ducosmos.<br />

Une vue à360 degrés<br />

du site du Very Large<br />

Telescope européen,<br />

au Chili, avecl’arche avec l’arche<br />

de la Voie lactée.<br />

Cette mosaïque<br />

anécessité<br />

trente minutes<br />

de pause<br />

pour chacune<br />

de ses 37 images.<br />

riciens s’accordent pour leur trouver<br />

de plus en plus de motifs àexister.<br />

Il yaencorelebig bang,théorie d’un<br />

Univers né voilà 15 milliards d’années.<br />

Lesthéoriciens consentent,petit àpetit,<br />

àreconnaîtrequ’il s’agit là d’une famille<br />

de “modèles”, et non d’une réalité<br />

observable.<br />

L’unité de l’Univers n’est<br />

pas cosmique, mais théorique:c’est<br />

celle de l’équation<br />

générale d’un espacede<br />

gravitation àquatre dimensions.<br />

Lesstoïciens distinguaient<br />

utilement les pragmata,représentationsdes<br />

objets de l’expérience,et les<br />

noemata,pensées instruites<br />

par la méditation calculée.<br />

Uneéquation n’est pas une<br />

chose pratique, mais une<br />

relation construitepar l’intellect.<br />

Le succès dans le grand public<br />

des récits àbig bang ne fait que traduire<br />

une confusion entre cesdeux ordres<br />

de pensées, objet et relation, avec le<br />

risque de glisser vers un troisième ordre,<br />

imaginaire, celui des phantasma.<br />

Lessciences présentées dans le Ciel à<br />

découvert en reviennent àdes positions<br />

moins dogmatiques. Chaque génération<br />

transforme sa cosmétique du<br />

cosmos et lègue àlasuivantedenouveaux<br />

problèmes irrésolus. «L’imagination<br />

se lasseraplutôtdeconcevoir que<br />

la naturedefournir »,notait déjà Pascal<br />

vers 1660. Leçon d’actualité.<br />

Le Ciel àdécouvert, de Jean Audouze,<br />

CNRS Éditions, 328 pages, 39 €.<br />

ESO/H.H. HEYER


Partipris<br />

Un“chantprofond”<br />

enl’honneurdelaFrance<br />

Etrange pays que celui où les<br />

défaites sont commémorées<br />

avec plus d’emphase que les<br />

victoires, où les désastres<br />

nationaux font couler davantage<br />

d’encrequelesréussites lespluséclatantes.<br />

Comment n’ypas songer<br />

devantladéferlanted’ouvragessuscités<br />

par l’anniversairedejuin 1940,<br />

quand tout avait déjà été dit dans le<br />

livredouloureuxetlucide (l’Étrange<br />

défaite, écrit àchaud entre juillet et<br />

septembre1940,et publié posthume<br />

en 1946) de l’historien Marc Bloch,<br />

mortenhéros le 16 juin<br />

1944.<br />

Decettemultituded’ouvrages,<br />

dont le meilleur<br />

aété recensé dans nos<br />

colonnes, se détache un<br />

petitlivre exceptionnel,<br />

le CorpsdelaFrance,de<br />

Michel Bernard, distingué<br />

par le prix Erwan-<br />

Bergotetqui,onl’espère,<br />

seraretenupar l’un des<br />

grandsprixdel’automne.<br />

Il ne s’agit pas d’un livre<br />

d’histoirenid’un livrede<br />

mémoires, encoreque lessouvenirs<br />

personnels yinterfèrent avec la réalitéhistorique.<br />

Comment définir ce<br />

livresingulier,bouleversant, d’une<br />

hauteurdetonetd’inspirationquise<br />

font raresdans la production littéraire?Un<br />

essai?Sansdoute,maissans<br />

thèse àsoutenir ni démonstration à<br />

étayer. Alors ?Disons, pour retenir<br />

une expression de Montherlant,que<br />

MichelBernardacomposéun«chant<br />

profond » en l’honneur de la France.<br />

Un“péan”, ensembletragiqueetempli<br />

d’espoir,quinecèdejamaisàladéploration<br />

et àsarhétorique facile. Un<br />

hymne, d’un style ample et ferme,<br />

d’une ferveur quasi religieuse, où<br />

résonne l’écho immémorial de la<br />

geste française et de l’amour de la<br />

patrie, ce vieux mot usé dont il est<br />

permis de se demander s’il aencore<br />

un sens.<br />

Juin1940:dansladébâclegénérale,<br />

émergent quelques figures et momentsd’exception,tirésdel’oublipar<br />

Sil’éducation<br />

nationaleavait<br />

encoreunsens,<br />

lelivredeMichel<br />

Bernarddevrait<br />

êtreludans<br />

touteslesécoles<br />

etlycées<br />

dupays.<br />

Michel Bernard. Voici les écrivains<br />

Léon Werth, Maurice Genevoix,<br />

HenriCalet, Antoine de Saint-Exupéry,lesunsancienscombattantsglorieux<br />

de la Grande Guerre,les autres<br />

soldatsdelahonteusedéfaite,lesuns<br />

de gauche, les autresdedroite, mais<br />

unisparlemêmesentimentd’humiliation<br />

et de révolte.Voici le compositeurJehanAlain,qui,à29ans,combattant<br />

solitaire, se fait tuer sur les<br />

rivesdelaLoire aprèsavoirdescendu<br />

seize soldats ennemis ;voici les 43<br />

tirailleurs sénégalais massacrés par<br />

lesAllemandsàClamecy;<br />

voici le Suisse AthurHonegger,restéenFrance,et<br />

quicomposel’admirable<br />

Symphonie n° 2,qu’enregistreraCharles<br />

Münch;<br />

voici, sur les lieux de la<br />

seconde bataille de la<br />

Marne, sur la butte de<br />

Chalmont,lemonument<br />

érigéparlesculpteurPaul<br />

Landowski,enhommage<br />

aux “Fantômes” dela<br />

Grande Guerre ;voici le<br />

26août1944,lalibération<br />

de Paris, la descente des Champs-<br />

Élysées par le général de Gaulle et la<br />

résurrection d’une nation ;voici,<br />

enfin, en 1967, le voyage àQuébec<br />

d’un vieil homme, lecteur de Louis<br />

Hémon,venu réparer l’abandon par<br />

LouisXV desFrançaisd’Amérique…<br />

«Lesinstantsmiraculeuxdel’histoire<br />

de France, écritl’auteur, ne naissent<br />

pas des circonstances mais d’une force<br />

quiestlà,vitsouterrainementetsurgit<br />

tout àcoup,aumoment propice, au<br />

milieudecequiestmort,commelepapillon<br />

du bois pourri ». Ces figures,<br />

connuesouobscures,mortsetvivants<br />

mêlés,cesmoments miraculeux,qui<br />

exhaussentunpaysau-dessusdel’étiage<br />

ordinaire,composent le «corps de<br />

la France » qui, rappelle Michel Bernard,unitenlui,commejadislecorps<br />

duroi,uncorpspérissableetuncorps<br />

immarcescible.Quijamaisnemeurt.<br />

BRUNO DE CESSOLE<br />

Le CorpsdelaFrance, de Michel Bernard,<br />

La Table Ronde, 210 pages, 17 €.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

56<br />

PATRICK IAFRATE<br />

HOMMAGE<br />

LaurentTerzieff,<br />

mystiqueduthéâtre<br />

O nneverra<br />

plus sur scène sa haute<br />

silhouettefragile, qu’on aurait dit<br />

prèsdesebrisermaisquidégageaitune<br />

présenced’une irrésistible force.On<br />

n’entendra plus sa somptueuse voix<br />

grave,qui semblait avoir été créée tout<br />

exprès pour le théâtre et pour faire<br />

croireàchaque spectateur qu’elle ne<br />

vibrait que pour lui.<br />

Laurent Terzieff s’est éteint àParis<br />

le vendredi2juillet, àl’âge de 75 ans,<br />

mettant un terme àsoixante ans de<br />

carrière qui lui donnèrent quelques<br />

rôles marquants au cinéma, mais<br />

durant laquelle il préfératout donner<br />

au théâtre.Son rôle dans les Tricheurs,<br />

deMarcelCarné(1958),auraitpufaire<br />

une immense star de ce comédien au<br />

visaged’angetourmenté,maislanotoriété<br />

l’embarrassait, et il préférarester<br />

maîtredeson destinauthéâtre,oùtrès<br />

vite,dès 1961,il montesaproprecompagnie<br />

et se met en scène lui-même<br />

dans un répertoirechoisi par ses soins.<br />

Exigeant, mais toujours accessible :<br />

LaurentTerzieff semblenes’être jamais<br />

résigné àlacoupureartificielle entre<br />

théâtre grand public et d’avant-garde.<br />

Celui qui se voyait comme «unpourvoyeur<br />

de textes»avait une très haute<br />

idée de l’artauservice duquel il s’était<br />

placé : «Lethéâtre rend présentl’invisible»,disait-il.Àl’intensitéexceptionnelledeson<br />

jeu, au feuqui l’animaitse<br />

révélait nonseulement un artisted’exception,<br />

mais une personnalité rare :<br />

«C’était un mystique absolu et passionné,<br />

adit de lui FabriceLuchini, un<br />

grand chrétienqui donnait confiance<br />

dans les êtres. » L. D.<br />

BALTEL/SIPA


Profil<br />

Musique. Cet été, le gambiste catalan sillonne nos routes,<br />

vers un public auquel il réserve toujours d’étonnantes odyssées.<br />

Névioloncelliste, destiné à<br />

devenir musicien d’orchestre<br />

anonyme aux quatre<br />

coins de l’Europe, le Barcelonais<br />

adopta la viole de gambe par<br />

hasard,avant d’en devenir le plus noble<br />

représentant. Àlafin des années<br />

1960, parti àSaint-Jacques-de-Compostelle<br />

pour un concours de violoncelle,<br />

Rafael Puyana, qui l’accompagnait<br />

au clavecin, lui fit découvrir en<br />

aparté les mille et une beautés sonores<br />

qu’exhalait la viole, née dans la<br />

régiondeValenceàlafinduXV e siècle<br />

etqui,plustard,agrémentalessoirées<br />

de la cour du Roi-Soleil.<br />

Coup de cœur immédiat de Jordi<br />

Savall,quin’eutdèslorsdecessed’explorer<br />

les répertoires engloutis de la<br />

viole.Àcommencerparlesœuvresde<br />

MarinMaraisetd’AntoineForqueray<br />

–ceshérostombésdansl’oubli–dont<br />

il découvrit les éditions originalesàla<br />

Bibliothèque nationale.«Chaque fois<br />

que je tournais une page, j’étais pris de<br />

vertige. J’ai compris qu’une musique si<br />

forte et si variée pouvait remplir une<br />

vie»,dit-il.<br />

Un plaisir musical qui<br />

longtemps fut seulement<br />

partagé par une poignée<br />

de passionnés,qui constituaient<br />

alors une sorte<br />

d’underground musical.<br />

Jusqu’à ce que, en 1991,<br />

AlainCorneau consacre<br />

àMarin Marais et àson<br />

maître,monsieurdeSainte-Colombe,<br />

un film,<br />

Tous lesmatinsdumonde,<br />

d’après le roman éponyme<br />

de Pascal Quignard,<br />

qui assura àlaviole de<br />

gambe et àJordi Savall –leconseiller<br />

musical de cette production –une<br />

reconnaissanceaussi rapide qu’inattendue<br />

auprès du grand public.<br />

Le début de la gloirepour JordiSavall<br />

:ses disques chez Astrée et Valois<br />

se vendirent comme des petits pains;<br />

sesconcerts,jusque-làprisésdelaseule<br />

élite,virentaffluerdesnéophytespétris<br />

JordiSavall<br />

Faire<br />

revivre<br />

l’histoire<br />

laplus<br />

ancienne<br />

àlalumière<br />

delamusique<br />

de<br />

l’époque.<br />

de curiosité ;enquelques<br />

moisàpeine,lenomdece<br />

gambiste fit le tour du<br />

monde.<br />

Fortdesonauranouvelle,entouré<br />

de son épouse,<br />

lasopranoMontserratFigueras,<br />

de ses ensembles<br />

instrumentaux et vocaux<br />

Hespèrion XXIetLaCapella<br />

Reial, de l’exhumation strictement<br />

musicologique de partitions,<br />

il passa àundessein d’une tout autre<br />

ambition:fairerevivredespansentiers<br />

del’histoirelapluslointaine,àlalueur<br />

de la musique de l’époque.<br />

Ainsi se lança-t-il dans un projet<br />

pharaonique autour deJérusalem,<br />

villejuive,chrétienneetarabe,enchoi-<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

57<br />

sissantpourchacundecesthèmesdes<br />

musiquesdetraditionstrèsanciennes.<br />

Musicien pointilleux doublé d’un<br />

humanistequi fit de lui l’artistede<br />

l’Unescopour la paix en 2008, Jordi<br />

Savall s’est récemment penché<br />

sur lecatharisme, cette dissidence<br />

chrétienne de l’Occident médiéval,<br />

dont l’épopée se termina au XIII e siècle.Unethématique<br />

que le public du<br />

festival de Fontfroide découvrirale<br />

27 juillet. STÉPHANE HAÏK<br />

Festival d’Aix-en-Provence,le14juillet,<br />

cathédrale Saint-Sauveur,à20heures.<br />

Tél. :0.820.922.923.<br />

Festival de Fontfroide, àNarbonne,<br />

le 27 juillet, église abbatiale, à21h30.<br />

Tél. :04.68.45.50.74.<br />

EFE/SIPA


Guide Culture<br />

Livres<br />

LE CHOIX DE “VALEURS”<br />

Françoisd’Assise<br />

Ecrits,Vies,témoignages<br />

sous la direction de Jacques Dalarun<br />

AKG-IMAGES /ERICH LESSING<br />

★★★Depuis sa mort, dans<br />

la nuit du 3au4octobre<br />

1226,François d’Assise<br />

fascine. De DanteàJulien<br />

Green en passant par<br />

Giotto, Zurbarán, Ozanam,<br />

Renan et Kazantzákis,<br />

il émerveille.“À chacun<br />

sonFrançois”, pourrait-on<br />

dire. D’où des interprétations<br />

contrastées qui<br />

remontent au XIII e siècle.<br />

Pourtant, si le patrondes<br />

louveteaux et des écologistes<br />

transcende les clivages<br />

confessionnels et idéologiques,<br />

il n’est pas<br />

un mythe littéraire. L’adapterànotre<br />

époque et le voir<br />

en précurseur de la théologiedelalibération<br />

est une<br />

sottise. C’est un personnagehistorique<br />

connupar<br />

ses écrits (unetrentaine)<br />

et par des documents<br />

contemporains, paroles<br />

transmises par d’autres,<br />

légendes qui foisonnent,<br />

textes hagiographiques<br />

où la vérité théologique<br />

l’emporte sur la vérité<br />

historique. Àl’occasion<br />

du huitième centenaire<br />

de la fondation de l’ordre<br />

franciscain, les Éditions<br />

du Cerf, en coédition avec<br />

les Éditions franciscaines,<br />

lancent sous la direction<br />

de Jacques Dalarun, l’un<br />

des meilleursconnaisseurs<br />

des sourcesetdel’historiographie<br />

franciscaines, cette<br />

nouvelle collection. Pour<br />

la premièrefois, le public<br />

francophone accède àla<br />

quasi-totalité des textes et<br />

documents relatifs àFrançois<br />

d’Assise.S’y trouve<br />

naturellement son célèbre<br />

Cantique de frèreSoleil<br />

et son extraordinaire<br />

Testament.Mais point<br />

de Fioretti!Car ce textefixé<br />

en toscan peu avant 1396,<br />

imprimé en 1476,<br />

dérive d’un texte<br />

antérieur,plus<br />

complet, plus<br />

riche, écrit<br />

en latin. Et qui<br />

n’avait jamais été<br />

traduit en français.Unedécouverte,<br />

àfaire<br />

de touteurgence.<br />

FRÉDÉRIC<br />

VALLOIRE<br />

Cerf-Éditions<br />

franciscaines,<br />

coll. “Sources<br />

Franciscaines”,<br />

3418 pages, 90 €<br />

les deux volumes.<br />

INTIMISTE<br />

Intérieurs<br />

d’Albert Thibaudet<br />

★★★Intérieurs,voilà<br />

quidésigneraitpresque<br />

le champ d’une prise<br />

de vue jour et nuit confondus…<br />

Trois Intérieurs,<br />

en réalité–Baudelaire,<br />

Fromentin et Amiel –, que<br />

Thibaudetréunit sous cette<br />

tension permanentedu<br />

regardqui tentededécouvrir<br />

le secret d’une œuvre<br />

àtravers le drame intime<br />

de sonauteur. Lestrois<br />

écrivains s’adonnent àla<br />

quêteetàl’analyse de soi.<br />

Amiel, au premier chef,<br />

avec12000pages de Journal<br />

quirepassentaupeigne<br />

fin le moindreémoi causé<br />

parles lectures et lesévénements<br />

variables. Baudelaire<br />

ensuite, dontlecombat<br />

poétique se pose en ces<br />

termes:comment vivre<br />

aveclemal dont le péché<br />

originel nous afflige dès<br />

la naissance?Figureàredécouvrirenfin,<br />

Fromentin.<br />

Son unique et inoubliable<br />

roman, Dominique,s’est<br />

nourri des<br />

tourments<br />

d’un amour<br />

contrarié<br />

comme pour<br />

mieux en<br />

transcender<br />

la fatalité.<br />

Desintérieursoùséjourner<br />

éternellement. A.-S. Y.<br />

LesCahiers de la NRF,<br />

264 pages, 25,00 €.<br />

PÉNÉTRANT<br />

Quaresma<br />

déchiffreur<br />

de Fernando Pessoa<br />

★★★Lecteur de Chesterton,<br />

de Conan Doyle, d’EdganAllan<br />

Poe, Fernando<br />

Pessoa (1888-1935)<br />

se lanceàson tour dans<br />

l’énigme policière<br />

en suivant cestrois écrivains.L’intérêt<br />

de cesdouze<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

58<br />

nouvelles inachevées tient<br />

au prestige de notrepoète.<br />

Pour le connaisseur,elles<br />

paraissent datées, sauf pour<br />

un quarterondelecteurs<br />

friand de crimes en chambreclose.<br />

Pessoa crée<br />

le médecin-détective Quaresma,<br />

chargé de résoudre<br />

lesaffairescriminelles sans<br />

quitterson fauteuil,<br />

en quoi<br />

il s’apparente<br />

davantage<br />

au Nero Wolfe<br />

de l’écrivain<br />

américain Rex<br />

Stout qu’à<br />

Hercule Poirot<br />

ou au distingué lordPeter<br />

Wimseydelaromancière<br />

DorothyL.Sayers. Quaresma<br />

n’apas d’états d’âme.<br />

Uneenquêten’est qu’un<br />

exercicederaisonnement<br />

logique, ce qui correspond<br />

au tempérament du poète<br />

portugais. Dans l’esprit de<br />

Pessoa, la vieest un enchaînement<br />

de charades.<br />

Ce qui compte, ce sont les<br />

minutes précieuses, l’angoisse,lapeur,les<br />

coups de<br />

théâtre,les pulsions subites,<br />

les rendez-vous manqués<br />

et le mystèrequi entoure<br />

chaque individu. A. E.<br />

Christian Bourgois éditeur,<br />

540 pages, 23 €.<br />

SUCRÉ-SALÉ<br />

Le Plateau télé<br />

de Patrick Besson<br />

★★Ce soir,éteignez<br />

votretélévision et plongezvous<br />

dans le dernier opus<br />

de Patrick Besson, il yrelate<br />

ses années passées devant<br />

un étrange écran animé.<br />

Quand décryptage<br />

il ya,autant que cela soit<br />

par un esprit malin…<br />

On gardera en mémoire<br />

le classement général des<br />

personnalitéscathodiques,<br />

mauvaises notes pour<br />

Christine Ockrent et<br />

Michel Drucker, «rendeznous<br />

Jacques Martin »,<br />

s’écrie l’écrivain!Car dans


L’ESPRIT DES MOTS<br />

Supporter<br />

O<br />

nl’entendracomme on voudra, verbeou<br />

franglicisme :laCoupe du monde que<br />

nous buvons jusqu’à la lie (il n’yad’ailleurs guèreautre<br />

chose àboire) confond les deux et donnerait presque<br />

raison àces supporters qui ont supporté jusqu’aubout<br />

leur équipe au lieu de tout bonnement la soutenir.Le<br />

verberetrouvait ici tout son sens, et son sens français ;<br />

ce qu’il fallait supporterétait proprement insupportable,<br />

comme la dernièreapostrophe en forme de criducœur<br />

du fameux sélectionneur s’adressant aux journalistes :<br />

«Nous ne vivons pas dans le même monde »,qui, décidément,<br />

résumait tout. Il yaeneffet le monde des<br />

supporters, faits, comme leur nom l’indique assez, pour<br />

supporter, soutenir et entretenir de leur passion et de<br />

leurs deniers l’autre monde auquel ilsrêvent, le monde<br />

clos,d’habitude refermé sur lui-même –etcomme il a<br />

raison de l’être,quand on voit ce qu’on nous alaissé voir<br />

–enunmot, que l’on prendra àMadame Mado, le<br />

monde des «vrais chefs ». PHILIPPE BARTHELET<br />

P.-S.:Une lectrice de Parisveut biennous signaler que “perlustration”,<br />

dont nous parlions naguère, apparaîtdans le Larousse du XXe siècle<br />

(1928). En effet, elle est même déjà ans le Nouveau Larousse illustré<br />

(1897) maisdisparaîtduGrand Larousse encyclopédique de 1960.<br />

Nous ne les ouvrons jamais, ou quasi, tant ils sont des diminutions<br />

bienpâles du seul Laroussequi vaille, celui de Pierre,enquinze volumes<br />

et deux suppléments (1866-1877), où “perlustration”nefigurepas.<br />

le poste, ça valse et ça fracasse,<br />

on ycroiseMassimo<br />

Gargia «l’otarie de la jetset<br />

»,onysoutient Milosevicenversetcontretout<br />

et on s’enflamme pour<br />

Melissa Theuriau «leseul<br />

film érotique du bouquet<br />

satellite ».Àla différence<br />

de beaucoup,l’auteur<br />

ne règle pas de comptes<br />

personnels,non, il tacle,<br />

il ironise, il lancedes piques<br />

quisetransforment<br />

en torpilles et, l’air de rien,<br />

il fait trois<br />

petits tours<br />

et disparaît.<br />

C’est alors<br />

qu’il se met<br />

ànous<br />

manquer<br />

sacrément!<br />

La télévision est éteinte<br />

depuis longtemps, on est<br />

plongédans le dernier<br />

Besson… S. DES H.<br />

Fayard, 1020 pages, 26 €.<br />

★★★Très bien ★★Bien ★Pasmal o Non!<br />

CAUSTIQUE<br />

Le Train<br />

desjours<br />

de Gilles Ortlieb<br />

★★Le Journal que tient<br />

Gilles Ortliebnefaitpas<br />

la promotiondumoi.<br />

Au contraire, il se focalise<br />

sur des détails sans importance,<br />

montre ce qui<br />

bouge, change de place.<br />

Il voit le monde au second<br />

degré. Il élargit son regard,<br />

resserre le cadrepour<br />

dénombrermille petites<br />

choses fortsympathiques,<br />

amusantes, inattendues au<br />

cours des jours qui passent<br />

et qui vous prennent à<br />

revers. Ortlieb s’interroge,<br />

inventorie, amasse scories<br />

et brimborions. C’est<br />

un signe de santé quand<br />

on ne cesse de s’étonner.Il<br />

additionne les accidents de<br />

la vie, constateses anachro-<br />

PATRICK IAFRATE<br />

nismes. Lesgens ne remarquentpas<br />

ce qui est sous<br />

leurs yeux ou estiment que<br />

les choses sont bien àleur<br />

place alors<br />

querien ne<br />

va de soi.<br />

Le rêve<br />

d’Ortlieb:<br />

imaginer<br />

un autre<br />

décor,le<br />

remodeler àdéfaut de<br />

refairelemonde. Sa plume<br />

caustique agit en douceur,<br />

un peu dans la lignée de ces<br />

écrivains autour d’Henri<br />

Calet, qui ont des yeux<br />

de lynx. En lisant Ortlieb,<br />

on se dit que tout n’est<br />

pas perdu ;que demeurent<br />

descontemplatifs;que<br />

ceux qui savent voyager<br />

savent discerner dans<br />

la mélassedes jourslaperle<br />

quisurnage. A. E.<br />

Finitude, 110 pages., 13,50 €.<br />

INSTRUCTIF<br />

Je plante<br />

donc je suis<br />

d’Alain Baraton<br />

★★Alain Baraton veille<br />

au belagencement du parc<br />

de Versailles<br />

et du domaine<br />

de Trianon<br />

depuis près<br />

de trentecinq<br />

ans.<br />

Cet érudit,<br />

amateur<br />

d’histoires drôles,<br />

àl’humour décoiffant<br />

et au verbehaut, officie<br />

depuis six ans comme<br />

chroniqueur dans la matinale<br />

de FranceInter.<br />

Il nous propose un florilège<br />

de cent cinquante<br />

de ses chroniques. Grâce<br />

àdemultiples exemples,<br />

ce jardinier éméritenous<br />

montre que l’observation<br />

de la nature,delafaune et<br />

de la flores’avèresouvent<br />

porteuse d’enseignements.<br />

S. L. DE M.<br />

Grasset,478 pages, 20,50 €.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

59<br />

AKG-IMAGES<br />

INSPIRÉ<br />

Le Banquet<br />

de Platon<br />

★★★ Évidemment, ce ne<br />

sera pas le best-seller de<br />

l’été. D’autant que cette<br />

collectiondepoche est<br />

bilingue, grec ancien<br />

et français. Et que ce dialogue<br />

de Platon est l’un<br />

des plusconnusetdes<br />

plus étudiés du monde<br />

occidental. Danslanuit<br />

athénienne, au cours<br />

d’un dîner de fêtequi<br />

réunit Socrate le philosophe,<br />

pour unefois<br />

élégant, Aristophane<br />

le dramaturge, le bel<br />

Alcibiade, Agathon le<br />

poète et quelques autres,<br />

la conversation roule sur<br />

l’amouretlasexualité.<br />

Le vindélie les langues:<br />

il estprescritdeboire<br />

autant quel’onveut.<br />

Dans unepréface étincelanteenformed’entretien,<br />

George Steiner<br />

appelle àlabarre,autour<br />

de ce dialogue, le jeune<br />

Caravage, Hamlet,<br />

Proust, Heidegger,saint<br />

Paul, Titien,Marsile<br />

Ficin,Judas, Jésus et<br />

Nietzsche. Et loin d’être<br />

un fourre-tout, cespages<br />

inéditesdonnent une<br />

leçond’intelligence<br />

et de culture. Steinerdoit<br />

se sentir de plus en plus<br />

solitaire. F. V.<br />

LesBelles Lettres, coll. “Classiques<br />

en poche”, 176 pages, 9€.<br />

Retrouvez tous<br />

nos guides livres sur<br />

www.valeursactuelles.com<br />

et commandez<br />

sur notre site


Guide Culture<br />

Cinéma<br />

NERVEUX<br />

Carlos<br />

★★ Comment Illich<br />

RamirezSanchez est devenu<br />

en quelques années,<br />

sous le pseudonyme de<br />

Carlos,l’un des terroristes<br />

les plus recherchés de la<br />

planète, aprèsnotamment<br />

la prise d’otages des délégués<br />

de l’Opep àVienne<br />

en 1975, et l’assassinat à<br />

Parisdedeux agents de la<br />

DSTlancésàsapoursuite.<br />

Après la diffusion àlatélévision<br />

d’une version<br />

longue de 5h30, voici sur<br />

grand écran la version<br />

“courte”(2h45tout de<br />

même) du film d’Olivier<br />

Assayas. Celui-ci, qui n’a<br />

pas toujours des scénarios<br />

àlahauteur de sontalent,<br />

se sortavecbriodecet<br />

exercicedifficile, évitant<br />

les écueils du romantisme<br />

comme d’une trop grande<br />

distance avec le sujet. Sa<br />

mise en scène, nerveuse et<br />

superbement maîtrisée,<br />

rend bien comptedu<br />

charisme mais aussi de<br />

l’orgueil insensé d’un<br />

personnagesuperbement<br />

interprétépar Édgar<br />

Ramírez (<strong>photo</strong>).Si, dans<br />

cetteversion raccourcie,<br />

les enjeuxparaissent<br />

parfois nébuleux,l’univers<br />

du terrorisme internationalest<br />

rendu avec une<br />

ampleur et une justesse<br />

rarement atteintes. Après<br />

un début en fanfare et le<br />

morceau de bravouredela<br />

prise d’otages de Vienne, le<br />

film souffre un peu du<br />

traditionnel piège des<br />

films biographiques :une<br />

deuxième partie où l’intérêt<br />

retombe, la vierecluse<br />

du terroristetraqué étant<br />

paressence moinspalpitanteque<br />

sa phaseactive.<br />

Ce quin’altère que marginalement<br />

la réussite d’un<br />

film d’une ambition que<br />

le cinémafrançaissait<br />

rarement accomplir.<br />

LAURENT DANDRIEU<br />

PHOTOS :PRODUCTION<br />

LOUFOQUE<br />

Petitsmeurtres<br />

àl’anglaise<br />

★ Crème de la crème des<br />

tueurs professionnels,<br />

Victor Maynard(Bill<br />

Nighy) est chargé d’assassinerRose<br />

(Emily Blunt,<br />

<strong>photo</strong>), quiaeulamauvaiseidéedevouloirarnaquer<br />

un voleur de tableaux<br />

(Rupert Everett). Mais<br />

voilà qu’en la filant, àla<br />

recherchedel’occasion<br />

propicepour lui mettre<br />

une balle dans sa jolie tête,<br />

Maynard, vieux garçon<br />

maniaque et conservateur,<br />

se laisse prendreaucharme<br />

de cetteravissanteextravagante.<br />

Il lui faut désormais<br />

protéger Rose des tueurs de<br />

remplacement. Remake<br />

anglais d’une comédie<br />

française, Cible émouvante,<br />

avecJean Rochefortet<br />

MarieTrintignant. Jonathan<br />

Lynn aparfaitement<br />

réussi la transpositiondans<br />

un<br />

univers britannique<br />

propiceà<br />

unedélicieuse<br />

excentricité retenue.<br />

Si les péripéties<br />

sont un<br />

rien prévisibles et<br />

si la mise en scène<br />

manque un peu<br />

de rythme, on<br />

passeunbon moment en<br />

compagnie du charme<br />

insolent d’Emily Blunt et<br />

de la folie doucedeBill<br />

Nighy. L. D.<br />

PATAUD<br />

KungFu Nanny<br />

★ Bob (Jackie Chan)<br />

aimerait bien aider sa ravissante<br />

voisine (Amber<br />

Valletta) àrefairesavie,<br />

mais lestrois enfants de la<br />

belleletrouventdésespérément<br />

ennuyeux. Si seulement<br />

il pouvait leur dire<br />

quesacouverturede<br />

vendeur de stylos cache un<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

60<br />

redoutable agent de la<br />

CIA… Unebande de<br />

tueurs lancée àses trousses<br />

va lui permettre de se<br />

dévoiler.Quand on aime<br />

Jackie Chan, il faut être<br />

prêt, pour jouir de ses<br />

formidables scènes d’action<br />

acrobatiques, àse<br />

farcir des comédies plutôt<br />

lourdaudes. Le problème<br />

est qu’avecl’âge, il yade<br />

moinsenmoins d’action et<br />

de plus en plus de comédie.<br />

Ici, il faudraêtredetrès<br />

bonne composition pour y<br />

trouverson compte. L. D.<br />

PARESSEUX<br />

Copacabana<br />

★ C’est un choc pour<br />

Babou (IsabelleHuppert)<br />

de découvrirque sa fille<br />

(Lolita Chammah, sa fille<br />

dans la vraie vieégalement)atellement<br />

honte<br />

d’elle qu’elle adécidé de ne<br />

pas l’inviteràson mariage.<br />

Pour se racheter àses yeux,<br />

Baboupartà<br />

Ostende, où elle a<br />

trouvé un emploi<br />

de vendeuse d’appartements.<br />

Évidemment, les<br />

choses ne vont<br />

pas se passer<br />

comme prévu. La<br />

rédemption<br />

d’une éternelle<br />

adolescentequi se<br />

décide àgrandir pour<br />

tenter de regagner l’estime<br />

de sa fille:lesujet pourrait<br />

être intéressant si le traitement<br />

de Marc Fitoussi<br />

n’était si paresseux;samise<br />

en scène pour le moins<br />

basique n’aide pas àse<br />

persuaderqu’on estbienau<br />

cinéma et, se reposant trop<br />

sur l’idéefaussement<br />

originale de confier à<br />

Isabelle Huppertunrôle<br />

de fofolle, il s’est contenté<br />

d’enchaîner les situations<br />

plus ou moins cocasses,<br />

sans jamais réussirà<br />

donneràson film le grain<br />

de folienécessaire. L. D.


HENRI JEAN SERVAT<br />

Musique<br />

LE CHOIX DE “VALEURS”<br />

Festivalclassique<br />

deRamatuelle<br />

★★★ Au Théâtre de verdure,cet<br />

opus, quoique<br />

modestepar le nombre<br />

de ses manifestations,<br />

ne manque pas d’ambition,<br />

àvoirles têtes d’affiche que<br />

ses organisateurs ont réussi<br />

àenrôler:JulieDepardieu,<br />

qui, soutenue par le piano<br />

de Nicholas Angelich,<br />

donneralecture de la<br />

Théâtre<br />

PÉTULANT<br />

de Francis Huster<br />

★★ “SiGuitry m’était<br />

conté”.Francis Huster révère,vénèreSacha<br />

Guitry.Pas<br />

seulementses pièces, qu’il a<br />

jouées àmaintes reprises,<br />

mais aussi sa personnalité<br />

flamboyante. Au cours<br />

de ce qu’il nomme «une<br />

comédiecauserie»,ilretrace<br />

correspondancedeClara<br />

Schumann et de George<br />

Sand (le15juillet);Daniel<br />

Mesguich, aux prises avec<br />

des poèmes de Baudelaire<br />

et Verlaine, tandis que,<br />

du clavier,BrigitteEngerer<br />

exhalerales parfums des<br />

musiques de Liszt, Chopin<br />

et Schumann (le 17);<br />

un récitaldelasoprano<br />

Wilhelmenia Fernandez<br />

(<strong>photo</strong>),qui prêta sa voix et<br />

sonphysiqueaufilm Diva<br />

de Jean-Jacques Beineix,<br />

dans un cocktail àlagloire<br />

de GershwinetBernstein<br />

(le 19);enfin, une étonnanterencontre<br />

entre<br />

Martha Argerichet<br />

Michel Legrand (le 21).<br />

STÉPHANE HAÏK<br />

Du 15 au 21 juillet, à21heures.<br />

Rens. :www.festival-classiqueramatuelle.com<br />

ou réservation<br />

Fnacau0892.68.36.22<br />

(0,34euros la minute).<br />

SachaleMagnifique<br />

sa vieaveclaferveur ingénueetbrouillonne<br />

qu’on<br />

lui connaît. Au début,<br />

il portelacrinièreblanche<br />

et les lunettesrondes de<br />

Sachavieillissant,puis<br />

abandonneces accessoires<br />

et redevient lui-même. Une<br />

jeune femme l’interpelle<br />

pour manifester son<br />

★★★Très bien ★★Bien ★Pasmal o Non!<br />

ÀNOTER<br />

Le Dernier<br />

Sorcier<br />

★★★ Après le rare Djamileh<br />

de Bizetl’an passé,<br />

les villageois bénévoles<br />

de Pourrières (<strong>photo</strong>),à<br />

une trentaine de kilomètres<br />

d’Aix-en-Provence,“montent”lafantastique<br />

et méconnue<br />

opérette le Dernier<br />

Sorcier,sur un livret<br />

d’Ivan Tourguenievetune<br />

musique de Pauline Viardot<br />

(1821-1910), sœur de<br />

la Malibran, mezzo-soprano<br />

star de l’époque qui eut<br />

le Tout-Paris àses pieds.<br />

Unecuriosité bien sympathiquepour<br />

ce festival,<br />

joliment baptisé “L’Opéra<br />

au village”. S. HA.<br />

Couventdes Minimes<br />

de Pourrières (Var), les 15, 17, 19,<br />

21 et 23 juillet, à20heures.<br />

Rens.:06.98.31.42.06<br />

ou www.loperaauvillage.fr<br />

mécontentement. Pas<br />

de panique!Huster se fait<br />

baronner par cettepseudospectatricequ’il<br />

s’empresse<br />

de convoquer sur scène<br />

pour la courtiser et la prie<br />

d’interpréter deux chansonsd’Yvonne<br />

Printemps.<br />

Très guitryen,ça, de flirter<br />

au vu de tout le monde. Les<br />

groupies de Francis Huster,<br />

toujours “charmant, jeune,<br />

traînant les cœurs après<br />

soi”,sont au comble<br />

du bonheur.Les fans<br />

de Guitry aussi.<br />

JACQUES NERSON<br />

Gaîté-Montparnasse, ParisXIV e ,<br />

21h30. Tél.:01.43.22.16.18.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

61<br />

L'OPERA AU VILLAGE<br />

CD<br />

Concertos<br />

pour piano<br />

n os 1et2<br />

de Frédéric Chopin<br />

★★ Ni embardées rythmiques,<br />

ni traits intempestivement<br />

appuyés:<br />

le pianistecubain Jorge<br />

Bolet(1914-<br />

1990), pourtant<br />

réputépour ses<br />

interprétations<br />

échevelées de<br />

Liszt, dessine<br />

un Chopin tout en gestes<br />

poétiquesfinementciselés<br />

avecl’Orchestre symphonique<br />

de Montréal,<br />

sous la baguette de son<br />

directeur musical Charles<br />

Dutoit, hélas, un rien<br />

absentdecequi eût pu<br />

être une passionnante<br />

jouteaveclepiano BaldwindeBolet.<br />

S. HA.<br />

Un Digipack 2CD<br />

Newton Classics.<br />

Œuvres<br />

pour piano<br />

de Gabriel Pierné<br />

★★★ Gabriel Pierné<br />

(1863-1937)est connu<br />

pour avoir présidé aux<br />

destinées de l’Orchestre<br />

Colonne, àlatêteduquel<br />

il imposanombredeses<br />

contemporains,<br />

de Debussy à<br />

Stravinski. Pas<br />

pour avoir été<br />

compositeur.Son œuvre<br />

est pourtant considérable.<br />

LaurentWagschal<br />

révèle ici les principales<br />

partitionspour piano,<br />

d’un abordparfois<br />

complexe,aux larges<br />

proportions,<br />

d’une maîtrise technique<br />

absolue. S. HA.<br />

Un Digipack 1CDTimpani.


Guide Culture<br />

Expositions<br />

LE CHOIX DE “VALEURS”<br />

EdwardHopper<br />

GALERIE SCHWIND<br />

★★★Peintresdes petites<br />

villes et des banlieues,<br />

du banal, de la solitude,<br />

EdwardHopper fut<br />

l’observateurattentif et<br />

sansconcession de la vie<br />

américaine dans son<br />

quotidien et ses mutations,<br />

au XX e siècle.<br />

Cafés déserts, chambres<br />

vides ouvrant sur la mer<br />

ou sur une naturemenaçante,figures<br />

immobiles<br />

et mélancoliques… de ces<br />

grandes toiles silencieuses,<br />

noyées de lumière et aux<br />

francs accordsderouges,<br />

de bleus et de vert olive se<br />

dégage un indicible mystère,<br />

faisant de cetartisteun<br />

fascinant et très réaliste<br />

De Chirico du Nouveau<br />

Monde. Les160 œuvres<br />

ici réunies provenant pour<br />

la plupart du Whitney<br />

Museum of American Art<br />

de NewYork, offrentune<br />

chanceunique aux Suisses<br />

de mieux le connaître<br />

(on attend toujours<br />

l’expositionéquivalente<br />

en France…), toutes les<br />

périodesdesaproduction<br />

étant représentées en un<br />

accrochage àlafoischronologique<br />

et thématique :<br />

séjour àParis (1906-1910),<br />

période classique (1930-<br />

1950), maturité. Ses liens<br />

avec l’Europeoulecinéma<br />

ysontsoulignés.<br />

On yretrouvedes tableaux<br />

cultes tels que Pennsylvania<br />

Coal Town, Second<br />

StorySunlight ou Morning<br />

Sun (1952, ci-dessous),<br />

comme des pièces moins<br />

connues tels ses dessins,<br />

aquarelles, gravures ou<br />

l’étonnant Girlie Show<br />

(Streap tease) de 1941<br />

encorejamais montré<br />

au public.Unévénement.<br />

VALÉRIE COLLET<br />

Fondation de l’Hermitage,<br />

Lausanne,jusqu’au 17 octobre.<br />

Catalogue Skira, 39 euros.<br />

Tél.:00.41(0)21.320.50.01.<br />

EXPRESSIF<br />

Maternité<br />

★★★Ventresronds, bébés,<br />

femmes parturientes,<br />

mèresàl’enfant… la naissanceetlamaternité<br />

sont<br />

ici àl’honneur dans l’art<br />

des populationssubsahariennes<br />

(ci-contre,une<br />

statuetteUrhobo).L’austérité<br />

s’ymarie àlasérénité,<br />

le naturalisme àlastylisation<br />

la plus extrême,<br />

dans des bois lisses et noirs<br />

comme la peau africaine.<br />

Entreâpresensualité<br />

NOSTALGIQUE<br />

Baltard,les<br />

HallesdeParis<br />

★★★Cettecentaine de<br />

reproductions, <strong>photo</strong>graphies<br />

originales et documents<br />

réunispar l’historien<br />

PatricedeMoncan<br />

restitue l’histoiredes anciennes<br />

halles construites<br />

en 1848 et “assassinées”<br />

en 1973. «Dufer,rien<br />

DVD<br />

RIGOUREUX<br />

Le Boucher<br />

★★Dans un petit village<br />

périgourdin, Mlle Hélène<br />

(Stéphane Audran),<br />

la directricedel’école,<br />

se laisse fairelacour<br />

par Popaul (Jean<br />

Yanne), le boucher,<br />

un homme simple<br />

et assez sauvage mais<br />

qui fait preuve àson<br />

égardd’une attention<br />

discrèteetdélicate.<br />

Mais voici que plusieurs<br />

jeunes femmes sont assassinées<br />

dans la région, et<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

62<br />

et innocentetendresse,<br />

quelques très belles<br />

pièces. V. CT<br />

Galerie Ratton-Hourdé, ParisVI e ,<br />

jusqu’au 31 juillet.<br />

Tél. :01.46.33.32.02.<br />

quedufer!»avait ordonné<br />

Napoléon III, pour l’érection<br />

de cettedizaine de<br />

grands pavillons àl’architecturelégèreetspacieuse,<br />

qui pendant cent vingtcinq<br />

ans, fut le “ventre de<br />

Paris”.L’occasionaussi de<br />

découvrir le nouveau<br />

projet d’aménagementdu<br />

quartier prévu par la ville<br />

de Parispour 2013. V. CT<br />

Louvre des Antiquaires, ParisI er,<br />

jusqu’au 31 juillet.<br />

Tél. :01.42.97.27.27<br />

que Mlle Hélène atoutes<br />

les raisons de soupçonner<br />

l’amoureux boucher…<br />

Le Chabrol des années<br />

1960, sobre, rigoureux,<br />

d’une finessed’observation<br />

pas encore<br />

gâtée par un mépris<br />

généralisé,nous<br />

livreuntableau de<br />

la vievillageoise<br />

d’il yaquaranteans<br />

qui paraîtaujourd’hui<br />

d’un furieux<br />

exotisme. Unehistoire<br />

solide servie par deux<br />

interprètesd’une subtilité<br />

parfaite. L. D.<br />

Un DVDOpening.<br />

AVEC LA COLLABORATION D’ALFRED EIBEL,STÉPHANIE DES HORTS,STÉPHANIE LECLERC DE MARCO ET ANNE-SOPHIE YOO.<br />

GALERIE RATTON-HOURDÉ


Télésubjectif<br />

Zappingestival<br />

Par BASILE DE KOCH<br />

J<br />

’étais àlarecherche d’une<br />

idée pour cette dernière<br />

chronique avant l’autoroute<br />

des vacances, comme disait le<br />

poète. Pas évident !Depuis la<br />

fin juin, tous les salons télévisuels<br />

où l’on pense sont fermés<br />

pour l’été, de GiesbertàTaddeï<br />

en passant par Calvi (l’animateur,pas<br />

la ville !)<br />

Àsignaler pourtant un documentaire<br />

poignant, diffusé<br />

l’autre jeudi sur France 2,à<br />

22 h45. Sans blessures apparentes<br />

nous montrait, au fil de<br />

témoignages souvent hantés,<br />

Les horreurs de la guerre, le drame de Tibéhirine et<br />

les blagues d’Arthur :fin de saisonpénible àlatélé !<br />

comment certains traumatismes mais guèreplus réjouissante, sur l’as-<br />

psychologiques provoqués par la sassinat des moines de Tibéhirine<br />

guerre restent d’inguérissables bles- (1996).<br />

sures.<br />

Àvrai dire, ce numéro deSpécial<br />

Un para auRwanda, une femme investigation avait déjà été diffusé en<br />

médecin en Afghanistan, un grand avril. Mais depuis lors, il aretrouvé<br />

reporter qui “couvrit”laguerre au une actualité avec le Grand Prix décer-<br />

Liban :tous racontent dans quelles né àCannes à Des hommes et Des<br />

affres les plonge encore lesouvenir dieux,unfilm de Xavier Beauvois sur<br />

obsédant des horreurs auxquelles ils le sujet. Ou plus précisément àcôté du<br />

furentconfrontés. Explosions, char- sujet puisque, paraît-il, le film s’arrête<br />

niers, corps d’enfants empaquetés là où commenceledrame…<br />

dans des camions frigorifiques… Àencroireles enquêteurs de Canal<br />

Ces gens-là ont vu la mortenfaceet, Plus, les services secrets algériens ne<br />

même si ce n’était pas la leur,ils n’en seraient pas étrangers àcette tuerie,<br />

sont jamais revenustout àfait. revendiquée en son temps par les isla-<br />

Le lendemain, vendredi(25 juin, à mistes du GIA ;quant àlaFrance,<br />

23 h30), Canal Plus nous proposait pour des raisons diplomatiques, elle<br />

une enquête tout aussi captivante, aurait crubon de tairecequ’elle avait<br />

Télévision<br />

EvasionauLaos<br />

★★Àl’heuredes vacances<br />

et des destinations parfois<br />

exotiques, la petitelucarne<br />

offre aussi aux non-estivants<br />

une chancedes’évader.Telle<br />

est la mission du<br />

magazine Faut pas rêver<br />

consacré cettesemaine<br />

au Laos, le pays “dumillion<br />

d’éléphants”.Lacharmante<br />

Patricia Loison nous sert<br />

de guideetnous propose<br />

de nombreuxreportages.<br />

La promesse de passer<br />

un agréable momentest<br />

tenue:bande musicale<br />

envoûtante, image de<br />

cartespostales (les étals<br />

multicolores des marchés,<br />

lespaysagesbrumeux des<br />

montagnes…), rencontres<br />

insolites (les Laotiens sont<br />

de gros mangeurs d’insectesentout<br />

genre…),<br />

images impressionnantes<br />

(pêcheurs funambules audessusdes<br />

eaux tourmentées<br />

du Mékong…). On<br />

ne s’épanche pas trop sur<br />

le contexte politique du<br />

pays ni sur les pages<br />

sombresdeson histoire.<br />

Mais au-delà de la bonne<br />

humeur affichée, certaines<br />

problématiques,comme<br />

le revers des investissementsétrangers,<br />

ne sont<br />

paséludées. La question<br />

même du tourisme est<br />

au cœur du reportage très<br />

réussi sur la ville de Luang<br />

Prabang,ancienne capitale<br />

royale du Laos, inscrite<br />

au patrimoine mondial de<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

63<br />

les moyens de savoir… Bref,<br />

nos sept religieux seraient<br />

morts en martyrs non seulement<br />

de leur foi, mais de la<br />

raison d’État.<br />

Passionnant, tout cela –mais<br />

pas très raccord avec mon<br />

projet d’une chronique estivale<br />

MATTHIEU DE MARTIGNAC/LE PARISIEN/MAXPPP<br />

et ensoleillée. Alors, je me suis<br />

replié sur le best of de On n’est<br />

pas couché.Bien m’en apris,<br />

car j’y ai déniché une perle qui<br />

m’avait échappé :l’échange<br />

entre Naulleau et Arthur à<br />

propos du spectacle“comique”<br />

de ce dernier –connu pour<br />

n’accepter la critique que dithyrambique.<br />

Hélas !SiNaulleau reconnaît à<br />

Arthur des talents d’acteur, c’est<br />

pour ajouter aussitôt que «letexte<br />

ne suit pas !Leportable, la bagnole,<br />

les relations hommes-femmes, on avu<br />

ça cent fois… »<br />

La réplique d’Arthurtombe aussitôt<br />

–unpeu comme si elle avait été<br />

préparée àl’avance:«Tout le monde<br />

rit, sauf Naulleau !Ilest juste “différent”,<br />

pas comme nous… » Traduction<br />

:pour ne pas se gondoler à<br />

mes bonnes blagues, il faut être un<br />

débile profond.<br />

De quoi conclure cette chronique<br />

plutôt sombresur une bonne nouvelle<br />

:Arthurest content de lui !<br />

l’Unesco. Cettedistinction<br />

apermis la restauration<br />

de trésors architecturaux<br />

mais aconduit aussi<br />

àl’affluxdenombreux<br />

visiteurs qui troublent<br />

la quiétude des bonzes,<br />

transformant la ville<br />

en attraction touristique.<br />

La curiosité et la quêtede<br />

dépaysement ne doivent<br />

être assouvies que dans<br />

le respect des traditions<br />

et des cultures, telpourrait<br />

être le bel enseignement<br />

de cetteémission.<br />

MARIE-LORRAINE<br />

ROUSSEL<br />

Faut pas rêver, France 3,<br />

vendredi9,20h35.<br />

PATRICK IAFRATE


Guide Télévision<br />

sélection des programmes du vendredi 9 au jeudi 15 juillet, par Marie-Lorraine Roussel<br />

vendredi 9<br />

France 2 20 h35<br />

Mort prématurée Téléfilm<br />

★★ Une femme enceinte<br />

(Léa Rousseau) est confrontée<br />

àlajalousie de son mari.<br />

Unesolide adaptation d’un<br />

roman de Patricia MacDonald.<br />

Le suspense est au<br />

rendez-vous.<br />

TF 1<br />

20.45 Secret Story.<br />

Divertissement.<br />

23.35 Confessions intimes.<br />

Magazine.<br />

France 2<br />

20.35 ★★ Mort prématurée.<br />

Téléfilm de José Pinheiro.<br />

22.10 Panique dans<br />

l’oreillette. Divertissement.<br />

France 3<br />

20.35 ★★ Faut pas rêver.<br />

Magazine. «LeLaos ».<br />

Lire notre critique page 63.<br />

23.05 Flics toujours. Téléfilm<br />

de Graham Theakston.<br />

Canal Plus<br />

20.45 Erreur de la banque<br />

en votrefaveur. De Gérard<br />

Bitton et Michel Munz (Fr.,<br />

2009, 95mn). Un chômeur<br />

décide de se venger<br />

de sa banque. Une comédie<br />

qui multiplie les poncifs.<br />

22.20 Anges et Démons.<br />

De RonHoward(EU,2009,<br />

135mn). Avec TomHanks.<br />

Unesecteenlèvequatre cardinaux.<br />

Un thriller efficace,<br />

àdéfaut d’être vraisemblable.<br />

Arte<br />

20.35 ★ Capitaines<br />

des ténèbres. Téléfilm de<br />

SergeMoati. Uneexpédition<br />

militaireauTchad, en 1889.<br />

Une mise en scène de qualité<br />

au service d’une histoire<br />

tragique.<br />

M6<br />

20.40 N.C.I.S :Los Angeles.<br />

Série.<br />

23.55 Scrubs. Série.<br />

France 5<br />

20.35 ★★ Biotiful planète.<br />

«Mozambique ». Documentaire.<br />

Dans un cadre magnifique,<br />

un éclairage intéressant<br />

sur des initiatives écologiques.<br />

FRANCE 2<br />

samedi 10<br />

France 3 23 h40<br />

Le Boucher Cinéma<br />

★★ Un boucher (Jean Yanne)<br />

reprend le commerce de<br />

son pèredans son village natal.<br />

L’un des meilleurs Chabrol,<br />

maîtrisé, angoissant à<br />

souhait et d’une profondeur<br />

inattendue.<br />

TF 1<br />

20.20 Football :Coupedu<br />

monde. La petitefinale. En<br />

directdePortElizabeth.<br />

22.25 Coupedumonde :le<br />

mag. Magazine.<br />

22.55 NewYorkUnité<br />

spéciale. Série.<br />

France 2<br />

20.35 Fort Boyard. Divertissement.<br />

22.30 On n’est pas couché.<br />

France 3<br />

20.35 Équipemédicale<br />

d’urgence. Série.<br />

23.10 Soir 3.<br />

23.40 ★★ Le Boucher. De<br />

Claude Chabrol (Fr.,1969,<br />

90mn).<br />

Canal Plus<br />

20.45 ★ Dans tesbras.<br />

D’HubertGillet (Fr.,2008,<br />

80mn). Avec Martin<br />

Loizillon,Michèle Laroque.<br />

L’histoire émouvante, mais un<br />

peu maladroite, d’un adolescent<br />

àlarecherche de sa<br />

mère biologique.<br />

22.25 Canal football club.<br />

Magazine.<br />

Arte<br />

21.00 Tosca. Opéramis en<br />

scène par LucBondy. D’après<br />

l’œuvredeGiacomoPuccini.<br />

23.25 Police110. Téléfilm<br />

de PeterPatzak.<br />

00.55 ★ Metropolis. Magazine<br />

culturel.<br />

M6<br />

20.40 MercyHospital.<br />

Série.<br />

France 4<br />

20.34 ★ SurlaTerre des<br />

monstres. «Dents de sabre».<br />

Série documentaire. Des<br />

animaux monstrueux ont<br />

peuplé la Terreetcontinuent<br />

toujours de fasciner.<br />

FRANCE 3<br />

dimanche 11<br />

Arte 20 h45<br />

Victoria et Albert Téléfilm<br />

★ En 1837,à18ans,la princesse<br />

Victoria (Victoria Hamilton)<br />

accède au trône.<br />

Ce téléfilm historique met<br />

en scène une belle histoire<br />

d’amour mais souffred’un<br />

certain académisme.<br />

TF 1<br />

20.20 Football:<br />

Coupedumonde. Finale.<br />

23.25 Les Experts. Série.<br />

France 2<br />

20.35 ★ FBI :portés<br />

disparus. Série.<br />

22.45 Desmotsd’amour.<br />

Téléfilm de Thomas Bourguignon.<br />

Un homme cache<br />

àsafiancée qu’il est atteint<br />

de la maladie d’Alzheimer.<br />

France 3<br />

20.35 Louis la Brocante.<br />

Série.<br />

22.15 Soir 3.<br />

22.45 Le jour<br />

où j’ai gagné… au loto.<br />

Documentaire.<br />

01.05 Cinéma de minuit.<br />

CanalPlus<br />

20.45 Insoupçonnable.<br />

Téléfilm de Christopher<br />

Menaul. Avec Kelly Reilly.<br />

Anna Travis enquête<br />

sur un tueur en série.<br />

22.15 Flashpoint. Série.<br />

Arte<br />

20.40 Reines du Royaume-<br />

Uni. Thema.<br />

20.45 ★ Victoria et Albert.<br />

Téléfilm de John Erman.<br />

23.15 Après Élisabeth II,<br />

la monarchie en péril ?<br />

Documentaire.<br />

M6<br />

20.40 Capital. «Beauté,<br />

santé, forme:les secrets<br />

d’un été réussi ».<br />

22.45 Enquêteexclusive.<br />

Magazine. «Nice-Rome:<br />

l’autoroutedefolie ».<br />

France 5<br />

20.35 ★ Parcours de dissidents.<br />

Documentaire. Des<br />

Guyanais et des Antillais<br />

engagés dans la Francelibre<br />

en 1940 témoignent.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

64<br />

ARTE<br />

lundi 12<br />

Arte 20 h40<br />

L’homme qui tua Liberty<br />

Valance Cinéma<br />

★★★ Un sénateur (James<br />

Stewart) racontecomment<br />

le hors-la-loi LibertyValance<br />

fut tué.Un chef-d’œuvre,<br />

réflexion passionnantesur<br />

les mythes de l’Ouest.<br />

TF 1<br />

20.45 Joséphine, ange<br />

gardien. «LaCouleur<br />

de l’amour ». Série. Avec<br />

Mimie Mathy.<br />

22.35 NewYork,<br />

Section criminelle.<br />

Série. Deux épisodes.<br />

France 2<br />

20.35 Castle. Série.<br />

Trois épisodes.<br />

22.40 L’AutrePrince.<br />

Documentaire.<br />

France 3<br />

20.35 ★ Quatre idoles<br />

dans le vent. Documentaire.<br />

Une plaisante évocation<br />

des années yé-yé.<br />

22.30 Soir 3.<br />

23.00 Faits divers,<br />

le mag. Magazine.<br />

Canal Plus<br />

20.45 Pigalle, la nuit.<br />

Série. Deux épisodes.<br />

22.35 Erreur de la banque<br />

en votrefaveur. Rediffusion.<br />

Voir vendredi.<br />

Arte<br />

20.40 ★★★ L’homme<br />

qui tua Liberty Valance.<br />

De John Ford<br />

(EU,1962, 120mn).<br />

22.35 Heitor Villa-Lobos,<br />

l’âme de Rio. Documentaire.<br />

M6<br />

20.40 L’amour est dans le<br />

pré. Divertissement présenté<br />

par Karine Le Marchand.<br />

22.15 Belle toutenue.<br />

Divertissement.<br />

23.45 Burn Notice. Série.<br />

Planète<br />

20.40 ★ L’Aile d’un<br />

papillon. Documentaire.<br />

Àladécouverte d’un joli<br />

papillon appelé le monarque<br />

et que l’on reconnaîtpar<br />

ses ailes jaunes et noires.<br />

ARTE


mardi 13<br />

M6 20 h40<br />

Le Gendarme<br />

de Saint-Tropez Cinéma<br />

★ Le gendarme Cruchot<br />

(Louis de Funès) est muté à<br />

Saint-Tropez. Que serait un<br />

été sans la rediffusion de cette<br />

série peu subtile, mais à<br />

l’interprétation savoureuse?<br />

TF 1<br />

20.45 ★ Mais où est donc<br />

passée la 7 e compagnie ?<br />

De RobertLamoureux (Fr.,<br />

1973, 105mn). Quelques<br />

scènes d’anthologiedans<br />

cettecomédie poussive.<br />

22.30 Bienvenue<br />

dans ma tribu. Magazine.<br />

France 2<br />

20.35 On atout révisé !<br />

Divertissement.<br />

22.45 Faites entrerl’accusé.<br />

France 3<br />

20.35 ★ Commissaire<br />

Brunetti:enquêteàVenise.<br />

«Entre deux eaux ». Téléfilm.<br />

Canal Plus<br />

20.45 Sœur Sourire.<br />

De Stijn Coninx (Fr.-Belg.,<br />

2008,120mn). Avec Cécile<br />

de France. Un drame guère<br />

convaincant.<br />

22.45 Fast and Furious 4. De<br />

Justin Lin (EU,2009, 105mn).<br />

Arte<br />

20.30 Vieillir et jouir<br />

sans rougir. Thema.<br />

20.35 Plaisirs d’amour entredeux<br />

âges. Documentaire.<br />

21.30 Toujours actives :lavie<br />

intime des femmes de plus<br />

de 65 ans. Documentaire.<br />

M6<br />

20.40 ★ Le Gendarme de<br />

Saint-Tropez. De Jean Girault<br />

(Fr.-It., 1964, 100mn).<br />

22.20 Gomez&Tavarès. De<br />

Gilles Paquet-Brenner (Fr.,<br />

2002, 110mn). Avec Stomy<br />

Bugsy. Une comédie bâclée.<br />

France 5<br />

20.35 ★★ Vu sur Terre.<br />

«Australie ». Documentaire.<br />

Enquêtesur desmétiers<br />

insolites. Des paysages<br />

splendides, avec quelques<br />

frissons en prime…<br />

M6<br />

mercredi 14<br />

M6 20 h40<br />

Zone interdite Magazine<br />

★★ Trois cuisiniers amateurs<br />

malgaches suivent<br />

une formation en France.<br />

Un reportage tout en finesse,<br />

drôle et émouvant, qui<br />

se suit avec beaucoup d’intérêt.<br />

TF 1<br />

20.45 Esprits criminels. Série.<br />

23.10 Dirty Sexy Money.<br />

Série.<br />

France 2<br />

20.35 Je hais les vacances.<br />

Téléfilm. Avec Stéphane<br />

Freiss. Une comédie lourde<br />

et guère palpitante.<br />

22.05 ★★ Accordéons-nous.<br />

Magazine. Jolis portraits<br />

de passionnés d’accordéon.<br />

France 3<br />

20.35 Mission Millenium.<br />

Divertissement.<br />

23.15 Strip-tease.<br />

Magazine.<br />

Canal Plus<br />

20.45 Celle que j’aime.<br />

D’Élie Chouraqui (Fr.,2008,<br />

100mn). Malgré une bonne<br />

interprétation, cette comédie<br />

peine àtrouver le ton juste.<br />

Arte<br />

20.35 ★★ Prague 1942 :<br />

la comédienne et les nazis.<br />

Documentaire. Un destin<br />

bouleversant reconstitué<br />

avec rigueur et précision.<br />

21.25 LesAllemands dans<br />

la Résistance. Documentaire.<br />

22.35 ★ Pingpong. De Matthias<br />

Luthardt (All., 2006,<br />

90mn).AvecSebastian<br />

Urzendowsky. Une œuvre<br />

dérangeante, mais brillante.<br />

M6<br />

20.40 ★★ Zone interdite:<br />

les inédits de l’été.<br />

Magazine. «Cuisiniers<br />

amateurs ou chefs étoilés :<br />

la cuisine achangé leur vie».<br />

Planète<br />

20.40 ★ La Francepar<br />

la côte. «DeCancale àl’île<br />

d’Ouessant».Documentaire.<br />

Un beau périple dans une<br />

région aux charmes multiples.<br />

M6<br />

jeudi 15<br />

France 3 23 h45<br />

La Raison du plus faible<br />

Cinéma<br />

★★Un hold-up tourne mal.<br />

Entre drame et comédie, ce<br />

film àforte connotation<br />

sociale séduit par sa justesse<br />

et la profondeur de son récit.<br />

Avec Éric Caravaca.<br />

TF 1<br />

20.45 Section<br />

de recherches. Série.<br />

23.40 Gothika. De Mathieu<br />

Kassovitz (EU,2003,<br />

120mn).AvecHalleBerry.<br />

Parfois efficace, mais surtout<br />

très éprouvant.<br />

France 2<br />

20.35 ★★ Carnetdevoyage<br />

d’Envoyé spécial. Un reportage<br />

impressionnant sur les<br />

volcans et deux enquêtes<br />

fouillées sur le camping et le<br />

panama, ce célèbre chapeau.<br />

22.45 Sous le soleil,les étoiles.<br />

Magazine.<br />

France 3<br />

20.35 ★ Il était une fois<br />

la révolution. De Sergio<br />

Leone (It., 1971, 155mn).<br />

23.45 ★★ La Raison du plus<br />

faible. De Lucas Belvaux<br />

(Fr.-Belg., 2006, 110mn).<br />

Canal Plus<br />

20.45 ★ FlashForward. Série.<br />

22.10 ★ Skins. Série.<br />

23.35 TheOffice. Série.<br />

Arte<br />

20.40 ★ Grease. De Randal<br />

Kleiser (EU,1978, 105mn).<br />

Avec John Travolta. Une<br />

comédie musicale àl’énergie<br />

contagieuse.<br />

22.25 James Dean,<br />

petitprince, petitbâtard.<br />

Documentaire.<br />

M6<br />

20.40 Bones. Série.<br />

23.00 Trompe-moi<br />

si tu peux ! Divertissement.<br />

France 5<br />

21.35 ★★ La Terreencolère.<br />

Documentaire. Cette reconstitution<br />

impressionnante<br />

d’un naufrage est agrémentée<br />

de nombreuses explications<br />

scientifiques.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

65<br />

FRANCE 3<br />

ÀNEPAS<br />

MANQUER<br />

SUR<br />

Le Communisme,<br />

histoire d’une illusion<br />

Dans la nuit du 6<br />

au 7novembre1917,<br />

lesbolcheviks s’emparent<br />

descentres de décision de<br />

Petrograd. Ce coup de force<br />

est l’œuvredeLénine et de<br />

Trotski qui veulent en finir<br />

avec le double pouvoir<br />

né de la révolutionde<br />

Février… De l’ascension<br />

du communisme àlachute<br />

de l’Empiresoviétique,<br />

les hommes qui jouèrent<br />

un rôle clé dans l’histoire<br />

de l’une des plusgrandes<br />

illusions du XX e siècle.<br />

Mardi13juillet, à20h35.<br />

Histoirefait son cinéma :<br />

le Repas des fauves<br />

Pendant l’Occupation,<br />

sept amis sont attablés.<br />

Un attentat alieu, tuant<br />

deux officiers allemands.<br />

Un capitaine de la Gestapo<br />

demandeaux convives de<br />

désigner deux d’entre eux<br />

comme victimes<br />

si lescoupables ne sont pas<br />

trouvés. La réunion amicale<br />

se transforme en repas<br />

de fauves…<br />

Jeudi 15 juillet, à20h35.<br />

Retrouvez tous les programmes<br />

de la chaîne sur www.histoire.fr.<br />

ET AUSSI…<br />

Le Voyage du ballon rouge<br />

★★★ Uneétudiantechinoise<br />

àParis est engagée comme<br />

fille au pair.Une œuvre<br />

d’une grande justesse et<br />

d’uneprofondedélicatesse.<br />

Avec JulietteBinoche.<br />

Vendredi9,Ciné Club,<br />

21 heures.<br />

Une histoirevraie<br />

★★★ Un vieil homme<br />

(RichardFarnsworth)traverse<br />

les États-Unis sur sa<br />

tondeuse àgazon.Unroadmovieinsolite,àl’humanisme<br />

bouleversant.<br />

Samedi 10,Turner Classic<br />

Movies, 20 h40.<br />

La Conquête de l’Ouest<br />

★★ L’histoireduFar West<br />

racontée avec un beau souffle<br />

épique et romanesque. Avec<br />

James Stewart, HenryFonda.<br />

Lundi 12, Turner Classic<br />

Movies, 22 h35.


Tendances<br />

Évasion. La station atlantique<br />

la plus attachante du Maroc.<br />

Essaouira<br />

entreazuretmer<br />

La douce cité<br />

de Mogador offre<br />

une étonnante palette<br />

bleu-blanc-rose<br />

et un charme encore<br />

intact. Sa perle<br />

hôtelière se nomme<br />

l’“Heure bleue”.<br />

De notre envoyé spécial,<br />

FRÉDÉRIC PONS<br />

Onm’avait dit : «Tropdevent!<br />

Trop de touristes !Sans intérêt…<br />

» “On” atout faux. À<br />

condition d’éviter la très<br />

hautesaison –juillet et août –,Essaouira<br />

restel’une des plus belles stations du<br />

littoral atlantique marocain. On peut<br />

yséjourner au moins neuf mois par an<br />

sans craindre le vent,bienvenu pour sa<br />

douceur (la ville est àlalatitude de<br />

Marrakech) et pour les sports de glisse<br />

:labaie est un siterenommé pour le<br />

surfetlekitesurf.<br />

Malgré son charme évident,Essaouira<br />

échappe aussi àlaforte pression<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

66<br />

touristique qui, ailleurs, renchérit les<br />

prix et change les comportements. À<br />

la différencedelamajestueuse Rabat,<br />

de la hautaine et impériale Fès ou de<br />

la trépidanteMarrakech,àtrois heures<br />

de route, la douce Essaouira affiche<br />

une tranquillité de bon aloi, un artde<br />

vivreintact teinté de nostalgie,àl’image<br />

du petit aéroport, où l’ancienne<br />

aérogarehispano-mauresque renvoie<br />

le voyageur aux temps héroïques de<br />

Mermoz…<br />

Ses habitants, les Souiris, ont gardé<br />

cetteamabilité souriantetraditionnelle<br />

chez les Berbères, sans l’insistance<br />

collantequi agacetant ailleurs. Petit<br />

détail significatif du caractèresouiri:<br />

les petits morceaux de pain dur abandonnés<br />

sur le reborddes fenêtres. On<br />

ne jettejamais le pain.On le laisse ainsi<br />

aux pauvres qui le récupèrent, pour<br />

euxouleurs animaux. Cetteattention<br />

portée aux autres,sans ostentation,est<br />

l’un des traits d’Essaouira, modesteet<br />

chaleureuse.<br />

Cernée par des remparts de pierre qui<br />

ancrent leurs fondations sur les rochers<br />

que bat l’Océan, l’ancienne Mogador<br />

agardé le charme des cités portuaires<br />

africaines naguèrepuissantes.Essaouira<br />

–“la bien dessinée”–fut bâtie en


1760 sur le modèle de Saint-Malo par<br />

l’architectefrançais Nicolas Cornut.<br />

Elle asuéviterl’anarchie hôtelièrequi<br />

défigure tant de fronts de mer.Préservée,<br />

malgré quelques dégâts irréparables,<br />

notamment dans l’ancien mellah<br />

(le quartier juif), la médina est classée<br />

au patrimoine mondial de l’Unesco.<br />

Cettevillebleu-blanc-rose méritede<br />

longuespromenades, au hasarddeses<br />

ruelles étroites. Entre deux routards<br />

occidentaux, on ycroise des femmes<br />

aux cabas débordant de légumes, des<br />

galopades d’enfants aux yeux noirs,des<br />

jeunes gominés en jeans, voiles ou<br />

minijupes, des chibani (vieillards)<br />

ensommeillés sur leur banc de pierre,<br />

veillés par des chats maigres. Sous un<br />

ciel azur d’une luminosité exceptionnelle,<br />

le bleu traditionnel des porteset<br />

des volets renvoie àl’Océan ourlé<br />

d’embruns.<br />

La famille Azoulayasauvé<br />

cet ancien palais caïdal<br />

Les murs et les terrasses le plus<br />

souvent passés àlachaux rehaussent<br />

le rose pâle des remparts et de quelques<br />

bâtisses,souvenir du temps lointain où<br />

la“cité purpurine”avait bâti sa richesse<br />

en exploitant la pourpre.Exportéevers<br />

PHOTOS :L’HEURE BLEUE -FRÉDÉRIC PONS<br />

L’excellence. Le porche d’entrée de L’Heure bleue (aucentre, François<br />

Laustriat,ledirecteur). Àgauche,lamédina vue de la terrasse de l’hôtel.<br />

la Grèce, Rome ou le Vatican, cette<br />

matière colorante degrande valeur<br />

extraite dumurex (un mollusque)<br />

servait àfabriquer la pourpreromaine,<br />

royale ou cardinalice.<br />

La perle hôtelière d’Essaouira –<br />

“notre fierté”,sil’on en croit les guides<br />

–est l’Heurebleue,magnifique établissement<br />

niché au sud de la médina,Bab<br />

Marrakech (porte de Marrakech), à<br />

deux pas de la grande plage. Ce palais<br />

caïdal, bâti àlafin du XIX e siècle sur<br />

un ancien fondouk (caravansérail),fut<br />

transformé en orphelinat, puis laissé à<br />

l’abandonpendant plus de trenteans.<br />

En rachetant cette“belle endormie”,<br />

RobertAzoulaysauva cettebâtisse de<br />

la destruction.<br />

Au Maroc, tout le monde connaît<br />

cettegrande famille juive.<br />

L’un de ses plus éminents<br />

représentants, André, est<br />

conseiller économique<br />

privé deMohammedVI,<br />

après avoir été celui de son<br />

pèreHassan II.Robert,l’un<br />

de ses cousins,est resté très<br />

attaché àEssaouira, qui<br />

compta jusqu’à 60 %d’habitants<br />

juifs, comme l’attestent<br />

l’importance du<br />

mellah et le nombred’étoiles<br />

de Davidsculptées dans<br />

la pierre,aux linteaux des<br />

plus vieilles maisons.<br />

Financier de la restauration de la<br />

médina, mécène de ces festivals qui<br />

font battre le cœur et les mains des<br />

Souiris et de leurs visiteurs (le Printemps<br />

musical des alizés, les musiques<br />

Gnaoua, les Andalousies atlantiques),<br />

RobertAzoulayrestauraetembellit le<br />

palais avec les meilleurs artisans de la<br />

ville pour en faire cette magnifique<br />

Heurebleue.<br />

L’architecture–trois niveaux de galeries<br />

surmontés d’une terrasse et d’une<br />

piscine panoramique –etladécoration<br />

font de cethôtel l’un des plus beaux<br />

d’Afrique. La grande demeurepatricienne<br />

s’organise autour du patio<br />

arabo-andalou, rafraîchi par une<br />

fontaine où l’on sème des pétales de<br />

rose.Le thé àlamenthe de l’après-midi<br />

ou la kémia du soir (les tapas marocaines)<br />

ysont des moments privilégiés.<br />

Le restaurant du chef Ahmed Handour<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

67<br />

Construite<br />

parunFrançais<br />

auXVIII e siècle<br />

surlemodèle<br />

deSaint-Malo,<br />

laville<br />

alecharme<br />

d’unancien<br />

comptoir.<br />

(son talent culinaire auservice des<br />

produits de l’Océan le conduit sans<br />

douteverssapremièreétoile), le bar<br />

anglais, la salle de billardetles chambresconvergent<br />

vers ce havredepaix que<br />

trouble àpeine le crides mouettes.<br />

Intégréedès son ouverture(juin<br />

2004) dans le club d’excellence des<br />

Relais et Châteaux, l’Heurebleue offre<br />

la quintessencedelacourtoisie francomarocaine,qualité<br />

sur laquelle veillent<br />

particulièrement François Laustriat,<br />

directeur général, Max Ireland, son<br />

directeur de la clientèle, et les 60 personnes<br />

au service des 33 chambres et<br />

suites. Fils d’hôteliers àMoulins, pilier<br />

de la chaîne des Relais et Châteaux,<br />

François Laustriat fut rappelé par<br />

RobertAzoulayduTaha’a Island Resort<br />

(Polynésie) pour reprend-<br />

re et développer son hôtel<br />

en 2008.<br />

Symphonie de blanc,<br />

d’azur et de turquoise, la<br />

terrasse et sa piscine offrent<br />

à360 degrésl’un des plus<br />

beaux points de vue sur la<br />

médina et l’Océan. Son<br />

brunchdominical s’impose<br />

comme un rendez-vous<br />

obligé pour tout voyageur<br />

exigeant. Aux heures les<br />

plus chaudes, Maxdistribue<br />

des chapeaux de paille<br />

et explique les activités. Pour les sportifs,<br />

le golf (580 hectares, àtrois kilomètresàpeine),l’initiation<br />

au kitesurf<br />

ou une balade en quad. Pour les curieux,<br />

une randonnée àdos de dromadaire,<br />

le tour de la ville ou la découvertedel’arrière-pays.<br />

Lesamateurs<br />

de bien-être ne manqueront pas le<br />

rituel tonique du hammam traditionnel.<br />

Plus tard, avant de filer vers les<br />

remparts et leurs canons de bronze<br />

venusd’Espagne, là où Orson Welles<br />

tourna son Othello,palme d’or 1952 à<br />

Cannes,il faudraavoir relu Paul Claudel<br />

: «Iln’y aqu’un seul château que je<br />

connais, où il fait bon vivreenfermé. Il<br />

faut plutôt mourir que d’enrendreles<br />

clés. C’est Mogador,enAfrique. »<br />

Maroc :www.visitmorocco.com<br />

L’Heure bleue. www.heure-bleue.com ;<br />

www.relaischateaux.com


Santé.Traiter nos enfants comme des adultes<br />

nefavorisepasleuréquilibre.Explications.<br />

Respecterl’enfance<br />

Onsait depuis Françoise Dolto,<br />

voiredepuis Freud, qu’il faut<br />

considérer l’enfant “comme<br />

une personne”. Mais àtroplui<br />

laisser de placedans sa cellule familiale<br />

et dans la société tout entière, on l’a<br />

métamorphosé en “enfant roi”,hélas,<br />

guèreplus épanoui et heureux que ses<br />

aînés qui avaient justeledroit de se<br />

taire.<br />

Autreparamètre,àmesurequ’onafait<br />

des jeunes, de nos ados, une référence<br />

absolue, le temps de l’enfance s’est<br />

considérablement réduit.La télévision,<br />

Internet,les jeux vidéo,lamode… tout<br />

porte dans notre société àvoir les<br />

enfants plus grands qu’ils ne sont.<br />

En matièred’éducation,l’après-Mai<br />

68 afavorisé la permissivité mais également<br />

une confusion des genres:onn’a<br />

plus seulement reconnul’enfant comme<br />

une personne, on l’a, sous couvert<br />

de liberté, anticipé adulte. «Orilest<br />

important de marquer les âges de l’enfance<br />

et de s’opposer au laxisme ambiant<br />

tout en acceptant le conflit » remarque<br />

Béatrice Copper-Royer,psychologue<br />

clinicienne et psychothérapeuteàParis<br />

dans Vosenfants ne sont pas des grandes<br />

personnes, unouvrage bien argumenté<br />

qui part d’observations<br />

cliniques. «Jamais me semble-t-il les<br />

parents n’ont été aussi soucieux du bienêtre<br />

de leurs enfants ;etcombiendeces<br />

enfants paraissentpourtant souffrir d’un<br />

mal-être d’autant plus troublant pour<br />

leurs parents ?»,souligne-t-elle dans<br />

cetouvrage plein de bon sens où l’on<br />

comprend ôcombien l’enfant est<br />

certes une personne, mais une «personne<br />

en développement » quiabesoin<br />

d’être écoutée mais aussi encadrée<br />

pour se structurer.Sans l’infantiliser,<br />

on doit reconnaître àl’enfant les<br />

besoins qui lui sont propres.<br />

“Amis”avecleurs enfants et vivant<br />

dans la craintedesefairedétester,de<br />

nombreuxparents ont du mal àleur<br />

imposer des limites. Or si parfois dès<br />

l’âge de 10 ans, l’enfant, plus mûr<br />

qu’autrefois et mieux informé,entre<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

68<br />

PHOTO12 -ALAMY<br />

dans le temps décisif de l’individualisation,iln’enestpaspourautantmoins<br />

fragile. Il abesoin d’être guidé et de se<br />

soumettre àdes règles,même s’il affirme<br />

le contraire.<br />

Autrechangement,les parents associent<br />

plus volontiers qu’autrefois les<br />

enfantsàleursdécisions,maisattention:<br />

leurcomportementn’estpaspertinent<br />

lorsqu’ils font de leur enfant un interlocuteurpour<br />

tout, «lemettant bien<br />

souvent devant des situations qui le<br />

dépassent»,souligne Béatrice Copper-<br />

Royer.<br />

Chacun doit<br />

rester àsaplace !<br />

Lessoucis des parents ne sont pas les<br />

leurs,certains choix ne relèventque des<br />

parents et ce n’est pas parce qu’un<br />

enfant se prend pour un ado qu’il en est<br />

un.Dans cetteversion actualisée,l’ouvrage<br />

–initialement publié en 1999 –<br />

prend en comptequelques problématiques<br />

actuelles comme “les familles<br />

recomposées”,“lestress des parents face<br />

àlaréussitescolaire”,“le phénomène de<br />

binge drinking”, soit l’alcoolisme chez<br />

les ados,ou encoreInternet.«SiInternetleur<br />

fait croirequ’ils sont des grandes<br />

personnes,n’oublions pas de les remettre<br />

àleur place d’enfants en restant des<br />

guides bienveillants et vigilants.Desnotions<br />

essentielles comme l’intimité et la<br />

pudeur, tellement galvaudées par les<br />

nouveaux codes de communication,<br />

mériteraient d’être rappelées », estime la<br />

psychologue clinicienne. Àlire son<br />

récit, on se dit qu’à tout âge, mieux<br />

assumer d’appartenir àune génération<br />

n’est pas superflu, certains parents se<br />

comportant plus comme des ados que<br />

comme des“grandes personnes”.<br />

V IRGINIE JACOBERGER-LAVOUÉ<br />

Vosenfants ne sont pas<br />

des grandes personnes,<br />

de Béatrice Copper-Royer,<br />

AlbinMichel, coll.<br />

“Questions de parents”,<br />

192 pages, 13,90 €.<br />

Evoquer les cancers des enfants<br />

Pour sensibiliser chacun àson engagement dans la luttecontreles cancers<br />

et leucémies de l’enfant et de l’adolescent,la fédération Enfants et Santé<br />

organise chaque année un concours de poésie avec des élèves de CM2<br />

(10-11 ans).La finale de l’édition 2010,qui s’est tenue àParis,<br />

avait pour thème l’amitié.La vidéo de la grande finale est visible<br />

surwww.enfants-sante.asso.fr.Lerecueil des poèmes est mis en vente<br />

sur le siteafin de permettre àtous d’aider l’association,qui soutient<br />

des programmes nationaux proposés par la Société française<br />

des cancers et leucémiesdel’enfant et de l’adolescent. V. J.-L.


Dents sensibles : des solutions<br />

pour prévenir et soulager !<br />

MuniraNop,<br />

Docteur<br />

en pharmacie.<br />

Les bonnes pratiques en 3étapes pour des dents<br />

plus résistantes face aux agressions :<br />

1. Utiliser une brosse àdents àbrins souples en hygiène bucco-dentaire<br />

quotidienne.<br />

La brosse àdents INAVA Sensibilité aété spécialement conçue pour brosser efficacement<br />

et sans douleur les zones sensibles de la muqueuse buccale, des gencivesoudes<br />

dents.<br />

•Ses brins coniques àextrémité micro-fine permettent un brossage<br />

ultra-doux.<br />

•Les qualités ergonomiques des brosses àdents<br />

INAVA permettent un geste précis et leur<br />

protège-tête valisette, pratique et hygiénique,<br />

assure la protection des brins.<br />

2. Consolider l’émail des dents grâce àundentifrice àbase de fluor.<br />

Le gel dentifriceELGYDIUM Dents Sensibles aide àreminéraliser la dent et contribue<br />

àaugmenter sa résistance face aux attaques acides pour des dents plus<br />

fortes.<br />

•Saformule contient du Fluorinol<br />

® (fluor de dernière génération)<br />

pour une fixation intense<br />

sur la dent dès la première<br />

minute du brossage.<br />

•Aromatisé àlamenthe.<br />

Les Laboratoires PierreFabreSantécontribuent àaméliorer la qualitédevie de toutelafamille<br />

en innovant dans lesdomaines complémentaires du médicament, de la santéfamilialeet<br />

de la dermo-cosmétique. Parlez-en avec votrepharmacien.<br />

d’une altération de l’émail et/ou<br />

d’une rétraction des gencives.<br />

Pour prévenir cette hypersensibilité,<br />

il est indispensable d’éviter<br />

l’abus d’aliments acides mais également<br />

d’avoir le bon geste et les<br />

bons outils de brossage au quotidien<br />

:une brosse àdents àbrins<br />

souples et un dentifrice fluoré.<br />

Un gel désensibilisant fluoré peut<br />

également être conseillé en complément,<br />

en utilisation ponctuelle,<br />

pour renforcer l’émail des dents<br />

et soulager rapidement la douleur.<br />

Bien évidemment, il reste très important<br />

de consulter régulièrement<br />

son chirurgien-dentiste.»<br />

3. Pour soulager et prévenir<br />

la sensibilité :ungel<br />

désensibilisant peut être<br />

associé pour un soin complet.<br />

Àappliquer<br />

sur les zones<br />

douloureuses<br />

après<br />

le brossage,<br />

le gel<br />

SENSIGEL<br />

possède deux<br />

actifs :le<br />

Fluorinol ® et<br />

le nitrate de<br />

potassium qui<br />

contribuent<br />

àréduire la<br />

sensibilité et à<br />

consolider intensément<br />

l’émail.


Guide Tendances<br />

ÉVASION<br />

“Saint-Trop”, lechâteau de la<br />

A Messardière (<strong>photo</strong>),cinq étoiles<br />

disposant de 45 suites et 73 chambres<br />

luxueuses, membre dutrès<br />

sélectif Leading Hotels of the World,<br />

est une institution. Sa localisation,<br />

au sommet d’une colline dominant<br />

la presqu’île de Saint-Tropez, àquelques<br />

minutes des plages et du village,<br />

aconstruit sa légende.<br />

Acteurs, politiciens et propriétaires<br />

deyachts en ont fait une étape<br />

obligée. Pour autant, l’adresse mérite<br />

mieux qu’une étiquettede“destination<br />

paillettes”. Au-delà même de<br />

son cadreenchanteur, cethôtel haut<br />

de gamme est àprivilégier cetété par<br />

les mélomanes puisqu’il est partenaireduFestival<br />

classique de Ramatuelle<br />

(qui se tiendra du15au<br />

21 juillet). Ce nouveau festival de<br />

musique classique mené par Roland<br />

Cohen, son président, et Olivier<br />

Bellamy, érudit présentateur de<br />

Radio classique qui aaccepté d’en<br />

être le directeur artistique, réunit<br />

une pléiade d’artistes de renommée<br />

mondiale (lirelachronique musicale<br />

de Stéphane Haïk en page 61).<br />

Le château de la Messardière,<br />

demeure duXIXe ChâteaudelaMessardière:<br />

paradispourmélomanes<br />

Rochette, architecte en chef des<br />

Monuments historiques, sera aussi<br />

la “terre d’accueil” de ces grands<br />

artistes qui ne manqueront pas de<br />

profiter de ses nombreux attraits.<br />

L’hôtel dispose d’un dépaysant parc<br />

de 10 hectares où les statues se<br />

cachent àl’ombre des pins et d’un<br />

Spa raffiné qui doit son expertise à<br />

ses partenaires renommés (La Prairie<br />

etCinq Mondes). Surtout, ce<br />

cinq étoiles paraît une destination<br />

légitime au regarddeson engagement<br />

artistique :ilest depuis<br />

plusieurs années reconnu pour la<br />

qualité de ses expositions et présente<br />

sur ses cimaises les œuvres de<br />

VictoiredelaMessardière, dernière<br />

descendantedelafamille et peintre<br />

accompli.<br />

L’hôtel de la Messardièreprofitede<br />

la personnalité de ses dirigeants<br />

actuels :Gerald Hardy, son administrateur,<br />

qui veille au choix des<br />

expositions ;Alexandre Durand-<br />

Viel, son directeur d’exploitation,<br />

passionné de musique classique et<br />

inconditionnel de Radio classique.<br />

VIRGINIE JACOBERGER-LAVOUÉ<br />

Château de la Messardière,<br />

rénovée en1989 route de Tahiti, 83990 Saint-Tropez.<br />

sous la direction de Jean-Claude Rens.:04.94.56.76.00 et www.messardiere.com<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

70<br />

HOTEL DE LA MASSARDIERE<br />

MÉCÉNAT<br />

Fondation<br />

Saint-Exupéry,<br />

aucœurdel’action<br />

A<br />

l’image du PetitPrince d’Antoine<br />

de Saint-Exupéry (aux éditions<br />

Gallimard), symbole de générosité, la<br />

Fondation Antoine de Saint-Exupéry<br />

pour la jeunesse, lancée il yaunan,<br />

entendapporterson aide aux jeunes<br />

démunis. Cettefondation créée par la<br />

Succession Saint-Exupéry-d’Agayprésentecinq<br />

projets qu’elle soutient ou<br />

s’apprêteàsoutenir d’ici trois ans.<br />

Au Cambodge, où 45 %delapopu-<br />

lation est illettrée, la fondationparraine<br />

le Sipar (Soutien àl’initiative privée<br />

pour l’aide àlareconstruction des pays<br />

du Sud-Est asiatique) qui œuvresur<br />

place depuis quinze ans. Elle adéjà<br />

contribué au succès du PetitPrince en<br />

langue khmère (<strong>photo</strong>), réédité pour la<br />

cinquième fois, et veut àprésent mettre<br />

en placeunhuitièmebibliobus qui<br />

voyageradevillageenvillage.<br />

Au Maroc, elle apporte son soutien à<br />

l’Académie des sports Cap-Juby, organisatrice<br />

d’un raid sportif mais aussi<br />

d’une formation de langue française.<br />

ÀMadagascar,c’est l’EMDH (Enfants<br />

du monde-Droits de l’homme) qui a<br />

été choisi afin d’améliorer les conditions<br />

de scolarisation. En Argentine,<br />

c’est l’associationVoldenuit qui ambitionne<br />

de créer un centre psychomédical<br />

et social àBuenos Aires.En France,laFondation,<br />

qui apour marraine<br />

laspationauteClaudieHaigneré,œuvre<br />

pour des valeurs humanistes chères à<br />

Antoine de Saint-Exupéry, en apportant<br />

son aide au Centre ressources<br />

théâtre handicap (CRTH). V. J.-L.<br />

SurInternet:www.fondation-antoinede-saint-exupery.org<br />

FONDATION SAINT EXUPERY


LA SEMAINE HIGH-TECH<br />

Enboire<br />

detoutes<br />

les<br />

couleurs<br />

esuccès du BeerTender,<br />

Lcettepetitemachine à<br />

pression qui permet de<br />

servirdes bières de proà<br />

la maison,ne faiblit pas.<br />

Plus de 200 000 appareils<br />

ont été vendus en trois ans !Afin<br />

de célébrer cetteréussiteetl’arrivée<br />

de l’été, le BeerTender se drape de<br />

couleurs. Le modèle Color de la série<br />

limitée Summer Collection est<br />

habillé de cuir,devinyleetdebonne<br />

humeur.<br />

LE LIVRE<br />

Des prénoms<br />

littéraires<br />

V<br />

oici le tout premier guide pratique<br />

des Plus Beaux Prénoms de la littérature.D’emblée<br />

on songe, du côté des<br />

féminins, àlatragique Anna (Karénine)<br />

de Léon Tolstoï, àlaBéatrice qui<br />

sublime Dante, àlabelle Oriane de<br />

Guermantes qui aime régner sans<br />

partage dans Àlarecherchedutemps<br />

perdu de Marcel Proust;et, du côté des<br />

masculins, aux mythiques prénoms<br />

Avec ses surpiqûres<br />

subtiles, il apportera une<br />

touche de design àvotre<br />

cuisine. Et de technologie.<br />

Le BeerTender Color est<br />

surplombé d’un écran<br />

TV amovible faisant<br />

officedecadre<strong>photo</strong>et<br />

de lecteur multimédia.<br />

Àl’intérieur,unfût de<br />

5litres accueillant la<br />

bière. Au choix :Heineken,<br />

Affligem, Pelforth<br />

blonde ou, nouveauté<br />

de l’été, Desperados.<br />

Sans se rendreaucafé,<br />

vous pourrezretrouverchezvous<br />

une<br />

pression de qualité,à<br />

températureetornée<br />

d’une belle mousse. Cetteédition limitée<br />

pétillante est en vente sur<br />

www.beertender.fr et au Publicisdrugstore<br />

des Champs-Élysées. À<br />

consommer bien entendu avecmodération…<br />

SummerCollection Color,BeerTender,<br />

499 €.<br />

UnsupportpouriPadépatant<br />

e28mai, l’iPad arrivait en France. Vous<br />

Lêtes peut-êtredepuis l’heureux proprié-<br />

tairedelatablettetactile d’Apple !Le<br />

BookStand de Macally va alors vous intéresser.C’est<br />

un système 2en1pour iPad,<br />

àlafois étui de protection (disponible en<br />

gris-orange et en noir) et supportde<br />

visualisation. Léger et résistant, il enveloppe<br />

la tablettepour la protéger des chocs et<br />

de la poussière. Il permet aussi de la surélever, pour s’en<br />

servirdeclavier ou pour faciliter la lecturedevotre magazine préféré.<br />

BookStand, Macally, 49,95 €.<br />

comme Ulysse, d’Homère, Tristan,<br />

légendaire amant d’Iseult, Rodrigue<br />

du Cid de Corneille, Lucien<br />

(de Rubempré) des Illusions<br />

perdues d’Honoré de Balzac,<br />

Edmond (Dantès) du Comte<br />

de Monte-Cristo d’Alexandre<br />

Dumas, Solal de Belle du<br />

Seigneur d’AlbertCohen.<br />

Mais on retrouve ici aussi<br />

avec bonheur la Camille d’On<br />

ne badine pas avec l’amour d’Alfred de<br />

Musset, l’idéaliste Clélia de la Chartreuse<br />

de Parme de Stendhal et l’incontournable<br />

Emma (Bovary) chère<br />

àGustave Flaubert. On se promène<br />

aussi en littérature avec deprécieux<br />

guides comme René (de Chateau-<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

71<br />

SmallBrother<br />

Partez en vacances en toutetranquillité<br />

en plaçant un espionchez<br />

vous !Un“BigBrother” minuscule :<br />

l’iCam 100n. Cette petitecaméraest<br />

un systèmedevidéo surveillance<br />

qui filme, <strong>photo</strong>graphie,détecte les<br />

mouvements et envoie des alertes<br />

emails avec les séquencessuspectes.<br />

Si vous<br />

avez installé plusieurs<br />

caméras, le mode<br />

Multicam vous<br />

permettra d’afficher<br />

toutes les prises de<br />

vuesousforme de<br />

murd’images.<br />

L’iCam se<br />

connecteenwi-fiou<br />

parcâble Ethernet. Vous<br />

pouvezaccéder àses enregistrements<br />

n’importe où via<br />

une connexion Internet.<br />

iCam 100n, Bewan, 89,90 €.<br />

Spectaclesàpetitsprix<br />

Surlesiteinternet 2heuresavant.com,vous<br />

pouvezacheter des<br />

places de spectacles àdes prix<br />

renversants. Tout simplement parce<br />

que les tickets ysont mis en vente<br />

deux heures avant le début de la<br />

représentation !Lapromesse, pour<br />

lesproducteurs, d’avoir des salles<br />

remplies, et pour vous de fairede<br />

bonnes affaires. Des concerts de<br />

Jacques Dutronc, Marc Lavoine,<br />

Paul Anka ou encoredes pièces de<br />

théâtreont déjà été proposés aux<br />

internautes. Connectez-vous aux<br />

alentours de 17 heures pour bénéficier<br />

de cesoffres de dernièreminute.<br />

SurInternet:www.2heuresavant.com<br />

CÉCILE MORTREUIL<br />

briand), Lucien (du Rouge et le Noir<br />

de Stendhal), Hadrien des grandioses<br />

Mémoires d’Hadrien de MargueriteYourcenar…<br />

L’idée de<br />

ce petit guide, qui appartient<br />

àlacollection des“Petits<br />

Carnets (f)utiles”des éditions<br />

Alternatives, est de passer au<br />

crible tous ces prénoms littéraires<br />

avec unbrin d’humour.Onydécouvre<br />

ainsi,<br />

Anna Karénine «comme la toute<br />

première des “Desperate Housewives”»!<br />

V. J.-L.<br />

Les Plus Beaux Prénoms de la littérature,<br />

de Thibault de Montaigu,<br />

éditions Alternatives, coll. “Petits Carnets<br />

(f)utiles”, 125 pages, 9,90 €.


Guide Tendances<br />

AUTOMOBILE<br />

L’étoffedespilotes<br />

Sil’automobilisteest souvent<br />

dans le collimateur,lepilote<br />

et son bolide font toujours<br />

rêver. LeMans Classic le<br />

prouve.Du9au11juillet, 468 voitures,<br />

dont la Jaguar E2A, prototype<br />

préfigurant la Type E, engagée par<br />

Briggs Cunningham en 1960, la<br />

Ferrari330 TRI victorieuse en 1962<br />

avec Olivier Gendebien et Phil Hill<br />

ou l’Aston Martin DP212, vont faire<br />

revivretoutes lesémotions de la plus<br />

belle course d’endurance (<strong>photo</strong>).<br />

Comme le Tour Auto, LeMans<br />

Classic aété l’artisan du renouveau<br />

de ces événements populaires et<br />

sportifs, mariant passionnés et néophytes.<br />

La qualité des véhicules engagés et<br />

l’élégantesimplicité du rendez-vous,<br />

ponctué d’animations comme Little<br />

Big Mans, amusante course pour<br />

enfants, ou la vente aux enchères<br />

d’Artcurial, provoquent un engouement<br />

telque la manifestation draine<br />

aujourd’hui plus de 80 000 spectateurs,<br />

soit quasiment autant que<br />

pour la course des 24 heures.<br />

Puisant l’inspiration dans la passion,<br />

comme Arthur de Soultrait<br />

avecVicomte A. (vicomte-a.com),<br />

ou dans la tradition familiale, tel<br />

Fernand Bachmann (fernandbachmann.com)<br />

éponyme ducélèbre<br />

pilotedes années 1920,Alain Figaret<br />

adéveloppé une gamme spécifique<br />

accessible dans ses boutiques et sur<br />

son site devente en ligne (figaret-<br />

tourauto.com). Polos badgés, parkas<br />

piquées et gansées, boutons de<br />

manchettes évocateurs, en forme<br />

de papillon, de roue ou de comptetours,<br />

permettent aux “gentlemen<br />

drivers”desefournir avec élégance,<br />

comme le propose depuis quelques<br />

années Chapal (chapal.fr), ou de<br />

ponctuer leur tenue deville d’un<br />

subtil rappel de leur violon d’Ingres.<br />

Des noms de bons faiseurs aux ateliers<br />

accessibles sur rendez-vous,<br />

comme Spirit of Speed (spiritofspeed.fr)<br />

ou Jaeger Mesure(jaegermesure.fr),<br />

s’échangent désormais<br />

entre initiés.<br />

Dunhill, connu dès le début du<br />

XX e siècle pour équiper l’automobiliste,<br />

propose articles de maroquinerie,<br />

de prêt-à-porteretaccessoires<br />

emblématiques. Profitant de sa collaboration<br />

avec lamanufacture horlogère<br />

Jaeger-LeCoultre,lamarque<br />

renoue avec la tradition des montres-bracelets<br />

lisibles sans lâcher le<br />

volant.<br />

Influencés par l’élégance joyeuse<br />

des manifestations anglaises, où l’on<br />

n’hésitepas àarborer des tenues de<br />

l’époque de son véhicule favori,les<br />

visiteurs ont désormais àcœur de<br />

respecter un“dress code”, vintage<br />

mais raffiné. Tous veulent maintenant<br />

s’approprier l’étoffe des pilotes.<br />

FRÉDÉRIC BRUN<br />

Le Mans Classic, 9, 10 et 11 juillet,<br />

circuit des 24 Heures du Mans, et vente<br />

Artcurial.Rens. :www.lemansclassic.com<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

72<br />

PHOTOS :FYB -XAVIER VOIROL<br />

MONTRES<br />

Hommage<br />

àunvisionnaire<br />

L<br />

’horlogerie est en deuil. Nicolas<br />

Hayek, le charismatique fondateur<br />

du Swatch Group,nous aquittés. Les<br />

hommages se succèdent et c’est bien là<br />

la moindre des choses. Car voilà un<br />

homme qui amarqué son temps.<br />

Notretemps. Au sens proprecomme<br />

au figuré.<br />

«Ilfaut toujours un coup de folie pour<br />

bâtir un destin »,écrivait Marguerite<br />

Yourcenar.Alors Nicolas Hayekaeu<br />

plusieurs destins. Quelle folie en effet<br />

que de penser faireunsuccès planétaire<br />

avec une montre Swiss made à<br />

quartz et en plastique !Lapremière<br />

Swatch est commercialisée en 1983. Et<br />

avec elle, Hayek<br />

sauve l’industrie<br />

horlogèresuisse,<br />

dépassée àl’époque<br />

par un Japon<br />

omniprésent.<br />

Armédeconvictions<br />

et d’idées<br />

nouvelles, il gagnedes<br />

batailles,<br />

reprend des sociétés<br />

et redore le<br />

blason de la tra-<br />

Nicolas Hayek. ditionmécani- Inventeurdela que. Dans ses<br />

Swatch et de mains, Omega,<br />

la Smart, décédé dont il prend le<br />

le 28 juin à82ans.<br />

contrôle dans les<br />

années 1980, re-<br />

vient sur le devant de la scène;Breguet<br />

–son enfant chéri –renaît deses<br />

cendres après son rachat par le groupe<br />

Swatch en 1999.<br />

Son autre folie :révolutionner le<br />

monde de l’automobile avecune petite<br />

voiturecitadine deux places.<br />

Loufoque, diront certains, impossible,<br />

diront les autres. Et pourtant,<br />

force est de constater aujourd’hui que<br />

la Smart–àl’origine la Swatchmobile<br />

–est une réussite.<br />

On le sait, l’homme était un visionnaire.<br />

Génial et enthousiaste. Sa passion,<br />

il la communiquait mais jamais<br />

ne l’imposait.Un entrepreneur doublé<br />

d’un créateurs’en est allé;mais maintenant,<br />

c’est sûr,les anges portent une<br />

Swatch. FRANK DECLERCK


Jeux &problèmes<br />

LE BRIDGE par PASCALINE DELACOUR<br />

OUEST<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5<br />

6<br />

7<br />

8<br />

9<br />

NORD<br />

V<br />

Sud joue 3SA,entame 6de♠pour le Roid’Est.<br />

Match par quatre.<br />

SUD<br />

PROBLÈME N° 615<br />

I II III IV V VI VII VIII IX<br />

■ SOLUTIONS DES JEUX PAGE 75. POUR LE BRIDGE, LA SEMAINE PROCHAINE.<br />

EST(donneur)<br />

LESENCHÈRES<br />

S O N E<br />

–<br />

1SA – 3SA Fin<br />

SOLUTION DU PROBLÈME N° 614<br />

Sud joue 4❤,entame Roi de ◆(le 6enEst). Gagnez onze levées<br />

en connaissance de causeentournoi par paires. Tous vulnérables.<br />

♠R87<br />

❤A973<br />

◆ A10875<br />

♣6<br />

♠AV6532<br />

❤6<br />

◆RD4<br />

♣743<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

73<br />

O<br />

S<br />

N<br />

E<br />

♠4<br />

❤RV1054<br />

◆V<br />

♣RV9852<br />

♠D109<br />

❤D82<br />

◆9632<br />

♣AD10<br />

Ouestmontreses honneurs àl’entame, avecsans douteRoi et<br />

Dame de ◆ et l’Asde♠,puisqu’il n’apas entamé dans cette<br />

couleur,soutenue par son partenaire!Vous prenez l’entame de<br />

l’Asde◆et jouezimmédiatement ♣,Est plonge de sonAs (3 en<br />

Ouest) et rejoue ♠ pourl’Asd’Ouestqui en rejoue.Vous prenez<br />

du Roietcontinuez ♠coupé en main, puis petit ♣ coupé, le 10<br />

apparaissant en Est. Faisons le point :les ♣ sont probablement<br />

3/3,Est ayant sûrement la Dame;Est en mettant le 6de◆àl’entame<br />

montre quatre cartesdans cettecouleurpuisqu’il n’yaque<br />

le 9au-dessus du 6etcenepeut être deux cartescar Ouest en<br />

aurait alors quatorze!Vous présentez donc l’Asde❤,toutle<br />

monde fournit, Ouest adonc six ♠,trois ◆ et trois ♣,doncun<br />

seul❤et vousfaitestranquillementl’impasseàlaDamed’atout<br />

quandEstfournitunpetit.SuitleRoide❤pourprendrelaDame<br />

puis le Roide♣.Comme vous l’attendiez, la Dame vient en Est<br />

et tous les ♣ sont affranchis pour le topaveconzelevées.Vous<br />

n’avezperdu que les deux As noirs… C’est la belle distribution<br />

de Sudqui permet de demander cettemanche avecseulement<br />

20points,alorsquelecontratde4♠chute sévèrement…(moins<br />

trois sur l’entame de l’Asde◆et continuation à ◆).<br />

LA GRILLE par PAUL ÉVRY<br />

Horizontalement<br />

1.Un penchant pour les<br />

grands de ce monde.2.Façon<br />

de gagner les cœurs…<br />

en allumant la mèche?<br />

3.Rapportsans fin.UneSuisse<br />

forttroublée ou les moyens<br />

d’en sortir. 4.Voilà qui nous<br />

interpelle.Un type très affecté.5.Souvent<br />

dans les dents<br />

quandils’agit de boxer.<br />

Grand temps.Demi-tour.<br />

6.L’homme d’un fameux<br />

canal.Demi-tour.7.Là,il est<br />

en entier.Unfou aux emportements<br />

impossibles àretenir.<br />

8.On l’a dans l’os.9.Mises àla<br />

rue,elles font la Russie.Boîte<br />

de production renversée.<br />

L’ÉNIGMEparEURÊKA<br />

Rappel des enchères<br />

S O N<br />

1◆ *<br />

E<br />

–<br />

1❤ 2♠ 3❤ 3♠<br />

4❤ Fin<br />

*C’était évidemment ◆l’ouverture de<br />

Nord et non ♣ comme écrit par erreur.<br />

Verticalement<br />

I.Balances.II.Produites<br />

àlachaîne.III.Colle.<br />

Réponsedesourd.<br />

IV.Pour eux,la plaie,<br />

c’est le gros bouillon.<br />

V.La pointeducombat.<br />

Personnel en tenue.<br />

VI.Pris.Abandon<br />

de chien àramasser.<br />

VII.Chiffreprobant.<br />

Éléments de cuisine.<br />

VIII.Issues de notre<br />

imaginairefantastique,<br />

sont le plus souvent soit<br />

horribles soit sublimes.<br />

IX.Un truc ànerien voir<br />

alors que ça se déroule<br />

devantnos fenêtres.<br />

EnPaysbasqueChacun des 3petits villages d’Elissaberri,<br />

de Lecumberri et de Souraïdaberri alaparticularité d’avoir<br />

un curé originaired’un des 2autresvillages et un instituteur<br />

originairedutroisième.Le village qui aleseul curé originaire<br />

d’Elissaberri aleseul instituteuroriginairedeLecumberri.<br />

Dans quelle église se trouve alors le seul curé originaire<br />

de Souraïdaberri?


Guide Gastronomie<br />

PHOTOS :PHOTOTHEQUE VALMONDE<br />

ELLE ET LUIONT AIMÉ…<br />

Deuxamisau“CristaldeSel”<br />

ntrois ans,KarilLopez (<strong>photo</strong>) et<br />

EDamien Crépu ont conquis une<br />

clientèle de quartier par leur gentillesse<br />

et leurs assiettes de caractère.<br />

Ce printemps, un incendie aforcé<br />

leur belle enseigne àmarquer une<br />

pause de plusieurs semaines. Aujour-<br />

“FermeSaint-Siméon”,<br />

aubergecosyetcossue<br />

A<br />

deux heures de<br />

Paris, la Ferme<br />

Saint-Siméon, aux<br />

portes deHonfleur,<br />

propose une belle<br />

évasion normande<br />

sur la Côtefleurie.<br />

Dans cette maison<br />

du XVIIe siècle où<br />

tout rappelle la périodeimpressionniste,<br />

on est immédiatement<br />

saisi par<br />

le charme. Le restaurant,<br />

faceàl’estuaire<br />

et au pigeonnier, se<br />

partage entre deux<br />

salles aux poutres<br />

apparentes, tomettes anciennes, panneaux<br />

de chêne et cheminées.<br />

d’hui,elle rouvre dans un cadresimilaireetfait<br />

plus que jamais l’unanimité<br />

auprès des gourmets.<br />

Il aime le menu du jour avec, en<br />

entrée,des charcuteries et,en plat,un<br />

nem d’épaule d’agneau de lait des<br />

Landes (18 euros). Elle préfèreune<br />

entrecôtedebœuf pommes grenaille<br />

confites (23 euros) sans passer par la<br />

case desentrées mais,endessert,elle<br />

se “jette” sur le fromage blanc de<br />

campagne et une confituremaison.<br />

«Àsedamner »,dira-t-elle.Il boitun<br />

verredeminervois du domaine Le<br />

Cazal, Délice duvent (9euros le<br />

verre).Ils notentlemenudumarché<br />

(15 euros) et le déjeuner gourmand<br />

(18 euros), deux options àretenir<br />

pour une prochaine visite.<br />

KarilLopez et Damien Crépu sont<br />

toujours aussi adorables et humbles,<br />

avec une seule idée en tête:vous faire<br />

plaisir.Parler d’euxdans leurs nouveaux<br />

murs n’était que justice.<br />

O. D’ALBA et V. ANDRÉ<br />

Le Cristal de Sel, 13, rueMademoiselle,<br />

ParisXV e .Tél. :01.42.50.35.29.<br />

GOURMANDISES EN NORMANDIE<br />

Par VÉRONIQUE ANDRÉ<br />

De nombreuxtableaux impressionnistes<br />

font revivre l’atmosphère de<br />

l’époque.Auxbeauxjours,lesrepassont<br />

servissur les terrasses,àcôté de la roseraie,<br />

pour des assiettes aux saveurs du<br />

terroir :langoustines,<br />

crevettes,bar,homard<br />

ou encore veau et<br />

carré d’agneau.<br />

Lesprixsont plutôt<br />

doux si le choix se<br />

porte sur le menudu<br />

déjeuner,55euros en<br />

semaine seulement !<br />

Au dîner,onsedoitde<br />

choisir le menu Impressionnistes<br />

à129<br />

euros,pasdonnémais<br />

coloréetsavoureux.À<br />

essayerabsolument si<br />

vous êtes dans la région,<br />

l’adresse est une<br />

institution.<br />

FermeSaint-Siméon,20rue Adolphe-<br />

Marais, 14600 Honfleur.Tél. :02.31.81.78.00.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

74<br />

VA LEURSÀSUIVRE<br />

Lechoixd’ÉricBriffard<br />

Notre chef imprime au “George V”<br />

un rythme soutenu. Sa discrétion<br />

et sa franchise viennent épicer une<br />

technique reconnue et remarquable<br />

qu’il retrouve chez Jérôme Pierpaoli,<br />

une jeune toque au service<br />

de la gastronomie française.<br />

érôme offreune table authentique<br />

J<br />

aux produits exceptionnels et àla<br />

cuissonjuste.<br />

Son saintpierre<br />

àla<br />

plancha avec<br />

des légumes<br />

issus de l’agricultureraisonnée<br />

est un<br />

joyau.Il faut<br />

aussilegoûter<br />

le kouignamannetsaglaceaucaramel<br />

au beurre salé.L’accueil et le<br />

professionnalismedeJérômesontses<br />

plus belles qualités.Courez àsatable!<br />

Le Surcouf, 7, quai Gambetta,<br />

35260 Cancale. Tél. :02.99.89.61.75.<br />

La semaine prochaine Le chef<br />

nous parlera de Jean Imbert<br />

(“L’Acajou”, àParis dans le XVIe Éric Briffard.<br />

).<br />

NOTREMARCHÉ<br />

Lafamillebretzel<br />

faitdespetitstrès“mini”<br />

V<br />

oici pour l’été des bretzelsversion<br />

mini. Ces minibranchettes sont à<br />

tremper dans un fromage blanc aux<br />

herbes, àentourer d’une lanière de<br />

jambon fumé ou àpiquer dans des<br />

tomates cerise.<br />

Croustillanteetcraquante Impossible<br />

de résister àlafraîcheur de cespetites<br />

baguettesqu’on croque àtouteheure<br />

sans incidencemajeure:dix minibretzels<br />

apportent aussi peu de calories<br />

qu’une pomme !<br />

Un peu d’histoire Le premier bretzel a<br />

trois trous, nous le devons àunboulanger<br />

qui inventa ce ruban de pâte<br />

nouée en “huit”pour laisser entrerle<br />

soleil en son cœur.Avecletemps, il<br />

devint sticks et aujourd’hui minibranchettes.<br />

Il garde ses petits grains<br />

de sel que nous aimons faire rouler<br />

entre la langue et le palais.


Sam Griffiths-Jones<br />

Solution des grilles la semaine prochaine<br />

Le Sudoku<br />

Les règles pour remplir les grilles :<br />

Remplissez chaque case de façon à ce que chaque ligne,<br />

chaque colonne et chaque cellule de 3x3cases, ne contienne<br />

qu'une seule fois un chiffre compris entre 1et9.<br />

Grille facile :<br />

Grille moyenne :<br />

Plus de grilles avec le livre du Sudoku 2 et le livre du Sudoku Ultime<br />

OUI, je commande, frais de port inclus :<br />

Le livre du Sudoku 2 (101 grilles) au prix de 11,50 €<br />

Le livre du Sudoku Ultime (101grilles) au prixde11,50 €<br />

Les 2ouvrages au prix de 23 €<br />

Mes coordonnées :<br />

M. Mme Mlle<br />

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Bon de commande àadresser règlement joint àl’ordre de Valmonde, à:<br />

Valmonde 22 rue René Boulanger –75472 Paris cedex 10.<br />

(valable uniquement pour la France métropolitaine)<br />

Grille facile :<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

75<br />

ABONNEZ-VOUS<br />

M. Mme Mlle................................................................................................<br />

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Je m’abonne :<br />

❏ Pour un an (52 numéros) 130 €<br />

❏ Pour six mois (26 numéros)65 €<br />

❏ Un classeur-reliure15 €<br />

BON DE COMMANDE<br />

àadresser, règlement joint, à:<br />

VALMONDE<br />

22, rue René-Boulanger<br />

75472 Paris Cedex 10<br />

Marquez votre choix d’une croix.<br />

❏chèque àl’ordre de Valmonde<br />

❏ carte Bleue, Visa<br />

n°<br />

Date de fin de validité<br />

Signaturenécessaire pour le règlementpar carte<br />

SOLUTIONS DE LA PAGE 73<br />

La grille<br />

Horizontalement<br />

1. Révérence. 2. Amadouer.<br />

3. Pi. Issues. 4. Psitt. Fat. 5. Os.<br />

Ère. TO. 6. Riquet. UR.<br />

7. Tour.Rire. 8. Énostose.<br />

9. SSI. ENISU.<br />

L’énigme En Pays basque<br />

C’est àSouraïdaberri que le curé vient d’Elissaberri<br />

et l’instituteur, de Lecumberri.Silecuré d’Elissaberri<br />

vient de Souraïdaberri,lecuré originaire<br />

de Lecumberri ne peut aller qu’à l’église de Lecumberri,cequi<br />

est impossible. Le curé d’Elissaberri<br />

ne peut donc être le curé originairedeSouraïdaberri.Cedernier<br />

ne peut donc aller qu’à l’église<br />

de Lecumberri.<br />

Le Sudoku<br />

Solution de la semaine dernière<br />

Grille moyenne :<br />

HÉLIE de SAINT MARC<br />

Valeurs actuelles<br />

«Iln’est de richesses que d’hommes. » Jean Bodin<br />

Lescombats<br />

d’unevie<br />

Chaque<br />

jeudi<br />

NUMÉRO 3840<br />

DU 1 ER AU<br />

7JUILLET 2010<br />

3,50 €<br />

DOM :4,90 €<br />

BELGIQUE :3,80 €<br />

MAROC :45DH<br />

TUNISIE :2,9 DT<br />

ZONE CFA :2600 CFA<br />

CANADA :5,50 DC<br />

MAYOTTE :5,50 €.<br />

www.valeursactuelles.com<br />

Affaire<br />

Bettencourt<br />

Lavieilledame<br />

etlesrequins<br />

● Le maîtred’hôtel parle<br />

● Des enregistrements inédits<br />

DÉPENSESDESMINISTRES<br />

Unpeudedécence,SVP<br />

M02810 -3840 - F: 3,50 E<br />

3:HIKMSB=UUXZU\:?n@i@e@a@k;<br />

Notez ci-dessus les trois derniers<br />

chiffres situés au dos de votre carte bancaire<br />

Verticalement<br />

I. Rapportes.<br />

II. Émissions. III. Va.<br />

Quoi ? IV. Éditeurs.<br />

V. Rostre.Te. VI. Eus.<br />

Étron. VII. Neuf. ISI.<br />

VIII. Créatures. IX. Store.<br />

PAbt VA<br />


LaIII e Histoire<br />

Série 1940<br />

10 juillet.Levote des pleins pouvoirs à<br />

9.<br />

LaIII Républiqueso<br />

e Républiqueso<br />

Hémicycle improvisé. Députésetsénateurs en séance dans la salledethéâtre du GrandCasino.<br />

Réunie au Grand Casino<br />

de Vichy,l’Assemblée<br />

nationalevote<br />

àune écrasante<br />

majorité l’abrogation<br />

de la III e République.<br />

Vive la République quand<br />

même ! Noyée parmi les<br />

«Vive la France !»jaillis de la<br />

salle de théâtre du Grand<br />

Casino de Vichy, l’exclamation du<br />

sénateurdel’Ardèche MauriceAstier<br />

est,sur le moment, passée inaperçue.<br />

Il était alors environ 17h30cemercredi<br />

10 juillet 1940, et les 666 dépu-<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

76<br />

tés et sénateurs réunis là en Assemblée<br />

nationale venaient de voter massivement<br />

en faveur du projet deloi<br />

constitutionnelle qui, en déléguant les<br />

pleins pouvoirs au maréchal Pétain,<br />

signait l’arrêt de mortdelaIII e République.<br />

Paraphé par le président de la République,AlbertLebrun,<br />

et le président<br />

RUE DES ARCHIVES/RDA


Pétain.<br />

mbreàVichy<br />

Par CHRISTIAN BROSIO<br />

du Conseil, Philippe Pétain, défendu<br />

devant les parlementaires par le viceprésident<br />

du Conseil, Pierre Laval, ce<br />

texte avait été adopté par 569 voix<br />

contre 80 et 17 abstentions.Après que<br />

la proclamation du résultat du scrutin<br />

aété saluée par un tonnerre d’applaudissements,<br />

Laval, épuisé mais<br />

soulagé, s’était levé et tourné vers l’Assemblée<br />

: «Unseulmot, dit-il. Au nom<br />

du maréchal Pétain, je vous remercie<br />

pour la France !»<br />

Membredugroupe sénatorial de la<br />

Gauche démocratique, MauriceAstier<br />

est l’un des 80 àavoir voté non. S’ils<br />

ne soulevèrent alors aucun écho,les<br />

cinq mots qu’il lâcha àl’issue de cette<br />

séance historique ont pris l’allure<br />

d’une audacieuse oraison funèbre. Ils<br />

constituent, notait l’avocat et historien<br />

Louis Guitard dans le Spectacle<br />

du monde en septembre2000, «l’embryon<br />

de la légende » qui entoure,<br />

aujourd’hui, le refus des 80. Une<br />

“légende”qui ne prendra corps qu’à<br />

partir de 1970, àlasuited’un article<br />

publié dans le Monde parl’und’eux,<br />

le socialiste Jules Moch (ministre de<br />

l’Intérieur àpoigne de la IV e République),<br />

qui affirmait que le vote des<br />

80 peut être considéré comme «le<br />

premier acte de résistance sur le solfrançais<br />

»…<br />

En 1989,lenouveau maireUDF de<br />

Vichy, Claude Malhuret, donnait à<br />

cetteaffirmation un caractèreofficiel<br />

en inaugurant dans sa ville, aux côtés<br />

du premier ministre de l’époque,<br />

Michel Rocard, une plaque à la<br />

mémoiredeces «hommes de courage<br />

et de droiture »qui, «necédant pas,<br />

[avaient fait] progresser àlafois l’Histoire<br />

etl’Humanité ».Désormais, la<br />

cause est entendue :les 80 furent «les<br />

premiers résistants de France ».Laréalité<br />

fut infiniment plus complexe.<br />

Ayant dû quitter Bordeaux le 29 juin<br />

(les Allemands yfaisant leur entrée le<br />

lendemain), le gouvernement, après<br />

quelques heures passées à<br />

Clermont-Ferrand, arrive<br />

àVichy le 1 er juillet. L’article3delaconventiond’armistice<br />

signée le 22 juin<br />

lui laissait la possibilité<br />

de rétablir son siège à<br />

Paris, mais Pétain l’estimait<br />

impossible tant que<br />

les conditions de ce retour<br />

n’auraient pas été négociées.<br />

Pleine de “repliés”dela<br />

drôle de guerre (davantage<br />

que de réfugiés de l’exode)<br />

mêlés aux curistes, Vichy<br />

est ainsi subitement investie<br />

par les plus hautes autorités<br />

de la République,<br />

flanquées de hauts fonctionnaires,<br />

bientôt suivis<br />

par une nuée de journalistes,dequémandeurs,d’ambitieuxetd’aventuriers.<br />

Pourquoi avoir choisi<br />

Vichy plutôt que Clermont<br />

?Àcause de la capacité<br />

hôtelièredelastation<br />

thermale ;c’est ainsi que<br />

les ministères se répartissent aussitôt<br />

dans lesprincipauxhôtels:le chef du<br />

gouvernement, son vice-président du<br />

Conseil, les Affaires étrangères et l’Information<br />

logentàl’HôtelduParc ;la<br />

Guerre au Thermal Palace ;les FinancesauCarlton<br />

;laMarine au Helder,<br />

les Colonies àl’Hôteld’Angleterre,etc.<br />

Lesautress’installent où ils peuvent :<br />

après avoir trouvé refuge dans une<br />

salle de jeu du Petit Casino,l’Intérieur<br />

aprisses quartiers àl’Hôtel desCélestins<br />

;l’Agriculture occupe une villa,<br />

tandis que l’Instruction publique<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

77<br />

Joseph<br />

Paul-Boncour,<br />

l’undes80,<br />

étaitpartisan<br />

deconfier<br />

auMaréchal,<br />

etàluiseul,<br />

unedictature<br />

àlaromaine.<br />

campe àl’école Jules-Ferry. Albert<br />

Lebrun, qui conserve encoreses privilèges<br />

de chef de l’État, est accueilli au<br />

Pavillon Sévigné, qu’on appellera“le<br />

petit Élysée”, avec son grand jardin.<br />

«Tout donne une impression de désordre,d’improvisation,<br />

mais aussi de<br />

ratatiné,écrit HenriAmouroux dans<br />

sa Grande Histoire des Français sous<br />

l’Occupation. Les importants du jour<br />

s’efforcent cependant decompenser la<br />

médiocrité du décor, l’austérité des<br />

repas, l’incommodité du travail dans<br />

des chambres surpeuplées […], l’absence<br />

de luxe, par un extrême soucide<br />

la mise en scène et de la phraséologie. »<br />

Le gouvernement àpeine installé, un<br />

communiqué diffusé le<br />

2juillet convoque pour le<br />

9les députés et les sénateurs<br />

àVichy,envue d’une<br />

réunion de l’Assemblée<br />

nationale. Certains, venus<br />

de Bordeaux en même<br />

RUE DES ARCHIVES/COLLECTION GREGOIRE<br />

temps que les ministres,<br />

sont déjà sur place. Malgré<br />

les difficultés de communication<br />

et de circulation,<br />

les autresles rejoignent les<br />

jours suivants. Une centaine<br />

le 6juillet, ils seront<br />

666 trois jours plus tard,<br />

sur un effectiftotal de 850<br />

(sans compter les députés<br />

communistes, déchus de<br />

leur mandat par un vote de<br />

la Chambre le16janvier<br />

1940).<br />

En trois jours, le Grand<br />

Casino,bâti en 1901 dans<br />

le style rococo, est aménagé<br />

pour accueillir les<br />

séances parlementaires :<br />

un bureau en acajou, légèrement<br />

surélevé, pour le<br />

président de l’Assemblée,<br />

Jules Jeanneney, flanqué de deux<br />

tables de brasserie pour les secrétaires,<br />

sont placés sur la scène du théâtre.<br />

Devant le bureau, légèrement en<br />

contrebas, devant la niche obstruée<br />

du souffleur,une table destinée aux<br />

orateurs. La salle tiendralieu d’hémicycle.<br />

Pourquoi convoquer l’Assemblée<br />

nationale ?Pour qu’elle soit «saisie des<br />

modifications aux institutions que la<br />

situation impose, afin que le gouvernement<br />

jouissedel’autorité indispensable<br />

àlareconstruction du pays,dans


l’ordre etletravail ».Dans<br />

l’air depuis une dizaine<br />

d’années mais toujours différée,<br />

la réforme des institutions<br />

s’impose, d’autant<br />

plus que celles-ci sont associées<br />

àladébâcle. Beaucoup,<br />

àdroite comme à<br />

gauche, sont même prêts à<br />

aller très loin.<br />

Dès le 25 juin, àBordeaux,<br />

Pierre Laval, bientôt viceprésident<br />

du Conseil, avait<br />

évoqué les grandes lignes<br />

d’un projet visant àattribuer<br />

au maréchal Pétain<br />

tous les pouvoirs, ycompris<br />

celui de préparer et de proclamer<br />

une nouvelle Constitution.<br />

Le 4juillet, il soumet au<br />

Conseil des ministres un<br />

texteprécis, comportant un<br />

seul article : «L’Assemblée<br />

nationale donne tout pouvoir<br />

au gouvernementdela<br />

République, sous la signature<br />

etl’autorité du maréchal<br />

Pétain, président du<br />

Conseil, àl’effetdepromulguer,<br />

par un ou plusieurs<br />

actes, la nouvelle Constitution<br />

de l’État français. Cette<br />

Constitution devragarantir<br />

les droits du travail, de la<br />

famille et de la patrie. Elle sera ratifiée<br />

parles Assemblées qu’elle auracréées ».<br />

Auvergnat natif de Chateldon, les<br />

yeux légèrement bridés, le teint olivâtre,leregardcharbonneux,<br />

matois<br />

mais aussi brillant d’intelligence, voix<br />

chaude, presque rauque, portant une<br />

éternelle cravateblanche, Pierre Laval,<br />

qui vient d’avoir 57 ans, séduit autant<br />

qu’il rebute. Issu de la SFIO,sedisant<br />

volontiers «socialiste indépendant »,<br />

pacifiste depuis toujours –dans la<br />

lignée de Caillaux et de Briand –,<br />

avocat, maire d’Aubervilliers depuis<br />

1923, sénateur delaSeine de 1927 à<br />

1936, puis du Puy-de-Dôme, membre<br />

de quasi tous les gouvernements de<br />

1925 à1935 (ministre du Travail en<br />

1930, il est le “père” des assurances<br />

sociales), président du Conseil et<br />

ministre des Affaires étrangères en<br />

1935, il mit alors en œuvreune politiqued’endiguementdel’Allemagne<br />

fondée sur l’alliance franco-italobritannique<br />

et le rapprochement avec<br />

l’Union soviétique. Il ne pardonna<br />

pas àlaGrande-Bretagne d’avoir brisé<br />

ce front en prétextant l’invasion de<br />

l’Éthiopie par l’Italie, en 1935.<br />

Pétain et Laval. Si le premier “était venu àl’Assemblée, je doute<br />

qu’il eût trouvé un seul opposant”, aécrit Emmanuel Berl.<br />

En cespremiers jours chaotiques de<br />

juillet 1940, au cours desquels au traumatisme<br />

de la débâcle s’ajoutelechoc<br />

créé par l’attaque de l’allié britannique<br />

contre notre flotte àMers el-Kébir,<br />

Laval se conduit en “grand sorcier”<br />

procédant àlatransmutation d’un<br />

régime àbout de souffle. Allant des<br />

uns aux autres, multipliant les apartés<br />

et les tête-à-tête, charmeur et<br />

menaçant, bonhomme et grave, il se<br />

dépense sans compter pour convaincre<br />

dubien-fondé de son projet.<br />

Approuvé par la grande majorité des<br />

parlementaires, toutes tendances<br />

confondues, le texte eninquiète un<br />

certain nombred’autres.<br />

L’attribution des pleins pouvoirs –<br />

exécutif et législatif –aumaréchal<br />

Pétain fait, en réalité, la quasi-unanimité<br />

;cequi gêne, en revanche, c’est la<br />

délégation qui lui est faitedupouvoir<br />

constituant. Les récalcitrants font<br />

remarquer –àcommencer par Paul-<br />

Boncour,sénateurduLoir-et-Cher et<br />

ancien président du Conseil –que,<br />

attribut de la nation, le pouvoir constituant<br />

ne peut par essence fairel’objetd’aucunedélégation.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

78<br />

Avec Jean Taurines, élu de<br />

la Loireetgrand mutilé de<br />

la guerre de 1914-1918,<br />

Paul-Boncour rallie vingt-<br />

RUE DES ARCHIVES/PVDE<br />

cinq de ses collègues an-<br />

ciens combattants autour<br />

d’un contre-projet confirmant<br />

les pleins pouvoirs au<br />

Maréchal, sauf le pouvoir<br />

constituant.<br />

Dans la foulée, Vincent<br />

Badie, député radical de<br />

l’Hérault, recueille vingtsept<br />

signatures sur une motion<br />

similaire. Signée, notamment,<br />

par André Philip,<br />

député socialisteduRhône<br />

et futur membreduComité<br />

de Londres, ainsi que par…<br />

Marcel Astier,celle-ci n’en<br />

estime pas moins «indispensable<br />

d’accorder au maréchal<br />

Pétain qui, en ces heures<br />

graves, incarne si parfaitement<br />

les vertustraditionnelles<br />

françaises, tous les pouvoirs».<br />

Reçu, le 6juillet, par le<br />

Maréchal, Paul-Boncour<br />

lui déclare:«Nous n’hésiterions<br />

pas àsuspendre la<br />

Constitution pour vous donner<br />

àvous, et àvous seul,<br />

une dictature comme la<br />

loi romaine l’a plusieurs<br />

fois établie. »<br />

Laval va consentir àamender,mais<br />

légèrement seulement, son projet. En<br />

effet, le dernier paragraphe ne prévoit<br />

plus que la nouvelle Constitution sera<br />

«ratifiée par les Assemblées qu’elle aura<br />

créées »,mais qu’elle sera «ratifiée par<br />

la nation et appliquée par les Assemblées<br />

qu’elle auracréées ».Une concession<br />

qui, cependant, ne suffirapas :la<br />

plupartdes partisans du contre-projet<br />

Taurines -Paul-Boncour et de la<br />

motion Badie vont finalement voter<br />

non ce 10 juillet-là.<br />

Àlire<br />

La Grande Histoiredes Français<br />

sous l’Occupation (tomeI),<br />

d’HenriAmouroux, RobertLaffont,<br />

coll. “Bouquins”, 1036 pages, 26 €.<br />

Soixante joursqui ébranlèrent<br />

l’Occident,10mai-10 juillet 1940,<br />

de JacquesBenoist-Méchin, Robert<br />

Laffont,coll. “Bouquins”,<br />

1040 pages, 10,52 €.<br />

Sur cet article s’achèvent<br />

nos récits consacrés aux événements<br />

de la tragédie de 1940.


Focus Histoire<br />

Voici une sélection de titres qui n’ont<br />

pas été cités dans notre série. Pour<br />

approfondir ces mois décisifs. F. V.<br />

MAI-JUILLET1940<br />

Ils se sont battus. Mai-juin 1940<br />

de Christophe Dutrône<br />

★★Images et textes inédits des<br />

combats d’une armée française en<br />

pleine modernisation. En contraste<br />

avec le cliché, exact mais incomplet,<br />

d’une armée mal équipée et mal<br />

commandée. Toucan, 224 pages, 39 €.<br />

La Fin de la campagne<br />

de France.<br />

15 juin-25 juin 1940<br />

de Gilles Ragache<br />

★★Ces dix jours virent<br />

tomber des milliers d’hommes<br />

lors de combats sur<br />

tout le territoire. Au soir<br />

du cessez-le-feu, une ligne de défense<br />

organisée courtencoredes Alpes<br />

au Poitou. Economica, 294 pages, 23 €.<br />

L’Exode. Un drame oublié<br />

d’Éric Alary<br />

★★Premièreétude exhaustive<br />

d’un phénomène qui bouleversa<br />

la société française :plus<br />

de huit millions de réfugiés sur<br />

les routes, 100 000 tués, 90 000<br />

enfants perdus. Et àl’automne,<br />

les retours, un “exode<br />

àrebours”. Perrin, 466 pages, 22 €.<br />

La Bataille de France jour<br />

après jour.Mai-juin 1940<br />

de Dominique Lormier<br />

★L’ouvrage insistesur l’importance<br />

des pertes(proportionnellement<br />

supérieures aux batailles de Verdun,<br />

de Stalingrad) et sur le sacrifice<br />

de l’armée française.<br />

Le Cherche Midi, 612 pages, 19,50 €.<br />

DE GAULLE<br />

Charles de Gaulle. Lettres,<br />

notes et carnets,1905-1941<br />

et 1942-1958<br />

présentés par l’amiral de Gaulle<br />

★★Rien ne vaut les documents<br />

originaux,telle<br />

cettelettre au général<br />

Boud’hors d’octobre 1934<br />

quipréfigure àbiendes<br />

égards le désastre de 1940.<br />

RobertLaffont, coll. “Bouquins”, vol. 1,<br />

1440 pages, 32 € ;vol. 2, 1344 pages, 32 €.<br />

19-22 JUIN 1940<br />

Les Cadets de Saumur de Patrick de Gmeline<br />

C<br />

Série 1940<br />

Les Grands Discours de guerre<br />

de Charles de Gaulle, préface de Régis Debray<br />

★★Quinzediscours prononcés entre<br />

le 18 juin 1940 et le 25 août 1944.<br />

La préface, provocanteettonifiante,<br />

aentraîné une réponse virulente<br />

de Paul-Marie Coûteaux: De Gaulle.<br />

Espérer contre tout (Xenia,94pages,<br />

10 €). Perrin, 162 pages, 16,50 €.<br />

L’Appel du 18 Juin<br />

de Jean-Louis Crémieux-Brilhac<br />

★★Lestextesetune étude minutieuse<br />

des circonstances. MotdeJean<br />

Oberlé qui se trouvait près du studio<br />

où de Gaulle enregistrait : «Ehbien,<br />

en voilà un qui sort de la discipline<br />

pourentrerdans le Petit Larousse !»<br />

Armand Colin, 128 pages, 4,90 €.<br />

De Gaulle àLondres,<br />

le souffle de la liberté<br />

de Jean-PierreGuéno<br />

★Deux cent cinquante<strong>photo</strong>s,<br />

parfois inédites, légendéespar<br />

des textes du Général.<br />

Perrin, 146 pages, 25€.<br />

NAISSANCE DES FFL<br />

DictionnairedelaFrance libre<br />

★★Leshommes, institutions,<br />

réseaux, idées, actionsmilitaires<br />

et civiles de ceux qui<br />

réussirentàincarner la France.<br />

Avec leurs opposants et<br />

adversaires. Belle préface<br />

de MaxGallo. RobertLaffont,<br />

coll. “Bouquins”,1632 pages, 35 €.<br />

Les Rebelles de l’an 40<br />

de Georges-MarcBenamou<br />

★★Un ensemble d’entretiens<br />

avec les premiers Français libres,<br />

pêcheurs de l’île de Sein, Londoniens,“Africains”.<br />

Parmieux, Robert<br />

Galleydont le sergent instructeur<br />

est Raymond Aron, raconteen<br />

des mots terribles ses campagnes.<br />

RobertLaffont, 382 pages, 21 €.<br />

IL YA<br />

40 ANS<br />

DANS<br />

Le6juillet1970<br />

Pourrait-il yavoir conflit ouvertentre<br />

M. Pompidou et son premier ministre ?<br />

Àl’Élysée,ondit que “M. Chaban-<br />

Delmasest trop gentilhomme<br />

pour ne pas se soumettre.”<br />

omment les 550 élèves aspirants de l’école de cavalerie<br />

de Saumur sont-ils entrés dans la légende ?Enbarrant<br />

la routeàune division allemande sur la Loire. Mais<br />

surtout, ils le font entre l’annoncepar le maréchal Pétain<br />

de la demande d’armisticeetlafin des combats, le 22 juin.<br />

Le courage et l’honneur de ceshommes, racontés par<br />

un historien qui aime la cavalerie. F. D’O.<br />

Presses de la Cité, 398 pages, 21,50 €.<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

79<br />

epremier ministre sait qu’en<br />

Lcasdeconflit avecleprésident,<br />

la majorité risquerait la dissolution.<br />

Et personne ne souhaitecourir les<br />

dangers d’unecampagneélectorale<br />

depuis<br />

l’affairedeNancy.<br />

Ainsi le président<br />

de la République<br />

atrouvéson style:<br />

ni débonnairenilointain,<br />

mais caustique,<br />

voirenarquois pour<br />

la politique intérieure,<br />

grave parfois pour la<br />

politique extérieure, méfiant et<br />

dubitatif àl’égard des systèmes<br />

préfabriqués, il est pour l’amélioration<br />

des rapports entre les<br />

hommes. Il se distingue du général<br />

de Gaulle:l’américanophobie àla<br />

base de toutes les argumentations<br />

du Général n’existeplus, la crainte<br />

de l’arrivée de capitaux étrangers<br />

afait placeàdes appels. Il est hors<br />

de question de fairelaguerre<br />

au dollar.Enpolitique extérieure,<br />

M. Pompidou distingue les deux<br />

Viêtnam alors que de Gaulle parlait<br />

d’un Viêtnam envahi par les impérialistes.<br />

La Franceentretient<br />

des relations avecleCambodge.<br />

La paix en Méditerranée, après<br />

la paixenEurope, n’exclut pas<br />

la Grècedes colonels ni, àplus forte<br />

raison, l’Espagne de Franco,<br />

aveclaquelle Michel Debré vient<br />

de signer un pactemilitaire.<br />

En revanche, une collaboration<br />

nucléairefranco-britannique<br />

ne nous ferait pas revenir àl’Otan.<br />

Photo : Jacques Chaban-Delmas.<br />

DEVILLE CHRISTIAN/SIPA


Le Forum deslecteurs<br />

Montrer<br />

l’exemple<br />

icolas Sarkozy<br />

N<br />

vient de décréter<br />

le régime minceur<br />

pour le gouvernement<br />

:réduction<br />

des effectifs des<br />

ministères, du parc<br />

des voitures officielles,<br />

dépenses privées<br />

payées par les intéressés,<br />

etc. Quel<br />

dommage qu’il n’y<br />

ait pas pensé dès son<br />

arrivée au pouvoir,<br />

mais mieuxvaut tard<br />

que jamais. Cependant,<br />

je ne crois<br />

guèreàl’efficacité de<br />

ce train de mesures ;<br />

outre le poids des<br />

habitudes, il yatellement<br />

de façons de se<br />

faireunpeu d’argent<br />

de poche que la<br />

gabegie continuera<br />

sans aucun doute. Et<br />

le bilan de ce régime<br />

ne sera qu’une goutte<br />

d’eaudanslamer<br />

desdéficits. Mais, me<br />

dira-t-on, son intérêt<br />

est surtout dans<br />

sa valeur d’exemple :<br />

on ne peut demander<br />

aux Français des<br />

efforts si l’onn’en<br />

demandepas àceux<br />

qui nous gouvernent.<br />

Soit,mais si l’exemple<br />

doit venir d’en haut,<br />

poussons la logique<br />

jusqu’au bout :<br />

le président ne<br />

devrait-ilpas faire<br />

personnellement lui<br />

aussiuneffort, d’autant<br />

plus important<br />

que sa fonction est<br />

élevée, par exemple<br />

en revenant sur<br />

l’augmentation<br />

généreusequ’il s’était<br />

attribuée après trois<br />

mois de règne ?<br />

JacquesMartin,<br />

Fourques.<br />

Islametlaïcité<br />

Lors de l’inauguration de la mosquée<br />

d’Argenteuil (Val-d’Oise),François<br />

Fillon (<strong>photo</strong>) afait l’éloge de“l’islam<br />

de France”,religion selon lui tolérante,<br />

du «juste milieu » et respectueuse des lois de la<br />

République.En instituant le Conseil français<br />

du cultemusulman (CFCM),Nicolas Sarkozy,<br />

alorsministredel’Intérieur,voulaitsemblet-il<br />

renouveler l’initiative accomplie deux<br />

sièclesplustôt par l’empereur Napoléon I er<br />

àl’égarddelacommunauté israélitelors de<br />

la création du Conseil représentatif des institutions<br />

juivesdeFrance(Crif),quiofficialisait<br />

l’engagement des juifsàsesoumettre aux<br />

principes laïcs de la nationdont ils étaient<br />

lescitoyens.Toutefois,la comparaison demeure<br />

symbolique,dès lors que les membres<br />

fondateurs du CFCM n’ont pris aucun engagement<br />

semblable àl’égarddelalaïcité,notion<br />

au demeurant ignorée par l’islam.En définitive,siM.Fillon<br />

aprononcé cesparoles dans<br />

un but louable d’encouragement àlaconcorde<br />

civile,son action risque de demeurer vaine<br />

tant qu’une réformedelareligion musulmane<br />

n’apas été réalisée par les représentants de ce<br />

culte.Mais en l’absenced’une autorité unique<br />

et respectée,àl’instar du pape pour le catholicisme,et<br />

du caractèreimmuable du Coran,<br />

dictépar Dieu au prophète selon la tradition,<br />

la bonnevolontédenos gouvernants restera<br />

un vœu pieux. LaureFouré, Versailles.<br />

L<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

80<br />

CHESNOT/SIPA<br />

Lapeur<br />

detout…<br />

aFranceest gérée<br />

par nos politiciens<br />

de tous bords selon<br />

des réflexesdepeur.<br />

Peur de direavec<br />

précisionaux Français<br />

la gravité de<br />

la situation économiqueetsociale<br />

par<br />

craintedeles réveiller<br />

de leur douce<br />

torpeur. Peur<br />

d’entamerune vraie<br />

réforme desretraites<br />

et peur de rappeler<br />

quelesacro-saint<br />

système par répartition<br />

n’est pas forcément<br />

le meilleur et<br />

que vouloir le défendreàtout<br />

prix<br />

pourrait relever<br />

d’une“mission<br />

impossible”(d’autres<br />

formes de solidarité<br />

sont parfaitement<br />

envisageables).<br />

Peur des syndicats,<br />

essentiellement<br />

représentatifs des<br />

fonctionnaires et<br />

autres privilégiés<br />

des régimesspéciaux,<br />

pour ne pas engager<br />

au niveau des retraitesune<br />

politique<br />

d’égalitéentre fonctionnaires,<br />

régimes<br />

spéciaux et les salariés<br />

du privé. Peur<br />

desbanlieues,<br />

et recherchepermanente<br />

d’apaisement.<br />

Claude Daniel,<br />

Clapiers.<br />

LAURENT CIPRIANI/AP/SIPA<br />

MINIMAILS<br />

ous les généraux<br />

Tet hommes politiques<br />

occidentaux<br />

ontcompris depuis<br />

longtemps qu’en Irak<br />

et en Afghanistan les<br />

carottes sont cuites.<br />

Pourtant voilà<br />

presqueneufans<br />

que l’on fait la guerre,<br />

d’une partparce<br />

que les politiques ne<br />

savent pas comment<br />

s’extirperhonorablement<br />

de cesdeux<br />

bourbiersetd’autre<br />

partparce que les<br />

généraux ne veulent<br />

pas se résigner à<br />

ce que tant de leurs<br />

soldats soient morts<br />

pour rien.Mais il<br />

faudrabienunjour<br />

que les politiques<br />

rendent des comptes<br />

sur ceteffroyable<br />

fiasco.Car gagner<br />

du temps au prix<br />

de centaines de morts<br />

supplémentaires ne<br />

les ferapas échapper<br />

au jugement de leurs<br />

concitoyens et au<br />

tribunal de l’Histoire.<br />

Vincent Dauphin,<br />

Biarritz.<br />

laurafallu attendre<br />

Itrenteannéesde gabegie budgétaire<br />

et unecrise économiquemajeure<br />

pour<br />

quenos dirigeants,<br />

entourés d’une<br />

armée de grosses<br />

têtes surdiplômées<br />

censées les conseiller,<br />

réalisentenfin qu’on<br />

ne peut dépenser<br />

plus qu’onnegagne<br />

sans courir inexorablement<br />

àlafaillite.<br />

Unesimple ménagèreayant<br />

le certificat<br />

d’études aurait<br />

compris ça au bout<br />

d’un mois !<br />

Michel Maingui,<br />

Paris.


CHINE NOUVELLE/SIPA<br />

Débat. Après la déroute de l’équipe de France.<br />

Mondial:noslecteursréagissent<br />

L<br />

Lariséeetlahonte<br />

apantalonnade des Bleus<br />

en Afrique du Sud,<br />

quifaitdelaFrancelarisée<br />

du monde entier,symbolise<br />

le naufrage de toutes<br />

nosillusions.Nous avons<br />

crupouvoir hisser au rang<br />

de divinités de simples<br />

sportifs qui tapent dans<br />

un ballon avecplus ou<br />

moinsdesuccès,sans<br />

connaîtreleurpersonnalité,<br />

leursincérité,leur noblesse<br />

de cœur et d’esprit,leur<br />

courage,leur amour de<br />

la France,leur sens de l’honneuretdeladignité.Hélas,<br />

ils n’ont strictement rien<br />

de tout cela et leur comportement<br />

déloyalest un contremodèle<br />

absolu de l’éthique<br />

sportive.Non seulement<br />

cetteéquipe joue mal,mais<br />

elle est indigne de porter<br />

lescouleurs de la France.<br />

Auxyeuxdumonde elle n’est<br />

que l’équipe du déshonneur<br />

et elle nous fait honte.<br />

Douzeans aprèsl’épopée<br />

de la magnifique équipe<br />

de 1998 qui nous avait fait<br />

vibrer jusqu’à la victoire<br />

finale,le foot français n’est<br />

plus qu’unchampderuines.<br />

Merciles Bleus!<br />

Jacques Guillemain, Versailles.<br />

Finkielkrautaraison<br />

Q<br />

uoiqu’en dise et écrive<br />

Olivier Duhamel qualifiant<br />

«d’absurde » le jugement<br />

d’AlainFinkielkraut<br />

surladébâcle de l’équipe<br />

de France,cetintellectuel<br />

fait uneexcellenteanalyse<br />

comparative de l’état de la<br />

Francepar rapportàl’état de<br />

l’équipe de football.Ilaseulement<br />

le défaut de toucher<br />

un des plus sensibles tabous<br />

du politiquement correct<br />

qui fait loi sur notre pays.<br />

Jean Gratatour.<br />

L<br />

Uneimage<br />

consternante<br />

’image consternante<br />

quenousrenvoie notre<br />

équipe nationale n’est<br />

que parfaitementlogique,<br />

et donc totalement méritée.<br />

Elle est rigoureusement<br />

représentative du fiasco<br />

dramatique et calamiteux<br />

de notre intégration<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

81<br />

àlafrançaise. En effet, ces<br />

gens-là, trop souvent, n’ont<br />

pasaucœurl’amour de leur<br />

pays. Pireencore, ilsenont<br />

quelquefoislahaine.<br />

Jacques Célérier, Paris.<br />

C<br />

Inadmissible<br />

oups de boule et injures<br />

sont sans doutedes<br />

modes d’expression courants<br />

chez les“sauvageons”. Inadmissibleschez<br />

desgens que<br />

l’ascenseur social aélevés<br />

au rang de représentants<br />

de notre pays,après qu’ils<br />

ont été couverts d’or.<br />

La sélection des joueurs,<br />

si ce mot veut encoredire<br />

quelquechose,repose sur<br />

un état d’esprit et unemorale<br />

irréprochables.Ce“moteur”<br />

quifaitles grandes équipes.<br />

Jean-Louis Wilmes,<br />

Combs-la-Ville.<br />

O<br />

Désinvolture<br />

ncomprendque le présidentsoitdéçudelaprestation<br />

des Bleus,d’autant<br />

qu’il espérait que leurs performances<br />

feraientoublier<br />

la crise et les réformes ;<br />

mais de là às’emparerdu<br />

problème du football français<br />

et àconvoquer àl’Élysée<br />

le capitaine de l’équipe<br />

le jour même de son retour<br />

piteuxd’Afrique du Sud<br />

alors que les Français protestent<br />

dans la ruecontre<br />

la réforme des retraites,<br />

que son premier ministre<br />

annoncedes mesures<br />

d’austéritéetàlaveille<br />

d’un sommet économique<br />

mondial!Il abien mérité<br />

la remarquecinglante<br />

des syndicatslui reprochant<br />

sa désinvoltureenécoutant<br />

les footballeurs plutôt<br />

que d’entendreles salariés.<br />

Donner l’apparencedumépris<br />

est une erreur politique.<br />

Albert Bonnefant.<br />

MINIMAILS<br />

ourquoi voulez-<br />

Pvous que l’équipe<br />

de Francesoit plus<br />

“sage”que la société<br />

française?Elle n’est<br />

que le reflet de celleci<br />

:lacontestation<br />

yrègne en maître,<br />

au-delàdubon sens,<br />

de la justemesure.<br />

Politiques,syndicalistes,étudiants,<br />

lycéens,personnalités<br />

semblent n’exister<br />

que dans l’opposition,<br />

la provocation,<br />

la menace,la grève…<br />

J. D. Cesari,<br />

Aix-en-Provence.<br />

O nabeaucoup<br />

dit sur les divergences<br />

entre les chefs<br />

d’État réunis à<br />

Toronto. CeuxduG8<br />

apparaissent désunis<br />

mais sont confrontés<br />

au même dilemme.<br />

Ils sont tous sur<br />

le même bateau,<br />

ballottés sur un<br />

océan déchaîné.<br />

Àbâbord,les eaux<br />

profondesdanslesquelles<br />

des mesures<br />

d’austérité trop sévèresrisqueraient<br />

de les précipiter.<br />

Àtribord,les abysses<br />

d’une detteinsoutenable.L’arrivée<br />

pour<br />

le G20depaysen<br />

développement n’a<br />

rien changé car ceuxci<br />

ont besoin de voir<br />

la consommation<br />

occidentalesemaintenir<br />

àunniveau<br />

raisonnable.Mais<br />

beaucoup détiennent<br />

des emprunts d’État<br />

occidentaux dont<br />

la valeur s’effondre.<br />

Roger Saint Pierre,<br />

La Rochelle.<br />

Écrivez-nous par courriel<br />

à lecteurs@valeurs<br />

actuelles.com


La lettre de M. de Rastignac<br />

Lefond de l’étang ne cesse de remonter àlasurface,<br />

moncousin.Chaquematin,toutParisattenddevoir<br />

unenouvellebrancheflottersurl’eautrouble.Croyezmoi,<br />

cela ne s’arrêterapas de sitôt, et l’on murmure<br />

déjà que cettegazette du mercredi qui porte le curieux nom<br />

d’Oie déplumée publieratout l’été un feuilleton plus captivantqueceuxdesirWalterScott,plusprécisquelesrapports<br />

secrets de la police.<br />

Des ministresdémissionnent, des<br />

secrétairesd’Étatsaventqu’ilsdevront<br />

partir,d’autressecachentderrièreles<br />

bergères Louis XV de leur salon. Ils<br />

n’osent plus servirune coupe de vin<br />

deChampagneàunvisiteur,ilsdissimulent<br />

leur tabatièresous le tapis et<br />

nous les verrons bientôt le cheveu en<br />

tire-bouchon et la redingotetrouée<br />

pour tenter d’apaiser le bon peuple.<br />

Lescouloirs du Château résonnent<br />

des colères du chef de l’État, les<br />

unionistes s’affolent, M. Welf est<br />

accrochéaupoteauettoutParisdanse<br />

autour de luicomme le faisaient ces<br />

Indiens de Nouvelle Amérique que<br />

l’on appelle Peaux-Rouges.<br />

Le gouvernements’inquiète,maisil<br />

n’est pas le seul. Lesconseillers qui<br />

fourmillentdanslesétagesdesministères<br />

sont depuis quelques jours pris<br />

de panique. «Ils sont trop nombreux<br />

!»,adit François du Falard, il<br />

faudraque d’ici au mois de septembrecertains d’entre eux<br />

quittent leur cabinet.<br />

Quitter le cabinet ?Demande-t-on àunmarin de ne plus<br />

monter sur un navire !Depuis leur plus jeune âge, ils ont<br />

travaillé âprement pour n’être pas notaire, ni marchand, ni<br />

gazetier.Pour avoir le plaisir de se faireappeler monsieur le<br />

conseiller,d’étudieràlachandelletarddanslanuitlesdossiers<br />

les plus compliqués, de se réunir le mercredimatin autour<br />

d’une table comme le font,au même moment,les ministres<br />

au Château. Ils ont le plaisir indicible de savoir et de ne rien<br />

dire. De décider sans que quiconque imagine même qu’ils<br />

existent.Demettredanslaboucheduministrelesmotsvenus<br />

de leur esprit. Ils n’ont pas besoin de souper dans les plus<br />

belles auberges, ils s’attablent dans le jardin du ministère, le<br />

soir venu,endénouant leur cravate.<br />

Chaque matin,en rejoignant leur bureau,le marbrerouge<br />

aux veines blanches des colonnes, les consoles au pied de<br />

sphinx,lesmentonsglorieuxdesportraitsofficielsleurrappellent<br />

qu’ils sont euxaussi un maillon de cettechaîne d’or que<br />

l’on appelle l’État. Leshôtelsdes ministères sont leurs châ-<br />

Chantdudépart<br />

«Ils sont trop nombreux !Ilfaut qu’avant<br />

le mois de septembre, certains<br />

d’entre eux s’en aillent…»<br />

Valeurs actuelles 8juillet 2010<br />

82<br />

teaux,lesdossierssontleursbataillesetlesnuitsàsoufflerles<br />

réponsessurlesbancsdel’Assemblée,leursvictoires.Un jour<br />

peut-êtreceseraàleurtourderépondreauxdéputés,ilsseront<br />

devenusdes ministresentourés de conseillers…<br />

Ce rêves’est dissipé, mon cousin. Et la réalité est plus brutale<br />

qu’un rapportdenotre Cour des comptes. Il ne faudra<br />

pas plus de vingt conseillers par ministre.Ils sont six au<br />

gouvernement àdépasser ce chiffre.<br />

M. Fritoo,notre défenseur des Petits<br />

Oiseaux,CésarineBirroteau,notre<br />

ministre de la Santé publique,<br />

M.Heurtault,notreministrede<br />

Toutes les Polices, Coralie Laville,<br />

notre ministre del’Économie,Hector<br />

Lorrain,notreministredesArmées…<br />

Si certains cabinets ne comptent<br />

qu’une ou deux personnes de trop,<br />

elles sont près de dix pour M. Fritoo.<br />

Pour les secrétaires d’État, il en va de<br />

même. Deux d’entre eux (Éléonore<br />

deConyghametM.Pernetti)devront<br />

réduiredemoitié leurs équipes.Vous<br />

imaginez,mon cousin,l’atmosphère<br />

qui peut régner dans cesministères.<br />

D’autantqueleministrelui-mêmene<br />

saitpass’ilseraencorelààl’automne.<br />

Chacunsedemandequiresterasurle<br />

pont et qui serajeté àlamer.Tous<br />

invoquent les heures passées àtravailler<br />

tous les jours de l’année. Les<br />

réunions au milieu delanuit, les<br />

dimanches àreprendreles gazettesune àune, les jours de<br />

Noël et les nuits de Pâques où le cornet sonne plus encore<br />

quelescloches.CoralieLavilleaétélapremièreàs’indigner.:<br />

«Mes collaborateurs travaillent pour le biendelanation. Ils<br />

sonttroppeunombreuxetl’onenveutencoreenfairepartir…»<br />

Lesplusprévoyants, me confiait l’un d’entre eux, rangent<br />

soigneusement les feuillets et les documents dont ils sont<br />

chargés. Ils se souviennent de quelques amis oubliés qui se<br />

trouvent être jacobins.Ils comptentles mois qui nous séparent<br />

de la prochaine grande élection comme un forçat ceux<br />

qui s’écoulerontavant la fin de sa peine.<br />

D’autresrappellentquelaloiinterditauministredeseséparerdeses<br />

conseillers si lui-même ne quittepas sa fonction.<br />

Ils promettentqu’il faudrafairesonner les espèces pour les<br />

convaincredepartir.Lavéritéestqu’ilsneveulentpasycroire,<br />

moncousin.Ceseraitbienlapremièrefoisquelesconseilleurs<br />

seraient aussi les payeurs!<br />

Eugène de Rastignac partenvacances.Ilremet sa plume pendant<br />

six semaines àson ami Horace de Landon-Taxis, le pasticheur bien connu,<br />

qui nous livrera quelques portrait politiques “à la manière de…”<br />

Aide-mémoire. ÉléonoredeConygham : secrétaired’État àl’Économie immatérielle ;etHervéPernetti:secrétaired’État aux Petites Industries


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