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<strong>sLa</strong> <strong>VIST</strong>A<br />
6<br />
dossier<br />
Stress du chef d’entreprise,<br />
mais stress aussi d’une époque,<br />
les affronter est-ce encore un autre<br />
stress ? Maîtriser ces stress est-ce<br />
atteignable ?<br />
Se ménager, sur quels appuis trouver un<br />
équilibre ?<br />
La base pour être entrepreneur et réussir, c’est sûrement<br />
d’être bien dans sa tête. Certains trouvent<br />
l’équilibre en séparant nettement maison et entreprise.<br />
Laisser les problèmes à la porte, c’est une<br />
chance d’y arriver ou alors il faut une volonté de<br />
fer. La santé du patron amène à <strong>des</strong> sphères très<br />
différentes de l’entreprise : je compte sur le golf ou<br />
sur le dimanche pour décompresser. D’autres, tout<br />
simplement, y arriveront en changeant de vêtement<br />
en rentrant chez soi ou avec la musique, du hard<br />
rock à fond dans la voiture, ou en modifiant leur<br />
chemin tous les jours.<br />
Incontestablement, la famille est un appui pour le<br />
chef d’entreprise. Elle a ses exigences qui buttent<br />
parfois contre la vie professionnelle, mais qui,<br />
en même temps, la relativise ou mette un peu de<br />
distance. Le couple est naturellement le soutien du<br />
dirigeant comme de tout être humain. Mais justement,<br />
il ou elle est un être humain.<br />
À l’évidence se changer les idées dans les repas ou<br />
le petit verre en rentrant n’arrange rien. C’est une<br />
satisfaction passagère, riche en dégâts garantis.<br />
La famille, c’est l’idéal, mais trop de familles<br />
aujourd’hui sont cassées pour y trouver paix et<br />
certitu<strong>des</strong>. Encore que les difficultés, là aussi,<br />
peuvent être un nouveau défi stimulant.<br />
Ménager d’autres univers,<br />
créer <strong>des</strong> refuges, affronter d’autres<br />
conflits, prix ou soutien à la santé<br />
du dirigeant ?<br />
La reconnaissance aujourd’hui…<br />
Le chef d’entreprise est pudique. Il ne parle pas naturellement<br />
de ses soucis. De toute façon, souvent ses<br />
collaborateurs le considèrent comme un surhomme,<br />
avec une carapace, capable d’encaisser.<br />
Nous le voyons les uns et les autres : quand les<br />
choses réussissent, c’est le fruit d’une équipe, mais<br />
quand ça va mal, la défaite est pour le chef.<br />
S’interroger sur sa santé, son bien-être au travail,<br />
c’est au final se demander pourquoi on est là : certains<br />
sont patrons pour être indépendants, d’autres<br />
pour réaliser un rêve, d’autres encore ou les mêmes<br />
avec un projet pour leur ville ou leur famille.<br />
Notre santé est souvent sur le fil parce qu’il nous faut<br />
la plupart du temps tenir les deux bouts : encaisser<br />
le quotidien et ses imprévus, ainsi qu’anticiper, avoir<br />
une vision sur le long terme. Ce dernier aspect, avoir un coup<br />
d’avance, est par essence notre travail. Pas forcément le plus<br />
reconnu au quotidien également.<br />
Nous devons être de vrais dieux, c’est une forme de reconnaissance<br />
: se montrer visionnaire mais réaliste, séducteur mais froid<br />
et décidé, attirer avec un projet tout en mettant les mains dans le<br />
cambouis. Nous devons savoir recadrer les choses, donner du<br />
sens en demeurant une roue de secours en toutes circonstances.<br />
…la transmission demain…<br />
Conséquence de cette vie de patron, voire de patachon, mes<br />
enfants ne veulent surtout pas vivre comme moi. Pas question de<br />
transmission, ce qui ne peut que miner un peu plus la santé du<br />
dirigeant, enlever du sens de son action.<br />
Appelons un chat un chat, l’entreprise pour celui qui la dirige<br />
cela a quelque chose d’affectif : c’est son bébé, une partie de<br />
lui-même. Le futur on y pense aujourd’hui.<br />
En contrepartie <strong>des</strong> risques pris, plus que l’argent ou le pouvoir,<br />
c’est la reconnaissance que nous attendons. C’est un sentiment<br />
noble, celui de faire passer <strong>des</strong> valeurs dans du concret, dans<br />
nos produits, nos services, notre façon de faire.<br />
En France, l’engagement pour l’entreprise n’est pas reconnu et<br />
est donc peu attirant pour les jeunes. Le patron est caricaturé,<br />
mal aimé, montré du doigt et est l’objet de clichés faciles.<br />
Comment voulez-vous que son bien-être ne s’en ressente pas ?<br />
Une meilleure transmission, cela passe par mieux mettre en évidence<br />
que le patron s’expose, prend <strong>des</strong> responsabilités. Il faut<br />
sortir de la sous culture économique en vigueur en France. Plus<br />
qu’un risque, la position de décideur est un élément de bonne<br />
santé, de bien-être qui devrait séduire, certains jeunes au moins.