Thème Examiner - Intersyndicale des enseignants IE-BEJUNE

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»Thème Examiner Les examens – ennemis de l’apprentissage Pour pouvoir tirer des conclusions significatives de ces résultats, la situation d’examen devrait être aussi proche que possible de la situation réelle dans laquelle l’élève devra faire ses preuves. Mais plus je suis proche de la situation réelle, plus il est difficile d’en faire une évaluation objective, ou – dans le langage des «examinés» – une évaluation «juste». Chaque situation «réelle» a ses particularités et ne peut pas être organisée de la même manière pour tous les candidats. Une comparaison entre les exigences et une évaluation indépendante de l’examinateur deviennent difficiles. Dans le conflit entre examens justes et significatifs, l’effort d’être inattaquable sur le plan juridique est souvent prédominant. Même si cela est important, les examens s’en ressentent. Mieux vaut choisir un test à choix multiples (donc inattaquable du point de vue juridique) qu’une situation proche de la vie réelle, qui permettrait certes d’obtenir des résultats significatifs, mais difficiles à comparer. Nous examinons pour l’école, pas pour la vie Le vieux Sénèque me pardonnera d'imi- Chaque examen comporte un certain nombre de décisions «d’appréciation» de la part de l’enseignant: sa date et sa durée, le nombre d’épreuves, la formulation des tâches… ter sa moquerie, mais il serait sans doute d’accord sur ce qu’elle exprime. Comme il déplorait, en son temps, que nous apprenions pour l’école et pas pour la vie, nous pouvons dire aujourd’hui que nous examinons pour l’école, pas pour la vie. Trois points à ce sujet: la situation classique d’un examen, pour lequel un individu doit avoir à l’esprit tout ce qu’il a appris, ne se présente pratiquement jamais «dans la vraie vie». Premièrement, aucune personne ne serait aussi peu raisonnable, dans une situation comportant de réelles difficultés, de ne pas utiliser les ressources de 14 Folio Nº 3/ 09 la personne assise à côté de lui – une faute grave lorsqu’il s’agit d’examens scolaires. Deuxièmement: cet «arrangement» assez particulier est fortement intériorisé par les élèves. Il y a peu de temps, une femme d’un certain âge, qui dirige une entreprise et qui a élevé plusieurs enfants, me racontait qu’elle avait dû passer un examen de dactylographie rapide dans un cours de perfectionnement. Elle m’a avoué, en riant, ce qu’elle avait ressenti dans cette situation: «mains tremblantes et transpiration – comme à l’école»! Troisièmement, les examens réussis et les diplômes obtenus permettent d’accéder à d’autres études et filières de formation. Avec une maturité ou une maturité professionnelle, les portes des hautes écoles s’ouvrent et pendant longtemps, la réussite de l’examen de latin était une condition pour pouvoir étudier la médecine. Malheureusement, le lien direct entre une situation d’apprentissage et la maîtrise/ gestion d’une situation réelle a progressivement disparu des préoccupations. APPROCHES PROMETTEUSES DE CHANGEMENTS Dans le cadre de la formation professionnelle, les examens ont déjà été modifiés au cours des dernières années. Beaucoup d’épreuves se rapprochent de situations dans lesquelles les connaissances sont utilisées dans la réalité. Les cours de culture générale notamment se terminent par un travail d’approfondissement personnel (TAP) avec lequel les apprentis démontrent – parfois en groupe – qu’ils sont capables de traiter une question sous forme de projet. Encore plus conséquent: le travail pratique individuel (TPI) qui marque la fin de la formation en entreprise dans de nombreuses professions. Ce travail consiste à réaliser une tâche pratique correspondant à l’entreprise: son exécution est systématiquement observée, discutée et évaluée. Les formations ont de plus en plus souvent pour objectif d’acquérir des compétences. Hans Kuster – enseignant à l’origine – est un spécialiste des sciences de l’éducation. Il travaille depuis trente ans à l’IFFP, aujourd’hui comme professeur de pédagogie dans le domaine de la formation professionnelle; hans.kuster@ehb-schweiz.ch Mais comment les «contrôler»? Pour pouvoir mettre en évidence des compétences, lorsqu’une formation prépare à assumer des fonctions (ce qui est l’objectif d’une «modularisation» bien comprise), les tests interrogatifs ne suffisent pas. Il faut créer des situations dans lesquelles les jeunes puissent montrer comment ils relèvent les défis qu’elles comportent. Les enseignants en informatique des écoles professionnelle de Berne et de Zurich, en dépit de conditions difficiles pour leur projet, ont réussi à développer de remarquables nouvelles formes d’examen de modules. DEUX SOUHAITS À L’ADRESSE DES jEU- NES EN FORMATION Il est délicat, pour les questions d’examens, de s’adresser d’abord aux ensei gnants. En général, ils se méfient de nouvelles exi gences à leur égard – avec raison! Ces derniers temps, ils ont trop souvent dû accepter, au niveau de l’organisation, des contraintes difficiles à suivre. Je reste quand même convaincu qu’ils sont les meilleurs interlocuteurs lorsqu’il s’agit de continuer à développer les diverses formes d’examens. Celui qui enseigne doit aussi examiner; celui qui enseigne bien va tout faire pour préparer de bons examens. C’est un travail très exigeant. Convertir des points en une note (sans possibilité de recours) en se basant sur une formule ne suffit de loin pas. Chaque examen comporte un certain nombre de décisions «d’appréciation» de la part de l’enseignant: sa date et sa durée, le nombre d’épreuves, la formulation des tâches, le temps à disposition, le barème des points donnés aux réponses – l’enseignant dispose toujours d’une certaine «marge d’appréciation». Je souhaite qu’ils utilisent cette marge en l’expliquant, en informant, avec conviction et dans un esprit innovateur. Deuxièmement, je souhaite que les enseignants réfléchissent avec sérieux aux différentes exigences des examens, souvent contradictoires. Les examens sont les «en-
nemis» de l’apprentissage, de la qualification des jeunes en formation; ils sont un moyen de sélection. Les examens doivent être significatifs et ils doivent pouvoir être évalués de manière intersubjective. Ces deux éléments sont en partie incompatibles, ils demandent, en quelque sorte, de savoir faire le «grand écart». Cette image est tout à fait adaptée: lors d’un grand écart, il s’agit d’atteindre, avec chaque pied, deux points très éloignées l’un de l’autre. Le spectateur admire cette capacité – qui le fait un peu frissonner. Cette souplesse ne peut être acquise que par en entraînement très poussé et conséquent. Et cela ne va certainement pas sans quelques douleurs. L’entraînement doit commencer dès les jeunes années et il doit être poursuivi tout au long de la vie (professionnelle). Folio Nº 3/ 09 15
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