Guide pedagogique - L'Observatoire de l'Espace
Guide pedagogique - L'Observatoire de l'Espace
Guide pedagogique - L'Observatoire de l'Espace
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Plus <strong>de</strong> 25 rotations terrestres par jour, <strong>de</strong>s instruments<br />
orientés en permanence vers la Terre et <strong>de</strong>s panneaux<br />
solaires vers le Soleil : le ballet constant et maîtrisé <strong>de</strong> tous<br />
ces paramètres assure le fonctionnement <strong>de</strong>s satellites à<br />
défilement tels Spot ou Jason.<br />
© CNES/Illustration D. Ducros<br />
Les satellites peuvent valser malgré eux. Le satellite français<br />
Cerise a été percuté sur son orbite par un débris du lanceur<br />
Ariane 4. Le mouvement giratoire induit par ce choc l’a<br />
rendu inutilisable. © CNES/Illustration D. Ducros<br />
GUIDE PEDAGOGIQUE<br />
« Valser »<br />
Par facilité, on pourrait dire que le spatial, c’est savoir<br />
valser ! Des nuances s’imposent : certains satellites<br />
présentent la même face à la Terre et font plutôt une<br />
« simple ron<strong>de</strong> », cherchant surtout à rester stables<br />
grâce à leurs gyroscopes, leurs senseurs stellaires et<br />
leurs moteurs d’appoint. Par contre, un tournoiement<br />
maîtrisé est obligatoire pour ceux qui par ce moyen<br />
scannent la planète, ou encore pour les stations<br />
orbitales qui, dans les récits <strong>de</strong> fiction, généreraient<br />
ainsi une gravitation artificielle. D’autres usages <strong>de</strong><br />
ce tournoiement dansant existeraient-ils ?<br />
À 36000 km, le satellite géostationnaire Météosat suit la<br />
rotation <strong>de</strong> la Terre et vise ainsi en permanence l’Europe.<br />
Il est également « spiné », c’est-à-dire qu’il tourne<br />
rapi<strong>de</strong>ment sur lui-même dans un ballet continuel.<br />
© ESA/Illustration D. Ducros<br />
C’est grâce à un ballet rotatif constant que les habitants<br />
<strong>de</strong>s futures colonies spatiales retrouveront dans l’espace<br />
une gravité indispensable à la vie quotidienne.<br />
© NASA/Illustration Rick Guidice
L’assistance gravitationnelle, une ai<strong>de</strong><br />
précieuse dans la navigation spatiale :<br />
L’assistance gravitationnelle apparaît quand un<br />
vaisseau spatial passe près d’une planète ou d’un<br />
satellite important. L’attraction <strong>de</strong> la planète se<br />
fait alors sentir sur l’engin spatial et cela modifie<br />
son orbite. Parfois l’engin spatial peut accélérer<br />
et parfois ralentir – selon qu’il passe <strong>de</strong>vant ou<br />
<strong>de</strong>rrière la planète. L’assistance gravitationnelle<br />
modifie aussi la direction du déplacement <strong>de</strong><br />
l’engin spatial.<br />
Mariner 10 est un modèle du genre. Cette son<strong>de</strong><br />
d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Mercure fut la première mission à<br />
utiliser l’attraction gravitationnelle d’une planète<br />
Suggestions d’écriture<br />
Suite à la colonisation complète du système solaire par les hommes, la STIP<br />
(Société <strong>de</strong> Transport Interplanétaire) étudie ses nouveaux trajets <strong>de</strong> transport<br />
en commun...<br />
Un scientifique effectue <strong>de</strong>s recherches sur <strong>de</strong>s documents afin d’y trouver <strong>de</strong>s<br />
idées qui lui permettraient <strong>de</strong> créer un vaisseau dans lequel règne une gravité<br />
artificielle....<br />
Survol <strong>de</strong> la Terre<br />
18 août 1999<br />
Survol <strong>de</strong> Jupiter<br />
30 déc 2000<br />
Lancement<br />
15 oct 1997<br />
Orbite <strong>de</strong> Jupiter<br />
(11,8 ans)<br />
Orbite <strong>de</strong> Saturne<br />
(29,4 ans)<br />
1 er survol <strong>de</strong> Vénus<br />
26 avril 1998<br />
2 ème survol <strong>de</strong> Vénus<br />
24 juin 1999<br />
Manœuvre<br />
d'alignement<br />
avec Vénus<br />
3 déc 1998<br />
Mise en orbite<br />
autour <strong>de</strong> Saturne<br />
1 er juillet 2004<br />
Trajectoires <strong>de</strong> la son<strong>de</strong> Cassini entre le 15 octobre 1997 et le 1 er juillet 2004<br />
date <strong>de</strong> son arrivée sur Saturne. © ESA<br />
Sources documentaires<br />
pour en atteindre une autre.<br />
Lancée le 3 novembre 1973 en direction <strong>de</strong> Vénus,<br />
qu’elle survole le 5 Février 1974 sa trajectoire<br />
fut incurvée, après le survol <strong>de</strong> Vénus, vers le<br />
Soleil afin d’échapper au champ gravitationnel<br />
vénusien et mettre le cap sur Mercure. Mariner 10<br />
atteint Mercure le 29 mars 1974, survolant la<br />
planète difficilement observable <strong>de</strong>puis la Terre,<br />
à seulement 705 km <strong>de</strong> la surface. Après le<br />
survol, Mariner se mit en orbite autour du<br />
Soleil, survolant à nouveau Mercure du 20 au<br />
23 septembre 1974. Un troisième survol eut lieu<br />
en mars 1975 <strong>de</strong>puis une altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 327 km.<br />
Lancée en 1997, Cassini-Huygens est la première<br />
mission spatiale consacrée à l’exploration <strong>de</strong><br />
Saturne, une <strong>de</strong>s planètes lointaines <strong>de</strong> notre<br />
système solaire.<br />
Devant se mettre en orbite autour <strong>de</strong> Saturne<br />
en 2004, la son<strong>de</strong> a utilisé l’énergie fournie par<br />
l’assistance gravitationnelle <strong>de</strong> plusieurs planètes<br />
pour rejoindre Saturne. Elle a ainsi effectué<br />
2 survols <strong>de</strong> Vénus en 1998 et 1999, un survol <strong>de</strong><br />
la Terre en 1999 et enfin <strong>de</strong> Jupiter en 2000.<br />
La son<strong>de</strong> a atteint l’orbite <strong>de</strong> Saturne le 1 er juillet<br />
2004 après un périple <strong>de</strong> 7 ans et 3,5 milliards <strong>de</strong><br />
kilomètres.<br />
Comme en témoigne cet article <strong>de</strong> Paris Match d’octobre 1959, seuls douze<br />
satellites évoluaient dans l’espace à cette date. Depuis, ce sont <strong>de</strong>s milliers<br />
d’objets aux trajectoires diverses qui sillonnent la banlieue terrestre ou le<br />
système solaire. Certains d’entre eux, comme les son<strong>de</strong>s Voyager, ont même<br />
franchi les limites <strong>de</strong> notre système après un « billard » gravitationnel entre<br />
plusieurs planètes © D.R.
Vaisseaux spatiaux et gravité artificielle :<br />
La gravité artificielle consiste à simuler la<br />
gravité et ses effets sur le corps humain dans<br />
un environnement qui en est dépourvu. En<br />
particulier, cet état faciliterait gran<strong>de</strong>ment les<br />
voyages dans l’espace en évitant les problèmes<br />
liés à l’impesanteur. En effet, l’absence <strong>de</strong> gravité<br />
est difficile à supporter sur le long terme. Il<br />
existe en théorie plusieurs métho<strong>de</strong>s pour créer<br />
une gravité artificielle, plus ou moins difficiles à<br />
mettre en œuvre. Le vaisseau spatial peut tourner<br />
sur lui-même pour créer une force centrifuge.<br />
Tout objet à l’intérieur du vaisseau est attiré vers<br />
la surface du vaisseau, créant donc une gravité<br />
artificielle.<br />
Idéalement, le taux <strong>de</strong> rotation du vaisseau<br />
doit être inférieur à 2 tours par minute pour<br />
réduire certains effets mécaniques. Pour simuler<br />
une gravité similaire à la gravité terrestre<br />
(1 g), le rayon doit être d’au moins 224 m, ce<br />
qui représente un gros vaisseau spatial. Pour<br />
réduire sa masse, il pourrait être constitué <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux éléments reliés par un câble (par exemple,<br />
une partie pour l’habitation, et une autre pour<br />
le travail scientifique et la maintenance <strong>de</strong> la<br />
station). Cependant, « la gravité artificielle est un<br />
outil potentiellement très utile » fait remarquer<br />
Malcom Cohen, qui dirige le département <strong>de</strong><br />
recherche sur le traitement <strong>de</strong> l’information<br />
par l’être humain au centre Ames <strong>de</strong> la NASA,<br />
« mais ce n’est pas une panacée. » La force<br />
centrifuge n’est pas exactement équivalente<br />
à la gravité, explique-t-il. Imaginons que vous<br />
ne disposiez que d’une petite centrifugeuse<br />
(disons une qui pourrait trouver sa place dans un<br />
vaisseau spatial). Il vous faudra la faire tourner<br />
très vite pour obtenir <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> gravité<br />
suffisamment élevés pour être efficaces. Mais là<br />
La « Roue habitable » <strong>de</strong> Hermann Noordung : en 1929, l’Autrichien Hermann<br />
Potocnik publie à Berlin, sous le pseudonyme <strong>de</strong> Noordung, Das Problem<br />
<strong>de</strong>s Befahrung <strong>de</strong>s We/traums (Le Problème <strong>de</strong> la navigation dans l’espace).<br />
sans doute le premier livre en gran<strong>de</strong> partie consacré aux stations spatiales.<br />
Le dispositif <strong>de</strong> la Wohnrad (la Roue habitable) que proposait Noordung<br />
exercera une profon<strong>de</strong> influence tant sur les techniciens et les chercheurs que<br />
sur les auteurs <strong>de</strong> science-fiction. © D.R.<br />
En 1952, Werner Von Braun, directeur technique <strong>de</strong>s programmes spatiaux<br />
<strong>de</strong> l’armée américaine à l’époque, propose un projet <strong>de</strong> station orbitale en<br />
rotation afin <strong>de</strong> créer une gravité artificielle. D’un diamètre <strong>de</strong> 75 mètres la<br />
station, faite en tissus <strong>de</strong> nylon souple et imperméable, serait mise en orbite<br />
par un lanceur avant d’être gonflée comme un pneu puis mise en rotation.<br />
© D.R.<br />
encore, il y a un problème : le long du bras d’une<br />
petite centrifugeuse, la valeur <strong>de</strong> la force <strong>de</strong><br />
gravité change rapi<strong>de</strong>ment.<br />
« Supposons que vous vous teniez allongé le long<br />
du bras d’une centrifugeuse <strong>de</strong> petit rayon, avec<br />
votre tête près <strong>de</strong> l’axe central et vos pieds vers<br />
l’extérieur. En admettant qu’on puisse recréer<br />
une gravité artificielle <strong>de</strong> 1 g au niveau <strong>de</strong> vos<br />
pieds, votre tête ne ressentirait que 0,2 g, ou<br />
même moins. » C’est en effet assez éloigné <strong>de</strong> ce<br />
que nous pouvons ressentir sur Terre !<br />
La rotation rapi<strong>de</strong> crée aussi un problème <strong>de</strong><br />
perception <strong>de</strong> l’équilibre par l’oreille interne<br />
et donne l’impression d’être en chute libre en<br />
permanence. Du coup, certaines expériences<br />
utilisant <strong>de</strong>s centrifugeuses comprennent souvent<br />
<strong>de</strong>s dispositifs qui permettent d’immobiliser la<br />
tête du sujet, afin d’empêcher cette illusion. Mais<br />
il faut bien reconnaître que traverser les espaces<br />
interplanétaires sans pouvoir bouger la tête ne<br />
serait sans doute pas très pratique.
Extrait <strong>de</strong> Quelques plans tirés sur la comète<br />
<strong>de</strong> Anne-Lise Grobéty, revue Espace(s) n°2,<br />
À l’épreuve <strong>de</strong> la correspondance.<br />
Bien chers astronavigateurs,<br />
Ayant été mise en mo<strong>de</strong> dormant <strong>de</strong> juillet 2011<br />
à ce jour et, par conséquent sans possibilité <strong>de</strong><br />
communiquer avec vous pendant tout ce temps,<br />
je n’ai pu vous tenir au courant <strong>de</strong> l’évolution<br />
<strong>de</strong> la situation – ce que je m’empresse <strong>de</strong> faire<br />
aujourd’hui. Jusqu’ici, soyez rassurés, je n’ai pas<br />
ménagé mes efforts pour toujours tout bien<br />
exécuter selon vos directives. J’ai compris qu’il<br />
me fallait absolument voler <strong>de</strong> l’énergie à un<br />
corps céleste en le frôlant, même si cela paraissait<br />
me faire perdre un temps précieux, et j’avoue<br />
que, finalement, ce n’était pas désagréable <strong>de</strong><br />
revenir jouer les pickpockets dans les parages <strong>de</strong><br />
notre bonne Terre par trois fois (en 2005, 2007 et<br />
en 2009) ! J’ai fait <strong>de</strong> même du tourisme du côté<br />
<strong>de</strong> Mars, en 2007, avec tout autant d’intérêt et<br />
serré <strong>de</strong> près également, pour observation, vos<br />
astéroï<strong>de</strong>s sélectionnés, 2876 Stein et 21 Lutetia,<br />
respectivement à la vitesse <strong>de</strong> 9 km/s et 15 km/s.<br />
Si je reprends tous ces éléments, c’est pour bien<br />
vous montrer à quel point j’ai mis <strong>de</strong> la bonne<br />
volonté à ne pas vous déplaire. Et, surtout, ne<br />
croyez pas que ce que je vais vous dire maintenant<br />
est motivé par le fait que je commence à trouver<br />
le temps long et que je m’ennuie. Je ne m’ennuie<br />
jamais. Je dirais même : bien au contraire.<br />
Je ne m’ennuie jamais.<br />
Je ne m’ennuie jamais.<br />
Vous vous souvenez peut-être qu’une dizaine <strong>de</strong><br />
minutes après mon départ, lors <strong>de</strong> mon premier<br />
rapport, je m’étais laissée aller à un mouvement<br />
d’humeur au sujet <strong>de</strong> Philae, craignant d’avoir<br />
embarqué avec moi un avorton ; j’avais même<br />
fait entendre que je trouvais un peu fort <strong>de</strong><br />
tabac <strong>de</strong> me taper cinq milliards <strong>de</strong> kilomètres<br />
dans l’inconnu pour aller larguer un tocard sur<br />
une comète au nom à coucher <strong>de</strong>hors du côté <strong>de</strong><br />
l’Est. Passe encore s’il fallait courir aux trousses<br />
d’une ve<strong>de</strong>tte, la belle comète <strong>de</strong> Halley à la<br />
crinière <strong>de</strong> feu, par exemple…<br />
Réflexions<br />
Extrait <strong>de</strong> La conquête <strong>de</strong> l’air – Une aventure<br />
dans l’art du XX e siècle<br />
Wenzel Hablik, Journal, 29 déc. 1908<br />
Aujourd’hui, j’ai fait un rêve qui a porté sur<br />
une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> douze ans. Je faisais construire<br />
une colonie volante ! Une construction d’un<br />
acier merveilleux, recouvert grâce à un procédé<br />
singulier d’une soli<strong>de</strong> couche d’argent.<br />
(…) Dans cette construction, absolument<br />
résistante aux températures les plus élevées<br />
que l’on puisse produire, étaient aménagées<br />
<strong>de</strong>s pièces pour cinquante couples. Ces pièces<br />
fermaient hermétiquement et contenaient tout<br />
le nécessaire pour y vivre pendant 400 ans<br />
(…) dans une atmosphère d’abord fortement<br />
raréfiée, puis normale.<br />
(…) Le premier essai <strong>de</strong> décollage <strong>de</strong> la colonie<br />
volante eut lieu le 4 août 1920 au matin ; la<br />
réussite fut telle que l’on put ultérieurement<br />
ajouter beaucoup d’autres objets et d’autres<br />
êtres dont on ne pouvait pas encore déterminer<br />
l’utilité. (…) Durant son premier vol, la colonie<br />
<strong>de</strong>vait d’abord se limiter à parcourir le mon<strong>de</strong><br />
pour faire monter à bord <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong><br />
différentes races, dont l’énergie reproductrice<br />
et la force étaient intactes, et dont l’esprit<br />
correspondait à l’objectif visé (…).<br />
La colonie volante imaginée par Wenzel Hablik. © D.R.