Les monnaies du tresor de colmar - Poinsignon Numismatique

L’étude détaillée et complète de ce trésor reste donc à mener à terme, et ce qui est présenté
ici n'est que le triste fruit d'une naissance prématurée. Il est nécessaire en effet
d'examiner parallèlement divers autres trésors, publiés ou non, comme ceux de Marbach
(1862), Hunawihr (1884), Winterthur (1930), Bâle (1937), Malterdingen (1946), Bâle (1966),
Lingenfeld (1969), etc.
Le trésor de Colmar est un trésor « mixte », puisqu'il comprend trois cent quarante-huit
monnaies d'argent et une monnaie d'or (fig. 50 et 51), une seule certes,
mais cela suffit à faire entrer ce dépôt dans cette catégorie, moins nombreuse que
les deux catégories de trésors monométalliques, composés uniquement de monnaies
d'or, ou uniquement de monnaies d'argent 5 . La monnaie d'or du trésor de Colmar
(n° 81) est un florin au type florentin frappé par Louis Ier, roi de Hongrie, entre
1342 et 1353, à Buda. Le monnayage de l'or dans le royaume de Hongrie commence
en 1325 avec le florin au type florentin de Charles-Robert ; celui de Louis Ier prend
la suite, avant de céder la place à un florin hybride, avec au droit saint Jean-
Baptiste, et au revers un écu. D'autres florins suivront, avec saint Ladislas cette
fois au droit, et toujours un écu au revers. Les florins hongrois circulaient en
abondance dans l'Empire et jusqu'en France : J. Duplessy 6 a répertorié dix trésors
français (celui de Colmar compris) ayant contenu des florins de Charles-Robert et/ou de Louis
Ier ; il faut y ajouter le trésor de Lyon 7 , découvert depuis. Ces onze trésors ont été découverts
dans onze départements différents ! Ces florins participaient à la circulation européenne
de cette espèce née à Florence en 1252, qui a acquis très vite la suprématie sur toute autre
et qui fut très rapidement imitée dans toute l'Europe.
Toutes les autres monnaies sont donc des monnaies d'argent et de billon, ce terme désignant
un alliage argent-cuivre qui peut être dit billon blanc ou billon noir selon la proportion
relative des deux métaux. Cependant toutes ces espèces sont loin de refléter les mêmes
réalités monétaires. Il y a dans le trésor de Colmar des monnaies d'argent, qui — comme le
florin d'or — participent à la circulation monétaire internationale : c'est le cas des gros
tournois émis par le roi de France (n° 106-III, fig. 53), qui ont fait l'objet de nombreuses
imitations, en particulier en Rhénanie. Les exemplaires du trésor de Colmar semblent
bien avoir été frappés par des ateliers officiels du royaume. Il s'agit de trois gros à l'O rond
qui peuvent être de Philippe III ou de Philippe IV, deux gros à l'O long et un gros à l'O rond
de Philippe IV ; 1'0 long caractérise une émission au cours arbitrairement haussé à 131/8
deniers tournois au lieu de la valeur traditionnelle de 12 deniers. Le gros tournois a fait
l'objet d'un colloque récent, où J. Duplessy a répertorié les trésors de France, de Belgique,
des Pays-Bas et de Suisse ayant contenu cette espèce 8 : il en a recensé 58 en France, 22 en
Belgique, 3 aux Pays-Bas et 3 en Suisse.
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