nonnos de panopolis, Les Dionysiaques. tome Xii Chant XXXV ...

la guérison de dionysos. on retrouve donc très
fortement dans ce passage l’influence d’Homère
qui est analysée avec précision à propos du
discours de Zeus (p. 31sqq).
mais c’est au chant XXXVi que l’influence
d’Homère est la plus sensible du fait que la
théomachie rapportée reprend les exemples des
chants XX et XXi de l’Iliade en en modifiant
fortement la structure. la réécriture nonnienne est
ici étudiée de très près et de manière rigoureuse
non seulement dans la notice (voir notamment
les tableaux des p. 65-66, 69, 71-72) et dans
les notes. toutefois, il est clair qu’il s’agit pour
Nonnos d’aller au‑delà de simples similitudes
avec le modèle homérique et de « donner au
conflit un dimension cosmique selon la tradition
de l’exégèse héraclitéenne » (p. 73‑74). dans
l’analyse de la reprise du combat à partir du vers
1 1, les six tableaux successifs initiaux ainsi que
le combat lui‑même sont également présentés
avec beaucoup d’acribie et de précision dans
la notice (p. 81-89), complétée abondamment
ici par les notes de fin de volume pour tous
les rapprochements que nécessite le texte de
nonnos. la description de la construction de
la flotte de dionysos est à nouveau l’occasion
pour Nonnos de faire jouer les souvenirs
homériques de l’Odyssée qui sont là encore
bien présentés. on regrettera peut‑être que les
notes complémentaires sur le chant XXXVi
(plus long que le précédent) ne soient pas plus
nombreuses : certains passages semblent en effet
plus faiblement annotés (par exemple les pages
ou 102), mais le texte de Nonnos s’y prêtait
peut‑être moins. on regrettera par exemple, pour
ce qui est de l’étalissement du texte (mais voir
ci‑après) qu’aucune explication ne soit donnée
sur les choix opérés aux vers 144 ou 175 (le
rapprochement indiqué dans l’apparat critique
avec 35,3 0 n’est pas suffisant et ne vaut pas
paléographiquement puisque l porte un texte
différent avant les deux corrections semblables
proposées).
le texte est toujours édité avec prudence,
préférant toujours d’abord comprendre le texte
comPtes rendus 783
donné par le laurentianus plutôt que de suivre
une interprétation a priori qui nécessite ensuite
de transformer le texte pour l’accommoder à ses
désirs. C’est le cas par exemple en 35, 4 (voir
l’explication dans les notes p. 11 ) ou 35, 77 ou
encore de la suppression des lacunes supposées
par Koechly (35, 203 : ici la justification non
explicitée se trouve chez Keydell auquel renvoie
l’apparat critique) ou par Keydell (35, 25 : voir
les bonnes remarques des pages 135‑13 qui
expliquent bien que, dériade finissant par croire
qu’il rêve, le texte de l (edrake, défendu déjà par
marcellus, peut être conservé et l’intégrité du
texte transmis sauvegardée). Pourtant, je ne suis
pas sûr que le déplacement (modeste) du vers 35,
135 après le vers 13 soit tout à fait justifié : le
passage à la 3e personne (13 ) me paraîtrait plus
naturel après éamfotçeroisi qui assurerait ainsi le
passage ; comme l'indiquent les notes (p. 127),
le texte est traduisible sans que la traduction
soit nécessairement « acrobatique » (voir la
traduction d'agosti par exemple). l’ordre des
mots pourrait dès lors nous informer de la
duperie de Chalcomédé qui prétend dire l’union,
mais sépare de fait morrheus et chalcomédé, à
nouveau distingués et considérés selon deux
réalités bien différentes (le cœur pour l'un, l'âme
pour l'autre).
la même prudence se retrouve au chant
suivant pour l’établissement du texte et l’on
ne peut que s'en féliciter. Signalons tout
d'abord à titre probatoire le maintien du texte
du manuscrit au vers 11, en dépit du caractère
très séduisant de la correction proposée par
vian (Lhtïçwhn
/ Dhïçwhn)
: comme g. agosti,
H. frangoulis trouve la suggestion très judicieuse
(dans la mesure où le choix des deux derniers
alliés de dériade est problématique si l’on s’en
tient à l’état du texte), mais préfère maintenir la
leçon de l qui peut s’expliquer par l’influence
d’Homère et une négligence du poète. la question
est très bien éclaircie aux p. 7‑ de la notice.
même prudence et même refus d’intervention
sur le texte se retrouvent au vers 270 (voir la note
p. 156) à propos du terme éonçucessi que plusieurs