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nonnos de panopolis, Les Dionysiaques. tome Xii Chant XXXV ...

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782 revue <strong>de</strong>s Étu<strong>de</strong>s anciennes<br />

<strong>nonnos</strong> <strong>de</strong> <strong>panopolis</strong>, <strong>Les</strong> <strong>Dionysiaques</strong>. <strong>tome</strong><br />

<strong>Xii</strong> <strong>Chant</strong> <strong>XXXV</strong>‑<strong>XXXV</strong>i. ‑ texte établi et<br />

traduit par H. Frangoulis. - paris : les Belles<br />

lettres, 200 . ‑ XVii+171 p. : in<strong>de</strong>x. ‑ (Cuf,<br />

iSSN : 01 4.7155 : série grecque ; 44 ). ‑ iSbN :<br />

2.251.00531.5.<br />

H. frangoulis, qui avait déjà édité<br />

brillamment le chant <strong>XXXV</strong>ii <strong>de</strong>s <strong>Dionysiaques</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>nonnos</strong> <strong>de</strong> <strong>panopolis</strong> dans la collection <strong>de</strong>s<br />

universités <strong>de</strong> france, est à nouveau l’éditrice<br />

<strong>de</strong> ce volume <strong>Xii</strong> qui termine l’édition <strong>de</strong>s<br />

<strong>Dionysiaques</strong> entreprise par francis Vian en<br />

1 7 . les nécessités <strong>de</strong> l’édition font que ce<br />

volume manque un peu <strong>de</strong> cohérence puisqu’il<br />

comprend le chant <strong>XXXV</strong>, constitué par la fin <strong>de</strong><br />

la chalcomédie (développée dans les <strong>de</strong>ux chants<br />

précé<strong>de</strong>nts), le réveil <strong>de</strong> Zeus et la guérison <strong>de</strong><br />

dionysos, et le chant <strong>XXXV</strong>i qui, après une<br />

théomachie initiale, mène le récit jusqu’à la<br />

fin <strong>de</strong> la sixième année <strong>de</strong> guerre. mais ce que<br />

le volume perd en cohérence thématique, il le<br />

gagne largement dans la continuité du travail<br />

scientifique qui se maintient au plus haut niveau<br />

<strong>de</strong> l’excellence d’un bout à l’autre du volume.<br />

H. frangoulis a été aidée dans son œuvre par<br />

le travail préparatoire mené par B. gerlaud<br />

sur le chant <strong>XXXV</strong> comme elle l’indique<br />

initialement.<br />

Ce chant, qui repose sur une alternance<br />

thématique chère à Nonnos du guerrier et <strong>de</strong><br />

l’érotique, fait suite immédiatement au chant<br />

XXXiV en prenant pour thème‑pivot la déroute<br />

<strong>de</strong>s bacchantes. la critique <strong>de</strong> Key<strong>de</strong>ll est<br />

ici justement rejetée par les éditeurs (p. 4).<br />

Nonnos développe surtout ici une scène assez<br />

baroque <strong>de</strong> nécrophilie, inspirée <strong>de</strong>s aventures<br />

d’achille et Penthésilée dans la Suite d’Homère<br />

<strong>de</strong> Quintus <strong>de</strong> Smyrne, qui entretient un rapport<br />

spéculaire avec l’ensemble <strong>de</strong> la Chalcomédie.<br />

Cet ensemble « romanesque » s’achève ici sur la<br />

<strong>de</strong>rnière rencontre <strong>de</strong> morrheus et Chalcomédé<br />

au centre du chant et tout l’épiso<strong>de</strong> obéit à une<br />

structure annulaire typique <strong>de</strong> Nonnos autour<br />

<strong>de</strong> la belle scène entre aphrodite et arès,<br />

fortement inspirée par la Gigantomachie <strong>de</strong><br />

claudien comme le montrent avec précision<br />

les notes complémentaires. on appréciera tout<br />

particulièrement le jugement général porté sur la<br />

Chalcomédie dans la notice (p. 24‑30) qui rend<br />

justice à cet épiso<strong>de</strong> romanesque comme l’un<br />

<strong>de</strong>s plus réussis <strong>de</strong> l’épopée, mêlant habilement<br />

les tonalités les plus diverses et renouvelant<br />

profondément le discours épique. après une fin<br />

abrupte <strong>de</strong> cette longue parenthèse commencée<br />

au chant XX<strong>Xii</strong>i, le récit revient à la fois<br />

thématiquement et textuellement à son mo<strong>de</strong><br />

homérique avec le réveil <strong>de</strong> Zeus qui permet


la guérison <strong>de</strong> dionysos. on retrouve donc très<br />

fortement dans ce passage l’influence d’Homère<br />

qui est analysée avec précision à propos du<br />

discours <strong>de</strong> Zeus (p. 31sqq).<br />

mais c’est au chant <strong>XXXV</strong>i que l’influence<br />

d’Homère est la plus sensible du fait que la<br />

théomachie rapportée reprend les exemples <strong>de</strong>s<br />

chants XX et XXi <strong>de</strong> l’Ilia<strong>de</strong> en en modifiant<br />

fortement la structure. la réécriture nonnienne est<br />

ici étudiée <strong>de</strong> très près et <strong>de</strong> manière rigoureuse<br />

non seulement dans la notice (voir notamment<br />

les tableaux <strong>de</strong>s p. 65-66, 69, 71-72) et dans<br />

les notes. toutefois, il est clair qu’il s’agit pour<br />

Nonnos d’aller au‑<strong>de</strong>là <strong>de</strong> simples similitu<strong>de</strong>s<br />

avec le modèle homérique et <strong>de</strong> « donner au<br />

conflit un dimension cosmique selon la tradition<br />

<strong>de</strong> l’exégèse héraclitéenne » (p. 73‑74). dans<br />

l’analyse <strong>de</strong> la reprise du combat à partir du vers<br />

1 1, les six tableaux successifs initiaux ainsi que<br />

le combat lui‑même sont également présentés<br />

avec beaucoup d’acribie et <strong>de</strong> précision dans<br />

la notice (p. 81-89), complétée abondamment<br />

ici par les notes <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> volume pour tous<br />

les rapprochements que nécessite le texte <strong>de</strong><br />

<strong>nonnos</strong>. la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong><br />

la flotte <strong>de</strong> dionysos est à nouveau l’occasion<br />

pour Nonnos <strong>de</strong> faire jouer les souvenirs<br />

homériques <strong>de</strong> l’Odyssée qui sont là encore<br />

bien présentés. on regrettera peut‑être que les<br />

notes complémentaires sur le chant <strong>XXXV</strong>i<br />

(plus long que le précé<strong>de</strong>nt) ne soient pas plus<br />

nombreuses : certains passages semblent en effet<br />

plus faiblement annotés (par exemple les pages<br />

ou 102), mais le texte <strong>de</strong> Nonnos s’y prêtait<br />

peut‑être moins. on regrettera par exemple, pour<br />

ce qui est <strong>de</strong> l’étalissement du texte (mais voir<br />

ci‑après) qu’aucune explication ne soit donnée<br />

sur les choix opérés aux vers 144 ou 175 (le<br />

rapprochement indiqué dans l’apparat critique<br />

avec 35,3 0 n’est pas suffisant et ne vaut pas<br />

paléographiquement puisque l porte un texte<br />

différent avant les <strong>de</strong>ux corrections semblables<br />

proposées).<br />

le texte est toujours édité avec pru<strong>de</strong>nce,<br />

préférant toujours d’abord comprendre le texte<br />

comPtes rendus 783<br />

donné par le laurentianus plutôt que <strong>de</strong> suivre<br />

une interprétation a priori qui nécessite ensuite<br />

<strong>de</strong> transformer le texte pour l’accommo<strong>de</strong>r à ses<br />

désirs. C’est le cas par exemple en 35, 4 (voir<br />

l’explication dans les notes p. 11 ) ou 35, 77 ou<br />

encore <strong>de</strong> la suppression <strong>de</strong>s lacunes supposées<br />

par Koechly (35, 203 : ici la justification non<br />

explicitée se trouve chez Key<strong>de</strong>ll auquel renvoie<br />

l’apparat critique) ou par Key<strong>de</strong>ll (35, 25 : voir<br />

les bonnes remarques <strong>de</strong>s pages 135‑13 qui<br />

expliquent bien que, déria<strong>de</strong> finissant par croire<br />

qu’il rêve, le texte <strong>de</strong> l (edrake, défendu déjà par<br />

marcellus, peut être conservé et l’intégrité du<br />

texte transmis sauvegardée). Pourtant, je ne suis<br />

pas sûr que le déplacement (mo<strong>de</strong>ste) du vers 35,<br />

135 après le vers 13 soit tout à fait justifié : le<br />

passage à la 3e personne (13 ) me paraîtrait plus<br />

naturel après éamfotçeroisi qui assurerait ainsi le<br />

passage ; comme l'indiquent les notes (p. 127),<br />

le texte est traduisible sans que la traduction<br />

soit nécessairement « acrobatique » (voir la<br />

traduction d'agosti par exemple). l’ordre <strong>de</strong>s<br />

mots pourrait dès lors nous informer <strong>de</strong> la<br />

duperie <strong>de</strong> Chalcomédé qui prétend dire l’union,<br />

mais sépare <strong>de</strong> fait morrheus et chalcomédé, à<br />

nouveau distingués et considérés selon <strong>de</strong>ux<br />

réalités bien différentes (le cœur pour l'un, l'âme<br />

pour l'autre).<br />

la même pru<strong>de</strong>nce se retrouve au chant<br />

suivant pour l’établissement du texte et l’on<br />

ne peut que s'en féliciter. Signalons tout<br />

d'abord à titre probatoire le maintien du texte<br />

du manuscrit au vers 11, en dépit du caractère<br />

très séduisant <strong>de</strong> la correction proposée par<br />

vian (Lhtïçwhn<br />

/ Dhïçwhn)<br />

: comme g. agosti,<br />

H. frangoulis trouve la suggestion très judicieuse<br />

(dans la mesure où le choix <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers<br />

alliés <strong>de</strong> déria<strong>de</strong> est problématique si l’on s’en<br />

tient à l’état du texte), mais préfère maintenir la<br />

leçon <strong>de</strong> l qui peut s’expliquer par l’influence<br />

d’Homère et une négligence du poète. la question<br />

est très bien éclaircie aux p. 7‑ <strong>de</strong> la notice.<br />

même pru<strong>de</strong>nce et même refus d’intervention<br />

sur le texte se retrouvent au vers 270 (voir la note<br />

p. 156) à propos du terme éonçucessi que plusieurs


784 revue <strong>de</strong>s Étu<strong>de</strong>s anciennes<br />

éditeurs ont voulu corriger. on pourrait ajouter<br />

qu’en outre, d’un point <strong>de</strong> vue stylistique, le<br />

terme éonçucessi est bien meilleur que toutes<br />

les corrections proposées dans la mesure où il<br />

renforce, par un - c - supplémentaire (également<br />

présent dans les trois autres mots du vers),<br />

l’harmonie imitative <strong>de</strong> cet hexamètre expressif.<br />

on signalera enfin l’absence <strong>de</strong> commentaire sur<br />

la lacune supposée par Koechly après le vers 3<br />

et maintenue dans la présente édition : on aurait<br />

peut‑être pu au moins signaler, sinon adopter,<br />

la solution proposée par marcellus, approuvée<br />

par collart (p. 212 n.1) et signalée par agosti,<br />

d’inverser les vers 3 5 et 3 : cela permet<br />

d’éviter à peu <strong>de</strong> frais la lacune et <strong>de</strong> construire<br />

très facilement le génitif en rejet du vers 3 7 ; il<br />

ne me semble pas que l’interversion <strong>de</strong> ces vers<br />

soit gênante pour la suite <strong>de</strong>s actions décrites.<br />

Concluons ces quelques remarques en<br />

rappelant une nouvelle fois le travail efficace<br />

et sérieux accompli pour cet ultime volume <strong>de</strong><br />

l’édition <strong>de</strong>s <strong>Dionysiaques</strong> qui fera référence au<br />

même titre que les précé<strong>de</strong>nts volumes. il ne nous<br />

reste plus, pour notre part, qu’à avancer et achever<br />

le travail que nous menons sur la Paraphrase<br />

pour que l’œuvre <strong>de</strong> Nonnos soit au complet<br />

dans la Collection <strong>de</strong>s universités <strong>de</strong> france.<br />

nous ne négligerons pas, dans cette entreprise,<br />

<strong>de</strong> solliciter l’ai<strong>de</strong> très sûre d’H. frangoulis.<br />

cHristoPHe cusset

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