ILS RENFORCENT LA SUISSE - Economiesuisse
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innovation<br />
Le magazine des idées qui dopent l’économie suisse<br />
En collaboration avec<br />
EXTRA<br />
Septembre 2012<br />
Pourquoi nos entreprises sont-elles parmi<br />
les plus innovantes du monde?<br />
Comment rendre les collaborateurs encore<br />
plus créatifs?<br />
De combien de chercheurs a besoin un pays?
PUBLICITÉ<br />
L’initiative contre les<br />
rémunérations abusives<br />
nuit à la Suisse<br />
Avec ses 24 exigences rigides, l’initiative populaire de Thomas Minder restreindrait<br />
excessivement l’économie. Elle toucherait les petites comme les grandes<br />
entreprises car elles sont étroitement liées. Ensemble, elles assurent des centaines<br />
de milliers d’emplois et contribuent largement au succès de la Suisse.<br />
Non à l’initiative contre les rémunérations abusives, car ...<br />
elle réduit excessivement la liberté de nos entreprises;<br />
elle menace le modèle qui a fait le succès<br />
de la Suisse et met en jeu des emplois;<br />
le contre-projet répond mieux et plus rapidement<br />
aux défis actuels.<br />
Si le peuple et les cantons refusent l’initiative contre les rémunérations abusives,<br />
le contre-projet entrera en vigueur automatiquement. Ce dernier permet<br />
aux actionnaires d’empêcher le versement de rémunérations abusives.<br />
Mais contrairement à l’initiative, il laisse aux entreprises la liberté dont elles<br />
ont besoin et défend bien mieux les emplois.<br />
NON<br />
à une initiative<br />
Minder nuisible<br />
OUI<br />
automatique au<br />
contre-projet
innovationsuisse<br />
innovationsuisse<br />
innovationsuisse<br />
innovationsuisse<br />
Des triangles de couleur symbolisent<br />
le développement des idées.<br />
Le logo<br />
d’Innovationsuisse<br />
Comment naît l’innovation? En développant<br />
diverses idées, en les soupesant une<br />
à une et en les combinant sans cesse entre<br />
elles. Jusqu’à ce qu’elles forment un tout<br />
fonctionnel propre à être réalisé et imposé<br />
sur le marché. C’est précisément ce que<br />
symbolisent les triangles colorés d’Innovationsuisse,<br />
qui se recomposent sans<br />
relâche en de nouvelles constellations.<br />
Par cette campagne, economiesuisse,<br />
l’organisation faîtière de l’économie, s’engage<br />
en faveur de conditions-cadres optimales<br />
en matière de politique d’innovation<br />
en Suisse.<br />
Shortcut<br />
Ce cahier thématique est<br />
compatible avec shortcut.<br />
Pour chaque page imprimée,<br />
il existe une page mobile<br />
accessible via smartphone. Voici comment<br />
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page de ce cahier peut être identifiée par<br />
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en quelques secondes, la page<br />
haute définition (en format PDF) peut être<br />
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Chaque page peut également être enregistrée<br />
dans Evernote: découper les articles,<br />
c’est du passé! De même, chaque adresse Internet<br />
figurant sur la page imprimée est incluse<br />
dans shortcut. Une autre fonction standard<br />
est la possibilité de commenter le<br />
contenu de la page, de le discuter avec<br />
d’autres lecteurs ou de fournir des conseils<br />
en relation avec tel ou tel article.<br />
Sommaire<br />
Sommaire<br />
«L’innovation, c’est…<br />
… quand le monde s’arrête un instant. Et s’extasie.»<br />
Ce que formule ici l’étudiante Viviane Oettinger, 23 ans, des<br />
entrepreneurs le réalisent tous les jours en Suisse: ils incitent<br />
le monde à s’extasier avec leurs produits et leurs services.<br />
Dans ce cahier spécial consacré à l’innovation, nous vous<br />
présentons cinq personnalités qui incarnent la créativité et le<br />
fourmillement d’idées des 330 000 entreprises de ce pays.<br />
Inciter le monde à s’extasier n’est évidemment pas un but<br />
en soi. Evidemment, nous sommes plutôt fiers quand<br />
l’économie suisse figure aux meilleurs rangs dans les<br />
comparaisons internationales. Non, il est ici question de<br />
durabilité, pour assurer les emplois, de prospérité et de l’Etat<br />
social.<br />
Cela ne réussit que lorsque les conditions-cadres politiques<br />
sont adéquates. Selon les analyses d’economiesuisse, la place<br />
helvétique peut développer sa capacité d’innovation en<br />
continuant à investir dans sa compétitivité. Dans les écoles,<br />
les mathématiques et les sciences naturelles doivent être<br />
renforcées, l’interconnexion internationale et la coopération<br />
dans la recherche améliorées sans relâche. Et, surtout, il faut<br />
des ressources suffisantes à long terme pour la recherche et le<br />
développement.<br />
L’innovation, c’est…: les citations en pied de page des articles<br />
proviennent d’étudiantes et étudiants du cursus bachelor en<br />
communication de la HWZ, la Haute Ecole d’économie de<br />
Zurich.<br />
Nous vous souhaitons une lecture éclairante et stimulante.<br />
La rédaction<br />
04 • Greubel Forsey: Montres cultes<br />
06 • Lantal: Textiles pour trains, bus, bateaux et avions<br />
08 • Läderach: Confiserie avec des produits chocolatés exceptionnels<br />
10 • Graphique: Les pays avec les meilleures têtes pensantes<br />
12 • Medgate: Consulter son médecin par téléphone<br />
14 • Protoscar: Mobilité propre pour après-demain<br />
16 • Psychologie: Ce qui rend les collaborateurs innovants<br />
IMPRESSUM<br />
Rédacteur en chef: Olivier Toublan Rédaction: Stefan Barmettler Maquette: Wernie<br />
Baumeler, Catharina Clajus Chef d’édition: Susann Tamisier Infographie: 4Dnews Rédaction<br />
photos: Susanne Borer Correctrice: Samira Payot Annonces: Sandra Bruderer, Claudia<br />
Köpfli Impression: Swissprinters Lausanne Editeur: Axel Springer Suisse SA, PME Magazine,<br />
Förrlibuckstrasse 70, Postfach, 8021 Zurich, www.pme.ch, tél. 043 444 55 20<br />
►Shortcut pour d’autres facteurs d’innovation<br />
2012 Innovation 3
Des innovations<br />
spectaculaires dès le<br />
début de l’histoire de<br />
l’entreprise: Stephen<br />
Forsey, cofondateur de<br />
Greubel Forsey.<br />
Greubel Forsey<br />
Branche: Horlogerie<br />
Chiffre d’affaires:<br />
non communiqué<br />
Effectif: 100<br />
Siège:<br />
La Chaux-de-Fonds<br />
Année de fondation:<br />
2001<br />
4 Innovation 2012
Photos: Pascal Mora<br />
«Il y a encore<br />
énormément<br />
à inventer»<br />
Les modèles de la manufacture horlogère<br />
Greubel Forsey sont devenus très vite des objets<br />
de collection. Pour des raisons simples:<br />
perfection des mouvements mécaniques<br />
et concentration sur de petites quantités.<br />
TEXTE: KASPAR MEULI / PHOTO: BALZ MURER<br />
Elle n’est pas petite, la niche dans laquelle<br />
s’active Greubel Forsey: elle est carrément<br />
minuscule. La manufacture de montres<br />
de La Chaux-de-Fonds ne produit que 100<br />
montres par an, on n’en trouve pas à<br />
moins de 300 000 francs et certains modèles<br />
valent allégrement le double. Même<br />
sans décor de pierres précieuses.<br />
Robert Greubel et Stephen Forsey ont<br />
fondé leur entreprise en 2001. Ils étaient<br />
animés par la conviction que la montre<br />
mécanique allait continuer longtemps<br />
encore à bénéfi cier de développements. Et<br />
ils y croient toujours: «Il y a encore énormément<br />
de choses à inventer!» Greubel<br />
Forsey en livre la preuve avec un fl ux ininterrompu<br />
d’innovations horlogères.<br />
Les deux horlogers venus d’Alsace et<br />
d’Angleterre se sont connus au Locle, où<br />
ils développaient des prototypes au service<br />
d’une entreprise produisant des complications<br />
pour les grandes marques. Une fois<br />
à leur compte, ils ont d’abord travaillé sur<br />
mandats de sociétés renommées et, en<br />
2004, ils ont présenté la première montre<br />
portant leurs noms: à<br />
la foire horlogère Ba-<br />
selworld, où ils ont<br />
suscité un véritable<br />
émerveillement, tant<br />
le mécanisme de ce<br />
garde-temps était radicalement<br />
nouveau. Par<br />
la suite, les coûteuses<br />
montres Greubel Forsey<br />
se sont muées en<br />
peu de temps en objets<br />
de collection recherchés.<br />
Le formidable<br />
«Nous visons<br />
la perfection.<br />
Notre but est de<br />
constamment<br />
améliorer<br />
l’effi cacité des<br />
montres<br />
mécaniques.»<br />
épanouissement de l’entreprise se déduit<br />
en particulier du nouveau siège de la société<br />
inauguré en 2009 en périphérie de<br />
La Chaux-de-Fonds. L’immeuble spectaculaire,<br />
où travaillent désormais plus de 100<br />
personnes, réunit une maison paysanne<br />
du XVIIe siècle et une construction de<br />
verre aux courbes élégantes. Il incarne à<br />
la perfection la philosophie de l’entreprise:<br />
atteindre des rivages technologiques nouveaux<br />
tout en s’inspirant d’une tradition<br />
séculaire. Et cela par le biais d’exigences<br />
de qualité inouïes. «Nous visons la perfection,<br />
affi rme Robert Greubel. Notre objectif<br />
est d’améliorer sans cesse la performance<br />
de la montre mécanique.»<br />
Avec leur première montre déjà, les<br />
deux inventeurs ont montré la voie. Ils se<br />
proposaient d’optimiser le tourbillon, un<br />
dispositif compliqué breveté en 1801 par<br />
Abraham-Louis Breguet qui compense<br />
l’infl uence de la gravité sur la précision<br />
d’un mécanisme de montre. Leur innovation:<br />
ils ont placé le système d’oscillation<br />
à un angle de 30 degrés et pu ainsi<br />
compenser les multiples mouvements<br />
d’une montre portée au poignet. Une innovation<br />
qui a fait sensation dès le début de<br />
leur histoire entrepreneuriale. Néanmoins,<br />
selon Robert Greubel, les défi s techniques<br />
auxquels on se confronte aujourd’hui<br />
sont au moins aussi grands. Par<br />
exemple pour développer un nouveau<br />
spiral: «Nous cherchons un matériau aux<br />
propriétés physiques constantes, qui ne<br />
réagit ni aux températures ni au magnétisme.»<br />
Chez Greubel Forsey, innovation signifi<br />
e toujours plus de performances techniquesexceptionnelles.<br />
Ce ne sont pas<br />
des individualités,<br />
horlogers ou ingénieurs<br />
géniaux, qui<br />
rendent ces succès possibles<br />
mais bien, à en<br />
croire Robert Greubel,<br />
une «disposition d’esprit»<br />
qui imprègne<br />
l’entreprise dans son<br />
ensemble: «Chez nous,<br />
tous les collaborateurs<br />
sont associés au processus<br />
d’innovation. L’innovation est devenue<br />
leur langue commune. Nous sommes<br />
contraints à la créativité parce que c’est<br />
là-dessus que se fonde notre modèle d’af-<br />
faires.»<br />
Portrait 1: Greubel Forsey<br />
«L’innovation, c’est quand l’extrava-<br />
l’extrava- «L’innovation, c’est quand une mer naît<br />
gance, l’exclusivité et l’extraordinaire<br />
du néant après un tsunamid’idées.»<br />
se télescopent.»<br />
Andreas Marino (22)<br />
Jarima Haas (26)<br />
�<br />
2012 Innovation 5
Portrait 2: Lantal<br />
«Nous devons<br />
constamment<br />
nous réinventer»<br />
A terre, dans l’eau ou en l’air: celui qui voyage<br />
apprécie souvent les textiles de Lantal.<br />
Le leader de la branche surprend année après<br />
année les entreprises du transport par<br />
de nouveaux matériaux et designs.<br />
TEXTE: IRIS KUHN-SPOGAT / PHOTO: BALZ MURER<br />
Quand on lui demande ce qu’elle entend<br />
par innovation, Maya Schaub, designer<br />
chez Lantal Textiles, répond: «Accroître<br />
sans relâche le confort des voyageurs.» Ça<br />
a l’air simple, alors que c’est hautement<br />
complexe parce que le savoir-faire n’y<br />
suffi t pas, il y faut également un fl air<br />
infaillible pour détecter les tendances.<br />
Dans quelles couleurs les gens se sententils<br />
bien? Quels modèles plaisent-ils?<br />
Quelles sont les textures qui s’imposeront?<br />
Trouver les bonnes réponses à de telles<br />
questions est absolument déterminant<br />
pour l’entreprise de Langenthal. Avec ses<br />
344 collaborateurs, elle est certes leader<br />
mondial sur les marchés des transports<br />
aériens, ferroviaires et routiers, sans parler<br />
des navires de croisière. Pas parce<br />
qu’elle fait jeu égal avec la concurrence<br />
au niveau des prix, non, parce que, question<br />
qualité, service et design, elle est<br />
toujours loin devant. Même parmi les<br />
champions du monde de la contrefaçon,<br />
les concurrents baissent pavillon: Lantal<br />
6 Innovation 2012<br />
«L’innovation, c’est quand on voit<br />
ce que les autres ne voient pas.»<br />
Nino Knetemann (27)<br />
est le premier équipementier des quatre<br />
plus grandes compagnies aériennes<br />
chinoises. Dans leurs avions, chaque tissu,<br />
chaque tapis, tous les rideaux sont<br />
«made in Switzerland».<br />
Celui qui n’est pas en tête doit<br />
convaincre par le prix.<br />
Et comme Lantal ne<br />
«La grande<br />
tendance du<br />
moment est de<br />
se sentir bien,<br />
que ce soit<br />
dans l’avion ou<br />
à la maison.»<br />
peut rivaliser au niveau<br />
des prix, l’entreprise est<br />
condamnée à rester leader<br />
du marché. Sa recette:<br />
l’innovation. Son<br />
objectif: lancer une<br />
nouveauté chaque année.On<br />
a alors besoin de<br />
designers telle Maya<br />
Schaub, 39 ans, qui<br />
soigne l’esthétique<br />
contemporaine avec ses projets, de magiciens<br />
de la recherche et développement<br />
interne à la société qui travaillent sans<br />
relâche sur de nouveaux matériaux. Lantal<br />
a réalisé un gros coup avec son tissu<br />
Climatex®: ce mélange de laine et de vis-<br />
cose est de haute qualité et… compostable.<br />
Des spécifi cations, comme un fi l<br />
particulièrement brillant, s’intègrent<br />
dans le travail de Maya Schaub et stimulent<br />
sa créativité. Les résultats sont<br />
remarquables. «Nous devons nous réinventer<br />
sans cesse», admet-elle. Les archives<br />
de l’entreprise comportent 12 000<br />
dessins et il s’en ajoute 400 chaque année.<br />
Le point culminant de son travail est atteint<br />
chaque année au printemps à Hambourg,<br />
lors de l’Aircraft Interior Expo, la<br />
rencontre de la branche.<br />
Pour assurer son avance face à la<br />
concurrence, l’examen des tendances est<br />
une activité essentielle à Langenthal.<br />
Deviner à l’avance ce qui pourrait plaire<br />
est une des tâches clés du cahier des<br />
charges de Maya Schaub. Au sein de son<br />
équipe de designers, elle décèle les tendances.<br />
L’équipe visite la foire du meuble<br />
de Milan, explore la foire de l’intérieur à<br />
Bruxelles, scrute les modes, observe les<br />
scènes publiques et les tendances générales.<br />
Puis elle résume ses impressions<br />
dans ce qu’on appelle une «trendletter».<br />
Ce rapport nommé Conceptual Forecast,<br />
qui est retravaillé tous les deux ans,<br />
constitue l’évangile du look annuel de<br />
tous les textiles signés Lantal. Outre les<br />
tissus, il comprend également des tapis<br />
et de la peluche. Lantal est la seule entreprise<br />
à proposer l’entier de sa production<br />
avec la garantie que tout s’harmonisera<br />
parfaitement, les couleurs<br />
et les tendances<br />
contemporaines. La<br />
grande tendance du<br />
moment est de «se sentir<br />
bien, dans l’avion<br />
comme à la maison»,<br />
explique Maya Schaub.<br />
Elle feuillette les échantillons<br />
de la collection<br />
de l’année, dominée par<br />
des couleurs et des textures<br />
chaudes que l’on<br />
dirait de lin, de robustes tissus alvéolés.<br />
Ce qu’elle montre, c’est déjà du passé pour<br />
elle. Il y a longtemps qu’elle s’affaire sur<br />
la nouvelle collection. A quoi ressemblera-t-elle?<br />
C’est son secret… jusqu’à la pro-<br />
chaine expo à Hambourg.<br />
«L’innovation, c’est quand tu sens laquelle<br />
de tes idées sera la meilleure.»<br />
Corina Hofer (20)<br />
�<br />
Photos: Pascal Mora
Prévoir ce qui va plaire:<br />
Maya Schaub, designer<br />
chez Lantal.<br />
Lantal<br />
Branche: Textiles pour le<br />
trafic aérien, ferroviaire,<br />
bus et croisière<br />
Chiffre d’affaires 2011:<br />
85 millions de francs<br />
(95% à l’export)<br />
Effectif: 358<br />
(Suisse: 301; USA: 57)<br />
Siège: Langenthal BE<br />
Année de fondation: 1886<br />
2012 Innovation 7
8 Innovation 2012<br />
Du succès avec des<br />
produits semi-fabriqués<br />
et des boutiques de<br />
chocolat: Jürg Läderach,<br />
patron de Läderach.<br />
Läderach<br />
Branche: Confiserie<br />
Chiffre d’affaires: plus de<br />
100 millions de francs<br />
Distribution: 50 points de<br />
vente (Suisse, Allemagne<br />
et outre-mer)<br />
Effectif: 500<br />
Siège: Ennenda, GL<br />
Année de fondation: 1962
Photos: Pascal Mora<br />
«Les meilleures<br />
idées sont<br />
exceptionnelles»<br />
A la Confi serie Läderach, il y a l’avant et l’aprèsreprise<br />
de Merkur. Dans les deux cas, c’est une<br />
innovation exceptionnelle qui a permis une percée.<br />
TEXTE: CORINNE AMACHER / PHOTO: BALZ MURER<br />
Trois assiettes de mignardises s’alignent<br />
sur la table de conférence de Jürg Läderach.<br />
Le patron de la confi serie du même<br />
nom à Ennenda (Glaris) est depuis l’enfance<br />
un fondu de chocolat. «Contrôlé»,<br />
souligne-t-il. Il adore les dernières trouvailles<br />
de ses créateurs de chocolat. Leur<br />
allure et leur saveur. De fi nes branches<br />
emballées séparément, des boules, des dés<br />
de chocolat fourrés d’un mélange de<br />
crème et de caramel, d’arôme de vanille<br />
Bourbon, d’éclats d’amandes et de noisettes<br />
piémontaises. Ce sont les Choco-<br />
Bijoux. Ces joyaux ont été lancés à l’occasion<br />
du 50e anniversaire de l’entreprise.<br />
«L’innovation fait partie de l’histoire<br />
de notre société», souligne Jürg Läderach<br />
qui incarne la deuxième génération à la<br />
tête de l’entreprise. Deux de ces innovations<br />
ont été déterminantes. La première:<br />
une petite boule de chocolat creuse de<br />
2,7 grammes qui a révolutionné le travail<br />
de la confi serie. Elle naît d’une situation<br />
d’urgence. Comme le père de Jürg, Rudolf,<br />
n’avait plus assez d’argent pour tenir son<br />
propre commerce de détail dans les an-<br />
nées 1960, il produisait des spécialités<br />
chocolatées sur mandat de ses concurrents.<br />
Du fait que, pour ces derniers, la<br />
fabrication de truffes s’avérait compliquée<br />
et coûteuse, il inventa une sphère de chocolat<br />
vide que l’on pouvait fourrer d’une<br />
masse de truffe.<br />
Bon nombre d’es-<br />
«Nous nous<br />
différencions<br />
des produits<br />
industriels de<br />
masse par la<br />
fraîcheur de nos<br />
produits et notre<br />
savoir-faire.»<br />
sais avaient échoué,<br />
l’enveloppe des boules<br />
étant trop épaisse.<br />
C’est l’épouse de Rudolf<br />
Läderach qui lui<br />
donna l’idée décisive:<br />
au lieu de verser la<br />
masse chocolatée dans<br />
des formes de métal<br />
rigides, il fallait la verser<br />
dans un fi lm plastique<br />
souple, facile à<br />
retirer. Ça a marché.<br />
«Un professionnel aurait d’emblée exclu<br />
un tel procédé, constate Jürg Läderach. Les<br />
idées non conventionnelles sont souvent<br />
les meilleures.» La boule creuse a été le<br />
déclencheur de la croissance de l’entre-<br />
prise qui, aujourd’hui, atteint un chiffre<br />
d’affaires de plus de 100 millions de francs<br />
avec 500 collaborateurs. Par la suite furent<br />
développés des produits semi-fabriqués<br />
comme les coques de pralinés, les lamelles<br />
de chocolat imprimé et les plats à mignardises.<br />
Pendant quarante ans, Läderach n’a<br />
livré que le commerce spécialisé. Jusqu’à<br />
ce qu’en 2004 se présente l’opportunité de<br />
toucher le consommateur fi nal par le biais<br />
d’une reprise de Merkur. Jürg Läderach<br />
élargit la direction à des managers industriels<br />
éprouvés et développa avec eux la<br />
deuxième innovation marquante: du chocolat<br />
frais vendu au comptoir. «Nous nous<br />
différencions des produits industriels de<br />
masse par la fraîcheur de nos produits et<br />
notre savoir-faire», commente-t-il.<br />
A la différence des plaques fabriquées<br />
industriellement qui ne sont mises en<br />
vente que des mois après leur production,<br />
le chocolat frais arrive en magasin<br />
quelques jours seulement après sa fabrication<br />
et diffuse ainsi pleinement ses<br />
arômes. La manœuvre de séduction a<br />
opéré: le chocolat frais fait partie des principaux<br />
contributeurs au chiffre d’affaires<br />
dans les quelque 50 magasins Läderach de<br />
Suisse, d’Allemagne et d’outre-mer qui,<br />
désormais, s’appellent «Läderach – chocolatier<br />
suisse».<br />
La pression de l’innovation est forte. A<br />
Ennenda, cinq chocolatiers se consacrent<br />
au développement de<br />
nouveautés. Et, parmi<br />
eux, Elias Läderach.<br />
Agé de 24 ans, le fi ls de<br />
Jürg s’est fait un prénom<br />
d’artiste passionné<br />
et talentueux du<br />
chocolat et fait sensation<br />
dans les championnatsinternationaux<br />
des confi seurs<br />
avec ses sculptures<br />
sucrées. Avec son frère<br />
Johannes, qui travaille<br />
en Allemagne comme directeur des<br />
ventes, ces deux représentants de la troisième<br />
génération veillent déjà à ce que le<br />
ravitaillement de Glaris ne vienne pas à<br />
«L’innovation, c’est quand le monde «L’innovation, c’est quand une<br />
s’arrête un instant de tourner, pour<br />
nouveauté est déjà du passé l’instant<br />
s’extasier.»<br />
d’après.»<br />
Viviane Oettinger (23)<br />
Simone Scifo (22)<br />
tarir.<br />
Portrait 3: Läderach<br />
<strong>Economiesuisse</strong> Innovation 9<br />
�
L’innovation en chiffres<br />
Les pays les<br />
plus créatifs<br />
% % 1,0 1,0<br />
2012 2012<br />
Database, Database,<br />
Indicators Indicators<br />
Technology Technology and and Science Science Main Main OCDE, OCDE, Source: Source:<br />
PIB PIB au au rapport rapport par par recherche recherche de de public public Budget Budget<br />
respectifs respectifs<br />
pays pays les les dans dans<br />
travailleurs travailleurs<br />
1000 1000<br />
avec avec<br />
relation relation en en chercheurs chercheurs<br />
Nombre Nombre de de<br />
10 Innovation 2012<br />
2012 2012<br />
OCDE, OCDE, Source: Source:<br />
0,8 0,8<br />
16 16<br />
0,6 0,6<br />
12<br />
annoncés annoncés<br />
brevets brevets de de Nombre Nombre<br />
Pays Pays avec avec uune<br />
université Top 500<br />
en enn rrelatio<br />
relation avec ses innovations<br />
Source: Source: WEF 2011 (le Subindex Efficiency Enhancers<br />
a été utilisé), Shanghai Ranking 2011<br />
0<br />
habitants habitants<br />
1000 1000 de de tranche tranche par par<br />
0,4 0,4<br />
on avec<br />
0,125 0,125<br />
Suisse Suisse iss<br />
une univ<br />
88<br />
0,100 0,100<br />
0,2 00 0,22<br />
2<br />
0,075 0,075<br />
Suède Suède Suè<br />
Danemark Danema Da mark mark<br />
4444444 4<br />
USA USA USA<br />
0,050 0,050<br />
0,025 0,0 00 0 0025<br />
025<br />
25 25 25<br />
Suisse Suisse<br />
Allemagne Allemagne<br />
Corée Corée du du Sud Sud<br />
Danemark Danemark<br />
Portugal Portugal<br />
Finlande Finlande<br />
Islande Islande<br />
Suisse Suisse<br />
EU-27 EU-27<br />
Total Tot T al OCDE OCDE<br />
Norvège Norvège No vège<br />
Allemagne Allemagne<br />
USA USA<br />
450<br />
USA USA<br />
Total Total OCDE OCDE<br />
EU-27 EU-27<br />
Corée Corée du Sud Sud<br />
Nelle Nelle Zélande Zélande<br />
Danemark Danemark<br />
400<br />
Finlande Finlande<br />
Islande Islande<br />
Japon Japon ap<br />
Pays-Bas PPays-Bas<br />
ys-B<br />
Australie Australie str<br />
Gra GGrande-Bretagne rande-Bretagne<br />
e-B tagn<br />
350<br />
Japon Japon<br />
6,0 6,0<br />
Suisse Suisse<br />
5,5 5,5<br />
France Fra FFr nce nce<br />
Allemagne AAAAll AAA Alle emagne magn<br />
Allemagne Allemagne<br />
Suède Suède<br />
5,0 5,0<br />
entreprise entreprise<br />
une une fonder fonder pour pour minimum minimum<br />
Durée Durée<br />
Finlande Finlande<br />
4,5 4,5<br />
2012 2012<br />
Business, Business, Doing Doing mondiale mondiale Banque Banque Source: Source:<br />
Danemark Danemark<br />
4,0 4,0<br />
300 250 200 200 150 1150<br />
Pays-Bas Pays-Bas<br />
3,5 3,5<br />
100 100<br />
USA USA<br />
3,0 3,0<br />
EU-27 EU-27<br />
Total Tot T al OCDE OCDE<br />
00<br />
50 50<br />
Rang/pays Rang/pays<br />
R<br />
Indice Indice innovations innovations (WEF) (WEF)<br />
Russie Rus RRR Ru sie sie<br />
Top 500 universités par ar tranche<br />
de 1 milliard d’habitants tants<br />
►Shortcut pour les résultats des sondages (mode d’emploi, voir p. 3)<br />
2,5 2,5<br />
Australie Australie A<br />
Nelle Nelle N Zélande Zélande<br />
Singapour Singapour<br />
Belgique Belgique<br />
Islande Islande<br />
Canada Canada<br />
Danemark Danemark<br />
USA USA<br />
66<br />
66 55 555 44 33 222 11 1
7 77 888 77 88 99 10 10 11<br />
France France<br />
Norvège Norvège<br />
Grande-Bretagne<br />
Grande-Bretagne<br />
Irlande Irlande<br />
Finlande Finlande<br />
Suède Suède<br />
00 11<br />
Suisse Suisse S<br />
55<br />
Suisse Suisse<br />
10 10<br />
111<br />
1 2<br />
11<br />
1<br />
Suède Suède<br />
5,8 5,8<br />
15 15<br />
Durée Durée en en jours jours<br />
22<br />
22 3<br />
55<br />
5<br />
Canada Canada<br />
5,6 5,6<br />
33<br />
3 4<br />
22<br />
2<br />
Australie Australie<br />
5,2 5,2<br />
5,4 5,4<br />
Ranking Ranking moyen moyen n dd’après<br />
d’après six six critères critères<br />
44<br />
4 5<br />
33<br />
3<br />
Irlande Irlande<br />
20 20<br />
55<br />
55 6<br />
66<br />
6<br />
Pays-Bas Pays-Bas<br />
66<br />
66 7<br />
77<br />
7<br />
Corée Corée du du Sud Sud<br />
77<br />
7 8<br />
99<br />
9<br />
USA USA<br />
Danemark Danemark<br />
5,0 5,0<br />
88<br />
8 9<br />
10 10 10<br />
Finlande Finlande<br />
99<br />
99 10<br />
44<br />
4<br />
Israël Israël<br />
Nelle Nelle Zélande Zélande<br />
10 10 0 11<br />
11 111<br />
11 11 11 11 12<br />
12 12 12<br />
Chilie Chilie<br />
Islande Islande<br />
Estonie Estonie<br />
Grande-Bretagne<br />
Grande-Bretagne<br />
4,8 4,8<br />
4,6 4,6<br />
4,4 4,4<br />
Indice Indice innovations innovations (WEF)<br />
Suède Suè uèd ède<br />
Autriche Autriche<br />
Norvège Norvège<br />
Allemagne Allemagne<br />
Japon Japon<br />
Belgique Belgique<br />
Rép. Rép. tchèque tchèque<br />
France France<br />
Belgique Belgique<br />
Suède Suède<br />
Finlande Finlande<br />
Allemagne Allemagne<br />
Suisse Suisse<br />
EU-25 EU-25<br />
EU-15 EU-15<br />
Total Total OCDE OCDE<br />
4,2 4,2<br />
France France nc nc nc<br />
Allemagne Allemaaagne Allemaggne<br />
USA USA USA<br />
Japon JJapon<br />
4,0 4,0<br />
Japon Japon<br />
12 122222<br />
13<br />
13 133<br />
13 13 3333 14<br />
20 20 20<br />
14 144<br />
15<br />
88<br />
8<br />
15 155555<br />
16<br />
15 155<br />
16 16 6<br />
19 199<br />
17<br />
17 17 7 18<br />
14 144<br />
18 188<br />
17 177<br />
19<br />
19 199<br />
18 188<br />
20<br />
20 20 0000<br />
16 166<br />
21<br />
21 2111<br />
22<br />
21 211<br />
22 22<br />
23 23<br />
Indice Indice de de compétitivité<br />
compétitivité<br />
Source: Source: Global Global Benchmarking Benchmarking Report Report 2012 2012<br />
55 10<br />
–10 –10 –5 –5<br />
00 55 10 10 15 15<br />
Top Top 1000 1000 entreprises entreprises par par tra tranche de 1 million d’habitants<br />
11 22 33<br />
44<br />
5 6 7<br />
Italie Italie alie<br />
Espagne Esp Espagne Espagne gn nnnnn<br />
Grande-Bretagne<br />
Grand Grande rannde-Brrrrrrretagne nd nd nd nd nd nd nd nd nddd nd nd nd nd ndd nd nd dddd Brrrrr Bretagn tagne<br />
Danemark Dan D emark<br />
Australie AAAustralie<br />
Singapour Singapour Sin apo<br />
Suisse Sui S sse<br />
Irlande Irl Ir Ir Ir III lan ande<br />
Relation Relation entre entre<br />
multinationales<br />
multinationales et et iinnovation<br />
orbes, y fi<br />
prise<br />
entreprises d’après le chiffre d’affaires<br />
Source: Forbes, y figurent les 2000 plus grandes<br />
Source: Source: OCDE, OCDE, MSTI MSTI banque banque de de données. données. secteur secteur STI/EAS, STI/EAS, Paris, Paris,<br />
novembre novembre 2009/BFS, 2009/BFS, F+E F+E Statistique<br />
Statistique<br />
Références<br />
Rating 2011<br />
Rating 2010<br />
Critères<br />
1. Croissance Croissance et<br />
évolution<br />
2. Know-how et<br />
compétence<br />
3. Flexibilité Flexibilité<br />
4. Esprit<br />
d’entrepreneur<br />
5. Frais et coûts<br />
6. Internationalité<br />
15 15 20<br />
privée, privée, variations variations par par rapport rapport au au PIB PIB entre entre 2004 2004 et et 2008 2008<br />
Investi Investi sements sements en en recherche recherche et et développement développement de de l’économie l’économie<br />
2012 Innovation 11
Portrait 4: Medgate<br />
«Une idée<br />
doit être<br />
payante»<br />
Les médecins sont rarement des<br />
entrepreneurs. Mais quand c’est<br />
le cas, cela profite aux patients comme<br />
au système de la santé, ainsi que<br />
le montre l’exemple de Medgate.<br />
TEXTE: CORINNE AMACHER / PHOTO: BALZ MURER<br />
Andy Fischer était chirurgien dans un<br />
hôpital régional suisse quand, une nuit,<br />
il fut réveillé à 3 heures du matin: un<br />
patient souffrait du genou depuis deux<br />
mois et voulait un traitement immédiat.<br />
Andy Fischer enfi la la blouse verte et, au<br />
milieu de la nuit, il empoigna le scalpel.<br />
Cet incident fut le déclencheur d’un<br />
processus qui fi t du médecin le CEO d’une<br />
entreprise millionnaire. Andy Fischer<br />
commença par réfl échir aux habitudes de<br />
consommation dans le secteur de la santé:<br />
«Les patients se sont habitués à obtenir<br />
des prestations 24 heures sur 24 comme<br />
dans les stations-service, constate-t-il.<br />
Cela engendre une quantité de traitements<br />
inutiles.» Avec deux de ses amis, le<br />
spécialiste des IT André Moeri et l’économiste<br />
Lorenz Fitzi, il développa une réponse<br />
moderne à cette exigence: le «doc<br />
around the clock», autrement dit le<br />
conseil médical disponible jour et nuit<br />
par téléphone. Fondé à Bâle il y a douze<br />
ans, Medgate dispense aujourd’hui<br />
12 Innovation 2012<br />
jusqu’à 4300 consultations téléphoniques<br />
quotidiennes et, selon ses dires, l’entreprise<br />
est en Europe le plus grand centre<br />
de télémédecine animé par des médecins.<br />
Si l’idée n’était pas<br />
neuve, sa concrétisa-<br />
tion a fait la différence.<br />
Au contraire de<br />
ses concurrents, dont<br />
certains ont été éjectés<br />
du marché, Andy Fischer<br />
mise exclusivement<br />
sur des diagnostics<br />
et traitements<br />
médicaux. Medgate<br />
emploie 220 collaborateurs,<br />
dont 60 médecins.<br />
Selon Andy Fischer,<br />
la moitié des<br />
patients peuvent être traités en télémédecine<br />
de façon concluante. Même une<br />
fracture d’orteil peut être, après consultation<br />
téléphonique, immobilisée sans<br />
problème par le patient lui-même. Cela<br />
«Les patients se<br />
sont habitués à<br />
obtenir des<br />
prestations<br />
24 heures sur 24<br />
comme dans les<br />
stations-service.»<br />
fait économiser des coûts de santé: une<br />
étude de l’Université de Lausanne estime<br />
que l’économie serait de 10% si tous les<br />
assurés prenaient conseil avant de se<br />
rendre chez le médecin.<br />
Le modèle de rendement détermine<br />
aussi la réussite ou l’échec. «Le mécanisme<br />
de rendement est souvent sous-estimé au<br />
moment de la création d’une société,<br />
constate Andy Fischer. Innover, ce n’est<br />
pas avoir une idée. Innover, c’est concrétiser<br />
une idée de telle manière qu’à la fi n<br />
elle fonctionne et rapporte.»<br />
Comme en Suisse, les prestations médicales<br />
sont payées par les caisses maladie<br />
et non les patients, il a fallu intégrer les<br />
consultations téléphoniques dans une<br />
offre d’assurance. Aujourd’hui, Medgate<br />
est partenaire de presque toutes les<br />
grandes assurances qui endossent les<br />
coûts de cette prestation. Des contrats<br />
pluriannuels assurent un volume de patients<br />
élevé et une source de rendement<br />
constant. L’entreprise a atteint les chiffres<br />
noirs dès sa troisième année.<br />
Seulement, cela ne suffi t pas encore à<br />
Andy Fischer: il veut intégrer d’autres<br />
acteurs dans son modèle d’affaires. Notamment<br />
les pharmaciens, qui sont 200<br />
à avoir accès par vidéo à Medgate dans le<br />
cadre d’un projet pilote. Et les médecins<br />
spécialistes à qui Medgate envoie des<br />
patients: ils sont actuellement 1200 et<br />
leur nombre ne cesse<br />
de croître.<br />
Telles sont les<br />
étapes vers la vision<br />
d’Andy Fischer d’un<br />
«modèle de soins intégré»,<br />
de la mise en<br />
réseau du personnel<br />
médical et du pilotage<br />
des patients par le<br />
biais de Medgate. Si<br />
un patient souffre du<br />
genou, un médecin de<br />
Medgate pose un diagnostic,<br />
prend le cas<br />
échéant un rendez-vous pour des radios<br />
et arrange une consultation chez un orthopédiste.<br />
Afi n que plus jamais une<br />
broutille ne se traduise par une opération<br />
en pleine nuit.<br />
«L’innovation, c’est quand tu cherches, «L’innovation, c’est quand confort et<br />
tu trouves et qu’une nouvelle<br />
intelligence se croisent et ensuite<br />
tendance apparaît.» Roger Schmidt (27)<br />
s’harmonisent.»<br />
Sarah Müller (27)<br />
�<br />
Photos: Pascal Mora
Vision d’un modèle<br />
d’approvisionnement<br />
intégré: Andy Fischer,<br />
cofondateur de Medgate.<br />
Medgate<br />
Branche: Télémédecine<br />
Chiffre d’affaires:<br />
non communiqué<br />
Volume: jusqu’à 4300<br />
téléconsultations par jour<br />
Effectif: 220<br />
Siège: Bâle<br />
Année de fondation: 1999<br />
2012 Innovation 13
851 processus<br />
énergétiques pour<br />
créer de la mobilité:<br />
Marco Piffaretti,<br />
fondateur de Protoscar.<br />
Protoscar<br />
Branche: Design dans<br />
le secteur Cleantech,<br />
spécialisé dans la mobilité<br />
électronique<br />
Chiffre d’affaires:<br />
non communiqué<br />
Effectif: 15<br />
Siège: Rovio, TI<br />
Année de fondation: 1992<br />
14 Innovation 2012
photos: Pascal Mora<br />
«Chez nous, tout<br />
tourne autour<br />
de la mobilité<br />
propre»<br />
La boutique à idées Protoscar recherche l’énergie<br />
du futur pour les voitures et les maisons. Elle<br />
inspire par ses trouvailles des entreprises comme<br />
Daimler, GM, Toyota ou Alpiq.<br />
TEXTE: IRIS KUHN-SPOGAT / PHOTO: ADRIANO HEITMANN<br />
Comment fonctionne la mobilité en 2030?<br />
Comment évoluera le marché des véhicules<br />
électriques en Suisse d’ici à 2020?<br />
L’hydrogène tiré d’énergies renouvelables<br />
fera-t-il l’affaire comme fournisseur d’énergie?<br />
Ce sont là de grandes questions que se<br />
posent de grands groupes comme Daimler,<br />
GM ou encore le producteur d’électricité<br />
Alpiq. Les réponses, ils les trouvent entre<br />
autres chez Marco Piffaretti, fondateur et<br />
propriétaire de Protoscar, à Rovio, un petit<br />
village sur les rives du lac de Lugano.<br />
Marco Piffaretti emploie une douzaine<br />
de designers, ingénieurs et autres spécialistes<br />
de l’animation vidéo et du design 3D.<br />
L’objectif de l’entreprise est ce qu’il nomme<br />
la «mobilité propre». Il s’est fait un nom<br />
sur ce thème par des études, des rapports,<br />
des articles scientifi ques et des animations<br />
3D réalisées pour des acteurs de tout premier<br />
plan. Ses clients, «tous 10 000 fois plus<br />
grands que nous», quêtent chez lui «des<br />
visions pour après-demain, car les idées<br />
pour demain ils les ont par leurs propres<br />
départements de recherche et développement.<br />
Ce sont des innovations susceptibles<br />
«L’innovation, c’est du courage.»<br />
Ivan Stefania (25)<br />
de se muer rapidement en recettes sonnantes<br />
et trébuchantes.»<br />
Marco Piffaretti a eu et rejeté d’innombrables<br />
idées, et en a lancé d’autres avec<br />
succès. Exemple le plus récent: Protoscar<br />
a développé pour Toyota et Alpiq le «Home<br />
Charge Device» (station de recharge à domicile)<br />
livré depuis<br />
l’été 2012 avec la Toyo-<br />
ta Prius Plug-In Hybrid.<br />
«C’est une importante<br />
étape de plus pour<br />
rendre attractive la voiture<br />
à recharger sur le<br />
secteur», explique-t-il.<br />
A son avis, un pas dans<br />
la seule bonne direction:<br />
«Il existe 851 processus<br />
énergétiques<br />
pour créer de la mobilité.<br />
La propulsion électrique<br />
est imbattable du point de vue effi -<br />
cience, réactivité et pollution. C’est donc<br />
l’avenir», assure Marco Piffaretti. Il en est<br />
convaincu depuis qu’au cours d’un projet<br />
que l’étudiant en design de 22 ans s’était<br />
«Notre prototype<br />
Lampo3 est la<br />
preuve que les<br />
voitures électriques<br />
conviennent aussi<br />
au segment<br />
supérieur.»<br />
vu confi er par le groupe italien Montedison,<br />
il fonda sa propre société. Sa mission<br />
à l’époque: défricher toutes les possibilités<br />
pour un véhicule urbain à propulsion électrique.<br />
Vingt-cinq années ont passé, la voiture<br />
urbaine à propulsion électrique reste un<br />
rêve. Des voitures compactes, petites se<br />
doivent d’être bon marché, ce qui n’est pas<br />
réalisable jusqu’ici pour les véhicules électriques<br />
à cause du prix des batteries. Marco<br />
Piffaretti a donc réorienté ses réfl exions:<br />
«Il faut agir top-down», a-t-il décrété. Et il<br />
a investi plusieurs millions de francs dans<br />
son propre prototype, appelé «Lampo» (en<br />
italien: éclair): «Cette voiture est la preuve<br />
que les voitures électriques conviennent<br />
aussi au segment supérieur.» Cette année,<br />
au Salon de Genève, Marco Piffaretti a<br />
présenté le «Lampo3», son troisième prototype,<br />
et a fait sensation. Parce que la liste<br />
de ses performances (570 ch, vitesse de<br />
pointe 220 km/h, autonomie 180 km) en<br />
fait la voiture 2+2 la plus puissante du<br />
monde. Ensuite parce que, de l’extérieur,<br />
il ressemble davantage à une Ferrari qu’à<br />
une écomobile. Le bolide de Marco Piffaretti<br />
a si bien été affi né qu’il pourrait désormais<br />
être produit en petites séries industrielles<br />
et ne coûterait plus que quelque<br />
250 000 francs, au lieu de 2 millions.<br />
Le pourrait-il, le ferait-il? «Nous cherchons<br />
un partenaire», assure le Tessinois.<br />
C’est plus diffi cile qu’on ne le croit. A son<br />
avis, de tels investissements<br />
sont «plutôt<br />
inintéressants» pour<br />
les constructeurs européens<br />
car il n’y a pas<br />
de recettes à court<br />
terme. En Suisse, endroit<br />
où Marco Piffaretti<br />
aimerait faire fabriquer<br />
son «Lampo3»,<br />
il n’a encore trouvé<br />
personne pour s’investir<br />
dans le projet. Pour<br />
l’instant, il traite à des<br />
milliers de kilomètres plus à l’est, avec des<br />
constructeurs chinois. «Des constructeurs<br />
de taille moyenne cherchent le moyen de<br />
se profi ler. Là-bas, nos négociations sont<br />
en bonne voie.»<br />
Portrait 5: Protoscar<br />
«L’innovation, c’est quand on voit plus<br />
loin que le bout de son nez.»<br />
Christina Häsler (41)<br />
�<br />
2012 Innovation 15
Psychologie d’innovation<br />
Cela fait depuis des décennies que vous<br />
êtes scientifiquement dans la recherche<br />
sur l’innovation et la motivation.<br />
Qu’est-ce qui vous y a poussé?<br />
Vous venez de Suisse? Un pays magnifique,<br />
j’y passe souvent des vacances. Qu’est-ce<br />
que je suis censé expliquer aux Suisses à<br />
propos d’innovation? Regardez les indices<br />
globaux de compétitivité: la Suisse est<br />
partout aux premiers rangs parce qu’elle<br />
est innovante. Même la police est très créative,<br />
particulièrement à Zurich. (Il rit)<br />
Pourquoi la police de Zurich serait-elle<br />
innovante?<br />
En mai, j’ai grillé un feu rouge. Deux semaines<br />
plus tard, j’ai reçu à mon domicile<br />
près de Los Angeles une amende de<br />
300 francs. La police municipale m’avait<br />
débusqué dans ma lointaine Amérique,<br />
ce qui dénote de l’efficacité et de l’innovation.<br />
Sérieusement, j’aime la Suisse. La<br />
première fois que j’ai été à Zurich, j’avais<br />
16 ans. J’assistais à une conférence de Carl<br />
Gustav Jung. Cette expérience m’a renforcé<br />
dans ma volonté de devenir psychologue.<br />
Vous avez inventé la notion de «flow»,<br />
censé stimuler la capacité d’innovation des<br />
entreprises, par les collaborateurs qui…<br />
Il ne s’agit pas que de collaborateurs mais<br />
aussi d’artistes, d’indépendants. J’ai exploré<br />
les moments où l’homme est le plus<br />
innovant. Au bout du compte, on parle là<br />
de ce sentiment euphorique qui pousse<br />
l’homme à repousser les barrières.<br />
Comment parvient-on à cet état «flow»?<br />
Vous faites du jazz?<br />
Non.<br />
C’est comme dans le jazz. On s’absorbe<br />
dans ce que l’on fait. Chaque mouvement,<br />
chaque son découle du précédent et<br />
chaque geste est orienté vers un but, celui<br />
de créer une pièce musicale unique. On<br />
est entièrement concentré, on mobilise<br />
toutes ses facultés, son savoir, son expérience<br />
pour atteindre ce but. On s’approche<br />
ainsi d’un état «flow».<br />
Que signifie «flow» dans le contexte du<br />
monde du travail?<br />
Plusieurs entreprises internationales ont<br />
appliqué le concept «flow»: Ericsson, Microsoft,<br />
Lockheed Martin, Patagonia. Il<br />
s’agit finalement d’accroître la capacité de<br />
16 Innovation 2012<br />
«Je cherche<br />
le sentiment<br />
d’euphorie»<br />
D’après Mihaly Csikszentmihalyi, les entreprises<br />
devraient aider leurs collaborateurs à entrer<br />
dans un état «flow» pour leur inspiration. Le<br />
psychologue d’innovations explique comment<br />
augmenter les capacités, éviter l’égoïsme et<br />
évoque la police zurichoise innovative.<br />
IntervIew: stefan barmettler / Photo: Charles eshelmann<br />
performance des collaborateurs et la performance<br />
de l’entreprise.<br />
Comment un collaborateur parvient-il à<br />
cet état «flow»?<br />
Quelques conditions doivent être remplies.<br />
D’abord, les objectifs fixés par l’entreprise<br />
doivent être clairement définis et<br />
constants. On ne changerait donc pas de<br />
stratégie au bout de quelques mois. Deuxièmement,<br />
il faut un feedback clair et<br />
permanent qui assure aux collaborateurs<br />
d’être sur la bonne voie. Cela présuppose<br />
que les objectifs fixés soient réalisables et<br />
mesurables. Quand les bases sont données,<br />
Flow: le modèle<br />
Dans leur étude, massimini et Carli ont montré<br />
que l’ajustement entre capacité et exigence<br />
amène uniquement au flow quand les deux<br />
facteurs sont subjectivement largement<br />
supérieurs à la moyenne (massimini/Carli, 1991).<br />
Des exigences et capacités réduites n’amènent<br />
pas au flow. mihaly Csikszentmihalyi a tenu<br />
compte de ce développement dans son modèle<br />
flow de 1991.<br />
exigence<br />
Peur<br />
apathie<br />
Capacité<br />
flow<br />
ennui<br />
►Shortcut pour la vidéo (mode d’emploi, voir p. 3)<br />
le tâtonnement sans but se mue en chasse<br />
aux objectifs.<br />
Comment une entreprise peut-elle<br />
augmenter la capacité innovante?<br />
En encourageant les états «flow». Pour<br />
commencer, elle doit aménager des plages<br />
durant lesquelles les employés ne sont pas<br />
dérangés, à l’exemple de Google et d’autres<br />
sociétés. Nous savons que les dirigeants<br />
disposent en moyenne de huit minutes<br />
avant d’être dérangés par un appel téléphonique,<br />
un courriel ou un rendez-vous.<br />
Il est préférable que le chef aide ses collaborateurs<br />
à identifier le canal «flow», cet<br />
espace qui se situé entre trop et pas assez<br />
de sollicitations (voir schéma). Une sousoccupation<br />
conduit à l’ennui, une sollicitation<br />
excessive au stress.<br />
Alors des centaines d’idées s’épanouissent?<br />
Peut-être. Ce qui conduit au prochain obstacle:<br />
Qui sélectionne les idées? Qui les<br />
met en œuvre? Beaucoup de dirigeants<br />
font tout pour faire jaillir des idées. Ensuite,<br />
ça coince quand il s’agit de les<br />
concrétiser. Or si, au bout du compte, on<br />
a un gain net sans avoir exploité la capacité<br />
d’innovation, c’est désastreux pour la<br />
motivation.<br />
Voyez-vous d’autres obstacles?<br />
Les investissements déjà effectués. Ils sont<br />
un facteur d’immobilisme: on a déjà investi<br />
dans une ligne de production ou •
«C’est comme dans le<br />
jazz, chacun s’épanouit<br />
dans sa tâche», Mahaly<br />
Csikszentmihalyi,<br />
chercheur en innovations<br />
et motivations.<br />
2012 Innovation 17
Psychologie d’innovation<br />
•<br />
dans une stratégie de marketing. Ce<br />
n’est pas facile à changer. Qui va en<br />
prendre la responsabilité, qui va décider<br />
le changement? Prenez simplement le<br />
système de mesures américain…<br />
Des onces, des gallons, des yards…<br />
Exactement. N’importe quel enfant américain<br />
sait que le système décimal est beaucoup<br />
plus simple à maîtriser. Seulement,<br />
personne n’envisage de le modifier, car<br />
cela demanderait trop d’efforts. Et c’est<br />
ainsi qu’un système moyenâgeux se maintient<br />
par-delà les décennies.<br />
Vous conseillez toujours des entreprises?<br />
Non. Même si je maintiens le contact avec<br />
beaucoup de dirigeants, j’aime garder mon<br />
indépendance. Et puis, je préfère que les<br />
entreprises appliquent mes idées par<br />
conviction. Souvent, des entrepreneurs<br />
lisent mes livres, en appliquent les idées<br />
et me donnent leur feedback.<br />
Vous auriez des exemples?<br />
Le CEO d’une grande entreprise sud-coréenne<br />
a récemment appelé. Il avait introduit<br />
le principe du «flow» et, selon lui, la<br />
profitabilité et la dynamique avaient notablement<br />
augmenté. Il avait lu mes livres<br />
trois fois. Je suis aussi en contact avec un<br />
ancien consultant de McKinsey qui siège<br />
à la direction de l’entreprise de logistique<br />
Green Cargo, majoritairement propriété<br />
des Chemins de fer suédois. Avec l’appui<br />
du CEO, il a conclu avec les collaborateurs<br />
des «Performance Contracts» qui ont été<br />
revus tous les quinze jours. D’après la<br />
direction, Green Cargo est désormais profitable,<br />
partiellement grâce au projet<br />
«flow».<br />
Comment avez-vous trouvé le «flow»?<br />
J’ai fait des tests et eu des entretiens avec<br />
des CEO, notamment ceux de Lockheed et<br />
de Body Shop. Entre autres, je me suis<br />
aperçu que l’homme fonctionne au mieux<br />
quand il est à la limite de ses possibilités<br />
et pas perturbé par des éléments exogènes.<br />
Quand on se fait du souci pour l’échéance<br />
de son hypothèque, on n’a pas l’esprit serein<br />
pour le travail. Un athlète du<br />
18 Innovation 2012<br />
100 mètres qui réfléchit à son nouveau<br />
contrat au moment du départ a déjà perdu.<br />
On travaille le mieux, de la façon la plus<br />
créative quand on est concentré, quand<br />
on affronte les défis, y compris ceux que<br />
l’on considère comme insurmontables.<br />
Le concept fonctionne-t-il aussi pour le<br />
personnel de nettoyage?<br />
Absolument. Quelle que soit la tâche, on<br />
peut essayer d’être aussi rapide, bon, élégant,<br />
zélé que possible. Tous les chefs le<br />
savent: lorsqu’on donne aux gens le sentiment<br />
que leur contribution est déterminante<br />
pour atteindre un objectif important,<br />
on est récompensé en retour. C’est<br />
pourquoi les chefs doivent confier à leurs<br />
collaborateurs des objectifs sans cesse<br />
renouvelés. Le travail d’un nettoyeur est<br />
d’ailleurs mesurable quantitativement,<br />
entre temps nécessaire<br />
et résultat. Cela vaut<br />
pareillement pour un<br />
chirurgien cardiaque:<br />
même si le but ultime<br />
est de sauver un malade,<br />
les étapes d’une<br />
opération, le travail de<br />
l’équipe sont mesurables<br />
et peuvent être<br />
portés à une quasi-perfection.<br />
Le fait que<br />
cette perfection prolonge<br />
la vie d’un patient<br />
peut être considéré<br />
comme un effet collatéral ou comme<br />
le résultat de l’optimisation de pleins<br />
d’objectifs intermédiaires.<br />
«Des bas salaires,<br />
des journées de<br />
travail longues et<br />
une loyauté<br />
absolue: ce n’est<br />
pas un climat<br />
favorable pour<br />
encourager<br />
l’innovation.»<br />
Comment pouvez-vous mesurer et<br />
récompenser la performance individuelle?<br />
Dans une équipe dynamique, les chefs<br />
connaissent les forces et les faiblesses de<br />
chacun. L’ensemble fonctionne de manière<br />
optimale quand ses membres sont<br />
mobilisés en fonction de leurs forces et<br />
qu’il leur est permis d’agir librement dans<br />
leur domaine de compétence. Ce sont des<br />
processus complexes: il faut donner à chacun<br />
le sentiment qu’il est libre et qu’il peut<br />
donner le meilleur de lui-même. En même<br />
temps, les chefs doivent veiller à l’intégra-<br />
tion. Le résultat final est la somme des<br />
contributions individuelles. Si une personne<br />
flanche ou est trop égoïste, c’est<br />
l’ensemble du résultat qui en pâtit. C’est<br />
comme en alpinisme: si le troisième de la<br />
cordée trébuche, les autres n’ont aucune<br />
chance.<br />
Vous affirmez que les stimuli immatériels<br />
sont très importants dans une entreprise.<br />
Alors que les sociétés américaines<br />
fonctionnent surtout par le stimulus<br />
financier.<br />
C’est peut-être le cas à Wall Street mais ne<br />
généralisons pas. La culture dans cinq<br />
entreprises américaines est aussi différente<br />
qu’entre une île polynésienne, l’île<br />
de Pâques et les Caraïbes. Le degré de<br />
maturité d’une entreprise compte également.<br />
Ainsi, une jeune société est souvent<br />
portée par l’esprit<br />
pionnier, ce qui peut<br />
générer une énorme<br />
masse d’énergie<br />
«flow». Pensez à Apple.<br />
Les entreprises de la<br />
Nouvelle Economie<br />
sont-elles plus<br />
créatives que les<br />
traditionnelles?<br />
Là encore, il faut différencier.<br />
J’ai récemment<br />
donné des conférences<br />
en Italie: dans<br />
son industrie de la mode et du mobilier,<br />
il y a nombre d’entreprises de haute tradition<br />
où se concentre énormément<br />
d’énergie intrinsèque. Parce qu’elles sont<br />
souvent dirigées par des familles où chacun<br />
est coresponsable pour le siècle à venir.<br />
Dans la Nouvelle Economie, ce sont<br />
souvent des jeunes dirigeants avec l’esprit<br />
entrepreneurial qui sont aux postes clés.<br />
Qui subissent aussi une forte pression au<br />
niveau de la performance. Dans bon<br />
nombre de pays, notamment au Japon et<br />
en Chine, la devise est: presser les collaborateurs<br />
comme des citrons. Salaires bas,<br />
longues journées de travail, loyauté totale.<br />
Un climat guère encourageant pour<br />
l’innovation. •<br />
Mihaly Csikszentmihályi, 78 ans, est professeur, fondateur et directeur du Quality of Life Research Center de<br />
l’Université de Claremont, près de Los Angeles. Il dirigeait auparavant la Faculté de psychologie de<br />
l’Université de Chicago. Il a été honoré de multiples prix scientifiques pour ses travaux de recherche sur<br />
l’innovation et la motivation. Ses ouvrages sur l’innovation, la motivation et le concept «flow» ont été traduits<br />
dans le monde entier. Fils d’un consul de Hongrie, il est né à Fiume (Italie à l’époque, aujourd’hui Rijeka en<br />
Croatie). La famille a ensuite émigré aux Etats-Unis.
L’innovation a besoin de têtes bien faites et<br />
de conditions-cadre politiques optimales.<br />
www.innovationsuisse.ch
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3 raisons de dire<br />
aux accords fiscaux<br />
Ils mettent fIn au dIfférend fIscal<br />
Les accords fiscaux avec l’Autriche, la Grande-Bretagne et l’Allemagne sont<br />
un compromis équitable et nécessaire. Ils tiennent compte des préoccupations<br />
fiscales justifiées des États concernés tout en garantissant la protection de la<br />
sphère privée des clients des banques suisses.<br />
Ils renforcent la confIance des clIents<br />
dans notre place fInancIère<br />
Les accords fiscaux sont une solution typiquement suisse. Les Autrichiens, les<br />
Britanniques et les Allemands paieront des impôts sur leurs avoirs déposés en<br />
Suisse. Leur anonymat sera préservé. Cette solution permet d’éviter l’échange<br />
automatique d’informations.<br />
Ils renforcent la suIsse<br />
Les accords fiscaux améliorent nos relations avec nos principaux pays voisins et<br />
partenaires commerciaux. Les entreprises exportatrices en profiteront autant<br />
que les PME.<br />
la coopératIon a rendu la suIsse forte.<br />
accords fIscaux