12.06.2013 Views

Téléchargez le livre en version PDF - Perroquet bleu

Téléchargez le livre en version PDF - Perroquet bleu

Téléchargez le livre en version PDF - Perroquet bleu

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

libère<br />

ton<br />

ortografe<br />

pat[rice qué]réel<br />

éditions du perroquet b<strong>le</strong>u


Lettre à<br />

NataNaëL !<br />

avertissemeNt<br />

libère<br />

ton<br />

ortografe<br />

La négation<br />

de l’histoire<br />

<strong>le</strong>cteur,<br />

veux-tu<br />

être<br />

un home<br />

libre ?<br />

pat[rice qué]réel<br />

Les idéologues<br />

de la bétise<br />

Gramaire<br />

Régularisons<br />

<strong>le</strong>s 100 papiers :<br />

7 dérèg<strong>le</strong>m<strong>en</strong>ts<br />

pour bouger<br />

<strong>le</strong>s lignes !<br />

Conclusion<br />

des<br />

conclusions<br />

éditions du perroquet b<strong>le</strong>u<br />

La dicté<br />

de Jean-Jaque<br />

Nouvel<strong>le</strong><br />

hénaurme<br />

Les notes


Lettre à NataNaëL !<br />

At<strong>en</strong>tion,<br />

natanaël, jouis !<br />

La proposition que je te soumets, ce n’est pas de<br />

constituer une nouvel<strong>le</strong> norme orthographique, une<br />

nouvel<strong>le</strong> grammaire, une nouvel<strong>le</strong> morfologie, de<br />

nouveaux grafèmes impérieux, et <strong>le</strong> tout inpératif, c’est<br />

de te donner <strong>le</strong> choix d’écrire à ton grès, <strong>en</strong> y mettant<br />

toute ton intelig<strong>en</strong>ce et toute la force de ta créativité.<br />

Inv<strong>en</strong>tes ! Réfléchis ! Jouis !<br />

Jouis d’écrire ! À satiété.<br />

Ton orto sera fête…


Cher <strong>le</strong>cteur, peut-être te demandera tu qui est Natanaël. Hé bi<strong>en</strong>,<br />

Natanaël, c’est toi ! J’ai décidé, mon <strong>le</strong>cteur, puisque je ne te conai pas<br />

personnel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, de te donner un prénom qui me plaise. Au vrai, je ne<br />

suis pas <strong>le</strong> premier à <strong>le</strong> faire : André Gide avait procédé de la même<br />

façon. Il avait doné à son interlocuteur imaginaire, dans « Les Nouritures<br />

terrestres », <strong>le</strong> nom, justem<strong>en</strong>t, de Nathanaël. J’ai simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t supprimé,<br />

bi<strong>en</strong> sûr, <strong>le</strong> « h » inuti<strong>le</strong>.


<strong>le</strong>cteur,<br />

veux-tu être<br />

un home libre ?<br />

com<strong>en</strong>ces<br />

par libérer<br />

ton ortografe !<br />

Il y a l’ortografe routinière, cel<strong>le</strong> des c<strong>en</strong>seurs, cel<strong>le</strong> des « on doit », des « il faut » !<br />

C’est l’orthographe archaïque, cel<strong>le</strong>s de toutes <strong>le</strong>s obligations.<br />

Et puis, il y a l’ortoGrafe réveuse, cel<strong>le</strong> de l’imagination, de l’expression personel<strong>le</strong>,<br />

du choix individuel, de la liberté, de la poésie, et du moNde Nouveau.<br />

Il y a deux manières de vivre :<br />

subir la vie ou l’inv<strong>en</strong>ter.<br />

Inv<strong>en</strong>tons l’ortografe !<br />

Inv<strong>en</strong>tes toi la ti<strong>en</strong>ne<br />

Pat(rice Qué)Réel<br />

Professeur désagrégé<br />

Anci<strong>en</strong> professeur d’Éco<strong>le</strong> Norma<strong>le</strong>


« Je n’écris jamais,<br />

j’<strong>en</strong>voie des fotos. »<br />

« Je ne sé pas écrir ;<br />

jé apri a l’éco<strong>le</strong><br />

mé jé tout oublier. »<br />

« Quand je veux écrire,<br />

je passe à une autre langue :<br />

<strong>le</strong> français c’est trop compliqué. »<br />

Pierre<br />

Jacqueline<br />

Mathieux


Avertissem<strong>en</strong>t<br />

Si quelqu’un<br />

peut libérer<br />

l’ortografe,<br />

c’eSt toi !<br />

Ce <strong>livre</strong> n’est pas une énième proposition de simplification de l’ortografe. Il ne propose<br />

pas de nouvel<strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s substituab<strong>le</strong>s aux anci<strong>en</strong>nes : il est à la fois plus modeste<br />

et plus ambitieux. Il ne faut pas at<strong>en</strong>dre des autorités - académies, ministères, etc.<br />

- <strong>le</strong> moindre changem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> matière d’ortografe. Les ministères n’ont jamais fait <strong>le</strong>s<br />

révolutions. Non !<br />

Il faut se pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> main et c’est à chacun de se construire sa<br />

propre gramaire, sa propre grafitation. Échapons à l’esclavage des<br />

dictées-teurs. Inv<strong>en</strong>tons la poésie des mots dans <strong>le</strong>urs grafèmes.<br />

Alors imAgines tA vie, ton ortogrAfe, notre futur.


L’orthographe,<br />

de la materne à la Fac :<br />

l’idéologie<br />

de la soumission<br />

Le professeur sait. Le professeur est un modè<strong>le</strong>. Il conaît <strong>le</strong> bi<strong>en</strong>, la vérité, la perfection.<br />

Ce qui vaut 20 sur 20. Il faut donc qu’il y ait une perfection.<br />

Le modè<strong>le</strong> absolu <strong>en</strong> est l’orthographe, inv<strong>en</strong>tion de l’éco<strong>le</strong> de Ju<strong>le</strong>s Ferry orchestrée<br />

par l’Académie française : on inv<strong>en</strong>te des obligations qu’on fait respecter par la<br />

féru<strong>le</strong>. Cela s’apel<strong>le</strong> même : des règ<strong>le</strong>s. Et on régu<strong>le</strong> ainsi -on rég<strong>le</strong>m<strong>en</strong>te- la p<strong>en</strong>sée<br />

humaine, on construit de toute pièce <strong>le</strong> cadre nécessaire à l’expression de toute<br />

chose, discour sci<strong>en</strong>tifique aussi bi<strong>en</strong> que s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t humain. L’orthographe, ce<br />

n’est pas seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t un mode de prés<strong>en</strong>tation du mot, c’est un mode de p<strong>en</strong>ser...<br />

autrem<strong>en</strong>t dit, un cadre idéologique. Une façon d’obliger à voir. Un apr<strong>en</strong>tissage de<br />

la soumission. L’orthographe est totalitaire, l’orthographe est fachiste.


La dicté<br />

de Jean-Jaque<br />

Nouvel<strong>le</strong><br />

Jean-Jacques Rousseau a écrit, <strong>en</strong> 1770, de sa main,<br />

ce texte, un extrait souv<strong>en</strong>t repris <strong>en</strong> dicté, et qui fait <strong>le</strong><br />

c<strong>en</strong>tre de la nouvel<strong>le</strong> qu’on va lire.<br />

Le passage trouve son corecteur amusé <strong>en</strong> Pat[rice<br />

Qué]réel (corection à la manière de l’Apareil Scolaire<br />

traditionel). Le docum<strong>en</strong>t est une fotocopie directe du<br />

manuscrit des Confessions de Jean-Jacques Rousseau,<br />

conservées à la Bibliothèque de l’Assemblée nationa<strong>le</strong>.


© DR<br />

ORTOGRAFE


Manuscrit<br />

des Confessions<br />

de Jean-Jacques<br />

Rousseau<br />

corrigée par…<br />

Pat Réel<br />

© Manuscrit de la Bibliothèque de l’Assemblée nationa<strong>le</strong>


La dicté<br />

de Jean-Jaque<br />

ou comeNt rousseau<br />

décida d’écrire L’émiLe<br />

LuNdi 6 février 2011. Monsieur Lagarde, dans <strong>le</strong><br />

journal de classe que chaque instituteur est t<strong>en</strong>u de<br />

remplir, note sa perp<strong>le</strong>xité. Les r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts sur<br />

son nouvel élève, <strong>le</strong> petit Rousseau, ne sont guère<br />

<strong>en</strong>tousiasmants. Il s’agit à l’évid<strong>en</strong>ce d’un véritab<strong>le</strong> cas<br />

social : mère décédée à la naissance, milieu perturbé,<br />

père « d’humeur fantasque » [1] , et de plus, bagareur.<br />

Si l’<strong>en</strong>fant est <strong>en</strong> France, c’est qu’« à la suite d’une<br />

rixe » [2] , <strong>le</strong> père a eu mail<strong>le</strong> à partir avec la justice<br />

de son pays, la Suisse. Les indications de Monsieur<br />

Michard, <strong>le</strong> psychologue scolaire, qui a établi l’ess<strong>en</strong>tiel<br />

du dossier ne sont pas plus <strong>en</strong>courageantes. Le<br />

Rorschach ? Sans apel : « <strong>en</strong>fant rêveur ». Le Murray ?<br />

Catégorique : « romanesque » a trop lu <strong>en</strong> puisant<br />

« sans discernem<strong>en</strong>t » [3] dans la bibliothèque paternel<strong>le</strong>.<br />

De toutes façons, « abandonné trop longtemps à sa<br />

paresse » [4] , « timide et fier » [5] come il <strong>le</strong> parait, l’<strong>en</strong>fant<br />

ne saurait être que « dissimulé, m<strong>en</strong>teur, fainéant et<br />

chapardeur » [6] . At<strong>en</strong>tion ! (m<strong>en</strong>tion rouge <strong>en</strong> travers<br />

du dossier) Esprit manifestem<strong>en</strong>t fugueur !<br />

Fi des psychologues, p<strong>en</strong>se Monsieur Lagarde, qui<br />

connait son Rousseau et se méfie de l’effet Pygmalion [7] ,<br />

foin des autorités, nous jugerons sur <strong>le</strong>s faits. D’ail<strong>le</strong>urs,<br />

quel meil<strong>le</strong>ur test qu’une petite dicté ! Allons, tournons<br />

la page du Fichier méthodique Bordas. Dictée n°2:<br />

« Chasse aux pommes » [8] .<br />

Il l’a lu, <strong>le</strong> titre, Monsieur Lagarde ; et puis <strong>le</strong> texte<br />

<strong>en</strong>suite. Il va <strong>le</strong> relire... Mais que se passe-t-il, là-bas,<br />

au fond ? C’est bi<strong>en</strong> <strong>le</strong> petit Jean-Jaque. Il est tout


Quel<strong>le</strong> bêtise prépare déjà cet <strong>en</strong>fant difici<strong>le</strong> ? p<strong>en</strong>se<br />

tout à coup <strong>le</strong> maître.<br />

Pourtant, non, il est bi<strong>en</strong> sage, bi<strong>en</strong> calme, bi<strong>en</strong> assis,<br />

<strong>le</strong> buvard sous <strong>le</strong> coude, juste <strong>le</strong> stylo <strong>en</strong> l’air, observant<br />

d’ail<strong>le</strong>ur celui-ci avec curiosité. Ti<strong>en</strong>s, une bonne <strong>le</strong>çon<br />

d’éveil sur <strong>le</strong> stylo bil<strong>le</strong>, voilà qui tomberait à pic après<br />

<strong>le</strong> termomètre, songe <strong>en</strong>core l’instituteur. En tout cas,<br />

ça se voit, <strong>en</strong>fin un qui aime la dictée. Le premier dans<br />

mes tr<strong>en</strong>te quatre longues anés de carière !<br />

Ah ! En vérité, combi<strong>en</strong> se trompe Monsieur Lagarde ;<br />

Jean-Jaque n’<strong>en</strong> rafo<strong>le</strong> pas, de la dicté, loin s’<strong>en</strong> faut !<br />

Simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, s’il est heureux, épanoui, ravi (come<br />

aurait dit Prévert), c’est bi<strong>en</strong>-sûr qu’il <strong>le</strong> connait, lui, <strong>le</strong><br />

texte. P<strong>en</strong>sez, pas de problème, c’est lui, oui, quel<strong>le</strong><br />

coïncid<strong>en</strong>ce, c’est lui qui l’a écrit hier, autrefois, <strong>en</strong>fin<br />

avant, quoi ! Ou alors, si vous préférez, si vous aimez<br />

<strong>le</strong>s points sur <strong>le</strong>s « i », demain. Demain sur l’autre axe<br />

du temps, sur l’axe du temps de l’autre dim<strong>en</strong>sion.<br />

Écoutez donc rou<strong>le</strong>r <strong>le</strong> stylo-bil<strong>le</strong> ; curieux, une plume<br />

qui ne se tail<strong>le</strong> pas ! Et <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres de se former, <strong>le</strong>s<br />

lignes de s’alonger toutes seu<strong>le</strong>s sur la page. C’est<br />

lui, c’est son texte ! Il aura surem<strong>en</strong>t été lu samedi,<br />

<strong>en</strong> réunion de coopérative. Ah ! Comme il a <strong>le</strong> cœur<br />

joyeux, Jean-Jaque. Même, il la ré-écrit de mémoire,<br />

sa petite histoire. Pour <strong>le</strong> plaisir. S’il <strong>en</strong> revoit bi<strong>en</strong> <strong>le</strong>s<br />

difér<strong>en</strong>tes fases, tous <strong>le</strong>s mom<strong>en</strong>ts, il <strong>en</strong> savoure, il<br />

<strong>en</strong> « remâche » surtout et dans <strong>le</strong> moindre détail, et<br />

avec quel<strong>le</strong> dé<strong>le</strong>ctation, jusqu’à la plus fine, <strong>le</strong> plus<br />

ténue des expressions. D’ail<strong>le</strong>urs il prévoit, il devance.<br />

Le maître <strong>en</strong> est <strong>en</strong>core à dicter « ... el<strong>le</strong>... était... trop...<br />

courte... (point)... », Jean-Jaque court, vo<strong>le</strong>, p<strong>en</strong>se déjà :<br />

« je l’alongeai par une autre petite broche... ». Ô ! Joie<br />

p<strong>le</strong>ine et <strong>en</strong>tière ! Libération par l’écriture ! Certitude<br />

de l’œuvre bel<strong>le</strong>, <strong>en</strong> tous points acomplie ! P<strong>en</strong>sez s’il<br />

jubi<strong>le</strong>, <strong>le</strong> petit Jean-Jaque : il s’<strong>en</strong> souvi<strong>en</strong>t par cœur de<br />

son texte. Car c’est là, il faut bi<strong>en</strong> qu’aujourd’hui <strong>en</strong>fin<br />

il se l’avoue, l’un des passages de ses Confessions [9]


qu’il a toujour préféré, toujour élu, toujour placé, au fond<br />

de son coeur, bi<strong>en</strong> au dessus des autres.<br />

Et quel<strong>le</strong> partie de plaisir : Jean-Jaque, toujours facétieux,<br />

a bi<strong>en</strong> s<strong>en</strong>ti, dès <strong>le</strong> début, dès qu’il a comm<strong>en</strong>cé à<br />

sourire, fixé sur lui, l’œil jaloux du voisin <strong>le</strong> plus proche,<br />

<strong>le</strong> minuscu<strong>le</strong> Émi<strong>le</strong> Bonpaim. A<strong>le</strong>z, copie donc tout ton<br />

soul, tout ton saoul, petit vo<strong>le</strong>ur de <strong>le</strong>ttres et de mots,<br />

petit chapardeur de phrases et de règ<strong>le</strong>s d’acord !<br />

Enfin <strong>le</strong>s élèves ont fini. Le maître a relu. Jean-Jaque,<br />

perdu dans ses souv<strong>en</strong>irs, dépose, d’un geste détaché,<br />

son cahier sur <strong>le</strong> bureau du magister. « Té ! p<strong>en</strong>se<br />

l’instituteur, Monsieur Michard avait raison, bi<strong>en</strong> réveur<br />

et fier, celui-là, bon s<strong>en</strong>s ! ».<br />

samedi 11 février 2011. Veil<strong>le</strong> des vacances de<br />

Carême, Monsieur Lagarde <strong>en</strong> a déjà « p<strong>le</strong>in »? la tête.<br />

Il n’est pas cont<strong>en</strong>t, mais alors pas cont<strong>en</strong>t du tout,<br />

du tout, Monsieur Lagarde. Il a sous <strong>le</strong> bras <strong>le</strong> paquet<br />

des cahiers. Tous <strong>le</strong>s élèves ont fait si<strong>le</strong>nce, même <strong>le</strong>s<br />

meil<strong>le</strong>urs, même <strong>le</strong>s plus chahuteurs.<br />

— Premier, Philippe Bouvard, <strong>en</strong>tone la voix du maître,<br />

c’est bi<strong>en</strong>, juste deux petites fautes d’acc<strong>en</strong>t. Second,<br />

Antoine Pécuchet... Le grand diab<strong>le</strong> se redresse sur<br />

sa chaise. « Troisième... ». Et <strong>le</strong>s places de défi<strong>le</strong>r,<br />

<strong>le</strong>s conseils voire <strong>le</strong>s remontrances de s’<strong>en</strong> suivre.<br />

« …Dix-septième, Julie-Héloïse d’Étange, trop de fautes<br />

d’inat<strong>en</strong>tion, Mademoisel<strong>le</strong>... Vingt-deuxième, Édouard<br />

Saint-Preux... Tr<strong>en</strong>tième... Tr<strong>en</strong>te-et-unième... ». Enfin,<br />

<strong>en</strong>fin <strong>le</strong> maître se dirige vers <strong>le</strong> fond, vers Jean-Jaque<br />

éfondré à sa place : « Et voici nos deux derniers :<br />

des jumeaux, tr<strong>en</strong>te-deuxièmes, ex aequo, Messieurs<br />

Rouffeau et Bonpaim. Il y a une chose que je voudrais<br />

bi<strong>en</strong> tirer au clair : qui a copié sur l’autre ?<br />

— Mais, Monsieur, je ne m’appel<strong>le</strong> pas Rouffeau !<br />

— Alors pourquoi l’écrire ? Regardez donc sur<br />

votre cahier ! Et la place des virgu<strong>le</strong>s ! Les points<br />

d’exclamation ! De l’inat<strong>en</strong>tion, tout ça, de l’inat<strong>en</strong>tion !


Et puis quand même, qui te crois-tu pour rajouter des<br />

phrases ? Je te demande un peu ! Qui ? Ce n’est pas<br />

<strong>le</strong> tout que d’avoir un homonyme ! Un peu de sérieux,<br />

que diab<strong>le</strong> !<br />

— Mais, Monsieur Lagarde, ce n’est pas <strong>le</strong> texte, ce<br />

n’est pas <strong>le</strong> texte que vous avez ! crie Jean-Jaque <strong>en</strong><br />

<strong>le</strong>vant désespérem<strong>en</strong>t son propre cahier. Ce n’est pas...<br />

Le texte, <strong>le</strong> texte, c’est <strong>le</strong> mi<strong>en</strong>, <strong>le</strong> mi<strong>en</strong> !<br />

— Com<strong>en</strong>t, impertin<strong>en</strong>t ! Enfant effronté ! Com<strong>en</strong>t ? Le<br />

ti<strong>en</strong> ? Sors ! Sors imédiatem<strong>en</strong>t ! Dehor ! Dehor ! Tu<br />

n’es pas digne de l’Éco<strong>le</strong>, de l’Éco<strong>le</strong> républicaine, de<br />

l’Éco<strong>le</strong> libre (à sa décharge, chacun l’a bi<strong>en</strong> compris,<br />

Monsieur Lagarde, dans sa juste colère, a quelque peu<br />

perdu de son bon s<strong>en</strong>s), de l’Éco<strong>le</strong> libre et gratuite ! »<br />

répète-t-il deux fois <strong>en</strong>core tandis qu’il se précipite vers<br />

la porte, l’ouvre <strong>en</strong> grand, puis désigne de l’index, <strong>le</strong><br />

bras dirigé vers l’extérieur, l’asymptote d’une trajectoire<br />

indéfinim<strong>en</strong>t expon<strong>en</strong>tiel<strong>le</strong>.<br />

Tous <strong>le</strong>s regards sont tournés vers Jean-Jaque. Se lit<br />

dans chacun d’eux, la haine farouche et sans merci<br />

des <strong>en</strong>fants sages.<br />

Une fois la première peur passée, cel<strong>le</strong> d’être lapidé<br />

come déjà il avait bi<strong>en</strong> failli l’être par <strong>le</strong>s paroissi<strong>en</strong>s du<br />

pasteur de Môtiers, Rousseau, <strong>le</strong> petit Rousseau sort<br />

<strong>le</strong>ntem<strong>en</strong>t des rangs, passe devant <strong>le</strong> maitre, s’assoit<br />

quelques instants, avant de repr<strong>en</strong>dre <strong>le</strong> baton du<br />

pé<strong>le</strong>rin, sur un banc, sous <strong>le</strong>s grands maroniers de la<br />

cour !<br />

Au vrai, bi<strong>en</strong>-sûr l’<strong>en</strong>fant est vexé, touché dans son<br />

orgueil ! Ce n’est pas là pourtant <strong>le</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>le</strong> plus<br />

fort. Ce qui domine largem<strong>en</strong>t, chez lui, à l’instant<br />

même, c’est l’incompréh<strong>en</strong>sion, <strong>le</strong> « pourquoi ? ».<br />

Pourquoi d’abord avoir coupé une tranche dans ses<br />

Confessions, <strong>le</strong> morceau tronqué ayant tout perdu de<br />

sa signification première ? Pourquoi, d’un tel texte,<br />

se servir come exercice plat, <strong>en</strong>nuyeux, mesquin ?


faire croire <strong>en</strong>suite aux petits Français que l’orthographe<br />

du « Sièc<strong>le</strong> de Lumières » était la même que cel<strong>le</strong><br />

d’aujourd’hui ? Pourquoi <strong>le</strong>ur faire (a)croire <strong>en</strong>fin que<br />

moi, Jean-Jaque Rousseau, je respectais <strong>en</strong> tous points<br />

cel<strong>le</strong> de contemporains, qui d’ail<strong>le</strong>ur, jamai, n’aurai<strong>en</strong>t eu,<br />

quant à eux, l’outrecuidance de m’adresser reproche à<br />

ce sujet ? Pourquoi...? Pourquoi...? Pourquoi l’ortografe<br />

obligée dans l’éco<strong>le</strong> obligatoire ? Mais pourquoi donc ?<br />

Et tous ces « pourquoi » agit<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> tous s<strong>en</strong>s, <strong>en</strong> même<br />

temps, <strong>le</strong>s p<strong>en</strong>sées, <strong>le</strong>s p<strong>en</strong>sées de Jean-Jaque.<br />

Ah ! combi<strong>en</strong> il a eu tort ! Come il la compr<strong>en</strong>d maint<strong>en</strong>ant<br />

son anxiété au mom<strong>en</strong>t du départ ! Jamais, jamais il<br />

n’aurait dû <strong>le</strong> faire, <strong>le</strong> grand voyage ! Il la déchirera, il <strong>en</strong><br />

est sûr maint<strong>en</strong>ant, cette page de L’Encyclopédie qu’il


elisait, cel<strong>le</strong> consacrée aux machines à desc<strong>en</strong>dre <strong>le</strong><br />

tems (oh ! pardon !), <strong>le</strong> temps [10] . Inuti<strong>le</strong> de se bercer<br />

d’ilusions : <strong>le</strong>s hommes n’ont ri<strong>en</strong> à gagner à voyager<br />

dans <strong>le</strong>ur av<strong>en</strong>ir. Ils n’ont ri<strong>en</strong> à gagner à l’atraction<br />

avant. Et Jean-Jaque de se lam<strong>en</strong>ter : « Pourquoi avoir<br />

voulu faire <strong>le</strong> grand pas, passer de l’anée 1732 au<br />

XXI e sièc<strong>le</strong> ? Pourquoi avoir voulu, paradoxa<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t,<br />

être redev<strong>en</strong>u <strong>en</strong>fant ? »<br />

Car <strong>le</strong> petit Jean-Jaque désormais <strong>le</strong> sait : il ne sera<br />

jamais Rousseau, ce « génie malade » [11] dont par<strong>le</strong>ront<br />

<strong>le</strong>s <strong>livre</strong>s.<br />

C’est d’un pas triste, <strong>le</strong>nt, désabusé, incertain que<br />

Jean-Jaque retourne vers sa machine. Certes, il va <strong>le</strong><br />

regagner, son sièc<strong>le</strong>, celui « des filosofes », mais du<br />

moins, celui des autres filosofes, celui d’un Diderot,<br />

celui d’un Voltaire. Car pour lui, il <strong>en</strong> a la certitude<br />

la plus vive, son av<strong>en</strong>ir est brisé. Jamais plus il ne<br />

pourra écrire. Jamais <strong>en</strong> tout cas, cela il <strong>en</strong> est sûr, il<br />

ne l’écrira, sa petite histoire de pomes volées. Certes,<br />

ainsi que <strong>le</strong> bras coupé au manchot, la plume surem<strong>en</strong>t<br />

<strong>le</strong> démangera <strong>en</strong>core. S’il n’arive pas à se passer<br />

de l’odeur de l’<strong>en</strong>cre, du bruissem<strong>en</strong>t des grains de<br />

sab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> papier qu’ils sèch<strong>en</strong>t, ti<strong>en</strong>s pourquoi pas ?<br />

Pourquoi pas un <strong>livre</strong> de pédagogie, de pédagogie<br />

libertaire, come ils diront plus tard ? Peut-être. Un jour,<br />

peut-être. Un titre ? Émi<strong>le</strong> Bonpaim, pourquoi pas ?<br />

Enfin on verra bi<strong>en</strong>.<br />

Jean-Jaque est debout. Il a repris la route, solitaire,<br />

comme toujour. Et il rejoint, à pied, come à l’acoutumé,<br />

<strong>le</strong>s rives du grand lac qui l’ont vu naitre. Nous somes<br />

<strong>le</strong> dimanche 22 mars 1728. Il n’a pas ses seize ans. La<br />

nuit s’avance. L’ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>t s’inquiète : com<strong>en</strong>t va-t-il<br />

être reçu ? « Trouvant fermées <strong>le</strong>s portes de G<strong>en</strong>ève,


Jean-Jaque qui craint d’être batu décide de s’<strong>en</strong>fuir. »<br />

Sa vie d’errance, ce jour-là, ne fait que com<strong>en</strong>cer.<br />

Tr<strong>en</strong>te ans plus tard, dates pour dates, ou si vous<br />

préférez, deux c<strong>en</strong>t quatre-vingt-trois ans plus tôt,<br />

Rousseau, <strong>le</strong> grand Rousseau, publiait L’émiLe, L’émiLe,<br />

ou de L’éducatioN. Le filosophe p<strong>en</strong>sait que, après,<br />

avec un peu de chance, demain ne serait plus, peutêtre,<br />

tout à fait demain.<br />

Pat Réel<br />

1974, E.N.G. Mont-Saint-Aignan


© franck dubois<br />

Lecture eN pLeiNèr ! aéroNs-Nous L’espri !


La négation de l’histoire<br />

Si <strong>le</strong>s Recueils de « dictées choisies », (formatées),<br />

destinés aux profs, s’oblig<strong>en</strong>t à réformer l’orto<br />

des auteurs, <strong>le</strong> procédé relève du m<strong>en</strong>songe, du<br />

négationisme, de la négation de l’histoire, d’une histoire,<br />

cel<strong>le</strong> de la langue. Or <strong>le</strong> fénomène <strong>en</strong> question est<br />

sistématiquem<strong>en</strong>t dans <strong>le</strong>s manuels scolaires : <strong>le</strong>s<br />

textes littéraires anci<strong>en</strong>s, dans <strong>le</strong>s manuels de français,<br />

sont tous « traduits » <strong>en</strong> « orthographe moderne ».<br />

C’est bi<strong>en</strong> sûr, b<strong>en</strong> voyons, évidam<strong>en</strong>t pour « faciliter<br />

la <strong>le</strong>cture » et « ne pas troub<strong>le</strong>r l’élève <strong>en</strong> lui mettant<br />

sous <strong>le</strong>s yeux des grafies qui ne sont pas cel<strong>le</strong>s<br />

d’aujourd’hui ». Généreux principe... mais tota<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

imbéci<strong>le</strong>, tota<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t trompeur, absolum<strong>en</strong>t mistificateur.<br />

Et où pr<strong>en</strong>d-t-on qu’il ne faut pas « troub<strong>le</strong>r l’élève » ?<br />

Pourquoi faut-il, <strong>en</strong> définitive, m<strong>en</strong>tir ? Ne pas dire<br />

la vérité : notre orthographe d’aujourd’hui n’est pas<br />

cel<strong>le</strong> d’hier... et n’est sans doute pas cel<strong>le</strong> de demain.<br />

Génant ? L’orto de J.-J. Rousseau est la si<strong>en</strong>ne propre.<br />

Génant ?<br />

L’éco<strong>le</strong> m<strong>en</strong>t,<br />

l’éco<strong>le</strong> m<strong>en</strong>t sciam<strong>en</strong>t.


souv<strong>en</strong>irs<br />

Ah ! L’épouvante ! Quand je dis martir, je l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds au<br />

s<strong>en</strong>s p<strong>le</strong>in, physique. Au sortir de ces séances, j’avais, et<br />

combi<strong>en</strong> ! la plus vio<strong>le</strong>nte dou<strong>le</strong>ur. La règ<strong>le</strong> qui tombe...<br />

un suplice... J’ai été un suplicié de l’Éducation nationa<strong>le</strong>,<br />

de l’EN. Sûr, je n’ai pas peur de <strong>le</strong> dire ! La règ<strong>le</strong> pour la<br />

règ<strong>le</strong> ! Féru<strong>le</strong> ! Oui ! Et puis doub<strong>le</strong> peine : quand j’ai été<br />

professeur de français, il m’a falu coriger <strong>le</strong>s fautes, <strong>le</strong>s<br />

élèves l’at<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t, ils n’aurai<strong>en</strong>t pas compris que je ne<br />

corige pas <strong>le</strong>s copies donc <strong>le</strong>s « fautes » ! C’étai<strong>en</strong>t eux,<br />

alors, mes tortionnaires ! Que d’heures passées à barer, à<br />

mettre des croix dans la marge, à t<strong>en</strong>ter un vague rappel<br />

de règ<strong>le</strong>s idiotes. L’<strong>en</strong>fer ! Le plus dur du métier ! Martir,<br />

doub<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t martir !<br />

© DR


Pour ma part, j’ai subi la doub<strong>le</strong> peine : je suis un doub<strong>le</strong><br />

martir de l’ortografe. J’exagère ? Martir d’abord, et au p<strong>le</strong>in<br />

s<strong>en</strong>s du terme, quand j’étais <strong>en</strong>fant : <strong>le</strong> maître, <strong>en</strong> 8 e , je me<br />

souvi<strong>en</strong>s <strong>en</strong>core de mon mal de crane, se plaçait derrière<br />

moi au mom<strong>en</strong>t de la dicté et chaque fois que je faisais<br />

une faute - il savait <strong>le</strong> salaud que j’étais <strong>le</strong> plus mauvais -<br />

il me suplicait <strong>en</strong> toute bone consci<strong>en</strong>ce et il abattait sa<br />

règ<strong>le</strong> sur moi ! sur la tête ! et de plus <strong>en</strong> plus fort au fur et<br />

à mesure qu’on s’aprochait de la fin du p<strong>en</strong>sum.<br />

Et la dou<strong>le</strong>ur continue, et <strong>le</strong>s tortionaires s’<strong>en</strong> don<strong>en</strong>t à<br />

cœur-joie. Exemp<strong>le</strong> ?<br />

La Gramaire Le BoN usaGe, (première édition, 1947,<br />

signée Grévisse, et nouvel<strong>le</strong>s éditions tous <strong>le</strong>s 4 ans <strong>en</strong><br />

moy<strong>en</strong>ne) comporte une dernière <strong>version</strong>, 1762 pages<br />

d’écritures à lire presque à la loupe. Dans ce galimatias<br />

de règ<strong>le</strong>s, de notes et de remarques serrées <strong>le</strong>s unes<br />

contre <strong>le</strong>s autres, 30 pages sont consacrées aux acords<br />

du verbe. Pas moin. Il est temps d’<strong>en</strong> finir. Quel<strong>le</strong> dou<strong>le</strong>ur<br />

à la tête !<br />

Voici, donnée par Grévisse une règ<strong>le</strong> par exemp<strong>le</strong> de<br />

désacord de l’acord : « Si <strong>le</strong> pronom réfléchi est objet<br />

indirect, <strong>le</strong> participe passé du verbe pronominal est<br />

invariab<strong>le</strong> ».<br />

Ex : « Ils se sont nui ! »<br />

Et bi<strong>en</strong> ! Non ! Acordons donc au pluriel : ils se sont nuis !<br />

Ils se sont plu ! Il vaut mieux se plaire que se nuire. Na !<br />

Sauvons nos têtes !!!


© DR


Gramaire<br />

Régularisons<br />

<strong>le</strong>s 100 papiers :<br />

7 dérèg<strong>le</strong>m<strong>en</strong>ts<br />

pour bouger<br />

<strong>le</strong>s lignes !


1<br />

uN deu troi quatre<br />

ciNq six set hui Neuf dix...<br />

Faisons plus simp<strong>le</strong> : pourquoi des chifres <strong>en</strong> <strong>le</strong>ttres quand<br />

il y a des chifres <strong>en</strong> chifres : 1, 2, 3, 4, etc. ?<br />

2<br />

réGuLarisatioN<br />

des pLurieLs iréGuLiers :<br />

ex : des g<strong>en</strong>ous, des pous, des chous, etc.<br />

3<br />

supressioN du « s » de fiN daNs tous Les<br />

mots-outiLs, Les adverBes, etc.<br />

ex : toujour, moin, (<strong>le</strong> « s » de plus s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d, il se garde, à la<br />

difér<strong>en</strong>ce de : « j’<strong>en</strong> ai plu »)<br />

4<br />

douBLe peiNe pour Les Noms composés :<br />

NoN seuLemeNt se pose Le proBLème des<br />

traits d’uNioN, mais iL y a ceLui des<br />

pLurieLs... qui soNt tous pLus ou moiN<br />

réGuLiers et pLutôt moiN que pLus.<br />

réGuLarisoNs (eN cas de doute, mettre<br />

Le pLurieL).<br />

ex : tohu-bohu, dans la grammaire officiel<strong>le</strong>, <strong>le</strong> mot est<br />

invariab<strong>le</strong> au pluriel. Régularisons tout cela : pluriel ? Donc<br />

pluriel : des tohus-bohus. Point !<br />

Les « mots composés », c’est la bouteil<strong>le</strong> à l’ancre : ri<strong>en</strong> ne<br />

bouge. trois formu<strong>le</strong>s sont possib<strong>le</strong> : ou <strong>le</strong> mot s’écrit <strong>en</strong><br />

un seul mot, ou il y a trait d’union... ou pas de trait d’union.<br />

Pour s’y reconaitre dans la forêt des possib<strong>le</strong>s, il faut être...


grammairi<strong>en</strong>. Pr<strong>en</strong>ons pour exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> cas des mots formés<br />

avec contre. Vous avez une règ<strong>le</strong> suposée généra<strong>le</strong> : trait<br />

d’union, exemp<strong>le</strong> : jouer à contre-emploi.<br />

sauf qu’il y a des exceptions, qui constituerai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong><br />

une règ<strong>le</strong> <strong>en</strong> soi à force d’être nombreuses, au moin une<br />

quarantaine : contrebasse ou contres<strong>en</strong>s.<br />

Là-dessus, il y a l’exception à l’exception : <strong>le</strong> mot composé <strong>en</strong><br />

deux mots : par contre, locution adverbia<strong>le</strong>. C’est à poufer<br />

tel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t c’est ridicu<strong>le</strong>, et pourtant on impose tout ça à la<br />

totalité (à part <strong>le</strong>s débi<strong>le</strong>s m<strong>en</strong>taux, qui ont, eux, <strong>le</strong> bon s<strong>en</strong>s<br />

de ne pas <strong>en</strong>trer dans <strong>le</strong> jeu) de la population. Balayons <strong>le</strong><br />

sotisier. À mot composé, un seul mot, et à pluriel, pluriel :<br />

ex : des contremplois, parcontre, bricabrac : « La grammaire<br />

est un bricabrac de règ<strong>le</strong>s incohér<strong>en</strong>tes ». Voilà une bonne<br />

chose de fête. Maint<strong>en</strong>ant passons au pluriel. A<strong>le</strong>z ! À votre<br />

tour de simplifier... Pas toujour <strong>le</strong>s mêmes...<br />

5<br />

daNs La catéGorie des rèGLes auxqueLLes<br />

iL Ne faut pas oBéir, siGNaLoNs<br />

Les acceNts dits « historicistes »,<br />

suposés référer à un état antérieur de la langue. Ainsi dès<br />

lors : tête devi<strong>en</strong>t tète ; crâne devi<strong>en</strong>t crane et hôpital,<br />

opital, mots tout de même ainsi plus poétiques et solub<strong>le</strong>s<br />

dans l’air.<br />

6<br />

L’acord des participes passés<br />

Disons-<strong>le</strong> tout net, c’est la pierre d’achopem<strong>en</strong>t de tous <strong>le</strong>s<br />

Français. Le truc est tel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t comp<strong>le</strong>xe que personne ne<br />

s’y reconaît... <strong>en</strong> tout cas pas <strong>le</strong>s élèves. Il y a <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s, et<br />

<strong>le</strong>s sous-règ<strong>le</strong>s, et <strong>le</strong>s sous-règ<strong>le</strong>s à la sous-règ<strong>le</strong>. Déjà la


èg<strong>le</strong> généra<strong>le</strong>, bi<strong>en</strong> des élèves ont du mal à se l’aproprier.<br />

Quel<strong>le</strong> est-el<strong>le</strong> ? L’acord se fait systématiquem<strong>en</strong>t quand<br />

l’auxiliaire est « être ».<br />

ex : Les <strong>en</strong>fants sont rêveurs.<br />

Dac, acord. et la notion s’aborde dès <strong>le</strong> Ce1.<br />

Plus compliquée ; la règ<strong>le</strong> avec « avoir » : l’acord se fait mais<br />

avec <strong>le</strong> complém<strong>en</strong>t d’objet direct si celui-ci et seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

si, est placé avant <strong>le</strong> verbe.<br />

At<strong>en</strong>tion ! At<strong>en</strong>tion ! Que <strong>le</strong> complém<strong>en</strong>t d’objet direct soit<br />

bi<strong>en</strong> direct... et pas indirect ! Car tout tombe à l’eau !<br />

très bi<strong>en</strong> cette règ<strong>le</strong> d’acord ! À quinze ans, au sortir de<br />

troisième, vous avez déjà au moins la moitié des petits<br />

français qui n’ont pas intégré la règ<strong>le</strong>... et ne l’intègreront<br />

jamais.<br />

Pourquoi ? Parce qu’il se produit un phénomène bi<strong>en</strong> conu<br />

des pédagogues... et qui s’apel<strong>le</strong> l’« éblouissem<strong>en</strong>t ». Il y a,<br />

pour l’<strong>en</strong>fant, tant de problèmes à résoudre à la fois dans<br />

<strong>le</strong> français et la forêt de ses règ<strong>le</strong>s, qu’il ne peut être que<br />

perdu, et se vouer à une impéritie tota<strong>le</strong>.<br />

Car at<strong>en</strong>tion ! Aux règ<strong>le</strong>s simp<strong>le</strong>s du participe passé avec<br />

« être » et « avoir », il faut ajouter <strong>le</strong>s dificultés nouvel<strong>le</strong>s de<br />

l’acord des verbes pronominaux. Autres paire de manches !<br />

Ah ! Quel bonheur ! Quel<strong>le</strong> facilité ! Combi<strong>en</strong> de cours sont<br />

tout faits dans <strong>le</strong>urs manuels de maître pour <strong>le</strong>s profs.<br />

Combi<strong>en</strong> d’ocasions de perdre <strong>le</strong>s élèves dans <strong>le</strong>s arcanes<br />

comp<strong>le</strong>xes des règ<strong>le</strong>s, contrerèg<strong>le</strong>s et dérèg<strong>le</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>en</strong><br />

tous g<strong>en</strong>res, dérèg<strong>le</strong>m<strong>en</strong>ts mais obligatoires s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d, que<br />

la grammaire tel<strong>le</strong> que l’État - autrem<strong>en</strong>t dit l’état de fait<br />

- l’impose !<br />

Ah ! L’acord des verbes pronominaux !<br />

7<br />

acord du participe passé<br />

des verBes proNomiNaux<br />

Monsieur Grévisse, <strong>le</strong> grammairi<strong>en</strong> célèbre, a t<strong>en</strong>té de<br />

répertorier tous <strong>le</strong>s impératifs (et il <strong>en</strong> oublie) ridicu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

comp<strong>le</strong>xes qui régiss<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s acords des participes passés


P. P.) des verbes pronominaux. Le malheureux d’<strong>en</strong> rédiger 15<br />

pages à l’écriture d<strong>en</strong>se et serrée. Quel fouilli, quel magma !<br />

sans compter <strong>le</strong>s notes !<br />

Qu’est-ce que <strong>le</strong>s verbes pronominaux ? Au moins ça, c’est<br />

tout bête : <strong>le</strong>s verbes qui fonctionn<strong>en</strong>t avec un pronom<br />

personnel devant eux. Dès lors qu’il y a coup<strong>le</strong> « pronom<br />

réfléchi, réciproque, etc. + verbe », il y a verbe pronominal.<br />

Donc équation fina<strong>le</strong> : « nom ou pronom + pronom + verbe<br />

= verbe pronominal ». Maint<strong>en</strong>ant com<strong>en</strong>t acorder <strong>le</strong> P. P. ?<br />

t<strong>en</strong>ter de résoudre <strong>le</strong> problème de l’acord du P. P. d’un verbe<br />

pronominal consiste assez exactem<strong>en</strong>t à chercher une<br />

éping<strong>le</strong> dans une meu<strong>le</strong> de foin.<br />

La meu<strong>le</strong> de foin s’apel<strong>le</strong> donc Grévisse, la grammaire<br />

qui, à ce jour, fait référ<strong>en</strong>ce... pour sanctionner <strong>le</strong>s écarts,<br />

Monsieur Grévisse, et de son prénom Maurice, mort <strong>en</strong> 1980,<br />

passe <strong>le</strong> témoin à son g<strong>en</strong>dre, André Gosse - tout se fait <strong>en</strong><br />

famil<strong>le</strong> - qui perpétue l’amour des complications. De son vrai<br />

nom, la Grammaire de Grévisse s’appel<strong>le</strong> Le BoN usaGe,<br />

tout un programme.<br />

Pourquoi ne pas systématiquem<strong>en</strong>t acorder <strong>le</strong>s participes<br />

passés au pluriel dès lors que <strong>le</strong> sujet est au pluriel ? ex. : ils<br />

se sont serrés la main. et basta.<br />

My name is Pat,<br />

Pat Réel


Arêtons <strong>le</strong> sotisier<br />

Le plus simp<strong>le</strong>, réduire toutes ces règ<strong>le</strong>s absurdes à la<br />

règ<strong>le</strong> généra<strong>le</strong> :<br />

étre : acord tout Le temps ; queLque soit Le verBe,<br />

y compris tous Les proNomiNaux.<br />

avoir : acord si Le c.o.d. est pLacé avaNt Le verBe.<br />

C’est déjà assez compliqué come ça pour ne pas <strong>en</strong><br />

rajouter. Poimbare ! Si vous demandez pourquoi <strong>le</strong>s<br />

pluriels iréguliers, pourquoi l’idéologie gramairi<strong>en</strong>ne, <strong>le</strong>s<br />

traits d’union dans <strong>le</strong>s noms-composés avec des règ<strong>le</strong>s<br />

chabraques, pourquoi <strong>le</strong>s acords des participes passés<br />

vrais pour tel verbe, mais pas tel autre, on vous répondra :<br />

« parce que c’est comme ça ! »<br />

La réponse à tout ? De la totologie : « Je suis la règ<strong>le</strong> parce<br />

que je suis la règ<strong>le</strong>. Et quand je ne suis pas une règ<strong>le</strong>,<br />

je suis <strong>en</strong>core la règ<strong>le</strong> ! Point ! » Tout cela repose sur <strong>le</strong><br />

principe d’autorité, pire, autorise l’autorité... et fina<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

l’effet de pouvoir : je suis <strong>le</strong> maître ! Ma puissance est<br />

indiscutab<strong>le</strong> puisqu’el<strong>le</strong> trouve fondem<strong>en</strong>t sur <strong>le</strong> sacré :<br />

la Grévisse ou tout autre grammaire, toutes de même<br />

obédiance, et vous n’ateindrez jamais à la sci<strong>en</strong>ce<br />

absolue... car ma sci<strong>en</strong>ce est infinim<strong>en</strong>t, in-finim<strong>en</strong>t plus<br />

compliquée, car comp<strong>le</strong>xe à l’infini ! »<br />

L’<strong>en</strong>jeu est évidam<strong>en</strong>t considérab<strong>le</strong> : ce sont <strong>le</strong>s<br />

fondem<strong>en</strong>ts même du pouvoir, donc très corélativem<strong>en</strong>t<br />

de l’éco<strong>le</strong>, tel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> s’organise aujourd’hui, qui sont là<br />

mis <strong>en</strong> jeu, son idéologie, son mode de fonctionnem<strong>en</strong>t,<br />

sa stratégie face à la société globa<strong>le</strong>. Ah ! Le plaisir de<br />

faire exploser la baudruche.<br />

saNs rire, acordoNs doNc seLoN La GéNéraLité<br />

au Lieu de muLtipLier Les cas particuLiers. quaNd<br />

oN peNse au temps passé, des aNées, à La dépeNse<br />

d’éNerGie, à L’arGeNt Gaché, des miLLiards, à


L’eNrichissemeNt de La LaNGue<br />

toutes ces imBéciLités, oN se dit que L’état ferait<br />

mieux d’iNvestir daNs de L’iNteLLiGeNce pLutôt<br />

que daNs du seuL coercitif via La répressioN des<br />

« fautes ».<br />

« Fautes »? Vocabulaire religieux, vocabulaire judéochréti<strong>en</strong>.<br />

eN mathématique, oN dit « uNe erreur »,<br />

pourquoi uNe faute eN fraNçais ? parce qu’oN<br />

touche à La part oNtoLoGique de L’être ?<br />

« Faute », « épreuve », « discipline » (2 s<strong>en</strong>s), « exercice »,<br />

voilà quelques mots qui définiss<strong>en</strong>t toute une pédagogie,<br />

au plus haut point, d’ail<strong>le</strong>urs, rébarbative.<br />

C’est que l’État avait besoin, au <strong>le</strong>ndemain de la Commune<br />

de Paris, de « remettre de l’ordre » ! Le gros mot de<br />

l’époque. Et l’organisation de l’Éco<strong>le</strong> s’est construite sur<br />

cette base : une seu<strong>le</strong> ortografe possib<strong>le</strong> au mot ortografe,<br />

un seul maître dans la classe, un seul chef pour la nation,<br />

lui et pas un autre : Thiers, dit « la répression ». Obéissez !<br />

L’orthoGraphe est totaLitaire, c’est uNe forme<br />

du fachisme d’état, et quotidieN, ceLui qui réGit<br />

La vie des eNfaNts fraNçais.<br />

L’intérêt de changer l’ortografe, c’est, cerise sur <strong>le</strong> gateau, de participer à<br />

l’<strong>en</strong>richissem<strong>en</strong>t de la langue. Si tu as, Natanaël, deux orthographes pour <strong>le</strong> même<br />

mot, autant dès lors créer deux concepts. Ou trois, si tu as trois ortografes. Exemp<strong>le</strong> :<br />

orthographe / ortografe / ortographe. orthoGraphe, c’est bi<strong>en</strong> sûr, l’orthographe<br />

de papa, cel<strong>le</strong> des interdits, des obligations, des règ<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> bout des doigts, de la<br />

discipline, de l’autorité, de la dictée… et de l’<strong>en</strong>nui. Du martyr aussi.<br />

À l’autre extrémité, tu as l’ortoGrafe LiBre, cel<strong>le</strong> que tu as choisis -bi<strong>en</strong> sur, bi<strong>en</strong><br />

simplifiée- l’ortografe joyeuse, inv<strong>en</strong>tive, créative, cel<strong>le</strong> qui te demande à chaque<br />

instant de faire des choix ludiques. Et puis iL y a L’ortoGrafe, qui s’écrit aussi<br />

orthoGraphe, et qui se ti<strong>en</strong>t à mi-distance, qui simplifie, sans trop compliquer pour<br />

<strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur la simplification. Avec pour but que <strong>le</strong> texte reste faci<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t lisib<strong>le</strong>. Ce sera<br />

un jour l’ortografe des administrations.


nous n’avons<br />

que faire de<br />

l’impératif,<br />

un mode purem<strong>en</strong>t<br />

idéologique<br />

A-t-on besoin d’un mode impératif ? Non ! Cela ne sert<br />

à ri<strong>en</strong> : on a déjà l’indicatif. À l’oral, <strong>le</strong>s deux modes<br />

d’ail<strong>le</strong>urs se confond<strong>en</strong>t. Il n’y a aucun écart phonétique<br />

<strong>en</strong>tre « tu manges » et « mange », et on <strong>le</strong>s distingue<br />

parfaitem<strong>en</strong>t puisque dans un cas il y a un sujet et dans<br />

l’autre, il n’y <strong>en</strong> a pas. À quoi donc <strong>le</strong> « mode impératif »<br />

sert-il ? À ri<strong>en</strong>. Il s’agit d’un simp<strong>le</strong> sketch de gramairi<strong>en</strong>,<br />

d’agagadémici<strong>en</strong>. On crée un mode très artificiel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

par la simp<strong>le</strong> plaisanterie d’un « s » <strong>en</strong> plus ou <strong>en</strong> moins,<br />

et <strong>en</strong>core simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t pour <strong>le</strong>s verbes du premier groupe.<br />

L’impératif, iNutiLe ? pas vraimeNt<br />

Il complique la grammaire, il crée une case de plus<br />

dans <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>aux de morphologie, ce qui ne saurait que<br />

complaire au loby des c<strong>le</strong>rcs.<br />

Surtout il est idéologie, il impose à tous <strong>le</strong>s petits français<br />

l’idée qu’il y a des impératifs, qu’il faut se plier aux impératifs.<br />

L’impératif, ce N’est pas seuLemeNt uN mode, c’est<br />

uNe reLiGioN de La vie, rieN de moiNs. Il n’y a pas de<br />

« mode du jouir », « du aimer », « du plaisirer »... et pourtant<br />

ce serait faci<strong>le</strong> à faire : a<strong>le</strong>r ! un petit sketch ortografique et<br />

ce serait dans la poche. Non ! On a choisi l’impératif, tous<br />

<strong>le</strong>s impératifs ! À l’impératif, clairem<strong>en</strong>t, dis non merci !<br />

NataNaëL, déBarasses-toi des impératifs.


escroques <strong>le</strong>s mots<br />

À l’instar de Victor Hugo, mets « un drapeau rouge »,<br />

lui, c’était « au dictionnaire », toi, maint<strong>en</strong>ant, c’est à ton<br />

ortografe ! Écris come tu <strong>le</strong> vœux, écris come tu <strong>le</strong> c<strong>en</strong>t.<br />

Suprimons l’analfabétisme, suprimons la dis<strong>le</strong>xie. Tous<br />

analfabètes, tous dis<strong>le</strong>xiques ! Et volontaires !<br />

Grâce à La disortoGrafie, <strong>le</strong>s mots aparaiss<strong>en</strong>t des<br />

intrus. Ils sont d’un coup tout poétiques, emprunts de<br />

cette poésie nouvel<strong>le</strong> dont <strong>le</strong>s nimbes <strong>le</strong> seul graphème<br />

imaginaire.<br />

Vous butez sur l’orto nouvel<strong>le</strong> ? Qu’est-ce que ce mot ?<br />

Et voilà la réalité qui <strong>en</strong> est toute changée, perturbée ?<br />

<strong>en</strong>richie ! La porte au rêve.<br />

Chercher à faire des fautes, as-tu déjà gouté de ce plaisirlà,<br />

de la joie d’être ail<strong>le</strong>ur, d’être un escroque des mots ?<br />

Alors, continues, lance tes réformes, jouis de tes créatures,<br />

ah ! Natanaël ! Le bonheur d’écrire tout neuf, tout vif !<br />

défeNse et iLustratioN de L’ortoGrafe LiBre<br />

Pour t’aider, adhères à l’Association de libération de l’ortografe.<br />

Vive l’ortografe libre !<br />

Présid<strong>en</strong>t : Pat Réel.<br />

Pour t’aider à faire des « fautes ».<br />

Pour t’aider à publier tes textes.<br />

Pour discuter... Pour...


Plus que<br />

des machines<br />

On voudrait que <strong>le</strong>s mômes résolv<strong>en</strong>t des problèmes<br />

que <strong>le</strong>s ordinateurs, et même <strong>le</strong>s plus puissants, sont<br />

incapab<strong>le</strong>s, de résoudre. On demande plus aux gosses<br />

qu’aux machines sofistiquées de l’ingénieur. J’afabu<strong>le</strong> ?<br />

Je délire ? Vous avez sur votre ordinateur - maison ce qu’il<br />

est conv<strong>en</strong>u d’ape<strong>le</strong>r un « correcteur d’orthographe » ?<br />

Eh bi<strong>en</strong> ! Que corige-t-il votre fameux « correcteur<br />

d’orthographe » ? Ri<strong>en</strong> ! Juste l’ortografe d’usage ! Par<strong>le</strong>z<br />

lui donc des règ<strong>le</strong>s d’acord du participe, par exemp<strong>le</strong>, qui<br />

s’abord<strong>en</strong>t dès <strong>le</strong> CE2. Muet <strong>le</strong> b<strong>en</strong>êt ! CQFD !<br />

Et ne pas oublier qu’il n’est pas sain d’apr<strong>en</strong>dre aux<br />

<strong>en</strong>fants l’orthographe archaïque française. Cela ne peut<br />

avoir que des conséqu<strong>en</strong>ces graves quant à <strong>le</strong>ur système<br />

cognitif et psychique. Car cela <strong>le</strong>ur apr<strong>en</strong>d l’ilogisme.<br />

Filosophie<br />

As-tu été vraim<strong>en</strong>t géné, <strong>le</strong>cteur, par <strong>le</strong>s simplifications<br />

ortografiques des textes que tu vi<strong>en</strong>s de lire ? Sans doute<br />

pas, sinon tu n’<strong>en</strong> serais pas à parcourir ces pages de<br />

comm<strong>en</strong>taires.<br />

N’ouBLies pas que tu es L’histoire eN marche.<br />

N’ateNds pas que Les autorités fasseNt des<br />

réformes ; eLLes Ne Les feroNt Jamais saNs toi,<br />

NataNaëL.<br />

Écris l’Histoire toi-même, au moins pour toi, pour tes amis,<br />

tes connaissances, tes <strong>le</strong>cteurs...<br />

Les révolutions vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de la base, jamais des pouvoirs<br />

<strong>en</strong> place, jamais des dictateurs, tous ceux qui « dict<strong>en</strong>t »,<br />

quel<strong>le</strong> que soit la manière dont ils <strong>le</strong> font. N’agis pas sous<br />

la dicté, refuses <strong>le</strong>s diktats.


Vive la révolution dans l’ortografe, vive la désobéissance<br />

disortografique. Ah ! Libérer l’écriture, être fier de ses<br />

choix ortografiques, co<strong>le</strong>ctioner <strong>le</strong>s « fautes », baigner<br />

dans <strong>le</strong> boneur des écarts amoureusem<strong>en</strong>t choisis festifs...<br />

Faisons l’histoire !<br />

On conait bi<strong>en</strong> l’argum<strong>en</strong>t historiciste traditionel : <strong>en</strong><br />

changeant l’ortografe des mots, <strong>en</strong> suprimant <strong>le</strong> « ph » à<br />

foto, <strong>en</strong> évacuant un « p » à « supose », vous niez l’histoire<br />

de la langue. Réponse : je ne nie ri<strong>en</strong> du tout, au contraire.<br />

Il s’agit justem<strong>en</strong>t, pour moi, de ne pas aréter l’histoire ;<br />

de faire que l’histoire se poursuive, qu’il y ait une suite de<br />

l’histoire à l’histoire. Le mot histoire évoque un processus<br />

continu, une évolution à travers <strong>le</strong> temp : il n’y a plus<br />

d’histoire si on stope net l’histoire. Je suis pour l’histoire<br />

de la langue, je suis tel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t pour, que je suis pour qu’el<strong>le</strong><br />

continue.<br />

eN fait, ceux qui maNieNt L’arGumeNt historiciste<br />

Ne soNt Le pLus souveNt que des cLercs assis<br />

sur ce seuL petit savoir et qui défeNdeNt Leur<br />

pouvoir : ils s’arquebout<strong>en</strong>t sur <strong>le</strong>ur précaré. Dét<strong>en</strong>dezvous,<br />

chers amis, que risque-t-on à moins bétifier ? Il faudra<br />

bi<strong>en</strong> de toute manière quelques règ<strong>le</strong>s pour améliorer la<br />

lisibilité et <strong>le</strong>s c<strong>en</strong>seurs ont <strong>en</strong>core de beaux jours devant<br />

eux. Au contraire, ils retrouveront toute la joie d’un débat<br />

qui n’existe plus. L’histoire, par définition, n’est pas figée.<br />

Ceux qui ont cru qu’il y avait une « fin de l’Histoire » se<br />

sont trouvé piégés dans des <strong>en</strong>fers.<br />

Et l’<strong>en</strong>fer, nous y sommes : la fin de l’histoire de l’ortografe,<br />

des c<strong>en</strong>taines de milliers d’<strong>en</strong>fants, d’ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>ts,<br />

d’adultes même, la viv<strong>en</strong>t come un désastre psychique,<br />

m<strong>en</strong>tal, intel<strong>le</strong>ctuel. Ce n’est pas simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t Mozart<br />

qu’on assassine, ce sont des classes d’âges <strong>en</strong>tières :<br />

l’ortografe à pépé ? La torture à la petite semaine, <strong>le</strong><br />

décervelage sadique, <strong>le</strong> goulag culturel.


On se plaint du niveau des Français. On se plaint du<br />

niveau de français des Français. On se plaint du niveau<br />

des élèves. On se plaint de l’incapacité des pédagogues...<br />

On se plaint... Mais on n’a jamais considéré l’ortografe<br />

come un monde imaginaire où l’inv<strong>en</strong>tivité serait reine.<br />

Où <strong>le</strong> beau serait dans la difér<strong>en</strong>ce. Où la générosité<br />

s’<strong>en</strong>richisserait des écarts.<br />

L’ortografe, au plus souv<strong>en</strong>t, est vue come une discipline,<br />

et au s<strong>en</strong>s religieux de « disciplinaire ».<br />

Molière dans Tartufe s’amuse :<br />

« Serrez ma haire avec ma discipline. »<br />

Qu’est-ce que la « discipline » ? Un instrum<strong>en</strong>t de torture<br />

qui, au XVII e sièc<strong>le</strong>, <strong>en</strong>core, servait aux rep<strong>en</strong>tants à se<br />

flagel<strong>le</strong>r. C’est <strong>le</strong> même mot qui désigne bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t<br />

l’ortografe, une « discipline », et des plus strictes. C’est<br />

dès l’éco<strong>le</strong> maternel<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s marmots, <strong>le</strong>s bambins de<br />

trois ans sont t<strong>en</strong>us de s’apercevoir qu’<strong>en</strong>tre ce qui se<br />

prononce et ce qui s’écrit, il y a tout de suite un goufre...<br />

Même si certaines méthodes voudrai<strong>en</strong>t <strong>le</strong>ur faire croire<br />

<strong>le</strong> contraire : Ba ! Bah !<br />

Entre <strong>le</strong>s « méthodes du mot à mot » — j’apr<strong>en</strong>ds <strong>le</strong>s mots<br />

dans <strong>le</strong>ur « ortografe » oficiel<strong>le</strong> un à un et isolém<strong>en</strong>t — et<br />

l’« appr<strong>en</strong>tissage syllabique » — par ess<strong>en</strong>ce absurde dès<br />

lors qu’on se confronte à l’ortografe de l’apareil d’état<br />

qui multiplie <strong>le</strong>s diverg<strong>en</strong>ces — il n’est qu’une solution :<br />

simplifier, d’abord simplifier.<br />

qu’orthoGraphe s’écrive ortoGrafe !<br />

que Gouffre s’écrive Goufre !<br />

et que BoNheur s’écrive BoNeur... si oN eN a eNvie...<br />

qu’« écoute ! » s’écrive « écoutes ! », eN tout cas !<br />

écoutes ! NataNaëL !


Les petits pouvoirs<br />

L’orthographe a quelque chose à voir avec <strong>le</strong> pouvoir,<br />

avec celui de l’État qui spécu<strong>le</strong> sur des règ<strong>le</strong>s et par<br />

l’intermédiaire de ses fonctionnaires cherche à <strong>le</strong>s imposer<br />

à tous.<br />

Et il est très souv<strong>en</strong>t relayé parfaitem<strong>en</strong>t, servi<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, voir<br />

agressivem<strong>en</strong>t, par l’autoctone français moy<strong>en</strong> qui se croit<br />

obligé de faire lui même la police.<br />

Certaines règ<strong>le</strong>s plus qu’imbéci<strong>le</strong>s sont dérisoires. Il <strong>en</strong><br />

est ainsi des multip<strong>le</strong>s de « c<strong>en</strong>t ». Mil<strong>le</strong>, à l’inverse, est<br />

invariab<strong>le</strong>. C<strong>en</strong>t se multiplie, je veux dire pr<strong>en</strong>d un « s »,<br />

sauf s’il est suivi d’un autre nombre. « Deux c<strong>en</strong>ts » pr<strong>en</strong>d<br />

un « s », « Deux c<strong>en</strong>t un » n’<strong>en</strong> pr<strong>en</strong>d pas. Absurde !<br />

Si vous trouvez, cette règ<strong>le</strong> ayant un s<strong>en</strong>s, faites-moi<br />

signe !<br />

El<strong>le</strong> est ainsi ! Cela fait partie des diktats orthograficofascites<br />

: pas de discussion !<br />

Et je conais des postières pour la faire respecter<br />

scrupu<strong>le</strong>usem<strong>en</strong>t. Loin, au besoin, de coriger el<strong>le</strong>smêmes,<br />

si l’erreur <strong>le</strong>ur fait l’effet d’insulte à l’administration,<br />

el<strong>le</strong>s vous réadress<strong>en</strong>t <strong>le</strong> docum<strong>en</strong>t accompagné d’un :<br />

« Je ne compr<strong>en</strong>ds pas ! » Vécu !<br />

On imagine la suite...<br />

- Vous ne compr<strong>en</strong>ez pas quoi ? ... »<br />

La postière repr<strong>en</strong>d <strong>le</strong> papier, fait semblant de<br />

chercher... et trouve :<br />

- Ah ! Mais c’est parce que vous n’avez pas mis<br />

d’« s ». »<br />

Et là, la <strong>le</strong>çon peut tomber. Ah ! Le bonheur de pouvoir<br />

donner une <strong>le</strong>çon !


- C<strong>en</strong>t. Il faut un « S » à c<strong>en</strong>t.<br />

- Ah ! À c<strong>en</strong>t. Bon. Si vous <strong>le</strong> dites...<br />

Rev<strong>en</strong>ir <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain, à la même heure. Avec cette fois<br />

un chèque de deux c<strong>en</strong>t(s) quinze euros.<br />

- Bonjour Madame. J’allais dire rebonjour ! Non ! Excusezmoi,<br />

c’était hier, c’est vrai...<br />

Ça, c’est juste pour qu’el<strong>le</strong> se rappel<strong>le</strong>. Glisser son<br />

chèque et at<strong>en</strong>dre la réaction :<br />

- Ah ! Je ne compr<strong>en</strong>d pas.<br />

- Pardon, Madame la Postière ?<br />

- Je ne compr<strong>en</strong>ds pas.<br />

- Quoi ? C’est pas clair ? Deux c<strong>en</strong>ts quinze euros.<br />

- Ah ! C’est qu’il y a un « s » <strong>en</strong> trop ! »<br />

Et cela dit avec l’air revêche, s’il vous plait.<br />

- Un « s » <strong>en</strong> trop ?<br />

- Pardon ?<br />

- Oui ! Il y a un « s » <strong>en</strong> trop.<br />

- Com<strong>en</strong>t ça ?<br />

- C’est comme ça !<br />

- Mais hier, vous m’avez dit que « c<strong>en</strong>t » s’écrivait avec<br />

une « s » quand il était multiplié.<br />

- Un « s » !<br />

- Un ou une « s », l’un ou l’autre se dit ou se dis<strong>en</strong>t.<br />

- Ah !<br />

- Oui ! Il faut pas d’« s » ?<br />

- Non il faut pas d’« s » quand c<strong>en</strong>t est suivi d’un autre<br />

chiffre.<br />

- Ouh ! C’est pas simp<strong>le</strong> votre métier ma bone dame.<br />

- Ce n’est pas une histoire de métier, c’est une affaire<br />

d’orthographe.<br />

- C’est pas simp<strong>le</strong> ! Ça doit vous arriver d’être<br />

confronté à des imbéci<strong>le</strong>s qui ne compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas la


èg<strong>le</strong>. Remarquez-moi, je ne suis pas sûr d’avoir bi<strong>en</strong><br />

compris, alors, vous dites que... »<br />

Et el<strong>le</strong> repr<strong>en</strong>d et el<strong>le</strong> repr<strong>en</strong>d... jusqu’à ce que la queue,<br />

derrière moi, s’impati<strong>en</strong>te vraim<strong>en</strong>t. La postière aussi<br />

d’ail<strong>le</strong>urs.<br />

Voilà ! Ne croyez pas que cette micro-av<strong>en</strong>ture soit<br />

inv<strong>en</strong>tée. Je l’ai réel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t vécue : <strong>le</strong>s doneurs de <strong>le</strong>çons<br />

d’ortografe, on <strong>en</strong> croise tous <strong>le</strong>s jours, il y <strong>en</strong> a partout,...<br />

et ils se pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t faci<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t pour des êtres supérieurs.<br />

Même, et surtout, quand ils finiss<strong>en</strong>t par s’apercevoir<br />

qu’on pourait bi<strong>en</strong> se moquer d’eux.<br />

Fonétique<br />

At<strong>en</strong>tion Natanaël, tu vas être <strong>en</strong> bute à un argum<strong>en</strong>t<br />

spécieux v<strong>en</strong>u de tous <strong>le</strong>s horizons réactionnaires. On<br />

va te dire : « Tu veux donc une ortografe fonétique ! ». Il<br />

faut que tu saches d’emblée répondre à cette question<br />

du fonétisme qui pose une corespondance <strong>en</strong>tre chaque<br />

son et une graphie unique et spécifique de la langue.<br />

NoN ! Nous Ne vouLoNs pas d’uNe écriture<br />

foNétique. Pourquoi ? Parce qu’el<strong>le</strong> n’est pas pratique:<br />

el<strong>le</strong> multiplie <strong>le</strong>s ambiguïtés à foisons. Dès qu’il y<br />

a omonymie, on ne sait plus très bi<strong>en</strong> com<strong>en</strong>t lire. Je<br />

vi<strong>en</strong>s d’écrire <strong>le</strong> mot « plus », pr<strong>en</strong>ons « plus » pour la<br />

démonstration. Si j’écris de manière fonétique, [plu], je ne<br />

distingue plus « plu » (il a plu) de « plus » (il y <strong>en</strong> a plus)<br />

de plut (il plut), pas plus que du participe passé de plaire<br />

ou de p<strong>le</strong>uvoir. Autre exemp<strong>le</strong> : pour l’écriture phonétique<br />

internationa<strong>le</strong> [<strong>le</strong>], on aura « <strong>le</strong>s », « lait », « laid », « lais »,<br />

« lai », « lai(e) », « laie », « lès » et même « <strong>le</strong>z ». Compliqué<br />

tout de même de réduire tout cela juste aux phonèmes et<br />

de s’y faire un chemin dans l’objectif d’une <strong>le</strong>cture rapide !<br />

C’est dire qu’avec de la fonétique pure, il est bi<strong>en</strong> difici<strong>le</strong>,<br />

à chaque mot de s’y retrouver. Pr<strong>en</strong>ons [o] ! [o] confond<br />

« eau », « haut », « au », « oh ! », « aulx ». Et l’on


pourait multiplier <strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s. La fonétique n’est pas<br />

utilisab<strong>le</strong> dans la pratique. La fonétique ne facilite pas la<br />

reconnaissance des mots, bi<strong>en</strong> au contraire. Le problème<br />

n’est d’ail<strong>le</strong>urs pas d’aboutir à la fonétique ; il s’agit<br />

seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t -sois pragmatique- d’éliminer <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s<br />

difficultés que r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t réel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s scripteurs et<br />

<strong>le</strong>s <strong>le</strong>cteurs <strong>en</strong> langue française. Ri<strong>en</strong> à voir donc, <strong>en</strong>tre<br />

ton projet, Natanaël, et l’ortografe fonétique. Dis-<strong>le</strong> bi<strong>en</strong>.<br />

Les lobies<br />

Dis-toi bi<strong>en</strong>, Natanaël, que dans ta réforme de l’ortografe,<br />

tu seras seul. Seul avec moi, et, peut-être, avec quelques<br />

amis, si tu as réussi à <strong>le</strong>s convaincre.<br />

Seul... et tu auras afaire à forte partie. Au vrai, tu seras <strong>en</strong><br />

bute, pour résumer et dire l’ess<strong>en</strong>tiel, à trois grands lobies.<br />

Lesquels ? Les <strong>en</strong>seignants (et <strong>le</strong>s par<strong>en</strong>ts d’élèves), <strong>le</strong>s<br />

journalistes et <strong>le</strong>s politici<strong>en</strong>s.<br />

Les eNseiGNaNts ? Ils n’ont jamais été demandeur coté<br />

réforme de l’ortografe. Ils ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à <strong>le</strong>ur stabilité, et tout<br />

bruit de réforme <strong>le</strong>s inquiète. C’est un corps très soudé et<br />

profondém<strong>en</strong>t réactionnaire, <strong>en</strong> dépi des discours qu’ils<br />

ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t assez souv<strong>en</strong>t. Par façade. Méfies-toi.<br />

Seconde lobie, Les JourNaListes. Eux aussi sont<br />

assis sur <strong>le</strong> pouvoir que done une vague conaissance<br />

de l’orthographe. Ils ont un indisp<strong>en</strong>sab<strong>le</strong> besoin de ce<br />

tabouret. Quand Rocard a voulu lancer sa réformette, il a<br />

eu à faire face à un tir de barage de tous <strong>le</strong>s journaux ou<br />

presque [12] . La presse, de gauche come de droite, est<br />

très réac sur <strong>le</strong> sujet. En tête de la vio<strong>le</strong>nte campagne<br />

contre l’initiative Rocard, Le Figaro, bi<strong>en</strong>-sûr, mais aussi,<br />

au moins aussi agressif, Le Nouvel Observateur.<br />

Enfin, signalons <strong>le</strong> cas des poLiticieNs : eux aussi<br />

n’ont aucune <strong>en</strong>vie de sou<strong>le</strong>ver un problème qui ouvre à<br />

polémique et pourait risquer de <strong>le</strong>ur faire perdre des voix.<br />

Les statistiques <strong>le</strong> prouv<strong>en</strong>t, <strong>le</strong> corps é<strong>le</strong>ctoral ti<strong>en</strong>t


à l’imobilité orthographique. Et paradoxe comique que<br />

révè<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s statistiques : moins on conait l’orthographe,<br />

et plus on déf<strong>en</strong>d son statisme. Dans ces conditions, on<br />

imagine(s) bi<strong>en</strong> que <strong>le</strong>s politiques frein<strong>en</strong>t des deux fers<br />

et ne veu<strong>le</strong>nt pas <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre par<strong>le</strong>r de réforme. Ils ont trop<br />

peur d’être à l’assemblée assis sur un siège éjectab<strong>le</strong>.<br />

Tout <strong>le</strong> monde a son petit pouvoir, tout <strong>le</strong> monde de se<br />

protéger, de déf<strong>en</strong>dre ses intérêts de caste. Tous <strong>le</strong>s<br />

apareils idéologiques se conjugu<strong>en</strong>t : <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t,<br />

médias, législateurs.<br />

Natanaël, ne compte que sur toi, et at<strong>en</strong>ds-toi à ce que tous<br />

ces g<strong>en</strong>s-là te montr<strong>en</strong>t du doigt et cherch<strong>en</strong>t à te persécuter.<br />

Courage ! Je te sais de la veine des héros !<br />

Les <strong>en</strong>seignants, <strong>le</strong>s journalistes, <strong>le</strong>s politiques, apelons<strong>le</strong>s...<br />

<strong>le</strong>s assis, et saches faire avec. Méfiance !<br />

L’ortografe<br />

française<br />

à travers <strong>le</strong> temps<br />

aNcieN fraNçais :<br />

Au Moy<strong>en</strong>-Âge, l’ortografe n’est pas fixée. Chaque copiste<br />

a sa manière personel<strong>le</strong> d’écrire <strong>le</strong>s formes, à tout <strong>le</strong> moins<br />

chaque région, car déjà <strong>en</strong> vertu des prononciations<br />

difér<strong>en</strong>tes, des écarts nombreux exist<strong>en</strong>t. Il s’<strong>en</strong> suit une<br />

grande variété de graphies. Un exemp<strong>le</strong>. je pr<strong>en</strong>ds <strong>le</strong><br />

dictionnaire Godefroy, Dictionnaire de l’Anci<strong>en</strong>ne Langue<br />

du IXe au XVe sièc<strong>le</strong>, et je plonge <strong>le</strong> doigt au hasard au<br />

milieu des pages. Je tombe sur la <strong>le</strong>ttre « b » et <strong>le</strong> mot<br />

« biaisse » qui désigne une servante. En fait, <strong>le</strong>s auteurs<br />

du dico ont trouvé treize graphies atestée difér<strong>en</strong>tes pour<br />

ce mot. Quelques pages plus loin, c’est <strong>le</strong> verbe


© DR<br />

« barbaigner », qui veut dire marchander, qui, lui, prés<strong>en</strong>te<br />

dix-sept graphies... Etc. Etc.<br />

Ce ne sont que deux exemp<strong>le</strong>s pris au hasard, et il y a<br />

des cas bi<strong>en</strong> autrem<strong>en</strong>t extrêmes.<br />

Le xvii e siècLe :<br />

Déjà la R<strong>en</strong>aissance cherche à homogénéiser <strong>le</strong>s formes,<br />

mais c’est « Le Grand Sièc<strong>le</strong> » qui inv<strong>en</strong>te à travers <strong>le</strong>s<br />

normes imposées par l’Académie française nouvel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

créée, un fonctionem<strong>en</strong>t didactorial qui se veut définitif afin<br />

de fixer, de figer <strong>le</strong> français considéré come conv<strong>en</strong>ab<strong>le</strong><br />

et modifiab<strong>le</strong> uniquem<strong>en</strong>t désormais sur <strong>le</strong>s marges.<br />

C’est à l’époque de Louis XIII, <strong>en</strong> 1634 précisém<strong>en</strong>t,<br />

que nait l’Académie française, première société savante<br />

initiée et rég<strong>le</strong>m<strong>en</strong>tée par l’État. Il s’agit d’une compagnie<br />

préposée à l’observation et la surveillance du langage.<br />

Dès 1694 parait un Dictionnaire, mais il faudra at<strong>en</strong>dre<br />

1933 pour qu’<strong>en</strong>fin une Grammaire voit <strong>le</strong> jour. Personage<br />

c<strong>en</strong>tral des premières anées de l’Académie, citons Vaugelas.<br />

vauGeLas et L’académie fraNçaise :<br />

Ce n’est pas par hasard si Vaugelas (1585-1650), un<br />

des principaux artisans du Dictionnaire de l’Académie,<br />

passe pour un lèche-bottes du pouvoir et <strong>en</strong> particulier de<br />

Richelieu : <strong>en</strong> ces époques... et come toujours... langue<br />

et appareil d’état vont de paire.<br />

Plus <strong>en</strong>core que <strong>le</strong> Dictionnaire, il est un ouvrage qui a<br />

fait la gloire de Vaugelas, ce sont ses Remarques sur la<br />

Langue Française, uti<strong>le</strong>s à ceux qui veu<strong>le</strong>nt bi<strong>en</strong> par<strong>le</strong>r et<br />

bi<strong>en</strong> escrire (1647). Tout est dans ce « bi<strong>en</strong> » et répété<br />

deux fois. À constater donc qu’il n’y a <strong>en</strong>core aucune idée<br />

de « système », il ne s’agit que de « remarques » éparses,<br />

et que l’objectif ne semb<strong>le</strong> pas d’imposer mais simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

de répondre à la bone volonté spontanée de l’énonciateur.


© DR<br />

© DR<br />

saiNt-évremoNd, saiNt-amaNt,<br />

Les coNtestataires de L’académie<br />

fraNçaise :<br />

Saint-Évremond, Saint-Amant ne sont pas des saints. Ne<br />

<strong>le</strong>s cherches pas dans <strong>le</strong> ca<strong>le</strong>ndrier catolique. Il s’agit tout<br />

simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t de <strong>le</strong>ur nom, ceux de deux Normands. Ils ont<br />

vécu au XVII e sièc<strong>le</strong> et sont contemporains des débuts<br />

de l’Académie française.<br />

Ce qui <strong>le</strong>s relie, c’est <strong>le</strong>ur critique à l’égard des jugem<strong>en</strong>ts<br />

de l’Académie. Saint-Évremond critique de l’extérieur : il<br />

ne fait pas partie de l’Acacadémie. Saint-Amant critique<br />

de l’intérieur : il <strong>en</strong> fait partie. Mais tous deux dénonc<strong>en</strong>t<br />

farouchem<strong>en</strong>t <strong>le</strong> pédantisme des « Académistes », <strong>le</strong>ur<br />

arivisme évid<strong>en</strong>t et <strong>le</strong>ur bigotisme.<br />

À Saint-Évremond et Saint-Amant, l’histoire -réactionnaire-<br />

de la « culture » -c’est-à-dire pour l’ess<strong>en</strong>tiel de l’apareil<br />

idéologique d’état scolaire- a doné tort : ils n’aparaiss<strong>en</strong>t<br />

pas dans <strong>le</strong>s manuels, Saint-Évremond jamais, Saint-<br />

Amant tout juste, pour un petit poème ou 2, et déclarés<br />

« baroques » (point !), jamais pour sa visée critique ou<br />

son œuvre érotique.<br />

À la trape, donc et que ça saute, <strong>le</strong>s contestataires !<br />

piroN<br />

Au titre des auteurs que tu ne r<strong>en</strong>contreras jamais dans<br />

un manuel scolaire, quoique grande fut sa réputation <strong>en</strong><br />

son temps, je te signa<strong>le</strong> A<strong>le</strong>xis Piron, poête et dramaturge<br />

français (Dijon 1689 - Paris 1773).<br />

Une ode tout aussi obscène que spirituel<strong>le</strong> indigne Dijon<br />

et interdit <strong>le</strong> bareau local à l’avocaïon tout neuf : il <strong>en</strong><br />

sera réduit à l’état de copiste, ce qui fait son bonheur<br />

puisque laisse tout loisir de fêter <strong>le</strong> vin, la chair et... de<br />

cise<strong>le</strong>r des épigrames craints car salés. V<strong>en</strong>u à Paris <strong>en</strong><br />

1719, la célébrité lui tombe dessus d’un coup suite à un<br />

« éblouissant monologue (dixit <strong>le</strong> Larousse) <strong>en</strong> 3 actes


Ar<strong>le</strong>quin - Deucalion (1722), écrit <strong>en</strong> 3 jours, pour riposter<br />

à la Comédie française qui interdisait <strong>le</strong> dialogue au théâtre<br />

de la Foire ». Piron écrivit une vingtaine de pièces de<br />

théâtre et d’ouvrages variés, et Voltaire parla de piromanie.<br />

A<strong>le</strong>xis voulut <strong>en</strong>trer à l’Académie française. Louis XV s’y<br />

oposa : Piron se v<strong>en</strong>ga <strong>en</strong> régit son épitaphe méprisante :<br />

« Ci-gît Piron, qui ne fut ri<strong>en</strong>, pas même académici<strong>en</strong> ».<br />

L’écoLe JuLes ferry (xix e )<br />

En fait faute d’une organisation structurée, l’Académie<br />

n’a pu imposer ses 23 vues sur l’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> du royaume.<br />

C’est à l’Éco<strong>le</strong> Ju<strong>le</strong>s Ferry qu’il revi<strong>en</strong>dra d’universaliser<br />

<strong>le</strong>s principes autocrates du pouvoir étatique. Ju<strong>le</strong>s Ferry,<br />

ministre des colonies puis de l’instruction de l’abominab<strong>le</strong><br />

présid<strong>en</strong>t de la République Adolphe Thiers, contribue<br />

largem<strong>en</strong>t à promouvoir l’idée de « faute », concept<br />

judéo-chréti<strong>en</strong>, dans <strong>le</strong> maniem<strong>en</strong>t des graphies. Alors<br />

qu’il existait <strong>en</strong>core une certaine soup<strong>le</strong>sse dans l’usage<br />

des grafèmes (voyez <strong>le</strong> texte de Rousseau) au XVIII e<br />

sièc<strong>le</strong>, la III e République, avec ses cohortes d’instituteurs,<br />

police de la langue, met <strong>en</strong> place <strong>en</strong> chaque village une<br />

antène étatique nomée éco<strong>le</strong>, destinée à imposer dans<br />

<strong>le</strong>s campagnes <strong>le</strong>s plus reculées la norme et à chasser<br />

l’erreur odieuse, jusque Vaugelas et l’Académie française.<br />

xx e siècLe, Le premier miNistre couLé<br />

« La publication du rapport du Conseil supérieur de<br />

la Langue française <strong>le</strong>s Rectifications de l’orthographe<br />

aux Docum<strong>en</strong>ts administratifs du Journal officiel de<br />

la République française, <strong>le</strong> 6 décembre 1990, est <strong>le</strong><br />

produit direct d’une initiative politique prise au plus haut<br />

niveau du gouvernem<strong>en</strong>t : par <strong>le</strong> Premier ministre, Michel<br />

Rocard. » [13] . On <strong>le</strong> voit, nous ne somes plus sur la simp<strong>le</strong><br />

marche du ministère de l’Éducation nationa<strong>le</strong>, mais sur<br />

cel<strong>le</strong>, cette fois, du somet de l’apareil d’état. Et d’ail<strong>le</strong>urs<br />

<strong>le</strong> Premier ministre ne s’adresse plus aux <strong>en</strong>seignants<br />

seuls mais à l’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> des citoy<strong>en</strong>s. Souhaitant une


simplification de l’orthographe, Rocard met <strong>en</strong> place<br />

plusieurs organismes, <strong>en</strong> particulier donc un Conseil<br />

supérieur de la Langue Française, l’Académie française<br />

figurant toutefois <strong>en</strong> bone place come acteur de la<br />

réforme.<br />

Les simplifications proposées relèv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fait de la<br />

broutil<strong>le</strong>. Quelques acc<strong>en</strong>ts. Et puis grave question : <strong>le</strong><br />

mot « nénuphare » ne pourait-il pas s’écrire avec un « f »,<br />

« nénufare », non parce que <strong>le</strong> « ph » est une conerie,<br />

seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t parce qu’il ne s’agit pas d’un mot d’origine<br />

greque mais d’un mot d’origine arabe ?... Ouf ! Une<br />

modification aussi importante va certainem<strong>en</strong>t soulager<br />

tous ceux qui soufr<strong>en</strong>t de disortografie ! À moins que cela<br />

ne <strong>le</strong>ur complique la vie <strong>en</strong>core plus ! À p<strong>le</strong>urer de rire !<br />

« L’<strong>en</strong>fer est pavé de bones int<strong>en</strong>tions ! » dit <strong>le</strong> dicton.<br />

Malgré la modestie, come tu peux <strong>le</strong> constater, Natanaël,<br />

de la réforme proposée, l’initiative Rocard est brocardée,<br />

el<strong>le</strong> va tomber aux oubliettes et sera vraisemblab<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

la dernière -vu <strong>le</strong> fiasco-, que pr<strong>en</strong>dra d’ici longtemps<br />

un ministre - fut-il Premier - sur ce problème si épineux<br />

des modifications ortografiques. La t<strong>en</strong>tative Rocard est<br />

significative d’une chose : l’orthographe est la c<strong>le</strong>f de<br />

voute de l’idéologie nationa<strong>le</strong>. Nous n’avons pas de roi,<br />

pas de mariage princier pour souder <strong>le</strong> corps social, nous<br />

avons l’orthographe française, et qui y touche, touche à<br />

l’unité nationa<strong>le</strong>. C’est dire l’importance de l’<strong>en</strong>jeu... et<br />

pour nous... la nécessité de faire éclater cette mythologie<br />

tota<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t franchouïarde. Dis-toi bi<strong>en</strong>, Natanaël, qu’<strong>en</strong><br />

faisant exploser l’ortografe, tu fais sauter <strong>le</strong> mythe<br />

français... et donc la bêtise humaine. Coulé dans la mare<br />

aux canards « nénufar » !


xxi e siècLe : L’espéraNce<br />

La chance, l’espoir, c’est <strong>le</strong> XXI e sièc<strong>le</strong>. Le XX e a inv<strong>en</strong>té<br />

des machines formidab<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s computers. Mais nous<br />

<strong>en</strong> somes, à cette époque, au balbutiem<strong>en</strong>t de <strong>le</strong>ur<br />

usage. Il y a beaucoup <strong>en</strong> particulier à espérer du SMS.<br />

Certes, il simplifie de façon exagéré <strong>le</strong>s grafies, mais, dès<br />

maint<strong>en</strong>ant, on peut parier que ri<strong>en</strong> ne sera plus pareil.<br />

Nous somes devant de nouvel<strong>le</strong>s générations d’<strong>en</strong>fants,<br />

d’ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>ts, <strong>le</strong>s premières à avoir pu imaginer qu’on<br />

pouvait créer sa propre ortografe ; c’est dire que <strong>le</strong>s<br />

instances d’autorité ne parvi<strong>en</strong>dront plus à <strong>le</strong>ur imposer<br />

une grafie tota<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t stéréotypée. Les ordinateurs<br />

de poche n’existai<strong>en</strong>t pas il y a 10 ans, ou du moins<br />

n’étai<strong>en</strong>t pas répandus ; aujourd’hui nous somes devant<br />

<strong>le</strong>s premières générations à avoir comuniqué par ce<br />

moy<strong>en</strong> dès <strong>le</strong>s 3 ou 4 ans. Quel<strong>le</strong> espérance pour <strong>en</strong>fin<br />

une ortografe choisie, expressive, nuancée, <strong>en</strong> un mot,<br />

inv<strong>en</strong>tive !<br />

marceL duchamp, iNveNteur du sms<br />

on conai <strong>le</strong> fameu LHooQ (el<strong>le</strong> a chaud au cu), on conai moins :<br />

AQIt<br />

LHoosL<br />

sLHo<br />

oPIDRo<br />

DQIR<br />

IR<br />

GLV<br />

FMR<br />

HA<br />

LAHtDRo<br />

LHIÉoPI<br />

nMKBCQFs<br />

MoAGBZDDsosLARÉnU<br />

CL<br />

LAoBI<br />

LMAAP<br />

MU


Hénaurme !<br />

Gustave Flaubert<br />

Autre génial inv<strong>en</strong>teur de fautes d’ortografe, citons<br />

Gustave Flaubert. Ses brouillons <strong>en</strong> sont p<strong>le</strong>ins, mais il<br />

lui arivait aussi de faire des fôtes volontaires. Ainsi aimait-il<br />

à écrire « énorme », HÉNAURME<br />

hénaurme<br />

© DR


Morfologie<br />

de 3 dérèg<strong>le</strong>m<strong>en</strong>ts<br />

minimaux<br />

1<br />

JouoNs avec Les « douBLes GémiNées »<br />

iNutiLes<br />

Combi<strong>en</strong> d’« l », combi<strong>en</strong> de « t », combi<strong>en</strong> de « n », de « p »,<br />

faut-il à...? Combi<strong>en</strong> de fois vous-êtes vous posé cette<br />

question ?<br />

Balayons la stupidité de règ<strong>le</strong>s sans règ<strong>le</strong>.<br />

Le mieux ? s’<strong>en</strong> t<strong>en</strong>ir à cette généralité qui efface toutes <strong>le</strong>s<br />

stupidités : quand on n’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d pas la « doub<strong>le</strong> géminée »,<br />

j’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds par cette expression <strong>le</strong>s deux <strong>le</strong>ttres id<strong>en</strong>tiques<br />

qui se suiv<strong>en</strong>t, on <strong>en</strong> écrit qu’une : suppose que « suppose »<br />

s’écrive suposes ? C’est quand même plus simp<strong>le</strong>, plus<br />

pratique, plus libérateur.<br />

La bétise des doub<strong>le</strong>s consones quand el<strong>le</strong>s ne se prononc<strong>en</strong>t<br />

pas, impose des règ<strong>le</strong>s d’exceptions :<br />

on assassine toujour <strong>le</strong>s têtes blondes avec des règ<strong>le</strong>s<br />

tota<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t déréglées, tota<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t sans raison et pour<br />

l’imbécilité seu<strong>le</strong> : « chariot » avec un seul « r » contrairem<strong>en</strong>t<br />

à tous <strong>le</strong>s autres mots de la même famil<strong>le</strong> : charrette,<br />

charretier, charroi... Pourquoi ? C’est come ça ! (Pourtant<br />

moi, je préfère charette !). Mamel<strong>le</strong>, mamelon, mamelu(e), une<br />

seul « m », mais deux « m » pour mammaire, mammographie,<br />

et mammifère [17] ... Incohér<strong>en</strong>ce et stupidité ! Votez !<br />

Votes pour ce qui te plait <strong>le</strong> mieux, moi, c’est mamografie.<br />

Pourquoi ? Parce que c’est come ça ! J’ai dit, et je vois mal<br />

pourquoi mon diktat ne l’emporterait pas, quand c’est pour<br />

moi, sur celui de l’État !


2<br />

JouoNs avec Le « ph »<br />

et L’acceNt circoNfLexe<br />

on nous dit que la graphie « ph » pour <strong>le</strong> son [f] et l’acc<strong>en</strong>t<br />

circonf<strong>le</strong>xe sont des formes qui manifest<strong>en</strong>t <strong>le</strong> caractère<br />

« savant » du mot. Ce sont <strong>le</strong>s formes anci<strong>en</strong>nes et des<br />

<strong>en</strong>trées tardives dans <strong>le</strong> vocabulaire, car créées savam<strong>en</strong>t,<br />

qui se révè<strong>le</strong>nt ainsi. Parfait. Mais est-ce uti<strong>le</strong> à tous <strong>le</strong>s<br />

coups de rape<strong>le</strong>r l’origine tardive et savante d’un mot ? Il<br />

existe déjà des cas où <strong>le</strong>s deux ortografes sont admises par<br />

<strong>le</strong>s académies : exemp<strong>le</strong> « phantasme »... et « fantasme »...<br />

Il n’y a donc plus qu’à a<strong>le</strong>r dans ce s<strong>en</strong>s : « phare », come<br />

« fanal » un f : un « fare ». et pourquoi pas, à contrario, créer<br />

« phantastique » quand c’est vraim<strong>en</strong>t « fffantastique »...<br />

3<br />

Les Noms composés<br />

Vous vou<strong>le</strong>z jouer ? Pr<strong>en</strong>ez une page blanche. Inv<strong>en</strong>tez vos<br />

règ<strong>le</strong>s... qui ne seront que <strong>le</strong>s votres... et surtout p<strong>en</strong>sez bi<strong>en</strong><br />

l’ortografe come espace ludique... non pas lieu de la loi, du<br />

déjà légiféré, mais du monde à inv<strong>en</strong>ter... et vous pouvez<br />

déjà vous faire <strong>le</strong>s d<strong>en</strong>ts sur par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s noms composés<br />

(avec ou sans trait(s) d’union) et avec <strong>le</strong>urs pluriels...<br />

Que ton ortografe ne soit plus mode de sanction mais mode<br />

d’expression, natanaël.<br />

Il y a de l’impératif catégorique dans <strong>le</strong>s cerveaux <strong>le</strong>s mieux<br />

int<strong>en</strong>tionnés. Ainsi Irène nouailhac publie-t-el<strong>le</strong>, dans une<br />

col<strong>le</strong>ction dirigée par Philippe De<strong>le</strong>rm, un Le pLurieL de<br />

Bric-à-Brac et d’autres difficuLtés de La LaNGue<br />

fraNçaise [14] .<br />

on apr<strong>en</strong>d justem<strong>en</strong>t, dans ce dictionnaire « bric-àbrac<br />

», que bric-à-brac s’écrit avec des traits d’union, que<br />

l’expression est invariab<strong>le</strong>... ce qui veut dire au pluriel, qu’on<br />

ne peut écrire des brics-à-bracs ; (domage, j’aime bi<strong>en</strong> des «<br />

brics-à-bracs ») et oh ! At<strong>en</strong>tion ! nous précise Irène, il ne<br />

faut pas mettre, par contre de trait à « de bric et de broc » !<br />

Pourquoi ? Parce que c’est come ça ! on conait la fameuse<br />

réponse apodictique qui sert de résumé à la logique


de l’ortografe française !<br />

Quel intérêt de savoir si « bric-à-brac » pr<strong>en</strong>d des traits<br />

d’union ou pas ? Écrivons donc « bric-à-brac » come il<br />

nous plaira et n’<strong>en</strong> faisons pas un roman... surtout pas un<br />

dictionaire !<br />

C’est bi<strong>en</strong> ce g<strong>en</strong>re de petites dificultés, multipliées à l’<strong>en</strong>vie<br />

par <strong>le</strong>s c<strong>en</strong>seurs, qui font du français une langue impossib<strong>le</strong>,<br />

une langue honie, une langue à vomir.<br />

Ret<strong>en</strong>ons tout de même que l’expression, — peut-on dire<br />

<strong>le</strong> mot-composé ? — « bric-à-brac » est parfaitem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong><br />

choisie pour un dictionaire s’ataquant aux « difficultés de<br />

la langue française ». Qu’est-ce, <strong>en</strong> effet, que <strong>le</strong> français<br />

sinon un im<strong>en</strong>se « bric-à-brac » tota<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t incohér<strong>en</strong>t, du<br />

n’importe quoi fusionant avec d’autres n’importe qu’est-ce ?


Les idéologues<br />

de la bétise<br />

J’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds écrire come je veux ! Choisir mes grafies come<br />

il me plaira... et je ne vois aucune raison pour ne pas faire<br />

des ému<strong>le</strong>s. Vive la liberté ortografique, vive la liberté de<br />

l’ortografe ! De l’ortografe !<br />

Come grand-maitre de l’idéologie ortografique, il faut<br />

désigner <strong>le</strong> plus vicelard, j’ai nomé Bernard Pivot.<br />

Il organisait autrefois un spectac<strong>le</strong> idéologique anuel basé<br />

sur <strong>le</strong> principe du concours mondial. Il apelait ça, avec une<br />

auto-satisfaction non-seconde, <strong>le</strong>s « Dictées de Pivot ».<br />

De quoi s’agit-il ? D’un salmigondi des tracnards <strong>le</strong>s plus<br />

éculés de la langue française, des pièges <strong>le</strong>s plus retords<br />

mis bout à bout, <strong>le</strong> tout livré dans un texte fina<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

incohér<strong>en</strong>t à force de vouloir aditioner <strong>le</strong>s imbécilités du<br />

dogme ortografique.<br />

Pour <strong>le</strong>s masochistes, ceux qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t plaisir à soufrir, il<br />

existe même <strong>en</strong> <strong>livre</strong> de poche, une édition des meil<strong>le</strong>ures<br />

dictées... c’est-à-dire <strong>le</strong>s plus difici<strong>le</strong>s, cel<strong>le</strong>s des (super)<br />

fina<strong>le</strong>s.<br />

À quand l’édition bilingue, cel<strong>le</strong> qui traduira <strong>en</strong> un français<br />

cohér<strong>en</strong>t et accessib<strong>le</strong> <strong>le</strong>s textes de Pivot ? A<strong>le</strong>z, cessons<br />

d’ironiser : il n’y a plus de folklore français où à peu près,<br />

<strong>le</strong>s pivoteries ont eu au moins <strong>le</strong> charme de faire rigo<strong>le</strong>r...<br />

d’autant qu’el<strong>le</strong>s démontr<strong>en</strong>t <strong>le</strong> contraire exact de ce vers<br />

quoi el<strong>le</strong>s voulai<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>dre.<br />

Car at<strong>en</strong>tion, <strong>le</strong>s « dictées de Pivot » ne sont pas que des<br />

dictées, el<strong>le</strong>s étai<strong>en</strong>t la pierre de touche d’une cérémonie<br />

anuel<strong>le</strong> construite sur la base d’un rite typiquem<strong>en</strong>t<br />

franchouïard. Au même jour, date pour date, et afin de<br />

clore <strong>le</strong>s festivités du Nouvel An, <strong>le</strong>s afinichinados de<br />

l’ortografe stérilisée se réunissai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> une grand-messe<br />

pour recevoir du maître suprême <strong>en</strong> persone la paro<strong>le</strong>


sacrée : <strong>le</strong> com<strong>en</strong>t on doit écrire, <strong>le</strong> « je suis divin idiome » !<br />

J’assistais chaque année à la retransmission télévisuel<strong>le</strong><br />

du prêche, et avec une joie toujour r<strong>en</strong>ouvelée, à la<br />

débauche des prescriptions dérisoires, à côté desquel<strong>le</strong>s<br />

<strong>le</strong>s comandem<strong>en</strong>ts d’Ubu-Roi aparaiss<strong>en</strong>t come d’un<br />

frivo<strong>le</strong> bon s<strong>en</strong>s.<br />

Au vrai, ce qui m’amusait surtout, c’était que ces<br />

cérémonies démontrai<strong>en</strong>t très exactem<strong>en</strong>t <strong>le</strong> contraire<br />

de ce qu’el<strong>le</strong>s prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t prouver. Selon Pivot et ses<br />

ému<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s « dictées du jour de l’An », s’ajoutant aux<br />

autres messes, devai<strong>en</strong>t être une déf<strong>en</strong>se de la sainte<br />

ortho(doxie/graphie) et contribuerai<strong>en</strong>t donc à la déf<strong>en</strong>se<br />

de la langue française.<br />

En fait, notre pauvre Pivot démontre surtout que personne<br />

ne conait <strong>le</strong> français, que c’est un truc bouré de pièges<br />

à l’<strong>en</strong>vie et qu’il n’y a pas trois quidam <strong>en</strong> France pour, à<br />

peu près s’y retrouver. À preuve, l’ofice du mois de janvier<br />

est précédé d’une sé<strong>le</strong>ction régiona<strong>le</strong>, sur toute la France<br />

et sur <strong>le</strong> territoire français, de g<strong>en</strong>s qui ne se croy<strong>en</strong>t déjà<br />

pas si mauvais, une sé<strong>le</strong>ction, donc, des auto-promus. Les<br />

sé<strong>le</strong>ctionnés terminaux sont réunis dans une vaste sal<strong>le</strong><br />

de spectac<strong>le</strong> et font donc <strong>en</strong> direct la dictée de l’anée,<br />

tandis que d’autres tapot<strong>en</strong>t au loin sur des ordinateurs.<br />

Que résultait-t-il de tout ce chambardem<strong>en</strong>t ? Deux ou<br />

trois candidats qui n’ont fait que deux ou trois erreurs. Le<br />

zéro faute est exceptionel !<br />

Au demeurant que peut-on conclure ? Que sur des miliers<br />

de spécialistes savam<strong>en</strong>t triés, il n’<strong>en</strong> est qu’un tout petit<br />

nombre à aprocher de la norme pivotesque. Et constatons<strong>le</strong>,<br />

ce résultat ti<strong>en</strong>t plus à la loi des grands nombres (des<br />

miliers de participants) qu’au savoir particulier d’un seul :<br />

<strong>le</strong>ur savoir est souv<strong>en</strong>t « de hasard ».<br />

Conclusion : Pivot démontrait chaque ané avec ses<br />

pivoteries, que <strong>le</strong> français, l’ortografe française <strong>en</strong> tout<br />

cas, tel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> est véhiculée par <strong>le</strong>s institutions d’État,<br />

dont fait partie d’ail<strong>le</strong>urs Pivot lui-même — déguisé parfois,


par religion, <strong>en</strong> instituteur à blouse grise — n’est pas<br />

accessib<strong>le</strong> tota<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, même à ses plus express adeptes.<br />

Tout <strong>le</strong> monde, je dis bi<strong>en</strong> tout <strong>le</strong> monde, fait des « fautes »,<br />

pour repr<strong>en</strong>dre <strong>le</strong> vocabulaire pivotiste... et même celui qui<br />

faisait zéro faute à la « dictée de Pivot » de cette ané-là,<br />

n’avait pas prouvé pour autant qu’il n’était pas capab<strong>le</strong> de<br />

n’<strong>en</strong> pas faire <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain. Assez de singeries, laissons<br />

tomber <strong>le</strong>s « fautes ». Acueil<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>cteur, tous <strong>le</strong>s « écarts »<br />

par rapport à la norme, que tu auras choisi, i.<br />

Trouves-toi tes raisons à tes graphies personel<strong>le</strong>s.<br />

Le coup de La « dicté du certif »<br />

et du « Niveau qui Baisse »<br />

Autre fumisterie : <strong>le</strong> coup de la « dictée du certificat<br />

d’études primaires ».<br />

Je lis dans mon quotidi<strong>en</strong> régional (Paris Normandie du<br />

20 avril 2012) :<br />

Extrait


Le procédé n’est pas original, on cherche à culpabiliser <strong>le</strong>s<br />

jeunes sur fond de tromperie : l’erreur ? C’est qu’on oublie<br />

ce qu’était <strong>le</strong> fameux diplome, on oublie que ce n’était pas<br />

la totalité des élèves d’une classe mais seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t une<br />

petite sé<strong>le</strong>ction, ceux que <strong>le</strong> maître jugeait « capab<strong>le</strong>s »<br />

d’obt<strong>en</strong>ir <strong>le</strong> fameux césame, qui passait l’exam<strong>en</strong>.<br />

L’instituteur « prés<strong>en</strong>tait » - c’était <strong>le</strong> mot - un tout petit<br />

nombre d’élèves, 2, 3, 6 au plus, ceux qui lui semblai<strong>en</strong>t<br />

capab<strong>le</strong>s de lui faire honeur... parce que, justem<strong>en</strong>t, bons<br />

<strong>en</strong> orthographe.<br />

Pr<strong>en</strong>ons un exemp<strong>le</strong> personel, mon père a été « prés<strong>en</strong>té »<br />

par sa maîtresse au « certificat », ma mère, dont <strong>le</strong> parcours<br />

familial avait été un peu plus compliqué, chaotique -<br />

ses par<strong>en</strong>ts l’abandonn<strong>en</strong>t alors qu’el<strong>le</strong> a 8 ans -, n’a<br />

jamais été « prés<strong>en</strong>tée ». Comparer la totalité des <strong>en</strong>fants<br />

d’aujourd’hui à un tout petit groupe d’élus d’autrefois -<strong>le</strong>s<br />

bons <strong>en</strong> dicté-, c’est faire de la fausse sociologie. Ce<br />

g<strong>en</strong>re de pratique relève de la duplicité, au moins de<br />

l’ignorance, tous comptes faits, à tout coup, de l’imbécilité.<br />

Pour se faire une idée du niveau des maîtres d’autrefois,<br />

pourquoi ne pas s’<strong>en</strong> remettre à la législation ? Jusqu’après<br />

la guerre de 40, il a existé 2 modes de recrutem<strong>en</strong>t qui<br />

prévoyai<strong>en</strong>t 2 status parmi <strong>le</strong>s instits -nous somes passés<br />

aux maths-, ceux connaissant <strong>le</strong>s 4 opérations, et ceux<br />

n’<strong>en</strong> conaissant que 2, l’adition et la soustraction.<br />

À la segonde catégorie, n’étai<strong>en</strong>t confiées que <strong>le</strong>s petites<br />

classes (jusqu’au CE1), aux plus savants rev<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t « <strong>le</strong>s<br />

grands » (CE2 et CM). Nous voilà passés de l’ortografe<br />

aux matématiques ? Qu’importe ! Cela done une bone<br />

idée du niveau des maîtres, et subséquam<strong>en</strong>t des<br />

populations, jusqu’au début du XX e sièc<strong>le</strong>. Le coup du<br />

niveau qui baisse, qu’on ne te <strong>le</strong> fasse plus, Natanaël !<br />

Car on devine que, paralè<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, ces instits là, <strong>en</strong><br />

orthographe, n’étai<strong>en</strong>t pas non plus des cadors ! Il faut<br />

faire tomber <strong>le</strong>s masques et ne surtout pas croire au<br />

mythe de l’instit « à l’anci<strong>en</strong>ne » suposém<strong>en</strong>t nanti d’un<br />

savoir universel. Non ! Les élèves d’autrefois n’étai<strong>en</strong>t pas


meil<strong>le</strong>urs que ceux d’aujourd’hui ! Non ! Leurs <strong>en</strong>seignants<br />

n’<strong>en</strong> savai<strong>en</strong>t pas plus ! Ils <strong>en</strong> savai<strong>en</strong>t même sûrem<strong>en</strong>t<br />

beaucoup moins. Et c’est normal. Maint<strong>en</strong>ant, que<br />

l’ortografe s’effondre -ce qui reste à prouver- tant mieux !<br />

Quel<strong>le</strong> libération !<br />

La séLectioN par L’orthoGraphe :<br />

uNiquemeNt pour La cLasse moyeNNe.<br />

Repr<strong>en</strong>ons l’artic<strong>le</strong> de Paris Normandie : il est instructif.<br />

La journaliste interviewe une chargée de recrutem<strong>en</strong>t.<br />

Cel<strong>le</strong>-ci afirme que la moitié au moins des CV ou des<br />

<strong>le</strong>ttres de motivation qu’el<strong>le</strong> reçoit conti<strong>en</strong>t des fautes<br />

d’orthographe. El<strong>le</strong> est du coup am<strong>en</strong>ée à user de 3<br />

métodes distinctes <strong>en</strong> fonction des 3 classes socia<strong>le</strong>s<br />

recrutées... ce qui, voilà qui est franchem<strong>en</strong>t hilarant, la<br />

troub<strong>le</strong> un peu... parce que... ça fait évidam<strong>en</strong>t, un brin<br />

désordre.<br />

Ici, on <strong>en</strong> par<strong>le</strong> même pas ! Marant, non ? Quand traitera-ton<br />

tout <strong>le</strong> monde come des ingénieurs ? Dans <strong>le</strong> sistème,<br />

jamais bi<strong>en</strong> sûr !


éfLéchis à toN ortoGrafe. La tieNNe.<br />

À la dicté de Pivot, à la dicté « du certif » oposons la<br />

dicté de Réel : l’objectif ? Conaitre l’état réel du niveau<br />

d’ortografe des Français. La chose est faci<strong>le</strong> : il sufit de<br />

pr<strong>en</strong>dre un échantillon représ<strong>en</strong>tatif de tous <strong>le</strong>s habitants<br />

et bi<strong>en</strong>-sûr de toutes <strong>le</strong>s classes d’âge, de <strong>le</strong>ur acorder<br />

une lic<strong>en</strong>ce dans <strong>le</strong>s difér<strong>en</strong>tes ortografes possib<strong>le</strong>s et de<br />

<strong>le</strong>ur proposer un texte simp<strong>le</strong>, parlant de choses norma<strong>le</strong>s<br />

de la vie quotidi<strong>en</strong>ne, pas litéraire mais re<strong>le</strong>vant d’actions<br />

uti<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s mom<strong>en</strong>ts de chaque jour, autrem<strong>en</strong>t dit, <strong>le</strong><br />

contraire de la dictée à piège, de la dictée compétition.<br />

Si nous mettons <strong>en</strong> place une tel<strong>le</strong> stratégie, nous<br />

conaitrons l’exacte situation de la conaissance <strong>en</strong> matière<br />

d’ortografe sur l’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> de la population qui vit dans<br />

<strong>le</strong>s pays francophones.<br />

mais Le désiroNs-Nous vraimeNt ?<br />

Nous préférons certainem<strong>en</strong>t <strong>le</strong> mythe de l’ortografe<br />

sacrée, intouchab<strong>le</strong> et accessib<strong>le</strong> qu’au petit nombre,<br />

nous préférons la voix de la dificulté extrême afin de laisser<br />

<strong>en</strong> cours de route et dans l’impéritie plus ou moins tota<strong>le</strong><br />

la grande masse afin de réduire <strong>le</strong> nombre des scripteurs.<br />

Eh bi<strong>en</strong> ! Non ! à ce règne de la hiérarchie inv<strong>en</strong>tée à<br />

dessein de reproduire des exclus.<br />

Permets-moi, <strong>le</strong>cteur, de par<strong>le</strong>r à ce sujet maint<strong>en</strong>ant une<br />

seconde de moi.<br />

Mome, j’ai conu l’épouvante. L’épouvante devant la<br />

dictée. La maitresse disait à ma mère : « Je vois <strong>le</strong><br />

visage de Patrice se décomposer quand je prononce <strong>le</strong><br />

mot ‘‘dictée’’ ». Par la suite, j’ai conu des maîtres moins<br />

compatissants : l’un deux - j’étais <strong>en</strong> CM1 - se plaçait<br />

systématiquem<strong>en</strong>t, je vous l’ai déjà raconté, derrière mon<br />

dos au mom<strong>en</strong>t des dictées et laissait tomber sur mon<br />

crâne une lourde règ<strong>le</strong> métalique à chaque « faute » que<br />

je faisais. J’<strong>en</strong> sortais avec un mal de crâne épouvantab<strong>le</strong><br />

et, vous <strong>le</strong> devinez, un amour modéré pour l’ortografe !


d’époque - <strong>le</strong>s anés 1950 -, mais el<strong>le</strong>s ont existé et on <strong>le</strong>s<br />

a remplacées par des tortures psychologiques pas plus<br />

efficaces et presque aussi odieuses. L’ortografe française<br />

n’est qu’un <strong>en</strong>fer pour une majorité d’élèves [15] .<br />

Et puis je suis dev<strong>en</strong>u professeur de français. Ah ! La dictée,<br />

quel délicieux mom<strong>en</strong>t : ri<strong>en</strong> à préparer, on sort d’un recueil<br />

de textes tout conditioné <strong>le</strong>s dictées toutes prêtes à l’emploi,<br />

et calculées pour prés<strong>en</strong>ter un échantillonage de « fautes »<br />

possib<strong>le</strong>s juste un peu difici<strong>le</strong>s pour la classe considérée.<br />

Le jour de la dictée, pour <strong>le</strong> prof, c’est <strong>le</strong> jour des vacances,<br />

du pain béni. Il n’a ri<strong>en</strong> à faire, lire <strong>le</strong>ntem<strong>en</strong>t <strong>le</strong> texte déjà lu,<br />

relire et surtout aucune dificulté d’ortografe, aucune erreur<br />

possib<strong>le</strong> : lui, il a <strong>le</strong> texte <strong>en</strong> main... et peut faire semblant de<br />

ne jamais se tromper, puisqu’il a la bone ortografe, sous <strong>le</strong>s<br />

yeux à tout mom<strong>en</strong>t. Ah ! Quel<strong>le</strong> tranquilité, <strong>le</strong>s élèves sont<br />

sages, ils grât<strong>en</strong>t tous <strong>en</strong> si<strong>le</strong>nce... et quel<strong>le</strong> sér<strong>en</strong>nité : il a<br />

<strong>le</strong> savoir imprimé sous son pouce.<br />

Par la suite, j’ai épousé à plusieurs reprises des professeuses,<br />

au moins trois dont je me souvi<strong>en</strong>ne, des professeuses de<br />

français, et qui toutes trois afirmai<strong>en</strong>t ne jamais faire de<br />

fautes... et je me suis aperçu assez vite qu’el<strong>le</strong>s <strong>en</strong> faisai<strong>en</strong>t<br />

autant que moi, qu’el<strong>le</strong>s hésitai<strong>en</strong>t aussi souv<strong>en</strong>t... et qu’à<br />

vrai dire mon impéritie était toute semblab<strong>le</strong> à la <strong>le</strong>ur. Et<br />

pourtant, c’étai<strong>en</strong>t toutes trois des professionel<strong>le</strong>s. Si <strong>le</strong>s<br />

pros hésit<strong>en</strong>t... alors vous imaginez <strong>le</strong>s pauvres gosses !<br />

Et <strong>le</strong> reste de la population ? Imaginez dans quel état<br />

m<strong>en</strong>tal il peut être mystifié même par <strong>le</strong> vocabulaire judéochréti<strong>en</strong><br />

de la « faute » alors qu’il ne s’agit que d’écart par<br />

rapport à une norme. Tout au plus des « erreurs ». Ceci est<br />

grave d’autant que <strong>le</strong> procédé n’est pas neutre : ce qui<br />

fait la perte du français et son recul devant l’anglais dans<br />

tous <strong>le</strong>s domaines internationaux (diplomatie, comerce,<br />

administration, technique, etc.), c’est justem<strong>en</strong>t sa dificulté.<br />

Sa dificulté non pas à l’oral mais sa comp<strong>le</strong>xité à l’écrit, et<br />

sa comp<strong>le</strong>xité, c’est, avant tout, notre orthographe-délire<br />

prête à tous <strong>le</strong>s pièges. Vaugelas, <strong>en</strong> comp<strong>le</strong>xifiant à l’excès


l’ortografe a r<strong>en</strong>du un bi<strong>en</strong> mauvais service à la France.<br />

De même, on se plaint aujourd’hui des résultats de<br />

l’Éducation nationa<strong>le</strong> et des performances fort médiocres<br />

des élèves français comparées à cel<strong>le</strong>s des autres nations.<br />

Encore faudrait-il comparer ce qui est comparab<strong>le</strong>. Aucun<br />

élève d’aucune nation n’est confronté à un système aussi<br />

singulier, aussi comp<strong>le</strong>xe, aussi dénué de raison que <strong>le</strong> nôtre.<br />

Com<strong>en</strong>t veut-on que <strong>le</strong>s élèves s’y retrouv<strong>en</strong>t devant des<br />

dificultés amassées à chaque mot ? Ils éprouv<strong>en</strong>t, devant<br />

<strong>le</strong> nombre de fautes possib<strong>le</strong>s dans une même phrase, un<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> connu, celui dit de « l’éblouissem<strong>en</strong>t »... et du<br />

coup ils ne peuv<strong>en</strong>t être mis <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce et comparés<br />

à des <strong>en</strong>fants qui apr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des langues à l’ortografe plus<br />

cohér<strong>en</strong>te : l’anglais ou l’espagnol, l’itali<strong>en</strong> ou l’al<strong>le</strong>mand par<br />

exemp<strong>le</strong>, pour ne citer que quelques langues europé<strong>en</strong>nes.<br />

L’impéritie des petits Français n’est pas liée à une intellig<strong>en</strong>ce<br />

moindre ou à des maitres incapab<strong>le</strong>s, mais, avant tout, à une<br />

plus grande dificulté intrinsèque de notre ortografe.


mais pourquoi serait-ce seuLemeNt<br />

« pour moi » ?<br />

Quand je veux simplifier l’ortografe, fina<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, ce n’est pas<br />

tant pour moi ! J’<strong>en</strong> ai pris mon parti, de l’ortografe imbéci<strong>le</strong>,<br />

c’est pour toutes <strong>le</strong>s petites têtes blondes (ou brunes) qui<br />

soufr<strong>en</strong>t, pour tous <strong>le</strong>s adultes qui n’écriv<strong>en</strong>t jamais de peur<br />

de tomber dans la « faute ». Oh ! La faute !<br />

LiBérer L’ortoGrafe,<br />

c’est LiBérer Les homes<br />

On par<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t de référ<strong>en</strong>dum d’initiative populaire<br />

mais tout est fait pour qu’aucun thème véritab<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t politique<br />

ne puisse v<strong>en</strong>ir sur <strong>le</strong> tapis. Voilà un sujet qui pourait être<br />

l’objet d’une vraie question publique, politique et acceptab<strong>le</strong><br />

par tous : « Faut-il simplifier l’orthographe du français ? »<br />

Je p<strong>en</strong>se, <strong>le</strong>cteur, ne pas douter de ta réponse.<br />

Je rêve, rêvons.<br />

Mais n’imaginons pas des puissances <strong>le</strong>s décisions !<br />

Pr<strong>en</strong>ons-nous <strong>en</strong> main, com<strong>en</strong>çons par agir par nousmême<br />

: passons à l’acte, com<strong>en</strong>çons, toi et moi, par user<br />

des ortografes, que chacun de nous agrée, lui, lui-même.<br />

Voire l’ortografe libre et joyeuse et créative.<br />

Oui ! Crées tes concepts : ajoutes une ortografe à<br />

orthographe. Rejettes la dictature de l’ortho. Mets donc un<br />

bonet rouge à ton ortografe. Crées-lui sa poésie. Ah ! Avoir<br />

des boneurs ortografiques !<br />

Est-on eureux à user de l’othographe archaïque (excuses <strong>le</strong><br />

pléonasme) ? Non ! On obéit à des règ<strong>le</strong>s. Point ! Le boneur<br />

ortografique git dans la joie de l’inv<strong>en</strong>tion, dans <strong>le</strong> plaisir<br />

de la trouvail<strong>le</strong>, la vraie jubilation de la création. Créons<br />

l’ortografe, <strong>le</strong> terrain est vierge... Bonorisons l’orto.<br />

Bonor, eureu, et voilà que <strong>le</strong>s mots repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>le</strong>ur pouvoir<br />

d’étonem<strong>en</strong>t. Vive l’éreur eureuse.


Natanaël, dis-toi bi<strong>en</strong> que tu t’atè<strong>le</strong> à une tâche titanesque :<br />

chaNGer L’orthoGrafe<br />

c’est chaNGer de civiLisatioN<br />

À quoi sert l’orthographe impérative dans l’Éducation<br />

nationa<strong>le</strong> obligatoire ?<br />

El<strong>le</strong> justifie l’idéologie du travail : non seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t el<strong>le</strong> est<br />

uti<strong>le</strong> pour faire fonctionner <strong>le</strong> « tertiaire », régu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s activités<br />

de la bureaucratie, mais el<strong>le</strong> habitue tous <strong>le</strong>s élèves, tous<br />

<strong>le</strong>s <strong>en</strong>fants du pays, à se t<strong>en</strong>ir à <strong>le</strong>ur poste de travail, <strong>en</strong><br />

l’ocur<strong>en</strong>ce et d’abord, <strong>le</strong>urs bureaux d’écolier coercitifs.<br />

En fait, c’est toute la société qui dès lors est mise sous<br />

totalitarisme pour se faire obéissante à un mythe suposé<br />

éternel, celui, ontologique, de l’home, <strong>en</strong> son ess<strong>en</strong>ce,<br />

condamné, sur cette terre, « à la vallée de dou<strong>le</strong>urs » pour<br />

repr<strong>en</strong>dre la formu<strong>le</strong> biblique, autrem<strong>en</strong>t dit, et d’abord, au<br />

travail.<br />

Par bonheur, désormais, toutes <strong>le</strong>s machines modernes<br />

-ordinateurs, robots, automates, etc.- vont contribuer à libérer<br />

l’home de la tutel<strong>le</strong> qui <strong>le</strong> condanait. Demain, il ne sera plus<br />

nécessaire de travail<strong>le</strong>r pour assurer sa substistance : peu<br />

à peu, il devi<strong>en</strong>dra général de ne plus « avoir un emploi »,<br />

autrem<strong>en</strong>t dit d’être libéré de l’obligation laborieuse. Ce<br />

n’est pas un désastre, c’est au contraire une chance si<br />

on sait la saisir : nos activités ne seront plus dictées par<br />

l’obligation de se soumettre à p<strong>en</strong>sum (souv<strong>en</strong>t éprouvant)<br />

salarié. Dès lors la nécessité d’une orthographe obligatoire<br />

généralisée tombera d’el<strong>le</strong>-même. Nous somes désormais<br />

devant un changem<strong>en</strong>t de civilisation : <strong>le</strong> lycée n’ouvrira<br />

plus la porte à l’emploi -il n’y <strong>en</strong> aura plus-, corélativem<strong>en</strong>t,<br />

fini l’asc<strong>en</strong>seur social par l’orthographe pour <strong>le</strong> tout petit<br />

nombre, fini l’Apareil scolaire destiné à fournir des quotas<br />

de travail<strong>le</strong>urs orthographiquem<strong>en</strong>t normés. Vive <strong>le</strong> lycé libre.<br />

Car la politique de l’Éco<strong>le</strong> ne consistera plus à imposer<br />

des impératifs éprouvants mais el<strong>le</strong> se muera <strong>en</strong> un espace<br />

d’épanouissem<strong>en</strong>t, d’apr<strong>en</strong>tissage du bonheur, dans la joie<br />

d’appr<strong>en</strong>dre, la joie de créer, d’inv<strong>en</strong>ter, de


© DR<br />

vivre, et dans l’épanouissem<strong>en</strong>t véritab<strong>le</strong> pour tous. Voilà<br />

un fabu<strong>le</strong>ux « programme », et voilà défini un grand projet<br />

pour l’av<strong>en</strong>ir : l’éco<strong>le</strong> n’aura plus pour fonction d’adapter<br />

l’<strong>en</strong>fant aux nécessités de l’organisation du travail, il ne sera<br />

plus confronté à la dure obligation de « s’insérer dans la<br />

société », mais aura pour tout désir d’être <strong>le</strong> démiurge de son<br />

propre développem<strong>en</strong>t, autrem<strong>en</strong>t dit, déjà, <strong>le</strong> concepteur<br />

de sa propre orthographe, et pour l’inv<strong>en</strong>tion de son monde,<br />

sublime idéal.


atteNtioN, NataNaëL, Jouis !<br />

La proposition que je te soumets, n’oublies pas, ce n’est<br />

pas de constituer une nouvel<strong>le</strong> norme ortografique, une<br />

nouvel<strong>le</strong> grammaire, une nouvel<strong>le</strong> morfologie, de nouveaux<br />

graphèmes impérieux, et <strong>le</strong> tout impératif, c’est de te doner<br />

<strong>le</strong> choix d’écrire à ton gré, <strong>en</strong> y mettant toute ton intellig<strong>en</strong>ce<br />

et toute ta force de créativité. Inv<strong>en</strong>tes ! Réfléchis ! Jouis !<br />

Jouis d’écrire. À satiété. Ton orto sera fête !<br />

Patrice Quéréel au cimetière de l’art<br />

© franck dubois


Conclusion<br />

des conclusions<br />

Natanaël : tu auras contre toi tous <strong>le</strong>s g<strong>en</strong>s dont <strong>le</strong> maigre<br />

pouvoir est établi sur <strong>le</strong>s interdits, professeurs de l’Éducation<br />

nationa<strong>le</strong> ou non, journalistes de droite come de gauche,<br />

juges des cours dites de justice ou pas, curés de tous<br />

<strong>le</strong>s bords, de tout poil, de tous <strong>le</strong>s cultes, de toutes <strong>le</strong>s<br />

révér<strong>en</strong>ces, défér<strong>en</strong>ces, tolér<strong>en</strong>ces, et j’<strong>en</strong> passe.<br />

Fonces, coupes à travers <strong>le</strong>s lois, <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s devoirs,<br />

pr<strong>en</strong> ton <strong>en</strong>vol : écris, ris, rêves. Dés<strong>en</strong>traves <strong>en</strong>fin de <strong>le</strong>urs<br />

chaines chaque mot, chaque règ<strong>le</strong> de grammaire. Défaitstoi<br />

du concept de « faute ». Fai de ton ortografe un mode<br />

d’expression de ta personalité. Cré-toi ton propre imaginaire<br />

ortografique. Libères.


Les notes<br />

[1] Terme de théâtre et de cinéma qui<br />

désigne l’action de jouer un rô<strong>le</strong> alors que<br />

physiquem<strong>en</strong>t on ne représ<strong>en</strong>te pas <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> :<br />

une fame pour un home, un jeune home pour<br />

un vieillard, etc.<br />

[2] Lire la pièce de théâtre de Saint-Évremond :<br />

La Comédie des Académistes. Coll. La<br />

Pléiade : Le XVII e sièc<strong>le</strong>. De la pure dérision.<br />

[3] Pierre Encreve : Réf<strong>le</strong>xion sur une initiative<br />

politique touchant l’orthographe. Langue<br />

française; 1995; n°108; p. 112 à 120.<br />

[4] Seul Le Monde ou à peu près a voulu jouer<br />

<strong>le</strong> jeu de la Réforme et a publié un apel<br />

signé de 10 linguistes et titré : « Moderniser<br />

l’écriture du français ».<br />

[5] Lagarde et Michard; Bordas; Paris, 1961, p.<br />

265 et suivantes.<br />

[6] Lagarde et Michard; Bordas; Paris, 1961, p.<br />

265 et suivantes.<br />

[7] Lagarde et Michard; Bordas; Paris, 1961, p.<br />

265 et suivantes.<br />

[8] Lagarde et Michard; Bordas; Paris, 1961, p.<br />

265 et suivantes.<br />

[9] Lagarde et Michard; Bordas; Paris, 1961, p.<br />

265 et suivantes.<br />

[10] Lagarde et Michard; Bordas; Paris, 1961, p.<br />

265 et suivantes.<br />

[11] Pygmalion : sculpteur de l’antiquité grecque<br />

qui à forc(e) d’<strong>en</strong> être amoureux, donne vie<br />

à la statue qu’il crée. En pédagogie, on par<strong>le</strong><br />

d’« effet Pygmalion » quand la vision que se<br />

fait <strong>le</strong> maitre de l’élève influe inconsiemm<strong>en</strong>t<br />

sur <strong>le</strong> parcours de celui-ci.<br />

[12] R<strong>en</strong>é Vredon : L’Épreuve de Français, guides<br />

pratiques Bordas<br />

[13] Jean-Jacques Rousseau ; Les Confessions,<br />

ouvrage écrit de 1765 à 1770, première<br />

édition 1782.<br />

[14] Il a, à ce jour, jamais été retrouvé, dans <strong>le</strong>s<br />

brouillons de L’Encyclopédie, la moindre<br />

trace d’un artic<strong>le</strong>, signé de d’A<strong>le</strong>mbert ;<br />

<strong>le</strong>quel devait décrire <strong>le</strong>s machines à<br />

desc<strong>en</strong>dre <strong>le</strong> temp, non plus d’ail<strong>le</strong>ur que<br />

la « planche » qui avait à <strong>en</strong> ilustrer <strong>le</strong> parfait<br />

fonctionem<strong>en</strong>t.<br />

[15] A. Lagarde et L. Michard : op. cité, p. 319.<br />

[16] Irène Nouailhac : Le Pluriel de bric-à-brac ;<br />

Éditions Points; septembre 2006.<br />

[17] Voir aussi trompette et trompeter, etc. etc.<br />

et je veux pouvoir écrire «une t<strong>en</strong>tacu<strong>le</strong>» ou<br />

« une termite » si ça me fait plaisir...<br />

[18] Signalons que ce paragraphe pourait fort<br />

bi<strong>en</strong> constituer une « dictée de Réel »


Libères ton ortografe<br />

Pat[rice Qué]réel<br />

Éditions du <strong>Perroquet</strong> b<strong>le</strong>u<br />

83, rue Cauchoise à Rou<strong>en</strong>, France<br />

http://www.b<strong>le</strong>u.net<br />

+33 (0) 2 32 76 31 31<br />

IsBn - 978-2-9524353-8-3

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!