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Les petits pouvoirs
L’orthographe a quelque chose à voir avec le pouvoir,
avec celui de l’État qui spécule sur des règles et par
l’intermédiaire de ses fonctionnaires cherche à les imposer
à tous.
Et il est très souvent relayé parfaitement, servilement, voir
agressivement, par l’autoctone français moyen qui se croit
obligé de faire lui même la police.
Certaines règles plus qu’imbéciles sont dérisoires. Il en
est ainsi des multiples de « cent ». Mille, à l’inverse, est
invariable. Cent se multiplie, je veux dire prend un « s »,
sauf s’il est suivi d’un autre nombre. « Deux cents » prend
un « s », « Deux cent un » n’en prend pas. Absurde !
Si vous trouvez, cette règle ayant un sens, faites-moi
signe !
Elle est ainsi ! Cela fait partie des diktats orthograficofascites
: pas de discussion !
Et je conais des postières pour la faire respecter
scrupuleusement. Loin, au besoin, de coriger ellesmêmes,
si l’erreur leur fait l’effet d’insulte à l’administration,
elles vous réadressent le document accompagné d’un :
« Je ne comprends pas ! » Vécu !
On imagine la suite...
- Vous ne comprenez pas quoi ? ... »
La postière reprend le papier, fait semblant de
chercher... et trouve :
- Ah ! Mais c’est parce que vous n’avez pas mis
d’« s ». »
Et là, la leçon peut tomber. Ah ! Le bonheur de pouvoir
donner une leçon !