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Carlos Sampayo / Francisco Solano LOpez<br />

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iLatina éditions<br />

Collection Grandes Autores<br />

ilatina.fr<br />

ISBN: 978-2-491042-00-4<br />

Traduction: Thomas Dassance<br />

Maquette: Iván Kuntz Ampuero<br />

Lettrage: Javier Hildebrandt<br />

(C) 2019 iLatina éditions pour cette édition<br />

Achevé d’imprimer en juillet 2019<br />

par Imago Group.


PROLOGUE<br />

LE COMMISSAIRE ET LE LION<br />

Comment écrire un récit policier en Argentine ? Dans un article publié par la<br />

revue Fierro en 1986, Elvio Gandolfo signalait que : « la grande majorité des<br />

romans policiers noirs argentins ont copié et tendent à reproduire une toute<br />

petite parcelle des romans noirs nord-américains. En exagérant, on pourrait<br />

dire qu’ils n’ont pas choisi un genre, ni un auteur, ni une œuvre, mais un<br />

personnage : Marlowe. »<br />

En littérature comme en bande dessinée, construire un héros vraisemblable<br />

est la plus grande difficulté dans un pays (l’Argentine) où les détectives<br />

privés et les policiers se chargent souvent d’affaires éloignées des exigences<br />

de l’imagination.<br />

Avant d’écrire <strong>Evaristo</strong> pour Solano López, Carlos Sampayo avait créé<br />

Alack Sinner avec José Muñoz. Leurs lectures leur permirent d’emprunter un<br />

modèle étranger — le détective privé — qui devait gagner sa propre place.<br />

Avec <strong>Evaristo</strong>, en revanche, le personnage est bien argentin, mais c’est un<br />

personnage qui est déjà traversé par le mythe : <strong>Evaristo</strong> Meneses, héros de<br />

persécutions légendaires, célèbre pour sa méticulosité et son courage. La<br />

violence des années 70 (période de la dernière dictature militaire) trouve<br />

<strong>Evaristo</strong> à la retraite; le mythe est donc sauvé du jugement impitoyable de<br />

l’Histoire.<br />

Les auteurs laissent <strong>Evaristo</strong> explorer un commissariat dont le secteur est<br />

aussi grand que l’ensemble de la ville de Buenos Aires, et plus encore : de la<br />

villa miseria (favelas argentines) aux stations de train, des clubs de quartiers<br />

aux hôtels miteux, des bars aux prisons, en passant par le cirque.<br />

C’est ainsi qu’apparaissent les cartes postales dessinées par Solano López


d’un Buenos Aires de la fin des années 50 et début des années 60, reconstruit<br />

non pas en fonction d’un travail de documentation, mais avec ces instruments<br />

capricieux et précis que sont la mémoire et l’imagination.<br />

Solano López a poussé son style pour le rendre exagéré et sombre afin de<br />

construire ces corps et ces visages inoubliables. Dans L’Eternaute, il avait<br />

dû dessiner un classique ; dans <strong>Evaristo</strong> il va au bout de ses possibilités<br />

graphiques pour répéter l’expérience.<br />

Solano López condense, agrandit et mélange : il travaille comme le font la<br />

nuit et la distance. Dans ces épisodes, il y a des récits à énigme, un duel<br />

borgésien, des intrigues politiques, des assassins en série. De l’un à l’autre,<br />

Sampayo change de ton comme de stratégie. Il ne se standardise pas et ne<br />

tombe pas dans la commodité : il laisse le poids symbolique des éléments<br />

dicter la forme du récit. Ses histoires parviennent à une complexité et une<br />

solidité dans leurs dénouements rarement vus en bande dessinée.<br />

Les premiers épisodes ont été publiés en Argentine dans la revue Superhumor<br />

et la suite dans la revue Fierro. La première bande dessinée d’<strong>Evaristo</strong> dans<br />

cette revue était accompagnée par un article de Juan Sasturain qui racontait<br />

la visite de Sampayo au véritable <strong>Evaristo</strong> Meneses. L’ex-commissaire<br />

dirigeait alors un bureau d’enquêtes, il écrivait les mémoires de ses cas les<br />

plus célèbres et peignait des tableaux qu’il exposait dans les clubs de police.<br />

Meneses regarda avec un certain dédain les pages de la bande dessinée<br />

et signala une différence entre la fiction et le miroir (il était plus petit et<br />

moins gros que le personnage de papier). L’homme et le personnage se<br />

rencontrèrent, mais ne s’entendirent pas vraiment. Il manqua l’Autre à cette<br />

rencontre : le mythe.<br />

L’<strong>Evaristo</strong> de la bande dessinée se dévoile plus par ses actes que par ses<br />

paroles. Il ne ressent le besoin de la confidence qu’une seule fois et il choisit<br />

pour cela son semblable pour l’écouter : un lion échappé du zoo. « L’ami,<br />

nous sommes aussi perdus l’un que l’autre ». Et de cette solitude qui se sent<br />

dans chaque case et dans chaque épisode il ne sera plus question.<br />

Pablo De Santis.


Mélodrame de fin de match nul<br />

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Le célèbre cas Lubitsch<br />

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