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La peur du changement - Alger Hebdo

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«L’Algérie<br />

a longtemps été<br />

considérée comme<br />

un des pays<br />

pionniers de la<br />

bande dessinée.»<br />

C’est l’avis d’un<br />

expert étranger<br />

invité lors <strong>du</strong><br />

festival qui s’est<br />

tenu à <strong>Alger</strong> en ce<br />

début de mois.<br />

Il faut dire que les grands<br />

noms <strong>du</strong> 9 e art et de la caricature<br />

ont baigné toute leur enfance<br />

<strong>du</strong>rant dans une culture de<br />

la bande dessinée. Slim, Haroun,<br />

Le Hic, le regretté Melouah, Aider…<br />

ont été dans leur prime enfance<br />

bercés par les aventures de<br />

Blek le roc, Miki le Ranger, Pepito,<br />

Tex Willer et tant d’autres<br />

héros qui garnissaient généreusement<br />

les étals des buralistes de<br />

l’époque. L’époque, ce sont ces<br />

années cinquante où la population<br />

dite «indigène» par l’occupant,<br />

confinée dans des quartiers<br />

arabes entourés de barbelés, ne<br />

pouvait accéder au confort de la<br />

ville européenne et encore moins<br />

se payer ces illustrés qui coûtaient<br />

les yeux de la tête. Alors la<br />

combine était vite trouvée : un<br />

marchand de bonbons <strong>du</strong> quartier<br />

s’improvisait libraire et<br />

louait à 10 centimes l’illustré<br />

tant convoité.<br />

C’est comme cela que le dernier<br />

numéro de Blek faisait le<br />

tour <strong>du</strong> quartier. Ces aventures<br />

avalées par la jeunesse d’alors,<br />

c’était le «cyber» de l’époque, le<br />

cinéma des pauvres, la culture<br />

pour dix sous. D’ailleurs, il n’y<br />

avait d’autre choix que de se ruer<br />

sur ces récits de héros américains,<br />

de westerns, à plus forte<br />

raison quand l’ont sait que personne<br />

ne possédait de télévision<br />

en ces années. <strong>La</strong> première chose<br />

qui est établie, c’est que cette génération<br />

lisait, contrairement à<br />

celles d’aujourd’hui qui «regarde»,<br />

qui subit les images par la<br />

grâce de l’in<strong>du</strong>strie numérique.<br />

Et c’est surtout de cette lecture<br />

que s’est développée tout cet art<br />

Le prix Nobel de littérature<br />

2011 a été décerné au poète<br />

suédois Tomas Tranströmer, a<br />

annoncé, ce jeudi, l’Académie<br />

suédoise.<br />

Tranströmer, 80 ans,<br />

psychologue de formation, est<br />

récompensé car «par des images<br />

denses, limpides, il nous donne<br />

un nouvel accès au réel»,<br />

explique à sa façon l’Académie.<br />

«<strong>La</strong> plupart des recueils de<br />

poésie de Tranströmer sont<br />

empreints d’économie, d’une<br />

qualité concrète et de<br />

métaphores expressives», ajoute<br />

la prestigieuse institution. Né le<br />

15 avril 1931 à Stockholm,<br />

CULTURE<br />

FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA BANDE DESSINEE D’ALGER<br />

Sur la trace des pionniers<br />

de la création. C’est l’objectif<br />

que s’assigne ce FIBDA, festival<br />

de la BD : réapprendre aux<br />

jeunes et moins jeunes d’aujourd’hui<br />

à lire. A découvrir des auteurs<br />

étrangers – ils sont venus<br />

de 35 pays africains et européens.<br />

De grands chapiteaux<br />

dressés sur l’esplanade de Riad<br />

El-Feth. L’Algérie y est fortement<br />

représentée avec les ténors<br />

qu’on connaît, dont l’incontournable<br />

Slim qui est le père <strong>du</strong> légendaire<br />

Bouzid el-besbessi, devenu<br />

le héros incontesté de la génération<br />

post-indépendance.<br />

Affublé de sa gandoura, de sa<br />

<strong>du</strong>lcinée Zina et <strong>du</strong> gatt, le personnage<br />

représentait, dans l’imaginaire<br />

populaire, l’archétype de<br />

l’Algérien fier, impétueux, «progressiste»<br />

(terme pour désigner<br />

le démocrate d’aujourd’hui) et<br />

entêté comme une mule. Ce qui,<br />

convenons-en, répond tout à fait<br />

aux traits de caractère de l’Algérien.<br />

Et c’est tout le mérite de<br />

Slim que d’avoir su substituer<br />

aux héros étrangers, un hurluberlu<br />

moustachu qui jouait <strong>du</strong> bâton<br />

comme les héros américains<br />

jouaient de la baïonnette. Seul<br />

gros inconvénient : le prix de ces<br />

albums de Slim et des autres bédéistes<br />

:<br />

Tomas Tranströmer a été élevé<br />

par sa mère après le départ, très<br />

précocement, de son père.<br />

autour de 1 000 dinars, ce qui<br />

n’est pas à la portée <strong>du</strong> premier<br />

visiteur venu. Presque autant que<br />

les BD étrangères. Il faut débourser<br />

1 200 dinars pour acheter<br />

un Lucky Luke, un Astérix ou<br />

un Tintin. Frustrant. A coté, de<br />

magnifiques expositions de caricaturistes<br />

connus qui ont tous<br />

travaillé sur un thème précis : la<br />

proximité de la date <strong>du</strong> 17 octobre<br />

a donc été l’occasion d’exposer<br />

des esquisses très parlantes<br />

de célèbres illustrateurs tels<br />

Cabu, Tignous, Plantu, dont les<br />

planches sur la terrible répression<br />

valent à elles seules toutes<br />

les dénonciations. Des rencontres<br />

très intéressantes furent<br />

organisées parallèlement à ce<br />

festival et d’éminents spécialistes<br />

suisses, turcs et français<br />

ont mis l’accent sur le devenir<br />

très prometteur <strong>du</strong> 9 e art, hélas<br />

menacé par les mangas japonais<br />

et ces héros monstrueux destinés<br />

à semer la terreur. Des extraterrestres<br />

qui s’inscrivent contre la<br />

philosophie même de la bande<br />

dessinée : distraire en é<strong>du</strong>quant.<br />

A propos d’é<strong>du</strong>cation, où en est<br />

l’enseignement <strong>du</strong> dessin dans<br />

nos établissements scolaires ?<br />

Grande question.<br />

N. B.<br />

Le Nobel de littérature attribué<br />

au poète suédois Tomas Tranströmer<br />

Après avoir obtenu son<br />

diplôme d’études supérieures de<br />

psychologie en 1956, il exerce à<br />

l’Institut psychotechnique de<br />

l’université de Stockholm, avant<br />

de s’occuper en 1960 de jeunes<br />

délinquants dans un institut<br />

spécialisé.<br />

Tomas Tranströmer succède<br />

au romancier hispano-péruvien<br />

Mario Vargas Llosa et recevra<br />

son prix, dont un chèque de 10<br />

millions de couronnes (1,08<br />

million d’euros) le 10 décembre<br />

prochain, lors d’une cérémonie<br />

officielle qui sera organisée à<br />

Stockholm.<br />

<strong>Alger</strong> <strong>Hebdo</strong> n° 300 - Semaine <strong>du</strong> 8 au 14 octobre 2011<br />

FIBDA 2011<br />

Participation de 37 pays<br />

9<br />

<strong>La</strong> 4 e édition <strong>du</strong> Festival international de la bande dessinée d’<strong>Alger</strong><br />

(FIBDA) s’est ouvert mardi, sur l’esplanade de Riadh El-Feth, avec la<br />

participation de 37 pays, inauguré en présence de Mme Zahira Yahi,<br />

chef de cabinet <strong>du</strong> ministre de la Culture, et Djahdou Dalila, secrétaire<br />

générale au sein de la même institution. Les bédéistes, scénaristes,<br />

dessinateurs et éditeurs Algériens et étrangers sont venus de partout<br />

pour participer a cet événement incontournable qui offre aux professionnels<br />

et aux jeunes talents la chance de découvrir et de se faire découvrir.<br />

L’espace consacré a cet événement est plus que convenable,<br />

plusieurs sites, stands et chapiteaux sont mis a la disposition des bédéistes<br />

et des éditeurs qui exposent leurs pro<strong>du</strong>its dans le but de toucher<br />

le maximum de visiteurs. Le festival est beaucoup plus qu’une<br />

exposition de bandes dessinées, le programme varié et riche en activités<br />

permet aux connaisseurs et aux curieux de découvrir beaucoup de<br />

choses et de participer aux conférences données par les professionnels<br />

de la bande dessinée. Malgré la chaleur, le festival a connu un grand<br />

succès auprès des jeunes qui s’intéressent de plus en plus à la BD historique<br />

et aux mangas présentés chaque année avec plus de professionnalisme<br />

et de recherche dans l’organisation. Les prix <strong>du</strong> Fibda<br />

2011 ont été remis lors de la cérémonie d’ouverture, Le Prix d’honneur<br />

a été décerné au bédéiste algérien Mahfoud Aïder, le Prix de la reconnaissance<br />

est revenu au fondateur <strong>du</strong> Festival international de la<br />

bande dessinée d’Angoulême, Francis Groux, et le Prix patrimoine,<br />

décerné à titre posthume au bédéiste-caricaturiste algérien Brahim<br />

Guerroui, assassiné le 4 septembre 1995.<br />

Nesrine Chabi<br />

LE BEDEISTE BENYOUCEF ABBAS KEBIR<br />

«<strong>La</strong>ncer la bande<br />

dessinée historique»<br />

<strong>Alger</strong> <strong>Hebdo</strong> : Que pensezvous<br />

de la 4 e édition <strong>du</strong> Festival<br />

international de la<br />

bande dessinée d’<strong>Alger</strong> ?<br />

Benyoucef Abbas : L’organisation<br />

est parfaite, le festival se<br />

passe dans les bonnes conditions,<br />

l’espace consacré à cet<br />

événement est ouvert, ce qui facilite<br />

le contact sans faire pression<br />

sur les participants. Le Festival<br />

commence à prendre <strong>du</strong> caractère<br />

et à devenir petit a petit<br />

un vrai festival consacré à la<br />

bande dessinée.<br />

<strong>La</strong> présence des bédéistes<br />

algériens est-elle prometteuse<br />

?<br />

Certainement. Il y a de plus en<br />

plus de jeunes talents qui viennent<br />

participer pour montrer leur<br />

savoir-faire. Cette rencontre établit<br />

un véritable contact entre les<br />

bédéistes professionnels et les<br />

amateurs, et comme vous l’avez<br />

vu, les visiteurs s’intéressent<br />

plus à la bande dessinée algérienne<br />

qu’à sa concurrente venue<br />

d’ailleurs.<br />

<strong>La</strong> concurrence entre la BD<br />

algérienne et la BD étrangères<br />

n’est-elle pas une<br />

affaire de prix ?<br />

<strong>La</strong> Bande dessinée locale représente<br />

l’Algérie, elle porte ses<br />

couleurs et reflète ses symboles,<br />

la majorité des visiteurs sont des<br />

jeunes, donc on doit tout faire<br />

pour que les prix soient raisonnables<br />

et a la portée de<br />

tous,contrairement à la bande<br />

dessiné étrangère qui offre la<br />

bonne qualité sans prendre en<br />

considération l’importance des<br />

prix qui peuvent atteindre les<br />

1500 DA pour une BD.<br />

Pourriez-vous nous parler<br />

de votre album actuel qui<br />

connaît un grand succès<br />

auprès des visiteurs ?<br />

Je participe cette année avec un<br />

nouvel album qui s’intitule «17<br />

octobre 1961, 17 bulles», en<br />

hommage aux Algériens tués<br />

dans les massacres qui ont visé<br />

une manifestation pacifique organisée<br />

par le FLN en France,<br />

l’œuvre est en quelque sorte un<br />

documentaire écrit et illustré,<br />

c’est une idée positive qui nous<br />

permet de faire découvrir l’histoire<br />

en images.<br />

Quels sont vos projets<br />

d’avenir dans ce domaine ?<br />

Pro<strong>du</strong>ire, lancer la bande dessinée<br />

historique et encourager ce<br />

genre d’événements. Je mets<br />

mon art au service de mon pays,<br />

je remercie Mme Dalila Nadjam,<br />

l’organisatrice <strong>du</strong> festival,<br />

qui donne chaque année aux bédéistes<br />

algériens et étrangers la<br />

chance de découvrir et de se faire<br />

découvrir.<br />

Prp. N. C.

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