Pistes pédagogiques Michel Gouéry et Slide Show - FRAC Auvergne
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<strong>Pistes</strong> <strong>pédagogiques</strong> Sous l’amazone coule un fleuve<br />
Programme de seconde : le dessin <strong>et</strong> la matérialité Œuvres Prolongements<br />
• La matérialité<br />
Les propriétés physiques de la matière <strong>et</strong> de la<br />
technique :<br />
- tirer parti des qualités physiques des matériaux,<br />
supports, médiums,<br />
- la technique révèle ces qualités : transparence, opacité...<br />
• Le dessin<br />
Il doit être confirmé comme une pratique plastique<br />
fondamentale <strong>et</strong> à part entière, qui n'est pas réductible à<br />
un simple savoir faire.<br />
La forme <strong>et</strong> l'idée :<br />
- processus de l'idée à la réalisation<br />
L'artiste dessinant <strong>et</strong> les « machines à dessiner » :<br />
- l'implication du corps<br />
- question de l'écriture de la gestualité<br />
David LYNCH<br />
A Parting Kiss , 2007 lithographie,<br />
66 x 86,5 cm, 30 ex./japon<br />
<strong>FRAC</strong> <strong>Auvergne</strong>, du 02 février au 12 mai 2013<br />
Pour David Lynch, la découverte en 2007 de c<strong>et</strong> atelier de gravure Idem, <strong>et</strong><br />
du procédé de la lithographie, ont été des éléments déclencheurs, « ce<br />
vaste champ de la lithographie s'est ouvert. Et plein d'idées en sont<br />
sorties » déclare t-il. « je dirais que l’atelier Idem a une atmosphère très<br />
spéciale, unique, qui encourage vraiment la création. Je pense que le lieu<br />
est très important, autrement dit, la même pierre pourrait être déplacée <strong>et</strong><br />
je pense que le travail qui en sortirait serait différent. Les idées viennent de<br />
la combinaison de la pierre, du lieu, des gens <strong>et</strong> de c<strong>et</strong>te atmosphère »(site:<br />
http://idemparis.com)<br />
Connu pour son travail cinématographique, il n'a jamais cessé de<br />
s'intéresser aux arts plastiques en réalisant notamment : dessins,<br />
aquarelles, mobiliers, photographies, tableaux avec ou sans ajouts de<br />
matières organiques. " Avant que je fasse des films, vous savez, je voulais<br />
être peintre. J'étais obsédé par la peinture, <strong>et</strong> l'image fixe. Ensuite, sont<br />
venus le cinéma <strong>et</strong> l'image en mouvement ». (cité dans<br />
www.cineclubdecaen.com/peinture/expositions/davidlynchagravelines.ht<br />
m)<br />
Les pierres sur lesquelles travaille David Lynch ont une histoire comme c<strong>et</strong><br />
atelier. Elles ont vu les mains des plus grands artistes du XXème siècle, de<br />
Matisse à Picasso en passant par Miro. C<strong>et</strong>te mémoire, que porte en elle la<br />
pierre, importe beaucoup pour David Lynch. Elles sont donc réemployées,<br />
après effacement par sablage, <strong>et</strong> certains défauts se r<strong>et</strong>rouvent d'une litho<br />
à l'autre. Le papier, également, joue un rôle extrêmement important dans<br />
la réalisation des lithographies. La porosité du papier japon qui est utilisé<br />
ici, élargit les nuances de la seule couleur utilisée : le noir. La<br />
caractéristique de ce papier, réalisé selon un procédé ancien, réside dans<br />
son irrégularité. Ses fibres non orientées lui donnent une texture<br />
particulière, sa solidité <strong>et</strong> sa résistance au temps.<br />
1
• Le dessin<br />
L'artiste dessinant <strong>et</strong> les «machines à dessiner » : L'artiste<br />
dessinant <strong>et</strong> les «machines à dessiner » :<br />
- question de l'écriture de la gestualité<br />
- l'extension aux technologies pose la question du statut<br />
de l'artiste <strong>et</strong> des savoir-faire<br />
• Le dessin<br />
La forme <strong>et</strong> l'idée :<br />
- processus de l'idée à la réalisation<br />
Le dessin de l'espace <strong>et</strong> l'espace du dessin<br />
- la représentation de l'espace : -origine cosmogonique,<br />
symbolique, poétique, rationnelle ou optique<br />
- produit des équivalents plastiques<br />
Fabian MARCACCIO<br />
Sans titre -1999, Acrylique - encre<br />
<strong>et</strong> silicone sur toile, 5 x (71 x 48)<br />
Alain JOSSEAU<br />
Time surface_blow up - 2009 -<br />
pierres noires <strong>et</strong> fusains sur<br />
papier - 180 x 300 cm, 15 dessins<br />
encadrés sous verre (chacun 60 x<br />
60 cm).<br />
Pour comprendre c<strong>et</strong>te œuvre de Fabian Marcaccio il faut rappeler que le<br />
dessin est un élément essentiel à son travail. « Depuis 1989, il réalise des<br />
dessins qui, régulièrement compilés dans des livres, constituent un<br />
glossaire, un dictionnaire évolutif compilant un alphab<strong>et</strong> pictural. Les<br />
quelques 700 dessins réalisés à ce jour forment un système de motifs<br />
recyclables à l'infini. Ils représentent des coups de pinceaux, des trames de<br />
toiles, des symboles politiques <strong>et</strong> guerriers, des coulures, des éléments<br />
organiques qui s'agencent entre eux comme des greffes picturales <strong>et</strong><br />
créent des séries de simulations architectoniques, démontables,<br />
renversables, superposables à volonté. Ils peuvent ensuite être numérisés<br />
puis sérigraphiés sur bâche synthétique ou faire l'obj<strong>et</strong> d'une modélisation<br />
en trois dimensions <strong>et</strong> devenir les matrices de moulages en silicone<br />
destinés à être fixés sur le support de l'oeuvre en devenir. C<strong>et</strong>te chirurgie<br />
plastique, au sens le plus littéral du terme, transforme le dessin originel <strong>et</strong><br />
l'intègre dans un ensemble constitué de centaines de moules utilisables<br />
individuellement ou combinables entre eux. La langue fait corps. »<br />
(Catalogue Fabian Marcaccio Paintant Archeology <strong>FRAC</strong> 2005 p3)<br />
Un ensemble de 15 dessins de 60x60cm compose Time surface_blow up. Il<br />
procède, à l’image du personnage principal du film d’Antonioni, par<br />
agrandissement de photogrammes. « Hélas, j'ai beau scruter je ne<br />
découvre rien d'autre que le grain du papier. Je défais l'image au profit de<br />
sa matière » Roland Barthes (cité par Danielle Delouche, Alain Josseau, à<br />
la vitesse des images, Galerie Claire Gastaud / Le Bar, 2012,p9)<br />
Le dessin est un moyen pour Alain Josseau, de condenser le temps<br />
cinématographique dans un temps de l’image fixe.<br />
« L'image étant agrandie, le nombre de signes élémentaires composant<br />
l'image diminue proportionnellement au taux d'agrandissement. L'image<br />
est donc de plus en plus altérée (devenant par là même une image en très<br />
basse définition) <strong>et</strong> comporte de moins en moins de signes d'autant plus<br />
qu'il re-photographie à chaque fois le tirage précédent, altérant <strong>et</strong><br />
diminuant par-là même à chaque stade la quantité de signes élémentaires<br />
constitutifs de l'image. On ne devine au final qu'un agrégat de points noirs<br />
<strong>et</strong> blancs plus ou moins organisé. C<strong>et</strong>te immersion dans l'image a détruit<br />
une part de l'information organisée, créant une image à la limite de<br />
l'abstrait » (Op. cité p19)<br />
2
- Intentions <strong>et</strong> visées artistiques du créateur : usage de<br />
rhétoriques visuelles codées, détournement des images<br />
<strong>et</strong> des langages<br />
Eric BAUDELAIRE<br />
Sugar<br />
Water -<br />
2006<br />
Vidéo HD<br />
- 72 mn<br />
Etage Etage Etage<br />
• Le dessin<br />
L'observation <strong>et</strong> la ressemblance :<br />
- l'imitation, la représentation produisent des écarts,<br />
• Le dessin<br />
L'observation <strong>et</strong> la ressemblance :<br />
- l'imitation, la représentation produisent des écarts,<br />
• La matérialité<br />
L'expérience de la matérialité :<br />
- interactions production artistique <strong>et</strong> environnement :<br />
physique, géographique, politique, social, humain...<br />
- relation au spectateur, notions : d'échelle, de mesure,<br />
de volume, de temps d'apparition, de temps d'exposition,<br />
d'immersion, de mise à distance, <strong>et</strong>c.<br />
• Le dessin<br />
L'observation <strong>et</strong> la ressemblance :<br />
- dessin d'observation <strong>et</strong> point de vue<br />
• La matérialité<br />
ERIKSSON Andreas<br />
Car passes at 19:58 21/11, 2010 -<br />
Acrylic on dibond<br />
100 x 85 cm<br />
Pierre-Olivier ARNAUD<br />
Sans titre, (proj<strong>et</strong>:<br />
cosmos – ciel 04) –<br />
2011 – sérigraphie<br />
sur papier –<br />
175x119<br />
Dove ALLOUCHE<br />
Charnier (détail) 2011 - Mine de<br />
plomb <strong>et</strong> encre sur papier - 106 x<br />
235 cm –<br />
Ces mêmes questions se posent avec la vidéo Sugar Water. On notera<br />
cependant qu’en plus, le spectateur se r<strong>et</strong>rouve devant une œuvre qu'il lui<br />
est difficile d’appréhender dans sa globalité en raison de sa durée. On<br />
pourrait rattacher c<strong>et</strong>te problématique à l’œuvre de Douglas Gordon 24h<br />
Psychose dans laquelle il diffuse le film d’Alfred Hitchcock au ralenti durant<br />
24h.<br />
Vivant loin de la ville la plus proche pour des raisons de santé, Andréas<br />
Eriksonn se concentre sur la contemplation de son environnement comme<br />
le montrent les images qui jalonnent son blog<br />
(http://medelplana.wordpress.com). Il photographie ce qu’il voit <strong>et</strong> qui<br />
l’intéresse <strong>et</strong> peint ce qu’il voit <strong>et</strong> nous intrigue. Ici ce sont les ombres de<br />
branches d’arbre proj<strong>et</strong>ées sur les murs de sa maison par les phares d’une<br />
voiture. Le titre précise son heure de passage. Mais c<strong>et</strong>te peinture, à peine<br />
perceptible, c’est aussi la matérialisation d’une relation<br />
intérieur/extérieur. C<strong>et</strong>te expérience est à rapprocher de celle de la<br />
chambre noire si ce n’est le renversement de l’image.<br />
Des teintes sourdes <strong>et</strong> désaturées, des détails grossis au point d’être<br />
rendus flous, puis abstraits surgissent d’un monochrome : telles sont les<br />
œuvres de Pierre-Olivier Arnaud. Des lignes traversent la surface de Sans<br />
titre, (proj<strong>et</strong>: cosmos – ciel 04. Ce sont les traces d’avion dans le ciel mais<br />
travaillées en négatif.<br />
L’œuvre est une sérigraphie directement collée sur le mur, comme un<br />
papier peint.<br />
Dans c<strong>et</strong>te construction de l’image se pose la question de la ressemblance<br />
ou de la distance que celle-ci entr<strong>et</strong>ient avec son référent comme il est<br />
précisé dans le programme de première obligatoire. C<strong>et</strong>te distance<br />
apparaît comme nulle, tellement la trace de l’outil disparaît pour<br />
confondre l’image avec la photographie, <strong>et</strong> pas forcément le réel. C’est le<br />
3
Les propriétés physiques de la matière <strong>et</strong> la technique :<br />
- l'intention, le dessein conduisent à l'invention <strong>et</strong> au<br />
perfectionnement technique.<br />
• La matérialité<br />
De la matière première à la matérialité de l'oeuvre :<br />
- production d'eff<strong>et</strong>s sensibles<br />
- diversité des matières<br />
- diversité des processus<br />
• Le dessin<br />
Le dessin de l'espace <strong>et</strong> l'espace du dessin :<br />
- le dessin génère son propre espace <strong>et</strong> révèle son<br />
support ou s'en dégage<br />
• Matérialité<br />
L'expérience de la matérialité :<br />
- la matérialité de l'oeuvre se déploie dans l'espace.<br />
- relation au spectateur, notions : d'échelle, de mesure,<br />
Alain SICARD<br />
2.70.100.11.KL - 70 x 100 cm –<br />
2011 - Huile sur Kölchner<br />
Gabriele CHIARI<br />
Sans titre (Aquarelle n°60) - 2009<br />
Aquarelle <strong>et</strong> encre Sumi sur<br />
papier<br />
73 x 110 cm<br />
cas avec l’œuvre Charnier qui est un diptyque réalisé à partir d’une plaque<br />
de verre stéréoscopique datant de 1917. Le principe de ce dispositif est de<br />
mieux rendre compte du relief par superposition. En les juxtaposant il « ré<br />
aplatit l’image –pour- lui donner une dimension d’archive » (D. Allouche<br />
journal de l’exposition). « Il s’agissait, à la manière d’un reporter de guerre<br />
pris dans l’urgence de l’événement, de rendre compte d’un paysage de<br />
cendres en mutation non par la photographie, mais seulement à partir de<br />
celle-ci pour aller vers le dessin. » (Dove Allouche cité par P.A. Michaud op<br />
cité p). En fait de dessin celui-ci "disparait sans laisser de trace", on<br />
gu<strong>et</strong>tera ça <strong>et</strong> là quelques inflexions du geste pour suggérer un fragment<br />
de corps.<br />
Alain Sicard sur peint « un papier « Klockner » qui lui perm<strong>et</strong> de peindre<br />
assez longuement dans le frais <strong>et</strong> même d’effacer la peinture pour la<br />
recommencer. Chaque peinture est faite en une séance – ratée ou réussie<br />
– pendant laquelle, il peint sur une feuille, efface, recommence, jusqu’à<br />
trouver la solution ou jusqu’à épuiser c<strong>et</strong>te surface. Il ne revient pas sur<br />
les peintures dans une séance ultérieure […] Il s’agit pour lui de peindre<br />
d’un geste autoritaire jusqu’à ce qu’il trouve quelque chose : « La question<br />
de l’autorité du geste pictural a été un enjeu important de ces dernières<br />
années. Cela m’a conduit à être plus rapide <strong>et</strong> plus décisif dans ma<br />
pratique » dit-il ». (Journal de l’exposition) Il utilise de la peinture à l’huile,<br />
très liquide, qui recouvre le support d’une pellicule mince <strong>et</strong> lisse dont la<br />
finition est parfois brillante. La superposition crée c<strong>et</strong>te surface<br />
faussement fragile, une strate cachant une autre strate qui en cache peutêtre<br />
une troisième, au moins. « La peinture d'Alain Sicard est mince<br />
comme une photographie, dont elle mime parfois le brillant <strong>et</strong> les marges<br />
blanches » écrit Pierre Wat (http://www.alainsicard.fr)<br />
Gabriele Chiari est une artiste exigeante qui travaille un seul médium<br />
l’aquarelle. Chaque œuvre procède d’un processus singulier où<br />
interviennent les multiples variations entre le papier, le pigment <strong>et</strong> l’eau.<br />
Elle travaille dans des formats assez importants pour ce type de médium,<br />
toujours le même 73x110, du moins pour c<strong>et</strong>te série de grands formats.<br />
Les grands formats, les papiers d'important grammage correspondent à<br />
une double exigence : celle de la justesse de l'échelle, du rapport entre la<br />
forme, sa couleur, sa texture <strong>et</strong> le rectangle de papier » dit Cédric Loire<br />
4
de volume, de temps d'apparition, de temps d'exposition,<br />
d'immersion, de mise à distance, <strong>et</strong>c…<br />
Le dessin : originellement, dessiner signifiait aussi bien<br />
former le proj<strong>et</strong> que tracer les contours.<br />
• La matérialité<br />
De la matière première à la matérialité de l'oeuvre :<br />
- production d'eff<strong>et</strong>s sensibles<br />
Martial RAYSSE<br />
Montsalvatché (série du Graal) -<br />
1984<br />
Technique mixte sur toile, cadre<br />
peint - 80 x 120 cm<br />
Marc COUTURIER<br />
Lauzes - 1993<br />
Lauze - 35 x 317 cm<br />
(site de l’artiste http://www.gabrielechiari.at).<br />
Le papier est travaillé, humidifié plié, soumis à des opérations successives,<br />
qui ne sont pas sans rappeler le travail de Simon Hantaï. Il s’agit de « Faire<br />
<strong>et</strong> refaire. Faire <strong>et</strong> refaire jusqu’à intérioriser le geste, connaître les<br />
éléments en jeu <strong>et</strong> leur réaction les uns aux autres pour que l’aquarelle<br />
semble se faire d’elle-même. » dit-elle (Cité par Eric Suchère site du <strong>FRAC</strong><br />
<strong>Auvergne</strong>). Pour c<strong>et</strong>te œuvre, seule la partie inférieure reçoit les pigments,<br />
la partie supérieure restant vierge de toute intervention.<br />
Grabriele Chiari pratique aussi le dessin mais ce n’est pas le préalable à la<br />
réalisation des aquarelles, au contraire. Pour pallier la difficulté de<br />
photographier ses œuvres, elle en a fait des dessins. « Réalisés sur papier<br />
bristol, elle leur a donné la précision de la mise au carreau doublée du<br />
réalisme de l'illusion. Systématisant ce choix, ils ont pris leur statut propre.<br />
P<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it, ils ont matérialisé la distance prise par l'artiste pour pouvoir<br />
les re-produire » précise Marielle Barascud<br />
(in http://www.gabrielechiari.at/f/f_frames.htm)<br />
Comme il est rappelé dans le journal de l’exposition « Le parcours de<br />
Martial Raysse est des plus atypiques <strong>et</strong> probablement l’un des plus libres<br />
qui soient […] En 1969, il se r<strong>et</strong>ire hors du monde de l’art, n’expose plus<br />
mais ne cesse pas pour autant de travailler […] Son univers bascule vers<br />
une découverte picturale des campagnes, des arbres, de la mer, des<br />
nuages, des astres <strong>et</strong> des rapports qui s’établissent entre ces choses. »<br />
Béatrice Salmon précise que : « A son tour, comme ses pères peintres,<br />
Martial Raysse s'essaye à dessiner un arbre. Au fil des années, le pommier<br />
du fond du pré, après avoir été croqué d'un geste nerveux, en couleurs<br />
puis à l'encre de Chine, va être happé par le regard <strong>et</strong> restitué d'un geste<br />
précis, dix fois repris au crayon noir pour mieux rendre compte des eff<strong>et</strong>s<br />
de la lumière. Leçon de vie, leçon de dessin, désormais Martial Raysse<br />
pratique le genre avec une réelle humilité mais aussi un orgueil <strong>et</strong> une<br />
confiance en soi nécessaires. » (catalogue de l’exposition Martial Raysse<br />
Chemin faisant, Frère Crayon <strong>et</strong> Sainte Gomme, 1997 MNAM)<br />
La lauze est présentée ici à l’état brut, sans travail particulier du matériau.<br />
C’est un obj<strong>et</strong> trouvé au sol ou sur le toit d’une ruine. Par le<br />
« Redressement » l’obj<strong>et</strong> va changer de statut comme le précise Marc<br />
5
- diversité des matières : minérale, organique, sonore,<br />
naturelle, artificielle,« noble », « triviale », ...<br />
- diversité des processus : modelage, collage,<br />
assemblage, stratification, empilement…<br />
• La matérialité<br />
De la matière première à la matérialité de l'oeuvre :<br />
- production d'eff<strong>et</strong>s sensibles<br />
- diversité des matières : minérale, organique, sonore,<br />
naturelle, artificielle,« noble », « triviale », ...<br />
• La matérialité<br />
De la matière première à la matérialité de l'oeuvre :<br />
- production d'eff<strong>et</strong>s sensibles<br />
- diversité des matières : minérale, organique, sonore,<br />
naturelle, artificielle,« noble », « triviale », ...<br />
- diversité des processus : modelage, collage,<br />
assemblage, stratification, empilement…<br />
L'expérience de la matérialité :<br />
- relation au spectateur, notions : d'échelle, de mesure,<br />
de volume, de temps d'apparition, de temps d'exposition,<br />
d'immersion, de mise à distance, <strong>et</strong>c.<br />
• La matérialité<br />
Les propriétés physiques de la matière <strong>et</strong> de la<br />
technique :<br />
- tirer parti des qualités physiques des matériaux,<br />
supports, médiums,<br />
- la technique révèle ces qualités : transparence, opacité...<br />
La forme <strong>et</strong> l'idée :<br />
- processus de l'idée à la réalisation<br />
L'artiste dessinant <strong>et</strong> les « machines à dessiner » :<br />
Achyara VYAKUL<br />
Sans titre - 1999 - 27 x 20 cm<br />
Pigments naturels sur papier<br />
Roland COGNET<br />
Sans titre - 1992 - Frêne, acier -<br />
80 x 96 x 40 cm<br />
Jean-Luc MYLAYNE<br />
N°367 - Février-mars 2006 - 2006<br />
Photographie - 125 x 155 cm<br />
Couturier : « On est dans la réalité tant que ce n'est pas fait, lorsque c'est<br />
au sol. La forme que prend la chose redressée est l'amorce d'une forme de<br />
vérité, <strong>et</strong> aussi de perfection, on touche à la perfection, d'une manière<br />
tactile <strong>et</strong> au-delà ». (Entr<strong>et</strong>ien avec Bernard Goy – Nin<strong>et</strong>y n°24) (Cf. p. p.<br />
enseignements facultatifs)<br />
Des formes émergent de la couleur sans que l’on sache à quoi elles se<br />
réfèrent. C’est « l’idée d’une représentation de l’essence des choses plutôt<br />
que de leur apparence » écrit Eric Suchère (Journal de l’exposition) qui<br />
motive la peinture de l’artiste indien. Ses teintes, il les fabrique lui-même,<br />
broie dans ses mortiers les pierres, les plantes, les terres, l'urine de vache,<br />
le charbon, les colles, les fleurs <strong>et</strong> les poudres, utilise tout ce qui lui tombe<br />
sous la main : du rouge à lèvre ou du café, <strong>et</strong> le plus souvent directement<br />
avec ses doigts.<br />
Les matériaux sont r<strong>et</strong>ravaillés par des processus sculpturaux différents. Le<br />
bois est comme gravé de striures profondes qui sur jouent l’écorce de<br />
l’arbre dans l’épaisseur du bois. Le métal est, quant à lui, modelé. L’arbre à<br />
terre, posé au sol, renvoie à l’idée de paysage (cf. pistes <strong>pédagogiques</strong> de<br />
première)<br />
Ce sont des tableaux photographiques que réalise Jean Luc Mylayne. « La<br />
photographie me perm<strong>et</strong> de vérifier simplement un instant – une mise en<br />
scène – qui existe véritablement. Quand je vois une scène avec un oiseau<br />
dans un contexte humain, c’est très poétique, <strong>et</strong> j’essaye de la<br />
reconstituer. Il y a une multitude d’évènements qui ont lieu en même<br />
temps <strong>et</strong> que l’on ne peut jamais refaire. Autant que possible, je refais ce<br />
que j’ai vu, <strong>et</strong> la photographie est la preuve que cela a existé. » (Jean-Luc<br />
Mylayne livr<strong>et</strong> d’exposition Tête d’or MAC Lyon).<br />
Le travail de Jean Luc Mylayne consiste à observer les oiseaux,<br />
6
• Le dessin<br />
La forme <strong>et</strong> l'idée :<br />
- esquisse, croquis, étude, ébauche, épure, schéma<br />
L'observation <strong>et</strong> la ressemblance :<br />
- renouvellement des codes de représentation<br />
• La matérialité<br />
L'expérience de la matérialité :<br />
- la matérialité de l'oeuvre se déploie dans l'espace.<br />
Stephen MAAS<br />
Singaringasong - 1998 - Aquarelle<br />
sur aluminium - 200 x 100 cm<br />
comprendre leurs habitudes <strong>et</strong> composer avec eux. Ils sont en quelque<br />
sorte les acteurs de ses images. Cela expliquant le temps, ici deux mois,<br />
qu’il m<strong>et</strong> à réaliser une photographie (cf fiche première).<br />
La photographie à également quelque chose de troublant. Une zone floue<br />
envahit le paysage dans sa partie médiane <strong>et</strong> le tronc d’arbre semble se<br />
dédoubler dans sa partie inférieure, comme si l’appareil photographique<br />
avait bougé à la prise de vue. Cependant les oiseaux sont n<strong>et</strong>s, mais très<br />
discr<strong>et</strong>s, <strong>et</strong> le paysage dans la partie droite également. Ces « anomalies »<br />
résultent d’une préparation très complexe des lentilles.<br />
« Stephen Maas est sculpteur mais il faut entendre la pratique de la<br />
sculpture dans un sens élargi puisqu'elle peut comprendre l'aquarelle <strong>et</strong> la<br />
photographie » écrit Eric Suchère (Catalogue du <strong>FRAC</strong> Maille qui maille<br />
2001 p12). Le dessin est une pratique constante notamment quand durant<br />
deux années, ne disposant plus d’atelier, il a arpenté la garrigue du sud de<br />
la France pour observer les oiseaux, les dessiner comme en témoignent les<br />
autres dessins conservés dans la collection du <strong>FRAC</strong> <strong>Auvergne</strong>. « S'il lui<br />
arrive de redessiner les sculptures sans les voir, le dessin - fait de mémoire<br />
- ne constitue en rien une étude qui lui perm<strong>et</strong>tra de modifier la sculpture<br />
mais un autre moyen pour ne pas la figer, pour prolonger son mouvement<br />
dans l'écart qui existe, alors, entre l'obj<strong>et</strong> <strong>et</strong> sa représentation. S'il s'agit<br />
d'une mémoire de l'image, il s'agit aussi d'une mémoire du corps : il tente<br />
de passer "du corps de la sculpture à l'œil du dessin. Il r<strong>et</strong>rouve, en cela,<br />
l'observation des oiseaux <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te tentative qu'il faisait, dans la garrigue,<br />
pour attraper - aux jumelles - quelque chose au vol, pour saisir un<br />
mouvement. Regarder des oiseaux avec des jumelles suppose de passer<br />
sans arrêt du flou au n<strong>et</strong> ce qui constitue une bonne métaphore de la<br />
mémoire, de l'arrêt, du mouvement <strong>et</strong> de la saisie. En faisant des<br />
aquarelles d'oiseaux - elles aussi de mémoire - il tente d'attraper les<br />
choses, de les révéler dans un déclic comme dans la prise d'une<br />
photographie car l'utilisation de l'aquarelle ne suppose aucun repentir, il<br />
faut produire le geste juste qui fera sa réussite." rajoute Eric Suchère (Op.<br />
cité p13)<br />
7
• La matérialité<br />
• La matérialité<br />
De la matière première à la matérialité de l'oeuvre :<br />
- diversité des matières : minérale, organique, sonore,<br />
naturelle, artificielle, « noble », « triviale », ...<br />
- diversité des processus : modelage, collage,<br />
assemblage, stratification, empilement,<br />
Les propriétés physiques de la matière <strong>et</strong> la technique :<br />
- tirer parti des qualités physiques des matériaux,<br />
supports, médiums.<br />
- la technique révèle ces qualités : transparence, opacité,<br />
rugosité, rigidité,<br />
porosité, malléabilité, ...<br />
• Le dessin<br />
Le dessin de l'espace <strong>et</strong> l'espace du dessin :<br />
- le dessin génère son propre espace <strong>et</strong> révèle son<br />
support ou s'en dégage<br />
- le dessin se déploie dans l’espace en 3D<br />
Patrick CONDOURET<br />
Relief n°2 - 2005<br />
Acier, fil de coton - 61 x 38 x 16<br />
cm<br />
Erwan BALLAN<br />
Thanks for all lulu, <strong>et</strong>c... - 2001<br />
Verre, silicone, bois, métal, fils de<br />
scoubidou<br />
2008- 160 x 160 cm<br />
Dans c<strong>et</strong>te salle le dessin trouve des formes d’expression qui se déploient<br />
dans l’espace. C’est le cas des œuvres de Erwan Ballan <strong>et</strong> de Patrick<br />
Condour<strong>et</strong>. C<strong>et</strong>te sculpture réticulée, d'apparence précaire, a aussi une<br />
origine liée au dessin, mais un dessin sans visée préalable sinon celle de<br />
l’action (cf. pistes <strong>pédagogiques</strong> de 6 ème ). Les combinaisons <strong>et</strong><br />
assemblages reposent sur des « recherches d'associations <strong>et</strong> de contrastes<br />
de formes, matières, couleurs, textures, dur<strong>et</strong>é ou souplesse... Elles<br />
témoignent aussi du plaisir enfantin qu'il y a à trouver deux éléments,<br />
étrangers l'un à l'autre, dont les formes peuvent pourtant s'associer à la<br />
manière des pièces d'un jeu de construction, ou de la malice qu'il y a à<br />
réunir des formes, des matières ou des densités incompatibles. » écrit<br />
Cédric Loire (Catalogue P. Candour<strong>et</strong> Laurent Mazuy ed. L’AGART 2006).<br />
Dans le travail d’Erwan Ballan on r<strong>et</strong>rouve une variété encore plus grande<br />
de matériaux. C’est aussi l’enfance, « univers qui ne cesse de nourrir mon<br />
rapport le plus intime avec les matières, les gestes. Le titre, lui-même est<br />
un hommage à sa grand-mère décédée <strong>et</strong> le e.t.c. ne signifie pas <strong>et</strong> c<strong>et</strong>era,<br />
mais fait référence à la comparaison que faisait Walter Benjamin entre la<br />
peinture <strong>et</strong> la marelle – autre jeu d’enfance – <strong>et</strong> les deux y sont, pour lui,<br />
entre « Enfer, terre <strong>et</strong> ciel <strong>et</strong> autres choses semblables » dit Erwan Ballan<br />
(Journal de l’exposition)<br />
Erwan Ballan procède à une déconstruction du tableau tel que l’avait initié<br />
le groupe Supports-Surfaces. C<strong>et</strong>te peinture est aussi hantée par des<br />
figures tutélaires comme le précise Cédric Loire : « celle de Mondrian, à<br />
qui il emprunte ses structures géométriques, qu’il matérialise <strong>et</strong> déploie<br />
dans des configurations proliférantes ; celle de Pollock, dont il r<strong>et</strong>ient<br />
l’ambivalence du geste, incarnant la peinture <strong>et</strong> la m<strong>et</strong>tant à distance<br />
simultanément ; celle de Duchamp aussi, qui l’a conduit à abandonner une<br />
pratique <strong>et</strong> des matériaux « traditionnels », <strong>et</strong> à déplacer sa pratique<br />
picturale, notamment en intégrant des matériaux provenant de l’industrie,<br />
du bâtiment <strong>et</strong> du monde médical ». (http://h<strong>et</strong>erotopiques.blogspot.fr/)<br />
8
• Le dessin :<br />
Le dessin de l'espace <strong>et</strong> l'espace du dessin :<br />
- le dessin génère son propre espace <strong>et</strong> révèle son<br />
support ou s'en dégage<br />
• La matérialité<br />
Les propriétés physiques de la matière <strong>et</strong> la technique :<br />
- la technique révèle ses qualités : transparence, opacité<br />
- Données matérielles : technique de création <strong>et</strong> moyen<br />
de production.<br />
• Le dessin :<br />
l’élève est amené à expérimenter <strong>et</strong> maîtriser une grande<br />
variété de pratiques graphiques. Elles doivent lui<br />
perm<strong>et</strong>tre d’appréhender les rapports qu’entr<strong>et</strong>iennent<br />
l’idée, l’émergence de la forme <strong>et</strong> la pratique du dessin.<br />
Le dessin de l'espace <strong>et</strong> l'espace du dessin :<br />
- le dessin génère son propre espace <strong>et</strong> révèle son<br />
support ou s'en dégage<br />
Gilgian GELZER<br />
Sans titre - 2011 - 200 x 150 cm<br />
Graphite <strong>et</strong> crayons de couleur<br />
sur papier<br />
Roland FLEXNER<br />
Sans titres #11, #17, #48 - 2000 -<br />
17 x 24 cm chaque<br />
Encre indienne <strong>et</strong> savon sur<br />
papier recouvert d’argile<br />
« Chez lui, le dessin est une pratique autonome. Il n’est en rien une étude<br />
préparatoire aux peintures mais constitue un équivalent à celles-ci. Au<br />
recouvrement par voiles, par transparences, construisant l’espace pictural<br />
par une série de palimpsestes, répondent les dessins dans lesquels les<br />
différentes strates restent sur une même surface, annulent en partie la<br />
profondeur des peintures parce qu’ils sont sans masse. L’espace n’est plus<br />
un espace physique mais mental. » (journal de l’exposition) Gilgian Gelzer<br />
dit ne pas avoir de proj<strong>et</strong> particulier dans le dessin. « Pour moi, c'est une<br />
manière d'arriver à voir les choses. Le dessin est une sorte de réflexion<br />
pour toute sorte d'autres choses. Ce peut-être une manière de réfléchir à<br />
ce que je vais faire en peinture, à ce que je faire dans la journée, à la<br />
manière dont je vais rencontrer quelqu’un… » (Gilgian Gelzer Face Time<br />
exposition au <strong>FRAC</strong> <strong>Auvergne</strong> 2004) Dans le dessin Sans titre de 2011<br />
l’imbrication de lignes <strong>et</strong> leur forte densité produit un espace all over<br />
traduit. les brusques changements de direction ne viennent pas perturber<br />
la grande souplesse des circonvolutions. Ils traduisent c<strong>et</strong>te indécision qui<br />
procède de la recherche dans laquelle s’inscrit c<strong>et</strong>te démarche artistique.<br />
« J'essaye de r<strong>et</strong>rouver dans le dessin des sensations liées à d'autres sens.<br />
C'est quelque chose de physique, de tactile, de sonore, de global. » dit-il<br />
encore (Op. cité). Eric Suchère définit ce fourmillement : « La densité de<br />
l'organisation est une densité de l'information est un brouillage : brouille<br />
la capacité qu'a le spectateur à repérer la structure générale, le principe<br />
de concaténation des éléments : formes complexes dans des imbrications<br />
complexes. » (Op. cité)<br />
La procédure de création emprunte à une technique orientale m<strong>et</strong>tant en<br />
évidence l’un des aspects du travail en arts plastiques : l’expérimentation,<br />
« la cuisine » du peintre. Paradoxalement la procédure de réalisation m<strong>et</strong><br />
en scène le hasard mais conduit à des images dans lesquelles une certaine<br />
forme de figuration n’est pas absente. C’est un univers qui est en eff<strong>et</strong><br />
suggéré dans les p<strong>et</strong>ites œuvres de Roland Flexner.<br />
9
• La matérialité<br />
De la matière première à la matérialité de l’oeuvre :<br />
- l’observation de la réalité concrète conduit les élèves à<br />
percevoir le rôle de la matérialité dans les eff<strong>et</strong>s sensibles<br />
que produit l’oeuvre.<br />
- m<strong>et</strong>tre en évidence la très grande diversité des matières<br />
(minérales, organiques, sonores, naturelles, artificielles, «<br />
nobles », « triviales », <strong>et</strong>c.),<br />
- les origines <strong>et</strong> les processus de transformation<br />
(modelage, collage, assemblage, stratification,<br />
empilement, <strong>et</strong>c.) qui mènent à l’oeuvre.<br />
• Le dessin : originellement, dessiner signifiait aussi bien<br />
former le proj<strong>et</strong> que tracer les contours. Dans le contexte<br />
actuel des technologies numériques <strong>et</strong> des pratiques du<br />
dessin, l’élève est amené à expérimenter <strong>et</strong> maîtriser une<br />
grande variété de pratiques graphiques. Elles doivent lui<br />
perm<strong>et</strong>tre d’appréhender les rapports qu’entr<strong>et</strong>iennent<br />
l’idée, l’émergence de la forme <strong>et</strong> la pratique du dessin.<br />
La dynamique ainsi créée favorise la construction d’un<br />
obj<strong>et</strong> artistique. L’élève est conduit à concevoir son<br />
dessin comme support de sa pensée, comme moyen de la<br />
capter.<br />
<strong>Michel</strong> GOUéRY<br />
Frère Javel - 2010<br />
Céramique émaillée- 195 x 60 x<br />
30 cm<br />
Rémy JACQUIER<br />
Pingle - 2011<br />
Pongle – 2011 - Pigments <strong>et</strong><br />
fusain sur papier - 210 x 150 cm<br />
chaque<br />
Le travail de la sculpture, surtout quand il est réalisé avec la terre, perm<strong>et</strong><br />
un rapport plus charnel à la matière. Il y a aussi quelque chose de l’ordre<br />
de l’immédiat<strong>et</strong>é dans la manipulation de la glaise. <strong>Michel</strong> Gouèry<br />
explique ainsi le passage de la peinture à la sculpture: « Les peintures que<br />
j’ai faites à la fin, avant de cesser de peindre, étaient de plus en plus<br />
longues à faire ; certaines étaient même programmées à l’avance. La<br />
fabrication n’était donc pas toujours très drôle. Lorsque j’ai commencé la<br />
sculpture, je suis redevenu comme un enfant en train de travailler sa pâte<br />
à modeler sur la table. Il y avait une forme de jubilation due au fait de<br />
pouvoir faire une pièce en quelques heures» (Catalogue de l’exposition).<br />
Les opérations auxquelles il se livre vont aller en se complexifiant jusqu'à<br />
l’utilisation de mannequins pour les figures debout ou le moulage pour les<br />
portraits présentés à l’étage.<br />
La pratique du dessin est essentielle dans le proj<strong>et</strong> artistique de Remy<br />
Jacquier. Que ce soit dans ses sculptures architecturales, ses instruments<br />
de musique ou ces deux œuvres appartenant à la série des Phosphènes, la<br />
question du dessin est centrale pour « que les autres pratiques qui se sont<br />
développées au fil du temps découlent de c<strong>et</strong>te expérience-là»déclare t-il<br />
(Catalogue Remy Jacquier entr<strong>et</strong>ien avec Olivier Delavallade <strong>et</strong> texte de<br />
Karim Ghaddab Galerie Ceysson <strong>et</strong> domaine de Kerguéhennec 2011, p10).<br />
Pour c<strong>et</strong>te série, il élabore une procédure (voir p.p. 1 er option) dans<br />
laquelle une forme de hasard est en jeu dans la mesure où il n’y a pas de<br />
contact direct avec le support, dans une forme de « lâcher prise ».<br />
« Philippe-Alain Michaud relève c’est que c<strong>et</strong>te recherche de la perte<br />
partielle du contrôle a partie liée avec les linéaments du dessin. Ce n'est<br />
pas une forme préconçue qui guide la main de l’artiste. Ni même, dans le<br />
cours de l'exécution, l'établissement de liaisons entre les différentes<br />
étapes ou les différents points du dessin. Le tracé reste constamment<br />
partiel : l'eff<strong>et</strong> de composition n'intervient qu'après coup. L'artiste ne<br />
décide ni de l'orientation, ni de la durée de son traj<strong>et</strong>, <strong>et</strong> le fil qu'il doit<br />
suivre dans l'obscurité ne le conduit pas à la forme achevée : il suit un<br />
mouvement de r<strong>et</strong>our vers c<strong>et</strong>te zone indistincte où le visuel se rattache à<br />
l'inconnu.» (Cité par Karim Gaddab, op. cité p24)<br />
10
• La matérialité<br />
L'expérience de la matérialité :<br />
- la matérialité de l'oeuvre se déploie dans l'espace.<br />
La forme : il s’agira de considérer prioritairement son<br />
acception concrète, celle désignant la figure constituée<br />
dans l’espace par les contours d’un obj<strong>et</strong> matériel,<br />
figuratif ou non, ou encore celle désignant l’aspect<br />
général extérieur.<br />
• Le dessin : originellement, dessiner signifiait aussi bien<br />
former le proj<strong>et</strong> que tracer les contours.<br />
Jean LAUBE<br />
Boucle- 2007- 40 x 56 x 7,5 cm<br />
Acrylique sur panneau découpé<br />
<strong>et</strong> collé<br />
Dominique LIQUOIS<br />
Bad Stream- 2009- Huile,<br />
acrylique sur toile, tissu,<br />
rembourrage, fil - 152 x 150 cm<br />
Jessica<br />
WARBO<br />
YS<br />
Masked<br />
– 2011 -<br />
Cyanoty<br />
pe sur<br />
toile -<br />
345 x<br />
219 cm<br />
Les trois œuvres qui suivent offrent la possibilité d’une approche<br />
diversifiée de la forme. Les « boucles » de l’œuvre de Jean Laube se<br />
déploient <strong>et</strong> définissent la forme en même temps quelles vont définir les<br />
limites du « tableau ». Ce travail rappelle directement les compositions en<br />
reliefs, baroques, de Frank Stella dans lesquelles il entrelace une multitude<br />
de formes découpées. Plus modeste dans son volume, Boucle est aussi un<br />
enchevêtrement de lignes qu’accentue le travail pictural. « la couleur<br />
apposée en jus mats produit un dessin qui complète ou perturbe celui<br />
donné par la découpe des éléments du support » écrit Eric Suchère<br />
(journal de l’exposition)<br />
Bad Stream est une œuvre bien plus grande, « elle traite de la surface <strong>et</strong><br />
de ses extensions, organise une construction du plan du tableau par<br />
emboîtement de formes <strong>et</strong> de fragments » écrit Marion Daniel ; <strong>et</strong> il<br />
ajoute : « L’artiste associe en eff<strong>et</strong> un vocabulaire d’inspiration moderniste<br />
de formes géométriques <strong>et</strong> biomorphiques aux couleurs très vives, à des<br />
tissus bariolés <strong>et</strong> motifs venus d’ailleurs ».<br />
(http://dominiqueliquois.tumblr.com/). Le tissu gonflé de rembourrage<br />
perm<strong>et</strong> à la forme de sortir du plan du tableau. Dans les œuvres de<br />
Dominique Liquois on assiste à un basculement de la forme de l’espace<br />
illusionniste du tableau vers l’espace du spectateur. La forme avance vers<br />
nous dans un déploiement qui n’est pas sans rappeler l’art baroque, ou<br />
celui des « grotesques ». « La peinture de Dominique Liquois crée c<strong>et</strong>te<br />
forme d’hybridité en agrégeant des éléments qui se « contrebalancent »<br />
les uns les autres selon sa propre formule ». (Marion Daniel opus cité)<br />
Le dessin comme contour d’une forme est à l’œuvre dans Masked de<br />
Jessica Warboys. Mais celui-ci est le résultat d’un processus qui se<br />
rapporte à l’image photographique (cf. p.p. 1 ère option), produite par<br />
contact direct avec des obj<strong>et</strong>s. Sur c<strong>et</strong>te grande œuvre «apparaissent les<br />
ombres d’une sélection de masques <strong>et</strong> de cadres trouvés. Ici, plusieurs<br />
grandes toiles ont été déchirées <strong>et</strong> assemblées en collage, elles se<br />
chevauchent <strong>et</strong> se recouvrent donnant un aspect labyrinthique » dit<br />
Jessica Warboys (http://www.jeudepaume.org/index.php?idArt=1412&<br />
lieu=6&page=article) C<strong>et</strong>te œuvre a été réalisée à l’occasion d’une<br />
exposition organisée par le musée du Jeu de Paume à la Maison d’art<br />
Bernard Anthonioz à Nogent-sur-Marne.<br />
11
• Le dessin : Le dessin de l'espace <strong>et</strong> l'espace du dessin :<br />
- le dessin génère son propre espace <strong>et</strong> révèle son<br />
support ou s'en dégage<br />
• La matérialité<br />
De la matière première à la matérialité de l'oeuvre :<br />
- production d'eff<strong>et</strong>s sensibles<br />
- diversité des processus : modelage, collage,<br />
assemblage, stratification,<br />
empilement,<br />
Al MARTIN<br />
Eidétique paressante - 2009-2010<br />
365couches d’acrylique poncées<br />
sur<br />
toile -<br />
42 x 35<br />
Un dessin en négatif, en creux, qui est le résultat d’opérations<br />
successives : 365 couches de peinture, appliquées en glacis ou<br />
empâtement, correspondant à autant de jours, pour aboutir à un rouge<br />
irradiant. C<strong>et</strong>te surface, immaculée en raison du ponçage, est ensuite<br />
creusée de cratères. Le creusement de ces strates de peinture perm<strong>et</strong> en<br />
quelque sorte de remonter le temps, tout en dessinant des carottages<br />
circulaires qui s’organisent symétriquement par rapport à un axe vertical.<br />
Par sa démarche processuelle Al Martin cherche à provoquer ce que Eric<br />
Suchère nomme « l’émerveillement devant un jamais vu pictural ».<br />
(Journal de l’exposition)<br />
Document réalisé par Patrice Leray professeur correspondant culturel auprès du <strong>FRAC</strong>, permanence le vendredi de 11h à 14h tel : 04 73 90 50 00 patrice.leray@acclermont.fr<br />
Ensemble adoptons des gestes responsables : n'imprimez ce courriel que si nécessaire !<br />
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