Parties semi-algébriques d'une variété algébrique p-adique
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manuscripta math. 111, 513–528 (2003) © Springer-Verlag 2003<br />
Antoine Ducros<br />
<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong><br />
p-<strong>adique</strong><br />
Received: 4 July 2002 / Revised version: 28 February 2003<br />
Published online: 2 July 2003<br />
Abstract. Let k be a field complete with respect to an ultrametric absolute value, let A be a<br />
finitely generated k-algebra and let X be its spectrum. We denote by X an the analytification<br />
à la Berkovich of the algebraic variety X. We say that a subset of X an is <strong>semi</strong>-algebraic<br />
if it can be defined by a boolean combination of inequalities |f |⊲⊳λ|g| where f and<br />
g are in A, where ⊲⊳ is a symbol belonging to {, ≤, ≥} and where λ is a positive<br />
real number. In this text we show that the image of any <strong>semi</strong>-algebraic subset under an<br />
algebraic map between affine varieties is <strong>semi</strong>-algebraic, and that a <strong>semi</strong>-algebraic subset<br />
has only finitely many connected components, each of which is <strong>semi</strong>-algebraic. In fact our<br />
results concern not only algebraic varieties, but also analytic families of algebraic varieties<br />
which are parametrized by an affinoid space.<br />
1. Introduction<br />
Soit X une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> sur R et A l’anneau des fonctions polynomiales<br />
sur X . Une partie de X (R) est dite <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> si elle peut être définie par<br />
une combinaison booléenne d’inégalités entre fonctions appartenant à A. Les deux<br />
assertions suivantes sont classiques :<br />
a) Soit ϕ : Y → X un morphisme entre R-<strong>variété</strong>s <strong><strong>algébrique</strong>s</strong> affines. L’image<br />
par ϕ de toute partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de Y(R) est une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong><br />
de X (R) (cf. [3], th. 2.2.1) ;<br />
b) soit X une R-<strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> affine de type fini et P une partie <strong>semi</strong><strong>algébrique</strong><br />
de X (R). Les composantes connexes de P sont en nombre fini<br />
et sont <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> (cf. [3], th. 2.2.4 et th. 2.2.5).<br />
Le but de cet article est d’établir des résultats analogues pour les <strong>variété</strong>s <strong><strong>algébrique</strong>s</strong><br />
sur un corps k complet pour une valeur absolue ultramétrique. Si l’on munit simplement<br />
l’ensemble des k-points (ou même des points à valeurs dans une clôture<br />
<strong>algébrique</strong> donnée de k) d’une telle <strong>variété</strong> de la topologie induite par celle de k<br />
on obtient un espace qui est totalement discontinu, ce qui ôte tout espoir d’obtenir<br />
un énoncé du type b). Aussi a-t-on fait ici le choix de se placer dans le cadre de<br />
la théorie des espaces analytiques de Berkovich qui sont munis d’une topologie<br />
“sympathique” : ainsi chacun de leurs points a une base de voisinages compacts et<br />
connexes par arcs.<br />
A. Ducros: IRMAR Université de Rennes 1, Campus de Beaulieu, 35042 Rennes CEDEX,<br />
France. e-mail: antoine.ducros@univ-rennes1.fr<br />
DOI: 10.1007/s00229-003-0382-4
514 A. Ducros<br />
Si X est une k-<strong>variété</strong> on lui associe de manière naturelle un espace analytique<br />
X an , et tout morphisme ϕ : Y → X entre k-<strong>variété</strong>s induit une application ϕ an :<br />
Y an → X an entre leurs analytifications. Soit X une k-<strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> affine et<br />
A l’anneau des fonctions polynomiales sur X . Une partie de X an sera dite <strong>semi</strong><strong>algébrique</strong><br />
si elle peut être définie par une combinaison booléenne d’inégalités de<br />
la forme |f |⊲⊳λ|g| où f et g sont éléments de A, où λ est un réel positif, et où<br />
⊲⊳ est un symbole appartenant à {,≥}. Les deux résultats principaux de ce<br />
texte sont les suivants:<br />
Proposition 2.5. Soit ϕ : Y → X un morphisme entre deux k-<strong>variété</strong>s <strong><strong>algébrique</strong>s</strong><br />
affines. L’image par ϕ an de toute partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de Y an est une partie<br />
<strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de X an .<br />
Théorème 3.2. Soit X une k-<strong>variété</strong> affine et soit P une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de<br />
X an . Les composantes connexes de P sont en nombre fini et sont <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong>.<br />
La proposition 2.5 est la conséquence d’un résultat plus général portant sur certaines<br />
familles de <strong>semi</strong>-normes et établi à l’aide de l’élimination des quantificateurs<br />
dans la théorie des corps valués <strong>algébrique</strong>ment clos et du Nullstellensatz analytique.<br />
Quant au théorème 3.2 on ramène essentiellement sa preuve, après un certain<br />
nombre de réductions qui utilisent des techniques de base de géométrie <strong>algébrique</strong><br />
(compactification, éclatement, normalisation) ainsi que la proposition 2.5, à celle<br />
du lemme ci-dessous (rappelons qu’un espace strictement affinoïde est le lieu des<br />
zéros d’une famille de fonctions analytiques sur un polydisque unité fermé, et dans<br />
la théorie de Berkovich un tel espace est compact):<br />
Lemme 3.1.2. Soit X un espace strictement affinoïde équidimensionnel et réduit<br />
sur un corps ultramétrique complet <strong>algébrique</strong>ment clos et ρ : X → �X la flèche de<br />
réduction modulo la boule unité ouverte du corps de base. Soit F un fermé Zariski<br />
connexe de �X. L’ouvert ρ −1 (F) de X est connexe.<br />
Le cas particulier où F est un point de �X, qui est dûà Bosch ([4], Kor. 6.2), est<br />
un ingrédient essentiel de la démonstration de ce lemme.<br />
Les deux énoncés figurant ci-dessus ne sont que des cas particuliers de la proposition<br />
2.5 et du théorème 3.2 de l’article, qui s’appliquent non seulement à des<br />
<strong>variété</strong>s <strong><strong>algébrique</strong>s</strong> mais à des “familles analytiques à base affinoïde de <strong>variété</strong>s<br />
<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> affines”, les inégalités étant à prendre entre “familles analytiques de<br />
fonctions <strong><strong>algébrique</strong>s</strong>”; en termes plus techniques on s’intéresse au spectre d’une<br />
algèbre B de type fini sur une algèbre affinoïde A (et à l’analytification dudit<br />
spectre) et aux fonctions qui appartiennent à B. Le choix de ce point de vue permet<br />
d’avoir des résultats nettement plus généraux que si l’on se limitait au cadre<br />
des <strong>variété</strong>s <strong><strong>algébrique</strong>s</strong>, sans que cela entraîne de réelles complications dans les<br />
démonstrations.
<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> p-<strong>adique</strong> 515<br />
0. Rappels et notations<br />
(0.1) Définition. Un corps valué sera dans la suite du texte un corps k muni d’une<br />
valeur absolue ultramétrique que l’on notera ||sauf mention expresse du contraire.<br />
(0.2) Soit k un corps valué complet. Dans cet article le terme espace k-analytique<br />
sera à prendre au sens de Berkovich; sa théorie est développée dans les deux textes<br />
fondateurs [1] et [2]; les résultats et définitions essentiels de [1], Chap. 1, 2, et 3 et<br />
de[2],§1,§2et§3seront supposés connus et utilisés pour la plupart sans rappels<br />
ni justification. L’espace k-analytique associéà une algèbre k-affinoïde A sera noté<br />
M(A). SiX est un espace k-analytique et L un corps valué complet extension de<br />
k on notera XL le transformédeX par changement de base de k à L.SiA est une<br />
algèbre k-affinoïde on désignera par A o le sous-anneau de A formé des éléments<br />
de norme spectrale majorée par 1 et par A oo l’idéal de A o formé des éléments de<br />
norme spectrale strictement majorée par 1; le quotient A o /A oo sera noté �A.<br />
(0.3) Soit A une algèbre affinoïde sur un corps valué complet k et soit X un<br />
A-schéma de type fini. L’analytification de X aété définie par Berkovich (cf. [2],<br />
Prop. 2.6.1) et sera notée X an . Elle est munie d’un morphisme naturel vers M(A).<br />
Le normalisé Y de X est fini sur X et les domaines analytiques de Y an sont normaux<br />
(sur cette question, cf. l’appendice). Si X est le spectre d’une A-algèbre de type<br />
fini B un domaine affinoïde V de X an sera dit de Weierstraß s’il peut être défini<br />
par une combinaison booléenne d’inégalités de la forme<br />
|f1| ≤λ1 et ... et |fn| ≤λn<br />
où les fi sont des éléments de B et les λi des réels strictement positifs; notons que<br />
sous cette hypothèse l’image de B est dense dans l’anneau des fonctions analytiques<br />
sur V .Siϕ est un A-morphisme entre deux A-schémas de type fini la flèche<br />
correspondante entre les analytifications sera notée ϕ an .<br />
(0.4) Soit k un corps valué complet et soit r = (ri) une famille finie de réels<br />
strictement positifs. L’algèbre affinoïde<br />
�<br />
k<br />
T1<br />
,... ,<br />
r1<br />
Tn<br />
,<br />
rn<br />
S1<br />
�<br />
/(T1S1 − 1,... ,TnSn − 1)<br />
r −1<br />
1<br />
,... , Sn<br />
r −1<br />
n<br />
est isomorphe à l’algèbre des séries formelles � aI T I où le multi-indice I parcourt<br />
(Z) n telles que |aI |r I tende vers zéro lorsque |I| tend vers l’infini<br />
(si I = (i1,... ,in) on désigne par |I| l’entier positif |i0|+···|in|). Sa norme est<br />
l’application � aI T I ↦→ max |aI |r I . Cette algèbre sera notée kr. Si la famille (ri)<br />
est libre dans (R ∗ + /|k∗ |) ⊗Z Q alors kr est un corps.<br />
Soit r une famille de réels strictement positifs. Si X est un espace k-analytique<br />
on notera Xr le produit fibré X ×k M(kr).SiA est une algèbre k-affinoïde et si B<br />
(resp. X ) est une A-algèbre (resp. un A-schéma) de type fini on notera Br (resp.<br />
Xr) l’algèbre B ⊗A (A�⊗kkr) (resp. le schéma X × Spec A (Spec A�⊗kkr) ).
516 A. Ducros<br />
1. <strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> et stabilité sous un morphisme affine<br />
(1.1) Soit A un anneau et X un ensemble de <strong>semi</strong>-normes multiplicatives ultramétriques<br />
sur A dont les restrictions à Z coïncident. Soit P un élément de X.<br />
Son noyau est un idéal premier de A; le corps des fractions de l’anneau quotient<br />
correspondant est naturellement muni d’une valeur absolue résiduelle ||. On notera<br />
H(P ) son complété pour cette dernière. Si f est un élément de A on désignera par<br />
f(P)son image dans H(P ). La valeur en f de la <strong>semi</strong>-norme P est égale à |f(P)|<br />
par la définition même de la valeur absolue résiduelle ||.<br />
(1.2) Définition. On appelle partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> (resp. partie strictement <strong>semi</strong><strong>algébrique</strong>)<br />
deX relativement à A toute partie de X définie par une combinaison<br />
booléenne d’inégalités de la forme |f |⊲⊳λ|g| où f et g sont deux éléments de A,<br />
où ⊲⊳ est un symbole appartenant à {, ≤, ≥}, etoù λ est un réel positif (resp.<br />
un élément de {0, 1}).<br />
(1.3) Remarque. S’il n’y a pas d’ambiguïté, ce qui sera le cas la plupart du temps,<br />
l’expression “relativement à A” sera omise.<br />
(1.4) Remarque. Il est clair d’après la définition ci-dessus que les parties <strong>semi</strong><strong><strong>algébrique</strong>s</strong><br />
(resp. strictement <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong>) de X relativement à A constituent<br />
une sous-algèbre de Boole de P(X).<br />
(1.5) Soit B une A-algèbre de type fini et soit P un point de X. Toute <strong>semi</strong>-norme<br />
multiplicative de B ⊗A H(P ) dont la restriction à H(P ) est égale à ||induit une<br />
<strong>semi</strong>-norme multiplicative sur B au-dessus de P ; notons YP l’ensemble des <strong>semi</strong>normes<br />
ainsi construites, et Y la réunion des YP pour P parcourant X. On dira que<br />
Y est la <strong>variété</strong> affine au-dessus de X définie par B. On note π la flèche de Y vers<br />
X dont la fibre en un point P est précisément YP .<br />
(1.6) Proposition. Soit U une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> (resp. strictement <strong>semi</strong><strong>algébrique</strong>)<br />
de Y . Alors π(U) est une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> (resp. strictement<br />
<strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>) de X.<br />
Démonstration. On procède en deux temps.<br />
(1.6.1) Supposons d’abord que U est strictement <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>. Soit P un point<br />
de X. La fibre YP de Y en P est en bijection naturelle avec l’ensemble sous-jacent<br />
à l’espace strictement H(P )-analytique<br />
(Spec (B ⊗A H(P )) ) an .<br />
L’intersection de U avec cet espace est, par sa forme même, réunion finie d’espaces<br />
strictement H(P )-analytiques. En vertu du Nullstellensatz analytique (cf. [5], 6.1.2<br />
Cor. 3) elle est non vide si et seulement si elle possède un point sur une extension<br />
<strong>algébrique</strong> finie de H(P ). La théorie de l’élimination des quantificateurs sur un
<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> p-<strong>adique</strong> 517<br />
corps valué <strong>algébrique</strong>ment clos (cf. [9], 4.17 ou [10]) permet alors de conclure que<br />
π(U) est strictement <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>.<br />
(1.6.2) Dans le cas général soit (r1,... ,rn) une famille finie de réels strictement<br />
positifs tels que chacun des λ non nuls intervenant dans la combinaison d’inégalités<br />
définissant U soit l’un des ri. Soit A ′ l’algèbre<br />
�<br />
A T1,... ,Tn, 1<br />
,... ,<br />
T1<br />
1<br />
�<br />
Tn<br />
où les Ti sont des indéterminées. Soit P un point de X. L’application � aITI ↦→<br />
max |aI(P )|r<br />
I<br />
I est une <strong>semi</strong>-norme multiplicative sur A ′ .<br />
Notons X ′ l’ensemble des <strong>semi</strong>-normes ainsi obtenues. L’application qui à une<br />
<strong>semi</strong>-norme sur A ′ associe sa restriction à A induit une bijection ηX : X ′ → X.<br />
Désignons par Y ′ la <strong>variété</strong> affine au-dessus de X ′ définie par B ⊗A A ′ et par<br />
π ′ la flèche naturelle Y ′ → X ′ . La restriction de B ′ à B induit une application<br />
ηY : Y ′ → Y de sorte que le diagramme<br />
ηY<br />
Y ′<br />
��<br />
Y<br />
π ′<br />
�� X ′<br />
π ��<br />
�� X<br />
commute.<br />
Considérons l’une des inégalités |f |⊲⊳λ|g| entrant dans la définition de U<br />
(et donc de η −1<br />
Y (U)); si λ est non nul c’est par hypothèse l’un des ri et donc on<br />
peut réécrire cette égalité sous la forme |f |⊲⊳|Tig|; ceci montre que η −1<br />
(U) est<br />
Y<br />
une partie strictement <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de Y ′ . D’après le 1.6.1 ci-dessus le sousensemble<br />
π ′ (η −1<br />
Y (U)) est une partie strictement <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de X′ .<br />
D’autre part π ′ (η −1<br />
Y (U)) est égal à η−1<br />
X (π(U)). En effet l’inclusion<br />
ηX<br />
π ′ (η −1<br />
Y (U)) ⊂ η−1<br />
X (π(U))<br />
provient de la commutativité du diagramme. Pour l’inclusion réciproque, soit P<br />
un point de X ′ �<br />
et soit Q un point de U tel que π(Q) = ηX(P ). La <strong>semi</strong>-norme<br />
bITI ↦→ max |bI(Q)|r<br />
I<br />
I définit un élément Q ′ de Y ′ qui appartient à η −1<br />
Y (U)<br />
(puisque ηY (Q ′ ) = Q); par définition de Q ′ on a π ′ (Q ′ ) = P , et donc P appartient<br />
à π ′ (η −1<br />
Y (U)).<br />
Le sous-ensemble η −1<br />
X (π(U)) est donc une partie strictement <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong><br />
de X ′ ;ladéfinition de ηX permet d’en déduire immédiatement que π(U) est une<br />
partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de X, et ceci achèveladémonstration. ⊓⊔
518 A. Ducros<br />
2. <strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> dans certains espaces de Berkovich<br />
On fixe pour tout le paragraphe un corps valué complet k.<br />
(2.1) Définition. Soit A une algèbre k-affinoïde et soit B une A-algèbre de type<br />
fini dont on note X le spectre. On dit qu’une partie de X an est <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> si<br />
elle est <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> (au sens de la définition 1.2) relativement à l’anneau B.<br />
(2.2) Remarque. Les parties d’un espace k-analytique X définies par des combinaisons<br />
booléennes d’inégalités de la forme |f |⊲⊳|g| où f et g sont des fonctions<br />
analytiques quelconques sur X, ainsi que les images de telles parties sous certaines<br />
projections, ont étéétudiées par différents auteurs sous les appellations respectives<br />
de parties <strong>semi</strong>-analytiques et sous-analytiques. On pourra consulter par exemple<br />
[7] ou [8], la liste n’est pas exhaustive et chacun de ces deux textes contient<br />
lui-même de nombreuses références sur la question.<br />
(2.3) Un exemple de partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>. Si X est un espace k-affinoïde alors<br />
tout domaine analytique compact de X est <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>. Cela résulte en effet du<br />
lemme suivant (dont M. Temkin a également donné une preuve, indépendamment<br />
de l’auteur):<br />
(2.4) Lemme. Soit X un espace k-affinoïde et Y un domaine k-affinoïde de X.<br />
Alors Y est une réunion finie de domaines rationnels de X.<br />
Démonstration. Soit r une famille finie non vide de réels strictement positifs<br />
linéairement indépendants dans (R ∗ + /|k∗ |)⊗ZQ telle que Xr et Yr soient strictement<br />
affinoïdes sur kr. D’après le théorème de Gerritzen-Grauert (cf. [5], § 7.3.5, Cor. 3<br />
du Th. 1) on peut écrire Yr comme une réunion finie Y1 ∪...∪Ym où les Yi sont des<br />
domaines strictement kr-rationnels de Xr. Pour tout entier i compris entre 1 et m<br />
il existe donc des fonctions gi,fi,1,... ,fi,ni sur Xr sans zéro commun sur Xr et<br />
telles que Yi soit défini par les inégalités |fi,1| ≤|gi|,... ,|fi,ni |≤|gi|. Notons A<br />
l’algèbre des fonctions de X et ||∞ la <strong>semi</strong>-norme spectrale sur A. Toute fonction<br />
analytique sur Xr peut s’écrire � aI T I où les aI sont dans A et sont tels que |aI |∞r I<br />
tende vers zéro lorsque |I| tend vers l’infini. Soit σ la section continue de Xr → X<br />
qui envoie P sur le point � bI T i ↦→ max |bI (P )|r I . Fixons un i et employons<br />
les notations g, f1,... ,fn au lieu de gi,fi,1,... ,fi,ni . Ecrivons g = � γI T I<br />
et fj = � αI,jT I . Les fj et g n’ayant pas de zéro commun sur Xr la fonction<br />
g ne peut s’annuler sur Yi. Comme Yi ∩ σ(X) est compact la fonction |g| y est<br />
minorée par un réel λ strictement positif. Soit I un ensemble fini de multi-indices<br />
tel que pour tout I en dehors de I les réels |γI |∞r I , |αI,1|∞r I ,... ,|αI,n|∞r I<br />
soient strictement inférieurs à λ. Soit P un point de X. Alors σ(P)appartient à Yi<br />
si et seulement si les conditions suivantes sont satisfaites :<br />
(i) |γI (P )|rI ≥ λ pour au moins un élément I de I.<br />
(ii) sup |γI (P )|r<br />
I∈I<br />
I ≥ sup |αI,j(P )|r<br />
I∈I<br />
I pour tout j compris entre 1 et n.
<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> p-<strong>adique</strong> 519<br />
Pour tout élément I de I, notons �I le domaine rationnel de X défini par<br />
les inégalités |γI |r I ≥ λ, |γI |r I ≥|γJ |r J , |γI |r I ≥|αJ,j|r J où J parcourt I et<br />
j l’ensemble des entiers compris entre 1 et n. Ondéduit de ce qui précède que<br />
σ −1 (Yi) est la réunion des �I .OrY est la réunion des σ −1 (Yi), ce qui achève la<br />
démonstration du lemme. ⊓⊔<br />
(2.5) Proposition. Soit A une algèbre k-affinoïde et ϕ : Y → X un morphisme<br />
entre A-schémas affines de type fini. L’image par ϕ an d’une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong><br />
de Y an est une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de X an .<br />
Démonstration. C’est une conséquence immédiate de la proposition 1.6. ⊓⊔<br />
(2.6) Corollaire. Soit A une algèbre k-affinoïde, soit X un A-schéma affine de<br />
type fini, soit � (resp. F) un ouvert affine (resp. un fermé) de X . Toute partie<br />
<strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de � an (resp. de F an ) est une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de X an . ⊓⊔<br />
(2.7) Remarque. Le corollaire ci-dessus peut se prouver directement de manière<br />
élémentaire (sans utiliser l’élimination des quantificateurs).<br />
3. Enoncé etpreuveduthéorème principal<br />
Commençons par établir la proposition suivante:<br />
(3.1) Proposition. Soit k un corps valué complet dont la valeur absolue n’est pas<br />
triviale, soit A une algèbre strictement k-affinoïde équidimensionnelle et soit X<br />
l’espace M(A). Soit n un entier, soit λ1,... ,λn une famille de réels strictement<br />
positifs de torsion modulo |k ∗ | et soient ξ1,... ,ξn une famille de n éléments de A<br />
tels que |ξi| ≤λi sur A pour tout i. Soit U l’ouvert de X défini comme le lieu de<br />
validité de la condition<br />
|ξ1|
520 A. Ducros<br />
réduite donc distinguée ([5], 6.4.3/1). La�k-algèbre �A est de type fini ([5], 6.4.3 Cor.<br />
3). L’image dans �A d’un élément f de A o sera notée �f . Soit �X le spectre de �A et ρX<br />
la flèche de réduction X → �X (cf. [1], 2.4). L’ouvert U est l’image réciproque par<br />
ρX du fermé Zariski de �X défini par l’idéal qu’engendrent les �ξi et que l’on notera<br />
�U. Du lemme suivant on déduira immédiatement que les composantes connexes de<br />
U sont exactement les images réciproques par ρX des composantes connexes de<br />
�U, ce qui montrera à la fois qu’elles sont en nombre fini et qu’elles ont la forme<br />
souhaitée.<br />
(3.1.2) Lemme. Soit F un fermé irréductible de �X. L’ouvert ρ −1<br />
X (F) est connexe.<br />
Démonstration. Soit � une composante connexe de ρ −1<br />
X (F). Comme X est<br />
localement connexe � est un ouvert, et est par conséquent réunion de domaines<br />
strictement affinoïdes de X. Soit Y l’un d’eux. Le diagramme<br />
ρY<br />
Y<br />
��<br />
�Y<br />
(le sens des notations ρY et �Y est évident) est commutatif, les flèches verticales<br />
sont surjectives et la flèche du bas est de type fini. On en déduit que ρX(Y ) est une<br />
partie constructible de F, puis que ρX(�) est ind-constructible.<br />
D’après un résultat de Bosch ([4], Kor. 6.2) l’image réciproque par ρX d’un point<br />
fermédeF est connexe, donc incluse dans une et une seule composante de ρ −1<br />
X (F).<br />
L’intersection des images par ρX de deux composantes disjointes de ρ −1<br />
X (F) est<br />
donc une partie ind-constructible de F ne contenant aucun point fermé, c’est par<br />
conséquent l’ensemble vide. Les images par ρX des composantes de ρ −1<br />
(F) sont<br />
donc deux à deux disjointes.<br />
Soit �0 l’unique composante de ρ −1<br />
X (F) dont l’image par ρX contient le point<br />
générique ξ de F et soit P un point de �0 tel que ρX(P ) = ξ. La composante �0<br />
est un ouvert de X; le point P possède par conséquent un voisinage strictement<br />
affinoïde Y inclus dans �0. Le morphisme d’inclusion de Y dans X est intérieur<br />
en P (au sens de [1], 2.5.7 et en vertu de [2], 1.5.5). Comme |k∗ | est divisible et<br />
comme Y est strictement affinoïde la norme spectrale de toute fonction analytique<br />
�� X<br />
��<br />
���X<br />
sur Y est un élément de |k∗ | ([1], Cor. 2.1.6). Désignons par Dk (resp. Do k<br />
ρX<br />
X<br />
) le disque<br />
unité fermé (resp. ouvert) sur k. Ondéduit de ce qui précède, à l’aide du lemme<br />
2.5.11 de [1], que l’inclusion de Y dans X se factorise comme suit<br />
X × Dn k<br />
���<br />
ι ��<br />
��<br />
��<br />
��<br />
��<br />
Y �� X
<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> p-<strong>adique</strong> 521<br />
où n est un entier et où ι est une immersion fermée telle que ι(P) appartienne à<br />
X × (D o<br />
k )n . Ce diagramme en induit un dans la catégorie des �k-<strong>variété</strong>s:<br />
�X × A n �k<br />
���<br />
�ι ��<br />
��<br />
��<br />
��<br />
��<br />
�Y<br />
���X<br />
Soit σ la section de la flèche �X × An �k → �X correspondant à l’origine de An �k .Le<br />
morphisme�ι envoie l’image de P sur σ(ξ). Comme�ι est fini ([5], 6.3.5 Th. 1) son<br />
image est fermée et contient donc σ(F). En conséquence F ⊂ ρX(Y ) ⊂ ρX(�0).<br />
Ceci montre que ρX(�0) = F et donc (les images des composantes de ρ −1<br />
X (F)<br />
étant deux à deux disjointes) que �0 = ρ −1<br />
X (F), ce qui achèveladémonstration<br />
du lemme. ⊓⊔<br />
(3.1.3) Supposons maintenant k quelconque, et soit K le complété d’une clôture<br />
<strong>algébrique</strong> de k. Soit p la flèche XK → X. L’ouvert p −1 (U) de XK a d’après ce<br />
qui précède un nombre fini de composantes connexes, chacune d’elles étant de la<br />
forme voulue. Soit ksep la fermeture séparable de k dans K. La densitédeksep dans<br />
K (cf. [5], 3.4.1/6) entraîne l’existence d’une extension finie séparable L de k telle<br />
que toutes les fonctions analytiques en jeu dans les inégalités qui définissent les<br />
composantes connexes de p −1 (U) puissent être choisies de manière à provenir de<br />
fonctions analytiques sur XL. Le corps L satisfait alors clairement les conclusions<br />
de la proposition. ⊓⊔<br />
Enonçons maintenant le théorème principal de cet article:<br />
(3.2) Théorème. Soit k un corps valué complet et soit A une algèbre k-affinoïde.<br />
Soit B une A-algèbre de type fini et soit Y son spectre. Soit U une partie <strong>semi</strong><strong>algébrique</strong><br />
de Y an . Les composantes connexes de U sont en nombre fini et sont<br />
<strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong>.<br />
Démonstration. On peut supposer les inégalités qui définissent U reliées uniquement<br />
par des conjonctions et, ce qui ramène le problème au cas où U est défini par<br />
une combinaison<br />
|f1| ⊲⊳1 λ1|g1| et ... et |fn| ⊲⊳n λn|gn|<br />
où les fi et gi appartiennent à B, où les λi sont des réels positifs et les ⊲⊳i des<br />
éléments de {, ≤, ≥}.<br />
Identifions Y à un ouvert dense d’un A-schéma projectif Y. Désignons par U<br />
(resp. Z) le schéma (P1 Y )n (resp. (P1 Y )n ); pour tout i donnons-nous un système de<br />
coordonnées homogènes (Si,Ti) sur sur le i-ème facteur P1 Y et notons ξi l’élément<br />
inversible Ti<br />
de l’anneau total des fractions de Z. En tout point z de Z l’une au<br />
Si
522 A. Ducros<br />
moins des deux fonctions ξi et ξ −1<br />
i appartient à OZ,z. SiP est un point de Zan et<br />
si ξi n’appartient pas à OZan ,P on posera |ξi(P )| =+∞; modulo cette convention<br />
|(1/ξi)(P )| =1/|ξi(P )| pour tout point P de X an et toute partie définie par une<br />
inégalité stricte (resp. large) entre |ξi| et un élément de R∗ + ∪ {+∞} est un ouvert<br />
(resp. un fermé) de Zan .<br />
Pour tout i appartenant à {1,... ,n} soit Ei le sous-ensemble de U défini par<br />
la condition (qui dépend du symbole ⊲⊳i):<br />
• fi = 0 si ⊲⊳i est égal à ≤.<br />
• gi �= 0 si ⊲⊳i est égal à .<br />
Soit maintenant I un sous-ensemble de {1,... ,n}. On introduit les notations<br />
suivantes :<br />
• WI désignera le sous-ensemble de Zan défini comme le lieu de validité simultanée<br />
de toutes les inégalités |ξi| ⊲⊳iλi pour i parcourant I;<br />
• FI désignera le fermé Zariski de U défini par le système d’équations<br />
{Sifi − Tigi = 0}i∈I ;<br />
• VI désignera l’ouvert d’inversibilité dans U de la fonction �<br />
figi;<br />
• GI désignera le fermé Zariski de U défini par le système d’équations<br />
{figi = 0}i/∈I ;<br />
• EI désignera l’intersection des Ei pour i parcourant le complémentaire de I;<br />
• �I désignera l’intersection WI ∩F an<br />
I ∩Gan<br />
I ∩Van<br />
I ∩Ean<br />
I . C’est un sous-ensemble<br />
de U an .<br />
Soit p la flèche structurale U an → Y an . Le sous-ensemble U auquel on<br />
s’intéresse est la réunion des p(�I ) pour I parcourant l’ensemble des parties de<br />
{1,... ,n}. Supposons que l’on sache montrer que pour tout I et tout ouvert affine<br />
� de Z l’intersection �I ∩ � an a un nombre fini de composantes connexes, chacune<br />
d’entre-elles étant une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de � an ; alors en recouvrant U<br />
par un nombre fini d’ouverts affines et en appliquant la proposition 2.5 on achève<br />
la preuve du théorème. Or �I est combinaison booléenne de la partie WI et d’un<br />
certain nombre d’analytifications d’ouverts et fermés Zariski de Z. Il suffit donc<br />
de démontrer l’assertion ci-dessous:<br />
(3.2.1) Nouvelle version de l’assertion àétablir. Soit Z un A-schéma projectif,<br />
soit n un entier et soit (ξ1,... ,ξn) une famille d’éléments inversibles de l’anneau<br />
total des fractions de Z telle que pour tout i et pour tout point z de Z l’une au moins<br />
des deux fonctions ξi et ξ −1<br />
i appartienne à OZ,z. Soit (λ1,... ,λn) une famille de<br />
scalaires positifs, soit (⊲⊳1,... ,⊲⊳n) une famille de symbole appartenant à {, ≥} et soit W le sous-ensemble de Z an défini par la conjonction d’inégalités<br />
|ξ1| ⊲⊳1 λ1 et ... et |ξn| ⊲⊳n λn.<br />
i∈I
<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> p-<strong>adique</strong> 523<br />
On se donne un fermé F et deux ouverts V et � de Z; on suppose que � est<br />
affine. Sous ces hypothèses F an ∩ W ∩ V an ∩ � an a un nombre fini de composantes<br />
connexes, et ce sont des parties <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> de � an .<br />
(3.2.2) Si λi est nul pour un certain i on peut retrancher l’inégalité |ξi| ⊲⊳i λi de<br />
la définition de W et la faire rentrer dans celle de F ou de V. Ceci permet de se<br />
ramener au cas où tous les λi sont strictement positifs. Quitte à remplacer ξi par<br />
ξ −1<br />
i pour certains i on peut alors supposer que les symboles ⊲⊳i appartiennent tous<br />
à {
524 A. Ducros<br />
finie séparable L de kr telle que (W ∩ T)L ait un nombre fini de composantes<br />
connexes, chacune d’elle étant définie par une conjonction d’inégalités de la forme<br />
|ψ| < 1où ψ est une fonction � analytique sur (W ∩ T)L majorée en norme par 1.<br />
Soit K la k-algèbre k T1,... ,Tm, 1<br />
,... , 1<br />
�<br />
. Munie de la norme<br />
T1<br />
Tm<br />
� aIT I ↦→ max |aI|r I<br />
elle s’identifie à une sous-algèbre dense de kr. Le lemme de Krasner assure alors<br />
l’existence d’une K-algèbre finie L telle que L ⊗K kr soit isomorphe à L; notons<br />
que L se plonge de manière dense dans L. Soit C l’anneau des fonctions du schéma<br />
affine T . Comme W ∩ T est un domaine de Weierstraß de T an l’anneau C ⊗k L est<br />
dense dans l’anneau des fonctions analytiques sur (W ∩ T)L. Chaque composante<br />
connexe de (W ∩ T)L peut donc être décrite par une conjonction d’inégalités de<br />
la forme |ψ| < 1où ψ est une fonction provenant de C ⊗k L et majorée en norme<br />
par 1 sur (W ∩ T)L.<br />
(3.2.4) L’espace analytique T an est naturellement homéomorphe à un certain<br />
ensemble de <strong>semi</strong>-normes sur C. Comme la famille (r1,... ,rm) est libre dans<br />
(R ∗ + /|k∗ |) ⊗Z Q l’espace (T an )L s’identifie à l’ensemble des <strong>semi</strong>-normes sur<br />
C ⊗k L dont la restriction à C appartient à T an et dont la valeur en Tp est égale à rp<br />
pour tout entier p compris entre 1 et m.Désignons par S la <strong>variété</strong> affine au-dessus<br />
de T an , toujours vu comme un ensemble de <strong>semi</strong>-normes de C, associée à C ⊗k L<br />
(rappelons que cette notion a étédéfinie au 1.5).Alors d’après ce qui précède chaque<br />
composante connexe de (W ∩ T)L s’identifie à une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de S,<br />
puisque c’est l’ensemble des points en lesquels sont vérifiées :<br />
• les égalités |Tp| =rp pour tout p;<br />
• les majorations en norme de fonctions de C qui définissent W et le domaine de<br />
Weierstraß T ;<br />
• les majorations en norme de fonctions de C ⊗k L qui, sur (W ∩ T)L,décrivent<br />
la composante en question (l’existence de telles majoration a été mentionnée<br />
plus haut).<br />
(3.2.5) On déduit alors de la proposition 1.6 que l’image dans T an d’une telle composante<br />
est une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>, nécessairement connexe et bien sûr incluse<br />
dans W ∩ T . En conséquence les composantes connexes de W ∩ T sont en nombre<br />
fini et sont des parties <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> de T an . Soit � une telle composante. C’est<br />
un ouvert du domaine analytique W ∩ T de Z an . Comme Z est normal � est donc<br />
elle-même un espace analytique normal et connexe (cf. l’appendice). On en déduit<br />
que � ∩ � an ∩ V an est connexe ([1], cor. 3.3.15). C’est une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong><br />
de T an , donc de T an ∩ � an (notons que T ∩ � est affine puisque Z est projectif<br />
sur A donc séparé). Or T ∩ � est un ouvert de �, et le corollaire 2.6 assure<br />
alors que � ∩ � an ∩ V an est une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de � an , ce qui achève la<br />
démonstration. ⊓⊔
<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> p-<strong>adique</strong> 525<br />
(3.3) Remarque. Même lorsque les scalaires et les fonctions en jeu dans la combinaison<br />
d’inégalités qui la définissent sont non nuls une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong><br />
n’est pas en général un domaine analytique de l’espace ambiant. Ainsi soit k un<br />
corps valué complet, soit X le spectre de k[T1,T2] et soit U la partie de X an définie<br />
par l’inégalité |T1| ≤|T2|. Alors U n’est pas un domaine analytique de X an car<br />
l’origine est un point rigide de X an qui est situé sur le bord topologique de U dans<br />
X an .<br />
(3.4) Remarque. Un morphisme entre espaces affinoïdes ne transforme pas en<br />
général une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> en partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>. Par exemple, soit X<br />
un espace affinoïde, soit Y un domaine affinoïde intègre de X et soit F un fermé<br />
Zariski strict de Y dont l’adhérence Zariski dans X est égal à X tout entier (de tels<br />
triplés (X,Y,F)existent effectivement, cf. [2], rem. 2.2.9). Sous ces hypothèses le<br />
sous-ensemble F de X, qui est l’image de l’immersion composée F → Y → X,<br />
n’est pas <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>.<br />
Appendice : analytification des schémas normaux<br />
Le but de cet appendice est d’établir la proposition ci-dessous. Si l’on se limite à<br />
des algèbres strictement affinoïdes et à des domaines strictement analytiques elle<br />
est essentiellement connue, la démonstration de Berkovich du théorème 2.2.1 de<br />
[2], énoncé avec des hypothèses plus restreintes, s’appliquant en fait sans problème<br />
ici.<br />
Proposition. Soit k un corps valué complet et soit A une algèbre k-affinoïde. Soit<br />
X un A-schéma de type fini.<br />
i) La normalisation Y de X est un X -schéma fini;<br />
ii) tout domaine analytique de Y an est normal;<br />
iii) si x est un point d’un bon domaine analytique W de X an d’image x dans X<br />
alors OW,x est normal si et seulement si OX ,x l’est.<br />
Démonstration. Observons pour commencer que iii) découle de i) et ii),dela<br />
fidèle platitude de X an → X ([2], prop. 2.6.2) et de la platitude du morphisme<br />
d’anneaux induit par l’immersion d’un domaine affinoïde ([2], 2.2.4 (ii)).<br />
Montrons maintenant i). On peut supposer que X est le spectre d’une A-algèbre<br />
B de type fini intègre. Prouvons que pour toute famille r de réels strictement positifs<br />
l’anneau Br est intègre. Soit r une telle famille et f et g deux éléments de Br de<br />
produit nul. On peut écrire f = � aITI et g = � bITI où les aI et les bI appartiennent<br />
à B. La restriction de fg à chacune des fibres de X an<br />
r → X an est nulle.<br />
Or ses fibres sont intègres (par exemple parce que chacune d’elles devient, après<br />
une extension de corps convenable, isomorphe au cercle unité) , ce qui implique<br />
que pour tout P appartenant à X an ou bien tous les aI(P ) ou bien tous les bI(P )<br />
sont nuls. Soit Ia (resp. Ib) l’idéal de B engendré par les aI (resp. les bI). Ce qui
526 A. Ducros<br />
précède implique que tout point P de X an s’envoie ou bien sur le fermé Zariski de<br />
X défini par Ia ou bien sur celui défini par Ib. Comme X an → X est surjective et<br />
comme B est intègre l’un au moins des idéaux Ia et Ib est trivial, et donc l’une au<br />
moins des fonctions f et g est nulle.<br />
Soit r une famille de réels strictement positifs telle que kr soit un corps sur<br />
lequel Ar soit strictement affinoïde. Comme les algèbres strictement affinoïdes sur<br />
un corps sont des anneaux excellents le raisonnement suivi par Berkovich dans [2],<br />
théorème 2.2.1 (pour la partie concernant précisément la normalité) s’applique ici :<br />
le normalisé <strong>algébrique</strong> X norm<br />
r de Xr est fini sur Xr, et il existe une fonction b<br />
non nulle appartenant à Br telle que bOX norm<br />
r ⊂ Br; onendéduit aussitôt (cf. [2],<br />
paragraphe précédent le corollaire 2.2.6) l’existence d’une fonction b ′ non nulle<br />
appartenant à B telle que b ′ OX norm ⊂ B, ce qui achèveladémonstration de i).<br />
On va maintenant montrer le ii). On peut oublier X et s’intéresser uniquement à<br />
Y.Onseramène immédiatement au cas où ce dernier est le spectre d’une A-algèbre<br />
de type fini intègre (et donc intégralement close) C.<br />
Lemme. Soit r une famille finie de réels strictement positifs. L’anneau Cr est<br />
intégralement clos.<br />
Démonstration. Notons déjà pour commencer que cet anneau est intègre, par<br />
le raisonnement déjà tenu ci-dessus. Soit s une famille de réels strictement positifs<br />
telle que ks soit un corps sur lequel As soit strictement affinoïde, et telle que chacun<br />
des réels de la famille r soit de torsion modulo |k ∗ s |. L’anneau (Cs)r (toujours intègre<br />
pour les mêmes raisons) est l’anneau des fonctions d’un domaine strictement ksaffinoïde<br />
d’un espace affine relatif sur Ys. Par des arguments identiques à ceux<br />
utilisés par Berkovich dans [2], et fondés sur l’excellence des algèbres strictement<br />
affinoïdes ainsi que sur l’identité des complétés des anneaux locaux <strong>algébrique</strong><br />
et analytique en un point rigide (cf. [2], lemme 2.6.3) on montre que la fermeture<br />
intégrale de (Cs)r dans son corps des fractions est précisément le sous-anneau formé<br />
des séries � cIT I où chacun des cI appartient à la fermeture intégrale de Cs dans<br />
son corps des fractions; comme Cs est japonais il existe un élément c de Cs tel que<br />
tout élément de la clôture intégrale de (Cs)r soit de la forme � c −1 cIT I où cI est<br />
pour tout I un élément de Cs tel que c −1 cI soit entier sur Cs.<br />
Soit f un élément de la clôture intégrale de Cr; il appartient a fortiori àlaclôture<br />
intégrale de (Cs)r et peut donc s’écrire � c −1 cIT I pour une certaine famille (cI)<br />
d’éléments de Cs, le terme c −1 cI étant entier sur Cs pour tout I. Par ailleurs f est<br />
élément du corps des fractions de Cr et est en conséquence de la forme<br />
� γIT I<br />
� δIT I<br />
où les γI et les δI appartiennent à C.<br />
Comme c appartient à Cs il existe une famille (λJ) d’éléments de C telle que<br />
c = � λJS J .
<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> p-<strong>adique</strong> 527<br />
Pour tout I on peut de même écrire cI = � µI,JS J où les µI,J appartiennent à C.<br />
il vient<br />
Partant de<br />
c � γIT I ��<br />
= δIT I� �<br />
cIT I<br />
�<br />
λJγIT I S J = �<br />
⎛<br />
⎝ �<br />
I,J<br />
I,J<br />
I0+I1=I<br />
δI0 µI1,J<br />
⎞<br />
⎠ T I S J ,<br />
les sommes infinies d’éléments de C étant à prendre au sens de la convergence<br />
uniforme sur tout compact de Yan .<br />
Comme c est non nul il existe J tel que λJ soit non nul. Fixons un tel J. Dece<br />
qui précède découle l’égalité<br />
�<br />
λJγIT I = �<br />
⎛<br />
⎝ �<br />
⎞<br />
⎠ T I<br />
que l’on peut réécrire<br />
I<br />
I<br />
I0+I1=I<br />
δI0 µI1,J<br />
�<br />
γITI �<br />
δITI = � µI,J<br />
T I ,<br />
l’indice de sommation étant I. On reconnaît dans le membre de gauche l’élément<br />
f ; en conséquence on a par identification c−1cI = µI,J<br />
pour tout I.<br />
En particulier µI,J<br />
est pour tout I un élément du corps des fractions de C entier<br />
λJ<br />
sur Cs et donc, par un calcul immédiat, entier sur C. Or ce dernier est intégralement<br />
clos par hypothèse. En conséquence µI,J<br />
appartient à C pour tout I.Dès lors f est<br />
élément de Cr et la démonstration du lemme est terminée. ⊓⊔<br />
λJ<br />
Pour prouver ii) on peut supposer que W est affinoïde. Soit r une famille de<br />
réels strictement positifs telle que M(A)r et Wr soient strictement kr-affinoïdes.<br />
D’après le lemme ci-dessus l’anneau Cr est normal et donc l’espace strictement<br />
kr-analytique Yan r l’est aussi, et il en va de même de son domaine strictement<br />
kr-analytique Wr (puisque le lieu de normalité de ce dernier est un ouvert de Zariski<br />
qui contient tous les points rigides). De la fidèle platitude de la flèche Wr → W<br />
(cf. [1], 2.2.4 (ii) )ondéduit que W est normal, ce qui achèveladémonstration de<br />
la proposition. ⊓⊔<br />
Remerciements. Je tiens à remercier tout particulièrement le rapporteur. La première<br />
mouture de ce texte était très différente ; par ses remarques la concernant (et notamment<br />
par sa mention d’une erreur, ou à tout le moins d’une sérieuse lacune, dans la<br />
preuve d’un lemme) il a inspiré une refonte à peu près complète de l’article, et une<br />
λJ<br />
λJ
528 A. Ducros<br />
extension des résultats initiaux. Je lui sais également gré de sa lecture attentive de<br />
la deuxième version et des commentaires et suggestions qu’il a faits à son sujet.<br />
Ma gratitude va aussi à Vladimir Berkovich pour la promptitude avec laquelle<br />
il répond à mes questions, pour l’intérêt qu’il a manifesté pour ce travail et pour<br />
ses conseils et encouragements.<br />
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Verlag 1984