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Parties semi-algébriques d'une variété algébrique p-adique

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manuscripta math. 111, 513–528 (2003) © Springer-Verlag 2003<br />

Antoine Ducros<br />

<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong><br />

p-<strong>adique</strong><br />

Received: 4 July 2002 / Revised version: 28 February 2003<br />

Published online: 2 July 2003<br />

Abstract. Let k be a field complete with respect to an ultrametric absolute value, let A be a<br />

finitely generated k-algebra and let X be its spectrum. We denote by X an the analytification<br />

à la Berkovich of the algebraic variety X. We say that a subset of X an is <strong>semi</strong>-algebraic<br />

if it can be defined by a boolean combination of inequalities |f |⊲⊳λ|g| where f and<br />

g are in A, where ⊲⊳ is a symbol belonging to {, ≤, ≥} and where λ is a positive<br />

real number. In this text we show that the image of any <strong>semi</strong>-algebraic subset under an<br />

algebraic map between affine varieties is <strong>semi</strong>-algebraic, and that a <strong>semi</strong>-algebraic subset<br />

has only finitely many connected components, each of which is <strong>semi</strong>-algebraic. In fact our<br />

results concern not only algebraic varieties, but also analytic families of algebraic varieties<br />

which are parametrized by an affinoid space.<br />

1. Introduction<br />

Soit X une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> sur R et A l’anneau des fonctions polynomiales<br />

sur X . Une partie de X (R) est dite <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> si elle peut être définie par<br />

une combinaison booléenne d’inégalités entre fonctions appartenant à A. Les deux<br />

assertions suivantes sont classiques :<br />

a) Soit ϕ : Y → X un morphisme entre R-<strong>variété</strong>s <strong><strong>algébrique</strong>s</strong> affines. L’image<br />

par ϕ de toute partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de Y(R) est une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong><br />

de X (R) (cf. [3], th. 2.2.1) ;<br />

b) soit X une R-<strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> affine de type fini et P une partie <strong>semi</strong><strong>algébrique</strong><br />

de X (R). Les composantes connexes de P sont en nombre fini<br />

et sont <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> (cf. [3], th. 2.2.4 et th. 2.2.5).<br />

Le but de cet article est d’établir des résultats analogues pour les <strong>variété</strong>s <strong><strong>algébrique</strong>s</strong><br />

sur un corps k complet pour une valeur absolue ultramétrique. Si l’on munit simplement<br />

l’ensemble des k-points (ou même des points à valeurs dans une clôture<br />

<strong>algébrique</strong> donnée de k) d’une telle <strong>variété</strong> de la topologie induite par celle de k<br />

on obtient un espace qui est totalement discontinu, ce qui ôte tout espoir d’obtenir<br />

un énoncé du type b). Aussi a-t-on fait ici le choix de se placer dans le cadre de<br />

la théorie des espaces analytiques de Berkovich qui sont munis d’une topologie<br />

“sympathique” : ainsi chacun de leurs points a une base de voisinages compacts et<br />

connexes par arcs.<br />

A. Ducros: IRMAR Université de Rennes 1, Campus de Beaulieu, 35042 Rennes CEDEX,<br />

France. e-mail: antoine.ducros@univ-rennes1.fr<br />

DOI: 10.1007/s00229-003-0382-4


514 A. Ducros<br />

Si X est une k-<strong>variété</strong> on lui associe de manière naturelle un espace analytique<br />

X an , et tout morphisme ϕ : Y → X entre k-<strong>variété</strong>s induit une application ϕ an :<br />

Y an → X an entre leurs analytifications. Soit X une k-<strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> affine et<br />

A l’anneau des fonctions polynomiales sur X . Une partie de X an sera dite <strong>semi</strong><strong>algébrique</strong><br />

si elle peut être définie par une combinaison booléenne d’inégalités de<br />

la forme |f |⊲⊳λ|g| où f et g sont éléments de A, où λ est un réel positif, et où<br />

⊲⊳ est un symbole appartenant à {,≥}. Les deux résultats principaux de ce<br />

texte sont les suivants:<br />

Proposition 2.5. Soit ϕ : Y → X un morphisme entre deux k-<strong>variété</strong>s <strong><strong>algébrique</strong>s</strong><br />

affines. L’image par ϕ an de toute partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de Y an est une partie<br />

<strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de X an .<br />

Théorème 3.2. Soit X une k-<strong>variété</strong> affine et soit P une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de<br />

X an . Les composantes connexes de P sont en nombre fini et sont <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong>.<br />

La proposition 2.5 est la conséquence d’un résultat plus général portant sur certaines<br />

familles de <strong>semi</strong>-normes et établi à l’aide de l’élimination des quantificateurs<br />

dans la théorie des corps valués <strong>algébrique</strong>ment clos et du Nullstellensatz analytique.<br />

Quant au théorème 3.2 on ramène essentiellement sa preuve, après un certain<br />

nombre de réductions qui utilisent des techniques de base de géométrie <strong>algébrique</strong><br />

(compactification, éclatement, normalisation) ainsi que la proposition 2.5, à celle<br />

du lemme ci-dessous (rappelons qu’un espace strictement affinoïde est le lieu des<br />

zéros d’une famille de fonctions analytiques sur un polydisque unité fermé, et dans<br />

la théorie de Berkovich un tel espace est compact):<br />

Lemme 3.1.2. Soit X un espace strictement affinoïde équidimensionnel et réduit<br />

sur un corps ultramétrique complet <strong>algébrique</strong>ment clos et ρ : X → �X la flèche de<br />

réduction modulo la boule unité ouverte du corps de base. Soit F un fermé Zariski<br />

connexe de �X. L’ouvert ρ −1 (F) de X est connexe.<br />

Le cas particulier où F est un point de �X, qui est dûà Bosch ([4], Kor. 6.2), est<br />

un ingrédient essentiel de la démonstration de ce lemme.<br />

Les deux énoncés figurant ci-dessus ne sont que des cas particuliers de la proposition<br />

2.5 et du théorème 3.2 de l’article, qui s’appliquent non seulement à des<br />

<strong>variété</strong>s <strong><strong>algébrique</strong>s</strong> mais à des “familles analytiques à base affinoïde de <strong>variété</strong>s<br />

<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> affines”, les inégalités étant à prendre entre “familles analytiques de<br />

fonctions <strong><strong>algébrique</strong>s</strong>”; en termes plus techniques on s’intéresse au spectre d’une<br />

algèbre B de type fini sur une algèbre affinoïde A (et à l’analytification dudit<br />

spectre) et aux fonctions qui appartiennent à B. Le choix de ce point de vue permet<br />

d’avoir des résultats nettement plus généraux que si l’on se limitait au cadre<br />

des <strong>variété</strong>s <strong><strong>algébrique</strong>s</strong>, sans que cela entraîne de réelles complications dans les<br />

démonstrations.


<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> p-<strong>adique</strong> 515<br />

0. Rappels et notations<br />

(0.1) Définition. Un corps valué sera dans la suite du texte un corps k muni d’une<br />

valeur absolue ultramétrique que l’on notera ||sauf mention expresse du contraire.<br />

(0.2) Soit k un corps valué complet. Dans cet article le terme espace k-analytique<br />

sera à prendre au sens de Berkovich; sa théorie est développée dans les deux textes<br />

fondateurs [1] et [2]; les résultats et définitions essentiels de [1], Chap. 1, 2, et 3 et<br />

de[2],§1,§2et§3seront supposés connus et utilisés pour la plupart sans rappels<br />

ni justification. L’espace k-analytique associéà une algèbre k-affinoïde A sera noté<br />

M(A). SiX est un espace k-analytique et L un corps valué complet extension de<br />

k on notera XL le transformédeX par changement de base de k à L.SiA est une<br />

algèbre k-affinoïde on désignera par A o le sous-anneau de A formé des éléments<br />

de norme spectrale majorée par 1 et par A oo l’idéal de A o formé des éléments de<br />

norme spectrale strictement majorée par 1; le quotient A o /A oo sera noté �A.<br />

(0.3) Soit A une algèbre affinoïde sur un corps valué complet k et soit X un<br />

A-schéma de type fini. L’analytification de X aété définie par Berkovich (cf. [2],<br />

Prop. 2.6.1) et sera notée X an . Elle est munie d’un morphisme naturel vers M(A).<br />

Le normalisé Y de X est fini sur X et les domaines analytiques de Y an sont normaux<br />

(sur cette question, cf. l’appendice). Si X est le spectre d’une A-algèbre de type<br />

fini B un domaine affinoïde V de X an sera dit de Weierstraß s’il peut être défini<br />

par une combinaison booléenne d’inégalités de la forme<br />

|f1| ≤λ1 et ... et |fn| ≤λn<br />

où les fi sont des éléments de B et les λi des réels strictement positifs; notons que<br />

sous cette hypothèse l’image de B est dense dans l’anneau des fonctions analytiques<br />

sur V .Siϕ est un A-morphisme entre deux A-schémas de type fini la flèche<br />

correspondante entre les analytifications sera notée ϕ an .<br />

(0.4) Soit k un corps valué complet et soit r = (ri) une famille finie de réels<br />

strictement positifs. L’algèbre affinoïde<br />

�<br />

k<br />

T1<br />

,... ,<br />

r1<br />

Tn<br />

,<br />

rn<br />

S1<br />

�<br />

/(T1S1 − 1,... ,TnSn − 1)<br />

r −1<br />

1<br />

,... , Sn<br />

r −1<br />

n<br />

est isomorphe à l’algèbre des séries formelles � aI T I où le multi-indice I parcourt<br />

(Z) n telles que |aI |r I tende vers zéro lorsque |I| tend vers l’infini<br />

(si I = (i1,... ,in) on désigne par |I| l’entier positif |i0|+···|in|). Sa norme est<br />

l’application � aI T I ↦→ max |aI |r I . Cette algèbre sera notée kr. Si la famille (ri)<br />

est libre dans (R ∗ + /|k∗ |) ⊗Z Q alors kr est un corps.<br />

Soit r une famille de réels strictement positifs. Si X est un espace k-analytique<br />

on notera Xr le produit fibré X ×k M(kr).SiA est une algèbre k-affinoïde et si B<br />

(resp. X ) est une A-algèbre (resp. un A-schéma) de type fini on notera Br (resp.<br />

Xr) l’algèbre B ⊗A (A�⊗kkr) (resp. le schéma X × Spec A (Spec A�⊗kkr) ).


516 A. Ducros<br />

1. <strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> et stabilité sous un morphisme affine<br />

(1.1) Soit A un anneau et X un ensemble de <strong>semi</strong>-normes multiplicatives ultramétriques<br />

sur A dont les restrictions à Z coïncident. Soit P un élément de X.<br />

Son noyau est un idéal premier de A; le corps des fractions de l’anneau quotient<br />

correspondant est naturellement muni d’une valeur absolue résiduelle ||. On notera<br />

H(P ) son complété pour cette dernière. Si f est un élément de A on désignera par<br />

f(P)son image dans H(P ). La valeur en f de la <strong>semi</strong>-norme P est égale à |f(P)|<br />

par la définition même de la valeur absolue résiduelle ||.<br />

(1.2) Définition. On appelle partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> (resp. partie strictement <strong>semi</strong><strong>algébrique</strong>)<br />

deX relativement à A toute partie de X définie par une combinaison<br />

booléenne d’inégalités de la forme |f |⊲⊳λ|g| où f et g sont deux éléments de A,<br />

où ⊲⊳ est un symbole appartenant à {, ≤, ≥}, etoù λ est un réel positif (resp.<br />

un élément de {0, 1}).<br />

(1.3) Remarque. S’il n’y a pas d’ambiguïté, ce qui sera le cas la plupart du temps,<br />

l’expression “relativement à A” sera omise.<br />

(1.4) Remarque. Il est clair d’après la définition ci-dessus que les parties <strong>semi</strong><strong><strong>algébrique</strong>s</strong><br />

(resp. strictement <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong>) de X relativement à A constituent<br />

une sous-algèbre de Boole de P(X).<br />

(1.5) Soit B une A-algèbre de type fini et soit P un point de X. Toute <strong>semi</strong>-norme<br />

multiplicative de B ⊗A H(P ) dont la restriction à H(P ) est égale à ||induit une<br />

<strong>semi</strong>-norme multiplicative sur B au-dessus de P ; notons YP l’ensemble des <strong>semi</strong>normes<br />

ainsi construites, et Y la réunion des YP pour P parcourant X. On dira que<br />

Y est la <strong>variété</strong> affine au-dessus de X définie par B. On note π la flèche de Y vers<br />

X dont la fibre en un point P est précisément YP .<br />

(1.6) Proposition. Soit U une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> (resp. strictement <strong>semi</strong><strong>algébrique</strong>)<br />

de Y . Alors π(U) est une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> (resp. strictement<br />

<strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>) de X.<br />

Démonstration. On procède en deux temps.<br />

(1.6.1) Supposons d’abord que U est strictement <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>. Soit P un point<br />

de X. La fibre YP de Y en P est en bijection naturelle avec l’ensemble sous-jacent<br />

à l’espace strictement H(P )-analytique<br />

(Spec (B ⊗A H(P )) ) an .<br />

L’intersection de U avec cet espace est, par sa forme même, réunion finie d’espaces<br />

strictement H(P )-analytiques. En vertu du Nullstellensatz analytique (cf. [5], 6.1.2<br />

Cor. 3) elle est non vide si et seulement si elle possède un point sur une extension<br />

<strong>algébrique</strong> finie de H(P ). La théorie de l’élimination des quantificateurs sur un


<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> p-<strong>adique</strong> 517<br />

corps valué <strong>algébrique</strong>ment clos (cf. [9], 4.17 ou [10]) permet alors de conclure que<br />

π(U) est strictement <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>.<br />

(1.6.2) Dans le cas général soit (r1,... ,rn) une famille finie de réels strictement<br />

positifs tels que chacun des λ non nuls intervenant dans la combinaison d’inégalités<br />

définissant U soit l’un des ri. Soit A ′ l’algèbre<br />

�<br />

A T1,... ,Tn, 1<br />

,... ,<br />

T1<br />

1<br />

�<br />

Tn<br />

où les Ti sont des indéterminées. Soit P un point de X. L’application � aITI ↦→<br />

max |aI(P )|r<br />

I<br />

I est une <strong>semi</strong>-norme multiplicative sur A ′ .<br />

Notons X ′ l’ensemble des <strong>semi</strong>-normes ainsi obtenues. L’application qui à une<br />

<strong>semi</strong>-norme sur A ′ associe sa restriction à A induit une bijection ηX : X ′ → X.<br />

Désignons par Y ′ la <strong>variété</strong> affine au-dessus de X ′ définie par B ⊗A A ′ et par<br />

π ′ la flèche naturelle Y ′ → X ′ . La restriction de B ′ à B induit une application<br />

ηY : Y ′ → Y de sorte que le diagramme<br />

ηY<br />

Y ′<br />

��<br />

Y<br />

π ′<br />

�� X ′<br />

π ��<br />

�� X<br />

commute.<br />

Considérons l’une des inégalités |f |⊲⊳λ|g| entrant dans la définition de U<br />

(et donc de η −1<br />

Y (U)); si λ est non nul c’est par hypothèse l’un des ri et donc on<br />

peut réécrire cette égalité sous la forme |f |⊲⊳|Tig|; ceci montre que η −1<br />

(U) est<br />

Y<br />

une partie strictement <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de Y ′ . D’après le 1.6.1 ci-dessus le sousensemble<br />

π ′ (η −1<br />

Y (U)) est une partie strictement <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de X′ .<br />

D’autre part π ′ (η −1<br />

Y (U)) est égal à η−1<br />

X (π(U)). En effet l’inclusion<br />

ηX<br />

π ′ (η −1<br />

Y (U)) ⊂ η−1<br />

X (π(U))<br />

provient de la commutativité du diagramme. Pour l’inclusion réciproque, soit P<br />

un point de X ′ �<br />

et soit Q un point de U tel que π(Q) = ηX(P ). La <strong>semi</strong>-norme<br />

bITI ↦→ max |bI(Q)|r<br />

I<br />

I définit un élément Q ′ de Y ′ qui appartient à η −1<br />

Y (U)<br />

(puisque ηY (Q ′ ) = Q); par définition de Q ′ on a π ′ (Q ′ ) = P , et donc P appartient<br />

à π ′ (η −1<br />

Y (U)).<br />

Le sous-ensemble η −1<br />

X (π(U)) est donc une partie strictement <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong><br />

de X ′ ;ladéfinition de ηX permet d’en déduire immédiatement que π(U) est une<br />

partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de X, et ceci achèveladémonstration. ⊓⊔


518 A. Ducros<br />

2. <strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> dans certains espaces de Berkovich<br />

On fixe pour tout le paragraphe un corps valué complet k.<br />

(2.1) Définition. Soit A une algèbre k-affinoïde et soit B une A-algèbre de type<br />

fini dont on note X le spectre. On dit qu’une partie de X an est <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> si<br />

elle est <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> (au sens de la définition 1.2) relativement à l’anneau B.<br />

(2.2) Remarque. Les parties d’un espace k-analytique X définies par des combinaisons<br />

booléennes d’inégalités de la forme |f |⊲⊳|g| où f et g sont des fonctions<br />

analytiques quelconques sur X, ainsi que les images de telles parties sous certaines<br />

projections, ont étéétudiées par différents auteurs sous les appellations respectives<br />

de parties <strong>semi</strong>-analytiques et sous-analytiques. On pourra consulter par exemple<br />

[7] ou [8], la liste n’est pas exhaustive et chacun de ces deux textes contient<br />

lui-même de nombreuses références sur la question.<br />

(2.3) Un exemple de partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>. Si X est un espace k-affinoïde alors<br />

tout domaine analytique compact de X est <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>. Cela résulte en effet du<br />

lemme suivant (dont M. Temkin a également donné une preuve, indépendamment<br />

de l’auteur):<br />

(2.4) Lemme. Soit X un espace k-affinoïde et Y un domaine k-affinoïde de X.<br />

Alors Y est une réunion finie de domaines rationnels de X.<br />

Démonstration. Soit r une famille finie non vide de réels strictement positifs<br />

linéairement indépendants dans (R ∗ + /|k∗ |)⊗ZQ telle que Xr et Yr soient strictement<br />

affinoïdes sur kr. D’après le théorème de Gerritzen-Grauert (cf. [5], § 7.3.5, Cor. 3<br />

du Th. 1) on peut écrire Yr comme une réunion finie Y1 ∪...∪Ym où les Yi sont des<br />

domaines strictement kr-rationnels de Xr. Pour tout entier i compris entre 1 et m<br />

il existe donc des fonctions gi,fi,1,... ,fi,ni sur Xr sans zéro commun sur Xr et<br />

telles que Yi soit défini par les inégalités |fi,1| ≤|gi|,... ,|fi,ni |≤|gi|. Notons A<br />

l’algèbre des fonctions de X et ||∞ la <strong>semi</strong>-norme spectrale sur A. Toute fonction<br />

analytique sur Xr peut s’écrire � aI T I où les aI sont dans A et sont tels que |aI |∞r I<br />

tende vers zéro lorsque |I| tend vers l’infini. Soit σ la section continue de Xr → X<br />

qui envoie P sur le point � bI T i ↦→ max |bI (P )|r I . Fixons un i et employons<br />

les notations g, f1,... ,fn au lieu de gi,fi,1,... ,fi,ni . Ecrivons g = � γI T I<br />

et fj = � αI,jT I . Les fj et g n’ayant pas de zéro commun sur Xr la fonction<br />

g ne peut s’annuler sur Yi. Comme Yi ∩ σ(X) est compact la fonction |g| y est<br />

minorée par un réel λ strictement positif. Soit I un ensemble fini de multi-indices<br />

tel que pour tout I en dehors de I les réels |γI |∞r I , |αI,1|∞r I ,... ,|αI,n|∞r I<br />

soient strictement inférieurs à λ. Soit P un point de X. Alors σ(P)appartient à Yi<br />

si et seulement si les conditions suivantes sont satisfaites :<br />

(i) |γI (P )|rI ≥ λ pour au moins un élément I de I.<br />

(ii) sup |γI (P )|r<br />

I∈I<br />

I ≥ sup |αI,j(P )|r<br />

I∈I<br />

I pour tout j compris entre 1 et n.


<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> p-<strong>adique</strong> 519<br />

Pour tout élément I de I, notons �I le domaine rationnel de X défini par<br />

les inégalités |γI |r I ≥ λ, |γI |r I ≥|γJ |r J , |γI |r I ≥|αJ,j|r J où J parcourt I et<br />

j l’ensemble des entiers compris entre 1 et n. Ondéduit de ce qui précède que<br />

σ −1 (Yi) est la réunion des �I .OrY est la réunion des σ −1 (Yi), ce qui achève la<br />

démonstration du lemme. ⊓⊔<br />

(2.5) Proposition. Soit A une algèbre k-affinoïde et ϕ : Y → X un morphisme<br />

entre A-schémas affines de type fini. L’image par ϕ an d’une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong><br />

de Y an est une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de X an .<br />

Démonstration. C’est une conséquence immédiate de la proposition 1.6. ⊓⊔<br />

(2.6) Corollaire. Soit A une algèbre k-affinoïde, soit X un A-schéma affine de<br />

type fini, soit � (resp. F) un ouvert affine (resp. un fermé) de X . Toute partie<br />

<strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de � an (resp. de F an ) est une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de X an . ⊓⊔<br />

(2.7) Remarque. Le corollaire ci-dessus peut se prouver directement de manière<br />

élémentaire (sans utiliser l’élimination des quantificateurs).<br />

3. Enoncé etpreuveduthéorème principal<br />

Commençons par établir la proposition suivante:<br />

(3.1) Proposition. Soit k un corps valué complet dont la valeur absolue n’est pas<br />

triviale, soit A une algèbre strictement k-affinoïde équidimensionnelle et soit X<br />

l’espace M(A). Soit n un entier, soit λ1,... ,λn une famille de réels strictement<br />

positifs de torsion modulo |k ∗ | et soient ξ1,... ,ξn une famille de n éléments de A<br />

tels que |ξi| ≤λi sur A pour tout i. Soit U l’ouvert de X défini comme le lieu de<br />

validité de la condition<br />

|ξ1|


520 A. Ducros<br />

réduite donc distinguée ([5], 6.4.3/1). La�k-algèbre �A est de type fini ([5], 6.4.3 Cor.<br />

3). L’image dans �A d’un élément f de A o sera notée �f . Soit �X le spectre de �A et ρX<br />

la flèche de réduction X → �X (cf. [1], 2.4). L’ouvert U est l’image réciproque par<br />

ρX du fermé Zariski de �X défini par l’idéal qu’engendrent les �ξi et que l’on notera<br />

�U. Du lemme suivant on déduira immédiatement que les composantes connexes de<br />

U sont exactement les images réciproques par ρX des composantes connexes de<br />

�U, ce qui montrera à la fois qu’elles sont en nombre fini et qu’elles ont la forme<br />

souhaitée.<br />

(3.1.2) Lemme. Soit F un fermé irréductible de �X. L’ouvert ρ −1<br />

X (F) est connexe.<br />

Démonstration. Soit � une composante connexe de ρ −1<br />

X (F). Comme X est<br />

localement connexe � est un ouvert, et est par conséquent réunion de domaines<br />

strictement affinoïdes de X. Soit Y l’un d’eux. Le diagramme<br />

ρY<br />

Y<br />

��<br />

�Y<br />

(le sens des notations ρY et �Y est évident) est commutatif, les flèches verticales<br />

sont surjectives et la flèche du bas est de type fini. On en déduit que ρX(Y ) est une<br />

partie constructible de F, puis que ρX(�) est ind-constructible.<br />

D’après un résultat de Bosch ([4], Kor. 6.2) l’image réciproque par ρX d’un point<br />

fermédeF est connexe, donc incluse dans une et une seule composante de ρ −1<br />

X (F).<br />

L’intersection des images par ρX de deux composantes disjointes de ρ −1<br />

X (F) est<br />

donc une partie ind-constructible de F ne contenant aucun point fermé, c’est par<br />

conséquent l’ensemble vide. Les images par ρX des composantes de ρ −1<br />

(F) sont<br />

donc deux à deux disjointes.<br />

Soit �0 l’unique composante de ρ −1<br />

X (F) dont l’image par ρX contient le point<br />

générique ξ de F et soit P un point de �0 tel que ρX(P ) = ξ. La composante �0<br />

est un ouvert de X; le point P possède par conséquent un voisinage strictement<br />

affinoïde Y inclus dans �0. Le morphisme d’inclusion de Y dans X est intérieur<br />

en P (au sens de [1], 2.5.7 et en vertu de [2], 1.5.5). Comme |k∗ | est divisible et<br />

comme Y est strictement affinoïde la norme spectrale de toute fonction analytique<br />

�� X<br />

��<br />

���X<br />

sur Y est un élément de |k∗ | ([1], Cor. 2.1.6). Désignons par Dk (resp. Do k<br />

ρX<br />

X<br />

) le disque<br />

unité fermé (resp. ouvert) sur k. Ondéduit de ce qui précède, à l’aide du lemme<br />

2.5.11 de [1], que l’inclusion de Y dans X se factorise comme suit<br />

X × Dn k<br />

���<br />

ι ��<br />

��<br />

��<br />

��<br />

��<br />

Y �� X


<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> p-<strong>adique</strong> 521<br />

où n est un entier et où ι est une immersion fermée telle que ι(P) appartienne à<br />

X × (D o<br />

k )n . Ce diagramme en induit un dans la catégorie des �k-<strong>variété</strong>s:<br />

�X × A n �k<br />

���<br />

�ι ��<br />

��<br />

��<br />

��<br />

��<br />

�Y<br />

���X<br />

Soit σ la section de la flèche �X × An �k → �X correspondant à l’origine de An �k .Le<br />

morphisme�ι envoie l’image de P sur σ(ξ). Comme�ι est fini ([5], 6.3.5 Th. 1) son<br />

image est fermée et contient donc σ(F). En conséquence F ⊂ ρX(Y ) ⊂ ρX(�0).<br />

Ceci montre que ρX(�0) = F et donc (les images des composantes de ρ −1<br />

X (F)<br />

étant deux à deux disjointes) que �0 = ρ −1<br />

X (F), ce qui achèveladémonstration<br />

du lemme. ⊓⊔<br />

(3.1.3) Supposons maintenant k quelconque, et soit K le complété d’une clôture<br />

<strong>algébrique</strong> de k. Soit p la flèche XK → X. L’ouvert p −1 (U) de XK a d’après ce<br />

qui précède un nombre fini de composantes connexes, chacune d’elles étant de la<br />

forme voulue. Soit ksep la fermeture séparable de k dans K. La densitédeksep dans<br />

K (cf. [5], 3.4.1/6) entraîne l’existence d’une extension finie séparable L de k telle<br />

que toutes les fonctions analytiques en jeu dans les inégalités qui définissent les<br />

composantes connexes de p −1 (U) puissent être choisies de manière à provenir de<br />

fonctions analytiques sur XL. Le corps L satisfait alors clairement les conclusions<br />

de la proposition. ⊓⊔<br />

Enonçons maintenant le théorème principal de cet article:<br />

(3.2) Théorème. Soit k un corps valué complet et soit A une algèbre k-affinoïde.<br />

Soit B une A-algèbre de type fini et soit Y son spectre. Soit U une partie <strong>semi</strong><strong>algébrique</strong><br />

de Y an . Les composantes connexes de U sont en nombre fini et sont<br />

<strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong>.<br />

Démonstration. On peut supposer les inégalités qui définissent U reliées uniquement<br />

par des conjonctions et, ce qui ramène le problème au cas où U est défini par<br />

une combinaison<br />

|f1| ⊲⊳1 λ1|g1| et ... et |fn| ⊲⊳n λn|gn|<br />

où les fi et gi appartiennent à B, où les λi sont des réels positifs et les ⊲⊳i des<br />

éléments de {, ≤, ≥}.<br />

Identifions Y à un ouvert dense d’un A-schéma projectif Y. Désignons par U<br />

(resp. Z) le schéma (P1 Y )n (resp. (P1 Y )n ); pour tout i donnons-nous un système de<br />

coordonnées homogènes (Si,Ti) sur sur le i-ème facteur P1 Y et notons ξi l’élément<br />

inversible Ti<br />

de l’anneau total des fractions de Z. En tout point z de Z l’une au<br />

Si


522 A. Ducros<br />

moins des deux fonctions ξi et ξ −1<br />

i appartient à OZ,z. SiP est un point de Zan et<br />

si ξi n’appartient pas à OZan ,P on posera |ξi(P )| =+∞; modulo cette convention<br />

|(1/ξi)(P )| =1/|ξi(P )| pour tout point P de X an et toute partie définie par une<br />

inégalité stricte (resp. large) entre |ξi| et un élément de R∗ + ∪ {+∞} est un ouvert<br />

(resp. un fermé) de Zan .<br />

Pour tout i appartenant à {1,... ,n} soit Ei le sous-ensemble de U défini par<br />

la condition (qui dépend du symbole ⊲⊳i):<br />

• fi = 0 si ⊲⊳i est égal à ≤.<br />

• gi �= 0 si ⊲⊳i est égal à .<br />

Soit maintenant I un sous-ensemble de {1,... ,n}. On introduit les notations<br />

suivantes :<br />

• WI désignera le sous-ensemble de Zan défini comme le lieu de validité simultanée<br />

de toutes les inégalités |ξi| ⊲⊳iλi pour i parcourant I;<br />

• FI désignera le fermé Zariski de U défini par le système d’équations<br />

{Sifi − Tigi = 0}i∈I ;<br />

• VI désignera l’ouvert d’inversibilité dans U de la fonction �<br />

figi;<br />

• GI désignera le fermé Zariski de U défini par le système d’équations<br />

{figi = 0}i/∈I ;<br />

• EI désignera l’intersection des Ei pour i parcourant le complémentaire de I;<br />

• �I désignera l’intersection WI ∩F an<br />

I ∩Gan<br />

I ∩Van<br />

I ∩Ean<br />

I . C’est un sous-ensemble<br />

de U an .<br />

Soit p la flèche structurale U an → Y an . Le sous-ensemble U auquel on<br />

s’intéresse est la réunion des p(�I ) pour I parcourant l’ensemble des parties de<br />

{1,... ,n}. Supposons que l’on sache montrer que pour tout I et tout ouvert affine<br />

� de Z l’intersection �I ∩ � an a un nombre fini de composantes connexes, chacune<br />

d’entre-elles étant une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de � an ; alors en recouvrant U<br />

par un nombre fini d’ouverts affines et en appliquant la proposition 2.5 on achève<br />

la preuve du théorème. Or �I est combinaison booléenne de la partie WI et d’un<br />

certain nombre d’analytifications d’ouverts et fermés Zariski de Z. Il suffit donc<br />

de démontrer l’assertion ci-dessous:<br />

(3.2.1) Nouvelle version de l’assertion àétablir. Soit Z un A-schéma projectif,<br />

soit n un entier et soit (ξ1,... ,ξn) une famille d’éléments inversibles de l’anneau<br />

total des fractions de Z telle que pour tout i et pour tout point z de Z l’une au moins<br />

des deux fonctions ξi et ξ −1<br />

i appartienne à OZ,z. Soit (λ1,... ,λn) une famille de<br />

scalaires positifs, soit (⊲⊳1,... ,⊲⊳n) une famille de symbole appartenant à {, ≥} et soit W le sous-ensemble de Z an défini par la conjonction d’inégalités<br />

|ξ1| ⊲⊳1 λ1 et ... et |ξn| ⊲⊳n λn.<br />

i∈I


<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> p-<strong>adique</strong> 523<br />

On se donne un fermé F et deux ouverts V et � de Z; on suppose que � est<br />

affine. Sous ces hypothèses F an ∩ W ∩ V an ∩ � an a un nombre fini de composantes<br />

connexes, et ce sont des parties <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> de � an .<br />

(3.2.2) Si λi est nul pour un certain i on peut retrancher l’inégalité |ξi| ⊲⊳i λi de<br />

la définition de W et la faire rentrer dans celle de F ou de V. Ceci permet de se<br />

ramener au cas où tous les λi sont strictement positifs. Quitte à remplacer ξi par<br />

ξ −1<br />

i pour certains i on peut alors supposer que les symboles ⊲⊳i appartiennent tous<br />

à {


524 A. Ducros<br />

finie séparable L de kr telle que (W ∩ T)L ait un nombre fini de composantes<br />

connexes, chacune d’elle étant définie par une conjonction d’inégalités de la forme<br />

|ψ| < 1où ψ est une fonction � analytique sur (W ∩ T)L majorée en norme par 1.<br />

Soit K la k-algèbre k T1,... ,Tm, 1<br />

,... , 1<br />

�<br />

. Munie de la norme<br />

T1<br />

Tm<br />

� aIT I ↦→ max |aI|r I<br />

elle s’identifie à une sous-algèbre dense de kr. Le lemme de Krasner assure alors<br />

l’existence d’une K-algèbre finie L telle que L ⊗K kr soit isomorphe à L; notons<br />

que L se plonge de manière dense dans L. Soit C l’anneau des fonctions du schéma<br />

affine T . Comme W ∩ T est un domaine de Weierstraß de T an l’anneau C ⊗k L est<br />

dense dans l’anneau des fonctions analytiques sur (W ∩ T)L. Chaque composante<br />

connexe de (W ∩ T)L peut donc être décrite par une conjonction d’inégalités de<br />

la forme |ψ| < 1où ψ est une fonction provenant de C ⊗k L et majorée en norme<br />

par 1 sur (W ∩ T)L.<br />

(3.2.4) L’espace analytique T an est naturellement homéomorphe à un certain<br />

ensemble de <strong>semi</strong>-normes sur C. Comme la famille (r1,... ,rm) est libre dans<br />

(R ∗ + /|k∗ |) ⊗Z Q l’espace (T an )L s’identifie à l’ensemble des <strong>semi</strong>-normes sur<br />

C ⊗k L dont la restriction à C appartient à T an et dont la valeur en Tp est égale à rp<br />

pour tout entier p compris entre 1 et m.Désignons par S la <strong>variété</strong> affine au-dessus<br />

de T an , toujours vu comme un ensemble de <strong>semi</strong>-normes de C, associée à C ⊗k L<br />

(rappelons que cette notion a étédéfinie au 1.5).Alors d’après ce qui précède chaque<br />

composante connexe de (W ∩ T)L s’identifie à une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de S,<br />

puisque c’est l’ensemble des points en lesquels sont vérifiées :<br />

• les égalités |Tp| =rp pour tout p;<br />

• les majorations en norme de fonctions de C qui définissent W et le domaine de<br />

Weierstraß T ;<br />

• les majorations en norme de fonctions de C ⊗k L qui, sur (W ∩ T)L,décrivent<br />

la composante en question (l’existence de telles majoration a été mentionnée<br />

plus haut).<br />

(3.2.5) On déduit alors de la proposition 1.6 que l’image dans T an d’une telle composante<br />

est une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>, nécessairement connexe et bien sûr incluse<br />

dans W ∩ T . En conséquence les composantes connexes de W ∩ T sont en nombre<br />

fini et sont des parties <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> de T an . Soit � une telle composante. C’est<br />

un ouvert du domaine analytique W ∩ T de Z an . Comme Z est normal � est donc<br />

elle-même un espace analytique normal et connexe (cf. l’appendice). On en déduit<br />

que � ∩ � an ∩ V an est connexe ([1], cor. 3.3.15). C’est une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong><br />

de T an , donc de T an ∩ � an (notons que T ∩ � est affine puisque Z est projectif<br />

sur A donc séparé). Or T ∩ � est un ouvert de �, et le corollaire 2.6 assure<br />

alors que � ∩ � an ∩ V an est une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> de � an , ce qui achève la<br />

démonstration. ⊓⊔


<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> p-<strong>adique</strong> 525<br />

(3.3) Remarque. Même lorsque les scalaires et les fonctions en jeu dans la combinaison<br />

d’inégalités qui la définissent sont non nuls une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong><br />

n’est pas en général un domaine analytique de l’espace ambiant. Ainsi soit k un<br />

corps valué complet, soit X le spectre de k[T1,T2] et soit U la partie de X an définie<br />

par l’inégalité |T1| ≤|T2|. Alors U n’est pas un domaine analytique de X an car<br />

l’origine est un point rigide de X an qui est situé sur le bord topologique de U dans<br />

X an .<br />

(3.4) Remarque. Un morphisme entre espaces affinoïdes ne transforme pas en<br />

général une partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong> en partie <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>. Par exemple, soit X<br />

un espace affinoïde, soit Y un domaine affinoïde intègre de X et soit F un fermé<br />

Zariski strict de Y dont l’adhérence Zariski dans X est égal à X tout entier (de tels<br />

triplés (X,Y,F)existent effectivement, cf. [2], rem. 2.2.9). Sous ces hypothèses le<br />

sous-ensemble F de X, qui est l’image de l’immersion composée F → Y → X,<br />

n’est pas <strong>semi</strong>-<strong>algébrique</strong>.<br />

Appendice : analytification des schémas normaux<br />

Le but de cet appendice est d’établir la proposition ci-dessous. Si l’on se limite à<br />

des algèbres strictement affinoïdes et à des domaines strictement analytiques elle<br />

est essentiellement connue, la démonstration de Berkovich du théorème 2.2.1 de<br />

[2], énoncé avec des hypothèses plus restreintes, s’appliquant en fait sans problème<br />

ici.<br />

Proposition. Soit k un corps valué complet et soit A une algèbre k-affinoïde. Soit<br />

X un A-schéma de type fini.<br />

i) La normalisation Y de X est un X -schéma fini;<br />

ii) tout domaine analytique de Y an est normal;<br />

iii) si x est un point d’un bon domaine analytique W de X an d’image x dans X<br />

alors OW,x est normal si et seulement si OX ,x l’est.<br />

Démonstration. Observons pour commencer que iii) découle de i) et ii),dela<br />

fidèle platitude de X an → X ([2], prop. 2.6.2) et de la platitude du morphisme<br />

d’anneaux induit par l’immersion d’un domaine affinoïde ([2], 2.2.4 (ii)).<br />

Montrons maintenant i). On peut supposer que X est le spectre d’une A-algèbre<br />

B de type fini intègre. Prouvons que pour toute famille r de réels strictement positifs<br />

l’anneau Br est intègre. Soit r une telle famille et f et g deux éléments de Br de<br />

produit nul. On peut écrire f = � aITI et g = � bITI où les aI et les bI appartiennent<br />

à B. La restriction de fg à chacune des fibres de X an<br />

r → X an est nulle.<br />

Or ses fibres sont intègres (par exemple parce que chacune d’elles devient, après<br />

une extension de corps convenable, isomorphe au cercle unité) , ce qui implique<br />

que pour tout P appartenant à X an ou bien tous les aI(P ) ou bien tous les bI(P )<br />

sont nuls. Soit Ia (resp. Ib) l’idéal de B engendré par les aI (resp. les bI). Ce qui


526 A. Ducros<br />

précède implique que tout point P de X an s’envoie ou bien sur le fermé Zariski de<br />

X défini par Ia ou bien sur celui défini par Ib. Comme X an → X est surjective et<br />

comme B est intègre l’un au moins des idéaux Ia et Ib est trivial, et donc l’une au<br />

moins des fonctions f et g est nulle.<br />

Soit r une famille de réels strictement positifs telle que kr soit un corps sur<br />

lequel Ar soit strictement affinoïde. Comme les algèbres strictement affinoïdes sur<br />

un corps sont des anneaux excellents le raisonnement suivi par Berkovich dans [2],<br />

théorème 2.2.1 (pour la partie concernant précisément la normalité) s’applique ici :<br />

le normalisé <strong>algébrique</strong> X norm<br />

r de Xr est fini sur Xr, et il existe une fonction b<br />

non nulle appartenant à Br telle que bOX norm<br />

r ⊂ Br; onendéduit aussitôt (cf. [2],<br />

paragraphe précédent le corollaire 2.2.6) l’existence d’une fonction b ′ non nulle<br />

appartenant à B telle que b ′ OX norm ⊂ B, ce qui achèveladémonstration de i).<br />

On va maintenant montrer le ii). On peut oublier X et s’intéresser uniquement à<br />

Y.Onseramène immédiatement au cas où ce dernier est le spectre d’une A-algèbre<br />

de type fini intègre (et donc intégralement close) C.<br />

Lemme. Soit r une famille finie de réels strictement positifs. L’anneau Cr est<br />

intégralement clos.<br />

Démonstration. Notons déjà pour commencer que cet anneau est intègre, par<br />

le raisonnement déjà tenu ci-dessus. Soit s une famille de réels strictement positifs<br />

telle que ks soit un corps sur lequel As soit strictement affinoïde, et telle que chacun<br />

des réels de la famille r soit de torsion modulo |k ∗ s |. L’anneau (Cs)r (toujours intègre<br />

pour les mêmes raisons) est l’anneau des fonctions d’un domaine strictement ksaffinoïde<br />

d’un espace affine relatif sur Ys. Par des arguments identiques à ceux<br />

utilisés par Berkovich dans [2], et fondés sur l’excellence des algèbres strictement<br />

affinoïdes ainsi que sur l’identité des complétés des anneaux locaux <strong>algébrique</strong><br />

et analytique en un point rigide (cf. [2], lemme 2.6.3) on montre que la fermeture<br />

intégrale de (Cs)r dans son corps des fractions est précisément le sous-anneau formé<br />

des séries � cIT I où chacun des cI appartient à la fermeture intégrale de Cs dans<br />

son corps des fractions; comme Cs est japonais il existe un élément c de Cs tel que<br />

tout élément de la clôture intégrale de (Cs)r soit de la forme � c −1 cIT I où cI est<br />

pour tout I un élément de Cs tel que c −1 cI soit entier sur Cs.<br />

Soit f un élément de la clôture intégrale de Cr; il appartient a fortiori àlaclôture<br />

intégrale de (Cs)r et peut donc s’écrire � c −1 cIT I pour une certaine famille (cI)<br />

d’éléments de Cs, le terme c −1 cI étant entier sur Cs pour tout I. Par ailleurs f est<br />

élément du corps des fractions de Cr et est en conséquence de la forme<br />

� γIT I<br />

� δIT I<br />

où les γI et les δI appartiennent à C.<br />

Comme c appartient à Cs il existe une famille (λJ) d’éléments de C telle que<br />

c = � λJS J .


<strong>Parties</strong> <strong>semi</strong>-<strong><strong>algébrique</strong>s</strong> d’une <strong>variété</strong> <strong>algébrique</strong> p-<strong>adique</strong> 527<br />

Pour tout I on peut de même écrire cI = � µI,JS J où les µI,J appartiennent à C.<br />

il vient<br />

Partant de<br />

c � γIT I ��<br />

= δIT I� �<br />

cIT I<br />

�<br />

λJγIT I S J = �<br />

⎛<br />

⎝ �<br />

I,J<br />

I,J<br />

I0+I1=I<br />

δI0 µI1,J<br />

⎞<br />

⎠ T I S J ,<br />

les sommes infinies d’éléments de C étant à prendre au sens de la convergence<br />

uniforme sur tout compact de Yan .<br />

Comme c est non nul il existe J tel que λJ soit non nul. Fixons un tel J. Dece<br />

qui précède découle l’égalité<br />

�<br />

λJγIT I = �<br />

⎛<br />

⎝ �<br />

⎞<br />

⎠ T I<br />

que l’on peut réécrire<br />

I<br />

I<br />

I0+I1=I<br />

δI0 µI1,J<br />

�<br />

γITI �<br />

δITI = � µI,J<br />

T I ,<br />

l’indice de sommation étant I. On reconnaît dans le membre de gauche l’élément<br />

f ; en conséquence on a par identification c−1cI = µI,J<br />

pour tout I.<br />

En particulier µI,J<br />

est pour tout I un élément du corps des fractions de C entier<br />

λJ<br />

sur Cs et donc, par un calcul immédiat, entier sur C. Or ce dernier est intégralement<br />

clos par hypothèse. En conséquence µI,J<br />

appartient à C pour tout I.Dès lors f est<br />

élément de Cr et la démonstration du lemme est terminée. ⊓⊔<br />

λJ<br />

Pour prouver ii) on peut supposer que W est affinoïde. Soit r une famille de<br />

réels strictement positifs telle que M(A)r et Wr soient strictement kr-affinoïdes.<br />

D’après le lemme ci-dessus l’anneau Cr est normal et donc l’espace strictement<br />

kr-analytique Yan r l’est aussi, et il en va de même de son domaine strictement<br />

kr-analytique Wr (puisque le lieu de normalité de ce dernier est un ouvert de Zariski<br />

qui contient tous les points rigides). De la fidèle platitude de la flèche Wr → W<br />

(cf. [1], 2.2.4 (ii) )ondéduit que W est normal, ce qui achèveladémonstration de<br />

la proposition. ⊓⊔<br />

Remerciements. Je tiens à remercier tout particulièrement le rapporteur. La première<br />

mouture de ce texte était très différente ; par ses remarques la concernant (et notamment<br />

par sa mention d’une erreur, ou à tout le moins d’une sérieuse lacune, dans la<br />

preuve d’un lemme) il a inspiré une refonte à peu près complète de l’article, et une<br />

λJ<br />

λJ


528 A. Ducros<br />

extension des résultats initiaux. Je lui sais également gré de sa lecture attentive de<br />

la deuxième version et des commentaires et suggestions qu’il a faits à son sujet.<br />

Ma gratitude va aussi à Vladimir Berkovich pour la promptitude avec laquelle<br />

il répond à mes questions, pour l’intérêt qu’il a manifesté pour ce travail et pour<br />

ses conseils et encouragements.<br />

References<br />

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Mathematical Surveys and Monographs 33, AMS, Providence, RI, 1990<br />

[2] Berkovich, V.: Étale cohomology for non-archimedean analytic spaces, Inst. Hautes<br />

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[3] Bochnak, J., Coste et, M., Roy, M.-F.: Géométrie <strong>algébrique</strong> réelle. Ergeb. Math.<br />

Grenzgeb (3)12, Springer-Verlag, 1986<br />

[4] Bosch, S.: Eine bemerkenswerte Eigenschaft der formellen Fasern affinoider Räume,<br />

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[7] Lipshitz, L.: Rigid subanalytic sets. Amer. J. Math. 115(1), 77–108 (1993)<br />

[8] Lipshitz, L., Robinson, Z.: Rings of separated power series and quasi-affinoid geometry.<br />

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[9] Prestel, A.: Einführung in die Mathematische Logik und Modelltheorie. Vieweg<br />

(Braunschweig), 1986<br />

[10] Weispfenning, V. Quantifier Elimination and Decision Procedures for Valued Fields,<br />

In: Models and Sets,Aachen, 1983, Lecture Notes in Math. 1103. 419–472, Springer-<br />

Verlag 1984

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