MATERIEL ET METHODES Réponses hormonales du mérion, un rongeur désertique, à la privation d’eau prolongée : comparaison avec le rat. A. Sellami, D. Maurel, E. Kosa et P. Siaud Mésogée Volume 61|2005 8 RESULTATS L’objectif <strong>de</strong> ce travail est <strong>de</strong> déterminer les variations <strong>de</strong> la pression osmotique et <strong>de</strong>s principaux électrolytes (Na – K) du plasma <strong>de</strong> Meriones shawi shawi au cours d’une privation prolongée d’eau. L’évolution <strong>de</strong>s systèmes hormonaux impliqués dans la régulation <strong>de</strong>s électrolytes est déterminée par évaluation <strong>de</strong>s concentrations plasmatiques <strong>de</strong> l’aldostérone et <strong>de</strong> la vasopressine. Une comparaison est faite avec <strong>de</strong>s rats soumis aux mêmes conditions expérimentales. Les mérions (Meriones shawi shawi), pesant <strong>de</strong> 100 à 150 g, proviennent d’un élevage développé au laboratoire à partir d’animaux capturés dans le sud <strong>de</strong> la Tunisie.Les rats <strong>de</strong> souche Wistar sont fournis par la pharmacie centrale <strong>de</strong> Tunisie. Les animaux, tous mâles et adultes, stabulés en cages individuelles, sont placés dans les mêmes conditions <strong>de</strong> température (20 + 1 °C), photopério<strong>de</strong> (12L/12D) et d’hygrométrie (70 à 80 %). La nourriture constituée <strong>de</strong> biscuits, d’orge et <strong>de</strong> légumes (carottes et sala<strong>de</strong>s) est fournie ad libitum. Les mérions sont réparties en 4 lots <strong>de</strong> 6 animaux chacun : un lot témoin (T) recevant eau et nourriture ad libitum et 3 lots (J2, J8, J30) pour lesquels eau et légumes sont retirés du régime respectivement 2, 8 et 30 jours avant le sacrifice. Les rats sont répartis en seulement 3 lots (T, J1, J2) avec les mêmes conditions expérimentales ; le lot J30 est supprimé en raison <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> survie <strong>de</strong> l’espèce. Les sacrifices ont lieu le matin entre 9h et 11h. Le sang servant au dosage <strong>de</strong>s ions et <strong>de</strong> l’osmolalité est prélevé par ponction du sinus infraorbital pour les mérions et au niveau <strong>de</strong> la caroti<strong>de</strong> pour les rats. Les dosages hormonaux sont effectués sur le sang du tronc après décapitation. Les échantillons <strong>de</strong> sang sont centrifugés et la détermination <strong>de</strong> la pression osmotique du plasma est immédiatement réalisée à l’ai<strong>de</strong> d’un microosmomètre. Le reste du plasma est aliquoté et conservé à – 20 °C jusqu’à la mise en route <strong>de</strong>s dosages. La quantification du sodium et du potassium est réalisée par photométrie <strong>de</strong> flamme. Les hormones sont dosées par RIA. Pour le dosage <strong>de</strong> l'aldostérone, nous avons utilisé un kit fourni par CIS Bio International (Gif-sur- Yvette, France). La limite <strong>de</strong> détection du dosage est estimée à 15 pg/ml ; les coefficients <strong>de</strong> variation intra- et inter-essais sont respectivement <strong>de</strong> 6,5 et 7,5 %. La vasopressine est dosée après extraction à l’acétone selon la technique décrite par Conte-Devolx et al. (1992). L’antisérum utilisé (dilution finale 1/20 000) nous a été gracieusement fourni par le Professeur Ch.Oliver (INSERM U501,Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine Nord,Marseille,France).La limite <strong>de</strong> détection du dosage est <strong>de</strong> 1.5 pg/ml et les coefficients <strong>de</strong> variation intra- et inter-essais sont respectivement <strong>de</strong> 5.5 et 9 %. Les résultats sont exprimés par la moyenne + l’erreur standard. La signification statistique <strong>de</strong>s différences entre les moyennes est évaluée par comparaison <strong>de</strong>s variances (ANOVA). 1 - Poids <strong>de</strong>s animaux (Fig. 1) La privation d’eau entraîne chez le rat une perte <strong>de</strong> poids corporel importante, statistiquement significative dès le <strong>de</strong>uxième jour (p < 0.01) et atteignant jusqu’à 30 % du poids initial après 8 jours <strong>de</strong> traitement. Chez le mérion, la perte <strong>de</strong> poids n’excè<strong>de</strong> pas 10 % du poids initial après 8 jours et 15 % après 30 jours <strong>de</strong> régime sec, cette diminution n’étant par ailleurs jamais statistiquement significative. Chez les <strong>de</strong>ux espèces aucune mortalité n’est survenue au cours <strong>de</strong> cette mise en régime sec. 2 – Pression osmotique (Fig 2) et taux plasmatiques du sodium et du potassium (Fig 3 et b) Pour Meriones, la pression osmotique moyenne du plasma (307,6 + 12,9 mosm/kg d’eau) est supérieure à celle du rat (277,6 + 0,7 mosm/kg d’eau) avec une toutefois gran<strong>de</strong> variabilité individuelle comme en témoigne l’importance <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> l’erreur standard (Fig 2). 30 jours <strong>de</strong> régime sec n’affectent significativement ni la pression osmotique ni les niveaux plasmatiques <strong>de</strong> Na et <strong>de</strong> K (Fig 3a et b). Une augmentation non significative est toutefois observée pour les 3 paramètres au terme <strong>de</strong> la première semaine <strong>de</strong> traitement, à J8, avec corrélativement une diminution <strong>de</strong> la variabilité interindividuelle et un resserrement <strong>de</strong>s valeurs, traduit par une diminution très importante <strong>de</strong> l’erreur standard notamment en ce qui concerne la pression osmotique (cf. Fig 2, J8 vs T). Pour le rat, l’osmolalité (Fig 2), significativement augmentée dès 2 jours <strong>de</strong> privation d’eau (290,2 + 2,0 vs 277,6 + 0,7 mosm/kg d’eau chez les témoins hydratés ; P < 0,01) l’est encore plus à J8 (315,8 + 7,7 vs 277,6 + 0,7). Le taux <strong>de</strong> Na dans le plasma augmente régulièrement et significativement au cours <strong>de</strong>s 8 jours <strong>de</strong> régime sans eau (Fig 3a) avec un profil parallèle à celui <strong>de</strong> la pression osmotique (cf. Fig 2), alors que le taux plasmatique <strong>de</strong> K reste strictement inchangé (Fig 3b). Réponses hormonales du mérion, un rongeur désertique, à la privation d’eau prolongée : comparaison avec le rat. A. Sellami, D. Maurel, E. Kosa et P. Siaud Mésogée Volume 61|2005 9 Figure 1 Evolution du poids corporel du rat et du mérion au cours d’un régime sec <strong>de</strong> 2 jours (J 2), 8 jours (J 8) et 30 jours (J 3). T = témoins en régime hydraté. m + SEM.. ** : P
Réponses hormonales du mérion, un rongeur désertique, à la privation d’eau prolongée : comparaison avec le rat. A. Sellami, D. Maurel, E. Kosa et P. Siaud Mésogée Volume 61|2005 10 Figure 4 Profils d’évolution <strong>de</strong> l’aldostérone (a) et <strong>de</strong> la vasopressine (b) dans le plasma <strong>de</strong> rat et <strong>de</strong> mérion au cours <strong>de</strong> la privation d’eau. Les animaux sont soumis à un régime sec <strong>de</strong> 2 jours (J 2), <strong>de</strong> 8 jours (J 8) ou <strong>de</strong> 30 jours (J 30). T= témoins en régime hydraté. m + SEM. * : P