le mont Ventoux - Muséum d'histoire naturelle de Marseille

Une montagne d’exception
Géant de la Provence occidentale, le mont Ventoux se situe
à l’extrémité nord-ouest d’un ensemble plus vaste englobant
la montagne de Lure, le plateau d’Albion et les monts de Vaucluse.
Concentré sur à peine 25 km de long et 15 km de large,
il culmine à 1909 m.
Carte géographique du Vaucluse.
(D’après Michel Olive DRAC-PACA)
Au sud, son piémont appartient
à la plaine du Comtat Venaissin.
À l’est, s’étendent les monts
de Vaucluse entaillés par les gorges
de La Nesque.
Au nord, la vallée du Toulourenc
l’isole de la Drôme.
À l’ouest, il se prolonge par
les dentelles de Montmirail.
Une formation géologique tourmentée
Il résulte de l’affrontement et du mouvement des plaques tectoniques africaine et eurasiatique,
à l’origine de la construction des Pyrénées et des Alpes, et de déformations : failles (Nîmes, Durance),
fossés d’effondrement (Aurel-Sault ; Carpentras-Le Barroux), chevauchements (Luberon ; Ventoux-Lure).
Les roches sédimentaires le constituant appartiennent à une unité géologique appelée panneau
de couverture nord provençal.
Quand le Ventoux était sous la mer
Entre – 200 à – 100 millions d’années, la zone Ventoux-Baronnies est en domaine marin. De peu profond,
Schéma du pli du mont Ventoux.
En grisé la partie disparue.
il va constituer un petit océan. L’unité Ventoux-Lure, au sud de
ce dernier, se raccorde à une zone méridionale marine moins profonde.
Le Ventoux se structure entre – 95 et – 40 millions d’années.
Les premières déformations sont liées à la formation des Pyrénées
(phase de compression nord-sud). Puis des plis de direction est-ouest
se forment et avec eux le Ventoux.
Entre – 40 et – 20 millions d’années, de nouveaux mouvements
(phase d’ouverture) créent des fossés d’effondrement encadrant
et individualisant le massif.
Sa structure actuelle résulte de la surrection des Alpes, entre – 10 et – 2 millions d’années.
Un relief dissymétrique
Ces divers épisodes géologiques ont construit un haut relief calcaire dissymétrique, avec un versant sud
en pente douce et un versant nord abrupt, à l’origine d’un étagement bioclimatique responsable
d’une diversité remarquable. Les paysages contrastés qui l’entourent sont eux-aussi l’écrin
d’une grande variété biologique.
La plaine du Comtat Venaissin et le mont Ventoux vu du Sud-Ouest.
Cliché Frédéric Melki.
Versant nord vu du village de Brantes.
Cliché E. Crégut-Bonnoure.
Carte et coupes géologiques du mont Ventoux
(la position des coupes est indiquée par les flèches).
In : Encyclopédie du mont Ventoux. Alpes de Lumières, 2007.
Le LL géantdela Provence
La biodiversité

Une localisation et un relief
initiateurs d’une biodiversité
exceptionnelle
La situation géographique du massif du Ventoux
et sa géomorphologie en font un lieu remarquable.
Un milieu varié
Le Ventoux se trouve dans le sud-est de la France, dernière zone alpine
importante du sud, à la confluence des trois domaines biogéographiques
médio-européen, alpin et méditerranéen. Il montre une forte dualité
entre ses versants nord et sud.
Avec ses 1909 m d’altitude, il offre une importante amplitude altitudinale et
un étagement bioclimatique unique où se croisent, s’affrontent et s’entremêlent
plusieurs tendances écologiques et biogéographiques.
Du piémont au sommet, de l’adret à l’ubac, forêts, éboulis, crêtes ventées, rochers escarpés, de riches
milieux s’étagent et se succèdent. Grands et petits mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, arachnides,
insectes ont colonisé ces environnements de garrigues, de forêts, de pelouses et de pierriers.
Cette situation est aussi le résultat des activités humaines dont les traces sont suivies depuis près
de 7.000 ans (Néolithique).
Arête sommitale du Ventoux :
coussin rose d’œillet à tige courte (Dianthus subacaulis),
campanule des Alpes (bleues ; Campanula alpestris)
et sabline à grandes fleurs (blanche ; Arenaria grandiflora).
Cliché Frédéric Melki.
Des activités humaines destructrices
Les multiples déforestations, qui ont culminé au XIX e siècle, ont provoqué le développement des milieux
ouverts au détriment des milieux fermés et la disparition de nombreuses espèces végétales et animales.
Cédraie (Cedrus atlantica).
Cliché Frédéric Melki.
Différence de la végétation entre le versant sud (à droite) aride,
peuplé de chêne vert et le versant nord (à gauche) dominé par le chêne blanc.
Cliché Frédéric Melki.
Vipère d’Orsini (Vipera ursinii).
Cliché Frédéric Melki.
Une restauration du milieu réussie
Telle une île, le Ventoux abrite aujourd’hui de nombreuses espèces rares
et endémiques. L’état actuel du massif résulte d’un processus de reboisement
et de la création de nouveaux milieux, telle la cédraie du versant sud.
L’impact humain se traduit aussi par la ré-introduction d’espèces animales
disparues (cerf, chevreuil) et de nouveaux venus (mouflon de Corse).
Crête nord-est du Ventoux.
Cliché Jean-Paul Soujol.
L’étagement bioclimatique
La biodiversité

Le Ventoux révèle
une nouvelle science
En 1811, Esprit REQUIEN (1788-1851), fondateur du Musée d’Histoire
naturelle d’Avignon, démontre que la végétation du Ventoux s’étage
en altitude selon cinq zones, de 300 m au piémont à 1.909 m
au sommet : la géographie botanique est née.
Étagement altitudinal de la végétation du Ventoux
par Esprit Requien (1811). Reproduction Aude Frères.
Une flore étagée selon l’altitude
L’étage méditerranéen du chêne vert occupe le flanc sud jusqu’à 800 m, ne dépassant pas 600 m sur l’ubac.
Forêts de pin d’Alep, chêne kermès, genévriers de Phénicie et cade, nerprun alaterne, pistachier térébinthe
se mêlent aux garrigues et pelouses à brachypode rameux.
L’étage collinéen du chêne blanc se différencie jusqu’à 1000 m. C’est le domaine du pin sylvestre, sorbier
domestique, érables de Montpellier et à feuille d’obier, alisier blanc et buis. Les zones d’éboulis abritent
l’amélanchier et l’arbre aux perruques.
L’étage montagnard du hêtre associe sur le versant
nord sapin, buis, lys Martagon, chèvrefeuille des
Alpes, framboisier, églantiers (de montagne, de
pimprenelle, des Alpes). Sur le flanc sud, le sous-
bois plus sec n’abrite que peu d’espèces : renoncule
de montagne, néotie, euphorbe douce.
La prairie du Mont Serein est un écrin avec gentia-
nes jaune, printanière et des champs. À proximité la
hêtraie à if témoigne des forêts anciennes détruites.
L’étage subalpin du pin à crochets débute vers 1600 m. Le genévrier est ici
un arbuste prostré. Les clairières abritent le panicaut épine blanche, espèce protégée.
Localement trois plantes rares émaillent ce milieu : fougère de Villars, acte en épi,
sceau de Salomon à feuilles verticillées.
Pin à crochets
(Pinus uncinata).
Cliché Frédéric Melki.
Un sommet surprenant
La calotte sommitale, rattachée à l’étage pseudo-alpin, abrite des pelouses d’altitude à la riche flore alpine
sous influence méditerranéenne : ibéris de De Candolle, alyse à feuilles en coin, doronic à grandes feuilles,
euphorbe de Loiseleur, pavot orangé, pensée du Mont Cenis.
Euphorbe de Loiseleur (Euphorbia seguierania
subsp. loiseleurii). Cliché E. Crégut-Bonnoure.
La biodiversité du Ventoux se traduit par la présence de plus de 1000 espèces végétales, soit près du quart
de la flore totale de la France !
Pavot orangé (Papaver aurantiacum).
Cliché David Mancel.
Sapin “candélabres” (Abies alba) et vieux
hêtres (Fagus sylvatica) dans la forêt primaire
du Ventoux. Cliché Frédéric Melki.
Schéma ayant permis de finaliser
le croquis de l’étagement de la végétation.
Collection Muséum Requien.
Lys Martagon
(Lilium martagon).
Cliché Frédéric Melki.
Iberis de De Candolle (Iberis candolleana).
Cliché David Mancel.
Une riche végétation étagée
La biodiversité

Un large emploi
des richesse naturelles
Beaucoup d’habitants de la région du Ventoux
et les herboristes savent reconnaître et utiliser les plantes
à des fins médicales, alimentaires et aromatiques.
Des plantes pour la santé
La propriété dépurative des plantes est largement utilisée : germandrée petit-chêne, frêne,
fumeterre, marrube, noyer.
Contre les affections respiratoires bourrache, tussilage, romarin, mauve, pointes de ronce, bourgeons
de pins sont employés. La résine du sapin, récoltée au mois d’août sur le flanc nord du Ventoux,
complète la thérapie.
Les ennuis digestifs sont traités selon les cas avec la pariétaire (diarrhées des nourrissons),
la mauve (constipation), la sauge et le thym (digestion).
Plaies et contusions sont soignées par la résine de sapin, l’arnica, les plantains ;
les brûlures par le millepertuis.
Adénostyle alpin
(Adenostyles alpina).
Cliché Frédéric Melki.
Contre la peste !
Poussant à partir de 1700 m environ, l’adénostyle des Alpes est censée guérir de la peste. Le souvenir
de ses vertus curatives a traversé plus de 280 ans d’histoire, la dernière épidémie ayant eu lieu en 1720-21!
Bons à manger, bons à distiller
À des fins alimentaires, outre les champignons, se ramassent l’asperge sauvage,
Affiche de la Liqueur du Curé des Abeilles.
Cliché Olivier Madon.
les laitues (une trentaine d’espèces), le céleri aquatique.
Dans la deuxième moitié du XIX e siècle, la trufficulture
fait son apparition et la richesse de Bedoin.
Les ruches pour la collecte du miel sont installées près
des champs de thym et de lavande sauvage.
Cette dernière est aussi ramassée pour être distillée.
Liqueurs et élixirs sont fabriqués à partir de fleurs,
rameaux et baies.
Plantes aromatiques, truffes et miel restent
des atouts majeurs de l’économie locale.
Des plantes utiles pour l’élevage
et les jardins
Les glands des chênes sont ramassés pour nourrir les cochons,
les feuilles de hêtre et de chêne pour l’alimentation des troupeaux en hiver.
Le buis est coupé pour protéger les potagers et, une fois décomposé,
utilisé comme engrais.
Genévrier commun
(Juniperus communis ).
Cliché Frédéric Melki.
Rosette de laitue sauvage
(Lactuca perennis).
Cliché Olivier Madon.
Mélisse
(Melissa officinalis).
Cliché Olivier Madon.
Tussilage
(Tussilago farfara).
Cliché Olivier Madon.
Le pouvoir des pl p antes
La biodiversité

La forêt : d’une catastrophe
écologique à une gestion raisonnée
Le mont Ventoux illustre les problèmes écologiques liés
à la pression démographique et à l’exploitation d’un milieu
dans un système agro-sylvo-pastoral.
La vallée du Toulourenc en 1889. Source et montage de l’ONF (2004).
Une catastrophe écologique annoncée
L’exploitation des richesses naturelles du Ventoux débute dès le Néolithique (– 7.000 avant Jésus-Christ).
Ce phénomène s’amplifie au Moyen-âge lorsque autorisation est donnée pour une possession du massif
par ses habitants. La culture des céréales va s’étendre jusqu’au dessus de 1.000 m d’altitude.
Au delà, la forêt est le siège de l’élevage : élagage des taillis de feuillus et augmentation du cheptel entrai-
nent le développement des espaces pastoraux de l’étage méditerranéen à l’étage subalpin.
C’est la destruction de la forêt.
Chêne rescapé des déboisements.
Source de l’ONF.
À partir du XVIII e siècle, le bois, qui sert au chauffage, à la production
de charbons et au brûlage du calcaire pour la chaux, est aussi utilisé
pour l’industrie.
Un reboisement bénéfique
Au début du XIX e siècle la forêt est réduite à quelques lambeaux.
La destruction du couvert végétal a de graves conséquences
sur l’environnement : érosion des sols, éboulements, crues dévastatrices.
La loi de 1860 sur le reboisement arrête le processus. Les reforestations, précédées par des analyses
sur la végétation subsistante, débutent
sur la commune de Malaucène dès 1859 et
à Bedoin en 1875. L’État acquiert 2.000 ha,
installe des pépinières, aménage des sentiers.
C’est un succès ! De nouvelles essences sont
introduites (cèdre de l’Atlas originaire
d’Afrique du Nord, pin noir des Alpes orienta-
les) et des arbres d’autres régions de France
(pins maritime et cembro, mélèze).
La vallée du Toulourenc
et le versant nord du Ventoux aujourd’hui.
Cliché Frédéric Melki.
Plantations au pied du versant nord.
Source de l’ONF.
Plantations.
Source de l’ONF.
Les travaux ont continué jusqu’en 1936. La forêt est exploitée
aujourd’hui sous le contrôle de l’Office National des Forêts
qui gère près de 18 000 ha appartenant à l’État et aux communes.
L’exploitation, manuelle ou mécanisée, traite la forêt soit en taillis
(hêtres, chênes vert et pubescent), soit en futaie (résineux).
Un mili lleu surexpl p oité
La biodiversité

Dans les coulisses du temps,
une biodiversité insoupçonnée
La zone Ventoux-Monts de Vaucluse est riche en abris sous-roches,
grottes et avens-pièges. Leur remplissage permet de visualiser
l’évolution des milieux et des espèces dans le temps.
Tahr de l’Himalaya (Hemitragus jemlahicus).
Cliché Evelyne Crégut-Bonnoure.
Il y a 200 000 ans,
les grands froids
Il y a 200 000 ans, le climat est froid. Le tahr, hôte actuel
de l’Himalaya, égaille les gorges de la Nesque en compagnie
du chamois.
Les plateaux avoisinants sont parcourus par l’aurochs ancêtre
du bœuf domestique, le cerf géant haut de quelques 1,60m
et à la palmure évoquant celle d’un élan, le rhinocéros de prairie,
le cheval, le daim, le sanglier, le cerf élaphe et le chevreuil.
Au bord de l’Ouvèze il y a 120 000 ans
Puis le climat change, devient tempéré (de –134.000 ans à –114.000 ans). Le tahr est remplacé
par le bouquetin alpin. On retrouve le cheval sauvage, le sanglier, le daim, les cerfs géant et élaphe,
le chevreuil et l’aurochs. L’éléphant antique (4 m de hauteur à l’épaule) fait son apparition avec la tortue
d’Hermann. L’Ouvèze héberge la loutre et la cistude (tortue d’eau). Les carnivores abondent :
loup, dhole (sorte de chien sauvage), renard, blaireau, putois, lion et lynx des cavernes, panthère,
chat sauvage, hyène des cavernes, ours brun, ours des cavernes.
Crâne d’un cheval de Solutré (Equus gallicus)
correspondant à une jument tombée il y a 18 000
ans dans l’aven-piège du Coulet des Roches
à Monieux.
Cliché Olivier Ambrosio.
Mandibules de loup (Canis lupus).
Grand abri aux Puces. Cliché Olivier Ambrosio.
Les derniers grands froids
Vers – 80.000 ans le climat se refroidit. En bordure de La Nesque, la hyène côtoie le renard polaire,
le mammouth et le rhinocéros laineux.
Crâne et fémur du cheval lors de leur découverte.
Cliché Evelyne Crégut-Bonnoure.
Mandibule de panthère (Panthera pardus).
Grotte de La Masque. Cliché Olivier Ambrosio.
Le Bau de l’Aubesier à Monieux.
Cliché Serge Lebel.
Ces conditions froides vont alterner avec des phases climatiques plus clémentes. Vers –18.000 ans,
un dernier coup de froid sévit. Avec lui arrivent les derniers rennes qui vont s’installer sur les plateaux
de Sault en compagnie du célèbre cheval de Solutré. Le lynx boréal accompagne le chat sauvage, la belette
et l’hermine. Parmi les oiseaux, se notent le lagopède alpin et la chouette laponne (ou harfang).
C’est tout un bestiaire qui a évolué au gré des changements climatiques du Quaternaire.
Une biodiversité insoupçonnée
La biodiversité

Quand l’ours brun vivait
au Ventoux
Trente-deux cavités sont répertoriées sur le versant nord
du Ventoux, à la limite des étages subalpin et pseudo-alpin.
Ce sont des galeries aboutissant à des puits d’une profondeur
variant entre 3 et 60 mètres. Quinze d’entre elles, datant du début
du Néolithique (- 7.000 ans av. J.-C.) au Moyen-âge (900 ap. J.-C.),
ont livré quelques 80.000 ossements appartenant en majorité
à l’ours brun.
Un bestiaire unique
Quarante espèces de mammifères et dix-sept d’oiseaux sont reconnues :
- ours brun, loup, renard, blaireau, martre, fouine, cerf, chevreuil, sanglier, bouquetin alpin, chamois,
campagnols souterrain, de Provence, roussâtre, agreste, terrestre et des champs, mulot, lérot, muscardin,
écureuil, taupe, musaraignes pygmée et carrelet, crocidures musette et des jardins, lièvre, grand et petit
murin, murins de Bechstein, de Natterer, de Daubenton, de Brandt, vespertilions à moustaches et à oreilles
échancrées, oreillard gris, grand oreillard, barbastelle, sérotines commune et bicolore
- vautour moine, hiboux moyen-duc et petit-duc, faucon crécerelle, grand tétras, lagopède des Alpes,
chocard à bec jaune, pigeons ramier, biset et colombin, grand corbeau, merle à plastron, bergeronnette
grise, pipit farlouse, gros bec, foulque macroule, hirondelles ou martinets.
Ajoutons des amphibiens et reptiles (salamandre tachetée, lézard vert, vipère aspic) et de très nombreux
mollusques gastéropodes (21) : chondrines, clausilies, vitrées, pyramidelles, etc.
Vue du chantier de fouille à l’aven René Jean.
Cliché Evelyne Crégut-Bonnoure.
Membre postérieur
d’un squelette d’une femelle
daté de 5.500 avant Jésus-Christ.
Cliché Evelyne Crégut-Bonnoure.
Puits d’entrée
de l’aven René Jean à Brantes.
Cliché Tanguy Stoecklé.
Crânes d’ours brun
provenant des fouilles réalisées
à l’aven René Jean.
Cliché Tanguy Stoecklé
Ces découvertes révèlent
une incroyable richesse faunique et montrent
qu’avec l’extinction des ours bruns en France,
c’est une grande partie de la diversité
génétique de l’espèce qui s’est perdue.
L’aven René Jean,
référence internationale
pour l’ours brun
Dans l’un des avens, le René Jean, l’ours brun présente
une grande diversité génétique. Les individus les plus
anciens (de –7.000 à –5.000 ans av. J.-C.) appartiennent
à une lignée aujourd’hui disparue. Les plus récents
se rattachent soit à une lignée du sous embranchement
ibérique soit au sous embranchement italien-balkanique
de la lignée occidentale.
Crâne d’un individu juvénile.
Cliché Evelyne Crégut-Bonnoure.
Ours brun (Ursus arctos), Finlande.
Cliché Philippe Orsini.
Crânes et ossements d’ours brun
du Mont Ventoux.
Cliché Tanguy Stoecklé.
Les LL ours bruns du Vento tt ux
La biodiversité

Quand la gestion du milieu
n’était pas raisonnée
Le massif du Ventoux et ses alentours ont été depuis la préhistoire
un lieu de chasse privilégié. Cette pratique a toujours constitué
un appoint alimentaire et fournissait cuirs et fourrures. Mais les
abus et l’intensification des activités humaines liées à la conquête
du massif ont engendré la perte de sa biodiversité.
Sur les flancs du Ventoux,
les chasseurs de la Préhistoire
Sternum de chamois transpercé
par une flèche en Bronze.
Cliché Tanguy Stoecklé.
La chasse du chamois est attestée à l’âge du Bronze
(–3000 ans av. J.-C.) grâce à un individu tombé
accidentellement dans un aven du flanc nord du Ventoux.
Son sternum est transpercé par une flèche en bronze.
Le cal osseux de cicatrisation qui la recouvre témoigne
de la survie de l’animal blessé.
Une chasse active dès le Moyen-Age
S’il n’y a aucune indication de chasse d’ours brun, ce plantigrade est signalé comme abondant
au Moyen-âge dans la zone de Sault où il cohabite avec lynx, chat sauvage et loup.
Les archives de Sault dévoilent qu’en 1489 on vendait sur le marché, soit pour la viande soit pour
la fourrure, loup, renard, lynx, chat sauvage, martre, fouine, blaireau, loutre, sanglier, cerf, chamois, lièvre,
lapin et même vautour.
L’éradication du loup
Vers 1470 débute une chasse intensive du loup en vue de son éradication :
Loup (Canis lupus) (Italie). Cliché Philippe Orsini.
Courbe d’abattage des loups vauclusiens
d’après les données historiques collectées
par Sylvain Gagnière.
battues, pièges, primes,
empoisonnement se succèdent.
En 1807, onze communes du Ventoux
organisent une battue officielle
sans résultat probant.
Les effectifs diminuent à la fin du XIX e
siècle. La dernière observation de loup
sur le Ventoux date de 1880.
Collier de protection portés par les chiens
contre les loups. Collection Muséum Requien.
Cliché Olivier Ambrosio.
Le coup de grâce de la déforestation
C’est la déforestation qui a culminé au XIX e siècle qui provoque
la disparition de toute la faune forestière initiale.
Industrie lithique
de l’Homme de Néandertal
du grand abri aux Puces.
Cliché Ludovic Slimak.
Piège à loup du XIX° siècle.
Collection Muséum Requien.
Cliché Olivier Ambrosio.
L’économie de chasse
La biodiversité

La grande faune actuelle
La restauration du milieu forestier, l’implication de l’Office
national des forêts, de l’Office national de la chasse et de la faune
sauvage et de la Fédération départementale des chasseurs ont
permis un nouveau développement des populations d’ongulés et
la mise en place de mesures de gestion visant à leur développement
à des fins cynégétiques.
Biche avec son faon (Cervus elaphus).
Cliché Nicolas Ughetto.
Le retour des grands ongulés
Le sanglier, le cerf, le chevreuil et le chamois sont les quatre ongulés indigènes du Ventoux.
Le sanglier n’a jamais disparu. Aujourd’hui florissant, ses effectifs sont régulés par la chasse. Le cerf
a délaissé le Vaucluse au XVII e siècle. Il a été réintroduit entre 1954 et 1958. Du fait de son expansion, un plan
de chasse a été mis en place dès 1980. La période automnale du brame attire chaque année les curieux.
La distribution géographique passée du chevreuil est mal connue : il est absent de l’inventaire
des espèces commercialisées au XV e siècle, mais il a vécu dans le Luberon jusqu’au XVII e siècle. Il est revenu
à partir des départements limitrophes du Vaucluse. Des lâchers ont aussi eu lieu en 1988/1989, dans
les monts de Vaucluse.
Le chamois a perduré sur le Ventoux jusqu’en 1950 dans les parties escarpées de l’ubac, puis a disparu
jusque vers 1970. Il a recolonisé le milieu à partir de la montagne de Lure. On compte aujourd’hui
plus de 150 individus.
Mouflon (Ovis musimon). Cliché Nicolas Ughetto.
L’introduction d’espèces exotiques
Deux espèces « exotiques » ont été introduites :
- le cerf sika originaire du japon, n’a pu s’acclimater
- le mouflon de Corse, descendant des premiers mouflons orientaux
domestiqués, a été introduit sur le Ventoux en 1961/1962.
Après une période de stagnation de la population, ses effectifs
tendent à augmenter.
Vers le retour du lynx et du loup ?
Chez les carnivores, il semble que le renard, le blaireau, la martre et la fouine n’aient jamais
totalement disparu. De récentes observations montrent le retour du lynx et la présence de la genette.
Quant au loup, revenu en France à partir des populations protégées d’Italie et dont les effectifs
sont en expansion, il a fait un retour discret.
Chevreuil (Capreolus capreolus).
Cliché Nicolas Ughetto.
Renard (Vulpes vulpes). Cliché Nicolas Ughetto.
Sanglier (Sus scrofa).
Cliché Nicolas Ughetto.
La grande faune
La biodiversité

Souvent oubliés,
les petits mammifères
Discrets et moins spectaculaires que les grands ongulés
et les carnivores, de nombreux petits mammifères s’agitent.
Hérissons (Erinaceus europaeus).
Cliché Nicolas Ughetto.
Murin de Daubenton (Myotis daubentonii).
Cliché Tanguy Stoecklé.
Un milieu de qualité
pour les chauves-souris
La région du Ventoux peut s’enorgueillir
Le hérisson et le lérot restent cantonnés dans
les parties basses, près des habitations pendant que l’écureuil
arpente les forêts. Plus discrets, campagnols et musaraignes
s’activent ; le campagnol des neiges occupe la partie
sommitale du Ventoux tandis que le pachyure étrusque
se trouve dans les milieux chauds de l’adret.
Le lièvre est omniprésent, jusqu’en altitude. Le lapin
de garenne, qui a failli disparaître en 1956, est en cours
de réacclimatation.
de la présence de vingt espèces de chauves-souris. Très sensibles aux insecticides
et à la transformation des milieux, elles y ont trouvé des zones préservées et un environnement
de qualité, deux facteurs favorables à leur survie.
Parmi celles-ci, le grand murin (la plus grande espèce) a installé sur le Ventoux une colonie d’hibernation
riche de plusieurs centaines d’individus.
Écureuil (Sciurus vulgaris). Cliché Maxime Briola.
Petit rhinolophe
(Rhinolophus hipposideros).
Cliché Florent Pouzet.
Le petit rhinolophe est lui aussi représenté autour du massif par la plus grande colonie du Vaucluse.
L’oreillard gris, le murin à oreilles échancrées, la noctule de Leisler, le murin de Capaccini, le molosse
de Cestoni, le vespertilion de Savi sont autant d’espèces qui signent la qualité du milieu.
Un univers discret
La biodiversité

Les oiseaux
d’un univers écologique unique
Étagée en altitude, l’avifaune est riche d’une centaine d’espèces
aux origines biogéographiques et aux exigences écologiques
différentes, confluence d’une faune forestière majoritaire,
d’une faune de milieu chaud de type méditerranéen
et d’une faune de milieu sec et de rochers.
Dans les garrigues méditerranéennes, friches, cultures et vergers, se mêlent fauvettes
(mélanocéphale, pitchou, passerinette, orphée), alouette des champs, pies grièches méridionale
et écorcheur, chardonneret, verdier...
Pic épeiche (Dendrocopos major). Cliché Olivier Larrey.
Les hêtraies, milieu montagnard-méditerranéen,
hébergent la mésange nonnette, le bouvreuil et le pic noir.
Dans les peuplements de pins à crochet du milieu oro-
méditerranéen et dans les formations à genévrier prostré
se remarquent venturon, bec-croisé des sapins
Les chênaies pubescentes supra méditerranéennes abritent
des oiseaux des forêts de plaine et de moyenne montagne :
autour des palombes, circaète Jean-le-Blanc, geai, pic épeiche,
pigeon ramier, tourterelle des bois, pinson, grives musicienne
et draine, pouillots véloce et de Bonelli, roitelets huppé et
triple bandeau, fauvette à tête noire, mésange à longue queue,
sitelle torchepot, grimpereau, troglodyte …
et bruant fou.
La calotte sommitale est le lieu de vie du traquet motteux,
du pipit sponcielle et de la linotte mélodieuse.
Un monde en perpétuel changement
Cette biodiversité est en continuelle transformation : déprise agricole, forte diminution de l’élevage,
fermeture des milieux engendrent la progression vers le sud d’espèces médio-européennes.
La chouette de Tengmaln, des grandes forêts nordiques boréales, a fréquenté le flanc nord du Ventoux
dans les années 1960, atteignant la limite sud-est de sa répartition.
La gélinotte des bois, menacée dans toute l’Europe, colonise les forêts depuis 1991.
Le jaseur boréal, nicheur des forêts de résineux et de bouleaux de Scandinavie, a atteint le sommet
du Mont Serein lors des froids de février 2005.
Jaseur boréal (Bombycilla garrulus).
Cliché Bernard Kernel.
Gélinotte des bois (Tetrastes bonasia).
Cliché Ryck Huboux - ONCFS
Bouvreuil pivoine (Pyrrhula
pyrrhula). Cliché Olivier Larrey.
Bec-croisé mâle (Loxia curvirostra).
Cliché Frédéric Melki.
La face nord du Ventoux vue depuis la Frache.
Cliché Jean-Paul Soujol.
Mésange huppée (Lophophanes
cristatus). Cliché Maxime Briola.
Mésange noire (Periparus ater).
Cliché Maxime Briola.
Les oiseaux etl’al a titude
La biodiversité

Les mal aimés :
amphibiens et reptiles
Protégés sur le territoire français, les amphibiens comptent parmi
les fleurons du territoire du Ventoux qui est riche de six espèces.
Les reptiles ne manquent pas avec quatorze espèces :
huit serpents et six lézards.
Les amphibiens
Dans les zones basses, autours des habitations, se rencontre le crapaud commun
tandis qu’entre Bedoin et Mormoiron vit le très rare pélobate cultripède.
Pélobate cultripède (Pelobates cultripes).
Cliché Florent Plouzet.
Le milieu humide du lac de Monieux favorise la présence du pélodyte ponctué et de la grenouille rousse.
Le premier s’acclimate aussi dans les zones sèches. Sur le Ventoux, l’alyte accoucheur est très commun
jusqu’à 1.400 m d’altitude ainsi que la salamandre tachetée qui remonte jusque vers 1.100 m.
Cette dernière se trouve également en basse plaine.
Vipère d’Orsini (Vipera ursinii).
Cliché Frédéric Melki.
Vipère aspic (Vipera aspis).
Cliché Frédéric Melki.
Couleuvre vipérine (Natrix maura).
Cliché Maxime Briola.
Alyte accoucheur (Alytes obstetricans).
Cliché Frédéric Melki.
Les serpents
Sur les pelouses subalpines, vit la petite et inoffensive vipère
d’Orsini, prédateur de criquets et de sauterelles, dont la survie
est la plus menacée de France.
La vipère aspic affectionne les zones de moyenne altitude
(de 250 à 800 m), notamment les plateaux de Sault-Monieux
et la zone de Brantes.
La couleuvre verte-et-jaune évolue dans la basse vallée
du Toulourenc jusque vers 500 m d’altitude.
Dans les milieux secs, c’est la grande couleuvre de Montpellier
qui prend le relai tandis que dans les forêts évolue la couleuvre d’Esculape.
Enfin, le long des cours d’eau vivent les deux couleuvres
aquatiques : à collier et vipérine.
Les lézards
Le lézard des murailles s’observe en toute zone.
L’étonnant orvet (lézard sans pattes) est limité aux vallons
frais et humides.
Tout aussi surprenant, le seps strié, aux pattes réduites,
se niche dans les dentelles de Montmirail.
Très exceptionnellement se remarque
le psammodrome d’Edward.
Mais les deux lézards les plus remarquables sont
sans conteste le lézard vert que l’on peut voir jusqu’à
1500 m d’altitude et le lézard ocellé vivant sur
le contrefort sud du massif.
Salamandre tachetée (Salamandra salamandra).
Cliché Evelyne Crégut-Bonnoure.
Lézard vert, individu mâle (Lacerta viridis). Cliché Dominique Peyric.
Lézard ocellé, individu mâle (Lacerta lepida). Cliché Georges Olioso.
Amphibiens et reptiles
La biodiversité

L’ univers bruissant des insectes
Bien que certaines espèces soient communes à l ’ensemble du massif,
la zonation bioclimatique se fait aussi ressentir chez les insectes
qui se distribuent selon leurs préférences écologiques.
On dénombre 1425 espèces de papillons, 92 d’orthoptères (criquets,
sauterelles, grillons), 800 de coléoptères et 58 de libellules !
Zygène de la filipendule.
(Zygaena filipendulae).
Cliché Frédéric Melki.
Cigale de l’orne
(Scaphoideus luteolus).
Cliché Maxime Briola.
Alexanor (Papilio alexanor). Cliché Frédéric Melki.
Les parties basses,
royaume des mantes et des cigales
Du piémont et jusque vers 800 m, parmi les papillons s’observent
les dianes, diverses zygènes, le machaon et l’alexanor. Au sol,
la sauterelle œdipode turquoise recherche les lieux les plus chauds.
Les cigales (rouge et de l’orne), les mantes religieuses et l’empuse
colonisent les arbres et les friches.
Les forêts, refuge des sociétés ailées
Dans les pins noirs et les chênes blancs vivent les coléoptères
dorcadion, à la livrée cendrée barrée de noir, les rhagies massives et
les acanthocines aux antennes démesurément longues. On rencontre
aussi le lucane cerf volant. Quelques papillons, surtout les mélites, volent
dans les lisières et les pelouses ; passant sans jamais demeurer longtemps
sur le massif, le jason (ou pacha) stationne sur les arbousiers.
Une explosion de couleurs en altitude
Dans le domaine subalpin, parmi les vieux hêtres, ce sont les espèces d’ambiance plus froide,
telle la rosalie des Alpes, magnifique coléoptère bleu ciel, velouté à ocelles rouges (espèce protégée)
ou bien quelques raretés comme l’élaphe occidental et le colostygie, papillons endémiques du Ventoux ;
d’autres comme la petite tortue ou le petit nacré trouvent là leur limite altitudinale.
Le sommet, domaine des espèces protégées
L’emblématique carabe doré du Ventoux aux élytres d’un bleu profond
a élu domicile dans les prairies subalpines.
Apollon (Parnassius apollo). Cliché Frédéric Melki.
Jason (Charaxes jasius).
Cliché Thomas Menu.
Dans la partie sommitale, les apollons aux ailes
blanchâtres marquées d’ocelles rouges, majestueux,
fragiles, prennent les vents ascendants et dominent
le Ventoux de leur vol chaloupé.
Lucane cerf volant
(Lucanus cervus).
Cliché Thomas Menu.
Lesinsectes
La biodiversité

La Nesque des rochers
Débutant en aval du plan d’eau de Monieux vers 650 m
d’altitude et se terminant à Méthamis vers 300 m,
les gorges de La Nesque sont à la croisée des étages du chêne
blanc et du chêne vert.
C’est un milieu rupestre émaillé d’éboulis, de vires et de falaises,
point d’ancrage d’une flore intéressante pour le botaniste.
Campanule carillon
(Campanula medium).
Cliché Frédéric Melki.
Rocher du Cire. Cliché Frédéric Melki.
Une flore discrète mais remarquable
Sur les éboulis poussent l’épilobe à feuilles de romarin, la campanule
carillon, la scabieuse à fleurs blanches, la gueule de loup à larges feuilles.
Sur les falaises, tel le rocher du Cire, s’accrochent parmi tant d’autres
la campanule à feuilles rondes, la potentille caulescente,
la rue des murailles, le capillaire de Montpellier.
Amélanchiers, chênes verts, genévriers de Phénicie
s’installent partout où le sol le permet.
Des rochers protecteurs
pour les oiseaux
De nombreux oiseaux viennent s’y reproduire et s’y nourrir :
le martinet alpin, l’hirondelle de rochers et le merle de roche.
Au printemps, de retour d’Afrique, le percnoptère d’Egypte, petit
vautour, s’y établit. En hiver, le tichodrome échelette et l’accenteur
alpin y prennent leurs quartiers.
Toute l’année, le grand corbeau, le faucon pèlerin et le hibou grand-duc
parcourent ce milieu rupestre tandis que le majestueux aigle royal
le survole régulièrement.
Un faune rupestre à rechercher
Cet environnement rocailleux est aussi le lieu de vie de quelques groupes de chamois.
Au milieu des pierres qui
parsèment les parties basses,
se cachent le scorpion noir
à queue jaune et le scorpion
languedocien.
Enterrée dans un terrier,
se dissimule la lycose
de Narbonne, la plus grande
araignée de l’hexagone.
Hirondelle de rochers.
(Ptyonoprogne rupestris).
Cliché Frédéric Melki
Jeune chamois (Rupicapra rupicapra).
Cliché Frédéric Melki.
Genévrier de Phénicie
(Juniperus phoenicea).
Cliché Frédéric Melki.
Grand corbeau (Corvus corax).
Cliché Olvier Larrey.
Faucon pèlerin (Falco peregrinus).
Cliché Frank Dhermain
Campanule
à feuilles rondes
(Campanula rotundifolia) .
Cliché Frédéric Melki.
La Nesque des rochers
La biodiversité

Les milieux humides
Les milieux humides sont limités aux cours d’eau des deux grands
bassins versant encadrant le Ventoux, le Toulourenc au nord
et la Nesque au sud, et à quelques étangs.
Les gorges de La Nesque et le Toulourenc,
écrins d’une flore d’exception
Fond des gorges de La Nesque. Cliché Frédéric Melki.
Le bassin de Sault-Monieux,
réceptacle d’un environnement
original
Les prairies humides du bassin de Sault-Monieux recèlent
une végétation inhabituelle : narcisse des poètes, tulipe
sylvestre, gesse de Pannonie, orchidées.
La roselière de l’étang de Monieux héberge de nombreux
oiseaux (rousserole turdoïde, foulque macroule, canard
colvert, poule d’eau, blongio nain) ainsi que deux amphibiens :
le pélodyte ponctué et la grenouille rousse.
Tulipe sylvestre
(Tulipa sylvestris).
Cliché Georges Ughetto.
Des cours d’eau de qualité
Les gorges de La Nesque abritent une forêt alluviale
unique en milieu méditerranéen par la présence de plante
de l’Europe tempérée : frêne élevé, érable champêtre, orme,
saules blanc et drapé, cornouiller mâle, fusain à larges feuilles,
houblon. On y trouve aussi des forêts d’érable à feuilles
d’obier et du tilleul à grandes feuilles.
Le long du Toulourenc se remarquent l’aulne glutineux
et l’aulne blanc des torrents alpins.
Les cours d’eau sont fréquentés par le cingle plongeur (ou merle d’eau) et la bergeronnette
des ruisseaux ainsi que par deux inoffensifs serpents : les couleuvres à collier et vipérine.
Ils sont aussi le siège d’une riche vie aquatique faisant les délices des pêcheurs.
Dans les parties amonts aux eaux fraiches, bien oxygénées, au courant rapide et au substrat grossier
(Groseau, Rieufroid, Toulourenc, la Nesque de sa source (à Aurel) jusqu’à l’étang de Monieux, l’Auzon
de sa source (vers Flassan) jusqu’à Mazan) se cachent la truite fario, le vairon, le chabot.
Les parties avals, moins rapides, accueillent les barbeaux méridional et fluviatile, la loche franche,
le goujon, la chevaine (ou cabot), le blajeon, le toxostome.
Dans les cours d’eau peu profonds se trouve l’écrevisse à pattes blanches qui a failli disparaître.
Tulipe sylvestre.
Cliché Georges Ughetto.
Anax empereur (Anax imperator).
Cliché Vincent Koch.
Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus).
Cliché Marie-Thérèse Ziano.
Barbeau méridional
(à gauche ; Barbus meridionalis)
et vairon (à droite ; Phoxinus phoxinus).
Cliché Frédéric Melki.
Toutes ces zones humides sont le paradis des libellules :
anax empereur, petite nymphe…
Prairie et étang de Monieux. Clichés Evelyne Crégut-Bonnoure.
Cincle plongeur (Cinclus cinclus).
Cliché Olivier Larrey.
Gesse de Pannonie (Lathyrus pannonicus) .
Cliché Frédéric Melki.
Milieux humides
La biodiversité

Le Ventoux, écrin
d’une biodiversité unique
La multiplicité des paysages, des sols et des reliefs de la région
du Ventoux, est le support d’une grande variété vivante
qui comporte des formes uniques et des raretés :
Parmi les plantes :
- le silène de Pétrarque inconnu au monde en dehors du Ventoux
- la nivéole de Fabre, joyau de la flore française, aux clochettes blanches
- l’ibéris de De Candolle et l’euphorbe de Loiseleur qui en dehors du Ventoux n’existent pour la première
que dans les Préalpes françaises et pour la seconde qu’en Haute-Savoie et dans les Corbières.
Parmi les mammifères
- le murin de Capaccini (chauve-souris)
- le lynx
Parmi les oiseaux
- la gélinotte des bois
- l’aigle royal
- le blongio nain
Parmi les amphibiens
- le pélobate cultripède (ou à couteaux)
Parmi les reptiles
- la vipère d’Orsini
- le lézard ocellé
Parmi les poissons
- le toxostome
Parmi les crustacés
- l’écrevisse à pattes blanches
Parmi les insectes
- le carabe doré du Mont Ventoux (coléoptère)
- le demi-deuil du Ventoux (papillon)
- l’élaphe occidental (papillon)
- le colostygie (papillon)
Parmi les mollusques
- Urticola isaricus ventouxiana (escargot)
Cette région est le dernier bastion de plusieurs espèces
qu’une gestion rigoureuse protège. Ce patrimoine vivant,
haut lieu d’une biodiversité singulière, est intégré dans
une politique de développement durable et sa gestion
participe à l’économie locale. Son histoire illustre l’impact
de l’homme sur l’environnement : de la destruction initiatrice
d’une perte de biodiversité à une protection garante
d’un maintien et d’un haut niveau de biodiversité.
Silène de Pétrarque (Silene petrarchae). Cliché Frédéric Melki.
Diane (Zerynthia polyxena). Cliché Maxime Briola
Vipère d’Orsini (Vipera ursinii). Cliché Frédéric Melki.
Nivéole de Fabre (Acis fabrei). Cliché Marie-Thérèze Ziano.
Une bi bb odiversité tt unique
La biodiversité

La réserve biosphère,
une distinction exceptionnelle
En reconnaissance de sa richesse naturelle, de ses paysages,
de son histoire locale, de son patrimoine archéologique et
architectural et de l’ancrage des activités humaines dans
une vieille civilisation rurale, le mont Ventoux reçoit en 1990
le label «Réserve de Biosphère» délivré par l’UNESCO.
Territoire d’application du programme «Man and Biosphere
(MAB)» de l’UNESCO, il fait désormais partie d’un vaste réseau
international de près de 500 espaces protégés.
Des objectifs internationaux
Le mont Ventoux répond à des objectifs internationaux (Stratégie de Séville, UNESCO, 1995) :
• Contribuer à la conservation des écosystèmes, des paysages, des espèces et de la variabilité génétique.
• Encourager un développement économique respectant la nature et la culture locale.
• Mettre en place des projets de recherche aidant à la gestion des territoires.
• Assurer une surveillance continue de l’environnement pour connaître l’état de la planète.
• Encourager la formation et l’éducation.
• Favoriser l’implication des populations dans la prise des décisions concernant leur région.
Un zonage de protection
Le zonage du territoire en trois types d’unités interdépendantes (centrale, tampon, transition)
permet d’adapter le fonctionnement d’une réserve à la réglementation des pays.
L’aire centrale, au statut légal, assure à long terme la conservation des valeurs de la réserve.
Sur le Ventoux, six zones ont été délimitées, soit 2.126 ha (arrêté préfectoral de protection du biotope) :
1. Le sommet du Ventoux (963 ha.)
2. Le mont Serein (409 ha.)
3. La Hêtraie (98 ha.)
4. La Cédraie (98 ha.)
5. La Tête de l’Emine (81 ha.)
6. Les gorges de La Nesque (517 ha.)
Un partenariat avec la population locale
Une zone tampon, entourant ou jouxtant l’aire centrale, renforce sa fonction de protection.
Les activités y sont peu perturbatrices (forestières, pédagogiques et de recherche, chasse, pêche,
tourisme de nature…). Elle est constituée essentiellement de milieux forestiers communaux
et domaniaux sur 26.830 ha.
L’aire de transition comprend villes et villages et l’essentiel des activités économiques et sociales orientées
vers un développement durable, au bénéfice et avec la participation de la population locale.
Un territoire vivant
La Réserve de Biosphère du mont Ventoux couvre prés de 90.000 ha, 34 communes et rassemble
38.000 habitants. C’est un territoire vivant, dynamique et accueillant pour lequel sont mises en œuvre
des actions de gestion, de sensibilisation et de valorisation de la diversité biologique, des paysages,
de la culture et de l’économie locale.
Réserve de biosphère
du mont Ventoux.
Une reconnaissance internationale
La biodiversité