Dossier Pédagogique - Théâtre de l'aquarium
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<strong>Dossier</strong> <strong>Pédagogique</strong><br />
MA MÈRE QUI CHANTAIT<br />
SUR UN PHARE<br />
Contacts : Jessica Pinhomme et Camille Boudié - Service <strong>de</strong>s relations avec les publics<br />
01 43 74 72 74 - pinhomme.theatre<strong>de</strong>laquarium@wanadoo.fr
Ma mère qui chantait sur un phare<br />
<strong>de</strong> Gilles Granouillet (Ed. Actes Sud/Papiers)<br />
Mise en scène François Rancillac<br />
assisté <strong>de</strong> Lucile Perain<br />
Scénographie Raymond Sarti<br />
Costumes Cidalia da Costa<br />
Lumière Marie-Christine Soma<br />
Son Michel Maurer<br />
avec<br />
Patrick Azam Le Père<br />
Anthony Breurec Perpignan<br />
Antoine Caubet Le conducteur d’engin<br />
Riad Gahmi Marzeille<br />
Pauline Lai<strong>de</strong>t La Fille<br />
Françoise Lervy La femme du conducteur d’engin<br />
Chargé <strong>de</strong> production et <strong>de</strong> diffusion : Jack Salom, La Gestion du Spectacle<br />
production <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> l’Aquarium / Le Carré - Scène nationale <strong>de</strong> Château Gontier / La Comédie <strong>de</strong> Caen -<br />
Centre dramatique national <strong>de</strong> Normandie / Le Fracas - Centre dramatique national <strong>de</strong> Montluçon - Région<br />
Auvergne. Avec l’ai<strong>de</strong> à la production d’Arcadi. Avec l’Ai<strong>de</strong> à la création dramatique du Centre National du<br />
<strong>Théâtre</strong> et l’ai<strong>de</strong> à la création <strong>de</strong> la DGCA - Ministère <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la Communication.<br />
du 4 janvier au 3 février 2013<br />
au <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> l'Aquarium
L'HISTOIRE<br />
Quelque part, au bord d’une mer sans sable ni touristes.<br />
A l’extérieur du bourg, un peu avant la forêt, une maison livrée à elle-même. Une famille y a grandi<br />
heureuse, jusqu’au drame, ce soir-là où le mari a soudain claqué la porte et…<br />
La mère ne s’en est jamais remise, noyant sa déprime dans l’alcool et disparaissant parfois <strong>de</strong>s<br />
journées entières. Ses <strong>de</strong>ux garçons (entre 10 et 13 ans) ont du coup appris à se débrouiller seuls<br />
pour parer au quotidien.<br />
Aujourd’hui, Marzeille (c’est ainsi que le plus grand se présente) a pris sur lui d’aller noyer les<br />
chiots <strong>de</strong> sa chienne, nés dans la nuit. Travail d’adulte, certes, mais puisque maman a une fois <strong>de</strong><br />
plus déserté… Mais au moment fatidique, le bras <strong>de</strong> Marzeille est retenu par une jeune fille blon<strong>de</strong>,<br />
comme surgie <strong>de</strong>s airs : « Il ne faut pas tuer ! ».<br />
De son côté, le ca<strong>de</strong>t (qu’on appelle Perpignan – logique : c’est plus petit que Marzeille !) est à bout<br />
<strong>de</strong> nerfs : il n’arrive pas à trouver le bon trou pour gonfler avec une paille la grenouille qu’il a<br />
attrapée (selon les conseils <strong>de</strong> son frère) !… Bien décidé à passer sa ire sur l’étendage, il est<br />
interrompu par un géant, le Bon Dieu en personne ! qui lui annonce la catastrophe : leur mère a<br />
grimpé toute nue sur le phare flottant et chante à tue-tête son malheur face à l’océan, sous le<br />
regard égrillard <strong>de</strong>s gars du village. Seuls ses enfants peuvent la ramener sur terre !<br />
Mais comment faire ? Alertés par Dieu, guidés par l’ange blond, les <strong>de</strong>ux enfants vont <strong>de</strong>voir jouer<br />
les héros…<br />
Marzeille a l’idée <strong>de</strong> génie : emprunter la pelleteuse du chantier, franchir la foule <strong>de</strong>s hommes<br />
salaces, hisser la bouche <strong>de</strong>ntée vers maman qui y bondira, et retourner ainsi glorieusement vers<br />
la maison ! Sauf que Marzeille, quoiqu’il en dise, ne sait absolument pas conduire l’énorme<br />
machine, et ne réussit qu’à arracher le toit <strong>de</strong> l’Algéco du chantier, où copulaient gaillar<strong>de</strong>ment la<br />
femme du conducteur d’engin et son amant…<br />
Fuyons !<br />
Nouvelle idée : <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> dans la gran<strong>de</strong> maison au fond du bois, là où maman (a-t-elle<br />
expliqué aux garçons) va régulièrement donner <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> chant à une dame qui la paie pour<br />
cela. Sauf que les garçons sont arrêtés par les aboiements d’un horrible dogue allemand <strong>de</strong>rrière<br />
le portail d’entrée, et qu’ils apprennent que la maison n’est habitée que par un homme seul, qui<br />
les observe d’ailleurs <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière ses ri<strong>de</strong>aux… Soudain, la chienne <strong>de</strong> Marzeille se faufile dans le<br />
jardin et saute à la gorge du cerbère, vengeant ainsi l’honneur perdu <strong>de</strong> la mère et celui bafoué <strong>de</strong>s<br />
fistons !<br />
Fuyons !<br />
Perpignan fatigue, mais Marzeille court toujours, et cette fois vers un coin <strong>de</strong> côte à l’écart <strong>de</strong> tout !<br />
Là, une bicoque <strong>de</strong> pêcheur, et un homme qui jette ses filets <strong>de</strong>puis sa barque. Perpignan le<br />
reconnaît tout <strong>de</strong> suite : « C’est le Bon Dieu <strong>de</strong> tout à l’heure ! », ne sachant pas encore qu’il ne<br />
s’agit que <strong>de</strong> son père (qu’il n’a jamais connu, la séparation <strong>de</strong>s parents ayant eu lieu juste après<br />
sa naissance).
S’ils n’ont pas réussi à atteindre le phare flottant par voie terrestre, ils le réussiront par la mer !<br />
Marzeille ne laisse pas vraiment le choix à son père, obligé <strong>de</strong> remettre sa barque à l’eau, où les<br />
<strong>de</strong>ux garçons sont déjà assis avec leur chienne, et d’empoigner les rames (son moteur est comme<br />
toujours en panne)…<br />
Là-bas, au pied du phare, la rumeur a couru parmi les gars du village que l’Algéco du Conducteur<br />
d’engin avait explosé et que sa femme… Et comme le cocu s’avère violent, ils l’ont tous abandonné<br />
à son malheur et à sa colère. Alors, pour se venger <strong>de</strong> toutes les femmes à la fois, il déchaîne le<br />
phare flottant, qui part à la dérive sur l’océan !<br />
Le père rame et rame encore, mais ne peut lutter contre le courant qui les éloigne toujours plus <strong>de</strong><br />
la grosse bouée, avec son ex-femme <strong>de</strong>ssus ! Sous le regard atterré <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux fils, il abandonne<br />
la partie et explose en sanglots, les mains en sang : Cette nuit-là, quand il a rompu avec sa femme,<br />
épuisé par ses sautes d’humeur et son alcoolisme chronique, il avait emporté avec lui leur petite<br />
fille aînée, si blon<strong>de</strong> et si légère… Le temps <strong>de</strong> se retourner pour lancer le moteur <strong>de</strong> sa barque,<br />
l’enfant avait disparu, noyée, engloutie sous les eaux noires !<br />
Soudain, Marzeille entend la voix <strong>de</strong> l’ange blond : « C’est toi, l’aîné ! Pense au moteur, frangin ! ».<br />
Marzeille tire sur le cordon du moteur qui tousse, râle et démarre !<br />
Maman est sauvée.<br />
Photo : Pascal Colrat
L'ÉQUIPE ARTISTIQUE<br />
Gilles Granouillet<br />
auteur<br />
« Je suis né en 1963 à Saint-Etienne <strong>de</strong> parents ouvriers et <strong>de</strong>puis j'essaie <strong>de</strong> faire pour le mieux.<br />
Rien, vraiment rien ne me pré<strong>de</strong>stinait à écrire et puis voilà... Ce qui m'intéresse là-<strong>de</strong>dans ?<br />
Donner chair à l'effroyable drôlerie du mon<strong>de</strong>. Principalement... »<br />
Après un parcours théâtral d’abord amateur (sous les bons auspices <strong>de</strong> Jean Dasté) et un détour<br />
par l’Education nationale, Gilles Granouillet choisit <strong>de</strong> se consacrer pleinement au théâtre en 1989,<br />
en fondant sa propre compagnie professionnelle, « Travelling <strong>Théâtre</strong> ». Il y réalise plusieurs<br />
mises en scène mais c’est bientôt l’écriture dramatique qui le retient prioritairement. Directeur du<br />
<strong>Théâtre</strong> du Verso à Saint-Etienne (petit théâtre <strong>de</strong> 60 places dévolu à la jeune création), Gilles<br />
Granouillet est aussi auteur associé à la Comédie <strong>de</strong> Saint-Étienne <strong>de</strong>puis 1999, où il mène un<br />
travail autour <strong>de</strong> l’écriture contemporaine (comité <strong>de</strong> lecture, ateliers d’écriture, etc.). La Comédie<br />
<strong>de</strong> Saint-Etienne lui a très régulièrement passé comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> textes, dont elle a produit ou<br />
coproduit les créations. Ses textes ont été joués en Allemagne, Belgique, Roumanie, Grèce,<br />
Ukraine,… et mis en on<strong>de</strong>s à France Culture. L’essentiel <strong>de</strong> son théâtre est publié chez Actes Sud/<br />
Papiers.<br />
Le poids <strong>de</strong>s arbres,<br />
Les anges <strong>de</strong> Massilia<br />
Vodou - Mise en scène Gilles Chavassieux au <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong>s Ateliers, Lyon<br />
Trabant<br />
Chroniques <strong>de</strong>s oubliés du Tour<br />
Nuit d’automne à Paris - Mise en scène Guy Rétoré au TEP, nouvelle mise en scène par Alain Besset au<br />
Chok <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> Saint-Etienne<br />
L’incroyable voyage - Mise en scène Philippe Adrien, à La Comédie <strong>de</strong> Saint-Etienne et au <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> la<br />
Tempête (Paris)<br />
Six hommes grimpent sur la colline - Mises en scène Carole Thibaut puis Jean-Marc BourgCombat<br />
(première version) - Mise en scène Jean-Marc Bourg, au CDN <strong>de</strong> Montpellier<br />
Maman ! - Mise en scène Anne-Laure Liégeois pour le spectacle « Embouteillage »<br />
Ralf et Panini - Mise en scène André Tardy au <strong>Théâtre</strong> du Verso, Saint-Etienne<br />
Trois femmes <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt vers la mer - Mise en scène Thierry Chantrel à Lyon et Saint-Etienne<br />
Une saison chez les cigales - Comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> La Comédie <strong>de</strong> Saint-Etienne - Mise en scène Philippe Zarch,<br />
pour « le Piccolo » <strong>de</strong> La Comédie <strong>de</strong> Saint-Etienne<br />
Le saut <strong>de</strong> l’ange – Mise en scène François Rancillac, avec les élèves <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> La Comédie <strong>de</strong> Saint-<br />
Etienne<br />
Vesna - Mise en scène <strong>de</strong> l’auteur à La Comédie <strong>de</strong> Saint-Etienne, et tournée en Ukraine<br />
L’Envolée - Mise en scène Jean-Clau<strong>de</strong> Berutti à Saint-Etienne et à Zagreb (en version croate), reprise au<br />
<strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> l’Est Parisien<br />
Zoom – Mise en scène <strong>de</strong> François Rancillac en 2009 pour « Odyssées en Yvelines » du <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong><br />
Sartrouville, et tournée<br />
Ma mère qui chantait sur un phare<br />
La maman du petit soldat - Création en janvier 2011 par Philippe Sireuil<br />
Nos écrans bleutés - Mise en scène <strong>de</strong> l’auteur en 2010, à Saint-Etienne<br />
Speed-dating<br />
Un endroit où aller - Mise en scène <strong>de</strong> l’auteur en 2010, à Saint-Etienne et tournée<br />
Herman<br />
Les psychopompes<br />
Poucet pour les grands – Mise en scène <strong>de</strong> l’auteur en 2012 au <strong>Théâtre</strong> Nouvelle Génération (Lyon) et<br />
tournée<br />
Nager/Cueillir – Mise en espace <strong>de</strong> François Rancillac en 2012 pour les Théâtrales/Charles Dullin
François RANCILLAC<br />
metteur en scène<br />
Maîtrise <strong>de</strong> philosophie et étu<strong>de</strong>s musicales (avec Michel Puig).<br />
Comédien et metteur en scène, il fon<strong>de</strong> en 1983, avec Danielle Chinsky, le <strong>Théâtre</strong> du Binôme. Il<br />
met en scène Britannicus <strong>de</strong> Jean Racine (1985), Les Machines à sons du professeur Ferdinand<br />
Splatch (1986, spectacle musical pour enfants <strong>de</strong> Serge <strong>de</strong> Laubier et Francis Faber), Le Fils <strong>de</strong><br />
Christian Rullier (1987), Le Nouveau Menoza <strong>de</strong> J.M.R. Lenz (1988), Puce-Muse I et II (1988-89,<br />
concerts-spectacles <strong>de</strong> Serge <strong>de</strong> Laubier et Rémi Dury), Polyeucte <strong>de</strong> Pierre Corneille (1990),<br />
Retour à la Cita<strong>de</strong>lle <strong>de</strong> Jean-Luc Lagarce (1990), Ondine <strong>de</strong> Jean Giraudoux (1991), Les<br />
Prétendants <strong>de</strong> Jean-Luc Lagarce (1992), Amphitryon <strong>de</strong> Molière et La Nuit au cirque d’Olivier Py<br />
(1992), L’Aiglon d’Edmond Rostand (1994), Saganash <strong>de</strong> Jean-François Caron (1995), Les<br />
Sargasses <strong>de</strong> Babylone (1996, concert-spectacle <strong>de</strong> Serge <strong>de</strong> Laubier et Rémi Dury), George<br />
Dandin <strong>de</strong> Molière (1997), Goethe Wilhelm Meister <strong>de</strong> Jean-Pol Fargeau (1997), Le Suicidé <strong>de</strong><br />
Nicolaï Erdman (1998), Bastien, Bastienne… suite et fin, opéra imaginaire d’après W.A. Mozart<br />
(1998, avec l’Ensemble Pascale Jeandroz), Cherchez la faute ! d’après Marie Balmary (2000), Le<br />
pays lointain <strong>de</strong> Jean-Luc Lagarce (2001), La Belle porte le voile (2002, oratorio électroacoustique<br />
<strong>de</strong> Serge <strong>de</strong> Laubier, livret <strong>de</strong> Dany-Robert Dufour), La Folle <strong>de</strong> Chaillot <strong>de</strong> Jean Giraudoux (2002),<br />
Athalia (2003, oratorio <strong>de</strong> G.F. Haen<strong>de</strong>l, direction Paul Mc Creesh, Festival d’Ambronay).<br />
Le <strong>Théâtre</strong> du Binôme a été en rési<strong>de</strong>nce au <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> Rungis (<strong>de</strong> 1992 à 1994), à la Scène<br />
nationale <strong>de</strong> Bar-le-Duc (<strong>de</strong> 1996 à 1999), et au <strong>Théâtre</strong> du Campagnol – CDN, en 2001 et 2002.<br />
De 1991 à 1994, François Rancillac a été directeur artistique du <strong>Théâtre</strong> du Peuple <strong>de</strong> Bussang (il<br />
en est actuellement prési<strong>de</strong>nt).<br />
De janvier 2002 à mars 2009, François Rancillac dirige avec Jean-Clau<strong>de</strong> Berutti La Comédie <strong>de</strong><br />
Saint-Etienne, centre dramatique national.<br />
Dans ce cadre, il met en scène Kroum, l’ectoplasme <strong>de</strong> Hanokh Levin (2003), Mo<strong>de</strong>ste proposition<br />
concernant les enfants <strong>de</strong>s classes pauvres d’après Jonathan Swift (2003), Une jure, l’autre pas<br />
d’après Marc-Alain Ouaknin (2003, dans le cadre <strong>de</strong>s Dix paroles <strong>de</strong> Richard Dubelski), Chambres<br />
à part, soli <strong>de</strong> danseurs et d’acteurs en chambres d’hôtel, co-mise en scène avec Thierry Thieû<br />
Niang (2004), Projection privée <strong>de</strong> Rémi <strong>de</strong> Vos (2004), Jean Dasté, et après ? montage <strong>de</strong><br />
François Rancillac sur la décentralisation théâtrale (2005), Les Sept contre Thèbes d’Eschyle<br />
(2005), Bie<strong>de</strong>rmann et les incendiaires <strong>de</strong> Max Frisch (2005), La Tectonique <strong>de</strong>s nuages, opérajazz<br />
<strong>de</strong> Laurent Cugny d’après la pièce <strong>de</strong> José Rivera (version <strong>de</strong> concert), Cinq clés <strong>de</strong> Jean-Paul<br />
Wenzel (2006), Papillons <strong>de</strong> nuit <strong>de</strong> Michel Marc Bouchard (2007), Music Hall, Retour à la cita<strong>de</strong>lle<br />
(recréation – 2008) <strong>de</strong> Jean-Luc Lagarce, Zoom <strong>de</strong> Gilles Granouillet (2009, dans le cadre <strong>de</strong>s<br />
Odyssées en Yvelines du CDN <strong>de</strong> Sartrouville) et Nous, les héros <strong>de</strong> Jean-Luc Lagarce (en russe, à<br />
Ekaterinbourg, 2009).<br />
En mars 2009, François Rancillac est nommé à la direction du <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> l’Aquarium, à la<br />
Cartoucherie (Paris). Il y met en scène Le bout <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> Jean Giono en janvier 2010, Giono<br />
sur la route, spectacle itinérant d’après les entretiens <strong>de</strong> Giono et Jean Amrouche (2009), Le roi<br />
s’amuse (créé en juin 2010 au Château <strong>de</strong> Grignan), De gré <strong>de</strong> forces d’après le Discours <strong>de</strong> la<br />
servitu<strong>de</strong> volontaire d’Etienne <strong>de</strong> La Boétie (spectacle itinérant, 2010), Détours d’après Suite<br />
vénitienne <strong>de</strong> Sophie Calle (spectacle itinérant, 2011), Mon père qui fonctionnait par pério<strong>de</strong>s<br />
culinaires et autres d’Elizabeth Mazev (spectacle itinérant, 2012).
UN CONTE INTIATIQUE<br />
Perpignan :<br />
Marzeille m’avait expliqué : tu mets une paille dans le cul d’un crapaud, tu souffles,<br />
il gonfle, tu souffles encore, il gonfle. Tu souffles trop, il éclate ! Mais ça marche<br />
aussi avec une grenouille si, SI ! tu lui mets dans la foune. La Foune, il dit mon<br />
frère. La Foune. C’est où sur une grenouille ?<br />
Hier, j’ai percé un crapaud. Ou une grenouille. Je trouvais rien pour mettre ma<br />
paille. Mes nerfs m’ont attaqué et j’ai enfoncé dans le hasard. J’ai même pas<br />
soufflé. Dégonflé pour toujours, mon crapaud. Ou ma grenouille.<br />
Les bêtes mortes… Celle qu’on tue et qui continuent à nous regar<strong>de</strong>r… Cette nuit,<br />
j’ai <strong>de</strong>mandé pardon à la Vierge. Je lui ai aussi <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> me calmer. J’ai joint les<br />
mains, plissé les yeux très fort pour qu’elle m’enten<strong>de</strong> : « Marie, mère <strong>de</strong> Dieu,<br />
PARDON POUR LE CRAPAUD ! Pardon, mais si tu m’aimes, SOULEVE LE BOUCHON<br />
DE MA COCOTTE MINUTE ! »<br />
D’apprentissage en désillusions<br />
D’emblée et sans mièvrerie aucune, l’écriture <strong>de</strong> Granouillet a le chic <strong>de</strong> nous mettre <strong>de</strong><br />
plain-pied à hauteur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux garçons, redécouvrant le mon<strong>de</strong> à travers leurs yeux d’enfants : tout<br />
s’y vit comme pour la première fois, source d’étonnement, <strong>de</strong> questions et d’émotions - agréable<br />
ou douloureuse, qu’importe : tout y est neuf, à vif, vivant.<br />
Mais Ma mère qui chantait sur un phare est d’abord une pièce d’apprentissage. Par-<strong>de</strong>là le<br />
rocambolesque <strong>de</strong> leurs aventures pour tenter <strong>de</strong> sauver leur mère, Marzeille et Perpignan vivront<br />
durant cette « folle journée » une véritable initiation jonchée d’épreuves, <strong>de</strong> révélations et <strong>de</strong><br />
désillusions. À peine sortis du nid <strong>de</strong> l’enfance, ils découvriront brutalement l’envers du décor du<br />
mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s « grands » : <strong>de</strong>rrière le sourire et l’assurance <strong>de</strong>s adultes, se cachent en fait la<br />
mauvaise conscience et la douleur, l’ennui et la frustration, la lâcheté et le mensonge…<br />
Leur mère, notamment, toute tendresse certains jours, leur échappe <strong>de</strong> plus en plus pour<br />
n’être plus qu’une âme écorchée et imbibée d’alcool, qu’un corps offert en pâture aux désirs <strong>de</strong>s<br />
hommes. Leur père n’est pas le « bon dieu » espéré mais ce pauvre hère qui ne s’est toujours pas<br />
remis <strong>de</strong> la mort acci<strong>de</strong>ntelle <strong>de</strong> sa fille aînée, etc.<br />
Marzeille :<br />
Perpignan est prêt à me sauter <strong>de</strong>ssus. Je viens <strong>de</strong> lui faire comprendre qu’il est<br />
petit, seul et ignorant, et c’est parce qu’il l’a compris qu’il quitte l’enfance, sur le<br />
champ. Si jeune, comme je l’avais fait à son âge. Si jeune. Le jour où il <strong>de</strong>vient clair<br />
que le mon<strong>de</strong> tourne très bien sans nous, qu’il ne nous veut pas, le mon<strong>de</strong>. Qu’il<br />
faudra aller le chercher, bien humbles, bien polis. Bien contents <strong>de</strong>s miettes. Le<br />
jour où j’ai compris que ma mère m’échappait, comme une truite, pour gicler<br />
ailleurs, dans un mon<strong>de</strong> où je n’étais pas. Le jour où j’ai appris à prononcer son<br />
nom le moins possible et à baisser les yeux pour en parler.<br />
Tu me rejoins, Perpignan. Frère, mais plus « petit frère ». Puisque toi aussi tu vois<br />
la boue, tout autour.
Ainsi, avec Marzeille et Perpignan, c’est la gran<strong>de</strong> douleur <strong>de</strong> la séparation que l’on revit <strong>de</strong><br />
l’intérieur, celle qui nous oblige à quitter l’enfance pour entrer dans le réel désenchanté <strong>de</strong>s<br />
adultes. Mais, attention : il n’y a chez Granouillet aucune nostalgie d’un quelconque « paradis<br />
perdu ». Jamais l’enfance n’est ici idéalisée. Les <strong>de</strong>ux garçons ne sont d’ailleurs pas <strong>de</strong>s tendres !<br />
Et c’est surtout leur propre idéalisation du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s adultes qui est ici mise à bas : le passage à<br />
la maturité s’avère en fait ne rien régler <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> la vie et <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s questions <strong>de</strong><br />
l’existence : « petits » et « grands » se retrouvent tout aussi perdus et désemparés face aux heurs<br />
et aux malheurs <strong>de</strong> la vie, <strong>de</strong> la mort, <strong>de</strong> l’amour et <strong>de</strong> la séparation…<br />
Péril Jeunes<br />
Ces <strong>de</strong>ux jeunes héros sautent d’une stratégie à une autre pour sauver leur mère, provoquant par<br />
maladresse catastrophe sur catastrophe : la démolition <strong>de</strong> l’Algéco avec la pelleteuse, l’humiliation<br />
du conducteur d’engin cocufié, la mort du dogue allemand, la « liquéfaction » <strong>de</strong> Marie, le largage<br />
du phare flottant… Ainsi bousculent-ils à l’envi l’ordre établi et les petits « arrangements » <strong>de</strong>s<br />
adultes, obligés soudain <strong>de</strong> tomber le masque…<br />
La femme du conducteur d'engin (que Marzeille fixe du regard) :<br />
Il va me tuer.<br />
Il va m’égorger sur cette pelouse et ça finira comme ça.<br />
Les feuilles m’appellent. Je suis une herbe dans le parc.<br />
Ma vie a été stupi<strong>de</strong>.<br />
Marzeille et Perpignan laisseront <strong>de</strong>rrière eux <strong>de</strong>s ruines fumantes, <strong>de</strong>s couples brisés, <strong>de</strong>s<br />
réputations bafouées et un cadavre <strong>de</strong> chien. Mais ils auront aussi remis <strong>de</strong> la vie et du mouvement<br />
dans ce bourg côtier, dans ces existences tétanisées dans l’hypocrisie et la frustration ou<br />
percluses <strong>de</strong> douleurs silencieuses et incicatrisables…<br />
Ils réussiront même l’impensable : renouer avec leur père et l’obliger à s’impliquer luimême<br />
dans le sauvetage <strong>de</strong> son ex-femme, et permettre à tous <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> faire enfin le <strong>de</strong>uil <strong>de</strong> leur<br />
fille aînée, engloutie à jamais dans la mer… Ils ouvriront ainsi la porte à une possible réconciliation<br />
- voire à une reconstruction du cercle familial.<br />
C’est sûrement juste un rêve <strong>de</strong> gosse. Mais rien n’empêche <strong>de</strong> rêver.<br />
Photo : B. Brandt
UNE ÉPOPÉE ?<br />
Les héros <strong>de</strong> Ma mère qui chantait sur un phare sont donc <strong>de</strong>ux enfants. Mieux : ce sont<br />
eux qui sont les narrateurs <strong>de</strong> cette folle aventure. Passant sans arrêt du style direct (scènes<br />
dialoguées) au style indirect (brefs récits ou « monologues intérieurs »), l’essentiel <strong>de</strong> la pièce<br />
passe donc par eux, est raconté et éprouvé à travers eux, à travers leurs corps et leurs<br />
yeux d’enfants : ce sont eux qui nous font voir ce qui n’est pas forcément visible ou même<br />
montrable sur un plateau (la mer, le phare, etc.).<br />
A sa manière, et l’air <strong>de</strong> rien, la pièce a donc tout d’une « épopée » (étymologiquement :<br />
« parole agissante », puisque le récit seul y fait revivre l’action), à l’instar <strong>de</strong>s vieilles épopées<br />
chevaleresques racontant la geste <strong>de</strong> héros en proie aux aventures les plus échevelées, et où le<br />
merveilleux et le surnaturel sont toujours <strong>de</strong> mise : nos <strong>de</strong>ux garçons n’ont-ils pas ici pour mission<br />
<strong>de</strong> sauver la dame prisonnière <strong>de</strong> sa tour (leur mère juchée sur son phare) ? Et ne sont-ils pas<br />
placés sous la protection d’un ange (le fantôme <strong>de</strong> leur sœur aînée), <strong>de</strong> la Vierge (même si elle est<br />
en plastique et clignotante !) et d’un animal fidèle (leur chienne, même si elle est pouilleuse), sous<br />
le regard vengeur du Bon dieu (même si ce n’est que leur père) ? Ne combattront-ils pas aussi <strong>de</strong>s<br />
monstres (la pelleteuse et le dogue allemand) voire toute une armée (les hommes du village<br />
rassemblés au pied du phare) ?<br />
Marzeille :<br />
J’avais imaginé beaucoup <strong>de</strong> tactiques pour libérer ma mère mais je me cognais<br />
toujours aux <strong>de</strong>ux mêmes murs : affronter le regard <strong>de</strong> ces hommes sans rougir et<br />
surtout, arriver au pied d'une échelle qui ne <strong>de</strong>scend pas, tout en bas d’une mère<br />
qui n’a aucune envie qu’on la sauve, qui n’a aucune envie <strong>de</strong> nous rejoindre.<br />
Perpignan, lui, il a oublié ses histoires <strong>de</strong> château fort et <strong>de</strong> princesse mais chez<br />
moi, elles ont fait leur petit chemin, avec les douves et le pont-levis, et le siège en<br />
règle et tout l’attirail. Moi aussi j’ai imaginé ma mère en princesse dans le donjon.<br />
Et puis l’évi<strong>de</strong>nce m’a sautée à la figure : pour prendre une forteresse, il faut un<br />
bélier et une échelle ! Le bélier nous fait traverser les lignes ennemies sans rougir<br />
<strong>de</strong>rrière le plexiglas et l’échelle nous monte directement jusqu’en haut du donjon<br />
sans que ma mère ait son mot à dire. Ces <strong>de</strong>ux outils, je sais où les trouver, réunis<br />
en seul, monumental et mo<strong>de</strong>rne : c’est à la carrière !<br />
Perpignan :<br />
Du théatre épique ?<br />
Tu vas piquer la pelleteuse ???<br />
« <strong>Théâtre</strong>-récit » ? Ma mère qui chantait sur un phare semble être exactement sur cet<br />
entre-<strong>de</strong>ux : c’est bien du théâtre, dans la mesure où les situations ont lieu absolument en direct,<br />
dans l’ici et maintenant <strong>de</strong> la représentation ; mais c’est aussi du récit, car la plupart <strong>de</strong>s<br />
évènements ne sont pas montrés mais racontés par les enfants (et plus ponctuellement aussi par<br />
le conducteur d’engin, sa femme ou encore le père : c’est en fait tout un chœur qui prend en<br />
charge la narration).
Et puis non : « récit » n’est pas le terme exact, puisque, s’il y a narration, elle concerne le<br />
présent et non le passé. Tels <strong>de</strong>s commentateurs sportifs à la radio, les personnages nous<br />
transcrivent en direct ce qu’ils sont en train <strong>de</strong> vivre ou <strong>de</strong> penser en temps réel : du « théâtrecommentaire<br />
», donc ? L’expression n’est guère poétique, même si c’est bien cette intensité-là du<br />
match, cette immédiateté d’émotion et ce perpétuel étonnement en direct qui est le nerf <strong>de</strong><br />
l’écriture <strong>de</strong> la pièce, et l’espace que <strong>de</strong>vront habiter les comédiens.<br />
Du théâtre à rêver ?<br />
Parce que l’essentiel nous est ici raconté, commenté en direct, il <strong>de</strong>vient donc absolument<br />
inutile <strong>de</strong> le montrer, <strong>de</strong> le représenter au spectateur. La mer, le phare, la carrière avec la<br />
pelleteuse et l’Algéco, la gran<strong>de</strong> maison au fond du bois, la barque du père sur la plage, etc. : tout<br />
cela n’existe que dans les yeux <strong>de</strong>s personnages, et donc dans l’imaginaire du spectateur, sollicité<br />
par la force du conte, titillé par la verve <strong>de</strong> l’écriture <strong>de</strong> Granouillet et son pouvoir <strong>de</strong> suggestion.<br />
Un spectateur <strong>de</strong>venu « voyant » à travers le seul regard <strong>de</strong>s enfants et <strong>de</strong>s adultes <strong>de</strong> la<br />
pièce : la scène est bien dans la tête du spectateur, entraîné en imaginaire dans ce grand rêve <strong>de</strong><br />
gosse qui s’invente <strong>de</strong>vant lui, oreilles et yeux grands ouverts, dans le présent partagé d’une<br />
soirée.
DEUIL ET SECRETS DE FAMILLE<br />
Réminiscence : souvenir vague qui n'est pas consciemment reconnu comme tel<br />
Ma mère qui chantait sur un phare abor<strong>de</strong> avec une gran<strong>de</strong> finesse le thème du <strong>de</strong>uil et son<br />
pouvoir <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction dans une famille. En effet, c'est suite au décès tragique <strong>de</strong> leur 1 ère enfant<br />
(qui s’est noyée presque sous les yeux <strong>de</strong> son père) que les parents <strong>de</strong> Marzeille et Perpignan vont<br />
se séparer définitivement et s’enfermer dans une solitu<strong>de</strong> douloureuse et silencieuse. Le père<br />
habite <strong>de</strong>puis une simple cabane <strong>de</strong> pêcheur non loin <strong>de</strong> là, au bord d’une mer qui n’a jamais rendu<br />
le corps <strong>de</strong> la petite ; et la mère noie son chagrin dans l’alcool et erre le long <strong>de</strong> la plage comme<br />
une égarée - jusqu’à ce jour où elle grimpe carrément en haut du phare pour hurler sa douleur<br />
face à l’océan…<br />
Marzeille <strong>de</strong>vait avoir trois ou quatre ans au moment du drame, dont il ignore l’essentiel. Se<br />
souvient-il même avoir eu une gran<strong>de</strong> sœur ? Empêtré dans le silence et la douleur <strong>de</strong> sa mère, il<br />
a comme ingéré le secret, dont il se fait lui-même complice quand son petit frère pose trop <strong>de</strong><br />
questions gênantes. Et il est hanté par <strong>de</strong>s hallucinations visuelles (puisque le fantôme <strong>de</strong> sa sœur<br />
lui apparaît !) et auditives (il entend alors dans sa tête « <strong>de</strong> l’eau qui frappe à une porte », et<br />
comprendra in fine qu’il s’agit en fait <strong>de</strong>s vagues contre la coque <strong>de</strong> la barque d’où est tombée sa<br />
sœur…) : autant <strong>de</strong> réminiscences du drame et du secret <strong>de</strong> famille qui le ronge inconsciemment…<br />
Perpignan n’avait, lui, que quelques mois quand sa sœur a disparu et que ses parents se sont<br />
séparés. Il sent bien qu’on lui cache quelque chose qui expliquerait l’absence du père et le<br />
comportement étrange <strong>de</strong> sa mère. Et lui aussi est comme inconsciemment traversé par ce secret<br />
<strong>de</strong> famille : il est régulièrement sujet à <strong>de</strong>s crises nerveuses et débordé par un immense<br />
sentiment <strong>de</strong> culpabilité (quasi religieuse) dès qu’il tue par jeu un animal…<br />
Toute l’épopée <strong>de</strong> Marzeille et <strong>de</strong> Perpignan, cherchant désespérément à sauver leur mère juchée<br />
sur son phare, peut ainsi être vue comme une quête <strong>de</strong> vérité, afin <strong>de</strong> briser ce secret <strong>de</strong> famille<br />
qui les empêtre et <strong>de</strong> comprendre ce qui a provoqué l’éclatement du noyau familial et la « folie » <strong>de</strong><br />
leur mère. Ce faisant, ils permettront à chacun <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong> « faire son <strong>de</strong>uil », <strong>de</strong><br />
tourner la page et <strong>de</strong> reprendre le fil <strong>de</strong> la vie. Ainsi obligeront-ils leur père à reprendre la mer (où<br />
sa fille s’est noyée et où son ex-femme risque à son tour <strong>de</strong> sombrer) et réunir (peut-être) à<br />
nouveau leur famille déchirée.<br />
Depuis Oedipe, le secret <strong>de</strong> famille a toujours représenté un fort potentiel fictionnel : intrigues<br />
policières, sagas familiales, romans (historiques ou non), auto-fictions, étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mœurs,… Le<br />
secret est en soi hautement romanesque puisqu’il réclame une enquête, une recherche <strong>de</strong> la<br />
vérité, et donc un processus <strong>de</strong> dévoilement et <strong>de</strong> révélations fort propice au suspense, au plaisir<br />
<strong>de</strong> la narration.<br />
Les récits qui abor<strong>de</strong>nt ce sujet, fictifs ou autobiographiques, fascinent les lecteurs/spectateurs<br />
car ils touchent à la fois à ce qu’il y a <strong>de</strong> plus intime (une histoire familiale, personnelle) et <strong>de</strong> plus<br />
universel : la paternité, la filiation, la recherche <strong>de</strong> ses origines, la quête d’i<strong>de</strong>ntité… Au-<strong>de</strong>là du<br />
secret lui-même, ce sont les questions qu’il permet <strong>de</strong> poser qui en font un moteur littéraire<br />
passionnant : la manière dont il façonne la personnalité <strong>de</strong>s protagonistes, oriente les <strong>de</strong>stinées<br />
singulières et l’Histoire en général, et révèle <strong>de</strong>s facettes sombres <strong>de</strong> notre société…
Les secrets <strong>de</strong> famille sont déjà nombreux dans la Bible ou dans la mythologie gréco-romaine et<br />
sont souvent le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> terribles malédictions transgénérationnelles (comme celles qui<br />
frappent par exemple les Labaci<strong>de</strong>s ou les Atri<strong>de</strong>s). Et déjà c’est la question <strong>de</strong> la filiation qui est<br />
en jeu (le rapport au père notamment), et la transmission <strong>de</strong> génération en génération d’une faute,<br />
d’une culpabilité secrète. Ce sont bien ces thématiques que l’on retrouve en filigrane dans<br />
Ma mère qui chantait sur un phare.<br />
La psychanalyse a évi<strong>de</strong>mment donné une nouvelle dimension à la problématique du secret <strong>de</strong><br />
famille. Ainsi, les thérapies dites « psychogénéalogiques » s’intéressent à l’inconscient <strong>de</strong> toute<br />
une famille et sur parfois plusieurs générations, pour mettre en évi<strong>de</strong>nce l’évènement caché qui<br />
empêtre l’existence <strong>de</strong>s patients et peuvent être à l’origine d’échecs répétitifs ou <strong>de</strong><br />
comportements asociaux, par exemple. La littérature s’est évi<strong>de</strong>mment emparée <strong>de</strong> cette<br />
dimension psychanalytique pour mieux mettre en scène « l’impossibilité <strong>de</strong> dire » <strong>de</strong> leurs<br />
personnages ou la façon dont les souvenirs cherchent toujours inconsciemment « à refaire<br />
surface ». Citons parmi mille exemples Un secret <strong>de</strong> Pierre Grimbert, dont le personnage principal<br />
passe son enfance à se comparer à un frère imaginaire, plus fort que lui dans tous les domaines,<br />
avant d’apprendre à l’âge adulte qu’il a réellement eu un frère aîné, mort pendant la guerre.<br />
Le secret <strong>de</strong> famille constitue une grave entrave à la construction individuelle, liée à une<br />
méconnaissance <strong>de</strong> son histoire. Il est aussi souvent la cause d’une rupture dans la filiation. En<br />
poussant un peu plus loin l’interprétation psychanalytique <strong>de</strong> Ma mère qui chantait sur un phare,<br />
on pourrait apparenter la quête <strong>de</strong> Marzeille et Perpignan (guidés par le fantôme <strong>de</strong> leur sœur !) à<br />
une forme sauvage <strong>de</strong> thérapie en actes, grâce à laquelle ils mettront en lumière « la faute<br />
originelle » familiale, retrouveront le fil <strong>de</strong> leur filiation et permettront peut-être à chacun <strong>de</strong>s<br />
membres <strong>de</strong> leur famille <strong>de</strong> faire le <strong>de</strong>uil et d’aller <strong>de</strong> l’avant (voire – grand phantasme <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
garçons ! – <strong>de</strong> refon<strong>de</strong>r le « paradis perdu » qu’est la famille sinon complète, au moins avec les<br />
<strong>de</strong>ux parents enfin réunis).
LA MISE EN SCÈNE<br />
Notes <strong>de</strong> mise en scène<br />
Récurences autour <strong>de</strong> «Ma mère qui...»<br />
Voici quelques notes sur la mise en scène, notées par François Rancillac pendant la préparation du<br />
spectacle. Il s’agit <strong>de</strong> thématiques récurentes qui l’ont inspiré pour imaginner la scénographie.<br />
Mon<strong>de</strong> féminin, maternel : tissu, voiles (lingerie), tulles<br />
> Mon<strong>de</strong> mou, dépressif (cf Ol<strong>de</strong>nburg, Annette Messager)<br />
> Mon<strong>de</strong> immatériel, onirique<br />
Logique <strong>de</strong> rêve (<strong>de</strong>s accessoires qui apparaissent soudain, tombent <strong>de</strong>s cintres, <strong>de</strong>s personnages<br />
qui apparaissent, sortent <strong>de</strong>s murs, <strong>de</strong>s placards…)<br />
Entre rêve et réel, un quotidien où s’immisce le fantastique, le mythe, la transcendance, où les<br />
évènements s’enchaînent sans causalité, où chacun peut intervenir à tout moment sans raison<br />
Mais cela reste mo<strong>de</strong>ste, humble, pas <strong>de</strong> scène « en majesté »<br />
Rêve éveillée, épopée diurne (Chirico)<br />
Conte : distance poétique introduite par l’alternance <strong>de</strong> situations dramatiques et <strong>de</strong> récits,<br />
monologues intérieurs. Les enfants se confrontent au mon<strong>de</strong> sans distance ni ironie, avec un<br />
grand sérieux. Espace immense où ils sont perdus, tout petits (petites princes sur le globe<br />
terrestre)<br />
Catastrophe : le <strong>de</strong>hors (la nature) a envahi le <strong>de</strong>dans, a bouleversé l’ordinaire du quotidien (cf la<br />
chambre d’enfant envahie par l’eau, ou par du sable, ou par <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> ballons noirs,…). Un<br />
espace fermé, quotidien, envahi par l’immensité <strong>de</strong> la nature<br />
Un espace qui se vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> ses éléments familiers (plancher qui s’incline ?). A la fin, immensité <strong>de</strong> la<br />
mer sur laquelle la barque est comme perdue…<br />
Catastrophe intime : l’abandon<br />
Catastrophe sociale : déchéance <strong>de</strong> la mère, absence du père, précarité sociale (prostitution).<br />
Les <strong>de</strong>ux gamins tentent <strong>de</strong> grandir dans un mon<strong>de</strong> ruiné (couple détruit, mère folle, sœur aînée<br />
morte, père absent). Ils errent dans un mon<strong>de</strong> abandonné <strong>de</strong>s adultes, au bord <strong>de</strong> la mer.<br />
Dramaturgie en mouvement : pièce à stations (chaque station étant une épreuve à passer, et c’est<br />
chaque fois un échec : ils reviennent toujours à la case départ : ils tournent en rond ? Ou ils<br />
finissent par trouver la bonne solution – le père)<br />
La pièce s’écrit comme en direct (cf décor qui est <strong>de</strong>ssiné sur <strong>de</strong>s tableaux d’école : un espace<br />
unique qui est surface <strong>de</strong> projections successives, flui<strong>de</strong>s, qui bouge sans bouger. Sand-painting)<br />
Ne rien montrer, mais susciter <strong>de</strong> l’imaginaire : surface <strong>de</strong> projection<br />
Parcours initiatique : passage, transition<br />
Les <strong>de</strong>ux gamins remettent du mouvement dans un mon<strong>de</strong> tétanisé, sclérosé. Leur innocence met<br />
à nu les arrangements <strong>de</strong>s adultes, les obligent à se passer <strong>de</strong> béquilles
Espace entre <strong>de</strong>ux<br />
> entre ville et paysage, entre nature et culture, espace précaire (en carton ?), terrain vague à la<br />
frontière <strong>de</strong> la cité, frontière poreuse où la nature lutte encore pour ses droits, où le sable peut<br />
recouvrir les constructions humaines…<br />
> entre rêve et réalité<br />
> entre vie et mort<br />
> entre enfance et âge adulte<br />
> entre folie et raison<br />
Pistes pour la scénographie<br />
Parce que toute la pièce est comme un conte raconté en même temps qu’il est vécu par les<br />
protagonistes, comme un jeu <strong>de</strong> rôle qui s’improviserait en direct sous nos yeux (ou plutôt « dans<br />
nos yeux »), Ma mère qui chantait sur un phare a lieu à l’endroit même <strong>de</strong> la représentation<br />
théâtrale : là où la parole fait surgir le mon<strong>de</strong>. Soit donc un simple ri<strong>de</strong>au, tendu à l’avant-scène,<br />
<strong>de</strong>vant lequel les <strong>de</strong>ux garçons viendraient pour nous raconter, pour vivre et rêver leur histoire…<br />
De chaque côté, les coulisses : là, d’autres personnages (le Conducteur d’engin, sa Femme)<br />
peuvent aussi assister au déroulement <strong>de</strong> l’action, quitte à intervenir soudain pour y ajouter leur<br />
point <strong>de</strong> vue, leur grain <strong>de</strong> sel…<br />
Et parce que la Mère, qui est chanteuse dans le civil, est le centre vi<strong>de</strong> mais fascinant <strong>de</strong> la<br />
pièce (tel un chant <strong>de</strong> sirène qui attire tous les personnages !), son pupitre <strong>de</strong> soliste sera planté à<br />
l’avant-scène, désespérément esseulé et inutile… D’autres pupitres habiteront les coulisses <strong>de</strong><br />
côté, habité par les autres personnages qui sont comme un chœur <strong>de</strong> tragédie, un chœur<br />
abandonné par la soliste, dont on entendra très au loin l’écho <strong>de</strong> son chant <strong>de</strong> douleur hurlé à<br />
l’océan : seul fil d’Ariane qui permet aux <strong>de</strong>ux enfants <strong>de</strong> ne pas trop se perdre dans le labyrinthe<br />
<strong>de</strong> la vie.<br />
Le ri<strong>de</strong>au d’avant-scène pourra soudain s’ouvrir <strong>de</strong> manière « magique » ou théâtrale, et<br />
laisser entrer brusquement un nouveau personnage (la Fille, le Père), et l’escamoter soudain –<br />
comme <strong>de</strong>s apparitions. Il sera d’ailleurs d’une matière transluci<strong>de</strong>, blanchâtre, qui laissera à<br />
peine transparaître les corps placés <strong>de</strong>rrière, comme <strong>de</strong>s zombies, <strong>de</strong>s ombres, <strong>de</strong>s fantômes qui<br />
hantent le lieu et les esprits…<br />
Ce ri<strong>de</strong>au sera aussi composite, bricolé, portant la trace du temps : d’un blanc un peu sale,<br />
marqué par la poussière et la rouille, présentant d’antiques réparations au scotch, comme <strong>de</strong>s<br />
rustines sur une vieille roue ou <strong>de</strong>s sparadraps sur une peau meurtrie… Matière peu noble donc,<br />
mo<strong>de</strong>ste, mon<strong>de</strong> en jachère, comme ces espaces abandonnés à la sortie <strong>de</strong>s villes, ces terrains<br />
vagues envahis <strong>de</strong> carcasses <strong>de</strong> voitures, <strong>de</strong> squelettes <strong>de</strong> machines burinées par l’eau et le soleil.<br />
Ce ri<strong>de</strong>au pourra soudain être arraché, éventré par les enfants, qui ont besoin <strong>de</strong> pousser<br />
plus loin leur quête pour rejoindre leur mère et leur père, quitte à tout bousculer ! D’autres<br />
ri<strong>de</strong>aux apparaîtront donc, semblables et différents, s’ouvrant, tombant, s’effondrant, et<br />
dégageant peu à peu l’espace <strong>de</strong> la scène… jusqu’à la pleine mer finale où tangue la petite<br />
embarcation du Père : espace vi<strong>de</strong>, brûlé par la lumière blanche d’un soleil <strong>de</strong> mort.
Dessins <strong>de</strong> Raymond Sarti<br />
Scénographe<br />
Ci-<strong>de</strong>ssous, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins réalisés par Raymond Sarti, le scénographe qui travaille avec François<br />
Rancillac sur le spectacle.
Évolution <strong>de</strong> la scénographie<br />
Ci-<strong>de</strong>ssous, quelques <strong>de</strong>ssins réalisés réalisés par François Rancillac, metteur en scène sur<br />
l’évolution <strong>de</strong> la scénographie au fil <strong>de</strong>s différents tableaux <strong>de</strong> la pièce.
PRÉPARER VOTRE VENUE<br />
Du texte à la représentation<br />
Le spectacle est particulièrement intéressant pour travailler sur le passage entre texte et<br />
représentation, car le passage du texte au plateau pose <strong>de</strong> nombreuses questions !<br />
> Comment représenter les passages en style indirect ?<br />
> Comment représenter les éléments réalistes du texte qui peuvent être compliqués à montrer<br />
sur un plateau <strong>de</strong> théâtre : le phare, la rivière, la forêt, les animaux ?<br />
> Comment représenter les éléments «irréels» du texte : les apparitions du personnage <strong>de</strong> la<br />
Fille ou du Père ?<br />
Propositions d’exercices à faire en classe<br />
Pour ne pas déflorer le spectacle, sans doute mieux vaut ne pas faire lire l’intégralité <strong>de</strong> la pièce<br />
aux élèves avant la représentation. Cependant, il serait intéressant <strong>de</strong> leur proposer <strong>de</strong> lire le<br />
début du texte et <strong>de</strong> faire quelques exercices <strong>de</strong> préparation autour <strong>de</strong> cet extrait afin <strong>de</strong> créer une<br />
curiosité et <strong>de</strong> leur permettre <strong>de</strong> mieux saisir les enjeux du spectacle.<br />
Extrait proposé :<br />
<strong>de</strong> la page 1 : « Ma chienne me regar<strong>de</strong> », à la page 9 : « Quand je relève la tête, il a disparu. »<br />
Il pourra être <strong>de</strong>mandé aux élèves <strong>de</strong> faire une lecture à haute voix en petits groupes, chaque élève<br />
jouant un personnage. On posera ensuite aux élèves quelques questions sur la façon dont ils<br />
imaginent la représentation <strong>de</strong> ce qu’ils ont lu :<br />
> Comment jouer et mettre en scène le passage constant entre style direct et indirect : les<br />
personnages dialoguent <strong>de</strong> manière classique mais peuvent tout aussi bien « raconter » ce qui est<br />
en train <strong>de</strong> se passer sous leurs yeux, ce qu’ils font ou ce qu’ils pensent. Cela pose donc la<br />
question du point <strong>de</strong> vue et <strong>de</strong> la façon <strong>de</strong> représenter cette scène. Les personnages s’adressentils<br />
au public ou aux autres personnages présents sur scène ?<br />
> Comment représenter les lieux <strong>de</strong> l’action (la maison, la rivière, le jardin...): Doivent-ils être<br />
représentés <strong>de</strong> manière réaliste ? Être symbolisés ? Ou tout juste évoqués ?<br />
> Comment représenter les changements <strong>de</strong> lieux et <strong>de</strong> temps : Par exemple, dans l’extrait<br />
proposé, les <strong>de</strong>ux enfants agissent au présent, tandis que les interventions du Conducteur d’engin<br />
s’inscrivent dans une temporalité plus «floue». Comment alors signifier ces différents espaces/<br />
temps <strong>de</strong> la pièce sur le plateau ? Par exemple, tous les personnages doivent-ils être présents sur<br />
scène en même temps ? Et comment signifier le passage d’un lieu à l’autre (sachant que les<br />
garçons n’arrêtent pas <strong>de</strong> courir à travers le paysage) ?<br />
> Comment jouer les « apparitions » <strong>de</strong>s personnages <strong>de</strong> la Fille et du Père qui, peut-être (on ne<br />
le sait pas encore à ce moment du spectacle) n’existent pas réellement ?<br />
> Comment représenter les animaux : doit-il y avoir <strong>de</strong> vrais animaux sur scène ou doit-on<br />
imaginer d’autres solutions (animaux en peluche, jouets,…).
Outre ces quelques questions, il pourra être <strong>de</strong>mandé aux élèves d’imaginer globalement la mise<br />
en scène <strong>de</strong> cet extrait :<br />
> Les personnages <strong>de</strong>s enfants doivent ils être joués par <strong>de</strong> «vrais» enfants ?<br />
> Le décor : réaliste ?<br />
> Les costumes<br />
> La lumière (beaucoup ou peu <strong>de</strong> lumière, du noir entre certains passages...)<br />
S’ils le souhaitent, les élèves pourront faire <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> leurs propositions.<br />
L'art d'être spectateur<br />
Analyser une représentation théâtrale<br />
Réalisé pour l'ANRAT par Sandrine Froissart, professeur <strong>de</strong> lettres et responsable d’un atelier <strong>de</strong><br />
pratique artistique en Aquitaine.<br />
Autour <strong>de</strong> la représentation<br />
• Quel est le titre <strong>de</strong> la représentation, <strong>de</strong> l’œuvre initiale ?<br />
S’agit-il d’une œuvre initiale, d’une traduction, d’une adaptation, d’une réécriture ? Quel est le nom<br />
<strong>de</strong> l’auteur, du metteur en scène, <strong>de</strong> la compagnie ?<br />
• À l’intérieur <strong>de</strong> quelle institution ou <strong>de</strong> quel lieu se situe cette mise en scène (son i<strong>de</strong>ntité, le<br />
statut <strong>de</strong> l’institution théâtrale qui accueille la représentation) ? Quand ?<br />
• L’arrivée au théâtre : l’architecture extérieure du bâtiment, l’accès à la salle, l’accueil,<br />
l’atmosphère, le public.<br />
• Description <strong>de</strong> la salle : théâtre à l’italienne, amphithéâtre, lieu alternatif.<br />
• Les manifestations <strong>de</strong> la présence du public.<br />
La scénographie<br />
1 > L’espace théâtral<br />
• Les spectateurs sont-ils placés en frontal, bi-frontal, tri-frontal, circulaire ou bien itinérants ?<br />
• Quel est le rapport entre l’espace du public et l’espace du jeu (ri<strong>de</strong>au, fosse, rampe) ?<br />
2 > L’espace scénique<br />
• Quelles sont les caractéristiques (sol, murs, plafond, forme, matières, couleurs) ?<br />
• Est-il unique ou évolutif (à quoi correspon<strong>de</strong>nt les transformations) ?<br />
• Quelle est sa structure : circulaire, rectangulaire, carrée ?<br />
• L’espace est-il encombré, vi<strong>de</strong>, minimaliste ?<br />
• Est-il figuratif ou non ?
• Que représente cet espace (espace réel ou mental) ?<br />
• Fait-il référence à une esthétique culturelle (rapport peinture / scénographie) ?<br />
a- Le dispositif scénographique<br />
• Quels sont les éléments qui le composent ?<br />
• Donne-t-il matière à jouer ?<br />
b- Les objets scéniques<br />
• Quelles sont leurs caractéristiques et leur qualité plastique (natures, formes, couleurs,<br />
matières) ?<br />
• À quoi servent-ils ?<br />
• Ont-ils un usage fonctionnel (référentiel, mimétique) ou détourné ?<br />
• Quels sont leur rôle : métonymique, métaphorique ou symbolique ?<br />
3 > La lumière<br />
• À quel moment intervient-elle ?<br />
• Quel est son rôle : éclairer ou commenter une action, isoler un acteur ou un élément <strong>de</strong> la scène,<br />
créer une atmosphère, rythmer la représentation, assurer la transition entre différents moments,<br />
coordonner les autres éléments matériels <strong>de</strong> la représentation ?<br />
• Y a-t-il <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong> lumière, <strong>de</strong>s noirs, <strong>de</strong>s ombres, <strong>de</strong>s couleurs particulières ?<br />
4 > L’environnement sonore musique, composition sonore, vocale, instrumentale ou bruitée<br />
• Comment et où les sources musicales sont-elles produites (en direct par <strong>de</strong>s musiciens ou<br />
enregistrées et introduites par la régie technique) ?<br />
• Quelle est la situation <strong>de</strong>s musiciens par rapport aux acteurs et aux spectateurs ?<br />
• Quels sont les instruments ?<br />
• Quel est son rôle : créer, illustrer, caractériser une atmosphère correspondant à la situation<br />
dramatique, faire reconnaître une situation par un bruitage, souligner un moment <strong>de</strong> jeu, ponctuer<br />
la mise en scène (pause <strong>de</strong> jeu, transition, changement <strong>de</strong> dispositif scénique) ?<br />
• Quelles sont les conséquences sur la représentation ?<br />
#01<br />
• Quelles sont leurs caractéristiques et leur qualité plastique (natures, formes, couleurs,<br />
matières) ?<br />
• À quoi servent-ils ?<br />
• Ont-ils un usage fonctionnel (référentiel, mimétique) ou détourné ?<br />
• Quels sont leur rôle : métonymique, métaphorique ou symbolique ?
5 > L’image, la vidéo<br />
• Type et support <strong>de</strong> projection (cyclo, paroi, objet, corps)<br />
• L’image est-elle prise en direct, ou préalablement enregistrée ?<br />
• Sa présence est-elle continue, ponctuelle ?<br />
• Est-elle illustrative, référentielle, symbolique ?<br />
• Effet produit par l’image <strong>de</strong> l’acteur : changement d’échelle, focalisation, gros plan, mise en<br />
abyme, documentaire, distanciation, présence réelle / présence virtuelle.<br />
6 > Les médias ( : tout système <strong>de</strong> communication permettant à une société <strong>de</strong> remplir tout ou<br />
partie <strong>de</strong>s trois fonctions essentielles <strong>de</strong> la conservation, <strong>de</strong> la communication à distance <strong>de</strong>s<br />
messages et <strong>de</strong>s savoirs, et <strong>de</strong> la réactualisation <strong>de</strong>s pratiques culturelles et politiques)<br />
• Les médias sont-ils i<strong>de</strong>ntifiables, visibles ou montrés, ou sont-ils au contraire cachés, dissimulés<br />
à la vue du public ?<br />
•Les médias sont-ils produits en direct ou bien ont-ils été préparés à l’avance pour être insérés<br />
dans la représentation théâtrale ?<br />
• Quelle est la proportion entre les médias audiovisuels et la performance <strong>de</strong> l’acteur ?<br />
• Quel est le rapport <strong>de</strong>s médias entre eux ? Sont-ils séparés ou glisse-t-on <strong>de</strong> l’un à l’autre ?<br />
7 > Les costumes<br />
• Vêtements, masques, maquillages, perruques, postiches, bijoux, accessoires<br />
• Quelles sont les fonctions du costumes : caractériser un milieu social, une époque, un style ou<br />
permettre un repère dramaturgique en relation avec les circonstances <strong>de</strong> l’action ?<br />
• Quel est son rapport au corps et à l’espace ?<br />
• Quels sont les choix esthétiques (couleurs, formes, coupes, matières) ?<br />
• S’agit-il d’un costume <strong>de</strong> personnage (inscrit à l’intérieur <strong>de</strong> la fiction pour servir l’intrigue) ou<br />
s’agit-il du costume d’un performer (danseur-acteur) lié à une tradition <strong>de</strong> jeu ?<br />
La performance <strong>de</strong> l’acteur<br />
Ses composantes : les indices <strong>de</strong> sa présence, le rapport au rôle (incarnation d’un ou plusieurs<br />
personnages, ou esquisse d’un personnage), la diction, la gestion et la lecture <strong>de</strong>s émotions,<br />
l’acteur dans la mise en scène, proposition chorale ou chorégraphique.<br />
1 > La <strong>de</strong>scription physique<br />
• Les costumes : cet élément peut être traité comme une instance scénographique s’inscrivant<br />
dans une esthétique mais aussi comme une instance <strong>de</strong> jeu, porté par l’acteur, en mouvement sur<br />
le plateau.<br />
• Apparence physique, maquillage
• Gestuelle, mimiques<br />
• Postures, attitu<strong>de</strong>s<br />
2 > Rapport <strong>de</strong> l’acteur et du groupe<br />
• Les acteurs occupent-ils l’espace scénique au moment où les spectateurs entrent dans l’espace<br />
théâtral ?<br />
• Entrée, sortie, occupation <strong>de</strong> l’espace<br />
• Démarches, déplacements, trajectoires<br />
• Dynamique dans l’espace scénique<br />
• Contacts physiques<br />
• Jeux <strong>de</strong> regards<br />
• Oppositions ou ressemblances entre les personnages<br />
• Communication non verbale<br />
3 > Rapport texte et voix<br />
• Diction<br />
• Rythme<br />
• Amplification, sonorisation<br />
• Variations (accentuation, mise en relief, e~acement, silence)<br />
La mise en scène<br />
• Par qui est assurée la mise en scène du spectacle (metteur en scène, dramaturge, comédiens,<br />
conseiller artistique) ?<br />
• Quel est son parti-pris esthétique : réaliste (naturaliste), théâtralisé, symbolique, épique, stylisé,<br />
expressionniste ?<br />
•Quels sont les choix dramaturgiques ?<br />
• Quelle est la place du texte ?<br />
• Quel est le rapport entre le texte et l’image ?<br />
• Quelle fable est racontée par la mise en scène (rapport entre la première et la <strong>de</strong>rnière image) ?<br />
• Quel est son discours (son propos) sur l’homme et sur le mon<strong>de</strong> ?
AUTOUR DU SPECTACLE<br />
DANS LES COULISSES<br />
En décembre, plusieurs répétitions ouvertes du spectacle peuvent être proposées en journée.<br />
Rien <strong>de</strong> tel que d’assister à une heure <strong>de</strong> répétition d’un spectacle en cours <strong>de</strong> création, pour<br />
toucher du doigt, sans discours ni préparation, les enjeux du travail théâtral !<br />
Et les coulisses vous sont aussi ouvertes sur le net, via notre blog, sur lequel vous trouverez <strong>de</strong>s<br />
extraits <strong>de</strong> répétitions, <strong>de</strong>s interviews du metteur en scène et <strong>de</strong>s comédiens, <strong>de</strong>s photos <strong>de</strong>s<br />
spectacles, <strong>de</strong>s anecdotes sur les créations...<br />
www.theatre<strong>de</strong>laquarium.tumblr.com<br />
RENCONTRES AVEC LES ARTISTES<br />
Nous pouvons organiser une rencontre avec le metteur en scène et/ou un ou plusieurs comédiens<br />
en amont ou après votre venue au spectacle, dans votre classe ou au théâtre.<br />
UN SPECTACLE ITINÉRANT DANS VOTRE CLASSE<br />
Chaque saison, François Rancillac propose un spectacle itinérant qui se joue dans les<br />
établissements scolaires, les librairies, les associations, chez les particuliers… Ce spectacle est<br />
léger (techniquement parlant) mais riche en contenu. Conçu comme un «apéritif» aux spectacles<br />
présentés à l’Aquarium, le texte choisi résonne avec la thématique qui traverse toute la saison - qui<br />
cette année touche aux questions <strong>de</strong> transmission et <strong>de</strong> filiation. Chaque représentation est suivie<br />
d’une rencontre avec la comédienne pour permettre à chacun d’échanger sur le spectacle vu et sur<br />
celui qui sera découvert ensuite au <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> l’Aquarium.<br />
Pour l’accueillir dans votre classe, il suffit <strong>de</strong> pouvoir nous accueillir dans votre classe pendant 3h<br />
(1h d’installation, 1h <strong>de</strong> représentation, 1h <strong>de</strong> rencontre).<br />
MON PÈRE QUI FONCTIONNAIT PAR PÉRIODES CULINAIRES ET AUTRES (1h)<br />
d’Elizabeth Mazev - Ed. Les Solitaires intempestifs<br />
mise en scène François Rancillac / avec Émilie Chertier<br />
prod. <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> l’Aquarium<br />
En 21 petites vignettes délicieuses <strong>de</strong> drôlerie et <strong>de</strong> tendresse acidulée, Elizabeth Mazev croque le<br />
magnifique portrait d’un père immigré qui tente compulsivement à travers la nourriture ou ses<br />
proches <strong>de</strong> retrouver sa Bulgarie natale, <strong>de</strong> faire « comme si », <strong>de</strong> combler le vi<strong>de</strong>. Et autour <strong>de</strong> cet<br />
ogre cyclothymique se construit comme elle peut une famille « normale » : Maman, le frère et<br />
« moi », petite fille aux yeux grand ouverts, gourman<strong>de</strong> comme son père et à l’humour impitoyable,<br />
qui découvre, entre la toile cirée et la gazinière, la tragi-comédie <strong>de</strong> la vie.<br />
Si vous êtes intéressés par une rencontre, une répétition ouverte ou le spectacle itinérant, il vous<br />
suffit <strong>de</strong> contacter l’équipe <strong>de</strong>s relations avec le public qui déterminera avec vous les dates les<br />
plus adéquates par rapport à votre venue au théâtre.
LA SAISON 2012-2013 : « À NOS REJETONS ! »<br />
TRANS-MISSION<br />
Cette saison, François Rancillac a choisi d’ancrer la programmation autour du thème <strong>de</strong> la<br />
transmission/filiation. Ainsi, les spectacles, bien que très différents les uns <strong>de</strong>s autres, creuseront<br />
chacun à leur manière, la question <strong>de</strong> la famille et/ou <strong>de</strong> la place <strong>de</strong>s enfants dans notre société.<br />
Vous pourrez ainsi prolonger les questions abordées avec vos élèves en découvrant la suite <strong>de</strong> la<br />
programmation du <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> l’Aquarium :<br />
> du 12 février au 3 mars 2013<br />
EYOLF (QUELQUE CHOSE EN MOI ME RONGE)<br />
<strong>de</strong> Henrik Ibsen – mise en scène Hélène Soulié<br />
Tarif scolaire : 10€<br />
> du 19 mars au 5 avril 2013<br />
CYCLE « BOURREAUX D’ENFANTS » – CHAP. 1<br />
Soirée 2 spectacles courts avec<br />
MODESTE PROPOSITION<br />
<strong>de</strong> Jonathan Swift – mise en scène François Rancillac<br />
suivi <strong>de</strong><br />
L’HOMME QUI RIT<br />
d’après Victor Hugo – mise en scène Christine Guênon<br />
Tarif scolaire : 15€ la soirée<br />
> du 9 au 28 avril 2013<br />
CYCLE « BOURREAUX D’ENFANTS » – CHAP. 2<br />
Soirée 2 spectacles courts avec<br />
LA PLUIE D’ÉTÉ<br />
<strong>de</strong> Marguerite Duras – mise en scène Lucas Bonnifait<br />
suivi <strong>de</strong><br />
NOTRE AVARE<br />
d’après Molière – mise en scène Jean Boillot<br />
Tarif scolaire : 15€ la soirée<br />
> du 10 au 24 mai 2013<br />
LES TENTATIONS D’ALIOCHA<br />
<strong>de</strong> Fiodor Dostoïevski – mise en scène Guy Delamotte<br />
Tarif scolaire : 10€<br />
Retrouvez toute la programmation du théâtre sur<br />
www.theatre<strong>de</strong>laquarium.com
INFOS PRATIQUES<br />
Représentations<br />
du 4 janvier au 3 février 2013<br />
du mardi au samedi à 20h30, dimanche à 16h<br />
au <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> l'Aquarium<br />
durée : 1h30<br />
Réservations<br />
par téléphone au 01 43 74 99 61 (service gratuit)<br />
du mardi au vendredi <strong>de</strong> 14h à 19h et le samedi <strong>de</strong> 14h à 19h à partir du 3 novembre<br />
Tarifs<br />
• 20€ plein tarif<br />
• 14€ moins <strong>de</strong> 30 ans, collectivités<br />
• 12€ adhérents Ticket-<strong>Théâtre</strong>(s)*, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi<br />
• 10€ étudiants et scolaires<br />
> Abonnement<br />
4 spectacles 48€, soit 12€ le spectacle (hors Soda et Deux Labiche <strong>de</strong> moins et les café-concerts)<br />
> Offres privilégiées<br />
10€ > sur la 1ère semaine <strong>de</strong>s représentations<br />
14€ > À <strong>de</strong>ux c’est mieux ! (soit 28€ au lieu <strong>de</strong> 40€ pour 2 personnes)<br />
> Café-concerts du Quatuor Leonis :<br />
15€ / 12€ Ticket-<strong>Théâtre</strong>(s), moins <strong>de</strong> 30 ans, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi, collectivités<br />
10€ étudiants et scolaires<br />
Avantage : La place <strong>de</strong> concert donne droit au tarif à 14€ pour le spectacle qui suit le concert<br />
Comment venir<br />
> En métro<br />
station château <strong>de</strong> Vincennes (ligne 1) + navette gratuite Cartoucherie<br />
(pendant une heure à l’aller et au retour)<br />
ou bus n°112 (zone 3)<br />
> En voiture<br />
sortie Porte <strong>de</strong> Vincennes, direction Parc Floral puis Cartoucherie<br />
parking gratuit sur le site <strong>de</strong> La cartoucherie