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Alors c'est ça que tu t'imaginais ?<br />
Oh ! Il me semble sincère. Donc, il était ravi que je sois là. Une douce chaleur m'envahit. Il secoue la tête et me prend la main. Je jette un coup<br />
d'oeil à Taylor.<br />
— Ne t'en fais pas pour Taylor. Parle-moi. Je hausse les épaules.<br />
— Oui. C'est ça que je m'imaginais. Et au fait, pour Savannah, je n'ai pas encore décidé. Je voulais simplement avoir quelque chose à dire<br />
quand ton père m'a demandé mes projets de vacances.<br />
— Tu voudrais aller voir ta mère ?<br />
— Oui.<br />
Il me regarde d'un air bizarre, comme s'il était déchiré.<br />
— Je peux venir avec toi ? finit-il par me demander. Quoi ?<br />
— Euh... Je ne crois pas ce soit une bonne idée.<br />
— Pourquoi pas ?<br />
— J'espérais souffler un peu après toute cette... intensité. Prendre du recul pour réfléchir.<br />
Il me regarde fixement.<br />
— Tu me trouves trop intense ? J'éclate de rire.<br />
— C'est le moins qu'on puisse dire !<br />
A la lumière des lampadaires, je vois les commissures de ses lèvres se retrousser.<br />
— Riez-vous de moi, mademoiselle Steele ?<br />
— Je n'oserais pas, monsieur Grey.<br />
— Je crois que si, et je crois que tu ris souvent de moi.<br />
— Tu es assez drôle, en effet.<br />
— Drôle ?<br />
— Oh oui.<br />
— Drôle bizarre, ou drôle ah, ah ?<br />
— Disons... un peu des deux.<br />
— L'un plus que l'autre ?<br />
— A toi de le deviner.<br />
— Je ne sais pas si je peux deviner quoi que ce soit en ce qui te concerne, Anastasia, lâche-t-il d'une voix sardonique, avant de reprendre plus<br />
calmement :<br />
— A quoi veux-tu réfléchir à Savannah ?<br />
— A nous deux.<br />
Il me fixe, impassible.<br />
— Tu m'as dit que tu essaierais, me souffle-t-il.<br />
— Je sais.<br />
— Tu as changé d'avis ?<br />
— Peut-être.<br />
Il se recule un peu.<br />
— Pourquoi ?<br />
Ça y est, c'est reparti pour un tour. Cette conversation m'est tombée dessus comme une interro surprise. Que répondre ? Parce que je pense<br />
que je suis amoureuse de toi, et que tu me vois simplement comme un jouet. Parce que je ne peux pas te toucher, parce que j'ai peur de te<br />
montrer mon affection, peur que tu te dérobes, que tu m'engueules, ou pis encore, que tu me frappes. Et parce que tout ça, j'ai peur de te le dire.<br />
Je me tourne vers la fenêtre. Nous retraversons le pont. La nuit masque nos pensées et nos sentiments ; il est vrai que, pour ça, nous n'avons<br />
pas besoin de la nuit.<br />
— Pourquoi, Anastasia ? insiste Christian.<br />
Je hausse les épaules, prise au piège. Je ne veux pas le perdre. Malgré ses exigences bizarres, son besoin de tout contrôler, ses vices<br />
effrayants, je ne me suis jamais sentie aussi vivante. C'est exaltant d'être avec lui. Il est tellement imprévisible, sexy, intelligent et drôle. Mais ses<br />
sautes d'humeur... son envie de me faire mal... Il m'a promis de réfléchir à mes réserves, mais je ne sais pas si je peux y compter. Je ferme les<br />
yeux. Que dire ?<br />
Au fond de moi-même, je sais que j'en veux plus, tout simplement : plus de tendresse, plus de légèreté, plus... d'amour. Il me serre la main.<br />
— Parle-moi, Anastasia. Je ne veux pas te perdre. Cette semaine qu'on a passée ensemble...<br />
Nous approchons du bout du pont, et la route est à nouveau baignée par la lueur des lampadaires, de sorte que son visage est tantôt éclairé,<br />
tantôt plongé dans l'obscurité. Cet homme, que je voyais jadis en preux chevalier blanc - ou en chevalier noir, selon lui -, n'est pas un héros de<br />
roman, mais un être profondément perturbé qui m'entraîne vers une voie obscure. Ne pourrais-je pas, moi, le guider vers la lumière ?<br />
— J'en veux plus.<br />
— Je sais, murmure-t-il. Je vais essayer.<br />
Je cligne des yeux en le regardant. Il lâche ma main et me prend par le menton pour que je relâche ma lèvre coincée entre mes dents.<br />
— Pour toi, Anastasia, je vais essayer.<br />
Je déboucle ma ceinture de sécurité pour grimper sur ses genoux, ce qui le prend complètement par surprise. Entourant sa tête de mes bras, je<br />
l'embrasse, longuement, passionnément, et aussitôt, il me rend mon baiser.<br />
— Reste avec moi cette nuit, me souffle-t-il. Ne t'en va pas, je ne te verrai pas de la semaine. S'il te plaît.<br />
— Oui. Et moi aussi, je vais essayer. Je vais signer notre contrat.<br />
J'ai décidé sur un coup de tête.<br />
— Ça peut attendre ton retour de Savannah. Réfléchis. Réfléchis bien, bébé.<br />
— Bon, d'accord.<br />
Nous restons silencieux pendant un ou deux kilomètres.<br />
— Il vaudrait mieux que tu attaches ta ceinture, me chuchote Christian d'un ton désapprobateur, mais sans faire mine de me repousser.<br />
Je frotte mon nez contre sa g<strong>org</strong>e ; les yeux fermés, je bois son odeur de Christian et de gel douche au musc et aux épices. Je laisse mes<br />
pensées dériver, et je me permets de rêver qu'il m'aime. Ce rêve est tellement tangible que ma saleté de harpie de conscience se met à espérer,<br />
elle aussi. Je prends garde de ne pas toucher la poitrine de Christian. Je me contente de me blottir dans ses bras tandis qu'il me serre contre lui.