Le domaine public maritime de Dakar - Aide Transparence

architectes. Elle soutient qu’il faut une nouvelle loi sur le domaine national et croit savoir
« qu’une nouvelle loi existe effectivement mais est bloquée quelque part, on ne sait
pourquoi ». Elle se montre particulièrement préoccupée par les constructions sur le littoral qui
augmentent les risques d’érosion des côtes : « Ce n’est pas parce qu’on construit qu’on
sauvegarde la côte, même si c’est l’argument de certains architectes. »
Pour Cheikh Ngom, la question des constructions sur le Dpm demandent, de la part de
l’architecte, une approche pluridisciplinaire et un maximum de souci pour la préservation du
bien public. Il s’appuie sur un projet qu’il pilote, la Clinique ambulatoire au pied des
Mamelles : « Nous avons aménagé un chemin qui mène à la berge en contournant nos
installations, et qui permet de rejoindre la petite plage où les femmes de Ngor se livrent à
toutes sortes d’activités d’exploitation de l’océan ».
Une goutte d’eau dans la mer si on considère que de tous les projets que l’on a vu il est sinon
le seul, du moins l’un des rares à se préoccuper de laisser la plage à son usage public
traditionnel.
La bonne nouvelle c’est qu’on décèle, certes avec des mots différents, une émotion différente,
chez lui comme chez sa collègue plus jeune, les mêmes préoccupations pour une architecture
responsable. Il n’y a pas ici de conflit de génération, quant au fond, face aux problématiques
auxquelles l’architecture est confrontée. Cela fait croire qu’il n’y a pas à désespérer de voir un
sursaut porté par les plus jeunes pour arrêter les tendances au laxisme et à l’affairisme notés
ici ou là dans la profession.
Le radon, un tueur silencieux et ignoré sur le Dpm
D’après des chercheurs Africains, dont l’un a publié une contribution alarmante sur le sujet 1 ,
un gaz, le radon, résultat de la désagrégation de deux minerais, le thorium et l’uranium,
s’échapperait des failles de la roche au niveau des résidences et hôtels en construction sur la
Corniche Ouest, à hauteur de Fann-Résidence. Il s’agirait précisément des sites où sont en
construction les résidences « Waterfront » et l’hôtel « Sea Plaza ». Sans qu’il soit dit que ce
sont les seuls endroits d’où fuserait ce gaz cancérigène s’attaquant spécifiquement aux
poumons.
Voici, avant que nous ayons posé la question aux fonctionnaires, ce qu’en dit un autre
chercheur, le Pr. Adams Tidjani, de la Faculté de Sciences et Techniques de l’Université
Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), et dont nous leur avons fait un résumé :
« Les Dakarois ont pu constater qu’une mutation progressive et
insidieuse de la corniche ouest avait été initiée par les autorités
étatiques depuis quelques années. Cette belle corniche naturelle qui,
jusqu’à une date récente, était classée dans le domaine public maritime
- non appropriée à la construction - avait vu pousser sur ses flancs des
édifices d’habitation. Par la suite, nous avons eu droit à la construction
de la Porte du Millénaire qui, aujourd’hui, se trouve menacée
d’affaissement si rien n’est fait pour stabiliser l’édifice (voir Walf du 18
août 2005). Pour cela, l’Etat a été obligé, tout récemment, de faire appel
à des experts roumains pour venir à bout de ce danger. Dans la même
1 Voir dans le quotidien « Wal Fadjri » du 18 août 2005.