Charpente - Capeb

tion des concepts et des démarches d'architecture bioclimatique
et à qualité environnementale. Ils remettent en avant le
bons sens que les prouesses technologiques au service d'un
progrès supposé illimité et d'une demande (ou d'un besoin
créé ?) de confort moderne avaient relégué aux oubliettes. Mais
un bon sens revisité par les évolutions environnementales,
sociétales, économiques et technologiques.
LES MAISONS DE GLENN MURCUTT*
ONT DE L'AVENIR
par Patrick Buffard architecte au CAUE de l'Hérault
Guide Bâti Hérault 15
Les architectures de Glenn Murcutt et le rôle du
végétal lié à l'architecture sont des exemples de
pistes simples à suivre et à mettre en application.
> Michel Bidegain,
architecte au CAUE de l'Hérault
Les maisons de Glenn Murcutt sont naturellement climatisées.
Elles fonctionnent sans air conditionné et, pour la plupart, sans autre chauffage
qu'une cheminée d'appoint.
Ses bâtiments sont conçus pour consommer le moins d'énergie possible dans leur
fonctionnement. Glenn Murcutt, architecte australien, construit principalement des maisons.
La plupart d'entre elles sont situées dans la partie Sud-Est de l'Australie, dans les
environs de Sydney et de Melbourne. Dans l'hémisphère Sud, les hivers sont froids
(moyenne en dessous de 10°C) et les étés chauds (25°C en moyenne). Quelques uns de
ses projets se situent au Nord où les variations climatiques s'estompent (climat tropical
/ 22°C l'hiver et 30°C l'été).
La géologie, l'hydrographie, le climat de la région, la direction des vents dominants, les
vues et la topographie décident de l'emplacement du bâtiment et de la porosité plus ou
moins grande des façades qui captent les brises nécessaires à la ventilation. L'angle
d'incidence du soleil selon les saisons détermine la dimension du débord de la toiture, qui coupe le soleil d'été pour l'empêcher
d'entrer dans la maison. Les impostes vitrées en façade laissent pénétrer le soleil hivernal bas au cœur de l'habitation. Les
percements et les vérandas sont positionnées en fonction des vues et des vents. L'analyse et la connaissance des caractéristiques
naturelles d'un terrain permettent d'en comprendre les possibilités, les contraintes et les interdits. De cette manière, on
peut réellement dire que les maisons de Glenn Murcutt prennent part au système de relations qui constitue un paysage.
La ventilation naturelle assure l'aération et le rafraîchissement de l'intérieur des maisons qui, fait remarquable,
présentent toutes une très faible inertie.
Murcutt rejette les procédés de régulation thermique artificiels et consommateurs d'énergie comme la climatisation. Il préfère
créer les conditions propices à l'exercice de la mécanique élémentaire de l'air et organiser la circulation de celui-ci dans le bâtiment
en jouant de la convexion et des pressions naturelles. Il place le bâtiment dans le site de façon à capter les brises dominantes
par des trappes et des volets.
Les systèmes de ventilation, rudimentaires ou sophistiqués, dont Murcutt équipe ses bâtiments sont partie intégrante de son
architecture. Les entrées et sorties d'air sont judicieusement placées en façades en fonction des brises dominantes. L'utilisation
de tuyères de Venturi, la ventilation des combles, le jeu de toitures, permettent d'accélérer et de réguler la circulation de l'air.
Pour le musée de Broken Hill, il ré-interprète le principe de fonctionnement du Malquaf, procédé de ventilation des anciennes
demeures du Caire. Il fait circuler l'air au dessus d'un bassin d'eau abrité pour ensuite le diriger naturellement à l'intérieur du
bâtiment, en utilisant son propre réchauffement pour l'évacuer ensuite en toiture. Ce dernier dispositif, testé en soufflerie par
le centre technologique de Victoria, permettait de réduire de 10°C la température à l'intérieur du bâtiment.
L'équilibre, recherché entre les apports thermiques nécessaires en hiver, les protections et la ventilation indispensables en été,
est fragile et implique une très grande précision. Des mesures faites par le laboratoire de l'université d'architecture d'Adélaïde
dans une de ces maisons ont démontré l'efficacité de ces dispositifs passifs de régulation thermique.
Sans tomber dans un «fonctionnalisme écologique» simpliste, Glenn Murcutt, par son attention à la régulation thermique naturelle,
par sa connaissance des matériaux et sa maîtrise des procédés de construction, tente de construire au plus juste écologiquement
sans jamais renoncer pour autant à l'architecture.
Il faut voir dans ses projets la recherche d'un équilibre, la volonté de s'insérer simplement dans l'ordre naturel du lieu en
pleine conscience des enjeux écologiques de notre époque.
CONSTRUIRE ET RÉNOVER DANS L’HÉRAULT