Structures thématiques et structures syntaxiques - MC Paret

STRUCTURES THEMATIQUES
et
STRUCTURES SYNTAXIQUES
Un texte donne une impression d’unité autour d’un ou plusieurs thèmes 1, de
continuité. Or tout assemblage de phrases ne forme pas un texte. Pour qu’il y ait
texte, il faut un lien entre les idées, une cohérence et une progression dans
l’information qu’il apporte. Pour cela, chaque phrase du texte est organisée d’une
manière particulière en ce qui concerne l’information qu’elle contient : d’une part,
elle reprend en général des éléments déjà mentionnés auparavant (le thème), et
d’autre part, elle introduit des informations nouvelles ou plus importantes (le propos
ou rhème).
Le thème est l’élément de la phrase qui apporte le moins d’information ou
qui a le moins de «dynamisme communicatif» (information moins importante). La
position naturelle du thème en français est en début de phrase. La position de
focalisation (mise en relief), celle qui a la plus forte teneur informative, qui fait
le plus «avancer» le texte 2, est assumée par les derniers éléments de la phrase.
Parfois, seule la connaissance du contexte linguistique peut permettre de
décider quelles informations relèvent du thème et lesquelles relèvent du
rhème.
Les nécessités de la cohérence dans la progression textuelle déterminent
l’utilisation de structures syntaxiques variées. Dans la plupart des cas, la structure
thème – propos (ou rhème) correspond à la structure syntaxique GN-GV; le thème
correspond au GN sujet et le propos au GV. Mais le thème peut aussi apparaître
comme complément de phrase en position initiale ou sous une autre forme. Des
changements syntaxiques par rapport à l'ordre normal (S-V-C) correspondent
généralement à des changements dans la structure thématique, c’est-à-dire dans la
répartition de l’information.
1 Ici, le mot thème est pris dans son premier sens, synonyme de sujet traité. Dans la suite de ce texte,
ce mot prend un autre sens, défini dans le domaine de la linguistique du texte.
2 On parle parfois de saillance.
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Copyright © 2013 Marie-Christine Paret

Déplacement du complément de phrase
Effet : le groupe déplacé en tête de phrase devient thème (connu dans le
contexte ou moins important ; il est donc utile pour le lien avec la phrase
précédente).
En 1963, Kennedy a été assassiné.
On arrive sur la plage. Là, une foule s’entasse déjà. (Là reprend sur la plage]
Détachement avec reprise (« dislocation »)
Effet : • si l’élément détaché était déjà le thème, il devient plus marqué
(thème marqué : groupe détaché en tête de phrase, par l’intonation,
la virgule ou l’emphase, ce qui lui donne un relief particulier),
Yan, il deviendra un champion. (au lieu de Yan deviendra un champion.)
• si l’élément détaché appartenait au propos, il devient thème.
Les films violents, j’essaie de les éviter.
Construction emphatique
Nous attendons en file à la douane. Le douanier vérifie les passeports.
- en c’est ... que
Ce sont les passeports que le douanier vérifie.
Effet : • elle renverse l’ordre normal thème (le douanier) / propos (les
passeports) en mettant en relief l’élément encadré par c’est…que ;
C’est le douanier qui vérifie les passeports.
- en c’est ... qui
Effet : • elle transforme un thème en propos : le douanier est présenté comme
l’information la plus importante dans ce cas.
Inversion
Effet : • le sujet devient le propos (plus important) ; le verbe ou l'adjectif (le
thème) donne alors une information faiblement pertinente).
Tournure littéraire.
Survint le loup. Rares sont ceux qui atteignent le sommet.
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Construction passive
Effet : le choix de la passive est déterminé par les nécessités de la cohérence
textuelle : la passive permet de déplacer un élément (le complément direct)
pour en faire le thème et permettre l’enchainement avec ce qui précède.
Ce tableau me plaît beaucoup ; un grand artiste l’a peint.
il a été peint par un grand artiste.
Construction impersonnelle
Effet : • la place du thème est vidée (remplacé par un il impersonnel) pour
centrer l’attention sur le propos.
Il existe des solutions. (au lieu de Des solutions existent.)
Présentatif (il y a, voici, c’est)
Effet : le même que la construction impersonnelle, il met en évidence un
élément : le complément du présentatif est le propos.
C’était la réponse à ma demande. Il y a eu un incident pénible.
Thèmes et propos complexes
Des phrases peuvent contenir plus d’un thème ou plus d’un propos : thèmes et
propos principaux et secondaires.
Pendant l’été, loin de tout, André se repose.
1 2 3
(3 : thème principal, 1 et 2 : thèmes secondaires)
Lucie, ses fleurs, elle s’en occupe.
1 2 3 4 (1 et 3: thème principal, 2 et 4 : thème secondaire)
Le complément du nom détaché (apposition)
Il est caractéristique du système de l’écrit. Il apporte généralement une
information secondaire, du côté du thème (si elle peut être considérée comme
un rappel) ou du côté du propos (si elles est nouvelle ou plus importante).
Epuisée, elle décide de ralentir le pas.
Little Joe, revenu de sa surprise, s’approcha et glissa la main sur le mur.
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La relative
Comme le complément du nom détaché, elle est enchâssée du côté du thème
ou du propos, comme thème ou propos secondaire.
Le train qui devait arriver à dix heures a eu une heure de retard.
thème th. ou propos sec. propos
L’organisateur spatio-temporel
L’enchainement des thèmes peut se faire par les organisateurs temporels ou
spatiaux antéposés (le lendemain, cette fois,...) qu’on peut considérer comme des
thèmes dérivés d’un hyperthème : la durée de l’histoire ou le lieu.
La complétive
Elle est la plupart du temps située dans le groupe verbal qui est du côté du
propos.
Le personnel les avertit qu’il en serait mieux ainsi.
Cependant, quand elle est en position sujet, elle constitue un thème.
Que les profits des banques soient taxés davantage serait considéré comme
normal par la plupart des gens.
La rupture thématique
La rupture thématique, c’est-à-dire une première occurrence, une désignation
qui ne peut être dérivée d’un énoncé antérieur, est une marque de l’œuvre
écrite et littéraire (elle ne se rencontre pas à l’oral).
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« Il n’est pas toujours possible de trier strictement, dans une phrase, entre ce qui est
thématique et ce qui est rhématique : les cas d’ambiguïté sont fréquents, particulièrement
en langue écrite où on ne dispose pas de l’intonation. » Reichler-Béguelin (Écrire en
français, 1988)
Principales sources bibliographiques
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Combettes, B. (1988) Pour une grammaire textuelle. De Boeck-Duculot.
Combettes, B. et Tomassone, R. (1988) Le texte informatif, De Boeck-Wesmael.
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