Volet en ligne - Solaris
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S OLARIS 183<br />
Prometheus<br />
Prometheus [v.f.], lorsqu’on y réfléchit bi<strong>en</strong>, n’est ni plus ni<br />
moins qu’un film-de-monstres. Le vaisseau spatial atterrit sur une<br />
nouvelle planète, les sci<strong>en</strong>tifiques explor<strong>en</strong>t, les m<strong>en</strong>aces se mul -<br />
tipli<strong>en</strong>t et les g<strong>en</strong>s comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à mourir. Le tout a de moins <strong>en</strong><br />
moins de s<strong>en</strong>s le plus longtemps on y p<strong>en</strong>se. Mais att<strong>en</strong>tion: c’est<br />
un film-de-monstres avec des ambitions thématiques inusitées, un<br />
film-de-monstres exceptionnellem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> réalisé. Des effets spéciaux<br />
à la fine pointe de la technologie, des performances d’acteurs<br />
de haut calibre, une réalisation efficace qui sait exactem<strong>en</strong>t quels<br />
effets employer pour obt<strong>en</strong>ir la réaction souhaitée… Prometheus<br />
plane loin au-dessus du sous-g<strong>en</strong>re des films-de-monstres inspirés<br />
d’Ali<strong>en</strong>, ce qui est tout à fait approprié étant donné qu’il s’agit<br />
d’un film de SF franche de la main du réalisateur Ridley Scott,<br />
et qu’il se déroule clairem<strong>en</strong>t dans le même univers que la série<br />
amorcée <strong>en</strong> 1979.<br />
Les questions que l’on se pose p<strong>en</strong>dant et après l’écoute de<br />
Prometheus sont nombreuses, et elles comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t par les li<strong>en</strong>s<br />
du film à la série Ali<strong>en</strong>. À une époque où les antépisodes se suc -<br />
cèd<strong>en</strong>t au cinéma, reconnaissons qu’ils sont rarem<strong>en</strong>t satisfaisants.<br />
C’est un exercice périlleux de surpr<strong>en</strong>dre et développer un susp<strong>en</strong>se<br />
quand le spectateur sait ce qui va se passer plus tard. À<br />
moins de changer la mythologie originale, le danger dans ce cas<br />
est que le spectateur ait l’impression qu’on se moque de lui.<br />
Bref, ri<strong>en</strong> n’obligeait Scott à lier ce film à la mythologie Ali<strong>en</strong> si<br />
ce n’était la peur de se faire accuser d’auto-plagiat. Mais lorsque<br />
le film doit se tortiller pour insérer ses thèmes, idées et élém<strong>en</strong>ts<br />
de design dans l’univers existant de la série, la déception ne peut<br />
qu’être au r<strong>en</strong>dez-vous. À voir les incohér<strong>en</strong>ces, on <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>t<br />
même à compr<strong>en</strong>dre que le flou rhétorique de Ridley Scott sur la<br />
place de Prometheus dans l’univers d’Ali<strong>en</strong> camoufle un manque<br />
d’intérêt à assurer un li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre les deux. On pourrait se cont<strong>en</strong>ter<br />
d’examiner et apprécier le film comme pièce indép<strong>en</strong>dante… si ce<br />
n’était que les problèmes du scénario sont beaucoup plus profonds<br />
qu’un simple manque de cohér<strong>en</strong>ce avec le mythe préexistant.<br />
Comme dans la plupart des films-de-monstres de bas étage, les<br />
personnages pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des décisions inexplicables, se transformant<br />
<strong>en</strong> pantins au service d’un scénario prévisible plutôt qu’<strong>en</strong> êtres<br />
réels aux émotions et motivations crédibles. Ici, des personnages<br />
s’embarqu<strong>en</strong>t dans des missions d’une demi-déc<strong>en</strong>nie sans se