Untitled - La Cité internationale de la Dentelle et de la Mode de Calais

C’est le grand chambardement dans le vestiaire
féminin, la révolution, la mode à l’envers, une
mode qui irait même jusqu’à nous faire perdre le
sens du raisonnable, voire nos repères les plus
conventionnels et parfois même tout simplement…
la tête.
Effet de mode passager, de tendance éphémère,
conséquence prévisible de la libération de la
femme, émergence au grand jour de la sexualité
propulsée par la vague scélérate de l’érotisme et de
la coquinerie, voici qu’avec la complicité des grands
couturiers, la Femme des années 2010 se met à
sortir de l’ombre ce qui, jadis, était du domaine de
l’intimité, du secret, du caché.
Provocation, besoin de sensationnel, les dessous
prennent le dessus et s’affi chent sans dessusdessous
avec une audace parfois exacerbée au delà
des conventions et de la démesure.
Comme les parties du corps longuement
dissimulées sous les voiles pudiques de la
bienséance, les étoffes et dentelles, légères, sortent
de leurs réserves intimistes et s’exposent en pleine
lumière. De façon tatillonne parfois, avec timidité
et discrétion comme pour vouloir en accentuer les
effets, mais aussi de plus en plus avec violence et
fracas comme si l’érotisme et la provocation la plus
impudique étaient devenus le fi l conducteur d’une
mode qui a besoin de s’extérioriser.
Esprit Lingerie nous entraîne dans l’univers
renversant de la maille à l’endroit et de la maille
à l’envers, du clair obscur fait de paraître et
d’apparaître, là où les canons ancestraux de la
Haute Couture rendent l’âme pour nous propulser à
la rencontre de cet univers insensé et jadis indécent
du « dessous-dessus » sans.. dessus-dessous.
C’est au tout début des années 50 que l’industrie
dentellière de Calais s’oriente plus particulièrement
vers le domaine de la lingerie.
Beaucoup de métiers productifs de la place
datent du XIX e siècle, leur nombre et leur variété
permettent dès le lendemain de la guerre de
reprendre rapidement une activité, produisant
articles fi ns, galons et garnitures destinés à la
lingerie.
Dès les années soixante, la technique du « Rachel »,
importée par le constructeur allemand Karl Mayer,
qui relève du tricotage et non plus du tissage,
permet à la fi lière « maille » d’assurer les demandes
de la grande consommation et à la mono-industrie
calaisienne de connaître une période fl orissante.
La lingerie haut de gamme et la Haute Couture
gardent toutefois leur préférence pour la dentelle
« Leavers », dont la fi nesse d’exécution et le
raffi nement de la composition restent encore
inégalables.
Ainsi, Christian Dior, en précurseur, profi te de
l’élan de coquetterie de la femme au lendemain
de la seconde guerre mondiale pour imaginer une
nouvelle tendance de mode. La silhouette féminine
est alors redessinée tel un sablier. Ce sont les
prémices du « New Look »... Nous avons tous en
tête l’image du mannequin, bassin en avant, mains
sur les hanches, dans le but de souligner une taille
repensée et affi née. Les grands créateurs mettent
la lingerie au service de la sculpture du corps de la
femme.
C’est aussi en visionnaire que Christian Dior se
lance le premier dans l’aventure des licences
industrielles dont celle des bas en 1947. D’autres
couturiers suivront ses traces. Christian Dior
manifeste un soin extrême dans la réalisation
tant des bas eux-mêmes que de leur emballage,
luxueux, propre à refl éter la distinction et le
raffi nement de Paris. Suivant les saisons et les
modes, les bas de ce créateur de renom initient
de nouvelles tendances avec des palettes de tons
très raffi nés. De plus, Christian Dior s’associe à
différents collaborateurs afi n de développer des
gaines modernes et de la lingerie toujours plus
innovante et sophistiquée.
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