LE TOHU BOHU_COUV'(10).qxp - Trempolino
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Tohu Bohu Magazine - N°<strong>10</strong> printemps 2008 - gratuit<br />
Réseau d’information<br />
musiques actuelles<br />
des Pays de la Loire<br />
Ezra / Le Dispositif / Tue-Loup<br />
De la répétition à la scène / Irie Ites / La Fédurok / Cable#<br />
Triangle Musique / Portails communautaires multimédia
Le réseau<br />
Tohu Bohu<br />
• ADRAMA / CHABADA Fabrice Nau<br />
Chemin Cerclère - Route de Briollay<br />
49<strong>10</strong>0 Angers<br />
T. 02 41 34 93 87<br />
fnau@lechabada.com / www.lechabada.com<br />
• BEBOP Emmanuel Bois<br />
28 avenue Jean Jaurès - 72000 Le Mans<br />
T. 02 43 78 16 03 / crim@bebop-music.com<br />
www.bebop-music.com<br />
• FUZZ’YON Benoit Devillers<br />
18 rue Sadi Carnot<br />
85005 La Roche-sur-Yon Cedex<br />
T. 02 51 06 97 70 / ben@fuzzyon.com<br />
www.fuzzyon.com<br />
• <strong>LE</strong>S ONDINES Éric Fagnot<br />
Place d’Elva - 538<strong>10</strong> Changé<br />
T. 02 43 53 34 42<br />
pole-ressources@wanadoo.fr / www.lesondines.org<br />
• TREMPOLINO Lucie Brunet<br />
51 bd de l’Egalité - 44<strong>10</strong>0 Nantes<br />
T. 02 40 46 66 99<br />
lucie@trempo.com / www.trempo.com<br />
• VIP Julien Nicolas<br />
Base sous-marine - bd Légion d’Honneur<br />
44600 Saint-Nazaire<br />
T. 02 40 22 66 89<br />
jnicolas@les-escales.com<br />
www.les-escales.com<br />
Partenaires<br />
associés<br />
• ADDM 53 Nicolas Moreau<br />
Centre départemental Jean Monnet<br />
25 rue de la Maillarderie BP 1429<br />
53014 Laval Cedex - T. 02 43 59 96 54<br />
nicolas.moreau@cg53.fr / www.addm53.asso.fr<br />
• AREXCPO Jean-Pierre Bertrand<br />
La ferme du Vasais<br />
85160 St-Jean-de-Monts<br />
T. 02 28 11 42 51 / arexcpoenvendee@free.fr<br />
www.arexcpo.org<br />
• DASTUM 44 Hugo Aribart<br />
69 rue de Bel Air - 44000 Nantes<br />
T. 02 40 35 31 05 / dastum44@dastum.asso.fr<br />
www.dastum.com<br />
• <strong>LE</strong> PANNONICA Claire Weidmann<br />
3 cour de la Brocante - 44000 Nantes<br />
T. 02 40 48 74 74 / claire@pannonica.com<br />
www.pannonica.com<br />
• <strong>LE</strong> NOUVEAU PAVILLON Sylvain Girault<br />
rue Ginsheim-Gustavsburg - 44340 Bougenais<br />
T. 02 40 02 35 16 / info@lenouveaupavillon.com<br />
www.lenouveaupavillon.com<br />
Coordination du réseau Tohu Bohu : Cécile Arnoux<br />
51 bd de l’Égalité 44<strong>10</strong>0 Nantes<br />
T. 02 40 46 66 99 - F. 02 40 46 67 57<br />
cecile@trempo.com<br />
www.trempo.com<br />
sommaire<br />
pôle<br />
4 Planète 303<br />
6 Rencontre<br />
EZRA<br />
8 <strong>LE</strong> DISPOSITIF<br />
<strong>10</strong> TUE-LOUP<br />
12 Profil Type<br />
IRIE ITES<br />
13 Exploration<br />
DE LA RÉPÉTITION<br />
À LA SCÈNE<br />
19 Autres planètes<br />
LA FÉDUROK<br />
21 Profil Type<br />
CAB<strong>LE</strong>#<br />
22 Traces & impressions<br />
23 Sillages<br />
27 Déjà demain<br />
PORTAILS COMMUNAUTAIRES<br />
MULTIMÉDIA<br />
28 Tribune<br />
TRIANG<strong>LE</strong> MUSIQUE<br />
Ours<br />
Directeur de la publication : Vincent Priou<br />
Rédactrice en chef : Cécile Arnoux<br />
Ont participé à ce numéro : Philippe<br />
Audubert, Antoine Avignon, Emmanuel Bois, Lucie<br />
Brunet, Benoît Devillers, Eric Fagnot, Gérôme<br />
Guibert, Patricia Guyon, Marie Hérault, Vivien<br />
Janneau, Jeff Leroyer, Mathieu Maré, Julien<br />
Martineau, Fabrice Nau, Julien Nicolas, Vincent<br />
Priou, Rafff, Benjamin Reverdy, Nick Serra.<br />
Conception graphique : Christine Esneault<br />
Photographies : Ezra (DR), Tue-Loup (Laure<br />
Allanot, Vinciane Verguethen), Le Dispositif (Toma<br />
Pique), Irie Ites (DR), De la répé à la scène (Cécile<br />
Arnoux, Jérome Blin, Benjamin Reverdy), Autres<br />
Photo couverture :<br />
EZRA ©DR<br />
Planètes (Ludovic Failler), Cable# (DR), La Fédurok<br />
(DR), Les plate-formes collaboratives multimédia<br />
(DR), Triangle Musique (Arnaud Terrier).<br />
Impression : Imprimerie Allais,<br />
imprimé sur papier <strong>10</strong>0% recyclé<br />
Tirage : 13 000 exemplaires<br />
Dépôt légal : en cours<br />
Siret : 37992484800011<br />
Prochaine parution : juin 2008<br />
Bouclage : <strong>10</strong> mai 2008<br />
Tohu Bohu est une publication de <strong>Trempolino</strong>,<br />
51 bd de l'Égalité, 44<strong>10</strong>0 Nantes<br />
et du réseau Tohu Bohu, réseau d'information<br />
musiques actuelles des Pays de la Loire.
Le hip hop est à l'honneur de ce nouveau numéro.<br />
édito<br />
Un hasard ? Une envie ? Une envie assurément, d'autant plus que<br />
cette forme musicale souffre quelque peu de son déficit<br />
d'expression sur scène.<br />
Et l'actualité bien sûr ! EZRA tourne de plus en plus et défend une<br />
forme de hip hop intéressante. <strong>LE</strong> DISPOSITIF sera le 16 avril prochain à 12h45 sur la scène de<br />
La Hune au Printemps de Bourges. Deux versants du hip hop (beat-boxing et rap) incarnés par<br />
six personnes à l'engagement social affirmé, et pour lesquels le projet artistique se mène de<br />
front avec des ateliers, des stages.<br />
Les TUE-LOUP, quant à eux, sortent un septième disque, et sèment des petits cailloux blancs sur<br />
le sentier de la pop folk chanson. Un sentier sinueux et bien tracé à la fois, dont les étapes sont<br />
de vrais moments de bonheur et de simplicité.<br />
Le dossier, concrêt et pragmatique, aborde une question fondamentale : comment passer de la<br />
répétition à la scène ? Pas de réponse forcément, seulement des éclairages et points de vue de<br />
musiciens, techniciens, tourneurs, programmateurs, chargés de l'action culturelle, intervenants<br />
pédagogiques. Cette thématique fera l'objet d'une conférence portée par le réseau Tohu Bohu à<br />
L'Olympic (Nantes), le jeudi <strong>10</strong> avril prochain, à l'occasion du concert Bouge ta Ville qui aura lieu<br />
le soir même. Certains des témoins de ce dossier et quelques autres seront présents. Si l'écrit<br />
vous inspire des questions ou des remarques, rendez-vous donc le <strong>10</strong> avril.<br />
Les musiques expérimentales, souvent peu médiatisées, seront à l'honneur les 14, 15 et 16<br />
février à Nantes avec le festival Cable#, et l'occasion était à saisir pour faire un focus sur cette<br />
mouvance artistique. Et puis des labels en région s'exportent ; c'est le cas de Irie Ites et son<br />
catalogue reggae ragga.<br />
Quant aux réseaux nationaux, nous nous intéressons cette fois-ci à la Fédurok qui milite comme<br />
d'autres réseaux pour la reconnaissance d'un secteur.<br />
Un petit tour du côté du multimédia et tous ces portails communautaires qui ne cessent<br />
d'apparaître sur la toile.<br />
Et puis, à la tribune, l'association de Château-Gontier, Triangle Musique, prend la parole. En<br />
pleine crise financière, la structure lance un appel aux collectivités pour… continuer à exister.<br />
Enfin, les étrennes sont passées, mais faites-vous plaisir avec des propositions discographiques,<br />
qui, pour nous, ont un réel intérêt artistique.<br />
Rendez-vous aux prémices de l'été avec un nouveau Tohu Bohu qui sortira en juin…
4<br />
planète 303<br />
La prochaine édition du festival<br />
[sonor], le festival des écoutes<br />
sonores et radiophoniques, se<br />
déroulera à Nantes<br />
et Rezé, du 5 au 9 mars<br />
au Lieu Unique, le<br />
Cinématographe, la<br />
Barakason et le 15bis.<br />
Espace de débats, de créations<br />
sonores, de conférences, de<br />
projections de fictions et<br />
documentaires, d'improvisations<br />
radiophoniques, et en présence de journalistes,<br />
artistes, auteurs, chercheurs, maître de conférences<br />
comme Daniel Mermet, Jean-Pierre Farkas, Mathias<br />
Delplanque pour ne citer qu'eux. [sonor] est la<br />
référence au niveau national des rendez-vous<br />
radiophoniques. www.jetfm.asso.fr / Rubrique [SONOR]<br />
Les Blacks Blousons n'en finissent pas de faire<br />
bouger le Dirty Sousse (ou Sud Vendée pour les<br />
non-initiés...) ! L'association enchaîne les concerts,<br />
dans une veine rock'n'roll, punk, hardcore, surf, rock<br />
steady et tutti quanti. Ils réitèrent le 22 mars avec<br />
la 3 e édition du “Bastard, Beer & Rock'n'roll” qui<br />
accueillera notamment Knuckeldust.<br />
www.myspace.com/lesblackblousonsalbn<br />
Le Farniente Festival revient les 23 et 24 mai à<br />
Pornichet avec des siestes musicales sur la plage<br />
pour vous détendre assurées par Christophe Havard et<br />
Hughes Germain. Noël Akchoté, Jean-François<br />
Pauvros, Jean-Marc Montera, Dominique Répécaud,<br />
Immensity of Territory promettent de vous électriser<br />
avec leurs guitares. Soyez prêts à groover avec la<br />
surprenante FANFARNIENTE , le be-bop du<br />
BENJAMIN SANZ QUINTET et les pépites vintage des<br />
DJ VINC'BUS et LAURENT ALLINGER.<br />
www.farniente-festival.org<br />
Le 6par4 est à l'aube de sa 2 e vie, à<br />
Laval. Les Mayennais bénéficient<br />
enfin de leur salle de musiques<br />
actuelles. Lieu de concert, de<br />
formation, d'accompagnement<br />
artistique, de résidence, de création,<br />
et ce pour un public très large, tels<br />
sont les objectifs ambitieux que s'est<br />
fixé l'équipe du 6par4. Très attendue,<br />
l'inauguration aura donc lieu les<br />
21, 22, 23 et 24 février avec HOCUS<br />
POCUS + L'ENTOURLOOP ! (le 21/02), THE HEAVY +<br />
FOREIGN BEGGARS (le 22), PAULINE CROZE +<br />
MACHUN (le 23) et <strong>LE</strong> LOUP (le 24). www.6par4.com<br />
44 49 53 72 85<br />
La FAMDT (Fédération des associations de musiques<br />
et danses traditionnelles) dispose d'un nouveau<br />
président en la personne de Sylvain Girault<br />
directeur artistique du Nouveau Pavillon, scène<br />
conventionnée musiques traditionnelles basée à<br />
Bouguenais (44).<br />
Afin de préparer les concerts qui suivront la sortie de<br />
leur premier album (cf. rubrique Sillages p. 25),<br />
NOUVEL R vient d'entamer un travail en résidence,<br />
divisé en trois étapes. La première a eu lieu à<br />
Bamako, en décembre dernier, à la salle Blonba et au<br />
Centre culturel français. Les rappeurs angevins ont<br />
ensuite investi la Cartonnerie à Reims en janvier.<br />
Dernière étape, le Chabada à Angers, fin février. Ils<br />
sont aussi programmés dans le “in” du Printemps de<br />
Bourges. www.nouvelr.fr<br />
Suite à son festival “La Nuit des<br />
Fées” organisé à Clisson le 29<br />
Septembre 2007, le label<br />
Prikosnovénie sort un coffret<br />
CD du même nom autour de la<br />
féerie. Un voyage musical guidé<br />
par des voix féminines du monde<br />
entier accompagné d'un carnet de voyage illustré de<br />
créatures fantastiques et de textes poétiques. On y<br />
découvre la rencontre musicale exceptionnelle de<br />
MÉDIAVOLO, ASHRAM (Italie), PINKNRUBY (GB) et<br />
CORDE OBLIQUE (Italie) enregistrée à Clisson. Lissez<br />
vos ailes et envolez-vous ! Le label cherche par<br />
ailleurs à développer les artistes de la région. Envoyez<br />
adresse myspace ou site à Arnö :<br />
prikos.promo@wanadoo.fr<br />
Le tremplin du Festival 7 e Vague aura lieu au<br />
Fuzz'Yon le 1 er mars prochain, afin de déterminer qui<br />
ouvrira le festival bretignollais le 9 mai 2008. L'orga<br />
avait à cœur de mettre en avant la scène régionale, la<br />
preuve avec les groupes retenus : NOUVEL R, ORPHÉE<br />
et DUB ORCHESTRA. www.7vague.com<br />
Fragil, média associatif (hébergé désormais dans les<br />
locaux de <strong>Trempolino</strong>), recherche des personnes qui<br />
aiment écrire, faire des interviews, rencontrer des<br />
artistes, s'intéresser à des problématiques sur la<br />
musique… www.fragil.org / pascal.couffin@fragil.org<br />
<strong>10</strong> nouvelles structures rejoignent le 51 bd de l’Égalité<br />
à Nantes (adresse de <strong>Trempolino</strong>) : Lolab, Fragil,<br />
Wizzbuck, L’Écho, Le Cabaret Studio,<br />
La Lina, Les Taties Machines Production,<br />
Blues Production, Radio POUM POUM et<br />
Les Martins Pêcheurs. www.trempo.com
L'opération Peace and<br />
Lobe redémarre. Un nouveau<br />
concert de sensibilisation aux<br />
risques auditifs destiné aux lycéens et collégiens de<br />
3 e vient d'être créé avec le soutien de la Région des<br />
Pays de la Loire. Des dates seront proposées en<br />
région. Contact : melanie@olympic.asso.fr<br />
Porté par le CRIJ des Pays de la Loire et co-organisé<br />
avec la Cité des Congrès, Ram Dam à l'Ouest se<br />
tiendra pour la 9 e année les 14 et 15 mars à Nantes.<br />
Festival, salon, forum d'information, cet événement se<br />
décline comme vous le voulez, abordant des thèmes<br />
tels que l’environnement, la culture, la citoyenneté, la<br />
santé, la prévention. Une programmation artistique<br />
variée autour de musique, danse, théâtre, cinéma,<br />
vidéo viendra étoffer ces deux journées.<br />
www.ramdamalouest.com<br />
En attendant la sortie de l’album prévue pour<br />
l’automne 2008, les Nantaises de<br />
MANSFIELD TYA.<br />
se partagent un 45t avec TENDER<br />
FOREVER (signé sur Wonderground,<br />
l’asso nantaise endiablée) intitulé :<br />
Oui oui non non. “Silver Silences”,<br />
le titre de MANSFIELD TYA.<br />
ressemblerait quelque peu à<br />
THE EX, avec Julia qui s’essaie à la batterie, un jeu<br />
certes lent mais efficace ! www.wonderground.org<br />
C'est reparti… Tremplin + de Zik : 8 e édition !<br />
Pour postuler, quelques conditions : être un groupe<br />
amateur débutant, pouvoir jouer de 30 à 45 minutes<br />
sur scène, jouer une majorité de compositions<br />
personnelles (maxi 2 reprises). La finale de + de Zik se<br />
déroule à la salle Athanor à Guérande, le 26 avril.<br />
Infos : ARPEJE, 02 51 73 06 50.<br />
L'asso Yellow Bag met en lumière<br />
19 projets nantais via la<br />
compilation La Girafe<br />
Masquée. Après l'organisation<br />
de concerts, cap sur le disque<br />
envisagé comme outil de promo<br />
pour ces jeunes groupes.<br />
JUSTINE, HELL NINO, TROUB<strong>LE</strong><br />
EVERY DAY, STARWAX et bien d'autres ont répondu à<br />
l'appel et vous proposent un assortiment sans<br />
prétention de chanson, punk, dub, rock.<br />
www.myspace.com/yellowbagasso<br />
SHI FU MI (cf. rubrique Sillages p. 26), est un<br />
collectif reggae vendéen regroupant RUFF REALITY,<br />
WAILING NATTY ROOTS, HIGH E<strong>LE</strong>MENTS et SOUL<br />
CONTACT. C'est aussi le nom de la formation qui<br />
partira au Burkina Faso pour une tournée de 6 dates<br />
en backing band de la Coalition Intègre du Burkina<br />
(CIB), du 25 mars au 23 avril, avec pour projet à leur<br />
retour en France une tournée de quelques dates en<br />
compagnie des 4 chanteurs burkinabé du CIB.<br />
www.myspace.com/shifumitemple<br />
Globe Trotteur,<br />
directeur artistique,<br />
musicien, producteur<br />
sur son label No Fridge,<br />
DJ CLICK rapporte dans<br />
ses studios les parfums<br />
sonores des quatre<br />
coins du monde. En<br />
janvier 2008, il a fait<br />
une pause au VIP à<br />
Saint-Nazaire dans le<br />
cadre d'une résidence de création, où il a<br />
travaillé en compagnie de musiciens roumains et de<br />
deux danseuses. Ce projet original, intitulé Flavour,<br />
est amené à tourner en France, en Europe et dans le<br />
monde.<br />
Le label sarthois Syncope Management est en<br />
pleine actualité avec les sorties de l’album de<br />
CASUALTY “Version 5.2” (dub/d'n'b) et des maxis de<br />
YARBLOCKS “The deadly sunrise” (deviance hardcore)<br />
et EKHÖ “Rebirth” (rock atmosphérique), chacun étant<br />
distribué nationalement.<br />
www.myspace.com/syncopemanagement<br />
Alors que le<br />
mixage et le<br />
montage du<br />
prochain<br />
CD/DVD en<br />
concert avancent<br />
(sortie prévue<br />
printemps 2008),<br />
les "gouailleurs"<br />
partent en mars<br />
pour une tournée en Chine, à Taïwan et en Mongolie<br />
dans le cadre des journées de la francophonie pour 14<br />
concerts précédés d'ateliers d'écritures par internet.<br />
Projet impulsé et monté par RUE D'LA<br />
GOUAIL<strong>LE</strong>, cette tournée dans le réseau des<br />
alliances françaises bénéficie du soutien de Cultures<br />
France (convention région Pays de la Loire/DRAC/Ville<br />
de Nantes/Cultures France). Plus de détail sur<br />
http://www.ruedlagouaille.net<br />
Acti-Son, prestataire son de La Roche-sur-Yon, se<br />
lance dans l'enregistrement studio, live et résidence.<br />
Basé au Bourg-sous-la-Roche, le “Studio Acti-Son”<br />
propose différentes formules tarifaires.<br />
www.actison.com<br />
Mars Multimédia poursuit son<br />
objectif de faire découvrir aux<br />
publics l'expression et la création<br />
multimédia sous toutes ses<br />
formes (ateliers, expos,<br />
spectacles, concerts) tout en<br />
portant un regard critique sur les<br />
pratiques et usages liées à ces<br />
nouvelles technologies<br />
(conférences, rencontres).<br />
Rendez-vous pour la 3 e édition,<br />
du 11 au 30 mars. http://www.portes-numeriques.org<br />
©Fabien Roux<br />
5
6<br />
C'est au milieu du vacarme ambiant des BIS<br />
(Biennales internationales du spectacle) que je<br />
retrouve EZRA. Du haut de ses 23 ans, EZRA a<br />
déjà fait près de 200 dates, participé à plusieurs<br />
créations, monté des ateliers, organisé des<br />
rencontres de beatbox… Et il ne compte pas<br />
s'arrêter là ! Le jeune et talentueux beatboxeur<br />
nous relate son parcours avec passion.<br />
Peux-tu me rappeler en quelques mots ce qu'est le<br />
beatboxing ?<br />
C'est l'art de faire de la musique et des sons avec la<br />
bouche, d'essayer d'imiter ou de créer des sons quels<br />
qu'ils soient : des sons d'instruments, vocaux, buccaux…<br />
Qu'est ce qui t'a amené au beatbox ?<br />
Petit, je faisais déjà certains sons ; j'ai croisé un<br />
camarade de classe qui faisait du beatbox en cours, et je<br />
m'y suis collé chez moi. J'ai essayé d'imiter des sons,<br />
de refaire des musiques que j'écoutais. J'ai à la fois<br />
travaillé tout seul et joué avec d'autres, et j'ai évolué. Au<br />
début, je faisais juste des rythmes sans vraiment<br />
chercher à reproduire les timbres des sons mais au fur<br />
et à mesure j'ai essayé de reproduire à l'identique des<br />
sons de guitare, de trombone, de trompette, etc…<br />
Le beatbox est souvent rattaché à la culture hip hop.<br />
Est-ce que tu te sens “hip hopeur” ?<br />
Oui, mais je tiens mes influences de tous les styles. J'ai<br />
fonctionné par période : ado, j'écoutais du rock, puis du<br />
reggae, et aujourd'hui, de l'électro. Mais le hip hop est<br />
toujours en parallèle ! Le beatbox est raccroché au hip<br />
hop car il s'est développé grâce à lui. Des musiques<br />
avec la bouche, il en existe depuis la nuit des temps :<br />
le Scat* porté par ARMSTRONG dans les années 20,<br />
Ezra L’homme<br />
qui faisait 3<br />
milliards...<br />
de sons<br />
par Lucie Brunet<br />
puis la cantatrice CATHY BERBERIAN qui dépassait le<br />
chant lyrique traditionnel en utilisant des onomatopées<br />
et en poussant des cris sur scène. Et puis, fin 70, début<br />
80, les beatboxeurs sont arrivés pour donner la<br />
rythmique aux rappeurs, en reproduisant les sons des<br />
boîtes à rythmes. Pendant quinze ans, le beatbox est<br />
resté un peu dans l'ombre contrairement aux quatre<br />
autres disciplines du hip hop que sont le deejing, le<br />
graff, le rap et la danse. Il n'y avait que des petites<br />
participations de temps en temps sur disque ou sur<br />
scène. RAZEL, un Américain qui jouait avec THE ROOTS,<br />
a sorti un album solo en 1999 dans lequel il pousse le<br />
beatbox très loin techniquement. Au même moment, le<br />
beatbox a explosé en Europe avec le SAIAN SUPA CREW<br />
en France et KILLA KELLA en Angleterre. Des sites<br />
internet se sont montés et ont permis à tous les<br />
beatboxeurs assez isolés de se retrouver. Aujourd'hui,<br />
c'est un véritable réseau, une communauté de<br />
beatboxeurs.. Des rencontres se montent un peu<br />
partout en France et dans le monde.<br />
Peux-tu nous expliquer ton parcours scénique ?<br />
Je suis monté sur scène pour la première fois en 2001.<br />
J'essayais de choper des “mic” libres. On a commencé<br />
à m'appeler pour faire des interludes sur des festivals.<br />
Je faisais des sets de <strong>10</strong>/20 minutes. Et puis, j'ai rejoint<br />
NOUVEL R, premier projet artistique auquel je<br />
participais qui a tenu sur la durée. En parallèle, j'ai<br />
toujours essayé de jouer avec d'autres musiciens, que<br />
ce soient des jazzeux ou des musiciens plus classiques.<br />
Il y a un an et demi, j'ai monté mon premier spectacle<br />
solo avec l'aide de David Gauchard de Hamlet TV**. Il<br />
m'a aidé à structurer mon set pour avoir la liberté<br />
ensuite de revenir à l'impro.
Le beatbox est souvent vu comme une pratique<br />
essentiellement scénique où la démonstration technique<br />
est prépondérante. Comment as-tu réussi à sortir de ce<br />
côté “show” pour construire un véritable set ?<br />
La performance reste très importante car elle surprend<br />
les gens. Mais j'essaie d'intégrer un côté théâtral dans<br />
mon set, et de proposer des choses très musicales, de<br />
vrais arrangements, de vraies compos. J'utilise aussi<br />
une loop station, un sampler. Je compose aussi des<br />
instrus sur ordinateur, et j'aurai peut-être bientôt un<br />
ordinateur sur scène. J’essaie de confronter l'humain à<br />
la machine, et de ne pas me noyer dans une prouesse<br />
technique et technologique. C'est vers cette direction<br />
que nous allons pour avoir un certain crédit auprès des<br />
programmateurs et du public.<br />
Tu as joué dans plusieurs formations, notamment<br />
NOUVEL R, BIONIC BREATH MAKERS (projet à<br />
quatre beatboxeurs)… Quelle place tenais-tu<br />
dans ces projets ? Te considérais-tu<br />
comme un instrument à part entière ?<br />
Dans NOUVEL R, on jouait sur une<br />
instru et tout le monde se<br />
raccrochait à ça. On se permettait<br />
quelques bœufs ou freestyles mais<br />
le set était très figé dans<br />
l'ensemble. J'avais donc une place<br />
d'instrumentiste comme le bassiste<br />
ou le scratcheur. Dans BIONIC<br />
BREATH MAKERS, tout le monde<br />
changeait de rôle tour à tour. Mais ce<br />
projet s'est monté en cinq jours, une<br />
création pour le festival Rock'n Solex à Rennes. On a<br />
émis des idées, construit des structures, réparti les<br />
rôles, mis en scène le spectacle, en posant des<br />
structures très larges pour laisser la place à<br />
l'improvisation et essayer d'être complémentaires. Ce<br />
projet fut très enrichissant. Il est en stand-by pour le<br />
moment mais on espère pouvoir le relancer. J'ai<br />
d'autres collaborations : ZOL, GONG GONG et IDEM<br />
pour la soirée Nantes au Zénith, Five fingers projet avec<br />
ROBERT <strong>LE</strong> MAGNIFIQUE (basse, scratch, machines),<br />
CAT'S EYES la flûtiste de WAX TAILOR (Flûte, clavier,<br />
machines), D DE KABA<strong>LE</strong> (rapeur, slameur, comédien)<br />
et VJ ALTO. Le souci est qu’individuellement nous avons<br />
beaucoup de projets et il devient compliqué de se réunir<br />
pour travailler.<br />
Revenons à ton projet solo. Je crois que tu as trouvé un<br />
tourneur ?<br />
Je me suis retrouvé sur quelques dates avec les SAYAG<br />
JAZZ MACHINE et d'autres artistes de Furax comme<br />
HOCUS POCUS. Du coup, je travaille désormais avec<br />
Furax et Vivien*** sur la tournée 2008. Bizarrement, je<br />
n'ai pas de disque, même si je fais une soixantaine de<br />
dates par an depuis trois ans. J'ai juste un titre sur la<br />
compil' des Trans 2007. Je travaille depuis l'automne à<br />
poser des morceaux pour enregistrer.<br />
Encore une fois, le beatbox est une pratique très<br />
scénique. Alors, quel est l'intérêt de faire un disque,<br />
mis à part pour démarcher des programmateurs ?<br />
Pour moi, faire un disque est une autre<br />
démarche. Je vois le studio comme un exercice :<br />
apprendre à me servir des logiciels de son et apprendre<br />
à composer, à structurer les morceaux.<br />
Ce ne seront pas les mêmes morceaux que je jouerai en<br />
live, les arrangements ne seront pas les mêmes parce<br />
que techniquement ça ne sera pas possible. À moins de<br />
balancer des choses pré-enregistrées mais ça ne<br />
m'intéresse pas car je veux que tout ce qui est joué sur<br />
scène soit créé sur scène. Je vais piocher dans les idées<br />
principales pour les réadapter sur scène.<br />
Ton disque sera-t-il distribué ?<br />
Après avoir enregistré quelques morceaux, je me suis<br />
demandé si j'avais vraiment envie qu'il soit distribué. Je<br />
considère vraiment l'enregistrement comme un<br />
exercice. Je ne souhaite pas qu'il soit distribué, en tout<br />
cas sur les réseaux habituels. Sans doute par le<br />
net. J'achète très peu de disques et je<br />
préfèrerais que les gens donnent ce<br />
qu'ils veulent pour acheter la musique<br />
ou le support et que ça circule à<br />
fond. Nous sommes en pleine<br />
négociation avec des weblabels.<br />
Tu as d'autres activités liées au<br />
beatbox pour pouvoir vivre de ton<br />
art. Peux-tu en parler un peu ?<br />
Depuis deux ans, j'ai arrêté la fac<br />
avec un DEUG en poche. Je suis parti<br />
en ayant déjà travaillé sur des ateliers.<br />
Je faisais vraiment confiance au beatbox<br />
et à ce que je faisais pour pouvoir partir comme ça un<br />
peu à l'aventure. Il y a des gens qui m'ont bien aidé et<br />
qui sont toujours là comme Vivien, Christian et Antoine<br />
de Aladesh (structure qui fait de l'intervention artistique<br />
dans les CSC, maisons de quartier…). Je suis rentré<br />
dans le projet avec un emploi aidé pour travailler sur<br />
des ateliers. On avait conclu à l'embauche que je devais<br />
pouvoir me dégager du temps pour les concerts et<br />
organiser le Contest national de beatbox l'an passé à<br />
Angers. C'est la fin et l'intermittence arrive dans les<br />
prochains mois. Mais je vais continuer à faire les<br />
ateliers, car j'aime la rencontre de publics très<br />
différents. J'ai eu l'occasion d'aller en prison, à<br />
l'hôpital, d'aller au Liban dans des camps de réfugiés<br />
palestiniens, via Trempo de transmettre à des gens qui<br />
sont déjà musiciens… Il m'est même arrivé de<br />
transmettre des bases de beatbox à des sourds ! Le<br />
contact direct avec les gens, je ne suis pas prêt de le<br />
lâcher même si c'est sans doute la scène qui me fera<br />
plus vivre par la suite ! Sur scène, je suis en hauteur,<br />
mis en lumière, ce n'est pas pareil.<br />
* Forme d'improvisation vocale propre au jazz qui consiste à<br />
substituer aux paroles des onomatopées.<br />
** Spectacle avec David Gauchard, Robert le magnifique, Olivier<br />
Mellano, ARM et Ezra<br />
***Manager de Ezra et Nouvel R<br />
Contact et infos :<br />
www.ezra.fr<br />
rencontre<br />
7
8<br />
Le<br />
Dispositif<br />
Hip hopen your mind !<br />
Petite surprise que de retrouver <strong>LE</strong> DISPOSITIF,<br />
groupe nantais qui s’est peu produit sur scène et<br />
qui sortait l’automne dernier son premier<br />
album. Mais leur concert du 29 novembre au<br />
Chabada aura convaincu les plus sceptiques.<br />
Preuve en est leur participation aux Découvertes<br />
du Printemps de Bourges 2008 pour représenter<br />
les Pays de la Loire. Un travail d’accompagnement<br />
avec <strong>Trempolino</strong> (l’Antenne) va démarrer pour<br />
préparer le set, et les rendre clinquants là-bas.<br />
L’occasion de revenir sur un court passé, et sur<br />
leur futur que l’on espère long.<br />
Comment expliquez-vous le choix du patronyme<br />
<strong>LE</strong> DISPOSITIF ?<br />
Mossah : Un peu comme Kontrat-Dixion, ce sont des<br />
mots qui reviennent souvent, et qui ont de l’impact.<br />
Mais, c’est avant tout dans une logique de structuration,<br />
et dans dispositif, il y a aussi positif, une énergie et une<br />
attitude que nous défendons.<br />
Pablo : Un dispositif s’apparente à quelque chose qui se<br />
met en place pour pallier à quelque chose ; il y a le côté<br />
combat, engagé.<br />
Et le groupe alors, c’est quoi ?<br />
M : Un groupe de rap, une histoire de potes assez<br />
récente, et un engagement artistique commun. Le<br />
groupe s’est monté autour d’affinités artistiques et<br />
politiques communes, et la rencontre s’est faite via<br />
l’asso Kontrat-Dixion. J’ai fait partie de groupes avant,<br />
ACTIVE COALITION en 1996, ensuite N’COSA, j’ai<br />
ensuite suivi des études, je me suis remis à la musique<br />
et nous avons monté le projet en 2005.<br />
par Cécile Arnoux<br />
P : Avant le groupe, j’étais seul chez moi à écrire des<br />
textes, mais nullement compositeur. Mossah m’a formé<br />
sur le logiciel Acid.<br />
Quel est votre synopsis (cf. nom de l’album) ?<br />
P : Un point de vue sur la société, sur les faits.<br />
M : Un synopsis est un condensé, un premier jet, et le<br />
disque s’inscrit dans cette logique. C’est un 1 er album<br />
qui nous permet de poser les 1 ers éléments de notre<br />
univers musical.<br />
Votre hip hop est très porté sur les instruments.<br />
Vous le concevez comme ça ?<br />
M : L’apport de musiciens est très intéressant, mais<br />
travailler avec des musiciens nous demande trop de<br />
temps, et d’organisation. Nous avons vraiment la<br />
culture du sample, et nous nous “servons” des<br />
musiciens comme de samples. Leurs parties musicales<br />
sont découpées, retravaillées, et les prises “live” ne<br />
sont jamais gardées telles quelles. Les arrangements<br />
se font à partir de cette matière sonore. Je pense que<br />
chez les musiciens, nous recherchons avant tout le<br />
groove. Dans le groupe, nous faisons aussi tous des<br />
instrus, nous sommes ouverts musicalement, et nous<br />
recherchons des couleurs, des notes chaudes. Nous<br />
aimons le rap hyper sombre, mais ce n’est pas celui sur<br />
lequel nous voulons nous exprimer.<br />
P : Et puis, nous accordons vraiment beaucoup<br />
d’importance à l’ouverture d’esprit et l’ouverture<br />
musicale.<br />
Pensez-vous que ces esthétiques offrent plus de<br />
possibilités au répertoire ?<br />
M : Oui, ces musiques inspirent notre écriture. Mais<br />
c’est vraiment Kony (ex membre de CLONE INC.)<br />
qui apporte ces musiques. Moi, j’aurais tendance à
écrire des parties sombres de piano, mais je les<br />
soumets plutôt à d’autres gens. Nous avons tout de<br />
même tous composé le disque.<br />
P : Trois invités ont apporté leur touche musicale, sans<br />
parler du freestyle de la fin. Les instrus nous guident<br />
vers les thèmes abordés. Et la manière d’écrire est<br />
vraiment liée à la musique. En fonction du tempo et des<br />
harmonies, le flow est différent.<br />
Ces textes justement sont revendicatifs, à l’image de la<br />
culture hip hop. Pensez-vous pouvoir écrire des choses<br />
plus contemplatives et moins réalistes ?<br />
M : Je pense qu’on aurait du mal à se défaire de l’aspect<br />
revendicatif.<br />
Mais ce serait<br />
sûrement<br />
intéressant.<br />
En prenant de<br />
l’âge, nous<br />
abordons les<br />
choses de<br />
manière moins<br />
frontale. Mais<br />
l’engagement politique nous tient vraiment à cœur et le<br />
rap nous permet de le faire. J’ai plus de facilité à<br />
donner mon point de vue au travers de la musique que<br />
dans un bureau de vote. Cela dit, le rap médiatisé n’est<br />
pas revendicatif. Il est “fleur bleue” et “culte de<br />
l’argent”, et va dans le sens du système. Notre rap est<br />
plutôt “old school” inspiré de celui des années 90<br />
(période NTM, ASSASSIN). Il est beaucoup plus<br />
revendicatif et positif, ce qui n’est pas antinomique.<br />
Pour revenir aux musiques, vous insérez du hardcore<br />
(“La Foudre”), du jazz (“L’écriture”). Ces musiques ontelles<br />
des points communs avec le hip hop ?<br />
M : Le jazz m’inspire des ambiances, et inspire mon<br />
écriture. Le jazz comme le hardcore sont des musiques<br />
énergiques et revendicatives. De ce point de vue, il y a<br />
une filiation. KENY ARKANA avec son morceau “La<br />
Rage” est terrible d’un point de vue instrumental avec<br />
de grosses guitares et une écriture pertinente. Nous<br />
nous en sommes un peu inspirés. Et puis, Étienne notre<br />
Dj a une forte culture électro, et nous sommes aussi<br />
ouverts à ces autres sons.<br />
P : Le rap est une musique où tu n’as pas de limite. Et<br />
le jazz, la soul sont aux sources du rap. Nous prenons<br />
l’émotion que nous suscite telle ou telle musique,<br />
qu’elle soit jazz, hardcore, musique classique, sans que<br />
cela parte dans tous les sens, et que ce ne soit pas trop<br />
“abstrakt”.<br />
Votre disque “Synopsis” est sorti en octobre dernier.<br />
Quel accueil a-t-il reçu ?<br />
M : Nous avons remboursé le disque, avec pas mal de<br />
vente sur les concerts. Nous travaillons avec Open Zic<br />
en distrib’. Nous n’avons pas encore de retour des<br />
ventes magasins. Pressé à 1 000, nous en avons vendu<br />
300 par nous même. D’un point de vue artistique, nous<br />
avons de bons retours. Il touche plutôt les trentenaires<br />
qui ne se sentent pas touchés par le rap actuel, mais<br />
plutôt par le rap “old school”. Et puis, nous avons aussi<br />
de bons retours à la fin des concerts de la part de gens<br />
qui ont la soixantaine.Le public est assez large,<br />
rencontre<br />
ils ont un sourire et n’adoptent pas une attitude de peur<br />
ou de retrait.<br />
Quelle part prend le projet artistique du groupe<br />
dans vos activités qui sont beaucoup plus larges<br />
(ateliers, label…) ?<br />
M : Pour nous, les choses se passent vraiment bien,<br />
mais ça va vite. À la sortie du disque, nous avons fait de<br />
la promo locale, mais le projet passe à la vitesse<br />
supérieure. Nous avons tous des fonctions précises<br />
dans le groupe, et avec l’arrivée de Bourges, nous<br />
n’avons pas assez de temps, pas suffisamment de clés.<br />
Le besoin imminent qui se fait sentir est bien celui<br />
d’une personne<br />
qui travaille<br />
pour nous d’un<br />
point de vue<br />
administratif.<br />
Par ailleurs, cet<br />
engagement<br />
artistique via<br />
le groupe me<br />
nourrit vraiment<br />
pour les ateliers, les stages que je dispense. Je suis les<br />
évolutions technologiques, et mon travail de<br />
compositeur via <strong>LE</strong> DISPOSITIF me donne une réelle<br />
crédibilité auprès des ados. Inversement, les ateliers<br />
m’amènent à composer en groupe avec des gamins, et<br />
m’inspirent pour mon propre groupe.<br />
Comment vous voyez le Printemps de Bourges et qu’en<br />
attendez-vous ?<br />
P : Nous prenons le festival comme un réel<br />
aboutissement. Nous allons là-bas pour rencontrer des<br />
gens, se faire plaisir et faire un bon concert.<br />
M : Encore une fois, tout va très vite. Après quelques dates,<br />
nous avions vraiment besoin d’avis extérieurs sur nos<br />
prestations. Bouge ta Ville (dispositif d’accompagnement<br />
des pratiques amateurs, coordonné par <strong>Trempolino</strong>) nous<br />
a apporté cela. Nous avons le sentiment d’avoir progressé<br />
scéniquement grâce à tout cela, et nous nous sommes<br />
inscrits la veille de la date limite pour les Découvertes du<br />
Printemps sans y croire une seconde.<br />
P : Pour les Auditions, nous étions extrêmement<br />
détendus, nous y sommes allés sans trop y croire, mais<br />
pour avoir les retours d’un jury et de professionnels<br />
dans la salle. Pour en revenir au festival à Bourges,<br />
nous n’avons pas de projection particulière. L’envie se<br />
cantonne à rencontrer des gens, se faire connaître et<br />
pouvoir faire des dates hors de la région.<br />
Quels aspects (techniques, artistiques..) souhaitezvous<br />
travailler pour préparer le set à Bourges ?<br />
M : La mise en scène, l’occupation de l’espace. Deux<br />
jours de résidence à L’Olympic via Trempo sont prévus.<br />
Nous allons avec l’aide d’un intervenant trouver des<br />
petites astuces pour le set. C’est un travail que nous<br />
avons entamé avec Vincent de KWAL. Sur les aspects<br />
administratifs, nous allons travailler avec Vivien, le<br />
manager de NOUVEL R et EZRA en amont et délimiter<br />
ce qu’il faut cibler sur le festival. Deux personnes de<br />
Kontrat-Dixion vont travailler sur la com’,<br />
conjointement avec Vivien et Benjamin de Trempo.<br />
9
<strong>10</strong><br />
Tue-<br />
Loup<br />
Des gringos que la nature inspire<br />
Par Cécile Arnoux<br />
Pas moins de onze ans après ses débuts,<br />
TUE-LOUP ne brille plus des mêmes paillettes !<br />
Moins médiatique, le projet brille pourtant<br />
toujours de son authenticité et de ses mélodies<br />
gracieuses. Le parcours du groupe n'est<br />
nullement dans une impasse, et saluons au<br />
passage le travail du label T-Rec qui défend<br />
encore des projets si peu vendeurs et pourtant si<br />
louables. Alors, TUE-LOUP sort un 7 e album, la<br />
référence n°7 de T-Rec, 7 ans près avoir<br />
rencontré Cyril Bilbeau, actuel manager et boss<br />
du label. Le 7 serait le chiffre porte-bonheur de<br />
Tue-Loup…<br />
Une petite heure de discussion avec Xavier<br />
Plumas leader de la formation, et Thierry Plouze<br />
guitariste et complice depuis… 1997. Deux<br />
musiciens et amis comme deux têtes sous le<br />
même bonnet.<br />
7 e disque en plus de <strong>10</strong> ans. Qu'est-ce qui change dans<br />
les raisons et la manière de le faire ?<br />
Xavier : Dans les raisons, il n'y a absolument rien qui<br />
change. C'est toujours l'envie de jouer ensemble. Dans la<br />
manière, c'est un disque que j'avais prévu de faire en solo<br />
au départ, au format “guitare-voix”. Et puis, sur deux titres,<br />
j'avais envie que Thierry fasse une guitare, et puis en fait, il<br />
a joué sur tous les titres, idem pour le batteur et ensuite le<br />
bassiste. Il a aussi été enregistré beaucoup plus vite qu'à<br />
l'habitude car tous les morceaux étaient vraiment prêts à<br />
l'enregistrement. Et bizarrement, nous avions un autre<br />
disque de TUE-LOUP prêt à sortir avant celui-là.<br />
Il sortira plus tard. Le Lac de Fish, dans son contenu, est<br />
un peu différent des précédents ; pas vraiment au niveau<br />
des textes, mais dans le format plus “chanson” car je l'ai<br />
composé tout seul ; il est aussi plus épuré musicalement<br />
et les titres sont plus courts qu'à l'habitude.<br />
Comment vous êtes-vous rencontrés avec le label<br />
T-Rec, et vous sentez-vous en adéquation artistique<br />
avec le catalogue ?<br />
X : Cyril, un des deux boss du label, était notre tourmanager<br />
sur la 2 e tournée il y a 7 ans. Il aime beaucoup<br />
le groupe depuis le début. Nous avons eu trois maisons<br />
de disque (Pias, Le Village Vert, Naïve) qui n'ont jamais<br />
honoré les contrats sur plus de deux ou trois disques,<br />
car pas assez de ventes, pas assez de tubes pour les<br />
radios. Cyril, devenu notre manager, ne voulait plus<br />
entendre ce discours de maison de disque. Il a monté T-<br />
Rec pour sortir ses propres projets et aussi pour nous<br />
signer. Nous sommes vraiment sur la même longueur<br />
d'ondes car pas plus le label que nous n'avons de<br />
moyen, et les choses se font quand même.<br />
Vous avez connu un “succès relatif” avec le 1 er album<br />
“La Bancale”. Maintenant, c'est plus dur. Vous avez<br />
toujours l'envie ?<br />
Thierry : Nous avons dû vendre entre 15 et 20 000<br />
exemplaires de “La Bancale”. Et depuis, la tendance est<br />
à la baisse, baisse sérieuse. Et le pire c'est que c'est la<br />
même chose pour les concerts. Mais, là où tout va bien,<br />
c'est que moins nous vendons de disques, plus nous<br />
avons envie de jouer. Nous composons énormément, et<br />
de fait, nous avons toujours des morceaux d'avance que<br />
nous ne pouvons pas jouer sur scène car nous jouons<br />
peu et il faut défendre le disque sorti. C'est un peu<br />
frustrant. Nous avons un nouveau tourneur depuis 2<br />
mois : Dessous de Scène, et nous espérons tourner au<br />
printemps.<br />
Avez-vous une autre activité professionnelle en<br />
parallèle ?<br />
X : Nous travaillons tous à côté sauf le bassiste qui a son<br />
statut car il joue à côté sur d'autres projets.<br />
T : Courir après l'intermittence ne m'intéresse plus.<br />
Je préfère faire des petits boulots sur des périodes un peu
concentrées et prendre du plaisir et du temps pour jouer.<br />
X : Nous avons la chance d'avoir un ingénieur du son<br />
compétent qui travaille avec nous depuis le début, qui<br />
nous connaît bien, qui possède du très bon matériel et<br />
peut nous enregistrer n'importe où à moindre coût.<br />
Pour sortir le disque, c'est plus compliqué, il faut de<br />
l'argent. C'est la débrouille.<br />
Est-ce compliqué d'écrire en français sur une musique<br />
plutôt anglo-saxonne ?<br />
X : C'est rare plus<br />
que compliqué. Le<br />
genre de musique<br />
que nous jouons<br />
ne se chante pas<br />
en français à part<br />
peut-être MURAT<br />
ou LA MAISON<br />
TELLIER. À vrai dire,<br />
je n'ai jamais eu<br />
une écriture très<br />
chanson basée sur<br />
du “couplet/refrain”.<br />
Ça m'arrive, mais ce n'est pas une règle que je<br />
m'impose. Pour moi, la musique n'influe pas sur les<br />
textes. Mais les artistes précédemment cités ont une<br />
véritable culture musicale qui n'est pas que française. À<br />
contrario, la “nouvelle nouvelle nouvelle” chanson<br />
française porte le poids d'une culture française, les<br />
résultats sont affligeants, et ça n'a aucun sens de<br />
traîner ce fardeau musical. Il ne s'agit pas de nier le<br />
talent des grands de la chanson française, je les écoute,<br />
ils m'inspirent sans doute inconsciemment. Mais<br />
sortons un peu de ces carcans d'héritage musical<br />
français et de grande famille où tout le monde est pote.<br />
Les Belges sont à envier pour cela ; ils sont affranchis<br />
de tout héritage musical.<br />
Xavier penses-tu que Tue-Loup est un projet très<br />
personnel comme tu pourrais écrire un livre ou une<br />
histoire d'amis ?<br />
X : Les deux. Je compose la plupart des musiques à la<br />
base, mais c'est une histoire collective. En répétition,<br />
tout est permis. Il n'y a aucune direction artistique de<br />
ma part, ni de personne d'autre d'ailleurs. Les<br />
morceaux se structurent naturellement, et chacun des<br />
musiciens propose des idées toujours pertinentes dans<br />
la composition.<br />
Dans quelle mesure votre environnement (la<br />
campagne), influe sur votre écriture et composition<br />
musicale ?<br />
X : De toute évidence, il y a un lien de cause à effet. Pour<br />
les textes, la nature déclenche mon processus<br />
d'écriture ; je marche beaucoup et je rentre souvent<br />
avec des idées de chansons dans la tête. Ensuite, j'y<br />
intègre mes expériences humaines. Ce n'est pas ce qui<br />
me motive mais c'est ce qui m'inspire. D'un point de vue<br />
musical, la nature influe aussi dans notre penchant<br />
pour les climats musicaux : un climat ambiant dans<br />
lequel tous les musiciens de Tue-Loup se complaisent.<br />
T : Et puis, nous avons notre propre local, et nous prenons<br />
le temps. Il n'y a jamais d'urgence, et cela se<br />
ressent dans les compositions aussi je pense.<br />
Vous habitez une région peu structurée en termes de<br />
musiques actuelles (hormis Bebop, Le Silo), est-ce que<br />
vous en souffrez ?<br />
X : Non. Nous avons pratiquement tous des vies de<br />
famille, et nous ne sortons pas beaucoup. Mais, nous<br />
n'avons jamais été très investis dans le milieu rock du<br />
Mans même si j'y ai habité 4 ans. Mais, ce serait près<br />
d'une autre ville, ce<br />
serait la même<br />
chose. Je n'ai pas<br />
envie de parler tout<br />
le temps de musique,<br />
de matériel, avec les<br />
gens que je croise.<br />
Pensez-vous être<br />
dans une démarche<br />
indépendante par<br />
défaut ou par envie ?<br />
X : Les deux. Mais<br />
c'est d'abord par envie. Encore une fois, sans prétention<br />
aucune, nous savons dans quel créneau il faudrait aller<br />
pour avoir du succès. À chaque sortie d'album,<br />
nous savons pertinemment que nous allons toucher<br />
un minimum de gens. Nous ne prenons pas plaisir à<br />
être en marge, à rester anonyme, mais plutôt à faire<br />
quelque chose de sincère et qui nous ressemble.<br />
Contact et infos : www.t-rec.org<br />
rencontre<br />
Discographie :<br />
Les Sardines, AP 1996<br />
La Bancale, PIAS 1998<br />
La Belle Inutile, PIAS 1999<br />
Penya, Le Village Vert / Wagram 2002<br />
Tout nu, Le Village Vert / Wagram 2004<br />
Rachel Au Rocher, Naïve / Anticraft 2005<br />
Le lac de Fish, T-Rec / Anticraft 2007<br />
Retrouvez l'intégralité de l'interview de Tue-Loup en écoute<br />
sur www.trempo.com (rubrique “Rendre Compte”).<br />
Le Lac de Fish<br />
T-Rec / Anticraft 2007<br />
Douze lieux-dits, douze sentiers,<br />
douze parcelles… “Le Lac de Fish”<br />
s'écoute comme se regarderaient<br />
aussi douze clichés de campagne.<br />
Ces phototypes d'une nature<br />
environnante prennent tant d'importance dans la vie de Tue-<br />
Loup qu'ils transpirent au travers des mélodies et des mots.<br />
Et, de-ci de-là, quelques autoportraits ou clichés de gens<br />
(dont une magnifique reproduction de Nino Ferrer) viennent<br />
agrémenter le figuratif émanant de l'inspiration picturale.<br />
Ces mots si pesés, si gracieux, si descriptifs et parfois si<br />
sensuels accompagnent des notes chaleureuses se baladant<br />
sur des portées de folk, de bossa, de pop. Ce 7 e album de<br />
TUE-LOUP, à mi chemin du spleen, d'un flegme lénifiant et<br />
de grandes envolées folk, vous coupe le souffle, ou plutôt<br />
vous saisit par sa poésie et ses harmonies si gracieuses. Un<br />
voile sur la voix, des instruments aux sons purs, des tempos<br />
qui s'étirent avec les notes dessinent la constellation<br />
TUE-LOUP faite de fictions simples, humaines et<br />
profondément sincères. Cécile Arnoux<br />
11
12<br />
profil type<br />
Irie Ites ou comment des Français<br />
se sont fait une place de choix sur<br />
la scène reggae française,<br />
européenne et plus loin encore.<br />
Synopsis d'une structure qui ne cesse<br />
d'évoluer<br />
Depuis ses débuts, Irie Ites est un sound system<br />
reggae, qui, au fur et à mesure, acquiert une certaine<br />
renommée, permettant ainsi de promouvoir des<br />
artistes, avant de se lancer dans la production de ces<br />
derniers et de se faire une place en tant que<br />
distributeur spécialisé dans le reggae jamaïcain…<br />
Les origines de Irie Ites, le sound system<br />
Il s'est créé en 1999 par la motivation de passionnés<br />
de la culture jamaïcaine. Actuellement, il est composé<br />
de JERICHO, UNATTY, ROMG et JAH MARO. Les 1 ères<br />
dates se sont faites sur Angers, Le Mans… pour au<br />
final jouer un peu partout en France et en dehors de<br />
nos frontières, affichant plus de 500 dates au<br />
compteur… lls se sont donc faits<br />
connaître par leurs prestations live<br />
accompagnées de divers chanteurs et<br />
par l'acquisition de nombreux inédits,<br />
appelés dubplates (unique exemplaire<br />
d'un vinyle ou CD enregistré par un<br />
artiste pour un sound system),<br />
enregistrés par CHEZIDEK, LORENZO,<br />
RAS MC BEAN… (proches du crew Irie<br />
Ites), BOUNTY KIL<strong>LE</strong>R, CAP<strong>LE</strong>TON, E<strong>LE</strong>PHANT<br />
MAN… WILLY WILLIAMS, JOHN HOLT, HORACE<br />
ANDY…<br />
Suite logique de cette évolution : la promotion<br />
et la production d'artistes - naissance de Irie<br />
Ites Records…<br />
Leurs multiples dates en France et à<br />
l'étranger ainsi que leurs connections<br />
établies en Jamaïque, leur ont forgé une<br />
certaine renommée.<br />
L'organisation d'évènements : concerts,<br />
sounds system, ainsi que leur festival, le<br />
“Jamaïcan Bashment”, d'envergure<br />
européenne, leur a permis d'asseoir leur<br />
notoriété. Ils ont invité régulièrement des<br />
chanteurs et sounds system parmi les plus<br />
cotés : BLACK KAT, BASS ODYSSEY, ONE<br />
LOVE, DOWNBEAT, SUPERSONIC, JAH<br />
MASON, TURBU<strong>LE</strong>NCE, LUTAN FAYAH, SOUL STEREO,<br />
HEARTICAL SOUND, PRINCE ALLA…<br />
Ceci étant, et désireux de développer cette culture<br />
musicale, ils se sont lancés dans la production<br />
d'artistes en réalisant des séries de 45 tours vinyles,<br />
sur des versions instrumentales telles que Rocking<br />
Time, Borderline, Down in Jamaïca… jouées par des<br />
musiciens reconnus comme MAFIA & FLUXY (GB) ou<br />
encore ZENZI<strong>LE</strong>.<br />
par Emmanuel Bois<br />
IRIE ITES<br />
au cœur du développement<br />
de la musique jamaïcaine<br />
La distribution, un certain aboutissement dans leur<br />
travail<br />
Une fois ce capital établi, il ne restait plus qu'à mettre<br />
sur le marché ces productions. C'est à ce moment-là,<br />
il y a un an et demi, que l'équipe de Irie Ites a ouvert<br />
un site internet de vente en ligne.<br />
Le principe était d'abord de distribuer à des<br />
particuliers et ensuite de s'ouvrir aux professionnels.<br />
Leur catalogue, varié et conséquent, est constitué de<br />
leurs productions, de celles de labels locaux et<br />
d'autres plus gros, ouvrant l'accès à la France,<br />
l'Europe, le Japon, les USA, les Caraïbes...<br />
La diversité des activités, la clef<br />
pour faire perdurer et évoluer leurs<br />
projets<br />
La vente de disque en reggae n'est<br />
pas plus florissante que le circuit<br />
commun des CDs. Toute la chaîne de<br />
production n'est pas rentabilisée par<br />
la simple vente. L'équilibre<br />
peut se faire par la<br />
diversification des activités :<br />
nouveaux marchés (internet,<br />
MP3…), prestations de<br />
promotion et de street<br />
marketing. Le sound system<br />
est une entrée pour faire<br />
connaître le nom et les<br />
activités…<br />
Qu'en est-il aujourd'hui et demain ?<br />
Un studio d'enregistrement est en train de voir<br />
le jour. À peine est-il monté qu’un 1 er projet<br />
d'enregistrement est en cours. Le Manceau<br />
KEEFAZ y a fait ses prises de voix pour son<br />
2 e album qui sortira au printemps 2008.<br />
Grace à ce studio, ils pourront ainsi maîtriser<br />
toute la chaîne de production d'un disque, de<br />
l'enregistrement à la distribution.<br />
Le développement de ces activités, cumulé à leurs<br />
contacts, permet également de soutenir et de mettre<br />
en avant des artistes locaux. KEEFAZ en est un<br />
exemple. Il est sur le point de partir en Jamaïque pour<br />
enregistrer un clip avec MR VEGAS, l'une des icônes du<br />
reggae jamaïcain actuel.<br />
Contact et infos : www.irieites.net
par Nick Serra<br />
Exploration<br />
De la<br />
répétition<br />
à la<br />
scène<br />
Être en selle pour être en scène ?<br />
Dans l'antichambre d'un monde musical de plus en plus “cybernetisé”,<br />
avec prolifération de vitrines planétaires, il faut savoir qu'il existe<br />
encore, et peut-être plus que jamais, des êtres humains en chair<br />
et en os, héros du local qu'on appelle “musiciens”. Ils aspirent à<br />
vivre une passion, certains à “vivre de” leur passion, tous se<br />
retrouvent à la répétition du groupe, et beaucoup envisagent, à partir<br />
de là, la scène, comme expérience, révélateur, exutoire, ou raison<br />
d'être. Leurs demandes se font de plus en plus pressantes auprès des<br />
salles de concert, lesquelles, en nombre insuffisant, reçoivent, mais<br />
par force mathématique, déçoivent également.<br />
Depuis quelques années, le lien entre artistes avides et promoteurs de<br />
politiques musicales s'est enrichi d'une offre pédagogique que l'on<br />
nomme “accompagnement”. Ainsi, au sein de la Fédurok (fédération<br />
nationale de lieux de musiques actuelles amplifiées - plus de soixante<br />
salles adhérentes), on observe que l'accompagnement des pratiques<br />
amateurs est de plus en plus affirmé comme un enjeu de<br />
développement et de réponse aux populations, 57% des adhérents<br />
proposent un accompagnement à la répétition. Qu'en est-il dans<br />
la région, de la répétition, de la scène ? En quoi consistent<br />
et que pense-t-on de ces nouveaux dispositifs ?<br />
13
14<br />
Exploration<br />
La répétition :<br />
cocon des aventures<br />
artistiques<br />
La répétition est l'acte fondateur de la vie d'un groupe.<br />
Un acte qui n'a pas simplement pour finalité de<br />
“répéter” un spectacle à donner sur scène, mais est<br />
aussi un espace de création collective,<br />
d'apprentissage, de sociabilité. Chaque groupe y<br />
installe son “modus vivendi”, ses fonctionnalités, ses<br />
désirs de production musicale, ses ambitions<br />
partagées, explicites ou non. Deux situations<br />
différentes sont possibles pour la répétition :<br />
fréquenter un établissement privé ou public<br />
proposant cette activité, ou organiser, chez soi, avec<br />
les moyens du bord, les conditions acoustiques et<br />
techniques de la pratique en groupe. Il semble, à<br />
propos de la région des Pays de la Loire, que les<br />
grands sites urbains soient pourvus de studios de<br />
répétition, en nombre suffisant ou insuffisant selon<br />
les témoignages, alors qu'en milieu rural on s'en<br />
remet bien souvent à des solutions privées. À noter, là<br />
comme ailleurs, que l'offre commerciale de répétition<br />
a quasiment disparu, le secteur public ou associatif<br />
subventionné ayant pris en main cette activité.<br />
Gérôme Guibert, sociologue ayant réalisé des études<br />
socio-économiques en région en rapport avec les<br />
musiques actuelles, rappelle qu'au début, ce sont des<br />
structures à caractère socio-culturel qui furent les<br />
premières à accueillir les groupes amateurs en<br />
recherche d'un abri sonore. Le fait, qu'ensuite, des<br />
organismes à vocation culturelle comme <strong>Trempolino</strong><br />
aient pris le relais a constitué une reconnaissance<br />
artistique pour les groupes, en même temps que des<br />
solutions acoustiquement ad hoc. <strong>LE</strong>S VILAINS<br />
CLOWNS ne sont pas dans ce cas. Ils répètent à la<br />
maison ; le local de répétition est un lieu de vie. Ils y<br />
ont installé un bar, du matériel en fixe, il est<br />
insonorisé, chauffé : “Depuis que le groupe existe<br />
sous le nom des VILAINS CLOWNS, nous répétons 2 à<br />
3 fois par semaine systématiquement. Les répètes se<br />
déroulent toujours de la même manière : on discute<br />
autour d'un verre pendant 1h à 2h en écoutant des<br />
CDs. Nous parlons des ‘affaires courantes’ du groupe<br />
puisque nous ‘contrôlons et décidons’ d'absolument<br />
tout. On glande aussi ! Ensuite, nous jouons pendant<br />
une à deux heures en fonction de ce que nous avons à<br />
travailler sur le moment : ‘set liste’ ou compos. La<br />
fréquence élevée de ces répètes nous permet de<br />
connaître par cœur nos listes et d'être à l'aise avec<br />
sur scène”.<br />
Pour Pierre, du groupe LA CASA, la solution est<br />
presque la même. Ils utilisent un local mis à<br />
disposition par l'association “Au foin de la rue” à<br />
Saint-Denis-de-Gatines en Mayenne. Ces deux<br />
groupes affirment une volonté de carrière, dans des<br />
styles différents. La solution privée est donc<br />
appropriée, elle permet de gérer les temps de travail<br />
à volonté.<br />
La répé : caler le produit d’un travail individuel<br />
Pour Karim Benanni, coordinateur pédagogique à<br />
<strong>Trempolino</strong> a répétition hebdomadaire ne suffit pas si<br />
l'on a des ambitions sérieuses vers la scène.<br />
La répétition est effectivement l'endroit ou l'on cale le<br />
produit d'un travail individuel. Cela suppose de<br />
pouvoir travailler par sections, à un certain niveau ; la<br />
répétition sert à forger un set live. C'est le lien entre<br />
un disque et la scène ; pour d'autres, c'est l'endroit<br />
de compositions par tâtonnements collectifs. Pour lui,<br />
“le territoire est sous équipé en studios de<br />
répétitions”. Il note aussi qu'il manque un studio de<br />
pré-production (studio scène), prévu dans La Fabrique<br />
(futur lieu d’émergence qui accueillera L’Olympic-<br />
Songo, Microfaune, Apo 33, Mire et <strong>Trempolino</strong>, à<br />
Nantes en 20<strong>10</strong>). Au Vip à Saint-Nazaire, Jean-Marie<br />
Miault, animateur musical de proximité, est plutôt<br />
confronté majoritairement à des groupes dits “de<br />
loisir” où la dimension de convivialité est primordiale.<br />
Il classe les groupes en trois catégories, selon leur<br />
ambition : l'accès au métier, le loisir exigent, le<br />
rendez-vous convivial au local. Il observe une<br />
tendance vers ces dernières catégories avec la venue<br />
d'un nouveau public de trentenaires, lucides quant à<br />
l'utopie de “la carrière”. Point commun de tous ces<br />
musiciens, affirmé ou non-dit : une attraction vers les<br />
“feux de la rampe”.
La scène :<br />
entonnoir des<br />
espérances<br />
La scène garde sa puissance symbolique, quel que<br />
soit le statut du musicien, qu'il lorgne ou pas vers le<br />
métier, l'exposition au public reste un moteur, une<br />
échéance appréhendée avec soin, un plaisir recherché<br />
âprement, et encore pour quelques-uns, la principale<br />
ressource économique. C'est une caractéristique<br />
majeure du rapport à la musique depuis quelques<br />
décennies : vouloir “être” grâce à la musique, décider<br />
de son rapport aux savoirs, “défendre” son identité<br />
artistique, sa production forcément originale devant<br />
ses pairs. Reste à trouver où et comment le faire?<br />
Le rôle primordial des cafés-concerts<br />
De l'avis de beaucoup d'acteurs, la disparition des<br />
cafés-concerts a supprimé un espace d'exposition au<br />
public privilégié pour les amateurs. Ces endroits de<br />
petite jauge, faciles d'accès, sont le témoin des<br />
premiers pas, le terreau de l'émergence artistique, un<br />
palier vers des scènes plus “officielles”. Cette<br />
disparition s'explique par des raisons législatives, qu'il<br />
s'agisse du “Décret bruit” qui limite l'émission sonore<br />
ou l'application de la présomption de salariat (qui<br />
implique l'embauche de tous les musiciens<br />
programmés), mais aussi de problèmes de<br />
fréquentation, les mœurs du public ayant, semble-t-il,<br />
évolué. L'Olympic, le Chabada, le Vip, le Fuzz'Yon, ces<br />
Scènes de Musiques Actuelles, offrent plus ou moins<br />
de scènes aux amateurs, mais elles sont loin de<br />
Le point de vue<br />
de Dominique A.<br />
Quand vous étiez musicien “amateur”, que représentait la<br />
répétition et quelles étaient les conditions materielles à<br />
l’époque ?<br />
Je répétais dans un local associatif à la Bugalière à<br />
Orvault avec mon groupe JOHN MERRICK ; pas beaucoup<br />
de matos (pas de sono, si je me souviens bien), mais pas<br />
mal de disponibilités ; on répétait trois fois par semaine<br />
pour une cotisation vraiment ridicule, avec toujours en<br />
vue de faire quelque chose, des concerts et dans l'espoir<br />
de faire des disques, pas seulement pour le plaisir de<br />
jouer; il y avait un but.<br />
Exploration<br />
répondre à la demande. Stéphane Martin,<br />
programmateur au Chabada explique qu'il a une<br />
responsabilité vis-à-vis du public et donc, ne peut pas<br />
répondre “systématiquement” au désir de jouer des<br />
amateurs. Le dispositif “On Stage” du Chabada<br />
propose, 4 fois par an, de programmer au Club (<strong>10</strong>0<br />
places) trois groupes locaux dont il aura été convaincu<br />
de la valeur artistique : “On prend le haut du panier,<br />
le fait que le Chabada soit sur une entrée avant tout<br />
professionnelle est dû à l'histoire : on s'est construit<br />
avec <strong>LE</strong>S THUGS, LO’ JO”… À l'Olympic, les plateaux<br />
“Jeu à la Nantaise” permettent la diffusion, une fois<br />
par an, des groupes locaux. Ceux-ci sont également<br />
placés sur des premières parties. Et puis, les “Lyrics<br />
players” vont permettre bientôt au rappeurs du crû de<br />
se produire dans le bar dans une ambiance conviviale.<br />
L’auto-diffusion par dépit<br />
Pour les amateurs, la solution est souvent l'aménagement,<br />
via une association “promoteur local”, d'une salle vide<br />
de 200 à 300 places, où les risques économiques sont<br />
partagés avec les groupes eux-mêmes. Ainsi, pour les<br />
groupes dits “entre-deux”, qui ont déjà écumé ces<br />
scènes et n'ont pas encore le calibre de programmable<br />
dans les SMACS, il manque des structures<br />
intermédiaires. Faute de lieux suffisants, on s'oriente<br />
bel et bien vers l'auto-diffusion.<br />
Franck Legrand de l'Igloo, structure de tour, de<br />
management et de production de concerts rejoint la<br />
désolation générale sur le manque de lieux de jauges<br />
moyennes. Il regrette également que les salles<br />
importantes réservent leur soutien aux groupes du crû.<br />
Ainsi, après avoir écumé les scènes locales, il<br />
envisagerait bien un passage de relais entre salles de<br />
“type Fédurok” de différents territoires.<br />
Comment avez-vous abordé l’accès à la scène, à vos<br />
débuts et maintenant ?<br />
Je ne pense pas que mon approche ait radicalement<br />
changé. Le truc, c'est toujours de happer les gens, avec<br />
une tension, une énergie, mais pas seulement. Ce qui a<br />
changé, c'est qu'aujourd'hui, les gens viennent pour me<br />
voir, avant, c'était de la découverte permanente.<br />
Que pensez vous, généralement, de la difficulté pour les<br />
groupes de se produire, de trouver des scènes ?<br />
À force de dire que le disque c'est mort, et que l'avenir<br />
c'est le concert, on se retrouve avec pléthore de groupes<br />
et d'artistes qui se bousculent au portillon pour faire des<br />
premières parties. Le live c'est bien joli, mais le nombre<br />
de lieux n'a pas explosé, c'est toujours aussi aléatoire<br />
pour une salle d'exister. Comme le réseau des cafésconcerts<br />
s'est en plus amenuisé, on se retrouve avec une<br />
situation paradoxale, avec un nombre croissant de<br />
propositions musicales intéressantes, et pas plus de lieux<br />
pour jouer. Peut être qu'à terme, ça encouragera les<br />
groupes français à sortir de l'hexagone, ce qui ne sera<br />
peut être pas un mal. Mais bon, dans tout ça, le<br />
problème, c'est toujours le blé, et on n'est pas dans une<br />
dynamique où il va y en avoir toujours plus.<br />
Quels conseils donneriez-vous à de jeunes groupes sur cette<br />
appréhension de la scène ?<br />
De n'écouter que soi, et de ne pas tenir compte des<br />
conseils. Pas même celui là.<br />
15
16<br />
Exploration<br />
De la répétition<br />
à la scène :<br />
to do or not<br />
to do it yourself<br />
Pour le passage de l'un à l'autre, il n'y a pas de<br />
moment-clé, de niveau repérable, c'est avant tout une<br />
affaire de désir, d'envie de partager une vibration<br />
interne, fut-ce à travers un répertoire en chantier.<br />
Quand il y a une vraie passion, il y a moins de fausses<br />
notes. Ensuite, comme exposé plus haut, il faut<br />
convaincre, communiquer, trouver la salle accessible<br />
puis espérer la réponse conquise du programmateur<br />
(quand on arrive à l'avoir au téléphone - mais ce n'est<br />
pas propre aux Pays de la Loire). Les groupes qui<br />
cherchent à jouer souvent comprennent vite que la<br />
scène est aussi quelque chose qui se prépare, qui<br />
influe sur l'ordre du jour des répétitions, qui impose<br />
d'autres tâches que simplement “faire de la musique”.<br />
Stéphane Martin fait remarquer qu'en France on se<br />
considère facilement comme musicien “pur expert qui<br />
ne se soucie pas des questions matérielles”, ce qui<br />
s'oppose à la mentalité anglo-saxonne, plus<br />
pragmatique, et explique, selon lui, l'écart de maturité<br />
des groupes. Il note aussi que cet écart tend à se<br />
résorber du fait de la “soif d'infos” de plus en plus<br />
précoce chez les jeunes groupes.<br />
Depuis le milieu des années 90, de nouvelles<br />
propositions pédagogiques ont vu le jour, à l'initiative<br />
d'organismes du champ des musiques actuelles, au<br />
départ centrés sur la diffusion, la répétition, la<br />
promotion. Il s'agit d'interventions souples, limitées<br />
dans le temps qui se proposent d'accompagner les<br />
musiciens, qu'ils soient amateurs ou “artistes en<br />
développement” par des temps de travail sur scène, en<br />
répétition, de rencontre avec des professionnels de<br />
différents corps de métier, la découverte des règles,<br />
organismes et usages du secteur. Ces dispositifs<br />
s'appellent “Bouge ta Ville”, “Artistes en Scène”<br />
(<strong>Trempolino</strong>), “le Parrainage” (Chabada) ; ils ont pour<br />
objectifs de faire gagner du temps, d'être un<br />
accélérateur au développement de carrière… Ils<br />
semblent ouvrir une voie vers des modalités<br />
relationnelles nouvelles entre professionnels des lieux<br />
et musiciens. Ils proposent de transmettre des “savoirfaire”,<br />
notamment sur le rapport à la scène, d'explorer<br />
des temps de “production ordinaire” (répétition,<br />
balance/scène, enregistrement…) comme des<br />
moments d'apprentissage renforcé. Ainsi, à<br />
<strong>Trempolino</strong>, chaque groupe qui s'inscrit en répétition<br />
se voit proposer une “aide à la répétition” avec<br />
l'intervention ponctuelle d'un formateur, musicien<br />
professionnel. Selon Karim Bennani, “l'objectif est de<br />
résoudre les problèmes récurrents en répétition :<br />
la gestion du son, l'écoute collective, la mise en place.<br />
Le travail peut porter sur un aspect précis. Par<br />
exemple, pour un groupe réunionnais, nous avons agi<br />
sur l'harmonisation des voix. Peu de groupes<br />
acceptent cette démarche car ils ne se représentent<br />
pas ce que c'est. Après l'avoir vécu, ils sont<br />
convaincus. Reste pour certains la crainte de<br />
l'ingérence, de la remise en cause”. Autre exemple, le<br />
travail de scène que gère Michel Bonhoure : “Quelle<br />
que soit l'entrée (arrangement, son), on revient<br />
toujours à la même chose : comment être efficace. Le<br />
son est un outil qui permet de contrôler l'efficacité de<br />
ce qui est transmis. Quand les groupes passent pour<br />
les premières fois de la répétition à la scène, ils sont<br />
perdus, la disposition change et les relations entre<br />
musiciens sont perturbées. Les groupes ne<br />
réfléchissent pas leur position sur scène : ils copient<br />
des usages qui sont des idées esthétiques pas toujours<br />
efficaces. La formation proposée permet de travailler<br />
les réglages (apprendre à se servir de son ampli),<br />
trouver les équilibres acoustiques sur scène, savoir le<br />
rôle des retours, la relation aux sonorisateurs”. En<br />
lien avec <strong>Trempolino</strong>, L'Olympic accueille des séances<br />
de travail scénique. Pour Mélanie Legrand, chargée de<br />
l'action culturelle, “ces temps, dégagés de la pression<br />
du concert sont très bénéfiques. Ils invitent à la<br />
familiarisation et désacralisent ce que peut<br />
représenter le fait de jouer à L'Olympic. J'observe une<br />
fidélisation de certains groupes à ces dispositifs,<br />
quand on a goûté à leur plus-value… Pour L'Olympic,<br />
c'est un réel investissement. Plus de 70 jours par an,<br />
la scène est occupée par des temps de création et de<br />
formation”.<br />
Au Vip les régisseurs sont aussi des accompagnateurs.<br />
“On aide les groupes sur la dimension technique, la<br />
communication, même s'il est difficile pour eux de<br />
trouver du temps de travail en dehors de la répétition<br />
hebdomadaire”, précise Jean-Marie Miault. Montrer à<br />
des amateurs des façons de faire propres à l'exercice<br />
professionnel c’est en effet, parfois, placer la barre un<br />
peu haut. Cependant, en matière d'acquisitions<br />
techniques ou artistiques peut-on hiérarchiser les<br />
savoirs selon le niveau du groupe ? Difficile. Quel que<br />
soit le statut de celui qui monte sur scène, il a les<br />
mêmes impérieuses nécessités.<br />
Cette offre se heurte-t-elle au fameux “Do it yourself” ?
Voici ce qu'en pense Fabrice des VILAINS CLOWNS :<br />
“Nous avons déjà accès à la scène dans des<br />
proportions qui atteignent les limites de nos<br />
disponibilités individuelles. Nous sommes amateurs.<br />
Nous avons tous un travail dans la vraie vie ! Depuis<br />
fin 2000, la création du groupe, nous avons donné par<br />
nos propres moyens prêt de 200 concerts et enregistré<br />
4 albums studio et un CD/DVD live. Rien de tout ça<br />
n'aurait été fait si nous avions attendu quoi que ce soit<br />
d'une quelconque institution… mais les dispositifs<br />
d'accompagnement apportent certainement des<br />
choses aux groupes qui en ont besoin”.<br />
Proposer et ne pas assister<br />
Pour Stéphane Martin, “à l'époque où les dispositifs<br />
n'existaient pas, les groupes réussissaient quand<br />
même. La situation a évolué même si<br />
l'accompagnement n'est pas une nécessité. On n’est<br />
pas dans l'assistanat : on propose. Le “Do it yourself”<br />
reste indispensable, mais on peut accepter des aides<br />
appropriées”. L'avis de Pierre de LA CASA : “Je fais<br />
partie d'une génération où l’on a tout appris par<br />
nous-même. Maintenant, tout dépend de l'envie du<br />
groupe de recevoir, de son ouverture. Nous avons<br />
bénéficié du dispositif de <strong>Trempolino</strong> : Artistes en<br />
Scène. Ces sessions nous ont clairement fait<br />
progresser sur certains points. Ceci dit, il n'est pas<br />
toujours évident d'avoir des interventions en rapport<br />
direct avec tes attentes”. Michel Bonhoure explique<br />
cette difficulté parfois à cadrer l'offre avec la culture,<br />
les attentes spécifiques, les espoirs du groupe “Lors<br />
de leur première résidence, les groupes ne savent pas<br />
ce qu'on va faire ; il faut les amadouer, certains ont<br />
été maltraités par des sonorisateurs. On rentre parfois<br />
dans des choses assez personnelles, des questions<br />
existentielles. Leur soif augmente au fur et à mesure<br />
qu'ils comprennent que ces temps de travail sont<br />
rares, qu'on est peut-être les seuls interlocuteurs<br />
déconnectés d'un impératif de résultat immédiat, ça<br />
libère la parole”. Et il ajoute : “de toute façon, on ne<br />
peut pas répondre à des questions qui ne se posent<br />
pas. La profondeur de l'intervention dépendra de celle<br />
du questionnement”. On comprend la difficulté à faire<br />
émerger une demande, le groupe n'est pas toujours<br />
tendre dans sa manière d'évaluer ses propres<br />
membres. Ouvrir l'intimité du groupe à l'expertise,<br />
c'est aussi rendre visible des tensions enfouies, des<br />
divergences enterrées pour le bien collectif. L'effet<br />
“révélateur” des dispositifs provoque parfois des splits.<br />
Pour beaucoup, l'objectif de tout ça étant de faire<br />
gagner du temps, “on a fait notre travail”, et Stéphane<br />
Martin de rajouter : “impossible à prévoir, les<br />
musiques actuelles ne sont faites que d'exceptions”.<br />
Selon tous les opérateurs interrogés, les groupes sont<br />
globalement plus demandeurs qu'il y a 5 ans. Cela<br />
s'explique, entre autres, par la multiplication et<br />
l'accessibilité de l'information, une certaine<br />
normalisation de l'idée de formation et l'opportunité,<br />
pour les groupes, d'entrer en relation avec les salles…<br />
Exploration<br />
en attendant plus. Pour Gérôme Guibert, des groupes<br />
ayant bénéficié de dispositifs ont été déçus de ne pas<br />
être programmés ensuite dans les salles les<br />
organisant… Y avait-il, pour eux, une reconnaissance<br />
implicite par le fait d'être accepté dans ces processus ?<br />
L'accompagnement, dans sa démarche fondamentale,<br />
ne garantit rien. Il provoque la mise en œuvre de<br />
moyens, induit un contrat, fait le pari de la rencontre<br />
humaine entre des gens qui souhaitent des résultats et<br />
des gens qui apportent des méthodes. Le point de mire<br />
n'est pas forcément le même pour tous. Stéphane<br />
Martin rappelle que “pour le ‘Parrainage’, mis en<br />
œuvre en 2000 au Chabada on parlait d'’aide à la<br />
professionnalisation’. On parle aujourd'hui plus<br />
pragmatiquement de ‘prise de contact avec le milieu<br />
professionnel”. Gaby Bizien, un des fondateurs de<br />
l'ARA (école associative de musiques actuelles à<br />
Roubaix) pense l'accompagnement comme<br />
l'opportunité de “faire comme on ne fait pas<br />
d'habitude, se permettre un pas de côté”.<br />
Gérôme Guibert comme d'autres, constate que<br />
certains acteurs du secteur, comme les tourneurs, ne<br />
semblent pas spécialement adeptes de ces offres<br />
d'accompagnement. Serait-ce un frein à la rentabilité,<br />
l'occupation inutile d'un temps précieux ? Franck<br />
Legrand, lui, juge globalement très positif ces<br />
interventions, constatant le résultat pour les artistes<br />
qu'il manage. Il regrette juste que les dispositifs<br />
n'intègrent pas dans les personnes concernées, les<br />
structures porteuses des groupes choisis<br />
(tourneur/manager par exemple).<br />
17
18<br />
Exploration<br />
Conseils et perspectives<br />
Interrogés sur les conseils qu'ils pourraient donner sur la préparation à la scène,<br />
les personnes citées ci-dessus n'engagent pas de méthodes infaillibles.<br />
Le concert se prépare techniquement et psychologiquement en sortant du schéma<br />
usuel de la répétition : organiser les conditions sonores de la scène, prendre le<br />
temps de penser ce que l'on veut transmettre. Être humble, travailleur et<br />
méthodique, savoir apprécier la distance entre ce que l'on croit faire et ce que l'on<br />
fait, prendre le risque que des regards extérieurs se posent sans ingérence.<br />
Connaître l'envers du décor des entrepreneurs de spectacle, voire, s'imprégner des<br />
rouages de cette petite industrie. Enfin, donner et recevoir par la mise en réseau.<br />
Reste la pénurie de salles de concerts. Conjoncture paradoxale, car, se “préparer à<br />
la scène”, être pour cela aidé via des dispositifs… sans trouver où jouer, pose la<br />
question du sens, de la cohérence des politiques publiques.<br />
Les structures qui participent au développement des artistes (pédagogie, diffusion...)<br />
ont aujourd’hui à mettre en cohérence les étapes qui constituent le parcours d’un<br />
artiste. Certes, l'accompagnement est un nouvel acquis pédagogique, mais le droit<br />
de cité, reconnu par tous au musicien, est aussi et surtout le droit de jouer en public.<br />
pour aller plus loin...<br />
BIBLIOGRAPHIE CHOISIE<br />
avec la collaboration d’Emmanuel Brandl<br />
AUTHELAIN G., Musiques actuelles. La formation de<br />
musiciens pour le développement de la pratique des<br />
musiques actuelles, octobre 1997.<br />
BERTHELOT Ph., “De la nécessaire structuration globale du<br />
champ des musiques amplifiées”, in Politiques publiques et<br />
musiques amplifiées, Actes du colloque d'Agen, Adem-Florida,<br />
Géma, 1997.<br />
CHRETIENNOT L., “Y a-t-il un rocker dans la salle ?”, in<br />
Formation rock, état des lieux, CIR, 1992.<br />
CINELLI R. “L'accompagnement de groupes de musiques<br />
actuelles sur le lieu de la répétition”, Document cadre (<br />
http://www.pole-musiques.com/groupes/document-cadre.pdf<br />
JOUVENET M., “Rap, techno, électro... Le musicien entre<br />
travail artistique et critique sociale”, Ed. MSH, 2006.<br />
Compte-rendu, “Atelier 2 : Comment l'éducation artistique et<br />
l'action culturelle s'envisagent-elles dans les musiques<br />
actuelles ?”, ForuMA,<br />
http://www.foruma.fr/IMG/syntheses/synthese_atelier_1_2.pdf<br />
Enseigner les musiques actuelles. Des acquis aux enjeux,<br />
Réflexions introductives, Colloque National Fneijma, 2005.<br />
Fneijma, Étude sur l'insertion professionnelle des élèves des<br />
écoles associatives de musiques actuelles, Rapport de<br />
synthèse, 1997.<br />
Gemap, Premières données issues de l'enquête socioéconomique<br />
sur les entreprises de spectacle vivant dans le<br />
secteur des musiques actuelles et populaires<br />
http://www.irma.asso.fr/IMG/pdf/Guibert_enq_<strong>10</strong>2005.pdf<br />
GUIBERT G. et MIGEOT X., Les dépenses des musiciens de<br />
musiques actuelles. Eléments d'enquêtes réalisées en Pays<br />
de la Loire et Poitou Charente, in La Scène, 2e rencontres<br />
nationales “Politiques publiques et musiques amplifiées /<br />
actuelles. Nantes 1998”, Avril 1999.<br />
GUIBERT G., Socio-économie des musiques actuelles en Pays<br />
de la Loire, Trempôle, 2002.<br />
GUIBERT G., La production de la culture, Mélanie Séteun -<br />
Irma, 2006.<br />
LLORCA R., “La pratique collective : un mode de<br />
transversalité”, Cefedem - CNR Rhône-Alpes, “Enseigner la<br />
musique”, Cefedem - CNSMD de Lyon, n° 6 et 7, 2004.<br />
CONFÉRENCE<br />
DÉBAT<br />
“Du local de<br />
répé à la<br />
scène”<br />
jeudi <strong>10</strong> avril<br />
2008<br />
de 17h30 à 20h,<br />
à L’Olympic (Nantes)<br />
entrée libre,<br />
suivi d’un concert<br />
Bouge ta Ville<br />
à 20h30<br />
POUTS-LAJUS S. et al., “Composer sur son ordinateur. Les<br />
pratiques musicales amateurs liées à l'informatique”, DEPS, 2002<br />
http://www.culture.gouv.fr/dep/telechrg/tdd/ordinateur/ordinat.pdf<br />
Professionnalisation des acteurs et qualification des projets<br />
dans le cadre du développement de l'accompagnement des<br />
pratiques des musiques actuelles, Rapport Final, ARA,<br />
Décembre 2001.<br />
“Rapport général de la Commission musiques amplifiées de<br />
la Fédération Nationale des Collectivités territoriales pour la<br />
Culture” http://www.irma.asso.fr/IMG/pdf/FNCC.pdf<br />
SCHEPENS E., “Faut-il enseigner les musiques ‘actuelles’ ?”,<br />
Enseigner la musique, Cefedem - CNSMD de Lyon, n°3, 2000.<br />
SOURISSEAU R., “Musiciens cherchent soutiens : répétition,<br />
formation”, Les rencontres du Grand Zebrock, 1998<br />
TASSIN D., “Les personnels des studios de répétition musicale<br />
: un nouveau métier ?”, in VEI Enjeux, “Travailler en quartiers<br />
sensibles”, CNDP, n° 124, mars 2001.<br />
TASSIN D., Rock et production de soi, L'Harmattan, 2004.<br />
TEIL<strong>LE</strong>T P., “Le ‘secteur’ des musiques actuelles : de<br />
l'innovation à la normalisation... et retour ?”, Réseaux, Vol. 25,<br />
n°141-142, 2007.<br />
TOUCHE M., Connaissance de l'environnement sonore urbain.<br />
L'exemple des lieux de répétition, CRIV-CNRS et Ministère de<br />
l’Environnement, 1994.<br />
Liste non exhaustives des sites Internet consultés :<br />
http://www.cefedem-rhonealpes.org/essaimetierprofmusique.pdf<br />
http://www.trajectoireformation.com/formations/diplomante/fordibpcultur.html<br />
http://www.cmr-musicites.org/formationMusicienConseil.html<br />
http://www.caem-planoise.asso.fr/FR/studio.htm<br />
http://www.canal93.net/qui/regl_interieur.htm<br />
http://fsj.la-fedurok.org/<br />
http://www.famdt.com/<br />
http://www.afijma.asso.fr/<br />
http://www.lecry.com/main.html<br />
http://www.irma.asso.fr/<br />
http://www.foruma.fr/
par Éric Fagnot<br />
Depuis une vingtaine d’années, les réseaux<br />
culturels se sont progressivement structurés<br />
pour finalement s’imposer comme un élément<br />
incontournable dans le paysage culturel<br />
français. Chacun d’eux développe une identité<br />
propre répondant à des enjeux multiples : de<br />
l’entraide à l’information, en passant par la<br />
réflexion ou la coopération. C’est le cas de la<br />
Fédurok, réseau national des lieux de musiques<br />
actuelles et amplifiées, qui mène, depuis 1994,<br />
une véritable action de lobbying auprès des<br />
pouvoirs publics afin de contribuer à la défense<br />
et au développement des lieux souvent très<br />
fragiles.<br />
Créée en 1994, l’association Fédurok, s’est peu à peu<br />
développée en s’engageant dans une professionnalisation<br />
de son action, caractérisée par la mise en place d’une<br />
équipe, en charge de la coordination et de l’animation<br />
du réseau. Son principal objectif s’articule autour de la<br />
reconnaissance et la structuration du secteur des<br />
musiques actuelles et amplifiées. Pour y parvenir,<br />
l’association a développé une philosophie d’action<br />
visant à fédérer les lieux musiques actuelles et<br />
amplifiées à travers la mise en place d’un réseau<br />
démocratique et actif. Aujourd’hui, celui-ci rassemble<br />
69 lieux dont de nombreuses SMAC (Scène de<br />
musiques actuelles), répartis sur l’ensemble du<br />
territoire. Les lieux adhérents ont pour mission, dans<br />
le cadre de leur projet artistique et culturel, de<br />
développer une action culturelle construite à partir de<br />
la diffusion mais aussi de la formation, de<br />
l’accompagnement artistique et du soutien à la<br />
création. Ces structures s’appuient sur une démarche<br />
militante visant à compléter ou à offrir une alternative<br />
artistique à l’action menée par l’industrie musicale.<br />
En complément de sa mission initiale, qui est celle de<br />
représenter ses adhérents dans les instances de<br />
concertation entre pouvoirs publics et professionnels<br />
du secteur associatif des musiques actuelles,<br />
Autres planètes<br />
La Fédurok<br />
l’activité actuelle de la Fédurok se concentre sur 3<br />
axes majeurs :<br />
Un travail d’observation, de veille<br />
et de production d’analyses.<br />
La Fédurok a mis en place un outil permanent<br />
d’Observation participative et partagée (OPP)<br />
permettant de développer des analyses, d’informer les<br />
acteurs et de nourrir des travaux spécifiques. Cette<br />
méthode s’inscrit dans un processus d’observation<br />
régulière et partagée par les acteurs et partageable<br />
avec le secteur professionnel et politique. Pour ce<br />
faire, l’association a développé un outil informatique<br />
en ligne, “Coopalis” pouvant générer des bases de<br />
données.<br />
Un travail d’accompagnement et de soutien<br />
de ses adhérents.<br />
L’association développe une fonction d’animation de<br />
réseau afin d’accompagner une dynamique<br />
d’accompagnement des adhérents tant collectif<br />
qu’individualisé. Elle complète cette dynamique<br />
d’appui par le développement de contenus de<br />
formation et d’analyses en partenariat avec d’autres<br />
organisations.<br />
Une participation active à la structuration du<br />
secteur des musiques amplifiées et actuelles.<br />
La Fédurok, depuis sa création, s’associe aux acteurs<br />
des musiques actuelles (fédérations, syndicats…)<br />
dans des démarches et actions d’intérêt général.<br />
La concertation nationale des musiques actuelles<br />
et le portage du Foruma en ont été des illustrations<br />
marquantes.<br />
Catalyseur d’échanges et de réflexions, la Fédurok<br />
joue un rôle prépondérant dans le champ des<br />
musiques actuelles et amplifiées. Par la lisibilité de<br />
ses travaux mais aussi de ses revendications, elle<br />
entend défendre avec d’autres de manière permanente<br />
la voix d’un secteur, en participant activement à son<br />
organisation et à sa reconnaissance.<br />
19
20<br />
Autres planètes<br />
GUIDE DES FANFARES<br />
L'Irma vient d'éditer Le guide<br />
des fanfares en collaboration<br />
avec Jean-Louis Perrier de<br />
La Boutique Productions. Les<br />
fanfares sont un moyen de<br />
s'emparer d'une dynamique<br />
populaire et de transmettre<br />
cet engagement musical et<br />
festif auprès de tous les<br />
publics. La France est un des<br />
pays les plus riches en<br />
nombre de fanfares. Celles-ci réussissent à allier<br />
qualité musicale, aspect loufoque, répertoires<br />
populaires et traditionnels, appropriation de l'espace<br />
public, et ce, malgré une très faible visibilité<br />
médiatique. Il manquait un guide de référence…<br />
Voici l'outil qui, grâce à ses 6 000 contacts expertisés,<br />
permet de connaître les lieux pour jouer, les festivals,<br />
les organisateurs de spectacles, de choisir les fanfares<br />
pour vos événements, de proposer des spectacles<br />
ciblés en fonction des différents publics. Ce guide est<br />
aussi pour les artistes un nouveau moyen de<br />
promotion. Il comprend également des fiches<br />
pratiques sur l'organisation d'événements et des<br />
interviews de professionnels.<br />
CAFÉ-CULTURES<br />
Organisée dans le cadre des BIS (Biennales<br />
internationales du spectacle), les premières<br />
Rencontres nationales des cafés-cultures ont réuni :<br />
responsables d'établissement, élus, artistes,<br />
syndicats, acteurs culturels sur la problématique de<br />
ces lieux.<br />
Les débats portaient autour de trois thématiques ; les<br />
enjeux sociaux, économiques et culturels. La qualité<br />
des échanges, la volonté de sortir d'un blocage qui<br />
s'avère préjudiciable ont conduit les partenaires<br />
sociaux et les élus présent à faire un certain nombre<br />
de propositions.<br />
On notera : les volontés de Jean-Marc Ayrault de<br />
porter le débat au sein de l'Assemblée nationale ; de<br />
Chloé Le Bail pour le Conseil régional de créer et<br />
d'expérimenter des dispositifs en matière d'aide à<br />
l'investissement, à l'emploi artistique ; des<br />
représentants du Snam de reconnaître le caractère<br />
spécifique de ces lieux et de participer pleinement à<br />
des travaux favorisant une démarche de structuration<br />
sous forme de fondations, de GIE…<br />
Le collectif Culture Bar-Bars, organisateur des<br />
rencontres avec l'appui du Pôle de coopération des<br />
acteurs pour les musiques actuelles en Pays de la<br />
Loire, s'est félicité que la spécificité des caféscultures<br />
puisse être entendue, et s'est dit déterminé à<br />
poursuivre et à animer cette démarche nationale.<br />
©L. Failler<br />
Informations nationales, avec la collaboration de l'IRMA<br />
(centre d'information et de ressources nationale des musiques actuelles)<br />
www.irma.asso.fr<br />
<strong>LE</strong> BUDGET DE LA CULTURE<br />
Nous vous annoncions une augmentation du budget de<br />
la culture dans notre précédent numéro. Celle-ci est<br />
confirmée et elle se traduit par la baisse (Sic) des<br />
subventions pour plusieurs institutions, un retrait sur<br />
certaines structures associatives et des postes<br />
budgétaires qui disparaissent (comme l'action dans le<br />
cadre des politiques de la ville, les interventions en<br />
milieu carcéral…). La Lettre du Spectacle annonçait<br />
-50% pour les aides aux résidences et à certains<br />
festivals, -8,2% pour les enseignements musicaux,<br />
-6% pour l'enseignement spécialisé et -43% pour<br />
l'action en faveur des publics… et, -23% pour les<br />
actions d'insertion professionnelle… Il est vrai qu'à ce<br />
rythme, il n'y aura bientôt plus de professionnels.<br />
Coté musiques actuelles, il semblerait que les SMAC<br />
ont toujours leur place, qu'il y a de très fortes<br />
inquiétudes pour les écoles associatives et aucune<br />
information sur les structures ressources… Bref, à<br />
suivre… En attendant, on fait les comptes !<br />
CULTURE ET PROXIMITE<br />
L’association Opale lance une enquête nationale<br />
auprès des associations culturelles pour approfondir<br />
la connaissance du secteur. Rapide à compléter, le<br />
questionnaire permettra de mieux appréhender la<br />
diversité du secteur, d'aider à anticiper certaines<br />
évolutions, de formuler des argumentaires…<br />
Alors, n'hésitez à le remplir.<br />
http://enquete.culture-proximite.org<br />
MÉCÉNAT EN MAINE ET LOIRE<br />
À saluer l'initiative de la fondation mécène en Maineet-Loire,<br />
qui finance 26 projets suite à un concours.<br />
Les musiques actuelles ne sont pas oubliées. Ainsi,<br />
l'association d'Angers “Jazz pour tous” sera soutenue<br />
pour ses activités. Le budget est abondé par les<br />
chambres de commerce du département.<br />
ZÉNITH<br />
Cocorico pour le<br />
Zénith de Nantes<br />
qui à accueilli<br />
485 000<br />
spectateurs sur 92<br />
concerts. Daniel<br />
Colling qui n'en<br />
est pas à son premier Zénith, ne cache pas sa<br />
satisfaction. Le CNV et la Sacem ont vu leur perception<br />
doublée. À noter également, dans la rubrique “tout va<br />
bien”, la deuxième soirée nantaise qui a réuni le 26<br />
janvier, 30 groupes sur scène, et près de 6 400<br />
spectateurs venus applaudir la fine fleur des artistes<br />
nantais.
par Cécile Arnoux profil type<br />
À l'initiative de deux membres d'Apo 33, Cable#<br />
voit le jour en 2004 pour “diffuser de la musique<br />
plutôt expérimentale” sur l'agglo nantaise, et<br />
pallier un manque certain. Le flambeau est repris<br />
par une équipe restreinte de passionnés bénévoles.<br />
Rencontre avec deux d'entre eux, Erell et Will.<br />
Quelle identité musicale donnez-vous à Cable# ?<br />
Will : Cable ne diffuse pas de style en particulier. Nous<br />
travaillons autour du son plus que de l'expérimental,<br />
autour d'approches sonores différentes, d'installations,<br />
d'expérimentations de systèmes de production du son.<br />
Pour nous, l'expérimental n'est pas synonyme<br />
d'improvisation. Nous défendons aussi les musiques noise,<br />
rock, mélodiques.<br />
Will, tu viens d'Australie. La culture expérimentale estelle<br />
similaire à celle qui se vit en France ?<br />
Will : Il existe une différence majeure. En Australie, les<br />
styles musicaux se mélangent tout le temps.<br />
En France, chaque style de musique a<br />
son lieu de diffusion, et les styles<br />
ne se croisent pas. Et d'un<br />
point de vue pratique<br />
musicale, c'est la même<br />
chose. Le musicien en<br />
France est un<br />
musicien de rock, ou<br />
un musicien de jazz<br />
ou d'autre chose.<br />
Sur le festival, vous<br />
invitez des artistes<br />
chanson, rock, noise ?<br />
Est-ce pour le rendre<br />
plus accessible ?<br />
Erell : Non, pas vraiment.<br />
Plus que le but, c'est l'envie<br />
de mélanger les styles au sein<br />
de l'asso. Nous sommes tous<br />
bénévoles, et nous avons vraiment envie de<br />
défendre les choses que nous aimons.<br />
Will : Nous avons aussi envie de programmer des artistes<br />
qui ne passeraient pas à Nantes si nous ne les<br />
programmions pas. Cable# s'inscrit vraiment dans des<br />
réseaux internationaux ; nous sommes comme une halte à<br />
Nantes pour des gens qui sont en tournée, avec des<br />
conditions certes précaires, mais toujours un accueil pour<br />
les artistes.<br />
Vous travaillez avec des structures associatives similaires<br />
à l'étranger sur de “l'échange” d'artistes ?<br />
Will : En fait, nous sommes tous musiciens ou artistes au<br />
sein de Cable#, et nous jouons pas mal à l'étranger. Du<br />
coup, notre réseau se constitue comme çà, au fil du temps,<br />
des concerts, des rencontres.<br />
Vous gardez une certaine indépendance en refusant de<br />
percevoir des subventions et en investissant des lieux<br />
plutôt non institutionnels. Pour quelles raisons ?<br />
Erell : Cable# reste une activité bénévole pour nous tous.<br />
Nous n'avons pas envie de faire de compromis, mais nous<br />
faire plaisir. Je ne suis pas contre l'institution, je travaille<br />
aussi avec Apo et Mire qui sont des structures<br />
subventionnées. Mais Cable# représente autre chose pour<br />
moi. Et puis, les salles institutionnelles ne sont pas<br />
adéquates avec notre façon de voir les choses<br />
: la scène, son côté frontal, les systèmes son, etc.<br />
Will : Travailler avec des salles reconnues demanderaient<br />
souvent plus de travail ou de rigueur, et nous faisons les<br />
choses souvent à l'arrache. En même temps, on s'investit<br />
beaucoup plus sur la promo, l'accueil des artistes.<br />
Avec si peu de moyens, êtes-vous frustrés de ne pas<br />
pouvoir faire venir certains artistes ?<br />
Erell : Oui. Mais en même temps, les artistes jouent le jeu,<br />
savent que nos moyens sont réduits, et cautionnent aussi<br />
ce que nous proposons. Ils jouent souvent dans d'autres<br />
groupes, et leur projet présenté dans le cadre du festival<br />
est en marge, et ils ne sont pas trop “gourmands”. Ils sont<br />
tous payés au même tarif. Nous misons aussi beaucoup<br />
sur l'accueil.<br />
L'expérimental est-il pour vous marginal ?<br />
Erell : L'expérimental en tant que tel pas vraiment.<br />
Certains artistes le sont. Je crois que nous<br />
sommes sur des choses quel que soit le<br />
style, marginal ou pas, qui doivent<br />
se partager avec un maximum<br />
de personnes.<br />
Will : Pour moi, c'est un<br />
besoin de proposer des<br />
choses expérimentales,<br />
et ce n'est pas abordé<br />
sous l'angle marginal,<br />
intellectuel ou<br />
différent. Cela doit<br />
rester fun aussi dans<br />
l’organisation, et ne<br />
pas s'apparenter à un<br />
boulot qui ferait qu'on<br />
tomberait dans l'ennui.<br />
Et encore une fois,<br />
l'expérimental ne veut pas dire<br />
grand chose pour moi. Un musicien<br />
de THE EX l'est sans doute plus qu'un<br />
musicien qui joue dans sa cave du gros noise.<br />
CAB<strong>LE</strong>#<br />
Quelle est la finalité du festival ? Pourquoi le qualifiezvous<br />
de “métro émotif “ sur votre site web ?<br />
Erell : Le “métro émotif “ est tiré d'un livre de Louis-<br />
Ferdinand Céline “Entretien avec le Professeur Y”. Il dit<br />
que son écriture doit toucher comme un métro émotif ;<br />
l'émotion doit être présente, et le festival est pour nous un<br />
métro émotif durant 3 jours. J'ai envie pendant 3 jours de<br />
serrer les dents, de bouger la tête et que ça me touche.<br />
Le festival mobilise vraiment notre énergie, notre envie, et<br />
répond à une diversité et à une cohérence.<br />
FESTIVAL CAB<strong>LE</strong># :<br />
14/02 au Blockhaus (Nantes) : DIEB13 + MICHAEL<br />
VORFELD + SAMUEL BOCHE & BORIS JAKOBEK.<br />
15/02 à La Barakason (Rezé) : NOËL AKCHOTÉ +<br />
JEAN-LOUIS COSTES + PUMICE.<br />
16/02 au Fichtre (Nantes) : ANDY MOOR +<br />
L'ÉCHEL<strong>LE</strong> DE MOHS + PYLONE.<br />
Infos :<br />
cable.nantes@gmail.com<br />
http://www.myspace.com/cablenantes<br />
http://www.antboymusic.com/site.php?go=content&id=41<br />
21
22<br />
Traces & impressions<br />
Rock'n'Roll 39-59<br />
de Xavier Barral, Fondation Cartier, 2007<br />
par Julien Nicolas<br />
Comment parler du rock en 2007, sans évoquer l'exposition Rock'n'Roll 39-59,<br />
initiée par la Fondation Cartier à Paris ? Séance de rattrapage pour ceux qui n'ont<br />
pu se rendre sur place, grâce à cet objet littéraire improbable et surprenant :<br />
Rock'n'Roll 39-59 version papier ! À l'origine de ce projet, deux sentiments : un<br />
poil de nostalgie et une envie folle de raconter l'histoire du rock. Les récits de vie<br />
et témoignages de personnages emblématiques se mêlent aux photographies<br />
d'artistes et d'individus sous l'emprise totale du rock'n'roll…<br />
De FATS DOMINO, en passant par ROY MILTON, jusqu'à ELVIS PRES<strong>LE</strong>Y, on déniche nombre d'anecdotes,<br />
affiches à moitié kitch et arbre généalogique par esthétiques et influences réciproques. Au détour de<br />
pochettes de 33 tours, des phrases savoureuses et des insultes audacieuses : FRANCK SINITRA par exemple,<br />
qualifiant les amateurs de rock'n'Roll de “délinquants à rouflaquettes” ! Ce recueil d'instants volés et/ou<br />
posés trace avec subtilité une histoire musicale, pleinement inscrite dans la société, jouant avec elle et ne se<br />
refusant rien.<br />
Le jazz à Nantes de 1918 à nos jours<br />
de Philippe Hervouët, Down by the river Loire, Nantes, SNER<br />
par Gérôme Guibert<br />
Le talon d'Achille des cultures qui se sont construites sur les musiques<br />
enregistrées, c'est qu'elles se développent selon une dimension<br />
mondialisée. Qu'il s'agisse de jazz, de punk, de techno ou de tout autre<br />
courant musical, la plupart des mélomanes connaissent par coeur la<br />
genèse de leur style de prédilection ainsi que les personnalités artistiques<br />
qui l'ont marqué d'un point de vu international. Bien peu pourtant sont<br />
familiers de l'histoire locale, de ce qui est arrivé près de chez eux… La<br />
perpétuation du souvenir des groupes qui ont marqué leur ville, ou encore<br />
des lieux de concerts et d'effervescence musicale passés, n'existe<br />
quasiment pas car ils concernent avant tout les classes d'âge jeunes qui<br />
se succèdent et prennent leurs marques en s'opposant à leurs<br />
prédécesseurs. Ainsi, dans de nombreuses agglomérations, un pan de<br />
l'histoire s'est envolé à jamais. C'est pourquoi le projet à l'origine de ce livre est si inestimable. On peut certes<br />
l'intégrer à un mouvement plus global, celui de la multiplication des travaux érudits sur le passé musical rock<br />
des villes françaises récemment édités. Mais il s'agit là de jazz (initiative inédite en province pour cette<br />
musique, à part peut être le livre de C. Schaettle sur la scène Toulousaine), et l'on part donc avec délectation<br />
sur les traces d'une expression artistique qui laisse des traces dans l'ancienne capitale Bretonne depuis près<br />
d'un siècle. C'est dès 1918 en effet que l'orchestre de JIM EUROPE, composé de soldats américains d'origine<br />
afro-américaine se produisait pour la première fois en Europe sur les marches du Théâtre Graslin avant<br />
d'écumer la France, et de toucher Paris. Bientôt le milieu du music-hall s'emparera de la nouvelle musique.<br />
Qui le sait ? Qui s'en souvient ? Philippe Hervouet, en compulsant des documents depuis plusieurs dizaines<br />
d'années sur le jazz à Nantes aura eu ce mérite. DIZZY GIL<strong>LE</strong>SPIE aux Salons Mauduit en 1953, ou<br />
THELONIOUS MONK, photographié à son arrivé à la gare de Nantes en 1966. Il s'en est passé des choses dans<br />
la ville des bords de Loire ! Les archives photographiques sont notamment étonnantes. J'avais pu m'en rendre<br />
compte déjà à la lecture d'un article du même auteur sur les orchestres de danse à Nantes paru dans la revue<br />
303 en 1997, en partie repris dans le livre. On y apprenait notamment que, sur la fameuse place du Commerce,<br />
le lieu actuellement utilisé par une chaîne multinationale de restauration rapide fut dans les années 50 un<br />
dancing ou de nombreuses formations de jazz se produisirent. Une émulation qui allait connaitre un coup<br />
d'arrêt avec l'arrivée du rock'n'roll porté par les générations du baby boom, notamment dans les<br />
établissements festifs des bords de l'Erdre, comme le Laurier Fleuri à Vertou. Le seul reproche qu'on puisse<br />
faire à l'auteur de cet ouvrage, c'est, à la façon des mélomanes des (très) anciennes générations, de prendre<br />
des partis pris tranchés et particulièrement obtus lorsque la nouveauté s'empare du jazz. Clairement<br />
Panassiéiste et affilié aux figues moisies, rétif au free jazz au cours des années 70 même, il distribue les bons<br />
points et les cartons rouges aux acteurs du renouveau nantais du jazz. GEOFFROY TAMISIER est cité mais<br />
SIMON MARY est ignoré. Armand Maignan est sauvé mais François Xavier Ruand est décrié. Quoi qu'il en soit,<br />
les faits du jazz resteront immuables, alors que les interprétations demeurent libres.
BANDIT 112<br />
Animal First<br />
AP 2008<br />
www.myspace.com/bandit112legroupe<br />
BIVOAC<br />
En concert<br />
AP 20007<br />
www.bivoac.net<br />
BOUSKIDOU<br />
Viens faire la bise…<br />
Mamie Productions /<br />
L'Autre Distribution 2007<br />
www.bouskidou.com<br />
CASUALTY<br />
Version 5.2<br />
Syncope / 2Good Distribution 2007<br />
www.casualty.fr<br />
DALOU'NA<br />
Oyoun Al Kalaam<br />
AP 2007<br />
www.dalouna.net<br />
Sillages<br />
Les bandits se mettent sur leur 31 avec ce premier album des plus classieux.<br />
Après s'être présentés sur le “State Of Rest” d'ouverture, ils nous attaquent de face<br />
avec “Lucky Man” ou un rock noise comme il se doit. On tombera ensuite sur<br />
“We Are Lost” et sa mélodie guitare bancale, on partira avec eux à la conquête du wild<br />
ouest sur “My Kingdom For A Horse” en forme d'ébauche westernienne, on se<br />
questionnera sur “Waltz Normande” avec son chant en français, on se laissera enfermer<br />
sur “Taste the Snow” avant d'être jeté en pleine lumière, hypnotisé par la ligne guitare<br />
mathématique de la chanson... On sent bien qu'ils s'amusent à nous balader dans toutes<br />
les directions, et bon Dieu, ça sonne ! Ce disque te conviendra à toi fan des 31 KNOTS et<br />
des FUGAZI, mais aussi à toi qui ne connait pas encore les 2 groupes précités - attention<br />
les premiers je vais blasphémer - et qui connaît d'avantage PLACEBO et MUSE.<br />
Nous sommes maintenant en 2008, alors soyons tous branchés BANDIT 112. Rafff<br />
BIVOAC brouille les pistes en proposant de la musique bretonne manouche à tendance<br />
cirquestre ! Drôle d’étiquette, mais qui en dit long sur les fusions musicales que le trio<br />
expérimente et surtout réussit. Saxophone baryton, bombarde, accordéon, violon et banjo<br />
se sont peu côtoyés pour donner un tel résultat. Sur des bases musicales bretonnantes,<br />
les neuf plages de ce disque mélangent le traditionnel breton au manouche, à<br />
l’expérimental, au jazz. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, ces mélanges se font<br />
logiquement. Les harmonies sont si judicieuses que l’on ne sait plus trop s’il s’agit de<br />
musique bretonne, tzigane (puisque ces deux couleurs sont celles qui prédominent). La<br />
fusion de musiques traditionnelles pourtant si identifiées est possible ! Forts d’un niveau<br />
de pratique musicale assez fabuleux, Ronan Le Gourierec, Ronan Robert et Raphaël<br />
Chevalier s’appliquent une petite heure, une heure que les prises de son soignées ont<br />
rendu si veloutée. Cécile Arnoux<br />
Les BOUSKIDOU réussissent une fois de plus le pari, si difficile, de concilier l'univers<br />
de nos mômes aux grands thèmes et autres détails qui grattent de la vie. Ici, ils évitent<br />
avec brio l'écueil, si facile, de la miévrerie pédagogiquement éducative. Petits ou grands<br />
enfants, chacun se reconnaitra dans “Viens faire la bise...”. Ça vous rappelle quelque<br />
chose (ou quelqu'un) ? Normal ! Les 4 compères abordent les grandes joies et petites<br />
misères du quotidien, y apportent des réponses pleines de fraicheur et de malice. Un<br />
album rock matiné de folk, des textes drôles et poétiques, des chansons à guérir et à<br />
grandir... Attention, c'est encore mieux en live ! Marie Hérault<br />
Après un “Indubstrial” remarqué qui a mené CASUALTY sur une cinquantaine de scènes<br />
françaises, le groupe revient avec de nouvelles envies. Si le côté “roots” est toujours présent,<br />
c'est plus à l'électronique que Version 5.2 se dédie, avec comme dénominateur commun la base<br />
dub qui semble chère au groupe. CASUALTY choisit comme par le passé de visiter les styles et<br />
ouvre ainsi l'opus avec “I want you to Get Mad”, trip-hop froid electronisé de bonne facture,<br />
agrémenté de quelques touches de trompette qui forgent la marque de fabrique du combo. Puis<br />
arrive “Silo” qui ne manque pas de faire monter la pression façon “dub to tek” et nous entrons<br />
dans le vif du sujet avec “Never What ?”, un track jungle en provenance directe des Balkans que<br />
Dj Click ne renierait sûrement pas. Les 5 ne manquent pas non plus à l'appel d'un dub electro<br />
plus classique mais également bien fait (“Green Garden”, “Hardub” ou “Diablo Manus”). La<br />
production des 11 titres de Version 5.2 n'est pas exceptionnelle mais devrait permettre au<br />
groupe d'assoir sa réputation sans trop de difficulté : guettez les dates de votre salle préférée, il<br />
serait injuste de ne pas voir CASUALTY y poser son sound system. Julien Martineau<br />
Troisième message signé DAL’OUNA, Oyoun Al Kalaam est bel et bien un cri pour la<br />
cause palestinienne. Ramzi Aburedwan, régent du groupe, originaire du camp de réfugiés<br />
Al Amari près de Ramallah, intègre le Conservatoire d’Angers et fonde DAL’OUNA en 2000.<br />
S’inspirant de musiques traditionnelles et folkloriques palestiniennes et orientales, dont<br />
elle reprend quelques standards et élabore des compositions, la communauté Daloun’a<br />
exprime de la sensibilité, de l’émotivité. Famille musicale de dix personnes, dont un petit<br />
bonhomme de treize ans au micro, le groupe exulte dans son humanisme, sa responsabilité<br />
d’ambassadeur d’un peuple, son talent artistique, l’espérance et les convictions portées<br />
(cf. “Tala amen beit abouha”). Si le pari est de nous toucher, il est plus que réussi. Ce disque<br />
est une belle preuve que la musique, dans ses retranchements culturels, doit nous<br />
désorienter ; c’est souvent plus subtil que bien des discours. Cécile Arnoux<br />
23
24<br />
DOWNTAO<br />
Vertigo (opus 11)<br />
Oceanik Creations / Anticraft 2008<br />
www.virb.com/downtao<br />
E<strong>LE</strong>MENT<br />
Nos corps perdus<br />
AP / Thunderings Records 2007<br />
www.elementlesite.com<br />
ERADICATE<br />
Contrastes<br />
AP 2007<br />
http://eradicate.free.fr<br />
KINTESSENCE<br />
Mother Fuck’<br />
Fifty-Fifty Prod 2007<br />
www.myspace.com/kintessence<br />
L'OGRE MOGRO<br />
OGR X48<br />
AP 2007<br />
www.ogre-mogro.com<br />
Électro, dub, abstract hip hop, jazz, drum’n bass, ce Vertigo (opus 11) de DOWNTAO est<br />
à prendre comme un legs musical où la mixité musicale prend tout son sens. Citant parmi<br />
ses maîtres AMON TOBIN, THE CINEMATIC ORCHESTRA, DJ KRUSH ou encore BOARDS<br />
OF CANADA, Jérôme Parressant, tête pensante d’ABRAXAS PROJECT et de DOWNTAO<br />
bidouille encore et encore, invente encore et encore, crée et aborde la musique plutôt sous<br />
l’angle des sons et des atmosphères à la fois cotonneuses et percutantes, que celui des<br />
mélodies. Épris d’improvisation, du sens de la composition au service de la musique mais<br />
aussi de la danse et du théâtre, ce chimiste sonore produit des disques denses et<br />
composites. Très vite, l’auditeur se retrouve en apesanteur avec des ambiances sonores<br />
qui transportent et qui vous habitent. Et ça dure 66 minutes… Excellent ! Cécile Arnoux<br />
Premier album d'E<strong>LE</strong>MENT, Nos corps perdus réussit le pari de l'énergie ! En effet, les<br />
Nazairo-nantais, installés dans la scène métal régionale, partagent sans réserve et avec<br />
générosité l'énergie présente dans ce disque. À l'image du titre “L'Orage”, ce néo-métal<br />
sait faire monter le son en puissance et avec constance. Si le fond et le sens des textes<br />
demeurent sombres et parfois obscurs, les incursions électro-rock, la rythmique sans<br />
concession et le chant assuré et maîtrisé, profitent indéniablement à cet opus. “À jamais<br />
éteint” termine l'album sur une note différente et singularise encore davantage Nos corps<br />
perdus. Malgré une réserve sur certains arrangements, la production reste efficace,<br />
percutante et les choix clairement définis. L'album autoproduit bénéficie d'une distribution<br />
nationale et européenne via Thunderings Records. Julien Nicolas<br />
Bon bein les gars, pour ceux qui veulent se prendre un tractopelle sur la tête (il faut<br />
comprendre du binaire bien massif avec un ÉNORME son), y a pas de prob, vous y trouverez<br />
votre compte (les fans de GOJIRA, ZUUL FX , BUMBLAAT répondront présent). Après, au<br />
niveau artistique, autant les ERADICATE ont donné (14 chansons, plein de d'invités dont<br />
CLONE INC., ULTRA VOMIT, MISSTRIP, G.T.I et d'autres…), autant on peut se demander s'ils<br />
n'en ont pas fait trop. Ils ont pris des risques et c'est tout à leur honneur, certes. Par exemple<br />
ceux qui n'ont pas arrêté d'écouter LACUNA COIL après la Seconde se retrouveront dans les<br />
très jolies parties vocales féminines présentes sur plusieurs chansons. Mais dans<br />
l'ensemble 14 chansons sur un rythme binaire, c'est un peu dur quand même. Après, le<br />
métal, il y en a qui le préfère crade et suintant la mort, et d'autres qui le préfèrent<br />
rebondissant fleurant bon la vie. Si tu es de ces derniers, alors cet album est pour toi. Rafff<br />
Après un 1 er maxi en 2003, le duo KINTESSENCE nous revient avec son 1 er album, Mother<br />
Fuck’. Avec ce titre, DAZ et Zezwar n’ont pas choisi la manière discrète pour faire parler d’eux.<br />
Il est clair que leur hip hop n’est pas fait à base de bling-bling histoire de briller pour se montrer.<br />
Ils ont plutôt misé sur le sens de ce qu’ils revendiquent par la rudesse des mots à base d’un<br />
parler franc, subtil, dur et sec… Le combo impose ainsi son rap hardcore dans un style urbain,<br />
réfléchi et sans concession, sur des productions très actuelles réalisées pour la plupart par<br />
JOHN LOO K, mais également par BCD et SÉDAT. Arborant des textes condamnant une société<br />
de consommation néfaste et appelant à la responsabilisation, ils agrémentent et apaisent à<br />
plusieurs reprise leur hargne et l’amertume de leur message par diverses collaborations : DON<br />
PAKO, pour une touche plus reggae, RAY NEÏMAN pour son côté r’n’b, et TOUFIK, introduisant<br />
des rimes arabisantes et des rythmes orientaux arrangés par BCD. Ils se sont également offerts<br />
les flows d’Olivia et de Moha du 72 pour compléter leur opus. Emmanuel Bois<br />
L'OGRE MOGRO dévore ceux qui l'écoutent. Savant et harmonieux mix de funk, de jazz<br />
et de hip hop, la musique de ces Nantais s'affirme avec singularité et avance avec frénésie,<br />
à l'image d'un train à vapeur ancienne génération (cf. artwork). Séquences cuivrées<br />
déstabilisantes, parfois opaques, batterie et percussions franches et précises, jeu de<br />
basse aux frontières perméables du jazz et du funk, solos de guitare électrique (fin de<br />
“Radio Mulot” notamment), sampling et platines assumés… L'OGRE MOGRO possède<br />
désormais non seulement la richesse musicale caractérisée par les multiples influences<br />
des membres du groupe, mais également la précision et la créativité d'un collectif en<br />
pleine évolution. Ce sept titres autoproduit marque assez surement un tournant dans le<br />
projet de L'OGRE MOGRO. À suivre donc. Julien Nicolas
LAPINU<br />
Vague à l’âme<br />
La Clairière Productions 2008<br />
www.myspace.com/lapinu<br />
<strong>LE</strong>ÏTUSS<br />
Rappel au désordre<br />
Skalopards anonymes / Mosaïc 2007<br />
www.myspace.com/leituss<br />
<strong>LE</strong>S VIVIANES<br />
Les Vivianes<br />
AP 2007<br />
www.lesvivianes.com<br />
PHILIPPE MENARD<br />
Shangaï Blues<br />
MPB 2007<br />
www.philippemenard.com<br />
NOUVEL R<br />
Hybride<br />
Yotanka/Discograph 2008<br />
www.nouvelr.fr<br />
LAPINU… étrange sobriquet pour ce Nantais ! Et puisque le mystère est de mise<br />
(Monsieur se travestit en lapin, les titres du disque “Danse macabre”, “Péché divin”,<br />
“Ouuuu c’est le loup”), gardons-le. La musique n’y déroge pas non plus. Tantôt<br />
fantomatique, tantôt chimérique, utopique... bien malin qui peut y coller une étiquette. Des<br />
consonances rock, chanson, électro tribale, easy-listening… Des pistes musicales brouillées<br />
à la manière de PASCAL COMELADE, PIERRE BASTIEN et surtout ROBERT WYATT, voilà<br />
sommairement un aperçu de ce Vague à l’âme. Épaulé d’Olivier Bardoul, compère poète et de<br />
quelques spectres musiciens, LAPINU exprime de manière robotique et froide son<br />
romantisme, son humour, son espièglerie, des penchants tragiques et irrationnels. Porté par<br />
des guitares, percussions, orgue ou piano, trompette et machines, l’univers de LAPINU est<br />
résolument minimaliste et étoffé. Et si LAPINU était le petit-fils de Fantomas… Cécile Arnoux<br />
Après une démo en 2000 et 2003 et de nombreux concerts avec entre autre LOFOFORA,<br />
MASS HYSTERIA, TAGADA JONES…, les Saumurois de <strong>LE</strong>ÏTUSS, actifs depuis 1998<br />
sortent enfin leur premier album : Rappel au désordre. Si le son général ne déroge pas<br />
aux règles de base du métal, <strong>LE</strong>ÏTUSS surprend par une maturité et une rage qui les<br />
placent d'emblé dans le haut du panier. Les 12 titres s'enchaînent avec une cohérence<br />
surprenante et une production qu'on ne retrouve qu'avec les grosses pointures du genre.<br />
Alors que les premiers titres semblent destinés à mettre l'auditeur en condition pour le<br />
préparer à ce qui va suivre, on sent la rage monter au fur et à mesure que cet album défile.<br />
Il reste maintenant pour eux à passer le test fatidique de la scène mais si leurs concerts<br />
sont à la hauteur de cet opus, il y a fort à parier que <strong>LE</strong>ÏTUSS tirera sans problème son<br />
épingle du jeu. Mathieu Maré<br />
La campagne de Guéméné-Penfao n’est pas si profonde… <strong>LE</strong>S VIVIANES, combo<br />
résolument rock à ses débuts, change quelque peu son fusil d’épaule pour s’approprier<br />
des sonorités plutôt chanson folk un peu hippie gardant une certaine énergie électrique.<br />
Très inspiré par THIÉFAINE ou encore de RUE D’ LA GOUAIL<strong>LE</strong>, le quintet n’est pas un<br />
énième groupe de chanson réaliste insipide. Les lentes mélodies portées par l’accordéon,<br />
le fender-rhodes, les percus, basse et guitare sont parfaitement trouvés, et les accords<br />
justes. L’écriture percutante ne s’attarde pas vraiment à des considérations abstraites, et<br />
ces vérités sont déclamées par une voix sans artifice (assez proche de RENAUD) et dont<br />
l’approximation fait tout le charme. Cécile Arnoux<br />
Bon, on ne va pas vous faire ici l’arbre généalogique du blues dont PHILIPPE MENARD<br />
est le fier descendant. Pour avoir joué “all around the world” pendant au moins trente ans<br />
avec divers musiciens comme PAUL PERSONNE, on comprend qu’à partir de 1995, il eut<br />
envie de retrouver ses racines, et de se débarrasser de tout compagnon encombrant. Il<br />
poursuit depuis son chemin en homme-orchestre et nous livre là son 7 e album sous son<br />
nom. Guitare, chant, harmonica, tambourins pédestres, il fait tout. D’ailleurs un album de<br />
blues avec plus d’un musicien, ça a toujours sonné louche. Concrètement, l’hommeorchestre,<br />
c’est quelque chose à voir sur scène, mais là, en CD (bien qu’au final ce ne soit<br />
pas qu’un disque de blues au sens propre du terme, The Hendrix Blues Spencer Explosion<br />
sur plusieurs titres), ça ne concerne qu’un public ultra ciblé qui était au courant bien avant<br />
nous de la sortie de ce… Shanghai Blues... Rafff<br />
3 ans que NOUVEL R écume les scènes et exporte son savoir-faire live incontestable. La<br />
démo diffusée alors calait certes un creux mais laissait clairement l'auditeur sur sa faim.<br />
Avec Hybride, voilà de quoi sustenter les plus affamés ! 17 morceaux de choix, de la bonne<br />
cuisine familiale où l'on retrouve Lise de CANAL STREET au violoncelle, le toaster ragga<br />
Tomawok (URBAN POIZON, ZETLAS), KWAL à la sitar et son DJ ACHAISS, le tout mitonné<br />
par Grud, ingé-son du groupe. La prod est là, précise et puissante, donnant corps à un<br />
album qui mérite bien son nom. Car si le hip hop est leur fer de lance, avec une acuité<br />
textuelle qui renvoie aux pères fondateurs d'IAM ou à LA RUMEUR, l'éclectisme musical<br />
est de rigueur. Du gros beat et de la basse rondouillarde proche de l'électro-dub, du<br />
sample jazzy, de magnifiques cordes, de la guitare saturée ou manouche, du beatbox et du<br />
scratch bien sentis, le septet ne se refuse rien pour mettre en valeur une écriture sculplée<br />
à l'acide, chatouillante au 2 nd degré, corrodante au 1 er , dans l'état d'esprit positif qui fait la<br />
force du crew... Ben Devillers<br />
25
26<br />
PARISLONDON<br />
Kiss me darling<br />
AP 2007<br />
www.myspace.com/parislondonband<br />
RONAN RONAN<br />
Copié/collé<br />
Absinthe Productions 2008<br />
http://ronanronan.free.fr<br />
SHI FU MI TEMP<strong>LE</strong><br />
Les Vérités, Acte 2<br />
AP 2007<br />
myspace.com/shifumitemple<br />
TAZIO AND BOY<br />
Note-book<br />
My Little Cab Records / Humpty<br />
Dumpty Records 2007<br />
www.myspace.com/tazioandboy<br />
Si vous voulez du funk, vous allez avoir du funk, mais pas seulement. Les Angevins de<br />
PARISLONDON nous invitent là à brûler le dancefloor, armés de la rythmique imparable<br />
disco-funky-pop qui a fait se trémousser des millions d’auditeurs ces dernières années sur<br />
les refrains de FRANZ FERDINAND, THE RAPTURES ou encore des RADIO QUATRE. On<br />
pourrait dire “dans l’mille baby”, car on ne peut s’empêcher de se réchauffer à l’écoute de ce<br />
Kiss Me Darling véritable incitation à l’embrassade générale. Certes, on pourrait parfois leur<br />
demander de pousser un peu plus le tempo (oui le mid tempo, c’est un peu comme se payer<br />
un voyage aux U.S et aller seulement dans l’Ohio) mais sûr qu’ils se gardent cette énergie<br />
pour les prestations scéniques qui, à l’écoute de ce disque, ne peuvent être qu’incendiaires.<br />
PARISLONDON, un disque qui fera tomber tous les embrassadeurs et embrassadrices de<br />
France et de Navarre, mais pas seulement. Rafff<br />
RONAN RONAN, l'ex-banjo des FILS DE TEUHPU, compositeur original, se fait homme<br />
orchestre contemporain. Accompagné de sa loopstation (pédale à boucles) et de sa<br />
batterie d'instruments, ce Monsieur joue à base de copié/collé (titre de son 2 e album) pour<br />
nous faire découvrir en chanson une panoplie d'anecdotes. Pour se faire, embarquez dans<br />
“Le Traintrain” (du bonheur) et suivez le guide pour une balade, fraîche, franche, drôle,<br />
parfois amère, oscillant entre poésie douce et sincère, histoires de “boucle-ette” ou faites<br />
de “tructroctrac”, et souvenirs “sous le soleil de Bagnolet”. Ce Copié/collé, est une subtile<br />
pastille de bonheur et de tranches de vie à consommer à tout moment de la journée,<br />
libérant toute son effervescence sur scène !!! Le tout est servi dans un digipack de qualité<br />
à l'image de sa musique. Cet apport graphique il le doit à ses acolytes de longue date qui<br />
le suivent depuis ses précédentes formations, Den Chamanie et Chris Delalune. Un album<br />
à découvrir, à voir et à collectionner…. Emmanuel Bois<br />
SHI FU MI TEMP<strong>LE</strong> est un collectif de 4 groupes vendéens évoluant dans les<br />
différentes galaxies de l'univers reggae, rassemblés autour d'un message conscient et de<br />
racines musicales communes. Les vérités, acte 2 est le 2 e épisode discographique du<br />
collectif, après une précédente compil’ associée à LA COALITION INTÈGRE du Burkina<br />
(quatre chanteurs reggae basés à Ouagadougou) et distribuée essentiellement en Afrique.<br />
15 titres composent ce nouvel acte : le reggae roots inspiré des Wailers du WAILING NATTY<br />
ROOTS - composé entre autres d'anciens membres de MÉTISS', les sound systems<br />
reggae-dub-dancehall de RUFF REALITY et HIGH E<strong>LE</strong>MENTS (avec en feat. DOWNTOWN<br />
et FAR EAST sur le titre “Protect us all”), et le groupe reggae soul 70's Soul Contact.<br />
Enregistré, mixé et masterisé à la maison par Jideh, le disque jouit d'une très bonne<br />
production, chaleureuse et roots à souhait. À conseiller aux amateurs ! Ben Devillers<br />
Après une dizaine de disques-objets fabriqués à la maison et à la main, au sens propre<br />
comme au figuré, le duo nazairien réinvente une folk créative et mélancolique. Adepte de<br />
projets fourmillant d'idées, de réalisations expérimentales, d'inventions ludiques, TAZIO<br />
AND BOY surprend. Ça y est, Note-book, produit par l'excellent label belge Humpty<br />
Dumpty Records, réunit de manière plus “trad” un travail sensible sur les sons du<br />
quotidien, la musique, les mots, l'imagination… SHANNON WRIGHT n'est pas loin.<br />
“Complaint” réussit avec un piano triste, une batterie fortement “cymbalée”, des<br />
incursions “saxo-phoniques” de LITT<strong>LE</strong> JOHN et un chant lacéré de BOY à renverser son<br />
monde. À signaler également, l'intervention poétique et crayonnée de FRANÇOIZ BREUT,<br />
illustrant un duo complice à la joyeuse tristesse et au talent sans limite. Julien Nicolas<br />
Disques à sortir ces prochains mois, tout juste sortis<br />
mais arrivés trop tard pour être chroniqués… On en reparle...<br />
BAJKA (musique tzigane), BASSDRUM (électro), CHOOCHOOSHOESHOOT (cold noise), CHORDA (swing manouche),<br />
MATHIEU DONARIER (jazz), EZRA (beatbox), FRANCIS ET SES PEINTRES (jazz), GAINO (chanson électro), GONG GONG (électro),<br />
A<strong>LE</strong>X GRENIER - DJ SHARKLO (jazz hip hop), HUTCHINSON (électro rock), KEEFAZ (reggae DANCE-HALL), KOMMANDANT KOBRA<br />
(rock emocore), LA PHAZE (électro punk), <strong>LE</strong>S FRÈRES LÉON (jeune public), <strong>LE</strong> GROS CUBE (jazz), <strong>LE</strong>S GENS DE PASSAGE<br />
(chanson métissée), LPT3 (jazz), MOONGAÏ (électronica), NOUVEL<strong>LE</strong> MO<strong>LE</strong>CU<strong>LE</strong> (rap), NY:NA VALÈS (chanson pop), ORANGE BLOSSOM<br />
(world électro), QÛNTET (jazz), RUE D’LA GOUAIL<strong>LE</strong> (chanson rock), SAVEL (chanson), SORCHEN (métal),<br />
THE HEALTHY BOY (folk), THE PATRIOTIC SUNDAY (folk pop), VEGANESH (rap), ZETLASKARS (rock ragga), ZOE AVRIL (chanson).
par Vivien Janneau<br />
En intégrant aux blogs de MySpace.com un lecteur<br />
flash permettant l'écoute et le téléchargement de<br />
quatre morceaux, Tom Anderson (co-fondateur de<br />
MySpace) a signé un des plus gros succès en ligne<br />
de ce début de siècle. Mais le site est aujourd'hui<br />
victime de l'engouement qu'il suscite ; en<br />
privilégiant la nouveauté à l'ergonomie<br />
et la fiabilité, il perd en attractivité<br />
: le téléchargement en haute<br />
qualité n'est plus disponible,<br />
le spam est un fléau, et la<br />
personnalisation (peu<br />
aisée) des pages permet<br />
les propositions<br />
esthétiques les plus<br />
douteuses... En outre,<br />
devenu un incontournable<br />
de la promotion musicale,<br />
MySpace se noie dans la<br />
cacophonie la plus totale.<br />
Mais le site a fait des émules, dont<br />
certains sont très attractifs à<br />
l'image de Virb.com.<br />
Ce portail communautaire<br />
multimédia propose les<br />
mêmes fonctionnalités, la qualité en plus. Le lecteur<br />
flash intégré aux profils musicaux ne connaît pas de<br />
limites concernant le nombre de morceaux ; il est<br />
possible de les classer par albums et la qualité<br />
d'encodage d'origine est préservée. Les photos<br />
peuvent être importées depuis Flickr et les vidéos,<br />
quant à elles, s'exportent. On se demande ce que<br />
VIRB° pourrait offrir de plus. Le site est "beau par<br />
défaut" et les pages sont facilement<br />
personnalisables depuis l'interface d'administration<br />
(avec un mode avancé pour modifier le code HTML)<br />
sans perdre la possibilité de les afficher selon la<br />
mise en forme par défaut. L'utilisation de la<br />
technologie AJAX rend l'administration intuitive et la<br />
navigation fluide. L'ergonomie irréprochable de ce<br />
site compense le fait qu'il ne soit disponible qu'en<br />
anglais. La publicité y est très discrète, seules<br />
quelques "Google adds" (publicités proposées par<br />
Google) en pied-de-page. Mais le réseau de contacts<br />
que vous y constituerez sera cependant moins<br />
étendu que chez MySpace.<br />
Pour pallier à ce manque de popularité,<br />
ReverbNation.com mise sur l'interopérabilité. Ce<br />
site où la navigation est laborieuse n'offre que peu<br />
de visibilité sur la toile mais de nombreux widgets<br />
Déjà demain<br />
Portails<br />
communautaires<br />
multimédia<br />
(outils personnalisables) exportables vers FaceBook,<br />
iGoogle, NetVibes et consorts. Il est ainsi possible<br />
d'intégrer le lecteur, le calendrier ou le résumé d'un<br />
profil à votre blog ou site. Réciproquement, vous<br />
pouvez rendre vos clips YouTube accessibles depuis<br />
le lecteur flash et importer les notes de votre<br />
blog via flux RSS. Les pages internet<br />
où l'on parle de vous y sont<br />
répertoriées, un service de<br />
mailing-list et des bannières<br />
promotionnelles sont aussi<br />
disponibles.<br />
L'administration du profil<br />
est le point fort de<br />
ReverbNation, simple et<br />
fiable. Elle surpasse celle<br />
de HumbleVoice.com<br />
dont l'interface sobre est<br />
tout de même très agréable.<br />
La personnalisation restreinte<br />
mène parfois à la création de pages<br />
bancales et peu lisibles, mais<br />
HumbleVoice possède son charme très<br />
personnel. Le système d'onglets permettant l'accès<br />
aux différentes pages d'un profil est sans doute la<br />
meilleure trouvaille de ce site. Si la fiabilité du<br />
chargement de fichiers mp3, même volumineux, est<br />
irréprochable, charger des vidéos peut s'avérer<br />
beaucoup plus aventureux. Il est préférable d'y<br />
présenter peu de contenus et de ne pas avoir à<br />
modifier le profil. Idéal pour un portfolio multimédia.<br />
A noter que le site de sociabilisation par affinités<br />
musicales Last.fm propose désormais aux artistes<br />
de charger leurs morceaux et clips vidéos sur leur<br />
page. L'ajout de nouveaux services rend la navigation<br />
beaucoup plus pénible qu'elle ne l'était, et<br />
l'administration du profil devient un véritable cassetête.<br />
Mais l'utilisateur chevronné trouvera le moyen<br />
de toucher les auditeurs intéressés avec une grande<br />
probabilité de succès, grâce au système basé sur les<br />
habitudes d'écoute qui encourage de belles<br />
découvertes.<br />
a<br />
Dans le cadre du projet Memocité initié par l'association<br />
nantaise PinG, une réflexion est menée sur ces outils.<br />
Pour en savoir plus ou participer, visitez les liens<br />
suivants :<br />
del.icio.us/portailscommunautairesmultimedia<br />
www.memocite.com/ressources<br />
fr.blinklist.com/portailscommunautairesmultimedia<br />
27
pôle<br />
28<br />
Tribune<br />
Basée à Château-Gontier,<br />
l’association Triangle Musique<br />
œuvre pour le développement<br />
des musiques actuelles en Sud Mayenne<br />
depuis 1999, organisant notamment le festival<br />
Le Foirail qui a soufflé ses 7 bougies en 2007.<br />
Profondément engagé pour une culture alternative,<br />
loin des sentiers battus, Le Foirail s'engage sur une<br />
programmation axée sur la mise en avant de groupes<br />
dits de “découverte” et d’éclectisme, choix difficiles à<br />
défendre en milieu rural. Le festival nous a permis de<br />
développer un projet culturel plus conséquent depuis<br />
2006. Nous organisons<br />
maintenant d’autres<br />
concerts dans l’année,<br />
des résidences<br />
d’artistes<br />
Triangle<br />
Musique<br />
départementaux et<br />
régionaux en amont du<br />
festival, ou encore dans<br />
le cadre d'un projet de<br />
coopération interterritoriale,<br />
un système<br />
“d’échange” de groupes<br />
avec le Pays de Tulles, Le Pays de Revermont et<br />
Le Doubs Central, visant à la diffusion d’artistes hors<br />
de la région par le biais d’un festival ou d’une<br />
résidence. Outre ces actions, nous développons aussi<br />
le CMA (Comité musiques actuelles du Pays de<br />
Château-Gontier) par des réunions permettant, entre<br />
autres, de réfléchir avec la communauté de<br />
communes à la mise en place de studios de<br />
répétitions. Depuis plusieurs années, l’association<br />
(auto-financée à 75%) a donc répondu à une demande<br />
réelle en matière de musiques actuelles et<br />
a développé celles-ci de manière conséquente,<br />
en travaillant également avec d’autres structures<br />
du territoire comme les “Bouts de Ficelles”.<br />
Grâce à la création de deux emplois CAE (contrat<br />
d’accompagnement à l'emploi) début 2006, de<br />
multiples projets ont pu se concrétiser : une soirée<br />
du label nantais “Effervescence”, une résidence<br />
pédagogique avec 160 écoliers du Pays de Château-<br />
Gontier et des élèves de l’école de musique pour créer<br />
un spectacle et un CD avec <strong>LE</strong>S PATRONS MINETTES,<br />
la fête de la musique de la Ville, les résidences de<br />
O-RUDO et PICTURING SOUND, groupes programmés<br />
ensuite sur le festival. Le tout montre notre volonté et<br />
notre détermination à développer les musiques<br />
actuelles, malgré les difficultés liées au fait d’être une<br />
petite structure.<br />
Et puis, fin 2007 arrive un déficit inattendu de 30 000€<br />
sur le Foirail, 2 000€ de perte sur la résidence<br />
pédagogique, 1 000€ pour la soirée “Effervescence”,<br />
et fin des CAE. Et en face : peu de soutien sur nos<br />
projets annuels, pas d'aide de la communauté de<br />
communes pour un Emploi tremplin qui permettrait de<br />
maintenir l'activité de l'association et aiderait à<br />
réduire les déficits, ni de subventions exceptionnelles<br />
des collectivités locales et régionales, celles-ci même<br />
qui nous soutiennent pour le festival et n’hésitent pas<br />
à le mettre en avant sur leurs supports de<br />
communication. Nous sommes amers. Surtout<br />
lorsqu’un projet comme le nôtre répond à tous les<br />
critères régionaux d’un vrai projet culturel. Certaines<br />
collectivités soutiendraient-elles davantage des<br />
projets pour leur propre image (surtout quand “ça<br />
marche du tonnerre!”) au détriment du développement<br />
de démarches associatives sur le long terme, peutêtre<br />
moins glorieuses pour elles?<br />
Que feront les collectivités pour nous, petite<br />
association travaillant intensément et passionnément<br />
depuis bientôt dix ans sur un projet culturel cohérent,<br />
répondant à des besoins réels, soucieuse de servir<br />
l’intérêt général, si toutefois, pour elles, la culture et<br />
la musique ont un intérêt ?<br />
www.trianglemusique.org<br />
par l’association Triangle Musique