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tHomas BelHom - Trempolino

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éseau info-ressources musiques actuelles des Pays de la loire<br />

<strong>tHomas</strong> <strong>BelHom</strong><br />

edWard Perraud<br />

ZenZile<br />

fonKy nyKo<br />

dossier : musique et image – cliPs, teasers<br />

n°24<br />

automne<br />

2012<br />

gratuit


Photo : Zenzile / fabien tijou<br />

HttP://toHuBoHu.tremPo.com<br />

en Plus de l’annuaire régional (qui recense grouPes, assos, festivals, laBels…), les annonces<br />

(trouver un musicien, un grouPe, une Batterie…), les conférences du réseau à venir…<br />

ce trimestre, retrouveZ online :<br />

intervieWs artistes<br />

Bred Irie<br />

Brome<br />

Horny Wackers<br />

Les Thugs<br />

Lo’ Jo<br />

Tue-Loup<br />

Wank For Peace<br />

Profil/événement<br />

Twin Daisies<br />

Cranes Records<br />

les versions longues (des articles de ce mag)<br />

Edward Perraud / Zenzile / Sylvain Bertot


Sommaire<br />

infos<br />

Brèves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 04<br />

artistes<br />

thomas Belhom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 06<br />

edward Perraud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 08<br />

Zenzile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10<br />

Fonky nyko . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />

ProJets<br />

Chaou Baou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14<br />

Festival Battantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15<br />

génération y<br />

Ziklibrenbib . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16<br />

tHe neXt Big tHing<br />

Paroles d’acteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17<br />

dossier<br />

musique et image – clips, teasers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18<br />

traces et imPressions<br />

Livres du moment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24<br />

Interview : Sylvain Bertot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />

disques<br />

Dernières sorties musicales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26<br />

Playlists . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32<br />

le réseau<br />

CooRDInaTIon : Cécile arnoux / T. 02 40 46 66 33 / cecile@trempo.com<br />

CHaBaDa / Jérôme Kalcha Simonneau<br />

Chemin Cerclère, Route de Briollay, 49100 Angers<br />

T. 02 41 34 93 87 / jsimonneau@lechabada.com / www.lechabada.com<br />

BEBoP / Julien Martineau<br />

28 avenue Jean-Jaurès, 72100 Le Mans<br />

T. 02 43 78 92 30 / crim@bebop-music.com / www.oasislemans.fr<br />

FUZZ’Yon / Benoît Devillers<br />

18 rue Sadi-Carnot, 85005 La Roche-sur-Yon Cedex<br />

T. 02 51 06 97 70 / ben@fuzzyon.com / www.fuzzyon.com<br />

LE 6PaR4 / Eric Fagnot<br />

177 rue du Vieux St Louis, 53000 Laval<br />

T. 02 43 59 77 80 / eric@6par4.com / www.6par4.com<br />

TREMPoLIno / Lucie Brunet<br />

6 bd Léon-Bureau, 44200 Nantes<br />

T. 02 40 46 66 99 / lucie@trempo.com / www.trempo.com<br />

VIP / Emanuel Legrand<br />

Base sous-marine, bd Légion d’Honneur, 44600 Saint-Nazaire<br />

T. 02 40 22 66 89 / mlegrand@les-escales.com / www.les-escales.com<br />

Photo couverture : thomas Belhom – Jorg<br />

Koopmann<br />

Directeur de la publication : Vincent Priou<br />

Rédactrice en chef : Cécile arnoux<br />

Chroniqueurs/Rédacteurs : arnaud Bénureau,<br />

Lucie Beaudoux‑Jastrzebski, Lucie Brunet,<br />

matthieu Chauveau, tanguy Cloarec,<br />

François Delotte, Benoît Devillers, Denis Dréan,<br />

Gabriel esneault, eric Fagnot, Georges Fischer,<br />

marie Hérault, Küken, emmanuel Legrand,<br />

Gilles Lebreton, Sandrine martin, Julien martineau,<br />

Chloé nataf, Jérôme Kalcha Simonneau, olivier tura .<br />

Secrétariat de rédaction : Benjamin Reverdy,<br />

amandine Rouzeau .<br />

Conception graphique: DeuxPointDeux .com<br />

Impression: Imprimerie Chiffoleau<br />

Tirage: 10 000 exemplaires – Papier PeFC<br />

ISSn: 2109‑0904<br />

Dépôt légal: à parution<br />

Siret : 37992484800011<br />

tohu Bohu est une publication de trempolino,<br />

6 bd Léon Bureau – 44200 nantes, et du réseau<br />

tohu Bohu, réseau info‑ressources musiques<br />

actuelles des Pays de la Loire .<br />

Prochaine parution : 22 février 2013<br />

Bouclage : 18 janvier 2013<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012 3


4<br />

valse des grouPes dans le 8‑5 . Guerilla Fresca,<br />

after Blowdown, Kulbuto raccrochent les gants .<br />

mais tel le phénix renaissant de ses cendres, la<br />

plupart des musiciens ont déjà mis en route de<br />

nouveaux projets, dont certains bien avancés<br />

comme La Belle Ivresse (chanson) ou Da Flex .<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

Les nanto‑vendéens<br />

d’ePsylon se sont envolés<br />

pour la Chine cette<br />

mi‑octobre 2012 . tournée<br />

soutenue par l’alliance<br />

française de Chine et<br />

le festival de nanjing,<br />

l’énergie rock festive<br />

a dû enjouer nos amis<br />

asiatiques le temps<br />

d’une demie douzaine<br />

de concerts .<br />

www.epsylonlegroupe.com<br />

miX city est au sommet<br />

de son art ! on en parlera<br />

dans le prochain numéro,<br />

mais sachez que le disque<br />

déboule ce mois de<br />

novembre 2012 avec<br />

une soirée au Pannonica<br />

le 23 novembre, que le<br />

répertoire, joué maintenant<br />

à 8 (avec cuivres, voix . . .)<br />

est résolument funky‑<br />

fanfare‑hip‑hop‑groovy . . .<br />

http://mixcity.org<br />

L’album non signé (comprenez sans label) de<br />

noir animal était chroniqué dans le dernier<br />

numéro . C’est le label nantais Kizmiaz qui s’y<br />

frotte et qui s’y pique . mais çà fait pas mal…<br />

Classes les Kizmiaz !<br />

http://kizmiazrecords.bandcamp.com<br />

infos<br />

L’association nantaise la plus alternative qui soit,<br />

cafard naHum, a changé de logo et changé de bureau .<br />

nouvelle programmation aussi (Punish yourself,<br />

Fishbone, Caméléons…) plutôt du côté du Ferrailleur .<br />

www.assocafardnahum.com<br />

on se rappelle de cet été 1998, à Saint‑Philbert‑en‑<br />

mauges, pour avoir vu, entre autres, Zenzile à 6 ou<br />

7h du matin… C’était la 1re édition du festival Les<br />

Z’ecléctiques porté par Zic mac, qui proposait 24h<br />

de musique non‑stop ! Cette année,<br />

les Z’ecléctiques – le collectif – fête ses 10 ans .<br />

www.leszeclectiques.com<br />

Déjà la 11e édition du festival<br />

culture Bar-Bars . Cette année,<br />

50 villes accueillent le concept .<br />

Le concept ? Des bars ou cafés‑<br />

concerts qui s’efforcent de vous<br />

faire découvrir des artistes toute<br />

l’année et qui se mobilisent cette<br />

fin novembre en concentrant<br />

sur trois jours leur énergie et<br />

motivation . au total, pas moins<br />

de 700 spectacles/concerts<br />

proposés !<br />

www.bar-bars.com


L’orchestre angevin la ruda clôturera vingt ans<br />

de carrière à la maison avec trois dates de suite<br />

au Chabada les 13, 14 et 15 décembre 2012 (déjà<br />

complets les vendredi et samedi) . on leur souhaiterait<br />

bien bonne route, mais on imagine qu’ils en ont bouffé<br />

suffisamment comme ça en vingt piges .<br />

alors simplement merci pour tous<br />

ces kilos perdus dans la fosse !<br />

www.laruda.fr<br />

on va parler de nausicaä un de ces jours . . . Duo folk<br />

chanté en français, composé de thomas, ex‑chanteur<br />

guitariste de thoma et nathan (Rimo, momo),<br />

percussionniste‑batteur, ce projet ouvertement<br />

engagé et subversif défend, sous couvert d’une<br />

chanson acoustique et rythmée, des valeurs<br />

humanistes et écolos . Sortie d’un eP prévu en octobre .<br />

www.facebook.com/thoma.folk<br />

L’association drago Pedros, à l’initiative du<br />

jumelage musical entre nantes et Brest<br />

organisait l’an passé un festival avec l’aller<br />

à nantes et le retour à Brest . Cette fois‑ci, la<br />

peinture et le dessin remplacent la musique .<br />

expo au Café du Cinéma et à Pol’n (nantes)<br />

du 27 novembre au 12 décembre .<br />

www.facebook.com/drago.pedros<br />

Le 6PaR4 en partenariat avec l’aDDm, accueillera<br />

le samedi 24 novembre une rencontre musiques<br />

actuelles dédiée à la question des Pratiques musicales :<br />

qui sont les musiciens musiques actuelles ? Quels<br />

sont leurs attentes en termes de répétition, de<br />

formation, d’accompagnement, de diffusion ? Débats<br />

et ateliers seront au programme, et un guide dédié à<br />

l’accompagnement des pratiques musiques actuelles<br />

en mayenne sera remis au public .<br />

Infos : aDDM 53 (02 43 59 96 50)<br />

www.addm53.asso.fr/Rencontres<br />

soy ? C’est comme une vraie<br />

compilation en live de groupes<br />

à découvrir . même si seulement<br />

deux ou trois noms de l’affiche<br />

vous parlent, y a moyen de détecter<br />

des petites perles . L’asso vient<br />

de remporter les 3 étoiles du Guide<br />

michelin des musiques indies .<br />

on y va les yeux fermés !<br />

C’est du 31 octobre au 5 novembre .<br />

www.yamoy.org<br />

INFOs<br />

De retour de tournée estivale en Belgique,<br />

allemagne et Suisse, le combo rock sHuffle ne chôme<br />

pas et annonce un nouveau single Desert Burst<br />

accompagné de son clip réalisé par Yann Ralec .<br />

shuffle-musik.com<br />

après quelques belles dates dont une première<br />

partie de Pete Doherty à Paris, les manceaux<br />

dandies entrent à l’automne au studio elap music,<br />

nouvellement installé à Saint‑Calais (72) .<br />

www.dandiesofficiel.fr<br />

L’association nantaise vecteur interface propose une<br />

exposition intitulée « Welcome to our Future » au<br />

Blockhaus DY10 du 29 septembre au 1er décembre .<br />

Plutôt axée arts visuels, une étonnante œuvre sonore<br />

signée on Kawara y sera néanmoins présentée . un<br />

décompte d’un million d’années sera énoncé par<br />

deux voix…<br />

www.vecteurinterface.com<br />

nicolas Berrivin (Smooth)<br />

et son cousin aymeric<br />

Westrich (membre de<br />

aufgang) sortent un 6 titres<br />

sous le nom de stereolane<br />

avec, parmi les invités,<br />

monsieur Craig Walker (ex<br />

archive), excusez du peu…<br />

www.stereolane.com<br />

Jean tHéfaine aimait tirer de sa plume le portrait des<br />

artistes et la chanson en particulier . Journaliste au quo‑<br />

tidien ouest‑France (Rennes et nantes), il contribuait<br />

également aux revues Chorus et Place Publique . Celui<br />

que l’on croisait dans les salles, dans les festivals, nous<br />

a quittés, tohu Bohu lui rend hommage .<br />

Hommage aussi à l’activiste passionné yvan Penvern,<br />

directeur de la radio rennaise Canal B, disparu cet été .<br />

Une émission lui est dédiée :<br />

www.canalb.fr/freeson<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012 5


6<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

Artistes<br />

rocéPHine : formidaBle tHéraPie Pour le Plus américain des manceauX, <strong>tHomas</strong> <strong>BelHom</strong>. un très Beau<br />

disque qu’il a Pu Jouer en live lors de la tournée tout Juste terminée en comPagnie de ses amis de<br />

tindersticKs. l’alcHimiste des sons, le sPécialiste du miKado ProPose cette 4 e solution musicale,<br />

liBérant ses mots, liBérant ses mauX. retour sur ce disque, ses origines, sa ville…<br />

Par cécile arnoux<br />

Photo : Jôrg Koopmann<br />

comment te retrouves-tu à Jouer de la musique ?<br />

À 12 ans j’ai aperçu une batterie . J’ai, pendant long‑<br />

temps, mimé les gestes dans le vide sur des cassettes<br />

dans ma chambre avant que ma mère finisse par<br />

m’en acheter une à l’âge de 14 ans . Je ne savais pas<br />

qu’il y avait aussi les pieds sur des pédales, c’était<br />

fantastique, une sorte de danse du corps assis, in‑<br />

croyable ! C’est à travers elle que je m’exprimais le<br />

mieux . La percussion en général est un langage, un<br />

langage ancestral, préhistorique même, un langage<br />

d’avant les mots . ensuite, je n’ai jamais cessé de<br />

jouer, je vous épargne mon long parcours sinueux qui<br />

m’a amené du mans à Paris, à tucson‑arizona, puis<br />

Londres où j’ai travaillé de manière spécifique sur de<br />

longues périodes .<br />

qu’est-ce-que tu retiens de ta « Période américaine » ?<br />

un fabuleux contraste avec la vie en europe, en<br />

France en particulier . Globalement pas mieux, pas<br />

moins bien, mais profondément différent concernant<br />

la place de la musique au quotidien . C’était simple<br />

par exemple de jouer dans les clubs de la ville tous les<br />

soirs si je voulais, parfois dans la même rue d’un soir<br />

à l’autre et ça n’a jamais posé de problème . en europe,<br />

<strong>tHomas</strong> <strong>BelHom</strong><br />

sauvé Par les gongs<br />

il y a davantage une culture de l’événement, alors on<br />

joue ici, de préférence avec un invité prestigieux, on en<br />

fait la promo pendant trois mois puis on te demande<br />

de ne pas rejouer dans le coin pendant six mois<br />

minimum après la date ?!? C’est une grosse différence,<br />

sans compter qu’à tucson‑arizona, je pouvais aussi<br />

voir des concerts d’une chanteuse country avec un<br />

groupe de rap chicano en première partie, et le groupe<br />

de rap restait ensuite pour écouter la chanteuse avec<br />

beaucoup de respect de part et d’autre . À l’inverse,<br />

en europe, particulièrement en Hollande, en France,<br />

Belgique, ou allemagne, les équipements sont<br />

fantastiques, les lieux de culture sont même parfois<br />

très luxueux, avec beaucoup d’aides sur place de la<br />

part de techniciens ultra compétents, ce qui est plus<br />

rare, plus roots aux États‑unis…<br />

tu as multiPlié les collaBorations (caleXico, red,<br />

tindersticKs…). qu’est-ce qui t’intéresse dans le fait<br />

de collaBorer ?<br />

Les collaborations sur les albums débouchaient<br />

toujours de vraies rencontres préalables dans<br />

la vie . C’était juste une manière de se connaître<br />

mieux, ou de passer le temps . avec les Calexico, on<br />

passait beaucoup de temps ensemble à une époque,


j’habitais même chez Joey, John était notre voisin, et<br />

naïm amor, Howe Gelb, la rue à coté . on se voyait<br />

tout le temps, il y avait des instruments, on jouait, on<br />

enregistrait des après‑midi entiers sans savoir que ça<br />

allait devenir un disque .<br />

tu vis au mans, as-tu des connections avec des artistes<br />

ou structures là-Bas ?<br />

La question des lieux pour élaborer est cruciale quand<br />

tu fais de la musique, surtout avec des instruments<br />

volumineux comme les miens parfois . La création<br />

d’une structure comme Le Silo dans ma ville d’origine<br />

répondait pour la première fois à ces questions pour<br />

des musiciens comme moi . Je vais donc travailler au<br />

Silo régulièrement depuis quasiment le début de son<br />

existence . Le Service culturel de la ville d’allonnes<br />

m’aide également au coup par coup . Dernièrement,<br />

ils m’ont laissé l’accès à leur péniche pour y<br />

développer une musique en préparation pour un<br />

cirque (Cie Cirque ici) . Je me sens proche aussi de La<br />

Fonderie au mans, un lieu immense qui fonctionne<br />

tel un laboratoire, il se prête peut‑être davantage<br />

au théâtre, il m’est arrivé de préparer une tournée<br />

pendant un mois là‑bas . Quant aux artistes, il y a bien<br />

sûr quelques électrons libres que je croise de temps<br />

en temps, notamment au Silo, avec qui j’enregistre<br />

parfois, mais la plupart du temps je suis quand même<br />

seul à travailler au mans .<br />

qu’est-ce qui Pour toi caractérise cette ville, surtout<br />

musicalement ?<br />

Il me semble que l’europa Jazz Festival a donné une<br />

couleur à une époque, peut‑être encore d’ailleurs . Je<br />

ne sais pas trop en vérité, dans la mesure où je voyage<br />

pas mal ces derniers temps . J’essaie de me tenir au<br />

courant mais souvent au mans, je me ressource avec<br />

ma femme américaine, ma fille, ou je prépare des<br />

tournées, des nouveaux morceaux, je ne sors pas<br />

spécialement aux concerts . Ce qui caractérise surtout<br />

cette ville, c’est l’automobile, le circuit des 24 h du<br />

mans connu dans le monde entier . Il y a peut être<br />

ici une affection particulière à la distorsion dans les<br />

virages .<br />

tu sors cette année un 4 e alBum. est-ce qu’à cHaque<br />

nouveau disque tu cHercHes à réinventer ?<br />

J’aimerais pouvoir dire oui mais je me rends compte<br />

cette fois que le vrai changement est à venir, il murît<br />

depuis un moment . J’ai un album en préparation qui<br />

est assez avancé déjà, il se pourrait bien que ce soit le<br />

dernier où j’utilise la guitare .<br />

rocéPHine se résume à quoi selon toi ?<br />

une nécessité vitale pour moi, composé en grande<br />

partie dans des hôpitaux où j’étais soigné pour un<br />

Artistes<br />

virus tropical, à montréal, San Francisco, tucson, puis<br />

au mans . C’est la raison première pour laquelle je suis<br />

rentré en France . J’en sors vivant, changé, transformé,<br />

très heureux d’être ici dans mon pays, dans ma<br />

région d’enfance . Rocéphine est un disque témoin .<br />

maintenant j’ai hâte de terminer le prochain, qui sera<br />

d’une toute autre humeur .<br />

quels sont tes disques de cHevet en ce moment ?<br />

Peggy Lee aujourd’hui et The Unspeakable Chilly<br />

Gonzales de Gonzales . Hier, un album de 1986 des<br />

Danois mecano que j’aime tout particulièrement .<br />

J’aime beaucoup le dernier album de matt elliott<br />

aussi (nous sommes sur le même label : Ici D’ailleurs),<br />

j’écoute beaucoup de musique contemporaine, nota‑<br />

mment Harrold Budd, ou ce groupe extraordinaire,<br />

introuvable : Kiva . Pas mal de jazz également avec Sun<br />

Ra, Horace Silver, monk . mais mon disque de chevet<br />

actuel, c’est un vinyle brésilien de percussions faites<br />

à la voix par un couple, c’est sublime .<br />

<strong>tHomas</strong> <strong>BelHom</strong><br />

Rocéphine<br />

Ici d’ailleurs/Differ‑ant<br />

2012<br />

Si le contexte de création de ces 15 perles est<br />

clinique, l’appréciation de ces mêmes mor‑<br />

ceaux est lumineuse . un peu à la manière de<br />

Spoke, le tout premier disque — et le plus sub‑<br />

til — de Calexico, thomas Belhom s’attarde sur<br />

les sons, les ambiances, s’écarte des mélodies<br />

via des expérimentations pour mieux y revenir,<br />

délivre un propos musical tantôt minimaliste,<br />

tantôt orchestré . Sa grande maîtrise, son inven‑<br />

tivité, son sens unique de la rythmique, son jeu<br />

délicat profite encore à quinze morceaux tou‑<br />

chants tant par leur musique que par les textes<br />

extrêmement intimes et intimement chan‑<br />

tés . Pop, jazz, folk, musique contemporaine se<br />

mêlent et se confondent pour former un tout<br />

d’une maturité et d’un affranchissement sans<br />

pareil . et Rocéphine appartient à la famille des<br />

disques qu’il vous faut écouter plusieurs fois<br />

pour tout capter, et çà, c’est un gage de qualité !<br />

cécile arnoux<br />

thomasbelhom.tumblr.com<br />

www.myspace.com/thomasbelhom<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012 7


8<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

Artistes artistes<br />

« edWard auX mains d’argent ». « les contes de Perraud ». les titres Potentiels ne manquaient Pas Pour<br />

cette intervieW avec edWard Perraud, l’un des Batteurs de JaZZ (mais Pas que) les Plus demandés de la<br />

Jeune garde HeXagonale. son Premier alBum à son nom, synaestHetic triP, est une véritaBle invitation<br />

auX voyages sensoriels et musicauX, truffée de clins d’œil à ses influences Plurielles.<br />

Par Kalcha<br />

Photo : rémi angeli<br />

edWard Perraud<br />

triP teaser<br />

tu as Joué sur une cinquantaine d’alBums en tant que<br />

sideman avant de signer ton Premier disque en leader.<br />

Pourquoi maintenant et Pas Plus tôt/tard ? quel a été<br />

l’élément déclencHeur de ce synaestHetic triP ?<br />

Synaesthetic Trip est en effet mon premier opus en tant<br />

que leader, mais sur tous les autres je joue aussi en<br />

tant que co‑leader : je pense à Das Kapital, Big en duo<br />

avec Frederick Galiay, et bien d’autres groupes où le<br />

travail de composition et d’arrangement est partagé .<br />

mais, là, en effet c’est ma musique et mon groupe !<br />

Le déclencheur, c’est l’urgence ! L’année 2010 fut très<br />

éprouvante pour moi, mon père s’en est allé, et juste<br />

après j’ai été gravement malade . . . Je me suis dit,<br />

comme je suis toujours en vie, il faut en faire quelque<br />

chose de bien de ces très douloureuses épreuves . . .<br />

et j’ai composé la musique de Synaesthetic Trip . J’ai<br />

d’abord rêvé ce groupe, je me suis dit, je veux à mes<br />

côtés ceux qui me touchent le plus ! et j’ai appelé<br />

Benoît Delbecq au piano, Bart maris à la trompette<br />

et arnault Cuisinier à la contrebasse . C’est pour<br />

moi une alchimie parfaite tant sur le disque qu’en<br />

concert . un pur bonheur humain d’être ensemble au<br />

service de cette musique .<br />

cet alBum est asseZ aventureuX, sans Jamais être<br />

élitiste. on Peut facilement accrocHer sans forcément<br />

venir du sérail du JaZZ ou des musiques imProvisées.<br />

c’était une volonté de déPart ou un Hasard ?<br />

Je n’en pouvais plus des querelles de chapelles,<br />

j’aime toutes les musiques sans exception, ce<br />

disque est un voyage (trip) aussi à travers les styles<br />

de musiques qui le nourrissent . . . Il faut se servir de<br />

toutes les saveurs, rien ne s’oppose, contrairement<br />

à ce que beaucoup essayent de nous faire croire .<br />

Chaque musique a ses lettres de noblesse .


te limiter à la définition d’un JaZZman serait un Peu<br />

simPliste. tu as également Joué avec des grouPes<br />

de rocK Plutôt eXPérimentauX. tu étudies la musique<br />

indienne dePuis des années. Parviens-tu à déterminer<br />

ce que t’aPPorte cHaque eXPérience en Particulier, ou<br />

Bien est-ce finalement touJours la même cHose avec<br />

un HaBillage différent ?<br />

oui et non, je me sens de plus en plus jazzman !<br />

À savoir que pour moi, le jazz est un enfant en<br />

apprentissage . Le jazz est une éponge… Il est jeune<br />

et vient simplement de dépasser un siècle dans la<br />

longue histoire de la musique . tout s’imbrique selon<br />

moi . . . Qu’est‑ce qui est jazz et qui ne l’est pas ? Il<br />

n’ y a pas frontières claires et tant mieux . Je pense<br />

que notre musique doit repousser les barrières<br />

des styles . La batterie est peut être la clef de voûte<br />

du jazz, c’est en tous les cas le seul instrument<br />

inventé par ce style . Il est aujourd’hui au centre<br />

de toutes les musiques : jazz, rock, percussions<br />

classiques, musiques improvisées, musiques extra<br />

européennes . . .<br />

tu as BeaucouP collaBoré avec d’autres artistes<br />

non-musicauX venus de la danse, du tHéâtre, du<br />

cinéma, des arts du cirque. tu es d’ailleurs toi-même<br />

PHotograPHe. PeuX-tu eXPliquer ce que tu recHercHes<br />

Par cette transversalité ?<br />

tout est lié, peut‑être que la force que je trouve en<br />

moi pour faire de la musique vient des tableaux de<br />

Van eyck, ou de Leonard Vinci, ou bien des questions<br />

des astrophysiciens qui théorisent sur de nouvelles<br />

origines de l’univers, ou du cinéma muet avant 1928<br />

ou bien de la magie de voir pousser un végétal ou je<br />

ne sais encore . . . tout est en mouvement et quelque<br />

soit la manière d’exprimer ce qui nous traverse,<br />

l’important est que cela nous traverse . alors c’est vrai<br />

que la photo, pour moi c’est magnétique . Comme<br />

avec cette vie de nomade je voyage beaucoup de par<br />

le monde, j’aime être à l’affût et l’appareil photo est<br />

mon arme . . . au fond je ne sais pas vraiment ce que<br />

c’est photographier, si je le savais vraiment, je pense<br />

que je ne le ferais pas . . . Chaque instant est magique<br />

autour de nous ou bien à vivre pleinement même<br />

dans la difficulté . . . Quelque soit l’endroit où on se<br />

trouve . toujours et partout . C’est probablement<br />

ce que la maladie et la perte d’un être cher m’ont<br />

vraiment enseigné ces dernières années . D’un jour<br />

à l’autre à travers la musique et la photographie,<br />

même juste le regard qu’on pose sur le monde me<br />

procure un immense bonheur, celui de se sentir<br />

vivant, simplement . et de redonner le maximum à<br />

la création, comme une offrande à l’univers qui a<br />

permis avec des milliers de hasards accumulés que<br />

la vie soit possible et que nous ayons pu exister et<br />

en être pleinement conscient . L’une des plus belles<br />

phrases que j’ai eu à lire, c’est Leonard de Vinci qui<br />

Artistes artistes<br />

l’a écrite et qui résume beaucoup de choses pour<br />

moi : « On a la sensibilité de sa connaissance » .<br />

tu viens aussi de sortir un disque en duo avec élise<br />

caron (Bitter sWeets, également sur ton laBel<br />

quarK records) Plus déroutant.<br />

Ce travail avec Élise est un début . . . Cette rencontre<br />

avec cette immense artiste est comme une collision<br />

de deux galaxies dans le cosmos . . . on ne sait ni<br />

pourquoi ni comment mais c’est beau . . . en tous<br />

les cas nous avons envie de faire beaucoup de<br />

concerts, et d’enregistrer un deuxième disque, peut‑<br />

être beaucoup plus composé . nous allons bientôt y<br />

travailler .<br />

sur ce disque avec élise, vous n’aveZ Pas Précisé qui<br />

faisait quoi. Pour Brouiller encore Plus les Pistes ?<br />

Je suis son homme à tout faire . elle est ma bonne fée<br />

qui a plus d’une corde vocale à son arc . . .<br />

L’intégralité de cette entretien sur<br />

http://tohubohu.trempo.com<br />

edWard Perraud<br />

Synaesthetic trip<br />

Quarks Records – 2012<br />

Ce premier album d’edward Perraud en tant<br />

que leader réussit l’exercice délicat de rester<br />

accessible au plus grand nombre sans jamais<br />

édulcorer l’idiome jazz . Le morceau d’ouverture,<br />

« Xiasmes », en est un parfait exemple : sa ritour‑<br />

nelle trompette/piano reste dans la tête comme<br />

un bon thème de musique de film, mais ses ryth‑<br />

miques alambiquées se chargent d’élever l’audi‑<br />

teur dans des sphères plus cérébrales . Ce n’est<br />

pas un cas isolé : « Carnation Pop », « Trivium » ou<br />

« Afrique » répondent aux mêmes critères . et si<br />

d’autres plages du disque sont plus typiquement<br />

dans une veine free jazz, de discrètes incursions<br />

électroniques font également penser à certains<br />

artistes de l’écurie norvégienne Jazzland Recor‑<br />

dings (Bugge Wesseltoft, atomic, Wibutee…),<br />

mais qui auraient grandi davantage au soleil .<br />

Bon trip, donc !<br />

Kalcha<br />

www.edwardperraud.com<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012 9


10<br />

on avait l’HaBitude de se laisser Porter Par ZenZile<br />

là où leurs envies les menaient. du duB originel de<br />

la fin 90’s dont les angevins étaient Précurseurs,<br />

ils ont dePuis Ponctué leur son de rocK, de Prog,<br />

d’électro et de Pas mal de Post-Bi dule-cHouette. avec<br />

electric soul, ils entament comme un retour auX<br />

sources, mais Pas que. un alBum quasi-rétrosPective<br />

et surtout étonnement vocal. rencontre avec raggy.<br />

Par Benoît devillers<br />

Photo : Fabien tijou<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

Artistes<br />

ZenZile<br />

soul concrète<br />

l’art de ZenZile, c’est de se retrouver là où on ne<br />

l’attend Pas. comment donc se situe ce nouvel alBum<br />

dans votre discograPHie ?<br />

eh bien c’est le dernier ! on peut dire qu’il est très<br />

reggae, c’est peut‑être le disque le plus reggae qu’on<br />

ait fait, même s’il n’y a pas que ça . Il est entièrement<br />

chanté, ce qui est une première . Il y a déjà eu des<br />

disques avec beaucoup de chant, comme Living in<br />

Monochrome par exemple mais pas dans sa totalité<br />

comme celui‑ci .<br />

n’est-ce Pas dangereuX de surPrendre son auditoire ?<br />

est-ce que ça constitue le ciment du grouPe aPrès Plus<br />

de 15 ans d’eXistence ?<br />

Le truc c’est qu’on a surtout beaucoup enchaîné,<br />

entre enregistrements, sorties de disques, tournées . . .<br />

Je pense qu’on avait besoin de changer de style, pour<br />

continuer à avancer, à surprendre, à se surprendre et<br />

ne pas « s’engluer dans la routine » . un groupe c’est<br />

un peu comme un couple, si tu ne le nourris pas de<br />

projets, s’il ne se passe rien, au bout d’un moment<br />

tu t’ennuies . effectivement, pour aller loin le mieux<br />

c’est d’aller de l’avant, d’évoluer . après c’est sûr que<br />

ça n’est pas la voie de la facilité de ne pas brosser<br />

son public dans le sens du poil . on a dû laisser une<br />

partie de notre public amateur de dub sur le bord<br />

du chemin avec nos expérimentations un peu plus<br />

rock, maintenant on n’a aucun regret par rapport à<br />

ça . on fait de la musique comme on la vit : quand<br />

on a eu envie de s’énerver et de sortir la disto, on<br />

l’a fait . après ça, après avoir aussi fait la musique<br />

pour le ciné‑concert du film Le Cabinet du Dr Caligari,<br />

qui contient du dub mais aussi du post rock et pas<br />

mal d’autres couleurs, on a eu envie de revenir à un<br />

truc plus groove, plus dansant . et le hasard de la<br />

rencontre avec Jay‑Ree a enfoncé le clou sur ce côté‑<br />

là de notre musique, puisqu’il est venu poser une<br />

voix sur pas mal d’ambiances et de rythmes reggae .<br />

est-ce cette dernière rencontre qui a fondé le tournant<br />

100% vocal d’electric soul ?<br />

Sur la fin de la tournée de Pawn Shop on s’est croisé<br />

sur un festival en Bretagne où il jouait avec un de ses<br />

projets, Sax machine . très intéressant d’ailleurs, un<br />

trio hip hop expérimental avec Jay‑Ree en mC . Vince,<br />

notre clavier, a tendu l’oreille et a un peu bloqué sur<br />

lui . on a échangé nos contacts pour se revoir un an


et demi après . au début on pensait plutôt le brancher<br />

sur du hip hop et puis, en échangeant, on s’est<br />

rendu compte que c’était un grand fan de reggae,<br />

avant même d’être un fan de hip hop . on avait un<br />

terreau commun d’influences . Ceci explique aussi<br />

sa présence sur plus de la moitié du disque et on le<br />

retrouvera désormais aussi à nos côtés en tournée .<br />

C’est quelqu’un qui est déjà mûr musicalement,<br />

on est sur un pied d’égalité et le travail ensemble<br />

s’est fait très naturellement . Il a un super timbre,<br />

une bonne maîtrise vocale et vu sa grande culture<br />

reggae, ceci lui permet de bien se placer sur ce qu’il<br />

entend . C’est donc un très bon musicien !<br />

electric soul… question Bête, Pourquoi ce nom ?<br />

Quand on bosse sur un disque de Zenzile, on<br />

est souvent en train de chercher des termes qui<br />

décrivent ce qu’on fait, de théoriser un peu la<br />

matière qu’on est en train de sortir . Electric Soul est<br />

un des termes qui est venu au moment de bosser<br />

avec Winston mc anuff . on avait fait une session<br />

avec lui un peu avant la session pour le disque, enfin<br />

on a surtout fait une bonne bouffe . Il est revenu plus<br />

tard sur la partie plus sérieuse du taf et on a bossé<br />

sur trois morceaux avec lui . C’est quelqu’un qui est<br />

plus vieux que nous, il est empreint d’une sorte de<br />

sagesse . Il dégage vraiment beaucoup et agit avec<br />

beaucoup de sincérité, d’authenticité et d’âme . D’où<br />

le terme de soul . Plus on avançait dans la finalisation<br />

des morceaux, plus on trouvait qu’il résumait l’état<br />

d’esprit dans lequel on était : soul plus dans le sens<br />

d’âme que dans le sens soul music .<br />

ceci dit sa voiX est très soul sur « magic numBer ».<br />

Il y a une espèce de phrasé dans la lignée des fils<br />

de pasteur, comme souvent chez les chanteurs soul<br />

américains . Lui‑même est fils de pasteur et donc un<br />

peu dans cette tradition‑là, une manière de scander<br />

un peu proche du prêche . on pourrait rapprocher<br />

son timbre et sa manière de poser à de gens comme<br />

al Green par exemple, sur ce morceau‑là en tout cas .<br />

s’il ne devait y avoir qu’un titre à garder sur<br />

electric soul, lequel cHoisirais-tu ?<br />

Perso, ce serait justement « Magic Number » . J’adore<br />

la place, le son de la voix de Winston . Il descend<br />

grave dans les fréquences, avec une espèce de<br />

sifflement si tu écoutes bien, qui emmène sa voix<br />

aussi dans l’aigu et rend son spectre super large .<br />

C’est typiquement le genre de voix dans lequel on<br />

aime plonger . et aussi parce que ça fait longtemps<br />

qu’avec Winston qu’on se croise sur la route, qu’on<br />

s’est dit qu’on ferait des choses ensemble . Il faisait<br />

une date au Chabada quand on préparait Living in<br />

Monochrome . on était en train de bosser un morceau<br />

qu’on a pas gardé finalement, un truc à la croisée<br />

du dub et du rock, au niveau de l’énergie et de la<br />

Artistes<br />

pulse . Il était entré dans le local, super enthousiaste .<br />

Il m’a dit plus tard, après un concert qu’on avait fait<br />

ensemble à Paris, qu’il trouvait que l’on pouvait se<br />

rejoindre : lui venant du reggae et allant dans le rock<br />

pour l’énergie et nous à l’inverse, venant du rock et<br />

allant vers le reggae . et donc se rencontrer au milieu<br />

de tout ça .<br />

aura-t-on l’occasion de voir ce titre en live ?<br />

on le souhaite vraiment . Cependant il vient tout<br />

récemment de perdre son fils, on lui a transmis<br />

notre sympathie mais on le laisse vivre ce qu’il a à<br />

vivre en ce moment . Pour l’instant rien n’est prévu<br />

mais j’espère qu’on pourra partager la scène pour<br />

interpréter ce morceau, ce serait super .<br />

L’intégralité de cette entretien sur<br />

http://tohubohu.trempo.com<br />

ZenZile<br />

electric soul<br />

Yotanka Records/<br />

Differ‑ant – 2012<br />

RaPPoRt ZenZILe . mars 98 : soirée de soutien<br />

au Sous‑marin, salle vitrollaise bétonnée par<br />

l’extrême‑droite . Sur scène Zenzile, origine<br />

angers . agit‑prop dub, canal historique . Rond,<br />

aérien, organique . Sûrement gauchiste . À SuR‑<br />

VeILLeR . 98‑2004 : le mouvement grossit > res‑<br />

ter vigilant . 2005 : CHanGement . Modus Vivendi .<br />

Sons plus incisifs, voire rugueux . 2006 : devient<br />

sound system et verse dans l’electro est‑alle‑<br />

mande avec Meta Meta > BRouILLe LeS PISteS,<br />

maIntenIR Le ContRÔLe . 2007 : Living in Monochrome<br />

. mouvement inversé : combo rock teinté<br />

de dub . 2009 : Pawn Shop > retour aux sources .<br />

2012 : Electric Soul, dernier méfait . Condensé de<br />

l’œuvre du groupe, 100% vocal . a noter : Jamika<br />

plus mélodieuse . S’adjoint un gourou, dénom‑<br />

mé Winston mcanuff . nouveau membre – Jay<br />

Ree > caméléon : chante comme Horace andy et<br />

rappe comme Black thought . Se mÉFIeR De LuI .<br />

Se mÉFIeR D’euX .<br />

Benoît devillers<br />

www.zenzile.com<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012 11


12<br />

PeuX-tu me raconter ton Parcours de musicien<br />

et comment as-tu découvert la musique?<br />

J’ai commencé la guitare à l’âge de 8 ans . 1 re année<br />

à la BaraKaSon et ensuite 10 ans au Conservatoire<br />

de nantes . J’ai découvert la musique grâce à Gérard<br />

Vallée, mon père qui a fait de la musique toute sa<br />

vie . Il était batteur ! Il m’a fait écouter beaucoup<br />

de musique, surtout afro‑américaine : blues, funk,<br />

soul, hard rock, rock… et j’assistais de temps en<br />

temps aux répétitions de ses différents groupes .<br />

tu as donc touJours été Passionné Par les musiques<br />

Blues, afroBeat, funK?<br />

Le blues et le funk oui, car mon père en écoutait :<br />

Stevie Ray Vaughan, Hendrix, Ray Charles, the<br />

Blues Brothers, otis Redding ou James Brown par<br />

exemple .<br />

nous regardions beaucoup de vidéos de concerts<br />

pour capter l’énergie de ces génies . Le blues a été<br />

mon influence première, car pour un guitariste<br />

au départ, avec trois accords tu peux faire sonner<br />

quelque chose et puis surtout, cette musique<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

Artistes<br />

fonKy nyKo<br />

garde la PêcHe<br />

fonKy nyKo : c’est le nom du grouPe nantais qui sort son Premier alBum lifestyle. c’est aussi le<br />

surnom de son leader, Passionné dePuis le Plus Jeune âge Par les courants Blues, afroBeat, funK.<br />

cette actualité est l’occasion Pour nous d’aller à la rencontre de ce musicien suPer-actif et de Parler<br />

musique, vie de grouPe, de lifestyle en somme.<br />

Par Julien martineau<br />

Photo : ronan de mary<br />

apporte d’énormes sensations ! Le funk a été un<br />

vrai déclic dans ma vie . Il n’y a pas plus dansant que<br />

ça, à mon humble avis . J’ai tout de suite eu envie<br />

de penser, danser, chanter et jouer ce style . Grâce<br />

au funk, j’ai découvert le groove mais aussi un art<br />

de vivre, un Lifestyle (mode de vie) comme le titre<br />

du 1 er album de Fonky nyko ! Quant à l’afrobeat,<br />

c’est venu plus tard . Je jouais dans un groupe où<br />

nous étions nombreux (jusqu’à 16 parfois) qui<br />

s’appelait Funkle Ben’s, à l’époque on faisait des<br />

reprises de James Brown, des Skatalites… Puis on<br />

a découvert l’afrobeat et là je me souviens de la<br />

sensation que j’ai eue lorsque j’ai entendu pour<br />

la 1 re fois Fela Kuti . Je me suis mis à danser tout<br />

de suite, j’étais dans une véritable transe et je me<br />

suis dit : « Cette musique‑là : je veux la jouer ! » . on<br />

a décidé de reprendre des morceaux de Fela Kuti,<br />

et le groupe est devenu Walko .<br />

comment s’est formé fonKy nyKo ?<br />

au départ je ne voulais pas donner mon surnom<br />

comme nom de groupe mais mes amis musiciens<br />

ne m’ont pas laissé le choix, ils ont fini par me<br />

convaincre que c’était une évidence, vu que je


suis un des principaux compositeurs du groupe .<br />

Puis après réflexion, ça claque ce blaze, non ? au<br />

départ, j’ai écrit les morceaux de cet album seul<br />

en guitare/chant . Puis j’ai rencontré namasté<br />

(Simon Hurot), un batteur/percussionniste avec<br />

qui j’ai habité en colocation . Cela fut une superbe<br />

rencontre humaine et musicale puis on a fait un<br />

tas de concerts ensemble . ensuite, on a eu un<br />

troisième colocataire, mask (maxime Brottes),<br />

saxophoniste, avec qui je jouais déjà dans Funkle<br />

Ben’s et Walko . Poursuivant notre feeling pour ne<br />

jouer qu’avec des gens « humains », nous avons<br />

accueilli Poppy (Somsanouk Sengsay), guitariste<br />

et Zawi (Franck Bougier), héliconiste/trompettiste/<br />

tromboniste . Là est né le FnaQ : le Fonky nyko<br />

acoustique Quintet ! Lors de l’enregistrement de<br />

l’album, nous avions besoin de choristes pour<br />

une question d’esthétisme et de couleur de son .<br />

nous avons rencontré Julie Dumoulin, chanteuse,<br />

avec une voix funky à souhait ! Par la suite, nous<br />

avons changé de batteur lors de l’enregistrement<br />

pour repartir avec K20 (Kévin Grosmolard) qui joue<br />

sur la moitié de l’album et maintenant Fab (Fabien<br />

Perrodeau) . aujourd’hui, Fonky nyko est dans sa<br />

forme la plus accomplie .<br />

votre actu, c’est le disque qui sort en octoBre :<br />

c’est le 1 er ?<br />

oui c’est le premier, « the‑only‑one‑Fonky‑nyko‑<br />

Sound ! » . La sortie nationale de l’album Lifestyle<br />

distribué par Coop Breizh/avel ouest était prévue<br />

le 5 octobre 2012 . L’album a été enregistré sur<br />

plusieurs années au studio Balloon Farm à Rennes<br />

et le solo guitare/chant de la ballade « I’m fed up »<br />

au studio le Batiskaf . nous avons fêté l’événement<br />

le 13 octobre au Ferrailleur avec un concert et<br />

quelques surprises…<br />

comment a-t-il été conçu?<br />

tout d’abord j’écris les morceaux guitare/chant,<br />

je propose ou non une idée de partie à jouer pour<br />

chacun et on les arrange ensemble en répétitions<br />

puis ils murissent avec le temps . après, nous<br />

avons été dirigé en studio techniquement et<br />

artistiquement par albert milauchian, l’homme<br />

aux oreilles en or ! on a enregistré ensemble pour<br />

se rapprocher le plus possible du live, pour avoir<br />

un peu de chaleur et de vie dans notre musique .<br />

Puis il y a quelques titres où on a posé des voix<br />

supplémentaires et des cuivres juste pour le fun,<br />

mais tout en étant le plus proche possible de ce<br />

que nous pouvons faire en concert avec cette<br />

formation, et sans je ne sais quels artifices !<br />

êtes-vous entouré de laBel, tourneur, manager ?<br />

nous sommes entourés d’un label : Soulshine<br />

(La Jam, Bi .Ba, Fonky nyko, Walko, malted milk<br />

Artistes<br />

et Koffee) avec une trentaine de musiciens, des<br />

deejays, des techniciens son/vidéo/lumière, régis‑<br />

seurs, infographistes . . . on a rencontré Cécile Val‑<br />

lée par l’intermédiaire du collectif Soulshine . elle a<br />

voulu s’intégrer au projet Soulshine Party 2 et elle<br />

a fait un super travail en matière de communica‑<br />

tion . au même moment, on cherchait un tourneur<br />

pour Fonky nyko et comme elle avait déjà fait un<br />

peu de booking avec Productions Hirsutes et que<br />

notre musique lui plaît, on lui a proposé de travail‑<br />

ler avec nous .<br />

quelle est la suite Pour fonKy nyKo?<br />

J’ai quelques compositions sur le feu dont<br />

certaines sont déjà intégrées dans notre live,<br />

d’autres que je chanterais ou que Julie chantera .<br />

Zawi a aussi des compos, donc en somme, on a<br />

du boulot ! Je pense à un nouvel album, à jouer un<br />

peu plus et un peu plus loin géographiquement .<br />

J’aimerais aussi inviter quelques musiciens sur le<br />

prochain album ainsi qu’en live .<br />

« Solar energy » : deux mots et une expression<br />

composent le premier titre du Lifestyle, et ré‑<br />

sument très bien ce premier album . Le groupe<br />

nantais, (qui fait partie du respectable collec‑<br />

tif Soulshine) arrive en effet avec 11 titres tous<br />

aussi efficaces les uns que les autres ; des titres<br />

aux accents tantôt blues, tantôt funk, tantôt afro‑<br />

beat et parfois même un peu les trois à la fois .<br />

Il visite ainsi les musiques au service du groove<br />

avec un set éclatant de savoir‑faire dans chacune<br />

de ses composantes, et s’il faut absolument lui<br />

reprocher quelque chose, c’est peut‑être un petit<br />

manque de prise de risque… mais on n’a même<br />

pas envie de lui demander plus, à Funky nyko,<br />

tant on passe un bon moment à l’écoute de son<br />

disque .<br />

Julien martineau<br />

www.myspace.com/nyko44<br />

www.facebook.com/fonkynyko<br />

fonKy nyKo<br />

Lifestyle<br />

Soulshine/Coop Breizh/<br />

avel ouest – 2012<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012 13


14<br />

l’association cHaou Baou a dignement fêté ses cinq<br />

ans l’an dernier, et entame tout aussi vigoureusement<br />

son deuXième mandat.<br />

Créée en août 2006 par une bande de potes qui traînait<br />

au Foyer des Jeunes de noyant‑La‑Gravoyère (49), cette<br />

association a vite compris qu’il faudrait se démarquer<br />

pour exister . Plutôt que d’organiser un festival l’été<br />

comme tout le monde, Chaou Baou a donc préféré<br />

construire une programmation régulière de cinq à six<br />

concerts à des tarifs abordables de septembre à juin &<br />

une Fête de la musique gratuite .<br />

Plus audacieux encore, Chaou Baou se distingue rapi‑<br />

dement par ses goûts éclectiques toujours très affûtés,<br />

s’appuyant sur ce qui se fait de mieux dans la région<br />

(Von Pariahs, Fordamage, the Patriotic Sunday, La<br />

Ruda, tomawak, French Cowboy trio, John Doe’s unbe‑<br />

lievable Suicide, the Forks, Les Delfes, the Jahmaïcan’s<br />

Horse…) et se positionnant intelligemment sur de jolis<br />

projets (inter)nationaux (Son of Dave, Gablé, marvin,<br />

mein Sohn William, the Death Set, Stranded Horse,<br />

Biga*Ranx…) .<br />

Il faut dire que l’association a pu profiter d’un bel outil<br />

pour attirer les groupes avec la Salle de Parageots nou‑<br />

vellement rénovée, salle qu’une autre association de<br />

la Ville lui prête gracieusement . n’allez pourtant pas<br />

croire que tout est tombé tout cru dans le bec des<br />

Chaou Baoueux . Il leur a fallu convaincre les collecti‑<br />

vités et les habitants que la culture avait sa place en<br />

zone rurale aussi bien qu’en ville, presque comme un<br />

politique en campagne .<br />

« Depuis la création de l’asso en 2006, on vend chaque années<br />

des petits pains en chocolat à tous les habitants du vil-<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

PROJETS<br />

cHaou Baou<br />

lage. On fait du porte-à-porte. Ça ne nous rapporte pas grand<br />

chose financièrement mais chaque petit moment passé à<br />

discuter avec les gens a permis de briser des clichés, de rassurer<br />

les gens sur nos intentions, de faire venir quelques personnes<br />

à nos concerts. Bref, d’être reconnu et accepté comme<br />

un véritable acteur du circuit, et non simplement comme des<br />

petits jeunes qui veulent faire du bruit », explique Robin<br />

Godicheau, co‑programmateur et membre fondateur<br />

de Chaou Baou .<br />

Bien sûr, un peu isolée en pays segréen, l’association<br />

ne fait pas complet sur toutes ses dates, mais arrive<br />

toutefois à équilibrer sur l’année . « C’est difficile de savoir<br />

pourquoi les gens viennent ou non. On a parfois fait un four<br />

sur des projets qu’on pensait accrocheurs comme cette carte<br />

blanche au groupe montpelliérain Marvin, dont pas mal de<br />

medias parlaient à l’époque. Et à l’inverse on a cartonné avec<br />

The Death Set ou Biga*Ranx sans trop s’y attendre. Quoiqu’il<br />

arrive, les gens présents, qu’ils soient nombreux ou non,<br />

repartent généralement super heureux de ce qu’ils ont vu.<br />

C’est ce qui nous motive à continuer ! »<br />

Pour ce deuxième quinquennat, l’équipe de Chaou<br />

Baou réfléchit à décentraliser ses activités en quittant<br />

parfois le confort de la Salle des Parageots pour mieux<br />

investir le reste du territoire segréen . De nouvelles<br />

portes auxquelles frapper pour colporter la bonne<br />

musique .<br />

www.chaoubaou.fr<br />

Par Kalcha<br />

illustration : dr


à l’Heure où il est de Bon ton d’aPPeler de ses vœuX<br />

la Parité dans tous les secteurs de la société (et en<br />

Particulier dans les lieuX de Pouvoirs et le monde<br />

du travail), un festival déPasse le simPle constat<br />

et ProPose une vraie Place auX femmes. Parce que le<br />

merveilleuX monde du sPectacle n’est Pas eXemPt de<br />

travers seXistes, Battantes rétaBlit la Balance, avec<br />

détermination, mais sans eXclure qui que ce soit.<br />

Ce festival est né d’une rencontre, un soir de concert<br />

de tender Forever au Violon Dingue à nantes en 2008 .<br />

Basées chacune aux extrémités de l’estuaire de la Loire<br />

(Saint‑nazaire et nantes), muriel Bousseau et Sofy<br />

Girard œuvrent depuis des années au sein de leurs<br />

structures culturelles respectives : LmP et Wonder‑<br />

ground . Leurs échanges aboutissent à une 1 re édition<br />

en 2010 . Le ton est donné : Battantes mélange les arts<br />

et l’engagement artistique au féminin . Pendant quatre<br />

jours, Saint‑nazaire, trignac et nantes accueillent des<br />

projections (le documentaire La domination masculine<br />

de Patrick Jean) et surtout des concerts où, pour une<br />

fois, seules des femmes étaient sur scène (Jacky Star,<br />

Des ark, milky me, aube L, Resistenz) .<br />

Les deux têtes pensantes du festival rempilent cette<br />

année dans la même optique d’affirmation et de mise<br />

PROJETS<br />

Battantes !<br />

en lumière de femmes de talents . alors que personne<br />

n’ose demander aux autres festivals s’ils program‑<br />

ment sciemment des garçons, Sofy et muriel, elles, re‑<br />

vendiquent leur parti pris . Pour une fois, il n’y aura pas<br />

80 ou 90% de musiciens hommes sur scène . C’est aussi<br />

l’occasion de montrer que les filles, dans la culture, ne<br />

se cantonnent pas à l’administratif ou à la com’ .<br />

Battantes 2012 investit à nouveau les villes de Saint‑<br />

nazaire, trignac et nantes du 15 au 17 novembre 2012<br />

et nous propose toute une palette de musiciennes<br />

talentueuses, du local (Boy, Laetitia Sheriff), du natio‑<br />

nal (Lispector, alligator), de l’international (trash Kit<br />

où œuvre Ros murray, la bassiste d’electrelane), un<br />

ovni scénique (le conte politique L’île aux femmes par la<br />

compagnie Pepaloma), une expo photo et une projec‑<br />

tion de documentaire (Attention féministe !) .<br />

Si on devait résumer cet événement : « Battantes<br />

n’est pas un festival contre les hommes. C’est pour les<br />

femmes. »<br />

www.battantes.fr<br />

www. facebook.com/battantes.fest<br />

Par emmanuel legrand<br />

illustration : dr<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012 15


La médiathèque est, sans conteste, depuis ces trente<br />

dernières années, un vecteur important de diffusion<br />

d’œuvres musicales .<br />

appréciée pour son rôle désintéressé et indépendant,<br />

ce lieu de découverte occupe une place privilégiée<br />

auprès du public . malgré cette reconnaissance et<br />

cette bienveillance quasi unanime, l’érosion des<br />

fréquentations démontrée par plusieurs enquêtes 1 ,<br />

résonne pourtant comme une forte contradiction .<br />

Stigmatisé et accusé de marcher sur ses plates<br />

bandes, l’usage d’Internet est sans nul doute le<br />

comportement sociologique le plus responsable de<br />

ce lent déclin . À ce constat, il existe comme toujours<br />

deux façons de réagir, se laisser envahir par la fatalité<br />

ou réagir .<br />

Si l’ouverture du sanctuaire est la piste principale à<br />

privilégier, par exemple avec la décentralisation vers<br />

des lieux publics (réels et virtuels), mettre l’accent<br />

sur ses qualités de défricheur de talents est l’autre<br />

idée avancée très intéressante . Celle‑ci devient<br />

évidente quand, à l’initiative d’une collaboration<br />

des médiathèques de Pacé (35) et du CDC du Pays<br />

d’argentan (61) en janvier dernier, les discothécaires<br />

proposent d’inclure aux catalogues de leurs<br />

établissements l’accès à une sélection d’œuvres sous<br />

licences libres . Ils exploitent ainsi l’une des faiblesses<br />

d’Internet, qui désormais, croule sous l’abondance<br />

de contenus copyleft 2 . au point de décourager les<br />

recherches de bon nombre d’internautes mélomanes .<br />

Ziklibrenbib, c’est avant tout un site web ou plus<br />

exactement un blog collaboratif qui propose, par des<br />

16 toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

Génération y<br />

ZiKliBrenBiB.fr<br />

chroniques d’albums rédigés par les discothécaires,<br />

de populariser et d’offrir une vitrine à ces œuvres<br />

souvent complexes à dénicher . Depuis sa création le<br />

projet fait tâche d’huile, il rassemble de plus en plus<br />

de contributeurs homologues, à travers tout le pays .<br />

L’outil n’aurait rien d’original si il en restait là, la force<br />

de la médiathèque c’est avant tout le contact humain .<br />

Les sélections se retrouvent donc concrètement<br />

sur les présentoirs sur support CD‑R ou clé uSB<br />

pour le prêt . mais aussi pour les usagers les plus<br />

technophiles, l’écoute et le transfert des titres sur leur<br />

propre dispositif de stockage via une borne est alors<br />

possible . C’est bien en profitant des désavantages<br />

inhérents au web, que la médiathèque occupera son<br />

rôle complémentaire et non concurrentiel .<br />

La démarche a surement déjà vu le jour auparavant<br />

dans un autre endroit du monde, mais ce qui<br />

intéresse au delà d’une revendication de paternité,<br />

c’est la volonté de ce site de vouloir fédérer les<br />

médiathèques entre elles . Sur ce sujet on pense<br />

bien sûr, au site précurseur Dogmazic . Piloté par la<br />

célèbre association militante bordelaise musique<br />

libre !, celle‑ci s’est confrontée assurément aux<br />

difficultés d’implanter des relais sur tout le territoire .<br />

D’ailleurs en 2008, après quelques années de<br />

recherche et développement, certains membres<br />

ont crée la SaRL Pragmazic pour commercialiser<br />

des bornes interactives . Sans surprise, leurs cibles<br />

seront les médiathèques . mais même avec un bilan<br />

encourageant, le reproche majeur reste la profusion<br />

des contenus, dupliquant alors l’inconvénient déjà<br />

identifié du web .<br />

La musique libre trouve peut‑être dans le dispositif<br />

Ziklibrenbib, le chaînon qui manquait à son circuit<br />

de mise en relation . C’est donc une occasion parfaite<br />

pour ce pan musical, de faire connaître sa démarche<br />

dogmatique complètement méconnue du grand<br />

public . De leurs côtés, les médiathèques condamnées<br />

à innover pour garantir leurs existences, doivent<br />

entrevoir le potentiel des œuvres libres en général,<br />

et être lucide sur la valorisation qu’ils apportent par<br />

leur statut .<br />

http://ziklibrenbib.fr<br />

1 CF Bulletin des bibliothèques de France 2010 ‑ t . 55, n° 5 sur http://bbf .enssib .fr<br />

2 par opposition au copyright<br />

Par denis dréan<br />

Photo : dr


The nexT big Thing<br />

Paroles d’acteurs<br />

Pascal massiot<br />

JOUrnaliste, radiO Jet Fm (saint-HerBlain)<br />

un vrai soutien à l’économie sociale et solidaire<br />

(eSS), vite !!! La création d’un ministère de l’eSS<br />

et un projet de loi pour aider et encourager le<br />

développement du secteur sont source d’espoir<br />

pour les acteurs . monsieur le ministre, mesdames et<br />

messieurs les parlementaires, faites vite, ça urge !!!<br />

srfeliX<br />

mUsicien (saint-naZaire)<br />

Des concerts ! Le 24 novembre 2012 je joue à Limoges<br />

dans le cadre de la 15 e édition du festival Pop sur la<br />

ville . C’est un super festival qui programme cette<br />

année Ramona Cordova, matt elliott, angil & the<br />

Hiddentracks…<br />

tHierry Bidet<br />

PrOgrammateUr FestiVal les Z’ÉclectiQUes (cHemillÉ)<br />

J’attends avec impatience que les nantais parlent<br />

d’angers, que les angevins parlent de Cholet, que<br />

les Choletais parlent des mauges ; une version de<br />

Facebook facilement utilisable par les plus de 40 ans ;<br />

le toboggan reliant mon balcon du 1 er étage à ma<br />

cour, la création de la collection été des Z’Éclectiques .<br />

suZie macel<br />

rÉdactrice en cHeF, magaZine le scÉnO (angers)<br />

une éruption de cafés‑concerts à angers, la réin‑<br />

carnation de Janis Joplin, la prochaine installation<br />

des Lucie Lom, un concert de Sharon Jones & the<br />

Dap‑Kings dans le coin, la première soirée raclette<br />

et que mon compte en banque dépasse le stade du<br />

découvert…<br />

elsa gicquiaud<br />

cHargÉe de cOmmUnicatiOn, 6Par4 et FestiVal les 3 ÉlÉPHants (laVal)<br />

Les 5 ans du 6PaR4 en février 2013 bien sûr ! Sinon,<br />

moins corporate, le retour d’Half moon Run en<br />

France, une date à Paris en novembre, j’espère<br />

d’autres ensuite .<br />

un casting d’acteurs de la région qui nous<br />

confient ce qu’ils attendent imPatiemment<br />

Pour ces ProcHaines semaines…<br />

Jeff Peculier<br />

mUsicien, la casa (laVal)<br />

Bien que l’anniversaire de ma fille reste pour moi<br />

l’événement de cette fin d’année, j’avoue qu’avoir<br />

programmé cet automne les enregistrements de<br />

trompette pour le prochain album de La Casa<br />

représente pour moi la cerise sur le gâteau .<br />

BoomtraPPed<br />

mUsicien (le mans)<br />

Des journées qui passent de 24 à 72 heures, un<br />

ciné‑concert La Mouche qui tourne au Japon en<br />

même temps que Boomtrapped, un génie de la<br />

lampe qui me transforme en as de l’animation 3D .<br />

Boomtrapped qui vend 100 000 maxis et si j’ai encore<br />

du temps, bosser avec Jonny Greenwood qui devrait<br />

me contacter sous peu (ou pas) .<br />

Paul géléBart<br />

memBre dU laBel FlUX PrOd (le mans)<br />

Les créations en cours chez Flux Prod : Slurp BB et<br />

Rémy toulon, urbi et orbi (chant diphonique et jazz<br />

le 5 février à l’espal), et la rencontre entre mota et<br />

Bijan Chémirani aux percussions, mais aussi les<br />

actions culturelles du Pannonica et Glück à Prague<br />

et Berlin !<br />

Pascal tremBlay<br />

rÉgisseUr stUdiOs rÉPÉtitiOn FUZZ’YOn (la rOcHe-sUr-YOn)<br />

entendre le nouveau set live des angevins de Zenzile .<br />

emmener ma fille voir le ciné concert de mami Chan<br />

« Bonjour la neige » . Finir de déchiffrer le prélude en<br />

ré mineur de la suite n°2 pour violoncelle de J .S . Bach<br />

sur ma Jazz Bass préférée .<br />

Pascal daviaud<br />

disQUaire sans ÉtiQUette (la rOcHe-sUr-YOn)<br />

À l’époque des news, de la tendance, je pense à<br />

des groupes anciens qui ont influencé, marqué le<br />

paysage musical et qui vont avoir de l’actualité . Sonic<br />

Youth : Live au Smart Bar –1985 (14 novembre 2012),<br />

période Bad moon Rising, mes oreilles en frémissent<br />

déjà… le live de GYBe (Lieu unique : 2 novembre<br />

2012) une date si proche sur le calendrier mais si<br />

lointaine quant à mon envie d’y participer…<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

17


18<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

DOSSIER<br />

arrêt sur l’image<br />

on est en 1983 et michael Jackson est bien vivant,<br />

même s’il danse entouré de zombies . Le clip de<br />

« Thriller », peut‑être le plus célèbre de l’histoire,<br />

donne ses lettres de noblesse au genre et<br />

symbolise le succès de la chaîne mtV lancée deux<br />

ans plus tôt . Cependant, vingt ans auparavant,<br />

son et image tissaient déjà des liens étroits . ainsi,<br />

avant de devenir un festival nantais bien connu<br />

consacré à l’électro et aux arts numériques, le<br />

scopitone désignait dans les années 60 une sorte<br />

de juke‑box à écran qui, moyennant une pièce,<br />

jouait une chanson accompagnée d’un court‑<br />

métrage musical .<br />

La plus grande révolution concernant la diffusion<br />

de la vidéo musicale est toutefois plus récente :<br />

c’est avec le développement exponentiel d’internet<br />

et des sites de vidéo en ligne que le clip touche<br />

son plus large public . Le délicat Justin Bieber et<br />

son « Baby » détiennent ainsi le record du morceau<br />

le plus visionné de l’histoire, avec près de 800<br />

millions de vues .<br />

De fait, aujourd’hui, Youtube a définitivement<br />

supplanté mtV, comme le constate maxime arrivé,<br />

de l’agence de communication musicale La Lune<br />

Records . « Accéder à des chaînes comme MTV, M6,<br />

MCM ou W9 est une plaie sans nom, le tout pour une<br />

visibilité incertaine. Il y a encore dix ans, passer sur<br />

une chaîne musicale avait une vraie valeur. Ce n’est<br />

plus le cas aujourd’hui. On l’a bien constaté avec notre<br />

clip La Machine du groupe Nouvel R, qui figurait dans<br />

la playlist de MTV. Même s’il est vrai que je ne passe<br />

pas ma vie devant cette chaîne, je ne l’ai jamais vu.<br />

J’imagine qu’il était diffusé la nuit entre 4h36 et 4h39<br />

(rires). De toute façon, aujourd’hui, c’est sur internet<br />

que tout se joue. »<br />

musique et image – cliPs, teasers<br />

si la musique et l’image ont touJours entretenu des liens Privilégiés, leur imBrication n’a Jamais été aussi<br />

forte qu’auJourd’Hui. autrefois réservée auX Poids lourds de l’industrie musicale et cantonnée auX cHaînes<br />

de télévision, la vidéo est désormais accessiBle auX Petits grouPes et s’est même imPosée, avec l’eXPlosion des<br />

suPPorts de diffusion sur le net, comme un vecteur de Promotion quasi indisPensaBle. la Preuve en images, en<br />

comPagnie de vidéastes, d’artistes et d’acteurs du milieu de la musique.<br />

Par damien le Berre<br />

illustrations : adélaïde gaudéchoux – adelaidegaudechoux.free.fr<br />

BroadcasteZ-vous !<br />

avec une conséquence de taille : alors que le clip a<br />

longtemps forcément dû passer par le prisme de<br />

la télévision et se voyait donc réservé aux groupes<br />

déjà bien installés, le web a permis aux artistes<br />

émergents de devenir leur propre diffuseur de<br />

vidéos . Résultat : tout le monde s’y est mis . « On a<br />

vraiment vu le phénomène prendre une grande ampleur,<br />

explique Stéphane Martin, programmateur au Chabada<br />

depuis 2000. C’était déjà le cas depuis un moment sur<br />

le réseau hip-hop, dans lequel n’importe quel petit<br />

groupe sortait tout de suite une vidéo de son morceau.<br />

Or, depuis trois ans maintenant, tous les styles musicaux<br />

sont concernés — peut-être juste un peu moins pour<br />

la chanson française. Et c’est clairement venu avec<br />

l’avènement de YouTube et Facebook qui permettent de<br />

partager instantanément ses vidéos. »<br />

Cette offre foisonnante a forcément un impact sur le<br />

comportement du public qui a modifié son rapport


à la musique . Le constat est abrupt : aujourd’hui le<br />

son ne suffit plus . « Sur internet, on partage beaucoup<br />

plus facilement une image animée qu’un fichier son.<br />

Et dans une soirée, on met de plus en plus un clip sur<br />

YouTube ou Dailymotion que du simple streaming. La<br />

vidéo est donc beaucoup plus virale que le son seul »,<br />

analyse Chloé nataf, chargée de développement des<br />

musiques enregistrées à trempolino .<br />

un avis partagé par Stéphane martin . « Une vidéo<br />

améliore beaucoup la visibilité d’un groupe, bien plus<br />

que du simple son sur Bandcamp ou MySpace, pour ceux<br />

qui s’en servent encore. Il est devenu dur de regarder un<br />

morceau sur Bandcamp. Les crêtes [l’interface du site ;<br />

NDLR] c’est bien joli, mais le public veut du glamour et<br />

cela passe par l’image. Il faut donc clipper le plus vite<br />

possible. Ainsi, les petits groupes sur un pied d’égalité<br />

avec les grosses pointures. C’est un conseil que je donne<br />

donc aux artistes en développement : il faut sortir<br />

immédiatement de l’image ! »<br />

De l’image donc, et pas forcément du clip, réenchérit<br />

Chloé nataf . « Il faut systématiser la captation vidéo<br />

autour de tout ce qui touche à la vie du groupe : les<br />

répètes, les tournées, les concerts filmés, etc. Cette matière<br />

servira à un moment où son actualité est creuse au<br />

niveau artistique — parce que l’album sera sorti depuis<br />

un moment ou qu’il manquera de financement pour un<br />

vrai clip. On peut de cette manière créer une actualité,<br />

certes un peu factice, mais une actualité quand même. »<br />

maxime arrivé de La Lune Records confirme qu’il<br />

existe bien une vie en dehors du clip . « L’electronic<br />

press kit (regroupant généralement une interview et<br />

un extrait de live) est intéressant pour les groupes qui<br />

ont une certaine notoriété, comme Lo’Jo ou Zenzile par<br />

exemple, moins pour ceux qui commencent. Pour les<br />

groupes émergents, on recommande du faux live en<br />

studio. Dans l’après-midi, le groupe joue sept ou huit<br />

fois le morceau avec des angles de vue différents. On l’a<br />

fait dernièrement pour Daria et leur morceau Prove Me<br />

Wrong, dans un studio de résidence au Chabada. Ça ne<br />

coûte pas très cher et c’est efficace. »<br />

DOSSIER<br />

10 cliPs à voir<br />

Cabadzi – « J’aime Pas Noël » (Mac néma)<br />

un clip rigolo dans lequel on peut même voir<br />

le Carrefour de Beaulieu (nantes) .<br />

Mashiro – « Madness » (thomr)<br />

Les débuts du talentueux thomas Rabillon au<br />

service d’un groupe angevin .<br />

C2C – « F.U.Y.A » (20syl & Francis Cutter)<br />

Visite de l’abbaye de Fontevraud sous<br />

influence michel Gondry .<br />

Katerine – « La Banane » (gaëtan Chataigner)<br />

Des bananes, une plage bretonne et une<br />

Victoire de la musique du meilleur clip .<br />

Von Pariahs – « Someone New » (Mac néma)<br />

Rencontre audacieuse entre cold‑wave et<br />

danse acrobatique .<br />

One-Way Mirror – « Yes But No »<br />

(Matthieu Bichelberger & Stéphane Keca)<br />

Le clip vainqueur du concours lancé par le<br />

groupe de métal angevin .<br />

Daria – « The English Cloud »<br />

(Maxime & Valentin arrivé)<br />

on ne voit pas tous les jours une vidéo tournée<br />

en haut d’un phare .<br />

Vedett – « Marry Me » (autoproduit)<br />

ou comment recycler les vieilles bandes d’un<br />

mariage en Super 8 .<br />

Ok go – « This Too Shall Pass » (James Frost)<br />

Peut‑être le groupe le plus suivi aujourd’hui<br />

sur le net pour ses vidéos .<br />

Woodkid – « Iron » (Yoann Lemoine)<br />

Quand le clip pousse l’esthétique à l’extrême .<br />

Pour beaucoup, Le clip de ces dernières années .<br />

Flashez ce code pour voir les clips sur le<br />

blog Hors‑Sillon<br />

www .trempo .com/hors‑sillon<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012 19


20<br />

l’image Pour créer l’image<br />

Jennifer Lambert est attachée de presse pour Von<br />

Pariahs, groupe de rock au succès annoncé, dont<br />

le premier album est prévu pour le printemps . elle<br />

reconnaît l’importance de la stratégie visuelle chez<br />

ses poulains . « Même si je pense que le côté scénique reste<br />

le plus important, l’aspect visuel fait aujourd’hui clairement<br />

partie du jeu. Cela comprend aussi bien le logo du groupe que<br />

les vidéos réalisées par Mac Néma. » Déjà remarqué pour<br />

ses travaux avec Le Coq, mc Circulaire ou Cabadzi, ce<br />

dernier se revendique (sans non plus se prendre trop<br />

au sérieux) visual designer du sextet vendéen . « Avec<br />

les influences cold-wave des Von Pariahs, il me paraissait<br />

évident d’aller puiser dans l’imagerie des années 80. J’ai<br />

fait un travail de recherche pour voir comment un groupe<br />

communiquait à cette époque, même si, bien évidemment,<br />

il n’y avait pas les mêmes moyens que maintenant. Il en<br />

est ressorti que, souvent, une seule personne s’occupait<br />

de l’identité visuelle. Par exemple, pour Joy Division, Peter<br />

Saville faisait les pochettes d’albums, les photos, etc. On est<br />

donc parti de ce principe : autant qu’une seule personne,<br />

connaissant bien l’univers du groupe, s’occupe de toute<br />

la partie visuelle, afin d’obtenir une image cohérente. En<br />

l’occurrence quelque chose de très minimaliste, à l’opposé de<br />

tout ce qui est clinquant, parce que la musique doit passer<br />

avant tout. Moi je suis à côté, voire même après. Je n’ai pas<br />

envie que le visuel soit plus fort que la musique. »<br />

un cliP de a à Z<br />

une course‑poursuite hallucinante<br />

entre deux voitures en modèle ré‑<br />

duit, filmée image par image dans<br />

un appartement . Le clip de « I’m<br />

Someone Who Dies » des nantais de<br />

Papier tigre s’est fait remarquer<br />

sur la toile cette année, aux côtés<br />

de productions aux moyens autre‑<br />

ment plus importants . De l’idée<br />

de départ au résultat fini, Gérald<br />

Fleury, co‑réalisateur de l’objet avec<br />

timo Hateau, livre ses secrets de<br />

fabrication .<br />

« C’était ma première expérience dans<br />

ce domaine. J’étais en train de finir la<br />

pochette de l’album des Papier Tigre et je<br />

leur ai proposé de faire un clip. Au départ,<br />

pour la pochette, je voulais représenter<br />

un accident avec des voitures miniatures,<br />

un thème auquel je pensais depuis longtemps.<br />

Mais ça ne leur plaisait pas trop.<br />

Du coup j’ai recyclé l’idée pour une vidéo.<br />

Il y avait un morceau du disque que j’aimais<br />

beaucoup sur lequel je pensais que<br />

ça pouvait coller. Alors je me suis lancé.<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

DOSSIER<br />

J’ai acheté sur internet des vieilles voitures<br />

américaines au 1/18. J’ai installé<br />

des petites lumières dans le gyrophare<br />

et les feux, ajouté des interrupteurs. Et<br />

on a passé une semaine enfermés dans<br />

mon appartement à bosser 18 heures<br />

par jour, à quatre pattes tout le temps<br />

pour pousser les voitures centimètre par<br />

centimètre ! Il n’y avait pas vraiment de<br />

storyboard, juste les grandes lignes, on<br />

a beaucoup improvisé. On avait juste<br />

scénarisé par rapport aux breaks du<br />

morceau. On n’a pas illustré chaque coup<br />

de cymbale mais quand même essayé de<br />

coller au rythme général du titre. Il faut<br />

dire qu’on était pris par le temps car le<br />

procédé image par image est extrêmement<br />

long : trois jours pour réaliser une<br />

minute trente ! À l’arrivée, on n’avait<br />

quasiment pas de déchet au niveau des<br />

rushs, seule une scène de dix secondes<br />

a été supprimée. Au niveau du matériel,<br />

on s’est débrouillé avec peu de choses :<br />

quelques petits spots, un appareil photo<br />

Nikon D300 piloté par ordinateur avec<br />

le logiciel Dragon et un retour vidéo. Ce<br />

qui permet, très utile, de voir l’image<br />

précédente en transparence. J’ai bricolé<br />

un double rail de petit train pour faire<br />

les travellings. Une fois le tournage et le<br />

montage finis, il y a eu le travail de postproduction<br />

: corriger la lumière, effacer<br />

avec Photoshop les petits sucres qui servaient<br />

à caler des éléments du décor, les<br />

fils qui traînaient par-ci par-là...<br />

Comme souvent dans le milieu indépendant,<br />

c’était un échange de services<br />

entre copains, dans une logique de<br />

réseau. Le groupe a pu utiliser le clip<br />

pour sa promo, en profitant de sa notoriété<br />

pour le diffuser, ce qui fait qu’il a<br />

pas mal circulé et a été remarqué. De<br />

notre côté, on s’est servi de leur morceau<br />

pour créer un objet un peu particulier,<br />

qui a davantage sa propre vie qu’un clip<br />

classique où le groupe est filmé. Et puis<br />

jouer aux petites voitures pendant une<br />

semaine, même si c’était du boulot, ça<br />

n’était pas désagréable (rires) . »


city series : des grouPes dans la ville<br />

the Patriotic Sunday dans le rond<br />

central de La Beaujoire, a Few my<br />

nephew au musée des Beaux‑arts<br />

ou encore am Lily andorphin en<br />

haut de la tour Lu . Ce sont en tout<br />

huit groupes ou musiciens locaux<br />

qui ont, le temps d’un tournage,<br />

délaissé le studio ou la scène pour<br />

enregistrer deux morceaux filmés<br />

dans le lieu de leur choix .<br />

Le concept de ces captations dans<br />

des endroits insolites est bien<br />

connu des habitués de La Blogo‑<br />

thèque et de ses Concerts à em‑<br />

porter — dont certains, comme<br />

celui d’arcade Fire dans un<br />

ascenseur, sont devenus cultes .<br />

trempolino & la boîte de produc‑<br />

tion Kidam ont donc décidé de<br />

transposer l’idée à l’échelle de<br />

nantes, dans le sillage des expé‑<br />

riences rennaise et bordelaise .<br />

Pour cela, un jury de profession‑<br />

le vidéaste : un alcHimiste<br />

Faire dialoguer l’image et le son, parce qu’ils sont<br />

comparables et complémentaires, c’est justement<br />

ce qui intéresse thomas Rabillon, un jeune<br />

vidéaste nantais qui s’est fait connaître sous le<br />

nom de thomR . une vision exprimée dans des films<br />

réalisés en immersion dans les univers des thugs,<br />

mansfield . tYa ou encore Yann tiersen . « Il y a une<br />

musicalité dans l’image et c’est ce que j’essaye de faire<br />

ressortir, notamment au moment du montage, le moment<br />

le plus propice, avance-t-il. Je veux gommer la frontière<br />

entre l’image et le son pour qu’ils forment un tout.<br />

D’ailleurs, je ne pense pas qu’il y ait une grande frontière<br />

entre l’image et la musique, pour moi les deux peuvent<br />

communiquer facilement. »<br />

Cette communication se fait particulièrement ai‑<br />

sément quand le vidéaste et le musicien ne font<br />

qu’un . C’est le cas de 20syl, membre du collectif<br />

électro nantais C2C qui squatte le top des charts<br />

avec son album Tetra . Il est également co‑réali‑<br />

sateur du clip de « F.U.Y.A », saisissant exercice de<br />

style sous influence Gondry, tourné dans l’abbaye<br />

de Fontevraud . « Je pense que quand tu as une sensibilité<br />

artistique, elle est exacerbée dans tous les domaines.<br />

C’est rare de trouver un musicien qui est complètement<br />

insensible à l’image. Au sein de C2C, on est tous des<br />

grands fans de clips, on aime beaucoup ceux d’OK Go par<br />

DOSSIER<br />

nels des médias et des salles de<br />

spectacles s’est mis d’accord sur<br />

huit noms . outre les trois pré‑<br />

cités, Von Pariahs, Will Guthrie,<br />

marc morvan & Ben Jarry, mans‑<br />

field . tYa et my name Is nobody<br />

ont été choisis .<br />

Sollicitée pour financer l’opéra‑<br />

tion, la Ville de nantes a donné<br />

son aval au projet . « Ça nous a<br />

tout de suite interpellé », explique<br />

amandine Rocheteau, chargée<br />

de mission à la direction du déve‑<br />

loppement culturel . « On a trouvé<br />

l’idée doublement intéressante. D’un<br />

côté, c’était l’occasion pour la Ville de<br />

promouvoir la scène émergente en<br />

permettant aux groupes de disposer<br />

d’une vidéo originale pour leur promo.<br />

Et de l’autre, le dispositif apporte<br />

un regard neuf sur la ville, il invite à<br />

la découvrir différemment, du point<br />

de vue des artistes. »<br />

Vincent Dupas alias my name Is<br />

nobody a tout de suite accepté la<br />

proposition . « Je suis parfois un peu<br />

réticent au niveau de l’utilisation de<br />

la vidéo. Mais là, connaissant le travail<br />

du réalisateur Thomas Rabillon,<br />

j’étais en confiance. Et j’ai récupéré<br />

une belle vidéo de live, avec un son<br />

bien meilleur que lors d’un concert<br />

classique. » avant d’avouer, gogue‑<br />

nard, en avoir aussi profité pour<br />

faire un peu de placement de pro‑<br />

duit . « Pour le morceau tourné chez le<br />

disquaire indé Melomane, l’un de mes<br />

endroits préférés à Nantes, je m’étais<br />

arrangé pour caser les disques des<br />

copains en arrière-plan... »<br />

Flashez ce code pour<br />

voir les City Series sur<br />

le site de trempolino<br />

www .trempo .com/<br />

city‑series‑nantes<br />

exemple, précise-t-il en introduction. Même si un clip ultra-scénarisé<br />

peut être intéressant, avec l’idée que le son<br />

devienne la BO d’un petit film, je préfère les clips bricolés<br />

dans lesquels on sent une astuce au service de la musique.<br />

Parce que, pour moi, un bon clip est un clip qui ne<br />

brise pas l’imaginaire que chacun peut se créer en écoutant<br />

le morceau, qui laisse une ouverture et n’enferme<br />

pas la musique dans une image. La difficulté est donc de<br />

trouver une image forte et efficace tout en laissant cette<br />

ouverture, car la vidéo peut vite être écrasante. J’aime<br />

que le spectateur puisse garder sa plage d’imagination<br />

sur un morceau. C’est ce qui m’a guidé pour « F.U.Y.A ».<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012 21


22<br />

au nom de la loi<br />

thierry Caron est secrétaire général<br />

du Syndicat des producteurs de pro‑<br />

grammes audiovisuels et musicaux<br />

(SPPam) . Il est donc bien placé pour<br />

donner quelques conseils juridiques .<br />

« L’idéal est de faire les choses dans les<br />

règles, en déclarant le réalisateur et les<br />

figurants, ce qui permet d’être couvert<br />

en cas d’accident sur le tournage par<br />

exemple.<br />

Mais il faut être lucide, la personne qui fait<br />

un clip pour le groupe de rock de ses potes<br />

ne va pas passer par ce genre de dispositif.<br />

Aujourd’hui beaucoup de clips se font<br />

bénévolement ou de manière informelle.<br />

Mais même en réalisant dans ce cadre, il<br />

faut faire attention à un certain nombre<br />

de choses. Ne pas filmer les gens à leur<br />

insu si le clip se passe dans un lieu public.<br />

Faire signer un papier de droit à l’image<br />

à tous ceux qui apparaissent dans le clip.<br />

Dès qu’il y a un lieu privé reconnaissable,<br />

il est également préférable de demander<br />

l’autorisation au propriétaire. D’une manière<br />

générale, un petit papier ne mange<br />

pas de pain et peut éviter pas mal de<br />

désagréments par la suite. »<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

DOSSIER<br />

affinités, Bricolage et Bonnes idées<br />

une vision des choses partagée par Gaëtan Chataigner : « Filmer<br />

de la musique, c’est chercher une alchimie un peu mystérieuse. Dans<br />

la musique, il y a une représentation d’image abstraite. Et nommer le<br />

réel de façon plus concrète peut, dans certains cas, ne pas fonctionner »,<br />

précise le bassiste historique des Little Rabbits et French<br />

Cowboy, mais également réalisateur emblématique pour son<br />

ami Philippe Katerine (une Victoire de la musique à la clé pour<br />

le clip de « La Banane ») . avant d’insister sur l’importance de la<br />

relation entre le vidéaste et le musicien . « Avec Philippe, ça part<br />

souvent d’une discussion mais il me fait confiance et j’ai la plupart<br />

du temps carte blanche. Tout comme moi, il n’est pas à la recherche<br />

d’un truc beau et technique. Il est plus dans une approche régressive<br />

des choses, ce qui fait que l’image peut aussi se permettre de prendre<br />

des risques. J’exagérerais en disant qu’on décide au petit-déjeuner de<br />

ce qu’on va tourner dans la journée, mais c’est presque ça. » même si<br />

les moyens mis à sa disposition sont plus importants et qu’il est<br />

désormais sollicité pour travailler avec des artistes mainstream<br />

comme Lavilliers ou Julien Clerc (« Je me dis parfois qu’il y a une<br />

sorte de malentendu »), le nantais revendique toujours un rapport<br />

« dilettante » à la réalisation . « J’aime être vierge de savoir-faire, je<br />

trouve que c’est souvent là que ça se passe. C’est une approche décalée<br />

et culottée qui me plaît. La technique, finalement, ça s’invente. »<br />

une approche décomplexée et DIY qu’on retrouve chez beau‑<br />

coup de vidéastes . Ça tombe bien car, même si la démocratisa‑<br />

tion des appareils photos numériques permettant le tournage<br />

d’une vidéo de qualité a sensiblement diminué les coûts, la réa‑<br />

lisation d’un clip reste quelque chose de coûteux (1 000 € étant<br />

le très strict minimum) .<br />

À moins d’avoir un grenier qui recèle des surprises, comme le<br />

raconte Stéphane martin du Chabada . « Il y a beaucoup de manières<br />

de réussir une vidéo, sans forcément avoir beaucoup de moyens.<br />

L’important est d’avoir une idée, un angle original. Tout est utilisable<br />

pour peu qu’on ait un peu d’imagination et un brin de talent. Je pense<br />

à un groupe angevin, VedeTT, qui vient de sortir un clip génial en Super<br />

8. Le morceau s’appelle marry me et la vidéo a été réalisée à partir<br />

de vieilles images du mariage de l’oncle du bassiste...»


toHu BoHu sur les ondes<br />

VenDReDI 9 noVemBRe<br />

Le Barouf (8 rue Victor Bonhommet),<br />

de 18h30 à 20h<br />

DOSSIER<br />

emission de radio en public qui développera la thématique<br />

de ce dossier .<br />

invités (sous réserve de modifications) : 20Syl (C2C/Hocus<br />

Pocus), marie‑anne Durand (programmatrice Salle Jean‑Car‑<br />

met, Peniche excelsior, allonnes), J‑P Bouix (Vidéaste indé‑<br />

pendant, Fascinahouse)<br />

Modérateurs : Jocelyn abbey (Radio Prévert), Cécile arnoux<br />

(trempolino/tohu Bohu) .<br />

L’émission de radio ouverte au public sera suivie d’un mini<br />

live du groupe sarthois Climat .<br />

À écouter en direct sur radio Prévert et Jet FM, émission<br />

podcastable sur www.radioprevert.fr www.jetfm.asso.fr et<br />

www.lafrap.fr<br />

En partenariat avec la Frap<br />

et radio Prévert.<br />

BiBlio eXPress<br />

elaborée par sandrine martin<br />

chargée du fonds documentaire<br />

au centre info-ressources Pays de la loire – trempolino<br />

BeLLaÏCHe, Philippe . Les secrets<br />

de l’image vidéo : Colorimétrie,<br />

éclairage, optique, caméra, signal<br />

vidéo, compression numérique, formats<br />

d’enregistrement, formats d’images .<br />

8e éd . Paris : eyrolles, 2011 . 518 p .<br />

BeRGeR, Virginie . Dossier aides et<br />

subventions : Quelles sont les aides<br />

au clip dont vous pouvez bénéficier ?<br />

[en ligne] . In : Don’t believe the<br />

Hype Save the music, not the<br />

Industry . Disponible sur :<br />

http://goo .gl/xmWQo<br />

CRIStIano, Guiseppe, WICKY,<br />

Jérôme (trad .) . L’art du Story-board :<br />

Cinéma, Publicité, Animation, Jeux<br />

vidéo, Clips . Paris : eyrolles, 2008 .<br />

191 p . Coll . atout carré .<br />

emBeRGeR, Pierre . Diffuser son<br />

clip sur le net : Le jeu du contre‑<br />

pouvoir ! KR home-studio, 2012,<br />

n°274, p . 18‑19 .<br />

eStÈVe, Pierre, CIRRoDe,<br />

emmanuel, RaGueneau, Philippe<br />

et al. Images, sons et vidéos : quand<br />

la musique crève l’écran ! KR homestudio,<br />

2012, n°273, p . 36‑48 .<br />

GuILLouX, Jean‑marie . Captation<br />

audiovisuelle des spectacles vivants .<br />

nantes : millénaire Presse, 2011 .<br />

184 p . Coll . aide‑mémoire La Scène .<br />

Le tRanSFo . Les aides pour la<br />

production de Vidéomusiques et pour<br />

la Musique à l’image . [en ligne] .<br />

In : Le transfo, art et culture<br />

en auvergne . Disponible sur :<br />

http://goo .gl/j7D0o<br />

LeSueuR, Daniel . Girls’ Power !<br />

Les femmes s’emparent du disque<br />

et du clip . Rosières‑en‑Haye :<br />

Camion blanc, 2012 . 406 p .<br />

PauFICHet, Xavier . Petites leçons de<br />

clip à l’usage des artistes . [en ligne] .<br />

In : Don’t believe the Hype Save the<br />

music, not the Industry . Disponible<br />

sur : http://goo .gl/D4eQt<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012 23


24<br />

traces et imPressions<br />

l’Haçienda : la meilleure façon de couler un cluB<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

Peter Hook, Éditions Le Mot et le reste – 2012 – par Kalcha<br />

Si aujourd’hui L’Hacienda fait vendre des tas de compilations et autres produits<br />

dérivés à son effigie, le célèbre night club de manchester aura été, de son ouverture en<br />

1982 à sa fermeture en 1997, un formidable abîme financier, malgré son évident succès<br />

artistique . entre la drogue omniprésente, les gangs armés, l’incompétence obstinée<br />

de ses gestionnaires, les vols des employés, les descentes de flics ou einsturzende<br />

neubauten qui tentait de détruire le bâtiment à coup de marteau‑piqueur sur scène,<br />

absolument rien n’aura été épargné à Peter Hook, bassiste de new order, dont les<br />

royalties auront servi presque toute sa vie à garder le club mancunien à flot . avec<br />

sa verve so british et ses anecdotes truculentes, Hook nous replonge sur la piste de<br />

danse, au milieu de deux milliers de jeune anglais LSD‑isés à mort, quand l’acid<br />

house changea la face du monde musical un bel été de 1988 . Imaginez Trainspotting<br />

raconté par le romancier nick Hornby, et vous aurez une petite idée de l’excellent<br />

moment qui vous attend !<br />

cHina eXPedisound [yunnan Province] – eXPedisound series oPus 3<br />

i.O.t records/Full rhizome – 2012 – www.expedisound.org – par lucie Brunet<br />

Le label electro I .o .t Records développe depuis 2004 une collection de voyages sonores,<br />

la série expedisound, présentant la diversité culturelle et les minorités fragiles<br />

encore préservées de la mondialisation galopante . Chaque nouvelle immersion est<br />

une expérience intense dont la dimension affective nourrit l’échange . après l’afrique<br />

et la mongolie, voici une nouvelle immersion en territoire naxi (Chine) . Sans camion<br />

ni sound‑system, avec une équipe resserrée, les échanges gagnent en profondeur,<br />

pour atteindre d’autres horizons artistiques . Ce coffret propose un CD de musique<br />

traditionnelle naxi enregistré sur place, un CD de morceaux electro‑ethno composés<br />

à partir d’une même banque sonore issue du voyage, ainsi qu’un code permettant<br />

d’accéder à des bonus : des interviews, la soundbank et un documentaire consacré à<br />

la musique Baishaxili signé na Yingyu . Ce dernier a consacré sa vie à cette tradition<br />

naxi, en l’étudiant et en créant un orchestre dans son petit village . Ses enfants<br />

animent aujourd’hui le naxi Bashaxili traditional orchestra, dernier représentant<br />

d’un style musical unique en son genre .<br />

maquillage et crustacés<br />

Éditions grroarr/Le Cri de l’Encre – 2012 – par emmanuel legrand<br />

un livre qui se regarde plus qu’il ne se lit . Ce recueil compile 62 affiches de concerts<br />

faîtes à la main par thomas, pour l’association lyonnaise maquillages & Crustacés .<br />

activistes du Do It Yourself de la cité de Gaules, m&C organise notamment des<br />

concerts à l’epicerie moderne de Feyzin . en détournant des images crées par d’autres<br />

(lithographies anciennes, revues médicales, magazine de jardinage…) thomas a<br />

inventé une esthétique à la fois cohérente et incongrue . Les affiches, en taille réelle,<br />

ont été colorées pour cet ouvrage alors que les orignaux étaient en noir & blanc . Des<br />

murs de l’agglomération lyonnaise aux pages de ce livre, ces affiches transmettent<br />

la rugosité et la beauté du rock indé alors qu’on les voit de moins en moins sur les<br />

façades de nos villes parfois trop propres .


traces & impressions<br />

raP, HiP-HoP : 30 années en 150 alBums<br />

Sylvain Bertot, Éditions Le Mot et le reste – 2012 – par Kalcha<br />

Plus de trente ans après ses premières traces discographiques, le hip hop reste<br />

souvent un genre rejeté ou acclamé comme un seul bloc, nié dans sa diversité .<br />

Comme si La Fouine jouait la même musique qu’antipop Consortium . oserait‑on<br />

dire que Damien Saez et Radiohead font la même chose ? À l’instar du jazz ou du<br />

rock, le hip hop s’est pourtant lui aussi démultiplié en des dizaines de sous‑genres<br />

parfois aux antipodes les uns des autres (stylistiques et/ou géographiques) . Sylvain<br />

Bertot analyse parfaitement l’histoire et les évolutions du rap mondial dans la longue<br />

introduction de son livre . Puis il se lance dans l’exercice casse‑gueule, mais assumé,<br />

de la sélection de 150 disques incontournables . Les néophytes y découvriront une<br />

source immense d’informations pour (par)faire leur culture musicale . Les initiés<br />

y trouveront matière à polémiquer jusqu’à tard dans la nuit (pourquoi le premier<br />

Cypress Hill plutôt que III – Temple Of Boom ?) . mais tous doivent lire cet ouvrage, l’un<br />

des plus pointus sur le hip hop à ce jour .<br />

dOn’t BelieVe<br />

tHe HYPe!<br />

à l’inverse des HaBituelles discotHèques idéales du<br />

raP, le livre de sylvain Bertot Prend en comPte la<br />

grande diversité du mouvement, et assume des cHoiX<br />

Parfois audacieuX.<br />

Pourquoi ce récit autoBiograPHique ?<br />

qu’est-ce qui a été le Plus dur : dresser la liste des 150 ?<br />

ou Bien n’ouBlier Personne dans les artistes/disques<br />

« également conseillés » à la fin de cHaque cHronique ?<br />

Le choix le plus difficile, ça a été celui des 150<br />

albums mis en avant . Depuis le jour où j’ai remis<br />

la version finale du livre à l’éditeur, je ne cesse de la<br />

mettre en question, de regretter de n’avoir pas mis<br />

tel ou tel disque, plutôt que tel ou tel autre . […] Les<br />

albums « également conseillés » m’ont posé moins de<br />

problèmes, parce que c’était justement là où je pouvais<br />

mettre ceux que je n’avais pas la chance de détailler,<br />

quelques chouchous, ou au contraire des disques<br />

importants, qu’il fallait citer, mais dont je ne suis pas<br />

nécessairement fan .<br />

la PluPart des livres sur le HiP HoP deviennent moins<br />

Pertinents lorsqu’ils Parlent du Passé le Plus récent<br />

du mouvement. toi, tu Prends le Parti de citer adliB dans<br />

ta sélection au détriment de flying lotus… c’est osé.<br />

[…] mes textes sur les années 2000 et mes choix<br />

d’albums récents sont sans doute les plus contestables .<br />

mais c’est aussi, je crois, où le livre apporte le plus de<br />

valeur ajoutée, prenant quelques risques, cessant de<br />

s’appuyer sur « l’histoire officielle » du hip‑hop . […] Le<br />

but du livre n’était pas de citer les 150 meilleurs albums<br />

de l’histoire de rap [mais] d’être représentatif de<br />

toutes ses tendances . Quand deux albums pouvaient<br />

représenter la même tendance, j’ai souvent opté pour<br />

mon préféré . D’où le choix d’adlib (aussi connu sous<br />

le nom de thavius Beck), plutôt que de FlyLo, pour<br />

représenter un certain hip‑hop expérimental, flirtant<br />

avec l’électronique et d’autres genres . FlyLo est mieux<br />

exposé qu’adlib parce qu’il s’est fait un chemin dans<br />

des médias influents, parce qu’il est le petit‑neveu<br />

d’alice Coltrane aussi, peut‑être . mais comme je ne<br />

suis pas un grand fan, je lui ai préféré quelqu’un qui, à<br />

mon sens, mérite davantage d’être exposé .<br />

quel est le clicHé véHiculé sur le raP qui t’énerve le Plus ?<br />

L’idée que ce ne serait pas une musique, mais une<br />

sorte de poésie populaire, un art des mots, ou toute<br />

autre ineptie du même tonneau . […] Des gens sont<br />

encore décontenancés par le rap, ne comprenant pas<br />

que l’essentiel de son attrait vient du jeu musical<br />

complexe entre le beat et le flow . Ce n’est pas intuitif<br />

pour des gens qui ont d’autres habitudes d’écoute, ça<br />

demande un apprentissage . et le résultat, c’est que<br />

beaucoup sous‑estiment l’impact musical du hip‑hop .<br />

L’intégralité de cet entretien sur<br />

http://tohubohu.trempo.com<br />

Par Kalcha<br />

Photo : dr<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012 25


26<br />

les tHugs<br />

cOme On PeOPle<br />

Crash Disques/Pias – 2012<br />

www .lesthugs .fr<br />

4 ans d’attente… et revoilà Les thugs sur le devant<br />

de la scène . Cette fois c’est pour nous faire revivre le<br />

no‑reform tour de 2008 dans un superbe coffret CD/2<br />

DVD . un CD live donc qui manquait à leur discogra‑<br />

phie . on y retrouve tous les tubes des angevins . Quel<br />

bonheur pour les oreilles, toute cette énergie, cette<br />

puissance des mélodies sans oublier les solos cultes,<br />

marque de fabrique du groupe . Vient ensuite le DVD<br />

live « à la maison », dans la mythique mJC Jean‑Vilar,<br />

haut lieu des concerts angevins avant l’ouverture du<br />

Chabada . Le symbole est là… le concert commence, la<br />

machine bien huilée thugs se met en marche tel un<br />

rouleau compresseur . Le plus intéressant est bien le<br />

DVD « interview », les membres du groupe y retracent<br />

leur parcours, de leurs débuts à angers en 1978 jusqu’à<br />

Seattle en 2008 . Le mot de la fin venant du big boss<br />

du label américain Sub Pop (mudhoney, nirvana entre<br />

autres) Come on people . We love you so…<br />

Küken<br />

alasKam<br />

indÉlÉBile<br />

mendicity Records – 2012<br />

http://alaskam .bandcamp .com<br />

Indélébile, le second album d’alaskam a tout d’une<br />

symphonie . Les titres se suivent sans se ressem‑<br />

bler mais la cohésion est bien là, entre fluidité trip‑<br />

hop, soupçons post‑rock et plages électro‑ambient .<br />

L’ensemble sonne comme une introspection avec<br />

des titres aussi évocateurs que « Reflets timides » ou<br />

« Germes », avec parfois quelques bruits fugaces dis‑<br />

crètement murmurés aux tympans de l’auditeur .<br />

Dans cette ambiance aussi personnelle qu’imagi‑<br />

native, on aimerait bien savoir comment cet opus<br />

cinématographique a été fabriqué . À son écoute (et<br />

chaque écoute amène son lot de nouveautés), les<br />

images défilent et le romantisme – dans son sens le<br />

plus littéraire – s’impose, à la fois dark et lumineux,<br />

nostalgique et éclatant . Indélébile pourrait aussi<br />

bien servir de Bo à un film futuriste et spatial qu’à<br />

la représentation d’un roman anglais du XIX e siècle<br />

sur une lande ravagée par le vent et la pluie .<br />

Marie Hérault<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

disques<br />

yan Hart-lemonnier<br />

la Fin de l’ÉlectricitÉ<br />

ego twister – 2012<br />

http://yan .hotglue .me<br />

Dans les 00’s, la 8 bit music affola de jeunes geeks<br />

masculins, étudiants aux beaux‑arts et aux cheveux<br />

joliment décoiffés qui pensaient avoir trouvé dans<br />

les soirées 8 bit/breakcore, une alternative alcoolisée<br />

à la rédaction de leur thèse universitaire au sujet<br />

d’une « Réflexion métatextuelle autour des jeux<br />

vidéos dans une société post‑moderne » . Dix ans<br />

après, ces étudiants étant tous devenus banquiers<br />

ou commissaires d’exposition à la Gaité Lyrique,<br />

que reste‑il ? Il reste Yan Hart‑Lemonnier qui prouve<br />

à travers ce 1 er long‑format, en plus de ses activités<br />

avec son label ego twister, qu’on peut continuer à<br />

faire avancer la cause 8 bit sans caricature . Dans cet<br />

album, plein de super morceaux intelligents et dé‑<br />

conneurs . tout cela me donne soudain l’envie d’un<br />

tatouage en lettres gothiques dans le dos : « Vive les<br />

vacances » .<br />

Olivier tura<br />

Ben Jarry<br />

sPlendid isOlatiOn<br />

Drone Sweet Drone Records – 2012<br />

http://benjaminjarry .bandcamp .com<br />

Déjà co‑auteur il y a trois ans d’une merveille folk en<br />

compagnie de marc morvan, Udolpho, Benjamin Jarry<br />

remet le couvert, cette fois‑ci en solo . on retrouve<br />

dans Splendid Isolation l’univers musical si personnel<br />

du violoncelliste qui magnifiait le songwriting sans<br />

âge de morvan : son goût pour la musique répétitive<br />

(il y a du Steve Reich dans « Scapa Flow ») et les cres‑<br />

cendos en mille‑feuille noisy (« Level 9 », morceau<br />

épique de 15 min, rappelle les grandes heures de<br />

my Bloody Valentine) toujours au service de lignes<br />

mélodiques étonnamment accessibles (mirifique<br />

« Whale Fall » au classicisme déconcertant) . Édité<br />

par le très pointu et tout récent label nantais Drone<br />

Sweet Drone, dédié aux musiques hybrides et<br />

contemporaines, Splendid Isolation pourrait bien<br />

être le premier classique de la maison . ajoutez à<br />

cela un packaging de très bon goût . aucune raison<br />

de ne pas se procurer cette oeuvre . un must‑have,<br />

assurément<br />

Matthieu Chauveau


lo’Jo<br />

cinema del mUndO<br />

World Village/Harmonia mundi<br />

– 2012<br />

www .lojo .org<br />

Les anneaux de Saturne se sont invités autour<br />

de la terre avec ce 13 e disque de Lo’Jo . et l’on<br />

contemple l’état du monde assis dessus . D’alger<br />

à Vientiane en passant par le Caucase . et les mots<br />

valsent, se font écho, se cognent en oxymores par<br />

un Denis Péan toujours en appétit de voyages . et<br />

les voix lactées de Yamina et nadia nid el mourid<br />

s’élèvent en arabesques à l’espéranto imaginaire,<br />

habillées par la magie orientale des instruments<br />

vent et cordes, œuvres de luthiers galactiques .<br />

Le tonus des percus – rythme cardiaque de ce<br />

disque – résonne en constellations jusqu’à sub‑<br />

vertir une marseillaise en créole . Les révoltes de<br />

l’auteur ne sont jamais loin mais la magie Lo’Jo<br />

garde un regard gourmand sur le monde . Des cal‑<br />

ligraphes attachés sur des @ : tout est équilibre<br />

entre les voix entre les cordes et l’ingénieur du<br />

son est un génial . un disque vital pour un géné‑<br />

reux voyage .<br />

gilles Lebreton<br />

WanK for Peace<br />

WHat Will remain?<br />

aP – 2012<br />

http://wankforpeace .tumblr .com<br />

J’y connais pas grand chose en punk HxC mélo pour<br />

la bonne et simple raison que je n’en ai jamais vrai‑<br />

ment écouté . Voilà . Hormis dire que ça m’évoque<br />

noFX, Blink 182 ou Suicidal tendencies (ce qui est<br />

un compliment), je suis pas sûr que ça fasse avan‑<br />

cer grand chose . mais le « phénomène » Wank for<br />

Peace mérite qu’on s’y attarde . « Se branler pour<br />

la paix » . Pourquoi pas ! Ces stakhanovistes du DIY<br />

mènent leur barque du tonnerre, enchaînant les<br />

dates, les sorties d’eP, ont même monté leur label,<br />

Des Ciseaux et des Photocopieuses, qui a notam‑<br />

ment édité Justin(e), Daria… mais que restera‑t‑il<br />

de tout ça, comme le demande cet album, sorti l’an<br />

dernier mais réédité aujourd’hui en vinyle ? eh bien<br />

un bon coup de pied au cul de la bien‑pensance et<br />

d’autres enfonceurs de porte ouverte . une poutre<br />

compacte d’une vingtaine de minutes et un bel ob‑<br />

jet, sérigraphié et tout, que tout amateur du genre<br />

se doit d’avoir dans sa collec’ .<br />

Benoît Devillers<br />

disques<br />

tue-louP<br />

9<br />

DDS/Socadisc – 2012<br />

www .myspace .com/tueloup<br />

Si l’internationale folk terroir devait se trouver<br />

un porte‑drapeau, il est certain qu’elle foncerait<br />

tête baissée sur tue‑Loup . Depuis la toute fin des<br />

années 2000, la Sarthe n’est plus synonyme de<br />

courses automobiles et de rillettes . Le groupe porté<br />

par Xavier Plumas, responsable il y a trois ans d’un<br />

album solo – La Gueule du cougouar – splendide, a<br />

mis bien avant tout le monde de l’amérique dans<br />

son folk . aujourd’hui, alors qu’on ne suivait que<br />

de très loin la discographie de tue‑Loup, il revient<br />

avec 9 . L’ambiance, entre chien et loup, est toujours<br />

la même . La force du fond comme de la forme,<br />

également . La bande à Plumas n’a pas son pareil<br />

pour dessiner les contours de comptines pour très<br />

grands enfants et cogne là où ça fait « mâle » . Ce<br />

9 est aussi costaud que cette marmule au cœur<br />

tendre de matthias Schoenaerts . avec une men‑<br />

tion spéciale pour « Les Chevauchées », conclusion<br />

à deux voix d’un album au chiffre porte‑bonheur<br />

et poétique .<br />

arnaud Bénureau<br />

srféliX<br />

s/t<br />

my Little Cab Records – 2012<br />

http://srfelix .bandcamp .com<br />

Farouche représentant de l’indé régional, my Little<br />

Cab (tazio & Boy, my name is nobody…) a déni‑<br />

ché une nouvelle perle à Saint‑nazaire . nordiste<br />

installé depuis peu entre l’océan, les marais et<br />

l’estuaire de la Loire, SRFélix délivre, pour son 1 er<br />

opus, 6 titres de musique à la fois contemplative<br />

et paysagère . on baigne en plein dans la musique<br />

ambient où coexistent plages électroniques et<br />

acoustiques . SRFélix manie aussi bien la guitare<br />

folk, lancinante voire flottante, comme voilée par<br />

le vent de la plaine (« Leaving Home ») que le piano<br />

cabossé évoquant les « gymnopédies » d’erik Satie<br />

(« Older Memories ») . La face la plus minimale et la<br />

plus électronique de SRFélix renvoie à un Boards<br />

of Canada plus planant (ou plus drone si on veut<br />

faire plus actuel) . De la musique pas forte dans<br />

laquelle il est bon de se blottir, en attendant des<br />

jours meilleurs .<br />

Emmanuel Legrand<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012 27


28<br />

mia Wallas<br />

tHe electric masQUerade<br />

Dans le Rouge Productions – 2012<br />

www .myspace .com/miawallasfr<br />

un groupe choisissant le très référencé nom de mia<br />

Wallas est forcément très inspiré . The Eclectic Masquerade<br />

est un eP aux plans soignés, contenant une<br />

certaine nostalgie de nos bonnes vieilles années 90<br />

grâce à des soli bien travaillés . L’accent est mis sur<br />

la musicalité et ça s’entend . Les quatre garçons ont<br />

opté pour la plume anglophone qui finit de com‑<br />

bler une instrumentation déjà bien fournie dont<br />

la voix principale n’a rien à envier à celle de mat‑<br />

thew Bellamy . un rock propre toutefois enclin à une<br />

certaine mélancolie ambiante . L’écoute attentive<br />

pourrait très bien se faire en pleine nuit, allongé<br />

sur son canapé avec le confort d’un bon casque<br />

d’écoute . Le terme « eclectic » du titre sied parfai‑<br />

tement au contenu, on retrouve aussi bien un peu<br />

de fantasmagorique (« Mia ») que du néo‑Lonesome<br />

Cowboy style (« Vicky »), en passant par de l’intro dub<br />

languissante (« Dubby ») . À mettre vraiment entre<br />

toutes les oreilles, en somme .<br />

Lucie Beaudoux-Jastrzebski<br />

climat<br />

s. aBran<br />

Syncope – 2012<br />

http://climat .bandcamp .com<br />

après une écoute ou deux du disque de Climat<br />

on pensait simplement vous dire que les man‑<br />

ceaux jouaient un post‑rock classique, mais qui<br />

n’inventait finalement pas grand chose, et blabla‑<br />

bla et blablabla . mais, sans qu’on n’y fasse trop<br />

gaffe, on a fini par réaliser que le disque n’avait<br />

pas bougé de la platine de la journée et que les<br />

morceaux de S . abran étaient devenus complè‑<br />

tement addictifs . Vous retrouverez certes des<br />

influences à la Godspeed You! Black emperor ou<br />

mogwai, mâtinées de plans parfois plus post‑<br />

hardcore, mais Climat a développé un vrai sens<br />

de l’écriture et sait jouer magnifiquement avec<br />

la spatialisation du son . « The Bhopal’s Burden »,<br />

« Burn Hope Burn », « VI III V II I » ou « The Fall » four‑<br />

millent ainsi de petits détails sonores qui font<br />

la différence et rendent chaque nouvelle écoute<br />

plus enivrante . Superbe !<br />

Kalcha<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

disques<br />

slim Wild Boar<br />

& His forsaKen<br />

tales FrOm tHe WrOng side OF tOWn<br />

Beast Records/Kizmiaz Records –<br />

2012<br />

www .slimwildboar .com<br />

« Red is the color ». C’est l’un des titres de l’album<br />

de Slim Wild Boar & His Forsaken Shadow .<br />

mais « black » serait plus approprié pour décrire<br />

l’ensemble de ce disque country folk habitée .<br />

La bande‑son des laissés‑pour‑compte, perdus<br />

quelque part au fin fond du bayou, restés sur le<br />

bord de la route de l’exode rural, ou entravés dans<br />

une prison d’état pour on ne sait quelle sombre<br />

histoire liée à l’alcool, la bagarre, le sexe, l’injustice<br />

banale ou tout à la fois . oui cet opus émouvant au‑<br />

rait pu être signé tom Joad, l’anti‑héros des Raisins<br />

de la Colère . Slim Wild Board nous est pourtant<br />

bien contemporain et vit de ce côté de l’atlantique .<br />

une voix grave, caverneuse qui convoque bien en‑<br />

tendu la comparaison aux Cash, Cohen, Cave . . . Le<br />

son roots typique de l’arrière boutique d’un Honky<br />

tonk, des chœurs un peu Irish, un peu punk, des<br />

rythmiques au galop, des ballades qui prennent<br />

aux tripes… Superbe !<br />

Benoît Devillers<br />

aBysse<br />

en(d)graVe<br />

Blue Wave Recordings/mVS<br />

Distribution – 2012<br />

http://abysse .bandcamp .com<br />

Le métal des quatre Choletais inspirés apparaît<br />

régulièrement progressif, lorgnant parfois vers le<br />

post‑hardcore, mais ce métal‑là est avant tout ins‑<br />

trumental . un parti pris risqué mais qui révèle des<br />

talents de musiciens solides et incontestables, via<br />

un groove quasi‑permanent, une maîtrise de la<br />

mélodie constante par des soli joliment exécutés,<br />

ne tombant jamais dans la démonstration crasse .<br />

Pour en arriver à un résultat aussi convaincant,<br />

abysse a peaufiné un premier disque long, sept<br />

titres habités d’une ambiance épique . Certaines<br />

influences sauteront aux oreilles : mastodon (d’où<br />

le morceau du même nom), Russian Circles, Gojira<br />

ou entombed . Reste une production aux petits<br />

oignons — ni trop propre, ni trop sale — donnant<br />

une profondeur de son réjouissante et toute la<br />

place méritée à chaque instrument . Parti comme<br />

ça, le quatuor devrait attirer toujours plus de nou‑<br />

velles oreilles curieuses .<br />

tanguy Cloarec


el<br />

BaigneUse<br />

aP – 2012<br />

www .myspace .com/elnantes<br />

Qu’il est bon de retourner dans le passé pour<br />

mieux appréhender le présent ! el nous plonge<br />

avec délicatesse et mélancolie dans les années<br />

90 et l’âge d’or du label nantais Lithium . Certes,<br />

les influences sont là – du rock et de la chanson –<br />

dans les voix et les arrangements, mais le groupe<br />

se les réapproprie avec brio dans « Baigneuse »,<br />

tout en retenu, créant un équilibre où chaque<br />

instruments, chaque voix, trouve sa place dans<br />

un juste équilibre harmonique . Les guitares, la<br />

batterie, tous se répondent et se supportent les<br />

uns les autres pour ne creuser qu’un seul et<br />

même sillon . À l’écoute de l’album, l’auditeur<br />

vogue d’une rive à l’autre : le corps coule dans<br />

le fond comme lesté par un bloc de béton pour<br />

finalement remonter à la surface et prendre de<br />

grande bouffée d’oxygène… un retour vers le<br />

futur puissant et entêtant .<br />

Chloé nataf<br />

PilloW Pilot<br />

tHe draFt<br />

aP – 2012<br />

www .pillowpilots .com<br />

Les « pilotes d’oreiller » diffusent un garage electro‑<br />

rock hybride, incluant de manière plus ou moins<br />

permanente ambiances cold wave et nappes psy‑<br />

chédéliques folles sur une rythmique lourde mais<br />

suffisamment encline à la gesticulation dansante .<br />

Car malgré la recherche sonore évidente, leur ob‑<br />

jectif est d’injecter une substance mouvante favo‑<br />

risant la bougeotte à un auditoire devenu nécessai‑<br />

rement réceptif . Les nantais veillent bien à distiller<br />

un dancefloor par des beats et autres effets surpre‑<br />

nants, minimaux et froids, mêlés à la batterie origi‑<br />

nelle . Celle‑ci instaure un groove terrible, lié à une<br />

souplesse bluesy . un feeling rock’n’roll demeure<br />

via cette voix fougueuse imprégnée de garage et<br />

de post‑punk . Depuis ses débuts, le duo s’évertue<br />

à respecter un dosage millimétré entre sauvagerie<br />

transpirante et pulsations électroniques subtiles,<br />

et ce disque témoigne sans forcer d’un certain<br />

talent d’alchimiste . this Is It .<br />

tanguy Cloarec<br />

disques<br />

ami 6<br />

Bien Fait POUr tOi<br />

Insect eyes – 2012<br />

www .myspace .com/lesamisix<br />

amis 6 ce sont six amis (sic!) qui prennent un<br />

plaisir évident à faire des reprises et des adap‑<br />

tations des swinging 60’s plus vraies que nature .<br />

Le disque retrouve la pêche du sextet sur scène<br />

et un son joliment daté qui roule rythmes twist<br />

ou Bo Diddley des chansons que les voix mêlées<br />

de Sophie‑Rose et Frédérique servent avec effi‑<br />

cacité, malice et désinvolture . attention, rien de<br />

rétro débile dans cette démarche ludique ! Le<br />

choix des titres est judicieux et l’adaptation fran‑<br />

çaise du « Well respected man » des Kinks place le<br />

disque sur une orbite haute avec encore « Laisse<br />

tomber les filles » torché par Gainsbourg pour<br />

France Gall . Ces ex‑Little Searchers, Flamingos<br />

et autres groupes qui firent les beaux jours de la<br />

scène rock nantaise livrent là un savoureux bon‑<br />

bon avec des pépites dedans qui vous donnera<br />

des fourmis dans les jambes .<br />

georges Fischer<br />

5 little elePHants<br />

s/t<br />

twin Daisies Records/Haute<br />

magie Records – 2012<br />

http://soundcloud .com/<br />

twindaisiesrecords/5‑little‑<br />

elephants‑charles<br />

excellente idée que cette réédition de 5 Little ele‑<br />

phants, l’objet musical non‑identifié créé en 2008<br />

par l’anglais neil Carlill (ex‑Delicatessen) et le<br />

nantais Charles‑eric Charrier (ex‑man) . L’album<br />

semble enregistré à la maison, avec pas grand<br />

chose . une ou deux guitares, une basse, deux‑<br />

trois machines, peu de préparation (certains titres<br />

frisent l’improvisation) mais — c’est bien là l’es‑<br />

sentiel — beaucoup d’inspiration . La beauté des<br />

morceaux de 5 Little elephants est intimement<br />

liée à leur fragilité : cordes de guitares à peine ef‑<br />

fleurées, voix susurrées et triturées à travers diffé‑<br />

rents effets . toute l’architecture du disque semble,<br />

d’un moment à l’autre, menacer de s’effondrer . Il<br />

n’en est rien . Le logement de fortune dressé par<br />

notre duo tient bon . notamment grâce à la jo‑<br />

liesse hypnotique de titres comme « The Sleep Tree »<br />

ou « Henri Michaux » . Œuvre bancale, certes, mais<br />

pas si vulnérable .<br />

Matthieu Chauveau<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012 29


30<br />

tHe dead mantra<br />

s/t<br />

the Dead mantra/Dead Horse one,<br />

Crane Records – 2012<br />

http://soundcloud .com/thedeadmantra<br />

Ça doit être la crise qui fait ça . Ça fait flipper<br />

tout le monde . on a en tout cas l’impression<br />

que jamais le shoegaze, la cold wave ou le pro‑<br />

to‑grunge n’étaient autant revenus sous les feux<br />

de la rampe . Les manceaux de the Dead mantra<br />

sont un peu tout ça à la fois . on croit en effet<br />

surprendre les fantômes bousculés de Jesus and<br />

mary Chain, the Cure, Les thugs ou mudhoney<br />

sur les deux titres de ce split‑eP, terriblement<br />

froids et humides mais néanmoins rapidement<br />

accrocheurs . en Face B, les Valentinois de Dead<br />

Horse one sont plus doux et plairont aisément<br />

aux fans de Ride ou Sonic Youth . notez au pas‑<br />

sage que pour douze petits malheureux euros, il<br />

serait quand même sacrément dommage de se<br />

passer d’un des 300 exemplaires de ce très joli<br />

vinyle 10’’ blanc . enfin, s’il en reste . . .<br />

Kalcha<br />

Horny WacKers<br />

& tHe ePilePtic reaction<br />

tHeY are saVage<br />

Dead Beat Records – 2012<br />

http://hornywackers .free .fr<br />

maintes fois annoncé mort depuis sa naissance<br />

au mitan des 50’s, le rock’n’roll ne cesse pourtant<br />

de se relever pour continuer à effrayer les bien‑<br />

pensants . C’est peut‑être la raison pour laquelle<br />

the Horny Wackers ont choisi de se grimer en<br />

zombies ? ou alors plus simplement parce que le<br />

boucan de leur rockabilly/garage réveillerait un<br />

mort ?! Le trio angevin ressuscite en tout cas les<br />

fantômes titubants de Hasil adkins, the Cramps<br />

ou Pussy Galore dans cet excellent premier<br />

album, signé sur le label américain Dead Beat<br />

Records . Douze titres délicieusement cradin‑<br />

gues, saturés et vicelards qui sonnent à l’oreille<br />

comme autant de vieux classiques dépoussiérés .<br />

ou bien comme si elvis avait voulu prendre son<br />

bain à la Cloclo ! Électrique !!!<br />

Kalcha<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012<br />

disques<br />

Paressant/<br />

cHarrier<br />

eartH<br />

aP – 2012<br />

http://jeromeparessant .bandcamp .<br />

com/album/earth<br />

Earth de Charles‑eric Charrier (basse) et Jérôme<br />

Paressant (clarinette) paraît au même moment<br />

que la réédition d’un autre projet dans lequel offi‑<br />

cie Charrier, nous montrant ainsi l’étendue de la<br />

palette du musicien nantais . Les deux longues<br />

plages instrumentales de Earth se situent en effet à<br />

mille lieux des pop songs pourtant déjà nettement<br />

déviantes de 5 Little elephants, les premières s’avé‑<br />

rant aussi nomades que les secondes casanières . La<br />

superbe photo signée Paressant qui orne la pochette<br />

de l’album illustre à merveille la musique du duo :<br />

une contrée désertique sèche et vaste à la présence<br />

humaine rare mais bien réelle . en effet, derrière<br />

l’austérité apparente des pièces musicales tout en<br />

improvisation de Earth, l’auditeur attentif percevra<br />

les respirations et les discussions d’hommes et de<br />

femmes venus assister au marché de potiers d’Her‑<br />

bignac où a été enregistrée cette œuvre exigeante .<br />

Matthieu Chauveau<br />

Bred’irie<br />

rÉactiOn en cHaÎne<br />

aP – 2012<br />

http://bred‑irie .fr<br />

La presqu’île guérandaise, outre un microclimat<br />

et un écosystème atypique, produit également<br />

des formations musicales étonnantes . au cœur<br />

des marais salants a éclos Bred’Irie, trio mêlant<br />

racines reggae, ambiance festive et chanson<br />

française colorée . Cet album, entièrement réalisé<br />

à la main, dans le studio de Frank, un des musi‑<br />

ciens du groupe, promène l’auditeur de l’afrique<br />

du nord (« Lahssan ») aux contrées hispanisantes<br />

(« Rangés ») . Réaction en chaîne est également<br />

marqué par l’omniprésence mélancolique d’un<br />

accordéon (« La philosophie ») . Le chant de Raphaël<br />

rappelle quelque part La Rue Ketanou, oscillant<br />

entre nouvelle chanson française et reggae/ragga<br />

d’ici . Conscient des enjeux environnementaux<br />

de notre époque, Bred’Irie chante la nécessaire<br />

prise de conscience face aux agressions contre<br />

la nature .<br />

Emmanuel Legrand


da fleX<br />

s/t<br />

aP – 2012<br />

www .da‑flex .com<br />

Gros virage musical pour les membres de Da Flex<br />

et pour cause ! on retrouve au sein du quatuor<br />

la section rythmique et le guitariste de Guerilla<br />

Fresca . C’est donc un grand écart facial et tendu<br />

exécuté pour les oreilles, entre le son cuivré‑mé‑<br />

tissé d’hier et la veine résolument rock et sub‑<br />

tilement soul d’aujourd’hui . Figure ardue mais<br />

pas si osée quand on connaît l’ouverture d’esprit<br />

musical des ex‑guérilleros . au chant, on retrouve<br />

Charlotte, seule pièce « rapportée » du groupe mais<br />

aussi « pièce‑maîtresse », incarnant bien le credo<br />

rock & soul par ses facilités vocales, variant avec<br />

aisance le punchy et le mélodique . un éclectisme<br />

que l’on retrouve tout au long de ces cinq titres :<br />

rhythm’n’blues poignant dans « Dirty Shoes », to‑<br />

nique dans « Make a Change », fusion 90’s de « Your<br />

gun sucks », de « I know ya Boy »… et un fil rouge<br />

bien 70’s au milieu de tout ça, qui donne une co‑<br />

hérence à l’ensemble .<br />

Benoît Devillers<br />

aadd<br />

s/t<br />

mendicity Records – 2012<br />

http://aadd .fr/<br />

une histoire de tension : entre le hip‑hop, l’electro et<br />

le rock, entre le détachement et la brutalité . Dans ce<br />

premier opus, le duo propose, parfois au sein d’un<br />

même morceau, des explosions sur‑vitaminées<br />

rappelant l’énergie d’un Prodigy (« Transtrash ») alter‑<br />

nant avec des passages ambiants plus calmes, mais<br />

jamais apaisés . L’anxiété se terre dans les moindres<br />

recoins de leur musique . Cette tranquillité apparente<br />

cache une raideur retenue, amenée à se libérer . Illus‑<br />

tration : « Rien », récit du suicide d’un homme raconté<br />

par son fils . Le chanteur déclame ici impassiblement<br />

l’insoutenable avant d’exprimer au travers d’un<br />

flow furieux toute l’horreur de la situation, le tout<br />

soutenu par une batterie puissante, des machines<br />

vrombissantes et des guitares métal concourant à<br />

la tonalité emphatique de l’ensemble . Des moments<br />

plus aventureux, aux harmonies vocales riches ren‑<br />

forcent ce climat d’inquiétude (« A gift for destroy ») .<br />

aaDD annonce toujours l’inéluctable .<br />

François Delotte<br />

disques<br />

Brome<br />

la crUe<br />

Sosei Records – 2012<br />

http://ilovebrome .free .fr<br />

Irrésistiblement, « Après les dunes » rappelle Ber‑<br />

trand Belin, « Les périls de rivière » suggèrent un<br />

instant Robert Wyatt . mais les comparaisons s’ar‑<br />

rêtent là car la liste des références ne témoigne‑<br />

rait pas de l’originalité radicale de Brome, le projet<br />

solo de timothée Demoury . Sa voix blanche et hié‑<br />

ratique pose ses textes sur les fonds mouvants de<br />

ses guitares claires ou saturées, du subtil drum‑<br />

ming de Fabrice L’Houtellier, de la contrebasse<br />

de Jeremy Ramsak (deux musiciens de la nou‑<br />

velle scène jazz nantaise) ou de voix féminines<br />

(l’amusant « Je te mangerai ») . Ce disque, enregistré<br />

entre nantes et Berlin, est un bain sonore où s’en‑<br />

chainent des paysages entrevus, des histoires et<br />

cette belle idée de « La mer à Nantes », vision d’une<br />

ville après . Chanson post‑pop, poésie chantée,<br />

visions oniriques ou prémonitoires, Brome nous<br />

entraine dans son univers de chansons fragiles et<br />

de musiques âpres .<br />

georges Fischer<br />

les frères casquette<br />

l’annÉe scOlaire<br />

Yotanka – 2012<br />

www .lesfrerescasquette .com<br />

J’adore les frères Casquettes, le rythme et les<br />

paroles . C’est vraiment du rap et les paroles<br />

sont mortelles ! elles sont drôles, elles parlent de<br />

nous, les enfants et les ados . « tony l’embrouille,<br />

dans la cour il fout la trouille », j’en connaissais<br />

un moi aussi dans mon école, il s’appelait aussi<br />

tony . La musique est trop cool, elle me donne<br />

tout de suite envie de danser, et les scratchs sont<br />

trop bien faits . J’adore aussi « C’est la Boum Boum<br />

Boum!, viens amuse toi le plus dur c’est d’s’élan‑<br />

cer », c’est vraiment ce que je connais « Frites,<br />

bananes, fraises tagada . . . Champomy . . . » .<br />

gabriel Esneault (9 ans)<br />

toHu BoHu n°24 automne 2012 31


Playlists<br />

roBin godicHeau – PrOgrammateUr cHaOU BaOU<br />

colin stetson, neW History Warfare vol.2 : Judges, cOnstellatiOn – 2011 (eXPÉrimental, nU-JaZZ)<br />

Vu sur scène l’an passé, il régnait une atmosphère incroyable dans le public face à cette<br />

prestation solo au sax, difficile à décrire . . . Disque d’une rare beauté, contenu comme contenant .<br />

tHe caretaKer, an emPty Bliss Beyond tHis World, HistOrY alWaYs FaVOUrs tHe Winners – 2011 (ÉlectrO)<br />

Hors du temps, un disque fantôme qui peut vite hanter durablement votre platine . on y<br />

entend des crépitements de 78‑t, des illustrations sonores bancales et sensibles, qui donnent<br />

envie de vaciller dans un vieux cabaret abandonné .<br />

l’œillere, fiasco, lesPOUrricOrds / en VeUX tU ? en V’la ! – 2012 (rOcK, mUsiQUe cOntemPOraine)<br />

un guitariste hors‑norme, dont le deuxième disque est paru en début d’année sur le label du<br />

coin Les Pourricords . Les amateurs de Sir Richard Bishop et de flamenco tordu apprécieront . . .<br />

sofy girard – PrOgramamtrice WOndergrOUnd<br />

/ FestiVal Battantes<br />

vison, s/t, le cOmPleXe dU lama – 2012 (rOcK sentimental, dÉcOmPleXÉ)<br />

La musique bien sûr, mais surtout le phrasé délectable de Cécile Jarsaillon, plus connue pour son<br />

parcours avec Les Suprêmes Dindes que pour ses broderies à caractère zoophile, ou ses peintures<br />

hommages à Fassbinder . J’admire sa lucidité d’artiste DIY, l’efficacité de ses textes, jamais anodins ni<br />

suffisants, qui font sourire et réfléchir .<br />

troPHy Wife, Patience FUrY, 307 KnOX recOrds – 2010 (POst-HardcOre)<br />

Katy otto (de Del Cielo et fondatrice de exotic Fever Rcds) et Diane Foglizzo envoient un HxC atypique<br />

digne des groupes queercore malconnus comme King Cobra, evil Beaver, LKn, V for Vendetta, one<br />

more Season . . . qui n’ont rien à envier aux groupes souvent cités en références comme Don Caballero,<br />

oxes, Cheval de Frise, Pneu, Goudron . . . etc .<br />

trasH Kit, selftitled, UPset tHe rHYtHm – 2010 (PUnK aFrO Beat)<br />

Rachel a ., Rachel H . et Ros murray (electrelane) sont derrière ce trio improbable . une batterie funky,<br />

des voix ultra sauvages, une basse qui tabasse et des riffs méchants que tu n’as pas vu venir parce<br />

que tu dansais . . . en 17 morceaux / 26 minutes, tout est dit . on pense à the Raincoats, Delta 5, the<br />

Slits . . . et nous sommes ravies .<br />

sylvain Bertot - ÉcriVain et JOUrnaliste<br />

riff raff, tHe gOlden alien, riFF raFF – 2012 (HiP HOP)<br />

Le bouffon du moment, un rappeur blanc du texas avec un look improbable et des compétences en<br />

mCing contestables . Ça pourrait être nul, mais c’est en fait souvent irrésistible .<br />

aPollo BroWn & o.c., troPHies, mellO mUsic grOUP – 2012 (HiP HOP)<br />

un grand rappeur new‑yorkais du passé qui réussit un disque récent, ce n’est pas si courant . C’est<br />

pourtant le cas d’o .C ., avec l’aide d’apollo Brown .<br />

roacH gigZ, Bugged out, aP – 2012 (HiP HOP)<br />

un rappeur issu de la prolifique Bay area et influencé par mac Dre, qui s’est fait remarquer en 2011<br />

avec les mixtapes Roachy Balboa, et qui réussit son premier véritable album .

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