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BEIHEFTE ZUR<br />

ZEITSCHRIFT FÜR ROMANISCHE PHILOLOGIE<br />

BEGRÜNDET VON GUSTAV GRÖBER<br />

HERAUSGEGEBEN VON GÜNTER HOLTUS<br />

Band 354


NICOLAS MAZZIOTTA<br />

Ponctuation <strong>et</strong> <strong>syntaxe</strong><br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

franÅaise mØdiØvale<br />

Étude d un corpus de chartes originales Øcrites<br />

àLi›geentre1236<strong>et</strong>1291<br />

n<br />

MAX NIEMEYER VERLAG TÜBINGEN<br />

2009


Les matériaux utilisés <strong>dans</strong> le cadre de <strong>la</strong> présente étude sont accessibles à l’adresse suivante:<br />

http://hdl.handle.n<strong>et</strong>/2268/25773.<br />

Bibliografische Information der Deutschen Nationalbibliothek<br />

Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichn<strong>et</strong> diese Publikation in der Deutschen Nationalbibliografie;<br />

d<strong>et</strong>aillierte bibliografische Daten sind im Intern<strong>et</strong> über http://dnb.ddb.de abrufbar.<br />

ISBN 978-3-11-023105-2 ISSN 0084-5396<br />

Max Niemeyer Ver<strong>la</strong>g, Tübingen 2009<br />

Ein Imprint der Walter de Gruyter GmbH & Co. KG<br />

http://www.niemeyer.de<br />

Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung<br />

außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsges<strong>et</strong>zes ist ohne Zustimmung des Ver<strong>la</strong>ges<br />

unzulässig und strafbar. Das gilt insbesondere für Vervielfältigungen, Übers<strong>et</strong>zungen, Mikroverfilmungen<br />

und die Einspeicherung und Verarbeitung in elektronischen Systemen.<br />

Printed in Germany.<br />

Gedruckt auf alterungsbeständigem Papier.<br />

Gesamtherstellung: Hubert & Co., Gçttingen


Préface<br />

L’ouvrage de Nico<strong>la</strong>s Mazziotta est un travail profondément original <strong>et</strong> nouveau. L’auteur<br />

s’est en eff<strong>et</strong> fixé pour tâche de répondre à <strong>la</strong> question suivante: «Comment,<br />

d’après ce qu’on peut observer <strong>dans</strong> les chartes écrites en français à Liège avant 1292,<br />

<strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> originale interagit-elle avec <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française médiévale?»<br />

Il s’agit là en eff<strong>et</strong> d’un champ d’analyse presque totalement neuf, de deux points<br />

de vue. D’une part, les études sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> sont assez rares, <strong>et</strong> celles sur <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> des textes français médiévaux le sont encore davantage. D’autre part, <strong>la</strong><br />

plupart de ces analyses ont recherché les critères d’emploi des signes de <strong>ponctuation</strong><br />

aux divers niveaux de représentation <strong>et</strong> de performance du texte; or N. M. a opéré un<br />

choix très différent, <strong>et</strong> très ambitieux: celui de p<strong>la</strong>cer son enquête au seul p<strong>la</strong>n de <strong>la</strong><br />

<strong>syntaxe</strong>. En ce<strong>la</strong>, il reprend l’hypothèse de M.-G. Boutier selon <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> structuration<br />

syntaxique du texte suffit à rendre compte de l’essentiel de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>. C<strong>et</strong>te<br />

proposition, très forte, demandait à être validée sur un corpus important: grâce à c<strong>et</strong><br />

ouvrage, c’est désormais réalisé. Certes, nous y reviendrons, valider c<strong>et</strong>te hypothèse<br />

ne revient pas à poser qu’elle est <strong>la</strong> seule possible; une telle analyse, même réussie,<br />

n’invalide pas d’autres approches, d’autres hypothèses, en particulier des explications<br />

plus complexes croisant <strong>syntaxe</strong> <strong>et</strong> intonation, par exemple. Mais après ce travail on<br />

peut considérer comme acquis que <strong>syntaxe</strong> <strong>et</strong> <strong>ponctuation</strong> ont partie liée.<br />

Pour mener à bien son enquête, l’auteur a travaillé sur un corpus quantitativement<br />

important (148 chartes, plus de 60 000 mots), <strong>et</strong> il s’est attaché à fournir de<br />

chaque énoncé <strong>et</strong> de chaque élément de ce corpus, ponctué ou non, une analyse syntaxique<br />

intégrée perm<strong>et</strong>tant ensuite d’intervenir avec les outils de calcul statistique <strong>et</strong><br />

de traitement informatique. Ce faisant, N. M. n’a pas choisi <strong>la</strong> facilité: il aurait pu, de<br />

façon plus traditionnelle, se contenter de sélectionner uniquement les cas d’usage de<br />

marques de <strong>ponctuation</strong>, <strong>et</strong> d’en décrire le contexte. Le candidat a préféré partir de <strong>la</strong><br />

«popu<strong>la</strong>tion» globale des constituants linguistiques, pour voir lesquels, <strong>dans</strong> quelles<br />

fonctions <strong>et</strong> positions, «attiraient» une <strong>ponctuation</strong>, lesquels au contraire y étaient<br />

rétifs.<br />

L’organisation de l’ouvrage est c<strong>la</strong>ire <strong>et</strong> progressive. Après une brève mais dense<br />

Introduction qui souligne les difficultés <strong>et</strong> les nouveautés (dont l’hypothèse testée ici)<br />

de sa recherche, <strong>et</strong> une spécification des concepts requis, l’auteur donne un excellent<br />

chapitre→2, qui r<strong>et</strong>ient le meilleur des travaux fondateurs de Catach <strong>et</strong> d’Anis, <strong>et</strong><br />

propose une organisation conceptualisée de <strong>la</strong> spatialité de l’écrit qui, par étapes, perm<strong>et</strong><br />

de définir les ponctogrammes comme des unités spécifiées par un trait, <strong>la</strong> nonparaphrasabilité.<br />

On a là l’un des aspects qui font l’originalité de ce travail: il ne s’agit<br />

plus de considérer les marques de <strong>ponctuation</strong> comme des unités chacune prise <strong>dans</strong><br />

V


son contexte; mais bien au contraire, c’est leur organisation d’ensemble qui fait sens,<br />

c’est <strong>la</strong> façon dont elles structurent le tissu – ici posé comme tissu syntaxique.<br />

Une telle approche nécessitait l’adoption d’une conception linguistique qui perm<strong>et</strong>te<br />

de structurer le texte en éléments. N. M. a choisi de se situer <strong>dans</strong> le cadre de <strong>la</strong><br />

linguistique argumentale (Tesnière, Lazard, Lemaréchal), <strong>et</strong> il a construit un modèle<br />

proposant une structuration des constituants par re<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> hiérarchisée. Une fois les<br />

fondements posés, l’analyse des données constitue <strong>la</strong> seconde partie de l’ouvrage. Les<br />

résultats sont c<strong>la</strong>irement exposés, en particulier en tableaux <strong>et</strong> figures. La spécificité<br />

de chacun des ponctogrammes apparaît c<strong>la</strong>irement: sans surprise, le punctum révèle<br />

son écrasante domination <strong>et</strong> sa polyvalence.<br />

On ne peut qu’être impressionné par tout à <strong>la</strong> fois l’ampleur de c<strong>et</strong>te démarche<br />

<strong>et</strong> l’exigence de rigueur qu’elle révèle: on trouvera là à bien des égards un modèle,<br />

reproductible car non impressionniste <strong>et</strong> explicite, pour des études comparables. Grâce<br />

à une telle démarche, l’étude de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> gagne définitivement son domaine<br />

propre <strong>et</strong> révèle son importance.<br />

De notre point de vue, il s’agit là d’une étape importante, peut-être fondatrice;<br />

mais ce ne peut être qu’une étape. En eff<strong>et</strong>, l’hypothèse «syntaxique» demandait à<br />

être vérifiée; <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te analyse vérifie que toute marque de <strong>ponctuation</strong> peut s’expliquer<br />

par l’existence d’une frontière syntaxique. Trois chapitres décrivent les corré<strong>la</strong>tions<br />

entre chaque type d’unités syntaxiques <strong>et</strong> chacun des «ponctogrammes»; ce travail<br />

a le mérite de révéler des régu<strong>la</strong>rités: <strong>la</strong> fréquence du marquage ponctué n’est pas<br />

<strong>la</strong> même suivant <strong>la</strong> nature des structures argumentales; <strong>et</strong> une quinzaine de tableaux<br />

perm<strong>et</strong>tent d’ailleurs de voir si l’attraction (ou <strong>la</strong> répulsion) de telle unité avec tel<br />

signe se fait «vers <strong>la</strong> gauche» ou «vers <strong>la</strong> droite». Mais le fait que c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion ne<br />

soit pas systématique, qu’il n’y ait pas <strong>ponctuation</strong> dès lors qu’il y a frontière syntaxique,<br />

montre qu’il subsiste un «reste» à analyser. Divers travaux antérieurs avaient<br />

mis l’accent sur <strong>la</strong> valeur pragmatique, intonative peut-être, du marquage ponctué.<br />

Peut-être une prochaine étape pourrait-elle consister à réexaminer ces hypothèses, au<br />

moins en ce qui concerne certains pongtogrammes, <strong>et</strong> à m<strong>et</strong>tre au jour d’autres régu<strong>la</strong>rités,<br />

telles que par exemple celle qu’on a pu m<strong>et</strong>tre en évidence pour l’emploi du<br />

comma <strong>dans</strong> un manuscrit de <strong>la</strong> Queste del saint graal: certes, son emploi coïncide<br />

avec certaines frontières syntaxiques, de deux types: après Ha ou Hé en début de prise<br />

de parole, <strong>et</strong> à <strong>la</strong> jonction de deux éléments de phrase corrélés («Car ausi com Cayns<br />

ocist Abel au vendredi · ausi ocist Judas son creator au vendredi.», ms. K de Lyon,<br />

f. 211c, corresp. p. 217 de l’éd. Pauphil<strong>et</strong>). C’est l’hétérogénéité de ces deux types<br />

d’emploi qui nous a conduite à rechercher le trait qu’ils ont en commun: <strong>la</strong> volonté du<br />

copiste d’indiquer une montée de <strong>la</strong> voix (Marchello-Nizia 2007). Or on constate que<br />

par exemple un emploi du comma analysé par l’auteur uniquement du point de vue<br />

syntaxique (→0.1.1.2, p. 4 <strong>et</strong> s.), <strong>et</strong> qui se trouve <strong>dans</strong> une charte dont <strong>la</strong> référence est:<br />

Document 1236–05, 6, ressortirait c<strong>la</strong>irement à une autre analyse, intonative <strong>et</strong> corré<strong>la</strong>tive:<br />

ce comma accompagne <strong>la</strong> reprise-répétition du que, c’est à dire qu’il marque,<br />

plus qu’une frontière syntaxique, une indication de continuité à prévoir, tant <strong>dans</strong> l’intonation<br />

(élévation de <strong>la</strong> voix?) que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion qui est à établir entre les deux<br />

que de même fonction.<br />

Ce premier ouvrage du jeune chercheur qu’est encore Nico<strong>la</strong>s Mazziotta marque<br />

à notre avis un moment capital <strong>dans</strong> le renouveau des études sur l’évolution de <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong>: ce travail remarquable <strong>et</strong> novateur <strong>dans</strong> ses exigences <strong>et</strong> sa méthodolo-<br />

VI<br />


gie apporte des résultats incontournables, toute autre étape devra d’abord prendre en<br />

compte ces acquis.<br />

Remerciements<br />

Christiane Marchello-Nizia<br />

Qu’il me soit permis de remercier les personnes suivantes pour l’aide qu’elles m’ont<br />

apportée, que ce soit sur le p<strong>la</strong>n scientifique que sur le p<strong>la</strong>n émotionnel. Je remercie<br />

tout d’abord mes professeurs <strong>et</strong> collègues de l’Université de Liège: Marie-Guy<br />

Boutier (qui a dirigé c<strong>et</strong>te étude), Pierre Swiggers, Jean-Marie Klinkenberg, Étienne<br />

Évrard, Gérald Purnelle, Philippe Lambert, ainsi qu’Esther Baiwir, Pascale Renders<br />

<strong>et</strong> France Gabriel. Ma gratitude va également à mes collègues de l’École Normale<br />

Supérieure – L<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> sciences humaines de Lyon: Céline Guillot, Serge Heiden <strong>et</strong><br />

Alexei Lavrentiev. Je remercie également les membres du jury extérieurs à l’Université<br />

de Liège, qui ont évalué <strong>la</strong> thèse qui a engendré ce livre: Christiane Marchello-<br />

Nizia <strong>et</strong> Günter Holtus. Mes amis <strong>et</strong> <strong>la</strong> famille ont également permis à ce travail<br />

d’aboutir; merci à Laurent Bozard, à Brigitte Antoine <strong>et</strong> à Jean-Christophe Vanhalle,<br />

à Lionel Lardinois, à Pierre Doyen <strong>et</strong> à « Rémy », mais aussi à La<strong>et</strong>itia Godfroid<br />

<strong>et</strong> à Christophe Lejeune ainsi qu’à Véronique Voisin. Merci également à mes frères<br />

Julien, Pierre-François <strong>et</strong> Thomas (pour sa protection), à ma sœur Olivia <strong>et</strong> à mes parents<br />

Bernad<strong>et</strong>te <strong>et</strong> François. Les membres de ma belle-famille méritent également ma<br />

gratitude: Ann<strong>et</strong>te de Martin, Anne Loch<strong>et</strong> <strong>et</strong> Kévin Jeanfils.<br />

Merci enfin à Catherine pour son indéfectible confiance <strong>et</strong> son amour sans limite,<br />

ainsi qu’à Jeanne pour <strong>la</strong> joie qu’elle nous procure chaque jour.<br />

Nico<strong>la</strong>s Mazziotta<br />

VII


Table des matières<br />

Table des figures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XVII<br />

Liste des tableaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XXVII<br />

0 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

1<br />

0.1 Objectifs de l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1<br />

0.1.1 Études précédentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2<br />

0.1.1.1 Pluralité des valeurs de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale 2<br />

0.1.1.2 Le «pari» de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> . . . . . . . . . . . . . 4<br />

0.1.2 Position de <strong>la</strong> présente étude . . . . . . . . . . . . . . . . 4<br />

0.2 Corpus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5<br />

0.2.1 Genèse du proj<strong>et</strong> Khartês <strong>et</strong> constitution du corpus . . . . 5<br />

0.2.2 Problèmes liés au corpus . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6<br />

0.2.2.1 Hétérogénéité des types discursifs . . . . . . . 6<br />

0.2.2.2 Quantité de données . . . . . . . . . . . . . . 8<br />

0.3 P<strong>la</strong>n de l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9<br />

0.3.1 Première partie: modélisation . . . . . . . . . . . . . . . 9<br />

0.3.2 Deuxième partie: analyse des données . . . . . . . . . . . 9<br />

0.4 Ressources techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10<br />

0.5 Travail en cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11<br />

0.5.1 Erreurs <strong>et</strong> évolutivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11<br />

0.5.2 Programmation des requêtes . . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />

1 Préa<strong>la</strong>bles épistémologiques: concepts <strong>et</strong> terminologie . . . . . . . . . . 13<br />

1.1 Mécanisme de conceptualisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14<br />

1.2 Impératifs terminologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15<br />

1.2.1 Établir une terminologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15<br />

1.2.2 Positionnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16<br />

1.3 Conventions de schématisation des concepts . . . . . . . . . . . . 17<br />

1.3.1 Présentation des conventions . . . . . . . . . . . . . . . . 17<br />

1.3.2 Intérêts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18<br />

2 Théorie de l’écriture <strong>et</strong> <strong>ponctuation</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19<br />

2.1 Regard linguistique sur l’écriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20<br />

2.1.1 L’écriture <strong>et</strong> les regards possibles . . . . . . . . . . . . . 20<br />

2.1.2 Constitution du concept de <strong>la</strong>ngue écrite . . . . . . . . . 20<br />

IX


2.1.2.1 Un moule d’envisagement de l’obj<strong>et</strong> <strong>la</strong>ngue . . 21<br />

2.1.2.2 Re<strong>la</strong>tion entre écriture <strong>et</strong> <strong>la</strong>ngue . . . . . . . . 21<br />

2.1.2.3 Vers une définition de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite . . . . . 24<br />

2.2 C<strong>la</strong>ssement <strong>et</strong> nomination des unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite . . . . . . 24<br />

2.2.0 Préa<strong>la</strong>bles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />

2.2.0.1 Orientation de <strong>la</strong> démarche de c<strong>la</strong>ssement . . . 25<br />

2.2.0.2 L’activité pratique de transcription . . . . . . . 25<br />

2.2.1 Unité de base <strong>et</strong> première dichotomie . . . . . . . . . . . 27<br />

2.2.2 Critère fonctionnel de double articu<strong>la</strong>tion . . . . . . . . . 29<br />

2.2.2.1 Types de grammèmes . . . . . . . . . . . . . 29<br />

2.2.2.2 Types de topèmes . . . . . . . . . . . . . . . . 30<br />

2.2.3 Critère spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30<br />

2.2.3.1 Autonomie des plérégrammes . . . . . . . . . 30<br />

2.2.3.2 Axes de construction <strong>et</strong> de combinaison des<br />

grammèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32<br />

2.2.4 Paraphrasabilité <strong>et</strong> plurisystème . . . . . . . . . . . . . . 34<br />

2.2.4.1 Paraphrasabilité . . . . . . . . . . . . . . . . 35<br />

2.2.4.2 Abréviations <strong>et</strong> plurisystème . . . . . . . . . . 36<br />

2.2.5 Synthèse: hiérarchie des scriptèmes . . . . . . . . . . . . 38<br />

2.3 La <strong>ponctuation</strong> comme obj<strong>et</strong> d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . 38<br />

2.3.1 Recherche d’une définition . . . . . . . . . . . . . . . . . 38<br />

2.3.1.1 Définitions existantes . . . . . . . . . . . . . . 38<br />

2.3.1.2 Définition adoptée . . . . . . . . . . . . . . . 42<br />

2.3.2 Valeur des ponctogrammes . . . . . . . . . . . . . . . . . 42<br />

2.3.2.1 Multiplicité des fonctions . . . . . . . . . . . 43<br />

2.3.2.2 Largeur du champ . . . . . . . . . . . . . . . 43<br />

2.3.3 Inventaire des formes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45<br />

2.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45<br />

3 Modèle d’analyse linguistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

47<br />

3.1 Préa<strong>la</strong>bles méthodologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47<br />

3.1.1 Concepts <strong>et</strong> terminologie linguistique . . . . . . . . . . . 48<br />

3.1.2 Les unités de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49<br />

3.1.2.1 Unité maximale: le texte . . . . . . . . . . . . 49<br />

3.1.2.2 Unité minimale: le mot . . . . . . . . . . . . . 50<br />

3.1.3 Décrire l’ancien français . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53<br />

3.1.3.1 Décrire <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue: triple organisation de l’énoncé 53<br />

3.1.3.2 Comprendre un état de <strong>la</strong>ngue passé . . . . . . 56<br />

3.1.3.3 Juger <strong>et</strong> prévoir <strong>la</strong> structure . . . . . . . . . . 57<br />

3.1.3.4 Re<strong>la</strong>tivité des modèles . . . . . . . . . . . . . 59<br />

3.2 Morphologie <strong>et</strong> <strong>syntaxe</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60<br />

3.2.1 La <strong>syntaxe</strong> comme un système de re<strong>la</strong>tions . . . . . . . . 60<br />

3.2.1.1 Un système de dépendances . . . . . . . . . . 60<br />

3.2.1.2 Re<strong>la</strong>tion minimale . . . . . . . . . . . . . . . 62<br />

3.2.2 La morphologie <strong>et</strong> le système de marques . . . . . . . . . 64<br />

3.2.2.1 Expression <strong>et</strong> contenu . . . . . . . . . . . . . 64<br />

3.2.2.2 Marques <strong>et</strong> spécification . . . . . . . . . . . . 65<br />

X


3.2.2.3 Des marques qui n’expriment pas que des re<strong>la</strong>tions<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66<br />

3.2.3 Niveaux d’analyse syntaxique . . . . . . . . . . . . . . . 67<br />

3.2.3.1 Tripartition de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> selon Gilbert Lazard 67<br />

3.2.3.2 Des marques à tous les niveaux . . . . . . . . 68<br />

3.3 Parties du discours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69<br />

3.3.1 L’impasse de <strong>la</strong> voie traditionnelle . . . . . . . . . . . . . 69<br />

3.3.2 L’impasse de <strong>la</strong> voie syntaxique . . . . . . . . . . . . . . 70<br />

3.3.3 Catégories sémantiques grammaticalisées <strong>et</strong> <strong>syntaxe</strong> de mot 71<br />

3.3.3.1 Verbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72<br />

3.3.3.2 Noms . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73<br />

3.3.3.3 Adverbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74<br />

3.3.4 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75<br />

3.4 Description analytique de l’ancien français des chartes . . . . . . . 76<br />

3.4.1 Du texte à <strong>la</strong> phrase, en passant par l’énoncé . . . . . . . 77<br />

3.4.1.1 Délimiter l’énoncé <strong>et</strong> <strong>la</strong> phrase . . . . . . . . . 77<br />

3.4.1.2 Phrases-énoncés <strong>et</strong> énoncés non phrastiques . . 79<br />

3.4.1.3 Enchaînement des énoncés phrastiques . . . . 82<br />

3.4.1.4 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85<br />

3.4.2 Subdivision de <strong>la</strong> phrase <strong>et</strong> structure argumentale . . . . . 86<br />

3.4.2.1 Re<strong>la</strong>tions argumentales: généralités . . . . . . 86<br />

3.4.2.2 Actants <strong>et</strong> marques morphologiques . . . . . . 90<br />

3.4.2.3 Circonstants . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96<br />

3.4.2.4 Cas «intermédiaires» . . . . . . . . . . . . . . 98<br />

3.4.2.5 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101<br />

3.4.3 Construction du prédicat . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104<br />

3.4.3.1 Problème des temps «composés» . . . . . . . 104<br />

3.4.3.2 Position adoptée . . . . . . . . . . . . . . . . 105<br />

3.4.4 Construction des arguments . . . . . . . . . . . . . . . . 106<br />

3.4.4.1 Noms: spécification synthétique additionnelle . 106<br />

3.4.4.2 Noms: spécification analytique segmentale . . 107<br />

3.4.4.3 Noms: spécification séquentielle . . . . . . . . 109<br />

3.4.4.4 Adverbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110<br />

3.4.4.5 Propositions avec prédicat personnel . . . . . . 111<br />

3.4.4.6 Propositions avec prédicat non personnel . . . 114<br />

3.4.4.7 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118<br />

3.4.5 Construction des énoncés non phrastiques . . . . . . . . . 119<br />

3.4.5.1 Structure exprimant un procès . . . . . . . . . 119<br />

3.4.5.2 Structure n’exprimant pas un procès . . . . . . 121<br />

3.4.6 Re<strong>la</strong>tions immédiates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122<br />

3.4.6.1 Apposition <strong>et</strong> détermination . . . . . . . . . . 122<br />

3.4.6.2 Spécification de <strong>la</strong> détermination . . . . . . . 126<br />

3.4.6.3 Adverbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127<br />

3.4.6.4 Propositions avec prédicat personnel . . . . . . 131<br />

3.4.6.5 Propositions avec prédicat non personnel . . . 136<br />

3.4.6.6 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137<br />

3.4.7 Problèmes généraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137<br />

XI


3.4.7.1 Re<strong>la</strong>tions argumentales ou re<strong>la</strong>tions immédiates?<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138<br />

3.4.7.2 Coordination . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141<br />

3.4.7.3 Hiérarchie des appositions . . . . . . . . . . . 144<br />

3.4.7.4 Portée des sélections . . . . . . . . . . . . . . 145<br />

3.4.7.5 Structures discontinues . . . . . . . . . . . . . 147<br />

3.4.7.6 Hors système . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148<br />

3.5 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149<br />

4 Méthode d’analyse statistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151<br />

4.1 Introduction aux principes de statistiques employés . . . . . . . . . 151<br />

4.1.1 Individus <strong>et</strong> variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152<br />

4.1.2 Distribution <strong>et</strong> représentations graphiques . . . . . . . . . 153<br />

4.1.2.1 Données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153<br />

4.1.2.2 Histogramme . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154<br />

4.1.2.3 Courbe de densité . . . . . . . . . . . . . . . 154<br />

4.1.2.4 Boîte à moustaches . . . . . . . . . . . . . . . 155<br />

4.1.3 Test d’hypothèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156<br />

4.1.3.1 Concept d’hypothèse nulle . . . . . . . . . . . 156<br />

4.1.3.2 Jugement de l’utilisateur . . . . . . . . . . . . 157<br />

4.2 Statistiques <strong>et</strong> validité des analyses . . . . . . . . . . . . . . . . . 158<br />

4.2.1 Nature des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158<br />

4.2.2 Pertinence des questions . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159<br />

4.2.3 Formalisation des données . . . . . . . . . . . . . . . . . 159<br />

4.2.4 Finesse de <strong>la</strong> description . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160<br />

4.2.4.1 Réintroduction des informations . . . . . . . . 161<br />

4.2.4.2 Commentaire des données insuffisantes . . . . 162<br />

4.2.5 Évolution du corpus <strong>et</strong> de <strong>la</strong> démarche d’analyse . . . . . 162<br />

4.2.5.1 Reproductibilité . . . . . . . . . . . . . . . . 162<br />

4.2.5.2 Recherche de l’inattendu . . . . . . . . . . . . 162<br />

4.2.5.3 Perfectibilité des étapes . . . . . . . . . . . . 163<br />

4.3 Mode opératoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164<br />

4.3.1 Ordre de l’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164<br />

4.3.2 Présentation des dépouillements <strong>et</strong> des résultats . . . . . . 165<br />

5 Tendances générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

167<br />

5.0 Définition des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167<br />

5.0.1 Choix des individus <strong>et</strong> taille de l’échantillon . . . . . . . . 167<br />

5.0.2 Définition des individus . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168<br />

5.0.2.1 Variables morphosyntaxiques . . . . . . . . . 168<br />

5.0.2.2 Variables positionnelles . . . . . . . . . . . . 169<br />

5.0.2.3 Variables <strong>ponctuation</strong>nelles . . . . . . . . . . 169<br />

5.0.2.4 Définition complète de l’exemple . . . . . . . 170<br />

5.1 Tris à p<strong>la</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170<br />

5.1.1 Variables morphosyntaxiques . . . . . . . . . . . . . . . 171<br />

5.1.1.1 Variable MI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171<br />

5.1.1.2 Variable MF . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171<br />

XII


5.1.1.3 Variable MN . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172<br />

5.1.1.4 Variable MR . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172<br />

5.1.1.5 Synthèse des variables morphosyntaxiques . . 173<br />

5.1.2 Variables positionnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173<br />

5.1.3 Ponctuation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174<br />

5.1.3.1 Données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174<br />

5.1.3.2 Difficultés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174<br />

5.2 Tris croisés par variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176<br />

5.2.1 Guide de lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177<br />

5.2.1.1 Tableau de contingence . . . . . . . . . . . . . 177<br />

5.2.1.2 Test duχ 2 («chi-carré») . . . . . . . . . . . . 177<br />

5.2.1.3 Rapport de chances . . . . . . . . . . . . . . . 180<br />

5.2.1.4 Structure de l’écart . . . . . . . . . . . . . . . 180<br />

5.2.1.5 Test exact de Fisher . . . . . . . . . . . . . . 181<br />

5.2.2 Examen des tris croisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181<br />

5.2.2.1 Variable MI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182<br />

5.2.2.2 Variable MF . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183<br />

5.2.2.3 Variable MN . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184<br />

5.2.2.4 Variable MR . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185<br />

5.2.2.5 Variable LID . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185<br />

5.2.2.6 Variable LIF . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186<br />

5.2.3 Synthèse <strong>et</strong> critique de <strong>la</strong> démarche . . . . . . . . . . . . 187<br />

5.2.3.1 Ponctuation <strong>et</strong> segmentation en constituants . . 187<br />

5.2.3.2 Un panorama trop général . . . . . . . . . . . 188<br />

5.2.3.3 Atomisation des individus . . . . . . . . . . . 190<br />

5.3 Tris croisés sur une variable de synthèse . . . . . . . . . . . . . . 191<br />

5.3.1 Procédure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191<br />

5.3.1.1 Fusion des variables . . . . . . . . . . . . . . 191<br />

5.3.1.2 Séparation par modalité de MI . . . . . . . . . 192<br />

5.3.1.3 Décomposition des écarts . . . . . . . . . . . 193<br />

5.3.2 Examen des tris croisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194<br />

5.3.2.1 Phrase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194<br />

5.3.2.2 Propositions personnelles de fonction argumentale<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201<br />

5.3.2.3 Propositions non personnelles de fonction argumentale<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205<br />

5.3.2.4 Arguments non propositionnels . . . . . . . . 208<br />

5.3.2.5 Propositions personnelles de fonction immédiate 211<br />

5.3.2.6 Propositions non personnelles de fonction immédiate<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215<br />

5.3.2.7 Constituants non propositionnels de fonction<br />

immédiate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216<br />

5.3.3 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218<br />

5.3.3.1 Régu<strong>la</strong>rités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219<br />

5.3.3.2 Tableaux synoptiques . . . . . . . . . . . . . . 219<br />

5.3.3.3 Points forts <strong>et</strong> questions . . . . . . . . . . . . 224<br />

XIII


6 Fréquences de marquage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

229<br />

6.0 Procédure d’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229<br />

6.0.1 Définition des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229<br />

6.0.1.1 Variables additionnelles . . . . . . . . . . . . 230<br />

6.0.1.2 Sélection des individus . . . . . . . . . . . . . 230<br />

6.0.2 Étapes de l’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231<br />

6.1 Examen des structures argumentales <strong>et</strong> de <strong>la</strong> coordination . . . . . 232<br />

6.1.1 Phrase <strong>et</strong> proposition personnelle . . . . . . . . . . . . . 232<br />

6.1.1.1 Fréquence du marquage initial . . . . . . . . . 232<br />

6.1.1.2 Fréquence du marquage final . . . . . . . . . . 241<br />

6.1.1.3 Synthèse de l’analyse sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de <strong>la</strong><br />

phrase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247<br />

6.1.2 Prédicat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 250<br />

6.1.2.1 P0 <strong>et</strong> PPD de manière générale . . . . . . . . . 250<br />

6.1.2.2 P0 <strong>et</strong> PPF de manière générale . . . . . . . . . 256<br />

6.1.2.3 1,0,P0,0,0 <strong>et</strong> PPD <strong>dans</strong> MI.¬pers . . . . . . . 258<br />

6.1.2.4 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259<br />

6.1.3 Actants <strong>et</strong> A4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261<br />

6.1.3.1 0,0,S1,0,0 (phrase): PPD . . . . . . . . . . . . 261<br />

6.1.3.2 0,0,S1,0,0 (phrase): PPF . . . . . . . . . . . . 263<br />

6.1.3.3 0,1,S1,pers,1 (phrase): PPD . . . . . . . . . . 265<br />

6.1.3.4 0,0,R2,0,0 (phrase,¬pers): PPD . . . . . . . . 267<br />

6.1.3.5 0,0,R2,0,0 (phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers):<br />

PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269<br />

6.1.3.6 0,0,R2,pers,1 (pers): PPD . . . . . . . . . . . 272<br />

6.1.3.7 0,0,R2,pers,1 (phrase, pers): PPF . . . . . . . 272<br />

6.1.3.8 0,1,R2,0,0 (phrase): PPD . . . . . . . . . . . . 273<br />

6.1.3.9 0,1,R2,pers,1 (¬pers-arg): PPD . . . . . . . . 274<br />

6.1.3.10 0,0,R2,¬pers,0 (phrase, pers): PPF . . . . . . . 275<br />

6.1.3.11 0,0,R3,0,1 (phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers):<br />

PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276<br />

6.1.3.12 1,0,R3,0,1 (phrase): PPF . . . . . . . . . . . . 277<br />

6.1.3.13 0,0,A4,0,1 (pers-arg,¬pers-arg, pers): PPF . . 278<br />

6.1.3.14 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279<br />

6.1.4 Circonstants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 282<br />

6.1.4.1 0,0,C5,pers,0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 282<br />

6.1.4.2 0,0,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg,¬pers): PPF . . 287<br />

6.1.4.3 0,0,C5,0,1 (pers,¬pers): PPD . . . . . . . . . 288<br />

6.1.4.4 0,0,C5,0,1 (phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers,<br />

¬pers): PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 290<br />

6.1.4.5 0,0,C5,¬pers,1 (phrase): PPF . . . . . . . . . 292<br />

6.1.4.6 0,0,C5,pers,1 (phrase, pers-arg, pers): PPF . . 292<br />

6.1.4.7 1,0,C5,pers,1 (phrase): PPF . . . . . . . . . . 293<br />

6.1.4.8 0,1,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg, pers,¬pers): PPD 294<br />

6.1.4.9 0,1,C5,0,1 (phrase, pers-arg, pers): PPD . . . 295<br />

6.1.4.10 0,1,C5,¬pers,1 (phrase, pers): PPD . . . . . . 296<br />

6.1.4.11 0,1,C5,pers,1 (phrase): PPD . . . . . . . . . . 297<br />

XIV


6.1.4.12 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 298<br />

6.1.5 Coordination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 300<br />

6.1.5.1 Préparation des données . . . . . . . . . . . . 301<br />

6.1.5.2 Analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 302<br />

6.1.5.3 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 306<br />

6.2 Syntaxe immédiate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 308<br />

6.2.1 Révision des tableaux synoptiques pour <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> immédiate<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 309<br />

6.2.2 Examen des ruptures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 311<br />

6.2.2.1 0,0,Ap,0,0 (synt): PPD . . . . . . . . . . . . . 311<br />

6.2.2.2 0,1,Ap,pers,1 (synt-arg, synt): PPD . . . . . . 313<br />

6.2.2.3 1,0,Dt,0,1 (synt): PPF . . . . . . . . . . . . . 314<br />

6.2.2.4 0,0,Ap,pers,1 (synt-arg, synt): PPF . . . . . . 315<br />

6.2.2.5 0,0,Ap,¬pers,0 (synt-arg): PPF . . . . . . . . . 315<br />

6.2.3 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 316<br />

6.3 Re<strong>la</strong>teurs <strong>et</strong> C6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 317<br />

6.3.1 Attraction de PPD.1 par les C6 <strong>et</strong> les coordonnants . . . . 317<br />

6.3.1.1 Ressemb<strong>la</strong>nces . . . . . . . . . . . . . . . . . 317<br />

6.3.1.2 Données numériques . . . . . . . . . . . . . . 317<br />

6.3.2 Répulsions de PPF.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 320<br />

6.3.2.1 C6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 320<br />

6.3.2.2 Re<strong>la</strong>teurs non coordonnants . . . . . . . . . . 323<br />

6.3.2.3 Re<strong>la</strong>teurs coordonnants . . . . . . . . . . . . . 325<br />

6.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 326<br />

6.4.1 Cohérence <strong>dans</strong> le corpus . . . . . . . . . . . . . . . . . 326<br />

6.4.2 Interférences non contrôlées . . . . . . . . . . . . . . . . 327<br />

6.4.2.1 Interférences sémantiques . . . . . . . . . . . 327<br />

6.4.2.2 Interférences énonciatives . . . . . . . . . . . 328<br />

6.4.3 Remise en question du modèle . . . . . . . . . . . . . . . 329<br />

6.4.3.1 Lexèmes employés . . . . . . . . . . . . . . . 329<br />

6.4.3.2 Coordination <strong>et</strong> apposition . . . . . . . . . . . 329<br />

6.4.3.3 Description de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> immédiate . . . . . . 330<br />

6.4.3.4 Coordonnants <strong>et</strong> autres re<strong>la</strong>teurs . . . . . . . . 330<br />

6.4.4 «Règles» <strong>et</strong> proportions de marquage expliqué . . . . . . 330<br />

6.4.4.1 Interdictions . . . . . . . . . . . . . . . . . . 330<br />

6.4.4.2 Régu<strong>la</strong>rité des tendances . . . . . . . . . . . . 331<br />

6.4.4.3 Puissance explicative . . . . . . . . . . . . . . 332<br />

7 Forme du marquage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

333<br />

7.1 Données soumises à l’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 333<br />

7.1.1 Fréquence des ponctogrammes . . . . . . . . . . . . . . . 333<br />

7.1.2 Création du tableau de contingence . . . . . . . . . . . . 334<br />

7.2 Analyse factorielle des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 335<br />

7.2.1 Décomposition du tableau . . . . . . . . . . . . . . . . . 336<br />

7.2.2 Représentation bidimensionnelle . . . . . . . . . . . . . . 337<br />

7.2.3 Interprétation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 340<br />

7.2.4 Réduction du tableau de contingence . . . . . . . . . . . 341<br />

XV


7.2.4.1 Modalités de faible effectif . . . . . . . . . . . 342<br />

7.2.4.2 Analyse du tableau réduit . . . . . . . . . . . 347<br />

7.3 Tests statistiques sur les groupements obtenus . . . . . . . . . . . 350<br />

7.4 Ponctogrammes rares . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352<br />

7.4.1 Ponctogramme ‹:› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352<br />

7.4.2 Ponctogramme ‹–› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 353<br />

7.4.3 Ponctogramme ‹;› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354<br />

7.4.4 Ponctogramme ‹//› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 355<br />

7.4.5 Ponctogramme ‹·/› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 356<br />

7.4.6 Ponctogramme ‹··› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 356<br />

7.5 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 356<br />

7.5.1 Implications sémiotiques de <strong>la</strong> variété des formes . . . . . 356<br />

7.5.1.1 Facultativité . . . . . . . . . . . . . . . . . . 357<br />

7.5.1.2 Force . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 357<br />

7.5.2 Problèmes liés à <strong>la</strong> substance . . . . . . . . . . . . . . . . 357<br />

7.5.2.1 Validité des transcriptions . . . . . . . . . . . 358<br />

7.5.2.2 Ponctogrammes <strong>et</strong> système graphique . . . . . 358<br />

8 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 359<br />

8.1 Progression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 359<br />

8.1.1 Première partie: modélisation . . . . . . . . . . . . . . . 359<br />

8.1.2 Deuxième partie: analyse des données . . . . . . . . . . . 360<br />

8.1.3 Tableau de synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 362<br />

8.2 À l’épreuve d’autres matériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 364<br />

8.2.1 Charte luxembourgeoise ou lorraine de 1245 . . . . . . . 364<br />

8.2.1.1 Lecture suivie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 364<br />

8.2.1.2 Signes expliqués . . . . . . . . . . . . . . . . 365<br />

8.2.1.3 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 367<br />

8.2.2 Charte champenoise de 1270 . . . . . . . . . . . . . . . . 367<br />

8.2.2.1 Lecture suivie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 367<br />

8.2.2.2 Signes expliqués . . . . . . . . . . . . . . . . 368<br />

8.2.2.3 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 369<br />

8.2.3 Apports des analyses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 369<br />

8.3 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 369<br />

8.3.1 Enrichissement du corpus . . . . . . . . . . . . . . . . . 370<br />

8.3.1.1 Meilleure représentation des modalités . . . . 370<br />

8.3.1.2 Meilleure description externe . . . . . . . . . 371<br />

8.3.2 Faits linguistiques exploités . . . . . . . . . . . . . . . . 371<br />

8.3.2.1 Approfondissement <strong>et</strong> amélioration du modèle 371<br />

8.3.2.2 Autres points de vue . . . . . . . . . . . . . . 372<br />

8.3.3 Interférences avec le système graphique . . . . . . . . . . 372<br />

Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373<br />

A Travaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373<br />

B Documents d’archives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 378<br />

Index . . . .<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 383<br />

XVI


Table des figures<br />

1.1 Représentation d’un concept <strong>et</strong> de ses caractères . . . . . . . . . . . . 17<br />

1.2 Représentation d’un concept non nommé . . . . . . . . . . . . . . . . 17<br />

1.3 Représentation d’une hiérarchie de concepts . . . . . . . . . . . . . . 17<br />

2.1 Concept de <strong>la</strong>ngue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22<br />

2.2 Concept de <strong>la</strong>ngue écrite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24<br />

2.3 Exemple de réalisation (Document 1272–07–08, 1) . . . . . . . . . . 26<br />

2.4 Exemples de puncti (Document 1272–07–08, 2) . . . . . . . . . . . . 27<br />

2.5 Exemple d’accent décalé (Document 1277–02–03, 27) . . . . . . . . 27<br />

2.6 Concept de scriptème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28<br />

2.7 Types de scriptèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28<br />

2.8 Types de grammèmes: critère fonctionnel . . . . . . . . . . . . . . . 29<br />

2.9 Types de topèmes: critère fonctionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . 30<br />

2.10 Exemple de cénégramme «marqué» (Document 1282–02–01, 2) . . . 31<br />

2.11 Types de plérégrammes: critère d’autonomie . . . . . . . . . . . . . . 31<br />

2.12 Exemple de ‹t› (Document 1282–02–01, 2) . . . . . . . . . . . . . . 32<br />

2.13 Types de plérégrammes: axe de construction . . . . . . . . . . . . . . 34<br />

2.14 Types de cénégrammes: axe de construction (provisoire) . . . . . . . 34<br />

2.15 Types de nébulogrammes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36<br />

2.16 Exemple d’abréviation par contraction (Document 1271–12–03a, 11) . 36<br />

2.17 Exemple d’abréviation par l<strong>et</strong>tre suscrite (Document 1236–07, 6) . . . 37<br />

2.18 Concept de logogramme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37<br />

2.19 Types de scriptèmes (c<strong>la</strong>ssement compl<strong>et</strong>) . . . . . . . . . . . . . . . 39<br />

2.20 Concept de <strong>ponctuation</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42<br />

3.1 Schématisation du type de texte charte selon Marie-Guy Boutier . . . 50<br />

3.2 Concept de texte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51<br />

3.3 Concept d’occurrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53<br />

3.4 Concept de mot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53<br />

3.5 Concept de lexème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53<br />

3.6 Concept d’énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54<br />

3.7 Concept de <strong>syntaxe</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62<br />

3.8 Représentation de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion minimale . . . . . . . . . . . . . . . . . 64<br />

3.9 Concept de constituant immédiat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64<br />

3.10 Concept de re<strong>la</strong>tion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64<br />

3.11 Représentation de <strong>la</strong> spécification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66<br />

3.12 Structure de ont doneit a Jakemin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66<br />

XVII


3.13 Types de fonctions syntaxiques suivant les termes reliés . . . . . . . . 66<br />

3.14 Types de <strong>syntaxe</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68<br />

3.15 Types de parties du discours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75<br />

3.16 Types d’énoncés en fonction de leur structure morphosyntaxique . . . 85<br />

3.17 Re<strong>la</strong>tions sémantiques marquant des re<strong>la</strong>tions syntaxiques . . . . . . . 90<br />

3.18 Principaux constituants immédiats de <strong>la</strong> phrase . . . . . . . . . . . . 90<br />

3.19 Représentation de R2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93<br />

3.20 Représentation de S1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93<br />

3.21 Types d’actants en fonction de leur forme . . . . . . . . . . . . . . . 93<br />

3.22 Représentation de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion attributive impliquant S1 <strong>et</strong> R2 . . . . . 95<br />

3.23 Types d’actants en fonction de leur potentiel commutatoire . . . . . . 96<br />

3.24 Types d’arguments en fonction de leur potentiel commutatoire . . . . 97<br />

3.25 Types de circonstants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98<br />

3.26 Types d’arguments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99<br />

3.27 Re<strong>la</strong>tion attributive impliquant R2 <strong>et</strong> A4 . . . . . . . . . . . . . . . . 101<br />

3.28 Types de constituants immédiats de <strong>la</strong> phrase (c<strong>la</strong>ssement compl<strong>et</strong>) . . 102<br />

3.29 Représentation des re<strong>la</strong>tions syntaxiques impliquant des arguments . . 103<br />

3.30 Représentation des re<strong>la</strong>tions argumentales simples . . . . . . . . . . . 103<br />

3.31 Représentation de <strong>la</strong> dépendance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103<br />

3.32 Représentation de <strong>la</strong> combinaison avec dépendance . . . . . . . . . . 104<br />

3.33 Convention d’annotation des re<strong>la</strong>tions . . . . . . . . . . . . . . . . . 104<br />

3.34 Représentation de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion attributive . . . . . . . . . . . . . . . . 104<br />

3.35 Structure de P0 complexe (l’auxilié est argumental) . . . . . . . . . . 105<br />

3.36 Structure de P0 complexe (l’auxilié n’est pas argumental) . . . . . . . 105<br />

3.37 Concept de re<strong>la</strong>teur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108<br />

3.38 Structure de a savoir est que. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116<br />

3.39 Structure de a savoir faisons que. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116<br />

3.40 Structure de fera loer me femme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117<br />

3.41 Structure de a savoir vos faisons ke. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117<br />

3.42 Structure de oï mon frere tesmonghier . . . . . . . . . . . . . . . . . 117<br />

3.43 Structure de me constraindre a tenir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118<br />

3.44 Structure rej<strong>et</strong>ée de Jakemes. . . conoistre veriteit . . . . . . . . . . . . 120<br />

3.45 Structure de Henri. . . salut en Nostre Signeur . . . . . . . . . . . . . 120<br />

3.46 Structure de Jakemes. . . conoistre veriteit . . . . . . . . . . . . . . . 121<br />

3.47 Structure de En nom du Pere. . . Amen . . . . . . . . . . . . . . . . . 122<br />

3.48 Structure de sires Gerars aroit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123<br />

3.49 Types de combinaisons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124<br />

3.50 Structure de filhe mon saingnor. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124<br />

3.51 Types de sélections . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126<br />

3.52 Structure de le decés dame Magon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126<br />

3.53 Structure de filhes a mon sainor. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126<br />

3.54 Fonctions du re<strong>la</strong>teur au niveau argumental . . . . . . . . . . . . . . 128<br />

3.55 Fonctions du re<strong>la</strong>teur au niveau immédiat . . . . . . . . . . . . . . . 128<br />

3.56 Structure de ci devant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129<br />

3.57 Structure de trop damajousement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130<br />

3.58 Structure de par deseur avec détermination (hors contexte) . . . . . . 130<br />

3.59 Structure de par deseur avec détermination (re<strong>la</strong>teur) . . . . . . . . . 130<br />

XVIII


3.60 Structure de par deseur sans détermination (re<strong>la</strong>teur) . . . . . . . . . 130<br />

3.61 Structure de par desor les quatuose. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130<br />

3.62 Apposition d’une re<strong>la</strong>tive <strong>et</strong> d’un nom . . . . . . . . . . . . . . . . . 132<br />

3.63 Apposition d’une re<strong>la</strong>tive <strong>et</strong> d’un nom: fonctions du re<strong>la</strong>teur . . . . . 132<br />

3.64 Apposition d’une complétive <strong>et</strong> d’un nom . . . . . . . . . . . . . . . 134<br />

3.65 Structure de avons pendu. . . por que. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135<br />

3.66 Structure rej<strong>et</strong>ée de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre nom <strong>et</strong> participe coorientés . . . . 136<br />

3.67 Structure de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre nom <strong>et</strong> participe coorientés . . . . . . . . 136<br />

3.68 Types de re<strong>la</strong>tions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137<br />

3.69 Re<strong>la</strong>tion médiate entre un nom <strong>et</strong> un infinitif re<strong>la</strong>té . . . . . . . . . . 139<br />

3.70 Structure de <strong>la</strong> détermination d’un nom par un infinitif re<strong>la</strong>té . . . . . 139<br />

3.71 Interprétation argumentale de des siez jornaz. . . doit le moitié. . . . . . 140<br />

3.72 Interprétation immédiate de des siez jornaz. . . doit le moitié. . . . . . . 140<br />

3.73 Structure de Jakes. . ., li maire. . . de Liege faisons savoir ke. . . . . . . 141<br />

3.74 Structure de Ermensens. . . <strong>et</strong> Henri. . . (coordonnant spécifiant) . . . . 142<br />

3.75 Décomposition d’une coordination (1) . . . . . . . . . . . . . . . . . 143<br />

3.76 Décomposition d’une coordination (2) . . . . . . . . . . . . . . . . . 143<br />

3.77 Structure de aura li glise le deus <strong>et</strong> li voweiz le tierce . . . . . . . . . 143<br />

3.78 Interprétation des C5 de niveau ambigu . . . . . . . . . . . . . . . . 146<br />

3.79 Structure de on bonier d’alu de terre. . . (hiérarchie 1) . . . . . . . . . 146<br />

3.80 Structure de on bonier d’alu de terre. . . (hiérarchie 2) . . . . . . . . . 146<br />

3.81 Structure de on bonier d’alu de terre. . . (structure p<strong>la</strong>te) . . . . . . . 147<br />

3.82 Structure de filhe Tyri de Jace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147<br />

4.1 Histogramme des R2 par phrase, par charte . . . . . . . . . . . . . . 154<br />

4.2 Estimateur de densité des R2 par phrases, par charte . . . . . . . . . . 154<br />

4.3 Boîte à moustache des R2 par phrase, par charte . . . . . . . . . . . . 155<br />

4.4 Probabilité que R25% . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156<br />

5.1 Synthèse après tris croisés généraux: segmentation <strong>et</strong> ponctogrammes 187<br />

5.2 Synthèse après tris croisés généraux: segmentation, re<strong>la</strong>teurs <strong>et</strong> ponctogrammes<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188<br />

5.3 Synthèse après tris croisés généraux: interruption . . . . . . . . . . . 188<br />

5.4 Synthèse après tris croisés généraux: ponctogramme devant <strong>et</strong> derrière 189<br />

5.5 Synthèse après tris croisés généraux: ponctogramme devant seulement 189<br />

5.6 Synthèse après tris croisés généraux: ponctogramme derrière seulement 189<br />

5.7 Synthèse après tris croisés généraux: aucun ponctogramme . . . . . . 189<br />

5.8 Synthèse après tris croisés généraux: cas intermédiaires . . . . . . . . 190<br />

5.9 Attractions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau phrase . . . . . . . . . . . . 195<br />

5.10 Répulsions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau phrase . . . . . . . . . . . . 195<br />

5.11 Attractions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau phrase (sans les<br />

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198<br />

5.12 Répulsions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau phrase (sans les<br />

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198<br />

5.13 Attractions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau phrase . . . . . . . . . . . . 199<br />

5.14 Répulsions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau phrase . . . . . . . . . . . . 199<br />

XIX


5.15 Attractions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau phrase (sans les<br />

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200<br />

5.16 Répulsions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau phrase (sans les<br />

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200<br />

5.17 Attractions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau pers-arg . . . . . . . . . . . 201<br />

5.18 Répulsions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau pers-arg . . . . . . . . . . . 202<br />

5.19 Attractions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau pers-arg (sans les<br />

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202<br />

5.20 Répulsions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau pers-arg (sans les<br />

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203<br />

5.21 Attractions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau pers-arg . . . . . . . . . . . . 203<br />

5.22 Répulsions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau pers-arg . . . . . . . . . . . . 203<br />

5.23 Attractions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau pers-arg (sans les<br />

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204<br />

5.24 Répulsions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau pers-arg (sans les<br />

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205<br />

5.25 Attractions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers-arg . . . . . . . . . . . 205<br />

5.26 Répulsions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers-arg . . . . . . . . . . . 206<br />

5.27 Attractions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers-arg (sans<br />

les constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206<br />

5.28 Répulsions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers-arg (sans<br />

les constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206<br />

5.29 Attractions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers-arg . . . . . . . . . . . 207<br />

5.30 Répulsions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers-arg . . . . . . . . . . . 207<br />

5.31 Attractions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers-arg (sans<br />

les constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208<br />

5.32 Répulsions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers-arg (sans<br />

les constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208<br />

5.33 Attractions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau synt-arg . . . . . . . . . . . 209<br />

5.34 Répulsions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau synt-arg . . . . . . . . . . . 209<br />

5.35 Attractions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau synt-arg (sans les<br />

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209<br />

5.36 Répulsions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau synt-arg (sans les<br />

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209<br />

5.37 Attractions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau synt-arg . . . . . . . . . . . . 210<br />

5.38 Répulsions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau synt-arg . . . . . . . . . . . . 210<br />

5.39 Attractions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau synt-arg (sans les<br />

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211<br />

5.40 Répulsions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau synt-arg (sans les<br />

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211<br />

5.41 Attractions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau pers . . . . . . . . . . . . . 212<br />

5.42 Répulsions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau pers . . . . . . . . . . . . . 212<br />

5.43 Attractions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau pers (sans les<br />

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213<br />

5.44 Répulsions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau pers (sans les<br />

constituants initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213<br />

5.45 Attractions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau pers . . . . . . . . . . . . . . 213<br />

XX


5.46 Répulsions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau pers . . . . . . . . . . . . . . 214<br />

5.47 Attractions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau pers (sans les<br />

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214<br />

5.48 Répulsions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau pers (sans les<br />

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214<br />

5.49 Attractions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers . . . . . . . . . . . . . 215<br />

5.50 Répulsions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers . . . . . . . . . . . . . 215<br />

5.51 Attractions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers . . . . . . . . . . . . . 216<br />

5.52 Répulsions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers . . . . . . . . . . . . . 216<br />

5.53 Attractions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers (sans les<br />

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216<br />

5.54 Répulsions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers (sans les<br />

constituants finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216<br />

5.55 Attractions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau synt . . . . . . . . . . . . . 217<br />

5.56 Répulsions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau synt . . . . . . . . . . . . . 217<br />

5.57 Attractions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau synt . . . . . . . . . . . . . . 218<br />

5.58 Répulsions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau synt . . . . . . . . . . . . . . 218<br />

5.59 Proportions de marquage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220<br />

5.60 Tableau synoptique des tendances générales, PPD . . . . . . . . . . . 222<br />

5.61 Tableau synoptique des tendances générales, PPF . . . . . . . . . . . 223<br />

5.62 Tableau synoptique des tendances générales, PPD (sans les constituants<br />

initiaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224<br />

5.63 Tableau synoptique des tendances générales, PPF (sans les constituants<br />

finaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225<br />

6.1 Attractions entre PPD <strong>et</strong> <strong>la</strong> phrase par charte . . . . . . . . . . . . . . 234<br />

6.2 Répulsions entre PPD <strong>et</strong> <strong>la</strong> phrase par charte . . . . . . . . . . . . . . 234<br />

6.3 Attractions entre PPD <strong>et</strong> <strong>la</strong> proposition argumentale par charte . . . . 235<br />

6.4 Répulsions entre PPD <strong>et</strong> <strong>la</strong> proposition argumentale par charte . . . . 235<br />

6.5 Attractions entre PPD <strong>et</strong> <strong>la</strong> proposition immédiate par charte . . . . . 236<br />

6.6 Répulsions entre PPD <strong>et</strong> <strong>la</strong> proposition immédiate par charte . . . . . 237<br />

6.7 Graphiques des fréquences de marquage initial des propositions . . . 239<br />

6.8 Attractions entre PPF <strong>et</strong> <strong>la</strong> phrase par charte . . . . . . . . . . . . . . 241<br />

6.9 Répulsions entre PPF <strong>et</strong> <strong>la</strong> phrase par charte . . . . . . . . . . . . . . 242<br />

6.10 Graphiques des fréquence de marquage final des propositions . . . . . 244<br />

6.11 Graphiques des fréquences de marquage final de <strong>la</strong> phrase (haut) <strong>et</strong> de<br />

<strong>la</strong> p. imm. (bas) par rapport à p. arg. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246<br />

6.12 Attractions entre PPD <strong>et</strong> le prédicat par document . . . . . . . . . . . 251<br />

6.13 Répulsions entre PPD <strong>et</strong> le prédicat par document . . . . . . . . . . . 252<br />

6.14 Attractions entre PPD <strong>et</strong> le prédicat par construction précédente . . . . 253<br />

6.15 Répulsions entre PPD <strong>et</strong> le prédicat par construction précédente . . . . 253<br />

6.16 Marquage final du prédicat par document (attractions) . . . . . . . . . 257<br />

6.17 Attractions entre le prédicat <strong>et</strong> PPF par construction suivante . . . . . 257<br />

6.18 Répulsions entre le prédicat <strong>et</strong> PPF par construction suivante . . . . . 258<br />

6.19 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262<br />

XXI


6.20 Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262<br />

6.21 Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263<br />

6.22 Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263<br />

6.23 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264<br />

6.24 Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264<br />

6.25 Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265<br />

6.26 Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265<br />

6.27 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267<br />

6.28 Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267<br />

6.29 Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . 268<br />

6.30 Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . 268<br />

6.31 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . 270<br />

6.32 Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . 270<br />

6.33 Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . 271<br />

6.34 Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . 271<br />

6.35 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,1,R2,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273<br />

6.36 Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,1,R2,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273<br />

6.37 Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,1,R2,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273<br />

6.38 Structure de savoir faisons que. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 274<br />

6.39 Structure de a savoir faisons que. . . (rappel) . . . . . . . . . . . . . . 274<br />

6.40 Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,R2,¬pers,0 (niveaux: phrase, pers) . . . . . . . . . . . . . . . 275<br />

6.41 Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,R2,¬pers,0 (niveaux: phrase, pers) . . . . . . . . . . . . . . . 275<br />

6.42 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,R3,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . 276<br />

6.43 Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF pour les constituants de<br />

type 0,0,R3,0,1 (niveau: phrase), réduit . . . . . . . . . . . . . . . . . 276<br />

XXII


6.44 Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF pour les constituants de<br />

type 0,0,R3,0,1 (niveau: phrase), réduit . . . . . . . . . . . . . . . . . 277<br />

6.45 Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,A4,0,1 (niveaux: pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . . 279<br />

6.46 Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,A4,0,1 (niveaux: pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . . 279<br />

6.47 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . 287<br />

6.48 Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . 287<br />

6.49 Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers) . . . . . . . . . . 288<br />

6.50 Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers) . . . . . . . . . . 288<br />

6.51 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289<br />

6.52 Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289<br />

6.53 Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . 289<br />

6.54 Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . 289<br />

6.55 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . 290<br />

6.56 Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . 291<br />

6.57 Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . 291<br />

6.58 Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . 292<br />

6.59 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . 293<br />

6.60 Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . 293<br />

6.61 Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . 293<br />

6.62 Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . 293<br />

6.63 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . . . . . . 294<br />

6.64 Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . . . . . . 294<br />

6.65 Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . . . 294<br />

6.66 Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . . . 295<br />

XXIII


6.67 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . . 296<br />

6.68 Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . . 296<br />

6.69 Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . 296<br />

6.70 Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . 296<br />

6.71 Structure d’une phrase comprenant deux circonstants (modèle choisi) . 299<br />

6.72 Structure d’une phrase comprenant deux circonstants (modèle alternatif) 299<br />

6.73 Marquage initial de MC.fin par constituant précédent . . . . . . . . . 304<br />

6.74 Marquage initial de MC.fin par constituant précédent . . . . . . . . . 304<br />

6.75 Représentation de <strong>la</strong> spécification (rappel) . . . . . . . . . . . . . . . 305<br />

6.76 Structure de Ermensens. . . <strong>et</strong> Henri. . . (rappel) . . . . . . . . . . . . 305<br />

6.77 Représentation de <strong>la</strong> spécification de <strong>la</strong> coordination (revue) . . . . . 306<br />

6.78 Tableau synoptique des tendances en <strong>syntaxe</strong> immédiate, PPD (revu) . 310<br />

6.79 Tableau synoptique des tendances en <strong>syntaxe</strong> immédiate, PPF (revu) . 310<br />

6.80 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,0,Ap,0,0 (niveau: synt) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 312<br />

6.81 Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,0,Ap,0,0 (niveau: synt) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 312<br />

6.82 Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,0,Ap,0,0 (niveau: synt) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 312<br />

6.83 Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,1,Ap,pers,1 (niveaux: synt, synt-arg) . . . . . . . . . . . . . . 314<br />

6.84 Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de<br />

type 0,1,Ap,pers,1 (niveaux: synt, synt-arg) . . . . . . . . . . . . . . 314<br />

6.85 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

1,0,C6,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 318<br />

6.86 Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

1,0,C6,0,0 (niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 319<br />

6.87 Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers, ¬persarg)<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 320<br />

6.88 Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers, ¬persarg)<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 321<br />

6.89 Proportions de marquage des C6 <strong>et</strong> des Co . . . . . . . . . . . . . . . 322<br />

6.90 Réalisation de ponctogramme après un C6: grattage (Document<br />

1270–09–29, 18) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 323<br />

6.91 Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 1,0,Rl,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers,<br />

¬pers-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324<br />

6.92 Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 1,0,Rl,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers,<br />

¬pers-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324<br />

XXIV


6.93 Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers,<br />

¬pers-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325<br />

6.94 Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de<br />

type 0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers,<br />

¬pers-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 326<br />

6.95 Graphique des proportions de marquage expliqué par les environnements<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 332<br />

7.1 Décomposition en valeurs propres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 336<br />

7.2 Analyse factorielle des correspondances: points-colonnes . . . . . . . 338<br />

7.3 Analyse factorielle des correspondances: points-lignes . . . . . . . . 339<br />

7.4 Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes <strong>et</strong><br />

environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 339<br />

7.5<br />

7.6<br />

7.7<br />

Attractions entre CiF <strong>et</strong> RB pour punctus ‹· › . . . . . . . . . . . . . .<br />

Répulsions entre CiF <strong>et</strong> RB pour punctus ‹· › . . . . . . . . . . . . . .<br />

Attractions entre CiF <strong>et</strong> RB pour punctus ‹/› . . . . . . . . . . . . . .<br />

342<br />

342<br />

343<br />

7.8 Répulsions entre CiF <strong>et</strong> RB pour punctus ‹/› . . . . . . . . . . . . . . 343<br />

7.9 Attractions entre CiF <strong>et</strong> RB pour punctus ‹· /›<br />

7.10<br />

. . . . . . . . . . . . . .<br />

Répulsions entre CiF <strong>et</strong> RB pour punctus ‹·<br />

343<br />

/›<br />

7.11<br />

. . . . . . . . . . . . . .<br />

Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes <strong>et</strong><br />

343<br />

environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 345<br />

7.12 Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes <strong>et</strong><br />

environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 346<br />

7.13 Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes <strong>et</strong><br />

environnement (points-lignes <strong>et</strong> points-colonnes séparés) . . . . . . . 347<br />

7.14 Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes <strong>et</strong><br />

environnement (points-lignes <strong>et</strong> points-colonnes séparés), facteurs 2 <strong>et</strong><br />

3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 349<br />

7.15 Réalisation de ‹:› (Document 1247–06, 17) . . . . . . . . . . . . . . . 353<br />

7.16 Réalisation de ‹:› (Document 1271–07–25, 9) . . . . . . . . . . . . . 353<br />

7.17 Réalisation de ‹–› (Document 1277–07–01, 14) . . . . . . . . . . . . 353<br />

7.18 Réalisation de ‹–› (Document 1286–05–15, 2) . . . . . . . . . . . . . 354<br />

7.19 Réalisation de ‹//› (Document 1283–12–26, 10) . . . . . . . . . . . . 355<br />

7.20 Réalisation de ‹·/› (Document 1274–05–31a, 27) . . . . . . . . . . . . 356<br />

7.21 Réalisation de ‹··› (Document 1289–01–12, 2) . . . . . . . . . . . . 356<br />

’<br />

’<br />

XXV


Liste des tableaux<br />

2.1 Inventaire des ponctogrammes relevés . . . . . . . . . . . . . . . . . 45<br />

5.1 Exemple de définition d’individu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170<br />

5.2 Exemples de définition d’individu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170<br />

5.3 Exemple de tri à p<strong>la</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170<br />

5.4 Tri à p<strong>la</strong>t de MI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171<br />

5.5 Tri à p<strong>la</strong>t de MF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172<br />

5.6 Tri à p<strong>la</strong>t de MN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172<br />

5.7 Tri à p<strong>la</strong>t de MR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173<br />

5.8 Tri à p<strong>la</strong>t de LID . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173<br />

5.9 Tri à p<strong>la</strong>t de LIF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173<br />

5.10 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174<br />

5.11 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174<br />

5.12 Exemple de tableau de contingence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177<br />

5.13 Exemple de tri croisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178<br />

5.14 Exemple de tri croisé: valeurs attendues . . . . . . . . . . . . . . . . 178<br />

5.15 Tri croisé MI×PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182<br />

5.16 Tri croisé MI×PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182<br />

5.17 Tri croisé MF×PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183<br />

5.18 Tri croisé MF×PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184<br />

5.19 Tri croisé MN×PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184<br />

5.20 Tri croisé MN×PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184<br />

5.21 Tri croisé MR×PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185<br />

5.22 Tri croisé MR×PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185<br />

5.23 Tri croisé LID×PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185<br />

5.24 Tri croisé LID×PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186<br />

5.25 Tri croisé LIF×PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186<br />

5.26 Tri croisé LIF×PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186<br />

5.27 Exemple de définition d’individus, MM en dernière colonne . . . . . 192<br />

5.28 Exemple de décomposition de <strong>la</strong> table de contingence MM×PPD:<br />

0,0,C6,0,0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193<br />

5.29 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les constituants MI.phrase . . . . . . . . . . . 194<br />

5.30 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les constituants MI.phrase . . . . . . . . . . . 198<br />

5.31 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les constituants MI.pers-arg . . . . . . . . . . 201<br />

5.32 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les constituants MI.pers-arg . . . . . . . . . . . 202<br />

5.33 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les constituants MI.¬pers-arg . . . . . . . . . . 205<br />

5.34 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les constituants MI.¬pers-arg . . . . . . . . . . 207<br />

XXVII


5.35 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les constituants MI.synt-arg . . . . . . . . . . 208<br />

5.36 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les constituants MI.synt-arg . . . . . . . . . . . 210<br />

5.37 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les constituants MI.pers . . . . . . . . . . . . 211<br />

5.38 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les constituants MI.pers . . . . . . . . . . . . . 212<br />

5.39 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les constituants MI.¬pers . . . . . . . . . . . . 215<br />

5.40 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les constituants MI.¬pers . . . . . . . . . . . . 215<br />

5.41 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les constituants MI.synt . . . . . . . . . . . . 217<br />

5.42 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les constituants MI.synt . . . . . . . . . . . . . 218<br />

6.1 Tri croisé début de phrase×PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233<br />

6.2 Tri croisé début de phrase×PPD, (sans les documents1265-05b, 1272-<br />

03, 1283-02-13a, 1289-01-12) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233<br />

6.3 Tri croisé début de prop. argumentale×PPD . . . . . . . . . . . . . . 235<br />

6.4 Tri croisé début de prop. immédiate×PPD . . . . . . . . . . . . . . . 235<br />

6.5 Tri croisé types de propositions×PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . 236<br />

6.6 Tri croisé phrases <strong>et</strong> autres prop.×PPD . . . . . . . . . . . . . . . . 238<br />

6.7 Tri croisé prop. argumentales ou non×PPD . . . . . . . . . . . . . . 238<br />

6.8 Probabilités de différence de marquage initial des propositions . . . . 240<br />

6.9 Tri croisé fin de phrase×PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241<br />

6.10 Tri croisé fin de phrase×PPF, (sans le document 1272-03) . . . . . . 242<br />

6.11 Tri croisé fin de prop. argumentale×PPF . . . . . . . . . . . . . . . 242<br />

6.12 Tri croisé fin de prop. immédiate×PPF . . . . . . . . . . . . . . . . 242<br />

6.13 Tri croisé types de propositions×PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . 243<br />

6.14 Tri croisé phrases <strong>et</strong> autre proposition×PPF . . . . . . . . . . . . . . 243<br />

6.15 Tri croisé propositions argumentales ou non×PPF . . . . . . . . . . 243<br />

6.16 Probabilités de différence de marquage final des propositions . . . . . 245<br />

6.17 Probabilités de différence de fréquence de marquage final de <strong>la</strong> phrase<br />

par rapport à p. arg. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247<br />

6.18 Fréquence de marquage final de <strong>la</strong> p. imm. par rapport à p. arg.: statistiques<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247<br />

6.19 Proportions de marquage expliqué par <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de <strong>la</strong> phrase . . . 249<br />

6.20 Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de phrase ou non) pour les positions non<br />

ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249<br />

6.21 Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de phrase ou non) pour les positions<br />

ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249<br />

6.22 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les prédicats non initiaux . . . . . . . . . . . . 250<br />

6.23 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les prédicats non finaux . . . . . . . . . . . . . 256<br />

6.24 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les 1,0,P0,0,0 <strong>dans</strong> ¬pers . . . . . . . . . . . . 259<br />

6.25 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,0,S1,0,0 (niveau:<br />

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261<br />

6.26 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,S1,0,0 (niveau:<br />

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264<br />

6.27 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,1,S1,pers,1 (niveau:<br />

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 266<br />

6.28 Tri croisé entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type 0,1,S1,pers,1<br />

(niveau: phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 266<br />

XXVIII


6.29 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,0,R2,0,0 (niveaux:<br />

phrase, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267<br />

6.30 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,R2,0,0 (niveaux:<br />

phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269<br />

6.31 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,0,R2,pers,1 (niveau:<br />

pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272<br />

6.32 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,R2,pers,1 (niveaux:<br />

phrase, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272<br />

6.33 Tri croisé entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type 0,0,R2,pers,1<br />

(niveaux: phrase, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272<br />

6.34 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,1,R2,0,0 (niveau:<br />

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273<br />

6.35 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,1,R2,pers,1 (niveau:<br />

¬pers-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 274<br />

6.36 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,R2,¬pers,0 (niveaux:<br />

phrase, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275<br />

6.37 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,R3,0,1 (niveaux:<br />

phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276<br />

6.38 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 1,0,R3,0,1 (niveau:<br />

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277<br />

6.39 Tri croisé MMS×PPF, pour les constituants de type 1,0,R3,0,1 (niveau:<br />

phrase, Document 1272-03 r<strong>et</strong>iré) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277<br />

6.40 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,A4,0,1 (niveaux:<br />

pers-arg, ¬pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 278<br />

6.41 Proportions de marquage expliqué par <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des actants . . . 281<br />

6.42 Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite d’actant ou non) pour les positions non<br />

ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281<br />

6.43 Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite d’actant ou non) pour les positions ponctuées<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281<br />

6.44 Tri croisé phrases <strong>et</strong> incidentes×PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . 283<br />

6.45 Tri croisé phrases <strong>et</strong> incidentes (groupées)×PPD . . . . . . . . . . . 284<br />

6.46 Tri croisé incidentes×PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 284<br />

6.47 Tri croisé phrases, incidentes <strong>et</strong> autres circonstants propositionnels×<br />

PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 284<br />

6.48 Tri croisé incidentes <strong>et</strong> autres circonstants propositionnels×PPD . . . 285<br />

6.49 Tri croisé phrases <strong>et</strong> incidentes×PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . 285<br />

6.50 Tri croisé phrases <strong>et</strong> incidentes×PPF . . . . . . . . . . . . . . . . . 286<br />

6.51 Tri croisé phrases <strong>et</strong> incidentes (phrase)×PPF . . . . . . . . . . . . . 286<br />

6.52 Tri croisé phrases, incidentes <strong>et</strong> circonstants propositionnels×PPF . . 286<br />

6.53 Tri croisé incidentes <strong>et</strong> circonstants propositionnels×PPF . . . . . . 286<br />

6.54 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,C5,0,0 (niveaux:<br />

phrase, ¬pers-arg, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 287<br />

6.55 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,0,C5,0,1 (niveaux:<br />

pers, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 288<br />

6.56 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,C5,0,1 (niveaux:<br />

phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . 290<br />

XXIX


6.57 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,C5,¬pers,1 (niveau:<br />

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 292<br />

6.58 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,C5,pers,1 (niveaux:<br />

phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 292<br />

6.59 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 1,0,C5,pers,1 (niveau:<br />

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293<br />

6.60 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,1,C5,0,0 (niveaux:<br />

phrase, ¬pers-arg, pers, ¬pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 294<br />

6.61 Tri croisé position finale ou non×PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . 295<br />

6.62 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,1,C5,0,1 (niveaux:<br />

phrase, pers-arg, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295<br />

6.63 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,1,C5,¬pers,1 (niveaux:<br />

phrase, pers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 297<br />

6.64 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,1,C5,pers,1 (niveau:<br />

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 297<br />

6.65 Proportions de marquage expliqué par <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des compléments 300<br />

6.66 Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de complément ou non) pour les positions<br />

ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 300<br />

6.67 Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de complément ou non) pour les positions<br />

non ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301<br />

6.68 Tri croisé des positions de coordination <strong>et</strong> PPD . . . . . . . . . . . . 302<br />

6.69 Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord <strong>et</strong> MC.début <strong>et</strong> PPD 303<br />

6.70 Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord <strong>et</strong> MC.centre <strong>et</strong><br />

PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 303<br />

6.71 Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord <strong>et</strong> MC.centre <strong>et</strong><br />

PPD (coordonnants r<strong>et</strong>irés) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 303<br />

6.72 Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord <strong>et</strong> MC.fin <strong>et</strong> PPD 304<br />

6.73 Tri croisé des positions de coordination (sans MF.Co) <strong>et</strong> PPF . . . . . 306<br />

6.74 Proportions de marquage expliqué par <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de <strong>la</strong> coordination 307<br />

6.75 Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de coordination ou non) pour les positions<br />

ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 307<br />

6.76 Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de coordination ou non) pour les positions<br />

non ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 307<br />

6.77 Proportions de marquage expliqué par une tendance générale . . . . . 308<br />

6.78 Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de constituant attirant le marquage ou<br />

non) pour les positions ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 308<br />

6.79 Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de constituant attirant le marquage ou<br />

non) pour les positions non ponctuées . . . . . . . . . . . . . . . . . 308<br />

6.80 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,0,Ap,0,0 (niveau: synt) 311<br />

6.81 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,1,Ap,pers,1 (niveaux:<br />

synt, synt-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 313<br />

6.82 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 1,0,Dt,0,1 (niveau: synt) 314<br />

6.83 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,Ap,pers,1 (niveaux:<br />

synt, synt-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315<br />

6.84 Tri croisé entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type 0,0,Ap,pers,1<br />

(niveaux:synt, synt-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315<br />

XXX


6.85 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,Ap,¬pers,0 (niveau:<br />

synt-arg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315<br />

6.86 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 1,0,C6,0,0 (niveau:<br />

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 318<br />

6.87 Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,0,Co,0,0 (niveaux:<br />

phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg) . . . . . . . . 318<br />

6.88 Tri croisé C6 ou Co×PPD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 319<br />

6.89 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 1,0,C6,0,0 (niveau:<br />

phrase) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 323<br />

6.90 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 1,0,Rl,0,0 (niveaux:<br />

phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg) . . . . . . . . 324<br />

6.91 Tri croisé MI×PPF pour les constituants 1,0,Rl,0,0 . . . . . . . . . . 325<br />

6.92 Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,Co,0,0 (niveaux:<br />

phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg) . . . . . . . . 325<br />

6.93 Proportions de marquage expliqué par une tendance générale (repris) . 331<br />

6.94 Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de constituant attirant le marquage ou<br />

non) pour les positions ponctuées (repris) . . . . . . . . . . . . . . . 331<br />

6.95 Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de constituant attirant le marquage ou<br />

non) pour les positions non ponctuées (repris) . . . . . . . . . . . . . 331<br />

6.96 Tri croisé des proportions de marquage×environnements . . . . . . . 332<br />

7.1 Tri à p<strong>la</strong>t des formes de ponctogrammes . . . . . . . . . . . . . . . . 334<br />

7.2 Tri croisé environnement×forme du ponctogramme . . . . . . . . . 335<br />

7.3 Points-colonnes, données numériques (1er facteur) . . . . . . . . . . . 336<br />

7.4 Points-colonnes, données numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . 338<br />

7.5 Points-lignes, données numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 340<br />

7.6<br />

7.7<br />

Tri croisé RB×actant ponctuable à <strong>la</strong> finale pour ‹· › . . . . . . . . . .<br />

Tri croisé environnement×forme du ponctogramme (revu) . . . . . .<br />

342<br />

344<br />

7.8 Tri croisé environnement×forme du ponctogramme (revu) . . . . . . 344<br />

7.9 Points-lignes, données numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 348<br />

7.10 Points-colonnes, données numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . 348<br />

7.11 Tri croisé forme des ponctogrammes (réduit)×environnement (C5F,<br />

Énoncé, Coord.) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 350<br />

7.12 Tri croisé attraction de ‹·› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 350<br />

7.13 Tri croisé ‹·›×contexte l’attirant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 351<br />

7.14 Tri croisé attraction de ‹/› . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 351<br />

7.15 Tri croisé opposition ‹· › vs ‹· /›<br />

7.16<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Tri croisé ‹··›×contexte l’attirant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

351<br />

352<br />

’<br />

8.1 Tableau synthétique des tendances dégagées . . . . . . . . . . . . . . 363<br />

’<br />

XXXI


0 Introduction<br />

Comment, d’après ce qu’on peut observer <strong>dans</strong> les chartes écrites en français à Liège<br />

avant 1292, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> originale interagit-elle avec <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française<br />

médiévale? Voilà une interrogation qui en amène immanquablement une foule<br />

d’autres, parmi lesquelles on peut compter: qu’entend-on par <strong>ponctuation</strong>? qu’entendon<br />

par <strong>syntaxe</strong>? qu’est-ce qu’une charte? qu’est-ce que <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite, exactement?<br />

quels documents ont été observés? 1<br />

Notre introduction ne répondra pas à toutes ces questions préa<strong>la</strong>bles. Elle se limitera<br />

à poser le cadre de notre travail, c’est-à-dire tout ce qui a constitué les données<br />

desquelles nous sommes parti. Pour le reste, elle n’indiquera que le chemin que nous<br />

avons emprunté pour rechercher, sinon une réponse, une perspective nouvelle pour<br />

aborder <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale. On ne trouvera donc pas de définition des termes<br />

<strong>ponctuation</strong> ou <strong>syntaxe</strong> <strong>dans</strong> ces quelques pages introductives, pas plus qu’une explication<br />

de ce que nous entendons par <strong>la</strong>ngue écrite. La c<strong>la</strong>rification de ces termes<br />

nécessitera, on le verra, de longs développements qui n’auraient pas leur p<strong>la</strong>ce ici. Que<br />

l’on veuille bien nous pardonner, mais il faudra se résigner à comprendre ces mots de<br />

manière intuitive <strong>dans</strong> un premier temps.<br />

Par contre, le lieu nous paraît opportun pour que nous y posions les objectifs de<br />

l’étude (→0.1) <strong>et</strong> pour que nous délimitions précisément notre corpus <strong>et</strong> que nous<br />

décrivions en quelques mots les problèmes qu’il pose (→0.2).<br />

Ce<strong>la</strong> fait, nous exposerons le p<strong>la</strong>n de notre démarche (→0.3).<br />

Enfin, nous clorons c<strong>et</strong>te introduction sur une brève présentation des ressources<br />

techniques qui ont été nécessaires pour traiter notre obj<strong>et</strong> (→0.4) <strong>et</strong> sur un avertissement<br />

quant au caractère perfectible des méthodes dont nous avons fait usage (→0.5).<br />

0.1 Objectifs de l’étude<br />

Dans c<strong>et</strong>te section, nous présentons les différentes options suivies jusqu’à présent pour<br />

étudier <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de l’ancien français (→0.1.1) avant de définir <strong>la</strong> position que<br />

nous tiendrons tout au long de notre étude (→0.1.2).<br />

1 Ce travail, réalisé sous <strong>la</strong> direction de Marie-Guy Boutier, est issu de <strong>la</strong> thèse de doctorat que<br />

nous avons défendue le 21 décembre 2007 à l’Université de Liège. Le jury en était le suivant:<br />

Jean-Marie Klinkenberg (président), Christiane Marchello-Nizia, Marie-Guy Boutier<br />

(promotrice), Günter Holtus, Gérald Purnelle (secrétaire) <strong>et</strong> Pierre Swiggers.<br />

1


0.1.1 Études précédentes<br />

Deux attitudes se sont développées <strong>dans</strong> le champ de <strong>la</strong> recherche sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

médiévale: celle qui souligne <strong>la</strong> pluralité des valeurs de signes <strong>et</strong> juge l’analyse syntaxique<br />

incapable de rendre compte à elle seule des habitudes des scribes (→0.1.1.1);<br />

<strong>et</strong> celle qui, ne rej<strong>et</strong>ant pas le bien-fondé de c<strong>et</strong>te pluralité, consiste néanmoins à choisir<br />

de se servir de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> comme moyen privilégié pour accéder aux emplois de <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> (→0.1.1.2).<br />

0.1.1.1 Pluralité des valeurs de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale<br />

a. Les pionniers. La première étude linguistique de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>dans</strong> les manuscrits<br />

médiévaux du domaine gallo-roman est due à Mario Roques (1952). Dans son article<br />

Le manuscrit fr. 794 de <strong>la</strong> Bibliothèque Nationale <strong>et</strong> le scribe Guiot, qui concerne plus<br />

les habitudes de Guiot que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> elle-même, il m<strong>et</strong> en évidence des «habitudes<br />

graphiques qui donnent de <strong>la</strong> n<strong>et</strong>t<strong>et</strong>é à <strong>la</strong> présentation <strong>et</strong> à <strong>la</strong> lecture» (193). Ayant<br />

somme toute peu de matériaux à sa disposition, Mario Roques se borne à «signaler»<br />

ces habitudes graphiques sans véritablement les systématiser.<br />

Il conclut en formu<strong>la</strong>nt le souhait que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale soit étudiée de manière<br />

diachronique, insistant sur le besoin de tenir compte, <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te entreprise, «des<br />

habitudes <strong>et</strong> des nécessités de pensée, de lecture, de diction, auxquelles [les signes de<br />

<strong>ponctuation</strong>] correspondent, <strong>et</strong> qui ont varié suivant les époques, les auteurs, les orateurs<br />

<strong>et</strong> les lecteurs» (196). En philologue chevronné, il souligne ainsi l’importance<br />

de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre le texte <strong>et</strong> son environnement, mais ne pose aucune balise quant à<br />

l’étude proprement linguistique des pratiques de <strong>ponctuation</strong> médiévale.<br />

Un nouveau palier est franchi avec <strong>la</strong> publication de l’article Ponctuation <strong>et</strong> «unité<br />

de lecture» <strong>dans</strong> les manuscrits médiévaux ou: je ponctue, tu lis, il théorise, proposé<br />

à <strong>la</strong> communauté par Christiane Marchello-Nizia (1978). C<strong>et</strong>te dernière compare <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> de six «éditions» (terme regroupant en l’occurrence les copies <strong>et</strong> éditions<br />

imprimées) du Jouvencel de Jean de Bueil (composé entre 1461 <strong>et</strong> 1466), en prenant<br />

comme point de départ les conceptions que les traités anciens livrent: <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

serait l’expression d’une pause <strong>dans</strong> <strong>la</strong> voix (34). D’emblée, Christiane Marchello-<br />

Nizia choisit de compter les «majuscules» parmi les signes de <strong>ponctuation</strong>, une option<br />

que suivent également toutes les études ultérieures.<br />

Selon c<strong>et</strong>te étude, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> se rencontre à des endroits qui correspondent aux<br />

limites de structures syntaxiques <strong>et</strong> au début d’adverbes <strong>et</strong> de conjonctions capitales<br />

pour l’organisation du message, mais les différentes éditions ne se servent pas des<br />

signes de <strong>la</strong> même manière pour segmenter le texte: chacune se distingue des autres<br />

par <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> (42). L’analyse révèle également que les théories syntaxiques ne<br />

suffisent pas à épuiser les informations que nous livre <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>. La conclusion<br />

est n<strong>et</strong>te: pour avoir une chance de <strong>la</strong> comprendre un jour, il ne faut pas isoler <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> <strong>dans</strong> ses rapports avec <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> telle que nous <strong>la</strong> concevons, mais tenter<br />

d’appréhender les «unités de lecture» que nous livrent les scribes eux-mêmes.<br />

b. Définition progressive des types de valeurs. La même idée d’«insuffisance de nos<br />

‹outils théoriques›» (Marchello-Nizia 1978, 44) se r<strong>et</strong>rouve <strong>dans</strong> <strong>la</strong> conclusion de<br />

l’étude d’Hélène Naïs (1979) sur le manuscrit B de <strong>la</strong> Conqueste de Constantinople<br />

de Villehardouin:<br />

2


«Lorsque l’on sait que <strong>la</strong> philologie moderne a relevé <strong>et</strong> édicté des règles très strictes d’ordre<br />

des mots en ancien français, [. . .] conditionné par les éléments initiaux de <strong>la</strong> phrase, il est<br />

particulièrement déroutant de constater que les manuscrits médiévaux ne perm<strong>et</strong>tent pas vraiment<br />

de repérer ces éléments initiaux. À quelle réalité correspond exactement <strong>la</strong> notion de<br />

phrase en ancien français?» (55).<br />

Aux yeux d’Hélène Naïs, qui généralise ses découvertes, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> n’a pas de<br />

valeur grammaticale.<br />

Il en résulte que les études suivantes s’efforcent de m<strong>et</strong>tre en re<strong>la</strong>tion <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

avec d’autres structures que les structures syntaxiques. Ainsi, l’étude de Céline<br />

Barbance (1995) compare cinq manuscrits des Cas des nobles hommes <strong>et</strong> femmes de<br />

Laurent de Premierfait (15 e siècle) <strong>et</strong> divise son analyse en plusieurs parties: «Ponctuation<br />

<strong>et</strong> structure syntaxique» (511), «Ponctuation <strong>et</strong> sémantique» (516), «Ponctuation<br />

métalinguistique 2 » (521). Ce c<strong>la</strong>ssement, bien qu’il perm<strong>et</strong>te d’expliquer un<br />

grand nombre de signes, m<strong>et</strong> à nouveau en évidence, sans pouvoir l’expliquer, une<br />

grande liberté de <strong>la</strong> part des copistes.<br />

Se détachant encore davantage d’un cadre prédéfini par une analyse linguistique,<br />

Alexei Lavrentiev (2000) introduit son étude sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>dans</strong> les manuscrits <strong>et</strong><br />

incunables de l’Image du monde de Gossuin de M<strong>et</strong>z (13 e siècle) en affirmant:<br />

«Une caractéristique importante qui semble marquer <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de <strong>la</strong> plupart des textes<br />

français médiévaux est un gros écart entre les doctrines de <strong>ponctuation</strong>, qui ne manquent pas,<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> pratique qu’on peut constater <strong>dans</strong> les manuscrits.» (26).<br />

Par <strong>la</strong> simple observation des formes des marques <strong>et</strong> de leur fréquence, l’auteur repère<br />

un certain nombre d’«unités de lectures», qui montrent que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> interagit<br />

avec les «majuscules» <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>rouve essentiellement devant les connecteurs, entre les<br />

phrases <strong>et</strong> entre les syntagmes coordonnés.<br />

D’autres tentatives, comme celle de Susan Baddeley (2001), adoptent une démarche<br />

sémasiologique, partant des signes à <strong>la</strong> recherche de leur valeur, pour aboutir<br />

à nouveau à <strong>la</strong> conclusion que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale n’est pas syntaxique.<br />

Nous avons nous-même montré (Mazziotta 2007b) que l’organisation du texte<br />

des chartes en «parties du discours» (au sens diplomatique) structurant l’information<br />

qu’elles contiennent était, <strong>dans</strong> le cas de documents émanés d’une cour particulière,<br />

c<strong>la</strong>irement soutenue par l’emploi de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>.<br />

La pluralité des valeurs de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale <strong>la</strong> rapproche de son homologue<br />

moderne. En eff<strong>et</strong>, dès les premières études linguistiques consacrées à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

du français moderne, Ludmil<strong>la</strong> Védénina (1980 <strong>et</strong> 1989), héritière du fonctionnalisme<br />

praguois, distingue un p<strong>la</strong>n sémantique, un p<strong>la</strong>n communicatif <strong>et</strong> un p<strong>la</strong>n<br />

grammatical, correspondant terme à terme aux p<strong>la</strong>ns sémanticoréférentiel, énonciatifhiérarchique<br />

<strong>et</strong> morphosyntaxique de <strong>la</strong> théorie des trois points de vue (→3.1.3.1).<br />

Depuis, les études sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> moderne rendent généralement compte de c<strong>et</strong>te<br />

pluralité.<br />

Quelle que soit <strong>la</strong> période étudiée, il semble que seul un examen simultané des<br />

informations livrées par chacun des trois points de vue approcherait l’exhaustivité.<br />

2 Nous écririons énonciative.<br />

3


c. Vers un programme. Le développement des recherches pousse ainsi progressivement<br />

à abandonner l’idée que l’analyse syntaxique fournit <strong>la</strong> clef absolue de l’étude.<br />

Ce<strong>la</strong> mène Alexei Lavrentiev à rappeler:<br />

«Comme l’ont démontré les études précédentes, l’emploi de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> peut être conditionné<br />

par de multiples facteurs: syntaxiques, sémantiques, pragmatiques, rythmiques <strong>et</strong><br />

même ‹esthétiques› (décoratifs).» (Lavrentiev à paraître).<br />

Il propose ensuite une liste d’«unités ponctuables» reprenant ces catégories <strong>et</strong> devant<br />

perm<strong>et</strong>tre de traiter efficacement <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> d’un grand nombre de textes:<br />

«Parmi les grandes catégories, nous avons distingué (A) les frontières entre les unités de <strong>la</strong><br />

macrostructure textuelle; (B) les frontières liées au changement de p<strong>la</strong>n énonciatif, <strong>et</strong>, en<br />

général, tout ce qui est lié au discours direct [. . .]; (C) les frontières entre les propositions indépendantes<br />

(y compris juxtaposées <strong>et</strong> coordonnées); (D) les frontières entre les propositions<br />

subordonnées <strong>et</strong> leur principale; (E) les frontières entre les syntagmes coordonnés <strong>et</strong> juxtaposés;<br />

les débuts <strong>et</strong> fins d’énumération; (F) les syntagmes ‹ponctuables› à l’intérieur de propositions<br />

(compléments circonstanciels, appositions, reformu<strong>la</strong>tions, <strong>et</strong>c.) [. . .]» (Lavrentiev<br />

à paraître, §1.2).<br />

0.1.1.2 Le «pari» de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong><br />

Parallèlement à c<strong>et</strong>te évolution, tentant l’expérience alors nouvelle de l’étude exhaustive<br />

des signes de <strong>ponctuation</strong> <strong>dans</strong> une seule charte luxembourgeoise, Marie-Guy<br />

Boutier (2001) fait le pari que <strong>la</strong> majorité des signes de <strong>ponctuation</strong> peuvent être expliqués<br />

à l’aide des structures syntaxiques. La perspective est résolument synchronique<br />

<strong>et</strong> cadrée sur l’étude du système d’un seul document. Presque tous les signes trouvent<br />

une «justification» syntaxique, ce qui mène à une conclusion forte: «[Il est permis] de<br />

supposer, sous-jacent à c<strong>et</strong> usage particulier, un véritable système de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

[. . . ].» (443)<br />

Enthousiasmé par ces résultats, nous prenons <strong>la</strong> décision de <strong>la</strong> suivre en faisant à<br />

notre tour l’étude complète de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> d’une autre charte, liégeoise c<strong>et</strong>te fois<br />

(Mazziotta à paraître), ce qui nous perm<strong>et</strong> de constater que <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>, si elle ne peut<br />

tout expliquer, suffit à décrire <strong>la</strong> grande majorité des signes rencontrés.<br />

Continuant sur c<strong>et</strong>te <strong>la</strong>ncée, nous essayons, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> contribution Inconstance ou<br />

consensus? Marquage de <strong>la</strong> protase en tête de phrase <strong>dans</strong> les chartes liégeoises du<br />

13 e siècle (Mazziotta 2007a), de comparer <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> d’une structure syntaxique<br />

particulière au travers d’un p<strong>et</strong>it corpus de chartes liégeoises <strong>dans</strong> une perspective toujours<br />

synchronique. La conclusion de ce travail est que malgré <strong>la</strong> variation, <strong>la</strong> majorité<br />

des chartes suivent une tendance commune.<br />

Manifestement, en dépit de l’indéniable influence de <strong>la</strong> sémantique ou de <strong>la</strong> structure<br />

discursive sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>, il semblerait que, <strong>dans</strong> le cas des chartes médiévales,<br />

<strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> puisse constituer un point de référence suffisamment rentable pour<br />

être étudié pour lui-même.<br />

0.1.2 Position de <strong>la</strong> présente étude<br />

En conséquence de <strong>la</strong> section précédente, nous avons choisi de poursuivre notre recherche<br />

en privilégiant <strong>la</strong> description des re<strong>la</strong>tions entre les signes de <strong>ponctuation</strong> <strong>et</strong><br />

4


les structures syntaxiques. Nous traiterons ainsi une partie du problème général de<br />

<strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale <strong>et</strong> nous sommes conscient des limites que nous posons aux<br />

résultats de notre travail. C<strong>et</strong>te étude n’épuisera donc pas le suj<strong>et</strong>.<br />

À ce jour, une étude générale sur <strong>la</strong> partie exacte de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> que <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong><br />

perm<strong>et</strong> d’expliquer fait encore défaut. Nous proposons d’explorer notre corpus (→0.2)<br />

<strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te direction.<br />

Dans <strong>la</strong> mesure où <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> m<strong>et</strong> en évidence des unités de lecture tributaires<br />

des représentations linguistiques intériorisées par les scribes, l’étude de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

<strong>dans</strong> ses rapports avec <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> constitue un moyen privilégié d’accéder à ces<br />

représentations. Ce<strong>la</strong> nous perm<strong>et</strong>tra de vérifier si les structures que nos outils d’analyse<br />

identifient correspondent bien à des «unités de lecture» pour les gens qui les<br />

employaient.<br />

La description des rapports entre <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>et</strong> le système syntaxique des<br />

chartes originales écrites en français à Liège avant 1292 impose à nos yeux une démarche<br />

qui consiste à:<br />

1. délimiter le corpus employé;<br />

2. définir exactement ce que nous entendons par <strong>ponctuation</strong> <strong>et</strong> <strong>syntaxe</strong>;<br />

3. décrire le système graphique le plus indépendamment possible du système syntaxique<br />

(<strong>et</strong> inversement);<br />

4. évaluer les corré<strong>la</strong>tions entre les deux systèmes décrits.<br />

Nous délimiterons le corpus <strong>dans</strong> <strong>la</strong> présente introduction (→0.2). Les autres étapes<br />

seront abordées ensuite <strong>et</strong> serviront de guide à <strong>la</strong> progression dont nous ferons le p<strong>la</strong>n<br />

ci-dessous (→0.3).<br />

0.2 Corpus<br />

Depuis 1998, le service de linguistique française <strong>et</strong> dialectologie wallonne de l’Université<br />

de Liège, dirigé par Marie-Guy Boutier, s’est engagé <strong>dans</strong> Khartês, un proj<strong>et</strong><br />

d’édition <strong>et</strong> d’étude linguistique de chartes originales rédigées en français en Wallonie<br />

<strong>dans</strong> le courant du 13 e siècle.<br />

La genèse du proj<strong>et</strong> Khartês, par <strong>la</strong>quelle s’explique <strong>la</strong> constitution de notre corpus,<br />

fera l’obj<strong>et</strong> du point→0.2.1. Nous évaluerons ensuite les problèmes posés par les<br />

caractéristiques intrinsèques à ce choix de textes (→0.2.2).<br />

0.2.1 Genèse du proj<strong>et</strong> Khartês <strong>et</strong> constitution du corpus<br />

Khartês trouve sa p<strong>la</strong>ce <strong>dans</strong> <strong>la</strong> plus vaste démarche d’édition des Documents linguistiques<br />

de <strong>la</strong> France, inaugurée en 1974 par Jean-Gabriel Gigot <strong>et</strong> son édition des<br />

documents originaux conservés <strong>dans</strong> le département de Haute-Marne, préparée sous<br />

<strong>la</strong> direction de J. Monfrin (Gigot 1974). C<strong>et</strong>te première pièce ouvre <strong>la</strong> marche du proj<strong>et</strong>,<br />

destiné à réunir les textes non littéraires originaux rédigés en <strong>la</strong>ngue vulgaire <strong>dans</strong><br />

le domaine français. Trois séries devaient se partager <strong>la</strong> collection, couvrant les domaines<br />

d’oïl (série française) <strong>et</strong> d’oc, mais aussi le domaine du franco-provençal. Il<br />

y était notamment prévu d’éditer des chartes originales conservées <strong>dans</strong> les différents<br />

fonds d’archives de <strong>la</strong> France (<strong>la</strong> série franco-provençale est un recueil d’éditions de<br />

5


textes dialectaux non littéraires). À <strong>la</strong> mort de Jacques Monfrin, <strong>la</strong> direction du proj<strong>et</strong><br />

fut reprise par l’actuelle directrice de l’École des Chartes, Françoise Vielliard, avec <strong>la</strong><br />

col<strong>la</strong>boration de Martin-Di<strong>et</strong>rich Gleßgen.<br />

Le premier volume des Documents linguistiques de <strong>la</strong> Belgique romane, série parallèle<br />

à <strong>la</strong> série française paraît en 1984. Il comprend les chartes du Hainaut (Ruelle<br />

1984) <strong>et</strong> se voit accompagné, trois ans plus tard, des chartes f<strong>la</strong>mandes (Mantou 1987).<br />

Le troisième volume que devrait comprendre <strong>la</strong> série, encore manquant, sera dédié aux<br />

chartes de Wallonie.<br />

Répondant à l’invitation que lui fit personnellement Jacques Monfrin pour combler<br />

c<strong>et</strong> hiatus, Marie-Guy Boutier entreprend le proj<strong>et</strong> Khartês, destiné <strong>dans</strong> un premier<br />

temps à fournir les matériaux nécessaires à l’é<strong>la</strong>boration du tome trois des Documents<br />

linguistiques de <strong>la</strong> Belgique romane <strong>et</strong> donc à couvrir <strong>la</strong> Wallonie (provinces de Liège,<br />

de Namur <strong>et</strong> de Luxembourg). Le corpus étudié <strong>dans</strong> le cadre du proj<strong>et</strong> Khartês sera<br />

constitué pour commencer des chartes originales conservées <strong>dans</strong> les provinces de<br />

Liège <strong>et</strong> de Namur. Le travail a débuté par l’édition de celles qui sont entreposées aux<br />

Archives de l’État à Liège. Toutes les chartes originales antérieures à l’avènement de<br />

l’évêque Hugues de Chalon (1292) seront étudiées, <strong>la</strong> plus ancienne datant du mois<br />

de mai 1236 (il s’agit du document référencé Document 1236–05), soit un corpus<br />

évalué actuellement à 285 chartes. Il a rapidement été décidé que les éditions fournies<br />

par le proj<strong>et</strong> seraient électroniques <strong>et</strong> accompagnées d’une reproduction digitale des<br />

documents.<br />

Actuellement, deux personnes participent activement au proj<strong>et</strong> Khartês – bien que<br />

son avancée ait été quelque peu ralentie depuis 2004 –: Marie-Guy Boutier <strong>et</strong> nousmême.<br />

Dans <strong>la</strong> mesure du possible les étudiants intéressés sont invités à col<strong>la</strong>borer<br />

au proj<strong>et</strong>. C’est ainsi que Stéphanie Audrit, Nico<strong>la</strong>s Brugali <strong>et</strong> nous-même avons pu,<br />

encore étudiants, proposer une nouvelle édition pour certains des documents ciblés<br />

par le proj<strong>et</strong> – voir respectivement Audrit 2003, Brugali 2003 <strong>et</strong> Mazziotta 2001.<br />

Le travail évolue lentement, mais il est déjà suffisamment avancé pour que nous<br />

ayons à notre disposition une transcription diplomatique fiable de 148 documents liégeois<br />

– voir <strong>la</strong> liste des références en fin de volume. Le critère de sélection est ici lié<br />

à <strong>la</strong> fiabilité des éditions disponibles: seuls les documents dont <strong>la</strong> transcription diplomatique<br />

est suffisamment aboutie font partie du corpus r<strong>et</strong>enu pour <strong>la</strong> présente étude.<br />

0.2.2 Problèmes liés au corpus<br />

Du fait de sa nature <strong>et</strong> de <strong>la</strong> manière dont il a été constitué, le corpus pose plusieurs<br />

problèmes liés à son hétérogénéité (→0.2.2.1) <strong>et</strong> à <strong>la</strong> quantité de données qu’il rend<br />

accessibles (→0.2.2.2).<br />

0.2.2.1 Hétérogénéité des types discursifs<br />

Le grand nombre de types d’actions juridiques enregistrées <strong>dans</strong> les chartes influence<br />

certainement <strong>la</strong> variété des structures textuelles.<br />

a. C<strong>la</strong>ssement diplomatique des documents. En dépit d’une structure générale commune,<br />

qui fonde <strong>la</strong> définition du terme charte <strong>et</strong> <strong>la</strong> pertinence du regroupement des<br />

documents <strong>dans</strong> un seul échantillon, les chartes que nous étudions forment un ensemble<br />

incontestablement hétérogène. Quiconque a pratiqué quelque peu ce genre de<br />

6


texte est conscient de c<strong>et</strong>te hétérogénéité. Si bien que les manuels de diplomatique les<br />

plus récents n’hésitent pas à affirmer que «[l]a charte n’est pas à proprement parler<br />

un terme technique, mais plutôt un terme générique, recouvrant une variété confuse<br />

de documents. N’étant pas technique, le mot est assez flou. [. . .] Une charte contient<br />

soit une concession de biens, de droits,. . . soit une décision judiciaire.» (Guyotjeannin<br />

<strong>et</strong> al. 1993, 25, italiques en grasses <strong>dans</strong> le texte). La majorité des diplomatistes ont<br />

choisi d’accepter <strong>la</strong> définition floue du mot charte. Le c<strong>la</strong>ssement des actes sur base de<br />

l’action juridique qu’ils enregistrent est dé<strong>la</strong>issé, 3 au profit d’une typologie basée sur<br />

<strong>la</strong> qualité de l’auteur (<strong>la</strong> personne juridique s’identifiant comme l’ém<strong>et</strong>teur de l’acte<br />

écrit) ou du bénéficiaire (celui à qui profite l’acte juridique). On distingue alors les<br />

actes publics (souverain, princier ou seigneurial, pontifical ou encore épiscopal) des<br />

actes privés. 4 Suivant ce critère, tous les documents du corpus entrent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> dernière<br />

de ces catégories.<br />

b. Inadéquation du c<strong>la</strong>ssement. Du point de vue du linguiste, <strong>la</strong> solution ne convient<br />

pas tout à fait. Les structures morphosyntaxiques mobilisées <strong>dans</strong> un texte dépendent<br />

grandement du message qu’il véhicule. Nous aurons l’occasion de revenir sur <strong>la</strong> définition<br />

du texte <strong>dans</strong> les préa<strong>la</strong>bles du chapitre consacré à l’analyse morphosyntaxique<br />

(→3.1.2.1). Pour l’heure, donnons un exemple concr<strong>et</strong> du problème que <strong>la</strong>isse subsister<br />

<strong>la</strong> typologie communément acceptée. On sait dès les premiers mots de ces trois<br />

chartes qu’elles ne traitent pas des mêmes actions <strong>et</strong> que leur structure en sera certainement<br />

différente:<br />

«Nos, Guis, cuens de F<strong>la</strong>ndres, faizons savoir a_tos ke nos Geramont <strong>et</strong> les appendances <strong>et</strong><br />

Bornehem <strong>et</strong> les appendances ki astoient nostre franc aluel avons receut en_fiés [2] ligement<br />

a_tenir de mon saingnor Henri, par le grasse de Deu eveske de Liege, <strong>et</strong> de ses successeurs<br />

eveskes de Liege perp<strong>et</strong>uement [. . .]» (Document 1263–05–27a, 1).<br />

«A tos cheaus ki ches l<strong>et</strong>res verunt <strong>et</strong> orunt, maistre Jehans de Sain_Tron, chanoines de<br />

Hui, <strong>et</strong> Watiers de le Wege, [2] chevaliers, arbitre esliut del besten ki a esté entre le glise<br />

Saint Lambert de Liege, d’une part, <strong>et</strong> mon segnor Gilon, [3] chevalier d’Otoncort <strong>et</strong> ses oirs,<br />

d’autre part, [. . .], salus <strong>et</strong> conisanche de verité.» (Document 1270–05–10, 1).<br />

«Je, Lambers de le Fosse, citains <strong>et</strong> eskevien de Liege, en me p<strong>la</strong>in sens <strong>et</strong> en me bone<br />

memore, a me testament a queil ciste l<strong>et</strong>tre [2] est afichie <strong>et</strong> saelee de ces meimes saias fai je<br />

tele addition [. . .]» (Document 1283–02–13a, 1).<br />

Par exemple, nous savons d’avance que le troisième de ces documents contiendra une<br />

liste de dispositions <strong>et</strong> de legs, alors que le deuxième contiendra un verdict. Ces différences<br />

quant au contenu des textes influencent leur structure discursive. Par ailleurs, il<br />

est probable que c<strong>et</strong>te dernière, même si elle ne se trouve pas au cœur de notre étude,<br />

influence <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>: on ne ponctue pas de <strong>la</strong> même manière une liste <strong>et</strong> une sen-<br />

3<br />

«[L]a diplomatique a pu sortir du débat où elle risquait de s’enliser, en prenant en compte<br />

un critère plus juridique (<strong>la</strong> nature de l’action juridique <strong>et</strong> le statut des protagonistes) que<br />

diplomatique (<strong>la</strong> forme de l’acte <strong>et</strong> <strong>la</strong> nature de son authentification).» (Guyotjeannin <strong>et</strong> al.<br />

1993, 115).<br />

4<br />

C’est-à-dire «tout acte émanant d’une personne privée, ou d’une personne publique agissant<br />

pour le compte d’une personne privée», définition proposée par Robert-Henri Bautier <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

Commission internationale de diplomatique, cf. Guyotjeannin <strong>et</strong> al. 1993, 104.<br />

7


tence d’arbitrage. 5 Malheureusement, un c<strong>la</strong>ssement par type discursif (<strong>et</strong> indirectement<br />

par type juridique), outre le fait qu’il demanderait des compétences d’historien<br />

<strong>et</strong> de juriste, nécessiterait une étude détaillée de <strong>la</strong> question. Pareil travail n’aurait pas<br />

sa p<strong>la</strong>ce ici.<br />

0.2.2.2 Quantité de données<br />

Suivant que l’on considère les textes <strong>dans</strong> leur ensemble ou les unités sémiotiques <strong>et</strong><br />

linguistiques qu’ils véhiculent, on devra conclure à l’indigence ou à l’extrême richesse<br />

du corpus.<br />

a. La faible quantité de documents pousse à ignorer les données extralinguistiques.<br />

L’hétérogénéité des types d’actes n’est pas le seul facteur à influencer <strong>la</strong> validité d’une<br />

étude centrée sur des documents originaux. Faute d’avoir été restreinte a priori, l’extrême<br />

variété des auteurs, des scelleurs, des impétrants <strong>et</strong> des scribes mène irrémédiablement<br />

à une disproportion: certains auteurs, comme par exemple <strong>la</strong> cour allodiale de<br />

Liège, 6 sont à l’origine de quelque 55 documents du corpus, alors qu’un seul acte est<br />

émané du duc Henri de Limbourg (Document 1237–09–16). On pourrait certes c<strong>la</strong>sser<br />

les documents en fonction de ces observations «objectives», mais que donnerait un tel<br />

c<strong>la</strong>ssement sur un corpus aussi réduit? Pas grand-chose, assurément, compte tenu du<br />

fait que l’on ne pourrait garantir <strong>la</strong> représentativité des différents groupes formés.<br />

Nous avons donc dû nous résoudre à travailler <strong>dans</strong> des conditions qui sont loin<br />

d’être optimales, en attendant que le corpus s’enrichisse ou qu’il soit possible de le<br />

comparer à d’autres textes issus d’autres fonds d’archives. Ce<strong>la</strong> rendra peut-être possible<br />

<strong>la</strong> description adéquate de plusieurs partitions consistantes. Nous ne ferons donc<br />

qu’épisodiquement référence à <strong>la</strong> description extralinguistique des chartes.<br />

b. La quantité démesurée d’unités linguistiques <strong>et</strong> sémiotiques pousse à réduire <strong>la</strong> richesse<br />

des documents. Si nous pouvons regr<strong>et</strong>ter le peu de données disponibles pour<br />

c<strong>la</strong>sser les documents les uns par rapport aux autres, il n’en est pas de même lorsque<br />

nous abordons les «l<strong>et</strong>tres», mots, «signes de <strong>ponctuation</strong>» <strong>et</strong> structures syntaxiques<br />

qu’ils comportent. Chacune de ces sortes d’unités perm<strong>et</strong> d’isoler des milliers d’occurrences,<br />

voire des dizaines de milliers. Ainsi, sans aborder ici <strong>la</strong> question du discernement<br />

des unités <strong>et</strong> à titre d’exemple, le corpus étudié contient pas moins de 64252<br />

occurrences de mots. Quelle que soit l’optique adoptée pour les traiter,il faut bien adm<strong>et</strong>tre<br />

que c<strong>et</strong>te quantité est trop importante pour être manipulée efficacement par un<br />

être humain. Face à pareil foisonnement, il sera nécessaire de réduire les données.<br />

5<br />

Une idée que nous avons déjà avancée <strong>dans</strong> Mazziotta à paraître, §1.1.<br />

6<br />

C<strong>et</strong>te cour, qui porte le nom particulier de Casa Dei (formes romanes: Chise Dieu, Cise<br />

Dieu, <strong>et</strong>c., soit le type _Chaise Dieu_ ) est compétente en matière d’alleux, c’est-à-dire de<br />

biens possédés en pleine propriété. Elle est composée de propriétaires de tels biens (qui sont<br />

dits hommes de <strong>la</strong> Chaise Dieu), lesquels échappent ainsi à <strong>la</strong> juridiction scabinale. Voir<br />

Bertrand 2004, 165s.<br />

8


0.3 P<strong>la</strong>n de l’étude<br />

Nous organiserons notre exposé en deux parties: <strong>la</strong> première sera consacrée à <strong>la</strong><br />

construction des concepts nécessaires à l’analyse, tandis que <strong>la</strong> seconde contiendra<br />

l’analyse proprement dite.<br />

0.3.1 Première partie: modélisation<br />

Les chapitres→1 à→3 constitueront <strong>la</strong> première partie du travail. Dans le premier,<br />

qui sera re<strong>la</strong>tivement abstrait, nous poserons les bases qu’on pourrait qualifier de métaconceptuelles:<br />

il sera question d’exposer <strong>la</strong> manière dont les concepts intégrés aux<br />

modèles de description de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite <strong>et</strong> de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> seront construits.<br />

Le chapitre→2 relèvera à <strong>la</strong> fois de <strong>la</strong> sémiotique <strong>et</strong> de <strong>la</strong> linguistique. Nous y<br />

proposerons une systématisation nouvelle des unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite, menant ainsi<br />

à un c<strong>la</strong>ssement compl<strong>et</strong> d’où émergera une définition précise du terme <strong>ponctuation</strong>.<br />

Le chapitre→3, quant à lui, traitera exclusivement de linguistique. Nous y introduirons<br />

un modèle d’analyse syntaxique personnel, ce qui nous mènera à définir<br />

concrètement ce que le mot <strong>syntaxe</strong> signifie à nos yeux.<br />

On pourra voir comment les concepts <strong>et</strong> analyses décrits <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te première partie<br />

ont été appliqués systématiquement au corpus en se reportant aux annexes. 7<br />

0.3.2 Deuxième partie: analyse des données<br />

Dans <strong>la</strong> deuxième partie, nous m<strong>et</strong>trons en re<strong>la</strong>tion les unités (relevant des deux domaines<br />

modélisés) que nous avons pu identifier à l’intérieur de notre corpus. Pour ce<br />

faire, nous devrons mobiliser un p<strong>et</strong>it nombre de techniques statistiques simples, dont<br />

les concepts fondamentaux seront exposés au chapitre→4, d’une manière que nous<br />

espérons accessible.<br />

Le chapitre→5 sera consacré à <strong>la</strong> recherche de tendances générales concernant <strong>la</strong><br />

fréquence des signes de <strong>ponctuation</strong> aux limites des structures syntaxiques. Nous tenterons<br />

de répondre à <strong>la</strong> question: «Quelles structures paraissent plus ponctuées que les<br />

autres?», ou au contraire: «Quelles structures sont c<strong>la</strong>irement les moins ponctuées?»<br />

De c<strong>et</strong>te manière, nous identifierons les structures que nous devons étudier de manière<br />

plus approfondie.<br />

S’enchaînant avec le précédent, le chapitre→6 sera focalisé sur les structures les<br />

plus remarquables pour en faire l’examen détaillé, en prenant à nouveau en considération<br />

<strong>la</strong> fréquence d’occurrence de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>.<br />

Contrastant avec les deux chapitres qu’il suit, l’examen qui formera le corps du<br />

chapitre→7 tiendra compte de <strong>la</strong> forme des signes de <strong>ponctuation</strong> <strong>et</strong> non plus uniquement<br />

de leur fréquence.<br />

Enfin, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> conclusion (chapitre→8), nous ferons le point sur notre démarche<br />

<strong>et</strong> les résultats que nous avons pu dégager. 8<br />

7<br />

Voir l’adresse permanente http://hdl.handle.n<strong>et</strong>/2268/25773, qui fournit les annexes de <strong>la</strong><br />

présente étude.<br />

8<br />

La structure de→8.1 répond au p<strong>la</strong>n que nous venons d’exposer.<br />

9


0.4 Ressources techniques<br />

Avant de les enfouir <strong>dans</strong> les annexes, disons quelques mots des logiciels <strong>et</strong> techniques<br />

informatiques employés pour encoder les données. Aucun logiciel répondant<br />

exactement à nos besoins n’étant disponible, nous avons été contraint de développer<br />

nous-même l’ensemble des programmes employés. De manière très concrète, voici ce<br />

qui a dû être fait.<br />

Les chartes ont été transcrites <strong>et</strong> encodées à l’aide d’une norme <strong>la</strong>rgement répandue<br />

pour stocker les données complexes de nature textuelle: l’eXtensible Markup<br />

Language (XML), qui perm<strong>et</strong> à l’ordinateur de r<strong>et</strong>rouver les mots <strong>et</strong> les signes de<br />

<strong>ponctuation</strong> originaux au moyen de programmes adéquats. Ces derniers sont fournis<br />

en annexe. 9 Les outils de traitement des données prennent <strong>la</strong> forme de scripts 10 écrits<br />

<strong>dans</strong> un <strong>la</strong>ngage nommé Perl. 11 On pourra également consulter les transcriptions diplomatiques<br />

abouties en se reportant aux annexes. 12<br />

Les analyses morphosyntaxiques, conformes à l’exposé du modèle du chapitre 3,<br />

ont été encodées <strong>dans</strong> le même fichier informatique que celui qui contenait l’édition<br />

de chaque charte. Les analyses exhaustives, représentées par des boîtes imbriquées<br />

suivant un ordre déductif al<strong>la</strong>nt des textes aux mots, sont fournies en annexe. 13<br />

Enfin, les chapitres→4 à→7 nécessitaient que les données soient extraites <strong>et</strong><br />

soumises à un nombre important de calculs. La sélection des données (rassemblées<br />

également à l’aide d’un programme Perl) <strong>et</strong> leur traitement numérique prend <strong>la</strong> forme<br />

de scripts écrits <strong>dans</strong> un <strong>la</strong>ngage nommé R, 14 particulièrement adapté aux traitements<br />

statistiques.<br />

Quels que soient les programmes <strong>et</strong> les <strong>la</strong>ngages utilisés, il importe de souligner<br />

deux choses: <strong>la</strong> liberté des codes sources <strong>et</strong> l’absence de garantie.<br />

Les programmes d’extraction des données ne sont pas forcément infaillibles <strong>et</strong><br />

contiennent probablement des erreurs. Dans une perspective scientifique, il est impératif<br />

que le code source des applications soit ouvert <strong>et</strong> documenté. Si les codes sont<br />

reportés en annexe, il reste un important effort de documentation à faire. Qu’on nous<br />

<strong>la</strong>isse poser ici un jugement sévère <strong>et</strong> catégorique sur les logiciels dont les sources,<br />

pour des raisons commerciales ou autres, ne sont pas accessibles aux utilisateurs: pareilles<br />

pratiques nuisent à <strong>la</strong> science. C’est ainsi que les programmes <strong>et</strong> standards que<br />

nous avons choisi d’employer sont libres <strong>et</strong> ouverts. 15<br />

9<br />

Voir <strong>la</strong> section Ressources des annexes.<br />

10<br />

C’est-à-dire de programmes non compilés, «lisibles» <strong>dans</strong> n’importe quel éditeur de texte.<br />

La compi<strong>la</strong>tion des programmes écrits <strong>dans</strong> un <strong>la</strong>ngage de scripts est généralement effectuée<br />

à l’exécution.<br />

11<br />

Version 5.8.7, voir <strong>la</strong> «bible» du <strong>la</strong>ngage, par son créateur: Wall <strong>et</strong> al. 2000.<br />

12<br />

Voir <strong>la</strong> section Transcriptions des annexes.<br />

13<br />

Voir <strong>la</strong> section Analyses syntaxiques.<br />

14<br />

Version 2.4.0, voir R Development Core Team 2005.<br />

15<br />

Les licences d’utilisation de Perl <strong>et</strong> R sont fournies <strong>dans</strong> les paqu<strong>et</strong>s binaires d’instal<strong>la</strong>tion<br />

de ces logiciels; voir <strong>la</strong> section Ressources des annexes.<br />

10


0.5 Travail en cours<br />

Il est d’autre part important de pouvoir prendre en considération le fait que le travail<br />

est effectué sur un corpus inédit, encore en construction à l’heure où nous écrivons<br />

ces lignes. 16 Malgré notre soin, les efforts d’édition des matériaux 17 <strong>et</strong> d’annotation 18<br />

comportent certainement encore beaucoup d’imperfections.<br />

Par ailleurs, une fois le corpus édité <strong>et</strong> annoté sous forme électronique, en supposant<br />

qu’il soit exempt d’erreurs <strong>et</strong> d’imprécisions <strong>et</strong> soit présenté <strong>dans</strong> un état définitif,<br />

il reste toujours à gérer le délicat problème de l’extraction de son contenu.<br />

C<strong>et</strong> état transitoire du corpus <strong>et</strong> des outils, intimement lié à l’abondance des données<br />

<strong>et</strong> au travail important que leur traitement implique, mène à des obstacles techniques<br />

<strong>et</strong> contingents.<br />

0.5.1 Erreurs <strong>et</strong> évolutivité<br />

Commençons par distinguer les erreurs en fonction de leurs causes. Une erreur doit<br />

toujours être située par rapport aux matériaux traités, mais également par rapport au<br />

modèle choisi pour travailler. Elle peut ainsi être due à une inconsistance de l’analyse<br />

ou à une conceptualisation inadéquate des phénomènes observés. Pratiquement, les<br />

erreurs les plus problématiques sont celles de <strong>la</strong> première sorte: si durant l’encodage,<br />

nous avons mal identifié un constituant, l’identifiant comme un «verbe principal» alors<br />

qu’il a <strong>la</strong> fonction de «suj<strong>et</strong>», nous avons commis une erreur accidentelle.<br />

Quant aux erreurs de conceptualisation, elles sont à situer sur le p<strong>la</strong>n épistémologique:<br />

on a mal perçu <strong>la</strong> nature des données (erreur a priori). Ce type de biais est inhérent<br />

à <strong>la</strong> recherche empirique <strong>dans</strong> ses activités de réduction autant qu’à <strong>la</strong> recherche<br />

théorique <strong>dans</strong> ses activités de modélisation. Nous aurons maintes fois l’occasion de<br />

faire remarquer que l’enregistrement des données <strong>et</strong> <strong>la</strong> conceptualisation ne constituent<br />

que des approximations de <strong>la</strong> réalité observée. 19 Ce<strong>la</strong> signifie que les erreurs<br />

sont inévitables <strong>et</strong> font corps avec <strong>la</strong> recherche. Il est cependant nécessaire de les décrire<br />

<strong>et</strong> de les annoncer: lorsque nous écrivons, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> section décrivant les re<strong>la</strong>tions<br />

entre les «compléments» à l’infinitif <strong>et</strong> le «verbe principal»: 20<br />

«Devant ce phénomène complexe, nous avons choisi <strong>la</strong> solution qui paraissait <strong>la</strong> plus raisonnable<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> plus conforme au modèle.» (p. 114).<br />

puis que nous détaillons notre choix <strong>dans</strong> les lignes qui suivent, nous informons le<br />

lecteur sur <strong>la</strong> portée <strong>et</strong> l’importance de l’approximation que nous avons cru licite de<br />

supporter. On s’attend donc à r<strong>et</strong>rouver les mêmes approximations <strong>dans</strong> les analyses<br />

<strong>et</strong> <strong>dans</strong> leurs conclusions, ce qui est tout à fait normal. Ces erreurs systématiques ne<br />

pourraient être corrigées qu’en revoyant les fondements du travail.<br />

16<br />

Et sur lequel nous avons jusqu’à présent été très peu nombreux à travailler.<br />

17<br />

Revus en partie par Marie-Guy Boutier.<br />

18<br />

Sur lesquels nous avons travaillé seul, <strong>et</strong> qui n’ont bénéficié d’aucune relecture extérieure.<br />

19<br />

Concernant le mécanisme de conceptualisation,→1.1 pour une présentation générale.<br />

20<br />

Nous reviendrons sur ces termes <strong>dans</strong> le chapitre→3, où les notions qu’ils désignent seront<br />

systématisées.<br />

11


0.5.2 Programmation des requêtes<br />

Une fois définis les individus <strong>et</strong> les variables qui servent à les décrire, l’analyse n’est<br />

possible que si, d’une manière ou d’une autre, ces individus <strong>et</strong> leurs modalités spécifiques<br />

sont extraits du corpus. Leur quantité est telle qu’il n’est pas imaginable de<br />

procéder manuellement, si bien que chaque question oblige à écrire des programmes<br />

informatiques chargés d’effectuer c<strong>et</strong>te tâche. 21 C<strong>et</strong>te étape du travail, très technique,<br />

prend également beaucoup de temps. 22<br />

Or, comme on le verra, 23 les conclusions statistiques <strong>et</strong> l’expérience des textes<br />

mènent parfois à poser de nouvelles questions aux documents. Parfois, ces questions<br />

ultérieures nécessitent de nouveaux dépouillements, qui nécessitent à leur tour de nouveaux<br />

programmes, c’est-à-dire beaucoup de temps de développement.<br />

Nous serons donc forcé de limiter nos recherches à ce que nos capacités techniques<br />

<strong>et</strong> notre matériel ont permis de traiter jusqu’à présent.<br />

21 Voir <strong>la</strong> section Ressources des annexes.<br />

22 L’é<strong>la</strong>boration de requêtes – devant donner des résultats fiables (pas d’erreur) <strong>dans</strong> des dé<strong>la</strong>is<br />

raisonnables (temps de traitement) avec le matériel informatique dont nous disposons<br />

(ressources matérielles) – est un processus exigeant.<br />

23 Voir par exemple <strong>la</strong> conclusion du chapitre→5, p. 218.<br />

12


1 Préa<strong>la</strong>bles épistémologiques: concepts <strong>et</strong> terminologie<br />

Le statut «proto-scientifique», 1 de <strong>la</strong> linguistique, couplé à un héritage chargé d’une<br />

lourde tradition, oblige à un recadrage terminologique constant, traduisant idéalement<br />

le système des unités conceptualisées. 2 Il est préférable pour un linguiste de se situer<br />

préa<strong>la</strong>blement à toute étude, par rapport à une terminologie construite; <strong>la</strong> remarque est<br />

d’autant plus appropriée <strong>dans</strong> le jeune champ de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>.<br />

La théorisation linguistique ne peut faire l’économie d’une réflexion structurée sur<br />

<strong>la</strong> terminologie qu’elle mobilise. Il est, écrit Gilbert Lazard (1999b, 113), «difficile,<br />

<strong>dans</strong> l’état actuel de notre discipline, de parler de terminologie sans aborder en même<br />

temps des questions théoriques <strong>et</strong> méthodologiques». La réciproque est également<br />

tout à fait justifiée: toute réflexion théorique m<strong>et</strong>tant en re<strong>la</strong>tion de nouveaux concepts<br />

ou en réorganisant d’anciens soulève le problème de <strong>la</strong> nomination de ces concepts.<br />

C’est précisément ce point de vue que nous allons adopter: partant d’un travail d’abord<br />

d’organisation <strong>et</strong> de définition des concepts, nous devrons nommer ces derniers pour<br />

qu’ils puissent servir à un examen approfondi des faits.<br />

Ce chapitre est ainsi destiné à poser les bases théoriques nécessaires à <strong>la</strong> définition<br />

des différents concepts <strong>et</strong> termes que nous créerons ou mobiliserons pour c<strong>la</strong>sser<br />

<strong>et</strong> analyser les unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite <strong>et</strong> les structures morphosyntaxiques. Il vise<br />

essentiellement c<strong>et</strong> objectif pratique. Nous nous devons donc de présenter <strong>la</strong> manière<br />

dont nous allons é<strong>la</strong>borer les concepts <strong>et</strong> les nommer préa<strong>la</strong>blement à tout développement.<br />

Les principes resteront abstraits <strong>dans</strong> les limites du présent chapitre, mais seront<br />

appliqués de manière concrète <strong>dans</strong> les chapitres→2 <strong>et</strong>→3. Désireux avant tout de<br />

créer un canevas de travail simple tout en restant rigoureux, nous nous sommes gardé<br />

de nous aventurer <strong>dans</strong> l’exposé des techniques les plus récentes développées principalement<br />

<strong>dans</strong> un cadre de recherche informatique, à savoir, d’une part, le Unified<br />

Modelling Language (UML) <strong>et</strong>, d’autre part, les ontologies <strong>et</strong> le web sémantique. La<br />

1 Ce qualificatif revient à Gilles-Gaston Granger, pour qui <strong>la</strong> linguistique se trouverait actuellement<br />

<strong>dans</strong> l’«état de <strong>la</strong> physique avant Galilée» (cf. Lazard 1999a, 68) c’est-à-dire une<br />

discipline qui n’est pas encore une véritable science. Pour Gilbert Lazard, il manque simplement<br />

à <strong>la</strong> linguistique «de définir de manière explicite <strong>et</strong> rigoureuse l’obj<strong>et</strong> ou les obj<strong>et</strong>s<br />

auxquels doit s’appliquer le travail du linguiste désireux d’atteindre des connaissances objectives<br />

<strong>et</strong> définitives, comme sont les connaissances scientifiques» (Lazard 1999a, 69). C<strong>et</strong>te<br />

démarche est incontournable, <strong>et</strong> en ce sens, nous adhérons à <strong>la</strong> réflexion de Gilbert Lazard.<br />

Néanmoins, <strong>la</strong> connaissance «définitive» paraît quant à elle peu accessible: toute science<br />

inductive (ce qui exclut les mathématiques <strong>et</strong> une partie de <strong>la</strong> logique) se fonde sur le fait<br />

qu’aucune connaissance ne peut être tenue pour définitive.<br />

2 Voir un exemple de recadrage <strong>dans</strong> Lazard 1999b.<br />

13


complexité des métamodèles introduits <strong>dans</strong> l’un ou l’autre de ces cadres aurait compliqué<br />

l’exposé sans pour autant le rendre plus rigoureux. 3<br />

Nous aborderons tout d’abord brièvement les rapports entre l’obj<strong>et</strong> de description<br />

<strong>et</strong> sa conceptualisation (→1.1), avant de se centrer sur les impératifs méthodologiques<br />

nécessaires à <strong>la</strong> création d’une terminologie rigoureuse (principes repris de Pierre<br />

Swiggers,→1.2). Nous expliquerons ensuite comment ce modèle peut être schématisé<br />

de manière à en simplifier l’exposé (→1.3).<br />

1.1 Mécanisme de conceptualisation<br />

La construction de <strong>la</strong> terminologie implique tout d’abord de conceptualiser <strong>la</strong> réalité<br />

à <strong>la</strong>quelle elle s’applique. La terminologie linguistique n’étant avant tout qu’une sorte<br />

de terminologie, 4 il est utile de considérer les démarches pratiques des terminologues<br />

pour construire notre système. Pour ce faire, nous avons besoin des notions 5 d’obj<strong>et</strong>,<br />

concept, propriété <strong>et</strong> caractère (Depecker 2002). La réalité est constituée d’obj<strong>et</strong>s,<br />

perceptibles ou concevables, pourvus de certaines propriétés; p. ex.: un vase posé sur<br />

une table peut être fait de verre bleu, mesurer 28,3 cm de haut,. . .<br />

Conceptualiser un obj<strong>et</strong> (créer un concept dont il serait une occurrence) revient à<br />

sélectionner une partie de ses propriétés comme des traits essentiels qu’ont en commun<br />

tous les éléments de l’ensemble des obj<strong>et</strong>s particuliers qu’on cherche à définir; à<br />

ces propriétés sélectionnées, on donne le nom de caractères (voir <strong>la</strong> présentation qu’en<br />

fait Loïc Depecker 2002, 133, Depecker 2003, 54). Ceux-ci perm<strong>et</strong>tent une définition<br />

du concept (Rey 1979, 42): un concept se définit ainsi par une série de caractères abstraits<br />

des propriétés des obj<strong>et</strong>s. Par rapport à l’obj<strong>et</strong>, le concept constitue un modèle<br />

susceptible de révision <strong>et</strong> de remaniements, mais surtout dépendant du regard qui est<br />

porté sur l’obj<strong>et</strong>. De ce fait, le regard sur l’histoire de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, par exemple, sera<br />

différent selon qu’on considère son histoire externe ou son histoire interne.<br />

Dans le cadre de <strong>la</strong> construction d’une terminologie, c<strong>et</strong>te é<strong>la</strong>boration est idéalement<br />

beaucoup plus simple que celle de <strong>la</strong> définition d’une unité naturelle. En eff<strong>et</strong>,<br />

par<strong>la</strong>nt de <strong>la</strong> terminologie employée <strong>dans</strong> les manuels techniques, Loïc Depecker indique<br />

<strong>la</strong> contrainte que «de <strong>la</strong> première page d’un manuel à <strong>la</strong> dernière, une même<br />

unité terminologique désigne systématiquement le même obj<strong>et</strong>, sauf indication explicite»<br />

(Depecker 2002, 133). C<strong>et</strong>te contrainte, nécessaire <strong>dans</strong> le cadre d’applica-<br />

3 Voir, au suj<strong>et</strong> d’UML Si Alhir (2003). Ce <strong>la</strong>ngage a été créé <strong>dans</strong> le but pratique de développer<br />

des programmes informatiques, mais son haut degré de généralité perm<strong>et</strong> <strong>la</strong> conception<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> schématisation de n’importe quelle notion ou processus. En ce qui concerne les ontologies<br />

(<strong>dans</strong> le cadre de l’informatique), <strong>la</strong> page de l’Ontology Web Language du World Wide<br />

Web Consortium (http://www.w3.org/2004/OWL/) est un bon point de départ. Les ontologies<br />

perm<strong>et</strong>tent de définir formellement les concepts à l’aide d’une notation logique nommée<br />

description logic (voir Baader/Nutt 2002 pour un exposé détaillé).<br />

4 Affirmation à re<strong>la</strong>tiviser, voir Rey-Debove 2001.<br />

5 Le problème que pose <strong>la</strong> métaterminologie est évidemment d’un poids épistémologique<br />

considérable. Nous ne prenons pas <strong>la</strong> peine de nous attarder sur ce fait, qui mérite à lui<br />

seul quantité de réflexions. Le seul terme de concept pose notamment le problème de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

entre terminologie <strong>et</strong> linguistique (Depecker 2002, 127, présenté <strong>dans</strong> Depecker 2003,<br />

29) <strong>et</strong> ne se <strong>la</strong>isse pas définir (Rey 1992, 30s.). Voir cependant ci-dessous, note 7.<br />

14


tions techniques (comme <strong>la</strong> fabrication de composants électroniques, les manipu<strong>la</strong>tions<br />

pharmacologiques, <strong>et</strong>c.), perm<strong>et</strong> d’éliminer les phénomènes de brouil<strong>la</strong>ge du lien<br />

entre forme d’expression <strong>et</strong> contenu (synonymie, homonymie, <strong>et</strong>c.) à l’intérieur d’un<br />

système terminologique donné. Ce<strong>la</strong> n’implique pas pour autant que ces problèmes<br />

sont inexistants en terminologie (Depecker 2002, 142), mais qu’il serait malheureux<br />

d’en é<strong>la</strong>borer une nouvelle sans les éviter. 6 C<strong>et</strong>te démarche de nomination entraîne<br />

immanquablement un besoin de néologie, qui pourrait sembler prétentieux, mais qui,<br />

en réalité, est simplement nécessaire; ce<strong>la</strong> ne signifie pas que nous ne «récupérerons»<br />

aucun terme, mais que nous ne nous priverons pas d’en créer quand il y aura lieu de<br />

le faire. La vision désormais c<strong>la</strong>ssique, mais «trop belle pour être facilement applicable»<br />

proposée par Bernard Pottier (1974, 29–30) peut être concrétisée: il est aisé<br />

de construire des définitions par sélection de propriétés, de manière à construire des<br />

sémèmes hiérarchisés <strong>dans</strong> des re<strong>la</strong>tions d’hypo-hyperonymie; les hyponymes héritant<br />

des caractères de leurs hyperonymes (sèmes génériques) <strong>et</strong> se distinguant de leurs<br />

cohyponymes par un ou plusieurs caractères (sèmes spécifiques). 7 Par exemple, si<br />

on compare les concepts de lézard <strong>et</strong> de chien, le caractère pourvu de quatre pattes,<br />

commun à tous les quadrupèdes, définit ces désignations comme cohyponymes de<br />

quadrupède (sème générique), alors que les caractères mammifère <strong>et</strong> saurien (sèmes<br />

spécifiques) perm<strong>et</strong>tent de distinguer les deux hyponymes.<br />

1.2 Impératifs terminologiques<br />

Pour é<strong>la</strong>borer nos terminologies, nous suivrons les jalons posés par Pierre Swiggers<br />

<strong>dans</strong> sa Systématique de <strong>la</strong> terminologie linguistique (1999). Dans c<strong>et</strong> article, l’auteur<br />

étudie <strong>la</strong> terminologie linguistique sous ses aspects historique (comme «obj<strong>et</strong> donné»),<br />

méthodologique (comme obj<strong>et</strong> à constituer) <strong>et</strong> épistémologique (comme un r<strong>et</strong>our vers<br />

l’obj<strong>et</strong> <strong>la</strong>ngage).<br />

Nous nous focaliserons essentiellement sur l’aspect méthodologique (→1.2.1),<br />

puisqu’il s’agit pour nous de construire une terminologie en re<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong> systématisation<br />

du domaine. Nous expliquerons ensuite comment nous nous positionnons<br />

«historiquement» (→1.2.2).<br />

1.2.1 Établir une terminologie<br />

Les considérations méthodologiques que Pierre Swiggers expose prescrivent quatre<br />

contraintes formelles – cinq en comptant <strong>la</strong> systématicité – pour é<strong>la</strong>borer une terminologie<br />

linguistique: 8<br />

– Transparence: les termes choisis doivent être maximalement transparents, 9 en ce<br />

6<br />

Bien entendu, il est question d’éviter exclusivement les brouil<strong>la</strong>ges <strong>et</strong> non les propriétés liées<br />

à <strong>la</strong> hiérarchie des concepts, telles que l’hypero-hyponymie.<br />

7<br />

La question de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre le concept <strong>et</strong> le signifié (Depecker 2002, 127) n’est pas<br />

résolue. Nous assimilons l’un à l’autre.<br />

8<br />

Cité verbatim de Swiggers 1999, 31, avec quelques aménagements typographiques.<br />

9<br />

En guise d’exemple, Pierre Swiggers renvoie au système de termes parataxe, diataxe, apotaxe,<br />

anataxe, catataxe, métataxe, épitaxe <strong>et</strong> hypertaxe; les sept premiers désignent diffé-<br />

15


que leur signification devra être univoquement associée à <strong>la</strong> structuration formelle<br />

du méta<strong>la</strong>ngage.<br />

– Adéquation: les termes choisis doivent être <strong>dans</strong> un rapport de référence directe <strong>et</strong><br />

univoque avec un domaine applicatif, défini par l’ensemble des termes re<strong>la</strong>tifs à ce<br />

domaine (c<strong>et</strong>te circu<strong>la</strong>rité est incontournable); on pourra parler d’adéquation par<br />

sommation en par<strong>la</strong>nt d’ensembles de termes décrivant les secteurs d’un domaine<br />

complexe.<br />

– Cohérence: <strong>la</strong> nomenc<strong>la</strong>ture terminologique <strong>dans</strong> son ensemble doit être cohérente,<br />

c’est-à-dire exempte de re<strong>la</strong>tions de contradiction interne <strong>et</strong> unifiée par des rapports<br />

de solidarité, d’inclusion, d’opposition définie, de superordination, <strong>et</strong>c.<br />

– Économie: <strong>la</strong> nomenc<strong>la</strong>ture terminologique doit être parcimonieuse, c’est-à-dire<br />

utiliser le nombre minimal de termes requis par <strong>la</strong> description du domaine (ou du<br />

problème) <strong>et</strong> ne doit pas employer des termes de structure complexe là où des termes<br />

de structure simple sont disponibles.<br />

1.2.2 Positionnement<br />

D’autre part, comme l’exprime Pierre Swiggers, d’un point de vue strictement historique,<br />

«Une théorie doit se définir par rapport à d’autres théories <strong>et</strong> modèles. C<strong>et</strong>te ‹entrée sur<br />

le marché› est une affaire d’auto-publicité, de rhétorique positive <strong>et</strong> négative, de stratégies<br />

d’exclusion <strong>et</strong> de promotion, d’exploitation (ou de non-exploitation) des traditions culturelles<br />

<strong>et</strong> scientifiques.» (Swiggers 1999, 23).<br />

Il nous faudra nécessairement – c’est le prix de <strong>la</strong> démarche scientifique – nous situer<br />

par rapport à nos devanciers. Ce<strong>la</strong> peut théoriquement se faire de plusieurs façons:<br />

soit par <strong>la</strong> critique systématique de leurs théorie <strong>et</strong> terminologie <strong>dans</strong> le but d’é<strong>la</strong>borer<br />

notre propre théorie <strong>dans</strong> un mouvement de synthèse dialectique entre ces terminologies<br />

<strong>et</strong> les critiques que nous avons à leur formuler; soit en situant a posteriori les<br />

théories antérieures par rapport à <strong>la</strong> nôtre, exposée en faisant table rase de ces travaux.<br />

Le choix de <strong>la</strong> méthode de positionnement dépend en grande partie de l’état de l’art du<br />

domaine <strong>dans</strong> lequel s’insère <strong>la</strong> conceptualisation – nous verrons ci-dessous que nos<br />

choix ne seront pas identiques en ce qui concerne <strong>la</strong> conceptualisation de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

écrite <strong>et</strong> celle de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>. 10<br />

Bien entendu, il n’est pas souhaitable de poser <strong>la</strong> terminologie théoriquement, sans<br />

égard à <strong>la</strong> réalité des faits, <strong>et</strong> <strong>la</strong> construction des axiomes se fera en fonction de c<strong>et</strong>te<br />

réalité, c’est-à-dire, en fonction d’une intuition – qui, pour méthodique qu’elle soit, ne<br />

cessera de devoir être considérée comme telle – que nous nous devrons d’expliciter.<br />

rentes dimensions syntaxiques relevant de l’ordre du segmental, le dernier, d’ordre suprasegmental,<br />

se superposant, se combinant ou s’ajoutant à <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> segmentale (Eynde <strong>et</strong> al.<br />

1998). Les règles de construction morphologique de ces termes sont exprimées ainsi: «Pour<br />

désigner les dimensions syntaxiques, nous nous servons de termes qui, tout comme le terme<br />

‹<strong>syntaxe</strong>› lui-même, se composent de deux parties tirées du grec: <strong>la</strong> racine ‹taxe› <strong>et</strong> un préfixe<br />

approprié.» (Eynde <strong>et</strong> al. 1998, 33).<br />

10 Voir l’introduction du chapitre→2 pour notre position par rapport à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite <strong>et</strong>→3.1.1<br />

concernant <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>.<br />

16


Concept<br />

@caractère 1<br />

@caractère 2<br />

FIG. 1.1 – Représentation d’un concept <strong>et</strong> de ses caractères<br />

@caractère 1<br />

@caractère 2<br />

FIG. 1.2 – Représentation d’un concept non nommé<br />

Concept enfant 1<br />

@caractère 1.1<br />

@caractère 1.2<br />

Concept parent<br />

@caractère 1<br />

@caractère 2<br />

Concept enfant 2<br />

@caractère 2.1<br />

@caractère 2.2<br />

FIG. 1.3 – Représentation d’une hiérarchie de concepts<br />

1.3 Conventions de schématisation des concepts<br />

Ces principes exposés, convenons à présent d’un système de notations qui soit pratique<br />

<strong>et</strong> nous perm<strong>et</strong>te de formaliser <strong>la</strong> représentation des concepts. Ces conventions, qui<br />

m<strong>et</strong>tent en évidence les caractères r<strong>et</strong>enus, perm<strong>et</strong>tront également de nous exposer<br />

explicitement à d’éventuelles critiques quant à <strong>la</strong> pertinence des choix opérés <strong>et</strong> des<br />

formu<strong>la</strong>tions.<br />

1.3.1 Présentation des conventions<br />

Schématiquement, on peut représenter le concept sous <strong>la</strong> forme d’une boîte, à <strong>la</strong>quelle<br />

on donnerait une étiqu<strong>et</strong>te correspondant à son nom. La boîte est remplie de <strong>la</strong> liste<br />

des caractères spécifiques (propriétés sélectionnées) au concept en question <strong>et</strong> chaque<br />

caractère est précédé du signe ‹@› (figure 1.1). Bien entendu, rien n’empêcherait de<br />

construire un concept qui n’aurait pas de dénomination (figure 1.2). 11<br />

La hiérarchisation des concepts est présentée sous forme d’arbre, chacun des<br />

nœuds héritant de tous les caractères de ses ancêtres. Les concepts enfants sont étiqu<strong>et</strong>és<br />

comme les concepts parents, mais leur définition complète comporte en outre<br />

les caractères des concepts ancêtres: parent, parent du parent, <strong>et</strong> ainsi de suite, récursivement<br />

(figure 1.3). D’après ce schéma, les caractères 1 <strong>et</strong> 2 sont communs au concept<br />

parent <strong>et</strong> aux concepts enfants 1 <strong>et</strong> 2, qui se définissent respectivement par les groupes<br />

de caractères 1.1, 1.2 <strong>et</strong> 2.1, 2.2.<br />

C<strong>et</strong>te hiérarchisation peut être représentée par un emboîtement quand il n’est question<br />

que d’un seul concept <strong>et</strong> que l’on désire préciser son ascendance: «Concept enfant<br />

11 Dans une perspective purement opératoire, il n’est pas non plus impossible de créer un<br />

concept dont les caractères ne seraient pas (encore) définis.<br />

17


est un Concept parent» qui a les caractères numérotés 1.1 <strong>et</strong> 1.2. Par économie, nous<br />

om<strong>et</strong>tons parfois les caractères du concept parent, ce qui m<strong>et</strong> c<strong>la</strong>irement en évidence<br />

que le fait d’être un concept parent est un caractère du concept enfant.<br />

1.3.2 Intérêts<br />

À nos yeux, les conventions de présentation que nous allons appliquer <strong>dans</strong> les chapitres→2<br />

<strong>et</strong>→3 donnent au lecteur un accès facile <strong>et</strong> résumé à l’ensemble de l’exposé<br />

qui soutient <strong>la</strong> démarche de conceptualisation.<br />

Enfin, <strong>et</strong> ce<strong>la</strong> est commun à toute tentative de représentation formalisée, les schémas<br />

isolent les différents éléments de l’argumentation, de sorte qu’il devient possible<br />

de les critiquer individuellement avant de les rem<strong>et</strong>tre en perspective. Il est donc envisageable<br />

de corriger par p<strong>et</strong>ites touches les concepts proposés, sans pour autant rem<strong>et</strong>tre<br />

en question l’ensemble du système.<br />

18


2 Théorie de l’écriture <strong>et</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

Même entendue intuitivement, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> est conçue comme faisant partie intégrante<br />

du système de l’écriture. Nous ne pouvons donc nous passer de <strong>la</strong> délimiter<br />

<strong>dans</strong> ce champ. C’est en fait <strong>la</strong> définition progressive du concept de <strong>la</strong>ngue écrite <strong>et</strong><br />

des unités qu’on y trouve qui va nous perm<strong>et</strong>tre de rencontrer notre premier objectif.<br />

Nous proposons non seulement de définir ici le concept de <strong>ponctuation</strong>, tel qu’il<br />

sera entendu durant toute notre étude, mais surtout de p<strong>la</strong>cer c<strong>et</strong>te définition en bout<br />

de course d’une construction dont chaque point sera exposé de manière à pouvoir être<br />

remis en question s’il est confronté à de nouvelles données de l’expérience.<br />

Armé de méthodes théoriques pour définir nos concepts <strong>et</strong> notre terminologie<br />

(→1), nous définirons le concept de <strong>la</strong>ngue écrite (→2.1) avant d’appliquer ces méthodes<br />

aux réalités rencontrées <strong>dans</strong> les documents: <strong>la</strong> démarche sera déductive du<br />

point de vue de l’é<strong>la</strong>boration conceptuelle (il s’agira d’appliquer <strong>la</strong> méthode définie<br />

absolument), mais elle restera empirique, parce que toujours cadrée par les matériaux<br />

que nous explorons (→2.2). C<strong>et</strong>te confrontation dégagera une terminologie à vocation<br />

plus générale (démarche inductive), perm<strong>et</strong>tant une définition du concept de <strong>ponctuation</strong><br />

(→2.3).<br />

En ce qui concerne <strong>la</strong> situation de notre travail <strong>dans</strong> l’évolution de <strong>la</strong> réflexion sur<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite, nous devrons d’abord exposer nos vues, pour nous situer a posteriori<br />

par rapport à nos devanciers. C<strong>et</strong>te solution, qui n’est pas sans fausser légèrement<br />

l’Histoire <strong>et</strong> qui ne rend peut-être pas assez justice aux prédécesseurs en question, est<br />

<strong>la</strong> seule qui nous paraisse envisageable <strong>dans</strong> une démarche que nous avons d’emblée<br />

qualifiée d’empirique: il s’agit de partir des données observées pour construire une<br />

théorie.<br />

Mais comment pourrait-on faire autrement, alors que <strong>la</strong> totalité des visions systématisantes<br />

que nous connaissions de l’écriture vise à décrire des systèmes modernes,<br />

c’est-à-dire contemporains des descripteurs? Transposer ces vues au système médiéval<br />

serait pur anachronisme.<br />

Vu le sens de notre démarche, nous ne pourrons donc d’emblée «marchander» nos<br />

choix terminologiques à partir de ceux de nos devanciers. Il nous sera possible de leur<br />

rendre leur dû en signa<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> paternité des termes que nous choisirons, mais nous ne<br />

pourrons nous positionner face à leur système théorique qu’a posteriori, lorsque nous<br />

aborderons le concept de <strong>ponctuation</strong> (→2.3).<br />

19


2.1 Regard linguistique sur l’écriture<br />

Dans un premier temps, il s’agit de définir le concept de <strong>la</strong>ngue écrite. Comme indiqué<br />

ci-dessus, <strong>la</strong> définition d’un concept est tributaire d’un certain regard sur l’obj<strong>et</strong>.<br />

En l’occurrence, <strong>la</strong> définition du concept en question se fait en portant un regard de<br />

linguiste sur l’écriture. 1 Nous aborderons ainsi les regards possibles sur l’obj<strong>et</strong> qu’est<br />

l’écriture (→2.1.1), puis les regards de linguistes sur c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong> (→2.1.2). Ce<strong>la</strong> nous<br />

mènera à choisir un point de vue <strong>et</strong> à définir en conséquence le concept de <strong>la</strong>ngue<br />

écrite.<br />

2.1.1 L’écriture <strong>et</strong> les regards possibles<br />

L’écriture est un artéfact humain <strong>et</strong> peut être considérée des différents points de vue<br />

humains portant sur les artéfacts. Elle peut être envisagée en tant qu’obj<strong>et</strong> réel <strong>et</strong> historique,<br />

ou être appréhendée à travers ses répercussions, ou encore être vue comme<br />

un tout systématique. En tant qu’obj<strong>et</strong>, l’écriture peut recevoir une définition très<br />

<strong>la</strong>rge, les propriétés pourront être aussi nombreuses qu’on voudra. Les approches sont<br />

aussi multiples que sont les sciences de l’homme: historique, paléographique, psychologique,<br />

esthétique, sémiotique, sociologique, linguistique, <strong>et</strong>c. L’obj<strong>et</strong> écriture est<br />

vaste par <strong>la</strong> complexité <strong>et</strong> l’abondance de ses propriétés. Intuitivement, on distingue<br />

des propriétés matérielles (elle se développe <strong>dans</strong> l’espace, elle est presque toujours<br />

visible, elle peut être plus ou moins durable, <strong>et</strong>c.); des fonctions, qu’elles soient utilitaires/volontaires<br />

ou non (elle sert à communiquer à distance, <strong>dans</strong> le temps, elle sert<br />

à transcoder l’oral, elle transm<strong>et</strong> des informations sur le subconscient du scribe,. . .);<br />

<strong>et</strong>c. L’écriture est donc un obj<strong>et</strong> qui peut être conceptualisé par un regard particulier.<br />

Chacun des regards qu’on peut lui porter réduit c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong> à une série de caractères<br />

qui perm<strong>et</strong>tent de définir un concept propre à une représentation scientifique,<br />

technique ou artistique. Ainsi, le paléographe négligera <strong>la</strong> propriété «transm<strong>et</strong> des informations<br />

sur le subconscient. . . » pour é<strong>la</strong>borer le concept de script, alors que le<br />

graphologue en fera un caractère essentiel.<br />

2.1.2 Constitution du concept de <strong>la</strong>ngue écrite<br />

Quant au linguiste, les propriétés qu’il sélectionne <strong>dans</strong> l’obj<strong>et</strong> lui donnent <strong>la</strong> possibilité<br />

de créer le concept de <strong>la</strong>ngue écrite ou celui de code écrit, 2 <strong>et</strong> ainsi d’intégrer<br />

l’écriture à son domaine d’étude. Il est bien connu que les différentes écoles linguistiques<br />

conceptualisent <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue de façons différentes, ce qui en soi pourrait impliquer<br />

une grande variété des terminologies en linguistique (Mounin 1974, VII-XXII). Le regard<br />

du linguiste peut être différent en fonction de <strong>la</strong> manière dont il considère <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue, c’est-à-dire le «moule d’envisagement» 3 de l’obj<strong>et</strong> <strong>la</strong>ngue qui lui perm<strong>et</strong> de<br />

conceptualiser ce dernier <strong>dans</strong> son sens le plus général (‘<strong>la</strong>ngage’). Il faut donc ré-<br />

1 Nous verrons ci-dessous le rapport entre les concepts de <strong>la</strong>ngue <strong>et</strong> code écrits Nous justifierons<br />

le choix du premier par notre objectif pratique (→2.1.2.2 c).<br />

2 Voir les différentes perspectives linguistiques de l’analyse de l’écriture infra,→2.1.2.2.<br />

3 La formule est de Pierre Swiggers (1999, 19–20), qui énumère, <strong>dans</strong> une liste qu’il qualifie<br />

de non exhaustive, pas moins de douze de ces «envisagements».<br />

20


pondre à deux questions: quelle sera notre vision de l’obj<strong>et</strong> <strong>la</strong>ngue (→2.1.2.1)? <strong>et</strong><br />

comment se caractérisera le rapport entre c<strong>et</strong>te conception de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>et</strong> celle qu’on<br />

aura de l’écriture (→2.1.2.2)? La réponse à ces questions nous donnera les moyens de<br />

définir, nous l’espérons adéquatement, le concept de <strong>la</strong>ngue écrite (→2.1.2.3).<br />

2.1.2.1 Un moule d’envisagement de l’obj<strong>et</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

Le simple fait de choisir un moule d’envisagement revient à définir ce qu’on entend<br />

par <strong>la</strong>ngue. Il est vrai que vouloir tenter une définition est ambitieux: <strong>la</strong> diversité des<br />

moules est le témoin de <strong>la</strong> difficulté d’approcher c<strong>et</strong>te définition. Pour c<strong>et</strong>te raison, il<br />

nous faut choisir a priori notre point de vue, en fonction de nos convictions, plutôt<br />

que d’adopter une démarche éclectique molle.<br />

Ce qui rend légitime que le linguiste prenne l’écriture comme suj<strong>et</strong> d’étude <strong>et</strong><br />

construise le concept de <strong>la</strong>ngue écrite, c’est qu’une partie des caractères de c<strong>et</strong>te dernière<br />

sont directement hérités du concept de <strong>la</strong>ngue, ce qui implique une dépendance<br />

par rapport au moule d’envisagement choisi. Ce n’est qu’en restreignant le concept à<br />

l’aide de ce caractère qu’il peut devenir pertinent pour le linguiste. 4 La <strong>la</strong>ngue écrite<br />

étant une <strong>la</strong>ngue, elle hérite de tous les caractères de c<strong>et</strong>te dernière. Bien que chaque<br />

point mérite discussion <strong>et</strong> soit suj<strong>et</strong> à polémiques, nous prenons comme point de départ<br />

une vue traditionnelle de ce qui définit <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue:<br />

– comportant des unités pourvues d’une forme d’expression <strong>et</strong> d’un contenu (signes<br />

bifaces, cf. Saussure 1967, 97s. Hjelmslev 1968, 65s.);<br />

– doublement articulée (cf. Martin<strong>et</strong> 1996, 17s.; idée exprimée chez Hjelmslev (1968,<br />

58s.) <strong>dans</strong> l’opposition signes vs figures);<br />

– dont les unités sont arbitraires (cf. Saussure 1967, 100s.);<br />

– dont le potentiel expressif est illimité. 5<br />

C<strong>et</strong>te définition se situe ainsi <strong>dans</strong> <strong>la</strong> lignée du structuralisme fonctionnaliste développé<br />

à partir de Ferdinand de Saussure, Louis Hjelmslev, André Martin<strong>et</strong>, <strong>et</strong>c. (figure<br />

2.1).<br />

2.1.2.2 Re<strong>la</strong>tion entre écriture <strong>et</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

Par rapport à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, l’écriture (Swiggers/Van Hoecke 1991, 504), peut être envisagée<br />

de trois façons différentes, que Jacques Anis <strong>et</strong> ses col<strong>la</strong>borateurs présentent en<br />

ces termes:<br />

4<br />

«Une définition plus restreinte, qui fasse explicitement référence à <strong>la</strong> dimension linguistique,<br />

nous parait donc souhaitable. C’est le cas de celle que donne Hagège (1985[=1986]: 72) –<br />

L’écriture est une ‹technique de re-présentation de <strong>la</strong> parole par une trace <strong>la</strong>issée sur un<br />

support conservable› – ou mieux encore celle de Coulmas (1996: 555) – L’écriture est un<br />

‹système d’enregistrement du <strong>la</strong>ngage à l’aide de marques visibles <strong>et</strong> tactiles en re<strong>la</strong>tion<br />

systématique avec les unités de <strong>la</strong> parole›.» (Jaffré 2001, 530).<br />

5<br />

Cf. Hjelmslev 1968, 138: «En pratique, une <strong>la</strong>ngue est une sémiotique <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle toutes<br />

les autres sémiotiques peuvent être traduites, aussi bien les autres <strong>la</strong>ngues que toutes les<br />

autres sémiotiques concevables.»<br />

21


<strong>la</strong>ngue<br />

@système sémiotique<br />

@à double articu<strong>la</strong>tion<br />

@arbitraire<br />

@au potentiel expressif illimité<br />

FIG. 2.1 – Concept de <strong>la</strong>ngue<br />

«Parmi les diverses approches linguistiques de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite [. . .] on pourrait, en simplifiant,<br />

dégager trois tendances:<br />

– le phonocentrisme, qui traite <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite comme une représentation déformée de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue parlée;<br />

– le phonographisme, qui traite <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite comme une représentation structurale de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue parlée, intégrant également des caractéristiques spécifiques;<br />

– l’autonomisme, qui traite <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite comme un système spécifique en interaction<br />

re<strong>la</strong>tive avec <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue parlée.» (1988, 77).<br />

Le phonocentrisme est à considérer comme «hors du débat» (ibid.), puisqu’il ne vise<br />

pas à une description de l’écrit comme système.<br />

a. Perspective phonographique. Face au terme phonographique, Nina Catach (1988a)<br />

a proposé le terme glossographique. Selon ce point de vue, <strong>dans</strong> sa forme aboutie,<br />

6 elle postule théoriquement quatre «solutions» pour articuler les codes oraux<br />

<strong>et</strong> écrits avec <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, ou plutôt quatre façons d’écrire une <strong>la</strong>ngue parlée (Catach<br />

2001, 737a): 7 1/ traduction de <strong>la</strong> substance phonique en substance graphique (terme<br />

à terme); 2/ construction d’un code d’expression parallèle, mais différent (spécificité<br />

partielle du code écrit); 3/ construction d’un code d’expression partiellement parallèle,<br />

introduisant des oppositions inexistantes à l’oral, <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tant une analyse morphématique<br />

différente; 4/ construction d’une <strong>la</strong>ngue différente. Dans <strong>la</strong> pratique, l’unité<br />

de base, le graphème, est définie par Nina Catach comme <strong>la</strong> désignation générique<br />

de différentes unités, dont les types se distinguent en fonction de ce qu’elles servent<br />

à noter (voir p. ex. Catach 2001; Gruaz 1985), ce qui revient toujours à définir les<br />

unités du code écrit par rapport au code oral, puisque, considérant l’interférence entre<br />

les deux codes, c’est toujours le même sens de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qui est pris en compte (les<br />

«solutions» sont ordonnées en fonction de <strong>la</strong> distance qu’elles accusent par rapport à<br />

l’oralité).<br />

Concrètement, <strong>dans</strong> son approche du système graphique du français, qu’elle qualifie<br />

de plurisystème (voir p. ex. Catach 1988a, 248, Catach 2001, 738as.), Nina Catach<br />

distingue les graphèmes représentant des phonèmes (phonogrammes), de ceux qui représentent<br />

des morphèmes (morphogrammes) ou des unités «idéographiques», qu’on<br />

reconnaît <strong>et</strong> identifie instantanément comme des unités de sens (logogrammes), <strong>et</strong>c.<br />

Ainsi, a est un graphème qui représente un phonème <strong>dans</strong> vil<strong>la</strong>, mais pas <strong>dans</strong> manger,<br />

où c’est le groupe an qui constitue un phonogramme; <strong>dans</strong> il viendra, ce même a<br />

représente en outre un morphème; par ailleurs, le signe c’est est un logogramme. C<strong>et</strong>te<br />

pluralité fonctionnelle de l’unité de base du système graphique est à <strong>la</strong> base de ce que<br />

Nina Catach nomme «mixité» du système. Néanmoins, pour le français, 83% des gra-<br />

6<br />

7<br />

Il est hérité de V<strong>la</strong>dimír Hoˇrejší (1971) <strong>et</strong> de V<strong>la</strong>dimir Gak (1976), cf. Anis <strong>et</strong> al. 1988, 79.<br />

«L’écriture double <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue phonémique.» (Catach 1988a, 253).<br />

22


phèmes noteraient des phonèmes (Catach 1998, 63), ce qui contribuerait d’après elle<br />

à justifier une approche prenant l’oral comme point de référence.<br />

b. Perspective autonomiste. Jacques Anis (1988, 213) adopte <strong>la</strong> position selon <strong>la</strong>quelle<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue «existe sous deux formes [orale <strong>et</strong> écrite], entre lesquelles <strong>la</strong> linguistique<br />

ne postule ni hiérarchie, ni dépendance»; il qualifie lui-même c<strong>et</strong>te position<br />

d’autonomiste. La théorie, mise au point par Jacques Anis <strong>dans</strong> les années 80 (Anis<br />

1983; Anis 1988; Anis <strong>et</strong> al. 1988), se réc<strong>la</strong>me de Josef Vachek (1973). Il faut y voir<br />

une option méthodologique qui se positionne par rapport aux conceptions généralement<br />

acceptées jusqu’alors <strong>et</strong> dont Nina Catach est le représentant le plus engagé.<br />

Selon les autonomistes, les théories modernes de <strong>la</strong> lecture (Anis 1983, 32) ayant mis<br />

en évidence qu’il était possible de comprendre un texte écrit sans accès à <strong>la</strong> forme<br />

phonique correspondante, il est envisageable de décrire <strong>la</strong> structure du code écrit indépendamment<br />

du code oral.<br />

Les tentatives de descriptions autonomistes, peu nombreuses au demeurant,<br />

nomment également graphèmes les unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite. Jacques Anis répartit les<br />

graphèmes en trois c<strong>la</strong>sses qu’il définit comme suit: les alphagrammes ou ‘graphèmes<br />

alphabétiques, unités purement distinctives’; les topogrammes, ‘graphèmes ponctuotypographiques,<br />

qui contribuent à <strong>la</strong> production du sens, en tant qu’organisateurs de<br />

<strong>la</strong> séquentialité <strong>et</strong> indicateurs syntagmatiques <strong>et</strong> énonciatifs’; <strong>et</strong> les logogrammes ou<br />

‘graphèmes correspondant à une unité significative’ (Anis 1998, 15). La c<strong>la</strong>sse des<br />

topogrammes correspond ainsi à une fonction, définie exclusivement par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

entr<strong>et</strong>enue entre les unités graphiques. 8<br />

c. Positionnement. Les deux perspectives, qui par ailleurs ne sont pas incompatibles<br />

(Swiggers/Van Hoecke 1991), se défendent, <strong>et</strong> ce n’est pas le lieu de juger du bienfondé<br />

de l’une ou de l’autre. Néanmoins, au vu de nos objectifs pratiques, il semble<br />

raisonnable d’opter pour un regard autonomiste.<br />

Il est vrai que d’un point de vue historique les pratiquants eux-mêmes considèrent<br />

les codes comme indépendants (Parkes 1992, 34), mais le plus important des arguments<br />

p<strong>la</strong>idant en faveur de c<strong>et</strong>te approche est d’ordre épistémologique. Bien qu’encore<br />

au stade de «proto-science», <strong>la</strong> linguistique doit néanmoins avoir pour objectif<br />

de devenir un jour une science à proprement parler, <strong>et</strong> donc d’employer des méthodes<br />

appropriées. La falsifiabilité d’une théorie par les données de l’expérience doit être un<br />

impératif. La «méthodologie falsificationniste», due à Karl Popper (cf. Barreau 2002,<br />

47), est conçue comme une alternative à une inexistante logique inductive. La condition<br />

nécessaire à <strong>la</strong> validité de toute science empirique est que le modèle doit pouvoir<br />

être partiellement ou totalement remis en cause lorsqu’il est confronté à des données<br />

qui ne s’y conforment pas. Or, nous ne savons rien – <strong>et</strong> nous ne saurons probablement<br />

jamais grand-chose – sur l’intonation médiévale. C’est pourquoi l’attitude glossographique<br />

ne pourrait dépasser <strong>dans</strong> ce cadre l’étape de <strong>la</strong> spécu<strong>la</strong>tion: pas de donnée,<br />

pas de théorie. Dans l’éventualité où <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> renseignerait sur c<strong>et</strong>te intonation,<br />

c<strong>et</strong>te dernière serait le point d’arrivée de <strong>la</strong> démarche, pas son point de départ. La re<strong>la</strong>tion<br />

entre <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> du treizième siècle <strong>et</strong> l’intonation de <strong>la</strong> même époque ne doit<br />

pas être envisagée, non que c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion soit invraisemb<strong>la</strong>ble, mais il est impossible<br />

d’évaluer <strong>la</strong> validité d’une éventuelle reconstruction.<br />

8 Voir cependant <strong>la</strong> critique que Roy Harris formule à ce suj<strong>et</strong> (→2.2.3).<br />

23


<strong>la</strong>ngue écrite<br />

@<strong>la</strong>ngue<br />

@à médium spatial<br />

FIG. 2.2 – Concept de <strong>la</strong>ngue écrite<br />

2.1.2.3 Vers une définition de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite<br />

Joignant ces deux prises de position, nous sommes amené à dire que toute <strong>la</strong>ngue<br />

écrite est à considérer comme une <strong>la</strong>ngue à part entière (autonomisme). Pour que<br />

<strong>la</strong> définition soit néanmoins opératoire, il faut trouver ce qui fait <strong>la</strong> spécificité de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue écrite par rapport à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue: quel caractère spécifique pourrait servir à les<br />

distinguer? Choisir ce(s) caractère(s) revient donc à définir <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite par rapport<br />

à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue; au linguiste de le(s) choisir <strong>dans</strong> l’ensemble des propriétés de l’obj<strong>et</strong><br />

écriture. On conçoit que ce choix n’est pas simple <strong>et</strong> qu’il mobilise à nouveau des<br />

représentations sur <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Décider que le caractère à r<strong>et</strong>enir est @durable revient<br />

à exclure tout ce qui serait écrit à <strong>la</strong> surface de l’eau (Harris 1995, 45s.) <strong>et</strong> à inclure<br />

<strong>dans</strong> le concept les supports enregistrés comme le disque ou les fichiers informatiques<br />

audios (Catach 1988a, 244). Décider que ce caractère est @visuel revient à exclure le<br />

braille (lorsqu’il est lu par un aveugle), <strong>et</strong>c. (Catach 1988a, 244, Harris 1995, 38s.).<br />

Il y a lieu de choisir <strong>la</strong> propriété <strong>la</strong> plus générale qui définisse l’écriture par rapport à<br />

ce qui lui ressemble le plus: tous les moyens de communication linguistique. On ne<br />

s’étonnera nullement de <strong>la</strong> nature sémiotique de ce caractère si l’on veut bien considérer<br />

le rapport d’inclusion qui fait de <strong>la</strong> linguistique un sous-domaine de <strong>la</strong> sémiotique.<br />

Une solution qui nous paraît satisfaisante est ainsi proposée en sémiotique par Roy<br />

Harris (1995, 45):<br />

«[. . .] the underlying substratum 9 of writing is not visual, but spatial.»<br />

Soulignons que c’est une propriété matérielle de l’écriture qui est prise en compte.<br />

Le choix est légitime, parce que <strong>la</strong> spatialité est impliquée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> formation – mise<br />

en forme au sens de <strong>la</strong> linguistique structurale – du signifiant (Saussure 1967, 155s.,<br />

163s., <strong>et</strong>c. Hjelmslev 1968, 68, 70–71, 74, <strong>et</strong>c.). La substance étant <strong>la</strong> partie de <strong>la</strong><br />

matière qui est mobilisée par <strong>la</strong> forme linguistique, le phonéticien peut tout négliger<br />

de <strong>la</strong> matière phonique, sauf <strong>la</strong> substance. Pareillement, il est du ressort du linguiste de<br />

prendre en considération <strong>la</strong> substance spatiale lorsqu’il s’occupe de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite.<br />

Au bout du compte, nous aboutissons au modèle conceptuel schématisé par <strong>la</strong><br />

figure 2.2, qui correspond au concept généré par un (notre) regard linguistique structuraliste<br />

<strong>et</strong> autonomiste sur l’écriture.<br />

2.2 C<strong>la</strong>ssement <strong>et</strong> nomination des unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite<br />

C<strong>et</strong>te section sera consacrée à <strong>la</strong> taxinomie des unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite. Une fois<br />

abordés quelques préa<strong>la</strong>bles méthodologiques (→2.2.0), nous proposerons une dési-<br />

9 L’acception du terme substratum nous paraît ici métaphorique; plus rigoureusement, on em-<br />

ploiera les termes matière <strong>et</strong> substance.<br />

24


gnation générale des unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite <strong>et</strong> nous poserons une première dichotomie<br />

(→2.2.1). Nous distinguerons les unités qui organisent l’espace graphique de<br />

celles qui sont précisément l’obj<strong>et</strong> de c<strong>et</strong>te organisation. Sur <strong>la</strong> base du critère fonctionnel<br />

de <strong>la</strong> double articu<strong>la</strong>tion, nous scinderons ces deux types d’unités en c<strong>la</strong>sses<br />

subordonnées (→2.2.2). Le critère spatial (→2.2.3) ainsi que le problème de <strong>la</strong> paraphrasabilité<br />

des unités – certaines unités peuvent en remp<strong>la</strong>cer d’autres – (→2.2.4)<br />

mènera à poser de nouvelles distinctions. Nous synthétiserons ensuite notre réflexion<br />

(→2.2.5).<br />

2.2.0 Préa<strong>la</strong>bles<br />

Avant de commencer à c<strong>la</strong>sser les unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite, nous définirons <strong>la</strong> démarche<br />

de c<strong>la</strong>ssement adoptée (→2.2.0.1). D’autre part, le recours aux transcriptions<br />

en guise d’exemples sera parfois inévitable, d’où <strong>la</strong> nécessité de soulever le problème<br />

que pose <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> démarche pratique de transcription <strong>et</strong> <strong>la</strong> démarche théorique<br />

de c<strong>la</strong>ssification (→2.2.0.2).<br />

2.2.0.1 Orientation de <strong>la</strong> démarche de c<strong>la</strong>ssement<br />

Le modèle conceptuel de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite étant posé, nous avons à notre disposition<br />

le cadre nécessaire à <strong>la</strong> définition des unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite. Voyons à présent ce<br />

qu’impose l’empirisme de notre approche. Il y a, nous semble-t-il, deux manières de<br />

procéder: 1/ soit on essaye, d’un point de vue théorique, de prendre en compte toutes<br />

les unités de toutes les <strong>la</strong>ngues écrites (c’est-à-dire tous les obj<strong>et</strong>s qui peuvent être<br />

considérés comme des instances du concept <strong>la</strong>ngue écrite tel que nous venons de le<br />

définir), de manière à ébaucher une théorie générale du <strong>la</strong>ngage écrit, pour ensuite<br />

dégager les principes qui nous serviront pour notre question; 2/ soit on part des données<br />

qu’offre une de ces instances <strong>et</strong> on essaye de raisonner à partir de celles-là pour<br />

construire une terminologie jugée suffisante à son seul égard, quitte à avouer explicitement<br />

son caractère provisoire face à une théorie plus générale de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite.<br />

Notre approche implique <strong>la</strong> seconde solution. Une raison supplémentaire qui nous incite<br />

à conserver ce choix est notre incompétence face au domaine vaste <strong>et</strong> compliqué<br />

des écritures <strong>dans</strong> leur multiplicité, qui nous mènerait bien loin de notre objectif de<br />

description de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des chartes. Néanmoins, nous pensons que se focaliser<br />

sur c<strong>et</strong>te seule <strong>la</strong>ngue écrite peut déjà mener à un c<strong>la</strong>ssement fin des unités du <strong>la</strong>ngage<br />

écrit.<br />

2.2.0.2 L’activité pratique de transcription<br />

Dans <strong>la</strong> démarche de taxinomie, il s’agira de c<strong>la</strong>sser tout d’abord des formes d’expressions,<br />

c’est-à-dire des signifiants. Ne sachant pas exactement ce que signifient les<br />

signes que nous c<strong>la</strong>ssons, puisqu’il s’agit du but ultime de notre démarche, nous ne<br />

pouvons approfondir le c<strong>la</strong>ssement des unités en fonction de leur valeur 10 au delà de<br />

l’opposition significatif/distinctif (double articu<strong>la</strong>tion,→2.2.2). Procéder en cherchant<br />

10 Terme qu’on préférera à contenu, qui a l’inconvénient d’évoquer une valeur d’ordre séman-<br />

tique.<br />

25


FIG. 2.3 – Exemple de réalisation (Document 1272–07–08, 1)<br />

à r<strong>et</strong>rouver des conceptions actuelles <strong>dans</strong> les pratiques anciennes fausserait l’analyse<br />

(Boutier 2001, 431).<br />

C<strong>et</strong>te description de <strong>la</strong> forme doit précéder celle de <strong>la</strong> substance pour deux raisons:<br />

1/ <strong>la</strong> substance n’est intéressante que parce qu’elle sert à <strong>la</strong> construction de <strong>la</strong><br />

forme; 2/ <strong>la</strong> forme nous est intuitivement accessible parce que, <strong>dans</strong> notre corpus,<br />

nous comprenons en grande partie le message véhiculé, sa pertinence. Voilà une démarche<br />

qui implique inévitablement le danger de catégoriser a priori – <strong>et</strong> parfois de<br />

se tromper devant une écriture inconnue. Il importe donc de ne jamais oublier que l’on<br />

raisonne sur des représentations, qui, en tant que telles, peuvent être revues en fonction<br />

de remises en question théoriques. Prenons par exemple <strong>la</strong> réalisation visible <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> figure 2.3. Pour être utilisable, c<strong>et</strong>te réalité a dû être transcrite, c’est-à-dire réduite<br />

à une représentation de sa forme. C<strong>et</strong>te réduction se fonde sur un principe de ressemb<strong>la</strong>nce:<br />

il y a <strong>dans</strong> les documents des réalisations graphiques qui se ressemblent <strong>et</strong> que<br />

nous pouvons considérer comme étant identiques, parce que leur tracé est simi<strong>la</strong>ire<br />

(ressemb<strong>la</strong>nce sur le p<strong>la</strong>n de l’expression), <strong>et</strong> parfois parce qu’elles ont c<strong>la</strong>irement <strong>la</strong><br />

même valeur. Dans le premier cas, le plus fréquent face à un matériau inconnu, <strong>la</strong><br />

transcription est impressionniste. Ainsi, on transcrira l’image donnée ci-dessus 11 :<br />

«a tous cheaus quí ces preſens l<strong>et</strong>res veront · nos li homme de ciſe deu [. . .]»<br />

Si l’on peut rapidement – par simple commutation avec teus, par exemple – prouver<br />

que ‹o› 12 est bel <strong>et</strong> bien une forme d’expression exprimant une valeur, en l’occurrence<br />

distinctive (→2.2.2.1), l’écriture médiévale comporte par contre des ‹í› qu’on identifie<br />

comme tels avec un œil moderne, mais dont on ne peut évaluer <strong>la</strong> pertinence: l’alternance<br />

entre <strong>la</strong> présence ou non de l’accent pourrait tout à fait être libre <strong>dans</strong> l’ensemble<br />

de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite que nous analysons, ou simplement <strong>dans</strong> un idiolecte particulier.<br />

Par ailleurs, nous avons transcrit ‹·› au milieu de <strong>la</strong> ligne; de même, on aurait transcrit<br />

les puncti qu’on r<strong>et</strong>rouve <strong>dans</strong> <strong>la</strong> photographie 2.3 ci-dessus <strong>et</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 2.4<br />

au milieu de <strong>la</strong> ligne, sans aucune distinction. Avant d’avoir étudié le phénomène en<br />

détail, il n’est pas possible d’affirmer avec certitude que l’on a bien affaire à plusieurs<br />

occurrences d’une même unité. On voit donc qu’à côté de transcriptions ne faisant pas<br />

11<br />

Les exemples cités <strong>dans</strong> ce chapitre sont des transcriptions diplomatiques qui conservent les<br />

faits suivants: accents; oppositions entre ‹s› <strong>et</strong> ‹ſ›, ‹ı› <strong>et</strong> ‹j› ainsi que ‹u› <strong>et</strong> ‹v›; <strong>ponctuation</strong>;<br />

opposition entre l’espace <strong>et</strong> <strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite espace ‹˘ ˘<br />

› Les «l<strong>et</strong>tres» plus grasses ou plus grandes<br />

que les autres sont transcrites en gras. Les chevrons entourent les portions de texte ayant<br />

dû être restituées parce qu’elles étaient endommagées, les croch<strong>et</strong>s marquent les portions<br />

volontairement grattées <strong>et</strong> les demi croch<strong>et</strong>s signalent que le texte a été ajouté au-dessus de <strong>la</strong><br />

ligne. Pour être rédigées de manière rigoureuse, ces conventions nécessiteraient normalement<br />

que soient définies les principales unités à transcrire. On voudra bien nous pardonner c<strong>et</strong>te<br />

inévitable circu<strong>la</strong>rité. Voir <strong>la</strong> section Transcriptions des annexes pour une tentative al<strong>la</strong>nt<br />

<strong>dans</strong> ce sens.<br />

12<br />

Nous transcrivons les unités graphiques entre chevrons.<br />

26


FIG. 2.4 – Exemples de puncti (Document 1272–07–08, 2)<br />

FIG. 2.5 – Exemple d’accent décalé (Document 1277–02–03, 27)<br />

l’ombre d’un doute, certaines sont de l’ordre du pari: il se peut qu’on conserve <strong>dans</strong><br />

notre transcription des variantes libres, in-signifiantes d’un point de vue linguistique,<br />

ou, ce qui est certainement plus grave, qu’on passe sous silence des oppositions pertinentes.<br />

Il peut également arriver que l’opposition soit fonctionnellement présente,<br />

mais que nous ne puissions en comprendre <strong>la</strong> valeur. 13 Tout ce<strong>la</strong> est inévitable.<br />

Enfin, les cas de télescopages (jugés) accidentels d’unités sont formalisés de <strong>la</strong><br />

même manière: ainsi, un accent détaché du ‹ı› au-dessus duquel il devrait être est<br />

transcrit au-dessus de ce dernier, même s’il se trouve en réalité au-dessus d’un ‹r› situé<br />

plus à droite, comme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 2.5: ‹notaíre›. Cependant, pour risqué qu’il<br />

soit, ce pari est pleinement justifié par le fait que nous cherchons quelque chose, mais<br />

que nous ne savons pas ce que nous allons trouver. Nous ne savons pas s’il y a des raisons<br />

va<strong>la</strong>bles pour opposer les deux signes ‹· › <strong>et</strong> ‹· /›, mais l’opposition est maintenue<br />

au cas où ces raisons existeraient; en outre, <strong>la</strong> fréquence <strong>et</strong> <strong>la</strong> constance d’une alternance<br />

de ce type donnent déjà à penser qu’il est utile de procéder ainsi. Le système<br />

terminologique devrait idéalement perm<strong>et</strong>tre de tenir compte de <strong>la</strong> différence entre<br />

matière, substance, forme <strong>et</strong> représentation. Néanmoins, pour des raisons pratiques,<br />

nous ferons comme si nous avions devant nous des formes <strong>et</strong> nous hiérarchiserons les<br />

différents types rencontrés pour aboutir au tableau hiérarchique (→2.2.5).<br />

2.2.1 Unité de base <strong>et</strong> première dichotomie<br />

Tirons parti immédiatement du fait que <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite ait un médium de nature spatiale<br />

pour poser une première dichotomie. Ayant admis <strong>dans</strong> un premier temps que<br />

nous n’avons transcrit que des formes d’expression qui expriment une valeur, nous<br />

pouvons, par commodité, transcrire ces formes entre p<strong>et</strong>its chevrons (p. ex.: ‹i›, ou ‹· ›).<br />

Considérons l’ensemble des unités d’une <strong>la</strong>ngue pourvues d’une forme d’expression.<br />

Ces unités linguistiques, en vertu de <strong>la</strong> double articu<strong>la</strong>tion, peuvent être minimales ou<br />

non.<br />

Les unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite qui pourront être considérées comme minimales<br />

d’une façon ou d’une autre, seront nommées scriptèmes (figure 2.6). 14<br />

13<br />

Voir en l’occurrence le «cas insoluble» de l’opposition de ‹· › <strong>et</strong> ‹· / › <strong>dans</strong> Document (1272–03),<br />

voir notre étude (Mazziotta à paraître).<br />

14<br />

Lat. scriptio ‘action d’écrire’, scriptura ‘écriture’; terme qui remp<strong>la</strong>ce ici le graphème de<br />

certaines théories prenant en compte <strong>la</strong> «mise en page» (→2.3.2.2).<br />

’<br />

’<br />

27<br />


scriptème<br />

@unité linguistique minimale<br />

@à médium spatial<br />

FIG. 2.6 – Concept de scriptème<br />

grammème<br />

@non organisateur<br />

spatial<br />

scriptème<br />

@minimal<br />

@spatial<br />

topème<br />

@organisateur<br />

spatial<br />

FIG. 2.7 – Types de scriptèmes<br />

Par commutation, on isole assez facilement des unités discrètes véhicu<strong>la</strong>nt le sens,<br />

jusqu’à aboutir à des segments minimaux:<br />

«conute choſe ſoit a chaſcon <strong>et</strong> a tos ke [. . .]» (Document 1280–05–04, 2).<br />

Par ailleurs, nous pouvons constater que <strong>la</strong> manière dont s’organisent les unités<br />

constitue également un véhicule de sens. Observons à nouveau <strong>la</strong> réalisation présentée<br />

en figure 2.3, p. 26. On voit c<strong>la</strong>irement que le texte se présente sous <strong>la</strong> forme d’une<br />

suite de blocs espacés: il y a une espace plus <strong>la</strong>rge entre ‹cheaus› <strong>et</strong> ‹quí› qu’entre le<br />

‹c› <strong>et</strong> le ‹h› du premier de ces blocs. De plus, ces derniers sont positionnés les uns par<br />

rapport aux autres de manière à ce que leur ordre soit significatif.<br />

Nous distinguons de <strong>la</strong> sorte deux types d’unités significatives en fonction de leur<br />

forme d’expression. Nous proposons de nommer topèmes les unités non discrètes qui<br />

structurent <strong>et</strong> organisent l’espace. 15 Dans ce cadre, nous définissons donc le topème<br />

positivement, comme un scriptème organisant l’espace graphique, le distinguant des<br />

unités qui ne sont pas des topèmes, que nous nommerons grammèmes. 16 D’un point<br />

de vue perceptuel, les occurrences de grammèmes sont en eff<strong>et</strong> organisées les unes<br />

par rapport aux autres: elles peuvent se suivre de haut en bas, de gauche à droite,<br />

<strong>et</strong>c., elles peuvent être espacées les unes des autres, ou au contraire se superposer.<br />

Le terme topème recouvre ainsi l’ensemble des procédés de disposition re<strong>la</strong>tive des<br />

grammèmes. Un scriptème sera donc soit un grammème, soit un topème (figure 2.7).<br />

On peut dès à présent faire remarquer que le couple organiseur/organisé entr<strong>et</strong>ient<br />

une re<strong>la</strong>tion de présupposition mutuelle – interdépendance sur le p<strong>la</strong>n syntagmatique,<br />

ou solidarité, disait Louis Hjelmslev (1968, 51–52). Dès lors qu’il est question<br />

d’occurrence de scriptèmes, tout agencement de grammèmes est un topème 17 , <strong>et</strong> tout<br />

grammème est forcément positionné par rapport aux autres, nature spatiale de <strong>la</strong> substance<br />

oblige.<br />

15 Gr. ØÔÓ ‘lieu, endroit’.<br />

La notion de topème convient également pour désigner l’organisation particulière de <strong>la</strong> page<br />

imprimée, qu’on nomme habituellement mise en page.<br />

16 Le terme est proposé par Swiggers/Van Hoecke (1991).<br />

17 Nous reviendrons ci-dessous (→2.2.2.2) sur les difficultés pratiques que pose c<strong>et</strong>te définition.<br />

28


grammème<br />

@non organisateur spatial<br />

plérégramme<br />

@significatif<br />

cénégramme<br />

@distinctif<br />

FIG. 2.8 – Types de grammèmes: critère fonctionnel<br />

2.2.2 Critère fonctionnel de double articu<strong>la</strong>tion<br />

C<strong>et</strong>te première distinction posée, nous pouvons à présent nous servir de <strong>la</strong> double articu<strong>la</strong>tion,<br />

qui caractérise toute <strong>la</strong>ngue, pour distinguer plusieurs types de grammèmes<br />

<strong>et</strong> plusieurs types de topèmes.<br />

2.2.2.1 Types de grammèmes<br />

Les grammèmes peuvent être divisés en deux groupes distincts. En observant <strong>la</strong> chaîne<br />

page 28, nous constatons que toutes les unités ne sont pas simi<strong>la</strong>ires: les unités minimales<br />

qui véhiculent le sens se différencient de celles qui n’ont de valeur que distinctive<br />

– principe de <strong>la</strong> double articu<strong>la</strong>tion. Ainsi, même sans faire référence à l’oral,<br />

‹conute› se découpe en trois unités significatives (cp. ‹conurent›, ‹conut›, <strong>et</strong>c.): ‹con›<br />

(sens lexical) + ‹u› (catégories verbales 18 ) + ‹t› (catégories verbales) + ‹e› (genre). Par<br />

contre, ‹conu› est formé de quatre unités exclusivement distinctives. Nous dirons donc,<br />

suivant ici Nina Catach, 19 que ‹conu› est plérémique <strong>et</strong> qu’il est constitué de quatre<br />

unités cénémiques. 20 . En tant que scriptème non organisateur, minimal au point de<br />

<strong>la</strong> signification, ‹conu› est un plérégramme constitué de scriptèmes non organisateurs<br />

également, mais limités à une valeur distinctive: des cénégrammes. On peut regrouper<br />

c<strong>et</strong> ensemble sous l’hyperonyme grammèmes (figure 2.8).<br />

À ce stade, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion d’hypo-hyperonymie entre grammème <strong>et</strong> les co-hyponymes<br />

plérégramme <strong>et</strong> cénégramme implique que le grammème ne soit pas forcément minimal<br />

sur tous les niveaux d’articu<strong>la</strong>tion à <strong>la</strong> fois: il sera plérégramme ou cénégramme<br />

suivant qu’il est minimal au point de vue de <strong>la</strong> première ou de <strong>la</strong> seconde articu<strong>la</strong>tion.<br />

Dans ‹conute›, ‹conu› comme ‹c› sont des grammèmes, le premier un plérégramme,<br />

le second un cénégramme; de même, ‹e› y est un plérégramme composé d’un seul<br />

cénégramme ‹e›.<br />

18<br />

Nous passons ici sur les difficultés de l’analyse morphématique <strong>et</strong> nous perm<strong>et</strong>tons quelque<br />

imprécision.<br />

19<br />

Qui reprend (cf. Catach 1979, 22) le terme de Haas (1976), lequel s’inspirait directement de<br />

Hjelmslev. Voir cependant <strong>la</strong> note 20 ci-dessous.<br />

20<br />

Gr. ÔÐÖ ‘plein, rempli’, gr. Ò ‘vide’, gr. ÖÑÑ ‘caractère, d’écriture’ Il nous<br />

semble cependant que <strong>la</strong> manière dont Nina Catach reprend le rapprochement de Haas n’est<br />

pas en accord total avec <strong>la</strong> terminologie de Hjelmslev, pour qui les plérématèmes sont des<br />

glossèmes du contenu <strong>et</strong> non de contenu, c’est-à-dire des unités linguistiques entièrement<br />

situées sur le p<strong>la</strong>n du contenu, alors que l’adjectif plérémique de Nina Catach s’applique à<br />

des signes à part entière; voir Hjelmslev 1939, 143, Hjelmslev 1954, 48–49. Nous adoptons<br />

malgré tout le terme.<br />

29


2.2.2.2 Types de topèmes<br />

topème<br />

@organisateur spatial<br />

plérétope<br />

@significatif<br />

cénétope<br />

@distinctif<br />

FIG. 2.9 – Types de topèmes: critère fonctionnel<br />

Quelle que soit <strong>la</strong> sorte de valeur qu’on peut y voir, les grammèmes sont organisés<br />

par les topèmes. En poussant le concept de topème à ses limites, on peut considérer<br />

que les groupements de plérégrammes ainsi que les groupements de cénégrammes<br />

sont construits à l’aide de topèmes. Ainsi, <strong>la</strong> figure 2.3 montre des séparations entre<br />

plérégrammes concaténés, eux-mêmes formés de cénégrammes qui s’enchaînent. Les<br />

topèmes ont donc un rôle à jouer aux deux niveaux de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite – ce qui est une<br />

conséquence directe de l’interdépendance entre grammèmes <strong>et</strong> topèmes: tout grammème<br />

actualisé, même cénémique, présuppose un topème.<br />

Néanmoins, il y a une différence fondamentale entre ce qu’on voudra bien dès<br />

lors considérer comme deux types de topèmes: les topèmes qui organisent les plérégrammes<br />

sont susceptibles de comporter un surcroît de sens – on les nommera donc<br />

plérétopes –, alors que ceux qui organisent les cénégrammes sont de simples formes<br />

distinctives, que nous nommerons cénétopes (figure 2.9).<br />

Dans l’exemple de <strong>la</strong> page 28, il y a un plérétope qui organise ‹conute› par rapport<br />

aux mots qui l’entourent, de même que les unités qui le composent (cénégrammes)<br />

sont organisées par des cénétopes.<br />

2.2.3 Critère spatial<br />

Prendre en compte le caractère @spatial repose <strong>la</strong> question de l’autonomie au niveau<br />

des plérégrammes <strong>et</strong> invite à déterminer sur quel axe les unités discrètes sont<br />

construites <strong>et</strong> combinées. La démarche perm<strong>et</strong> par ailleurs de se passer complètement<br />

de l’oralité, évitant l’écueil dénoncé par Roy Harris:<br />

«Du côté des ‹autonomistes›, le problème est plus grave, parce que, s’ils posent comme postu<strong>la</strong>t<br />

l’indépendance sémiologique de l’écriture, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> pratique, ils sont bien embarrassés<br />

pour commencer ailleurs que par une correspondance déjà établie entre telle <strong>la</strong>ngue parlée<br />

<strong>et</strong> tel système d’écriture. Les prétendues analyses ‹autonomes› commencent toujours par<br />

considérer les structures graphémiques par rapport à une fonction phonographique ou logographique<br />

qui est sous-entendue. On se demande si ce n’est pas refuser <strong>la</strong> primauté de <strong>la</strong><br />

parole en tant que doctrine théorique, quitte à <strong>la</strong> réinstaller comme présupposé méthodologique.»<br />

(1993, 364).<br />

2.2.3.1 Autonomie des plérégrammes<br />

La question de l’autonomie posée au niveau des plérégrammes nous invite à affiner le<br />

c<strong>la</strong>ssement de ceux-ci. Examinons <strong>la</strong> substance des plérégrammes de <strong>la</strong> figure 2.10.<br />

Les chaînes sont composées de cénégrammes, dont le premier est plus imposant que<br />

les autres. Ce cénégramme est considéré comme une littera notabilior (Parkes 1992,<br />

30


FIG. 2.10 – Exemple de cénégramme «marqué» (Document<br />

1282–02–01, 2)<br />

hétérogramme<br />

@dépendant<br />

plérégramme<br />

@significatif<br />

autogramme<br />

@autonome<br />

FIG. 2.11 – Types de plérégrammes: critère d’autonomie<br />

305) par les médiévaux: il porte une marque qui perm<strong>et</strong> à l’œil de le distinguer des<br />

autres cénégrammes. Il peut donc être dit marqué; il y a entre <strong>la</strong> substance de ce cénégramme<br />

<strong>et</strong> celle du ‹c› qui suit une différence qui n’est pas d’ordre segmental, mais<br />

qui nécessite des unités de ce type pour se manifester. Ce rapport de dépendance est<br />

simi<strong>la</strong>ire à celui qu’entr<strong>et</strong>iennent les topèmes <strong>et</strong> les grammèmes. Néanmoins, puisque<br />

les grammèmes se définissent par le fait qu’ils n’organisent pas l’espace, ces marques<br />

supplémentaires sont une sorte de grammème.<br />

La question de <strong>la</strong> valeur de ces grammèmes non autonomes que constituent ces<br />

marques est particulièrement complexe. Dans certains cas, ces marques semblent c<strong>la</strong>irement<br />

correspondre à une segmentation du texte en phrases: <strong>dans</strong> l’exemple qui suit,<br />

‹conute› commence une nouvelle phrase 21 (les grammèmes marqués sont transcrits en<br />

gras):<br />

«·· a toſ ceas ki ceſ preſens l<strong>et</strong>tres veront <strong>et</strong> ouront · li homeſ delle chieſe deu font conoi [2]<br />

ſtre veriteit · conute choſe ſoit a chaſcon <strong>et</strong> a tos ken <strong>la</strong>n de graſce · m · cc · ſeitante <strong>et</strong> onc<br />

[. . .] vienrent par˘ ˘<br />

deuant nos entre saínte [4] marie <strong>et</strong> sain <strong>la</strong>mber a liege · me dame kathelíne<br />

[. . .] dune part · <strong>et</strong> ſi troiſ enfans [. . .] dautre part deſour dítte» (Document 1271–07–25, 1).<br />

Nous pouvons estimer que <strong>la</strong> valeur de <strong>la</strong> marque est significative: le grammème est<br />

donc plérémique. Il pourrait arriver que <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> marque soit non significative,<br />

voire non distinctive, ce dont on ne peut préjuger. Dans ce second cas, il s’agirait<br />

d’un problème que génère notre transcription a priori des matériaux étudiés (comme<br />

discuté sous→2.2.0.2): nous aurions maintenu un caractère pour rien, eu égard à<br />

<strong>la</strong> forme d’expression. Par contre, <strong>dans</strong> le premier cas, il faudrait considérer que <strong>la</strong><br />

marque est d’un niveau d’articu<strong>la</strong>tion (v. supra) supérieur au cénégramme <strong>et</strong> que c’est<br />

l’ensemble formé par c<strong>et</strong>te marque <strong>et</strong> d’autres unités de même niveau d’articu<strong>la</strong>tion<br />

qui construit un cénégramme distinct. Dans ce cas, <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> marque se pose<br />

au niveau de <strong>la</strong> construction du cénégramme (→2.2.3.2). Pour ces raisons, nous nous<br />

dispensons d’affiner <strong>la</strong> hiérarchie des cénégrammes, approfondissant uniquement celle<br />

des plérégrammes (figure 2.11).<br />

21 Nous définissons ce terme, qui est loin de trouver une acception qui convienne à tous, <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> section→3.4.1.2 du chapitre où nous décrivons notre modèle linguistique.<br />

31


FIG. 2.12 – Exemple de ‹t› (Document 1282–02–01, 2)<br />

2.2.3.2 Axes de construction <strong>et</strong> de combinaison des grammèmes<br />

Le problème de <strong>la</strong> construction des grammèmes pose en premier lieu <strong>la</strong> question fondamentale<br />

de <strong>la</strong> limite du cénégramme: qu’est-ce qui empêche de considérer que <strong>la</strong><br />

substance soulignée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 2.12 ne puisse être analysée en une composition de<br />

‹ı› <strong>et</strong> de ‹¯›, puisqu’on r<strong>et</strong>rouve ces composants par ailleurs? Qu’est-ce qui nous perm<strong>et</strong><br />

de dire que <strong>la</strong> transcription ‹t› est acceptable <strong>et</strong> que ‹Ø› n’apporterait rien de plus?<br />

Comparons les plérégrammes (autogrammes): ‹<strong>et</strong>› <strong>et</strong> ‹z–›. 22 L’observation de <strong>la</strong><br />

distribution des occurrences de ces deux signes révèle qu’ils sont équivalents du point<br />

de vue du sens: on trouve indifféremment l’un ou l’autre <strong>dans</strong> des positions tout à<br />

fait simi<strong>la</strong>ires; par exemple <strong>dans</strong> <strong>la</strong> formule _À tous présents <strong>et</strong> à venir_ . 23 Sur le p<strong>la</strong>n<br />

de l’expression, ‹<strong>et</strong>› est constitué de plusieurs cénégrammes concaténés, alors que <strong>la</strong><br />

même analyse ne pourrait être faite de ‹z–›: soit ce dernier est indécomposable, soit,<br />

si l’on devait considérer qu’il est constitué de cénégrammes. 24 , on y décèlerait ‹z› <strong>et</strong><br />

‹–› Dans le cas de ‹<strong>et</strong>›, l’axe sur lequel s’organisent les cénégrammes pour former les<br />

plérégrammes est le même que celui sur lequel s’enchaînent ces plérégrammes, mais<br />

pas <strong>dans</strong> le cas de ‹z–›. Ce<strong>la</strong> devient particulièrement c<strong>la</strong>ir quand ces plérégammes sont<br />

observés en contexte:<br />

present <strong>et</strong> avenir. . . vs present z– avenir. . .<br />

Si nous estimions que ‹e› ou ‹t› sont également décomposables, nous constaterions<br />

que le discernement de leurs formants est impossible sans opérer le même changement<br />

d’axe. Le cénégramme se <strong>la</strong>isse donc définir par le caractère @indécomposable sur le<br />

même axe que celui sur lequel sont formés les plérégrammes. 25<br />

Rationalisons <strong>la</strong> notion d’axe en tirant parti du concept de topème. Dans les faits,<br />

les topèmes sont des unités difficiles à dénombrer, mais <strong>la</strong> proximité re<strong>la</strong>tive des gram-<br />

22<br />

Le second grammème est l’une des abréviations usuelles qu’on trouve pour <strong>et</strong> <strong>dans</strong> les manuscrits<br />

médiévaux.<br />

23<br />

Formule d’adresse fréquente. L’adresse est <strong>la</strong> partie de <strong>la</strong> charte qui exprime le destinataire<br />

du message de l’acte écrit (Guyotjeannin <strong>et</strong> al. 1993, 75). En l’occurrence, toute personne<br />

amenée à lire le document.<br />

24<br />

En se fondant, par exemple, sur l’argument matériel du ductus: le signe est tracé en plusieurs<br />

étapes.<br />

25<br />

Sans vouloir entrer <strong>dans</strong> un débat dont <strong>la</strong> complexité dépasse le cadre de notre étude autant<br />

que celui de nos compétences, il nous semble que <strong>la</strong> définition reste va<strong>la</strong>ble pour analyser<br />

les écritures dites «idéographiques» (égyptien, chinois), où les plérégrammes sont organisés<br />

en chaînes, <strong>et</strong> construits suivant un autre principe (le chinois inscrit ses plérégrammes<br />

<strong>dans</strong> un carré avant de les enchaîner). Il y a de <strong>la</strong> même façon un moment de rupture situé<br />

entre <strong>la</strong> construction <strong>et</strong> <strong>la</strong> combinaison des grammèmes. Les écritures dites «idéographiques»<br />

construisent les plérégrammes sur un axe différent de celui de leur combinaison; les écritures<br />

dites «alphabétiques» construisent les cénégrammes sur un axe différent de celui de leur<br />

combinaison. La présence d’un axe constant sur lequel s’organisent les plérégrammes est<br />

une condition sine qua non à une syntagmatique de type linguistique.<br />

32


mèmes peut être, du point de vue de <strong>la</strong> substance, purement <strong>et</strong> simplement mesurée:<br />

certains grammèmes sont plus proches les uns des autres <strong>et</strong> constituent des blocs plus<br />

ou moins distants d’autres blocs formés de <strong>la</strong> même façon (voir p. 28). Pour commencer,<br />

on peut faire l’économie de <strong>la</strong> description des re<strong>la</strong>tions entre les unités qui<br />

appartiennent à des blocs différents: elles peuvent être décrites de manière médiate,<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où les re<strong>la</strong>tions entre les différentes unités de ces groupements <strong>et</strong> les<br />

re<strong>la</strong>tions entre ces derniers sont définies de manière satisfaisante. Les topèmes organisent<br />

<strong>et</strong> orientent <strong>la</strong> chaîne, où chaque unité peut être simplement définie par son<br />

rang <strong>dans</strong> <strong>la</strong> succession des autres unités du même ordre sur c<strong>et</strong> axe. D’un point de<br />

vue pratique, <strong>la</strong> description est satisfaisante si l’on se limite à définir <strong>la</strong> position d’une<br />

unité par rapport à celle qui <strong>la</strong> précède <strong>et</strong> celle qui <strong>la</strong> suit directement. On peut dire<br />

qu’il y a rupture de l’axe à partir du niveau où <strong>la</strong> position re<strong>la</strong>tive des grammèmes ne<br />

peut plus être décrite de <strong>la</strong> sorte, mais où il faut adm<strong>et</strong>tre que leur configuration ne se<br />

<strong>la</strong>isse appréhender que <strong>dans</strong> son ensemble. Ainsi, pour ‹<strong>et</strong>›, le topème se <strong>la</strong>isse définir<br />

comme une concaténation re<strong>la</strong>tive: ‹e› est suivi de ‹t›; par contre, si ‹z–› est vu comme<br />

une composition de ‹z› <strong>et</strong> ‹–›, ces deux unités ne sont pas simplement enchaînées.<br />

Ceci appelle deux conclusions: (a) il convient de distinguer deux types de plérégrammes<br />

<strong>et</strong> deux types de cénégrammes sur base de ce critère; (b) une fois l’axe de<br />

construction déterminé, tout changement d’axe implique une rupture <strong>et</strong> il n’y a plus<br />

lieu de parler des mêmes unités.<br />

a. Deux types de pléré/cénégrammes. Les plérégrammes du type ‹<strong>et</strong>› doivent ainsi<br />

être distingués des plérégrammes comme ‹z–›. Les premiers sont formés de cénégrammes<br />

ordonnés sur un seul axe de combinaison, lequel correspond à celui sur<br />

lequel se combinent à leur tour les plérégrammes; nous nommerons caténogrammes 26<br />

ces autogrammes dont les cénégrammes constitutifs sont alignés sur un axe par des<br />

topèmes «orientés». Les seconds, quoique s’alignant sur un axe unique, sont formés<br />

de cénégrammes qui ne sont pas organisés suivant un axe particulier; nous les nommerons<br />

nébulogrammes. 27 Ce<strong>la</strong> nous perm<strong>et</strong> de proposer <strong>la</strong> représentation de <strong>la</strong> figure<br />

2.13.<br />

En ce qui concerne les cénégrammes, nous distinguerons, d’une part, ceux qui se<br />

combinent sur un seul axe, comme ‹e› ou ‹a›, pour construire les plérégrammes <strong>et</strong><br />

d’autre part, les cénégrammes qui, comme le trait <strong>dans</strong> l’abréviation de <strong>et</strong>, ne sont pas<br />

combinés suivant un unique axe, mais prennent une configuration qui ne peut être prévue<br />

sans connaître l’unité formée. Nous nommons les premiers linéogrammes, 28 les<br />

seconds périgrammes. 29 C<strong>et</strong>te représentation doit être considérée comme provisoire:<br />

nous verrons (→2.2.4.2) que les faits sont en réalité plus complexes (figure 2.14).<br />

b. La rupture comme indice de changement de niveau. Revenons à <strong>la</strong> question qui<br />

a engendré notre discussion: pourquoi ne pas diviser ‹e› ou tout autre linéogramme<br />

26 Lat. catena ‘chaîne’.<br />

27 Lat. nebu<strong>la</strong> ‘brouil<strong>la</strong>rd’.<br />

C<strong>et</strong>te analyse reste va<strong>la</strong>ble <strong>dans</strong> le cas d’«accidents»: en japonais, le kanji signifiant ‘deux’ a<br />

beau être composé de deux traits superposés, alignés exactement sur le même axe que celui<br />

<strong>dans</strong> lequel s’enchaînent les plérégrammes, il reste un nébulogramme, parce qu’il commute<br />

avec des unités qui sont sans conteste des nébulogrammes (comme le kanji pour ‘dix’).<br />

28 Lat. linea ‘ligne’.<br />

29 Gr. ÔÖ ‘autour de’.<br />

33


hétérogramme<br />

@dépendant<br />

plérégramme<br />

@significatif<br />

caténogramme<br />

@topèmes de construction<br />

orientée<br />

autogramme<br />

@autonome<br />

nébulogramme<br />

@topèmes de construction<br />

non orientée<br />

FIG. 2.13 – Types de plérégrammes: axe de construction<br />

linéogramme<br />

@axe de combinaison unique<br />

cénégramme<br />

@distinctif<br />

périgramme<br />

@axe de combinaison multiple<br />

FIG. 2.14 – Types de cénégrammes: axe de construction (provisoire)<br />

en plus p<strong>et</strong>its cénégrammes? Rien n’empêche de le faire. Cependant, dès lors qu’on<br />

change d’axe de combinaison/construction, on n’a plus affaire aux mêmes unités: il<br />

y a entre ‹c› <strong>et</strong> ‹e› une différence qu’on pourrait isoler, par commutation, <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

boucle ajoutée pour former ‹e› à partir de ‹c›, mais c<strong>et</strong>te valeur distinctive ne sert pas<br />

à distinguer deux unités dont <strong>la</strong> valeur est significative. Contrairement aux modèles<br />

phonétiques articu<strong>la</strong>toires, 30 perm<strong>et</strong>tant de distinguer des traits non discr<strong>et</strong>s <strong>dans</strong> les<br />

sons, il est possible de diviser les cénégrammes en unités discrètes plus p<strong>et</strong>ites, ce<br />

qui fonde toute <strong>la</strong> légitimité de <strong>la</strong> question. Ce<strong>la</strong> signifierait donc que <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite<br />

serait au moins triplement articulée. . . Pour considérer un obj<strong>et</strong> au potentiel expressif<br />

infini <strong>et</strong> dont les signes sont arbitraires comme une <strong>la</strong>ngue, le regard du linguiste<br />

tel que nous l’avons défini a besoin de trouver deux articu<strong>la</strong>tions, mais peut ignorer<br />

les niveaux d’articu<strong>la</strong>tion supérieurs (subordonnés) au deuxième. C<strong>et</strong>te prise de position<br />

est ainsi appliquée au problème évoqué ci-dessus au suj<strong>et</strong> des hétérogrammes: si<br />

l’hétérogramme a une valeur distinctive entre deux cénégrammes, il n’est pas plus nécessaire<br />

pour nous de l’analyser que de considérer comme une unité <strong>la</strong> boucle ajoutée<br />

à ‹c› pour construire ‹e›.<br />

2.2.4 Paraphrasabilité <strong>et</strong> plurisystème<br />

La paraphrasabilité se définit comme <strong>la</strong> capacité, pour une unité, à être exprimée par<br />

une unité différente. Abordons successivement ce caractère (→2.2.4.1) <strong>et</strong> les implications<br />

qu’il a sur le système de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite (→2.2.4.2).<br />

30 À nouveau, <strong>la</strong> comparaison avec <strong>la</strong> phonétique est ici purement didactique <strong>et</strong> n’implique<br />

aucune corré<strong>la</strong>tion entre l’oral <strong>et</strong> l’écrit.<br />

34


2.2.4.1 Paraphrasabilité<br />

Nous avons mentionné ci-dessus le problème des axes de construction/combinaison<br />

des grammèmes (→2.2.3.2), opposant le caténogramme ‹<strong>et</strong>› au nébulogramme ‹z–›,<br />

mais spécifiant qu’ils étaient sémantiquement équivalents. En d’autres termes, il est<br />

possible de paraphraser le plérégramme ‹<strong>et</strong>› par ‹z–› <strong>et</strong> vice-versa. 31 Il est par ailleurs<br />

remarquable que c<strong>et</strong>te équivalence concerne également le p<strong>la</strong>n syntaxique: gloser une<br />

unité par une autre ne perturbe pas les re<strong>la</strong>tions entre les constituants. Ce caractère de<br />

@paraphrasabilité par des unités d’un autre ordre semble commun aux deux types<br />

d’autogrammes; <strong>et</strong> bien que certains mots ne puissent être abrégés par un signe spécial,<br />

c<strong>et</strong>te potentialité n’est jamais exclue (c’est le cas des notes tironiennes, par exemple).<br />

De plus, le caractère peut s’appliquer également aux cénégrammes, puisque certains<br />

périgrammes sont paraphrasables en un ou plusieurs linéogrammes (c’est le cas du<br />

tilde abréviatif).<br />

Il faut cependant remarquer: (a) que le nombre de scriptèmes n’est pas pour autant<br />

constant, de même que le nombre de plérégrammes; (b) que certains nébulogrammes<br />

résistent à <strong>la</strong> conversion.<br />

a. Altération du nombre de scriptèmes. Entre ‹<strong>et</strong>› <strong>et</strong> ‹z–›, le nombre de morphèmes<br />

est constant, de même que le nombre de plérégrammes. Qu’on examine à présent<br />

l’abréviation ‹9›, qu’on paraphrase par ‹con›, ‹com›, qui peuvent avoir <strong>la</strong> valeur de<br />

c’on suivant le contexte. Dans ce cas, <strong>la</strong> paraphrase comporte deux caténogrammes:<br />

‹c› (pronom re<strong>la</strong>tif) <strong>et</strong> ‹on› (pronom personnel): <strong>la</strong> paraphrase résout l’amalgame que<br />

présentait ‹9›, où il n’était pas possible de discerner deux formes d’expression correspondant<br />

à ces deux contenus. Ces considérations, qu’il ne faut pas perdre de vue,<br />

n’invalident en rien l’emploi du caractère de paraphrasabilité.<br />

b. Nébulogrammes non paraphrasables. Il convient en outre de distinguer les nébulogrammes<br />

qui sont paraphrasables de ceux qui ne le sont pas. Ainsi, <strong>dans</strong><br />

«se il raportoient sor leur seremens ke om nos fesist tort · / leueskes nos doit aidier ·»<br />

(Document 1242–05–02, 13).<br />

le nébulogramme ‹· /› ne pourrait pas être paraphrasé par un ou plusieurs caténogrammes<br />

sans au moins modifier <strong>la</strong> structure syntaxique de <strong>la</strong> phrase: 32<br />

*se il raportoient sor leur seremens ke om nos fesist tort alors leueskes nos doit aidier ·<br />

En conséquence, on distinguera deux types de nébulogrammes: ceux qui sont paraphrasables,<br />

nous les nommerons logogrammes, ceux qui ne le seront pas prendront le<br />

nom de ponctogrammes (figure 2.15).<br />

31 Pareillement, <strong>et</strong> avec les mêmes précautions que ci-dessus (note 25), il nous semble que le<br />

critère est opérationnel pour les <strong>la</strong>ngues écrites dites «idéographiques», où les unités peuvent<br />

– Gelb (1973, 121) mentionne des syl<strong>la</strong>baires divers tirés des valeurs phonétiques des logogrammes<br />

pour le sumérien, l’égyptien, le chinois, <strong>et</strong>c. – être glosées par des nébulogrammes<br />

désémantisés, c’est-à-dire convertis en cénégrammes, par le principe du rébus. Ce point mériterait<br />

un approfondissement.<br />

32 Le mot censé paraphraser le nébulogramme est souligné.<br />

35


nébulogramme<br />

@axe de construction indéterminé<br />

logogramme<br />

@paraphrasable<br />

ponctogramme<br />

@non paraphrasable<br />

FIG. 2.15 – Types de nébulogrammes<br />

FIG. 2.16 – Exemple d’abréviation par contraction (Document<br />

1271–12–03a, 11)<br />

2.2.4.2 Abréviations <strong>et</strong> plurisystème<br />

Le terme plurisystème, repris de Nina not. Catach (1988a, 248s.) doit ici être rep<strong>la</strong>cé<br />

<strong>dans</strong> une optique distributionnelle <strong>et</strong> <strong>dans</strong> le système de termes qui vient d’être présenté.<br />

Il est à nos yeux une conséquence directe du caractère de paraphrasabilité.<br />

L’équivalence entre ‹<strong>et</strong>› <strong>et</strong> ‹z–› ne correspond qu’à une p<strong>et</strong>ite partie des faits. Les unités<br />

significatives ne sont pas, tant s’en faut, toutes intégralement composées sur le même<br />

axe ou complètement «désaxées». En nous concentrant sur les problèmes posés par<br />

ce que les paléographes nomment abréviation (a), nous proposerons de nuancer le<br />

système que nous venons d’exposer (b).<br />

a. Traitement des abréviations. La <strong>la</strong>ngue écrite des chartes offre plusieurs exemples<br />

de mixité. Les phénomènes de ce genre, étudiés par les paléographes (voir p. ex.<br />

Stiennon 1991, 145s.) <strong>et</strong> dénommés abréviations par ces derniers, ont été c<strong>la</strong>ssés<br />

empiriquement en cinq catégories: l’abréviation par contraction «consiste à prélever<br />

au sein d’un mot une ou plusieurs l<strong>et</strong>tres, [<strong>et</strong>] s’accompagne d’habitude d’un signe<br />

d’abréviation p<strong>la</strong>cé au-dessus du mot»; l’abréviation par suspension «affecte <strong>la</strong> fin<br />

du mot, privé ainsi d’une ou plusieurs l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> muni [le plus souvent] d’un point,<br />

point-virgule ou d’un autre signe qui marque l’arrêt»; l’abréviation par l<strong>et</strong>tres suscrites<br />

«consiste à p<strong>la</strong>cer une l<strong>et</strong>tre [souvent] de p<strong>et</strong>it module comme exposant ou coiffe à une<br />

ou plusieurs l<strong>et</strong>tres principales»; les signes spéciaux sont des «signes d’abréviation de<br />

valeur précise ou déterminée»; <strong>et</strong> enfin, les graphismes sont des «symboles représentant<br />

un mot» (Stiennon 1991, 145–147). Ces définitions pratiques nous perm<strong>et</strong>tent<br />

d’avoir une idée de ce qu’on peut rencontrer <strong>dans</strong> les chartes. Voyons à présent comment<br />

ces formu<strong>la</strong>tions peuvent être traduites en termes qui s’intègrent à notre système,<br />

partant à nouveau des faits observés.<br />

Par exemple, le premier mot de <strong>la</strong> figure 2.16 peut être paraphrasé par ‹cheualiers›.<br />

On voit c<strong>la</strong>irement qu’une partie des grammèmes (‹c›, ‹h›, ‹e›, ‹u›, ‹a›, ‹l›, ‹s›) s’enchaînent<br />

sur le même axe, mais qu’un autre (‹∼›) vient se superposer à <strong>la</strong> construction.<br />

Si l’on applique notre c<strong>la</strong>ssification de manière rigide, on ne peut que conclure que <strong>la</strong><br />

réalisation que nous avons sous les yeux est un nébulogramme.<br />

Par ailleurs, le deuxième mot de <strong>la</strong> figure 2.17 peut être paraphrasé par ‹autre›,<br />

ce qui rem<strong>et</strong> en question notre c<strong>la</strong>ssement des cénégrammes: le ‹e› que nous y lisons<br />

36


FIG. 2.17 – Exemple d’abréviation par l<strong>et</strong>tre suscrite (Document<br />

1236–07, 6)<br />

logogramme<br />

@au moins partiellement paraphrasable<br />

par un ou plusieurs linéogrammes<br />

FIG. 2.18 – Concept de logogramme<br />

est incontestablement une unité qui ressemble au premier ‹e› que l’on r<strong>et</strong>rouve <strong>dans</strong><br />

‹cheualiers›, c’est-à-dire, selon les principes énoncés ci-dessus, un linéogramme (qui<br />

s’enchaîne sur un axe unique avec d’autres linéogrammes). Or, <strong>dans</strong> ‹aut e ›, l’axe est<br />

rompu: nous avons affaire à un plérégramme de type nébulogramme. Il n’y a dès lors<br />

que deux solutions: 1/ soit considérer que ce ‹e› est une unité différente <strong>dans</strong> ‹aut e ›<br />

<strong>et</strong> <strong>dans</strong> ‹chevaliers›, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> ce cas, notre c<strong>la</strong>ssement reste va<strong>la</strong>ble; 2/ soit, ce qui<br />

rencontre une intuition, considérer qu’on a bien affaire à <strong>la</strong> même unité, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> ce<br />

cas, le c<strong>la</strong>ssement des cénégrammes est à revoir. Raisonnons par l’absurde. La seule<br />

différence entre les ‹e› des deux mots qui servent de bases à notre réflexion est leur<br />

position par rapport aux autres cénégrammes. Or, puisque les positions re<strong>la</strong>tives des<br />

grammèmes sont également des unités, non discrètes, certes, mais conceptuellement<br />

iso<strong>la</strong>bles (unités que nous avons nommées topèmes), il n’est pas cohérent de voir en<br />

‹e› <strong>et</strong> ‹ e › deux unités minimales différentes. La première solution n’est pas va<strong>la</strong>ble: ‹e›<br />

en exposant est constitué du cénégramme ‹e› <strong>et</strong> du topème qui le m<strong>et</strong> en exposant par<br />

rapport aux autres cénégrammes.<br />

Dans ces deux cas, subsiste le problème de <strong>la</strong> paraphrasabilité: les nébulogrammes<br />

‹cheual˜s› <strong>et</strong> ‹aut e › peuvent être paraphrasés, ce sont donc des logogrammes. . . mais si<br />

l’on y regarde de près, une partie seulement est paraphrasable. Or, c<strong>et</strong>te partie n’est pas<br />

un plérégramme, mais elle entre <strong>dans</strong> <strong>la</strong> composition de l’un d’eux. Dans un cas, c’est<br />

<strong>la</strong> combinaison du topème <strong>et</strong> du cénégramme qui est intégralement paraphrasée. Ainsi,<br />

le tilde est complètement absent de ‹cheualiers›; <strong>dans</strong> l’autre cas, seul le topème est<br />

paraphrasé, puisque l’unité p<strong>la</strong>cée en exposant se r<strong>et</strong>rouve <strong>dans</strong> <strong>la</strong> forme non abrégée.<br />

Ce même cas de paraphrasabilité partielle apparaît <strong>dans</strong> des formes comme ‹9uiers›<br />

mis pour ‹conuiers› ou ‹t 7 re› mis pour ‹terre›.<br />

Il faut donc distinguer les abréviations par graphisme des autres types d’abréviations:<br />

seul le graphisme est un logogramme «pur», puisque lui seul est intégralement<br />

paraphrasable. Les autres moyens d’abréger un mot se servent d’une combinaison de<br />

grammèmes caténogrammiques <strong>et</strong> nébulogrammiques pour former des unités qui ne<br />

sont ni tout à fait l’une ni tout à fait l’autre de ces catégories.<br />

b. Révision du système Tous ces problèmes énoncés, il faut donc au minimum revoir<br />

les caractères des logogrammes comme indiqué <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 2.18.<br />

37


2.2.5 Synthèse: hiérarchie des scriptèmes<br />

On trouvera p. 39 l’arbre de hiérarchie de ces concepts, reprenant les caractères définitoires<br />

correspondants (voir les conventions exposées sous→1).<br />

2.3 La <strong>ponctuation</strong> comme obj<strong>et</strong> d’étude<br />

L’analyse qui précède a permis d’établir un système cohérent, <strong>et</strong>, partant, de nommer<br />

exactement les unités dont nous voulons parler. C’est à l’intérieur de ce système<br />

que nous situons <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>, que nous avons définie jusqu’à présent de manière<br />

intuitive.<br />

Nous exposerons les principales définitions qu’on a pu donner du terme <strong>et</strong> nous<br />

analyserons leur construction ainsi que leurs implications. Ce<strong>la</strong> nous mènera à forger<br />

notre propre définition (→2.3.1). La valeur des signes fera l’obj<strong>et</strong> de <strong>la</strong> seconde partie<br />

de c<strong>et</strong>te section (→2.3.2).<br />

2.3.1 Recherche d’une définition<br />

Il est c<strong>la</strong>ir que «[l]es études qui s’attaquent de front à <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

sont en général à restituer <strong>dans</strong> des analyses qui abordent l’écrit d’une façon globale <strong>et</strong><br />

s’intègrent à une approche théorique de <strong>la</strong> linguistique» (Jaffré 1991, 64). Néanmoins,<br />

nous n’entreprendrons pas ici un tour d’horizon du même type que ceux que proposent<br />

Jean-Pierre Jaffré (1991) <strong>et</strong> Jacques Anis (2004) <strong>et</strong> nous éviterons d’entrer <strong>dans</strong> les<br />

méandres de <strong>la</strong> littérature concernant toutes les tentatives de définition de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

écrite.<br />

Nous donnerons tout d’abord un bref aperçu critique des définitions que les spécialistes<br />

ont pu donner de notre obj<strong>et</strong> – <strong>la</strong> manière dont ils l’ont conceptualisé. Il ne<br />

s’agira pas pour nous de critiquer leur point de vue en disant qu’ils se trompent <strong>et</strong><br />

qu’ils oublient tel ou tel signe, qu’ils donnent à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> un sens trop <strong>la</strong>rge ou<br />

trop restreint: il s’agira plutôt de critiquer leur méthode de définition.<br />

Avant de présenter (sans conclure par une définition qui lui serait propre), les<br />

essais de Nina Catach, Jacques Anis <strong>et</strong> C<strong>la</strong>ude Tournier en <strong>la</strong> matière, Véronique<br />

Dahl<strong>et</strong> souligne toute <strong>la</strong> difficulté qu’il y a à vouloir délimiter c<strong>la</strong>irement le concept<br />

de <strong>ponctuation</strong>:<br />

«Définir <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> est un exercice r<strong>et</strong>ors <strong>et</strong> difficile puisque, comme on le verra à l’analyse,<br />

il s’agit tout à <strong>la</strong> fois de doter <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de son statut linguistique, de <strong>la</strong> démarquer<br />

du matériau alphabétique <strong>et</strong> enfin, d’indiquer le principe directeur de sa fonction.» (Dahl<strong>et</strong><br />

2003, 17).<br />

Comment les chercheurs se sont-ils affranchis de ce programme?<br />

2.3.1.1 Définitions existantes<br />

a. Ludmil<strong>la</strong> Védénina. Au point de départ de toute démarche de définition de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>,<br />

il y a, croyons-nous, un ensemble d’unités reconnues intuitivement comme<br />

des «signes de <strong>ponctuation</strong>». Le «degré zéro» de <strong>la</strong> définition consiste à énumérer les<br />

38


scriptème (2.2.1)<br />

@minimal<br />

@spatial<br />

topème (2.2.1)<br />

@organisateur<br />

spatial<br />

grammème (2.2.1)<br />

@non organisateur spatial<br />

cénétope (2.2.2.2)<br />

@organisateur<br />

de cénégrammes<br />

plérétope (2.2.2.2)<br />

@organisateur<br />

de plérégrammes<br />

cénégramme (2.2.2.1)<br />

@distinctif<br />

plérégramme (2.2.2.1)<br />

@significatif<br />

périgramme (2.2.3.2)<br />

@axe de combinaison<br />

multiple<br />

linéogramme (2.2.3.2)<br />

@axe de combinaison<br />

unique<br />

autogramme (2.2.3.1)<br />

@indépendant<br />

@axe de combinaison<br />

unique<br />

hétérogramme (2.2.3.1)<br />

@dépendant<br />

nébulogramme (2.2.3.2)<br />

@topèmes de construction<br />

non orientée<br />

caténogramme (2.2.3.2)<br />

@topèmes de construction<br />

orientée<br />

ponctogramme (2.2.4)<br />

@non paraphrasable<br />

logogramme (2.2.4)<br />

@paraphrasable<br />

FIG. 2.19 – Types de scriptèmes (c<strong>la</strong>ssement compl<strong>et</strong>)<br />

39


signes en question, ou à simplement les évoquer, comme le fait Ludmil<strong>la</strong> Védénina,<br />

dont les travaux ébauchent une définition en extension qui témoigne d’une vision <strong>la</strong>rge<br />

de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> (→2.3.2.2):<br />

«Par <strong>ponctuation</strong>, nous entendons non seulement les signes comme le point, <strong>la</strong> virgule, <strong>et</strong>c.,<br />

mais également certains procédés typographiques comme l’emploi des caractères, l’espace<br />

b<strong>la</strong>nc entre les signes, <strong>et</strong>c.» (Védénina 1989, 1).<br />

La principale difficulté que pose c<strong>et</strong>te approche est que, constituant un inventaire flou<br />

(«<strong>et</strong>c.»), elle ne perm<strong>et</strong> pas de sortir de l’intuition.<br />

b. Le ‹Bon usage›. Pour prétendre à <strong>la</strong> scientificité, <strong>la</strong> définition doit nécessairement<br />

être rédigée en intension, comme l’est déjà celle du Bon usage: 33<br />

«La <strong>ponctuation</strong> est l’ensemble des signes conventionnels servant à indiquer, <strong>dans</strong> l’écrit, des<br />

faits de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue orale comme les pauses <strong>et</strong> l’intonation, ou à marquer certaines coupures <strong>et</strong><br />

certains liens logiques.» (Grevisse/Goosse 2007, §116).<br />

Dès qu’elle s’efforce de trouver ce qui fédère les unités réunies intuitivement, <strong>la</strong> définition<br />

manifeste un point de vue sur l’obj<strong>et</strong> <strong>ponctuation</strong>, <strong>et</strong>, plus généralement, sur<br />

l’obj<strong>et</strong> <strong>la</strong>ngue écrite. Il est donc prévisible qu’on r<strong>et</strong>rouve des définitions de type phonographique<br />

<strong>et</strong> des définitions de type autonomiste (→2.1.2.2). La définition du Bon<br />

usage correspond tout à fait à <strong>la</strong> perspective phonographique, puisqu’elle considère<br />

que le trait définitoire de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> est d’être un transcodage. C’est c<strong>et</strong>te fonction<br />

elle-même qui rassemble les différentes unités regroupées sous le terme. Néanmoins,<br />

<strong>la</strong> définition de Maurice Grevisse ne se limite pas à m<strong>et</strong>tre en re<strong>la</strong>tion l’écriture <strong>et</strong><br />

l’oralité: elle est complétée par l’évocation d’autres fonctions, sous une forme restant<br />

abstraite <strong>et</strong> intuitive. C<strong>et</strong>te tentative est représentative de l’attitude qui consiste à essayer<br />

de définir <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite par le biais de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue orale, puis à se rendre compte<br />

des limites de <strong>la</strong> démarche.<br />

c. Nina Catach. Prenant le parti de ne pas immédiatement réduire <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> à un<br />

transcodage, Nina Catach forme <strong>la</strong> proposition suivante:<br />

«Ensemble des signes visuels d’organisation <strong>et</strong> de représentation accompagnant le texte écrit,<br />

intérieurs au texte <strong>et</strong> communs au manuscrit <strong>et</strong> à l’imprimé; <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> comprend plusieurs<br />

c<strong>la</strong>sses de signes graphiques discr<strong>et</strong>s <strong>et</strong> formant système, complétant ou suppléant<br />

l’information alphabétique.» (Catach 1980, 21, repris textuellement <strong>dans</strong> Catach 1996, 9).<br />

Ici, <strong>la</strong> définition se détache de <strong>la</strong> fonction des signes pour rendre compte de leur distribution<br />

<strong>et</strong> de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qu’ils entr<strong>et</strong>iennent avec les autres unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite.<br />

Elle reste cependant floue («plusieurs») <strong>et</strong> centrée sur les modes d’écriture traditionnellement<br />

dits «alphabétiques». Bien qu’insuffisante pour perm<strong>et</strong>tre de répondre à <strong>la</strong><br />

question «Ceci est-il un signe de <strong>ponctuation</strong>?», face à un signe choisi au hasard <strong>dans</strong><br />

n’importe quelle <strong>la</strong>ngue écrite, <strong>la</strong> tentative se rapproche de notre perspective autonomiste.<br />

Néanmoins, l’abandon de l’idée de transcodage n’est qu’apparente: <strong>la</strong> définition<br />

est complétée <strong>dans</strong> l’exposé de l’auteur, qui ajoute:<br />

33 Tout comme celles de <strong>la</strong> plupart des grammaires <strong>et</strong> dictionnaires l’ayant précédé. Voir l’inventaire<br />

constitué par C<strong>la</strong>ude Tournier (1980, 31–33).<br />

40


«Nous parlerons, pour être c<strong>la</strong>irs [sic], d’intonèmes à l’oral <strong>et</strong> de ponctèmes pour les signes<br />

écrits.» (Catach 1996, 105).<br />

mais aussi:<br />

«Il s’agit d’unités fondamentalement suprasegmentales <strong>et</strong> syntaxiques.» (Catach 1996, 105).<br />

La perspective relève dès lors du phonocentrisme <strong>et</strong> mène Nina Catach à confondre<br />

les propriétés distributionnelles de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>et</strong> celles de l’intonation sur <strong>la</strong> base<br />

d’une ressemb<strong>la</strong>nce fonctionnelle. Il nous paraît difficilement défendable qu’un fait<br />

de <strong>ponctuation</strong> puisse être reconnu comme suprasegmental. 34<br />

d. Jacques Anis. Soucieux de doter <strong>la</strong> perspective autonomiste (→2.1.2.2) d’un ensemble<br />

de concepts organisés en système, Jacques Anis abandonne le concept de <strong>ponctuation</strong><br />

au profit d’une opposition entre trois types d’unités, regroupées sous l’hyperonyme<br />

graphème ‘unité minimale de <strong>la</strong> forme graphique, définie par sa fonction <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> communication écrite’ (Anis <strong>et</strong> al. 1988, 245): les alphagrammes, les logogrammes<br />

<strong>et</strong> les topogrammes, définis comme suit:<br />

«alphagramme: graphème alphabétique, unité purement distinctive.<br />

logogramme: graphème unique correspondant à une unité significative (ex. &, $) ou groupement<br />

tendant à un fonctionnement synthétique (sigles, logos).<br />

topogramme: graphème ponctuo-typographique, qui contribue à <strong>la</strong> production du sens, en<br />

tant qu’organisateur de <strong>la</strong> séquentialité <strong>et</strong> indicateur syntagmatique <strong>et</strong> énonciatif.» (Anis <strong>et</strong><br />

al. 1988, 245–246).<br />

Nous ne critiquerons pas ici les définitions des termes alphagramme <strong>et</strong> logogramme,<br />

qui recouvrent approximativement les unités que nous avons rassemblées respectivement<br />

sous les notions de linéogramme <strong>et</strong> de nébulogramme (→2.2.3.2). La définition<br />

de topogramme nous intéresse plus, parce qu’elle intègre intuitivement <strong>la</strong> notion de<br />

<strong>ponctuation</strong>. Elle a l’avantage de spécifier exactement <strong>la</strong> fonction des signes.<br />

Malheureusement, chacun des formants du terme ponctuo-typographique dérange:<br />

1/ <strong>la</strong> réalité floue de <strong>ponctuation</strong> est employée comme s’il s’agissait d’un acquis bien<br />

défini, alors que c’est précisément ce concept qu’il faut délimiter; 2/ il mêle à <strong>la</strong> forme<br />

des considérations sur <strong>la</strong> substance (typographie).<br />

Il est difficile d’adm<strong>et</strong>tre c<strong>et</strong>te conception sans aménagement, d’autant qu’elle<br />

pose à nouveau explicitement <strong>la</strong> question de l’extension du champ de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

(→2.3.2.2).<br />

e. C<strong>la</strong>ude Tournier. S’affranchissant presque complètement de <strong>la</strong> fonction des signes<br />

pour écrire sa définition de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>, C<strong>la</strong>ude Tournier délimite préa<strong>la</strong>blement les<br />

notions de graphème «<strong>la</strong> plus p<strong>et</strong>ite unité de <strong>la</strong> chaîne écrite ayant un correspondant<br />

phonique <strong>et</strong>/ou sémique susceptible d’une analyse linguistique» 35 (Tournier 1980, 35)<br />

<strong>et</strong> reprend de Nina Catach l’emprunt à Louis Hjelmslev de l’opposition entre cénème<br />

<strong>et</strong> plérème 36 (Tournier 1980, 35). Il explique enfin que les signes de <strong>ponctuation</strong> ont<br />

34<br />

Dans ses premiers travaux sur <strong>la</strong> question, l’auteur parle de «fonction suprasegmentale»<br />

(Catach 1980, 22).<br />

35<br />

L’approche <strong>dans</strong> son ensemble n’est pas purement autonomiste.<br />

36 Voir note 20.<br />

41


<strong>ponctuation</strong><br />

@ensemble des ponctogrammes<br />

@propre à une <strong>la</strong>ngue écrite<br />

FIG. 2.20 – Concept de <strong>ponctuation</strong><br />

un contenu sémantique <strong>et</strong> sont indécomposables (Tournier 1980, 36) avant de conclure<br />

comme suit:<br />

«La <strong>ponctuation</strong> est l’ensemble des graphèmes purement plérémiques, non décomposables<br />

en unités de rang inférieur, <strong>et</strong> à caractère discr<strong>et</strong>.» (Tournier 1980, 36).<br />

C<strong>et</strong>te définition est obtenue par calibrage du concept par rapport à d’autres concepts<br />

prédéfinis, par héritage de c<strong>la</strong>sse <strong>et</strong> par spécification de caractères supplémentaires<br />

par rapport à l’hyperonyme; chacun des termes employés peut être critiqué indépendamment.<br />

C<strong>et</strong>te démarche correspond exactement à celle que nous avons nous-même<br />

adoptée. Ensuite, le caractère général de <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion, rendu possible par l’absence<br />

d’a priori quant à <strong>la</strong> fonction des signes, <strong>la</strong> rend utilisable <strong>dans</strong> un cadre où nous ne savons<br />

pas quelle sera <strong>la</strong> forme des unités rencontrées. La définition de C<strong>la</strong>ude Tournier<br />

nous convient donc particulièrement. Nous <strong>la</strong> prendrons comme modèle.<br />

2.3.1.2 Définition adoptée<br />

Si nous nous fondons sur <strong>la</strong> démarche de C<strong>la</strong>ude Tournier <strong>et</strong> continuons <strong>dans</strong> le chemin<br />

que nous avons tracé, il nous suffit de sélectionner, parmi les scriptèmes définis tout<br />

au long de <strong>la</strong> section→2.2, ceux qui recouvrent l’extension traditionnelle des signes<br />

de <strong>ponctuation</strong>. En l’occurrence, les ponctogrammes, c’est-à-dire les plérégrammes<br />

autonomes non paraphrasables (→2.2.4). Pour une <strong>la</strong>ngue écrite particulière, nous définirons<br />

simplement <strong>ponctuation</strong> en ces termes: «ensemble des ponctogrammes d’une<br />

<strong>la</strong>ngue écrite spécifique» (figure 2.20). Par extension, nous nommerons également<br />

<strong>ponctuation</strong> <strong>la</strong> simple présence des ponctogrammes.<br />

2.3.2 Valeur des ponctogrammes<br />

Nous avons vu dès l’introduction que les études sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale s’efforçaient<br />

de catégoriser les différentes fonctions de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> (→0.1.1.1). Les<br />

ponctogrammes étant des signes à part entière, il paraît en eff<strong>et</strong> nécessaire de décrire<br />

leur valeur, tributaire de <strong>la</strong> fonction de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite.<br />

Nous pourrions passer en revue les conceptions des différents chercheurs quant<br />

à leur valeur de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>, 37 . Pour l’heure, nous préférons adopter l’attitude<br />

37 Voir les conceptions de Lidya Hirschberg 1965 qui considère les ponctogrammes de <strong>la</strong><br />

même manière que les constituants des structures syntaxiques; Ivan Fónagy 1980, qui attribue<br />

aux ponctogrammes une valeur sémantique perm<strong>et</strong>tant de distinguer des synonymes,<br />

homonymes <strong>et</strong> signes polysémiques; Ludmil<strong>la</strong> Védénina 1980, Nina Catach 1980, 21–25 <strong>et</strong><br />

C<strong>la</strong>ude Tournier 1980, 37–38, qui distinguent de multiples fonctions, <strong>dans</strong> une optique simi<strong>la</strong>ire<br />

à celle présentée <strong>dans</strong> l’introduction (→0.1.1.1); ou Jacques Anis <strong>et</strong> al. 1988, 122, qui<br />

insistent sur le caractère organisateur de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>.<br />

42


pratique suivante: les ponctogrammes apparaissent devant ou derrière d’autres grammèmes,<br />

qui contribuent eux-mêmes à <strong>la</strong> construction d’unités syntaxiques. Il nous<br />

semble profitable d’adopter à nouveau un point de vue général sur <strong>la</strong> question.<br />

2.3.2.1 Multiplicité des fonctions<br />

D’un point de vue sémiotique, les scriptèmes sont capables de remplir simultanément<br />

de nombreuses fonctions 38 relevant, d’une part, de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>et</strong> de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre<br />

<strong>la</strong>ngue écrite <strong>et</strong> oralité <strong>et</strong>, d’autre part, de ce que rend possible <strong>la</strong> spatialité qui caractérise<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite. Nous focalisant sur les ponctogrammes, nous choisissons<br />

d’en décrire <strong>la</strong> fonction démarcative (Klinkenberg 2005, 179–180), qui suppose que<br />

les ponctogrammes sont avant tout des index, des signes «ayant pour fonction générale<br />

d’attirer l’attention sur un obj<strong>et</strong> déterminé <strong>et</strong> pour fonction particulière de donner un<br />

certain statut à c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong>» (Klinkenberg 2005, 187).<br />

Pour traiter notre problème, disons que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> délimite des structures syntaxiques,<br />

mais que nous ne pouvons accéder au surcroît de sens qu’elle confèrerait<br />

au segment délimité. Déterminer exactement quel constituant est délimité est en soi<br />

problématique, puisque, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> majorité des cas observés, les ponctogrammes apparaissent<br />

au moins entre deux constituants. Il semble que <strong>la</strong> plus raisonnable des<br />

positions à adopter est de considérer tout d’abord que les ponctogrammes marquent<br />

simplement les structures aux bornes desquelles ils apparaissent. Tout le travail d’analyse<br />

des chapitres→5 à→7 consistera à dépasser progressivement <strong>la</strong> simple notion de<br />

marquage pour identifier quelles constructions sont effectivement délimitées <strong>et</strong> quelles<br />

formes d’expression prennent les ponctogrammes.<br />

Anticiper sur les développements qui suivront nous perm<strong>et</strong> d’exemplifier <strong>la</strong> démarche.<br />

Soit le ponctogramme souligné <strong>dans</strong>:<br />

«· <strong>et</strong> le remanant [7] prent ıhl en fıez de <strong>la</strong> glıſe · en tel manıre ke ſe de luj´ defaloıt ſenz hoır<br />

de ſon corſ · ke <strong>la</strong> terre reuenroıt a〈le〉〈glıse〉 ſaz le humerſ ſa femme» (Document 1236–05,<br />

6).<br />

’<br />

Adoptant un découpage traditionnel, on peut dire que le ponctogramme est à <strong>la</strong> fois:<br />

à <strong>la</strong> fin de ſon corſ, à <strong>la</strong> fin de corſ, à <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> subordonnée conditionnelle ſe de<br />

luj´ defaloıt ſenz hoır de ſon corſ, au début de l’apodose, <strong>et</strong>c. Le ponctogramme ‹· ›<br />

marque simultanément toutes ces structures. Ce n’est qu’au bout d’une longue analyse<br />

que nous serions en mesure de dire que <strong>la</strong> marque délimite essentiellement <strong>la</strong><br />

protase (→6.1.4.6), <strong>et</strong> que <strong>la</strong> forme d’expression du ponctogramme est partiellement<br />

spécifique à c<strong>et</strong>te fonction (→7.3).<br />

2.3.2.2 Largeur du champ<br />

a. Ponctuation «au sens étendu». La tentative de définition de Ludmil<strong>la</strong> Védénina<br />

a <strong>la</strong> particu<strong>la</strong>rité d’étendre explicitement le champ de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> à un ensemble<br />

d’unités qui n’entrent pas <strong>dans</strong> <strong>la</strong> notion traditionnelle. Reprenons:<br />

«Par <strong>ponctuation</strong>, nous entendons non seulement les signes comme le point, <strong>la</strong> virgule, <strong>et</strong>c.,<br />

38 Voir Klinkenberg 2005, 168–169.<br />

43<br />


mais également certains procédés typographiques comme l’emploi des caractères, l’espace<br />

b<strong>la</strong>nc entre les signes, <strong>et</strong>c.» (Védénina 1989, 1, nous soulignons).<br />

Ce<strong>la</strong> pris en compte, on constate que les définitions des topogrammes de Jacques Anis<br />

<strong>et</strong> de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de Nina Catach recouvrent également ces procédés. C<strong>et</strong>te dernière<br />

nous livre son point de vue <strong>dans</strong> son Que sais-je? sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> (1996, 7–8):<br />

«L’étude de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> peut se comprendre au sens <strong>la</strong>rge ou au sens étroit.<br />

Au sens <strong>la</strong>rge, <strong>la</strong> mise en page (MEP) comportera les signes, 39 mais aussi tous les procédés<br />

typographiques de mise en valeur du texte, titres, marges, choix des espaces <strong>et</strong> des caractères,<br />

<strong>et</strong>[,] au-delà[,] agencement général des chapitres <strong>et</strong> façonnement du livre. Au sens<br />

étroit, on lui accorde en général une quinzaine d’éléments graphiques étroitement liés au<br />

texte alphabétique: essentiellement séparateurs (virgule, point-virgule, point final, d’exc<strong>la</strong>mation,<br />

d’interrogation, de suspension); <strong>et</strong> signes de communication ou de «message» (deux<br />

points, guillem<strong>et</strong>s, tir<strong>et</strong>s simples ou doubles, parenthèses, croch<strong>et</strong>s). Il est nécessaire d’y<br />

ajouter l’usage des b<strong>la</strong>ncs <strong>et</strong> des majuscules, piliers, avec le point, les plus anciens de <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong>, plus que jamais indispensables.» (italiques <strong>dans</strong> le texte).<br />

Traduit <strong>dans</strong> notre système conceptuel, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> ainsi «é<strong>la</strong>rgie» (le sens restreint<br />

dépasse déjà notre propre définition en intégrant les «b<strong>la</strong>ncs» <strong>et</strong> les «majuscules»)<br />

comprend l’emploi des topèmes <strong>et</strong> celui des hétérogrammes, ce qui revient à<br />

regrouper <strong>dans</strong> une catégorie unique deux ou trois types de scriptèmes fondamentalement<br />

différents selon le point de vue adopté pour <strong>la</strong> conceptualisation – au moins<br />

quatre caractères différencient ces unités. Il y a dès lors lieu de justifier ce regroupement:<br />

quels caractères ces unités auraient-elles en commun?<br />

b. Présupposé fonctionnel. La plupart des études actuelles, dont celles qui ont porté<br />

sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale (→0.1.1), adm<strong>et</strong>tent d’emblée que les hétérogrammes<br />

<strong>et</strong> les topèmes «fonctionnent souvent ensemble (en se complétant ou en se remp<strong>la</strong>çant)»<br />

(Lavrentiev 2000, 26) pour remplir des fonctions spécifiques. Il est certes envisageable<br />

de se fonder sur c<strong>et</strong>te complémentarité comme hypothèse de travail, mais<br />

nous ne le ferons pas. Le terme <strong>ponctuation</strong> continuera d’être appliqué ici aux seuls<br />

ponctogrammes. L’étude des re<strong>la</strong>tions entre les ponctogrammes <strong>et</strong> le reste du système<br />

graphique ne sera pas abordée <strong>dans</strong> les pages qui suivent.<br />

Le statut des «b<strong>la</strong>ncs», qui relèvent des topèmes de notre système, mérite néanmoins<br />

qu’on s’y intéresse. Nina Catach (1980, 18) le justifie pleinement <strong>dans</strong> les<br />

termes suivants:<br />

«Cependant, on ne peut se satisfaire longtemps d’une délimitation aussi étroite (dix à onze<br />

signes) du secteur considéré.<br />

[. . .] En l’absence de <strong>ponctuation</strong>, que reste-t-il? Un b<strong>la</strong>nc, lequel est déjà un signe, le plus<br />

primitif de tous, ‹un signe en négatif›.»<br />

Nous adhérons à c<strong>et</strong>te idée moyennant de p<strong>et</strong>its ajustements. Il nous semble qu’il n’y a<br />

pas de «b<strong>la</strong>nc» en l’absence de ponctogramme, mais une absence: les plérétopes mobilisés<br />

n’ajoutent pas un «b<strong>la</strong>nc», ils structurent l’espace en fonction des grammèmes<br />

en présence. Il reste toutefois évident que <strong>la</strong> valeur de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> ne peut être envi-<br />

39 C’est-à-dire, les signes de <strong>ponctuation</strong> au sens étroit, que l’auteur définit plus loin – voir plus<br />

bas <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te même citation.<br />

44


Forme Nom <strong>la</strong>tin le cas échéant Description<br />

· punctus simple point<br />

·· deux points enchaînés<br />

/ virgu<strong>la</strong> barre oblique<br />

// deux barres obliques enchaînées<br />

– virgu<strong>la</strong> p<strong>la</strong>na trait horizontal<br />

· punctus elevatus point surmonté d’un trait incurvé<br />

· / punctus elevatus point surmonté d’une barre oblique<br />

; punctus versus point surmontant un trait incurvé<br />

: colon superposition de deux points<br />

paraphus signe au tracé complexe<br />

·/ point suivi d’une barre oblique<br />

·· paraphus précédé <strong>et</strong> suivi d’un point<br />

’<br />

TAB. 2.1 – Inventaire des ponctogrammes relevés<br />

sagée que si nous considérons simultanément l’ensemble des endroits où elle apparaît<br />

<strong>et</strong> l’ensemble des endroits où elle n’apparaît pas.<br />

2.3.3 Inventaire des formes<br />

Suivant <strong>la</strong> définition choisie, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> relevée <strong>dans</strong> les documents de notre corpus<br />

prend les formes reprises <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 2.1. 40 Remarquons que nous avons considéré<br />

comme un seul ponctogramme ce qui pourrait également être interprété comme<br />

une séquence.<br />

2.4 Conclusions<br />

a. Nécessité de l’é<strong>la</strong>boration de bases théoriques. Au terme de ce chapitre, nous<br />

avons à notre disposition une définition que nous croyons solide du concept de <strong>ponctuation</strong>.<br />

Pour en arriver là, il a été capital de passer en revue l’ensemble des unités de<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite.<br />

En eff<strong>et</strong>, d’un point de vue théorique, on ne peut définir ces signes sans comprendre<br />

<strong>la</strong> manière dont ils s’intègrent au système <strong>dans</strong> son ensemble. On a vu que ce<br />

n’est que par une sélection progressive de propriétés très précises que nous sommes<br />

arrivé à délimiter c<strong>la</strong>irement les concepts.<br />

D’un point de vue pratique, faire l’économie de l’aspect généraliste de notre étude<br />

n’aurait pas mené bien loin sans qu’il ne soit nécessaire de faire appel à l’intuition<br />

pour justifier <strong>la</strong> catégorisation de telle ou telle unité.<br />

b. Consensualité du c<strong>la</strong>ssement obtenu. Par ailleurs, s’il est question d’intuition, on<br />

remarquera que le c<strong>la</strong>ssement des unités correspond généralement à <strong>la</strong> perception intuitive<br />

qu’on en a. La correspondance est n<strong>et</strong>te:<br />

– l<strong>et</strong>tre correspond à linéogramme;<br />

– idéogramme correspond à logogramme;<br />

40 Nous donnons à chaque forme le nom <strong>la</strong>tin correspondant, cf. Parkes 1992. Voir <strong>la</strong> section<br />

Transcription des annexes pour un exemple de réalisation de chacun de ces ponctogrammes.<br />

45


– signe de <strong>ponctuation</strong> correspond à ponctogramme.<br />

Peut-être notre analyse est-elle, en fin de compte, tributaire de représentations traditionnelles.<br />

Ce<strong>la</strong> importe peu, puisque notre démarche est évaluable indépendamment<br />

de ces modèles aux contours flous. Ainsi, revenons sur les termes: qu’est-ce qu’une<br />

l<strong>et</strong>tre? qu’est-ce qu’un idéogramme? qu’est-ce qu’un signe de <strong>ponctuation</strong>? À ces<br />

questions, il n’était pas possible de répondre c<strong>la</strong>irement. Les termes étaient disparates,<br />

les notions floues. Les re<strong>la</strong>tions entre celles-ci apparaissent désormais très c<strong>la</strong>irement,<br />

<strong>et</strong> l’on peut par exemple apprécier à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong> différence <strong>et</strong> les points communs entre<br />

les ponctogrammes <strong>et</strong> les idéogrammes.<br />

c. Autonomie de <strong>la</strong> description. Fait capital pour le bon déroulement de <strong>la</strong> suite de<br />

notre étude, les unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite ont été définies à l’aide de concepts qui<br />

s’aventurent le moins loin possible <strong>dans</strong> <strong>la</strong> description de leur valeur. Ainsi, <strong>la</strong> seule<br />

considération concernant c<strong>et</strong>te dernière a été de poser <strong>la</strong> distinction entre les plérégrammes<br />

<strong>et</strong> les cénégrammes. Nous n’avons pas dépassé <strong>la</strong> simple opposition «il y a<br />

un sens» vs «il n’y en a pas».<br />

C<strong>et</strong>te autonomie de <strong>la</strong> description des unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite par rapport au p<strong>la</strong>n<br />

du contenu fonde <strong>la</strong> possibilité de comparaisons ultérieures.<br />

d. Importance de <strong>la</strong> terminologie. Nous nous sommes permis ce que d’aucuns pourraient<br />

juger comme étant une «débauche» de nouveaux termes. Il faut cependant adm<strong>et</strong>tre<br />

que nous n’avions pas le choix. Les mots disponibles étaient trop peu nombreux<br />

<strong>et</strong> trop spécifiques à des conceptions auxquelles nous n’adhérons pas pour perm<strong>et</strong>tre<br />

<strong>la</strong> nomination de toutes les unités que nous avons pu dégager. Sans ces innovations,<br />

les concepts n’auraient pas pu être manipulés efficacement.<br />

46


3 Modèle d’analyse linguistique<br />

L’objectif de ce chapitre est de décrire l’ensemble des règles qui ont été suivies pour<br />

identifier, analyser <strong>et</strong> c<strong>la</strong>sser les unités linguistiques contenues <strong>dans</strong> les textes du<br />

corpus. Il s’agit donc de donner une description sommaire de l’ancien français des<br />

chartes liégeoises du treizième siècle tel que nous concevons son fonctionnement.<br />

Nous avons dû construire un modèle personnel pour mener à bien <strong>la</strong> description.<br />

Celui-ci, é<strong>la</strong>boré sur <strong>la</strong> base des données que livrent les textes, prend <strong>la</strong> forme de<br />

définitions de concepts par sélection des caractères que nous avons jugés suffisants<br />

pour forger une définition appropriée (→1).<br />

Quant aux exemples qu’on lira <strong>dans</strong> les lignes qui suivent, nous les avons voulus<br />

avant tout illustratifs: notre modèle pose des hypothèses avec lesquelles les extraits relevés,<br />

que nous espérons suffisamment représentatifs, s’accordent généralement. Nous<br />

ne discutons que les cas douteux qui méritent au moins un commentaire. L’analyse<br />

exhaustive du corpus qui perm<strong>et</strong>tra au lecteur de critiquer le détail de notre travail se<br />

trouve en annexe, sous <strong>la</strong> forme d’éditions électroniques annotés. 1<br />

Enfin, <strong>la</strong> description ne tient pas compte de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> originale, à <strong>la</strong>quelle elle<br />

sera comparée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> deuxième partie de notre étude. Dans c<strong>et</strong>te optique, il nous a<br />

paru plus commode de présenter les extraits <strong>dans</strong> une transcription modernisée: ce<strong>la</strong><br />

les rend plus lisibles <strong>et</strong> ce<strong>la</strong> évite de rapprocher a priori <strong>la</strong> morpho<strong>syntaxe</strong> <strong>et</strong> le système<br />

graphique.<br />

Après avoir posé quelques préa<strong>la</strong>bles méthodologiques (→3.1), nous opposerons<br />

ensuite les concepts de morphologie <strong>et</strong> de <strong>syntaxe</strong>, distinction sans <strong>la</strong>quelle il n’aurait<br />

pas été possible de travailler (→3.2). Ce<strong>la</strong> perm<strong>et</strong>tra de définir trois c<strong>la</strong>sses de<br />

mots fondamentales (→3.3). Enfin, l’essentiel de l’exposé sera consacré aux re<strong>la</strong>tions<br />

syntaxiques que ces mots entr<strong>et</strong>iennent en discours, que nous présenterons suivant<br />

un principe analytique, partant des plus grandes unités pour aboutir aux plus p<strong>et</strong>ites<br />

(→3.4).<br />

3.1 Préa<strong>la</strong>bles méthodologiques<br />

Avant d’entrer <strong>dans</strong> <strong>la</strong> description, nous voudrions en évoquer les bases méthodologiques.<br />

Dans une première partie, il s’agira d’expliciter <strong>la</strong> position que nous adoptons<br />

par rapport à <strong>la</strong> terminologie linguistique, problème incontournable que nous ne<br />

pourrions ignorer sans entraîner l’ensemble de l’exposé <strong>dans</strong> le flou le plus absolu<br />

(→3.1.1). Nous verrons que les choix opérés <strong>dans</strong> ce chapitre diffèrent de ceux qui<br />

ont été posés <strong>dans</strong> le cadre du chapitre→2. Nous présenterons ensuite les unités qui<br />

1 Voir <strong>la</strong> section Analyses syntaxiques des annexes.<br />

47


peuvent être considérées comme des données fournies par les documents (→3.1.2).<br />

La section s’achèvera sur les implications de <strong>la</strong> démarche de description de l’ancien<br />

français <strong>et</strong> les obstacles qu’elle rencontre (→3.1.3).<br />

3.1.1 Concepts <strong>et</strong> terminologie linguistique<br />

Il paraît opportun d’exposer d’emblée <strong>la</strong> manière dont nous allons nous comporter<br />

vis-à-vis de <strong>la</strong> terminologie. 2<br />

On sait à quel point <strong>la</strong> description linguistique est tributaire d’une longue tradition,<br />

s’appuyant trop souvent sur des notions vagues <strong>et</strong> sur un cadre théorique hétéroclite.<br />

Nous nous efforcerons d’éviter ces écueils, en proposant l’intégration de termes traditionnels<br />

à un système de définitions plus rigoureux, suivant le modèle exposé au<br />

chapitre→1. Nous ne réviserons donc pas intégralement <strong>la</strong> terminologie linguistique.<br />

En premier lieu, nous prendrons garde d’éviter un des pièges dénoncés par Georges<br />

Mounin <strong>dans</strong> l’introduction de son Dictionnaire de <strong>la</strong> linguistique (1974, X-XI).<br />

«Il y a certainement une psychologie du chercheur, <strong>et</strong> même une psychopathologie, dont il<br />

faut prendre [XI] conscience. La conviction qu’on a découvert quelque chose parce qu’on a<br />

rebaptisé un concept déjà bien é<strong>la</strong>boré par quelqu’un d’autre doit être une ma<strong>la</strong>die professionnelle<br />

du savant, du jeune savant, du candidat-savant.»<br />

Il serait bien outrecuidant de chercher à donner un nouveau nom à des concepts déjà<br />

c<strong>la</strong>irement délimités, ce qui mènerait en outre à tomber <strong>dans</strong> un autre piège, qui n’a<br />

pas manqué d’attraper certains des plus géniaux théoriciens (Mounin 1974, XIII-XIV):<br />

«[I]l paraît bien imprudent de croire comme, en 1928, Hjelmslev – lequel a <strong>la</strong>rgement appliqué<br />

son axiome – que ‹<strong>la</strong> terminologie est une question de goût›. Elle ‹ne touche pas aux<br />

réalités›, poursuit-il, oubliant que <strong>la</strong> science est une œuvre collective, qu’une <strong>la</strong>ngue, même<br />

une <strong>la</strong>ngue scientifique, est un instrument de communication, <strong>et</strong> que le néologisme impénitent,<br />

si génial soit-il, est presque toujours sanctionné sur ce point par l’échec: on n’apprend<br />

pas ‹sa <strong>la</strong>ngue›, on ne le lit pas, on le lit mal, on ne le comprend pas, on l’abandonne sur le<br />

bord de <strong>la</strong> route. L’histoire de <strong>la</strong> linguistique, comme celle de beaucoup d’autres sciences,<br />

est un immense cim<strong>et</strong>ière de voitures termino-[XIV]-logiques. . . qui n’ont jamais roulé ou<br />

presque. Cim<strong>et</strong>ière peu visité, dont <strong>la</strong> visite serait pourtant très instructive. Des 106 termes<br />

créés par Hjelmslev il en survit 5% <strong>dans</strong> l’usage commun.»<br />

Par ailleurs, à moins de rester à un degré d’abstraction qui rendrait <strong>la</strong> lecture <strong>la</strong>borieuse,<br />

il est très difficile de définir progressivement les concepts employés sans avoir<br />

besoin pour ce faire de concepts qui n’ont pas encore été décrits, mais dont on a au<br />

moins une représentation intuitive. C<strong>et</strong>te difficulté est liée au phénomène de circu<strong>la</strong>rité,<br />

inhérent à de nombreuses terminologies. En outre, pour être compris, nous devons<br />

partir de bases connues. Afin que l’exposé reste accessible <strong>et</strong> puisse être situé <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

réflexion linguistique sur l’ancienne <strong>la</strong>ngue, il est inévitable de partir parfois de ces<br />

notions floues qu’offre <strong>la</strong> description traditionnelle, mais en guise d’approche intuitive<br />

exclusivement; une fois le concept cadré, nous essayerons d’en donner une définition<br />

2<br />

Sur <strong>la</strong> problématique du lien entre <strong>la</strong> conceptualisation <strong>et</strong> <strong>la</strong> terminologie (→1).<br />

48


plus stricte, <strong>dans</strong> les limites données par le modèle employé. 3 C<strong>et</strong>te approche nous<br />

perm<strong>et</strong>tra de «récupérer» les termes traditionnels. 4<br />

Par exemple, on emploiera <strong>la</strong> notion de «conjonction de coordination» pour arriver<br />

à délimiter l’énoncé (→3.4.1), alors que le concept ne sera redéfini que bien plus loin<br />

<strong>dans</strong> le chapitre (→3.4.7.2).<br />

3.1.2 Les unités de base<br />

Dans un cadre très abstrait, il est souvent possible de refuser à tout élément le statut<br />

de donnée: tout phénomène est effectivement catégorisé <strong>et</strong> formalisé par le cerveau<br />

humain, <strong>dans</strong> une dynamique cognitive complexe qui dépasse le cadre de notre travail<br />

<strong>et</strong> de nos compétences. Pour une étude empirique comme celle-ci, il nous semble<br />

cependant que nous pouvons simplifier le problème <strong>et</strong> adm<strong>et</strong>tre que le corpus nous<br />

livre directement des informations, préa<strong>la</strong>blement à toute analyse. Nous considérons<br />

que les documents délimitent les contours des unités que sont les textes (→3.1.2.1) <strong>et</strong><br />

les mots (→3.1.2.2).<br />

3.1.2.1 Unité maximale: le texte<br />

L’unité <strong>la</strong> plus <strong>la</strong>rge, le texte, a l’avantage d’être <strong>la</strong> moins artificielle (→a). Nous décrirons<br />

brièvement ici comment le texte doit être mis en re<strong>la</strong>tion avec le contexte de<br />

son utilisation (→b) avant de proposer une définition de l’unité (→c).<br />

a. Le texte comme donnée. Le segment «maximal», celui dont part l’analyse linguistique,<br />

est re<strong>la</strong>tivement simple à délimiter pour qui travaille à partir d’un corpus:<br />

«Si l’on peut parler de données (nous <strong>la</strong>issons ce<strong>la</strong> comme une condition <strong>dans</strong> le sens épistémologique),<br />

ces données sont, pour le linguiste, le texte, <strong>dans</strong> sa totalité absolue <strong>et</strong> non<br />

analysée.» (Hjelmslev 1968, 21).<br />

Les bons philologues (qui, <strong>dans</strong> le meilleur des mondes, travaillent avec les linguistes<br />

à l’établissement des textes), savent que le texte est déjà le résultat d’une analyse<br />

qui implique un regard linguistique. Néanmoins, au point de vue de <strong>la</strong> hiérarchisation<br />

des –shiérarchisation des structures, qui est l’obj<strong>et</strong> de <strong>la</strong> section→3.4, le texte<br />

est bien <strong>la</strong> seule structure linguistique dont on ne puisse dire qu’elle est intégrée <strong>dans</strong><br />

une autre plus <strong>la</strong>rge. Au delà du texte, il n’y a rien qui soit linguistiquement structuré.<br />

b. Document <strong>et</strong> texte. Malgré tout, il se pourrait que les limites supérieures du texte ne<br />

coulent pas de source. Par exemple, pour Knud Togeby (1965, 6), <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est «considérée<br />

comme un texte infini dont il faut décrire <strong>la</strong> structure». Pour que les choses soient<br />

c<strong>la</strong>ires, il est nécessaire d’articuler <strong>la</strong> définition du texte avec celle du document que<br />

constitue <strong>la</strong> charte. Les définitions qu’on rencontre <strong>dans</strong> les manuels écrits par les<br />

historiens tentent d’en rendre compte:<br />

3 De ce point de vue, <strong>la</strong> démarche est simi<strong>la</strong>ire à celle suivie au chapitre→2.<br />

4 De ce point de vue, par contre, <strong>la</strong> démarche est complètement différente de celle suivie au<br />

chapitre→2, où nous devions construire une nouvelle terminologie.<br />

Nous récupérons les termes d’une manière assez simi<strong>la</strong>ire à celle de Denis Creissels (1995)<br />

<strong>dans</strong> ses Éléments de <strong>syntaxe</strong> générale, si ce n’est que le présent modèle est focalisé sur une<br />

<strong>la</strong>ngue particulière.<br />

49


[authentification [écrit [parole [action]]]]<br />

FIG. 3.1 – Schématisation du type de texte charte selon Marie-Guy<br />

Boutier<br />

«La charte n’est pas à proprement parler un terme technique, mais plutôt un terme générique,<br />

recouvrant une variété confuse de documents. N’étant pas technique, le mot est assez<br />

flou. On l’emploie généralement pour désigner un acte écrit, émanant le plus souvent d’une<br />

autorité royale, religieuse ou seigneuriale, mais jamais à une époque où l’auteur multiplie les<br />

documents <strong>dans</strong> le cadre d’administration ad hoc. Une charte contient soit une concession de<br />

biens, de droits,. . . soit une décision judiciaire.» (Guyotjeannin <strong>et</strong> al. 1993, 25, italiques en<br />

grasses <strong>dans</strong> le texte).<br />

«Une charte est un acte par lequel se manifeste au Moyen Âge <strong>la</strong> volonté de l’auteur de l’acte<br />

écrit <strong>et</strong> qui constitue normalement un titre entre les mains de son bénéficiaire.» (Cárcel Ortí<br />

1994, §385).<br />

Comme l’avouent les auteurs, ces définitions sont approximatives, mais elles rep<strong>la</strong>cent<br />

cependant le document <strong>dans</strong> un cadre pragmatique c<strong>la</strong>ir: l’obj<strong>et</strong> charte est construit par<br />

un ou plusieurs individus pour servir à communiquer un message à d’autres individus<br />

<strong>dans</strong> une situation qui justifie ce transfert d’information, dont le texte est le véhicule.<br />

C<strong>et</strong>te description «externe» situe le document <strong>dans</strong> le monde (pourquoi il est écrit,<br />

par qui, pour qui, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> p<strong>la</strong>ce en conséquence le texte <strong>dans</strong> un contexte. Selon Jean-<br />

Michel Adam (1999, spéc. 37–40), c<strong>et</strong>te insertion d’une structure linguistique <strong>dans</strong><br />

une situation d’énonciation définit de manière générale le discours.<br />

Le contexte ainsi que les contraintes sociales <strong>et</strong> pragmatiques influencent <strong>la</strong> manière<br />

dont le texte est structuré en séquences ordonnées (ce que Jean-Michel Adam<br />

nomme texture). Le fait est extrêmement prégnant <strong>dans</strong> le cas des chartes, <strong>et</strong> Marie-<br />

Guy Boutier (2003) a pu montrer que <strong>la</strong> structure énonciative du document est entièrement<br />

pensée <strong>dans</strong> le sens de son utilisation. Une charte, écrit-elle, est un «écrit adressé<br />

authentique faisant connaître une parole créant ou attestant une action juridique» (41).<br />

Après avoir exposé que <strong>la</strong> charte «publiait» par écrit <strong>la</strong> parole performative d’un acte<br />

juridique (exprimé par un verbe) – schématiquement: figure 3.1. Tous ces éléments de<br />

définition trouvent un écho <strong>dans</strong> les chartes, qui suivent pratiquement toujours <strong>la</strong> progression<br />

suivante: 1/ l’auteur de l’acte, qui profère <strong>la</strong> parole performative s’identifie;<br />

2/ <strong>la</strong> parole en question est recensée <strong>et</strong> l’action juridique est identifiée par un verbe<br />

spécifique; 3/ les autorités compétentes corroborent <strong>la</strong> véridicité de c<strong>et</strong> écrit (c’est-àdire<br />

<strong>la</strong> conformité entre <strong>la</strong> parole <strong>et</strong> sa représentation écrite). Les contraintes que le<br />

texte subit contribuent donc en grande partie à le définir.<br />

C<strong>et</strong>te spécificité du type de texte implique que, quelles que soient les conclusions<br />

tirées des analyses basées sur ces textes, nous devrons être conscient qu’elles ne valent<br />

que pour <strong>la</strong> famille des chartes appartenant au corpus étudié.<br />

c. Définition. Nous pouvons donc, <strong>dans</strong> le cadre de notre étude, nous satisfaire de <strong>la</strong><br />

définition formalisée de <strong>la</strong> figure 3.2.<br />

3.1.2.2 Unité minimale: le mot<br />

Nous pouvons adm<strong>et</strong>tre que les mots nous sont «donnés» comme le texte, mais <strong>dans</strong><br />

une moindre mesure (→a). Ce<strong>la</strong> justifie à nos yeux que nous prenions le mot comme<br />

50


texte<br />

@unité linguistique en présence<br />

@non intégré à une unité linguistique plus vaste<br />

@véhicu<strong>la</strong>nt une information<br />

@suivant une stratégie de communication liée à <strong>la</strong> situation<br />

FIG. 3.2 – Concept de texte<br />

unité de base. Il nous faudra peser ce choix (→b). On distinguera ensuite les occurrences<br />

des mots <strong>et</strong> des lexèmes en opposant les niveaux d’abstraction (→c), puis les<br />

notions seront c<strong>la</strong>irement définies (→d).<br />

a. Le mot comme «donnée». Bien que ce<strong>la</strong> soit plus discutable, <strong>et</strong> devra être nuancé,<br />

les scribes ont ressenti le besoin de séparer les chaînes de linéogrammes par des<br />

«b<strong>la</strong>ncs». 5 . Ce faisant, ils nous livrent un texte partiellement analysé. Le mot, conçu<br />

alors comme une unité graphique, est également donné. Cependant, les textes analysés<br />

étant préa<strong>la</strong>blement transcrits, 6 le mot doit être conçu comme une graphie homogénéisée.<br />

Le mot est ainsi posé comme une unité de base de <strong>la</strong> description. 7<br />

b. Besoin impérieux d’une définition. Il est vrai que le mot se <strong>la</strong>isse quant à lui difficilement<br />

définir avec rigueur, si bien qu’il «est volontiers banni au profit de <strong>la</strong> recherche<br />

d’unités significatives minimales, chaque linguiste ayant alors sa terminologie propre:<br />

lexie, synapsie, 8 lexème, unité significative, <strong>et</strong>c.» (Dubois <strong>et</strong> al. 2002, 313). Ainsi,<br />

<strong>dans</strong> son Dictionnaire de <strong>la</strong> linguistique, Georges Mounin va jusqu’à écrire que «le<br />

mot n’est pas une réalité de linguistique générale» (1974, 223). Pourtant, aussi douteux<br />

que paraisse ce terme depuis l’arrivée du structuralisme, force est de constater<br />

qu’il correspond à une réalité intuitive qui s’impose à beaucoup comme une évidence.<br />

Émile Benveniste, <strong>dans</strong> son article sur les Structures de l’analyse linguistique (1964,<br />

123) déc<strong>la</strong>re le terme «irremp<strong>la</strong>çable». Il est néanmoins vrai que c<strong>et</strong>te «évidence» doit<br />

être nuancée <strong>et</strong> qu’il serait effectivement nécessaire de définir précisément ce qu’on<br />

entend par mot. 9<br />

5<br />

Les topèmes organisant les linéogrammes créent des espaces qu’on peut appeler b<strong>la</strong>ncs Voir<br />

→2.2.3.2 a concernant les linéogrammes.<br />

6<br />

Voir <strong>la</strong> section Transcriptions des annexes.<br />

7<br />

Exception faite des phénomènes d’amalgame, qu’il serait absurde de négliger (Feuill<strong>et</strong> 1988,<br />

72).<br />

8<br />

Il nous semble que le terme (Benveniste 1974, 171–176) ne s’insère pas bien <strong>dans</strong> <strong>la</strong> liste: <strong>la</strong><br />

synapsie est une forme de composition lexicale.<br />

9<br />

Il faut mentionner ici le livre de Maurice Pergnier (1986), qui, décrivant l’histoire de <strong>la</strong><br />

notion, <strong>et</strong> surtout son rej<strong>et</strong> par <strong>la</strong> linguistique structuraliste <strong>et</strong> ses descendants, propose de<br />

réhabiliter le terme sans l’aide de critères sémantiques, se basant sur les travaux de Jean<br />

Gagnepain (1982), qui se fonde sur une analyse distributionnelle. Malheureusement, il considère<br />

que <strong>la</strong> «préposition» fait partie de mots comme les «noms», ce qui l’amène à poser<br />

des marques ø là où <strong>la</strong> préposition n’apparaît pas. En plus d’être critiquable <strong>dans</strong> son principe<br />

(voir Lemaréchal 1997), c<strong>et</strong>te hypothèse a le défaut de ne pas être d’un caractère assez<br />

général pour être transposée facilement à l’ancien français. Elle demande en outre à être<br />

démontrée pour chaque <strong>la</strong>ngue, <strong>et</strong> nous ne voyons pas comment ce<strong>la</strong> pourrait être possible<br />

ici.<br />

51


c. Occurrences, mots <strong>et</strong> lexèmes. Enfin, nous voudrions poser ici une importante distinction,<br />

dont nous aurons constamment besoin. Dans son excellent Comprendre <strong>la</strong><br />

linguistique (2002), Robert Martin oppose trois niveaux d’abstraction. Reprenons ses<br />

termes:<br />

«Les énoncés sont construits, selon les besoins, au moyen d’un instrument qui perm<strong>et</strong> de les<br />

générer (<strong>et</strong>, inversement, de les comprendre). Constitué de signes <strong>et</strong> de règles combinatoires,<br />

c<strong>et</strong> instrument n’est autre que <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. F. de Saussure (Cours de linguistique générale,<br />

1916) a opposé n<strong>et</strong>tement <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>et</strong> <strong>la</strong> parole: <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est un système inscrit <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mémoire<br />

commune, qui perm<strong>et</strong> de produire <strong>et</strong> de comprendre l’infinité des énoncés; <strong>la</strong> parole est<br />

l’ensemble des énoncés effectivement produits. Depuis, on a ajouté (notamment le linguiste<br />

français G. Guil<strong>la</strong>ume) un troisième terme, celui de discours: le discours est l’ensemble infini<br />

des énoncés possibles, dont <strong>la</strong> parole est un sous-ensemble réalisé. La <strong>la</strong>ngue est alors<br />

le système capable d’engendrer (<strong>et</strong> de décoder) le discours.» (55, italiques emphatiques en<br />

grasses <strong>dans</strong> le texte).<br />

À chacun de ces trois niveaux d’abstraction (<strong>la</strong>ngue, parole <strong>et</strong> discours 10 ), nous ferons<br />

correspondre trois concepts différents. Au niveau le plus concr<strong>et</strong>, celui des formes attestées,<br />

nous rencontrons des occurrences séparées les unes des autres par des b<strong>la</strong>ncs<br />

(que ces b<strong>la</strong>ncs soient reconstruits par <strong>la</strong> démarche éditoriale ou non). Nous pouvons<br />

regrouper un ensemble d’occurrences en vertu de leur équivalence de forme d’expression<br />

<strong>et</strong> de contenu, <strong>et</strong> les représenter par une seule unité, plus abstraite, à <strong>la</strong>quelle nous<br />

réserverons le nom de mot. Par exemple, <strong>dans</strong> l’extrait<br />

«cilh ki sont <strong>et</strong> ki a_venir sont» (Document 1274–05–31b, 2).<br />

il y a deux occurrences du mot sont. Ainsi l’occurrence relève de <strong>la</strong> parole (elle est<br />

attestée <strong>dans</strong> un énoncé effectivement réalisé), alors que le mot fait plutôt partie du<br />

discours. Mais nous savons que le mot sont entr<strong>et</strong>ient une re<strong>la</strong>tion particulière avec<br />

d’autres mots, comme estre, est, estoient, <strong>et</strong>c. Toutes ces formes sont des formes fléchies<br />

relevant, dira-t-on en termes traditionnels, du même paradigme. On atteint ici<br />

le niveau de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue: celui de l’inventaire des signes <strong>et</strong> des règles qui perm<strong>et</strong>tent<br />

de les employer. C<strong>et</strong> ensemble de formes fléchies peut à son tour être représenté par<br />

une unité, plus abstraite encore, que nous nommerons lexème, <strong>la</strong> considérant comme<br />

une unité de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Par commodité, nous emploierons les conventions traditionnelles<br />

pour donner une forme d’expression à c<strong>et</strong>te unité très abstraite, représentant les<br />

«verbes» par leur infinitif (estre, <strong>dans</strong> notre exemple) <strong>et</strong> les «noms» par leur forme<br />

neutralisée. Par ailleurs, nous emploierons le terme lexème indifféremment pour les<br />

mots «lexicaux» comme chevalier, afaitier, <strong>et</strong>c. <strong>et</strong> pour les mots «grammaticaux»,<br />

comme il, de, <strong>et</strong>c. Nous donnons ainsi au terme le sens pratique d’‘unité du dictionnaire’.<br />

d. Définitions. Nous devons donc définir précisément les concepts de mot, occurrence<br />

<strong>et</strong> lexème. Pour c<strong>et</strong>te étude, il nous semble que les définitions formalisées suivantes<br />

peuvent convenir: 11 au niveau de <strong>la</strong> parole se trouve l’occurrence (figure 3.3); au<br />

niveau du discours se trouve le mot (figure 3.4); au niveau de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue se trouve le<br />

lexème (figure 3.5).<br />

10 L’acception du terme est donc ici différente de celle que lui donne Jean-Michel Adam <strong>et</strong> que<br />

nous avons mentionnée ci-dessus (→3.1.2.1 b).<br />

11 Elles se révèleraient sans doute insuffisantes pour mener une réflexion plus approfondie.<br />

52


occurrence<br />

@graphie<br />

@relevant de <strong>la</strong> parole<br />

@homogénéisée par <strong>la</strong> démarche éditoriale<br />

FIG. 3.3 – Concept d’occurrence<br />

mot<br />

@abstraction de <strong>la</strong> forme <strong>et</strong> du sens communs à un ensemble d’occurrences<br />

@relevant du discours<br />

FIG. 3.4 – Concept de mot<br />

lexème<br />

@abstraction du signe commun à un ensemble de mots<br />

@relevant de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

3.1.3 Décrire l’ancien français<br />

FIG. 3.5 – Concept de lexème<br />

Le texte <strong>et</strong> les mots ne constituent que le point de départ: si l’on veut comprendre<br />

comment ces unités sont construites <strong>et</strong> comment les mots se combinent, il faut entamer<br />

une démarche d’analyse.<br />

Nous partirons du modèle général de <strong>la</strong> triple organisation de l’énoncé, qui servira<br />

de base à l’ensemble de l’analyse (→3.1.3.1). Ce<strong>la</strong> mènera à envisager le sens des<br />

énoncés du corpus. Nous verrons alors comment <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> compréhension de<br />

textes écrits <strong>dans</strong> un état de <strong>la</strong>ngue ancien a été abordée (→3.1.3.2). Le délicat problème<br />

de l’évaluation des analyses linguistiques poursuivra <strong>la</strong> réflexion (→3.1.3.3).<br />

Enfin, nous synthétiserons nos remarques en soulignant les limites inhérentes à <strong>la</strong> démarche<br />

choisie (→3.1.3.4).<br />

3.1.3.1 Décrire <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue: triple organisation de l’énoncé<br />

Du fait de son aspect très général, le modèle de <strong>la</strong> triple organisation de l’énoncé ou<br />

«théorie des trois points de vue» est vu par ses créateurs comme le cadre préa<strong>la</strong>ble<br />

à l’analyse de tout énoncé linguistique («phrase-énoncé»). Nous commencerons par<br />

exposer succinctement en quoi consiste ce modèle, qui postule qu’un énoncé peut être<br />

analysé de trois manières idéalement indépendantes (→a), avant de montrer en quoi<br />

ces différentes analyses sont nécessairement entre<strong>la</strong>cées (→b).<br />

a. Exposé synthétique. La théorie des trois points de vue, é<strong>la</strong>borée à partir des travaux<br />

de František Daneš (1964) par C<strong>la</strong>ude Hagège (notamment 1984 <strong>et</strong> 1999, en particulier<br />

27–31) <strong>et</strong> Gilbert Lazard (cf. Feuill<strong>et</strong> 1988, 36), fournit un cadre strict à l’analyse<br />

de l’énoncé, 12 défini comme «une production linguistique acceptée par les locuteurs<br />

12 L’origine de <strong>la</strong> théorie est donnée par Lazard 1998, 80. Dans le monde anglo-saxon, on<br />

r<strong>et</strong>rouve les mêmes conceptions chez Michael Alexander Kirkwood Halliday (1985).<br />

53


énoncé<br />

@unité linguistique complète<br />

@transm<strong>et</strong> un message<br />

@suit une stratégie énonciative<br />

FIG. 3.6 – Concept d’énoncé<br />

natifs comme complète <strong>et</strong> possédant une intonation reconnue comme liée à ce fait»<br />

(Hagège 1999, 27).<br />

Ainsi, tel que l’a exprimé C<strong>la</strong>ude Hagège:<br />

«Le premier [point de vue sur <strong>la</strong> phrase-énoncé] l’envisage en re<strong>la</strong>tion avec les systèmes de<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. On étudie donc, selon c<strong>et</strong>te perspective, les rapports entre les termes, ainsi que<br />

l’expression de ces rapports. C’est le point de vue morphosyntaxique ou point de vue 1. Le<br />

deuxième relie les phrases au monde extérieur dont elles parlent. Ce ne sont pas, c<strong>et</strong>te fois,<br />

des formes que l’on r<strong>et</strong>ient, mais les sens transmis par elles, d’où le nom de sémanticoréférentiel<br />

qui est ici proposé pour désigner le point de vue 2. Enfin, le point de vue 3, <strong>la</strong><br />

phrase est considérée <strong>dans</strong> ses rapports avec celui qui <strong>la</strong> profère, relié lui-même à un auditeur.<br />

Le locuteur choisit une certaine stratégie ou mode de représentation, introduisant une<br />

hiérarchie entre ce qu’il énonce <strong>et</strong> ce à propos de quoi il l’énonce. De là le nom d’énonciatifhiérarchique<br />

que l’on proposera pour ce point de vue.» (1986, 276).<br />

L’acte de communication linguistique (énonciation) se manifeste par l’expression d’un<br />

message (ou contenu sémantique) en rapport avec le monde. C<strong>et</strong>te expression mobilise<br />

le potentiel morphosyntaxique de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>et</strong> est énoncée suivant une visée communicationnelle<br />

spécifique à <strong>la</strong> situation discursive <strong>et</strong> aux intentions du locuteur. Nous<br />

transposons c<strong>et</strong>te théorie <strong>dans</strong> notre système de conceptualisation (→1), ce qui nous<br />

mène à formuler <strong>la</strong> définition formalisée du concept d’énoncé à l’aide de trois caractères<br />

correspondant aux points de vue (figure 3.6). 13 C<strong>et</strong>te définition rapproche<br />

l’énoncé du texte (→3.1.2.1). Toutefois, le fait de constater qu’un texte est constitué<br />

d’énoncés distincts relève déjà de l’analyse, <strong>et</strong> <strong>la</strong> subdivision du texte en énoncés 14<br />

est loin d’être tout à fait évidente. Ignorons temporairement c<strong>et</strong> aspect, auquel nous<br />

reviendrons. 15<br />

Chacun des trois points de vue perm<strong>et</strong> de poser un regard différent sur l’énoncé<br />

<strong>et</strong> mène à une analyse spécifique. C<strong>la</strong>ude Hagège (1986, 276) insiste également sur le<br />

fait que <strong>la</strong> théorie de <strong>la</strong> triple organisation ne postule aucune hiérarchie entre les points<br />

de vue: il ne s’agit pas de niveaux, mais de p<strong>la</strong>ns qui ne sont pas hiérarchisés. 16 On<br />

ne soulignera jamais assez <strong>la</strong> nécessité d’éviter les confusions entre les p<strong>la</strong>ns, ce qui<br />

n’est possible que si ces derniers sont bien définis, mission qu’accomplit <strong>la</strong> théorie de<br />

manière très satisfaisante.<br />

13<br />

On verra ci-dessous (→3.4.1.1) que l’application de c<strong>et</strong>te définition au corpus mérite une<br />

discussion approfondie.<br />

14<br />

Il est tout à fait possible qu’un texte ne soit constitué que d’un seul énoncé.<br />

15<br />

Voir les choix posés pour le corpus (→3.4.1).<br />

16<br />

Ce qui est un postu<strong>la</strong>t assez complexe à maintenir en pratique: étant donné que les données<br />

des points de vue 2 <strong>et</strong> 3 ne sont accessibles que par le biais du point de vue 1.<br />

54


. Interférences entre les points de vue. C<strong>la</strong>ude Hagège précise également qu’il est<br />

évident que ces différents points de vue entrent naturellement en re<strong>la</strong>tion <strong>et</strong> sont loin<br />

d’être toujours c<strong>la</strong>irement descriptibles indépendamment les uns des autres.<br />

«Toute étude d’un seul point de vue isolé des deux autres est un artifice ignorant <strong>la</strong> réalité<br />

des liens indissolubles entre les trois.» (Hagège 1986, 277).<br />

Par exemple, les phénomènes d’ambiguïté ne peuvent être décrits efficacement sans<br />

recourir à <strong>la</strong> fois aux points de vue morphosyntaxique <strong>et</strong> sémantico-référentiel. 17 Adm<strong>et</strong>tons<br />

que <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> compréhension des énoncés soit résolue <strong>et</strong> considérons<br />

l’extrait suivant:<br />

«La afaitat [‘transférer (un droit réel immobilier) à (un bénéficiaire) devant <strong>la</strong> juridiction<br />

compétente <strong>et</strong> selon les formes prescrites’ 18 ] ilh frere Marsille [. . .] l’alut ke freres Wa-[8]-tirs<br />

[. . .] aportat a <strong>la</strong> maison de_le Vas Benoi<strong>et</strong>e.» (Document 1260–02–21a, 6).<br />

L’exemple montre que, d’un point de vue strictement morphosyntaxique, <strong>la</strong> principale<br />

différence entre l’alut. . . <strong>et</strong> frere Marsille se situe sur l’axe paradigmatique: frere Marsille<br />

commute avec li <strong>et</strong> l’alut. . . avec le, 19 mais aussi par le fait que frere Marsille est<br />

en variation libre avec a frere Marsille, qui ne présente pas <strong>la</strong> même ambiguïté, comme<br />

l’atteste<br />

«La afaitarent elles a [5] frere Libier de Frelus, a owez de <strong>la</strong> maison de <strong>la</strong> Vas Benoi<strong>et</strong>e delés<br />

Liege, delle ordene de [6] Citeaz, xvii verges de terre» (Document 1263–07–20, 4).<br />

Cependant, ces propriétés paradigmatiques ne sont pas évidentes si l’on ne connaît pas<br />

les compatibilités syntaxiques du verbe afaitier <strong>dans</strong> ses re<strong>la</strong>tions avec le nom aleu.<br />

C<strong>et</strong>te connaissance, qui est d’ordre lexical, est liée à <strong>la</strong> connaissance du sens du verbe,<br />

<strong>la</strong>quelle valide l’interprétation qui fait de frere Marsille le bénéficiaire du procès <strong>et</strong> de<br />

aleu le patient. Il n’est pas raisonnable de se priver des informations livrées par le point<br />

de vue sémantico-référentiel pour décrire efficacement <strong>la</strong> structuration syntaxique, 20<br />

même si le sens est inapte à définir à lui seul c<strong>et</strong>te structuration.<br />

Il est donc, de manière générale, impossible de commencer <strong>la</strong> description d’une<br />

<strong>la</strong>ngue par une analyse qui soit exclusivement morphosyntaxique. Pour le linguiste,<br />

il faut tenter de reconstituer ce p<strong>la</strong>n, par le biais d’une dialectique permanente entre<br />

les trois points de vue (en particulier entre le premier <strong>et</strong> le deuxième). Néanmoins,<br />

nous devons prendre garde de bien identifier le point de vue dont relèvent les éléments<br />

mis en re<strong>la</strong>tion. De ce fait, il est d’une importance capitale que <strong>la</strong> terminologie employée<br />

reflète c<strong>et</strong>te distinction des points de vue. Nous suivrons ainsi l’exemple de<br />

Gilbert Lazard (1999b), qui propose de parler de procès, participants <strong>et</strong> circonstances<br />

au point de vue sémantique <strong>et</strong> de verbe, actants <strong>et</strong> circonstants au point de vue morphosyntaxique<br />

– nous formaliserons plus loin c<strong>et</strong>te terminologie (→3.4.2), qui sera<br />

adoptée grosso modo.<br />

17 Voir également Sout<strong>et</strong> 1998, 7, qui montre que <strong>la</strong> distinction entre grammaticalité <strong>et</strong> interprétabilité<br />

n’est pas aussi franche qu’on l’aurait voulu.<br />

18 Cf. Boutier 2003, 44.<br />

19 Voir sous→3.4.2.2 comment tirer profit de c<strong>et</strong>te commutation.<br />

20 C<strong>et</strong> exemple sera à nouveau discuté (→3.4.2.1).<br />

55


3.1.3.2 Comprendre un état de <strong>la</strong>ngue passé<br />

La constante interférence entre les points de vue n’est malheureusement pas <strong>la</strong> seule<br />

difficulté dont il faut tenir compte. Comme nous travaillons sur l’ancien français, nous<br />

sommes immédiatement confronté à un problème méthodologique majeur: <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

que nous étudions n’est plus <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue d’aucun locuteur vivant.<br />

a. La reconstruction du sens. Christiane Marchello-Nizia (1985, 483–484) l’explique<br />

très c<strong>la</strong>irement: il faut être locuteur natif pour pouvoir dire si un énoncé possède ou<br />

non du sens ou si plusieurs énoncés ont le même sens. Pour le descripteur, seule <strong>la</strong><br />

reconstruction du sens est envisageable, <strong>la</strong>quelle peut parfois se faire simplement à<br />

l’aide des grammaires <strong>et</strong> des dictionnaires disponibles. . . <strong>et</strong> aboutit à une traduction.<br />

L’auteur souligne qu’il ne faut jamais oublier que c<strong>et</strong>te reconstruction, souvent perfectible<br />

<strong>et</strong> parfois franchement insuffisante, est avant tout une hypothèse, qui peut être<br />

renforcée ou affaiblie par des recherches ultérieures.<br />

Nous pensons que les chartes constituent un terrain d’enquête privilégié. 21 Grâce<br />

aux historiens <strong>et</strong> aux diplomatistes, notamment, nous sommes à même de cerner l’enjeu<br />

pragmatique des textes, <strong>et</strong> leur mise en série confirme généralement les hypothèses<br />

que nous pouvons formuler concernant leur sens.<br />

b. Stabilité de <strong>la</strong> description morphologique. Pour l’ancien français en général, il<br />

semble que nous puissions compter sur une série d’hypothèses stables. Ainsi, on adm<strong>et</strong><br />

généralement que <strong>la</strong> morphologie de l’ancien français est re<strong>la</strong>tivement bien décrite <strong>et</strong><br />

consensuelle:<br />

«[L]a morphologie du nom <strong>et</strong> celle du verbe (qui englobent l’ensemble des prédéterminants<br />

du substantif <strong>et</strong> des pronoms) configurent un domaine privilégié où le descripteur se sent à<br />

l’aise. Il n’encourt là aucun risque de comm<strong>et</strong>tre des anachronismes. L’identification, l’analyse<br />

des morphèmes, leur attribution à tel ou tel dialecte requièrent des compétences étendues<br />

mais qui excluent, à ce niveau, une interprétation de rendement expressif de ces traits.<br />

Il n’est donc pas surprenant que <strong>la</strong> morphologie soit <strong>la</strong> partie <strong>la</strong> plus solide de <strong>la</strong> ‹grammaire›<br />

de l’ancien français.» (Wagner 1974, 56).<br />

Même s’il faut re<strong>la</strong>tiviser c<strong>et</strong>te prétendue absence de risque, 22 les grammairiens <strong>et</strong><br />

linguistes de l’ancien français m<strong>et</strong>tent à notre disposition un système «qui marche»,<br />

<strong>et</strong> qui est basé sur <strong>la</strong> compréhension. C’est parce que nous comprenons les phrases<br />

«Et nos, maire <strong>et</strong> eskeviens devant dit, par jugement, si ke drois <strong>et</strong> lois [17] porte, afaitames<br />

cest hyr<strong>et</strong>age a <strong>la</strong> maison del Vauz Saint Lambert» (Document 1270–03–24, 16).<br />

«me sires Wilhames afaiterat a le glise totes ces choses devant dittes» (Document<br />

1278–08–01, 10).<br />

«Et <strong>la</strong> afaitat [4] <strong>et</strong> werpit <strong>et</strong> quittat chi Libiers desur_dis a me dame l’abbesse <strong>et</strong> a frere<br />

21 On ne peut pas en dire autant de l’ensemble des textes en ancien français (Wagner 1974, 70).<br />

22 Jean-Pierre Chambon 2003 a ainsi pu proposer une révision de <strong>la</strong> description morphologique<br />

de <strong>la</strong> flexion substantivale en l’ancien occitan al<strong>la</strong>nt <strong>dans</strong> le sens d’une très importante simplification.<br />

Il conclut par ailleurs son étude en disant: «Il est connu que <strong>la</strong> flexion substantivale<br />

en ancien occitan diffère peu de ce qu’on observe en ancien français <strong>et</strong> en ancien provençal.<br />

On peut donc s’attendre à ce que ce type d’analyse que nous avons préconisé ci-dessus puisse<br />

convenir aux deux autres <strong>la</strong>ngues médiévales de <strong>la</strong> Galloromania [. . .]».<br />

56


Lambier, a owés d’eas <strong>et</strong> de_lur maison desur ditte, tos les alués qu’ilh [5] tenoit <strong>et</strong> avoit ens<br />

el choir <strong>et</strong> ens elle vilhe d’Oire» (Document 1280–07–20, 3).<br />

que nous pouvons comparer afaitames, afaiterat <strong>et</strong> afaitat <strong>et</strong> y déceler: 1/ d’une part<br />

un radical verbal afait-, portant le sens «lexical» du verbe; 2/ d’autre part <strong>la</strong> série de<br />

désinences -ames, -erat, -at, qui expriment des catégories grammaticales <strong>et</strong> peuvent<br />

se r<strong>et</strong>rouver à <strong>la</strong> suite du radical de tous les verbes qui ont un infinitif en -er.<br />

Le lecteur comprenant ces extraits est à même de compartimenter le sens, d’identifier<br />

les segments qui le véhiculent, <strong>et</strong> d’arriver à <strong>la</strong> conclusion que certains mots sont<br />

analysables en segments exprimant des types de sens différents: le radical portant un<br />

sens «lexical», <strong>la</strong> désinence exprimant des catégories.<br />

Nous verrons que c<strong>et</strong>te analyse des catégories grammaticales se révèle utile pour<br />

c<strong>la</strong>sser les mots en fonction de leur potentiel morphologique (→3.3).<br />

3.1.3.3 Juger <strong>et</strong> prévoir <strong>la</strong> structure<br />

Malheureusement, c<strong>et</strong>te simple interprétation ne suffit pas à aboutir à une description<br />

des re<strong>la</strong>tions qui construisent les énoncés. Or, pour décrire synchroniquement un système<br />

linguistique, il faut pouvoir poser, au moins de manière re<strong>la</strong>tive, des jugements<br />

d’acceptabilité.<br />

a. Rôle opératoire de <strong>la</strong> paraphrase. Le descripteur ne peut faire appel à sa propre<br />

compétence pour valider ses analyses. Robert-Léon Wagner (1974, 70) résume de<br />

manière efficace le problème:<br />

«Faute d’intuition, quel moderne s’aventurerait <strong>dans</strong> les démarches que les générativistes<br />

ont mises au point? Ces va-<strong>et</strong>-vient de l’admis, du toléré à l’impossible d’où se dégagent<br />

peu à peu les conditions <strong>la</strong>tentes qui assurent l’intelligibilité d’un syntagme <strong>et</strong> font varier les<br />

niveaux de grammaticalité? À chaque instant l’étude de l’ancien français conduit à mesurer<br />

l’écart de <strong>la</strong> connaissance à <strong>la</strong> puissance comme les limites de <strong>la</strong> connaissance elle-même.»<br />

On ne peut donc évaluer intuitivement <strong>la</strong> grammaticalité des constructions, ce qui<br />

complique <strong>la</strong> description morphosyntaxique. Faut-il pour autant baisser les bras? Non,<br />

si l’on en croit Christiane Marchello-Nizia. Pour résoudre le problème, elle préconise<br />

une démarche qui prend appui sur <strong>la</strong> paraphrase <strong>et</strong> <strong>la</strong> compréhension (1985, 488, italiques<br />

<strong>dans</strong> le texte):<br />

«c’est le recours aux énoncés paraphrastiques qui compense, en quelque sorte, l’absence<br />

de locuteur témoin. Ainsi, lorsqu’une règle proposée produit, entre autres, un énoncé qu’on<br />

ne trouve jamais attesté, l’on ne dispose d’aucun critère, de personne, pour juger de son<br />

acceptabilité: a priori, ce n’est pas parce qu’une phrase ne se trouve pas <strong>dans</strong> les textes qui<br />

nous sont parvenus qu’elle n’existait pas ou qu’elle était impossible. Mais l’on peut faire<br />

le raisonnement suivant: l’on ne peut certes prouver que l’énoncé en question n’appartient<br />

pas à l’état de <strong>la</strong>ngue dont on veut faire <strong>la</strong> grammaire – l’absence d’un énoncé ne fait pas<br />

preuve; mais si l’on constate qu’un autre énoncé qui le paraphrase est, lui, attesté, on peut<br />

faire l’hypothèse que le premier énoncé était agrammatical.»<br />

La paraphrase m<strong>et</strong> en eff<strong>et</strong> en évidence des faits de figement <strong>et</strong> des blocages transformationnels<br />

liés à certaines formules ou à certaines unités du lexique. 23<br />

23 Voir Marchello-Nizia 1985, 488–490.<br />

57


. Évaluer les commutations. En ce qui nous concerne, nous aurons surtout besoin<br />

de valider des commutations. La paraphrase est particulièrement efficace pour évaluer<br />

le figement <strong>et</strong> les combinaisons de mots. Elle peut également servir à évaluer les<br />

commutations, quoique de manière un peu différente.<br />

Comment procéder concrètement? Raisonnons à partir d’un exemple. Nous définirons<br />

plus loin (→3.4.2.2) deux fonctions «régimes», distinguées par <strong>la</strong> forme du<br />

pronom (le ou li) avec <strong>la</strong>quelle commutent les constituants immédiats de <strong>la</strong> proposition.<br />

Imaginons que nous posions que les formes soulignées <strong>dans</strong> les phrases suivantes<br />

commutent toutes avec le (sans tenir compte des contraintes de position), ce qui les<br />

rangerait <strong>dans</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse des régimes du premier type: 24<br />

«reportarent el main nostre [6] maior, en tesmong de nos eskeviens, l’yr<strong>et</strong>age deseur nomeit<br />

tot entierement» (Document 1268–03–10, 5).<br />

«[. . .] Johans [. . .] ki astoit venuz a ses jors aprés <strong>la</strong> mort [3] de son pere [= avait atteint sa<br />

majorité. . .], vient par devant moi [. . .]» (Document 1270–11–26, 2).<br />

«[. . .] ne molesterons mon [12] signor Humbier Corbea, chevalier desoir dit [. . .]» (Document<br />

1287–09–08, 11).<br />

«[. . .] ne molesterons mon [12] signor Humbier Corbea, chevalier desoir dit [. . .]» (Document<br />

1287–09–08, 11).<br />

Pour chacune de ces quatre commutations, nous posons deux hypothèses: premièrement,<br />

<strong>la</strong> substitution d’une forme à l’autre ne modifie pas le sens du contexte (au<br />

sens linguistique du terme) <strong>et</strong> les énoncés se traduiront de <strong>la</strong> même manière, sauf à<br />

l’endroit de <strong>la</strong> commutation; deuxièmement, l’énoncé obtenu après commutation est<br />

acceptable. Si l’une de ces deux conditions n’est pas remplie, on peut dire que <strong>la</strong><br />

commutation n’est pas va<strong>la</strong>ble. Il y a dès lors trois cas envisageables: 1/ les commutations<br />

postulées sont confortées par des attestations; 2/ les commutations ne sont pas<br />

attestées <strong>et</strong> sont incompatibles avec le sens ou avec le reste du système décrit; 3/ les<br />

commutations ne sont pas attestées <strong>et</strong> paraissent compatibles avec le sens <strong>et</strong> avec le<br />

reste du système.<br />

La seule chose qui puisse valider une commutation est de rencontrer <strong>dans</strong> le corpus<br />

(ou <strong>dans</strong> un corpus proche) un contexte qui montre qu’elle est probable; par exemple,<br />

<strong>la</strong> première commutation est validée par l’existence de<br />

«Et cis [17] <strong>dans</strong> Anthones desor dis entre Sainte Marie <strong>et</strong> Saint Lambert a Liege le reportat<br />

en mes maens [. . .]» (Document 1270–11–26, 16).<br />

L’extrait montre qu’il est possible d’avoir le comme régime du verbe reporter. Néanmoins,<br />

comme les commutations impliquent l’axe paradigmatique (les unités ne sont<br />

donc pas présentes), <strong>la</strong> démonstration ne peut aboutir à une preuve: on constate simplement<br />

que, <strong>dans</strong> l’entourage du même verbe <strong>et</strong> sans en changer le sens, on peut<br />

rencontrer le à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de l’yr<strong>et</strong>age. . . pour désigner le patient.<br />

Il est également envisageable d’invalider certaines hypothèses de commutation. La<br />

traduction le perm<strong>et</strong> parfois. Par exemple, <strong>la</strong> reconstruction où le est censé commuter<br />

avec venuz a ses jors aprés <strong>la</strong> mort de son pere,<br />

24 Que nous noterons R2 (<strong>et</strong> non R1) plus loin.<br />

58


*Johans, [. . .] ki l’astoit, vient par devant moi.<br />

déstructure les catégories de temps <strong>et</strong> d’aspect véhiculées par le verbe. Le sens de<br />

astoit change: avec le pronom, le procès est statif <strong>et</strong> le verbe dénote un état; avec<br />

le participe passé <strong>et</strong> son complément, le procès est dynamique <strong>et</strong> le verbe dénote un<br />

changement d’état. Si <strong>la</strong> commutation proposée ne fait pas que modifier le sens de ce<br />

qui est remp<strong>la</strong>cé <strong>et</strong> altère profondément <strong>la</strong> valeur du contexte, on peut raisonnablement<br />

<strong>la</strong> rej<strong>et</strong>er.<br />

Pareillement, nous écarterons toute commutation rendant l’énoncé ininterprétable,<br />

comme celle qui remp<strong>la</strong>ce ne par le <strong>et</strong> aboutit à:<br />

**le molesterons mon signor Humbier Corbea.<br />

En dehors de ces cas, on ne peut pas prouver qu’une commutation est possible.<br />

Ainsi, l’hypothèse de commutation de mon signor. . . avec le <strong>dans</strong> l’entourage de<br />

molester ci-dessus ne peut pas être confortée par d’autres attestations du verbe <strong>dans</strong><br />

le corpus (où il s’agit d’un hapax), mais ne semble pas poser de problème au point<br />

de vue du sens <strong>et</strong> de <strong>la</strong> conformité avec le reste du système. Il faut alors l’adm<strong>et</strong>tre<br />

provisoirement (pour éventuellement <strong>la</strong> rej<strong>et</strong>er plus tard): sans c<strong>et</strong>te souplesse, aucune<br />

description ne serait possible.<br />

3.1.3.4 Re<strong>la</strong>tivité des modèles<br />

Le modèle qui sera présenté <strong>dans</strong> les pages qui suivent a été construit sur des bases<br />

empiriques: nous avons fait correspondre les concepts aux données par le biais d’un<br />

aller-r<strong>et</strong>our permanent entre <strong>la</strong> théorisation <strong>et</strong> les faits. En conséquence, <strong>la</strong> démarche<br />

n’a été ni hypothético-déductive, ni complètement inductive: <strong>la</strong> stabilité re<strong>la</strong>tive des<br />

théories n’a été atteinte que par une dialectique de tous instants, que nous ne pourrons<br />

présenter <strong>dans</strong> les moindres détails, mais dont nous donnerons le résultat.<br />

Le modèle défini est ainsi limité par le corpus, qui circonscrit les faits observés,<br />

<strong>et</strong> l’on se gardera donc de le généraliser aveuglément à d’autres variétés de l’ancien<br />

français, fussent-elles de <strong>la</strong> même époque.<br />

Par ailleurs, l’analyse étant fondée sur l’hypothèse que nous comprenons les documents,<br />

il est possible que l’amélioration de <strong>la</strong> compréhension mène à réviser les<br />

fondements du modèle proposé ou certaines de ses parties. Il est en eff<strong>et</strong> toujours<br />

possible de mieux comprendre les textes.<br />

Enfin, <strong>la</strong> modélisation est également limitée par des contraintes pratiques: il ne<br />

nous a pas paru envisageable, vu les milliers d’unités <strong>et</strong> de re<strong>la</strong>tions impliquées <strong>dans</strong><br />

le corpus, de justifier toutes les analyses, par exemple en recherchant les commutations<br />

attestées <strong>et</strong> en les dénombrant, ou en évaluant <strong>la</strong> probabilité qu’une commutation non<br />

attestée soit correcte. 25<br />

En fin de compte, puisque le corpus peut s’ouvrir <strong>et</strong> que les analyses sont perfectibles,<br />

il est possible que le modèle qui en découle évolue ou soit même radicalement<br />

révisé. De ce fait, nous avons décidé de toujours privilégier l’hypothèse <strong>la</strong> plus simple<br />

en cas de doute.<br />

25 L’ensemble des analyses fournies <strong>dans</strong> <strong>la</strong> section Analyses syntaxiques des annexes devrait<br />

fournir une base solide à une entreprise de ce type.<br />

59


3.2 Morphologie <strong>et</strong> <strong>syntaxe</strong><br />

Sachant à présent sur quelles unités nous allons travailler <strong>et</strong> les difficultés que nous<br />

allons rencontrer, nous voudrions expliquer sous quel angle il est possible d’analyser<br />

les unités. Nous délimiterons ici les domaines respectifs de <strong>la</strong> morphologie <strong>et</strong> de<br />

<strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>. C<strong>et</strong>te dernière sera envisagée comme un système de re<strong>la</strong>tions entre les<br />

constituants (→3.2.1), alors que <strong>la</strong> morphologie sera considérée comme relevant du<br />

p<strong>la</strong>n de l’expression (→3.2.2). Nous verrons enfin que les constituants peuvent être<br />

des groupes de mots, des mots isolés ou des morphèmes, ce qui nous a amené à distinguer<br />

plusieurs «niveaux» <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> (→3.2.3).<br />

3.2.1 La <strong>syntaxe</strong> comme un système de re<strong>la</strong>tions<br />

Définir <strong>la</strong> notion recouverte par le terme <strong>syntaxe</strong> n’est pas chose aisée: comme tous les<br />

concepts héritiers d’une longue tradition en linguistique <strong>et</strong> comme <strong>la</strong> linguistique ellemême,<br />

<strong>la</strong> définition du concept de <strong>syntaxe</strong> est loin d’être complètement consensuelle.<br />

L’acception que reçoit le terme doit être précisée. En l’occurrence, <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> est vue<br />

ici comme un système de re<strong>la</strong>tions fondées sur le concept de dépendance (→3.2.1.1).<br />

La caractérisation des re<strong>la</strong>tions entre constituants se fait sur <strong>la</strong> base de <strong>la</strong> «re<strong>la</strong>tion<br />

minimale» posée par A<strong>la</strong>in Lemaréchal (→3.2.1.2).<br />

3.2.1.1 Un système de dépendances<br />

Qu’on compare les approches différentes de Louis Hjelmslev (1968), Lucien Tesnière<br />

(1965), André Martin<strong>et</strong> (1979) ou de C<strong>la</strong>ude Hagège (1999), on sera frappé par un<br />

présupposé commun: <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> est é<strong>la</strong>borée à partir d’éléments irréductibles, qui<br />

prennent <strong>la</strong> forme de structures ou de re<strong>la</strong>tions.<br />

L’inventaire des fonctions possibles entre deux unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue que donne<br />

Louis Hjelmslev est sans doute le plus général d’un point de vue épistémologique.<br />

Il systématise ces fonctions en trois types (1968, ch. 11): <strong>la</strong> détermination,<br />

l’interdépendance <strong>et</strong> <strong>la</strong> constel<strong>la</strong>tion. La taxinomie des fonctions est établie sur <strong>la</strong><br />

base du critère exclusif de <strong>la</strong> condition d’existence des unités mises en rapport (en<br />

termes hjelmsléviens, des fonctifs qui contractent <strong>la</strong> fonction). Les unités peuvent en<br />

eff<strong>et</strong> être de deux types: soit elles sont <strong>la</strong> condition nécessaire d’occurrence d’une<br />

autre unité, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> ce cas on les nomme constantes (c), soit elles ne le sont pas, <strong>et</strong><br />

elles sont nommées variables (v). Ces définitions impliquent qu’une unité ne se définit<br />

que par son comportement vis-à-vis d’autres unités. En vertu de c<strong>et</strong>te distinction,<br />

les fonctions sont définies comme suit:<br />

– une détermination m<strong>et</strong> en rapport une variable <strong>et</strong> une constante;<br />

– une interdépendance m<strong>et</strong> en rapport deux constantes;<br />

– une constel<strong>la</strong>tion m<strong>et</strong> en rapport deux variables.<br />

Ces fonctions interviennent tant sur le p<strong>la</strong>n paradigmatique (unités en absence, qui<br />

entr<strong>et</strong>iennent des rapports désignés sous le nom générique de corré<strong>la</strong>tions) que sur le<br />

p<strong>la</strong>n syntagmatique (unités en présence, qui entr<strong>et</strong>iennent des rapports désignés sous<br />

le nom générique de re<strong>la</strong>tions). Sur ce dernier p<strong>la</strong>n, les re<strong>la</strong>tions sont:<br />

60


– <strong>la</strong> sélection, qui est une détermination;<br />

– <strong>la</strong> solidarité, une interdépendance;<br />

– <strong>la</strong> combinaison, une constel<strong>la</strong>tion.<br />

Par exemple, pour un héritier de Louis Hjelmslev comme Knud Togeby (1965, 74),<br />

il y a solidarité entre une «conjonction de subordination» <strong>et</strong> une «subordonnée» en<br />

français moderne: <strong>la</strong> présence simultanée des deux constantes est <strong>la</strong> condition de <strong>la</strong><br />

subordination.<br />

Telle qu’elle est conçue par Lucien Tesnière (1965, ch. 2 <strong>et</strong> 3) <strong>dans</strong> ses Éléments<br />

de <strong>syntaxe</strong> structurale, <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> de dépendance affirme que «[l]’ensemble des mots<br />

d’une phrase constitue [. . .] une véritable hiérarchie» (ch. 2, §5), où certains mots, dits<br />

régissants commandent un ou plusieurs subordonnés. Ensemble, régissant <strong>et</strong> subordonné<br />

forment un nœud. L’auteur précise:<br />

«[T]out subordonné suit le sort de son régissant. Soit par exemple <strong>la</strong> phrase: mon vieil ami<br />

chante c<strong>et</strong>te jolie chanson [. . .], si j’en renverse les éléments pour dire: c<strong>et</strong>te jolie chanson<br />

charme mon vieil ami [. . .], le substantif ami, en passant de <strong>la</strong> fonction de suj<strong>et</strong> à celle de<br />

complément d’obj<strong>et</strong>, entraîne avec lui les adjectifs mon <strong>et</strong> vieil qui dépendent de lui.» (ch 3,<br />

§4, italiques en grasses <strong>dans</strong> le texte).<br />

C<strong>et</strong>te remarque exprime le principe de dépendance, que Lucien Tesnière ne définit<br />

pas, mais que Paul Garde formule ainsi:<br />

«[T]oute re<strong>la</strong>tion syntaxique (entre morphèmes <strong>dans</strong> le mot, entre mots <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phrase) s’établit<br />

entre deux termes dont l’un, subordonné, dépend de l’autre, principal. Le terme principal<br />

(s’il s’agit de mots, le mot principal) est celui qui contient l’information [160] sur les rapports<br />

syntaxiques entre l’ensemble constitué par le principal <strong>et</strong> son subordonné <strong>et</strong> l’environnement<br />

de c<strong>et</strong> ensemble.» (Garde 1981, 159–160).<br />

Termes principal <strong>et</strong> subordonné s’unissent pour, selon les termes de Lucien Tesnière,<br />

former un nœud. Le plus important des nœuds est appelé nœud des nœuds <strong>et</strong> commande<br />

tous les subordonnés, ce qui le p<strong>la</strong>ce «au centre de <strong>la</strong> phrase, dont il assure<br />

l’unité structurale en en nouant les divers éléments en un seul faisceau. Il s’identifie<br />

avec <strong>la</strong> phrase.» (ch. 3, §15). La re<strong>la</strong>tion qui unit un régissant à ses subordonnés est<br />

dite re<strong>la</strong>tion de connexion (ch. 1); c’est c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion de dépendance qui perm<strong>et</strong> à <strong>la</strong><br />

phrase d’exister en tant que telle, puisque toute <strong>la</strong> hiérarchie est fondée sur elle. Comparé<br />

à l’inventaire de Louis Hjelmslev, ce principe de dépendance est transposable en<br />

termes de variable <strong>et</strong> de constante. La connexion doit dès lors être comprise comme<br />

une re<strong>la</strong>tion entre deux termes <strong>et</strong> l’on peut <strong>la</strong> qualifier de sélection, al<strong>la</strong>nt du mot régi<br />

au mot régissant.<br />

Dans sa Grammaire fonctionnelle du français, André Martin<strong>et</strong> exprime c<strong>et</strong>te<br />

conception:<br />

«On peut également exprimer le rapport entre un élément, le noyau, conditionnant l’apparition<br />

d’un autre, le déterminant, en disant que le déterminant est une expansion du noyau.<br />

Lorsqu’on désire seulement marquer le rapport de dépendance, on peut parler du noyau <strong>et</strong> de<br />

ses satellites.» (1979, 10, italiques en gras <strong>dans</strong> le texte).<br />

On reconnaît, exprimées <strong>dans</strong> un cadre formel moins sophistiqué, les mêmes idées<br />

que celles de Louis Hjelmslev: il y a des constituants (les noyaux) qui sont <strong>la</strong> condi-<br />

61


<strong>syntaxe</strong><br />

@règles de dépendance <strong>et</strong> de coocurrence des unités en présence<br />

FIG. 3.7 – Concept de <strong>syntaxe</strong><br />

tion nécessaire à l’existence d’autres constituants (les satellites), <strong>dans</strong> un rapport fort<br />

proche de celui existant entre variables <strong>et</strong> constantes hjelmsléviennes.<br />

La c<strong>la</strong>ssification que C<strong>la</strong>ude Hagège donne <strong>dans</strong> La structure des <strong>la</strong>ngues, fondée<br />

sur une induction à partir des structures observées <strong>dans</strong> de nombreuses <strong>la</strong>ngues du<br />

monde, est également d’ordre très général:<br />

«Il n’existe que trois re<strong>la</strong>tions possibles, universellement, au sein de l’énoncé: <strong>la</strong> prédication,<br />

<strong>la</strong> détermination (<strong>et</strong> ses cas particuliers, <strong>la</strong> subordination <strong>et</strong> <strong>la</strong> complémentation), <strong>la</strong><br />

coordination [. . . ]» (Hagège 1999, 34).<br />

C<strong>la</strong>ude Hagège ne donne cependant pas de définition explicite de chacune de ces<br />

fonctions — on aurait aimé que sa synthèse comprenne une définition rigoureuse de<br />

<strong>la</strong> notion de détermination. Néanmoins, nous avancerons (sans toutefois pouvoir en<br />

être tout à fait certain) que ce qu’il nomme prédication, condition d’existence de <strong>la</strong><br />

phrase-énoncé, m<strong>et</strong> en re<strong>la</strong>tion de dépendance réciproque les termes qui <strong>la</strong> contractent<br />

(fonction de solidarité chez Hjelmslev), alors que <strong>la</strong> détermination correspond à une<br />

sélection <strong>et</strong> <strong>la</strong> coordination à une combinaison.<br />

Nous ne pensons pas trahir <strong>la</strong> pensée de ces auteurs en affirmant que <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> est<br />

généralement conçue comme un monde de re<strong>la</strong>tions hiérarchisées entre les unités en<br />

présence, où <strong>la</strong> hiérarchie se traduit par le fait que l’apparition de certains segments est<br />

conditionnée par celle d’autres segments dont on peut dire que les premiers dépendent<br />

(schématiquement: figure 3.7). Dans <strong>la</strong> mesure où seules les unités en présence sont<br />

abordées, limiter le domaine de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> à celui des dépendances 26 des segments<br />

les uns par rapport aux autres perm<strong>et</strong> de <strong>la</strong> distinguer c<strong>la</strong>irement de <strong>la</strong> morphologie<br />

(→3.2.2), mais aussi d’évacuer de sa description toute considération sémantique. Par<br />

exemple, en français moderne, <strong>la</strong> «préposition» à est syntaxiquement définie par le<br />

fait qu’elle dépend d’une autre unité. De même, on peut dire sans risque de se tromper<br />

que le «suj<strong>et</strong>» <strong>et</strong> le «prédicat» dépendent l’un de l’autre, en ce sens que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qui<br />

les lie, <strong>la</strong> prédication, est <strong>la</strong> condition d’existence de <strong>la</strong> phrase-énoncé.<br />

3.2.1.2 Re<strong>la</strong>tion minimale<br />

En ancien français, <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> dépendance ne s’aborde pas aussi facilement<br />

(→3.1.3.3) <strong>et</strong> il faut limiter l’interprétation. On peut, pour ce faire, tirer parti de <strong>la</strong><br />

«re<strong>la</strong>tion minimale», telle qu’elle a été définie par A<strong>la</strong>in Lemaréchal (1997, 3): une<br />

re<strong>la</strong>tion «dont le signifiant est <strong>la</strong> simple coocurrence <strong>et</strong> le signifié un simple ‹il y a<br />

de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion›». C<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion, qui joue à <strong>la</strong> fois sur le p<strong>la</strong>n sémantique <strong>et</strong> sur le p<strong>la</strong>n<br />

syntaxique, est, nous dit l’auteur, repérable à l’aide de marques intégratives:<br />

«Comment ce<strong>la</strong> peut-il fonctionner? La première condition est qu’il y ait une indication<br />

des frontières aussi bien du segment englobant que des segments englobés, ce qui relève<br />

des marques démarcatives/intégratives déjà rencontrées. Il est indispensable qu’il y ait des<br />

26 Nous incluons également <strong>dans</strong> ce terme le sens d’interdépendance de <strong>la</strong> glossématique.<br />

62


instructions indiquant où finit <strong>et</strong> commence un mot, un syntagme, <strong>et</strong>c.; du coup, on voit<br />

que <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> ne peut faire l’impasse sur des questions d’accent, d’harmonie vocalique (<strong>et</strong><br />

consonantique), de sandhi, de tempo, de registre de hauteur, <strong>et</strong>c., tous phénomènes qui ont,<br />

de ce fait, les caractéristiques du signe, <strong>et</strong> constituent de véritables marques; de même que<br />

les questions d’ordre des mots, fixe ou non, <strong>et</strong>c.» (Lemaréchal 1997, 103).<br />

C<strong>et</strong>te théorie nous séduit beaucoup, <strong>et</strong> nous <strong>la</strong> ferons nôtre au prix de modifications mineures.<br />

Tout d’abord, nous préférerons constituant à segment, terme qui sous-entend <strong>la</strong><br />

continuité des éléments qui le composent – ce qui n’est pas nécessairement le cas. Ensuite,<br />

ce qui est certainement beaucoup plus important, le medium employé <strong>dans</strong> nos<br />

chartes (voir ch.→2) n’est pas adéquat à l’expression de phénomènes prosodiques.<br />

Nous limiterons en conséquence les marques intégratives à l’indice donné par le fait<br />

que les constituants fonctionnent ensemble <strong>dans</strong> un constituant plus <strong>la</strong>rge, ce qui nous<br />

oblige à faire appel au sens.<br />

Pratiquement, nous commencerons par constater, sur <strong>la</strong> base de critères sémantiques,<br />

27 que certains mots fonctionnent ensemble. Par exemple, <strong>dans</strong><br />

«[. . .] damoiselle Sybille, filhe mon saingnor Leone [. . .], vint par devant [3] nos <strong>et</strong> par devant<br />

les hommes de le Chiese Deu» (Document 1260–02–03, 2).<br />

damoiselle Sybille, filhe mon saingnor Leone exprime l’agent du procès ‘venir’. Il y<br />

a une re<strong>la</strong>tion entre les contenus des constituants <strong>et</strong> il est raisonnable de dire que,<br />

puisque c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion sémantique existe, il y a là une re<strong>la</strong>tion syntaxique potentielle.<br />

Il est tout aussi p<strong>la</strong>usible de se baser sur c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion pour dire que chacun des mots<br />

du constituant qui exprime l’agent entr<strong>et</strong>ient une re<strong>la</strong>tion à un niveau d’intégration<br />

inférieur à celle qui le relie au procès. Mais de ces re<strong>la</strong>tions syntaxiques, on ne peut<br />

encore rien dire d’autre à ce stade. Il faut donc perm<strong>et</strong>tre au descripteur d’indiquer<br />

qu’il existe une re<strong>la</strong>tion entre les mots sans statuer sur le statut hiérarchique réciproque<br />

de ces mots. Au bout du compte, <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> est définissable comme l’ensemble<br />

des re<strong>la</strong>tions de dépendance qui existent entre les constituants, mais il n’est pas nécessaire<br />

de qualifier le type de dépendance pour affirmer qu’il y a dépendance.<br />

Face à une structure qu’on peut analyser en constituants immédiats, au sens traditionnel,<br />

28 sans postuler de hiérarchie a priori, nous pouvons dire, en suivant A<strong>la</strong>in<br />

Lemaréchal, que <strong>la</strong> structure est formée de ses constituants immédiats <strong>et</strong> d’une re<strong>la</strong>tion<br />

minimale qui les lie; ce qui peut être représenté comme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.8. 29 Ce<strong>la</strong><br />

nous perm<strong>et</strong> de formaliser le concept de constituant immédiat (désormais CI, figure<br />

3.9) <strong>et</strong>, réciproquement, celui de re<strong>la</strong>tion (figure 3.10).<br />

27 Voir→3.4.2.1 pour les principes suivis au niveau de l’organisation des constituants autour du<br />

verbe (<strong>syntaxe</strong> argumentale,→3.2.3.1). Le niveau de <strong>la</strong> construction des syntagmes (qu’on<br />

dira immédiat,→3.2.3.1) est singulièrement plus compliqué (→3.4.7.3 <strong>et</strong>→3.4.7.4).<br />

28 C’est-à-dire celui proposé par Leonard Bloomfield (1970, 153), que Henry-Al<strong>la</strong>n Gleason<br />

(1969, 109) formule de manière limpide: «Un constituant immédiat (abréviation courante C.<br />

I.) est un des deux (ou plus de deux) constituants qui forment directement une construction<br />

donnée.»<br />

29 C<strong>et</strong>te schématisation correspond à celle qu’en fait A<strong>la</strong>in Lemaréchal (1997, 126); nous ne<br />

nous sommes permis que des modifications d’ordre esthétique.<br />

63


[constituant immédiat] [constituant immédiat]<br />

re<strong>la</strong>tion<br />

FIG. 3.8 – Représentation de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion minimale<br />

constituant immédiat (CI)<br />

@unité linguistique en présence<br />

@contenue <strong>dans</strong> une structure plus <strong>la</strong>rge qu’il sert à construire directement<br />

@contractant une re<strong>la</strong>tion avec un autre CI de même niveau<br />

FIG. 3.9 – Concept de constituant immédiat<br />

re<strong>la</strong>tion<br />

@dépendance ou coocurrence à l’intérieur d’une structure englobante<br />

@implique au moins deux constituants immédiats<br />

FIG. 3.10 – Concept de re<strong>la</strong>tion<br />

3.2.2 La morphologie <strong>et</strong> le système de marques<br />

Nous voyons donc <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> comme un système de dépendances <strong>et</strong> de coocurrences<br />

entre constituants. La question qui se pose dès lors est de savoir comment ces re<strong>la</strong>tions<br />

sont exprimées. L’opposition saussurienne entre expression <strong>et</strong> contenu distingue<br />

<strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> de <strong>la</strong> morphologie, relégant c<strong>et</strong>te dernière au domaine des marques<br />

(→3.2.2.1). Mises en rapport avec <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion minimale, les marques lui apportent un<br />

surcroît d’information, qu’A<strong>la</strong>in Lemaréchal nomme spécification (→3.2.2.2).<br />

3.2.2.1 Expression <strong>et</strong> contenu<br />

Depuis ses débuts en tant que science 30 autonome, <strong>la</strong> linguistique distingue les p<strong>la</strong>ns<br />

du contenu <strong>et</strong> de l’expression. Le signe saussurien en est <strong>la</strong> première application explicite<br />

(Saussure 1967, 97 sqq.). La reformu<strong>la</strong>tion de Louis Hjelmslev (1968, ch. 13)<br />

formalise ensuite <strong>la</strong> distinction: il est à présent fort commun de dire qu’il faut éviter de<br />

confondre le p<strong>la</strong>n de l’expression <strong>et</strong> le p<strong>la</strong>n du contenu (qui ne peut être atteint que de<br />

manière médiate). On n’aura donc aucune peine à bien distinguer les deux p<strong>la</strong>ns fondamentaux:<br />

celui du contenu <strong>et</strong> celui de l’expression de ce contenu. Dans ce second<br />

p<strong>la</strong>n, on trouve par conséquent toutes les marques qui servent à exprimer un contenu<br />

syntaxique. Ces marques ne sont ainsi pas des re<strong>la</strong>tions (des faits de <strong>syntaxe</strong>), mais<br />

un des moyens de les proj<strong>et</strong>er sur le p<strong>la</strong>n de l’expression. Dans le cadre du syntagme<br />

verbal, Gilbert Lazard (1994, 1) énumère ces marques: 31<br />

«Les re<strong>la</strong>tions entre le verbe <strong>et</strong> les termes nominaux sont indiquées par plusieurs procédés,<br />

souvent employés simultanément. Les uns sont des morphèmes re<strong>la</strong>teurs, ordinairement<br />

affixés au nom ou situés <strong>dans</strong> leur voisinage. D’autres, indices actanciels généralement intégrés<br />

à <strong>la</strong> forme verbale, sont en coréférence avec certains termes nominaux. En outre, <strong>dans</strong><br />

30 Ou «proto-science» dirait Gilles-Gaston Granger, cf. Lazard 1999a, 68.<br />

31 Voir aussi Lemaréchal 1997, 123.<br />

64


eaucoup de <strong>la</strong>ngues l’ordre des termes joue un rôle fondamental. Certaines connaissent des<br />

formes plus ou moins poussées de coalescence entre terme nominal <strong>et</strong> verbe.»<br />

Les marques d’expression sont au moins de trois ordres: morphologique (flexion, emploi<br />

d’adpositions, phénomène d’accord <strong>et</strong> de rection), séquentiel (ordre des constituants)<br />

<strong>et</strong> lexical (phénomènes de figement, qui impliquent une modification des propriétés<br />

transformationnelles 32 ). À ce<strong>la</strong>, on ajoutera l’intonation, qui sert également à<br />

exprimer les re<strong>la</strong>tions, mais aussi l’intégration du constituant à une construction plus<br />

<strong>la</strong>rge (Lemaréchal 1997, notamment 123). Il n’y a bien entendu aucune raison que ces<br />

types de procédés soient employés exclusivement pour marquer les re<strong>la</strong>tions entre le<br />

noyau verbal <strong>et</strong> les termes nominaux. Dès lors, traiter les marques d’expression segmentales<br />

<strong>et</strong> leur contenu sans les distinguer n<strong>et</strong>tement est d’autant plus absurde que<br />

ces procédés segmentaux sont en concurrence, ou plutôt en superposition, avec les<br />

autres procédés. 33<br />

3.2.2.2 Marques <strong>et</strong> spécification<br />

Les re<strong>la</strong>tions syntaxiques sont donc exprimées par des marques. Voyons comment ces<br />

dernières s’articulent autour de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion minimale.<br />

Si l’on reprend les vues qu’A<strong>la</strong>in Lemaréchal a exposées <strong>dans</strong> Zéro(s) (1997), les<br />

marques sont des contraintes qui s’ajoutent à <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion minimale pour <strong>la</strong> spécifier,<br />

c’est-à-dire en préciser <strong>la</strong> valeur sémantique; 34 par exemple, <strong>dans</strong>:<br />

«li abbesse [4] <strong>et</strong> li covens [. . .] ont doneit a trecens a Ja-[5]-kemin le Rotial [. . .] .» (Document<br />

1260–02–21b, 3).<br />

<strong>la</strong> marque segmentale facultative a spécifie <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre ont doneit <strong>et</strong> Jakemin <strong>et</strong><br />

fait de ce dernier le bénéficiaire. 35<br />

Selon A<strong>la</strong>in Lemaréchal, les marques sont hiérarchisées (122–123): en particulier,<br />

il considère que les marques intégratives ou démarcatives sont toujours présentes <strong>et</strong><br />

que les marques séquentielles <strong>et</strong> catégorielles s’y superposent. Dans c<strong>et</strong>te vision des<br />

choses, les marques segmentales viennent se greffer, en dernier lieu, aux marques<br />

catégorielles. Ce qui importe surtout, c’est que ce sont les marques intégratives qui<br />

révèlent <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion minimale <strong>et</strong> que les autres types de marques ne font que s’y ajouter.<br />

La spécification est une surimpression des marques.<br />

La préexistence de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion minimale suppose que toute contrainte supplémentaire<br />

se superpose à ce «bruit de fond cosmologique» (Lemaréchal 1997, 107). Par<br />

conséquent, celui qui repère une spécification repère forcément une re<strong>la</strong>tion minimale<br />

du même coup. On peut ainsi re<strong>la</strong>tiviser ce qui a été dit plus haut (→3.2.1.2): il n’y a<br />

pas que <strong>la</strong> sémantique qui perm<strong>et</strong>te de repérer une re<strong>la</strong>tion minimale. On peut se servir<br />

32 Voir notamment Gross 1996, 12–13.<br />

33 Voir Lemaréchal 1983, où l’auteur montre que c’est <strong>la</strong> superposition de ces marques qui<br />

perm<strong>et</strong> de lever l’ambiguïté posée par les marques segmentales «homonymes».<br />

34 Cf. Lemaréchal 1997, en particulier 107–114.<br />

35 Nous étudions le phénomène ci-dessous (→3.4.4.2).<br />

65


[constituant]<br />

spécification<br />

<br />

re<strong>la</strong>tion mot spécifiant reste du constituant<br />

FIG. 3.11 – Représentation de <strong>la</strong> spécification<br />

[ont doneit]<br />

[a] Jakemin. . . <br />

FIG. 3.12 – Structure de ont doneit a Jakemin. . .<br />

re<strong>la</strong>tion<br />

@les termes sont des constituants<br />

fonctions syntaxiques<br />

@au moins un terme est un constituant<br />

spécification<br />

@un terme est une re<strong>la</strong>tion<br />

FIG. 3.13 – Types de fonctions syntaxiques suivant les termes reliés<br />

des catégories véhiculées par les segments (phénomènes d’accord) pour <strong>la</strong> m<strong>et</strong>tre en<br />

évidence. 36<br />

Lorsqu’elle est segmentale, nous représenterons <strong>la</strong> spécification par une flèche<br />

grisée pointant non vers un constituant, mais vers une re<strong>la</strong>tion (figure 3.11). Dans<br />

notre exemple, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion est spécifiée par a, qui reste un constituant de a Jakemin<br />

(→3.4.6.3), comme représenté <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.12.<br />

Ce que le schéma montre bien, c’est que le mot a, qui spécifie <strong>la</strong> complémentation,<br />

n’a de valeur qu’en présence de c<strong>et</strong>te dernière. La spécification est ainsi une fonction<br />

seconde, contractée par un constituant (si <strong>la</strong> marque est segmentale) <strong>et</strong> une autre fonction.<br />

Il serait utile de réserver le terme re<strong>la</strong>tion aux fonctions premières, qui relient par<br />

contre deux constituants. On schématisera ce<strong>la</strong> par <strong>la</strong> figure 3.13.<br />

3.2.2.3 Des marques qui n’expriment pas que des re<strong>la</strong>tions<br />

D’autre part, l’analyse est légèrement compliquée par le fait que les marques, lorsqu’elles<br />

sont segmentales, «indiquent non seulement les re<strong>la</strong>tions entre les mots, mais<br />

aussi les catégories grammaticales <strong>et</strong> les types énonciatifs» (Feuill<strong>et</strong> 1988, 72). La<br />

phrase<br />

«li veskes <strong>et</strong> li cuens i [= à <strong>la</strong> charte] ont pendut lors sayaus.» (Document 1236–12–15, 12).<br />

est analysable facilement grâce aux désinences casuelles, qui indiquent en même<br />

temps <strong>la</strong> catégorie du nombre. En termes traditionnels, li veskes <strong>et</strong> li cuens sont tous<br />

36 Dans les cas de discontinuité, ce<strong>la</strong> est même fondamental. Les <strong>la</strong>ngues comme le <strong>la</strong>tin ou<br />

le sanscrit ne requièrent pas <strong>la</strong> continuité des constituants du syntagme: pour y r<strong>et</strong>rouver les<br />

re<strong>la</strong>tions minimales, on est obligé de passer par une analyse des marques synthétiques (donc<br />

segmentales).<br />

66


deux des «suj<strong>et</strong>s» au singulier, alors que lors sayaus est un «complément d’obj<strong>et</strong> direct»<br />

au pluriel.<br />

On sait qu’en ancien français, <strong>la</strong> présence d’un -s à <strong>la</strong> fin d’un «nom» masculin<br />

indique conjointement son nombre (catégorie) <strong>et</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qu’il entr<strong>et</strong>ient avec les<br />

autres unités (ici, le verbe).<br />

L’amalgame des marqueurs segmentaux fusionne indications de re<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> de<br />

catégories <strong>et</strong> oblige à poser marqué + marqueurs morphologiques comme analyse du<br />

mot, puis à distinguer les marques en fonction du type de contenu qu’elles véhiculent<br />

(catégories ou re<strong>la</strong>tions).<br />

3.2.3 Niveaux d’analyse syntaxique<br />

Intuitivement, on voit bien que toutes les re<strong>la</strong>tions de dépendance ne sont pas du même<br />

ordre: certaines re<strong>la</strong>tions semblent fondamentales <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent à l’énoncé d’exister,<br />

d’autres jouent à un niveau inférieur. Nous verrons tout d’abord comment Gilbert Lazard<br />

présente c<strong>et</strong>te distinction entre les niveaux d’analyse syntaxique sous <strong>la</strong> forme<br />

d’une tripartition (→3.2.3.1). Nous m<strong>et</strong>trons ensuite <strong>la</strong> question des marques en rapport<br />

avec c<strong>et</strong>te division en trois niveaux (→3.2.3.2).<br />

3.2.3.1 Tripartition de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> selon Gilbert Lazard<br />

Les dépendances ne jouent pas toutes au même niveau. Dans un article nommé La<br />

distinction entre nom <strong>et</strong> verbe en morphologie <strong>et</strong> en <strong>syntaxe</strong> (1984), Gilbert Lazard<br />

disait:<br />

«On peut donc se représenter <strong>la</strong> morpho<strong>syntaxe</strong> comme un continuum dont l’une des extrémités<br />

couvre les séquences les plus courtes, l’autre, disons, <strong>la</strong> proposition bien entendu,<br />

c<strong>et</strong>te dernière limite est arbitraire: on peut considérer des séquences plus longues, phrase<br />

complexe <strong>et</strong> même ensembles supérieurs à <strong>la</strong> phrase, mais ce n’est pas nécessaire pour notre<br />

propos. Par définition, ce continuum ne se divise pas en parties bien distinctes. Il est cependant<br />

pratiquement nécessaire d’y définir approximativement des zones. Il est commode d’en<br />

distinguer trois:<br />

1) <strong>la</strong> morphologie: ce terme entendu ici <strong>dans</strong> son sens traditionnel, comme l’étude des unités<br />

<strong>et</strong> de leurs combinaisons à l’intérieur du ‹mot›; ce dernier terme est lui-même bien difficile<br />

à définir précisément, mais il représente <strong>dans</strong> beaucoup de <strong>la</strong>ngues une réalité indéniable,<br />

même si ses contours restent un peu flous;<br />

2) <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> ‹immédiate›: c’est celle du syntagme, au sens ordinaire du terme, c’est-à-dire<br />

celle qui étudie les combinaisons du mot avec ses satellites;<br />

3) <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> de proposition ou ‹phrastique›: elle décrit <strong>la</strong> nature <strong>et</strong> les rapports du prédicat<br />

<strong>et</strong> des actants (<strong>et</strong> des circonstants).»<br />

C<strong>et</strong>te partition délimite les domaines respectifs d’une <strong>syntaxe</strong> dite de mot (que Gilbert<br />

Lazard nomme, non sans une inévitable ambiguïté, morphologie), une <strong>syntaxe</strong> immédiate<br />

<strong>et</strong> une <strong>syntaxe</strong> de phrase, que nous préférons dire argumentale. 37 La première<br />

concerne les re<strong>la</strong>tions entre les formants des mots, <strong>la</strong> deuxième celles entre les constituants<br />

immédiats du syntagme, <strong>la</strong> troisième les re<strong>la</strong>tions entre les constituants immédiats<br />

des propositions. 38 C<strong>et</strong>te dernière est fondamentale, puisqu’elle perm<strong>et</strong> l’ex-<br />

37 Voir <strong>la</strong> distinction entre phrase <strong>et</strong> énoncé (→3.4.1.2).<br />

38 Voir→3.4.2 sur <strong>la</strong> distinction entre phrase-énoncé <strong>et</strong> proposition.<br />

67


s. de mot<br />

@entre les CI<br />

du mot<br />

<strong>syntaxe</strong><br />

@règles de dépendance <strong>et</strong> de cooccurrence<br />

des unités en présence<br />

s. immédiate<br />

@entre les CI<br />

du syntagme<br />

FIG. 3.14 – Types de <strong>syntaxe</strong><br />

s. argumentale<br />

@entre les CI de<br />

<strong>la</strong> proposition<br />

pression d’un procès <strong>et</strong> de ses participants au travers du prédicat <strong>et</strong> de ses arguments;<br />

elle fonde l’énoncé, lui pourvoyant simultanément les caractères @unité linguistique<br />

complète <strong>et</strong> @transm<strong>et</strong> un message.<br />

Adoptant c<strong>et</strong>te tripartition, nous pensons que le concept de <strong>syntaxe</strong> que nous avons<br />

défini plus haut doit être subdivisé (figure 3.14). De c<strong>et</strong>te façon, <strong>la</strong> formation de droiture<br />

(Document 1236–07, 7) ou tresfons (Document 1236–07, 3) par affixation d’une<br />

base est un fait relevant de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> de mot, alors que <strong>la</strong> combinaison de ces unités<br />

avec un mot comme lor est un fait de <strong>syntaxe</strong> immédiate:<br />

«[N]os aiderons le vesque <strong>et</strong> l’eglise de lor droitures a maintenir [. . .]» (Document<br />

1242–05–02, 10).<br />

Les re<strong>la</strong>tions qui unissent nos <strong>et</strong> le vesque à aiderons relèvent quant à elles de <strong>la</strong><br />

<strong>syntaxe</strong> argumentale.<br />

3.2.3.2 Des marques à tous les niveaux<br />

Considérons exclusivement les marques de re<strong>la</strong>tions: si <strong>la</strong> partition de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> en<br />

trois zones est légitime, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue doit fournir les moyens d’exprimer les re<strong>la</strong>tions <strong>dans</strong><br />

ces trois zones. Nous nous attendons donc à trouver des marques: 1/ qui explicitent<br />

<strong>la</strong> formation des mots; 2/ qui indiquent les re<strong>la</strong>tions immédiates; 3/ qui indiquent les<br />

re<strong>la</strong>tions argumentales.<br />

a. Syntaxes argumentale <strong>et</strong> immédiate. Le fait qu’une unité soit accordée à une autre<br />

peut relever de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> immédiate, – comme c’est le cas <strong>dans</strong> lors sayaus ci-dessus<br />

–, ou de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> argumentale – comme <strong>dans</strong> nos aiderons. . . <strong>dans</strong> l’exemple abordé.<br />

Toute marque est susceptible de jouer simultanément à ces deux niveaux de <strong>syntaxe</strong>.<br />

Il faudra donc être attentif à ces superpositions. Ainsi, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phrase suivante,<br />

«[N]os volons ke ces choses soient estaules [. . .]» (Document 1242–05–02, 18).<br />

<strong>la</strong> marque du pluriel présente <strong>dans</strong> choses est impliquée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion immédiate qui<br />

lie ce mot à ces <strong>et</strong> contribue également à exprimer <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion (de <strong>syntaxe</strong> phrastique)<br />

qui existe entre choses <strong>et</strong> soient: le fait que ces deux mots s’accordent indique qu’ils<br />

fonctionnent ensemble.<br />

b. Syntaxe de mot. Au niveau de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> de mot, le phénomène est différent.<br />

Comme c’est le cas pour le français moderne (Sout<strong>et</strong> 1998, 5), il nous semble qu’en<br />

ancien français, les constituants du mot n’entr<strong>et</strong>iennent de re<strong>la</strong>tion syntaxique directe<br />

qu’avec le reste du mot qu’ils servent à former. En conséquence, <strong>la</strong> seule cooccurrence<br />

d’une base (ou d’un radical, ou d’un thème) avec une désinence qui lui est compatible<br />

68


suffit à marquer <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion syntaxique qui les unit pour former le mot. On ne trouve<br />

à ce niveau que des re<strong>la</strong>tions minimales. C<strong>et</strong>te désinence marque parfois d’autres re<strong>la</strong>tions<br />

syntaxiques que le mot entier entr<strong>et</strong>ient avec d’autres constituants, mais ces<br />

considérations ne relèvent plus des procédés de combinaison des constituants: si on<br />

évalue une marque du point de vue de sa valeur, on cesse de <strong>la</strong> voir comme un constituant.<br />

Ainsi, <strong>dans</strong> l’exemple ci-dessus, <strong>la</strong> marque segmentale -s à <strong>la</strong> fin de choses entr<strong>et</strong>ient<br />

une re<strong>la</strong>tion avec chose (<strong>syntaxe</strong> de mot), mais à ce niveau, elle ne fait que<br />

fonctionner avec le reste du mot, rien de plus.<br />

3.3 Parties du discours<br />

La section précédente a montré qu’il était possible de séparer d’un côté, les considérations<br />

sur <strong>la</strong> construction des mots <strong>et</strong> <strong>la</strong> manière dont les marqueurs véhiculent les<br />

catégories qui leur sont inhérentes; de l’autre, <strong>la</strong> manière dont les mots entrent en re<strong>la</strong>tion<br />

sur l’axe syntagmatique, ainsi que les moyens formels employés pour marquer<br />

ces re<strong>la</strong>tions. Nous considérerons comme résolues les difficultés posées par le fait que<br />

les marqueurs fonctionnent à ces deux niveaux <strong>et</strong> décrirons ici <strong>la</strong> manière dont nous<br />

concevons <strong>la</strong> construction du mot.<br />

De l’avis de Jack Feuill<strong>et</strong>, 39 <strong>la</strong> littérature sur les «parties du discours» est abondante<br />

<strong>et</strong> les tentatives de définition sont <strong>dans</strong> l’ensemble toujours inabouties, si bien<br />

que l’on songerait à abandonner un concept aussi flou, qui amalgame des considérations<br />

morphosyntaxiques <strong>et</strong> sémantiques sans réellement les distinguer n<strong>et</strong>tement: on<br />

s’échine tant bien que mal à c<strong>la</strong>sser des mots. Les critiques ainsi adressées aux principaux<br />

essais de c<strong>la</strong>ssement paraissent tout à fait fondées. Toutefois, bien que Jack<br />

Feuill<strong>et</strong> propose de renoncer à c<strong>la</strong>sser les mots <strong>et</strong> de se focaliser plutôt sur les grands<br />

constituants, 40 nous devons c<strong>la</strong>sser les mots avant d’entamer (→3.4) l’analyse déductive:<br />

il apparaîtra ultérieurement que certains d’entre eux constituent de véritables<br />

pivots pour <strong>la</strong> description de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> immédiate <strong>et</strong> de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> argumentale.<br />

En premier lieu, nous verrons succinctement ce qu’on peut reprocher aux démarches<br />

de c<strong>la</strong>ssement qui mé<strong>la</strong>ngent les points de vue exposés précédemment<br />

(→3.3.1) <strong>et</strong> pourquoi un c<strong>la</strong>ssement exclusivement syntaxique, à <strong>la</strong> base duquel on<br />

trouve les conceptions de Lucien Tesnière, n’est pas réalisable (→3.3.2). Enfin, nous<br />

montrerons comment nous avons tiré parti de <strong>la</strong> manière dont <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> de mot <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

sémantique (au niveau des catégories exprimées) s’articulent pour é<strong>la</strong>borer le c<strong>la</strong>ssement<br />

r<strong>et</strong>enu (→3.3.3).<br />

3.3.1 L’impasse de <strong>la</strong> voie traditionnelle<br />

Si l’on se borne à suivre les critères de <strong>la</strong> grammaire traditionnelle, <strong>la</strong> définition des<br />

parties du discours se fait sur une base éclectique, qui mé<strong>la</strong>nge sans uniformité les<br />

critères de points de vue hétérogènes – principalement les points de vue morphosyn-<br />

39 Voir entre autres sa conclusion (1988, 71–75).<br />

40 C’est <strong>la</strong> position qu’il défend <strong>dans</strong> Feuill<strong>et</strong> 1983; Feuill<strong>et</strong> 1988.<br />

69


taxique <strong>et</strong> sémantico-référentiel (voir p. 53). Le fait est bien connu <strong>et</strong> l’on reprendra<br />

simplement les observations de Jack Feuill<strong>et</strong>:<br />

«Un des traits les plus remarquables de c<strong>et</strong>te analyse est l’utilisation de critères différents<br />

pour définir les constituants: le nom est ‹le mot qui sert à désigner, à ‘nommer’ les êtres<br />

animés <strong>et</strong> les choses [. . .], non seulement les obj<strong>et</strong>s, mais encore les actions, les sentiments<br />

[<strong>et</strong>c.]› (Grevisse 1969, 172), le verbe ‹est le mot qui exprime soit l’action faite ou subie par<br />

le suj<strong>et</strong>, soit l’existence ou l’état du suj<strong>et</strong>, soit l’union de l’attribut au suj<strong>et</strong>› (Grevisse 1969,<br />

533) [. . .] On a affaire ici à des définitions de type notionnel, alors que pour le pronom (qui<br />

remp<strong>la</strong>ce le nom), l’adjectif (qui accompagne le substantif) [<strong>et</strong>c.], on a des définitions de type<br />

fonctionnel qui se distinguent des définitions de type positionnel utilisées pour <strong>la</strong> préposition<br />

(‹p<strong>la</strong>cée devant› le substantif) [. . .].» (Feuill<strong>et</strong> 1988, 61, typographie modifiée).<br />

Un tel c<strong>la</strong>ssement ne peut servir de base à des dépouillements systématiques, parce<br />

qu’il ne perm<strong>et</strong> pas de déterminer avec exactitude en quelle proportion les phénomènes<br />

observés au niveau du verbe ou du nom, par exemple, sont comparables. De plus, d’un<br />

point de vue plus pratique, il <strong>la</strong>isse une grande <strong>la</strong>titude à l’intuition de l’analyste (un<br />

nom peut également exprimer une action. . .) <strong>et</strong> se révèle très difficile à m<strong>et</strong>tre en œuvre<br />

<strong>dans</strong> le cadre d’un balisage exhaustif. Faute de cadre rigoureusement défini, le point<br />

de vue sémantico-référentiel mène à des résultats peu fiables.<br />

3.3.2 L’impasse de <strong>la</strong> voie syntaxique<br />

Il est donc essentiel de choisir un critère <strong>et</strong> de s’y tenir pour arriver à un c<strong>la</strong>ssement<br />

consistant. Le critère qui paraît le plus rigoureux est d’ordre syntaxique. Pour les linguistes<br />

qui l’adoptent, les lexèmes peuvent être c<strong>la</strong>ssés en fonction de l’information –<br />

stockée <strong>dans</strong> le lexique – qui concerne leurs compatibilités syntaxiques (Feuill<strong>et</strong> 1988,<br />

67–68). C’est <strong>la</strong> perspective de Lucien Tesnière (1965) <strong>et</strong>, à sa suite, de Paul Garde<br />

(1981) <strong>et</strong> d’A<strong>la</strong>in en particulier Lemaréchal (1989).<br />

Lucien Tesnière <strong>et</strong> les partisans de son modèle considèrent que les lexèmes possèdent<br />

intrinsèquement des compatibilités avec d’autres lexèmes, qui leur perm<strong>et</strong>tent<br />

de fonctionner automatiquement avec ces derniers (principe de connexion,→3.2.1);<br />

par exemple, un adjectif <strong>et</strong> un substantif mis en présence l’un de l’autre contracteraient<br />

automatiquement une connexion. C<strong>et</strong>te théorie de <strong>la</strong> connexion va de pair avec<br />

celle de <strong>la</strong> trans<strong>la</strong>tion, qui perm<strong>et</strong>, à l’aide d’autres mots ou morphèmes que Lucien<br />

Tesnière nomme trans<strong>la</strong>tifs, à des mots qui ne sont pas compatibles 41 de contracter<br />

néanmoins une connexion. 42 Il affirme que <strong>dans</strong> le livre d’Alfred, si le substantif Alfred<br />

est capable de se connecter à livre, c’est parce qu’il a été transféré en adjectif. 43<br />

Suivant le modèle tesniérien, Paul Garde c<strong>la</strong>sse ainsi les parties du discours du<br />

russe par rapport aux re<strong>la</strong>tions de dépendance qu’elles peuvent entr<strong>et</strong>enir. 44 Établir<br />

41<br />

Il y a «changement de nature syntaxique» (Tesnière 1965, ch. 151, §19).<br />

42<br />

Lucien Tesnière ne limite pas <strong>la</strong> trans<strong>la</strong>tion à un phénomène marqué par un segment. Il peut<br />

y avoir trans<strong>la</strong>tion sans trans<strong>la</strong>tif (1965, ch. 162, §1). Ce<strong>la</strong> pose le problème méthodologique<br />

des marques ø, sur lequel on ne s’attardera pas ici.<br />

43<br />

Voir cependant Lemaréchal 1989, 129–138 pour une révision de c<strong>et</strong>te analyse, présentée<br />

synthétiquement p. 126 ci-dessous.<br />

44<br />

Voir supra (→3.2.1.1) <strong>la</strong> définition de <strong>la</strong> dépendance <strong>dans</strong> <strong>la</strong> conception de Lucien Tesnière<br />

<strong>et</strong> de ses continuateurs.<br />

70


le c<strong>la</strong>ssement sur ce principe implique cependant qu’on puisse toujours se prononcer<br />

sur le statut des constituants (principal ou subordonné) <strong>et</strong> qu’on ait connaissance de<br />

c<strong>et</strong>te «information sur les rapports syntaxiques» contenue <strong>dans</strong> le principal. Or, le<br />

discernement est loin d’être évident pour l’ancien français (→3.1.3.3).<br />

La voie syntaxique, surtout si elle fait appel à <strong>la</strong> théorie des trans<strong>la</strong>tions, n’est pas<br />

adéquate pour traiter le corpus préa<strong>la</strong>blement à une analyse des re<strong>la</strong>tions. Elle suppose<br />

en eff<strong>et</strong> une vue d’ensemble des rapports entre les mots en présence, vue qui n’est pas<br />

accessible à ce stade. Nous devons donc renoncer à c<strong>et</strong>te voie pour éviter <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>rité<br />

du raisonnement.<br />

3.3.3 Catégories sémantiques grammaticalisées <strong>et</strong> <strong>syntaxe</strong> de mot<br />

Pour disposer d’une base de travail qui serve à construire un modèle des re<strong>la</strong>tions<br />

syntaxiques entre les mots sans faire appel à ces dernières, le seul moyen de procéder<br />

est de décrire les mots du point de vue de leur formation, <strong>et</strong> selon les morphèmes qui<br />

les composent.<br />

Si l’on se résout à ne faire usage que des informations livrées par les lexèmes<br />

en dehors de toute intégration syntaxique, il faut, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure du possible, faire<br />

abstraction des contextes <strong>dans</strong> lesquels ils sont rencontrés pour se focaliser sur le<br />

contenu sémantique de leurs formants. La description se limite ici à <strong>la</strong> manière dont<br />

certains contenus sémantiques abstraits sont exprimés de manière systématique (c’està-dire<br />

les catégories grammaticales).<br />

Nous exploiterons donc le critère morphologique. Le plus gros reproche qui pourrait<br />

lui être fait est qu’il mène à une taxinomie qui «ne saurait prétendre à l’universalité»:<br />

45<br />

«Le principe morphologique, consistant à grouper ensemble les mots ayant un même type<br />

de flexion, est incompatible avec l’universalité, puisqu’il ne peut s’appliquer aux <strong>la</strong>ngues qui<br />

ont une flexion peu développée ou inexistante.» (Garde 1981, 158).<br />

Néanmoins, à c<strong>et</strong> égard, quel que soit le point de référence choisi, aucun c<strong>la</strong>ssement ne<br />

pourrait être va<strong>la</strong>ble pour toutes les <strong>la</strong>ngues. André Martin<strong>et</strong> (1979, §1.12) le confesse<br />

à propos de sa tentative distributionnelle, mais c<strong>et</strong>te limite pourrait également être<br />

va<strong>la</strong>ble pour un c<strong>la</strong>ssement syntaxique:<br />

«Les c<strong>la</strong>sses de monèmes ressemblent à ce qu’on désignait traditionnellement comme les<br />

‹parties du discours›. En renonçant à ce terme, nous marquons simplement qu’il n’y a pas<br />

de parties du discours va<strong>la</strong>bles pour toutes les <strong>la</strong>ngues, <strong>et</strong> qu’il faut, pour chacune d’elles,<br />

distinguer les c<strong>la</strong>sses en fonction de leurs compatibilités particulières.»<br />

La c<strong>la</strong>ssique définition différentielle de <strong>la</strong> valeur des membres du système 46 rend impossible<br />

toute tentative de c<strong>la</strong>ssement universel. Quelle que soit l’optique choisie,<br />

seuls les critères de description peuvent revêtir un caractère général: lié au point de<br />

vue morphosyntaxique, le c<strong>la</strong>ssement en parties du discours est forcément propre à <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue décrite – ce qui n’exclut pas que certaines <strong>la</strong>ngues puissent avoir des inventaires<br />

de parties du discours assez proches.<br />

45 Comme le dit Jack Feuill<strong>et</strong> 1988, 64, qui mentionne l’avis de Paul Garde, cité ici.<br />

46 Cf. Saussure 1967, 158–162.<br />

71


Sur les bases choisies, nous rangeons les mots en trois grandes c<strong>la</strong>sses distinctes:<br />

celle des verbes (→3.3.3.1), celle des noms (→3.3.3.2) <strong>et</strong> celle des adverbes<br />

(→3.3.3.3).<br />

3.3.3.1 Verbes<br />

D’après Jack Feuill<strong>et</strong> (1988, 84), les catégories que sont le temps, le mode <strong>et</strong> l’aspect<br />

doivent, d’un point de vue général, être considérées comme portant sur l’ensemble de<br />

<strong>la</strong> phrase-énoncé plutôt que sur un de ses constituants en particulier – <strong>dans</strong> une optique<br />

de description déductive. Pour l’ancien français, ces catégories sont toujours morphologiquement<br />

rattachées à un mot qui en supporte obligatoirement les marques. 47 Par<br />

commodité, on désignera ce mot du nom de verbe. 48<br />

Par exemple, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phrase:<br />

«La afaita Werris [. . .] a sangor Arnult [. . .] ii verges [7] <strong>et</strong> demie d’aluez» (Document<br />

1267–10–29, 6).<br />

le mot afaita supporte les marques morphologiques (amalgamées <strong>dans</strong> sa désinence)<br />

qui situent <strong>dans</strong> le passé le procès exprimé, <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent également de dire qu’il<br />

s’agit d’une action ponctuelle assumée comme «réelle» par l’énonciateur. Aucune<br />

autre unité de l’énoncé ne le perm<strong>et</strong>: même si certains mots comportent des informations<br />

simi<strong>la</strong>ires (le mot <strong>la</strong> à l’initiale pose le cadre temporel autant que le cadre<br />

spatial), ces mots n’expriment pas ces contenus au moyen de marques morphologiques<br />

systématiques.<br />

Par conséquent, le verbe s’oppose au non-verbe par <strong>la</strong> présence obligatoire d’une<br />

désinence exprimant ces catégories de temps, mode <strong>et</strong> aspect, les catégories verbales.<br />

Suivant ce modèle, il n’est pas possible de rencontrer un verbe sans qu’il soit porteur<br />

de ces informations.<br />

Qu’on ait affaire à des modes «personnels» ou à des formes dites «nominales» du<br />

verbe (participe <strong>et</strong> infinitif), on constate qu’il véhicule ces mêmes catégories. Il est vrai<br />

que l’opposition entre le présent <strong>et</strong> le passé ne doit pas être appliquée sans précaution<br />

aux autres modes que l’indicatif, 49 mais quel que soit le mode, les catégories verbales<br />

expriment toujours une position temporelle par rapport à un repère du même ordre,<br />

ainsi que <strong>la</strong> manière dont le procès est ou non actualisé.<br />

Par ailleurs, ces modes «nominaux» s’opposent aux «déverbaux» par leur caractère<br />

systématique: tous les verbes peuvent être mis au participe ou à l’infinitif, alors<br />

que les dérivations par des suffixes comme -able, -tion ne sont pas prévisibles (elles<br />

relèvent du lexique).<br />

Ce<strong>la</strong> oblige à poser une distinction fondamentale entre des formes comme paiable<br />

47 Nous ignorons ici les cas de coordination, qui impliquent que plusieurs mots comportent des<br />

morphèmes grammaticaux coréférents à ces mêmes catégories (→3.4.7.2).<br />

48 Le fait semble fort répandu, si l’on en croit David Cohen (1989, 264), qui n’hésite pas à<br />

proposer, d’un point de vue général: «Le verbe, conjonction de phrase, en tant qu’il est le<br />

lieu où se manifeste <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion prédicative, tend à être chargé des morphèmes généraux de <strong>la</strong><br />

phrase <strong>et</strong> se manifester ainsi, éventuellement, <strong>dans</strong> des formes marquées comme ‹aspectives›,<br />

‹temporelles›, ‹diathétiques›, ‹personnelles›, <strong>et</strong>c.» Voir en outre Cohen 1989, 53.<br />

49 Voir Wilm<strong>et</strong> 2003, § 374s., spéc. § 374 <strong>et</strong> 377.<br />

72


(Document 1259–05, 4) <strong>et</strong> paier (Document 1259–01–16, 6), <strong>la</strong> première ne comportant<br />

pas de morphèmes exprimant des catégories verbales. Le modèle ne se prononce<br />

pas sur le statut des morphèmes constitutifs pris isolément. L’équivalence des environnements<br />

– les deux formes peuvent avoir un complément qui commence par le mot a<br />

<strong>et</strong> qui précise <strong>la</strong> valeur sémantique du complément comme celui du bénéficiaire, voir<br />

sous 3.4.4.2 –, est un phénomène touchant le lexique <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> qu’il n’est pas du<br />

ressort du présent c<strong>la</strong>ssement d’expliquer. 50<br />

C<strong>et</strong>te première c<strong>la</strong>sse correspond donc exactement à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse traditionnelle des<br />

verbes, dont les grammairiens décrivent <strong>la</strong> flexion («conjugaison»). 51<br />

Nous aurons l’occasion de constater que c<strong>et</strong>te propriété morphologique du verbe,<br />

qui le p<strong>la</strong>ce au centre de <strong>la</strong> proposition, est une base opératoire très utile pour commencer<br />

l’analyse des re<strong>la</strong>tions (→3.4.1.2).<br />

3.3.3.2 Noms<br />

Parmi les non-verbes, certains lexèmes sont capables de véhiculer les marqueurs exprimant<br />

les catégories du genre <strong>et</strong> du nombre. Ces catégories sont plus faciles à rattacher<br />

aux mots que les catégories verbales. Même chez les plus réticents à partir des unités<br />

les plus p<strong>et</strong>ites, on constate que «le genre est une propriété de <strong>la</strong> base» (Feuill<strong>et</strong><br />

1988, 96), 52 alors que le nombre est une catégorie qui se manifeste souvent de manière<br />

discontinue, sur plusieurs mots. Ces catégories sont dites catégories nominales <strong>et</strong> les<br />

non-verbes qui sont susceptibles de les véhiculer sont des noms. Notons que le fait de<br />

supporter pareilles catégories n’est pas l’apanage de ces derniers, <strong>et</strong> que les formes<br />

dites «participiales» des verbes peuvent également les exprimer.<br />

Nous poserons trois questions importantes au suj<strong>et</strong> de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse des noms: (a) qu’en<br />

est-il de <strong>la</strong> flexion casuelle? (b) peut-on parler de «pronoms»? (c) peut-on distinguer<br />

le «substantif» de l’«adjectif»?<br />

a. Flexion casuelle. Le cas «n’est pas une catégorie» (Feuill<strong>et</strong> 1988, 97). En eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong><br />

variation morphologique casuelle n’indique pas un contenu sémantique descriptible<br />

en dehors de toute re<strong>la</strong>tion contractée sur le p<strong>la</strong>n syntagmatique. Par exemple les occurrences<br />

de homme <strong>dans</strong> les phrases suivantes<br />

«[. . . ] je Lowis Naveaz, [. . .] <strong>et</strong> li autre homme de_le Cize Deu faisons kenoiestre verité»<br />

(Document 1260–02–21a, 1).<br />

«Johans, archeprestres de Liege, a <strong>la</strong> requeste des hommes [. . .] de_le Chize De〈u〉 [. . .] avons<br />

pendut a ces l<strong>et</strong>tres presentes nostre saial » (Document 1260–02–21a, 18).<br />

sont toutes deux des masculins pluriels, <strong>la</strong> différence de contenu ne s’envisage que par<br />

rapport aux re<strong>la</strong>tions que le mot entr<strong>et</strong>ient avec son entourage. 53 Néanmoins, même<br />

50 Voir les réflexions sur le parallélisme entre le niveau argumental <strong>et</strong> le niveau immédiat, à <strong>la</strong><br />

fin de→3.4.6.1 a <strong>et</strong>→3.4.6.1 b. Pour les problèmes que ce parallélisme pose,→3.4.7.1.<br />

51 Voir, par exemple, Moign<strong>et</strong> 1988, 52–81.<br />

52 Comme les catégories que l’auteur dit «d’espèce», comme animé/inanimé, humain/non humain,<br />

qui ont peu d’implication pour l’ancien français.<br />

53 Dans <strong>la</strong> mesure où <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> est <strong>la</strong> forme linguistique d’expression de ce procès, on pourra<br />

tirer profit de <strong>la</strong> flexion casuelle pour caractériser les re<strong>la</strong>tions, voir l’exposé sous→3.4.2.2.<br />

73


s’il n’est pas une catégorie, le cas reste une propriété morphologique <strong>et</strong> peut être mis<br />

à contribution pour affiner le c<strong>la</strong>ssement.<br />

b. Statut du «pronom». De fait, les mots qui acceptent <strong>la</strong> flexion casuelle sont de plusieurs<br />

sortes: ils peuvent suivre des paradigmes différents («déclinaisons»), que les<br />

grammaires de l’ancienne <strong>la</strong>ngue distinguent <strong>et</strong> énumèrent. 54 Ce n’est pas le lieu de<br />

se prononcer sur les éventuelles «<strong>la</strong>cunes» ou «faiblesses» du système casuel en ancien<br />

français <strong>et</strong> sur son hétérogénéité. Il est plus utile de constater simplement que les<br />

noms ont, de ce point de vue, un potentiel expressif plus ou moins riche; certains noms<br />

perm<strong>et</strong>tent l’expression de plus de deux cas: les «pronoms personnels de <strong>la</strong> troisième<br />

personne» <strong>et</strong> les «pronoms re<strong>la</strong>tifs». On réservera ici le terme pronom (Pn) à ces noms<br />

dont le paradigme perm<strong>et</strong> <strong>la</strong> distinction de plus de deux cas – ce qui exclut je, tu, nos<br />

<strong>et</strong> vos. 55<br />

Nous tirerons parti de c<strong>et</strong>te richesse flexionnelle pour analyser <strong>la</strong> construction de<br />

<strong>la</strong> proposition autour du verbe (→3.4.2.2 a).<br />

c. Distinction «substantif» vs «adjectif». D’autre part, nous préférons ne pas distinguer<br />

ici une éventuelle c<strong>la</strong>sse des «adjectifs» <strong>et</strong> une c<strong>la</strong>sse de «substantifs» par rapport<br />

à leurs compatibilités syntaxiques (avec le mot «intensifieur» trés, par exemple, qui<br />

obligent à parler d’«adjectifs substantivés» 56 ) ou sémantiques.<br />

En ce qui concerne <strong>la</strong> taxinomie présentée, <strong>la</strong> distinction de c<strong>la</strong>sse ne serait justifiée<br />

que si elle était fondée sur un critère morphologique: les «adjectifs» seraient<br />

des noms acceptant deux genres, alors que les «substantifs» n’en accepteraient qu’un<br />

seul. On serait alors forcé d’adm<strong>et</strong>tre que les quelques «substantifs» qui possèdent ce<br />

potentiel, comme <strong>la</strong> paire marchise <strong>et</strong> marchis sont des «adjectifs», comme le montre<br />

l’extrait suivant:<br />

«Je, Ermesens, contesse de Lucemborg <strong>et</strong> de_La Roche <strong>et</strong> marchise d’Erlons, <strong>et</strong> je, Hanris,<br />

ses fiz, cuens [2] de Lucemborg <strong>et</strong> marchis d’Erlons, fasons conissant [. . .]» (Document<br />

1243–07–09, 1).<br />

Mieux vaudrait, <strong>dans</strong> ces conditions, opter pour une autre terminologie, qui m<strong>et</strong>trait<br />

en évidence <strong>la</strong> distinction. 57<br />

Nous trouvons raisonnable de distinguer les pronoms des autres noms, mais il ne<br />

nous a pas paru nécessaire d’affiner davantage le c<strong>la</strong>ssement.<br />

3.3.3.3 Adverbes<br />

Ce c<strong>la</strong>ssement <strong>la</strong>isse un groupe qui se caractérise négativement par le fait qu’il n’est<br />

porteur ni de catégories verbales, ni de catégories nominales; les unités de ce groupe<br />

seront nommées adverbes.<br />

On conviendra qu’il ne faut pas traiter ici le problème des unités que l’on désigne<br />

sous les noms de «prépositions» <strong>et</strong> «conjonctions»: en vertu de <strong>la</strong> définition choisie,<br />

54<br />

Voir, par exemple, Wagner 1974, 91–107 ou Moign<strong>et</strong> 1988, 17–27.<br />

55<br />

Ce<strong>la</strong> exclut les pronoms au sens d’Émile Benveniste (1946), qui les c<strong>la</strong>sse suivant un critère<br />

sémantique.<br />

56<br />

Ou même l’inverse. . . voir Buridant 2000, §70 pour un exemple f<strong>la</strong>grant.<br />

57<br />

Par exemple, noms monogenres (comme homme), épicènes (comme afr. tel ou grand) <strong>et</strong><br />

bigenres (comme afr. p<strong>et</strong>it ou marchis).<br />

74


partie du discours<br />

@lexème<br />

@définie par des marques flexionnelles<br />

verbe<br />

@catégorie verbale<br />

non-pronom<br />

@paradigme pauvre<br />

nom<br />

@catégorie nominale<br />

non-verbe<br />

@sans catégorie verbale<br />

pronom<br />

@paradigme riche<br />

FIG. 3.15 – Types de parties du discours<br />

adverbe<br />

@sans catégorie nominale<br />

il s’agit bien d’adverbes, 58 puisqu’ils n’expriment ni des catégories verbales, ni des<br />

catégories nominales. Or, les distinguer des autres adverbes ne pourrait se faire que<br />

sur des bases syntaxiques <strong>et</strong> distributionnelles, ce qui n’est pas le propos d’un c<strong>la</strong>ssement<br />

morphologique. Il va sans dire que le foisonnement des valeurs sémantiques<br />

véhiculées par les adverbes ne sera pas abordé ici. 59<br />

3.3.4 Synthèse<br />

a. Hiérarchie des concepts. Nous avons donc défini les c<strong>la</strong>sses morphologiques de<br />

l’ancien français des chartes, que nous nommons parties du discours, par <strong>la</strong> hiérarchie<br />

conceptuelle de <strong>la</strong> figure 3.15.<br />

b. Rec<strong>la</strong>ssement des «parties du discours» traditionnelles. En accord avec ce c<strong>la</strong>ssement,<br />

nous rangeons les parties du discours traditionnelles (mentionnées entre guillem<strong>et</strong>s)<br />

comme suit.<br />

La c<strong>la</strong>sse des verbes contient les «verbes» traditionnels, ce qui exclut les déverbaux<br />

par dérivation.<br />

La c<strong>la</strong>sse des pronoms rassemble les «pronoms» personnels de <strong>la</strong> troisième personne<br />

<strong>et</strong> les re<strong>la</strong>tifs, ce qui exclut tous les autres «pronoms», qu’ils soient personnels<br />

(je, tu,. . .), possessifs (mien, tien, sien,. . .), démonstratifs, (cest, cel, <strong>et</strong>c.) ou indéfinis<br />

(autre, certain, <strong>et</strong>c.).<br />

Parmi les noms qui ne sont pas des pronoms, nous trouvons les «substantifs» <strong>et</strong><br />

«adjectifs» (en ce compris les déverbaux comme paiable), ainsi que tous les «pro-<br />

58 À ce propos, Jack Feuill<strong>et</strong> (1983, 25) déc<strong>la</strong>re: «le critère morphologique n’est pas non plus<br />

satisfaisant: certaines <strong>la</strong>ngues ‹iso<strong>la</strong>ntes› n’auraient plus qu’une seule partie du discours; le<br />

français réunirait <strong>dans</strong> une c<strong>la</strong>sse unique adverbes, conjonctions, prépositions <strong>et</strong> interjections.»<br />

Mais quel problème y a-t-il à ce<strong>la</strong>? On peut très bien c<strong>la</strong>sser les unités d’un point<br />

de vue morphologique, puis d’un point de vue syntaxique. Il est normal que les descriptions<br />

ainsi focalisées regroupent en une seule c<strong>la</strong>sse des unités dont on perçoit intuitivement <strong>la</strong><br />

disparité. L’erreur serait de vouloir d’emblée mé<strong>la</strong>nger les critères.<br />

59 Voir→3.4.4.4 <strong>et</strong>→3.4.6.3. D’un point de vue syntaxique, les prépositions <strong>et</strong> conjonctions<br />

sont liées à des fonctions particulières.<br />

75


noms» qui n’entrent pas <strong>dans</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse précédente, mais comportent des marques de<br />

genre <strong>et</strong> de nombre (ce qui exclut en, ici, <strong>la</strong>, <strong>et</strong>c.).<br />

Quant aux adverbes, ils regroupent les traditionnels «adverbes» (alors, pourtant,<br />

<strong>et</strong>c.), mais aussi les «prépositions» (de, a, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> «conjonctions» (se, quand, ou, <strong>et</strong>c.)<br />

qui n’entrent pas <strong>dans</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse des pronoms (comme le re<strong>la</strong>tif qui). La c<strong>la</strong>sse comprend<br />

également les «adverbes pronominaux», auxquels nous avons refusé le statut<br />

morphologique de pronom.<br />

c. Nécessité de <strong>la</strong> mise en contexte. La c<strong>la</strong>ssification des lexèmes «en <strong>la</strong>ngue» reste<br />

cependant impossible à réaliser sans observer les faits de discours <strong>et</strong> sans opérer des<br />

commutations. Ce sont les phénomènes d’accord qui, à c<strong>et</strong> égard, sont les plus révé<strong>la</strong>teurs.<br />

Ainsi, les catégories supportées par un mot ne portant pas de désinence peuvent<br />

être décelées quand il est accordé avec d’autres mots. Par exemple, le mot pais est<br />

«indéclinable», mais une attestation du type<br />

«le 60 pais ki est faite entre mon signor le veske de Liege [. . .] <strong>et</strong> Waleran» (Document<br />

1237–09–16, 2).<br />

perm<strong>et</strong> de constater (par l’accord du participe passé de faire) que pais supporte en<br />

l’occurrence les catégories du féminin <strong>et</strong> du singulier <strong>et</strong> est donc un nom <strong>et</strong> non un<br />

adverbe.<br />

3.4 Description analytique de l’ancien français des chartes<br />

Poursuivons notre analyse à partir des unités «données» (→3.1.2). Après avoir c<strong>la</strong>ssé<br />

les mots <strong>et</strong> <strong>la</strong> manière dont ils sont construits, essayons de comprendre comment les<br />

textes fonctionnent, en descendant progressivement <strong>dans</strong> <strong>la</strong> hiérarchie des structures<br />

pour revenir au mot. Nous aurons ainsi, par une démarche déductive, examiné les<br />

re<strong>la</strong>tions à tous les niveaux entre nos deux unités de base, qui constituent les bornes<br />

de l’analyse présentée <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te section.<br />

C’est à Louis Hjelmslev que l’on doit <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion limpide du principe d’analyse<br />

déductive (ou analytique) en linguistique:<br />

«Le seul procédé possible pour dégager le système qui sous-tend ce texte 61 est une analyse<br />

qui considère le texte comme une c<strong>la</strong>sse analysable en composantes; ces composantes sont<br />

à leur tour considérées comme des c<strong>la</strong>sses analysables en composantes, <strong>et</strong> ainsi de suite,<br />

jusqu’à exhaustion des possibilités de l’analyse. [. . .] La linguistique contemporaine [. . .]<br />

a désigné ce procédé, <strong>et</strong> d’autres plus [22] ou moins analogues, du terme de déduction.»<br />

(Hjelmslev 1968, 21–22).<br />

La première subdivision du texte, ainsi que toutes les divisions ultérieures,<br />

consistent en l’inventaire des unités de niveau hiérarchique directement subordonné.<br />

Les unités résultant de chaque division ont un statut simi<strong>la</strong>ire par rapport à c<strong>et</strong>te dernière.<br />

Si le découpage du texte isole des énoncés, tout segment résultant de c<strong>et</strong>te division<br />

devra être considéré comme un énoncé. Pratiquement, ce<strong>la</strong> signifie qu’il n’est<br />

60<br />

En dialecte liégeois, dont <strong>la</strong> scripta <strong>la</strong>isse parfois paraître des traits (Remacle 1948), l’«article<br />

défini» est épicène.<br />

61<br />

C’est-à-dire celui qui est ‹donné› au linguiste (→3.1.2.1).<br />

76


pas possible d’isoler des segments qui, bien que n’étant pas des énoncés (comme des<br />

syntagmes, par exemple), soient de même niveau que des énoncés.<br />

Pour des raisons qui apparaîtront <strong>dans</strong> l’exposé, nous ne pourrons appliquer rigoureusement<br />

<strong>la</strong> démarche déductive à notre corpus. Notre recherche de solutions<br />

pratiques sera parfois incompatible avec c<strong>et</strong>te position théorique. Du point de vue de<br />

l’élégance de l’analyse, ce<strong>la</strong> est bien décevant, mais il ne peut en être autrement.<br />

Néanmoins, il nous a semblé pertinent d’organiser notre exposé de manière analytique.<br />

La description analytique de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue des chartes m<strong>et</strong> en évidence quatre types<br />

d’éléments significatifs, jouant à quatre niveaux d’intégration différents.<br />

En premier lieu, nous analysons <strong>la</strong> manière dont le texte est décomposable en<br />

énoncés. Ce niveau d’intégration ne relève pas de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>, mais perm<strong>et</strong> d’en définir<br />

les limites. Il fera l’obj<strong>et</strong> du premier développement, qui sera l’occasion de définir <strong>la</strong><br />

phrase par rapport à l’énoncé (→3.4.1). Au niveau d’intégration situé directement endessous<br />

de <strong>la</strong> combinaison des énoncés intervient <strong>la</strong> constitution de <strong>la</strong> phrase-énoncé,<br />

organisant les termes autour d’un noyau verbal, organisation qui relève de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong><br />

de <strong>la</strong> phrase, 62 que nous avons qualifiée d’argumentale (→3.4.2). Vient ensuite<br />

le niveau de <strong>la</strong> construction du noyau verbal (→3.4.3) <strong>et</strong> de ses grands constituants<br />

arguments, où des moyens morphosyntaxiques sont mis en œuvre pour c<strong>la</strong>rifier ou<br />

spécifier <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qu’ils entr<strong>et</strong>iennent avec le verbe (→3.4.4). Les énoncés qui ne<br />

sont pas des phrases ne pourront être analysés de <strong>la</strong> même manière (→3.4.5). Enfin,<br />

l’agencement de constituants <strong>dans</strong> un cadre indépendant du procès exprimé – c’est-àdire<br />

les faits de <strong>syntaxe</strong> proprement immédiate (voir également→3.2.3.1) – constitue<br />

le dernier type de niveau d’intégration (→3.4.6).<br />

Une fois c<strong>et</strong>te hiérarchie présentée, il restera à aborder les phénomènes <strong>et</strong> problèmes<br />

d’analyse généraux qu’on peut rencontrer à tous ces niveaux (→3.4.7).<br />

3.4.1 Du texte à <strong>la</strong> phrase, en passant par l’énoncé<br />

En guise de première approche, nous dirons que le texte se compose d’une succession<br />

d’énoncés <strong>et</strong> que <strong>la</strong> première étape de l’analyse consiste à distinguer ces derniers<br />

les uns des autres. Pour commencer, voyons en quoi il est impossible de procéder<br />

de manière purement analytique pour faire ce premier découpage. Nous opposerons<br />

l’énoncé à <strong>la</strong> phrase, ce que nous n’aurions pu faire jusqu’à présent (→3.4.1.1). En définissant<br />

<strong>la</strong> phrase de manière empirique, nous distinguerons les énoncés qui sont des<br />

phrases de ceux qui n’en sont pas (→3.4.1.2). Enfin, viendra le détail des règles suivies<br />

pour résoudre les problèmes que pose c<strong>et</strong>te première étape <strong>dans</strong> <strong>la</strong> segmentation<br />

(→3.4.1.3).<br />

3.4.1.1 Délimiter l’énoncé <strong>et</strong> <strong>la</strong> phrase: limites de <strong>la</strong> démarche analytique<br />

Avant d’aborder l’analyse syntaxique de <strong>la</strong> phrase-énoncé, il faut trouver le moyen<br />

de segmenter le corpus de manière systématique, à l’aide de critères qui ne relèvent<br />

idéalement pas de l’organisation syntaxique de <strong>la</strong> phrase. L’intérêt de l’approche est<br />

évident: exclure les faits syntaxiques du processus de segmentation perm<strong>et</strong>trait d’éviter<br />

<strong>la</strong> circu<strong>la</strong>rité. Il paraît donc logique de dire:<br />

62 Voir→3.2.3.1.<br />

77


«[L]a décomposition du texte en phrases ne saurait se faire sur le modèle de <strong>la</strong> décomposition<br />

de <strong>la</strong> phrase en ses unités inférieures.» (Sout<strong>et</strong> 1998, 8).<br />

La question qui se pose évidemment d’emblée est de savoir comment délimiter<br />

les unités intégrées pour former le texte, sans se servir de ce qu’elles contiennent pour<br />

procéder. 63 Les tenants de <strong>la</strong> glossématique préconisent ainsi le recours à <strong>la</strong> prosodie<br />

pour déterminer les contours de <strong>la</strong> phrase:<br />

«Le point de départ d’une procédure analytique est <strong>la</strong> phrase du contenu, définie par son<br />

rapport avec <strong>la</strong> modu<strong>la</strong>tion [c’est-à-dire <strong>la</strong> prosodie]. La matière première de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> est<br />

donc un inventaire de toutes les unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue qui peuvent jouer le rôle de phrase.»<br />

(Togeby 1965, 62).<br />

Mais c<strong>et</strong>te façon de faire pose problème. En eff<strong>et</strong>, si l’on n’hésite pas à faire de l’intonation<br />

une propriété de l’obj<strong>et</strong> recouvert par le concept d’énoncé,<br />

«[. . .] une production linguistique acceptée par les locuteurs natifs comme complète <strong>et</strong> possédant<br />

une intonation reconnue comme liée à ce fait.» (Hagège 1999, 27).<br />

de manière générale, l’énoncé ne correspond toutefois pas forcément à <strong>la</strong> phrase.<br />

Prenons un exemple moderne (pour éviter de compliquer l’exposé): les segments La<br />

porte! ou Magnifique! prononcés <strong>dans</strong> des situations adéquates sont considérés comme<br />

des énoncés – suivant <strong>la</strong> définition donnée précédemment (→3.1.3.1 a) –, mais ils<br />

obéissent à des règles de formation différentes de celles mobilisées pour construire<br />

Ferme <strong>la</strong> porte, il fait froid! ou C<strong>et</strong>te p<strong>la</strong>nte est magnifique!, qu’on considère généralement<br />

comme des phrases. 64 L’intonation peut donc se révéler impropre à délimiter<br />

les phrases. Comme le dit André Martin<strong>et</strong> (1979, §1.25), 65<br />

«Il s’y ajoute souvent une courbe de <strong>la</strong> mélodie du discours avec montée initiale <strong>et</strong> descente<br />

finale, par exemple, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phrase à deux prédicats coordonnées Il est venu, puis il est reparti.<br />

Il peut y avoir contradiction entre l’unité assurée par les re<strong>la</strong>tions internes <strong>et</strong> celle que suggère<br />

<strong>la</strong> mélodie du discours; <strong>dans</strong> Il pleut. . . Je ne sors pas, par exemple, avec <strong>la</strong> montée initiale<br />

de <strong>la</strong> courbe <strong>et</strong> descente sur <strong>la</strong> finale, <strong>la</strong> mélodie suggère une seule phrase. Mais l’absence<br />

de marque de liaison entre les deux parties de l’énoncé nous amène à interpréter c<strong>et</strong> énoncé<br />

comme composé de deux phrases.»<br />

Cependant, c<strong>et</strong>te prosodie est inaccessible; <strong>et</strong> se servir de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> pour délimiter<br />

les phrases serait une faute de méthode f<strong>la</strong>grante <strong>dans</strong> une recherche qui vise<br />

précisément à établir les conditions <strong>et</strong> modalités d’une telle corré<strong>la</strong>tion. Le regard<br />

autonomiste sur <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite rend utopique <strong>la</strong> démarche proprement déductive. Il<br />

n’est pas possible de délimiter les énoncés à l’aide d’indices qui leur seraient tous exté-<br />

63 La démarche analytique l’interdit en eff<strong>et</strong>: «[Des] linguistes américains, comme Bloch <strong>et</strong><br />

Haas, emploient apparemment <strong>la</strong> démarche analytique, mais en réalité <strong>la</strong> procédure inverse,<br />

toute unité étant définie par ses parties: major sentence, par exemple, par le fait de contenir<br />

final c<strong>la</strong>use, c<strong>la</strong>use par predicate, predicate par inflected expression.» (Togeby 1965, 61).<br />

64 «Ces énoncés syntaxiquement achevés [les phrases] se distinguent par là d’énoncés qui le<br />

cas échéant s’avèrent à peu près équivalents en tant que véhicules d’un message donné <strong>dans</strong><br />

une situation de communication donnée, mais ne se prêtent pas aux mêmes transformations.»<br />

(Creissels 1995, 33).<br />

65 Et, pareillement, Leonard Bloomfield (1970, 161).<br />

78


ieurs. Nous sommes forcé de les situer par rapport aux constituants qu’ils contiennent<br />

ou à ceux qui sont intégrés à d’autres phrases: pour déterminer l’étendue d’une unité<br />

syntaxique, on a le plus souvent besoin de connaître les limites de ses constituants <strong>et</strong><br />

de comprendre les re<strong>la</strong>tions que ces constituants entr<strong>et</strong>iennent.<br />

Nous devons nous résoudre à délimiter l’énoncé <strong>et</strong> <strong>la</strong> phrase de manière empirique,<br />

à l’aide des constatations des grammairiens de l’ancien français.<br />

3.4.1.2 Phrases-énoncés <strong>et</strong> énoncés non phrastiques<br />

Devant c<strong>et</strong>te difficulté, nous définirons <strong>la</strong> phrase de manière empirique comme<br />

l’énoncé correspondant à <strong>la</strong> phrase «verbale» traditionnelle (→a), l’opposant ainsi<br />

aux constructions qui n’ont pas c<strong>et</strong>te particu<strong>la</strong>rité (→b).<br />

a. Définition empirique. Pratiquement, délimiter les énoncés ne serait pas chose aisée<br />

si l’on n’était aidé par une observation empirique essentielle. Les philologues <strong>et</strong><br />

linguistes de l’ancien français ont en eff<strong>et</strong> remarqué que, pour reprendre les termes traditionnels,<br />

<strong>la</strong> phrase était le plus souvent «verbale», c’est-à-dire fondée sur un «verbe<br />

conjugué à un mode personnel» (qu’on nommera prédicat par commodité), ce qui<br />

correspond à un verbe portant des marques de <strong>la</strong> catégorie de <strong>la</strong> personne (→3.3.3):<br />

«La phrase sans verbe est rare en AF <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue littéraire. On <strong>la</strong> trouve surtout <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue parlée 66 (ordres, exc<strong>la</strong>mations) <strong>et</strong> <strong>dans</strong> le style concis des maximes <strong>et</strong> des proverbes.»<br />

(Ménard 1994, §203).<br />

Au vu des exemples relevés <strong>dans</strong> les grammaires, les phrases «non verbales» sont<br />

employées <strong>dans</strong> des situations d’énonciation très spécifiques, ou sont insérées <strong>dans</strong><br />

des discours où elles ont une p<strong>la</strong>ce prédéterminée. Gérard Moign<strong>et</strong> (1988, 97), qui<br />

ne donne comme exemple de phrase non verbale que <strong>la</strong> phrase «nominale», cite deux<br />

exemples de proverbes: 67<br />

«Les mors as mors, les vis as vis.» (Perceval, 3630).<br />

«de bien fait col frait [=‘rompu’].» (Renart, 9518).<br />

ainsi que quatre exemples d’exc<strong>la</strong>mation<br />

«quel mal, quel duel, quel felonie qu’en tel guise estes perie!» (Pir. Tisbé, 722).<br />

«Le vin aforé [= ‘mis en perce’] de nouvel. . .!» (S. Nic., 642).<br />

«Hareu! le leu! le leu! le leu!» (Robin <strong>et</strong> Mar., 603).<br />

«Escaper, li fil a putain!» (S. Nic., 442). 68<br />

On s’attend à ce que l’immense majorité des phrases rencontrées soient «verbales».<br />

Il est donc légitime de partir de <strong>la</strong> «phrase verbale» pour commencer à segmenter le<br />

66<br />

C’est-à-dire <strong>dans</strong> <strong>la</strong> représentation écrite que les textes livrent de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue parlée.<br />

67<br />

Nous modifions <strong>la</strong> typographie. C<strong>la</strong>ude Buridant (2000, §69) cite une partie de ces mêmes<br />

exemples <strong>et</strong> des suivants.<br />

68<br />

Gérard Moign<strong>et</strong> souligne qu’il s’agit ici d’un «cas suj<strong>et</strong>».<br />

79


texte, pour peu qu’on ne lui assigne pas une structure a priori qui fausserait l’analyse.<br />

69<br />

D’une certaine manière, <strong>la</strong> démarche, contrainte par <strong>la</strong> difficulté inhérente aux<br />

matériaux, se rapproche de celle d’André Martin<strong>et</strong> (1979, §1.25, nous soulignons): 70<br />

«On appelle phrase l’ensemble des monèmes qui sont reliés par des rapports de détermination<br />

ou de coordination 71 à un même prédicat ou à plusieurs prédicats coordonnés.»<br />

Pareille approche n’est pas si éloignée de celle de Lucien Tesnière, qui faisait du verbe<br />

le nœud des nœuds (→3.2.1).<br />

Si l’on conserve <strong>la</strong> définition de l’énoncé telle qu’elle a été donnée ci-dessus<br />

(→3.1.3.1 a), ce n’est pas <strong>la</strong> présence ou non d’un verbe fléchi à un mode personnel<br />

qui détermine si un segment linguistique employé <strong>dans</strong> une certaine situation signifie<br />

quelque chose <strong>et</strong> est proféré selon une visée communicative particulière: seul le<br />

point de vue morphosyntaxique se doit de rendre compte de c<strong>et</strong>te différence avec une<br />

phrase verbale. Par souci d’économie, les phrases verbales étant majoritaires, nous<br />

réserverons désormais l’emploi du terme phrase à ces dernières. Nous distinguerons<br />

dès lors: des énoncés qui sont des phrases (phrases-énoncés); des énoncés qui ne sont<br />

pas des phrases (énoncés non phrastiques). Le mot phrase renverra donc à une certaine<br />

forme d’organisation morphosyntaxique, où le procès est exprimé à l’aide d’un<br />

lexème de nature verbale (→3.3.3.1) conjugué à un mode personnel <strong>et</strong> où le reste des<br />

constituants s’organisent autour de lui. La propriété fondé sur un verbe conjugué à<br />

un mode personnel perm<strong>et</strong> de délimiter l’intension de <strong>la</strong> phrase à l’intérieur de celle<br />

de l’énoncé. La conséquence pratique de c<strong>et</strong>te conception est que nous considérons<br />

qu’aucun énoncé n’est constitué de plusieurs phrases.<br />

En vertu des principes exposés, le texte suivant 72 est aisément divisé en énoncés<br />

distincts (que nous avons, selon l’usage moderne, séparés par des points):<br />

*Nos fasons connissance de veriteit. Sacent tuit cilh qui sunt <strong>et</strong> qui a_venir sunt que, par<br />

devant nos, vinrent Elyas c’om dist li Coens, dame Lyse, sa feme, Frankes Brebenchons<br />

<strong>et</strong> Lowis, d’une part, <strong>et</strong> freres Pieres, d’autre. La conurent ilh, Elyas, dame Lyse, sa feme,<br />

Frankes <strong>et</strong> Lowis desoure nomeis, que de <strong>la</strong> quarte partie des wendes noves c’om dist de<br />

<strong>la</strong> Costerie, avoient fait don <strong>et</strong> vesture a frere Piron devant nomeit. Si orent en_covent par<br />

devant nos Elyas, dame Lyse, sa feme, Frankes <strong>et</strong> Lowis que jamais n’en iroient encontre cele<br />

vesture que ilh avoient fait. Par ce que ce soit plus ferme cose <strong>et</strong> plus estable avons a ceste<br />

presens l<strong>et</strong>res pendut nos saieaus en tesmongage de veriteit. Ce fu fait l’an del Incarnation<br />

Nostre Saingnor m cc lx <strong>et</strong> s<strong>et</strong>, le joedi aprés le Grant Quareme. (texte artificiel construit en<br />

simplifiant Document 1268–03–01)<br />

Seule une démarche synthétique (<strong>et</strong> le recours aux structures examinées <strong>dans</strong> les<br />

sections suivantes) perm<strong>et</strong>trait de pallier le manque d’une connaissance intuitive de<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>et</strong> <strong>la</strong>isserait juger de <strong>la</strong> complétude d’une structure. Dans les constructions<br />

69<br />

Comme le schème de réécriture générativiste P→SN + SV (Feuill<strong>et</strong> 1988, 77–81).<br />

70<br />

La question de <strong>la</strong> coordination sera abordée ci-dessous,→3.4.7.2.<br />

71<br />

Voir→3.4.1.3 <strong>et</strong>→3.4.7.2 à ce suj<strong>et</strong>.<br />

72<br />

L’exemple a été fortement simplifié pour les besoins de l’exposé. Aucun texte du corpus ne<br />

pourrait être aussi facilement segmenté.<br />

80


suivantes, qui constituent des phrases-énoncés, on voit que chaque fin d’énoncé est<br />

marquée par le début du suivant, <strong>et</strong> vice versa: 73<br />

1. Nos fasons connissance de veriteit.<br />

2. Sacent tuit cilh qui sunt <strong>et</strong> qui a_venir sunt que, par devant nos, vinrent Elyas c’om<br />

dist li Coens, [3] dame Lyse, sa feme, Frankes Brebenchons <strong>et</strong> Lowis, d’une part, <strong>et</strong><br />

freres Pieres, d’autre.<br />

3. La conurent ilh, Elyas, dame Lyse, sa feme, Frankes <strong>et</strong> Lowis desoure nomeis, que<br />

de <strong>la</strong> quarte [6] partie des wendes noves c’om dist de <strong>la</strong> Costerie, avoient fait don <strong>et</strong><br />

vesture a frere Piron devant nomeit.<br />

<strong>et</strong>c.<br />

Intuitivement, on remarque déjà que les «propositions subordonnées» de <strong>la</strong> grammaire<br />

traditionnelle sont structurées de manière simi<strong>la</strong>ire aux phrases. 74<br />

b. Énoncés non phrastiques. Le cas des énoncés non phrastiques ne complique pas<br />

vraiment les choses. À <strong>la</strong> suite d’une division du type de celle qui vient d’être exposée,<br />

les segments qu’on ne peut voir comme des phrases pour des raisons morphologiques<br />

font forcément partie de <strong>la</strong> deuxième catégorie d’énoncés, puisque chaque<br />

segmentation isole des unités de même niveau. 75<br />

Le protocole 76 prend souvent <strong>la</strong> forme d’un énoncé non phrastique, comme:<br />

«A_tos ceas qui ces presens l<strong>et</strong>res veront, li homme delle Cise Deu, salus <strong>et</strong> conoiestre [2]<br />

verité.» (Document 1267–10–22, 1).<br />

Celui-ci reste inanalysé quand les phrases ont toutes été identifiées.<br />

En outre, les chartes sont des documents fortement formalisés, <strong>et</strong> on remarque vite<br />

que les énoncés non phrastiques sont quasi toujours localisés au début (protocole) ou<br />

à <strong>la</strong> fin du texte (seing notarial). De plus, le contenu informatif limité de ces énoncés<br />

concorde tout à fait avec les observations des grammairiens: l’énoncé non phrastique<br />

est limité en ancien français à des situations énonciatives ou textuelles spécifiques.<br />

Seules les anacoluthes, exceptionnelles, n’entrent pas <strong>dans</strong> le canevas. La tradition<br />

juge généralement qu’il s’agit d’erreurs. Elles pourraient être problématiques, parce<br />

que, contrairement aux énoncés non phrastiques «normaux», il ne serait pas possible<br />

d’en prévoir l’apparition.<br />

Il y a parfois lieu de re<strong>la</strong>tiviser ce point de vue. Le corpus ne livre que trois cas: 77<br />

«A toz cheaz <strong>et</strong> a totes celes a cui ces amoines ki en ceste chartre sunt escrit n’unt ilh<br />

soulement fours ke lor vie en recherrunt [26] totes en Robermont» (Document 1247–06, 25).<br />

73<br />

Voir néanmoins le problème des incidentes, sous→3.4.4.5 b.<br />

74<br />

Voir→3.4.4.5 <strong>et</strong>→3.4.6.4 pour les différents emplois de ces subordonnées.<br />

75<br />

Cf. p. 76.<br />

76<br />

Début du texte d’une charte, reprenant de manière stéréotypée une ou plusieurs des informations<br />

<strong>et</strong> formules suivantes: invocation (formule par <strong>la</strong>quelle l’acte est mis sous <strong>la</strong> protection<br />

divine), suscription (mention de l’autorité de qui <strong>la</strong> charte est émanée), adresse (public visé),<br />

salut (formule de salut). On parle également de protocole initial (Guyotjeannin <strong>et</strong> al. 1993,<br />

72–76).<br />

77<br />

Il est nécessaire de citer intégralement le contexte qui précède. Le début de <strong>la</strong> phrase qui suit<br />

<strong>la</strong> construction interrompue est souligné.<br />

81


«Saicent trestuit cilh ki sunt <strong>et</strong> ki a_venir sunt ke de [3] conten ki astoi<strong>et</strong> entre <strong>la</strong> maison de_le<br />

Vas Benoite delés Liege, del ordene de Citea, d’une part, <strong>et</strong> Facin [4] de Ceris, d’atre part,<br />

endroi<strong>et</strong> d’une terre ke cilh Facin c<strong>la</strong>moi<strong>et</strong> devant le maor <strong>et</strong> les enskevins de [5] Ceris, de cui<br />

cille terre devoi<strong>et</strong> movoier, encontre <strong>la</strong> maison de <strong>la</strong> Valz Benoi<strong>et</strong>e devant dite; <strong>la</strong> quele [6]<br />

maison de <strong>la</strong> Valz Benoi<strong>et</strong>e <strong>et</strong> cilh Facins se misent en nos, Lowi <strong>et</strong> Tiri, devant le maor <strong>et</strong><br />

les enskevins [7] de Ceris qu’ilh tenroi<strong>et</strong> de hat <strong>et</strong> de bas che ke nos dirins [. . .]» (Document<br />

1260–05–09, 2).<br />

«Nos faison a savoir ke nos, arbitre enliut de_le contraversion ki estoit entre me damme<br />

l’abesse de Robert-mont <strong>et</strong> le co-[4]-ven, d’une part, <strong>et</strong> le saignor Gerar de Hermees, chevalier,<br />

d’autre part, sor chu ke mes sires Gerars de Hermeeis deman-[5]-doit sor les masuiers l’abesse<br />

devant ditte <strong>et</strong> le covent, mainent a Hermeeis sor l’aluez l’abesse <strong>et</strong> le covent devant_dit, [6]<br />

forche <strong>et</strong> resteal <strong>et</strong> corrueie. Et nos, li arbitre desor nomeit, presiens en_nos le fais del arbitre<br />

[. . .]» (Document 1263–03–31, 3).<br />

Le premier cas est effectivement peu orthodoxe, puisque deux «pronoms re<strong>la</strong>tifs»<br />

sont employés pour un seul verbe personnel.<br />

Commentons les deux autres, qui sont fort semb<strong>la</strong>bles. Tout d’abord, on pourrait<br />

penser que l’«erreur» consisterait en ce que ces propositions s’achèvent toutes<br />

brutalement après un très long constituant complexe contenant une ou plusieurs subordonnées.<br />

Néanmoins, le constituant en question exprime le thème, <strong>et</strong> toutes ces<br />

anacoluthes ont lieu <strong>dans</strong> une proposition qui a fonction de «complément» par rapport<br />

au verbe de <strong>la</strong> notification (savoir ou conoistre).<br />

Or, c<strong>et</strong>te position particulière correspond à l’endroit où débute <strong>la</strong> partie du discours<br />

diplomatique qu’on nomme exposé. 78 Il est remarquable que <strong>la</strong> limite entre <strong>la</strong> notification<br />

<strong>et</strong> l’exposé soit un point de rupture important <strong>dans</strong> <strong>la</strong> structure du document<br />

diplomatique. Néanmoins, d’un point de vue morphosyntaxique, c<strong>et</strong>te rupture n’est<br />

pas marquée par le début d’une nouvelle phrase. 79 Le nombre d’attestations très réduit<br />

ne perm<strong>et</strong> pas d’avancer de conclusion générale, mais nous ne serions pas étonné<br />

de rencontrer d’autres cas d’anacoluthes à c<strong>et</strong> endroit particulier du texte. Dans ce<br />

cas, <strong>la</strong> structure ne devrait plus être considérée comme irrégulière, puisqu’elle serait<br />

prévue par <strong>la</strong> texture (→3.1.2.1 b).<br />

3.4.1.3 Enchaînement des énoncés phrastiques<br />

Devant un segment qui contient plusieurs verbes conjugués à un mode personnel, il<br />

n’est pas toujours facile de décider si l’on a affaire à une seule ou de plusieurs phrases.<br />

Les phénomènes de subordination (au sens traditionnel), abordés plus loin (→3.4.4.5<br />

<strong>et</strong>→3.4.6.4), sont généralement en dehors du problème. 80 Les phénomènes de «coordination»<br />

interfèrent bien plus au niveau qui nous occupe. 81 La séparation d’énoncés<br />

78<br />

«L’exposé est un récit [. . .], soit de type historique, re<strong>la</strong>tant par exemple les origines <strong>et</strong> les<br />

débuts d’une abbaye, ou exposant les origines <strong>et</strong> les motivations d’une donation, soit de type<br />

judiciaire, racontant les raisons d’être d’un procès ou les différentes étapes déjà effectuées.»<br />

(Guyotjeannin <strong>et</strong> al. 1993, 79).<br />

79<br />

Voir Mazziotta 2007b.<br />

80<br />

On adm<strong>et</strong> généralement que <strong>la</strong> subordination implique une hiérarchisation; il n’y a alors<br />

qu’une seule phrase.<br />

81<br />

Ces phénomènes jouent à tous les niveaux d’intégration syntaxique supérieurs au mot. Nous<br />

les approfondirons après avoir détaillé l’organisation de ces environnements argumental <strong>et</strong><br />

82


qui paraissent coordonnés par <strong>et</strong> est expliqué en premier lieu (→a). D’autres cas difficiles<br />

sont abordés ensuite: les constructions paratactiques (→b) <strong>et</strong> les incidentes (→c),<br />

sans toutefois les détailler car l’exposé de leur traitement mobilise de nombreuses notions<br />

qu’il faudra définir exactement.<br />

a. Le mot <strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> «coordination» des énoncés. Les cas d’énoncés phrastiques discutés<br />

ci-dessus ne sont cependant pas les plus fréquents; on pourrait même dire qu’ils représentent<br />

une vision des choses tellement simplifiée qu’elle ne correspond absolument<br />

pas à <strong>la</strong> réalité. En eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong> plupart du temps, les chartes enchaînent des segments qui<br />

commencent (ou sont précédés, suivant le point de vue) par le mot <strong>et</strong>, que les grammairiens<br />

c<strong>la</strong>ssent parmi les «conjonctions de coordination». C<strong>et</strong>te citation de Gérard<br />

Moign<strong>et</strong> (1988, 330–331) perm<strong>et</strong> d’entrer <strong>dans</strong> le problème:<br />

«Et, qui peut coordonner les phrases entre elles, peut aussi figurer en tête d’une phrase sans<br />

constituer une coordination syntaxique [331] avec l’énoncé précédent, ni appeler une phrase<br />

suivante coordonnée. Il traduit alors un mouvement affectif, un enchaînement vif [. . . ].»<br />

Les exemples que Gérard Moign<strong>et</strong> donne du dernier emploi ne posent pas de problème<br />

car le <strong>et</strong> qu’ils contiennent figurent en tête d’un énoncé qui se caractérise par<br />

un changement d’énonciateur; par exemple, (cf. 1988, 331):<br />

«[. . .] Et il respont que nenil.<br />

Non? f<strong>et</strong> ele; <strong>et</strong> ge le vos dirai en tel maniere que ja ne vos mentirai de mot» (Mort Artu, 77,<br />

13).<br />

L’énonciateur de l’incise f<strong>et</strong> ele (le narrateur) n’est pas le même que celui de <strong>et</strong> ge le<br />

vos dirai. . . (un des personnages).<br />

Malheureusement, les choses sont loin d’être toujours aussi c<strong>la</strong>ires. Si l’on essaye de<br />

relever toutes les valeurs que peuvent avoir ces occurrences initiales de <strong>et</strong>, on obtient<br />

rapidement une liste longue, abrégée ici (cf. Ménard 1994, §194 <strong>et</strong> 196): 82<br />

«a) «Et» reliant des principales ou des indépendantes.<br />

194. [. . .]<br />

1. [La conjonction <strong>et</strong>] s’emploie avec valeur temporelle ou consécutive au sens de ‘<strong>et</strong> alors,<br />

<strong>et</strong> ensuite, <strong>et</strong> donc’. [. . .]<br />

2. Elle marque une addition insistante, avec <strong>la</strong> valeur argumentative de ‘<strong>et</strong> qui plus est, <strong>et</strong> de<br />

surcroît’. [. . .]<br />

3. Elle introduit une opposition au sens de ‘<strong>et</strong> pourtant, mais’. [. . .]<br />

c) «Et» initial de phrase [. . .]<br />

196. [. . .]<br />

1. Et n’est pas rare, notamment <strong>dans</strong> les textes en prose, pour indiquer un enchaînement<br />

temporel, amorcer un nouvel épisode, ou bien servir de transition en ouvrant une digression<br />

ou en revenant au suj<strong>et</strong>. Certains écrivains abusent parfois de c<strong>et</strong> <strong>et</strong> initial de phrase. [. . . ]<br />

2. Chez les bons écrivains, <strong>et</strong> est une attaque de phrase chargée de vivacité qui introduit<br />

des propos au style direct ou qui détache de manière expressive l’intervention d’un nouveau<br />

personnage <strong>dans</strong> le récit.»<br />

immédiat (→3.4.7.2), mais il n’est pas possible de travailler sur <strong>la</strong> proposition sans régler<br />

préa<strong>la</strong>blement le problème à ce niveau, en raison de <strong>la</strong> fréquence importante du phénomène.<br />

82 Les passages élidés contiennent une partie de <strong>la</strong> numérotation.<br />

83


On pourrait se demander si les valeurs accordées à <strong>et</strong> ne sont pas extrapolées du rapport<br />

qui unirait les énoncés entre lesquels il se trouve même s’il n’était pas présente.<br />

Par ailleurs, les emplois du type relevé par Philippe Ménard au §196, 1 correspondent<br />

à <strong>la</strong> diversité des emplois <strong>dans</strong> les chartes, c’est-à-dire à une sorte de catégorie «fourr<strong>et</strong>out».<br />

83 Et ne ferait dès lors qu’expliciter une limite, <strong>et</strong> non une valeur.<br />

C<strong>et</strong>te «coordination» des énoncés est extrêmement fréquente. Le texte qui suit,<br />

choisi pour sa briév<strong>et</strong>é, est représentatif de <strong>la</strong> forme que prennent habituellement les<br />

textes (les <strong>et</strong> impliqués sont soulignés):<br />

«Je, Ermesens, contesse de Lucemborg, faz savoir a touz ceaus qui ces l<strong>et</strong>tres [2] verront que<br />

de sis_cent mars de ligois, que messires Robers, par <strong>la</strong> grace de [3] Deu eveskes de Liege,<br />

dovoit a moi <strong>et</strong> a mon fil Hanri, a il fait bon [4] paement <strong>et</strong> entier, <strong>et</strong> nos en tenons a paié, <strong>et</strong><br />

en aquittons touz nos [5] pleges. En tesmongnage de ce, li doing je mes l<strong>et</strong>tres saelees de mon<br />

sael, [6] que furent faites le jor del Assumption Nostre Damme, quant li miliares coroit par [7]<br />

m <strong>et</strong> cc <strong>et</strong> xl trois ans. » (Document 1243–08–15).<br />

Prenons position: tout d’abord, en suivant un principe de simplicité, il nous a paru<br />

raisonnable de considérer qu’il n’y a jamais de coordination syntaxique de deux énoncés.<br />

La construction Je, Ermesens, contesse de Lucemborg, faz savoir a touz ceaus qui<br />

ces l<strong>et</strong>tres [2] verront que [. . .] (Document 1243–08–15) citée ci-dessus est très courante.<br />

Aucune marque grammaticale ne perm<strong>et</strong> de se prononcer quant à l’éventuelle<br />

coordination de toutes les propositions introduites par <strong>et</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> suite du texte, qui seraient<br />

<strong>dans</strong> ce cas toutes des subordonnées. L’ambiguïté ne peut être levée <strong>et</strong> il paraît<br />

tout aussi difficile de trancher <strong>dans</strong> un sens ou <strong>dans</strong> l’autre. Pour simplifier l’analyse,<br />

il nous a paru intéressant de considérer qu’il s’agissait de principales. Dans c<strong>et</strong>te optique,<br />

l’analyse de <strong>la</strong> charte Document 1243–08–15 se fait comme suit (<strong>la</strong> double barre<br />

sépare les énoncés):<br />

«Je, Ermesens, contesse de Lucemborg, faz savoir a touz ceaus qui ces l<strong>et</strong>tres [2] verront que<br />

de sis_cent mars de ligois, que messires Robers, par <strong>la</strong> grace de [3] Deu eveskes de Liege,<br />

dovoit a moi <strong>et</strong> a mon fil Hanri, a il fait bon [4] paement <strong>et</strong> entier, || <strong>et</strong> nos en tenons a paié, ||<br />

<strong>et</strong> en aquittons touz nos [5] pleges. || En tesmongnage de ce, li doing je mes l<strong>et</strong>tres saelees de<br />

mon sael, [6] que furent faites le jor del Assumption Nostre Damme, quant li miliares coroit<br />

par [7] m <strong>et</strong> cc <strong>et</strong> xl trois ans.» (Document 1243–08–15).<br />

Compte tenu de ce<strong>la</strong>, <strong>et</strong> sachant que l’ancien français est une <strong>la</strong>ngue <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle<br />

une phrase est correcte sans qu’aucun constituant autre que <strong>la</strong> flexion verbale n’exprime<br />

le «suj<strong>et</strong>» (voir p. ex. Ménard 1994, §55), nous avons séparé en deux phrases<br />

ce segment (<strong>la</strong> séparation est marquée par deux barres verticales):<br />

«Et por ce [12] ke ce soit ferme <strong>et</strong> stable, avo_nos a ce l<strong>et</strong>res pendut nostre saeal. || Et avons<br />

pri<strong>et</strong> mom le veke ke ihl i_m<strong>et</strong>it le sin.» (Document 1236–05, 11).<br />

«[. . .] se ihl vendre le voloit ne sez hoirs aprés, li_glise l’aurat dev〈ant t〉oz achators. || Et<br />

si en_donroit tant com ele varoit [9] solon ce ke un_vent terres en ce-lui pais.» (Document<br />

1236–05, 8).<br />

83 On pourrait faire les mêmes remarques au suj<strong>et</strong> de <strong>la</strong> liste fournie par C<strong>la</strong>ude Buridant, que<br />

ce soit <strong>dans</strong> son étude sur les rapports de <strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> (Buridant 1980) ou <strong>dans</strong> sa<br />

grammaire (Buridant 2000, §449–451).<br />

84


énoncé phrastique (= phrase)<br />

@fondé sur un verbe<br />

à un mode personnel<br />

énoncé<br />

@unité linguistique complète<br />

@transm<strong>et</strong> un message<br />

@suit une stratégie énonciative<br />

énoncé non phrastique<br />

@non fondé sur un verbe<br />

à un mode personnel<br />

FIG. 3.16 – Types d’énoncés en fonction de leur structure morphosyntaxique<br />

On y voit c<strong>la</strong>irement que <strong>la</strong> présence ou non du suj<strong>et</strong> 84 n’a rien à voir avec <strong>la</strong> division<br />

en énoncés.<br />

Il se peut néanmoins qu’un indice grammatical s’oppose de manière péremptoire<br />

à ce type de découpage, comme le mode du verbe – ce qui n’arrive pratiquement que<br />

pour les subordonnées, (→3.4.4.5 <strong>et</strong>→3.4.6.4). Ainsi, on conviendra qu’il n’est pas<br />

judicieux de séparer les subordonnées que li fiez fust si p<strong>et</strong>is [. . .] <strong>et</strong> point de terre n’en<br />

tenist <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phrase:<br />

«<strong>et</strong> s’ilh truvent par [9] verté que li fiez fust si p<strong>et</strong>is qu’il ne fust〈m〉ie honoirs le conte qu’ilh<br />

le tenist del [10] veske u point de terre n’en tenist, li veskes li doit amender [. . .]» (Document<br />

1236–12–15, 8).<br />

Le mode de leur verbe «principal» indique leur dépendance par rapport à <strong>la</strong> prédication<br />

principale.<br />

Pour éviter toute incohérence, les rapports sémantiques qui justifieraient <strong>la</strong> subordination<br />

ont été ignorés. Pareillement, le rapport unissant certains compléments<br />

«circonstanciels» à deux principales coordonnées n’est pas lié à des marques grammaticales<br />

(→3.4.7.4 a).<br />

b. Parataxe. La parataxe (au sens traditionnel) est une subordination qui n’est pas exprimée<br />

par une marque segmentale. Néanmoins, l’enchâssement de <strong>la</strong> structure <strong>et</strong> les<br />

informations véhiculées par <strong>la</strong> valence du lexème verbal aident toujours à déceler une<br />

subordination. On ne rencontre ces parataxes qu’en <strong>syntaxe</strong> immédiate (→3.4.6.4 c).<br />

c. Incidentes. Les discussions terminologiques autour du terme incidente 85 obligent<br />

à en préciser l’acception: un énoncé compl<strong>et</strong> enchâssé <strong>dans</strong> un autre sans qu’aucune<br />

marque segmentale n’exprime de rapport de dépendance. Contrairement aux structures<br />

paratactiques, les incidentes sont des énoncés qui pourraient être autonomes, <strong>et</strong> non<br />

des propositions (→3.4.4.5 b).<br />

3.4.1.4 Synthèse de <strong>la</strong> segmentation du texte en énoncés<br />

Dans c<strong>et</strong>te première étape de l’analyse, nous avons été amené à distinguer deux types<br />

d’énoncés, suivant qu’ils obéissent aux règles de construction des phrases ou non (figure<br />

3.16). Même si <strong>la</strong> base de l’analyse repose sur des choix pratiques, au terme<br />

de l’exposé, nous pouvons formuler des règles de découpage qui s’appliquent facile-<br />

84 Voir→3.4.2.2 ci-dessous pour une définition du terme.<br />

85 Pour <strong>la</strong> distinguer notamment de l’incise; voir les différentes options recueillies par Marc<br />

Wilm<strong>et</strong> (2003, §693).<br />

85


ment de manière systématique. L’analyse prend appui sur <strong>la</strong> définition de <strong>la</strong> phrase <strong>et</strong><br />

sur les deux principes empiriques suivants: 1/ chaque verbe «principal» implique <strong>la</strong><br />

présence d’une phrase; 2/ <strong>la</strong> coordination de phrases n’existe pas. Ces principes sont<br />

posés comme préa<strong>la</strong>bles à tout le reste de l’analyse; nous n’en changerons plus <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> suite de l’exposé.<br />

Toutes les structures <strong>la</strong>issées inanalysées par c<strong>et</strong>te étape du découpage, qui correspondent<br />

à des séquences particulières prévues par le type de texte (protocole, seing<br />

notarial), sont des énoncés non phrastiques.<br />

D’un point de vue morphosyntaxique, les deux types d’énoncés sont profondément<br />

différents. Nous les étudierons donc <strong>dans</strong> des sections séparées: nous verrons<br />

d’abord comment <strong>la</strong> phrase est construite (→3.4.2 <strong>et</strong> s.) <strong>et</strong> de quoi se composent ses<br />

constituants immédiats avant de nous pencher plus brièvement sur les énoncés non<br />

phrastiques (→3.4.5).<br />

3.4.2 Subdivision de <strong>la</strong> phrase <strong>et</strong> structure argumentale<br />

De notre point de vue, l’expression du procès par un verbe conjugué à un mode personnel<br />

est <strong>la</strong> condition d’existence de <strong>la</strong> phrase-énoncé <strong>et</strong> en constitue <strong>la</strong> part irréductible.<br />

Nous pensons qu’il est possible d’envisager <strong>la</strong> description du reste des constituants<br />

de même niveau d’intégration syntaxique en caractérisant le rapport qui les<br />

unit à ce verbe. Nous nommerons ainsi arguments les constituants immédiats de <strong>la</strong><br />

phrase lorsque nous les considérons au travers de ce rapport avec le «verbe principal»,<br />

auquel nous donnerons le nom de prédicat (que nous désignons par le sigle P0). 86<br />

C<strong>et</strong>te conception est simi<strong>la</strong>ire à celle de Lucien Tesnière, où le verbe est vu comme<br />

le «nœud» par excellence, le centre vers lequel convergent toutes les re<strong>la</strong>tions de <strong>la</strong><br />

phrase (→3.2.1).<br />

La présence d’un prédicat <strong>et</strong> de ses arguments (point de vue syntaxique), exprimant<br />

ensemble un procès, ses participants <strong>et</strong> son cadre (point de vue sémantique) à<br />

l’intérieur d’une structure syntaxique, est <strong>la</strong> condition pour qu’on puisse parler de<br />

proposition. Celle-ci est donc une construction centrée sur un prédicat, un constituant<br />

de nature verbale, capable d’exprimer de manière grammaticalisée les catégories de<br />

temps, mode <strong>et</strong> aspect (→3.3.3.1). Partant, <strong>la</strong> phrase n’est donc qu’une proposition<br />

qui fonctionne comme un énoncé.<br />

Après avoir montré comment, d’un point de vue général, le prédicat organise les<br />

re<strong>la</strong>tions argumentales (→3.4.2.1), on verra comment employer c<strong>et</strong>te propriété générale<br />

pour c<strong>la</strong>sser les arguments des propositions rencontrées <strong>dans</strong> les chartes (→3.4.2.2<br />

à→3.4.2.4). Les différents types de re<strong>la</strong>tion que le c<strong>la</strong>ssement des constituants a mobilisés<br />

seront abordés en guise de synthèse de ces principes de description (→3.4.2.5).<br />

3.4.2.1 Re<strong>la</strong>tions argumentales: généralités<br />

Dans un premier temps, nous aborderons les re<strong>la</strong>tions entre les arguments <strong>et</strong> le prédicat<br />

de <strong>la</strong> proposition qui constitue <strong>la</strong> phrase. Ces re<strong>la</strong>tions grammaticales expriment<br />

des re<strong>la</strong>tions sémantiques d’une manière conventionnelle (→a). C<strong>et</strong>te convention qui,<br />

pour un lexème verbal donné, lie une certaine organisation sémantique des partici-<br />

86 Voir <strong>la</strong> note 96, p. 89, sur le choix de ces termes.<br />

86


pants à une certaine forme d’expression morphosyntaxique (domaine des marques,<br />

→b) perm<strong>et</strong> de dire que les re<strong>la</strong>tions sémantiques constituent un premier indice de<br />

l’organisation purement morphosyntaxique (→c).<br />

a. Le schéma argumental comme représentation grammaticale de phénomènes. La<br />

<strong>la</strong>ngue offre à ses locuteurs <strong>la</strong> possibilité de communiquer à propos du monde qui les<br />

entoure: il existe une re<strong>la</strong>tion entre les points de vue morphosyntaxique <strong>et</strong> sémanticoréférentiel.<br />

C<strong>et</strong>te constatation se résume ainsi:<br />

«La phrase exprimant un certain ‹état des choses›, [l]es re<strong>la</strong>tions grammaticales expriment,<br />

<strong>et</strong> reflètent <strong>dans</strong> une certaine mesure, les re<strong>la</strong>tions perçues entre les choses ou les êtres participant<br />

à c<strong>et</strong> état des choses.» (Lazard 1994, X).<br />

Il existe une cohérence entre les deux organisations. D’une part, certains marqueurs<br />

expriment les re<strong>la</strong>tions sémantiques qui unissent le procès (entendu ici au sens le plus<br />

général 87 ) <strong>et</strong> les participants; d’autre part, le prédicat – une forme morphologiquement<br />

spécifique, puisqu’il s’agit d’un verbe – exprime le procès. Or, nous avons déjà<br />

constaté (en fin de→3.2.3.1) que <strong>la</strong> flexion nominale (déclinaison) véhicu<strong>la</strong>it des informations<br />

dont <strong>la</strong> teneur ne pouvait être décrite sans m<strong>et</strong>tre en re<strong>la</strong>tion les unités en<br />

présence. Ainsi, les marqueurs morphologiques perm<strong>et</strong>tent d’interpréter correctement<br />

un énoncé comme:<br />

«La afaita Werris devant diz a sangor Arnult devant nom<strong>et</strong> ii verges [7] <strong>et</strong> demie d’aluez»<br />

(Document 1267–10–29, 6).<br />

pour peu qu’on connaisse les conventions qui unissent <strong>la</strong> structuration grammaticale<br />

au sens. 88 Bien sûr, ces re<strong>la</strong>tions ne sont pas naturelles:<br />

«Si les re<strong>la</strong>tions syntaxiques au sein de <strong>la</strong> phrase ne sont pas sans rapport avec les re<strong>la</strong>tions<br />

perçues <strong>dans</strong> le monde réel, il s’en faut de beaucoup pour qu’elles en soient le refl<strong>et</strong> pur<br />

<strong>et</strong> simple. Elles font partie du réseau complexe que constitue <strong>la</strong> structure grammaticale de<br />

chaque <strong>la</strong>ngue [. . .]» (Lazard 1994, X).<br />

Pour c<strong>et</strong>te raison, il paraît beaucoup plus rigoureux de définir les arguments en fonction<br />

de leur forme d’expression – spécifique au système de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue – <strong>et</strong> non de leur<br />

contenu. 89<br />

b. C<strong>la</strong>ssement morphosyntaxique des actants <strong>et</strong> notion d’orientation. Gilbert Lazard<br />

définit d’un point de vue général les différents types d’arguments. Il se sert pour ce<strong>la</strong><br />

de critères purement morphosyntaxiques <strong>et</strong> aboutit à un c<strong>la</strong>ssement fin. Il distingue en<br />

eff<strong>et</strong> une série d’arguments, qu’il nomme actants, liés au prédicat par des contraintes<br />

formelles (1994, 68–80): l’actant obligatoire, 90 pour lequel <strong>la</strong> contrainte est <strong>la</strong> plus<br />

forte <strong>et</strong> dont <strong>la</strong> présence est <strong>la</strong> condition nécessaire à toute prédication; les actants à<br />

87<br />

Nous reprenons <strong>la</strong> position de C<strong>la</strong>ude Hagège (1999, 46, note 8): «Ce terme recouvre donc<br />

ici, par convention, <strong>la</strong> totalité des situations, y compris celles qu’on pourrait juger trop peu<br />

dynamiques pour être appelées des procès.»<br />

88<br />

Ce que Robert-Léon Wagner souligne au début de ses conclusions sur les limites d’une grammaire<br />

de l’ancien français (1974, 55).<br />

89<br />

Voir les problèmes exposés <strong>dans</strong> Lazard 1994, 64–68 <strong>et</strong> <strong>dans</strong> Creissels 1995, 203–210.<br />

90 Généralement unique d’après l’auteur.<br />

87


<strong>la</strong> fois requis <strong>et</strong> régis, dont le verbe requiert <strong>la</strong> présence <strong>et</strong> impose <strong>la</strong> forme (p. ex.,<br />

verbes nécessitant un obj<strong>et</strong> «indirect» introduit par de); les actants seulement régis,<br />

dont <strong>la</strong> présence n’est pas nécessaire, mais dont <strong>la</strong> forme est fixée par le verbe (du<br />

type à sa dulcinée <strong>dans</strong> penser à sa dulcinée); <strong>et</strong> enfin les adj<strong>et</strong>s, 91 requis, mais non<br />

régis (donc, de forme libre) <strong>et</strong> en outre cumu<strong>la</strong>bles. Il y a donc des marques morphologiques<br />

(flexion) <strong>et</strong> segmentales (adpositions) qui perm<strong>et</strong>tent d’évaluer <strong>la</strong> distance<br />

syntaxique des actants par rapport au verbe. Ces contraintes de marquage s’ajoutent à<br />

<strong>la</strong> contrainte de présence, qui ne suffit pas pour aboutir à un c<strong>la</strong>ssement compréhensif<br />

des arguments. 92<br />

Outre ces actants, Gilbert Lazard parle de circonstants, «qui n’ont d’autre lien<br />

avec le prédicat verbal que celui sans lequel ils ne feraient pas partie de <strong>la</strong> phrase»<br />

(1994, 81). Ces arguments ont comme particu<strong>la</strong>rité d’être de forme libre par rapport<br />

au prédicat <strong>et</strong> d’être suppressibles sans nuire à <strong>la</strong> grammaticalité de <strong>la</strong> phrase.<br />

Comme nous travaillons sur l’ancienne <strong>la</strong>ngue, nous ne pouvons caractériser les<br />

arguments en fonction du fait qu’ils sont requis ou non par le prédicat (→3.1.3.3).<br />

Néanmoins, puisque <strong>la</strong> taxinomie proposée par Gilbert Lazard est fondée sur <strong>la</strong> comparaison<br />

de nombreuses <strong>la</strong>ngues <strong>dans</strong> une optique de linguistique générale, il n’y a pas<br />

de raison qu’elle ne trouve pas un écho <strong>dans</strong> le fonctionnement de l’ancien français.<br />

Nous ne transposerons pas les concepts définis par Gilbert Lazard <strong>dans</strong> notre système<br />

de notation, mais nous emploierons son c<strong>la</strong>ssement comme hypothèse de travail.<br />

Si l’on essaye de m<strong>et</strong>tre explicitement en re<strong>la</strong>tion les contraintes formelles (point<br />

de vue morphosyntaxique) <strong>et</strong> les participants <strong>et</strong> circonstances qu’elles expriment<br />

(point de vue sémantico-référentiel), on constate assez vite que <strong>la</strong> connaissance du<br />

verbe <strong>et</strong> de son sens donne une idée précise de <strong>la</strong> manière dont les informations sémantiques<br />

sont véhiculées par une forme d’expression spécifique. Ainsi, en français,<br />

pour les verbes pouvant avoir deux actants, en phrase active biactancielle, l’actant obligatoire<br />

exprime l’agent, alors que l’autre actant exprime le patient. C<strong>et</strong>te association<br />

est nommée orientation par A<strong>la</strong>in Lemaréchal (1989, 102):<br />

«Pour un verbe appartenant à une sous-c<strong>la</strong>sse donnée <strong>et</strong> à une voix donnée, des rôles précis<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> situation (agent, patient, destinataire, causateur) sont associés aux différents actants:<br />

en français, un verbe transitif, donc au moins bivalent, à l’actif a un premier actant agent <strong>et</strong><br />

un second actant patient: Bernard renverse Alfred.<br />

L’‹orientation› d’un verbe est c<strong>et</strong>te caractéristique qui associe aux différents participants en<br />

rapport avec lui à <strong>la</strong> fois un rang <strong>dans</strong> <strong>la</strong> hiérarchie [c’est-à-dire une fonction syntaxique<br />

spécifique] <strong>et</strong> un rôle <strong>dans</strong> <strong>la</strong> situation, sachant que c<strong>et</strong>te association est caractéristique de <strong>la</strong><br />

sous-c<strong>la</strong>sse <strong>et</strong> de <strong>la</strong> voix de <strong>la</strong> forme verbale. Dès qu’un verbe est bivalent, trivalent, <strong>et</strong>c., une<br />

forme verbale appartenant à ce verbe associe des rôles précis à <strong>la</strong> fois aux premier, second,<br />

tiers actant [. . .].»<br />

L’auteur poursuit en disant que le prédicat des propositions biactancielles a une<br />

«orientation primaire» vers l’agent <strong>et</strong> une «orientation secondaire» vers le patient.<br />

L’orientation est gérée par le système de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, qui pose une série de contraintes<br />

sur les différents actants. Ces contraintes spécifient les re<strong>la</strong>tions unissant les arguments<br />

au prédicat.<br />

91 Terme que Gilbert Lazard emprunte à Jack Feuill<strong>et</strong> 1988, 147; voir Lazard 1994, 84.<br />

92 C’est pourtant l’option que suit C<strong>la</strong>ude Hagège <strong>dans</strong> La structure des <strong>la</strong>ngues (1999, 37), en<br />

ne posant que <strong>la</strong> distinction entre arguments nucléaires (requis) ou non.<br />

88


L’orientation associe ainsi, <strong>dans</strong> le cadre défini par le verbe, une correspondance<br />

entre les rôles sémantiques <strong>et</strong> les marques, excluant donc les circonstants. A<strong>la</strong>in<br />

Lemaréchal étend <strong>la</strong> notion à toutes les «parties du discours» (entendues chez lui du<br />

point de vue de <strong>la</strong> sémantique de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>). Voici l’analyse qu’il propose pour les<br />

noms en français moderne:<br />

«On peut définir une orientation primaire des nominaux par le seul jeu des propositions<br />

nominales, avec ou sans copule, <strong>et</strong> des procédures d’apposition ou autres constructions épithétiques<br />

[. . .]<br />

– ce médecin est chef de clinique<br />

– ce livre est un cadeau<br />

– ce médecin, un chef de clinique<br />

– un médecin chef de clinique<br />

– ce livre, un cadeau<br />

– un livre-cadeau<br />

Dans tous ces exemples, les nominaux, substantivés ou non, 93 sont coorientés. Il y a coorientation<br />

entre médecin <strong>et</strong> chef de clinique, livre <strong>et</strong> cadeau, aussi bien <strong>dans</strong> ce médecin est chef<br />

de clinique ou ce livre est un cadeau (proposition nominale), que <strong>dans</strong> ce médecin[,] un chef<br />

de clinique, un médecin chef de clinique, ce livre[,] un cadeau ou un livre-cadeau (apposition).<br />

En règle générale, l’orientation primaire d’un nominal se [110] définit comme une<br />

désignation de c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong>.» (Lemaréchal 1989, 109–110).<br />

Dans ce cadre étendu, <strong>la</strong> notion d’orientation revêt une valeur plus sémantique. De<br />

l’orientation des nominaux, nous r<strong>et</strong>iendrons surtout <strong>la</strong> notion de coorientation, qui<br />

se définit comme l’orientation commune de plusieurs constituants vers <strong>la</strong> désignation<br />

d’un même obj<strong>et</strong>. 94<br />

c. La sémantique comme indice des re<strong>la</strong>tions syntaxiques. On ne peut é<strong>la</strong>borer toute<br />

<strong>la</strong> description syntaxique sur <strong>la</strong> base de critères sémantiques. Cependant, l’existence<br />

de <strong>la</strong> correspondance entre <strong>la</strong> forme <strong>et</strong> le rôle autorise à faire usage de <strong>la</strong> sémantique<br />

pour isoler les arguments, c’est-à-dire segmenter <strong>la</strong> phrase en arguments. Pour l’ancien<br />

français, il n’y a de toute façon pas le choix (→3.1.3.1). La re<strong>la</strong>tion qui existe<br />

entre un participant <strong>et</strong> le procès est, <strong>dans</strong> une certaine mesure, transposable sur le p<strong>la</strong>n<br />

syntaxique. 95 C’est le sens que nous donnons ici à argument <strong>et</strong> prédicat: 96 . Ainsi,<br />

le prédicat implique une série de re<strong>la</strong>tions minimales (figure 3.17). En guise de première<br />

évaluation de <strong>la</strong> structure syntaxique, on peut simplement affirmer que chaque<br />

argument «fonctionne» avec le prédicat, qu’il y a entre eux une re<strong>la</strong>tion syntaxique<br />

minimale (→3.2.1.2). L’analyse révélera peut-être si c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion est spécifiée (sur le<br />

principe de <strong>la</strong> spécification,→3.2.2.2).<br />

«La afaita Werris [. . .] a sangor Arnult devant nom<strong>et</strong> ii verges [7] <strong>et</strong> demie d’aluez»<br />

(Document 1267–10–29, 6).<br />

93<br />

Voir Lemaréchal 1989, 44–54, où l’auteur expose ses vues sur <strong>la</strong> distinction entre les noms<br />

<strong>et</strong> les substantifs.<br />

94<br />

Voir également Lemaréchal 1997, 128–129.<br />

95<br />

En présence de structures complexes, avec plusieurs prédicats hiérarchisés, il est parfois<br />

insuffisant de se servir de <strong>la</strong> sémantique, ne fût-ce que pour détecter <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion minimale;<br />

voir le cas des infinitives (→3.4.4.6).<br />

96<br />

Et c’est pour c<strong>et</strong>te raison que le choix des termes semble défendable: il y a une valeur logique<br />

sous-jacente à l’organisation des constituants syntaxiques les uns par rapport aux autres.<br />

89


argument. . . <br />

argument. . . <br />

argument. . . <br />

re<strong>la</strong>tion<br />

re<strong>la</strong>tion<br />

re<strong>la</strong>tion<br />

prédicat <br />

FIG. 3.17 – Re<strong>la</strong>tions sémantiques marquant des re<strong>la</strong>tions syntaxiques<br />

constituant immédiat de <strong>la</strong> phrase<br />

@constituant immédiat<br />

@compris <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phrase<br />

prédicat<br />

@verbe conjugué<br />

à un mode personnel<br />

@dénote un procès<br />

argument<br />

@dénote un participant<br />

ou le cadre du procès<br />

FIG. 3.18 – Principaux constituants immédiats de <strong>la</strong> phrase<br />

Si afaita exprime le procès <strong>et</strong> Werris l’agent, il y a de fortes chances pour que <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion sémantique qui les unit soit rendue par une re<strong>la</strong>tion syntaxique. Par ailleurs,<br />

d’un point de vue morphosyntaxique, <strong>la</strong> coocurrence d’éléments nominaux <strong>et</strong> verbaux<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> même structure indique également qu’il y a re<strong>la</strong>tion.<br />

Au niveau argumental, le concept de constituant immédiat 97 est donc subdivisé<br />

comme indiqué <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.18. La qualification ultérieure des re<strong>la</strong>tions qui lient<br />

prédicat <strong>et</strong> arguments ne relève que du p<strong>la</strong>n morphosyntaxique. Les unités qui transportent<br />

le sens sont organisées d’un point de vue strictement interne au système de<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Ce n’est qu’une fois c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion repérée qu’on cherchera à déterminer<br />

quelles marques morphosyntaxiques <strong>la</strong> spécifient.<br />

3.4.2.2 Actants <strong>et</strong> marques morphologiques<br />

Nous venons de voir que, d’un point de vue général, les types d’arguments se distinguaient<br />

les uns des autres en fonction des contraintes morphosyntaxiques auxquelles<br />

ils sont soumis. Nous définirons ici une première c<strong>la</strong>sse d’arguments, auxquels nous<br />

donnerons le nom d’actants. La contrainte qui définit ces actants est d’avoir une des<br />

formes du «pronom personnel de <strong>la</strong> troisième personne» ou de commuter avec l’une<br />

d’elles.<br />

C<strong>et</strong>te analyse est inspirée de ce que Gilbert Lazard expose à propos de l’emploi<br />

du pronom en français moderne. Il considère: 1/ que les pronoms personnels gravitant<br />

autour du verbe sont des «indices actanciels» (que nous comprenons comme des<br />

marques grammaticalisées de fonctions au niveau argumental); 2/ que <strong>la</strong> «corré<strong>la</strong>tion<br />

97 Défini ci-dessus, voir→3.2.1.<br />

90


avec des indices actanciels intra- ou paraverbaux» est un critère «de premier ordre»<br />

pour <strong>la</strong> définition des actants (Lazard 1994, 68). Voici son analyse:<br />

«Le français, lui, a quatre séries [d’indices actanciels], 98 , dont trois sont illustrées par (8a <strong>et</strong><br />

b).<br />

(8a) Nobel a légué ses biens à l’Académie suédoise<br />

(8b) Il les lui a légués<br />

Dans (8b), <strong>la</strong> première série est représentée par le morphème de <strong>la</strong> 3 e personne du singulier<br />

<strong>dans</strong> le verbe (a) <strong>et</strong> le ‹pronom conjoint› [72] il; <strong>la</strong> deuxième série l’est par le ‹pronom›<br />

les <strong>et</strong> <strong>la</strong> marque de pluriel <strong>dans</strong> le participe (légués); <strong>la</strong> troisième l’est par le «pronom» lui.<br />

Dans (8a), <strong>la</strong> fonction actancielle de chacun des termes nominaux se <strong>la</strong>isse identifier par <strong>la</strong><br />

série d’indices actanciels avec <strong>la</strong>quelle ils sont en corré<strong>la</strong>tion: Nobel est en coréférence avec<br />

le morphème verbal de <strong>la</strong> 3 e personne du singulier <strong>et</strong> en distribution complémentaire avec<br />

il (1 re série); ses biens est en distribution complémentaire avec les (2 e série); à l’Académie<br />

suédoise est en distribution complémentaire avec lui (3 e série).» (Lazard 1994, 71–72).<br />

Or, le paradigme de ce pronom n’a que peu varié depuis l’ancien français. Il est<br />

possible que l’analyse proposée par Gilbert Lazard convienne à c<strong>et</strong> état de <strong>la</strong>ngue.<br />

Tentons de le montrer progressivement. Nous verrons en premier lieu que le pronom<br />

personnel de <strong>la</strong> troisième personne associe un rôle spécifique à chacune des formes de<br />

son paradigme (→a), ce qui peut être employé pour définir les re<strong>la</strong>tions syntaxiques<br />

liant ce pronom au prédicat (→b). Nous étendrons ensuite ces conclusions aux constituants<br />

qui commutent avec ces formes pronominales (→c), avant d’aborder des cas<br />

particuliers (→d <strong>et</strong>→e).<br />

a. Formes du pronom <strong>et</strong> rôles sémantiques. L’ancien français est déjà une <strong>la</strong>ngue en<br />

grande partie analytique, <strong>et</strong> <strong>la</strong> déclinaison y exprime un nombre re<strong>la</strong>tivement restreint<br />

de re<strong>la</strong>tions. De plus, le foisonnement des paradigmes limite son efficacité. Toutefois,<br />

le pronom «personnel de <strong>la</strong> troisième personne» (il ou elle) offre encore un potentiel<br />

flexionnel riche <strong>et</strong> apte à exprimer un certain nombre de rôles de manière univoque.<br />

Les grammairiens s’accordent pour reconnaître trois formes au masculin singulier: il,<br />

le, li, qui sont les formes «de base» du pronom. 99 Les formes le <strong>et</strong> li alternent avec<br />

une forme dite «forte» (lui), en fonction de contraintes séquentielles par rapport au<br />

prédicat 100 ou aux «prépositions».<br />

Comment l’ancien français m<strong>et</strong>-il en re<strong>la</strong>tion ces formes de base avec les rôles<br />

sémantiques joués par les participants? La forme il correspond généralement à l’agent<br />

de <strong>la</strong> phrase active bi– ou triactancielle; de même, on <strong>la</strong> r<strong>et</strong>rouve comme actant de <strong>la</strong><br />

phrase uniactantielle:<br />

«nos avons fait homages [3] a no signeur Robert [. . .] des fiez de Natoie, ensi cum [4] il est»<br />

(Document 1242–05–02, 2).<br />

« il recevra <strong>et</strong> prendra les fruis <strong>et</strong> les rentes <strong>et</strong> tenra toutes les seigno-[7]-ries entierement, ensi<br />

com il les a tenues tous jors» (Document 1264–04, 6).<br />

98<br />

Note <strong>dans</strong> le texte: «Je <strong>la</strong>isse ici de côté y <strong>et</strong> en qui remplissent des fonctions diverses,<br />

actancielles ou non [. . .].»<br />

99<br />

Les formes dites «réfléchies» du pronom ne sont pas utiles à l’argumentation qui suit; elles<br />

ne seront pas prises en considération ici.<br />

100<br />

Voir le premier chapitre de <strong>la</strong> thèse de Povl Skårup (1975), <strong>dans</strong> lequel il explique que <strong>la</strong><br />

distinction entre les formes «fortes» <strong>et</strong> «faibles» du pronom personnel n’est pas liée à l’accentuation,<br />

mais à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce qu’il occupe par rapport au prédicat.<br />

91


«<strong>la</strong> denat ilh [. . .] a frere [6] Libier de Frelus [. . .] vesture de quatre bonirs [. . .]» (Document<br />

1263–07–19, 5).<br />

La forme le correspond au patient de <strong>la</strong> phrase active bi– ou triactancielle:<br />

«se ihl vendre le voloit ne sez hoirs aprés, li_glise l’aurat dev〈ant t〉oz achators» (Document<br />

1236–05, 8).<br />

«damoiselle Sybille le reportat sus <strong>la</strong> meismes a oelz de <strong>la</strong> mai-[8]-son de Robermont»<br />

(Document 1260–05–14, 7).<br />

La forme li exprime le bénéficiaire de <strong>la</strong> phrase triactancielle:<br />

«<strong>et</strong> pais li fu commandee sor ce par le jugement des homes, <strong>et</strong> p<strong>la</strong>inement li fu afaitiez ciz<br />

fiz» (Document 1266–06–13, 13).<br />

«[. . .] nos l<strong>et</strong>tres overtes ke nos li avons doneis» (Document 1252–03–01a, 21)<br />

Au vu des phrases observées, chaque forme du pronom est associée à un rôle sémantique<br />

particulier. 101<br />

b. Du rôle sémantique à <strong>la</strong> fonction syntaxique. Puisque les correspondances entre<br />

une série casuelle <strong>et</strong> un rôle sémantique particulier sont stables, <strong>et</strong> qu’à une forme<br />

donnée est assigné un rôle sémantique, on peut catégoriser du point de vue morphosyntaxique<br />

<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion que les occurrences relevées pour chacune de ces trois formes<br />

entr<strong>et</strong>ient avec le prédicat qui exprime ce procès. Il s’agit donc d’arguments du prédicat<br />

de forme contrainte. Si on les numérote de manière arbitraire:<br />

1. il (correspondant à l’agent de <strong>la</strong> phrase active);<br />

2. le (patient de <strong>la</strong> phrase active);<br />

3. li (bénéficiaire de <strong>la</strong> phrase active).<br />

Ces trois arguments jouent <strong>la</strong> fonction syntaxique d’actant par rapport au prédicat.<br />

Par ailleurs, les catégories de nombre <strong>et</strong> de personne véhiculées par <strong>la</strong> forme 1 se<br />

r<strong>et</strong>rouvent également exprimées <strong>dans</strong> le prédicat; le même contenu est donc exprimé à<br />

deux endroits de l’énoncé. D’un point de vue sémantique, ce phénomène d’accord peut<br />

être vu comme <strong>la</strong> marque d’une re<strong>la</strong>tion particulière entre les unités qui le contractent.<br />

Le transfert de catégories correspond à l’expression d’une re<strong>la</strong>tion sémantique stable.<br />

L’orientation primaire du verbe se fait ainsi simultanément vers <strong>la</strong> forme 1 <strong>et</strong> luimême:<br />

les formes du premier type sont coorientées par rapport au prédicat. Le terme<br />

de combinaison 102 qualifiera <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre le suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> le prédicat, à cause de c<strong>et</strong>te<br />

coorientation. Plus précisément, sur le p<strong>la</strong>n des marques, c<strong>et</strong>te coorientation concerne<br />

exclusivement les morphèmes de <strong>la</strong> personne <strong>et</strong> du nombre, <strong>et</strong> non le prédicat <strong>dans</strong><br />

son ensemble. Par contre, sur le p<strong>la</strong>n des re<strong>la</strong>tions, elle implique les mots entiers.<br />

Il nous paraît cohérent de dire que <strong>la</strong> numérotation proposée ci-dessus n’est pas<br />

arbitraire pour ce qui concerne l’actant 1, puisqu’on le distingue des autres actants<br />

101 On constate du reste que l’ancien français est une <strong>la</strong>ngue «accusative»: <strong>la</strong> forme de l’actant<br />

qui exprime l’agent de <strong>la</strong> phrase active biactancielle est <strong>la</strong> même que celle de l’actant unique<br />

de <strong>la</strong> phrase uniactantielle (en suivant Lazard 1994, 30s. <strong>et</strong> 1999, 122s.).<br />

102 Le sens est ici différent de celui que lui prête Louis Hjelmslev, voir→3.2.1.<br />

92


[le] [P0]<br />

re<strong>la</strong>tion R2<br />

FIG. 3.19 – Représentation de R2<br />

[il] [P0]<br />

re<strong>la</strong>tion S1<br />

FIG. 3.20 – Représentation de S1<br />

actant<br />

@a une forme de <strong>la</strong> série il, le, li<br />

suj<strong>et</strong><br />

@accord avec P0<br />

actant 1 (S1)<br />

@forme il<br />

régime<br />

@non-accord avec P0<br />

actant 2 (R2)<br />

@forme le<br />

actant 3 (R3)<br />

@forme li<br />

FIG. 3.21 – Types d’actants en fonction de leur forme<br />

régis, en vertu de sa re<strong>la</strong>tion privilégiée avec le prédicat: il est plus proche de ce<br />

dernier que ne le sont les deux autres. L’appel<strong>la</strong>tion de suj<strong>et</strong> (désormais S1), que nous<br />

reprenons à <strong>la</strong> grammaire traditionnelle, sera réservée à c<strong>et</strong> actant; les deux autres<br />

seront dits régimes, (désormais respectivement R2 <strong>et</strong> R3). Par extension, on pourra<br />

dire qu’un S1 entr<strong>et</strong>ient une re<strong>la</strong>tion S1 avec le prédicat <strong>et</strong> qu’il est, <strong>dans</strong> ce cadre, de<br />

fonction S1. Il semble qu’il n’y a aucun inconvénient à procéder de <strong>la</strong> sorte, puisqu’on<br />

peut c<strong>la</strong>sser les constituants en fonction des re<strong>la</strong>tions syntaxiques entr<strong>et</strong>enues.<br />

Pour le (de fonction R2), par exemple, on a pu préciser <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion en annotant <strong>la</strong><br />

flèche, comme <strong>dans</strong> le schéma 3.19, où <strong>la</strong> flèche indique <strong>la</strong> dépendance – les arguments<br />

nécessitent <strong>la</strong> présence du prédicat. 103 On peut dire <strong>la</strong> même chose pour R3<br />

<strong>et</strong> c<strong>la</strong>sser ainsi ces arguments en fonction de leur forme. La nature particulière de S1<br />

nécessite une représentation qui exprime également <strong>la</strong> combinaison (par une double<br />

ligne), comme nous l’utilisons <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.20. Tout ce<strong>la</strong> se résume <strong>dans</strong> l’arbre<br />

conceptuel de <strong>la</strong> figure 3.21. La re<strong>la</strong>tion qui existe entre un argument pronominal <strong>et</strong> le<br />

prédicat est donc spécifiée par des moyens synthétiques (marques morphologiques).<br />

c. Commutations: principe général. Ce premier bi<strong>la</strong>n est très utile pour caractériser<br />

les constituants autres que les pronoms. D’un point de vue général, David Creissels<br />

(1995, 211) affirme en eff<strong>et</strong>:<br />

«[p]armi les propriétés non immédiatement apparentes perm<strong>et</strong>tant de caractériser les<br />

contrastes entre constituants nominaux en fonction d’arguments d’un même prédicat, 104 il<br />

est souvent utile de prendre en considération <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre les constituants nominaux <strong>et</strong><br />

les morphèmes désignés ici comme indices pronominaux.»<br />

103 Voir cependant les cas d’énoncés non phrastiques, sous→3.4.5.<br />

104 On peut donner aux termes le même sens que celui exposé ici-même.<br />

93


La re<strong>la</strong>tion dont il est question est d’ordre paradigmatique: les actants se définissent<br />

morphosyntaxiquement par <strong>la</strong> forme du pronom avec <strong>la</strong>quelle ils commutent, 105<br />

S1: «cel meime droit ke [10] mes sires <strong>et</strong> mes peres devant dis lor at quitteit <strong>et</strong> doneit en<br />

almoine [. . .]» (Document 1268–03–10, 9);<br />

R2: «reportarent [. . .] l’yr<strong>et</strong>age deseur nomeit tot entierement» (Document 1268–03–10, 5);<br />

R3: «nos avons don<strong>et</strong> Warnier le bolengier c’on dist de Rumezees une mason [. . .]»<br />

(Document 1252–03–01b, 3).<br />

Dans ces conditions, les segments nominaux qui commutent avec un pronom de fonction<br />

S1 sont également S1, <strong>et</strong> simi<strong>la</strong>irement pour R2 <strong>et</strong> R3. De ce fait, <strong>la</strong> faiblesse de<br />

certains paradigmes eu égard à l’expression des re<strong>la</strong>tions sémantiques (comme c’est le<br />

cas du féminin, où <strong>la</strong> déclinaison n’existe plus pour un grand nombre de noms) n’est<br />

pas déterminante: même s’il manque à certains noms <strong>la</strong> forme fléchie qui spécifierait<br />

exactement <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion, c’est le potentiel commutatoire du constituant en contexte qui<br />

importe. Par ailleurs, <strong>la</strong> coorientation entre le suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> le prédicat semble stable, à en<br />

juger par les phénomènes d’accord observés. 106<br />

d. Commutations: cas de l’«attribut du suj<strong>et</strong>». Le primat de l’axe paradigmatique<br />

<strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te analyse – le seul dont on puisse avoir une vision complète – pousse à aller<br />

jusqu’au bout du raisonnement. Nous dirons que <strong>la</strong> fonction R2 convient également<br />

à <strong>la</strong> plupart des constituants qu’on dit traditionnellement «attributs du suj<strong>et</strong>», où S1<br />

<strong>et</strong> R2 qualifient le même référent, posant une équivalence ou une caractérisation, 107<br />

c’est-à-dire qu’ils sont orientés vers le même obj<strong>et</strong>, ce qu’A<strong>la</strong>in Lemaréchal (1997,<br />

128–129) nomme également coorientation. 108<br />

La commutation n’est pas attestée <strong>dans</strong> le corpus, mais <strong>la</strong> continuité semble fermement<br />

assurée entre les formes plus anciennes <strong>et</strong> le français moderne, où <strong>la</strong> commutation<br />

est possible (attestations tirées des ressources du site intern<strong>et</strong> Laboratoire de<br />

français ancien):<br />

«Mes c’il ert pruz jeo l’ameroie.<br />

Al<strong>la</strong>s, qe doel, il ne l’est mie!» (Ipomédon, 93).<br />

« ‹[. . .] il sanble mialz tornoieor<br />

que marcheant ne changeor.<br />

Il est chevaliers, ce me sanble.›<br />

Et les dameiseles ansanble<br />

105<br />

Nous négligeons complètement les contraintes de position modifiées par <strong>la</strong> substitution du<br />

pronom au syntagme nominal. Ces contraintes sont en eff<strong>et</strong> différentes pour le nom <strong>et</strong> le<br />

pronom (cf. Marchello-Nizia 1995, 107s.).<br />

106<br />

Voir néanmoins les problèmes que pose le phénomène de coordination (→3.4.7.2).<br />

107<br />

Voir cependant p. 99, où sont abordés les «attributs» qui ne sont pas équatifs ou caractérisants.<br />

108<br />

Voir→3.4.2.1 b. En réalité, l’auteur considère que les traditionnels «attributs du suj<strong>et</strong>» sont<br />

«transférés en verbes au moyen de <strong>la</strong> copule» (Lemaréchal 1989, 123) <strong>et</strong> sont ainsi orientés<br />

vers le participant exprimé par S1 (A<strong>la</strong>in Lemaréchal parle d’«agent», terme qu’on pourrait<br />

juger inadéquat, parce qu’il suppose un contrôle du procès, absent de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre le suj<strong>et</strong><br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> copule). Précisons, même si c<strong>et</strong>te conception n’est pas mobilisée <strong>dans</strong> ce travail, que <strong>la</strong><br />

propriété principale du substantif en matière d’orientation est d’être auto-orienté, c’est-à-dire<br />

orienté vers l’obj<strong>et</strong> qu’il désigne (Lemaréchal 1989, 109–110).<br />

94


[x] re<strong>la</strong>tion S1 [P0] re<strong>la</strong>tion R2<br />

re<strong>la</strong>tion attributive<br />

FIG. 3.22 – Représentation de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion attributive impliquant S1 <strong>et</strong> R2<br />

li dïent: ‹Bele dolce amie,<br />

s’il le sanble, ne l’est il mie; [. . .]›» (Cgraal, 380a.5015).<br />

Nous adm<strong>et</strong>tons donc le statut de R2 pour:<br />

« xv verges de terre sor bonir ki est alus» (Document 1269–02–23, 4).<br />

Et nous posons, par extension, ce statut pour les constituants du même type, qui apparaissent<br />

<strong>dans</strong> l’environnement d’un verbe dénotant un état ou un changement d’état:<br />

«li autre, ki vive [10] demorat, tenrat tote sa vie ceste tenore» (Document 1264–11–29, 9).<br />

Nous parlerons dès lors d’une re<strong>la</strong>tion attributive (ou attribution) entre un R2 <strong>et</strong> un<br />

S1 coorientés. C<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion lie S1 <strong>et</strong> R2 par le biais de l’emploi d’un prédicat dont<br />

le schéma actanciel <strong>et</strong> <strong>la</strong> valeur sémantique sont compatibles avec c<strong>et</strong>te coorientation<br />

(estre, demorer <strong>dans</strong> les exemples qui précèdent 109 ). La re<strong>la</strong>tion attributive ne s’envisage<br />

pas sans un suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> un prédicat. Les attestations tirées de Laboratoire de français<br />

ancien ci-dessus montrent bien que R2 n’a pas <strong>la</strong> même fonction syntaxique que S1<br />

par rapport au prédicat. R2 <strong>et</strong> S1 sont donc unis par une re<strong>la</strong>tion médiate, représentée<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.22 par un trait discontinu.<br />

e. Commutations: distinction entre R2 <strong>et</strong> R3. D’autre part, <strong>la</strong> distinction entre R2 <strong>et</strong><br />

R3 nécessite un commentaire. En eff<strong>et</strong>, seule une série limitée de noms 110 offrent des<br />

séries de trois formes. Pratiquement, si l’on examine l’entourage du verbe doner, on<br />

constate que le statut de R3 du mot lor ci-dessous est déterminé morphologiquement<br />

(un R2 aurait certainement eu <strong>la</strong> forme les):<br />

«Et je cel meime droit [. . .] lor [11] quitte ausi <strong>et</strong> lor done en almoine se nul droit i ai»<br />

(Document 1268–08–02a, 9).<br />

Dès lors, les syntagmes soulignés ci-dessous sont tous deux des R3, en dépit de <strong>la</strong><br />

différence formelle qui les oppose (présence ou non d’une «préposition»), puisqu’ils<br />

commutent avec un pronom R3:<br />

«nos avons don<strong>et</strong> Warnier le bolengier c’on dist de Rumezees une mason [4] en hir<strong>et</strong>age lui <strong>et</strong><br />

ses oirs» (Document 1252–03–01b, 3).<br />

«li abbesse [4] <strong>et</strong> li covens de_<strong>la</strong> maison de Robermont deleiz Liege ont doneit a trecens a<br />

Ja-[5]-kemin le Rotial <strong>et</strong> a dame Evel<strong>et</strong>te, sa femme, une curt <strong>et</strong> une maison [. . .]» (Document<br />

1260–02–21b, 3).<br />

109 Ce qu’on pourrait envisager en termes de trans<strong>la</strong>tion si le terrain exploré le perm<strong>et</strong>tait<br />

(→3.3.2), cf. note 108.<br />

110 Les pronoms, cf. p. 74.<br />

y <br />

95


suj<strong>et</strong><br />

@accord avec P0<br />

actant 1 (S1)<br />

@commute avec il<br />

actant<br />

@commute avec il, le ou li<br />

R2<br />

@commute avec le<br />

régime<br />

@non-accord avec P0<br />

R3<br />

@commute avec li<br />

FIG. 3.23 – Types d’actants en fonction de leur potentiel commutatoire<br />

C’est en premier chef <strong>la</strong> forme du pronom avec <strong>la</strong>quelle ils commutent qui distingue<br />

R3 de R2. Néanmoins, ce<strong>la</strong> n’exclut pas <strong>la</strong> possibilité d’une variation libre entre <strong>la</strong><br />

présence <strong>et</strong> l’absence de l’adverbe a au début de l’argument, comme on le voit cidessus.<br />

111<br />

Le schéma 3.21 (p. 93) doit être revu, en soulignant que c’est le potentiel paradigmatique<br />

qui perm<strong>et</strong> de reconnaître les actants: nous le faisons <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.23.<br />

De notre point de vue, les re<strong>la</strong>tions actancielles sont des re<strong>la</strong>tions spécifiées par des<br />

moyens morphologiques. Soit ces marques sont «en présence», c’est le cas du pronom<br />

de <strong>la</strong> troisième personne; soit ces marques sont «en absence», <strong>et</strong> ne peuvent être<br />

appréhendées que si l’on a conscience des commutations possibles.<br />

3.4.2.3 Circonstants<br />

Le modèle exposé <strong>dans</strong> <strong>la</strong> section précédente ne suffit pas à c<strong>la</strong>sser tous les arguments.<br />

Si l’on fait commuter les constituants immédiats de c<strong>et</strong>te phrase (excepté le prédicat)<br />

avec les pronoms, l’opération échoue pour deux constituants immédiats de <strong>la</strong> phrase:<br />

«La afaitarent elles a [5] frere Libier de Frelus, a owez de <strong>la</strong> maison de <strong>la</strong> Vas Benoi<strong>et</strong>e delés<br />

Liege, delle ordene de [6] Citeaz, xvii verges de terre». (Document 1263–07–20, 4)<br />

Ces constituants soulignés sont ainsi le reliquat de l’analyse, puisqu’ils ne commutent<br />

avec aucune forme du pronom. Si l’on désirait les faire commuter, l’opération ne réussirait<br />

qu’avec un adverbe: <strong>la</strong> commuterait avec i <strong>et</strong> a owez. . . avec si. Pour c<strong>et</strong>te raison,<br />

ces constituants n’entrent pas <strong>dans</strong> les c<strong>la</strong>sses S1, R2 <strong>et</strong> R3 qui viennent d’être définies.<br />

Il est cependant indubitable que ces constituants ont un sens qui ne se conçoit<br />

qu’en re<strong>la</strong>tion avec celui dénoté par le prédicat (ici, afaitarent) ou à l’ensemble de<br />

<strong>la</strong> phrase qu’il fonde. C<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion sémantique suppose une re<strong>la</strong>tion syntaxique, <strong>et</strong> à<br />

c<strong>et</strong> égard, ces constituants sont également des arguments du prédicat. Pour marquer<br />

<strong>la</strong> différence avec S1, R2 <strong>et</strong> R3, qu’on a groupés sous le terme d’actant, on parlera<br />

de circonstants (désormais C5). On obtient ainsi <strong>la</strong> hiérarchie présentée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure<br />

3.24. 112<br />

111 Ce fait relève de <strong>la</strong> construction des arguments <strong>et</strong> on verra ci-dessous comment interpréter <strong>la</strong><br />

présence de ce a (→3.4.4.2).<br />

112 Ce schéma sera revu (→3.4.2.4).<br />

96


actant<br />

@commute avec il, le ou li<br />

argument<br />

@en re<strong>la</strong>tion avec P0<br />

circonstant<br />

@ne commute pas avec il, le, li<br />

FIG. 3.24 – Types d’arguments en fonction de leur potentiel commutatoire<br />

Vue de c<strong>et</strong>te manière, <strong>la</strong> spécification se fait ici de manière négative, ce qui a<br />

pour conséquence de regrouper <strong>dans</strong> <strong>la</strong> même c<strong>la</strong>sse les arguments non-actants dont<br />

<strong>la</strong> forme est indépendante du choix lexical du prédicat ou de <strong>la</strong> diathèse <strong>et</strong> ceux dont<br />

<strong>la</strong> forme est associée à un rôle spécifique compte tenu de <strong>la</strong> diathèse. Par exemple, le<br />

complément dit «d’agent» est c<strong>la</strong>ssé <strong>dans</strong> les circonstants. 113<br />

Voyons à présent s’il est possible de distinguer plusieurs catégories de circonstants.<br />

a. Expression du «cadre» du procès. On perçoit intuitivement que les circonstants<br />

peuvent être c<strong>la</strong>ssés en sous-groupes, mais aucune marque morphosyntaxique ne perm<strong>et</strong><br />

de procéder à ce c<strong>la</strong>ssement: on ne peut se fier qu’à <strong>la</strong> manière dont ces constituants<br />

interfèrent sémantiquement avec le reste du procès <strong>et</strong> de ses participants. De ce<br />

fait, certains des circonstants en question interagissent avec <strong>la</strong> phrase-énoncé de manière<br />

interne au procès, en posant un cadre spatio-temporel, logique, final, consécutif,<br />

<strong>et</strong>c.<br />

La seule différence sémantique ne suffirait cependant pas à caractériser les circonstants<br />

par rapport aux actants. C’est pourquoi le c<strong>la</strong>ssement sémantique se fait<br />

obligatoirement à <strong>la</strong> suite du c<strong>la</strong>ssement syntaxique, de manière à profiter du gardefou<br />

que constitue <strong>la</strong> grammaire le plus longtemps possible. Ainsi, le bénéficiaire peut<br />

être exprimé par un actant ou un circonstant: 114<br />

R3: «li abbesse [4] <strong>et</strong> li covens de_<strong>la</strong> maison de Robermont deleiz Liege ont doneit a trecens<br />

a Ja-[5]-kemin le Rotial <strong>et</strong> a dame Eveltte, sa femme, une curt <strong>et</strong> une maison [. . .]» (Document<br />

1260–02–21b, 3);<br />

circonstant: «Les queiz s<strong>et</strong> boniere de terre <strong>et</strong> les dous curs [10] Houduins devant dis reportat<br />

sus en <strong>la</strong> main del maior par devant eas a oés de_<strong>la</strong> maison de [11] Robermont devant dite»<br />

(Document 1260–05–30a, 9);<br />

circonstant: «nos en donames don <strong>et</strong> vesture par devant les homes de_le Chiese Deu [13] a<br />

frere Henri de Robermont, a oés de_<strong>la</strong> maison devant dite» (Document 1260–05–14, 12).<br />

La coexistence de R3 <strong>et</strong> du circonstant <strong>dans</strong> le dernier exemple ne <strong>la</strong>isse aucun doute<br />

au suj<strong>et</strong> de l’analyse de ce dernier.<br />

113 Il est possible d’envisager les choses autrement. On peut considérer que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion est spécifiée<br />

par des marques beaucoup plus précises <strong>et</strong> contraignantes que les autres circonstants:<br />

non seulement <strong>la</strong> diathèse, mais également les adverbes de, par (seuls ou combinés), ainsi<br />

que l’impossibilité de commuter avec un adverbe. Elle est par ailleurs liée à une certaine<br />

c<strong>la</strong>sse de verbe.<br />

114 C<strong>et</strong>te analyse n’est pas celle de Denis Creissels (1995, 245–247), qui affirme que <strong>la</strong> distinction<br />

entre R3 <strong>et</strong> les circonstants n’est pas assurée, de même, dit-il, que <strong>la</strong> distinction des<br />

«attributs». Le test de commutation nous paraît pourtant sans appel: R3 commute avec le<br />

pronom li (<strong>et</strong> en fr. mod. lui), ce qui n’est pas le cas des circonstants.<br />

97


C5<br />

@exprime le cadre du procès<br />

circonstant<br />

@ne commute pas avec il, le, li<br />

FIG. 3.25 – Types de circonstants<br />

C6<br />

@lie l’énoncé au précédent<br />

Par contre, c<strong>et</strong>te approche sémantique perm<strong>et</strong> de distinguer ces circonstants qui<br />

expriment le cadre du procès <strong>et</strong> certains participants (désormais C5), d’autres constituants<br />

qui ont plutôt pour rôle d’organiser les énoncés les uns par rapport aux autres.<br />

b. Expression de l’organisation des énoncés. Au point de vue du sens qu’ils véhiculent,<br />

certains circonstants agissent effectivement à un autre niveau: ils se comprennent<br />

plutôt par rapport à l’énoncé entier, en m<strong>et</strong>tant en re<strong>la</strong>tion ce dernier avec<br />

celui qui précède <strong>et</strong> construisant ainsi ce qu’on appelle <strong>la</strong> cohésion du texte. 115<br />

C<strong>et</strong>te analyse convient au fameux <strong>et</strong> initial de phrase (→3.4.1.3) <strong>et</strong> à tous les<br />

adverbes commutant avec lui (ne, ou, ains, car), mais également à l’adverbe si.<br />

«[Des dispositions sont prises. . .] Et par-mi ceste pais at quite c<strong>la</strong>mé li glise mon saingnor<br />

Oston totes convenances k’ilh a eu a lui de ci a ore; ne ne li doit emcombrer de [19] son achat<br />

de Lovierval ne de le vowerie; ains li doit aidier en bone foi , sain le sin doner» (Document<br />

1244–01–19, 18).<br />

«[À <strong>la</strong> fin d’une charte] Et por ce que ce soit fermement tenut, li veskes <strong>et</strong> li cuens i ont<br />

pendut lors sayaus» (Document 1236–12–15, 12).<br />

«nos avons changi<strong>et</strong> a le maizon del Va_Benoite <strong>et</strong> frere [5] Warnier [. . .] [6] dois boniers de<br />

terre <strong>et</strong> un jornal [. . .] <strong>et</strong>-contre atre terre [. . .]; s’en gisent de ces dois bonier desor nommés<br />

v jornal entre Ans <strong>et</strong> Hanbru [. . .] » (Document 1260–10–02, 4).<br />

Pour les distinguer des C5 <strong>et</strong> pour indiquer leur distance plus grande par rapport au<br />

prédicat, ces circonstants ont le sigle C6 (figure 3.25). Ne disposant que de critères<br />

sémantiques pour distinguer C5 <strong>et</strong> C6, nous reconnaissons <strong>la</strong> fragilité de c<strong>et</strong>te séparation.<br />

3.4.2.4 Cas «intermédiaires»<br />

Aux actants <strong>et</strong> circonstants s’ajoute un troisième type d’argument, qui pose un problème<br />

de description. Certains participants au procès ont une forme qui semble liée<br />

au lexème verbal employé comme prédicat, mais ne commutent pas avec un pronom.<br />

Dans ce cas, l’absence de marque segmentale nous <strong>la</strong>isse un peu désarmé pour traiter<br />

le problème.<br />

Il y a tout lieu de croire – mais le fait mériterait d’être vérifié – que <strong>la</strong> forme de ces<br />

arguments est limitée à des schémas très spécifiques qui semblent dépendre du lexème<br />

verbal. Par exemple, le verbe defalir est toujours attesté avec un argument introduit par<br />

de, comme <strong>dans</strong> l’extrait suivant:<br />

115 Voir l’exposé détaillé des procédés de cohésion <strong>dans</strong> Halliday 1985, ch. 9.<br />

98


actant<br />

@commute avec il, le ou li<br />

argument<br />

@en re<strong>la</strong>tion avec P0<br />

A4<br />

@forme dépendante<br />

du lexème de rôle P0<br />

non-actant<br />

@ne commute pas<br />

avec il, le, li<br />

FIG. 3.26 – Types d’arguments<br />

circonstant<br />

@forme indépendante<br />

du lexème de rôle P0<br />

«se watiers u sei hoir auchun an [6] defaloient de_paiement de ces iiii muis, de cens <strong>et</strong><br />

de <strong>la</strong> rente, si ke dit est, Johans poroit a<strong>la</strong>r a ces l’endemain sens demener» (Document<br />

1271–12–09, 5).<br />

Certaines séries de verbes au sémantisme proche acceptent également des compléments<br />

re<strong>la</strong>tivement figés. Par exemple, les terres transmises à une institution religieuse<br />

par simple don, qu’on appelle aumones, peuvent être <strong>la</strong>ssiees, werpies 116 ou donees:<br />

«i bonier de quartal terre [. . .] [10] ke Thomas Batas desour dis avoit <strong>la</strong>ssiés en amoine»<br />

(Document 1276–02–24, 9).<br />

«<strong>et</strong> werpit por Dieu <strong>et</strong> en amoine» (Document 1284–05–11, 6).<br />

«Et je [. . .] donai en amoene, [. . .] al abbeit <strong>et</strong> a covent del Vaus Saint Lambert desor dis [. . .]<br />

tel alué ki astoit en ma maen» (Document 1270–11–26, 21).<br />

La distinction entre ce type d’argument <strong>et</strong> ceux qui posent un cadre spatiotemporel<br />

paraît parfois bien mince <strong>et</strong> ne saurait être posée catégoriquement. Il semble<br />

que ces arguments servent en particulier à marquer un complément proche du prédicat,<br />

alors que <strong>la</strong> position R2 est déjà occupée par un autre argument (il y a en quelque<br />

sorte saturation d’une des cases prévues par le schéma argumental) ou que <strong>la</strong> fonction<br />

R2 est incompatible avec le lexème qui est prédicat (comme aler ou venir).<br />

Il est difficile de trouver <strong>dans</strong> <strong>la</strong> tradition un terme adéquat pour désigner ces arguments<br />

de type intermédiaire. Nous emploierons simplement le sigle A4 pour les<br />

désigner, soulignant le fait qu’ils ne sont pas soumis aux mêmes contraintes de forme<br />

que les actants, mais sont moins libres que les circonstants par rapport à l’information<br />

stockée <strong>dans</strong> le lexème qui a fonction de prédicat. Le numéro 4 est destiné à refléter<br />

c<strong>et</strong>te position intermédiaire. On doit ainsi ajouter une branche au schéma 3.24 de <strong>la</strong><br />

page 97 en interca<strong>la</strong>nt le concept opératoire de non-actant <strong>dans</strong> <strong>la</strong> hiérarchie (figure<br />

3.26). La conceptualisation est moins péremptoire qu’il n’y paraît: on pourrait également<br />

envisager un schéma m<strong>et</strong>tant en évidence le caractère qui regroupe les actants<br />

aux A4 <strong>et</strong> les oppose aux circonstants (leur dépendance par rapport au lexème de rôle<br />

P0). L’arbre ci-dessus est préférable parce que les commutations avec les pronoms<br />

sont des moyens d’accès plus rigoureux à <strong>la</strong> distinction des re<strong>la</strong>tions syntaxiques.<br />

En suivant ce principe, les traditionnels «attributs» de S1 qui ne sont pas coréfé-<br />

116 C’est-à-dire ‘déguerpies’.<br />

99


ents à ce dernier <strong>et</strong> qui ne commutent pas avec un pronom doivent également être<br />

décrits comme des A4. Ils dénotent généralement une situation, un contexte ou un<br />

possesseur. Par exemple:<br />

« canones ki seront en_<strong>la</strong> vilhe» (Document 1236–05, 6).<br />

« El nom de Deu soit» (Document 1265–07–04, 1).<br />

« Sachent tuit cilh ki sunt <strong>et</strong> ki a_venir sont ke [. . .]» (Document 1268–03–10, 2).<br />

« le huge ki fu se pere» (Document 1272–03, 31).<br />

où l’on constate bien qu’aucune commutation avec il, le ou li n’est possible.<br />

En comparaison, les traditionnels «attributs du complément direct» peuvent être<br />

définis comme m<strong>et</strong>tant en coréférence R2 <strong>et</strong> A4.<br />

«Do quelh testament ju enlis <strong>et</strong> fais foumains [. . .] sangnor Thirri de Dynant, [. . .] dame<br />

Annés [. . .]» (Document 1289–01–12, 31).<br />

Il est remarquable que, du point de vue sémantique, lorsque R2 <strong>et</strong> A4 sont coexistants,<br />

il est très souvent possible d’envisager qu’ils expriment tous deux une désignation<br />

du même obj<strong>et</strong>. 117 Ainsi, d’un point de vue sémantique, le procès exprimé par <strong>la</strong><br />

phrase citée fait des patients (sangnor Thirri. . .), exécuteurs testamentaires (foumains)<br />

du locuteur (ju). De même, <strong>dans</strong><br />

«sires Giles <strong>et</strong> sa mere reconoisent a le glise <strong>et</strong> c<strong>la</strong>iment quitte le quarte part de tote <strong>la</strong> dime<br />

de Nodués [. . .]» (Document 1236–05, 4).<br />

le nom quite exprime des propriétés de <strong>la</strong> réalité désignée par le quarte part de <strong>la</strong><br />

dime de Nodués. La transformation traditionnelle qui fait de l’«attribut du complément<br />

d’obj<strong>et</strong> direct» un «attribut du suj<strong>et</strong>» est possible. 118 Puisque le corpus contient,<br />

«[. . .] li vi mars de cens, les queis j’ai <strong>la</strong>ssiés en me testament sor ma maison de_le Fosse<br />

[. . .] soient quittes <strong>et</strong> paisueles [7] a Johan [. . .]» (Document 1283–02–13a, 6).<br />

il n’est pas déraisonnable de postuler qu’on peut former:<br />

*Giles <strong>et</strong> sa mere c<strong>la</strong>iment que le quarte part. . . est quite<br />

ce qui rend p<strong>la</strong>usible l’analyse parallèle à celle de l’«attribut» de S1 (figure 3.27).<br />

Même si elles rentrent <strong>dans</strong> ce moule, les structures de ce type impliquant des infinitifs<br />

117 À première vue, certaines constructions semblent s’opposer à c<strong>et</strong>te analyse: «[. . .] ai pri<strong>et</strong><br />

l’official de Liege qu’ilh pende le seal de l’officialité de Liege por [14] mi a ches presens l<strong>et</strong>res»<br />

(Document 1271–12–03b, 13); si on analyse l’official de Liege comme un R2 (ce qu’on fait<br />

intuitivement en tant que locuteur du français moderne), l’hypothèse de <strong>la</strong> coorientation ne<br />

tient pas. L’observation du corpus révèle qu’il s’agit en fait d’un R3: «[. . .] <strong>et</strong> se prie <strong>et</strong> requier<br />

ausi a manbor [. . .] qu’il donent [. . .] l<strong>et</strong>tres de recognisance [. . .]» (Document 1283–02–13b,<br />

18). La spécification par a n’est pas attestée pour R2.<br />

118 Dans les termes de notre modèle, nous disons que c<strong>et</strong>te transformation transpose respectivement<br />

R2 <strong>et</strong> A4 en S1 <strong>et</strong> R2 attributif d’un P0 copule.<br />

100


[x] A4 [P0] R2<br />

re<strong>la</strong>tion attributive<br />

y <br />

FIG. 3.27 – Re<strong>la</strong>tion attributive impliquant R2 <strong>et</strong> A4<br />

nécessitent un commentaire <strong>et</strong> seront abordées de manière plus détaillée ci-dessous<br />

(→3.4.4.6).<br />

3.4.2.5 Synthèse des re<strong>la</strong>tions argumentales<br />

Nous ferons suivre le tableau des constituants immédiats de <strong>la</strong> phrase (→a) avant de<br />

le généraliser à <strong>la</strong> proposition (→b). Ensuite, nous dresserons un premier inventaire<br />

des conventions de schématisation des re<strong>la</strong>tions rencontrées (→c).<br />

a. Taxinomie des constituants immédiats de <strong>la</strong> phrase. Nous considérons que tout<br />

constituant immédiat de <strong>la</strong> phrase est forcément soit prédicat, soit argument, c’est-àdire<br />

que toutes les re<strong>la</strong>tions sont organisées autour du prédicat. Ainsi, aucune re<strong>la</strong>tion<br />

de niveau argumental n’existe en l’absence du prédicat.<br />

Le c<strong>la</strong>ssement proposé distingue les arguments <strong>et</strong> les hiérarchise en fonction de <strong>la</strong><br />

«distance» qui les sépare du prédicat. 119 Les arborescences conceptuelles présentées<br />

<strong>dans</strong> les paragraphes ci-dessus se regroupent en un seul schéma, où <strong>la</strong> distance par<br />

rapport au prédicat augmente au fur <strong>et</strong> à mesure qu’on se dép<strong>la</strong>ce vers <strong>la</strong> droite de<br />

l’arbre (voir <strong>la</strong> figure page 102).<br />

b. Notion de proposition. À ce stade du découpage, le fait que le prédicat exprime ou<br />

non des catégories personnelles (aux modes dits «personnels»: indicatif <strong>et</strong> subjonctif)<br />

n’a pas d’incidence sur <strong>la</strong> définition obtenue.<br />

D’ailleurs, <strong>et</strong> ce<strong>la</strong> nous a servi de base pour découper le texte en énoncés (→3.4.1),<br />

le verbe se caractérise par son potentiel à assumer <strong>la</strong> fonction de prédicat <strong>et</strong> imprimer<br />

à <strong>la</strong> proposition entière une structure syntaxique particulière. Quelle que soit <strong>la</strong> désinence<br />

que prenne le verbe, il conditionne le même environnement syntaxique (changements<br />

de diathèse mis à part). À l’exception de S1, tous les arguments se comportent<br />

de <strong>la</strong> même manière par rapport au prédicat, qu’il soit conjugué à un mode personnel<br />

ou non. Nous avons donc tout intérêt à adopter une terminologie qui m<strong>et</strong>te en évidence<br />

c<strong>et</strong>te persistance tout en perm<strong>et</strong>tant de parler de <strong>la</strong> désinence du verbe. Nous distinguerons<br />

simplement les propositions personnelles, participiales <strong>et</strong> infinitives, réservant le<br />

nom de phrase aux propositions personnelles employées comme énoncés (→3.4.1.2).<br />

Dans un souci de cohérence, comme nous avons refusé le statut de verbe aux<br />

déverbaux comme paiable (→3.3.4), nous n’analysons pas le syntagme dont il est le<br />

«centre» comme une proposition. 120<br />

c. Re<strong>la</strong>tions fondamentales: c<strong>la</strong>ssement <strong>et</strong> schématisation. Comme précisé en j<strong>et</strong>ant<br />

les bases du modèle d’é<strong>la</strong>boration de concepts (→1.1), <strong>la</strong> sélection des propriétés à<br />

119 Même si tous les arguments d’un certain type ne sont pas forcément équivalents de ce point<br />

de vue; par exemple, parmi les C5, le complément d’agent peut être considéré comme plus<br />

proche du prédicat que les autres, puisqu’il est lié à <strong>la</strong> diathèse (→3.4.2.3).<br />

120 Du reste, il semblerait que les déverbaux de ce type bloquent les possibilités de commutation<br />

des «arguments» (on ne peut plus à proprement parler les qualifier comme tels) avec un<br />

pronom.<br />

101


102<br />

constituant immédiat de <strong>la</strong> phrase<br />

@intégré à <strong>la</strong> phrase<br />

argument (→3.4.2)<br />

@lien syntaxique à P0<br />

prédicat = P0 (→3.4.2)<br />

@exprime <strong>la</strong> temporalité<br />

de <strong>la</strong> phrase<br />

non-actant<br />

@ne commute pas avec il, le, li<br />

actant (→3.4.2.2)<br />

@commute avec il, le ou li<br />

circonstant (→3.4.2.3)<br />

@forme indépendante de P0<br />

A4 (→3.4.2.4)<br />

@forme dépendante de P0<br />

régime<br />

@non-accord avec P0<br />

suj<strong>et</strong><br />

@accord avec P0<br />

C6 (→3.4.2.3 b)<br />

@cadre l’énoncé<br />

C5 (→3.4.2.3 a)<br />

@cadre le procès<br />

R3<br />

@commute<br />

avec li<br />

R2<br />

@commute<br />

avec le<br />

S1<br />

@commute<br />

avec il<br />

FIG. 3.28 – Types de constituants immédiats de <strong>la</strong> phrase (c<strong>la</strong>ssement<br />

compl<strong>et</strong>)


combinaison<br />

@coorientation<br />

de l’argument <strong>et</strong> P0<br />

re<strong>la</strong>tion vers P0<br />

@P0 est sélectionné<br />

re<strong>la</strong>tion<br />

@dépendance ou cooccurrence<br />

@les termes sont des constituants<br />

complémentation<br />

@non-coorientation<br />

re<strong>la</strong>tion entre arguments<br />

@aucun terme n’est P0<br />

attribution<br />

@coorientation<br />

FIG. 3.29 – Représentation des re<strong>la</strong>tions syntaxiques impliquant des arguments<br />

[P0] [x]<br />

FIG. 3.30 – Représentation des re<strong>la</strong>tions argumentales simples<br />

[P0] [x]<br />

FIG. 3.31 – Représentation de <strong>la</strong> dépendance<br />

abstraire en caractères faite durant le raisonnement dépend du descripteur, mais aussi<br />

du point de vue adopté durant l’analyse. Il serait possible de construire un autre arbre,<br />

qui m<strong>et</strong>te en évidence d’autres oppositions caractéristiques. Il n’est pas ici question<br />

de proposer un c<strong>la</strong>ssement parallèle à celui qui vient d’être synthétisé, mais plutôt de<br />

souligner une opposition importante qui sera utile ultérieurement <strong>et</strong> qui ne resterait<br />

que sous-jacente si l’on se contentait de l’arbre de <strong>la</strong> page 102.<br />

Tout d’abord, nous avons fondé <strong>la</strong> distinction entre deux c<strong>la</strong>sses d’actants principales<br />

sur <strong>la</strong> base du comportement qu’ils ont par rapport à l’accord avec le prédicat. Le<br />

suj<strong>et</strong> s’accorde de manière directe avec le prédicat, ce qui n’est pas le cas des régimes<br />

– l’accord d’un R2 en re<strong>la</strong>tion attributive avec un suj<strong>et</strong> est indirect (voir p. 94). La<br />

re<strong>la</strong>tion qui unit le suj<strong>et</strong> au prédicat a été nommée combinaison (voir p. 92). En ancien<br />

français – de même qu’en français moderne <strong>et</strong> <strong>dans</strong> toutes les <strong>la</strong>ngues romanes –, c<strong>et</strong>te<br />

re<strong>la</strong>tion est tout à fait particulière <strong>et</strong> s’oppose à toutes les autres re<strong>la</strong>tions que les arguments<br />

peuvent entr<strong>et</strong>enir avec le prédicat. Nous reprendrons le terme généralement<br />

reçu pour désigner ces «autres re<strong>la</strong>tions» <strong>et</strong> nous dirons qu’il s’agit de re<strong>la</strong>tions de<br />

complémentation, <strong>et</strong> que ces arguments (R2, R3, A4, C5 <strong>et</strong> C6) sont les compléments<br />

du prédicat. Le concept de re<strong>la</strong>tion se subdivise comme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.29.<br />

Les re<strong>la</strong>tions peuvent être représentées à l’aide d’un p<strong>et</strong>it nombre de principes de<br />

schématisation. Pour indiquer une re<strong>la</strong>tion sans précision supplémentaire, on procède<br />

comme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.30. Pour montrer que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion implique une hiérarchisation<br />

des constituants, nous utilisons une flèche, dirigée vers le constituant dont dépend<br />

l’autre constituant; par exemple, le prédicat (figure 3.31). Pour indiquer une combinaison,<br />

nous faisons usage d’une double ligne, comme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.32 – le cas<br />

échéant, <strong>la</strong> flèche indique <strong>la</strong> hiérarchie 121 . Enfin, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion peut être caractérisée en<br />

121 On verra plus loin (→3.4.6.1 a) des cas où <strong>la</strong> hiérarchisation ne doit pas être faite.<br />

103


[P0] [x]<br />

FIG. 3.32 – Représentation de <strong>la</strong> combinaison avec dépendance<br />

[P0] [x]<br />

R2<br />

FIG. 3.33 – Convention d’annotation des re<strong>la</strong>tions<br />

[x] S1 [P0] R2<br />

attribution<br />

y <br />

FIG. 3.34 – Représentation de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion attributive<br />

indiquant son type sur <strong>la</strong> ligne qui <strong>la</strong> représente; par exemple, c’est <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion R2 qui<br />

est représentée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.33.<br />

Toutes les re<strong>la</strong>tions présentées ci-dessus ont deux particu<strong>la</strong>rités: 1/ elles sont directes;<br />

2/ elles impliquent toujours le prédicat. Si une re<strong>la</strong>tion est médiate (elle ne porte<br />

pas sur le prédicat, mais a besoin de sa présence pour s’établir), elle est représentée<br />

par un trait discontinu (figure 3.34).<br />

3.4.3 Construction du prédicat<br />

Le prédicat, tout comme les arguments (→3.4.4), est parfois une unité complexe dont<br />

il faut analyser <strong>la</strong> structure. Il sera ici question des temps «composés» <strong>et</strong> de <strong>la</strong> position<br />

adoptée à leur égard.<br />

3.4.3.1 Problème des temps «composés»<br />

Traditionnellement, les grammairiens de l’ancien français opposent les formes verbales<br />

«simples» aux formes verbales «composées», construites à l’aide des verbes<br />

estre ou avoir (qui servent d’«auxiliaires») <strong>et</strong> du lexème verbal fléchi au participe<br />

passé (l’auxilié). Sous certaines conditions, les catégories verbales doivent donc être<br />

exprimées par des moyens analytiques. De <strong>la</strong> même manière, <strong>la</strong> diathèse passive, qui<br />

consiste en un changement d’orientation (voir p. 87), est également formée à l’aide de<br />

l’auxiliaire estre. Les exemples abondent:<br />

«nos avons don<strong>et</strong> Warnier [. . .] une mason» (Document 1252–03–01b, 3).<br />

«[. . .] Johans [. . .] ki astoit venuz a ses jors aprés <strong>la</strong> mort [3] de son pere, vient par devant moi<br />

[. . .]» (Document 1270–11–26, 2).<br />

«[. . .] ensi com ilh est contenut plus esc<strong>la</strong>iriement en [43] l<strong>et</strong>tres nostre frere ki de ce sunt<br />

faites.» (Document 1265–05a, 42).<br />

La question qui se pose est celle du statut à accorder à l’auxilié: est-il un argument<br />

de l’auxiliaire (lequel est assimilé au prédicat <strong>dans</strong> ce cas) <strong>et</strong> possède-t-il son<br />

propre schéma argumental? ou est-il au contraire indissociable de l’auxiliaire (les deux<br />

104


argument [P0 (auxiliaire)] [P0 (auxilié)] <br />

FIG. 3.35 – Structure de P0 complexe (l’auxilié est argumental)<br />

[P0 (auxiliaire)]<br />

R2<br />

[auxilié]<br />

argument <br />

FIG. 3.36 – Structure de P0 complexe (l’auxilié n’est pas argumental)<br />

formes construisent ensemble le prédicat)? La hiérarchie serait soit celle représentée<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.35, soit celle représentée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.36.<br />

3.4.3.2 Position adoptée<br />

Il est vrai que l’on rencontre des cas de coordination (→3.4.7.2) qui montrent bien<br />

que les auxiliés peuvent être multipliés sans qu’il y ait besoin de répéter l’auxiliaire.<br />

Ces auxiliés peuvent même avoir chacun leur schéma argumental propre, comme en<br />

témoignent:<br />

«La u li amone devant dite fut afaitié ma [17] damme l’abbeesse [. . .] <strong>et</strong> li conisance<br />

de iii bonirs d’alu devant dis fai<strong>et</strong>e, furent hommes de Cize [18] Deus [. . .]» (Document<br />

1265–04–15, 16).<br />

«<strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre ki faite en est <strong>et</strong> saieleie de saial de <strong>la</strong> citeil de Liege <strong>et</strong> del [7] hospitaal de San<br />

Jehan.» (Document 1273–12, 6).<br />

Certaines coordinations m<strong>et</strong>tent sur le même pied deux schémas différents: le premier<br />

avec un R2 attributif (voir p. 94), le second avec un auxilié:<br />

«tot li arrerage <strong>et</strong> tot li besten ki unt esté entr’eaus sunt quite <strong>et</strong> totes les males amors<br />

par-[15]-donees» (Document 1270–05–10, 14).<br />

Cependant, du point de vue sémantique, forme auxiliée <strong>et</strong> auxiliaire fonctionnent<br />

de concert: <strong>la</strong> suppression de l’une ou l’autre des deux formes modifie radicalement<br />

les catégories aspectuelles <strong>et</strong> temporelles exprimées <strong>dans</strong> l’énoncé. Or, le prédicat est<br />

vu comme le siège exclusif de ces catégories. Parallèlement, du point de vue morphosyntaxique,<br />

le statut de <strong>la</strong> construction change si on r<strong>et</strong>ire l’auxiliaire, puisque <strong>la</strong><br />

phrase se définit notamment par <strong>la</strong> présence d’un morphème personnel <strong>dans</strong> le lexème<br />

verbal.<br />

D’autre part, <strong>la</strong> commutation qu’on pourrait faire entre l’auxilié accompagné de<br />

ses arguments <strong>et</strong> une forme du pronom, si elle est envisageable, n’est pas attestée <strong>dans</strong><br />

le corpus, mais on peut aisément construire:<br />

*Johans, [. . .] ki l’astoit, vient par devant moi.<br />

On voit ici que les commutations opacifient complètement le sens du procès dénoté<br />

<strong>et</strong> l’orientation. Pareillement, les formes passives se caractérisent par une orientation<br />

primaire (vers S1) du prédicat vers le patient, mais c<strong>et</strong>te orientation ne subsiste pas<br />

quand <strong>la</strong> phrase<br />

105


«persones ki sont escrit el testament Godefroit» (Document 1274–05–31b, 8).<br />

est transformée par commutation en:<br />

*persones ki le sont el testament Godefroit.<br />

Sans toutefois rej<strong>et</strong>er formellement l’autre analyse possible – il faudrait une étude<br />

plus approfondie pour trancher –, il semble que ces raisons autorisent à considérer les<br />

«temps composés» comme des prédicats à forme complexe.<br />

3.4.4 Construction des arguments<br />

La notion de spécification synthétique sert à caractériser les re<strong>la</strong>tions simples entre<br />

les unités qui constituent les arguments (→3.4.4.1) de nature nominale. La spécification<br />

analytique segmentale (→3.4.4.2) <strong>et</strong> <strong>la</strong> spécification analytique séquentielle<br />

(→3.4.4.3) sont ensuite introduites pour traiter les cas complexes.<br />

Une fois ces mécanismes observés, l’analyse est étendue aux arguments de natures<br />

adverbiale (→3.4.4.4) <strong>et</strong> propositionnelle (→3.4.4.5 <strong>et</strong>→3.4.4.6).<br />

3.4.4.1 Noms: spécification synthétique additionnelle<br />

La spécification de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion liant les arguments nominaux qui ne sont pas des pronoms<br />

au prédicat est détectée en utilisant <strong>la</strong> procédure commutative. Ce sont des<br />

marques synthétiques qui perm<strong>et</strong>tent aux pronoms de spécifier <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion sans l’aide<br />

d’autres mots. La déclinaison des autres noms constitue parfois une marque synthétique<br />

supplémentaire qui se superpose à <strong>la</strong> spécification que comporte le potentiel<br />

paradigmatique. Ainsi, <strong>dans</strong>: 122<br />

«le queil alué Wilheames [. . .] [12] kenut par devan les homes k’ilh en astoit bin vestis»<br />

(Document 1270–09–29, 11).<br />

<strong>la</strong> fonction S1 est marquée par le fait que Wilheames commute avec il, mais également<br />

par une désinence spécifique (-s). La coordination perturbe parfois ces marques<br />

(→3.4.7.2) bien que <strong>dans</strong> l’ensemble, les formes restent stables. C’est le cas <strong>dans</strong>:<br />

«La afaitarent Wilheames <strong>et</strong> Agnés [. . .] <strong>et</strong> Werris [. . .], a maistre Amelé, doin de Saint Donis,<br />

en nom de maistre Conrar, maison, curs, terres, [7] preis, cens, chapons, bleis <strong>et</strong> bois [. . .]»<br />

(Document 1276–06–10a, 5).<br />

où le marquage rend reconnaissables deux «cas suj<strong>et</strong>s» S1 masculins singuliers (Wilheames<br />

<strong>et</strong> Werris), sans livrer aucune information à propos de Agnés. Toutefois, ces<br />

marques synthétiques ne sont apparemment pas primordiales. Il faudrait une étude approfondie<br />

pour l’affirmer avec certitude, mais <strong>la</strong> spécification analytique, par emploi<br />

de prépositions <strong>et</strong> figement de l’ordre des mots, paraît déjà jouer un rôle bien plus<br />

122 Pour simplifier l’exposé, le constituant intéressant a été réduit à un seul mot (un nom propre).<br />

Il est évident que <strong>dans</strong> les faits, les syntagmes sont beaucoup plus complexes, mais <strong>la</strong><br />

construction de ces syntagmes est un fait de <strong>syntaxe</strong> immédiate (→3.4.6).<br />

106


important <strong>dans</strong> les documents. En eff<strong>et</strong>, une grande partie des mots n’ont déjà plus de<br />

déclinaison (notamment les féminins <strong>et</strong> les mots se terminant par -s).<br />

Par ailleurs, même pour le peu de noms pour lesquels <strong>la</strong> déclinaison est encore efficace,<br />

les grammaires de l’ancienne <strong>la</strong>ngue énumèrent une multitude d’emplois divers<br />

(voir p. ex. Ménard 1994, §3–4) du «cas régime». Ce dernier correspond donc à une<br />

forme nominale morphologiquement sous-spécifiée, c’est-à-dire une forme qui n’imprime<br />

pas une valeur sémantique précise à <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qu’elle entr<strong>et</strong>ient avec d’autres<br />

constituants – ce qui est tout le contraire du «cas suj<strong>et</strong>». La <strong>la</strong>ngue autorise l’emploi<br />

de contraintes supplémentaires pour que ce cas serve à exprimer des rôles sémantiques<br />

précis; <strong>la</strong> marque est alors analytique <strong>et</strong> segmentale.<br />

Ce qui est certain, c’est que le marquage synthétique est possible parce qu’une<br />

re<strong>la</strong>tion particulière est contractée. 123<br />

3.4.4.2 Noms: spécification analytique segmentale<br />

L’ancien français ne peut compter sur son système casuel pour exprimer de manière<br />

univoque toutes les re<strong>la</strong>tions sémantiques possibles entre le prédicat <strong>et</strong> ses arguments.<br />

Une partie de <strong>la</strong> nature syntaxique des re<strong>la</strong>tions est marquée par d’autres moyens que<br />

des moyens flexionnels.<br />

a. Re<strong>la</strong>tion R3. Rappelons l’exemple<br />

«nos avons don<strong>et</strong> Warnier [. . .] une mason» (Document 1252–03–01b, 3).<br />

Si l’on ignore les contraintes d’ordre séquentiel (→3.4.4.3), <strong>la</strong> phrase est ambiguë:<br />

aucune marque ne distingue le bénéficiaire du patient. Néanmoins, nul ne penserait<br />

qu’un bâtiment puisse être le bénéficiaire de l’action dénotée par le prédicat. Mais ce<br />

cas n’est pas le plus fréquent. L’emploi d’un adverbe comme a 124 perm<strong>et</strong> souvent de<br />

lever l’ambiguïté. L’adverbe explicite <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qui unit R3 au prédicat. Par exemple:<br />

«li abbesse [4] <strong>et</strong> li covens de_<strong>la</strong> maison de Robermont deleiz Liege ont doneit a trecens a<br />

Ja-[5]-kemin le Rotial <strong>et</strong> a dame Eveltte, sa femme, une curt <strong>et</strong> une maison [. . .]» (Document<br />

1260–02–21b, 3).<br />

Et pour l’exemple étudié:<br />

*nos avons don<strong>et</strong> a Warnier [. . .] une mason.<br />

La présence ou non de l’adverbe a ne change rien à l’existence de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion syntaxique,<br />

mais explicite ou c<strong>la</strong>rifie le sens de c<strong>et</strong>te dernière. L’adverbe en question peut<br />

être considéré comme un re<strong>la</strong>teur, dont <strong>la</strong> valeur sémantique s’envisage par rapport au<br />

rôle sémantique que l’argument dont il est le constituant immédiat exprime, <strong>et</strong> donc<br />

au travers de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qui lie c<strong>et</strong> argument au prédicat. On définira re<strong>la</strong>teur comme<br />

indiqué <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.37. C<strong>et</strong>te marque de spécification s’oppose d’une part aux<br />

segments spécifiants synthétiques (flexion) par le fait qu’il est un mot, d’autre part<br />

aux constituants impliqués <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qu’il spécifie par le fait qu’il ne contracte<br />

123 Dans une perspective diachronique, il est c<strong>la</strong>ir que c’est <strong>la</strong> coexistence de marques facultatives<br />

qui perm<strong>et</strong> <strong>la</strong> variation <strong>et</strong>, partant, le changement.<br />

124 Selon <strong>la</strong> définition morphologique de l’adverbe (→3.3.3.3).<br />

107


e<strong>la</strong>teur<br />

@mot<br />

@spécifiant une re<strong>la</strong>tion qu’il n’entr<strong>et</strong>ient pas directement<br />

FIG. 3.37 – Concept de re<strong>la</strong>teur<br />

pas directement c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion. Quand une structure qui comprend un re<strong>la</strong>teur voit sa<br />

re<strong>la</strong>tion avec une autre structure spécifiée par ce même re<strong>la</strong>teur, nous dirons qu’elle<br />

est re<strong>la</strong>tée.<br />

Par ailleurs, lorsqu’il est présent, le re<strong>la</strong>teur a également <strong>la</strong> fonction de délimiteur:<br />

il se rencontre le plus souvent à l’extrême gauche du syntagme. Au point de vue de <strong>la</strong><br />

réception, <strong>la</strong> présence de tels délimiteurs indique qu’on n’a plus affaire au même argument<br />

ou que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre le constituant qui suit le re<strong>la</strong>teur <strong>et</strong> ce qui le précède est<br />

d’un autre ordre (→3.4.6.3). Comme les re<strong>la</strong>teurs sont le plus souvent employés avec<br />

des noms ou des verbes conjugués à un mode «nominal», on peut parler de marque<br />

catégorielle.<br />

Ainsi analysée, <strong>la</strong> différence qui existe entre R3 re<strong>la</strong>té <strong>et</strong> R3 non re<strong>la</strong>té implique<br />

que <strong>la</strong> construction où le re<strong>la</strong>teur est absent n’est pas plus remarquable que celle où<br />

il est présent. En réalité, c’est plutôt l’inverse. Ce qui correspond exactement à ce<br />

qu’A<strong>la</strong>in Lemaréchal a fait remarquer en ce qui concerne l’emploi ou non de that pour<br />

introduire une «complétive» en ang<strong>la</strong>is, <strong>et</strong> qu’il généralise comme suit (Lemaréchal<br />

1997, 73):<br />

«[D]ans tous les cas où il y a, comme en ang<strong>la</strong>is, variation (libre?) entre marque <strong>et</strong> absence<br />

de marque, on doit considérer <strong>la</strong> construction avec marque comme seconde par rapport à<br />

<strong>la</strong> construction sans marque, pour <strong>la</strong> simple raison que, s’il existe une construction sans<br />

marque qui soit interprétable <strong>et</strong> qui ne présente pas de changement profond de valeur par<br />

rapport à <strong>la</strong> construction avec marque, c’est qu’on peut se passer de <strong>la</strong> marque; il faut donc<br />

d’abord rendre compte de <strong>la</strong> construction sans marque, puisque ‹ça marche›, <strong>et</strong> expliquer ce<br />

qui lui perm<strong>et</strong> de fonctionner efficacement, <strong>et</strong> ensuite seulement dégager ce que <strong>la</strong> marque<br />

segmentale ajoute, si elle ajoute quelque chose.»<br />

Le a n’est ainsi qu’une marque supplémentaire, qui se superpose à l’information déjà<br />

contenue <strong>dans</strong> le lexème verbal – qui prévoit un actant R3. En conclusion, au moins<br />

trois marques se superposent: 1/ cas régime; 2/ orientation contenue <strong>dans</strong> les lexèmes<br />

(verbe <strong>et</strong> argument) <strong>et</strong> compatibilité des lexèmes; 3/ facultativement, le re<strong>la</strong>teur a.<br />

C<strong>et</strong>te superposition perm<strong>et</strong> une spécification progressive de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion en R3. L’ajout<br />

de a est réservé à <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion R3, en contraste avec <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion R2, qui rej<strong>et</strong>te c<strong>et</strong>te<br />

marque. 125<br />

b. Re<strong>la</strong>tions C5. On trouve également des cas de C5 sans re<strong>la</strong>teur, comme<br />

«Ce fut fait le lundi [. . .] a Enchastres [. . .]» (Document 1236–12–15, 13).<br />

«Ce fu fait l’an del Incarnation Nostre Saignor [. . .]» (Document 1265–05a, 49).<br />

où l’absence <strong>et</strong> <strong>la</strong> présence de re<strong>la</strong>teurs alternent parfois librement. Comparons notre<br />

dernier exemple à<br />

125 Ce qui ne veut pas dire que tout argument autre que R3 <strong>la</strong> rej<strong>et</strong>te: on trouve des A4 <strong>et</strong> des C5<br />

re<strong>la</strong>tés avec a.<br />

108


«Che fut fait en l’an del Incarnation Nostre Saingnour Jhesu_Crist [. . .]» (Document<br />

1263–03–31, 30).<br />

À côté de ces alternances «libres», certains C5 ne sont jamais accompagnés de re<strong>la</strong>teurs<br />

(le lundi ci-dessus), alors que d’autres le sont toujours. Mais très souvent, tous<br />

les C5 relevant d’un sémantisme particulier sont spécifiés par un re<strong>la</strong>teur; par exemple:<br />

hypothèse: «Se uns hom dist <strong>la</strong>it a autre, v sous doit» (Document 1241–09, 4);<br />

but: «xl souz de ligeois qui sunt [11] assenees por faire l’anniversaire mun sangiur mun pere<br />

perp<strong>et</strong>uement» (Document 1273–12, 10).<br />

Il serait difficile de démontrer que, par un mécanisme du genre de <strong>la</strong> trans<strong>la</strong>tion. 126 ,<br />

les re<strong>la</strong>teurs perm<strong>et</strong>tent aux constituants de contracter les fonctions argumentales en<br />

fonction du sémantisme exprimé. Les grammaires relèvent d’ailleurs de nombreux cas<br />

de figure où le syntagme au «cas régime» sans re<strong>la</strong>teur a fonction de C5 exprimant le<br />

temps, mais aussi <strong>la</strong> manière, <strong>la</strong> condition, <strong>la</strong> concession ou <strong>la</strong> cause. Ainsi, Geneviève<br />

Joly (1998, 231–3) cite entre autres:<br />

manière: «Sire, f<strong>et</strong> li rois Baudemagus, salve vostre grace, il nel fera mie premiers» (Queste,<br />

23, 11).<br />

concession: «se vos <strong>la</strong> damoisele ne poés desfendre encontre moi, l’emmenera mau gré<br />

vostre» (Trist., prose, 127, 18).<br />

On pourrait se demander si ce n’est pas le figement, lié à certains lexèmes, qui autorise<br />

l’emploi d’un cas régime sans re<strong>la</strong>teur, mais de là à dire que c’est <strong>la</strong> présence<br />

de ce dernier qui rend possibles certaines re<strong>la</strong>tions. . . on ne s’avancera pas. Ce qui<br />

est en revanche indubitable, c’est que les re<strong>la</strong>teurs participent à <strong>la</strong> construction du<br />

sémantisme exprimé. Ils spécifient en eff<strong>et</strong> une re<strong>la</strong>tion en se combinant à un constituant<br />

<strong>et</strong> précisent <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qui unit ce dernier à un autre constituant de même niveau<br />

d’intégration. Le re<strong>la</strong>teur ne fonctionne pas en autarcie. De plus, <strong>la</strong> spécification qu’il<br />

apporte est souvent liée à d’autres informations, en particulier à celles stockées <strong>dans</strong><br />

le lexème verbal. Par exemple, on voit bien que <strong>la</strong> valeur de en <strong>dans</strong> les A4 suivants<br />

dépend du lexème: 127<br />

«[. . .] quant je m’en_dui aleir en Pulhe por <strong>la</strong> besongne de Sainte Eglise [. . . ]» (Document<br />

1267–08–28, 2).<br />

«[. . .] freres Giles desor dis fut em_pais comandeis en che iii denirs» (Document<br />

1285–07–04, 11).<br />

3.4.4.3 Noms: spécification séquentielle<br />

La spécification séquentielle est malheureusement un phénomène dont l’analyse est<br />

trop complexe pour que nous ayons pu en rendre compte de manière satisfaisante<br />

<strong>dans</strong> notre étude. Nous nous bornerons à mentionner sa présence.<br />

126 Voir l’exposé succinct page 70. Voir en outre <strong>la</strong> note 156.<br />

127 Plus le re<strong>la</strong>teur est fréquent <strong>et</strong> «vide», plus sa charge spécificative dépend de l’environnement<br />

– les cas de a <strong>et</strong> de sont les plus extrêmes.<br />

109


La spécification par des moyens segmentaux (qu’ils soient synthétiques ou analytiques)<br />

est <strong>la</strong> plus facile à détecter. Elle n’est néanmoins pas le seul type de<br />

marque dont <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue dispose pour spécifier les re<strong>la</strong>tions. Revenons encore une fois<br />

à l’exemple<br />

«nos avons don<strong>et</strong> Warnier [. . .] une mason» (Document 1252–03–01b, 3).<br />

<strong>et</strong> comparons-le à d’autres phrases triactancielles simples: 128<br />

«[. . .] je <strong>la</strong>i damme Anés, [3] me femme, ses humiers, tant com elle vivrat [. . .]» (Document<br />

1289–01–12, 2).<br />

«La afaitat ilh frere Marsille [. . .] l’alut ke freres Wa-[8]-tirs [. . .] aportat a <strong>la</strong> maison de_le<br />

Vas Benoi<strong>et</strong>e» (Document 1260–02–21a, 6).<br />

Dans ces trois phrases, le constituant exprimant le patient est post-posé au constituant<br />

exprimant le bénéficiaire, de sorte que le R3 non re<strong>la</strong>té se trouve plus proche<br />

(en «surface») du prédicat que le R2. On peut donc considérer qu’une spécification<br />

séquentielle s’ajoute aux indices donnés par <strong>la</strong> sémantique du lexème verbal évoquée<br />

<strong>dans</strong> le paragraphe ci-dessus.<br />

Parmi les nombreux cas du corpus où le R3 non pronominal n’est pas accompagné<br />

d’un re<strong>la</strong>teur, un seul p<strong>la</strong>ce les constituants <strong>dans</strong> l’ordre inverse (le R3 est à nouveau<br />

souligné):<br />

«Et si <strong>la</strong>it x a l quatre deniers ki sont d’ekanges de_le maison Ottel<strong>et</strong> (dont Garsilhes li<br />

Bresseres doit xxii deniers <strong>et</strong> Gerars de Ty-[20]-loit doit ausi xxii deniers) Juten, le filhe Johan<br />

le Hongre» (Document 1247–06, 19).<br />

Ainsi, bien que peu fréquente, <strong>la</strong> structure n’exploitant pas <strong>la</strong> spécification séquentielle<br />

(R3 devant R2) ne doit pas non plus être jugée plus remarquable que celle qui<br />

l’exploite.<br />

3.4.4.4 Adverbes<br />

D’après le c<strong>la</strong>ssement en parties du discours, les adverbes ne peuvent comporter<br />

de marques morphologiques de catégories. Ils ignorent <strong>la</strong> flexion casuelle <strong>et</strong> donc<br />

tout phénomène d’accord. La nature morphologique des arguments conditionne les<br />

moyens mis en œuvre pour spécifier <strong>la</strong> fonction qui les relie au prédicat. Voici quelques<br />

exemples de C5 adverbiaux:<br />

« li maisons [22] de <strong>la</strong> Valz Benoi<strong>et</strong>e devoi<strong>et</strong> demorer paisulement en son bon hir<strong>et</strong>age»<br />

(Document 1260–05–09, 21) «nos deviens enquerre droiturierement entre l’une parole <strong>et</strong><br />

l’autre» (Document 1263–03–31, 7).<br />

«La afaitarent elles a [5] frere Libier de Frelus, [. . .] xvii verges de terre» (Document<br />

1263–07–20, 4).<br />

128 C’est-à-dire ne présentant pas de phénomènes de subordination ou de thématisation qui vien-<br />

draient troubler leur structure.<br />

110


En outre, nous avons restreint <strong>la</strong> fonction C6 à un inventaire restreint (<strong>et</strong>, ou, ne, <strong>et</strong>c.)<br />

de mots de nature adverbiale:<br />

«ains li doit aidier en bone foi» (Document 1244–01–19, 19).<br />

«Ne ne_le_porons [. . .] m<strong>et</strong>re hors de no main» (Document 1263–05–27a, 4).<br />

L’absence de flexion casuelle concorde avec le fait que l’adverbe ne commute<br />

jamais avec le pronom personnel <strong>et</strong> ne comporte aucune marque qui perm<strong>et</strong>trait d’opposer<br />

S1 à R2 <strong>et</strong> R3. De ce fait, l’adverbe ressort de ces observations comme une<br />

partie du discours orientée <strong>et</strong> spécifiée en <strong>la</strong>ngue: une unité du lexique qui s’actualise<br />

<strong>dans</strong> une orientation liée aux fonctions C5 ou C6 <strong>et</strong> qui donne d’elle-même une<br />

spécification particulière au lien qui s’établit avec le prédicat. Les arguments de re<strong>la</strong>tion<br />

préspécifiée (spécification en <strong>la</strong>ngue, lexicale) s’opposent ainsi aux arguments<br />

de re<strong>la</strong>tion post-spécifiée (spécification en discours, grammaticale). Employés comme<br />

re<strong>la</strong>teurs, nombre d’adverbes impliquent une spécification préexistante par rapport à<br />

<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion. Certes, c<strong>et</strong>te spécification reste floue pour certains d’entre eux (a <strong>et</strong> de ont<br />

une charge spécificative très faible du fait de leur importante polysémie), qui ne sont<br />

efficaces qu’en cas de superposition de marques, mais <strong>la</strong> plupart dénotent des re<strong>la</strong>tions<br />

précises (devant, deriere, avant, aprés, por, contre, <strong>et</strong>c.).<br />

3.4.4.5 Propositions avec prédicat personnel<br />

La nature des constituants n’est pas limitée aux membres de <strong>la</strong> triade verbe, nom,<br />

adverbe: les cas fréquents de «complétives» <strong>et</strong> les rares «re<strong>la</strong>tives sans antécédent»<br />

du corpus abondent <strong>dans</strong> ce sens. Certaines propositions où le prédicat est conjugué à<br />

un mode personnel sont attestées <strong>dans</strong> les fonctions argumentales. Reprenant le terme<br />

traditionnel, nous dirons que ces propositions sont subordonnées. La subordination<br />

p<strong>la</strong>ce une proposition à prédicat personnel en position de dépendance par rapport à un<br />

autre constituant; 129 au niveau argumental, ce constituant est le prédicat. 130<br />

La particu<strong>la</strong>rité de <strong>la</strong> proposition subordonnée est que son analyse se fait exactement<br />

de <strong>la</strong> même façon que celle de <strong>la</strong> phrase: le prédicat de <strong>la</strong> subordonnée organise<br />

de <strong>la</strong> même manière les arguments. Généralement, les subordonnées sont re<strong>la</strong>tées à<br />

l’aide d’un adverbe ou d’un pronom (→a); plus rarement, il peut ne pas y avoir de<br />

re<strong>la</strong>teur (→b).<br />

Nous n’aborderons pas les contraintes portant sur le mode du prédicat <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

subordonnée, lesquelles dépendent souvent du prédicat «principal» <strong>et</strong> pourraient à<br />

ce titre être également considérées comme des marques de subordination (voir le<br />

deuxième exemple ci-dessous). 131<br />

a. Présence d’un re<strong>la</strong>teur. Les subordonnées sont le plus souvent introduites par un<br />

re<strong>la</strong>teur:<br />

129<br />

En termes d’orientation, <strong>la</strong> subordonnée est orientée vers le procès qu’elle exprime,<br />

cf. Lemaréchal 1989, 153–160.<br />

130<br />

Pour <strong>la</strong> subordination en <strong>syntaxe</strong> immédiate,→3.4.6.4.<br />

131<br />

Voir, d’un point de vue sémantique, l’excellent exposé de Gérard Moign<strong>et</strong> (1988, en particu-<br />

lier sur les «complétives» 213–226).<br />

111


S1: «Conute chose soit a_chascun <strong>et</strong> a_tos ke [3] nos avons don<strong>et</strong> Warnier le bolengier c’on<br />

dist de Rumezees, une mason [. . .]» (Document 1252–03–01b, 2);<br />

R2: «[. . .] je wel que cil a cui je <strong>la</strong>isse le spiaute pren-[13]-dent de tel an ki dont commencera»<br />

(Document 1272–03, 12);<br />

C5: «Se uns hom dist <strong>la</strong>it a autre, v sous doit.» (Document 1241–09, 4);<br />

C5: «Ce fust fait <strong>et</strong> donnei en l’an del Incarnation Nostre Seignor, quant li [15] milliaire corroit<br />

par mil dous cens sexante <strong>et</strong> onse [. . .]» (Document 1271–09–17, 14).<br />

Les exemples de circonstants montrent bien que le re<strong>la</strong>teur suffit parfois à lui seul<br />

à déterminer <strong>la</strong> nature du cadre posé: se exprime <strong>la</strong> condition, quand le temps. Ne<br />

généralisons cependant pas: on trouve des subordonnées C5 en que (très peu spécifiées).<br />

132<br />

« [. . .] l’atre partie auroit pooir [12] del abatre <strong>et</strong> del destruire, ke ja n’en devroit requerre <strong>la</strong><br />

partie ki i edefieroit.» (Document 1237–12, 11).<br />

« qu’ilh orent oi lire lor dit, ilh nos cargarent par [13] jugement [. . .] ke Facins n’avoi<strong>et</strong> rins a<br />

ce qu’il c<strong>la</strong>moi<strong>et</strong> encontre <strong>la</strong> maison [. . .]» (Document 1260–05–09, 11).<br />

« Et je tel fiez ki reporteis m’astoit [14] en amoene de Johan, le fiu Thomas devant dit, rendi<br />

entierement, ke je bien pou faere par droit <strong>et</strong> [15] par loi, [. . .] a dant Anthone de Termong<br />

[. . .]» (Document 1270–11–26, 13).<br />

Il est très rare de rencontrer une subordonnée re<strong>la</strong>tée par un pronom qui joue à elle<br />

seule un rôle argumental. Ce circonstant «thématique» en est <strong>la</strong> seule attestation <strong>dans</strong><br />

notre corpus: 133<br />

«Ki tout menbre u ochiit home, [. . .] cors <strong>et</strong> avoirs est [7] a <strong>la</strong> volentei le signeur» (Document<br />

1241–09, 6).<br />

Néanmoins, l’emploi de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tive en fonction argumentale est bien attesté en ancien<br />

français, au «cas suj<strong>et</strong>» (extraits tirés de Moign<strong>et</strong> 1988, 156–157, nous soulignons):<br />

«Ki lui portat suef le fist nurrir.» (Alexis 32).<br />

«Or voi je bien qui vos a destorné a garir tant longuement[.]» (Tristan pr. 315, 2).<br />

Mais aussi au «cas régime», que nous avons qualifié de sous-spécifié (extraits tirés de<br />

Moign<strong>et</strong> 1988, 159):<br />

«Artus sot que Frolles feisoit.» (Wace, Brut 9971).<br />

«Donc vos dirai je, dist Josephes, que vos feroiz.» (Queste 35, 3).<br />

Il reste cependant extrêmement fréquent que <strong>la</strong> subordonnée re<strong>la</strong>tée soit apposée à un<br />

nom ou un adverbe – il s’agit alors d’un fait de <strong>syntaxe</strong> immédiate (→3.4.6.4).<br />

132 La plupart du temps, cependant, <strong>la</strong> subordonnée est apposée à un adverbe. Dans ce cas, <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion contractée par <strong>la</strong> subordonnée est en <strong>syntaxe</strong> immédiate, voir p. 135.<br />

133 Autres attestations en afr., voir Moign<strong>et</strong> 1988, 157.<br />

112


Enfin, les re<strong>la</strong>teurs qui spécifient <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion impliquant une subordonnée de <strong>la</strong><br />

sorte se trouvent, <strong>dans</strong> l’immense majorité des cas, au début de <strong>la</strong> proposition en question.<br />

134 On observe donc un fonctionnement simi<strong>la</strong>ire à celui observé <strong>dans</strong> le cadre<br />

d’arguments nominaux (→3.4.4.2).<br />

b. Absence de re<strong>la</strong>teur. En l’absence de re<strong>la</strong>teur, nous estimerons – sauf si l’enchâssement<br />

ou le mode du prédicat s’y oppose – qu’il n’y a pas subordination, mais juxtaposition,<br />

<strong>et</strong> qu’on a affaire à deux phrases différentes. Il est assez exceptionnel qu’une<br />

proposition fonctionne comme un argument sans qu’aucun re<strong>la</strong>teur ne l’accompagne.<br />

Nous reprendrons <strong>dans</strong> ce cas les termes traditionnels <strong>et</strong> distinguerons les incidentes<br />

des constructions paratactiques – ces dernières ne sont pas attestées en contexte argumental<br />

(→3.4.6.4 c).<br />

Les incidentes sont des propositions personnelles sans marque segmentale de subordination,<br />

mais dont l’intégration (enchâssement) trahit <strong>la</strong> position hiérarchique:<br />

elles ont fonction de C5. Parmi les incidentes, on distingue deux groupes principaux:<br />

celles qui utilisent le nom quel <strong>et</strong> celles qui utilisent <strong>la</strong> formule (c’)est a savoir/dire<br />

(voir les exemples analysés ci-dessous). Dans tous ces cas, il y a une dépendance<br />

discursive entre <strong>la</strong> principale <strong>et</strong> l’incidente.<br />

En dehors des marques intégratives, seules des raisons sémantiques ou discursives<br />

peuvent être alléguées pour asseoir <strong>la</strong> dépendance de <strong>la</strong> proposition en quel par rapport<br />

à <strong>la</strong> principale: si l’on néglige l’enchâssement, <strong>la</strong> proposition est une phrase à part<br />

entière. Généralement, le <strong>et</strong> quel sont apposés à un autre nom (→3.4.6.1 a). Il y a<br />

donc précision sémantique importante apportée par ce nom, qui contribue à renforcer<br />

l’autonomie de <strong>la</strong> proposition sur ce p<strong>la</strong>n.<br />

«[. . .] nos veimes <strong>et</strong> oimes ke sires Godefrois [9] desor només avoit <strong>la</strong>isiés trois bonirs de<br />

alut, li qués alus gisoit a Musin, [10] a poveres begines del paroche de Sain Cristofle [. . .]»<br />

(Document 1270–06–06, 8).<br />

Le corpus ne livre que deux attestations où ce n’est pas le cas:<br />

«Je weilh <strong>et</strong> ordene [. . .] que [5] li vi mars de cens, les queis j’ai <strong>la</strong>ssiés en me testament sor<br />

ma maison de_le Fosse, [. . .] soient quittes <strong>et</strong> paisueles (Document 1283–02–13a, 3)<br />

Et se tient Jakemins devant dis [17] <strong>et</strong> damme Evel<strong>et</strong>te, sa femme, delle maison de Robermont<br />

hir<strong>et</strong>ablement une curt ki si<strong>et</strong> [18] desoz <strong>la</strong> ville de Robermont devers Jupilhe, <strong>la</strong> quele fut<br />

de_le parchon ki fut faite [. . .], par teilh condition ke [. . . ]» (Document 1260–02–21b, 16).<br />

En ce qui concerne les incidentes contenant <strong>la</strong> formule figée (c’)est a savoir ou<br />

(c’)est a dire, par exemple,<br />

«[. . .] avons vendu az homes de religion (c’est a savoir: al abbeit <strong>et</strong> a covent de <strong>la</strong> maison de<br />

<strong>la</strong> Val [3] Saint Lambert, del ordene de Cysteaz, del esveschi<strong>et</strong> de Liege) <strong>la</strong> grosse <strong>et</strong> <strong>la</strong> menue<br />

dime de <strong>la</strong> ville <strong>et</strong> del terrois de Peres [. . .]» (Document 1265–05a, 2).<br />

134 Il est exceptionnel que ce<strong>la</strong> ne soit pas le cas. Ce<strong>la</strong> n’arrive que pour quelques concessives,<br />

qui sont par ailleurs difficiles à analyser <strong>et</strong> mériteraient une étude: «Et nos [. . .] avons au-<br />

[14]-tresi en_covent [. . .] ken qu’ilh avenge de nos wendes, lor [15] stiut a warandir [. . .] »<br />

(Document 1259–01–16, 14). On dirait que le «pronom re<strong>la</strong>tif» ken est rej<strong>et</strong>é devant le re<strong>la</strong>teur<br />

qu – l’analyse qui consiste à faire de ce re<strong>la</strong>teur un «pronom re<strong>la</strong>tif» dont l’antécédent<br />

serait ken (Moign<strong>et</strong> 1988, 166) est ici rej<strong>et</strong>ée.<br />

113


on voit c<strong>la</strong>irement comment ces incidentes s’insèrent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phrase. 135<br />

Les attestations d’autres types d’incidentes sont sporadiques, mais leur intégration<br />

rend l’analyse évidente:<br />

«Et se tient Jakemins devant dis [17] <strong>et</strong> damme Evel<strong>et</strong>te, sa femme, delle maison de Robermont<br />

hir<strong>et</strong>ablement une curt ki si<strong>et</strong> [18] desoz <strong>la</strong> ville de Robermont devers Jupilhe [. . .] (se mo<strong>et</strong><br />

li curs devant dite de <strong>la</strong> maison de [20] Robermont par desore nommee; s’en rent Jakemins <strong>et</strong><br />

sei hoir chascun an a <strong>la</strong> maison de [21] Robermont par desore nommee cink solz de_ligois <strong>et</strong><br />

dous capons) [. . .], par teilh condition ke [. . . ]» (Document 1260–02–21b, 16).<br />

« [. . .] me sires Libiers Butores prist le dit sor lui <strong>et</strong> si [14] le_dist en ce manire entre<br />

Sainte Marie <strong>et</strong> Saint Lambier a Liege (devant nos si ke devant les hommes de Chize<br />

Deu ): ke li en-[15]-fant de Corwaremme devant dit n’avoient droi<strong>et</strong> a l’alu devant nomé<br />

qu’ilh c<strong>la</strong>moient a <strong>la</strong> maison de_<strong>la</strong> Vas Benoi<strong>et</strong>e (me [16] sires Libiers Butores demandat<br />

auz enfans de Corwaremme devant dis s’ilh nient c<strong>la</strong>moient a l’alu devant nomé; li enfant [17]<br />

de Corwaremme respondirent chascuns por li k’ilh nient n’avoient a l’alu devant nomé; chis<br />

dis <strong>et</strong> ces covenances devant [18] enscrites furent fai<strong>et</strong>es <strong>et</strong> recordeez par_devant nos <strong>et</strong> mises<br />

en nos wardes <strong>et</strong> en nos r<strong>et</strong>enances entre Sainte Marie <strong>et</strong> Saint [19] Lambier a Liege); <strong>et</strong> ke 136<br />

li maisons de <strong>la</strong> Vas Benoi<strong>et</strong>e devant dite devoi<strong>et</strong> demorer quitte <strong>et</strong> en paiz ens el alu devant<br />

nomé, [20] si k’en lor bon ir<strong>et</strong>age» (Document 1264–09–07, 13).<br />

«Et li hyr<strong>et</strong>ages [16] ki devant est dis est teiz: trois boniers de terre, une quarte moins, ki gist<br />

sor le streie en <strong>la</strong> Mute_rue (en dois pieches), un jornal [17] de preit ki gist a le Herchonoir,<br />

[. . .] (<strong>et</strong> tot che mu<strong>et</strong> del eveske), [21] <strong>et</strong> un jornal de terre ki mu<strong>et</strong> de <strong>la</strong> maison <strong>et</strong> sa curt <strong>et</strong><br />

sa maison.» (Document 1271–12–22, 15).<br />

3.4.4.6 Propositions avec prédicat non personnel<br />

Le seul cas à envisager est celui des propositions infinitives contractant une fonction<br />

argumentale – nous n’avons en eff<strong>et</strong> pas trouvé de proposition participiale argumentale.<br />

137<br />

Il est ma<strong>la</strong>isé de décrire de manière cohérente toutes les structures où une proposition<br />

dont le prédicat est à l’infinitif est employée comme argument d’un prédicat de<br />

niveau d’intégration supérieur. 138 Devant ce phénomène complexe, nous avons choisi<br />

<strong>la</strong> solution qui paraissait <strong>la</strong> plus raisonnable <strong>et</strong> <strong>la</strong> plus conforme au modèle. Une série<br />

de cas relevés sont re<strong>la</strong>tivement simples (→a), d’autres requièrent une discussion.<br />

La question essentielle étant de savoir à quel prédicat (l’infinitif ou le verbe qu’il<br />

complémente) se rapportent les arguments, nous analyserons d’une part les re<strong>la</strong>tions<br />

attributives (→b) <strong>et</strong>, d’autre part, <strong>la</strong> construction factitive <strong>et</strong> les verbes de perception<br />

(→c).<br />

a. Cas simples. Il y a tout d’abord une série de cas simples où l’infinitif constitue le<br />

prédicat d’une proposition infinitive qui peut être analysée comme le R2 du prédicat<br />

135<br />

Par contre, l’analyse de l’infinitif <strong>et</strong> du constituant qui le suit est n<strong>et</strong>tement moins évidente<br />

(→3.4.4.6).<br />

136<br />

Coordonné à <strong>la</strong> subordonnée débutant à <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> ligne 14.<br />

137<br />

Nous avons posé plus haut l’extension de <strong>la</strong> notion de proposition aux syntagmes dont le<br />

centre est un participe (→3.4.2).<br />

138<br />

Le niveau d’intégration de l’infinitif n’est pas toujours évident à déterminer: est-il impliqué<br />

<strong>dans</strong> une re<strong>la</strong>tion argumentale ou immédiate (→3.4.7.1)?<br />

114


«principal»: même si l’infinitif, invariable, bloque toute possibilité d’accord <strong>et</strong> nous<br />

prive de c<strong>et</strong> indice pour évaluer l’orientation, <strong>la</strong> commutation avec le reste p<strong>la</strong>usible.<br />

Dans certains cas, <strong>la</strong> proposition infinitive ne comporte aucun argument:<br />

«se il avenoit ke nobles [2] hom, nos chiers foiables Guis, cuens de F<strong>la</strong>ndres, geust a ost [. . .],<br />

si com il pu<strong>et</strong> faire» (Document 1263–05–27b, 1).<br />

mais il est plus courant qu’elle comprenne un argument ou plus<br />

«s’autres [13] ke nos i c<strong>la</strong>moit droiture <strong>et</strong> voloit faire estal [. . .]» (Document 1237–12, 12).<br />

«l’eveskes doit envoier deus de ses hommes <strong>la</strong> u om nos froit tort» (Document 1242–05–02,<br />

12).<br />

où estal n’est pas R2 de voloit, ni deux de ses hommes. . . R2 de doit pour des raisons<br />

sémantiques. C<strong>et</strong>te analyse vaut pour tous les «semi-auxiliaires» (voloir, povoir,<br />

devoir). La construction factitive sans agent s’analyse pareillement:<br />

«je, Lowis Naveaz [. . .] <strong>et</strong> li autre homme de_le Cise Deu, faisons kenoiestre verité»<br />

(Document 1260–06–09, 1).<br />

«Nos faisons savoir [. . .] ke nos a damme Agnés Hubine de Hoy avons en doniers conteis<br />

rechies quarante s<strong>et</strong> mars de lie-[4]-gois» (Document 1288–02a, 3).<br />

verité <strong>et</strong> ke nos a damme. . . sont respectivement les régimes de kenoiestre <strong>et</strong> savoir.<br />

L’infinitive joue parfois le rôle de A4 ou de C5, mais elle est alors re<strong>la</strong>tée. À<br />

nouveau, les constructions s’analysent facilement:<br />

A4 139 : «cilh ki sont <strong>et</strong> ki a venir sont ke [. . .]» (Document 1265–07–04, 2);<br />

C5: «<strong>la</strong> maisons poroit aler a hyr<strong>et</strong>age [. . .] sens deminer» (Document 1271–12–22, 10).<br />

b. Re<strong>la</strong>tions attributives. Examinons à présent ce qui se passe quand, d’un point de<br />

vue sémantique, un constituant qui exprime un participant du procès dénoté par le<br />

prédicat à l’infinitif est également interprétable comme un participant du procès du<br />

prédicat principal. Ainsi, <strong>dans</strong><br />

«Et ce prom<strong>et</strong>ons nos a_faire» (Document 1243–07–09, 16).<br />

«Nos faisons savoir a tous ke nos a damme Agnés Hubine de Hoy avons en donirs conteis<br />

rechies quarante s<strong>et</strong> mars [4] de liegois [. . . ]» (Document 1288–02b, 3).<br />

le ce du premier exemple est-il R2 de prom<strong>et</strong>ons ou de faire? La subordonnée du second<br />

exemple est-elle argument de faisons ou de savoir? En comparant <strong>la</strong> construction<br />

à<br />

«Et si est a savoir ke [. . . ] li dis <strong>et</strong> le taxations des deus de ces trois seroit tenus.» (Document<br />

1263–05–27b, 12).<br />

139 Le fait que le prédicat régissant l’infinitif soit lui-même le prédicat d’une subordonnée n’a pas<br />

d’implication de ce point de vue. Voir→3.4.6.4 pour un développement sur les subordonnées<br />

en <strong>syntaxe</strong> immédiate.<br />

115


[a savoir] A4 [est] S1<br />

re<strong>la</strong>tion attributive<br />

que. . . <br />

FIG. 3.38 – Structure de a savoir est que. . .<br />

[a savoir]<br />

faisons que. . . <br />

A4 R2<br />

re<strong>la</strong>tion attributive<br />

FIG. 3.39 – Structure de a savoir faisons que. . .<br />

où estre a savoir que. . . pose <strong>la</strong> coorientation (→3.4.2.1 b) entre a savoir <strong>et</strong> <strong>la</strong> subordonnée,<br />

on peut, en se souvenant de <strong>la</strong> construction de l’attribution entre R2 <strong>et</strong> A4 140 ,<br />

déduire que faire a savoir que. . . exprime <strong>la</strong> même re<strong>la</strong>tion sémantique entre les deux<br />

arguments (soit l’analyse donnée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.38). Simi<strong>la</strong>irement, on en déduit<br />

donc l’analyse donnée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.39. C<strong>et</strong>te hypothèse est confortée par <strong>la</strong> possibilité<br />

de coordonner (→3.4.7.2) l’infinitif re<strong>la</strong>té à un autre constituant qui s’analyse<br />

comme un A4 (→3.4.2.4):<br />

«ju [. . .] fai a_savoir <strong>et</strong> connissance [2] ke jen, a <strong>la</strong> rente <strong>et</strong> a l’amoine [. . .] me<strong>et</strong> Henri<br />

Po<strong>la</strong>rde[. . .]» (Document 1273–12, 1).<br />

L’argument connissance est coorienté par rapport au R2 (<strong>la</strong> subordonnée).<br />

c. Factitifs <strong>et</strong> verbes de perception. Les constructions factitives <strong>et</strong> l’emploi de verbes<br />

de perception comme prédicat perm<strong>et</strong>tent à <strong>la</strong> construction d’intégrer un argument<br />

supplémentaire, exprimant l’agent du procès dénoté par l’infinitif. Examinons trois<br />

extraits:<br />

«loerai <strong>et</strong> fera loer me femme [. . .] le pais ki est faite» (Document 1237–10–12, 4).<br />

«[. . .] ge ai prii<strong>et</strong> a mon [13] seignor l’evesque devant dit qu’il [. . .] me face [14] tenir toutes les<br />

covenances [. . .]» (Document 1264–04, 12).<br />

«si ke je oï tesmonghier [5] mon frere devant dit» (Document 1267–08–28, 4).<br />

Dans le deuxième <strong>et</strong> le troisième exemples, le marquage casuel ne <strong>la</strong>isse aucun doute<br />

sur le statut des constituants: les formes me <strong>et</strong> mon sont limpides <strong>et</strong> <strong>la</strong> forme frere<br />

prend un -s au singulier partout où il est employé comme S1 <strong>dans</strong> le même texte.<br />

L’argument supplémentaire est donc un régime <strong>et</strong> non un suj<strong>et</strong>: voir un S1 <strong>dans</strong> c<strong>et</strong><br />

argument serait incompatible avec le modèle. Deux questions subsistent cependant:<br />

de quel type de régime s’agit-il (R2 ou R3)? quel est le prédicat qu’il complémente?<br />

Pour <strong>la</strong> construction factitive, il n’y a pas d’attestation où c<strong>et</strong>te fonction est remplie<br />

par un membre du paradigme il, le, li, mais l’argument est souvent précédé d’un<br />

re<strong>la</strong>teur (spécification analytique):<br />

«Nos faisons savoir a tous ke nos [. . .] avons [. . .] rechies quarante s<strong>et</strong> mars [. . .]» (Document<br />

1288–02a, 3).<br />

140 C’est-à-dire le traditionnel «attribut du complément d’obj<strong>et</strong> direct», cf. <strong>la</strong> transformation<br />

présentée p. 100.<br />

116


me femme fera (1re <br />

R3 pers. sg.) R2<br />

attribution<br />

FIG. 3.40 – Structure de fera loer me femme<br />

[ke. . .]<br />

[vos. . .]<br />

[a savoir. . .]<br />

R2<br />

R3<br />

A4<br />

faisons <br />

FIG. 3.41 – Structure de a savoir vos faisons ke. . .<br />

mon frere <br />

R2 [oï] A4<br />

re<strong>la</strong>tion attributive<br />

[loer. . . ]<br />

tesmonghier. . . <br />

FIG. 3.42 – Structure de oï mon frere tesmonghier<br />

S’il s’agissait d’un R2, il faudrait adm<strong>et</strong>tre que ces cas seraient les seules attestations<br />

de R2 re<strong>la</strong>tés <strong>dans</strong> le corpus. 141 Il s’agit donc d’un R3. Or, le fait d’accepter ou non un<br />

régime <strong>dans</strong> son schéma argumental est une propriété liée au lexème verbal. Comme<br />

l’actant R3 est limité à une p<strong>et</strong>ite catégorie de verbes, alors que <strong>la</strong> transformation<br />

factitive ne l’est pas, il est plus économique <strong>et</strong> cohérent de considérer que ce R3 est<br />

régi par l’«auxiliaire factitif», <strong>et</strong> qu’il est prévu <strong>dans</strong> le schéma argumental de faire<br />

ainsi employé (schématiquement: voir figure 3.40). Dans certains cas, l’infinitif est<br />

re<strong>la</strong>té:<br />

«Nos vos faisons a_savoir ke nos avons vendut a maistre Conrar, chanone de Saint Donis<br />

en Liege, le nostre part [3] delle dime de Melen grosse <strong>et</strong> graile <strong>et</strong> menue [. . .]» (Document<br />

1276–06–10b, 2).<br />

L’analyse ne change pas, si ce n’est que l’infinitif doit être considéré comme un A4 <strong>et</strong><br />

que <strong>la</strong> structure attributive exposée supra s’y combine (figure 3.41). Ce sont donc les<br />

informations stockées <strong>dans</strong> le verbe qui rendent possible l’interprétation des re<strong>la</strong>tions.<br />

Par contre, <strong>la</strong> situation des verbes de perception est toute différente. La seule attestation<br />

du corpus 142 (citée ci-dessus) perm<strong>et</strong> déjà de tirer des conclusions. Le lexème<br />

tesmonghier ne prévoit pas de p<strong>la</strong>ce pour un régime <strong>dans</strong> son schéma argumental.<br />

En conséquence, l’argument est forcément R2 du verbe de perception. Nous conclurons<br />

schématiquement par <strong>la</strong> figure 3.42: R2 <strong>et</strong> A4 contractent une re<strong>la</strong>tion attributive,<br />

141 Comme on l’a vu ci-dessus, R2 rej<strong>et</strong>te le re<strong>la</strong>teur (→3.4.4.2).<br />

142 Mais le tour est fréquent en ancien français (cf. Ménard 1994, §165).<br />

117


[me] [constraindre] [a tenir. . . ]<br />

R2 A4<br />

re<strong>la</strong>tion attributive<br />

FIG. 3.43 – Structure de me constraindre a tenir. . .<br />

fondée sur le fait qu’ils sont des désignations de <strong>la</strong> même réalité (ils sont donc coorientés).<br />

C<strong>et</strong>te simi<strong>la</strong>rité sémantique se r<strong>et</strong>rouve <strong>dans</strong> le lien qui unit le suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> le<br />

prédicat (combinaison,→3.4.2.2 b). La re<strong>la</strong>tion attributive <strong>et</strong> <strong>la</strong> combinaison du suj<strong>et</strong><br />

<strong>et</strong> du prédicat sont donc deux moyens morphosyntaxiques différents d’exprimer le<br />

même contenu sémantique. 143<br />

Il paraît cohérent d’expliquer de <strong>la</strong> même manière les régimes de prédicats qui sont<br />

déjà complémentés par un infinitif re<strong>la</strong>té (A4). On fera abstraction des semi-auxiliaires<br />

<strong>dans</strong> les attestations suivantes:<br />

«me puissent constraindre par lor force a te-[11]-nir ces covenances devant dites» (Document<br />

1264–04, 10).<br />

«elle le poroit [9] destraindre a pair» (Document 1249–06–25, 8).<br />

Malgré <strong>la</strong> proximité sémantique de <strong>la</strong> tournure factitive <strong>et</strong> de ces constructions, il n’est<br />

pas possible de soutenir que les régimes de me <strong>et</strong> le sont des R3 (figure 3.43).<br />

3.4.4.7 Synthèse de <strong>la</strong> construction des arguments<br />

Trois faits ressortent de manière particulièrement prégnante de ce qui précède.<br />

a. Importance de <strong>la</strong> sous-spécification. L’ancien français ne possédant qu’un système<br />

de déclinaison re<strong>la</strong>tivement pauvre, <strong>la</strong> spécification synthétique est souvent très lâche,<br />

<strong>et</strong> des moyens analytiques se superposent pour lever les ambiguïtés. En présence d’une<br />

forme ambiguë, nous parlons, comme le fait A<strong>la</strong>in Lemaréchal, de sous-spécification.<br />

La manière dont les re<strong>la</strong>tions argumentales sont spécifiées est assez c<strong>la</strong>ire. Le plus<br />

frappant est que l’omniprésence de <strong>la</strong> sous-spécification <strong>et</strong> <strong>la</strong> facultativité de certaines<br />

marques (→3.4.4.2) n’empêchent pas que les rôles des arguments soient exprimés<br />

sans ambiguïté. C’est un faisceau d’indices qui perm<strong>et</strong> <strong>la</strong> compréhension. Le système<br />

donne une grande <strong>la</strong>titude <strong>et</strong>, d’un point de vue diachronique, prépare le changement.<br />

Les moyens mis en œuvre pour spécifier les re<strong>la</strong>tions peuvent être de niveau inférieur<br />

au mot (synthétiques,→3.4.4.1). Parallèlement, certaines spécifications sont<br />

faites par l’emploi de re<strong>la</strong>teurs (mots indépendants).<br />

b. Délimitation des constituants. Quel que soit le moyen employé pour spécifier les<br />

re<strong>la</strong>tions, on constate qu’il joue également un rôle démarcatif: l’accord marque toutes<br />

les unités impliquées, 144 les re<strong>la</strong>teurs se rencontrent au début des structures qu’ils<br />

intègrent. Partant, il est tout à fait possible sans comprendre les structures, de les<br />

143 Ce<strong>la</strong> revient à dire que le traditionnel «suj<strong>et</strong> de <strong>la</strong> proposition infinitive» est une sorte<br />

d’«apposition» à l’infinitif; c<strong>et</strong>te position est celle que défend Marc Wilm<strong>et</strong> (2003, §642)<br />

pour le français moderne.<br />

144 Le fait sera plus c<strong>la</strong>ir encore ci-dessous, quand il sera question de décrire les re<strong>la</strong>tions immé-<br />

diates→3.4.6.1.<br />

118


délimiter en se servant des segments dont on connaît au moins partiellement <strong>la</strong> valeur<br />

spécificative.<br />

c. Lien entre «natures» <strong>et</strong> «fonctions». Le système, souple, autorise les mots des<br />

c<strong>la</strong>sses du verbe <strong>et</strong> du nom à assumer toutes les fonctions argumentales (Décrites <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> section→3.4.2). Apparemment, l’adverbe est «par nature» limité à certaines fonctions<br />

(→3.4.4.4). Ces différentes fonctions peuvent également être contractées par des<br />

structures complexes: des propositions entières. Ces propositions, si elles sont personnelles,<br />

sont le plus souvent re<strong>la</strong>tées; c’est-à-dire que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qu’elles contractent<br />

est généralement spécifiée (→3.4.4.5). Les moyens mis en œuvre pour spécifier les<br />

re<strong>la</strong>tions entr<strong>et</strong>enues par ce genre de constituant sont généralement segmentaux <strong>et</strong><br />

analytiques.<br />

3.4.5 Construction des énoncés non phrastiques<br />

Laissés en marge de l’analyse à cause de leur caractère exceptionnel, les énoncés non<br />

phrastiques se divisent en deux catégories: les structures qui expriment un procès <strong>et</strong><br />

celles qui n’en expriment pas.<br />

3.4.5.1 Structure exprimant un procès<br />

L’analyse est différente suivant que le procès est exprimé par un verbe à l’infinitif ou<br />

au participe passé.<br />

a. Verbe à l’infinitif. Certains énoncés non phrastiques contiennent un verbe à l’infinitif:<br />

«Jakemes, li provost, Johans, li doïns, li archiakene <strong>et</strong> toz li capitelez de Sain Lamber de<br />

Liege, a toz ceaz ki verrunt ce l<strong>et</strong>res, conoistre veriteit.» (Document 1236–05, 1).<br />

«Nos, suer Ode, par <strong>la</strong> Deu pacience humele abbeesse de <strong>la</strong> Valz Benoite delez Liege, del<br />

ordene de Ci-[2]-teaz, <strong>et</strong> trestoz li covens de cel liu meismes, a trestoz ceauz ki ces l<strong>et</strong>tres<br />

veront, conoistre ve-[3]-riteit.» (Document 1259–01–16, 1) .<br />

Dans ces exemples, les arguments comportent les mêmes marques que les arguments<br />

de prédicats personnels, si ce n’est qu’aucun constituant immédiat ne commute avec<br />

il. Néanmoins, les constituants Jakemes . . . <strong>et</strong> toz li capitelez de Sain Lamber de Liege<br />

<strong>et</strong> nos, suer Ode . . . <strong>et</strong> trestoz li covens. . . portent les marques morphologiques spécifiant<br />

habituellement S1. La structure avec un prédicat à l’infinitif est très proche de <strong>la</strong><br />

structure proprement phrastique, mais il ne nous semble pas cohérent de <strong>la</strong> représenter<br />

de <strong>la</strong> même manière (schématiquement, voir figure 3.44). Le marquage du prétendu S1<br />

correspond à celui du constituant qui exprime l’agent de <strong>la</strong> phrase active. Cependant,<br />

d’un point de vue sémantique, ce S1 n’est manifestement pas l’agent du procès de<br />

conoistre, qui ne serait pas attesté avec un bénéficiaire (exprimé par R3) ailleurs que<br />

<strong>dans</strong> ce type de contexte. Pour éviter les erreurs, mieux vaut partir de constructions<br />

exprimant un procès, mais ne comportant pas de verbe.<br />

«Henris, par le grase de Deu evekes de Liege, a_tos cias ki ces presens l<strong>et</strong>tres veront, salut<br />

en Nostre Signeur.» (Document 1263–11, 1).<br />

119


[Jakemes. . .]<br />

[veriteit]<br />

[a toz ceaz. . .]<br />

S1<br />

R2<br />

R3<br />

[conoistre]<br />

FIG. 3.44 – Structure rej<strong>et</strong>ée de Jakemes. . . conoistre veriteit<br />

[S1 Henris. . .]<br />

[R3 a tos cias. . .]<br />

R2 salut en Nostre Signeur <br />

FIG. 3.45 – Structure de Henri. . . salut en Nostre Signeur<br />

«A totes justices seculees ki ces presenz l<strong>et</strong>res verunt <strong>et</strong> oront, nos, Gerars, che-[2]-valiers de<br />

Berloz, Baduins, prevoz de Sain Gilhe, executor de testament jadis da_me_ [3] Jehanne, feme<br />

Johan d’Ohai, saluz <strong>et</strong> conisance de veritei.» (Document 1284–10–04, 1).<br />

Sémantiquement, l’énoncé exprime les procès «connaître» <strong>et</strong> «saluer». Au point de<br />

vue morphosyntaxique, on remarquera: 1/ <strong>la</strong> spécification marquant l’agent de <strong>la</strong><br />

phrase biactancielle (marque casuelle) reste présente; 2/ ces constructions sans prédicat<br />

verbal commutent parfois librement avec une phrase dont <strong>la</strong> structure est très<br />

ressemb<strong>la</strong>nte:<br />

«Michiez, par le Deu pascience abbés delle glise mon sainor sain Jakeme de Liege, delle<br />

[2] ordene saint Benoit, a tos ceaz ki ces l<strong>et</strong>res veront fait conisance de verité.» (Document<br />

1263–07–19, 1).<br />

L’utilisation ou non du verbe faire ne change rien à l’emploi des marques casuelles:<br />

les re<strong>la</strong>tions restent spécifiées. Faute de mieux, <strong>et</strong> pour rendre compte de <strong>la</strong> proximité<br />

des structures, nous avons identifié les grands constituants de l’énoncé non phrastique<br />

à l’aide des mêmes étiqu<strong>et</strong>tes que celles qui ont servi pour désigner les arguments,<br />

mais ce ne sont plus les re<strong>la</strong>tions qui sont caractérisées (figure 3.45). 145<br />

La coordination (→3.4.7.2) de salut à une proposition infinitive, telle qu’attestée<br />

<strong>dans</strong><br />

145 Ce<strong>la</strong> revient malheureusement à poser une sorte de «prédicat zéro».<br />

120


[S1 Jakemes. . .]<br />

[R3 a toz ceaz. . .]<br />

R2 [conoistre] [veriteit] <br />

R2<br />

FIG. 3.46 – Structure de Jakemes. . . conoistre veriteit<br />

«A tos ceas qui ces presens l<strong>et</strong>res veront, nos, li homme delle Cise Deu, salus <strong>et</strong> conoiestre<br />

verité.» (Document 1269–02–23, 1).<br />

nous autorise à reporter l’analyse sur <strong>la</strong> structure comprenant un infinitif (figure 3.46).<br />

Il faudra néanmoins toujours garder à l’esprit que les re<strong>la</strong>tions décrites <strong>dans</strong> un<br />

cadre phrastique ne sont pas du même ordre que celles décrites <strong>dans</strong> un cadre non<br />

phrastique: en l’absence de prédicat, on ne peut plus parler d’arguments.<br />

b. Verbe au participe passé. Dans deux cas, le verbe n’est pas à l’infinitif, mais au<br />

participe passé:<br />

«Ce fait l’an del Incarnation [27] de Nostre Saingnor milh <strong>et</strong> cc quarante s<strong>et</strong>, ens elle mois de<br />

junii» (Document 1247–06, 26).<br />

«Che fait <strong>et</strong> doneit en l’an de grasse milhe deus_cens quatre viens <strong>et</strong> s<strong>et</strong>, en mois de fevrier»<br />

(Document 1288–02b).<br />

Nous pensons que ce genre de construction est dû à une erreur du scribe <strong>et</strong> ne mérite<br />

pas ici une description approfondie. La deuxième des deux occurrences relevées se<br />

trouve <strong>dans</strong> un document dont nous possédons par ailleurs une deuxième expédition<br />

effectuée par <strong>la</strong> même main <strong>et</strong> ne présentant pas <strong>la</strong> même structure:<br />

«Che fut fait <strong>et</strong> doneit en l’an de grasse milhe dues cens quatre_vins <strong>et</strong> s<strong>et</strong>, en mois de<br />

fevrier» (Document 1288–02a).<br />

Si l’on se résigne à adm<strong>et</strong>tre que <strong>la</strong> seconde attestation est peu orthodoxe, il n’y<br />

aurait qu’un seul énoncé non phrastique exprimant un procès à l’aide d’un participe<br />

passé <strong>dans</strong> l’ensemble du corpus.<br />

3.4.5.2 Structure n’exprimant pas un procès<br />

Dans certains cas, l’énoncé non phrastique n’exprime aucun procès; c’est le cas pour<br />

les invocations du protocole initial <strong>et</strong> les signatures:<br />

«En non dou Pere, dou Fil <strong>et</strong> dou Saint Esperite, Amen.» (Document 1272–03, 1).<br />

«G. de Salud[illisible]» (Document 1289–01–12, 38).<br />

121


[En nom du Pere. . .] [Amen. . .]<br />

FIG. 3.47 – Structure de En nom du Pere. . . Amen<br />

Ici, l’analyse du premier niveau d’intégration doit se limiter à une simple segmentation<br />

(figure 3.47).<br />

3.4.6 Re<strong>la</strong>tions immédiates<br />

Les fonctions que les mots de <strong>la</strong> phrase-énoncé contractent ne sont pas toujours liées<br />

directement au prédicat (re<strong>la</strong>tion ou spécification de celle-ci). Certes, <strong>la</strong> condition nécessaire<br />

<strong>et</strong> suffisante pour pouvoir parler de phrase est <strong>la</strong> présence d’un prédicat <strong>et</strong> de<br />

ses arguments; de ce fait, si un constituant immédiat de <strong>la</strong> phrase autre que le prédicat<br />

est présent, il est forcément impliqué <strong>dans</strong> une des re<strong>la</strong>tions argumentales possibles<br />

avec ce dernier. Toutes les re<strong>la</strong>tions qui ne sont pas proprement argumentales sont forcément<br />

subordonnées à celles-ci. Elles sont donc contractées par des constituants qui<br />

ne jouent pas le rôle d’arguments, mais sont intégrées à une unité plus <strong>la</strong>rge. Toutefois,<br />

ce<strong>la</strong> ne les empêche pas d’avoir une influence plus ou moins importante sur le rôle que<br />

le constituant intégrant peut jouer. Par exemple, <strong>dans</strong><br />

«A toz ceaz ki cez l<strong>et</strong>res veront <strong>et</strong> oront, li home de_le Chize Deu font conoistre verité»<br />

(Document 1267–10–29, 1).<br />

il y a bien un prédicat (font), un suj<strong>et</strong> (li home. . .), un R2 (conoistre. . .) <strong>et</strong> un R3 (a<br />

toz ceaz. . .), mais décrire ces re<strong>la</strong>tions ne suffit pas à donner une analyse complète de<br />

<strong>la</strong> phrase: il y a une re<strong>la</strong>tion qui unit, <strong>dans</strong> R3, le a au reste de l’argument, de même<br />

que li <strong>et</strong> home sont organisés d’une certaine manière l’un par rapport à l’autre, <strong>et</strong>c. Par<br />

conséquent, les marqueurs ont des fonctions syntaxiques différentes: 146 1/ au niveau<br />

de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> phrastique, ils expriment <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre l’argument <strong>et</strong> le prédicat; 2/<br />

au niveau de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> immédiate, ils indiquent quels mots fonctionnent ensemble<br />

(démarcation des constituants).<br />

Pour décrire les re<strong>la</strong>tions immédiates, nous prendrons à nouveau appui sur <strong>la</strong> morphologie.<br />

Les constituants nominaux, qui comportent des marques morphologiques<br />

(→3.4.6.1 <strong>et</strong>→3.4.6.2) sont distincts de ceux qui n’en comportent pas (constituants<br />

adverbiaux,→3.4.6.3). Les propositions peuvent également contracter des rapports à<br />

ce niveau (→3.4.6.4 <strong>et</strong>→3.4.6.5).<br />

3.4.6.1 Apposition <strong>et</strong> détermination<br />

Du fait qu’ils sont porteurs de plus de marques, les constituants nominaux perm<strong>et</strong>tent<br />

de c<strong>la</strong>sser facilement les re<strong>la</strong>tions impliquées <strong>dans</strong> leur construction. Nous définirons<br />

d’abord <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion d’apposition, en transposant <strong>la</strong> notion de combinaison au niveau<br />

immédiat (→a). Nous aborderons ensuite <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de détermination, qui p<strong>la</strong>ce un<br />

constituant en situation de dépendance par rapport à <strong>la</strong> partie <strong>la</strong> plus «centrale» du<br />

syntagme (→b).<br />

146 Voir <strong>la</strong> distinction entre les trois niveaux de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> selon Gilbert Lazard (→3.2.3).<br />

122


[sires] apposition [Gerars]<br />

<br />

S1<br />

FIG. 3.48 – Structure de sires Gerars aroit. . .<br />

[aroit]<br />

a. Apposition. Le type de re<strong>la</strong>tion qui unit le suj<strong>et</strong> au prédicat aide à comprendre <strong>la</strong><br />

manière dont s’organise le marquage des fonctions. Comme on l’a vu, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre<br />

l’argument S1 <strong>et</strong> le prédicat est exprimée par des moyens flexionnels (→3.4.4.1). Or,<br />

les unités qui servent à former l’actant 1 sont également unies par un phénomène<br />

d’accord: elles partagent non seulement des marques de genre <strong>et</strong> de nombre semb<strong>la</strong>bles,<br />

mais aussi les marques de l’appartenance à <strong>la</strong> première série casuelle. En<br />

d’autres termes, <strong>la</strong> même marque exprime à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong> cohésion du syntagme <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

fonction que celui-ci contracte avec le prédicat.<br />

Le fait est limpide <strong>dans</strong>: 147<br />

«[. . . ] sires Gerars, par le poine <strong>et</strong> le travailh, aroit quatre mars de ligiois» (Document<br />

1263–03–31, 17).<br />

En plus du choix d’une forme correspondant au «cas suj<strong>et</strong>», <strong>la</strong> combinaison entre<br />

le suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> le prédicat implique une contrainte d’accord entre les constituants du suj<strong>et</strong>.<br />

C<strong>et</strong> accord interne à l’argument n’est pas le fait exclusif de S1: on observe un<br />

comportement simi<strong>la</strong>ire pour R2, R3 <strong>et</strong> C5: 148<br />

R2: «ilh ara receut le conte devant dit a home» (Document 1263–07–15, 8);<br />

R3: «nos avons don<strong>et</strong> Warnier le bolengier [. . .] une mason [4] en hir<strong>et</strong>age lui <strong>et</strong> ses oirs»<br />

(Document 1252–03–01b, 3);<br />

C5: «Ce fut fait le lundi [. . .] a Enchastres [. . .]» (Document 1236–12–15, 13).<br />

Nous voyons une re<strong>la</strong>tion du même ordre entre sires <strong>et</strong> Gerars, le <strong>et</strong> comte, le <strong>et</strong> lundi<br />

qu’entre un suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> un prédicat: une combinaison; à ceci près que <strong>la</strong> dépendance qui<br />

affecte le suj<strong>et</strong> ne se r<strong>et</strong>rouve pas à ce niveau. Il y a coorientation entre chacun des<br />

constituants de ces arguments: à nouveau, d’un point de vue sémantique, ces mots<br />

dénotent des caractéristiques d’un même obj<strong>et</strong> (→3.4.2.1 b). En ce qui concerne <strong>la</strong><br />

hiérarchie des constituants <strong>et</strong> des re<strong>la</strong>tions, c<strong>et</strong>te combinaison a une portée qui n’atteint<br />

pas le niveau des re<strong>la</strong>tions argumentales: <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qui lie sires <strong>et</strong> Gerars est distincte<br />

de celle qui existe entre sires Gerars <strong>et</strong> aroit. Le terme d’apposition sera réservé à ces<br />

combinaisons qui ne lient pas le suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> le prédicat (figure 3.48).<br />

D’autre part, l’indice morphologique d’apposition que constitue l’accord perm<strong>et</strong><br />

de déterminer parfois de manière très précise les bornes des arguments, c’est-à-dire<br />

l’endroit où ils commencent <strong>et</strong> celui où ils finissent. C<strong>et</strong>te observation contribue à<br />

re<strong>la</strong>tiviser l’intégrité de <strong>la</strong> démarche analytique (→3.4.1.1): il est bien c<strong>la</strong>ir qu’on a<br />

besoin de ces marques pour isoler les arguments. En <strong>syntaxe</strong> immédiate, l’accord est<br />

147 Il est peu d’exemples aussi simples: le contexte ci-dessous livre en eff<strong>et</strong> mes sires Gerars <strong>et</strong><br />

non sires Gerars. Le possessif est r<strong>et</strong>ranché parce qu’il implique un niveau supplémentaire<br />

de hiérarchie. Voir→3.4.7.3.<br />

148 C6 n’est pas attesté sous forme nominale, <strong>et</strong> A4 nominal est toujours re<strong>la</strong>té.<br />

Par ailleurs, ces exemples présentent également une hiérarchisation des appositions, phénomène<br />

traité plus bas (→3.4.7.3).<br />

123


S1<br />

@<strong>syntaxe</strong> argumentale<br />

combinaison<br />

@coorientation<br />

@cointégration<br />

apposition<br />

@<strong>syntaxe</strong> immédiate<br />

FIG. 3.49 – Types de combinaisons<br />

filhe mon saingnor. . . <br />

Dt<br />

FIG. 3.50 – Structure de filhe mon saingnor. . .<br />

un moyen re<strong>la</strong>tivement sûr d’évaluer que les constituants fonctionnent ensemble. Le<br />

c<strong>la</strong>ssement des re<strong>la</strong>tions se précise (figure 3.49).<br />

b. Détermination. Néanmoins, toutes les unités à l’intérieur d’un argument ne sont<br />

pas forcément apposées; souvent, l’accord ne rassemble pas toutes les unités:<br />

«[. . .] damoiselle Sybille, filhe mon saingnor Leone [. . .], vint par devant [3] nos <strong>et</strong> par devant<br />

les hommes de le Chiese Deu» (Document 1260–02–03, 2).<br />

«[. . .] l’an-[5]-demain des aposteles saint Piere <strong>et</strong> saint Pol, vint par devant nos, entre Sainte [6]<br />

Marie <strong>et</strong> Saint Lambiert a Liege, sires Henris, fils Ernu Baise-aine, prestres <strong>et</strong> [7] vestis adont<br />

del auteit saint Lorent» (Document 1274–06–30, 4).<br />

Dans le premier exemple, au niveau argumental, le constituant damoiselle Sybille,<br />

filhe mon saingnor Leone est le suj<strong>et</strong> de vint. Mais <strong>la</strong> forme de mon saingnor Leone ne<br />

correspond pas à elle seule à un suj<strong>et</strong> – on aurait certainement observé <strong>la</strong> forme *mes<br />

sires Leones <strong>dans</strong> ce cas. C<strong>et</strong>te rupture morphosyntaxique s’accompagne, sur le p<strong>la</strong>n<br />

sémantique, d’une rupture référentielle: alors qu’entre les deux mots damoiselle <strong>et</strong><br />

Sybille il n’y a pas de différence de référent (c’est de <strong>la</strong> même personne qu’on parle),<br />

filhe <strong>et</strong> Leone ne désignent pas <strong>la</strong> même personne.<br />

Nous concluons qu’un ensemble de mots qui n’est pas accordé avec le reste d’un<br />

syntagme dont <strong>la</strong> forme implique une fonction particulière (p. ex.: S1) est en situation<br />

de dépendance. Dans l’exemple, l’effacement du reste du syntagme aurait pour conséquence<br />

de changer <strong>la</strong> fonction de ce groupe par rapport au prédicat (<strong>et</strong> au surplus de<br />

produire un énoncé irrégulier 149 ):<br />

**mon saingnor Leone [. . .] vint par devant [3] nos <strong>et</strong> par devant les hommes de le Chiese<br />

Deu.<br />

Le constituant qui se trouve <strong>dans</strong> une telle position de rupture par rapport au syntagme<br />

est un déterminant (Dt). Il contracte une re<strong>la</strong>tion de détermination avec les autres<br />

membres syntaxiques de même niveau, qu’on nommera noyau. Ainsi, mon saingnor. . .<br />

détermine le mot filhe <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.50. 150<br />

Les choses sont très c<strong>la</strong>ires <strong>dans</strong> le cadre d’un S1. Quant aux compléments (R2 en<br />

dehors de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion attributive, R3, A4, C5), <strong>la</strong> rupture d’accord est parfois visible<br />

149 Par rapport au système linguistique du texte, qui respecte <strong>la</strong> déclinaison.<br />

150 Tout problème concernant <strong>la</strong> hiérarchie des appositions mis à part (→3.4.7.3).<br />

124


en dehors de tout marquage de type casuel, simplement en se servant des marques du<br />

genre <strong>et</strong> du nombre:<br />

«[. . .] ches chozes sont [13] contenues plus p<strong>la</strong>inement es l<strong>et</strong>res le eveske devant dit ki de che<br />

sont faites.» (Document 1263–07–15, 12).<br />

Cependant, <strong>la</strong> rupture n’est pas toujours directement perceptible, puisque ce sont les<br />

mêmes marques casuelles qui indiquent toutes ces fonctions autres que S1 (<strong>et</strong> R2<br />

attributif) – le «cas régime». 151 Ainsi, il n’y a toujours pas de différence de marquage<br />

casuel ou de marque de genre ou de nombre <strong>dans</strong> les constituants de<br />

«[le] testament Godefroit» (Document 1274–05–31b, 4).<br />

<strong>et</strong> l’on ne peut tirer les mêmes conclusions que ci-dessus. Ces ambiguïtés sont impossibles<br />

à lever sans opérer de transformation: c’est à nouveau les connaissances<br />

lexicosémantiques qui perm<strong>et</strong>tent de dire que, si le R2 ou R3 qu’on cherche à évaluer<br />

était transposé en position de S1, les ruptures d’accord simi<strong>la</strong>ires à celles observées<br />

pour S1 seraient mises à jour. Nous reconstituons<br />

*Li testamens Godefroit est acomplis.<br />

à partir de<br />

«Et por chu ke [24] men arme soit acuitee <strong>et</strong> chis testamens del tot acomplis, je mes en le main<br />

de mes foimains [. . .].» (Document 1289–01–12, 23).<br />

pour aboutir aux mêmes conclusions. La spécification se fait ainsi de manière synthétique,<br />

non grâce à un marquage particulier, mais grâce à un contraste entre les<br />

marquages de constituants cointégrés.<br />

La détermination a parfois un pronom comme noyau:<br />

«[. . .] il [sont] tenut de faere cescun an troes anniversaeres : le signeur Asson, me pere, le<br />

damme Mahaut, me mere, <strong>et</strong> le Sapiente, me sereur [. . .].» (Document 1272–03, 11).<br />

Le mécanisme de détermination est fondamentalement identique à celui de <strong>la</strong> complémentation<br />

<strong>dans</strong> le cadre actanciel. En conséquence, il nous semble intéressant d’envisager<br />

les re<strong>la</strong>tions entre les constituants qui ne sont pas argumentaux comme simi<strong>la</strong>ires<br />

à celles qui lient les arguments au prédicat. Nous nommerons sélection l’extension<br />

comprenant les re<strong>la</strong>tions de complémentation <strong>et</strong> de détermination – voir figure<br />

3.51. 152<br />

Le point commun de <strong>la</strong> complémentation <strong>et</strong> de <strong>la</strong> détermination est qu’il s’agit de<br />

re<strong>la</strong>tions qui m<strong>et</strong>tent un constituant en situation de dépendance par rapport à un autre.<br />

Ce modèle ne postule pas d’autre hiérarchie entre les constituants que celle qui<br />

oppose les combinaisons aux sélections: sauf phénomènes complexes de hiérarchie<br />

(→3.4.7.3 <strong>et</strong>→3.4.7.4), tous les déterminants sélectionnent en bloc tous les constituants<br />

apposés:<br />

151 Dont on a souligné <strong>la</strong> «sous-spécification» (→3.4.4.2).<br />

152 Le terme sélection vient de Louis Hjelmslev (→3.2.1).<br />

125


complémentation<br />

@<strong>syntaxe</strong> argumentale<br />

sélection<br />

@non-coorientation<br />

@ou non-cointégration<br />

FIG. 3.51 – Types de sélections<br />

<br />

[le] [decés] Dt [dame]<br />

filhes <br />

détermination<br />

@<strong>syntaxe</strong> immédiate<br />

FIG. 3.52 – Structure de le decés dame Magon<br />

Dt<br />

possesseur<br />

Magon <br />

[a] mon sainor. . . <br />

FIG. 3.53 – Structure de filhes a mon sainor. . .<br />

«le decés dame Magon [. . .]» (Document 1283–02–13b, 8).<br />

est analysé comme indiqué <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.52. Nous ne discuterons pas ici des problèmes<br />

spécifiques que posent l’analyse de l’«article» (considéré ici comme un nom).<br />

3.4.6.2 Spécification de <strong>la</strong> détermination<br />

Les exemples qui précèdent se caractérisent par l’absence de re<strong>la</strong>teur: bien souvent, <strong>la</strong><br />

rupture n’est marquée que par des moyens morphologiques. Pour exprimer <strong>la</strong> notion<br />

d’appartenance à une personne, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de détermination n’est marquée par aucun<br />

adverbe.<br />

De <strong>la</strong> même façon que pour <strong>la</strong> complémentation (→3.4.4.2), <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue a les<br />

moyens d’expliciter ou de spécifier <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion syntaxique entre un noyau <strong>et</strong> ses déterminants<br />

par l’emploi d’adverbes re<strong>la</strong>teurs, lesquels peuvent simplement expliciter<br />

<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion déjà existante. Ainsi, les Dt avec ou sans re<strong>la</strong>teurs sont en concurrence: 153<br />

«damoiselle Sybille, filhe mon saingnor Leone [. . .] vint par devant [3] nos <strong>et</strong> par devant les<br />

hommes de le Chiese Deu» (Document 1260–02–03, 2).<br />

«Mahot <strong>et</strong> Aielit, filhes a mon sainor Robiert de Corwaremme» (Document 1264–09–07, 3).<br />

Soit, si on devait représenter schématiquement <strong>la</strong> deuxième structure, <strong>la</strong> figure 3.53.<br />

Ce schéma montre bien que le fonctionnement de <strong>la</strong> spécification est identique à celui<br />

qu’on rencontre pour R3 au niveau argumental (→3.4.4.2).<br />

153 C<strong>et</strong>te concurrence est cependant limitée: «Le tour [sans préposition, c’est-à-dire, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> terminologie<br />

employée ici, sans re<strong>la</strong>teur] a un emploi restreint en ancien français. Le déterminatif<br />

désigne presque toujours une personne [. . .]» (Moign<strong>et</strong> 1988, 92). L’auteur mentionne<br />

néanmoins quelques (rares) attestations qui font exception à c<strong>et</strong>te règle.<br />

126


En ce sens, l’analyse est assez proche de celle qu’A<strong>la</strong>in Lemaréchal (1989, 129–<br />

138) propose du de de l’exemple tesniérien le livre d’Alfred. D’après lui, le re<strong>la</strong>teur ne<br />

perm<strong>et</strong> pas <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre livre <strong>et</strong> Alfred, mais en modifie <strong>la</strong> valeur. Étant donné le<br />

potentiel morphologique de l’ancien français, c’est <strong>la</strong> flexion qui perm<strong>et</strong> ici <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion;<br />

le de ou le a s’y superpose.<br />

Dans certains cas, le re<strong>la</strong>teur spécifie plus précisément <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion:<br />

«le venre-[18]-di aprés l’Ascention» (Document 1260–05–14, 17).<br />

«le judi devant <strong>la</strong> Magdalene» (Document 1263–07–19, 16).<br />

Sémantiquement, les re<strong>la</strong>teurs avant <strong>et</strong> après positionnent <strong>la</strong> circonstance exprimée<br />

par le déterminant par rapport à celle exprimée par le noyau, ici <strong>dans</strong> un contexte<br />

temporel.<br />

Il serait difficile d’affiner davantage le c<strong>la</strong>ssement à l’aide de critères morphosyntaxiques.<br />

154 Malheureusement, arrêter le c<strong>la</strong>ssement à ce stade mène à certains<br />

problèmes pour déterminer à quel niveau joue <strong>la</strong> sélection (→3.4.7.4).<br />

3.4.6.3 Adverbes<br />

Une grande partie des re<strong>la</strong>teurs sont des adverbes. 155 En plus de leur valeur spécificative,<br />

il faut rendre compte de leur insertion en <strong>syntaxe</strong> immédiate (→a). Par ailleurs,<br />

les re<strong>la</strong>tions que les adverbes non-re<strong>la</strong>teurs entr<strong>et</strong>iennent avec d’autres constituants réc<strong>la</strong>ment<br />

un peu d’attention pour être décrites correctement. En particulier, un nom peut<br />

être déterminé par un adverbe (→b) <strong>et</strong> les adverbes peuvent fonctionner ensemble, soit<br />

en se combinant ou se déterminant (→c), pour éventuellement former des re<strong>la</strong>teurs<br />

complexes (→d).<br />

a. Re<strong>la</strong>teurs. La fonction qui unit le re<strong>la</strong>teur au reste du syntagme dont il spécifie <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion est différente de <strong>la</strong> spécification. En dehors de c<strong>et</strong>te opposition, il ne paraît pas<br />

nécessaire de pousser plus loin l’analyse: l’important est de constater que le re<strong>la</strong>teur<br />

fonctionne avec les termes nominaux, de <strong>la</strong> même façon qu’une désinence fléchit le<br />

mot (→3.1.2.2). Si l’on considère <strong>la</strong> hiérarchie des re<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> des constituants, les<br />

154 A<strong>la</strong>in Lemaréchal (1989, ch. 12) propose de limiter l’orientation primaire des noms en fr.<br />

mod. aux déterminants introduits par de ou à, reléguant au second rang ceux qui sont re<strong>la</strong>tés<br />

par d’autres adverbes. Nous n’adhérons pas à c<strong>et</strong>te vision des choses: l’extrême variabilité<br />

de <strong>la</strong> charge spécificative des re<strong>la</strong>teurs de <strong>et</strong> à nécessiterait une étude approfondie.<br />

Il n’est pas envisageable non plus de se servir du point de vue sémantique <strong>et</strong> de distinguer<br />

ici les «déterminants quantifiants» des «déterminants caractérisants» de l’analyse en constituants<br />

immédiats (Sout<strong>et</strong> 2001, 294–309), ni de poser un statut hiérarchique subordonné – ou<br />

même superordonné – à l’«article». Ce modèle postule que les déterminants gravitent autour<br />

du nom <strong>et</strong> le précisent sémantiquement: les caractérisants limitent l’ensemble des obj<strong>et</strong>s du<br />

monde auxquels le syntagme est applicable (p. ex.: rouge, <strong>dans</strong> fr. ballon rouge); les quantifiants<br />

dénombrent les obj<strong>et</strong>s dénotés (p. ex.: un, le, deux). Malheureusement, en voyant les<br />

choses ainsi, il est souvent difficile de justifier rigoureusement <strong>la</strong> position «centrale» du nom<br />

déterminé (pourquoi ballon ne limiterait-il pas l’ensemble des obj<strong>et</strong>s rouges?), en particulier<br />

en cas de «substantivisation d’adjectifs».<br />

155 Voir cependant→3.4.6.4 a au suj<strong>et</strong> des pronoms re<strong>la</strong>tifs.<br />

127


[avons don<strong>et</strong> (P0)]<br />

complémentation<br />

spécification: BNF<br />

FIG. 3.54 – Fonctions du re<strong>la</strong>teur au niveau argumental<br />

[a] [Warnier. . .] <br />

possesseur<br />

<br />

filhes Dt<br />

<br />

[a]<br />

<br />

[mon sainor. . .]<br />

FIG. 3.55 – Fonctions du re<strong>la</strong>teur au niveau immédiat<br />

re<strong>la</strong>teurs font partie du constituant dont ils spécifient <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion, au même titre que les<br />

marques morphologiques de S1. Concrètement, <strong>dans</strong> l’exemple déjà abordé,<br />

*nos avons don<strong>et</strong> a Warnier [. . .] une mason.<br />

<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de complémentation lie a Warnier. . . au prédicat avons don<strong>et</strong>. Le groupe<br />

formé par le re<strong>la</strong>teur <strong>et</strong> le constituant avec lequel il fonctionne forme un bloc, ce qui<br />

implique l’existence d’une re<strong>la</strong>tion entre ces constituants. De ce fait, il faudrait revoir<br />

les schémas pour noter explicitement le lien entre le re<strong>la</strong>teur <strong>et</strong> le reste du syntagme<br />

(figures 3.54 <strong>et</strong> 3.55). Comme le montrent les schémas, <strong>la</strong> nature exacte de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

entre le re<strong>la</strong>teur <strong>et</strong> le reste du syntagme n’est pas précisée. Ainsi, <strong>la</strong> question: «Le re<strong>la</strong>teur<br />

sélectionne-t-il le terme nominal ou est-ce au contraire ce dernier qui détermine<br />

le re<strong>la</strong>teur?» restera sans réponse. 156<br />

b. Détermination d’un nom par un adverbe. La simple cooccurrence d’un adverbe<br />

qui ne soit pas un re<strong>la</strong>teur <strong>dans</strong> un constituant contenant un nom constitue une rupture<br />

sur le p<strong>la</strong>n morphologique. La continuité du marquage nominal est ainsi rompue par<br />

des marques intégratives <strong>et</strong> catégorielles. Par ailleurs, comme on va le voir, si le nom<br />

porte des marques spécificatives, ces dernières portent sur une re<strong>la</strong>tion contractée à un<br />

niveau supérieur.<br />

Par exemple, l’adverbe plus n’est pas un re<strong>la</strong>teur, il ne spécifie pas <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qui<br />

unit le constituant intégrant le nom qu’il détermine aux autres constituants de même<br />

niveau, mais apporte une précision sémantique.<br />

«Et por chu ki chis testamens soit plus fermes, ju, Bastiens, testamenteres devant dis, [35] l’ai<br />

fait saeler [. . .]» (Document 1267–08–28, 34).<br />

«Et en ai pris Philippe Tabart a home, [34] par teil devise ke ce n’est ke un sous homages de<br />

ces doze boniers ensemble [. . .]» (Document 1267–08–28, 33).<br />

156 À première vue, c’est plutôt le re<strong>la</strong>teur qui sélectionne le terme nominal, puisqu’il spécifie<br />

<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qui unit ce dernier à d’autres constituants de niveau supérieur. Néanmoins, <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> mesure où nous acceptons les théories de <strong>la</strong> trans<strong>la</strong>tion – bien qu’on ne puisse y faire<br />

appel pour des raisons méthodologiques (→3.3.2) –, <strong>la</strong> présence du re<strong>la</strong>teur pourrait être <strong>la</strong><br />

condition sine qua non pour que certains mots assument certaines fonctions. Il est même des<br />

cas où le re<strong>la</strong>teur peut être employé seul (sans «régime») (Lemaréchal 1989, 94–98); par<br />

exemple, devant en fr. mod.<br />

128


[ci] [devant]<br />

FIG. 3.56 – Structure de ci devant<br />

La forme de fermes résulte de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion d’attribution qui lie plus fermes à chis testamens.<br />

De même, <strong>la</strong> forme homages est due à <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion d’attribution entre ce <strong>et</strong> sous<br />

homages.<br />

c. Re<strong>la</strong>tions entre adverbes. Le syntagme adverbial pose à nouveau problème du fait<br />

qu’il ne comporte pas de marques morphologiques. Que faire devant des constituants<br />

composés seulement d’adverbes? Comment décrire <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qu’ils contractent? Soit<br />

les attestations suivantes:<br />

«sa partie des deniers ki ci devant sont nommeit» (Document 1244–01–19, 15).<br />

«<strong>la</strong> quele d<strong>et</strong>te [. . .] aloit [. . .] trop damajousement» (Document 1260–02–03, 4).<br />

Les adverbes groupés sont-ils apposés ou l’un détermine-t-il l’autre? En l’absence de<br />

repères morphosyntaxiques, seule <strong>la</strong> sémantique aide à y voir c<strong>la</strong>ir.<br />

Dans le premier des exemples ci-dessus, ci devant perm<strong>et</strong> de comprendre en quoi<br />

consiste <strong>la</strong> coorientation <strong>dans</strong> le domaine adverbial. On a avancé que l’adverbe était<br />

une partie du discours comportant une spécification en <strong>la</strong>ngue (→3.4.4.4). Si tel est<br />

le cas, <strong>la</strong> valeur de <strong>la</strong> spécification de deux adverbes coorientés doit être au moins<br />

partiellement identique. Dans le cas de ci, <strong>la</strong> valeur véhiculée est celle d’une localisation<br />

spatiale (au sens propre ou figuré), alors que devant dénote une localisation<br />

spatio-temporelle. Dans ces conditions, l’apposition est envisageable (figure 3.56). On<br />

trouve également <strong>dans</strong> le corpus des attestations de ci ou devant isolés avec un sens<br />

simi<strong>la</strong>ire:<br />

«Et quant ci termines se-[11]-ra passés, totes le ferm<strong>et</strong>és ki devant sunt dites cesseront»<br />

(Document 1249–06–25, 10).<br />

«Et par [13] ce ke les changes <strong>et</strong> les convenances ki ci sunt de-visees soient plus fermes <strong>et</strong><br />

[14] mielz conutes, avons nos fait saeleir ceste l<strong>et</strong>tre del sael les Povres [. . .]» (Document<br />

1260–10–02, 12).<br />

Par contre, si l’argument trop damajousement exprime le cadre du procès dénoté<br />

par aloit, nous ne pensons pas que les deux mots soient coorientés. On adm<strong>et</strong>tra que<br />

le sens du mot trop n’a pas changé de manière significative depuis l’ancien français: il<br />

faut le voir – sur le p<strong>la</strong>n sémantique – comme un modificateur d’intensité; il est déjà<br />

peu probable qu’il manifeste <strong>la</strong> même spécification que damajousement. De plus, si<br />

l’on tente d’effacer les constituants, on constate que le sens de *<strong>la</strong> quele d<strong>et</strong>te aloit<br />

trop – si tant est qu’une telle construction soit possible – s’écarte plus radicalement<br />

du sens du contexte cité que *<strong>la</strong> quele d<strong>et</strong>e aloit damajousement ne s’en écarte: aler<br />

trop damajousement est une façon d’aler damajousement. La conclusion de ce<strong>la</strong> est<br />

que si trop modifie le sens de <strong>la</strong> phrase, il le fait plus précisément en modifiant le sens<br />

du syntagme <strong>dans</strong> lequel il apparaît; par contre, damajousement ne modifie pas le sens<br />

de l’argument, mais le fonde. De ce fait, les deux adverbes ne peuvent être apposés.<br />

C<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion de dépendance sur le p<strong>la</strong>n sémantique implique que les re<strong>la</strong>tions entre<br />

129


trop damajousement <br />

détermination<br />

FIG. 3.57 – Structure de trop damajousement<br />

par <br />

détermination<br />

[deseur]<br />

FIG. 3.58 – Structure de par deseur avec détermination (hors contexte)<br />

par <br />

[desor] les quatuose. . . <br />

FIG. 3.59 – Structure de par deseur avec détermination (re<strong>la</strong>teur)<br />

par [desor]<br />

les quatuose. . . <br />

FIG. 3.60 – Structure de par deseur sans détermination (re<strong>la</strong>teur)<br />

par <br />

[desor] les quatuose. . . <br />

FIG. 3.61 – Structure de par desor les quatuose. . .<br />

les mots aient lieu à des niveaux d’intégration syntaxique différents: trop détermine<br />

damajousement de <strong>la</strong> même manière qu’un déterminant détermine un noyau nominal<br />

(figure 3.56).<br />

d. Re<strong>la</strong>teurs complexes. Certains re<strong>la</strong>teurs sont composés de plusieurs adverbes. Nous<br />

les nommerons re<strong>la</strong>teurs complexes.<br />

«La reportat damoiselle Sy-[7]-bylle devant dite ens en <strong>la</strong> main del maior [. . .] douze boniere<br />

de terre errable <strong>et</strong> un jor-[9]-nal tierchal» (Document 1260–05–30b, 6).<br />

«li abbés <strong>et</strong> li covens de_<strong>la</strong> Vals Saint Lambert m’on pai<strong>et</strong> tout entiere-[3]-ment, [. . .] ce ke<br />

<strong>la</strong> grosse dime de Peres pooit plus valoir <strong>et</strong> [4] monter, par desor les quatuose vins mars ke je<br />

avoie ja receus» [. . .] (Document 1267–07–06, 2).<br />

«Sacent thuit ke l’an _de_ grase m cc lxx [. . .] vinrent par devant nos [. . .] Hen-[4]-ris li Hardis<br />

de Horion [. . .] <strong>et</strong> de sanior Ge-[6]-rare de Hemricurt [. . .]» (Document 1270–06–06, 2).<br />

«pooir avoit [6] de par l’abesse <strong>et</strong> le covent» (Document 1278–10–17, 5).<br />

Il est assez difficile de proposer une analyse des re<strong>la</strong>tions internes à ces re<strong>la</strong>teurs complexes.<br />

Par exemple, comme par deseur peut avoir seul <strong>la</strong> fonction C5, le raisonnement<br />

tenu ci-dessus (→c) mène au schéma 3.58.<br />

Faut-il garder c<strong>et</strong>te analyse quand par deseur a une fonction de re<strong>la</strong>teur (figure<br />

3.59)? Dans ce cas, <strong>la</strong> même description convient-elle à ens en <strong>et</strong> à de par? Ou bien<br />

faut-il analyser un enchaînement de re<strong>la</strong>teurs comme deux re<strong>la</strong>teurs se succédant –<br />

ce qui implique une hiérarchisation du syntagme –, cf. figure 3.60. Sans une étude<br />

appropriée, il est plus prudent de décrire ces combinaisons comme des figements – à<br />

l’intérieur desquels les re<strong>la</strong>tions ne sont pas vraiment analysables (figure 3.61).<br />

130


3.4.6.4 Propositions avec prédicat personnel<br />

La subordination de propositions dont le prédicat est à un mode personnel n’est pas<br />

limitée à <strong>la</strong> construction des arguments, mais se r<strong>et</strong>rouve également à tous les niveaux<br />

d’intégration inférieurs. Le mécanisme de marquage de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion y est simi<strong>la</strong>ire à<br />

celui employé au niveau actanciel: un re<strong>la</strong>teur exprime généralement <strong>la</strong> subordination:<br />

«A toz ceaz ki cez l<strong>et</strong>res veront <strong>et</strong> oront, li home de_le Chize Deu font conoistre verité»<br />

(Document 1267–10–29, 1).<br />

«Et ilh recordarent tot en tel maniere ke chi desore est escrit.» (Document 1273–05–12, 15).<br />

«Et <strong>la</strong> ou che fut fait furent present [. . .]» (Document 1274–02–24, 15).<br />

Dans l’état de <strong>la</strong>ngue étudié, l’emploi d’un re<strong>la</strong>teur est quasi systématique, ce qui<br />

est compréhensible. Dans une <strong>la</strong>ngue où les changements d’orientation sont essentiellement<br />

marqués par <strong>la</strong> flexion nominale <strong>et</strong> les adverbes re<strong>la</strong>teurs, les risques de<br />

confusion <strong>et</strong> d’ambiguïté pourraient être importants en l’absence de marque segmentale<br />

pour indiquer une re<strong>la</strong>tion entre une construction aussi longue <strong>et</strong> complexe que <strong>la</strong><br />

proposition <strong>et</strong> le reste du syntagme qui l’englobe. La <strong>la</strong>ngue ne pouvant se servir de<br />

<strong>la</strong> morphologie pour indiquer <strong>la</strong> subordination, elle emploie des adverbes dédiés à c<strong>et</strong><br />

usage. On a donc l’impression que du point de vue de <strong>la</strong> structure de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, l’emploi<br />

du re<strong>la</strong>teur perm<strong>et</strong> à <strong>la</strong> proposition d’assumer une fonction qu’elle ne pourrait<br />

contracter sans lui.<br />

Examinons les cas de «re<strong>la</strong>tives» <strong>et</strong> «complétives» en re<strong>la</strong>tion avec un nom ou un<br />

adverbe.<br />

a. «Re<strong>la</strong>tives» en re<strong>la</strong>tion avec un nom. Dans un contexte nominal, une subordonnée<br />

peut entrer en re<strong>la</strong>tion avec un nom <strong>et</strong> être re<strong>la</strong>tée par un mot qui exprime une<br />

désignation de <strong>la</strong> même réalité que ce nom:<br />

«[. . .] ma damme Beatris, ki ja fut abbesse de <strong>la</strong> maison devant dite, en_prist don <strong>et</strong> vesture<br />

entre Sainte Marie <strong>et</strong> Saint Lam-[7]-bert [. . .]» (Document 1260–05–14, 6).<br />

«A toz ceaz ki cez l<strong>et</strong>res veront <strong>et</strong> oront, li home de_le Chize Deu font conoistre verité.»<br />

(Document 1267–10–29, 1).<br />

«[. . .] Facins n’avoi<strong>et</strong> rins a ce qu’il c<strong>la</strong>moi<strong>et</strong> encontre <strong>la</strong> maison de [14] <strong>la</strong> Valz Benoite»<br />

(Document 1260–05–09, 18).<br />

«Et de cest fiez Henris devant [10] diz r<strong>et</strong>ient un bonier, dont ilh demorat hom de fiez le saignor<br />

d’Astenoit.» (Document 1266–06–13, 9).<br />

«Item, je <strong>la</strong>i Bastien, mon anné filh, me grande maison de Sain Servais u ju [4] demoure [. . .]»<br />

(Document 1289–01–12, 3).<br />

Tous ces cas appartiennent à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse de ce que <strong>la</strong> grammaire traditionnelle désigne du<br />

nom de «re<strong>la</strong>tive» <strong>et</strong> sont très proches du français moderne. La re<strong>la</strong>tive entr<strong>et</strong>ient une<br />

re<strong>la</strong>tion particulière avec son antécédent. Le développement que fait A<strong>la</strong>in Lemaréchal<br />

(1997, ch. 5 <strong>et</strong> 6) à ce suj<strong>et</strong> est le suivant: d’après lui, les re<strong>la</strong>tives sont des propositions<br />

que le re<strong>la</strong>teur subordonne, mais aussi oriente vers l’antécédent.<br />

131


[nom]<br />

coorientation<br />

[re<strong>la</strong>teur]<br />

proposition <br />

FIG. 3.62 – Apposition d’une re<strong>la</strong>tive <strong>et</strong> d’un nom<br />

[nom]<br />

coorientation<br />

[re<strong>la</strong>teur] [P0] <br />

FIG. 3.63 – Apposition d’une re<strong>la</strong>tive <strong>et</strong> d’un nom: fonctions du re<strong>la</strong>teur<br />

L’antécédent <strong>et</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tive sont, d’un point de vue sémantique, des désignations de<br />

<strong>la</strong> même réalité (cf. Lemaréchal 1997, 175); soit <strong>la</strong> figure 3.62.<br />

C’est à peu près ce que Gérard Moign<strong>et</strong> (1988, 155), qui estime que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tive est<br />

une «sorte de substantif de discours», a exprimé en ces termes:<br />

«L’être que désigne <strong>la</strong> proposition re<strong>la</strong>tive ainsi constituée est affecté <strong>dans</strong> une autre phrase,<br />

dite régissante, 157 des fonctions grammaticales du substantif: suj<strong>et</strong>, obj<strong>et</strong>, apposition, régime<br />

prépositionnel, régime absolu – ou de l’adjectif: épithète, apposition, quand il est référé à un<br />

substantif ou a un pronom, dit antécédent.»<br />

Pour A<strong>la</strong>in Lemaréchal, tant l’antécédent que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tive sont orientés vers un participant.<br />

De même, un re<strong>la</strong>teur adverbial supplémentaire orienterait <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tive en conséquence;<br />

ainsi, <strong>dans</strong> fr. mod. 158<br />

hache avec <strong>la</strong>quelle Paul coupe les arbres<br />

le nom hache <strong>et</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tive seraient tous deux orientés vers l’instrument. C<strong>et</strong>te analyse<br />

ne convient que si l’on pose que le re<strong>la</strong>teur nominal ne remplit pas de fonction<br />

à l’intérieur de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tive, mais ne fait que l’introduire <strong>et</strong> <strong>la</strong> spécifier. Nous préférons<br />

considérer que le nom qui joue le rôle de re<strong>la</strong>teur est impliqué <strong>dans</strong> le schéma argumental<br />

du prédicat de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tive. La re<strong>la</strong>tion entre le re<strong>la</strong>teur <strong>et</strong> le reste du syntagme<br />

est donc spécifiée (figure 3.63). Dans ce cas, autant il est aisé d’adm<strong>et</strong>tre qu’il y a bien<br />

coorientation entre <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tive <strong>et</strong> l’antécédent, autant nous ne voyons pas comment<br />

le constituant formé par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tive (en ce compris le re<strong>la</strong>teur) pourrait, en dehors de<br />

toute re<strong>la</strong>tion de sélection, être orienté vers autre chose que lui-même. Il y a semble-til<br />

une distinction à faire entre <strong>la</strong> fonction immédiate qui appose antécédent <strong>et</strong> re<strong>la</strong>tive<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> fonction (éventuellement argumentale) que le constituant ainsi formé contracte.<br />

Si l’on reprend <strong>et</strong> que l’on développe le dernier exemple, on voit que le constituant<br />

en question (<strong>la</strong> hache avec <strong>la</strong>quelle Paul coupe les arbres) peut être orienté différemment:<br />

159<br />

patient: Il a volé <strong>la</strong> hache avec <strong>la</strong>quelle Paul coupe les arbres.<br />

agent: La hache avec <strong>la</strong>quelle Paul coupe les arbres tranche bien.<br />

157<br />

Nous soulignons l’autonyme.<br />

158<br />

Pour simplifier, nous commençons l’exposé par un exemple en français moderne, qui ne<br />

diffère pas de l’ancien français sur ce point.<br />

159<br />

L’«article», que l’auteur considère comme un «substantivant» du syntagme nominal<br />

(Lemaréchal 1989, 46–54), pourrait être considéré comme coorienté.<br />

132


instrument: Il s’est blessé avec <strong>la</strong> hache avec <strong>la</strong>quelle Paul coupe les arbres.<br />

C’est une contrainte supplémentaire qui spécifie l’orientation au niveau argumental<br />

(marque séquentielle ou marque segmentale). L’ancien français fonctionnait déjà<br />

ainsi. Dans l’exemple qui suit, ki est <strong>la</strong> forme contrainte de S1, mais l’ensemble a toz<br />

ceaz ki cez l<strong>et</strong>res veront <strong>et</strong> oront est R3:<br />

«A toz ceaz ki cez l<strong>et</strong>res veront <strong>et</strong> oront, li home de_le Chize Deu font conoistre verité.»<br />

(Document 1267–10–29, 1).<br />

La forme du re<strong>la</strong>teur n’est donc pas liée au contexte intégrant, mais à <strong>la</strong> fonction<br />

qu’il a <strong>dans</strong> <strong>la</strong> subordonnée. Ce cas de coordination le montre particulièrement bien:<br />

«Alisandres [. . .] werpit le siene part de tot l’alu ki gist a Oire <strong>et</strong> sor cui li cens gist<br />

ke Jakemins d’Oire ki [7] fut lur <strong>la</strong>ssat, lui <strong>et</strong> Gil<strong>et</strong>, son frere, en amoine.» (Document<br />

1284–02–12, 5).<br />

Dans le cadre des constituants propositionnels comportant ce type de re<strong>la</strong>teur, <strong>la</strong><br />

flexion nominale n’est ainsi d’aucun secours pour appréhender <strong>la</strong> coorientation par<br />

rapport à l’antécédent, purement sémantique. 160 C’est c<strong>et</strong>te coorientation qui est l’indice<br />

d’apposition de <strong>la</strong> subordonnée au nom.<br />

Puisque <strong>la</strong> spécification du re<strong>la</strong>teur prend eff<strong>et</strong> à l’intérieur de <strong>la</strong> subordonnée,<br />

<strong>la</strong> présence d’un adverbe spécificateur joue à un niveau syntaxique inférieur à <strong>la</strong> subordination;<br />

<strong>dans</strong> l’extrait suivant, par perm<strong>et</strong> d’exprimer <strong>la</strong> cause du procès de <strong>la</strong><br />

subordonnée:<br />

«[. . .] me sires Facins, se peres, n’en fist onkes chose par quen ilh dewiste estre deserités.»<br />

(Document 1276–07–22, 5).<br />

Les re<strong>la</strong>teurs adverbiaux se comportent de manière identique <strong>et</strong> leur orientation<br />

propre peut différer de l’orientation de <strong>la</strong> subordonnée considérée <strong>dans</strong> son ensemble:<br />

«Et de cest fiez Henris devant [10] diz r<strong>et</strong>ient un bonier, dont ilh demorat hom de fiez le saignor<br />

d’Astenoit.» (Document 1266–06–13, 9).<br />

«Item, je <strong>la</strong>i Bastien, mon anné filh, me grande maison de Sain Servais u ju [4] demoure [. . .]»<br />

(Document 1289–01–12, 3).<br />

On voit bien que dont <strong>et</strong> ou jouent à <strong>la</strong> fois un rôle extérieur <strong>et</strong> intérieur à <strong>la</strong> proposition,<br />

mais <strong>la</strong> charge spécificative du re<strong>la</strong>teur prend tout son eff<strong>et</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> subordonnée<br />

<strong>et</strong> non <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qui unit celle-ci au constituant en apposition.<br />

Quant aux parataxes, elles sont quasi inexistantes en contexte nominal: on ne relève<br />

que ces deux extraits:<br />

160 Et de ce point de vue, on peut s’échiner à distinguer «re<strong>la</strong>tives appositives» <strong>et</strong> «re<strong>la</strong>tives<br />

descriptives», mais force est de constater qu’elles sont construites de manière absolument<br />

identique, <strong>et</strong> que quel que soit le cas de envisagé, il y a toujours une forme de coréférence<br />

entre le nom <strong>et</strong> <strong>la</strong> subordonnée de même niveau: les deux constituants désignent le même<br />

obj<strong>et</strong>.<br />

133


[nom]<br />

coorientation<br />

[re<strong>la</strong>teur]<br />

proposition <br />

FIG. 3.64 – Apposition d’une complétive <strong>et</strong> d’un nom<br />

«Me sires Godefroiez Valee [. . .] avoit vendut <strong>et</strong> afai<strong>et</strong>i<strong>et</strong> iii bonirs de terre d’alu [. . .] dés<br />

a_tens li_siges fut devant Aiez.» (Document 1265–04–15, 15).<br />

«Et de quele 161 oire li gliese desour ditte [27] en soit en don <strong>et</strong> en vesture <strong>et</strong> lour aient<br />

quitteit, li quatre bonier d’aluz desour dis revenront quitte <strong>et</strong> paisule a devant [28] dit Baduin.»<br />

(Document 1278–04–06, 26).<br />

Ces attestations sont bien moins précieuses que celles qui montrent que les sélections<br />

peuvent fonctionner sans re<strong>la</strong>teur. On constatera simplement que ces propositions paratactiques<br />

sont toujours intégrées à un constituant C5.<br />

b. «Complétives» en re<strong>la</strong>tion avec un nom. Une subordonnée peut être apposée à un<br />

nom sans que le re<strong>la</strong>teur ne joue de rôle à l’intérieur de <strong>la</strong> proposition. Dans ce cas, on<br />

parle traditionnellement de «complétives». Par exemple<br />

«por ce que ce soit fermement tenut, li veskes <strong>et</strong> li cuens i ont pendut lors sayaus.» (Document<br />

1236–12–15, 12).<br />

La structure est également celle représentée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.64, mais, contrairement<br />

à ce qui se passe pour les re<strong>la</strong>tives, le re<strong>la</strong>teur ne contracte ici aucune fonction à<br />

l’intérieur de <strong>la</strong> proposition. 162<br />

c. «Re<strong>la</strong>tives» en re<strong>la</strong>tion avec un adverbe non re<strong>la</strong>teur. La re<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> subordonnée<br />

<strong>et</strong> un adverbe de même niveau se présente de façon simi<strong>la</strong>ire à celle qui unit une<br />

«re<strong>la</strong>tive» à un nom. C<strong>et</strong>te fois, <strong>la</strong> différence notable entre le contexte nominal <strong>et</strong> le<br />

contexte adverbial n’implique qu’une restriction au niveau des coréférences possibles<br />

<strong>et</strong> l’impossibilité d’employer un re<strong>la</strong>teur nominal.<br />

«La ou totes ces choses desoir_escrites furent faites, furent homes de le [24] Cise Deu.»<br />

(Document 1274–05–31b, 23).<br />

L’orientation de l’adverbe ou, codée en <strong>la</strong>ngue, ne joue pas au niveau de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion que<br />

<strong>la</strong> subordonnée entr<strong>et</strong>ient avec <strong>la</strong>, mais à l’intérieur de <strong>la</strong> subordonnée introduite. Par<br />

contre, le fait que <strong>la</strong> <strong>et</strong> ou soient «préorientés» entraîne forcément que les orientations<br />

de <strong>la</strong> subordonnée, de son apposé, du re<strong>la</strong>teur <strong>et</strong> du constituant qu’ils forment soient<br />

identiques (→3.4.6.3 c).<br />

La parataxe est également très rare,<br />

«[. . .] par ensi se riens faut a mes muebles por paier les <strong>la</strong>sses de-seur dittes, je weilh que on<br />

r<strong>et</strong>rence [53] a_l’avenant de cescune <strong>la</strong>sse que je ai fait en denirs» (Document 1283–02–13b,<br />

52).<br />

161 Nous ne considérons pas quel comme un re<strong>la</strong>teur: ce<strong>la</strong> compliquerait inutilement l’analyse<br />

de <strong>la</strong> construction <strong>la</strong> plus fréquente de quele eure que. . .<br />

162 Il serait envisageable de poser qu’il n’y a pas de différence entre ce re<strong>la</strong>teur <strong>et</strong> le que «pronom<br />

re<strong>la</strong>tif». On pourrait, suivant notre modèle, considérer le que comme un argument du prédicat<br />

de <strong>la</strong> subordonnée. Il aurait alors fonction de C5 ou de C6, avec une valeur sémantique qui<br />

serait très limitée. Nous n’avons pas encore pu tester c<strong>et</strong>te vision des choses sur le corpus.<br />

134


avons pendu <br />

C5<br />

but<br />

<br />

por que ceste chose. . . . . .<br />

FIG. 3.65 – Structure de avons pendu. . . por que. . .<br />

mais notons qu’un document fait systématiquement suivre <strong>la</strong> de <strong>la</strong> subordonnée (sans<br />

re<strong>la</strong>teur):<br />

«[. . .] je voilh ke li ir<strong>et</strong>ages demoraist <strong>la</strong> ilh le voroit <strong>la</strong>isier [. . .]» (Document 1289–01–12,<br />

10).<br />

«[. . .] je voilh ke mei foimains doisent quatre mars de ligois <strong>la</strong> ilh veront <strong>et</strong> troveront par<br />

bons clers ke men arme soit miés acuiteie [. . .]» (Document 1289–01–12, 26).<br />

«[. . .] je <strong>la</strong>is un march, le quelh me dame <strong>et</strong> li foimain donront en aournement d’atés, <strong>la</strong> ilh<br />

veront k’ilh serat miés enploiés.» (Document 1289–01–12, 26).<br />

La particu<strong>la</strong>rité reste trop peu attestée pour qu’on en tire des conclusions intéressantes.<br />

Comme pour les propositions apposées à un nom, ces cas sont limités à des C5.<br />

d. «Complétives» en re<strong>la</strong>tion avec un adverbe non re<strong>la</strong>teur. Le schéma est le suivant:<br />

adverbe <strong>et</strong> subordonnée sont également coorientés. On fera simplement remarquer que<br />

l’adverbe sert en quelque sorte de c<strong>la</strong>ssificateur à <strong>la</strong> complétive (cf. Lemaréchal 1997,<br />

152):<br />

«Et [13] li commandons ens em_pais si ke drois <strong>et</strong> loys porte.» (Document 1278–12–03, 12).<br />

e. «Complétives» <strong>et</strong> «re<strong>la</strong>tives» en re<strong>la</strong>tion avec un adverbe re<strong>la</strong>teur. La plupart du<br />

temps, le rôle des subordonnées est spécifié indirectement: un re<strong>la</strong>teur porte sur un<br />

ensemble formé par le nom ce <strong>et</strong> une proposition apposée; par exemple:<br />

«Et por ce que ce soit fermement tenut, li veskes <strong>et</strong> li cuens i ont pendut lors sayaus.»<br />

(Document 1236–12–15, 12).<br />

Dans ce cas, on ne peut pas vraiment dire que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion contractée par <strong>la</strong> subordonnée<br />

soit spécifiée: c’est <strong>la</strong> fonction du constituant ce que. . . qui est spécifiée. Par contre,<br />

il arrive qu’un re<strong>la</strong>teur précède directement une subordonnée «complétive»: 163<br />

«Et por que ceste [15] chose soit plus ferme, nos avons pendu a cest present escrit nos saias<br />

propres en tesmonghage de [16] verité.» (Document 1287–10, 14).<br />

«Ne ne_le_porons, [5] nos [. . .], m<strong>et</strong>re hors de no main ne desevreir, por quoi nos [. . .] ne<br />

tengnons [6] a perp<strong>et</strong>uité ces chozes des eveskes de Liege.» (Document 1263–05–27a, 4).<br />

Dans ce cas, puisque que ne joue aucun rôle <strong>dans</strong> <strong>la</strong> complétive, nous considérons que<br />

le re<strong>la</strong>teur spécifie forcément <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qui implique <strong>la</strong> subordonnée (figure 3.65).<br />

163 On remarque que le mot ce, qui impose un environnement nominal, est absent.<br />

135


[P0]<br />

[nom]<br />

S1<br />

participe (P0) autre argument <br />

FIG. 3.66 – Structure rej<strong>et</strong>ée de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre nom <strong>et</strong> participe coorientés<br />

[P0]<br />

[nom]<br />

participe (P0) autre argument <br />

FIG. 3.67 – Structure de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre nom <strong>et</strong> participe coorientés<br />

3.4.6.5 Propositions avec prédicat non personnel<br />

a. Propositions participiales. Les propositions participiales – pour rappel, nous nommons<br />

ainsi les propositions dont le prédicat est conjugué au participe passé ou au participe<br />

présent (→3.4.2.5 b) –, qui entrent en re<strong>la</strong>tion avec des constituants nominaux<br />

de même niveau sont coorientées par rapport à ce dernier: le prédicat de <strong>la</strong> proposition<br />

<strong>et</strong> le terme nominal expriment une propriété de l’obj<strong>et</strong> dénoté. Le marquage<br />

morphologique (accord en cas, genre, nombre) est en accord avec <strong>la</strong> coorientation:<br />

«Et nos, Giles de Lageri, doiens devant nomeiz, avons pendut a cest present [7] escrit nostre<br />

saieal.» (Document 1271–12–03, 6).<br />

«<strong>la</strong> mai-[8]-son de Robermont devant dite» (Document 1260–05–14, 7).<br />

«vi mars [4] de cens [. . .] bien assis a estimation de preus-dommes» (Document 1283–02–13a,<br />

3).<br />

La question principale que soulève l’analyse des participiales est celle de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

qui unit le nom coorienté à P0 au schéma argumental de <strong>la</strong> proposition. Les propositions<br />

dont le prédicat est à un mode personnel comprennent un suj<strong>et</strong> non obligatoire<br />

combiné à ce prédicat. Somme toute, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion observée ici est fort ressemb<strong>la</strong>nte.<br />

Dès lors, pourquoi ne pas dire que le nom constitue un suj<strong>et</strong>? L’analyse pourrait donc<br />

être celle de <strong>la</strong> figure 3.66. Mais il s’agit d’un fait de <strong>syntaxe</strong> immédiate, parce que<br />

<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de dépendance n’est pas <strong>la</strong> même: à notre avis, <strong>la</strong> présence d’un prédicat<br />

conjugué à un mode personnel est <strong>la</strong> condition fondatrice de <strong>la</strong> phrase (→3.4.1.2),<br />

alors que l’effacement d’un participe apposé à un nom ne change rien au rôle argumental<br />

que ce dernier peut jouer; par exemple, si on enlève devant nomeiz du premier<br />

extrait ci-dessus:<br />

*Et nos, Giles de Lageri, doiens, avons pendut a cest present escrit nostre saieal.<br />

Par ailleurs, le nom apposé au participe ne commute pas avec il, alors que tous<br />

les autres arguments conservent leurs propriétés paradigmatiques. On préfèrera donc<br />

l’analyse présentée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.67. Les marques segmentales de cas correspondent<br />

d’ailleurs à <strong>la</strong> fonction du nom apposé <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phrase, <strong>et</strong> non à son rôle par rapport au<br />

participe.<br />

«Et nos, li home [13] de <strong>la</strong> Chise Deu, ouwe <strong>la</strong> veritee <strong>et</strong> le testament bin regarde<strong>et</strong>, en feimes<br />

don <strong>et</strong> ve-[14]-sture par le consel de mut de prodomes ki <strong>la</strong> astoent a sanior Anthone devant<br />

dit en [15] nome del amoine de-sor nomee.» (Document 1270–06–06, 12).<br />

136


S1<br />

@contexte<br />

argumental<br />

combinaison<br />

@coorientation<br />

@cointégration<br />

re<strong>la</strong>tion<br />

@dépendance ou coocurrence<br />

@implique deux constituants<br />

apposition<br />

@contexte<br />

immédiat<br />

complémentation<br />

@contexte<br />

argumental<br />

FIG. 3.68 – Types de re<strong>la</strong>tions<br />

sélection<br />

@non-coorientation<br />

@ou non-cointégration<br />

détermination<br />

@contexte<br />

immédiat<br />

b. Propositions infinitives. L’infinitif est compatible avec <strong>la</strong> fonction de déterminant<br />

(il est alors re<strong>la</strong>té).<br />

«Et les xxiiii sols de [10] cens a_paier a termines [. . .] werpirent cilh Lambers Vennisons <strong>et</strong> se<br />

[11] femme» (Document 1255–05–21, 9).<br />

«[. . .] me_sires Wilheames devant dis avoit [6] pooir <strong>et</strong> mandement special de prendre vestures<br />

de tos les yr<strong>et</strong>ages [. . .]» (Document 1274–05–31b, 5).<br />

C<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion ne pose absolument aucun problème, même s’il n’est pas toujours<br />

évident de <strong>la</strong> distinguer d’une re<strong>la</strong>tion attributive (de niveau argumental). C<strong>et</strong>te distinction<br />

fera l’obj<strong>et</strong> d’une section ultérieure (→3.4.7.1 b).<br />

3.4.6.6 Synthèse des re<strong>la</strong>tions immédiates<br />

Le parallélisme des fonctionnements des niveaux argumental <strong>et</strong> immédiat est c<strong>la</strong>ir.<br />

Tout d’abord, on r<strong>et</strong>rouve le même type de re<strong>la</strong>tions (figure 3.68). Ce sont les mêmes<br />

marques qui sont employées aux deux niveaux pour exprimer les spécifications: les<br />

moyens casuels <strong>et</strong> les re<strong>la</strong>teurs. Et du point de vue de leur nature, les constituants<br />

impliqués sont les mêmes. La seule différence, qui fonde <strong>la</strong> disjonction des niveaux<br />

argumental <strong>et</strong> immédiat, est qu’à ce dernier niveau, il n’y a que très rarement un prédicat<br />

central. En conséquence, une structure de niveau immédiat ne peut pas constituer<br />

un énoncé phrastique <strong>et</strong> est forcément dépendante, à moins que certaines conventions<br />

externes, liées au type de texte ou à <strong>la</strong> situation, ne lui perm<strong>et</strong>tent de jouer le rôle<br />

d’énoncé (→3.4.1.2 b). Chacun de ces phénomènes mériterait une monographie. On<br />

se limitera ici à quelques observations générales <strong>et</strong> à l’exposé des choix qui ont dû être<br />

faits.<br />

3.4.7 Problèmes généraux<br />

Tout d’abord, il est fréquemment problématique de déterminer avec exactitude à quel<br />

niveau de <strong>syntaxe</strong> se situent les re<strong>la</strong>tions observées: jouent-elles au niveau argumental<br />

ou au niveau immédiat (→3.4.7.1)? Une fois le niveau déterminé, il peut subsister des<br />

hésitations quant à <strong>la</strong> hiérarchie des structures les plus complexes. La coordination<br />

accroît le nombre de constituants de même fonction (→3.4.7.2). D’autre part, plusieurs<br />

137


combinaisons <strong>et</strong> sélections peuvent être présentes sans qu’il soit toujours possible<br />

de déterminer exactement quels constituants elles impliquent précisément (→3.4.7.3<br />

<strong>et</strong>→3.4.7.4). Enfin, les quelques apparitions de structures en mention <strong>et</strong> d’énoncés<br />

en <strong>la</strong>tin se p<strong>la</strong>cent naturellement en dehors du système qui a été présenté ci-dessus<br />

(→3.4.7.6).<br />

3.4.7.1 Re<strong>la</strong>tions argumentales ou re<strong>la</strong>tions immédiates?<br />

Compléments <strong>et</strong> déterminants agissent de manière simi<strong>la</strong>ire, si ce n’est que les premiers<br />

sélectionnent un prédicat, mais non les autres. C<strong>et</strong>te propriété commune complique<br />

<strong>la</strong> description (a). Les cas les plus particuliers: l’intégration des infinitifs (b) <strong>et</strong><br />

les phénomènes de thématisation (c) méritent un commentaire approprié.<br />

a. Généralités. Il est assez fréquent que les déterminants prennent une forme très<br />

proche des C5, mais qu’il soit impossible de les interpréter comme tels, parce qu’ils<br />

sont visiblement intégrés en <strong>syntaxe</strong> immédiate:<br />

«ilh ont enluis [3] quatre hommes: le prevost de Tr<strong>et</strong>, mon saingor Henemant d’Otoncur, de<br />

par le Conte, [4] mon saingor Gilion de Barbenchon <strong>et</strong> maistre Lambert de Halos, de par le<br />

veske [. . .]» (Document 1236–12–15, 2).<br />

Puisque quatre hommes <strong>et</strong> le prevost de Tr<strong>et</strong>. . . de par le veske sont en re<strong>la</strong>tion d’apposition<br />

<strong>et</strong> constituent ensemble un R2, il n’est pas possible d’accorder un statut de<br />

C5 aux constituants commençant par de par. . . .<br />

Nous expliquons ainsi les constructions impliquant <strong>la</strong> formule d’une part. . .<br />

d’autre part: en fonction de l’intégration syntaxique, on analysera d’une part <strong>et</strong><br />

d’autre part comme des C5 ou comme des Dt:<br />

C5: «Conute choise soit a tos ke l’an de grasce m cc quatre_vins [3] <strong>et</strong> on, le semedi devant le<br />

Chandeloir, vinrent par devant nos [. . .] Jehans, li fis le maoir de Horpale, d’une part, <strong>et</strong> me<br />

sires Jehans [5] c’on_dist delle Savenire [. . . ], d’atre part.» (Document 1282–02–01, 2);<br />

Dt: «[. . .] le pais ki est faite entre mon signor le veske de Liege, d’une part, <strong>et</strong> Waleran, mon<br />

[3] frere, d’atre, [. . .] sue_je tenes a faire garder [. . .]» (Document 1237–09–16, 2).<br />

L’intégration du constituant entre. . . d’atre comme C5 empêche de considérer d’une<br />

part <strong>et</strong> d’atre comme des C5.<br />

Parfois, le niveau d’intégration ne peut être repéré qu’à l’aide de <strong>la</strong> sémantique:<br />

«Et <strong>la</strong> afaitat Gedefrois desor dis a frere Gilon de [7] Hambrut desoir nomeit <strong>et</strong> a_owés delle<br />

maison delle Va Benoite trois denirs [8] ligois de cens par an» (Document 1285–07–04, 6).<br />

Dans le contexte, afaitier est une action ponctuelle <strong>et</strong> unique, <strong>et</strong> ne peut être compris<br />

comme itératif. Si le prédicat exprime un procès unique, un C5 présupposant une<br />

répétition (comme par an) lui est forcément incompatible.<br />

Une grande quantité de cas ne peuvent être analysés de <strong>la</strong> même manière. Il<br />

est souvent possible d’interpréter le constituant dont on cherche à définir <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

comme un Dt ou un complément de type C5:<br />

«Et avuec ces choses devant dites avons nos repris en fiez <strong>et</strong> en homage [6] de li <strong>et</strong> del eglise<br />

de Liege le dieme de Tohongne <strong>et</strong> de Wirice» (Document 1243–07–09, 5).<br />

138


[nom] [P0]<br />

[re<strong>la</strong>teur] [infinitif] <br />

FIG. 3.69 – Re<strong>la</strong>tion médiate entre un nom <strong>et</strong> un infinitif re<strong>la</strong>té<br />

[P0]<br />

[nom]<br />

[re<strong>la</strong>teur] [infinitif] <br />

FIG. 3.70 – Structure de <strong>la</strong> détermination d’un nom par un infinitif re<strong>la</strong>té<br />

Le constituant souligné sélectionne-t-il fiez <strong>et</strong> homage ou bien avons repris? En règle<br />

générale, on doit poser un choix arbitraire. Pour simplifier l’analyse, nous dirons que<br />

<strong>dans</strong> tous les cas ambigus (ou pour lesquels nous doutons), le constituant est un C5.<br />

C’est-à-dire qu’il est p<strong>la</strong>cé au niveau d’intégration le plus élevé possible <strong>dans</strong> l’arbre<br />

syntaxique.<br />

Ne perdons pas de vue que ce choix ne fait pas que déterminer le niveau d’intégration<br />

de <strong>la</strong> structure: il implique aussi un changement de statut des re<strong>la</strong>tions syntaxiques<br />

qui unissent les constituants. Comme indiqué plus haut. 164 , si un argument entr<strong>et</strong>ient<br />

une re<strong>la</strong>tion avec un autre argument, c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion «passe par le prédicat»: elle est<br />

médiate .<br />

b. Infinitifs. La description des schémas argumentaux impliquant un infinitif méritait<br />

déjà un exposé détaillé (→3.4.4.6). À un niveau d’analyse supérieur, déterminer si le<br />

rôle d’un infinitif doit se mesurer au niveau argumental ou immédiat ne se fait pas sans<br />

hésitation. En ancien français, en eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong> séquence<br />

nom + adverbe re<strong>la</strong>teur + verbe à l’infinitif<br />

(où le nom exprime le patient du procès de l’infinitif) est très fréquente. Prenons-en<br />

quelques exemples pour servir de cadre à <strong>la</strong> réflexion:<br />

«[. . .] Henris [2] del Aitre reconut par devant nos en justice ke <strong>la</strong>_maison del Vauz Saint<br />

Lambert at aquis a_li x stiers d’avaine hyr<strong>et</strong>able-[3]-ment, a paier le jor de_<strong>la</strong> feste saint Remi<br />

[. . .]» (Document 1270–03–24, 1).<br />

«Et ce doze doniers doit_ons a le chachie [12] a refaire chascun an.» (Document 1252–03–01a,<br />

11).<br />

«Et je [. . .] li rendi cest [6] fiez a_tenir de mi [. . .].» (Document 1270–11–26, 5).<br />

«Ceste pais <strong>et</strong> ceste assens at cre-[11]-anteit l’une partie <strong>et</strong> l’atre a tenir <strong>et</strong> a guarder.»<br />

(Document 1236–05, 10).<br />

Comment modéliser les re<strong>la</strong>tions? L’hésitation porte sur le choix entre <strong>la</strong> structure<br />

qui p<strong>la</strong>ce l’infinitif au niveau du prédicat (figure 3.69) <strong>et</strong> celle qui le p<strong>la</strong>ce en <strong>syntaxe</strong><br />

immédiate (figure 3.70). En d’autres termes, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre le nom <strong>et</strong> l’infinitif pass<strong>et</strong>-elle<br />

par le prédicat (re<strong>la</strong>tion d’attribution) ou l’infinitif détermine-t-il le nom?<br />

Tout d’abord, <strong>la</strong> question ne se pose que si aucun re<strong>la</strong>teur ne s’intercale entre le<br />

prédicat principal <strong>et</strong> le nom. S’il y en a un, l’analyse est assez simple: le nom est<br />

déterminé par l’infinitif re<strong>la</strong>té,<br />

164 Voir p. 94.<br />

139


Des siez jornaz. . . <br />

[doit] [le moitié. . .]<br />

C5 R2<br />

FIG. 3.71 – Interprétation argumentale de des siez jornaz. . . doit le moitié.<br />

. .<br />

<br />

paier R2 [le moitié ] D [del trechens] D<br />

Des siez jornaz. . . <br />

FIG. 3.72 – Interprétation immédiate de des siez jornaz. . . doit le moitié.<br />

. .<br />

«Et ce doze doniers doit_ons a le chachie [12] a refaire chascun an.» (Document 1252–03–01a,<br />

11).<br />

Quand <strong>la</strong> question se pose, c’est le sens qui apporte une réponse: si, <strong>dans</strong> le cadre<br />

du procès exprimé par l’infinitif, le nom joue un rôle sans que le sens du prédicat<br />

principal ne conditionne l’existence de ce rôle, nous préférons p<strong>la</strong>cer l’infinitif <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> sphère du nom. L’infinitif re<strong>la</strong>té exprime une propriété du nom:<br />

«[. . .] Henris [2] del Aitre reconut par devant nos en justice ke <strong>la</strong>_maison del Vauz Saint<br />

Lambert at aquis a_li x stiers d’avaine hyr<strong>et</strong>able-[3]-ment, a paier le jor de_<strong>la</strong> feste saint Remi<br />

[. . .]» (Document 1270–03–24, 1).<br />

Le sens du prédicat at aquis n’implique pas que les «dix s<strong>et</strong>iers» dont il est question<br />

soient «à paier». Par contre, si le prédicat régissant conditionne le rôle, nous préférons<br />

l’analyse argumentale:<br />

«Et je [. . .] li rendi cest [6] fiez a_tenir de mi [. . .].» (Document 1270–11–26, 5).<br />

«Ceste pais <strong>et</strong> ceste assens at cre-[11]-anteit l’une partie <strong>et</strong> l’atre a tenir <strong>et</strong> a guarder.»<br />

(Document 1236–05, 10).<br />

On constate que, <strong>dans</strong> le premier extrait, le procès exprimé par rendi change le statut<br />

du «fief»: il devient «à tenir» de quelqu’un.<br />

c. Thématisations. Il arrive fréquemment que <strong>la</strong> structure énonciative disloque <strong>la</strong> séquence<br />

pour m<strong>et</strong>tre en évidence un constituant, qui a alors <strong>la</strong> fonction énonciative de<br />

thème. Par exemple:<br />

«Des queis siez jornaz de terre desour dis nostre maisons doit paier le moitié del [14] trechens<br />

[. . .]» (Document 1280–05–04, 13).<br />

«Do quelh testament ju enlis <strong>et</strong> fais foumains [. . .] sangnor Thirri de Dynant, [. . .] dame<br />

Annés [. . .].» (Document 1289–01–12, 31).<br />

Il y a deux manières d’analyser le résultat de c<strong>et</strong>te transformation, suivant qu’on considère<br />

que <strong>la</strong> thématisation transforme le lien entre le constituant thématisé <strong>et</strong> le prédicat<br />

(figure 3.71) ou non, ce qui implique un phénomène de discontinuité (figure 3.72). Le<br />

problème vient du fait que d’un point de vue sémantique, on a l’impression que des<br />

siez jornaz. . . est une propriété de <strong>la</strong> réalité trechens <strong>et</strong> constitue en outre le cadre<br />

du procès <strong>et</strong> de l’énonciation. L’état actuel du modèle ne perm<strong>et</strong> pas de prendre en<br />

140


e<strong>la</strong>tion<br />

<br />

Jakes. . . li grant eglise li maires. . . de Liege<br />

S1 S1<br />

faisons<br />

R2<br />

[savoir ke. . .]<br />

FIG. 3.73 – Structure de Jakes. . ., li maire. . . de Liege faisons savoir<br />

ke. . .<br />

compte ces hiérarchies multiples <strong>et</strong> il faut poser un choix. Bien que c<strong>et</strong>te décision ne<br />

soit pas pleinement satisfaisante, <strong>la</strong> structure a été intégrée au niveau le plus élevé<br />

possible.<br />

3.4.7.2 Coordination<br />

Une série d’adverbes peuvent servir à augmenter le nombre de constituants impliqués<br />

<strong>dans</strong> une re<strong>la</strong>tion sans changer c<strong>et</strong>te dernière. C’est le cas de <strong>et</strong> <strong>et</strong> ou. 165 Par exemple:<br />

«por ce que ce soit fermement tenut, li veskes <strong>et</strong> li cuens i ont pendut lors sayaus.» (Document<br />

1236–12–15, 12).<br />

C<strong>et</strong>te construction étant traditionnellement nommée coordination, ce terme servira<br />

provisoirement à désigner <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qui existe entre les constituants ainsi reliés par <strong>et</strong><br />

ou ou, lesquels assument ainsi <strong>la</strong> fonction de coordonnant (ou Co).<br />

On compare traditionnellement <strong>la</strong> coordination à <strong>la</strong> «juxtaposition» (pas de Co).<br />

La construction sans Co est effectivement attestée; <strong>et</strong> c’est d’elle qu’on partira. Ainsi,<br />

par exemple,<br />

«Jakes, par <strong>la</strong> graze de Deu prevoz, Jehans, li doiens, li archediakene <strong>et</strong> toz li chapitres [2] de<br />

<strong>la</strong> grant eglise, li maires, li eschevin, li jureit <strong>et</strong> toz communs de <strong>la</strong> citeit de Lie-[3]-ge, faisons<br />

savoir [. . .] ke [. . .]» (Document 1237–12, 1).<br />

s’analyse comme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.73. C<strong>et</strong>te «juxtaposition» peut être décrite en termes<br />

d’orientation. On voit ici que les deux S1 désignent des groupes de personnes différents.<br />

Pris séparément, les S1 en question sont les cibles de l’orientation primaire du<br />

prédicat. Cependant, on ne peut pas dire qu’ils soient des désignations de <strong>la</strong> même<br />

réalité. Il y a en outre une re<strong>la</strong>tion floue (minimale) entre les constituants juxtaposés.<br />

En cas de coordination, nous analysons le coordonnant comme une marque segmentale<br />

supplémentaire, qui spécifie <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre les constituants (ou les groupes<br />

de constituants) coordonnés: 166<br />

165 Les lexèmes ains, donc <strong>et</strong> mais ont généralement <strong>la</strong> fonction de C6 (→3.4.2.3 b).<br />

166 Le nos initial a été r<strong>et</strong>iré de l’attestation qui suit pour simplifier l’exposé.<br />

141


e<strong>la</strong>tion<br />

addition<br />

<br />

[Ermensens. . . marchisse d’Arlon] [<strong>et</strong>] [Henri. . . marchis d’Arlon]<br />

S1 S1<br />

faisons<br />

R2<br />

[conissiance ke. . .]<br />

FIG. 3.74 – Structure de Ermensens. . . <strong>et</strong> Henri. . . (coordonnant spécifiant)<br />

«[. . .] Ermensens, contesse de Luceleborc <strong>et</strong> de La Roche <strong>et</strong> marchisse d’Arlon, <strong>et</strong> Henris,<br />

ses fils, quens de Lucele-[2]-borc <strong>et</strong> marchis d’Arlons, faisons conissiance [. . .] ke [. . . ]»<br />

(Document 1242–05–02, 1).<br />

La re<strong>la</strong>tion qui existe entre Ermensens. . . <strong>et</strong> Henris. . . est spécifiée par <strong>et</strong> comme<br />

étant additive. Si <strong>la</strong> conjonction avait été ou, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion aurait été spécifiée comme<br />

disjonctive (figure 3.74).<br />

Comme on le voit, de <strong>la</strong> même manière que pour les re<strong>la</strong>tions de complémentation<br />

<strong>et</strong> de détermination, <strong>la</strong> présence d’un adverbe vient spécifier une re<strong>la</strong>tion qui n’a<br />

pas besoin de lui pour s’établir. En conséquence, il n’est pas nécessaire d’avoir deux<br />

termes différents pour désigner <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion spécifiée ou non. Le terme coordination<br />

servira donc indifféremment.<br />

La coordination se r<strong>et</strong>rouve à tous les niveaux d’intégration syntaxique. Son fonctionnement<br />

au niveau argumental ne diffère pas de son fonctionnement au niveau immédiat.<br />

a. Niveau argumental. Au niveau argumental, <strong>la</strong> coordination touche des P0, des S1,<br />

des R2, des R3, des A4 ou des C5. Elle semble incompatible avec C6, certainement<br />

en vertu du fait que les lexèmes employés en fonction de C6 sont les mêmes que ceux<br />

qui ont fonction de coordonnants. On se bornera à donner quelques exemples:<br />

P0: «A toz ceaz ki cez l<strong>et</strong>res veront <strong>et</strong> oront, li home de_le Chize Deu font conoistre verité.»<br />

(Document 1267–10–29, 1);<br />

S1: «por ce que ce soit fermement tenut, li veskes <strong>et</strong> li cuens i ont pendut lors sayaus.»<br />

(Document 1236–12–15, 12);<br />

R2 attributif: «[Pour que les convenances] soient fermes <strong>et</strong> estables» (Document<br />

1252–03–01a, 20);<br />

R3: «Le vivier a riwe de Hee loe li glize mon [8] saingnor Oston <strong>et</strong> son hoir » (Document<br />

1244–01–19, 7);<br />

P0 (auxilié): «nos, le chapitre, d’une part, <strong>et</strong> les citains, d’altre, sumes assenti <strong>et</strong> concordeit<br />

en teil ma-[6]-niere» (Document 1237–12, 5).<br />

142


le glise <br />

li glise <br />

[aura] [li deus]<br />

S1 R2<br />

FIG. 3.75 – Décomposition d’une coordination (1)<br />

[li voweiz] [aura] [le tierce]<br />

S1 R2<br />

FIG. 3.76 – Décomposition d’une coordination (2)<br />

[le deus] <br />

addition<br />

<br />

[<strong>et</strong>] [li voweiz] [le tierce]<br />

S1<br />

R2<br />

re<strong>la</strong>tion<br />

[aura]<br />

S1<br />

R2<br />

FIG. 3.77 – Structure de aura li glise le deus <strong>et</strong> li voweiz le tierce<br />

La coordination peut également lier des ensembles de constituants de niveau argumental,<br />

multipliant effectivement les schémas argumentaux autour d’un ou de plusieurs<br />

prédicats:<br />

«le viez fondement ki se joint [7] al mur del viez pa<strong>la</strong>is <strong>et</strong> s’estent juc al mur de <strong>la</strong> maison le<br />

prevost» (Document 1237–12, 6).<br />

«[. . .] nos, li chapitres <strong>et</strong> li communs de <strong>la</strong> citeit, [14] seriens decontre <strong>et</strong> le defendriens<br />

communalment [. . .]» (Document 1237–12, 13).<br />

«[. . .] aura li glise le deus <strong>et</strong> li voweiz le tierce [. . .]» (Document 1244–01–19, 6).<br />

Analysons le troisième exemple: <strong>la</strong> coordination implique à <strong>la</strong> fois les re<strong>la</strong>tions représentées<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.75 <strong>et</strong> celles représentées <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 3.76. En regroupant<br />

ce<strong>la</strong> en un seul schéma, nous obtenons <strong>la</strong> figure 3.77.<br />

b. Niveau immédiat. Au niveau immédiat, <strong>la</strong> coordination est tout aussi courante. Elle<br />

perm<strong>et</strong> à plusieurs constituants d’être apposés ensemble à un autre<br />

«Et nos, Ernus, Winans, <strong>et</strong> Col<strong>et</strong>te [. . .] <strong>et</strong> nos maistres, Johans, archeprestes [34] de Liege<br />

devant nomeit, tesmongnhons ke nos avons pendu nos saeas [. . .]» (Document 1270–11–26,<br />

33).<br />

ou encore d’être déterminés simultanément par un seul déterminant:<br />

«Le tailhes, le mortemains, les messons <strong>et</strong> les batons des liu c<strong>la</strong>ime quittes li voweiz <strong>et</strong> ses<br />

hoirs» (Document 1244–01–19, 9).<br />

«li degreit portront iuc k’a <strong>la</strong> terre <strong>et</strong> li murs par derri-[9]-er les degreiz» (Document 1237–12,<br />

8).<br />

143


3.4.7.3 Hiérarchie des appositions<br />

Comment se fier au seul critère morphologique pour séparer, à l’intérieur d’un syntagme<br />

où tous les mots sont coréférents, des groupes dont on perçoit néanmoins l’autonomie<br />

par rapport au reste du syntagme? L’exemple des titres accompagnant un nom<br />

de personne, qu’on rencontre fréquemment <strong>dans</strong> les documents, est particulièrement<br />

révé<strong>la</strong>teur:<br />

«me sires Gerars» (Document 1263–03–31, 17).<br />

«mes sires Wilheames d’Awans» (Document 1268–03–10, 8).<br />

On a l’impression que le titre forme une unité, alors que le nom de <strong>la</strong> personne en<br />

forme une autre. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer qu’un phénomène de figement<br />

affecte le titre indépendamment du groupe coréférent.<br />

On trouve en outre des exemples qui attestent <strong>la</strong> détermination d’un seul des<br />

groupes par un syntagme non coréférent. Dans l’exemple qui suit, c’est filhe uniquement<br />

que détermine le syntagme Tyri de Jace:<br />

«damoiseelhe Lieiars, filhe saingnor Tyri de Jace» (Document 1247–06, 2).<br />

Les mots damoiseelhe <strong>et</strong> Lieiars sont apposés à filhe, qui est déterminé par Tyri de<br />

Jace. Le potentiel syntaxique <strong>et</strong> sémantique (figé <strong>dans</strong> le lexique, mais aussi <strong>dans</strong> le<br />

rapport de ce mot avec le monde) de Lieiars ne perm<strong>et</strong>trait pas que Tyri de Jace le<br />

détermine également. Ce qui légitime donc <strong>la</strong> subdivision du syntagme en syntagmes<br />

constituants, c’est que <strong>la</strong> détermination de chacun des groupes est possible sans qu’elle<br />

ne porte nécessairement sur les autres. Il est courant qu’un constituant ne détermine<br />

ainsi qu’une partie seulement d’un ensemble de mots coorientés. Qu’on repense à<br />

l’organisation des arguments autour du prédicat pour voir à quel point ce phénomène<br />

est général: ce n’est pas parce que R2 complémente le prédicat <strong>et</strong> que ce dernier est<br />

coorienté par rapport à S1 que R2 complémente S1.<br />

Tous les cas ne sont pas aussi transparents. Souvent, seul le référent peut aider à<br />

analyser <strong>la</strong> hiérarchie des appositions:<br />

«A tos cheaus ki ces l<strong>et</strong>tres verront <strong>et</strong> oront, nos, Ustaces li Frans Hons de Holeingnule,<br />

Wilheames d’A-[2]-wans, chevalier, sires Henris de Nuvis <strong>et</strong> sires Gerars des Changes,<br />

escevien de Liege, salus <strong>et</strong> conissance de veriteit.» (Document 1263–03–31, 1).<br />

Ce n’est que parce qu’on sait par ailleurs que Guil<strong>la</strong>ume d’Awans n’est pas échevin de<br />

Liège (il est chevalier) qu’on peut dire que escevien de Liege est apposé exclusivement<br />

à sires Henris de Nuvis <strong>et</strong> sires Gerars des Changes. La plupart du temps, ce genre<br />

d’information nous fait défaut <strong>et</strong> il n’est pas possible de trancher. Ainsi, <strong>dans</strong> le même<br />

document, devant<br />

bon plege furent doneit de par mon saingnor Gerar de Hermees: sires Ustaces li Frans Hons<br />

de Holeingnule, li sires Wilhe-[11]-ames d’Awans, mes sires Wilheames de Waruez, chevalier<br />

[. . .] (Document 1263–03–31, 10).<br />

144


ne connaissant pas tous les personnages se portant garants, on adm<strong>et</strong> qu’il sont tous<br />

trois chevaliers, mais le système morphosyntaxique ne s’oppose pas à ce que seuls les<br />

deux derniers le soient.<br />

3.4.7.4 Portée des sélections<br />

Résoudre <strong>la</strong> question du niveau d’intégration (→3.4.7.1) des sélections ne suffit pas<br />

à écarter toute ambiguïté. Le problème de <strong>la</strong> hiérarchie des appositions en contexte<br />

immédiat touche en eff<strong>et</strong> également les sélections, que ce soit au niveau immédiat<br />

(déterminations) ou argumental (complémentations).<br />

a. Complémentations. Le problème a déjà été évoqué quand on a abordé <strong>la</strong> segmentation<br />

du texte en énoncés: il arrive souvent que deux phrases soient reliées par <strong>et</strong>,<br />

que nous avons posé comme un C6 <strong>et</strong> non un Co (→3.4.2.3 b <strong>et</strong>→3.4.7.2), <strong>et</strong> certains<br />

constituants sont des C5 exprimant les circonstances des procès exprimés <strong>dans</strong><br />

les deux phrases (ou parfois plus):<br />

«Et [. . .] [26] s’ilh avenoit qu’ilh <strong>la</strong> volsist sus rendre, Jakemins doit venir a <strong>la</strong> maison de<br />

Robermont [27] <strong>et</strong> lor doit sus rendre. Et li maisonz li doit rendre al enwart de proudomes<br />

ce [28] qu’ilh aurat <strong>la</strong> curt devant dite enmiedree puis l’ore qu’ilh <strong>la</strong> prist.» (Document<br />

1260–02–21b, 25).<br />

Le statut périphérique des C5 <strong>et</strong> leur potentiel de connexion avec n’importe quel<br />

verbe 167 autorise l’analyse à cantonner ce complément à <strong>la</strong> première des deux phrases<br />

ou aux deux en même temps sans que <strong>la</strong> structure décrite ne soit profondément modifiée.<br />

Comme il n’est pas toujours possible de prouver que l’une des hiérarchies possible<br />

est meilleure que l’autre, C5 a été relié systématiquement à <strong>la</strong> phrase qui en était,<br />

d’un point de vue séquentiel, <strong>la</strong> plus proche.<br />

Un problème simi<strong>la</strong>ire se pose lorsqu’un C5 se trouve <strong>dans</strong> une phrase qui comporte<br />

une subordonnée (qu’elle soit de type argumental ou immédiat) <strong>et</strong> que sa position<br />

fait qu’il pourrait être complément de <strong>la</strong> principale, complément de <strong>la</strong> subordonnée,<br />

ou encore des deux en même temps:<br />

«le pais [. . .] sue_je tenes a faire garder en tel manniere ke, se [4] mes freres venoit encontre<br />

<strong>la</strong> pais u encontre akun puint de le pais, ke je le feroi amender [. . .]» (Document 1237–12,<br />

2).<br />

«[. . .] nos devons envoier douz de nos homes <strong>la</strong> [. . .] por savoir se on li fasoit tort u non.»<br />

(Document 1243–07–09, 11).<br />

À nouveau, on voit mal comment se prononcer avec toute <strong>la</strong> rigueur qu’on voudrait:<br />

<strong>dans</strong> le premier exemple, le C5 souligné pourrait aussi bien être complément de sue<br />

tenes que de faire ou garder; <strong>dans</strong> le second, il pourrait complémenter devons comme<br />

envoier. Or, d’un point de vue sémantique, on adm<strong>et</strong>tra sans problème que le cadre<br />

d’un procès soit proj<strong>et</strong>é comme cadre de tout procès qui en dépendrait (ce qui est<br />

souvent exprimé par une subordination). Il est dès lors légitime de faire «remonter» <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion de complémentation le plus haut possible <strong>dans</strong> l’arbre, c’est-à-dire au niveau<br />

de <strong>la</strong> principale (figure 3.78).<br />

167 À l’exception notable des C5 «compléments d’agents», cf. note 113.<br />

145


je. . . <br />

a faire. . . <br />

[en telle manire. . .]<br />

S1<br />

A4<br />

C5<br />

FIG. 3.78 – Interprétation des C5 de niveau ambigu<br />

[on bonier] [d’alu]<br />

D<br />

<br />

D<br />

[sue tenes]<br />

[de terre. . .]<br />

FIG. 3.79 – Structure de on bonier d’alu de terre. . . (hiérarchie 1)<br />

[on bonier]<br />

D<br />

[d’alu] [de terre. . .]<br />

D<br />

FIG. 3.80 – Structure de on bonier d’alu de terre. . . (hiérarchie 2)<br />

Par contre, il est parfois évident que le cadre du procès dénoté par le prédicat de<br />

<strong>la</strong> subordonnée n’est pas compatible avec celui de <strong>la</strong> principale. Dans ce cas, le sens<br />

s’oppose à <strong>la</strong> «remontée» du circonstant:<br />

«Jo, Jehans de Herierpont, faz savoir [. . .] ke je me sui obligiés enver le eglize mon segnor<br />

[2] saint Lambert que, quinze jors aprés ço que ille me somonra, jo <strong>et</strong> Ide, ma femme, verons<br />

devant le ve_s_ que, se nos ne [3] avons loial soigne de nos cors.» (Document 1237–10–12, 1).<br />

Il serait pragmatiquement absurde que <strong>la</strong> conditionnelle exprime le cadre du procès<br />

principal: l’obligation impliquée par ce dernier n’est pas soumise à <strong>la</strong> condition.<br />

b. Déterminations. Les faits examinés ici sont étroitement liés à <strong>la</strong> hiérarchisation des<br />

appositions <strong>et</strong> à <strong>la</strong> coordination, dont on vient d’avoir un aperçu.<br />

L’exemple suivant perm<strong>et</strong> à lui seul d’exposer une bonne partie des choix que nous<br />

avons été forcé d’opérer:<br />

«on bonier d’alu de terre errile ki giest ens el terroir entre Lantins <strong>et</strong> Hambru [. . .]»<br />

(Document 1287–06–24, 6).<br />

Tout d’abord, les deux déterminants re<strong>la</strong>tés par de (d’alu <strong>et</strong> de terre errile) posent<br />

<strong>la</strong> question de leur hiérarchie réciproque. On a le choix entre les trois hiérarchies<br />

suivantes (en ignorant les re<strong>la</strong>tions des re<strong>la</strong>teurs pour simplifier les schémas). Soit,<br />

schématiquement, <strong>la</strong> figure 3.79 ou <strong>la</strong> figure 3.80, ou encore <strong>la</strong> figure 3.81. La dernière<br />

hiérarchie – qui suppose le moins de niveaux – a été choisie à chaque fois que le doute<br />

était présent, pour les mêmes raisons que <strong>dans</strong> le cadre de <strong>la</strong> complémentation.<br />

Bien entendu, certaines structures s’opposent à c<strong>et</strong>te analyse. Par exemple, les<br />

146


[on bonier]<br />

D<br />

D<br />

[de terre. . .]<br />

[d’alu]<br />

FIG. 3.81 – Structure de on bonier d’alu de terre. . . (structure p<strong>la</strong>te)<br />

<br />

filhe D Tyri<br />

D<br />

[de Jace]<br />

FIG. 3.82 – Structure de filhe Tyri de Jace<br />

noms de personnes à fonction de déterminant <strong>et</strong> comprenant un déterminant présentent<br />

assurément une hiérarchie complexe:<br />

«filhe [. . .] Tyri de Jace» (Document 1247–06, 2).<br />

est structuré comme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> 3.82.<br />

3.4.7.5 Structures discontinues<br />

Il arrive que l’unité d’un constituant ne soit pas rendue explicite par <strong>la</strong> contiguïté de<br />

ses constituants immédiats. L’unité peut alors être indiquée par d’autres marques. La<br />

discontinuité d’une structure correspond à une discordance entre son contenu <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

manière dont il est exprimé. Il s’agit d’un phénomène de surface. 168<br />

a. Niveau argumental. Pour S1, il est fréquent que le pronom ce perm<strong>et</strong>te <strong>la</strong> discontinuité:<br />

«c’est a_savoir : sires Jehans de Restees, doiens de Saint Piere de Liege, <strong>et</strong> sires Jakemes,<br />

sires de Clermont, [4] chevaliers» (Document 1278–08–01, 3).<br />

«ce est nos grez <strong>et</strong> vo<strong>la</strong>nz ke le douz muis de spiate ke dame Jehane [5] desor dite at <strong>la</strong>isi<strong>et</strong><br />

[. . .] om en face don <strong>et</strong> vesture [8] a frere Loren» [. . . ] (Document 1284–10–04, 4).<br />

R2 est souvent discontinu lorsqu’il consiste en une proposition infinitive.<br />

«[. . .] le parties desor_nomees le devoient tenir [. . . ]» (Document 1263–03–31, 9).<br />

b. Niveau immédiat. Le plus souvent, il s’agit de constructions «détachées»:<br />

«Je weilh <strong>et</strong> ordene ke [. . .] 169 Johans, mes freres, u Lambon, ses fils, weilent <strong>et</strong> puissent<br />

assenner vi mars [4] de cens hir<strong>et</strong>ablement, bien assis a estimation de preus-dommes, a<br />

manbors de l’amoine de Povres de <strong>la</strong> citeit de_Liege» (Document 1283–02–13a, 3).<br />

168<br />

Peut-être faut-il interpréter <strong>la</strong> discontinuité comme une sous-spécification au point de vue<br />

séquentiel.<br />

169<br />

Dans ce contexte, <strong>la</strong> subordonnée est en fait hypothétique.<br />

<br />

147


«bon plege furent doneit de par mon saingnor Gerar de Hermees: sires Ustaces li Frans Hons<br />

de Holeingnule, li sires Wilhe-[11]-ames d’Awans, mes sires Wilheames de Waruez, chevalier<br />

[. . .]» (Document 1263–03–31, 10).<br />

Pour chacun de ces exemples, les segments soulignés font partie du même constituant,<br />

qui commute avec une des formes du pronom.<br />

3.4.7.6 Hors système<br />

On doit considérer comme hors système les constituants qui sont, par un mécanisme<br />

linguistique général, employés en mention, ainsi que les constructions rédigées en<br />

<strong>la</strong>tin.<br />

a. Autonymes. Les emplois en mention sont très limités. Nous nous bornons à relever:<br />

« La subscripton de C<strong>la</strong>rin nos aprovons» (Document 1272–07–08, 18).<br />

«le pais ki est faite entre le glize <strong>et</strong> mon [5] segnor Ernol, de que il est fais escris qui ensi<br />

encommence : Jo, Ernos» (Document 1237–10–12, 4).<br />

Peut-être faut-il rapprocher <strong>la</strong> deuxième partie du S1 <strong>dans</strong> <strong>la</strong> construction c’est a<br />

savoir de ces constituants en mention. Il ne s’agirait pas à proprement parler d’emploi<br />

autonymique, mais d’une forme de blocage de <strong>la</strong> structure morphosyntaxique. Ce<strong>la</strong><br />

expliquerait que <strong>la</strong> spécification du constituant ne soit pas toujours en accord avec sa<br />

fonction de S1. Par exemple, il peut être re<strong>la</strong>té<br />

«<strong>et</strong> ces vi muis assenat ilh a_prendre [. . .]; c’est a savoir: a une pieche de terre [12] ki gist<br />

en Fav<strong>et</strong>us, dont ilh est v jornaz, pou plus u pou moins, <strong>et</strong> sor le cortilh <strong>la</strong> repiecie [. . .]»<br />

(Document 1271–08–16, 10).<br />

ou, au contraire, être sous-spécifié<br />

«[. . .] a_savoir sont: Renel li Forberes de Spees, Gyles de [9] Graz [<strong>et</strong>c.]» (Document<br />

1283–02–21, 8).<br />

voire empêcher l’accord du prédicat:<br />

«[. . .] a_savoir est : Martin de Rens, Us-[10]-sur de Sain Lambier [<strong>et</strong>c.]» (Document<br />

1276–06–10b, 9).<br />

b. Latin. Le <strong>la</strong>tin ne se rencontre pratiquement que <strong>dans</strong> des contextes particuliers correspondant<br />

aux endroits de <strong>la</strong> structure du texte qui perm<strong>et</strong>tent l’actualisation d’énoncés<br />

non phrastiques (→3.4.1.2 b): comme invocation initiale ou comme signature,<br />

«In nomine Patris <strong>et</strong> Filii <strong>et</strong> Spiritus Sancti, Amen.» (Document 1247–06, 1).<br />

«Magister A<strong>la</strong>rdus Pilés per homines.» (Document 1285–07–21, 15).<br />

Ces énoncés ne sont pas non plus construits autour d’un prédicat. On s’est refusé<br />

à en faire plus qu’une analyse en surface, limitée à une simple hiérarchisation de<br />

re<strong>la</strong>tions minimales. Le système <strong>la</strong>tin est suffisamment différent du système français<br />

pour nécessiter une analyse qui lui serait propre.<br />

148


Nous avons par ailleurs relevé un seul emprunt direct au vocabu<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> liturgie.<br />

«Che fut fait l’an del In-[19]-carnation Nostre Sangnor Jeshu Crist milh dous cens uitante <strong>et</strong><br />

ouut, le semedi aprés Inuocauit me» (Document 1289–03–05, 20).<br />

3.5 Conclusions<br />

Avant de nous <strong>la</strong>ncer <strong>dans</strong> l’analyse des rapports entre les re<strong>la</strong>tions dégagées <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong>, faisons un bi<strong>la</strong>n.<br />

a. Nécessité du recours à <strong>la</strong> linguistique générale. Par une démarche positive, nous<br />

avons tenté de produire le modèle qui puisse servir à annoter les matériaux pour les<br />

interroger. Les grammaires de l’ancienne <strong>la</strong>ngue, si excellentes qu’elles soient, se sont<br />

révélées inadéquates à ce genre d’entreprise. Pour atteindre c<strong>et</strong> objectif, nous avons<br />

dû faire usage de concepts <strong>et</strong> de procédures d’analyse généraux: ce n’est que grâce<br />

aux progrès de <strong>la</strong> linguistique générale que le corpus a pu être analysé. Ce sont les<br />

résultats de <strong>la</strong> comparaison de nombreuses <strong>la</strong>ngues vivantes qui ont servi à analyser<br />

une <strong>la</strong>ngue dont il ne subsiste aucun locuteur; on a ainsi essayé d’éviter autant que<br />

possible l’<strong>et</strong>hnocentrisme <strong>et</strong> l’anachronisme si préjudiciables en linguistique synchronique.<br />

Nous espérons que l’enrichissement sera réciproque <strong>et</strong> que ce travail perm<strong>et</strong>tra<br />

de dégager des faits qui dépassent <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue étudiée.<br />

b. Souplesse du modèle. Les voies ouvertes par A<strong>la</strong>in Lemaréchal au travers du<br />

concept de <strong>la</strong> «re<strong>la</strong>tion minimale» perm<strong>et</strong>tent de procéder en deux temps: tout d’abord<br />

en repérant les re<strong>la</strong>tions, ensuite en analysant les spécifications. La souplesse de <strong>la</strong><br />

procédure descriptive réside <strong>dans</strong> le fait que, si nécessaire, il est possible de se passer<br />

de l’étape de <strong>la</strong> recherche des marques spécificatives. Pour une <strong>la</strong>ngue qui n’est plus<br />

parlée, l’intérêt est de taille: loin de contraindre l’analyse, le modèle autorise le doute<br />

<strong>et</strong> le flottement. On pourrait même aller plus loin: fondé sur <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion minimale, par<br />

essence sous-spécifiée, le modèle s’appuie sur le flou.<br />

c. Importance de <strong>la</strong> terminologie. Dans c<strong>et</strong>te démarche, on ne soulignera jamais assez<br />

l’importance de <strong>la</strong> terminologie. Nous avons voulu préserver autant que possible<br />

l’héritage traditionnel, en n’innovant que là où il était impératif de le faire. C<strong>et</strong> héritage,<br />

il a fallu néanmoins le dompter, le soum<strong>et</strong>tre à des définitions qu’on aura essayé<br />

de rendre les plus strictes possibles. Texte, mot, énoncé, phrase, <strong>syntaxe</strong>, morphologie,<br />

re<strong>la</strong>tion, nom, verbe, <strong>et</strong>c. sont autant de mots auxquels le lecteur est habitué, mais qui<br />

ont reçu ici une acception délimitée. Les termes ne sont pas d’un grand secours si on<br />

ne prend pas <strong>la</strong> peine de les cadrer. . . Ils sont même dangereux. Bien sûr, le refus de<br />

<strong>la</strong> «néologite» a pour eff<strong>et</strong> pervers que le lecteur pourrait ne pas se rendre immédiatement<br />

compte que les termes employés ne le sont pas exactement <strong>dans</strong> leur acception<br />

traditionnelle.<br />

d. Description de l’ancien français. Le mécanisme de description a mis en évidence<br />

<strong>la</strong> simi<strong>la</strong>rité des structures <strong>et</strong> des re<strong>la</strong>tions contractées par les constituants à chacun des<br />

deux niveaux qui ont occupé <strong>la</strong> majeure partie de <strong>la</strong> section→3.4 du chapitre: combinaison<br />

(sans dépendance) <strong>et</strong> sélection apparaissent dès lors comme omniprésentes.<br />

Il en ressort principalement que <strong>la</strong> souplesse de l’ancien français est à envisager en<br />

termes de sous-spécification <strong>dans</strong> les re<strong>la</strong>tions de sélection. Dans beaucoup de cas, les<br />

149


e<strong>la</strong>teurs sont facultatifs, l’ordre des mots semble libre. Mais on voit déjà intuitivement<br />

que c<strong>et</strong>te souplesse est limitée: certaines structures sont plus figées, plus contraintes<br />

(par exemple, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce re<strong>la</strong>tive des régimes). Maintenant que les re<strong>la</strong>tions ont reçu c<strong>et</strong>te<br />

première description, il est peut-être temps de faire ressortir le rôle des re<strong>la</strong>teurs <strong>et</strong> le<br />

potentiel trans<strong>la</strong>tif de ces derniers, de m<strong>et</strong>tre en re<strong>la</strong>tion les parties du discours avec<br />

les fonctions. . .<br />

e. Un modèle inabouti? Au bout du compte, le modèle reste perfectible: on pourrait<br />

pousser plus loin l’analyse des marques mobilisées par les circonstants; par exemple,<br />

on pourrait analyser mieux le complément d’«agent», ou les phénomènes de figement,<br />

<strong>et</strong>c. Il y a encore beaucoup de choses à faire, <strong>et</strong> c’est un modèle incompl<strong>et</strong> <strong>et</strong> provisoire<br />

qui a été patiemment appliqué au corpus. Mais le corpus annoté peut déjà servir de<br />

terrain de travail pour étudier <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>. Par ailleurs, il est le meilleur outil dont<br />

on dispose pour améliorer le modèle. Les dépouillements systématiques <strong>et</strong> exhaustifs<br />

qu’il perm<strong>et</strong> rendent possibles les études qui mèneraient à une correction approfondie.<br />

150


4 Méthode d’analyse statistique<br />

Les chapitres précédents ont permis de construire une idée précise de ce que nous<br />

entendons par <strong>ponctuation</strong> (chapitre→2, en particulier→2.3) <strong>et</strong> par <strong>syntaxe</strong> (chapitre<br />

→3, en particulier→3.2). Les différents constituants <strong>et</strong> structures syntaxiques sont<br />

à présent définis à l’aide d’une sélection de caractéristiques morphosyntaxiques, de<br />

même qu’est délimité le champ exact de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> (au sens restreint (→2.3.1.2).<br />

Ces préa<strong>la</strong>bles donnent <strong>la</strong> possibilité d’étudier des re<strong>la</strong>tions entre les unités de ces<br />

deux domaines, que nous débutons dès le chapitre→5. Les résultats de c<strong>et</strong>te étude<br />

m<strong>et</strong>tent à jour le fonctionnement de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> au sens restreint.<br />

Avant de commencer l’analyse concrète des données, nous exposerons les options<br />

méthodologiques choisies: ce qui nous a mené à employer des outils statistiques, les<br />

implications de ce choix sur le traitement des données, les résultats qu’on peut attendre<br />

de ce traitement. La grande majorité de <strong>la</strong> production scientifique en linguistique romane<br />

– en particulier les études sur les états anciens des <strong>la</strong>ngues gallo-romanes – n’a<br />

pas recours aux méthodes statistiques pour traiter les problématiques qui lui sont spécifiques.<br />

C’est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong>quelle nous avons trouvé préférable de faire un exposé<br />

détaillé justifiant l’emploi de ces méthodes <strong>et</strong> leurs fondements. Ce<strong>la</strong> fera l’obj<strong>et</strong> de <strong>la</strong><br />

section→4.1 ci-dessous.<br />

Nous rappellerons les principaux problèmes inhérents à notre problématique <strong>et</strong><br />

évaluerons <strong>la</strong> manière dont les méthodes choisies peuvent être appliquées, sinon pour<br />

les résoudre totalement, du moins pour contourner partiellement certains d’entre eux<br />

(→4.2).<br />

Nous synthétiserons c<strong>et</strong>te première section par un mode opératoire général, étape<br />

qui sera également l’occasion de préciser sous quelle forme les résultats apparaîtront<br />

<strong>dans</strong> les chapitres ultérieurs (→4.3).<br />

4.1 Introduction aux principes de statistiques employés<br />

Les notions d’individu, de variable, de distribution statistique <strong>et</strong> de test d’hypothèse<br />

sont introduites <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te section. 1 Le lecteur qui est déjà familier avec ces notions<br />

peut sans dommage passer les paragraphes qui suivent <strong>et</strong> reprendre <strong>la</strong> lecture au point<br />

1 Tous les calculs <strong>et</strong> graphiques de ce chapitre ont été réalisés à l’aide du <strong>la</strong>ngage <strong>et</strong> environnement<br />

de programmation libre R (R Development Core Team 2005).<br />

151


→4.2, p. 158. Nous nous limiterons à présenter les concepts fondamentaux; 2 d’autres<br />

techniques plus particulières seront expliquées au moment où nous en ferons usage. 3<br />

4.1.1 Individus <strong>et</strong> variables<br />

Toute étude statistique se doit, après avoir posé c<strong>la</strong>irement <strong>la</strong> question qui <strong>la</strong> motive, de<br />

définir avec précision <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion qui constituera son champ d’investigation. D’un<br />

point de vue général, elle correspond tout simplement à<br />

«l’ensemble des événements (scores des étudiants, revenus des personnes, vitesses de course<br />

de rats, <strong>et</strong>c.) qui [. . .] intéressent [le chercheur].» (Howell 1998, 2).<br />

Une popu<strong>la</strong>tion est donc un ensemble d’unités distinctes, appelées individus <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

terminologie statistique.<br />

Comme il n’est pas toujours possible d’observer l’ensemble d’une popu<strong>la</strong>tion, il<br />

faut parfois en extraire un échantillon, c’est-à-dire un certain nombre d’individus, dont<br />

l’effectif est noté n. La sélection de c<strong>et</strong> échantillon peut se révéler délicate, surtout si<br />

elle n’est pas faite aléatoirement (Howell 1998, 2–3). Par exemple, l’ensemble des<br />

chartes originales écrites à Liège avant 1292 constitue un ensemble fini de documents<br />

dont nous ne connaissons pas l’effectif. C<strong>et</strong> ensemble peut être considéré comme <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion que nous voulons étudier, chaque charte constituant un individu distinct<br />

de c<strong>et</strong>te popu<strong>la</strong>tion. Les chartes r<strong>et</strong>enues pour notre étude ne sont dès lors qu’un<br />

échantillon d’effectif n=148 de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion à décrire. Le choix de ces documents<br />

a été contraint par des restrictions pratiques <strong>et</strong> n’est donc pas complètement aléatoire.<br />

Comme nous l’avons précisé lorsque nous avons parlé de <strong>la</strong> constitution du corpus<br />

(→0.2), <strong>la</strong> manière dont s’est é<strong>la</strong>borée <strong>la</strong> collection a d’inévitables conséquences sur<br />

l’homogénéité des données (→4.2).<br />

Un individu se caractérise par un ensemble de variables, auxquelles sont assignées<br />

des valeurs:<br />

«Une fois abordées <strong>la</strong> sélection des suj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> leur répartition <strong>dans</strong> des groupes de traitement,<br />

il est temps de considérer les données qui en résulteront. [. . .] Une variable est une propriété<br />

d’un obj<strong>et</strong> ou événement qui peut prendre différentes valeurs. Ainsi, <strong>la</strong> couleur des cheveux<br />

est une variable parce qu’il s’agit de <strong>la</strong> propriété d’un obj<strong>et</strong> (les cheveux) <strong>et</strong> qu’elle peut<br />

prendre différentes valeurs (cheveux bruns, blonds, roux, gris, <strong>et</strong>c.). [. . .] [C]haque élément<br />

de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion prend une valeur pour chaque variable. Nous pouvons encore distinguer<br />

les variables discrètes, comme le sexe ou <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse de lycée, qui ne prennent qu’un nombre<br />

limité de valeurs, <strong>et</strong> les variables continues, comme l’âge [. . .], qui peuvent prendre, au moins<br />

en théorie, n’importe quelle valeur entre les points inférieur <strong>et</strong> [4] supérieur de l’échelle.»<br />

(Howell 1998, 3–4).<br />

2<br />

Les détails de ces concepts pourront être lus <strong>dans</strong> le manuel de David Howell (1998): Méthodes<br />

statistiques en sciences humaines nous y ferons souvent référence, en mentionnant<br />

les pages précises où le lecteur pourra trouver les développements qui servent de base à<br />

notre exposé. Le c<strong>la</strong>ssique Initiation aux méthodes de <strong>la</strong> statistique linguistique de Charles<br />

Muller (1973) est toujours très utile. Le premier chapitre du livre de Michael Oakes (1998)<br />

est également riche.<br />

3<br />

Par exemple, le test dit duχ 2 (p. 177s.).<br />

152


Lorsqu’une variable est discrète, les différentes valeurs qu’elle peut prendre correspondent<br />

à autant de modalités, mutuellement exclusives, de c<strong>et</strong>te variable. Les données<br />

catégorielles sont discrètes sans être numériques.<br />

Par exemple, chaque charte peut être définie par le nombre de mots qu’elle comporte<br />

(variable quantitative discrète), ou par l’institution <strong>dans</strong> les fonds de <strong>la</strong>quelle<br />

le document a été conservé (donnée catégorielle), variable dont les modalités sont:<br />

Couvent du Val-Benoît à Liège, Cathédrale Saint-Lambert à Liège, Couvent de Robermont,<br />

<strong>et</strong>c.<br />

La sélection des variables jugées utiles pour définir les individus peut être intuitive,<br />

fondée sur un programme d’étude ou encore sur les résultats d’analyses antérieures.<br />

Nous ferons bien entendu appel aux acquis décou<strong>la</strong>nt des chapitres→2 <strong>et</strong>→3 pour<br />

choisir ces variables <strong>et</strong> déterminer leurs valeurs.<br />

Ensemble, <strong>la</strong> sélection précise des individus <strong>et</strong> des variables, suivie de <strong>la</strong> définition<br />

de ceux-là par celles-ci, traduit les données <strong>dans</strong> une forme susceptible d’être soumise<br />

à une description statistique.<br />

4.1.2 Distribution <strong>et</strong> représentations graphiques<br />

L’examen individuel d’une variable quantitative montre généralement que c<strong>et</strong>te dernière<br />

a un certain nombre de valeurs, chacune des valeurs apparaissant un certain<br />

nombre de fois. L’ensemble des fréquences d’occurrence des différentes valeurs <strong>dans</strong><br />

un échantillon donné constitue <strong>la</strong> distribution de <strong>la</strong> variable observée.<br />

4.1.2.1 Données<br />

Raisonnons à partir d’un exemple, où les individus sont les 148 chartes de notre échantillon,<br />

décrites chacune par une variable: le rapport entre le nombre de R2 4 <strong>et</strong> le<br />

nombre de constituants immédiats de <strong>la</strong> phrase. Nous avons alors à notre disposition<br />

un ensemble de 148 valeurs variant entre 0 <strong>et</strong> 1; les voici par ordre croissant:<br />

0.043 0.049 0.059 0.065 0.066 0.069 0.071 0.073 0.074 0.076 0.082 0.083 0.085 0.085 0.086<br />

0.086 0.087 0.087 0.088 0.088 0.089 0.089 0.092 0.095 0.099 0.100 0.100 0.100 0.100 0.100<br />

0.101 0.103 0.103 0.103 0.104 0.104 0.105 0.106 0.106 0.107 0.108 0.109 0.109 0.109 0.109<br />

0.111 0.111 0.111 0.111 0.111 0.113 0.114 0.114 0.115 0.117 0.117 0.118 0.119 0.119 0.119<br />

0.120 0.120 0.120 0.120 0.121 0.122 0.122 0.122 0.123 0.123 0.125 0.125 0.125 0.127 0.128<br />

0.128 0.128 0.129 0.129 0.130 0.131 0.131 0.132 0.132 0.132 0.132 0.133 0.133 0.133 0.134<br />

0.136 0.136 0.137 0.138 0.138 0.138 0.138 0.138 0.140 0.140 0.140 0.141 0.141 0.143 0.143<br />

0.143 0.143 0.143 0.145 0.146 0.147 0.148 0.148 0.149 0.149 0.149 0.150 0.150 0.150 0.152<br />

0.156 0.157 0.157 0.158 0.160 0.167 0.167 0.167 0.167 0.168 0.169 0.171 0.172 0.174 0.179<br />

0.184 0.186 0.186 0.190 0.191 0.192 0.194 0.200 0.200 0.206 0.209 0.212 0.222 (min. =<br />

0.043, max. = 0.22, moyenne = 0.13)<br />

Théoriquement, chacune des valeurs pourrait apparaître entre 1 <strong>et</strong> 148 fois, mais en<br />

pratique, elle est relevée entre 1 <strong>et</strong> 5 fois. Cependant, citer ainsi toutes les valeurs de<br />

<strong>la</strong> distribution n’est pas particulièrement utile. L’une des premières tâches des statistiques<br />

est de fournir, à l’aide d’autres chiffres ou de graphiques, le meilleur résumé<br />

4<br />

Par exemple, le constituant nos ſaıas propres <strong>dans</strong> «noſ auons pendu a ceſt preſent eſcrít nos<br />

ſaıas propres» (Document 1287–10, 15). Voir→3.4.2.2.<br />

153


Fréquence<br />

Densité<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.25<br />

FIG. 4.1 – Histogramme des R2 par phrase, par charte<br />

0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.25<br />

FIG. 4.2 – Estimateur de densité des R2 par phrases, par charte<br />

possible de ces données. Par exemple, <strong>la</strong> moyenne <strong>et</strong> l’histogramme sont des résumés<br />

de données connus de tous.<br />

4.1.2.2 Histogramme<br />

Représenter les valeurs sur un histogramme n’aurait pas grand sens si les fréquences<br />

n’étaient pas regroupées d’une manière ou d’une autre; par exemple, l’histogramme<br />

des fréquences de <strong>la</strong> figure 4.1 groupe les valeurs en c<strong>la</strong>sses, lesquelles sont reportées<br />

sur l’axe des abscisses. Ici, cinq c<strong>la</strong>sses de valeurs sont définies: les valeurs al<strong>la</strong>nt de<br />

0 à 0.05, de 0.05 à 0.10, <strong>et</strong>c. L’axe des ordonnées indique quant à lui le nombre de<br />

documents concernés. Ainsi, pour plus de 80 documents sur 148, entre 10 <strong>et</strong> 15% des<br />

constituants immédiats de <strong>la</strong> phrase ont <strong>la</strong> fonction R2.<br />

4.1.2.3 Courbe de densité<br />

Pour simuler <strong>la</strong> distribution de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion dont est tiré l’échantillon, on utilise fréquemment<br />

un estimateur de densité. Celui-ci est figuré par une courbe, dont <strong>la</strong> forme<br />

suit approximativement le dénivelé de l’histogramme, mais en gomme les angles (figure<br />

4.2). Le graphique est construit en évaluant les valeurs de y (nombre de R2 par<br />

charte) pour chaque valeur de x (ratio de présence de ces R2 par rapport aux autres<br />

constituants de même niveau) si un échantillon aux dimensions tendant vers l’infini<br />

était disponible. La densité (axe des ordonnées) doit être considérée comme <strong>la</strong> «valeur<br />

attendue de <strong>la</strong> courbe pour chaque valeur de x» (Howell 1998, 133). La courbe<br />

de densité d’une distribution évalue ainsi <strong>la</strong> probabilité des différentes valeurs de x.<br />

La totalité de <strong>la</strong> surface inférieure à <strong>la</strong> courbe représente <strong>la</strong> somme des probabilités<br />

pour toutes ces valeurs, soit 100%. L’approximation de <strong>la</strong> distribution de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

n’est pas tributaire d’une quelconque division des valeurs en c<strong>la</strong>sses, ce qui donne un<br />

154


0.05 0.10 0.15 0.20<br />

Proportion de marquage<br />

FIG. 4.3 – Boîte à moustache des R2 par phrase, par charte<br />

aperçu plus n<strong>et</strong> de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion sous-jacente. 5 La courbe est d’ailleurs n<strong>et</strong>tement plus<br />

douce que ne l’était l’histogramme.<br />

La distribution dessine une cloche dont <strong>la</strong> queue de gauche est approximativement<br />

égale à <strong>la</strong> queue de droite. 6 La distribution est dite gaussienne ou normale (Howell<br />

1998, ch. 3). Une distribution de ce type est adéquatement résumée par sa moyenne (x)<br />

<strong>et</strong> son écart-type (s). Ce dernier correspond à <strong>la</strong> racine carrée positive de <strong>la</strong> variance<br />

(s 2 ). 7 En l’occurrence, x=0.13 <strong>et</strong> s=0.035. Ces paramètres suffisent à dessiner <strong>la</strong><br />

forme de <strong>la</strong> distribution.<br />

4.1.2.4 Boîte à moustaches<br />

Une autre manière utile de représenter les données est le graphique dit de <strong>la</strong> «boîte à<br />

moustaches» (figure 4.3). 8 Celui-ci prend <strong>la</strong> forme d’une boîte grisée pourvue d’une<br />

ou de deux «moustaches» (ligne discontinue, ici horizontale, s’achevant par un trait<br />

perpendicu<strong>la</strong>ire). 9 La boîte montre comment l’essentiel des données se concentre autour<br />

de <strong>la</strong> médiane. 10 (trait noir). Les moustaches représentent <strong>la</strong> dispersion des données<br />

Quant aux points extérieurs, il s’agit de valeurs adjacentes, qu’il faut considérer<br />

comme atypiques. L’orientation de <strong>la</strong> boîte n’a aucune signification particulière.<br />

5<br />

Par exemple, un histogramme comportant 50 c<strong>la</strong>sses, n’aurait pas présenté une forme particulière.<br />

6<br />

Ceci anticipe sur <strong>la</strong> suite de l’exposé (→4.1.3), mais il est possible de se servir de tests<br />

spécifiques <strong>et</strong> de techniques de représentations pour appréhender <strong>la</strong> normalité des données.<br />

Nous ne nous étendrons pas sur le suj<strong>et</strong>. Nous indiquons au lecteur intéressé que le test<br />

de Shapiro-Wilks (Upton/Cook 2006, 388–389) sur l’échantillon ne perm<strong>et</strong> pas de rej<strong>et</strong>er<br />

H0 (→4.1.3.1) <strong>et</strong> d’affirmer l’anormalité de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. L’examen de <strong>la</strong> droite de Henry<br />

montre qu’on peut raisonnablement accepter <strong>la</strong> normalité. Voir annexe 4.1.2.3.shapiro.txt.<br />

7<br />

Voir Howell 1998, 50–51. La variance est calculée en faisant <strong>la</strong> somme des écarts au carré<br />

de chaque valeur (où x représente chaque valeur <strong>et</strong> n <strong>la</strong> taille de l’échantillon):<br />

s 2 <br />

(x− x) 2<br />

=<br />

n−1<br />

8 Voir Howell 1998, §2.10.<br />

9 Voir Howell 1998, 60–63.<br />

10 Valeur de <strong>la</strong> distribution qui compte autant de valeurs qui lui sont inférieures que de valeurs<br />

qui lui sont supérieures; voir Howell 1998, 39.<br />

155<br />

(4.1)


Densité<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.25<br />

4.1.3 Test d’hypothèse<br />

FIG. 4.4 – Probabilité que R25%<br />

Les propriétés des distributions servent, entre autres, à tester des hypothèses, c’est-àdire<br />

à inférer des informations à partir de <strong>la</strong> structure des données. Ces inférences sont<br />

fondées sur le concept fondamental d’hypothèse nulle (→4.1.3.1). Néanmoins, l’emploi<br />

de méthodes mathématiques pour étudier les données n’affranchit pas totalement<br />

le chercheur du recours à son propre jugement (→4.1.3.2).<br />

4.1.3.1 Concept d’hypothèse nulle<br />

Expliquons les principes du test d’hypothèse à partir de <strong>la</strong> distribution normale présentée<br />

ci-dessus 11 (x=0.13, s=0.035). Imaginons <strong>la</strong> situation suivante: nous découvrons<br />

un nouveau document où <strong>la</strong>proportion de R2 constituants immédiats de <strong>la</strong> phrase est<br />

de 5%, ce qui est très faible. Nous voudrions savoir quelle est <strong>la</strong> probabilité pour ce<br />

nouveau document d’être tiré de <strong>la</strong> même popu<strong>la</strong>tion que l’échantillon déjà décrit.<br />

Il y a deux possibilités: soit le score est anormalement bas, <strong>et</strong> le document, de toute<br />

évidence, ne provient pas de <strong>la</strong> même popu<strong>la</strong>tion; soit le score n’est pas anormalement<br />

bas, <strong>et</strong> il n’y a pas de raison de considérer que le document vient d’une autre popu<strong>la</strong>tion.<br />

Dans c<strong>et</strong>te dernière situation, <strong>la</strong> variation qui existe entre les deux échantillons<br />

ou popu<strong>la</strong>tions comparés (dont, en l’occurrence, un échantillon d’un seul individu)<br />

est due au hasard. L’hypothèse selon <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> variation serait effectivement due au<br />

hasard est appelée situation d’indépendance. L’hypothèse nulle consiste à considérer<br />

c<strong>et</strong>te indépendance comme correspondant à <strong>la</strong> réalité; on <strong>la</strong> note H0. L’hypothèse opposée,<br />

qui consiste à dire qu’il existe une différence suffisamment importante pour<br />

qu’elle ne soit pas liée exclusivement à des causes aléatoires se nomme hypothèse alternative<br />

(notée H1). En règle générale, les tests donnent <strong>la</strong> probabilité que les écarts<br />

par rapport à H0 (appelés écarts à l’indépendance) soient en nombre significativement<br />

élevé.<br />

Nous avons vu que <strong>la</strong> courbe d’une distribution dessinait avec l’axe des abscisses<br />

une surface correspondant à une probabilité de 100%. N’importe quelle valeur située<br />

entre les valeurs extrêmes peut se trouver sous <strong>la</strong> courbe. La probabilité qu’une charte<br />

dont 5% des constituants immédiats de <strong>la</strong> phrase soient des R2 correspond à <strong>la</strong> surface<br />

de <strong>la</strong> courbe dont les valeurs de x sont comprises <strong>dans</strong> l’intervalle [0;0.05] (figure 4.4).<br />

Le calcul de <strong>la</strong> probabilité est ici fait par ordinateur <strong>et</strong> est d’autant plus simple que <strong>la</strong><br />

distribution en présence est normale <strong>et</strong> qu’on en connaît <strong>la</strong> moyenne <strong>et</strong> l’écart-type.<br />

11 Nous n’aurons plus recours à ce test <strong>dans</strong> les pages qui suivent, mais il s’avère qu’il est le<br />

plus simple à comprendre parmi les tests d’hypothèse <strong>et</strong> qu’il m<strong>et</strong> facilement en évidence les<br />

principes du calcul des probabilités.<br />

156


La probabilité calculée 12 est de 1.2%. Ce<strong>la</strong> signifie qu’il y a1.2% de chances qu’une<br />

charte provenant de <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion représentée par c<strong>et</strong>te courbe contienne à peine 5%<br />

ou moins de R2 comme constituants immédiats de <strong>la</strong> phrase.<br />

Il n’est pas épistémologiquement valide de démontrer que H0 est vraie. 13 Les<br />

tests statistiques ont beau calculer <strong>la</strong> probabilité de c<strong>et</strong>te hypothèse, il sont tous orientés<br />

vers son rej<strong>et</strong>. Pour c<strong>et</strong>te raison, les statisticiens sont divisés quant à <strong>la</strong> manière<br />

d’interpréter un résultat non significatif: pour certains on ne peut jamais rien conclure<br />

d’un pareil résultat; pour d’autres, il est préférable d’accepter H0 jusqu’à preuve du<br />

contraire (cf. Howell 1998, 106). Nous adopterons une position pragmatique à c<strong>et</strong><br />

égard, en tenant compte des données <strong>et</strong> de <strong>la</strong> probabilité de H0.<br />

L’intérêt du test se limite à indiquer qu’un phénomène qui n’est pas dû au hasard<br />

organise les données. Ces dernières constituent un monde fermé <strong>dans</strong> le cadre duquel<br />

les calculs sont effectués. En conséquence, le rej<strong>et</strong> ou non de H0 se fait sans tenir<br />

compte de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qui existe entre les variables étudiées <strong>et</strong> d’autres variables avec<br />

lesquelles elles pourraient être mises en re<strong>la</strong>tion. Par ailleurs, <strong>la</strong> comparaison des résultats<br />

avec des informations non formalisées, comme l’intuition ou <strong>la</strong> connaissance<br />

générale que le chercheur a des matériaux, fait partie de l’interprétation des résultats.<br />

4.1.3.2 Jugement de l’utilisateur<br />

À ce stade intervient le jugement de l’utilisateur: il peut décider que ce pourcentage<br />

est trop faible <strong>et</strong> affirmer qu’il rej<strong>et</strong>te H0 <strong>et</strong> accepte en conséquence H1. Dans ce cas,<br />

il a exactement 1.2% de chances de comm<strong>et</strong>tre une erreur dite de <strong>la</strong> première espèce<br />

ou erreurα. 14 Dans c<strong>et</strong>te erreur, il considèrera à tort que <strong>la</strong> nouvelle charte découverte<br />

fait partie d’une autre popu<strong>la</strong>tion que son échantillon de référence (148 documents).<br />

La liste des valeurs donnée au début de <strong>la</strong> section→4.1.2.1 montre qu’il est possible<br />

de se tromper de <strong>la</strong> sorte, <strong>la</strong> valeur <strong>la</strong> plus faible étant effectivement inférieure à 0.05.<br />

La tolérance de l’utilisateur à l’erreurαest décidée préa<strong>la</strong>blement à l’analyse. Il<br />

est courant d’en fixer le seuil à 5%. L’erreur de <strong>la</strong> seconde espèce, ou erreurβconsiste<br />

à ne pas rej<strong>et</strong>er H0 alors que H1 est vraie. On pourrait fixer le seuilαà1%, à 1‰,<br />

ou plus bas encore: tout dépend du degré d’exigence de l’étude <strong>et</strong> des conséquences<br />

qu’il y a à comm<strong>et</strong>tre l’erreurα. En recherche médicale, un seuil trop élevé aurait<br />

des conséquences dramatiques; par contre, <strong>dans</strong> une étude de mark<strong>et</strong>ing, un seuil trop<br />

bas ne mènerait jamais à <strong>la</strong> moindre conclusion utile. Dans ce second cas, comm<strong>et</strong>tre<br />

l’erreurβpourrait être catastrophique. Les tests offrent donc des moyens rigoureux<br />

d’évaluer le risque qu’un utilisateur prend en rej<strong>et</strong>ant l’hypothèse d’indépendance.<br />

Dans un contexte d’exploration comme le nôtre, le seuil général de 5% est c<strong>la</strong>ssique<br />

<strong>et</strong> raisonnable.<br />

Pour chaque test effectué, <strong>la</strong> probabilité est dite significative quand elle est inférieure<br />

au seuil choisi. Par extension, les écarts à l’indépendance <strong>et</strong> les re<strong>la</strong>tions entre<br />

les variables seront alors dits significatifs également.<br />

12 La fonction R employée pour ce faire est pnorm().<br />

13 «Tous les statisticiens s’accordent [. . .] sur un point: on ne peut jamais prétendre avoir<br />

‹prouvé› l’hypothèse nulle.» (Howell 1998, 106).<br />

14 Voir Howell 1998, §47.<br />

157


4.2 Statistiques <strong>et</strong> validité des analyses<br />

La problématique générale du travail a fixé d’emblée l’analyse des re<strong>la</strong>tions entre<br />

<strong>ponctuation</strong> <strong>et</strong> <strong>syntaxe</strong> comme objectif. La définition de c<strong>et</strong> objectif nous a guidé pas<br />

à pas, si bien que nous avons à présent à notre disposition une collection de données<br />

réparties en deux ensembles très différents: des structures syntaxiques <strong>et</strong> des marques<br />

de <strong>ponctuation</strong>. Toute information que nous livrent ces matériaux est évidemment intéressante,<br />

mais comment déterminer <strong>dans</strong> quelle mesure il est pertinent de lui consacrer<br />

une étude spécifique? L’étape suivante consiste ainsi à s’interroger: quelles questions<br />

voulons-nous poser aux matériaux rassemblés?<br />

Dans l’approche traditionnelle, on tend à vouloir tout expliquer, parfois sans s’assurer<br />

de <strong>la</strong> pertinence par rapport à <strong>la</strong> représentativité (numérique) des données manipulées.<br />

Or, le «bon sens» n’est d’aucun secours pour évaluer c<strong>et</strong>te représentativité.<br />

Appliqués à une partie ou à l’ensemble du corpus pour en dégager les tendances générales,<br />

les tests statistiques s’affranchissent partiellement du jugement intuitif. 15<br />

Choisir d’employer les statistiques implique qu’on réfléchisse au préa<strong>la</strong>ble sur <strong>la</strong><br />

manière dont ces outils s’accommodent de <strong>la</strong> nature des données, en particulier en<br />

ce qui concerne à leur complexité <strong>et</strong> leur homogénéité. Nous rappellerons donc les<br />

particu<strong>la</strong>rités du corpus (→4.2.1), avant de voir comment nous en avons tenu compte<br />

(→4.2.2 à→4.2.5).<br />

4.2.1 Nature des données<br />

Dès l’introduction (→0) nous avons souligné les principales pierres d’achoppement<br />

que le corpus m<strong>et</strong> sur notre chemin:<br />

1. Le corpus est hétérogène, aussi les observations qu’il perm<strong>et</strong> de faire ne peuvent<br />

en aucun cas être généralisées: elles sont spécifiques à l’échantillon dont nous<br />

disposons;<br />

2. les données sont nombreuses;<br />

3. <strong>la</strong> constitution du corpus <strong>et</strong> le travail d’annotation sont en cours.<br />

À ces inconvénients, l’analyse détaillée de <strong>la</strong> morpho<strong>syntaxe</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> théorisation du<br />

système graphique nous forcent à ajouter que:<br />

3. les structures morphosyntaxiques sont complexes <strong>et</strong> récursives (chapitre→3);<br />

4. les données sont réparties de manière disproportionnée: certaines constructions<br />

sont attestées deux ou trois fois, d’autres le sont un grand nombre de fois;<br />

5. on ne peut échapper au délicat problème de <strong>la</strong> réduction des données.<br />

Tous ces problèmes sont plus ou moins bien gérés par des méthodes faisant appel aux<br />

dénombrements <strong>et</strong> aux statistiques.<br />

L’hétérogénéité des types discursifs, <strong>la</strong> complexité des structures <strong>et</strong> <strong>la</strong> répartition<br />

inégale des données, lorsqu’elles sont conjuguées à une grande quantité de matériaux,<br />

donnent une impression de désordre, si bien qu’il est parfois ma<strong>la</strong>isé de savoir sur quoi<br />

15 Nous verrons en eff<strong>et</strong> que certains phénomènes périphériques, comme <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des<br />

chiffres ou des noms de personne, ont été abordés sans que <strong>la</strong> pertinence de <strong>la</strong> question ne<br />

soit évaluée (→5.3.2.1 b).<br />

158


se focaliser. Ce choix fera l’obj<strong>et</strong> de notre premier développement, au point→4.2.2.<br />

Décider quelles questions méritent d’être posées constitue en eff<strong>et</strong> l’étape initiale de<br />

<strong>la</strong> démarche, qui devra au bout du compte décrire le plus finement possible les informations<br />

découvertes.<br />

Toutefois, l’emploi de méthodes statistiques implique que les données soient décrites<br />

à l’aide d’une sélection limitée de variables (→4.2.3). On verra que toute sélection<br />

de variables est forcément réductrice par rapport au grand nombre d’informations<br />

potentiellement accessibles pour chaque individu.<br />

Le choix des questions <strong>et</strong> <strong>la</strong> sélection des variables sont donc synonymes de réduction<br />

de <strong>la</strong> richesse des matériaux. Pour accroître <strong>la</strong> finesse de <strong>la</strong> description, il<br />

nous faudra réintroduire une partie des informations négligées <strong>dans</strong> l’analyse. C<strong>et</strong>te<br />

démarche sera abordée sous→4.2.4.<br />

Enfin, l’enrichissement permanent du corpus <strong>et</strong> <strong>la</strong> possibilité d’étendre <strong>la</strong> problématique<br />

à d’autres corpus rend le contrôle de <strong>la</strong> qualité plus ardu que si l’échantillon<br />

était figé. C<strong>et</strong> état dynamique a des implications à plusieurs niveaux, dont nous parlerons<br />

sous→4.2.5.<br />

4.2.2 Pertinence des questions<br />

Par le biais des tests d’hypothèse (→4.1.3.1), les statistiques c<strong>la</strong>ssiques servent à déterminer<br />

s’il est raisonnable de penser qu’un phénomène n’est pas dû au hasard <strong>et</strong><br />

s’il est éventuellement pertinent de chercher une cause à un phénomène. D’autre part,<br />

les méthodes numériques posent intrinsèquement des limites excluant les cas pour<br />

lesquels les informations disponibles ne suffisent pas à aller plus avant.<br />

Par exemple, nous verrons que <strong>dans</strong> le contexte défini par <strong>la</strong> phrase, les incidentes<br />

se distinguent du reste des constituants immédiats par <strong>la</strong> présence significativement<br />

plus fréquente d’un ponctogramme à l’initiale (→5.3.2.1). C<strong>et</strong>te observation, basée sur<br />

<strong>la</strong> pertinence statistique d’une affinité entre une construction <strong>et</strong> un marquage, répond<br />

à <strong>la</strong> question: «Le marquage initial des incidentes est-il spécifique par rapport à celui<br />

d’autres constituants également marqués à l’initiale?» avant qu’elle ne soit posée. . .<br />

Elle perm<strong>et</strong> ensuite de s’interroger sur <strong>la</strong> différence qui existe entre ce marquage <strong>et</strong><br />

celui des phrases (→6.1.4.1). À l’inverse, le lien entre <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale <strong>et</strong> les<br />

appositions à l’intérieur d’un constituant qui n’a pas une fonction argumentale n’est<br />

pas significatif (→5.3.2.7). Dans ce cas, vouloir expliquer ce lien serait peu utile,<br />

puisque rien ne prouve qu’il ne soit pas dû à des causes aléatoires.<br />

4.2.3 Formalisation des données<br />

La définition des individus à l’aide d’une série de variables est une étape fondamentale<br />

de l’analyse: pour manipuler les données, il importe qu’elles soient décrites de façon<br />

homogène. C<strong>et</strong>te définition mène obligatoirement à une réduction très importante. Par<br />

exemple, <strong>dans</strong> le cadre de <strong>la</strong> mise en évidence des tendances générales (chapitre→5)<br />

<strong>dans</strong> les re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>, on verra que nous avons ignoré<br />

purement <strong>et</strong> simplement <strong>la</strong> forme des ponctogrammes. De c<strong>et</strong>te manière, l’analyse<br />

outillée est forcément plus grossière qu’une étude minutieuse des détails. La réduction<br />

est particulièrement importante lorsque les individus sont des unités linguistiques:<br />

159


«[L]a méta-information, <strong>dans</strong> les cas de données textuelles, est particulièrement abondante.<br />

Chaque mot utilisé, même si c’est un mot grammatical [. . .] a droit à plusieurs lignes, ou<br />

plusieurs pages <strong>dans</strong> un dictionnaire encyclopédique. 16 Les règles de grammaire constituent<br />

évidemment une méta-information fondamentale.<br />

[. . .]<br />

Le problème principal concerne <strong>la</strong> pertinence de ces différents niveaux de méta-information<br />

vis-à-vis du problème que l’on étudie.» (Lebart/Salem 1994, 21).<br />

À c<strong>et</strong> égard, <strong>la</strong> définition des individus en vue d’un traitement statistique est une procédure<br />

assez proche de celle qui consistait, à un niveau plus abstrait, à discerner les<br />

caractères parmi les propriétés des obj<strong>et</strong>s, de manière à définir les concepts (chapitre<br />

→1).<br />

Chaque occurrence de construction est en rapport avec de nombreuses données<br />

d’ordres différents. Il serait effectivement possible d’intégrer d’innombrables variables<br />

au traitement, mais à l’exigence de pertinence s’ajoute celle de simplicité.<br />

Lorsqu’il est question de traiter des données syntaxiques, qui sont structurées suivant<br />

un modèle hiérarchique (chapitre→3), <strong>la</strong> récursivité multiplie virtuellement à l’infini<br />

les informations qu’il est possible d’intégrer à <strong>la</strong> description de chaque individu.<br />

S’agissant de décrire une proposition dont le prédicat est à l’infinitif, par exemple le<br />

constituant souligné <strong>dans</strong>:<br />

· en tıeſmong de ceſte [8] choſe · aj ıo faıt ceſ l<strong>et</strong>reſ ſaíeler de mon˘ ˘<br />

ſaıel · <strong>la</strong>n del jncarnatıon<br />

jhesu crıst · mıl · <strong>et</strong> · cc · <strong>et</strong> · xxx · vj · [9] el moıs · de jvle (Document 1236–07, 7)<br />

il pourrait se révéler pertinent de créer une variable enregistrant si ce prédicat est<br />

également complémenté par un R2 qui lui est propre (ce qui est le cas ici). Si ce R2<br />

est de nature propositionnelle, on pourrait continuer à relever les variables <strong>et</strong> ainsi de<br />

suite. Une telle pratique mènerait immanquablement à un relevé disproportionné <strong>et</strong> un<br />

grand nombre de modalités (les modalités «simples») seraient surreprésentées.<br />

Il faut donc sacrifier une partie de l’information <strong>et</strong> une partie de l’intérêt du corpus<br />

s’en trouve dès lors négligée. On pourrait juger sévèrement toute réduction des<br />

matériaux, arguant que l’élimination d’informations précieuses affaiblit les conclusions<br />

qu’on en tire. Le procédé est cependant obligatoire: sans lui, chaque individu<br />

serait défini par un très grand nombre de variables aux modalités extrêmement variées.<br />

La seule conclusion à <strong>la</strong>quelle l’analyse aboutirait alors est que chaque individu est<br />

l’unique représentant d’une c<strong>la</strong>sse particulière, dont on ne peut rien dire, faute d’effectif.<br />

. . Les statistiques n’étant réellement utilisables que si les effectifs sont suffisants,<br />

il faut se résoudre à limiter le nombre de variables <strong>et</strong> le nombre de modalités de chacune<br />

d’elles. Paradoxalement, le fait de négliger une partie de l’information perm<strong>et</strong><br />

de décrire plus efficacement les données. On évite de se perdre <strong>dans</strong> une myriade de<br />

variables complexes en sélectionnant d’emblée un p<strong>et</strong>it nombre de variables simples.<br />

4.2.4 Finesse de <strong>la</strong> description<br />

La formalisation des données <strong>et</strong> <strong>la</strong> sélection des questions jugées pertinentes sont autant<br />

de facteurs qui diminuent <strong>la</strong> finesse de <strong>la</strong> description.<br />

16 Sic.<br />

160


Il nous a semblé essentiel de tenter de contreba<strong>la</strong>ncer ce mouvement de réduction<br />

par deux démarches, correspondant aux deux moments où une partie de <strong>la</strong> richesse<br />

des données est <strong>la</strong>issée de côté: réintroduire les propriétés des individus qui n’ont<br />

pas été prises en compte pour effectuer des tests généraux; commenter les données<br />

insuffisantes.<br />

4.2.4.1 Réintroduction des informations<br />

La réintroduction d’informations supplémentaires <strong>dans</strong> le traitement statistique implique<br />

une nouvelle sélection de variables pour définir les individus. Ce choix, comme<br />

le premier, est basé sur <strong>la</strong> théorie préa<strong>la</strong>ble à l’analyse des re<strong>la</strong>tions, mais est lié aux<br />

résultats des premières analyses.<br />

Certains raffinements vont de soi <strong>et</strong> sont <strong>dans</strong> <strong>la</strong> continuité de <strong>la</strong> question posée.<br />

Ainsi, on verra que nous commencerons <strong>la</strong> description de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des constituants<br />

en opposant simplement <strong>la</strong> présence à l’absence de ponctogramme de part <strong>et</strong><br />

d’autre, sans prendre en considération <strong>la</strong> forme du marquage (→5.0). Par exemple,<br />

nous montrerons que les circonstants propositionnels ne figurant ni à l’initiale ni à <strong>la</strong> finale<br />

de <strong>la</strong> structure qui les contient ont tendance à être marqués à <strong>la</strong> finale (→5.3.3.3 d)<br />

<strong>et</strong>, concernant le contexte,→6.1.4.6). En d’autres termes, <strong>la</strong> présence d’un signe à<br />

l’endroit indiqué par le symbole ‹⊗› <strong>dans</strong> l’exemple qui suit est conforme à une habitude<br />

générale: 17<br />

«<strong>et</strong> le remanant [7] prent ıhl en fıez de <strong>la</strong> glıſe · en tel manıre ke ſe de luj´ defaloıt ſenz hoır de<br />

ſon corſ⊗ke <strong>la</strong> terre reuenroıt a〈le〉〈glıse〉 [. . .]» (Document 1236–05, 6).<br />

La forme du ponctogramme est réintroduite <strong>dans</strong> l’analyse <strong>dans</strong> un second temps,<br />

une fois l’étude centrée sur des constructions particulières (chapitre →7). Pour<br />

l’exemple choisi, on verra que les circonstants marqués à <strong>la</strong> finale ont tendance à<br />

attirer les signes ‹/›, ‹· › <strong>et</strong> ‹· /›, soit des ponctogrammes autres que ‹·› (→7.2.4.2). En<br />

l’occurrence:<br />

’<br />

«<strong>et</strong> le remanant [7] prent ıhl en fıez de <strong>la</strong> glıſe · en tel manıre ke ſe de luj´ defaloıt ſenz hoır de<br />

ſon corſ · ke <strong>la</strong> terre reuenroıt a〈le〉〈glıse〉 [. . .]» (Document 1236–05, 6).<br />

’<br />

D’autres enrichissements sont quant à eux liés à <strong>la</strong> connaissance que le chercheur<br />

a des données qu’il analyse. Ainsi, nous ne sélectionnerons pas d’emblée une variable<br />

enregistrant si les constituants sont coordonnés ou non. L’étude du rapport entre <strong>la</strong><br />

coordination <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> viendra ensuite <strong>et</strong> se fondera sur les conclusions de <strong>la</strong><br />

première approche. 18<br />

17<br />

Les grands chevrons indiquent que le parchemin était endommagé à c<strong>et</strong> endroit <strong>et</strong> que nous<br />

avons restitué le texte.<br />

18<br />

Voir→6.1.5 sur l’étude du marquage <strong>dans</strong> <strong>la</strong> coordination.<br />

161


4.2.4.2 Commentaire des données insuffisantes<br />

Pour les données écartées des tests faute d’effectifs, nous fournirons un simple commentaire.<br />

Ce dernier pourra éventuellement servir de base à une nouvelle étude lorsque<br />

les matériaux auront été suffisamment enrichis. 19<br />

De ce fait, ces simples commentaires peuvent jouer le rôle de tremplins, préfigurant<br />

de nouvelles études capables d’exploiter les données que notre étude a dû négliger.<br />

4.2.5 Évolution du corpus <strong>et</strong> de <strong>la</strong> démarche d’analyse<br />

L’évolution constante du corpus impose que les procédures de dépouillements <strong>et</strong> les<br />

tests appliqués soient reproductibles (→4.2.5.1). Il est également utile d’employer des<br />

techniques qui m<strong>et</strong>tent en relief les données les plus singulières, <strong>dans</strong> le but de les<br />

corriger s’il s’agit d’erreurs, ou de les étudier <strong>dans</strong> les autres cas (→4.2.5.2). Enfin,<br />

l’emploi des statistiques rend possible <strong>la</strong> critique des procédures elles-mêmes <strong>et</strong> donc<br />

leur amélioration (→4.2.5.3).<br />

4.2.5.1 Reproductibilité<br />

Du fait qu’elles emploient des formules mathématiques, les statistiques appliquées aux<br />

mêmes données donneront toujours le même résultat, quel que soit l’expérimentateur<br />

– pour peu qu’elles ne fassent pas appel à une simu<strong>la</strong>tion. L’interprétation du résultat<br />

obtenu ne saurait être remp<strong>la</strong>cée par un procédé automatisé: elle reste du ressort de<br />

l’intuition <strong>et</strong> m<strong>et</strong> en jeu de nombreuses connaissances dépassant <strong>la</strong>rgement le cadre<br />

du test.<br />

Le fait que les étapes sont reproductibles autorise à envisager un accroissement<br />

itératif des données <strong>et</strong> une comparaison des résultats obtenus.<br />

4.2.5.2 Recherche de l’inattendu<br />

Les méthodes statistiques ont souvent <strong>la</strong> capacité de m<strong>et</strong>tre en évidence à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong><br />

structure générale des données <strong>et</strong> l’inattendu qui y survient.<br />

Si l’on considère ce qu’un corpus nous livre par rapport à <strong>la</strong> fiabilité des données<br />

<strong>et</strong> à leur apport informatif, il y a quatre types de résultats auxquels on s’attend: 1/<br />

des informations fiables, qui m<strong>et</strong>tent en évidence un phénomène particulier; 2/ des<br />

informations fiables qui ne m<strong>et</strong>tent en évidence que des phénomènes généraux; 3/ des<br />

informations erronées, dues à des erreurs de traitement ou d’encodage, qui m<strong>et</strong>tent en<br />

19 Le corpus étant en construction (→4.2.5). Bien que les conclusions soient moins assurées<br />

quand nous avançons une interprétation pour ces cas moins documentés, elles nous perm<strong>et</strong>tent<br />

généralement de m<strong>et</strong>tre en évidence des phénomènes nouveaux, é<strong>la</strong>rgissant parfois<br />

<strong>la</strong> problématique.<br />

Par exemple, nous verrons que les occurrences du ponctogramme ‹//› sont très rares, mais<br />

n’apparaissent que <strong>dans</strong> le cas particulier de l’ajout d’un mot ou d’un groupe de mots, ce<br />

qui montre que les «accidents» survenant <strong>dans</strong> le support sont en lien direct avec l’emploi de<br />

<strong>ponctuation</strong> (→7.4.4) pour le relevé exhaustif des occurrences de ce signe <strong>et</strong> une illustration<br />

de sa réalisation.<br />

162


évidence de pseudo-phénomènes particuliers; 4/ des informations erronées donnant<br />

l’illusion qu’il existe un phénomène général correspondant.<br />

Scientifiquement, l’objectif est de repérer <strong>et</strong> de décrire adéquatement les informations<br />

relevant des deux premiers types. 20 Dans un champ d’études déjà bien investigué,<br />

les informations correctes mais triviales sont de peu d’intérêt, <strong>et</strong> le chercheur<br />

centrera ses efforts sur <strong>la</strong> recherche d’informations particulières. Par contre, <strong>dans</strong> un<br />

cas comme celui qui nous occupe, où il est question d’approcher un champ presque<br />

vierge, toute information concernant <strong>la</strong> structure des re<strong>la</strong>tions nous intéresse, même<br />

très générale.<br />

Dans ce cadre, les statistiques se révèlent très utiles, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où elles<br />

perm<strong>et</strong>tent l’identification de structures qui émergent d’un rassemblement de phénomènes.<br />

Revenons à <strong>la</strong> distribution observée ci-dessus (pourcentage de R2 parmi les constituants<br />

immédiats de <strong>la</strong> phrase): <strong>la</strong> boîte à moustaches (→4.1.2.4) montrait qu’une<br />

partie des documents présentaient une valeur aberrante. En quoi ce<strong>la</strong> nous intéress<strong>et</strong>-il<br />

par rapport à notre manière d’aborder l’erreur? Si tout se passe bien – si nous<br />

choisissons le test ou <strong>la</strong> représentation qui convient <strong>et</strong> l’appliquons correctement –,<br />

les statistiques m<strong>et</strong>tront en évidence les phénomènes marginaux: elles attireront notre<br />

attention sur eux en même temps qu’elles perm<strong>et</strong>tront <strong>la</strong> description rigoureuse des<br />

phénomènes généraux. Concrètement, ce<strong>la</strong> signifie que: 1/ nous remarquerons les exceptions,<br />

mais également les erreurs particulières; 2/ les phénomènes aléatoires seront<br />

décrits de manière synthétique; 3/ les erreurs insignifiantes passeront inaperçues au<br />

milieu des phénomènes aléatoires sans perturber outre mesure leur description.<br />

Le fait qu’il existe des valeurs aberrantes détache certains documents <strong>et</strong> nous invite<br />

à vérifier si les annotations que nous y avons faites sont correctes (en l’occurrence,<br />

elles le sont).<br />

Le traitement des erreurs ne nous r<strong>et</strong>iendra pas plus longtemps.<br />

4.2.5.3 Perfectibilité des étapes<br />

Nous ne parlerons pas ici de <strong>la</strong> perfectibilité des étapes antérieures à l’analyse (→0.5).<br />

Il est souvent rappelé qu’une démarche doit être falsifiable pour être scientifique; nous<br />

avons plusieurs fois été amené à poser un choix al<strong>la</strong>nt <strong>dans</strong> ce sens.<br />

Les statistiques ont l’avantage d’être directement critiquables à différents niveaux.<br />

D’une part, leur validité propre peut être remise en question (c’est le but d’une partie<br />

de <strong>la</strong> recherche fondamentale en mathématiques 21 ). D’autre part, <strong>la</strong> justesse de leur<br />

application peut être critiquée – nous verrons à plusieurs reprises que le choix du test<br />

à appliquer n’est pas aisé: il n’existe pas de test universel. De ce dernier point de vue,<br />

il est important de comprendre <strong>la</strong> façon dont les tests fonctionnent pour critiquer leur<br />

20 À moins d’adopter une démarche méthodologique <strong>et</strong> épistémologique, <strong>dans</strong> le cadre de <strong>la</strong>quelle<br />

les deux derniers types d’erreur revêtent tout leur intérêt.<br />

21 Dans ce premier cas, évidemment, les utilisateurs des statistiques sont tout bonnement obligés<br />

de faire confiance aux mathématiciens dont ils utilisent les tests: «vérifier que tout est en<br />

ordre de marche, sans vice caché, est le travail du mathématicien <strong>et</strong> du statisticien. Ce sont<br />

eux qui en tant que professionnels contrôlés par leurs pairs sont à même de nous donner les<br />

instruments que nous utiliserons.» (Cibois 2003, 3).<br />

163


utilisation. Pour c<strong>et</strong>te raison, nous expliquerons autant que possible nos choix <strong>et</strong> le<br />

fonctionnement des tests employés. 22<br />

Par contre, les conclusions fondées sur une perception intuitive de grandes quantités<br />

de données ne <strong>la</strong>issent pas d’autre choix que celui de croire sur parole celui qui en<br />

est responsable. Face à de grands ensembles de données, il est parfois difficile d’éviter<br />

que <strong>la</strong> description présente des contradictions, c’est à dire des erreurs accidentelles<br />

qui ne se conforment pas au modèle choisi pour décrire les structures, ou sont en<br />

désaccord avec les faits. Ces erreurs accidentelles sont susceptibles de perturber nos<br />

conclusions.<br />

4.3 Mode opératoire<br />

À présent que les outils <strong>et</strong> les données ont été présentés, nous conclurons c<strong>et</strong>te première<br />

section en synthétisant brièvement <strong>la</strong> manière dont nous allons dépouiller <strong>et</strong> analyser<br />

les matériaux (→4.3.1). Nous préciserons également <strong>la</strong> manière dont les données<br />

numériques qui ont servi au travail seront mentionnées <strong>dans</strong> les sections qui suivent<br />

(→4.3.2).<br />

4.3.1 Ordre de l’analyse<br />

Nous nous servirons des acquis des chapitres→2 <strong>et</strong>→3 pour sélectionner une série<br />

de traits généraux décrivant les constituants (fonction, présence d’un re<strong>la</strong>teur, <strong>et</strong>c.)<br />

<strong>et</strong> pour observer les interactions de ces traits avec <strong>la</strong> simple présence de <strong>ponctuation</strong><br />

au sens restreint, sans tenir compte de <strong>la</strong> forme des ponctogrammes. L’étude de ces<br />

observations dégagera les tendances générales qui gouvernent l’emploi de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

ainsi que les problèmes méthodologiques qu’elle pose. Nous commencerons donc<br />

par rechercher des tendances générales sur un matériau réduit par sélection d’un p<strong>et</strong>it<br />

ensemble de variables pertinentes.<br />

Ces tendances générales m<strong>et</strong>tront en évidence quelles structures doivent être comparées<br />

du point de vue de leur marquage, 23 ce qui fera l’obj<strong>et</strong> d’une série de questions<br />

particulières, centrées sur les constructions les plus intéressantes (chapitre→6). Suite<br />

à ces études spécifiques, nous réintroduirons une partie des traits définitoires dont<br />

l’analyse générale n’aura pas tenu compte, comme <strong>la</strong> distribution des tendances observées<br />

entre les différents documents du corpus. 24 Enfin, <strong>la</strong> forme des ponctogrammes<br />

sera traitée (chapitre→7).<br />

L’emploi des tests statistiques adéquats nous apprendra s’il y a quelque chose à<br />

dire des données: c’est-à-dire s’il faut tenter une interprétation après un test donné ou<br />

s’il est intéressant d’effectuer un nouveau test. Les résultats non significatifs <strong>la</strong>isseront<br />

22 Comme nous ne pouvons faire de ce travail une introduction aux méthodes statistiques employées,<br />

nous renverrons systématiquement à <strong>la</strong> littérature adéquate.<br />

23 Voir le chapitre→5.<br />

24 Voir l’analyse de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale des R2 non re<strong>la</strong>tés non propositionnels ne figurant<br />

à aucune des deux bornes de <strong>la</strong> structure qui les contient:→6.1.3.4. Nous y montrons que<br />

<strong>la</strong> tendance n’est pas générale, mais qu’elle est liée à <strong>la</strong> pratique de quelques documents<br />

particuliers.<br />

164


ainsi certaines questions en suspens. Quand les données ne suffiront pas à réaliser un<br />

test en raison de leur faible effectif, nous nous limiterons à un commentaire philologique<br />

lorsque nous le jugerons opportun.<br />

4.3.2 Présentation des dépouillements <strong>et</strong> des résultats<br />

Les chiffres soumis aux calculs <strong>et</strong> les résultats de ces derniers sont nécessaires à notre<br />

exposé, c’est pourquoi nous avons choisi de les présenter systématiquement <strong>dans</strong> le<br />

texte de notre étude, qui ne serait pas compréhensible sans eux. Le recours constant<br />

à de volumineuses annexes aurait rendu <strong>la</strong> lecture particulièrement <strong>la</strong>borieuse – nous<br />

ne reportons en annexe que les données trop nombreuses pour figurer décemment sur<br />

une page ou celles d’un intérêt très limité.<br />

Le texte de nos interprétations a été allégé en commentant les tableaux de manière<br />

volontairement «humaine»: entre 81% <strong>et</strong> «un très grand nombre», entre 95.91%<br />

<strong>et</strong> «quasi tous», <strong>la</strong> seule différence réside <strong>dans</strong> l’intelligibilité. Les chiffres donnent<br />

une impression de grande précision, mais ont besoin d’être rep<strong>la</strong>cés <strong>dans</strong> leur ordre<br />

de grandeur re<strong>la</strong>tif pour être significatifs. Le lecteur intéressé par les chiffres exacts<br />

r<strong>et</strong>rouvera facilement ces derniers <strong>dans</strong> le tableau commenté.<br />

Nous ne rendons pas compte de l’ensemble des tests <strong>et</strong> des essais effectués, mais<br />

uniquement des étapes qui ont été nécessaires pour aboutir à nos conclusions. L’intérêt<br />

de présenter l’ensemble des échecs <strong>et</strong> problèmes est somme toute assez limité <strong>et</strong><br />

demanderait un effort considérable pour être rédigé de manière accessible (<strong>et</strong> certainement<br />

un autre effort considérable pour être lu).<br />

165


5 Tendances générales<br />

La première étape de <strong>la</strong> description consistera à rechercher les grandes tendances qui<br />

gouvernent l’apparition de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> au sens restreint. Conformément à ce que<br />

nous avons exposé supra (→4.1.1), nous commencerons par définir l’étendue de notre<br />

échantillon <strong>et</strong> les individus qui le composent, en précisant les variables <strong>et</strong> modalités<br />

r<strong>et</strong>enues: celles qui décrivent les propriétés morphosyntaxiques <strong>et</strong> positionnelles des<br />

constituants d’une part, <strong>et</strong> celles qui en décrivent <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> d’autre part (→5.0).<br />

Un aperçu général de chacune des variables prise isolément sera donné (→5.1), avant<br />

d’envisager <strong>la</strong> manière dont elles entrent en re<strong>la</strong>tion. Les «tris croisés» qui servent à<br />

évaluer les liens entre deux variables seront alors détaillés (→5.2). Nous verrons en<br />

quoi c<strong>et</strong>te démarche, pour instructive qu’elle soit, reste insuffisante si l’on se borne à<br />

séparer les caractères morphosyntaxiques des constituants <strong>et</strong> nous présenterons comment<br />

nous avons contourné ce problème (→5.3).<br />

Que ce soit au point de vue des calculs impliqués ou des variables choisies pour<br />

décrire les données, ce chapitre sera re<strong>la</strong>tivement abstrait, <strong>la</strong> recherche de tendances<br />

générales s’accompagnant d’une réduction inévitable. Néanmoins, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où<br />

les individus seront définis à partir des données empiriques, <strong>et</strong> comme ces dernières<br />

seront réintroduites par <strong>la</strong> suite (chapitres→6 <strong>et</strong>→7), nous pensons que ce caractère<br />

abstrait n’est pas préjudiciable.<br />

5.0 Définition des données<br />

La définition des données est une partie importante de <strong>la</strong> conversion de notre question<br />

<strong>dans</strong> un «<strong>la</strong>ngage statistique» (→4.1). Il s’agira de délimiter l’échantillon étudié, en<br />

choisissant les individus <strong>et</strong> leurs variables définitoires.<br />

5.0.1 Choix des individus <strong>et</strong> taille de l’échantillon<br />

Il semble que pour aborder le problème qui nous intéresse, deux alternatives de définition<br />

des individus s’offrent à nous: ces derniers sont soit les constituants, soit les<br />

ponctogrammes. Pour c<strong>et</strong>te première étape, nous avons considéré que les individus<br />

étaient les constituants.<br />

L’effectif total de l’échantillon (n) est de 90752 individus. C<strong>et</strong> effectif correspond<br />

àl’ensemble des mots (64252 individus 1 ) <strong>et</strong> de tous les constituants construits à partir<br />

de ces mots (récursivement jusqu’au niveau directement inférieur à celui des énoncés,<br />

1 Certains mots à double fonction, comme nel (ne <strong>et</strong> le contractés) sont comptabilisés deux<br />

fois <strong>dans</strong> l’échantillon total des constituants, mais pas <strong>dans</strong> le compte des mots.<br />

167


soit 26497 individus). L’échantillon ne comprend donc ni lesphrases, ni les énoncés<br />

non phrastiques.<br />

Par ailleurs, les énoncés en <strong>la</strong>tin 2 ont été r<strong>et</strong>irés du corpus.<br />

5.0.2 Définition des individus<br />

Pour éviter d’avoir à développer abondamment chaque réduction <strong>et</strong> chaque regroupement,<br />

nous avons décidé de commencer le travail par une approche globale, puis de réintroduire<br />

ultérieurement certaines des informations négligées – <strong>et</strong> non de partir d’un<br />

ensemble de variables à réduire progressivement. Pour présenter les différentes variables<br />

<strong>et</strong> modalités choisies, nous allons détailler l’individu souligné <strong>dans</strong> l’exemple<br />

suivant:<br />

«· en tıeſmong de ceſte [8] choſe · aj ıo faıt ceſ l<strong>et</strong>reſ ſaíeler de mon˘ ˘<br />

ſaıel · <strong>la</strong>n del jncarnatıon<br />

jhesu crıst · mıl · <strong>et</strong> · cc · <strong>et</strong> · xxx · vj · [9] el moıs · de jvle» (Document 1236–07, 7).<br />

Chaque individu soumis à notre étude se définit par trois types de variables, auxquelles<br />

nous ferons référence par <strong>la</strong> suite à l’aide d’un code alphabétique:<br />

1. les variables d’ordre morphosyntaxique (quatre variables dont le code commence<br />

par M);<br />

2. les variables positionnelles, décrivant <strong>la</strong> position de l’individu <strong>dans</strong> le constituant<br />

intégrant (deux variables, dont le code est en LI, pour ‘Localisation par rapport au<br />

constituant Intégrant’);<br />

3. les variables relevant de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> (deux variables, dont le code commence<br />

par PP, pour ‘Ponctuation: Ponctogramme’;→2.2.4.1).<br />

5.0.2.1 Variables morphosyntaxiques<br />

Les variables morphosyntaxiques (M) correspondent au modèle d’analyse linguistique.<br />

Elles ont donc un fondement épistémologique défini <strong>dans</strong> les limites de notre<br />

travail; ces variables sont les suivantes:<br />

1. <strong>la</strong> nature <strong>et</strong> <strong>la</strong> fonction du constituant intégrant, rassemblées <strong>dans</strong> une seule variable<br />

(MI): énoncé phrastique (MI.phrase), énoncé non phrastique (MI.¬phrase),<br />

proposition de mode personnel en <strong>syntaxe</strong> argumentale (MI.pers-arg), proposition<br />

de mode non personnel en <strong>syntaxe</strong> argumentale (MI.¬pers-arg), syntagme non propositionnel<br />

en <strong>syntaxe</strong> argumentale (MI.synt-arg) <strong>et</strong> proposition de mode personnel<br />

en <strong>syntaxe</strong> immédiate (MI.pers), proposition de mode non personnel en <strong>syntaxe</strong><br />

immédiate (MI.¬pers) <strong>et</strong> syntagme non propositionnel en <strong>syntaxe</strong> immédiate<br />

(MI.synt);<br />

2. <strong>la</strong> fonction du constituant (MF), soit sept modalités correspondant aux fonctions<br />

syntaxiques argumentales (→3.4.2): MF.P0, MF.S1, MF.R2, MF.R3, MF.A4,<br />

MF.C5 <strong>et</strong> MF.C6; deux modalités correspondant aux fonctions immédiates: MF.Ap<br />

2 Lesquels ne sont pas décrits adéquatement par notre modèle (→3.4.7.6 b).<br />

168


(apposition) <strong>et</strong> MF.Dt (déterminant,→3.4.6.1); ainsi que les fonctions MF.Co (re<strong>la</strong>teur<br />

coordonnant,→3.4.7.2) <strong>et</strong> MF.Rl (re<strong>la</strong>teur non coordonnant 3 );<br />

3. <strong>la</strong> nature, propositionnelle ou non, du constituant (MN), soit trois modalités: non<br />

propositionnelle (MN.0), proposition personnelle (MN.pers), proposition non personnelle<br />

(MN.¬pers,→3.4.2.5 b);<br />

4. <strong>la</strong> présence ou l’absence de re<strong>la</strong>teur spécifiant <strong>la</strong> fonction du constituant, soit deux<br />

modalités: re<strong>la</strong>teur présent (MR.1) ou absent (MR.0).<br />

Dans l’exemple choisi ici, les modalités sont donc: MI.phrase (<strong>la</strong> structure est constituant<br />

immédiat d’un énoncé phrastique), MF.C5 (le constituant est un circonstant),<br />

MN.0 (il n’est pas de nature propositionnelle), MR.1 (il est re<strong>la</strong>té par l’adverbe en).<br />

5.0.2.2 Variables positionnelles<br />

L’ordre des constituants, tel qu’il se manifeste «en surface» n’a pas été décrit de manière<br />

approfondie <strong>dans</strong> le chapitre→3. On peut raisonnablement penser qu’il interfère<br />

avec le système des re<strong>la</strong>tions syntaxiques. Les variables liées à <strong>la</strong> position sont:<br />

1. au début de <strong>la</strong> structure intégrante ou non (LID.1 ou LID.0);<br />

2. à <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> structure intégrante ou non (LIF.1 ou LIF.0).<br />

Ici, il s’agit de LID.1 (le constituant ouvre <strong>la</strong> phrase) <strong>et</strong> de LIF.0 (le constituant n’est<br />

pas le dernier de <strong>la</strong> phrase). La division de <strong>la</strong> position en deux variables rend exploitables<br />

les cas où une structure ne contient que deux constituants ou un seul.<br />

5.0.2.3 Variables <strong>ponctuation</strong>nelles<br />

La présence de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de part <strong>et</strong> d’autre du constituant est décrite par deux<br />

variables:<br />

1. présence ou absence d’un ponctogramme au début du constituant (respectivement<br />

PPD.1 ou PPD.0);<br />

2. présence ou absence d’un ponctogramme à <strong>la</strong> fin du constituant (PPF.1 ou PPF.0).<br />

Dans l’exemple choisi ici, les modalités sont PPD.1 <strong>et</strong> PPF.1 (le constituant est à <strong>la</strong><br />

fois précédé <strong>et</strong> suivi d’un ponctogramme).<br />

On gardera à l’esprit que <strong>la</strong> séparation entre <strong>ponctuation</strong> initiale <strong>et</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

finale est un artéfact, qui perm<strong>et</strong> de considérer un même ponctogramme par rapport<br />

aux constituants qui s’achèvent à sa gauche (par rapport auxquels il est PPF) <strong>et</strong> par<br />

rapport à ceux qui débutent à sa droite.<br />

Les modalités sélectionnées sont d’un niveau très abstrait: <strong>dans</strong> les faits, les ponctogrammes<br />

associés à <strong>la</strong> modalité PPD.1 (de même qu’à PPF.1) ne se limitent pas au<br />

simple ‹·›: ils prennent des formes variées, comme ‹/›, ‹· /›, ‹· ›, ‹›, <strong>et</strong>c. La simple opposition<br />

entre <strong>la</strong> présence <strong>et</strong> l’absence de ponctogramme est une approximation de <strong>la</strong><br />

richesse des signes réellement employés. Comme annoncé, nous reviendrons plus loin<br />

sur <strong>la</strong> forme de ces ponctogrammes. 4<br />

3<br />

Séparé du précédent en raison de <strong>la</strong> différence importante de fonctionnement.<br />

4<br />

La forme des ponctogrammes est ainsi décrite au chapitre→7.<br />

’<br />

169


MI MF MN MR PPD PPF LID LIF<br />

phrase C5 0 1 1 1 1 0<br />

TAB. 5.1 – Exemple de définition d’individu<br />

Texte MI MF MN MR PPD PPF LID LIF<br />

en tıeſmong de ceſte choſe phrase C5 0 1 1 1 1 0<br />

aj phrase P0 0 0 1 0 0 0<br />

faıt phrase P0 0 0 0 0 0 0<br />

ıo phrase S1 0 0 0 0 0 0<br />

ceſ l<strong>et</strong>reſ ſaíeler de mon˘˘ ſaıel phrase R2 ¬pers 0 0 1 0 0<br />

<strong>la</strong>n [. . .] · mıl · <strong>et</strong> · cc · <strong>et</strong> · xxx · vj phrase C5 0 0 1 1 0 0<br />

el moıs · de jvle phrase C5 0 1 1 1 0 1<br />

FAB FRE<br />

1 4 57.14<br />

0 3 42.86<br />

7 100<br />

TAB. 5.2 – Exemples de définition d’individu<br />

1<br />

0<br />

0 1 2 3 4<br />

TAB. 5.3 – Exemple de tri à p<strong>la</strong>t<br />

5.0.2.4 Définition complète de l’exemple<br />

Les différentes variables <strong>et</strong> modalités choisies pourraient décrire 8×11×3×2 5 = 8448<br />

types d’individus théoriques. L’individu est réduit à une ligne de cellules contenant<br />

chacune <strong>la</strong> modalité sélectionnée d’une des sept variables (table 5.1). En analysant<br />

tous les constituants immédiats de <strong>la</strong> phrase citée comme exemple (n=6), on obtient<br />

<strong>la</strong> liste de <strong>la</strong> table 5.2. 5 Le dépouillement de l’ensemble de l’échantillon produit donc<br />

90752 lignes de ce type. 6 D’un point de vue méthodologique, ces quelques variables<br />

aux modalités abstraites vont nous aider à construire un environnement de référence<br />

certes très général, mais non dépourvu d’intérêt.<br />

5.1 Tris à p<strong>la</strong>t<br />

La première étape de l’analyse consiste à examiner chaque variable indépendamment<br />

<strong>et</strong> à vérifier <strong>la</strong> distribution de ses modalités. On reprend, pour chacune de ces dernières,<br />

sa fréquence absolue (FAB, nombre d’individus possédant <strong>la</strong> modalité) <strong>et</strong> sa<br />

fréquence re<strong>la</strong>tive (FRE, proportion d’individus possédant <strong>la</strong> modalité); pour le p<strong>et</strong>it<br />

extrait qui nous sert d’exemple, les fréquences des deux modalités de PPD figurent<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 5.3 (<strong>la</strong> dernière ligne, en italiques, comporte les totaux). Quatre constituants<br />

sont marqués à l’initiale <strong>et</strong> trois ne le sont pas, ce qui représente respectivement<br />

57.14% <strong>et</strong> 42.86% de l’effectif de l’échantillon – à <strong>la</strong> valeur duquel correspond le total<br />

5 Concernant l’encodage de l’analyse du prédicat, voir le paragraphe Problèmes de <strong>la</strong> section<br />

Analyses syntaxiques des annexes.<br />

6 Voir annexe 5.0.1.all.txt.<br />

170


FAB FRE<br />

synt-arg 31437 34.64<br />

synt 28582 31.49<br />

phrase 11085 12.21<br />

pers 8392 9.25<br />

pers-arg 5343 5.89<br />

¬pers 3052 3.36<br />

¬pers-arg 2385 2.63<br />

¬phrase 476 0.52<br />

90752 99.99<br />

synt−arg<br />

synt<br />

phrase<br />

pers<br />

pers−arg<br />

¬pers<br />

¬pers−arg<br />

¬phrase<br />

0 5000 10000 15000 20000 25000 30000<br />

TAB. 5.4 – Tri à p<strong>la</strong>t de MI<br />

de <strong>la</strong> première colonne. Normalement, le total de <strong>la</strong> seconde colonne est toujours 100,<br />

mais il arrive que <strong>la</strong> valeur varie légèrement, en raison des arrondis.<br />

L’examen des tris à p<strong>la</strong>t ne nous informe pas sur <strong>la</strong> structure des re<strong>la</strong>tions entre<br />

les différentes variables, mais nous montre, d’une part, si certains effectifs ne sont<br />

pas trop réduits <strong>et</strong> risqueraient de biaiser les dépouillements 7 <strong>et</strong>, d’autre part, d’attirer<br />

notre attention sur des phénomènes périphériques ou singuliers.<br />

Nous allons examiner successivement les tris à p<strong>la</strong>ts des variables non <strong>ponctuation</strong>nelles<br />

(→5.1.1 <strong>et</strong>→5.1.2), puis ceux de PPD <strong>et</strong> PPF (→5.1.3).<br />

5.1.1 Variables morphosyntaxiques<br />

Il n’est pas envisageable d’aborder en détails ce que nous apprennent les tris à p<strong>la</strong>t<br />

de ces variables: l’étude statistique du système morphosyntaxique dépasse le cadre de<br />

notre étude. Cependant, les phénomènes les plus prégnants que l’on pourra m<strong>et</strong>tre à<br />

jour <strong>dans</strong> les lignes qui suivent sont susceptibles d’interférer de manière plus ou moins<br />

importante avec <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>; nous devrons donc nous en souvenir quand nous nous<br />

engagerons <strong>dans</strong> l’étude des re<strong>la</strong>tions.<br />

La lecture des tableaux est facilitée par <strong>la</strong> consultation simultanée des histogrammes<br />

représentant les distributions.<br />

5.1.1.1 Variable MI<br />

Le tri à p<strong>la</strong>t de MI nous montre que les modalités MI.synt <strong>et</strong> MI.synt-arg sont surreprésentées<br />

(table 5.4). Par contre, <strong>la</strong> modalité MI.¬phrase concerne une quantité<br />

infime des constituants. Sa prise en considération pourrait compliquer inutilement les<br />

données.<br />

5.1.1.2 Variable MF<br />

Les fonctions sont logiquement en accord avec ce premier tri (table 5.5). L’abondance<br />

re<strong>la</strong>tive de constituants de fonction Ap était en eff<strong>et</strong> prévisible: elle découle directe-<br />

7<br />

Si nous avions traité des variables continues, l’examen des tris à p<strong>la</strong>t aurait dû être accompagné<br />

d’une analyse exploratoire univariée (évaluation de <strong>la</strong> forme de <strong>la</strong> distribution <strong>et</strong> de<br />

ses paramètres), qui aurait permis d’analyser <strong>la</strong> manière dont les données sont distribuées<br />

(Howell 1998, ch. 2).<br />

171


FAB FRE<br />

Ap 42062 46.35<br />

Rl 11944 13.16<br />

P0 8106 8.93<br />

C5 6648 7.33<br />

Dt 6138 6.76<br />

S1 4697 5.18<br />

R2 3805 4.19<br />

Co 3345 3.69<br />

A4 1769 1.95<br />

C6 1157 1.27<br />

R3 1081 1.19<br />

90752 100<br />

FAB FRE<br />

0 85677 94.41<br />

pers 2640 2.91<br />

¬pers 2435 2.68<br />

90752 100<br />

Ap<br />

Rl<br />

P0<br />

C5<br />

Dt<br />

S1<br />

R2<br />

Co<br />

A4<br />

C6<br />

R3<br />

0 10000 20000 30000 40000<br />

TAB. 5.5 – Tri à p<strong>la</strong>t de MF<br />

0<br />

pers<br />

¬pers<br />

0 20000 40000 60000 80000<br />

TAB. 5.6 – Tri à p<strong>la</strong>t de MN<br />

ment de <strong>la</strong> grande quantité de MI.synt <strong>et</strong> de MI.synt-arg que le tri à p<strong>la</strong>t précédent<br />

nous a <strong>la</strong>issé voir. C<strong>et</strong>te profusion soulève deux problèmes.<br />

Premièrement, l’étiqu<strong>et</strong>te apposition est peu raffinée. Elle correspond à des unités<br />

dont on perçoit intuitivement <strong>la</strong> différence de statut, mais que notre modèle morphosyntaxique<br />

ne distingue pas (→3.4.6.1), parce que les caractéristiques qui servent à les<br />

discerner relèvent d’un autre point de vue ou d’une autre approche de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Par<br />

exemple, <strong>dans</strong>:<br />

«celi ki ces ıııı muıs tenrat en hyr<strong>et</strong>age» (Document 1271–12–09, 8).<br />

les mots ces, ıııı <strong>et</strong> muıs sont tous trois considérés comme des appositions, mais nous<br />

savons que le second est un chiffre romain; il est possible que ce statut ait une influence<br />

plus ou moins importante sur ses interactions avec le système de <strong>ponctuation</strong>.<br />

Par ailleurs, le tri mêle les fonctions apparaissant en <strong>syntaxe</strong> immédiate à celles<br />

que l’on rencontre en <strong>syntaxe</strong> argumentale.<br />

5.1.1.3 Variable MN<br />

Le tri à p<strong>la</strong>t effectué sur <strong>la</strong> nature des constituants est celui de <strong>la</strong> table 5.6. La grande<br />

majorité des constituants ne sont pas de nature propositionnelle. Il faudra considérer<br />

les modalités MN.pers <strong>et</strong> MN.¬pers comme distinctives.<br />

5.1.1.4 Variable MR<br />

Le tri à p<strong>la</strong>t des modalités de MR est dichotomique, puisqu’il n’y a que deux valeurs<br />

possibles (table 5.7). Ce<strong>la</strong> nous montre que <strong>la</strong> présence d’un re<strong>la</strong>teur est un phéno-<br />

172


FAB FRE<br />

0 77794 85.72<br />

1 12958 14.28<br />

90752 100<br />

FAB FRE<br />

0 62372 68.73<br />

1 28380 31.27<br />

90752 100<br />

FAB FRE<br />

0 62372 68.73<br />

1 28380 31.27<br />

90752 100<br />

0<br />

1<br />

0<br />

1<br />

0<br />

1<br />

0 20000 40000 60000<br />

TAB. 5.7 – Tri à p<strong>la</strong>t de MR<br />

0 10000 20000 30000 40000 50000 60000<br />

TAB. 5.8 – Tri à p<strong>la</strong>t de LID<br />

0 10000 20000 30000 40000 50000 60000<br />

TAB. 5.9 – Tri à p<strong>la</strong>t de LIF<br />

mène qui est n<strong>et</strong>tement moins fréquent que son absence, mais l’est plus que <strong>la</strong> nature<br />

propositionnelle.<br />

5.1.1.5 Synthèse des variables morphosyntaxiques<br />

Mê<strong>la</strong>nt les observations de tous ces tris, on s’attend à rencontrer fréquemment des<br />

appositions, des constituants non propositionnels <strong>et</strong> des constituants non re<strong>la</strong>tés. On<br />

extrapole ainsi que <strong>la</strong> plupart des constituants vérifieront simultanément ces trois modalités.<br />

C<strong>et</strong>te distribution des données est directement liée à leur formalisation. Les variables<br />

MN.0 <strong>et</strong> MR.0 correspondent en eff<strong>et</strong> aux mots pris individuellement. Malgré<br />

son caractère artificiel, c<strong>et</strong>te description est épistémologiquement justifiée par l’acceptation<br />

des principes de l’analyse en constituants immédiats.<br />

5.1.2 Variables positionnelles<br />

On peut faire pour les variables qui décrivent <strong>la</strong> localisation des constituants <strong>la</strong> même<br />

remarque générale que pour les variables morphosyntaxiques: elles ne nous intéressent<br />

pas directement, mais il faudra, le cas échéant, tenir compte de toute variation excessive.<br />

D’autre part, à l’instar de <strong>la</strong> variable MR, les modalités positionnelles sont<br />

dichotomiques.<br />

Pour commencer, notons que l’inégalité entre le nombre de constituants initiaux<br />

<strong>et</strong> le nombre de constituants finaux est due à l’élimination des constituants dont <strong>la</strong><br />

réalisation matérielle a été endommagée (échancrures, taches). 8 Les proportions de<br />

LID correspondent à celles de LIF (tables 5.8 <strong>et</strong> 5.9). Malgré <strong>la</strong> plus grande fréquence<br />

8 Voir <strong>la</strong> section Transcriptions des annexes.<br />

173


FAB FRE<br />

0 81655 89.98<br />

1 9097 10.02<br />

90752 100<br />

FAB FRE<br />

0 73986 81.53<br />

1 16766 18.47<br />

90752 100<br />

0<br />

1<br />

0 20000 40000 60000 80000<br />

TAB. 5.10 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD<br />

0<br />

1<br />

0 10000 20000 30000 40000 50000 60000 70000<br />

TAB. 5.11 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF<br />

des constituants qui ne se trouvent pas aux extrêmes, on voit que <strong>la</strong> différence de<br />

proportion entre les modalités est ici moindre que <strong>dans</strong> les tris précédents.<br />

5.1.3 Ponctuation<br />

Pour commencer, il est essentiel de garder à l’esprit que les individus ne sont pas envisagés<br />

de manière linéaire, mais d’un point de vue hiérarchique: il s’agit de dire s’il y<br />

a un signe au début ou à <strong>la</strong> fin d’un constituant ou s’il n’y en a pas. Ce sont des unités<br />

syntaxiques intégrées à une structure qui nous intéressent <strong>et</strong> non simplement des mots<br />

enchaînés les uns à <strong>la</strong> suite des autres. Les ponctogrammes ne sont pas les individus<br />

<strong>dans</strong> le cadre qui nous occupe. Dès lors, un même ponctogramme peut parfois marquer<br />

les limites de plusieurs constituants imbriqués. Ce phénomène a d’importantes<br />

répercussions que nous expliquerons ci-dessous (→5.1.3.2).<br />

Voyons comment les données sont distribuées avant d’aborder, c<strong>et</strong>te fois de manière<br />

plus détaillée, les problèmes que ces mises à p<strong>la</strong>t rendent déjà indentifiables.<br />

5.1.3.1 Données<br />

Le tri à p<strong>la</strong>t des modalités de PPD est évidemment dichotomique (table 5.10). Les<br />

constituants ne sont généralement pas marqués à l’initiale: on peut donc se dire que le<br />

marquage initial est, d’un point de vue sémiotique, véritablement sail<strong>la</strong>nt.<br />

Les constatations sont assez simi<strong>la</strong>ires pour les modalités de PPF (table 5.11). Le<br />

marquage est un phénomène rare. En comparant les tables, on voit cependant qu’il y a<br />

plus de constituants qui reçoivent une marque finale que de constituants qui reçoivent<br />

une marque initiale.<br />

5.1.3.2 Difficultés<br />

Quelles sont les difficultés que c<strong>et</strong>te différence de proportion m<strong>et</strong> en évidence? La<br />

différence entre les deux types de marquage ne se comprend qu’en prenant en considération<br />

le principe de récursivité syntaxique (→a); <strong>et</strong> une réflexion sur le contraste<br />

entre le non-marquage <strong>et</strong> le marquage mène à distinguer n<strong>et</strong>tement leur fonctionnement<br />

propre (→b).<br />

174


a. Récursivité <strong>et</strong> disproportion entre PPD <strong>et</strong> PPF. Comment se fait-il que les effectifs<br />

de PPD.1 <strong>et</strong> PPF.1 diffèrent, puisque, comme nous l’avons signalé en définissant les<br />

variables, 9 <strong>la</strong> distinction entre les <strong>ponctuation</strong>s finale <strong>et</strong> initiale est un artéfact? Revenons<br />

un instant sur le modèle syntaxique. Nous avons indiqué qu’il perm<strong>et</strong>tait <strong>la</strong><br />

récursivité (→5.0.2.3), option c<strong>la</strong>ssique qui fonde une partie de l’économie du modèle.<br />

Du fait de l’enchâssement, une position <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne graphique située entre<br />

deux caténogrammes peut se trouver simultanément aux bornes d’un grand nombre<br />

de structures imbriquées. Ainsi, <strong>dans</strong><br />

«· <strong>et</strong> <strong>la</strong>uons en tele maníre mís en noſtre papíer · <strong>et</strong> en noſtre regıſtre⊗<strong>et</strong> por que ceſte [15]<br />

choſe soıt plus ferme · noſ auons pendu a ceſt preſent eſcrít nos ſaıas propres en teſmonghage<br />

de / [16] veríte» (Document 1287–10, 14) .<br />

<strong>la</strong> position marquée par le symbole ‹⊗› 10 est à <strong>la</strong> fois à <strong>la</strong> fin d’une phrase <strong>et</strong> de deux<br />

constituants:<br />

1. <strong>et</strong> <strong>la</strong>uons en tele maníre mís en noſtre papíer · <strong>et</strong> en noſtre regıſtre<br />

2. en noſtre regıſtre<br />

3. regıſtre<br />

<strong>et</strong> au début d’un C6 <strong>et</strong>, partant, d’une nouvelle phrase:<br />

4. <strong>et</strong> por que ceſte [15] choſe soıt plus ferme · noſ auons pendu a ceſt preſent eſcrít nos<br />

ſaıas propres en teſmonghage de / [16] veríte<br />

5. <strong>et</strong><br />

À une seule position <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne correspondent cinq positions <strong>dans</strong> <strong>la</strong> hiérarchie<br />

syntaxique – sans compter le problème soulevé par <strong>la</strong> coordination. Il s’agit d’une<br />

conséquence importante de <strong>la</strong> récursivité <strong>dans</strong> le phénomène d’intégration syntaxique.<br />

Dans c<strong>et</strong>te optique, si une <strong>la</strong>ngue a tendance à construire les constituants en p<strong>la</strong>çant<br />

les constituants sélectionnants (→3.4.6.1 b), à <strong>la</strong> suite des constituants sélectionnés,<br />

11 le nombre de constituants à <strong>la</strong> fin desquels les séparations entre caténogrammes<br />

se trouvent est en moyenne supérieur au nombre de constituants au début desquels ils<br />

se situent. Il en découle que si un constituant est suivi d’un ponctogramme, ce n’est<br />

pas nécessairement sur lui que porte le marquage, mais peut-être uniquement sur le<br />

constituant qui le contient ou sur celui qu’il contient.<br />

Par ailleurs, nous avons vu précédemment que C<strong>la</strong>ude Tournier, par<strong>la</strong>nt de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

moderne, a mis en évidence l’existence de lois d’absorption régissant <strong>la</strong> manière<br />

dont les ponctogrammes se combinent ou refusent <strong>la</strong> combinaison, en privilégiant<br />

souvent l’apparition d’un seul signe à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de plusieurs signes qui auraient<br />

pu se trouver concaténés. 12 Ainsi, en français moderne, le point final de phrase «absorbe»<br />

le point final abréviatif.<br />

9 Voir les variables choisies pour décrire <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> sous→5.0.2.3.<br />

10 Il y a un ‹·› à c<strong>et</strong> endroit. Nous l’avons r<strong>et</strong>iré pour simplifier <strong>la</strong> présentation.<br />

11 Comme ce<strong>la</strong> paraît être le cas en ancien français, ce que nous pourrions vérifier numériquement<br />

à l’aide des informations encodées <strong>dans</strong> le corpus.<br />

12 Voir notre réflexion générale sur <strong>la</strong> recherche d’une valeur pour les signes (→2.3.2).<br />

175


Il n’y a aucune raison a priori pour que ce type de loi n’existe pas <strong>dans</strong> nos documents.<br />

Toutefois, <strong>dans</strong> un système ancien dont nous ne maîtrisons plus toute <strong>la</strong> finesse,<br />

il est bien ma<strong>la</strong>isé d’appréhender efficacement les phénomènes d’absorption.<br />

Reprenons l’exemple ci-dessus: il n’est pas raisonnable de déterminer intuitivement<br />

le constituant sur lequel le ponctogramme situé à l’endroit marqué par ‹⊗› porte.<br />

On estimera donc <strong>dans</strong> un premier temps qu’il marque les cinq constituants aux bornes<br />

desquels il se trouve. Mieux vaut éviter de comparer directement PPD <strong>et</strong> PPF <strong>et</strong> étudier<br />

le comportement de chacune de ces variables de manière indépendante.<br />

b. Différence entre marquage <strong>et</strong> non-marquage. Comparons ce comportement à celui<br />

d’une absence de ponctogramme (à l’endroit marqué par ‹⊗› ci-dessous):<br />

«<strong>et</strong> por que ceſte [15] choſe soıt plus ferme · noſ auons pendu a ceſt preſent eſcrít⊗nos ſaıas<br />

propres en teſmonghage de / [16] veríte» (Document 1287–10, 14).<br />

Dans ce cas, il est absolument c<strong>la</strong>ir que le non-marquage porte simultanément sur<br />

chacun des constituants aux limites desquels on le rencontre. La différence entre le<br />

marquage <strong>et</strong> le non-marquage est ainsi fondamentale, tout au moins d’un point de<br />

vue théorique. Considérer que <strong>la</strong> présence <strong>et</strong> l’absence de <strong>ponctuation</strong> fonctionnent de<br />

manière équivalente reviendrait à surestimer <strong>la</strong> quantité de marques présentes.<br />

Néanmoins, du point de vue du récepteur, il y a, somme toute, peu de différence<br />

entre les deux possibilités. Si l’on examine les associations entre <strong>la</strong> présence d’un<br />

ponctogramme <strong>et</strong> les structures qui le précèdent ou le suivent, on peut observer que<br />

les associations fortuites sont moins nombreuses que d’autres, plus systématiques.<br />

Ainsi, devant <strong>la</strong> structure<br />

«· <strong>et</strong> <strong>la</strong>uons en tele maníre mís en noſtre papíer · <strong>et</strong> en noſtre regıſtre · <strong>et</strong> por que ceſte [15]<br />

choſe soıt plus ferme · noſ auons pendu a ceſt preſent eſcrít nos ſaıas propres en teſmonghage<br />

de / [16] veríte» (Document 1287–10, 14).<br />

imaginons que l’on interprète le ponctogramme souligné comme marquant globalement<br />

toutes limites des cinq constituants cités ci-dessus. L’emploi de méthodes statistiques,<br />

combiné à l’exploration d’un nombre important de données, montrera qu’un<br />

ponctogramme à c<strong>et</strong>te position est plus susceptible de s’y trouver parce qu’il est à <strong>la</strong><br />

fin d’une phrase <strong>et</strong> au début d’une autre que parce qu’il est à <strong>la</strong> fin d’une apposition<br />

comme registre.<br />

5.2 Tris croisés par variable<br />

Pour évaluer les liens existant entre les modalités de deux variables, il est courant<br />

de procéder à une tabu<strong>la</strong>tion de leurs effectifs. On effectue ainsi ce qu’on appelle un<br />

tri croisé. Ce type de tri est soumis à des tests statistiques spécifiques aux données<br />

qualitatives; ces tests évaluent en quelle mesure les fréquences sont ou non le fruit du<br />

hasard.<br />

Nous commencerons par donner un guide de lecture des tris croisés (→5.2.1).<br />

Ensuite, nous examinerons le croisement de toutes les variables morphosyntaxiques <strong>et</strong><br />

positionnelles avec les variables <strong>ponctuation</strong>nelles (→5.2.2). Nous synthétiserons nos<br />

176


0 1<br />

A4 0 0 0<br />

C5 0 3 3<br />

C6 0 0 0<br />

Co 0 0 0<br />

P0 1 1 2<br />

R2 1 0 1<br />

R3 0 0 0<br />

S1 1 0 1<br />

3 4 7<br />

TAB. 5.12 – Exemple de tableau de contingence<br />

découvertes par une conclusion prudente, qui m<strong>et</strong>tra en lumière les acquis aussi bien<br />

que les défauts de <strong>la</strong> démarche (→5.2.3).<br />

5.2.1 Guide de lecture<br />

C<strong>et</strong>te section commence par une présentation de ce qu’est une table de contingence<br />

(→5.2.1.1), puis aborde les différents procédés statistiques couramment employés<br />

pour tester l’hypothèse nulle sur ces tabu<strong>la</strong>tions (→5.2.1.2 à→5.2.1.5). D’autres procédés<br />

seront expliqués plus loin, au moment où nous en ferons usage pour <strong>la</strong> première<br />

fois.<br />

5.2.1.1 Tableau de contingence<br />

Si nous croisons MF au niveau argumental (huit modalités) <strong>et</strong> PPD (deux modalités),<br />

nous obtenons un tableau à double entrée de seize cases, qui montre combien d’individus<br />

possèdent une modalité de PPD (colonnes) pour chaque modalité de MF (lignes).<br />

Ce genre de tableau est appelé tableau de contingence. Pour le p<strong>et</strong>it exemple ci-dessus,<br />

on obtient <strong>la</strong> table 5.12. 13 Les totaux portés en marge (en italiques) correspondent aux<br />

effectifs des tris à p<strong>la</strong>t pour chaque variable. Le total de l’ensemble du tableau (soit 7,<br />

<strong>dans</strong> le coin inférieur droit) équivaut à l’effectif de l’échantillon étudié. On voit que<br />

trois C5 sont marqués par un ponctogramme initial, qu’un P0 est <strong>dans</strong> le même cas,<br />

<strong>et</strong>c.<br />

Les effectifs de ce premier tableau sont cependant trop faibles pour qu’on puisse<br />

l’exploiter (→5.2.1.2). En dépouil<strong>la</strong>nt tout le corpus (table 5.13, à gauche), nous obtenons<br />

suffisamment de données pour procéder à une analyse statistique <strong>et</strong> évaluer<br />

<strong>la</strong> pertinence de <strong>la</strong> répartition (table 5.13, à droite). La lecture intuitive du tableau<br />

de gauche (ou des fréquences re<strong>la</strong>tives correspondantes) n’est pas recommandée <strong>et</strong> il<br />

serait imprudent d’en tirer quelque conclusion que ce soit.<br />

5.2.1.2 Test duχ 2 («chi-carré»)<br />

Pour interpréter ce genre de tableau, il est courant d’effectuer un test statistique c<strong>la</strong>ssique,<br />

nommé test duχ 2 (voir les résultats <strong>dans</strong> <strong>la</strong> ligne sous les deux tableaux).<br />

13 L’exemple est cité quand nous expliquons comment nous avons réduit les données (→5.0.2).<br />

177


PPD.0 PPD.1<br />

MF.A4 577 85 662<br />

MF.C5 1976 482 2458<br />

MF.C6 354 789 1143<br />

MF.Co 434 171 605<br />

MF.P0 2244 144 2388<br />

MF.R2 1181 287 1468<br />

MF.R3 506 87 593<br />

MF.S1 1259 509 1768<br />

8531 2554 11085<br />

χ 2 = 1883.93, ddl=7, p= 0 ★★★<br />

TAB. 5.13 – Exemple de tri croisé<br />

0 1<br />

A4 509.47 152.53 662<br />

C5 1891.67 566.33 2458<br />

C6 879.65 263.35 1143<br />

Co 465.61 139.39 605<br />

P0 1837.8 550.2 2388<br />

R2 1129.77 338.23 1468<br />

R3 456.37 136.63 593<br />

S1 1360.65 407.35 1768<br />

8530.99 2554.01 11085<br />

PPD.0 PPD.1<br />

8.95 ✩★★ −29.89 ★★★<br />

3.76 ✩✩✩ −12.56 ★★★<br />

−314.11 ★★★ 1049.21 ★★★<br />

−2.15 ✩✩✩ 7.17 ✩★★<br />

89.78 ★★★ −299.89 ★★★<br />

2.32 ✩✩✩ −7.76 ✩★★<br />

5.4 ✩✩★ −18.03 ★★★<br />

−7.59 ✩★★ 25.37 ★★★<br />

TAB. 5.14 – Exemple de tri croisé: valeurs attendues<br />

a. Fonctionnement. Pour ce test, on calcule un coefficient mesurant l’écart qui existe<br />

entre ce tableau <strong>et</strong> <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion qu’il aurait présentée si les cases avaient été remplies<br />

aléatoirement, mais en conservant les mêmes totaux marginaux (situation H0). Si <strong>la</strong><br />

situation était due au hasard, chacune des cases aurait eu comme valeur le produit des<br />

marges correspondantes divisé par le total du tableau (Howell 1998, 165–166), soit<br />

<strong>la</strong> table 5.14. On résume l’écart que <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion manifeste par rapport à H0 sous <strong>la</strong><br />

forme d’un coefficient nomméχ 2 . Plus ce coefficient est élevé, 14 plus il est vraisemb<strong>la</strong>ble<br />

que le tableau de contingence ne soit pas dû au hasard, mais à un lien existant<br />

entre les variables. Il faut donc rej<strong>et</strong>er H0 au profit de H1. Ce qui signifie, <strong>dans</strong> le cas<br />

d’une table de contingence, que <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion des données n’est pas aléatoire. On peut<br />

dès lors poser des hypothèses pour expliquer <strong>la</strong> manière dont c<strong>et</strong> écart par rapport à<br />

<strong>la</strong> situation d’indépendance (on parle d’écart à l’indépendance) est structuré. La probabilité<br />

de H0 est calculée sur <strong>la</strong> base d’une distribution également dite duχ 2 , liée au<br />

14 On calcule le coefficientχ 2 suivant <strong>la</strong> formule<br />

χ 2 (o−e) 2<br />

=<br />

e<br />

(5.1)<br />

qui se lit: «Leχ 2 est égal à <strong>la</strong> somme des carrés des écarts à H0 divisés par <strong>la</strong> valeur attendue<br />

si H0 était vraie.» Voir Muller 1973, 116–127 pour un exposé adapté à un public de linguistes;<br />

voir Howell 1998, ch. 6 pour les détails. Le calcul est modifié par un coefficient (correction de<br />

continuité de Yates, cf. Howell 1998, 167–168) <strong>dans</strong> le cas de tables croisant 2×2 modalités.<br />

La fonction R effectuant le test est chisq.test(), qui évalue <strong>la</strong> probabilité correspondant au<br />

coefficient obtenu.<br />

178


nombre de degrés de liberté. 15 (ddl), qui correspond au produit du nombre de modalités<br />

diminué de un de chacune des deux variables, en l’occurrence, (7−1)×(2−1)=6.<br />

C<strong>et</strong>te probabilité est ici voisine de zéro; elle est inférieure à 0.001.<br />

On voit <strong>dans</strong> le tableau 5.13 ci-dessus que le coefficientχ 2 est très élevé; donc,<br />

<strong>la</strong> probabilité que H0 soit vérifiée est proche de zéro. La venti<strong>la</strong>tion du tableau n’est<br />

donc certainement pas aléatoire. Le nombre d’étoiles pleines correspond à un seuil<br />

α de rej<strong>et</strong> de H0: ★★★ équivaut à p


par de nombreuses variables correspondant aux constituants aux extrêmes desquels<br />

ils se trouvent. Pareille description mènerait obligatoirement à assigner un nombre de<br />

variables considérable à chaque individu – on rencontrerait les problèmes décrits sous<br />

→4.2.3.<br />

5.2.1.3 Rapport de chances<br />

Si nous effectuons une tabu<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> variable MR <strong>et</strong> <strong>la</strong> variable PPD au niveau de<br />

<strong>la</strong> phrase, nous obtenons une table carrée de quatre cases (table 2×2). Pour compléter<br />

l’analyse d’une telle table, il est utile de calculer une statistique nommée rapports de<br />

chances (notéeθci-dessous). 20 Les rapports de chances ne sont pas influencés par<br />

l’inégalité des totaux marginaux (p. ex., le fait que le total de <strong>la</strong> première ligne ne soit<br />

pas le même que celui de <strong>la</strong> seconde) <strong>et</strong> montrent quel est le degré de liaison d’une<br />

variable par rapport à une autre. 21 La tabu<strong>la</strong>tion de MR avec PPD donne le premier<br />

exemple de calcul du rapport de chances (→5.2.2.4).<br />

En situation de H0, ce rapport vaut exactement 1. Plus le nombre s’écarte de<br />

l’unité, plus l’écart par rapport à l’indépendance est important – néanmoins, les rapports<br />

de chances sont purement descriptifs <strong>et</strong> ne perm<strong>et</strong>tent pas de faire des inférences.<br />

Pour les tables 2×2 qui suivront <strong>dans</strong> ce travail, nous avons reporté leθcorrespondant<br />

aux attractions en-dessous du tableau de décomposition des contributions (→5.2.1.4).<br />

À ce stade, il est important de comprendre que <strong>la</strong> significativité du test <strong>et</strong> le rapport de<br />

chances sont deux mesures différentes. Il se pourrait qu’unθpeu élevé soit significatif,<br />

ce<strong>la</strong> voudrait dire qu’il est pertinent de relever le contraste étudié, bien qu’il soit<br />

difficilement perceptible intuitivement. La situation inverse est tout aussi possible.<br />

5.2.1.4 Structure de l’écart<br />

Le coefficientχ 2 pose une appréciation globale sur l’écart à H0: soit <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion est<br />

due au hasard, soit elle ne l’est pas. Il est parfois utile d’évaluer <strong>dans</strong> quelle mesure<br />

chaque cellule du tableau s’écarte de H0. Pour ce faire, nous avons choisi d’employer<br />

trois indicateurs distincts, reportés synthétiquement <strong>dans</strong> le sous-tableau de droite du<br />

tableau 5.13. Premièrement, le sens de l’écart est indiqué par un signe moins s’il est<br />

négatif (effectif moindre que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> situation H0) <strong>et</strong> par aucun signe s’il est positif.<br />

20 Il est tout à fait possible de calculer les rapports de chances pour des tables plus grandes<br />

(Agresti 2002, 55–56), mais leur interprétation devient très compliquée.<br />

21 Pour une table<br />

B.1 B.2<br />

A.1 a b m<br />

A.2 c d n<br />

r s N<br />

<strong>la</strong> formule du rapport de chances de <strong>la</strong> case contenant l’effectif a (θ1,1) est donnée par Agresti<br />

(2002, 45):<br />

θ1,1= ad 1<br />

=θ2,2= =<br />

bc θ1,2<br />

1<br />

(5.2)<br />

θ2,1<br />

180


Le nombre correspond à <strong>la</strong> part duχ 2 due à <strong>la</strong> valeur de <strong>la</strong> case correspondante <strong>dans</strong> le<br />

tableau de contingence (on parle de contribution auχ 2 ). Nous avons en outre calculé p<br />

en considérant leχ 2 pour chaque cellule du tableau avec ddl=1 (comme s’il s’agissait<br />

d’un tableau de deux lignes <strong>et</strong> de deux colonnes).<br />

Grâce à c<strong>et</strong>te décomposition de l’écart, on se fait aisément une idée de l’individualité<br />

des liens. Pour le tableau 5.13, on voit que les fonctions C6, Co <strong>et</strong> S1 sont<br />

liées positivement (attraction) au marquage, alors que les autres fonctions sont liées<br />

négativement (répulsion ou opposition). L’essentiel de l’information contenue <strong>dans</strong> le<br />

tableau est apporté par <strong>la</strong> ligne impliquant C6 <strong>et</strong> <strong>la</strong> présence d’un ponctogramme est<br />

plus discriminante que son absence (les contributions de <strong>la</strong> colonne de droite sont plus<br />

élevées que celles de <strong>la</strong> colonne de gauche).<br />

5.2.1.5 Test exact de Fisher<br />

Dans le cas où les conditions numériques d’utilisation duχ 2 ne sont pas rassemblées,<br />

on conseille d’employer le test dit test exact de Fisher. La probabilité de <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion<br />

est calculée sur <strong>la</strong> base de <strong>la</strong> distribution hypergéométrique – qui correspond<br />

empiriquement à un tirage sans remise <strong>dans</strong> une urne. 22<br />

Pour des raisons techniques, 23 il est parfois impossible de calculer une probabilité<br />

exacte pour l’ensemble de <strong>la</strong> table. Dans ce cas, il faut se contenter des données<br />

concernant <strong>la</strong> décomposition de l’écart pour travailler.<br />

Nous verrons des exemples où le test exact de Fisher, alternative auχ 2 , a dû être<br />

employé.<br />

5.2.2 Examen des tris croisés<br />

Puisque, comme on vient de le voir, <strong>la</strong> distinction entre PPF <strong>et</strong> PPD est articifielle,<br />

il s’agit d’étudier ici <strong>la</strong> manière dont les constituants sont marqués sous deux angles<br />

différents. Nous ferons donc en parallèle deux études distinctes de <strong>la</strong> répartition de <strong>la</strong><br />

même <strong>ponctuation</strong>. Nous essayerons de synthétiser ensuite les deux séries de résultats<br />

(→5.2.3).<br />

Pour éviter les interférences avec les phénomènes esthétiques de marquage du<br />

22 Soit <strong>la</strong> table:<br />

B.1 B.2<br />

A.1 a b m<br />

A.2 c d n<br />

r s N<br />

La formule de <strong>la</strong> probabilité de H0 est donnée par<br />

m!n!r!s!<br />

a!b!c!d!N!<br />

Cf. Upton/Cook 2006, 160–161. Le test est effectué par <strong>la</strong> fonction R fisher.test().<br />

23 Dans R, l’algorithme par défaut du test consomme beaucoup de ressources si certains effec-<br />

tifs sont élevés.<br />

181<br />

(5.3)


PPD.0 PPD.1<br />

MI.pers 8018 374 8392<br />

MI.pers-arg 4714 629 5343<br />

MI.¬pers 2997 55 3052<br />

MI.¬pers-arg 2198 187 2385<br />

MI.phrase 8473 2540 11013<br />

MI.¬phrase 256 149 405<br />

MI.synt 26886 1690 28576<br />

MI.synt-arg 27866 3430 31296<br />

81408 9054 90462<br />

χ 2 = 3516.13, ddl=7, p= 0 ★★★<br />

TAB. 5.15 – Tri croisé MI×PPD<br />

PPF.0 PPF.1<br />

MI.pers 7002 1385 8387<br />

MI.pers-arg 4281 1062 5343<br />

MI.¬pers 2594 450 3044<br />

MI.¬pers-arg 1861 523 2384<br />

MI.phrase 8466 2504 10970<br />

MI.¬phrase 264 206 470<br />

MI.synt 23611 4855 28466<br />

MI.synt-arg 25749 5594 31343<br />

73828 16579 90407<br />

χ 2 = 461.19, ddl=7, p= 1.75e−95 ★★★<br />

TAB. 5.16 – Tri croisé MI×PPF<br />

PPD.0 PPD.1<br />

28.75 ★★★ −258.46 ★★★<br />

−1.85 ✩✩✩ 16.61 ★★★<br />

22.84 ★★★ −205.37 ★★★<br />

1.25 ✩✩✩ −11.2 ✩★★<br />

−208.57 ★★★ 1875.37 ★★★<br />

−32.28 ★★★ 290.24 ★★★<br />

53.24 ★★★ −478.68 ★★★<br />

−3.15 ✩✩✩ 28.29 ★★★<br />

PPF.0 PPF.1<br />

3.42 ✩✩✩ −15.22 ★★★<br />

−1.55 ✩✩✩ 6.89 ✩★★<br />

4.71 ✩✩★ −20.98 ★★★<br />

−3.78 ✩✩✩ 16.85 ★★★<br />

−27.05 ★★★ 120.48 ★★★<br />

−37.4 ★★★ 166.55 ★★★<br />

5.74 ✩✩★ −25.54 ★★★<br />

0.92 ✩✩✩ −4.11 ✩✩★<br />

début <strong>et</strong> de <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> charte, nous avons r<strong>et</strong>iré les constituants dont le premier mot<br />

correspondait au premier mot du document des tests concernant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale.<br />

De même, nous avons r<strong>et</strong>iré les individus qui se trouvaient à <strong>la</strong> fin d’une charte pour<br />

les tests concernant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale.<br />

Tabulons donc successivement toutes les variables MI, MF, MN, MR, LID <strong>et</strong> LIF,<br />

d’une part avec PPD, d’autre part avec PPF.<br />

5.2.2.1 Variable MI<br />

Pour les différentes modalités de MI, <strong>la</strong> tabu<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale donne le<br />

résultat du tableau 5.15. Si l’on regarde les contributions, le tri croisé montre très c<strong>la</strong>irement<br />

que ce sont les constituants immédiats des structures ayant le statut d’énoncé<br />

(MI.phrase <strong>et</strong> MI.¬phrase) qui attirent le plus PPD.1. Les constituants des structures<br />

contractant une fonction argumentale (excepté MI.¬pers-arg) suivent également c<strong>et</strong>te<br />

tendance, mais de manière mois n<strong>et</strong>te. En dehors d’un contexte perm<strong>et</strong>tant les re<strong>la</strong>tions<br />

de type argumental, <strong>la</strong> répulsion est très forte.<br />

L’examen des tris croisés impliquant plutôt PPF (table 5.16) montre que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

finale ne suit pas toujours les mêmes tendances qu’avec PPD: avec MI×PPF,<br />

il est déjà c<strong>la</strong>ir que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> n’est pas simi<strong>la</strong>ire de part <strong>et</strong> d’autre des constituants.<br />

Remarquons tout d’abord que leχ 2 de ce tableau est beaucoup plus bas que<br />

celui du tableau qui croisait MI <strong>et</strong> PPD. On constate une attraction pour tout ce qui est<br />

intégré à une structure ayant le statut d’énoncé ou une forme propositionnelle ayant<br />

182


PPD.0 PPD.1<br />

MF.A4 1645 123 1768<br />

MF.Ap 38135 3887 42022<br />

MF.C5 5851 797 6648<br />

MF.C6 356 801 1157<br />

MF.Co 2488 857 3345<br />

MF.Dt 5982 156 6138<br />

MF.P0 7867 238 8105<br />

MF.Rl 10957 879 11836<br />

MF.R2 3341 464 3805<br />

MF.R3 854 121 975<br />

MF.S1 3932 731 4663<br />

81408 9054 90462<br />

χ 2 = 6594.96, ddl=10, p= 0 ★★★<br />

TAB. 5.17 – Tri croisé MF×PPD<br />

PPD.0 PPD.1<br />

1.83 ✩✩✩ −16.45 ★★★<br />

2.69 ✩✩✩ −24.17 ★★★<br />

−2.9 ✩✩✩ 26.04 ★★★<br />

−450.92 ★★★ 4054.41 ★★★<br />

−90.59 ★★★ 814.56 ★★★<br />

38.03 ★★★ −341.94 ★★★<br />

45.05 ★★★ −405.03 ★★★<br />

8.77 ✩★★ −78.85 ★★★<br />

−2.02 ✩✩✩ 18.16 ★★★<br />

−0.62 ✩✩✩ 5.62 ✩✩★<br />

−16.65 ★★★ 149.67 ★★★<br />

une fonction argumentale. Tout comme pour <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale, les constituants<br />

de <strong>la</strong> phrase se caractérisent par l’attraction du marquage, mais leur contribution est<br />

n<strong>et</strong>tement plus faible.<br />

On voit déjà que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale ne se comportent<br />

pas de manière identique en fonction du contexte syntaxique <strong>dans</strong> lequel le constituant<br />

se trouve. Cependant, il est assez évident, vu les contributions énormes pour c<strong>et</strong>te<br />

ligne, que les constituants de <strong>la</strong> phrase ont une tendance au marquage très n<strong>et</strong>te <strong>et</strong><br />

dépassant celles de tous les autres, que ce soit vis-à-vis de PPD ou de PPF.<br />

5.2.2.2 Variable MF<br />

Abordons à présent le comportement de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> par rapport à <strong>la</strong> fonction des<br />

constituants. La venti<strong>la</strong>tion des données <strong>dans</strong> <strong>la</strong> tabu<strong>la</strong>tion de MF <strong>et</strong> PPD donne <strong>la</strong><br />

table 5.17: PPD.1 repousse les fonctions Ap, A4, Dt, P0 <strong>et</strong> Rl, mais attire les autres.<br />

Les répulsions ont une contribution plus forte que les attractions; on remarquera toutefois<br />

que <strong>la</strong> contribution <strong>la</strong> plus élevée est celle de <strong>la</strong> fonction C6, qui attire le ponctogramme<br />

initial.<br />

Il faut cependant re<strong>la</strong>tiviser ces observations. Comme nous l’avons fait remarquer<br />

supra (→5.2.2.2), le tri traite exactement de <strong>la</strong> même manière des unités que nous<br />

avons c<strong>la</strong>irement distinguées d’un point de vue épistémologique.<br />

La venti<strong>la</strong>tion des effectifs selon les variables MF <strong>et</strong> PPF est donnée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table<br />

5.18. Avec les mêmes réserves que celles signalées pour PPD, les fonctions Co, C6,<br />

Rl, P0 <strong>et</strong> S1 repoussent PPF.1. Malgré l’importance de l’effectif Ap <strong>dans</strong> <strong>la</strong> colonne<br />

PPF.1, <strong>la</strong> contribution de <strong>la</strong> ligne correspondant à c<strong>et</strong>te fonction est plus basse que les<br />

autres – tout en restant statistiquement significative. Ce<strong>la</strong> montre que les constituants<br />

de c<strong>et</strong>te fontion ne se <strong>la</strong>issent pas ranger <strong>dans</strong> une catégorie n<strong>et</strong>te.<br />

La divergence entre PPD <strong>et</strong> PPF est encore plus présente <strong>dans</strong> le cas de MF que<br />

<strong>dans</strong> celui de MI. On pourra distinguer (voir <strong>la</strong> synthèse→5.2.3): 1/ les fonctions<br />

rej<strong>et</strong>ant tout marquage; 2/ les fonctions attirant un marquage de part <strong>et</strong> d’autre; 3/<br />

celles qui impliquent un comportement différent à gauche <strong>et</strong> à droite du constituant.<br />

183


PPF.0 PPF.1<br />

MF.A4 1178 590 1768<br />

MF.Ap 34014 7930 41944<br />

MF.C5 4494 2075 6569<br />

MF.C6 1152 5 1157<br />

MF.Co 3291 54 3345<br />

MF.Dt 3654 2388 6042<br />

MF.P0 6963 1097 8060<br />

MF.Rl 11841 103 11944<br />

MF.R2 2423 1379 3802<br />

MF.R3 713 366 1079<br />

MF.S1 4105 592 4697<br />

73828 16579 90407<br />

χ 2 = 7379.78, ddl=10, p= 0 ★★★<br />

TAB. 5.18 – Tri croisé MF×PPF<br />

PPD.0 PPD.1<br />

MN.0 76713 8674 85387<br />

MN.pers 2371 269 2640<br />

MN.¬pers 2324 111 2435<br />

81408 9054 90462<br />

χ 2 = 82.53, ddl=2, p= 1.2e−18 ★★★<br />

TAB. 5.19 – Tri croisé MN×PPD<br />

PPF.0 PPF.1<br />

MN.0 71328 14017 85345<br />

MN.pers 936 1702 2638<br />

MN.¬pers 1564 860 2424<br />

73828 16579 90407<br />

5.2.2.3 Variable MN<br />

χ 2 = 4441.16, ddl=2, p= 0 ★★★<br />

TAB. 5.20 – Tri croisé MN×PPF<br />

PPF.0 PPF.1<br />

−48.93 ★★★ 217.88 ★★★<br />

−1.66 ✩✩✩ 7.38 ✩★★<br />

−141.22 ★★★ 628.85 ★★★<br />

45.43 ★★★ −202.29 ★★★<br />

114.56 ★★★ −510.17 ★★★<br />

−332.07 ★★★ 1478.73 ★★★<br />

22.06 ★★★ −98.24 ★★★<br />

446.69 ★★★ −1989.16 ★★★<br />

−149.71 ★★★ 666.69 ★★★<br />

−32.08 ★★★ 142.86 ★★★<br />

18.91 ★★★ −84.22 ★★★<br />

PPD.0 PPD.1<br />

−0.21 ✩✩✩ 1.92 ✩✩✩<br />

−0.01 ✩✩✩ 0.09 ✩✩✩<br />

8.04 ✩★★ −72.27 ★★★<br />

PPF.0 PPF.1<br />

38.3 ★★★ −170.54 ★★★<br />

−688.92 ★★★ 3067.85 ★★★<br />

−87.21 ★★★ 388.34 ★★★<br />

En ce qui concerne <strong>la</strong> nature, <strong>la</strong> tabu<strong>la</strong>tion avec PPD donne le tri de <strong>la</strong> table 5.19. Les<br />

résultats du test sur c<strong>et</strong>te dernière sont significatifs <strong>et</strong> l’examen des détails indique que<br />

l’élément fort est <strong>la</strong> répulsion que les propositions non personnelles manifestent par<br />

rapport au marquage, où <strong>la</strong> contribution est très forte.<br />

L’examen du tableau de contingence approprié révèle que <strong>la</strong> nature des constituants<br />

est également liée à leur <strong>ponctuation</strong> finale (table 5.20): les propositions s’opposent<br />

aux constituants non propositionnels par une attraction forte, particulièrement<br />

par ce qui est personnel. Contrairement à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale, le marquage final correspond<br />

tout à fait au caractère sail<strong>la</strong>nt de ces structures, dont les tris à p<strong>la</strong>t montraient<br />

<strong>la</strong> rar<strong>et</strong>é re<strong>la</strong>tive.<br />

Le contraste morphosyntaxique entre les constituants «simples» <strong>et</strong> les constituants<br />

propositionnels est donc surtout marqué par <strong>la</strong> présence de <strong>ponctuation</strong> à <strong>la</strong> fin de ces<br />

derniers.<br />

184


5.2.2.4 Variable MR<br />

PPD.0 PPD.1<br />

MR.0 69506 8106 77612<br />

MR.1 11902 948 12850<br />

81408 9054 90462<br />

χ 2 = 114.78, ddl=1, p= 8.77e−27 ★★★<br />

TAB. 5.21 – Tri croisé MR×PPD<br />

PPF.0 PPF.1<br />

MR.0 66867 10695 77562<br />

MR.1 6961 5884 12845<br />

73828 16579 90407<br />

χ 2 = 7542.08, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

TAB. 5.22 – Tri croisé MR×PPF<br />

PPD.0 PPD.1<br />

LID.0 57785 4587 62372<br />

LID.1 23623 4467 28090<br />

81408 9054 90462<br />

χ 2 = 1570.31, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

TAB. 5.23 – Tri croisé LID×PPD<br />

PPD.0 PPD.1<br />

-1.64 14.72<br />

9.89 -88.89<br />

θ 1.46<br />

PPF.0 PPF.1<br />

196.56 -875.32<br />

-1186.91 5285.43<br />

θ 5.28<br />

PPD.0 PPD.1<br />

48.83 -439.07<br />

-108.43 974.93<br />

θ 2.38<br />

La tabu<strong>la</strong>tion de MR <strong>et</strong> PPD mène à <strong>la</strong> création d’un tableau de contingence 2×2, dont<br />

nous calculons le rapport de chances (table 5.21). La très faible probabilité calculée<br />

nous autorise à dire qu’il y a répulsion manifeste entre les constituants re<strong>la</strong>tés <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> initiale. La valeur deθcorrespond au rapport de chances entre les attractions<br />

<strong>et</strong> les répulsions du tableau. Ici, l’attraction est entre MR.1 <strong>et</strong> PPD.0. Il y a, selon<br />

le calcul des rapports de chances, 1.46 fois plus de «chances» derej<strong>et</strong>er le marquage<br />

initial pour les constituants re<strong>la</strong>tés que pour les constituants non re<strong>la</strong>tés. 24<br />

Par rapport à PPF, les constituants re<strong>la</strong>tés manifestent une tendance opposée à celle<br />

qu’ils présentaient pour PPD (table 5.22): les constituants re<strong>la</strong>tés attirent n<strong>et</strong>tement le<br />

marquage final. Ce<strong>la</strong> donne l’impression que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> marque <strong>la</strong> limite de droite<br />

des constituants re<strong>la</strong>tés, alors que le re<strong>la</strong>teur indique <strong>la</strong> limite de gauche. L’utilisation<br />

simultanée d’un procédé syntaxique <strong>et</strong> de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> «encadrerait» le constituant.<br />

5.2.2.5 Variable LID<br />

Les tris croisant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> position des constituants accusent des écarts encore<br />

plus élevés (table 5.23): les constituants se trouvant à l’initiale de <strong>la</strong> structure qui<br />

24 Le rapport de chances inverse correspond naturellement à l’inverse du rapport présenté (il est<br />

donc inférieur à 1). Dans les tableaux qui suivent, nous présenterons toujours le rapport de<br />

chances supérieur à 1, c’est-à-dire celui qui correspond à l’attraction.<br />

185


PPF.0 PPF.1<br />

LID.0 46295 15732 62027<br />

LID.1 27533 847 28380<br />

73828 16579 90407<br />

χ 2 = 6510.04, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

TAB. 5.24 – Tri croisé LID×PPF<br />

PPD.0 PPD.1<br />

LIF.0 54089 7993 62082<br />

LIF.1 27319 1061 28380<br />

81408 9054 90462<br />

χ 2 = 1804.01, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

TAB. 5.25 – Tri croisé LIF×PPD<br />

PPF.0 PPF.1<br />

LIF.0 57783 4589 62372<br />

LIF.1 16045 11990 28035<br />

73828 16579 90407<br />

χ 2 = 16192.49, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

TAB. 5.26 – Tri croisé LIF×PPF<br />

PPF.0 PPF.1<br />

-374.84 1669.22<br />

819.25 -3648.22<br />

θ 11.0<br />

PPD.0 PPD.1<br />

-56.68 509.6<br />

123.98 -1114.77<br />

θ 3.80<br />

PPF.0 PPF.1<br />

920.94 -4101.04<br />

-2048.9 9123.97<br />

θ 9.4<br />

les intègre attirent PPD.1. Les tendances liées à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale sont également<br />

opposées à celles qu’on observait pour PPD (table 5.24), où le rapport de chances est<br />

énorme: <strong>la</strong> position initiale repousse très n<strong>et</strong>tement PPF.1.<br />

5.2.2.6 Variable LIF<br />

Si l’on observe <strong>la</strong> tabu<strong>la</strong>tion entre PPD <strong>et</strong> LIF (table 5.25), on voit que <strong>la</strong> répulsion est<br />

beaucoup plus forte que le lien entre LID <strong>et</strong> PPD. Si l’on considère simultanément les<br />

deux derniers tris, on est amené à penser que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale marque <strong>la</strong> limite<br />

de gauche des constituants. La valeur deθest élevée <strong>dans</strong> les deux cas, ce qui signifie<br />

qu’on aurait toutes les chances de repérer ces contrastes à <strong>la</strong> simple lecture naturelle<br />

des documents.<br />

En reliant c<strong>et</strong>te tendance au fait que les re<strong>la</strong>teurs – qui rej<strong>et</strong>tent PPD – se trouvent<br />

généralement à l’initiale du constituant qu’ils re<strong>la</strong>tent, ce comportement va de pair<br />

avec <strong>la</strong> répulsion existant entre PPD.1 <strong>et</strong> <strong>la</strong> fonction de re<strong>la</strong>teur. On pourrait déjà<br />

avancer comme hypothèse que, puisque <strong>la</strong> position des re<strong>la</strong>teurs marque <strong>la</strong> limite de<br />

gauche des constituants re<strong>la</strong>tés (→3.4.4.2), <strong>la</strong> présence de <strong>ponctuation</strong> à c<strong>et</strong> endroit<br />

paraît redondante.<br />

Et parallèlement (table 5.26), <strong>la</strong> position finale attire PPF.1. La <strong>ponctuation</strong> finale<br />

marque ainsi <strong>la</strong> limite de droite des constituants de manière générale.<br />

186


⊗ [ constituant 1 ] ⊗ [ constituant 2 ] ⊗<br />

FIG. 5.1 – Synthèse après tris croisés généraux: segmentation <strong>et</strong> ponctogrammes<br />

5.2.3 Synthèse <strong>et</strong> critique de <strong>la</strong> démarche<br />

C<strong>et</strong> ensemble de tris nous a permis de remarquer que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> était liée à chacune<br />

des variables sélectionnées pour l’étude. La synthèse ci-dessous perm<strong>et</strong>tra de<br />

s’en rendre compte, tout en nous invitant à réfléchir sur <strong>la</strong> validité des analyses telles<br />

que nous avons pu les mener jusqu’à présent. C<strong>et</strong>te démarche critique nous mènera à<br />

reconsidérer notre approche, de façon à ce qu’elle soit plus respectueuse de <strong>la</strong> réalité<br />

que nous cherchons à décrire.<br />

L’analyse du détail des tris croisés m<strong>et</strong> en lumière que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> est un procédé<br />

qui s’ajoute à ceux fournis par <strong>la</strong> morpho<strong>syntaxe</strong> pour marquer les limites des<br />

constituants 25 (→5.2.3.1). On pourrait également tenter une synthèse des différentes<br />

tendances en essayant de faire voir comment les variables qui ne relèvent pas de <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> se comportent par rapport à celle-ci, mais <strong>la</strong> synthèse obtenue resterait<br />

intuitive (→5.2.3.2). En particulier, une telle analyse ne tiendrait pas compte de <strong>la</strong><br />

multiplicité des tendances, cantonnant chaque modalité <strong>dans</strong> un schéma spécifique.<br />

De plus, elle diffracterait les variables définitoires des individus, de sorte qu’il ne<br />

serait pas possible d’évaluer comment les différentes combinaisons de modalités morphosyntaxiques<br />

<strong>et</strong> positionnelles sont liées à PPD <strong>et</strong> PPF (→5.2.3.3).<br />

5.2.3.1 Ponctuation <strong>et</strong> segmentation en constituants<br />

Au chapitre→3, nous avons vu que l’accord <strong>et</strong> <strong>la</strong> présence de re<strong>la</strong>teurs délimitaient les<br />

constituants (→3.4.4.7). Les tris croisés avec MF, MR, LID <strong>et</strong> LIF indiquent que l’on<br />

peut raisonnablement penser que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> remplit, entre autres, une fonction<br />

simi<strong>la</strong>ire.<br />

Le nombre de ponctogrammes aux bornes des constituants est en eff<strong>et</strong> significativement<br />

supérieur (→5.2.2.5 <strong>et</strong>→5.2.2.6). Ce<strong>la</strong> montre que ce sont principalement<br />

les limites des constituants qui sont marquées <strong>et</strong> que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> a une fonction de<br />

segmentation iso<strong>la</strong>nt les constituants de même niveau les uns des autres. Les scribes<br />

concevaient donc <strong>la</strong> segmentation en unités de manière simi<strong>la</strong>ire à <strong>la</strong> façon dont nous<br />

l’avons modélisée. Soit, schématiquement, <strong>la</strong> figure 5.1. 26<br />

Par ailleurs, ce comportement est tout à fait en accord avec ce que nous avons vu<br />

au suj<strong>et</strong> de MR.1: les constituants re<strong>la</strong>tés repoussent PPD.1 <strong>et</strong> attirent PPF.1. Quant à<br />

MF.Rl, qui est <strong>la</strong> modalité généralement vérifiée pour <strong>la</strong> fonction du premier constituant<br />

d’une structure re<strong>la</strong>tée, il repousse fortement toute <strong>ponctuation</strong> (figure 5.2).<br />

On aurait donc deux manières de délimiter les groupes de mots fonctionnant ensemble.<br />

Certains groupes seraient délimités par un ponctogramme de part <strong>et</strong> d’autre,<br />

25 Voir le rôle des re<strong>la</strong>teurs à c<strong>et</strong> égard:→3.4.4.2.<br />

26 Dans les schémas qui suivent, nous représentons <strong>la</strong> présence d’un ponctogramme quelconque<br />

par ‹⊗› <strong>et</strong> son absence par ‹ø›. Quand les données ne suffisent pas ou que l’écart observé n’est<br />

pas significatif, nous l’indiquons par un point d’interrogation.<br />

187


⊗ [ constituant 1 ] ø [ Rl — ø reste du constituant 2 ] ⊗<br />

FIG. 5.2 – Synthèse après tris croisés généraux: segmentation, re<strong>la</strong>teurs<br />

<strong>et</strong> ponctogrammes<br />

ø [ constituant 1 ] [Rl — reste du constituant 2 ] ⊗ [ constituant 3 ] ø <br />

FIG. 5.3 – Synthèse après tris croisés généraux: interruption<br />

alors que les syntagmes s’ouvrant sur un re<strong>la</strong>teur seraient marqués par un ponctogramme<br />

à <strong>la</strong> finale.<br />

Rappelons qu’il s’agit de tendances statistiques. Elles sont en ce sens re<strong>la</strong>tivement<br />

abstraites par rapport aux données: les signes sont, nous l’avons vu (→5.1.3), assez<br />

rares (en particulier à l’initiale), <strong>et</strong> leur apparition simultanée aux deux extrémités<br />

d’un constituant n’est évidemment pas systématique. En outre, <strong>dans</strong> les faits, ce fonctionnement<br />

est rendu opaque par <strong>la</strong> récursivité des structures syntaxiques. Si <strong>la</strong> chaîne<br />

graphique est linéaire, <strong>la</strong> structure syntaxique ne l’est pas; il arrive fréquemment que<br />

certains constituants non marqués en contiennent d’autres, qui au contraire le sont<br />

(figure 5.3). Par exemple, <strong>dans</strong><br />

«· en cel ıor <strong>et</strong> en cel oíre míemes · lí deuant dıt foímens [14] en rendírent don <strong>et</strong> veſture a<br />

frere johan condıſt pangnon · delle vauz ſaín <strong>la</strong>m [15]ber [. . .]» (Document 1276–02–24, 13).<br />

<strong>la</strong> structure de condıſt pangnon est introduite par un re<strong>la</strong>teur <strong>et</strong> s’achève par un ponctogramme.<br />

Pourtant, elle se trouve à l’intérieur du constituant plus <strong>la</strong>rge a frere johan<br />

condıſt pangnon · delle vauz ſaín <strong>la</strong>mber.<br />

De <strong>la</strong> même manière, quand nous avons étudié les liens entre les modalités de MF<br />

<strong>et</strong> celles de PPF (→5.2.2.2), nous avons vu que PPF.1 <strong>et</strong> MF.Co étaient liés négativement.<br />

C<strong>et</strong>te observation, validée par le test duχ 2 , correspondrait ainsi à un rej<strong>et</strong><br />

du ponctogramme à <strong>la</strong> suite d’un coordonnant. Pourtant, il existe des occurrences de<br />

coordonnants qui sont suivis d’un ponctogramme. Or, le lien entre les deux modalités<br />

va <strong>dans</strong> le sens de <strong>la</strong> répulsion <strong>et</strong> <strong>la</strong> modalité PPF.1 renvoie à <strong>la</strong> présence d’une autre<br />

modalité PPD.1 pour les constituants qui suivent un constituant marqué à <strong>la</strong> finale. Il<br />

serait donc intéressant de considérer que les constituants MF.Co qui vérifient PPF.1 ne<br />

sont pas fonctionnellement marqués, mais que <strong>la</strong> marque qui les suit est causée par le<br />

contexte environnant.<br />

Un lien significatif ne se comprend donc pas comme une implication logique: il<br />

ne s’agit que d’une tendance indiquant une convergence, n’impliquant pas nécessairement<br />

une re<strong>la</strong>tion de causalité.<br />

5.2.3.2 Un panorama trop général<br />

a. Schémas de <strong>ponctuation</strong>. En considérant conjointement l’ensemble des tendances,<br />

on schématise facilement <strong>la</strong> manière dont sont réparties les marques de <strong>ponctuation</strong>.<br />

Il y a quatre cas de figure: 1/ <strong>ponctuation</strong> devant <strong>et</strong> derrière, 2/ seulement devant, 3/<br />

seulement derrière, 4/ aucune <strong>ponctuation</strong>. À chacune de ces possibilités sont asso-<br />

188


⊗ MI.(phrase | ¬phrase | pers-arg) | MF.(R2 | R3 | C5) ⊗<br />

FIG. 5.4 – Synthèse après tris croisés généraux: ponctogramme devant <strong>et</strong><br />

derrière<br />

⊗ MI.synt-arg | MF.(S1 | C6 | Co) | MR.0 | LID.1 | LIF.0 ø<br />

FIG. 5.5 – Synthèse après tris croisés généraux: ponctogramme devant<br />

seulement<br />

ø MI.¬pers-arg | MF.(A4 | Ap | Dt) | MN.¬pers | MR.1 | LID.0 | LIF.1 ⊗<br />

FIG. 5.6 – Synthèse après tris croisés généraux: ponctogramme derrière<br />

seulement<br />

ø MI.(synt | pers | ¬pers) | MF.(P0 | Rl) ø<br />

FIG. 5.7 – Synthèse après tris croisés généraux: aucun ponctogramme<br />

ciées un certain nombre de modalités morphosyntaxiques <strong>et</strong> positionnelles. 27 Le premier<br />

schéma (<strong>ponctuation</strong> devant <strong>et</strong> derrière) est ainsi représenté <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 5.4. On<br />

voit que les modalités des deux variables associées à un marquage de part <strong>et</strong> d’autre<br />

ne sont pas incompatibles.<br />

Le schéma de <strong>ponctuation</strong> uniquement initial est celui de <strong>la</strong> figure 5.5. Ce schéma<br />

est à <strong>la</strong> fois trivial <strong>et</strong> étonnant. Suivant notre connaissance de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue étudiée, il est<br />

normal de r<strong>et</strong>rouver associées les modalités de MF <strong>et</strong> de MR qu’on voit ici (les C6 <strong>et</strong><br />

les coordonnants ne sont jamais re<strong>la</strong>tés; les suj<strong>et</strong>s ne le sont que très rarement. 28 De<br />

même, C6 <strong>et</strong> S1 sont souvent en position initiale <strong>et</strong> Co n’est jamais en position finale.<br />

Par contre, il n’est pas possible de rencontrer S1 ou C6 <strong>dans</strong> un intégrant non propositionnel.<br />

De même, il nous semble que Co n’est quasiment jamais initial. L’association<br />

de <strong>la</strong> modalité MI.synt-arg est donc problématique.<br />

Si <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> n’est que finale, le schéma est celui de <strong>la</strong> figure 5.6. Les modalités<br />

ne sont pas incompatibles.<br />

Dans les cas où <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> est généralement absente de part <strong>et</strong> d’autre, comme<br />

ceux de <strong>la</strong> figure 5.7, P0 n’est jamais en contexte immédiat – puisqu’il définit les<br />

structures propositionnelles. 29<br />

Enfin, deux autres schémas partiels ont été mis à jour (figure 5.8).<br />

b. Limitations. Il faut toutefois faire preuve d’une grande vigi<strong>la</strong>nce car une telle synthèse<br />

est imprécise <strong>et</strong> donc dangereuse.<br />

Tout d’abord, pour se faire une idée de <strong>la</strong> manière dont les attractions sont échelonnées,<br />

on devrait décomposer progressivement chaque tableau en faisant desχ 2 suc-<br />

27 Dans les schémas ci-dessous, <strong>la</strong> barre verticale signifie ‘ou’. Grouper entre parenthèses plusieurs<br />

modalités séparées par des barres verticales nous perm<strong>et</strong> d’isoler une alternative:<br />

MI.(phrase | synt) signifie ‘MI.phrase ou MI.synt’.<br />

28 Généralement <strong>dans</strong> le cadre de <strong>la</strong> tournure _c’est a savoir. . ._<br />

les suj<strong>et</strong>s propositionnels (→3.4.4.5).<br />

29 Voir→3.4.2 sur <strong>la</strong> définition du terme proposition.<br />

ou _conute chose soit. . ._ , voir<br />

189


? MN.pers ⊗<br />

? [ MN.0 ] ø<br />

FIG. 5.8 – Synthèse après tris croisés généraux: cas intermédiaires<br />

cessifs (voir→6.1.1 pour un exemple). En eff<strong>et</strong>, face au tableau croisant MN <strong>et</strong> PPF,<br />

par exemple, nous avons vu que <strong>la</strong> décomposition de l’écart <strong>la</strong>issait des cases dont<br />

<strong>la</strong> contribution isolée n’était pas pertinente. Mais qu’en est-il de <strong>la</strong> comparaison des<br />

cases entre elles? Le nombre de tests à effectuer deviendrait très rapidement trop important<br />

pour être gérable <strong>et</strong> pour perm<strong>et</strong>tre une interprétation aisée.<br />

Par ailleurs, <strong>la</strong> synthèse a été construite sur <strong>la</strong> base de dépouillements qui négligent<br />

toute re<strong>la</strong>tion entre PPD <strong>et</strong> PPF. On vérifie ainsi que MF.Co attire PPD.1, mais y a-t-il<br />

une différence entre les MF.Co en fonction de leur <strong>ponctuation</strong> initiale?<br />

5.2.3.3 Atomisation des individus<br />

Revenons à présent aux problèmes de compatibilité des modalités des différentes variables:<br />

deux modalités se rapprochent d’une forme de marquage soit parce qu’elles<br />

se ressemblent par rapport au marquage (c’est le cas des différentes modalités d’une<br />

même variable), soit parce qu’elles s’attirent. Malheureusement, tels qu’ils ont été<br />

menés, les tris croisés ci-dessus ne <strong>la</strong>issent pas quantifier les re<strong>la</strong>tions entre les modalités<br />

non <strong>ponctuation</strong>nelles. Par exemple, nous savons par expérience qu’un grand<br />

nombre de R2 sont de nature propositionnelle (mode personnel). Or, autant MF.R2<br />

que MN.pers attirent PPF.1. Comment pourrait-on dire si <strong>la</strong> présence d’un signe à <strong>la</strong><br />

finale est plus liée à l’une ou à l’autre de ces modalités morphosyntaxiques?<br />

C<strong>et</strong> ensemble d’observations ne nous informe que sur <strong>la</strong> manière dont les variables<br />

se comportent lorqu’elles sont comparées deux à deux. Il s’agit d’un guide précieux,<br />

mais qui gagnerait à être enrichi par une vue plus globale, comparant systématiquement<br />

les re<strong>la</strong>tions entr<strong>et</strong>enues par toutes les variables.<br />

Enfin, si les tris croisés nous ont montré les liens entre MF.R2 <strong>et</strong> PPF.1, MR.0<br />

<strong>et</strong> PPF.0, ces liens négligent une dimension importante des données: les différentes<br />

modalités d’une même variable ont beau être mutuellement exclusives, il est évident<br />

que les constituants combinent des modalités morphosyntaxiques <strong>et</strong> positionnelles qui<br />

sont liées de manière parfois antagonistes à PPF. Ainsi, MF.R2 <strong>et</strong> MR.0 ne sont pas<br />

incompatibles, comme en témoigne<br />

«· <strong>et</strong> par che ke che ſoıt plus ferme choıſe <strong>et</strong> eſtable / mes ſıres renírs [. . .] at pendut ſon ſaıal<br />

a˘ ˘<br />

ceſ pre/[20]ſenſ l<strong>et</strong>treſ en teſmoıngnage de˘ ˘<br />

veríteıt» (Document 1274–02–24, 18).<br />

La construction ſon ſaıal assumant <strong>la</strong> fonction R2 est loin d’être exceptionnelle. De<br />

même, il se pourrait que les constituants vérifiant MR.1 soient marqués simplement<br />

parce qu’ils sont souvent en position LIF.1.<br />

Cependant, ce n’est pas <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre les variables morphosyntaxiques qui nous<br />

intéresse, mais <strong>la</strong> manière dont ces dernières interfèrent avec <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>. Dès lors,<br />

que faire de ces informations si les individus traités sont trop complexes pour en déduire<br />

une description va<strong>la</strong>ble? Il s’agit donc de trouver un moyen de traiter des re<strong>la</strong>tions<br />

entre plus de deux variables. Nous avons essayé de faire en sorte que plusieurs<br />

190


tris croisés successifs éc<strong>la</strong>ircissent le terrain, ce que nous exposons <strong>dans</strong> <strong>la</strong> section<br />

suivante.<br />

5.3 Tris croisés sur une variable de synthèse<br />

Nous expliquerons tout d’abord comment nous avons mis en p<strong>la</strong>ce une nouvelle série<br />

de tris croisés effectués sur une variable synthétisant toutes les autres variables<br />

morphosyntaxiques <strong>et</strong> positionnelles (→5.3.1) avant de les étudier en détail (→5.3.2).<br />

Dans <strong>la</strong> synthèse qui suivra, nous évaluerons <strong>dans</strong> quelle mesure <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> est<br />

régulière en dressant le tableau synoptique des tendances de <strong>ponctuation</strong>s initiale <strong>et</strong><br />

finale, ce qui nous mènera à poser les questions qui orienteront <strong>la</strong> suite de notre travail<br />

(→5.3.3).<br />

Nous avons rej<strong>et</strong>é d’autres techniques appliquables aux données catégorielles,<br />

comme l’analyse factorielle des correspondances, <strong>la</strong> description statistique des c<strong>la</strong>sses<br />

<strong>et</strong> l’analyse log-linéaire. Ce rej<strong>et</strong> est lié au fonctionnement de ces outils, qu’on aurait<br />

bien du mal à présenter en quelques lignes. R<strong>et</strong>enons simplement ceci: l’analyse<br />

factorielle a le défaut d’être trop intuitive <strong>et</strong> ne perm<strong>et</strong> pas d’inférence, 30 <strong>et</strong> <strong>la</strong> description<br />

statistique des c<strong>la</strong>sses complique le traitement des unités peu attestées. Quant<br />

à l’analyse log-linéaire, seule méthode que nous connaissions qui soit capable de tenir<br />

compte de <strong>la</strong> diffraction des modalités, elle impose des contraintes concernant les<br />

effectifs que nous ne pourrions respecter ici. 31<br />

5.3.1 Procédure<br />

Pour éviter l’atomisation, nous avons dû grouper certaines variables morphosyntaxiques<br />

<strong>et</strong> positionnelles en une seule «super-variable» comportant de nombreuses<br />

modalités. La grande table de contingence obtenue en croisant c<strong>et</strong>te nouvelle variable<br />

avec les variables <strong>ponctuation</strong>nelles a ensuite été décomposée en plus p<strong>et</strong>ites tables<br />

exploitables individuellement.<br />

5.3.1.1 Fusion des variables<br />

À l’exception de l’analyse log-linéaire, impraticable avec les données dont nous disposons,<br />

les méthodes multivariées ne résolvent pas efficacement le problème de l’atomisation<br />

des individus.<br />

L’idée qui vient immédiatement à l’esprit est celle d’effectuer des tests non sur<br />

des variables simples, mais sur des combinaisons de plusieurs d’entre elles. On combinerait<br />

les variables r<strong>et</strong>enues en une seule que l’on évaluerait par rapport à sa re<strong>la</strong>tion<br />

au marquage. Nous avons donc regroupé les variables morphosyntaxiques <strong>et</strong> positionnelles<br />

en une seule variable complexe, qui ne diffracte pas l’information apportée par<br />

30 Nous en ferons néanmoins usage <strong>dans</strong> le cadre de l’étude de <strong>la</strong> forme des ponctogrammes<br />

(chapitre→7): <strong>dans</strong> ce cas, le nombre de modalités r<strong>et</strong>enues est suffisamment réduit pour<br />

employer efficacement c<strong>et</strong>te méthode.<br />

31 Cf. Howell 1998, 705–706 qui expose le problème en termes généraux <strong>et</strong> Agresti 2002, 395–<br />

396 qui présente les implications mathématiques de ces faibles effectifs.<br />

191


MI LID LIF MF MN MR MM<br />

phrase 1 0 C5 0 1 1,0,C5,0,1<br />

phrase 0 0 P0 0 0 0,0,P0,0,0<br />

phrase 0 0 P0 0 0 0,0,P0,0,0<br />

phrase 0 0 S1 0 0 0,0,S1,0,0<br />

phrase 0 0 R2 ¬pers 0 0,0,R2,¬pers,0<br />

phrase 0 0 C5 0 0 0,0,C5,0,0<br />

phrase 0 1 C5 0 1 0,1,C5,0,1<br />

TAB. 5.27 – Exemple de définition d’individus, MM en dernière colonne<br />

les individus. Les modalités possibles de c<strong>et</strong>te nouvelle variable (notée MM) correspondent<br />

à toutes les combinaisons possibles entre les modalités des variables simples<br />

LID, LIF, MF, MN <strong>et</strong> MR. Soit, pour l’exemple donné ci-dessus, <strong>la</strong> table 5.27. 32 De<br />

c<strong>et</strong>te manière, chaque individu n’est plus défini que par une seule variable tenant simultanément<br />

compte des variables morphosyntaxiques <strong>et</strong> positionnelles.<br />

Le désavantage de c<strong>et</strong>te manipu<strong>la</strong>tion est que les individus dont <strong>la</strong> définition en<br />

variables est peu représentée ne sont pas exploitables à l’aide d’un simple test de<br />

χ 2 . Dans ces conditions, il y a deux possibilités: les regrouper avec des membres<br />

d’une autre c<strong>la</strong>sse, ou les éliminer des calculs. La première possibilité ne tronque<br />

pas l’échantillon; cependant, elle introduit progressivement un biais incontrô<strong>la</strong>ble au<br />

point de vue de <strong>la</strong> qualité des données, dont <strong>la</strong> description procure, nous l’avons déjà<br />

souligné, 33 une représentation extrêmement réduite. La seconde solution évite le biais,<br />

mais tronque l’échantillon, nous privant d’informations peut-être précieuses. On ne<br />

pourrait adopter a priori <strong>la</strong> première attitude, puisque nous ne connaissons pas <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion que nous voulons m<strong>et</strong>tre en évidence. Nous avons donc choisi de rej<strong>et</strong>er <strong>dans</strong><br />

un premier temps toutes les configurations qui ne sont pas suffisamment représentées,<br />

quitte à les commenter par <strong>la</strong> suite.<br />

5.3.1.2 Séparation par modalité de MI<br />

Les analyses sont faites séparément pour les différents types de constituants intégrants<br />

(MI, division suivant les bases épistémologiques de <strong>la</strong> description), ainsi que pour les<br />

deux types de marquage. C<strong>et</strong>te séparation s’est révélée nécessaire: elle perm<strong>et</strong> de lever<br />

les problèmes d’homogénéité que nous avions remarqués au suj<strong>et</strong> des modalités de MF<br />

(→5.2.2.2). De c<strong>et</strong>te manière, Ap <strong>et</strong> Dt, fonctions de <strong>syntaxe</strong> immédiate, seront traités<br />

indépendamment des modalités de MF correspondant à des fonctions argumentales.<br />

C<strong>et</strong>te séparation des types d’incluants diminue l’imprécision liée à <strong>la</strong> récursivité<br />

sans toutefois <strong>la</strong> réduire à néant. Le seul moyen d’y parvenir serait d’éliminer du traitement<br />

toute structure apparaissant à plus d’un niveau, ce qui n’est pas envisageable<br />

pour une recherche de tendances générales <strong>et</strong> pourra éventuellement se faire <strong>dans</strong> des<br />

études plus ciblées.<br />

32 Voir <strong>la</strong> section où nous exposons comment sont définis les individus (→5.0.2).<br />

33 Voir <strong>la</strong> section où nous choisissons les variables employées pour décrire les individus (→5.0).<br />

192


0 1<br />

0,0,C6,0,0 132 10 142<br />

autres 8523 2665 11188<br />

8655 2675 11330<br />

χ 2 = 20.97, ddl=1, p= 4.68e−06 ★★★<br />

0 1<br />

5.1 -16.51<br />

-0.06 0.21<br />

θ 4.13<br />

Après ajustement de Šidàk pour 43 comparaisons: ★★★ (seuils: 0.00119, 0.000234, 2.33e-05)<br />

TAB. 5.28 – Exemple de décomposition de <strong>la</strong> table de contingence MM<br />

× PPD: 0,0,C6,0,0<br />

5.3.1.3 Décomposition des écarts<br />

Pour appréhender <strong>la</strong> manière dont les différentes modalités de c<strong>et</strong>te nouvelle variable<br />

morphosyntaxique <strong>et</strong> positionnelle attirent ou repoussent <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>, il suffit d’effectuer<br />

un test pour chaque ligne des quatorze tableaux de contingence croisant MM<br />

avec PPD <strong>et</strong> PPF – sept modalités de MI <strong>et</strong> deux variables de <strong>ponctuation</strong>. Ces tests<br />

sont basés sur des tables 2×2, réduisant les modalités de MM à celle de <strong>la</strong> ligne intéressée<br />

<strong>et</strong> à une valeur nommée autres, reprenant les effectifs de toutes les autres<br />

modalités. De c<strong>et</strong>te manière, les constituants 0,0,S1,0,0, par exemple, sont opposés à<br />

toutes les autres constructions – <strong>et</strong> l’on peut faire de même avec chaque modalité de<br />

MM. L’hypothèse nulle de chaque test serait que le type de constituant focalisé n’attire<br />

ni ne rej<strong>et</strong>te de manière particulièrement significative <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> (initiale ou<br />

finale, en fonction de <strong>la</strong> variable croisée avec MM).<br />

Si l’on prend comme exemple l’interaction des constituants 0,0,C6,0,0 <strong>et</strong> de PPD<br />

au niveau de <strong>la</strong> phrase, on obtient <strong>la</strong> table 5.28, qui est une table 2×2. Le tri croisé<br />

nous invite à rej<strong>et</strong>er l’hypothèse nulle <strong>et</strong> à adm<strong>et</strong>tre que ces constituants rej<strong>et</strong>tent significativement<br />

PPD. Les constructions attestées moins de dix fois (qui mènent obligatoirement<br />

à des valeurs attendues inférieures à 5;→5.2.1.2) n’ont pas été examinées de<br />

<strong>la</strong> sorte, mais leur effectif a toujours été pris en compte <strong>dans</strong> <strong>la</strong> ligne autres. D’autre<br />

part, nous avons ajouté une ligne supplémentaire à <strong>la</strong> suite du tableau, ce qui mérite<br />

un commentaire. Le fait de pratiquer ces deux comparaisons de manière indépendante<br />

mène en eff<strong>et</strong> au problème des comparaisons multiples, bien connu des statisticiens.<br />

Opérer de multiples tests <strong>et</strong> combiner leur résultat augmente <strong>la</strong> probabilité de comm<strong>et</strong>tre<br />

une erreur de <strong>la</strong> première espèce en fonction du nombre de tests <strong>et</strong> du seuil<br />

de tolérance r<strong>et</strong>enu. 34 Pour pallier ce problème, il est courant de corriger le seuilαà<br />

l’aide de l’ajustement nommé ajustement de Šidàk. C<strong>et</strong>te correction tient compte du<br />

nombre de comparaisons effectuées. 35 Il reste néanmoins intéressant de conserver les<br />

34 La formule donnant <strong>la</strong> probabilité de comm<strong>et</strong>tre au moins une fois une erreur de <strong>la</strong> première<br />

espèce est (cf. Upton/Cook 2006, 286):<br />

1−(1−α) c<br />

Soit 0.14 avecα=0.05 <strong>et</strong> seulement trois comparaisons.<br />

35 Le seuil corrigé est ainsi:<br />

1−(1−α) 1/c<br />

(5.4)<br />

(5.5)<br />

Voir par exemple Abdi 2007 pour une présentation générale. C<strong>et</strong> ajustement est universel,<br />

puisqu’il est basé sur l’inégalité de Bonferroni, «qui stipule que <strong>la</strong> probabilité d’occurrence<br />

193


FAB FRE<br />

0 8655 76.39<br />

1 2675 23.61<br />

11330 100<br />

0<br />

1<br />

0 2000 4000 6000 8000<br />

TAB. 5.29 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les constituants MI.phrase<br />

probabilités non corrigées parallèlement aux probabilités corrigées. Nous avons ainsi<br />

ajouté une ligne au tableau duχ 2 , comportant les seuilsαde 5%, 1% <strong>et</strong> 0.1% ajustés<br />

à l’aide de <strong>la</strong> méthode de Šidàk – les étoiles de c<strong>et</strong>te ligne correspondent aux seuils<br />

ajustés: trois étoiles noires correspondent à une probabilité ajustée de 0.1% ou moins,<br />

deux étoiles noires à 1%, <strong>et</strong>c.<br />

5.3.2 Examen des tris croisés<br />

Les sept sections qui suivent comprennent l’analyse des quatorze tableaux de contingence<br />

correspondant aux sept types de structure incluante (modalités de MI). Chaque<br />

analyse comporte deux divisions: une pour <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale, une autre pour <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> finale.<br />

5.3.2.1 Phrase<br />

Au niveau de <strong>la</strong> phrase, l’individualité des observations est garantie par l’absence de<br />

récursivité. Une phrase est toujours directement intégrée au texte, <strong>et</strong> jamais à aucune<br />

autre structure. 36<br />

a. Assimi<strong>la</strong>tion des énoncés non phrastiques à <strong>la</strong> phrase. Pour c<strong>et</strong>te analyse <strong>et</strong> pour<br />

toutes celles qui suivront, nous avons décidé d’assimiler aux phrases les énoncés non<br />

phrastiques exprimant un procès. 37 Ces derniers, dont l’analyse est faite sur le modèle<br />

de <strong>la</strong> proposition, sont en eff<strong>et</strong> peu nombreux <strong>et</strong> partagent leurs frontières avec celles<br />

des phrases (→3.4.1.2). Il sera re<strong>la</strong>tivement aisé de réviser nos conceptions ultérieurement,<br />

lorsqu’il sera question d’étudier les constructions marquées spécifiques aux<br />

énoncés non phrastiques (→6.1.3.12).<br />

d’un ou plusieurs événements ne peut jamais dépasser <strong>la</strong> somme de leurs probabilités individuelles»<br />

(cf. Howell 1998, 409, sic; italiques <strong>dans</strong> le texte). Cependant, il est considéré<br />

comme re<strong>la</strong>tivement conservateur (c’est-à-dire sévère) <strong>et</strong> il augmente ainsi le risque de comm<strong>et</strong>tre<br />

l’erreurβ(Upton/Cook 2006, 286) – l’ajustement dit de Bonferroni est encore plus<br />

conservateur. Dans un contexte où les tests employés sont tous non paramétriques (voir note<br />

45), <strong>la</strong> puissance des tests s’en voit très fortement diminuée.<br />

Il faut cependant noter que les règles de décomposition duχ 2 en comparaisons indépendantes<br />

(exposées sous→6.1.1.1 a) ne sont pas respectées ici (les effectifs de chaque ligne sont<br />

pris en considération <strong>dans</strong> plusieurs tables). Dans ce cas, l’ajustement de Šidak est plus<br />

approximatif (Abdi 2007, §2.4).<br />

36<br />

Dans le cas contraire, il s’agit d’une proposition subordonnée. Aucun cas de discours rapporté<br />

n’a été relevé.<br />

37<br />

Voir→3.4.5. Voir <strong>la</strong> liste de ces énoncés <strong>dans</strong> l’annexe dep-5.3.2.1.a-notphrase-1.<br />

Les énoncés non phrastiques n’exprimant pas un procès, peu nombreux une fois les énoncés<br />

<strong>la</strong>tins ignorés (parmi lesquels on compte les seings notariaux), sont r<strong>et</strong>irés de l’échantillon<br />

(voir leur liste <strong>dans</strong> l’annexe dep-5.3.2.1.a-notphrase-2).<br />

194


1,0,C6,0,0<br />

1,0,S1,0,0<br />

1,0,C5,0,1<br />

1,0,C5,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

1,0,P0,0,0<br />

1,0,R3,0,1<br />

1,0,A4,0,0<br />

1,0,A4,0,1<br />

1,0,C5,pers,1<br />

1,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,C5,pers,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,S1,pers,1<br />

0,1,C5,pers,1<br />

0,1,C5,¬pers,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.119%)<br />

1e−300 1<br />

780/1002 (78%)<br />

201/245 (82%)<br />

98/112 (88%)<br />

84/95 (88%)<br />

80/107 (75%)<br />

40/43 (93%)<br />

27/27 (100%)<br />

22/23 (96%)<br />

26/33 (79%)<br />

9/10 (90%)<br />

14/21 (67%)<br />

13/22 (59%)<br />

171/605 (28%)<br />

75/242 (31%)<br />

14/49 (29%)<br />

9/30 (30%)<br />

8/30 (27%)<br />

FIG. 5.9 – Attractions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau phrase<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,0,C6,0,0<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,1,S1,0,0<br />

0,1,A4,¬pers,1<br />

0,1,R3,0,1<br />

0,1,A4,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,R2,pers,1<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,A4,pers,1<br />

0,0,C5,¬pers,1<br />

0,0,S1,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.119%)<br />

1.23e−124 1<br />

103/2253 (4.6%)<br />

55/826 (6.7%)<br />

46/608 (7.6%)<br />

13/273 (4.8%)<br />

4/177 (2.3%)<br />

2/110 (1.8%)<br />

1/95 (1.1%)<br />

7/128 (5.5%)<br />

10/142 (7.0%)<br />

0/70 (0.0%)<br />

0/60 (0.0%)<br />

58/378 (15.3%)<br />

33/243 (13.6%)<br />

1/54 (1.9%)<br />

14/137 (10.2%)<br />

14/127 (11.0%)<br />

0/28 (0.0%)<br />

3/39 (7.7%)<br />

0/18 (0.0%)<br />

149/722 (20.6%)<br />

2/19 (10.5%)<br />

79/366 (21.6%)<br />

60/277 (21.7%)<br />

6/33 (18.2%)<br />

3/18 (16.7%)<br />

331/1404 (23.6%)<br />

FIG. 5.10 – Répulsions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau phrase<br />

b. Marquage initial. Les proportions entre les individus marqués à l’initiale <strong>et</strong> ceux<br />

qui ne le sont pas se résument à <strong>la</strong> table 5.29. Près d’un quart des individus sont<br />

marqués à l’initiale. On sait par les tris croisés précédents (→5.2.2.1) que c<strong>et</strong>te proportion<br />

est significativement supérieure aux autres. En décomposant les tableaux de<br />

contingence croisant PPD avec les modalités de MM rencontrées au niveau d’intégration<br />

syntaxique correspondant à <strong>la</strong> phrase <strong>et</strong> attestées au moins dix fois, on obtient<br />

une liste de probabilités. Celles-ci sont ensuite c<strong>la</strong>ssées par ordre croissant en deux<br />

graphiques, correspondant respectivement aux attractions <strong>et</strong> aux répulsions entre les<br />

modalités de MM <strong>et</strong> <strong>la</strong> présence de marquage. Ces graphiques, dont nous allons détailler<br />

les conventions de lecture, prennent <strong>la</strong> forme donnée <strong>dans</strong> les figures 5.9 <strong>et</strong><br />

5.10. 38 Les graphiques se lisent comme suit. L’axe des abscisses, construit sur une<br />

38 Le tri croisé sur <strong>la</strong> base duquel ce graphique a été construit peut être consulté en annexe; voir<br />

annexe 5.3.2.table-PPD-phrase. Il en sera de même pour tous les graphiques de ce chapitre,<br />

pour lesquels nous fournissons les tabu<strong>la</strong>tions sous un nom explicite.<br />

195


échelle logarithmique, 39 correspond à <strong>la</strong> probabilité 40 qu’une modalité de MM attire<br />

(première figure) ou repousse (seconde figure) non significativement le marquage<br />

initial (non-rej<strong>et</strong> de l’hypothèse H0). Le rapport exact des quantités de constructions<br />

marquées est reporté sur l’axe vertical de droite. C<strong>et</strong>te proportion donne une idée de <strong>la</strong><br />

régu<strong>la</strong>rité du marquage. La couleur du fond du graphique aide à identifier les paliers<br />

de significativité: le fond b<strong>la</strong>nc correspond à un rej<strong>et</strong> de l’hypothèse nulle une fois que<br />

<strong>la</strong> correction de Šidàk a été appliquée à un seuil de 5%; le fond gris c<strong>la</strong>ir correspond<br />

à une H0 qui ne serait pas rej<strong>et</strong>ée avec c<strong>et</strong>te correction, mais qui le serait <strong>dans</strong> le cas<br />

d’un test unique (toujours un seuil de 5%); le fond gris foncé indique que H0 ne peut<br />

être rej<strong>et</strong>ée selon aucun de ces critères.<br />

Par exemple, <strong>la</strong> première ligne figurant en haut du tableau des attractions concerne<br />

les constituants de type 1,0,C6,0,0, c’est-à-dire les C6 non re<strong>la</strong>tés de nature non propositionnelle<br />

situés au début de <strong>la</strong> phrase. La probabilité qu’il n’y ait pas attraction (H0)<br />

est infime <strong>et</strong> se trouve <strong>la</strong>rgement en-dessous du seuil corrigé le plus bas. Pour c<strong>et</strong>te raison,<br />

le point correspondant à 1,0,C6,0,0 est situé très haut <strong>dans</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> portion b<strong>la</strong>nche<br />

du graphique. Les effectifs reportés <strong>dans</strong> <strong>la</strong> marge de gauche correspondent aux dépouillements<br />

<strong>et</strong> révèlent qu’une très <strong>la</strong>rge proportion des constituants sont marqués.<br />

On peut également voir que 1,0,S1,0,0 apparaît juste en dessous, avec une probabilité<br />

supérieure, mais demeurant extrêmement significative.<br />

Au fur <strong>et</strong> à mesure que l’on descend <strong>dans</strong> le graphique, <strong>la</strong> probabilité de H0 augmente,<br />

jusqu’à franchir le seuil critique au-delà duquel les points figurent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> zone<br />

grisée. Les coordonnants (0,0,Co,0,0) s’y trouvent, mais <strong>dans</strong> <strong>la</strong> partie <strong>la</strong> plus c<strong>la</strong>ire.<br />

Ce<strong>la</strong> signifie que si nous n’avions effectué qu’un seul test opposant les coordonnants<br />

aux autres constituants, le résultat aurait permis de rej<strong>et</strong>er l’hypothèse nulle. Néanmoins,<br />

nous avons dû effectuer de nombreuxχ 2 <strong>et</strong> il est plus prudent de ne pas accepter<br />

que l’attraction entre PPD.1 <strong>et</strong> 0,0,Co,0,0 est significative. Quant aux 0,1,C5,pers,1<br />

(propositions de mode personnel re<strong>la</strong>tées à fonction de circonstant se trouvant en fin<br />

de phrase), elles apparaissent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> partie <strong>la</strong> plus foncée, ce qui veut dire que <strong>la</strong><br />

probabilité du test est trop élevée pour qu’on juge l’attraction significative.<br />

Combiner les tris croisés successifs <strong>et</strong> les comparer sous <strong>la</strong> forme de graphique<br />

m<strong>et</strong> ainsi c<strong>la</strong>irement en évidence les constituants qui se distinguent des autres, que ce<br />

soit du point de vue des attractions ou de celui des répulsions. Pareilles visualisations<br />

rendent simultanément accessibles plusieurs types d’informations: ils nous informent<br />

certes sur <strong>la</strong> significativité des écarts, mais également sur leur régu<strong>la</strong>rité.<br />

L’observation attentive du détail des modalités de MM m<strong>et</strong> en lumière des tendances<br />

qui les dépassent. On peut parfois observer qu’il existe un comportement solidaire<br />

de différents types de constituants, qui partagent une position, une fonction ou<br />

une nature simi<strong>la</strong>ires. Les graphiques ne sont cependant pas construits pour m<strong>et</strong>tre<br />

39 Il s’agit, plus précisément, d’un logarithme décimal. Le logarithme décimal d’un nombre est<br />

<strong>la</strong> puissance à <strong>la</strong>quelle il faut élever 10 pour obtenir ce nombre. Soit, par exemple,<br />

log10(100)=2,log10(0.10)=−1,<strong>et</strong>c. (5.6)<br />

Appliqué à un axe, ce type d’échelle perm<strong>et</strong> de réduire <strong>la</strong> distance entre les paliers de significativité:<br />

il y a <strong>la</strong> même distance entre 0.1 <strong>et</strong> 0.01 qu’entre 0.01 <strong>et</strong> 0.001, puisque les<br />

logarithmes de 0.1, 0.01 <strong>et</strong> 0.001 sont−1,−2 <strong>et</strong>−3.<br />

40 Nous avons fixé le p<strong>la</strong>ncher des probabilités à 1e−300.<br />

196


ce dernier type d’information en évidence: ces ressemb<strong>la</strong>nces ne ressortent qu’à <strong>la</strong><br />

lecture attentive de chacun d’entre eux.<br />

On peut ainsi décrire les deux graphiques. Examinons pour commencer celui qui<br />

symbolise les attractions:<br />

– ce sont essentiellement les constituants initiaux qui attirent PPD;<br />

– <strong>dans</strong> d’autres positions (<strong>dans</strong> le corps ou à <strong>la</strong> finale), les coordonnants <strong>et</strong> deux<br />

formes de C5 attirent le marquage, mais de ces trois types, seules les incidentes<br />

(c’est-à-dire 0,0,C5,pers,0) sont marquées <strong>dans</strong> plus de <strong>la</strong> moité des cas <strong>et</strong> doivent<br />

être conservées après ajustement du seuilα;<br />

– le marquage initial est extrêmement régulier; le pourcentage de marquage pour<br />

chaque constituant attirant le ponctogramme est supérieur à 80% <strong>dans</strong> plus de <strong>la</strong><br />

moitié des cas (toutes les fonctions sont concernées), ce qui est particulièrement le<br />

cas pour les constituants initiaux;<br />

– les constituants marqués sont généralement simples (non re<strong>la</strong>tés <strong>et</strong> de nature non<br />

propositionnelle), mais ce<strong>la</strong> est certainement dû au fait que, de manière générale,<br />

ce sont des constituants simples qui ouvrent <strong>la</strong> phrase.<br />

Voyons ce que le second tableau nous apprend des répulsions:<br />

– à c<strong>et</strong> égard, aucun constituant initial ne repousse le ponctogramme initial, même<br />

de manière non significative: les tendances négatives répondent aux tendances positives<br />

de manière remarquablement systématique;<br />

– les répulsions ont une régu<strong>la</strong>rité qui dépasse 90% (soit une proportion de constituants<br />

marqués inférieure à 10%) pour <strong>la</strong> majorité des constituants concernés, ce<br />

qui implique toutes les fonctions;<br />

– étant donné sa p<strong>la</strong>ce centrale <strong>dans</strong> <strong>la</strong> construction de <strong>la</strong> phrase, le prédicat requiert<br />

toute notre attention: on voit ici qu’il manifeste le rej<strong>et</strong> le plus important par rapport<br />

à PPD;<br />

– il y a une très grande diversité <strong>dans</strong> les types de constituants qui repoussent le<br />

marquage.<br />

Il ressort essentiellement un contraste entre les constituants initiaux, qui attirent le<br />

marquage, <strong>et</strong> ceux qui ne le sont pas, qui le repoussent.<br />

Ces observations m<strong>et</strong>tent en évidence un emploi très régulier de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

pour délimiter les bornes de <strong>la</strong> phrase: sans étudier PPF, nous savons déjà que le<br />

marquage sera très régulier à <strong>la</strong> finale, puisque les phrases s’enchaînent les unes aux<br />

autres. On ne peut par contre pas s’avancer en ce qui concerne les fonctions particulières<br />

qui feraient exception à c<strong>et</strong>te tendance.<br />

Étant donné son importance, le marquage du premier constituant de <strong>la</strong> phrase représente<br />

très certainement <strong>la</strong> plus grande partie de l’écart à l’indépendance. De ce fait,<br />

il est possible que les autres attractions soient complètement occultées par un contraste<br />

d’une telle ampleur. Il est donc intéressant de refaire l’ensemble des tris croisés, mais<br />

en r<strong>et</strong>irant les constituants initiaux de l’échantillon. Nous construisons ainsi les graphiques<br />

5.11 <strong>et</strong> 5.12. Nous ne commenterons pas les répulsions, sinon pour constater<br />

que leur nombre a logiquement diminué. Les attractions mises en lumière par c<strong>et</strong>te<br />

nouvelle série de tests sont bien entendu les coordonnants <strong>et</strong> les circonstants qui se<br />

distinguaient déjà <strong>dans</strong> le graphique 5.9, mais également:<br />

197


0,0,S1,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,0,C5,pers,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,S1,pers,1<br />

0,1,C5,pers,1<br />

0,1,C5,¬pers,1<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,1,A4,pers,1<br />

0,0,C5,¬pers,1<br />

0,1,R2,pers,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.160%)<br />

1.29e−33 1<br />

331/1404 (24%)<br />

171/605 (28%)<br />

75/242 (31%)<br />

13/22 (59%)<br />

149/722 (21%)<br />

79/366 (22%)<br />

60/277 (22%)<br />

14/49 (29%)<br />

9/30 (30%)<br />

8/30 (27%)<br />

58/378 (15%)<br />

6/33 (18%)<br />

3/18 (17%)<br />

33/243 (14%)<br />

FIG. 5.11 – Attractions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau phrase<br />

(sans les constituants initiaux)<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,0,C6,0,0<br />

0,1,A4,¬pers,1<br />

0,1,A4,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,1,R3,0,1<br />

0,1,S1,0,0<br />

0,0,R2,pers,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.160%)<br />

1.20e−44 1<br />

103/2253 (4.6%)<br />

55/826 (6.7%)<br />

46/608 (7.6%)<br />

4/177 (2.3%)<br />

13/273 (4.8%)<br />

2/110 (1.8%)<br />

1/95 (1.1%)<br />

0/70 (0.0%)<br />

0/60 (0.0%)<br />

7/128 (5.5%)<br />

1/54 (1.9%)<br />

10/142 (7.0%)<br />

0/28 (0.0%)<br />

0/18 (0.0%)<br />

14/137 (10.2%)<br />

3/39 (7.7%)<br />

14/127 (11.0%)<br />

2/19 (10.5%)<br />

FIG. 5.12 – Répulsions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau phrase<br />

(sans les constituants initiaux)<br />

FAB FRE<br />

0 8648 76.16<br />

1 2707 23.84<br />

11355 100<br />

0<br />

1<br />

0 2000 4000 6000 8000<br />

TAB. 5.30 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les constituants MI.phrase<br />

– les suj<strong>et</strong>s 0,0,S1,0,0, ainsi que les régimes 0,0,R2,0,0 <strong>et</strong> 0,1,R2,0,0;<br />

– les 0,1,S1,pers,1 (quoique de manière non significative après correction du seuil);<br />

– une grande variété de circonstants re<strong>la</strong>tés en position finale: 0,1,C5,0,0,<br />

0,1,C5,pers,1 <strong>et</strong> 0,1,C5,¬pers,1.<br />

c. Marquage final. Comme on s’y attendait, <strong>la</strong> proportion de structures marquées à <strong>la</strong><br />

finale est très proche de <strong>la</strong> proportion observée pour le marquage initial (table 5.30). À<br />

nouveau, du fait que <strong>la</strong> modalité de MI est MI.phrase, aucun problème de récursivité<br />

ne se pose.<br />

Les graphiques synthétisant les attractions <strong>et</strong> répulsions sont aussi riches que ceux<br />

que nous avons analysés pour PPD, auxquels ils répondent assez bien. Pour ce qui est<br />

des attractions (figure 5.13):<br />

198


0,1,C5,0,1<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,S1,0,0<br />

1,0,R3,0,1<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,1,A4,pers,1<br />

0,1,C5,¬pers,1<br />

0,1,R3,0,1<br />

0,1,A4,¬pers,1<br />

0,1,C5,pers,1<br />

0,1,S1,pers,1<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,0,C5,pers,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,1,A4,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,R2,pers,1<br />

1,0,C5,pers,1<br />

0,0,C5,¬pers,1<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.119%)<br />

6.43e−138 1<br />

275/340 (81%)<br />

212/276 (77%)<br />

192/243 (79%)<br />

147/177 (83%)<br />

150/193 (78%)<br />

110/127 (87%)<br />

96/133 (72%)<br />

81/109 (74%)<br />

80/128 (62%)<br />

32/33 (97%)<br />

28/29 (97%)<br />

30/37 (81%)<br />

25/28 (89%)<br />

26/30 (87%)<br />

33/49 (67%)<br />

36/58 (62%)<br />

17/22 (77%)<br />

131/378 (35%)<br />

10/18 (56%)<br />

225/826 (27%)<br />

9/19 (47%)<br />

5/10 (50%)<br />

7/18 (39%)<br />

17/70 (24%)<br />

FIG. 5.13 – Attractions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau phrase<br />

0,0,P0,0,0<br />

1,0,C6,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

1,0,S1,0,0<br />

0,0,C6,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

1,0,P0,0,0<br />

1,0,C5,0,0<br />

1,0,A4,0,1<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,A4,0,0<br />

1,0,A4,¬pers,1<br />

1,0,C5,0,1<br />

1,0,A4,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.119%)<br />

3.24e−155 1<br />

56/2253 (2.5%)<br />

5/1002 (0.5%)<br />

13/605 (2.1%)<br />

17/279 (6.1%)<br />

0/142 (0.0%)<br />

257/1404 (18.3%)<br />

4/107 (3.7%)<br />

38/273 (13.9%)<br />

0/44 (0.0%)<br />

8/95 (8.4%)<br />

0/34 (0.0%)<br />

17/137 (12.4%)<br />

4/60 (6.7%)<br />

116/608 (19.1%)<br />

150/722 (20.8%)<br />

7/54 (13.0%)<br />

2/21 (9.5%)<br />

21/112 (18.8%)<br />

5/23 (21.7%)<br />

FIG. 5.14 – Répulsions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau phrase<br />

– elles restent très régulières, mais sont apparemment moins franches que pour PPD.1<br />

(pourcentages moins élevés);<br />

– elles paraissent spécifiques de <strong>la</strong> position finale;<br />

– les constituants attirant PPF.1 sans vérifier LIF.1 sont les C5 qui prennent <strong>la</strong> forme<br />

d’une proposition personnelle ou sont re<strong>la</strong>tés <strong>et</strong> les R3 non propositionnels re<strong>la</strong>tés;<br />

– si l’on ajoute à c<strong>et</strong> inventaire les constituants ne passant pas le seuil corrigé, on<br />

r<strong>et</strong>rouve également les R2 propositionnels (mode personnel) <strong>et</strong> les C5 non propositionnels<br />

non finaux, mais re<strong>la</strong>tés.<br />

Les répulsions principales (figure 5.14) nous disent que:<br />

– le marquage final n’est jamais repoussé par les constituants qui occupent <strong>la</strong> dernière<br />

position de <strong>la</strong> structure dont ils sont constituants immédiats;<br />

– <strong>la</strong> répulsion du marquage final semble caractéristique des constituants non re<strong>la</strong>tés<br />

de nature non propositionnelle. Seuls les constituants de fonction A4 paraissent<br />

199


1,0,R3,0,1<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,C5,pers,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,R2,pers,1<br />

1,0,C5,pers,1<br />

0,0,C5,¬pers,1<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

1,0,C5,0,1<br />

1,0,A4,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.183%)<br />

5.86e−86 1<br />

96/133 (72%)<br />

80/128 (62%)<br />

131/378 (35%)<br />

225/826 (27%)<br />

17/22 (77%)<br />

150/722 (21%)<br />

257/1404 (18%)<br />

116/608 (19%)<br />

9/19 (47%)<br />

5/10 (50%)<br />

7/18 (39%)<br />

17/70 (24%)<br />

21/112 (19%)<br />

5/23 (22%)<br />

38/273 (14%)<br />

FIG. 5.15 – Attractions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau phrase<br />

(sans les constituants finaux)<br />

0,0,P0,0,0<br />

1,0,C6,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,C6,0,0<br />

1,0,S1,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

1,0,P0,0,0<br />

1,0,A4,0,1<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

1,0,C5,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

1,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,A4,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.183%)<br />

1.32e−69 1<br />

56/2253 (2.5%)<br />

5/1002 (0.5%)<br />

13/605 (2.1%)<br />

0/142 (0.0%)<br />

17/279 (6.1%)<br />

4/107 (3.7%)<br />

0/44 (0.0%)<br />

0/34 (0.0%)<br />

4/60 (6.7%)<br />

8/95 (8.4%)<br />

17/137 (12.4%)<br />

2/21 (9.5%)<br />

7/54 (13.0%)<br />

FIG. 5.16 – Répulsions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau phrase<br />

(sans les constituants finaux)<br />

en eff<strong>et</strong> incompatibles avec le marquage <strong>dans</strong> d’autres conditions, mais jamais de<br />

manière catégoriquement significative;<br />

– P0 repousse également ce marquage.<br />

Ces faits ne contredisent pas ceux qui caractérisaient le marquage initial ci-dessus<br />

(→5.3.2.1 b): il y a bien une propension à employer les signes aux limites de <strong>la</strong> phrase.<br />

La différence fondamentale entre l’absence de <strong>ponctuation</strong> des constituants simples<br />

(MN.0 <strong>et</strong> MR.0) <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des constituants complexes est manifeste.<br />

Néanmoins, ces dernières observations ne résistent pas à un nouveau test ignorant<br />

les constituants finaux. La force de l’attraction entre PPF.1 <strong>et</strong> les constituants en<br />

fin de phrase est telle qu’elle occulte d’autres liens, tout comme l’attraction entre <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> initiale <strong>et</strong> le début de <strong>la</strong> phrase cachait d’autres tendances (figures 5.15 <strong>et</strong><br />

5.16). Les nouveaux tests font ressortir l’ensemble des constituants non finaux qui se<br />

distinguaient déjà en première analyse, mais également:<br />

– 0,0,S1,0,0 <strong>et</strong> 0,0,R2,0,0;<br />

– ainsi qu’un ensemble de constructions ne dépassant pas le seuil corrigé:<br />

0,0,R2,¬pers,0 <strong>et</strong> les circonstants 1,0,C5,pers,1 <strong>et</strong> 0,0,C5,¬pers,1.<br />

200


FAB FRE<br />

0 4714 88.23<br />

1 629 11.77<br />

5343 100<br />

0<br />

1<br />

0 1000 2000 3000 4000<br />

TAB. 5.31 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les constituants MI.pers-arg<br />

0,0,Co,0,0<br />

1,0,C6,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

1,0,S1,0,0<br />

0,0,C5,pers,0<br />

1,0,A4,¬pers,1<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,1,C5,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

0,1,R2,pers,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.171%)<br />

4.18e−40 1<br />

127/387 (33%)<br />

9/10 (90%)<br />

12/33 (36%)<br />

111/701 (16%)<br />

6/13 (46%)<br />

5/15 (33%)<br />

4/12 (33%)<br />

31/190 (16%)<br />

12/73 (16%)<br />

3/13 (23%)<br />

7/49 (14%)<br />

FIG. 5.17 – Attractions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau pers-arg<br />

5.3.2.2 Propositions personnelles de fonction argumentale<br />

Les spécificités du marquage de <strong>la</strong> phrase dégagées, abordons celles des structures<br />

inférieures, en commençant par celles qui lui ressemblent le plus. Les constituants immédiats<br />

des structures de nature propositionnelle (mode personnel) de fonction argumentale<br />

sont beaucoup moins nombreux que les constituants immédiats de <strong>la</strong> phrase,<br />

ce qui se traduit par un nombre plus important de types de constituants peu représentés<br />

(effectif < 10).<br />

Abordons, comme nous venons de le faire au niveau de <strong>la</strong> phrase, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

initiale, puis <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale. Il faut noter qu’à partir de ce dépouillement, <strong>la</strong> récursivité<br />

des structures introduit le problème méthodologique que nous avons présenté<br />

supra (→5.1.3 a). À ce stade, nous ne le traiterons pas. Nous y reviendrons au chapitre<br />

suivant, lorsqu’il sera question d’étudier ces constituants particuliers (notamment<br />

→6.1.1).<br />

a. Marquage initial. La proportion de marquage est plus faible qu’au niveau de <strong>la</strong><br />

phrase (table 5.31). Ce<strong>la</strong> correspond, comme on l’a vu, à un écart positif significatif<br />

par rapport aux tendances dégagées <strong>dans</strong> les tris croisés (→5.2.2.3). La faible fréquence<br />

de PPD.1 <strong>la</strong>isse entendre que le phénomène de marquage doit être très prégnant.<br />

Les attractions (figure 5.17) nous apprennent que:<br />

– bien que les effectifs soient faibles, il reste particulièrement c<strong>la</strong>ir que <strong>la</strong> position<br />

initiale est particulièrement liée au marquage, les re<strong>la</strong>teurs se trouvant généralement<br />

à l’initiale des structures dont ils sont un constituant immédiat;<br />

– <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>rité d’attraction est beaucoup moins n<strong>et</strong>te qu’au niveau de <strong>la</strong> phrase (il n’y<br />

a guère que le peu fréquent 1,0,C6,0,0 qui attire <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> à plus de 90%);<br />

– les constituants qui attirent le plus le marquage sont les re<strong>la</strong>teurs, les coordonnants<br />

<strong>et</strong> les C6 (c’est-à-dire l’ensemble des mots capables de m<strong>et</strong>tre en re<strong>la</strong>tion les propositions<br />

entre elles);<br />

– en tenant compte des constituants rej<strong>et</strong>és après correction, les incidentes sont également<br />

liées au marquage initial.<br />

201


0,0,P0,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,1,A4,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,1,R3,0,1<br />

0,1,S1,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.171%)<br />

4.5e−08 1<br />

65/980 (6.6%)<br />

4/261 (1.5%)<br />

0/92 (0.0%)<br />

6/127 (4.7%)<br />

3/77 (3.9%)<br />

19/249 (7.6%)<br />

0/37 (0.0%)<br />

0/37 (0.0%)<br />

1/49 (2.0%)<br />

82/830 (9.9%)<br />

2/57 (3.5%)<br />

2/46 (4.3%)<br />

1/27 (3.7%)<br />

0/12 (0.0%)<br />

45/429 (10.5%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

40/372 (10.8%)<br />

3/26 (11.5%)<br />

4/38 (10.5%)<br />

FIG. 5.18 – Répulsions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau pers-arg<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,0,C5,pers,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,1,R3,0,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.205%)<br />

2.36e−49 1<br />

127/387 (33%)<br />

12/33 (36%)<br />

31/190 (16%)<br />

5/15 (33%)<br />

12/73 (16%)<br />

7/49 (14%)<br />

3/26 (12%)<br />

40/372 (11%)<br />

FIG. 5.19 – Attractions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau persarg<br />

(sans les constituants initiaux)<br />

FAB FRE<br />

0 4281 80.12<br />

1 1062 19.88<br />

5343 100<br />

0<br />

1<br />

0 1000 2000 3000 4000<br />

TAB. 5.32 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les constituants MI.pers-arg<br />

En ce qui concerne les répulsions (figure 5.18):<br />

– aucun constituant initial ne paraît incompatible avec le marquage initial;<br />

– par ailleurs, alors que les attractions du marquage initial sont très faibles au même<br />

niveau, les répulsions sont quant à elles extrêmement fortes <strong>et</strong> leur régu<strong>la</strong>rité dépasse<br />

systématiquement les 90%;<br />

– <strong>la</strong> position de P0 (répulsion) paraît aussi forte qu’au niveau de <strong>la</strong> phrase.<br />

La ressemb<strong>la</strong>nce de ces tendances avec celles qui caractérisaient <strong>la</strong> phrase est frappante.<br />

Ainsi, à l’instar de <strong>la</strong> phrase, <strong>la</strong> proposition de mode personnel <strong>et</strong> de fonction<br />

argumentale attire particulièrement PPD.1 devant son premier constituant. Il est donc<br />

utile de procéder à une nouvelle analyse, éliminant de l’échantillon tous les individus<br />

dont <strong>la</strong> modalité de <strong>la</strong> variable LID est 1 (figures 5.19 <strong>et</strong> 5.20). Ces nouveaux graphiques<br />

ne changent pas les attractions de manière aussi spectacu<strong>la</strong>ire que c’était le<br />

cas au niveau de <strong>la</strong> phrase. On voit simplement que les 0,1,C5,0,1 sont particulièrement<br />

marqués, mais ne passent pas le seuil corrigé. La re<strong>la</strong>tive pauvr<strong>et</strong>é des résultats<br />

est certainement liée à <strong>la</strong> faiblesse des effectifs.<br />

202


0,0,A4,0,1<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,1,A4,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

0,1,S1,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.205%)<br />

1.64e−06 1<br />

4/261 (1.5%)<br />

65/980 (6.6%)<br />

0/92 (0.0%)<br />

6/127 (4.7%)<br />

0/37 (0.0%)<br />

0/37 (0.0%)<br />

3/77 (3.9%)<br />

1/49 (2.0%)<br />

2/57 (3.5%)<br />

19/249 (7.6%)<br />

2/46 (4.3%)<br />

1/27 (3.7%)<br />

0/12 (0.0%)<br />

82/830 (9.9%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

4/38 (10.5%)<br />

45/429 (10.5%)<br />

FIG. 5.20 – Répulsions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau persarg<br />

(sans les constituants initiaux)<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,1,R3,0,1<br />

0,1,S1,0,0<br />

0,1,A4,0,0<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,0,C5,pers,0<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.171%)<br />

1.03e−96 1<br />

151/190 (79%)<br />

90/127 (71%)<br />

55/73 (75%)<br />

54/77 (70%)<br />

40/49 (82%)<br />

37/49 (76%)<br />

55/92 (60%)<br />

140/372 (38%)<br />

20/26 (77%)<br />

24/38 (63%)<br />

11/12 (92%)<br />

18/27 (67%)<br />

11/15 (73%)<br />

8/37 (22%)<br />

12/57 (21%)<br />

FIG. 5.21 – Attractions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau pers-arg<br />

1,0,Rl,0,0<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,A4,0,0<br />

1,0,A4,¬pers,1<br />

1,0,C6,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

1,0,R2,0,0<br />

1,0,S1,0,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.171%)<br />

1.66e−44 1<br />

1/701 (0.14%)<br />

50/980 (5.10%)<br />

0/387 (0.00%)<br />

91/830 (10.96%)<br />

50/429 (11.66%)<br />

1/46 (2.17%)<br />

0/33 (0.00%)<br />

2/37 (5.41%)<br />

0/12 (0.00%)<br />

0/10 (0.00%)<br />

42/249 (16.87%)<br />

45/261 (17.24%)<br />

1/13 (7.69%)<br />

1/13 (7.69%)<br />

2/11 (18.18%)<br />

FIG. 5.22 – Répulsions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau pers-arg<br />

203


0,0,C5,0,1<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,0,C5,pers,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,S1,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.256%)<br />

5.86e−68 1<br />

140/372 (38%)<br />

18/27 (67%)<br />

11/15 (73%)<br />

45/261 (17%)<br />

42/249 (17%)<br />

12/57 (21%)<br />

8/37 (22%)<br />

50/429 (12%)<br />

2/11 (18%)<br />

91/830 (11%)<br />

FIG. 5.23 – Attractions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau persarg<br />

(sans les constituants finaux)<br />

b. Marquage final. La proportion de constituants marqués est également plus réduite<br />

qu’au niveau de <strong>la</strong> phrase (table 5.32), où les liens entre MM <strong>et</strong> PPF prennent <strong>la</strong> forme<br />

des figures 5.21 <strong>et</strong> 5.22. Ce<strong>la</strong> nous perm<strong>et</strong> de remarquer que:<br />

– le marquage est <strong>la</strong>rgement plus présent à <strong>la</strong> finale des constructions;<br />

– bien qu’apparemment plus faibles qu’elles ne l’étaient au niveau de <strong>la</strong> phrase, les<br />

attractions du marquage initial sont ici n<strong>et</strong>tement plus régulières;<br />

– en outre, seuls quelques types de constituants attirent PPF.1 sans être à <strong>la</strong> finale.<br />

Ceux dont <strong>la</strong> fréquence est suffisante sont de fonction C5: 0,0,C5,pers,0 (incidentes),<br />

0,0,C5,pers,1 <strong>et</strong> 0,0,C5,0,1, c’est-à-dire les circonstants complexes.<br />

Quant aux répulsions:<br />

– à nouveau, PPF.1 n’est repoussé par aucun constituant final, re<strong>la</strong>té, ou de nature<br />

propositionnelle;<br />

– outre le rej<strong>et</strong> systématique de PPF.1 par P0, on voit que les constituants re<strong>la</strong>teurs<br />

<strong>et</strong> coordonnants sont quasi totalement incompatibles avec un ponctogramme à leur<br />

suite, ce qui correspond à ce qu’on pouvait déjà remarquer pour les constituants<br />

MI.phrase (rej<strong>et</strong> de PPF.1 par les C6 <strong>et</strong> les Co).<br />

Il saute aux yeux que les tendances détectées pour les propositions personnelles<br />

de fonction argumentale ne diffèrent que faiblement de celles qu’on a pu dégager<br />

au niveau de <strong>la</strong> phrase: ce sont les limites de gauche <strong>et</strong> de droite qui attirent le plus<br />

<strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> (de ce fait, les re<strong>la</strong>teurs sont particulièrement marqués à l’initiale), <strong>et</strong><br />

certains C5 se détachent distinctement du reste des constituants. À ce stade, on est déjà<br />

en droit de se demander si <strong>la</strong> différence de fréquence de marquage des limites de <strong>la</strong><br />

phrase <strong>et</strong> de <strong>la</strong> proposition personnelle de fonction argumentale est significativement<br />

différente.<br />

En comparaison avec le marquage initial, les fréquences absolues <strong>et</strong> re<strong>la</strong>tives de<br />

marquage final sont beaucoup plus élevées. Nous nous attendons à ce que le r<strong>et</strong>rait<br />

des constituants finaux de l’échantillon produise des changements conséquents <strong>dans</strong><br />

les nouveaux graphiques (figures 5.23 <strong>et</strong> 5.24). Une série d’actants particulièrement<br />

marqués à <strong>la</strong> finale se détachent:<br />

– les 0,0,R2,0,0 <strong>et</strong> les 0,0,R3,0,1, qui attiraient déjà PPF.1 au niveau de <strong>la</strong> phrase;<br />

– mais également les 0,0,A4,0,1.<br />

204


1,0,Rl,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,0,A4,0,0<br />

1,0,A4,¬pers,1<br />

1,0,C6,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

1,0,S1,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.256%)<br />

1.45e−22 1<br />

1/701 (0.14%)<br />

0/387 (0.00%)<br />

50/980 (5.10%)<br />

0/33 (0.00%)<br />

1/46 (2.17%)<br />

2/37 (5.41%)<br />

0/12 (0.00%)<br />

0/10 (0.00%)<br />

1/13 (7.69%)<br />

1/13 (7.69%)<br />

FIG. 5.24 – Répulsions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau persarg<br />

(sans les constituants finaux)<br />

FAB FRE<br />

0 2198 92.16<br />

1 187 7.84<br />

2385 100<br />

0<br />

1<br />

0 500 1000 1500 2000<br />

TAB. 5.33 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les constituants MI.¬pers-arg<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,1,C5,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,1,R3,0,1<br />

0,0,C5,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.244%)<br />

1.14e−16 1<br />

39/152 (25.7%)<br />

8/15 (53.3%)<br />

14/57 (24.6%)<br />

36/270 (13.3%)<br />

17/140 (12.1%)<br />

20/189 (10.6%)<br />

3/20 (15.0%)<br />

6/76 (7.9%)<br />

FIG. 5.25 – Attractions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers-arg<br />

5.3.2.3 Propositions non personnelles de fonction argumentale<br />

Le nombre de constituants est encore moindre à ce niveau. 41 Nous n’avons que peu<br />

de matériaux pour travailler.<br />

a. Marquage initial. La <strong>ponctuation</strong> initiale est ici très rare (table 5.33). En conséquence,<br />

on s’attend à ce que les attractions nous apprennent re<strong>la</strong>tivement peu de choses<br />

(peu de constituants ont un comportement suffisamment marqué pour être distinctif),<br />

comme on le voit sur les figures 5.25 <strong>et</strong> 5.26. 42 On peut tout de même faire quelques<br />

observations, rendues possibles par les effectifs:<br />

– il y a tout d’abord une dissemb<strong>la</strong>nce notable avec ce qui précède, puisque <strong>la</strong> position<br />

initiale ne ressort pas;<br />

– par contre, l’attraction du marquage par les constituants Co <strong>et</strong> Rl reste pertinente<br />

(quoique les proportions en révèlent l’aspect non systématique); ces données sont<br />

peu différenciées de ce que nous avons pu voir ci-dessus.<br />

Les quelques tendances négatives ne concordent pas toujours avec celles que l’on avait<br />

pu observer pour les autres constructions déjà étudiées:<br />

41 Il est probable que ce<strong>la</strong> est en partie dû à <strong>la</strong> manière dont nous avons traité les C5, que nous<br />

avons «remontés» au niveau syntaxique le plus élevé possible (→3.4.7.4).<br />

42 Voir les annexes pour les tableaux.<br />

205


0,1,P0,0,0<br />

0,0,P0,0,0<br />

1,0,P0,0,0<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

1,0,R3,0,0<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.244%)<br />

3.92e−06 1<br />

0/238 (0.00%)<br />

2/280 (0.71%)<br />

4/282 (1.42%)<br />

8/164 (4.88%)<br />

1/48 (2.08%)<br />

1/35 (2.86%)<br />

0/17 (0.00%)<br />

1/33 (3.03%)<br />

0/14 (0.00%)<br />

0/11 (0.00%)<br />

0/11 (0.00%)<br />

8/122 (6.56%)<br />

9/119 (7.56%)<br />

FIG. 5.26 – Répulsions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers-arg<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,1,R3,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.301%)<br />

4.47e−16 1<br />

39/152 (26%)<br />

8/15 (53%)<br />

14/57 (25%)<br />

17/140 (12%)<br />

20/189 (11%)<br />

3/20 (15%)<br />

FIG. 5.27 – Attractions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau ¬persarg<br />

(sans les constituants initiaux)<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.301%)<br />

1.13e−06 1<br />

2/280 (0.71%)<br />

0/238 (0.00%)<br />

8/164 (4.88%)<br />

1/48 (2.08%)<br />

1/35 (2.86%)<br />

0/17 (0.00%)<br />

1/33 (3.03%)<br />

0/11 (0.00%)<br />

0/11 (0.00%)<br />

6/76 (7.89%)<br />

9/119 (7.56%)<br />

FIG. 5.28 – Répulsions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau ¬persarg<br />

(sans les constituants initiaux)<br />

– il est vrai que P0 rej<strong>et</strong>te presque toujours le marquage, avec une régu<strong>la</strong>rité très forte;<br />

– néanmoins, ce rej<strong>et</strong> a lieu <strong>dans</strong> toutes les positions – alors que <strong>dans</strong> les tableaux<br />

précédents, il n’y avait jamais de répulsion entre PPD <strong>et</strong> <strong>la</strong> position initiale, même<br />

non significative. Ce<strong>la</strong> est cohérent avec le fait que l’attraction n’était pas particulièrement<br />

importante à l’initiale.<br />

Comme on pouvait s’y attendre, le fait de r<strong>et</strong>irer les constituants initiaux de l’échantillon<br />

ne change rien aux attractions (figures 5.27 <strong>et</strong> 5.28). Les coordonnants, les<br />

0,1,R2,pers,1 <strong>et</strong> les 0,1,C5,0,0 restent les seuls à être liés au marquage.<br />

b. Marquage final. Contrairement au marquage initial, le marquage final reste bien<br />

présent (table 5.34). Ce qu’il m<strong>et</strong> en évidence est proche de ce qui a été dit plus haut.<br />

Les attractions (figure 5.29) montrent que:<br />

– c’est le critère positionnel qui demeure dominant: les constituants en position finale<br />

attirent le ponctogramme;<br />

206


FAB FRE<br />

0 1861 78.06<br />

1 523 21.94<br />

2384 100<br />

0<br />

1<br />

0 500 1000 1500<br />

TAB. 5.34 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les constituants MI.¬pers-arg<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,1,R3,0,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.244%)<br />

2.09e−54 1<br />

105/140 (75%)<br />

114/164 (70%)<br />

49/57 (86%)<br />

28/48 (58%)<br />

12/15 (80%)<br />

13/20 (65%)<br />

27/119 (23%)<br />

53/237 (22%)<br />

8/35 (23%)<br />

FIG. 5.29 – Attractions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers-arg<br />

1,0,Rl,0,0<br />

1,0,P0,0,0<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

1,0,R3,0,0<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,0,C5,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.244%)<br />

4.63e−20 1<br />

0/270 (0.0%)<br />

6/282 (2.1%)<br />

18/280 (6.4%)<br />

6/152 (3.9%)<br />

4/122 (3.3%)<br />

26/189 (13.8%)<br />

0/17 (0.0%)<br />

0/14 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

6/33 (18.2%)<br />

16/76 (21.1%)<br />

FIG. 5.30 – Répulsions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers-arg<br />

– le marquage est plus régulier que pour PPD.<br />

Les répulsions (figure 5.30) restent peu surprenantes:<br />

– aucun constituant final ne rej<strong>et</strong>te PPF.1;<br />

– les fonctions P0, Co <strong>et</strong> Rl sont presque systématiquement PPF.0.<br />

Le marquage final a un comportement qui reste assez proche de ce qu’on a remarqué<br />

pour les autres types de propositions. L’observation combinée du marquage initial<br />

<strong>et</strong> du marquage final nous fait dire que les propositions non personnelles (prédicat<br />

au mode infinitif ou participe) ne sont pas délimitées de <strong>la</strong> même manière que les<br />

propositions dont le prédicat est à un mode personnel.<br />

D’un autre côté, il est à présent c<strong>la</strong>ir que le prédicat rej<strong>et</strong>te fortement toute forme<br />

de marquage – nous verrons ci-dessous si c<strong>et</strong>te tendance est confirmée <strong>dans</strong> le cadre<br />

de propositions de fonction immédiate.<br />

Les tests sur l’échantillon limité aux constituants non finaux <strong>la</strong>issent se démarquer<br />

une partie des mêmes constituants que ceux relevés aux niveaux MI.phrase <strong>et</strong> MI.persarg<br />

(figures 5.31 <strong>et</strong> 5.32). Nous pouvons observer que:<br />

– les circonstants propositionnels sont trop peu attestés pour être évalués, mais les<br />

autres 0,0,C5,0,1 <strong>et</strong> 0,0,C5,0,0 sont particulièrement marqués;<br />

207


0,0,C5,0,1<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,0,A4,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.366%)<br />

1.98e−10 1<br />

27/119 (23%)<br />

16/76 (21%)<br />

26/189 (14%)<br />

8/35 (23%)<br />

6/33 (18%)<br />

FIG. 5.31 – Attractions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬persarg<br />

(sans les constituants finaux)<br />

1,0,Rl,0,0<br />

1,0,P0,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,P0,0,0<br />

1,0,R3,0,0<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.366%)<br />

6.31e−07 1<br />

0/270 (0.0%)<br />

6/282 (2.1%)<br />

4/122 (3.3%)<br />

6/152 (3.9%)<br />

0/17 (0.0%)<br />

18/280 (6.4%)<br />

0/14 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

FIG. 5.32 – Répulsions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬persarg<br />

(sans les constituants finaux)<br />

FAB FRE<br />

0 27866 89.04<br />

1 3430 10.96<br />

31296 100<br />

0<br />

1<br />

0 5000 10000 15000 20000 25000<br />

TAB. 5.35 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les constituants MI.synt-arg<br />

– les actants 0,0,R2,0,0 <strong>et</strong> 0,0,R3,0,1 sont à nouveau <strong>dans</strong> le groupe des attractions<br />

significatives;<br />

– les 0,0,A4,0,1 attirent également le marquage, mais de manière moins n<strong>et</strong>te.<br />

5.3.2.4 Arguments non propositionnels<br />

Le modèle ne posant que deux fonctions en <strong>syntaxe</strong> immédiate, on s’attend à ce que<br />

les listes soient plus courtes. Il est également à prévoir que soient mises en évidence<br />

des tendances de nature différente par rapport à celles examinées <strong>dans</strong> des contextes<br />

propositionnels.<br />

a. Marquage initial. Le tri à p<strong>la</strong>t est présenté <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 5.35. En conséquence du<br />

p<strong>et</strong>it nombre de modalités à ce niveau d’intégration, il y a effectivement peu de variété<br />

<strong>dans</strong> l’attraction du marquage initial, ainsi que le montre <strong>la</strong> figure 5.33. Les faits les<br />

plus distinctifs au point de vue des attractions sont:<br />

– les constituants attirant PPD.1 ne sont généralement pas re<strong>la</strong>tés;<br />

– de très nombreux constituants qui ne se trouvent pas à l’initiale semblent attirer<br />

le marquage; ce<strong>la</strong> va à l’encontre de ce que nous avions remarqué au suj<strong>et</strong> de <strong>la</strong><br />

position des signes <strong>et</strong> de leur capacité à délimiter les constituants (→5.2.3.1);<br />

– aucun type de constituant final n’attire le marquage;<br />

– les coordonnants sont à nouveau mis en évidence.<br />

208


1,0,Ap,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

1,0,Ap,¬pers,0<br />

0,0,Dt,0,0<br />

0,0,Ap,0,0<br />

1,0,Ap,0,1<br />

1,0,Rl,0,0<br />

1,1,Ap,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.256%)<br />

2.15e−104 1<br />

981/4953 (20%)<br />

311/1217 (26%)<br />

39/56 (70%)<br />

27/113 (24%)<br />

1120/9286 (12%)<br />

6/24 (25%)<br />

539/4690 (11%)<br />

4/34 (12%)<br />

FIG. 5.33 – Attractions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau synt-arg<br />

0,1,Ap,0,0<br />

0,1,Dt,0,1<br />

0,1,Ap,¬pers,0<br />

0,1,Ap,pers,1<br />

0,1,Ap,0,1<br />

0,0,Ap,¬pers,0<br />

0,0,Dt,0,1<br />

0,1,Dt,0,0<br />

0,0,Ap,pers,1<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,1,Dt,¬pers,1<br />

1,0,Dt,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.256%)<br />

8.2e−72 1<br />

231/5568 (4.15%)<br />

31/1900 (1.63%)<br />

4/723 (0.55%)<br />

74/1254 (5.90%)<br />

0/149 (0.00%)<br />

0/130 (0.00%)<br />

39/632 (6.17%)<br />

5/202 (2.48%)<br />

5/120 (4.17%)<br />

4/79 (5.06%)<br />

5/88 (5.68%)<br />

1/25 (4.00%)<br />

FIG. 5.34 – Répulsions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau synt-arg<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,Ap,0,0<br />

0,0,Dt,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.366%)<br />

5.22e−103 1<br />

311/1217 (26%)<br />

1120/9286 (12%)<br />

27/113 (24%)<br />

FIG. 5.35 – Attractions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau syntarg<br />

(sans les constituants initiaux)<br />

0,1,Ap,0,0<br />

0,1,Dt,0,1<br />

0,1,Ap,¬pers,0<br />

0,1,Ap,0,1<br />

0,1,Ap,pers,1<br />

0,0,Ap,¬pers,0<br />

0,1,Dt,0,0<br />

0,0,Dt,0,1<br />

0,0,Ap,pers,1<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,1,Dt,¬pers,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.366%)<br />

1.27e−43 1<br />

231/5568 (4.15%)<br />

31/1900 (1.63%)<br />

4/723 (0.55%)<br />

0/149 (0.00%)<br />

74/1254 (5.90%)<br />

0/130 (0.00%)<br />

5/202 (2.48%)<br />

39/632 (6.17%)<br />

5/120 (4.17%)<br />

4/79 (5.06%)<br />

5/88 (5.68%)<br />

FIG. 5.36 – Répulsions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau syntarg<br />

(sans les constituants initiaux)<br />

En ce qui concerne les répulsions (figure 5.34):<br />

– le rej<strong>et</strong> de PPD.1 est à nouveau très important, en particulier pour les constituants<br />

propositionnels (mode non personnel);<br />

– on observe en outre que les constituants en position finale sont particulièrement peu<br />

marqués.<br />

Comme on peut le remarquer <strong>dans</strong> le graphiques 5.35 <strong>et</strong> 5.36, aucun autre contraste<br />

ne ressort une fois que les constituants initiaux sont r<strong>et</strong>irés de l’échantillon, ce qui<br />

209


FAB FRE<br />

0 25749 82.15<br />

1 5594 17.85<br />

31343 100<br />

0<br />

1<br />

0 5000 10000 15000 20000 25000<br />

TAB. 5.36 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les constituants MI.synt-arg<br />

0,1,Ap,pers,1<br />

0,1,Dt,0,1<br />

0,1,Ap,0,0<br />

0,1,Dt,0,0<br />

0,0,Dt,0,1<br />

0,1,Ap,0,1<br />

0,1,Dt,¬pers,1<br />

1,1,Ap,0,0<br />

0,1,Ap,¬pers,0<br />

0,0,Dt,0,0<br />

0,0,Ap,pers,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.256%)<br />

1e−300 1<br />

765/1252 (61%)<br />

818/1832 (45%)<br />

1717/5558 (31%)<br />

100/201 (50%)<br />

206/632 (33%)<br />

69/146 (47%)<br />

47/88 (53%)<br />

24/34 (71%)<br />

182/713 (26%)<br />

42/113 (37%)<br />

43/120 (36%)<br />

FIG. 5.37 – Attractions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau synt-arg<br />

1,0,Rl,0,0<br />

1,0,Ap,0,0<br />

0,0,Ap,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

1,0,Ap,¬pers,0<br />

0,0,Ap,¬pers,0<br />

1,0,Dt,0,0<br />

1,0,Ap,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.256%)<br />

9e−238 1<br />

52/4797 (1.1%)<br />

312/4987 (6.3%)<br />

1151/9286 (12.4%)<br />

28/1217 (2.3%)<br />

1/79 (1.3%)<br />

0/56 (0.0%)<br />

13/130 (10.0%)<br />

1/25 (4.0%)<br />

1/24 (4.2%)<br />

FIG. 5.38 – Répulsions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau synt-arg<br />

confirme que les attractions les plus importantes doivent être cherchées ailleurs que<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> position des constituants.<br />

b. Marquage final. Les proportions de marquage sont figurent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 5.36. Il y<br />

a plus de variété <strong>dans</strong> les constituants attirant le marquage final que le marquage initial<br />

(figure 5.37). Néanmoins, nous constatons que:<br />

– <strong>la</strong> plupart des constituants qui attirent le marquage <strong>et</strong> sont présents en quantité suffisante<br />

pour être évalués se trouvent en position finale (à l’exception des déterminants<br />

<strong>et</strong> des appositions propositionnelles non re<strong>la</strong>tées);<br />

– les constituants re<strong>la</strong>tés attirent le marquage indépendamment de leur position.<br />

Par rapport aux rej<strong>et</strong>s (figure 5.38),<br />

– leur fréquence est très élevée <strong>et</strong> implique les Co <strong>et</strong> les Rl;<br />

– aucun constituant final ne rej<strong>et</strong>te <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale;<br />

– les fréquences absolues des constituants de fonction Ap non finaux acceptant le<br />

marquage sont suffisamment élevées pour qu’on s’interroge sur leur particu<strong>la</strong>rité,<br />

malgré une fréquence re<strong>la</strong>tive de rej<strong>et</strong> très importante;<br />

– les constituants propositionnels paraissent repousser le marquage <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où<br />

ils ne se trouvent pas directement à <strong>la</strong> finale du constituant qui les intègre.<br />

Comme les fréquences le <strong>la</strong>issaient prévoir, ce sont les 0,0,Ap,0,0 qui ressortent<br />

comme particulièrement marqués une fois les constituants finaux r<strong>et</strong>irés de l’échan-<br />

210


0,0,Dt,0,1<br />

0,0,Ap,0,0<br />

0,0,Dt,0,0<br />

0,0,Ap,pers,1<br />

0,0,Ap,¬pers,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.427%)<br />

3.37e−104 1<br />

206/632 (33%)<br />

1151/9286 (12%)<br />

42/113 (37%)<br />

43/120 (36%)<br />

13/130 (10%)<br />

FIG. 5.39 – Attractions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau syntarg<br />

(sans les constituants finaux)<br />

1,0,Rl,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

1,0,Ap,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

1,0,Ap,¬pers,0<br />

1,0,Dt,0,0<br />

1,0,Ap,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.427%)<br />

6.28e−99 1<br />

52/4797 (1.1%)<br />

28/1217 (2.3%)<br />

312/4987 (6.3%)<br />

1/79 (1.3%)<br />

0/56 (0.0%)<br />

1/25 (4.0%)<br />

1/24 (4.2%)<br />

FIG. 5.40 – Répulsions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau syntarg<br />

(sans les constituants finaux)<br />

FAB FRE<br />

0 8018 95.54<br />

1 374 4.46<br />

8392 100<br />

0<br />

1<br />

0 2000 4000 6000 8000<br />

TAB. 5.37 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les constituants MI.pers<br />

tillon (figures 5.39 <strong>et</strong> 5.40). Ce contraste est problématique, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où le type<br />

d’apposition qui se démarque ainsi est particulièrement hétérogène. 43<br />

5.3.2.5 Propositions personnelles de fonction immédiate<br />

Abordons à présent les constituants des structures de fonction immédiate, en commençant<br />

par les propositions personnelles.<br />

a. Marquage initial. La proportion de constituants marqués est faible (table 5.37). Les<br />

fréquences absolues sont donc souvent trop p<strong>et</strong>ites pour qu’on puisse les exploiter.<br />

Cependant, les attractions (figure 5.41) nous livrent des informations précieuses:<br />

– premièrement, <strong>la</strong> position initiale semble liée au marquage, comme c’était le cas<br />

au niveau argumental, mais de manière assez peu régulière (cf. pourcentages);<br />

1,0,S1,0,0, qui représente toutes les propositions en qui, est significativement lié<br />

à une <strong>ponctuation</strong> initiale; les autres constituants initiaux (Rl, R2, A4, C5) ne sont<br />

pas liés significativement;<br />

– les re<strong>la</strong>teurs coordonnants attirent très significativement PPD, de <strong>la</strong> même manière<br />

que nous l’avons remarqué <strong>dans</strong> <strong>la</strong> plupart des autres contextes;<br />

– par contre, les re<strong>la</strong>teurs non coordonnants ne sont pas significativement liés à<br />

PPD.1, bien que le sens de l’écart soit celui d’une attraction;<br />

– les différents types de C5 attirent PPD, particulièrement à <strong>la</strong> finale.<br />

43 Étant donné que le modèle assimile de nombreux types de constituants à des appositions<br />

(→3.4.6.1). Nous reviendrons ultérieurement sur c<strong>et</strong>te question (→6.2).<br />

211


0,0,Co,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,R2,pers,1<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,C5,¬pers,1<br />

1,0,S1,0,0<br />

1,0,C5,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

1,0,A4,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

1,1,R2,¬pers,0<br />

0,1,C5,pers,1<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,1,S1,0,0<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

1,0,Rl,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.151%)<br />

4.72e−63 1<br />

95/476 (20.0%)<br />

7/10 (70.0%)<br />

4/10 (40.0%)<br />

14/96 (14.6%)<br />

4/12 (33.3%)<br />

57/841 (6.8%)<br />

11/97 (11.3%)<br />

22/273 (8.1%)<br />

21/267 (7.9%)<br />

5/36 (13.9%)<br />

18/256 (7.0%)<br />

2/10 (20.0%)<br />

2/13 (15.4%)<br />

3/34 (8.8%)<br />

2/23 (8.7%)<br />

2/26 (7.7%)<br />

1/17 (5.9%)<br />

2/28 (7.1%)<br />

5/107 (4.7%)<br />

26/575 (4.5%)<br />

FIG. 5.41 – Attractions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau pers<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,1,A4,0,0<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,1,R3,0,1<br />

1,0,R2,¬pers,0<br />

FAB FRE<br />

0 7002 83.49<br />

1 1385 16.51<br />

8387 100<br />

Répulsions (seuil adapté 0.151%)<br />

3.12e−16 1<br />

12/1661 (0.72%)<br />

3/764 (0.39%)<br />

12/1074 (1.12%)<br />

10/450 (2.22%)<br />

9/404 (2.23%)<br />

5/224 (2.23%)<br />

6/246 (2.44%)<br />

0/59 (0.00%)<br />

0/46 (0.00%)<br />

1/66 (1.52%)<br />

0/20 (0.00%)<br />

1/44 (2.27%)<br />

1/43 (2.33%)<br />

0/11 (0.00%)<br />

FIG. 5.42 – Répulsions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau pers<br />

0<br />

1<br />

0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000<br />

TAB. 5.38 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les constituants MI.pers<br />

Pour les répulsions (figure 5.42):<br />

– le prédicat rej<strong>et</strong>te le marquage, de <strong>la</strong> même manière qu’en <strong>syntaxe</strong> argumentale;<br />

– les constituants simples manifestent une répulsion (significative ou non).<br />

Les scribes avaient peut-être tendance à «remonter» le niveau de ces C5; le signe qui<br />

les précède indiquerait dès lors <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> proposition subordonnée.<br />

R<strong>et</strong>irer les constituants initiaux de l’échantillon avant de tester les associations a<br />

pour conséquence principale d’augmenter <strong>la</strong> significativité des quatre types de constituants<br />

dépassant le seuil corrigé de Šidàk (figures 5.43 <strong>et</strong> 5.44). Les tendances restent<br />

donc plus ou moins stables.<br />

b. Marquage final. Le marquage final est, sans surprise, plus abondant (table 5.38).<br />

On m<strong>et</strong> ainsi à jour les tendances de <strong>la</strong> figure 5.45. PPF.1 est principalement observé<br />

pour les constituants en finale. Dans les autres cas, seuls les constituants vérifiant<br />

212


0,0,Co,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,0,R2,pers,1<br />

0,1,C5,¬pers,1<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,1,C5,pers,1<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,1,S1,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.190%)<br />

1.78e−79 1<br />

95/476 (20.0%)<br />

7/10 (70.0%)<br />

14/96 (14.6%)<br />

4/10 (40.0%)<br />

4/12 (33.3%)<br />

22/273 (8.1%)<br />

21/267 (7.9%)<br />

2/13 (15.4%)<br />

3/34 (8.8%)<br />

2/23 (8.7%)<br />

2/26 (7.7%)<br />

2/28 (7.1%)<br />

5/107 (4.7%)<br />

1/17 (5.9%)<br />

FIG. 5.43 – Attractions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau pers<br />

(sans les constituants initiaux)<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,1,A4,0,0<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,1,R3,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.190%)<br />

3.33e−14 1<br />

12/1661 (0.72%)<br />

3/764 (0.39%)<br />

12/1074 (1.12%)<br />

10/450 (2.22%)<br />

9/404 (2.23%)<br />

0/59 (0.00%)<br />

5/224 (2.23%)<br />

6/246 (2.44%)<br />

0/46 (0.00%)<br />

1/66 (1.52%)<br />

0/20 (0.00%)<br />

1/44 (2.27%)<br />

1/43 (2.33%)<br />

FIG. 5.44 – Répulsions significatives entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau pers<br />

(sans les constituants initiaux)<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,1,C5,pers,1<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,1,R3,0,1<br />

0,1,S1,0,0<br />

0,1,C5,¬pers,1<br />

0,0,R2,pers,1<br />

0,1,A4,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

1,1,R2,¬pers,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.151%)<br />

3.48e−222 1<br />

438/764 (57%)<br />

175/272 (64%)<br />

78/94 (83%)<br />

137/246 (56%)<br />

125/222 (56%)<br />

56/66 (85%)<br />

17/23 (74%)<br />

12/13 (92%)<br />

17/26 (65%)<br />

23/43 (53%)<br />

13/17 (76%)<br />

9/12 (75%)<br />

8/10 (80%)<br />

20/46 (43%)<br />

67/267 (25%)<br />

6/10 (60%)<br />

23/107 (21%)<br />

5/28 (18%)<br />

6/34 (18%)<br />

FIG. 5.45 – Attractions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau pers<br />

213


0,0,P0,0,0<br />

1,0,S1,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

1,0,C5,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

1,0,A4,0,0<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

1,0,R2,¬pers,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,0,R2,pers,1<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,A4,0,0<br />

1,0,R2,¬pers,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.151%)<br />

1.7e−69 1<br />

35/1661 (2.11%)<br />

1/841 (0.12%)<br />

30/1074 (2.79%)<br />

0/575 (0.00%)<br />

1/476 (0.21%)<br />

13/404 (3.22%)<br />

0/256 (0.00%)<br />

36/450 (8.00%)<br />

1/97 (1.03%)<br />

0/59 (0.00%)<br />

1/36 (2.78%)<br />

3/44 (6.82%)<br />

0/10 (0.00%)<br />

2/20 (10.00%)<br />

1/11 (9.09%)<br />

FIG. 5.46 – Répulsions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau pers<br />

Attractions (seuil adapté 0.244%)<br />

1.89e−72 1<br />

67/267 (25.1%)<br />

17/26 (65.4%)<br />

8/10 (80.0%)<br />

23/107 (21.5%)<br />

36/450 (8.0%)<br />

6/34 (17.6%)<br />

5/28 (17.9%)<br />

2/20 (10.0%)<br />

3/44 (6.8%)<br />

1/11 (9.1%)<br />

FIG. 5.47 – Attractions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau pers<br />

(sans les constituants finaux)<br />

1,0,S1,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

1,0,C5,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

1,0,A4,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.244%)<br />

1.96e−09 1<br />

1/841 (0.12%)<br />

0/575 (0.00%)<br />

35/1661 (2.11%)<br />

1/476 (0.21%)<br />

0/256 (0.00%)<br />

30/1074 (2.79%)<br />

0/59 (0.00%)<br />

1/97 (1.03%)<br />

13/404 (3.22%)<br />

0/10 (0.00%)<br />

1/36 (2.78%)<br />

FIG. 5.48 – Répulsions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau pers<br />

(sans les constituants finaux)<br />

MF.C5 ou MN.pers sont marqués. Les répulsions (figure 5.46) sont quant à elles très<br />

fortes (elles atteignent 90% <strong>dans</strong> tous les cas) <strong>et</strong> elles ne concernent que les constituants<br />

simples.<br />

On peut se demander si les constituants initiaux qui ressortent ici (dont <strong>la</strong> fréquence<br />

de marquage avoisine les 0% <strong>et</strong> dont les fréquences absolues sont proche de 0)<br />

ne sont pas des re<strong>la</strong>teurs (des constituants spécifiants) ayant une fonction argumentale<br />

(→3.4.6.4 a), du type:<br />

«celi ki ces iiii muis tenrat en hyr<strong>et</strong>age» (Document 1271–12–09, 8).<br />

Si nous r<strong>et</strong>irons les constituants finaux de l’échantillon, nous obtenons les figures 5.47<br />

<strong>et</strong> 5.48; nous voyons à nouveau se démarquer:<br />

214


FAB FRE<br />

0 2997 98.2<br />

1 55 1.8<br />

3052 100<br />

0<br />

1<br />

0 500 1000 1500 2000 2500<br />

TAB. 5.39 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les constituants MI.¬pers<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,1,C5,0,1<br />

1,0,P0,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,1,P0,0,0<br />

1,0,C5,0,0<br />

1,0,R3,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,0,P0,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

FAB FRE<br />

0 2594 85.22<br />

1 450 14.78<br />

3044 100<br />

Attractions (seuil adapté 0.341%)<br />

6.14e−43 1<br />

11/30 (36.7%)<br />

5/26 (19.2%)<br />

3/14 (21.4%)<br />

8/105 (7.6%)<br />

4/52 (7.7%)<br />

4/63 (6.3%)<br />

3/40 (7.5%)<br />

1/14 (7.1%)<br />

1/18 (5.6%)<br />

FIG. 5.49 – Attractions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers<br />

Répulsions (seuil adapté 0.341%)<br />

4.61e−08 1<br />

3/1296 (0.23%)<br />

7/1210 (0.58%)<br />

0/10 (0.00%)<br />

0/14 (0.00%)<br />

1/77 (1.30%)<br />

0/31 (0.00%)<br />

FIG. 5.50 – Répulsions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers<br />

0<br />

1<br />

0 500 1000 1500 2000 2500<br />

TAB. 5.40 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les constituants MI.¬pers<br />

– de nombreux types de circonstants;<br />

– ainsi que les re<strong>la</strong>teurs 0,0,Rl,0,0;<br />

– <strong>et</strong> les actants 0,0,R2,pers,0, 0,0,R3,0,1 <strong>et</strong> 0,0,A4,0,0.<br />

5.3.2.6 Propositions non personnelles de fonction immédiate<br />

a. Marquage initial. La <strong>ponctuation</strong> initiale est presque inexistante (table 5.39). Les<br />

effectifs, très faibles, <strong>la</strong>issent paraître quelques tendances, mais on aurait de <strong>la</strong> peine<br />

à les exploiter en les considérant seules. Remarquons tout de même (figure 5.49) que<br />

les re<strong>la</strong>teurs attirent le marquage initial <strong>et</strong> qu’au point de vue des répulsions (figure<br />

5.50), les C5 initiaux rej<strong>et</strong>tent le marquage.<br />

b. Marquage final. La <strong>ponctuation</strong> finale est plus fréquente que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale<br />

(table 5.40). On doit cependant s’attendre à ce que les attractions ne concernent<br />

pratiquement que les constituants qui se trouvent à <strong>la</strong> finale de <strong>la</strong> structure étudiée,<br />

ce qui est effectivement le cas (figure 5.51). Malgré le peu de matériaux disponibles,<br />

215


0,1,P0,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

1,0,C5,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

1,0,P0,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

1,0,R3,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.341%)<br />

4.11e−57 1<br />

345/1288 (27%)<br />

42/63 (67%)<br />

12/14 (86%)<br />

7/14 (50%)<br />

15/52 (29%)<br />

FIG. 5.51 – Attractions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers<br />

Répulsions (seuil adapté 0.341%)<br />

3.72e−73 1<br />

5/1210 (0.41%)<br />

0/105 (0.00%)<br />

0/40 (0.00%)<br />

0/31 (0.00%)<br />

5/77 (6.49%)<br />

0/18 (0.00%)<br />

2/30 (6.67%)<br />

0/10 (0.00%)<br />

2/26 (7.69%)<br />

2/14 (14.29%)<br />

FIG. 5.52 – Répulsions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers<br />

Attractions (seuil adapté 0.465%)<br />

4.57e−39 1<br />

15/52 (28.8%)<br />

5/77 (6.5%)<br />

2/14 (14.3%)<br />

2/26 (7.7%)<br />

2/30 (6.7%)<br />

FIG. 5.53 – Attractions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers<br />

(sans les constituants finaux)<br />

1,0,C5,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

1,0,R3,0,0<br />

1,0,P0,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.465%)<br />

4.05e−15 1<br />

5/1210 (0.41%)<br />

0/105 (0.00%)<br />

0/10 (0.00%)<br />

0/40 (0.00%)<br />

0/31 (0.00%)<br />

0/18 (0.00%)<br />

FIG. 5.54 – Répulsions significatives entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau ¬pers<br />

(sans les constituants finaux)<br />

soulignons néanmoins que les C5 sont particulièrement marqués <strong>et</strong> que les re<strong>la</strong>teurs<br />

rej<strong>et</strong>tent à nouveau le ponctogramme (ce<strong>la</strong> est encore plus visible <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 5.53).<br />

5.3.2.7 Constituants non propositionnels de fonction immédiate<br />

Ce type d’intégration syntaxique est très difficile à traiter. Alors que les propositions<br />

sont formées à partir du prédicat <strong>et</strong> de ses arguments <strong>et</strong> que les arguments sont à leur<br />

tour construits sur <strong>la</strong> base de propositions ou de syntagmes, les constituants non propositionnels<br />

sont très souvents constitués d’autres structures de même nature, imbriquées<br />

récursivement. Par exemple,<br />

216


FAB FRE<br />

0 26886 94.09<br />

1 1690 5.91<br />

28576 100<br />

0<br />

1<br />

0 5000 10000 15000 20000 25000<br />

TAB. 5.41 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les constituants MI.synt<br />

1,0,Ap,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,1,Ap,pers,1<br />

1,0,Dt,0,1<br />

0,1,Dt,¬pers,1<br />

0,0,Ap,pers,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.285%)<br />

1e−300 1<br />

1026/6426 (16.0%)<br />

91/393 (23.2%)<br />

38/423 (9.0%)<br />

4/38 (10.5%)<br />

1/10 (10.0%)<br />

3/44 (6.8%)<br />

FIG. 5.55 – Attractions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau synt<br />

0,1,Ap,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

0,1,Dt,0,1<br />

0,1,Dt,0,0<br />

0,1,Ap,¬pers,0<br />

0,0,Dt,0,1<br />

0,0,Ap,¬pers,0<br />

1,0,Dt,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,Dt,0,0<br />

0,1,Ap,0,1<br />

0,0,Ap,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.285%)<br />

2.75e−94 1<br />

104/8004 (1.30%)<br />

133/5261 (2.53%)<br />

23/2158 (1.07%)<br />

5/597 (0.84%)<br />

6/559 (1.07%)<br />

6/222 (2.70%)<br />

1/89 (1.12%)<br />

0/32 (0.00%)<br />

2/76 (2.63%)<br />

3/89 (3.37%)<br />

0/11 (0.00%)<br />

242/4116 (5.88%)<br />

FIG. 5.56 – Répulsions entre PPD <strong>et</strong> MM, au niveau synt<br />

«· <strong>la</strong> nos requíſent lı deuant dıſ fre [7]res ke nos lour feıſſíemes don <strong>et</strong> veſture delle lour<br />

part de demı boníer de [8] terre eríle kí aluz eſt <strong>et</strong> kı lour aſtoıt eſkeut de par pere <strong>et</strong> de par<br />

mere · eas [9] <strong>et</strong> damoıſelle heluít lour ſerour · <strong>et</strong> kı gıeſt enſ el terrour de hekes» (Document<br />

1277–05–04, 6).<br />

Par ailleurs, <strong>la</strong> taille des constituants non propositionnels est généralement réduite par<br />

rapport à celle des structures argumentales. La simple lecture des documents <strong>la</strong>isse<br />

voir qu’un grand nombre de syntagmes sont composés de seulement deux mots, ce<br />

qui a pour conséquence que le premier est forcément initial <strong>et</strong> que le deuxième est<br />

nécessairement final.<br />

a. Marquage initial. Le tri à p<strong>la</strong>t (table 5.41) montre que le nombre de constituants<br />

marqués reste très élevé, en particulier si on le considère de manière absolue pour<br />

l’ensemble <strong>et</strong> le tableau. 44<br />

Selon <strong>la</strong> figure 5.55, il y a un détachement très n<strong>et</strong> de Co <strong>et</strong> de Ap initiaux du côté<br />

des attractions, alors que les répulsions présentes à ce niveau (figure 5.56) se résument<br />

ainsi:<br />

– les constituants finaux rej<strong>et</strong>tent le marquage;<br />

– les re<strong>la</strong>teurs font de même.<br />

Il n’y a pas, comme c’était le cas <strong>dans</strong> un contexte argumental, une grande quantité<br />

44 Voir les annexes.<br />

217


FAB FRE<br />

0 23611 82.94<br />

1 4855 17.06<br />

28466 100<br />

0<br />

1<br />

0 5000 10000 15000 20000<br />

TAB. 5.42 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les constituants MI.synt<br />

0,1,Ap,0,0<br />

0,1,Dt,0,1<br />

0,1,Ap,pers,1<br />

0,1,Dt,0,0<br />

0,1,Ap,¬pers,0<br />

0,1,Dt,¬pers,1<br />

0,0,Ap,pers,1<br />

0,1,Ap,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.285%)<br />

1e−300 1<br />

2711/7914 (34%)<br />

912/2150 (42%)<br />

292/423 (69%)<br />

214/579 (37%)<br />

192/559 (34%)<br />

7/10 (70%)<br />

18/44 (41%)<br />

6/11 (55%)<br />

FIG. 5.57 – Attractions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau synt<br />

1,0,Ap,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

0,0,Ap,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,Dt,0,1<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,Dt,0,0<br />

0,0,Ap,¬pers,0<br />

1,0,Dt,0,0<br />

1,0,Dt,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.285%)<br />

8.13e−266 1<br />

172/6431 (2.67%)<br />

47/5262 (0.89%)<br />

234/4116 (5.69%)<br />

3/393 (0.76%)<br />

18/222 (8.11%)<br />

2/76 (2.63%)<br />

5/89 (5.62%)<br />

6/89 (6.74%)<br />

0/32 (0.00%)<br />

5/38 (13.16%)<br />

FIG. 5.58 – Répulsions entre PPF <strong>et</strong> MM, au niveau synt<br />

de constituants non initiaux qui attirent le marquage. Concrètement, les syntagmes ne<br />

sont donc généralement pas «interrompus» par <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>.<br />

b. Marquage final. La quantité de marquage final est à nouveau bien supérieure à <strong>la</strong><br />

quantité de marquage initial (table 5.42). Selon <strong>la</strong> figure 5.57, les seules constructions<br />

qui attirent le marquage sans se trouver à <strong>la</strong> finale sont les propositions personnelles<br />

re<strong>la</strong>tées. Par ailleurs, le rej<strong>et</strong> (figure figure 5.58) semble caractériser tous les constituants<br />

ne se trouvant pas à <strong>la</strong> finale. On ne peut cependant parler de «règle» car un<br />

nombre non négligeable (fréquence absolue) d’Ap non finaux acceptent PPF.1. Ces<br />

répulsions impliquent à nouveau que les syntagmes ne sont habituellement pas «rompus»<br />

par <strong>la</strong> présence d’un ponctogramme.<br />

5.3.3 Synthèse<br />

En guise de synthèse, nous comparons <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>rité du marquage initial à <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>rité<br />

du marquage final (→5.3.3.1). Nous m<strong>et</strong>tons ensuite en re<strong>la</strong>tion les observations<br />

des différents tris croisés. Pour ce faire, nous construisons deux tableaux synoptiques<br />

(→5.3.3.2). Leur description mène à <strong>la</strong> définition de points forts <strong>et</strong> de questions<br />

concernant les tendances générales dégagées (→5.3.3.3).<br />

218


5.3.3.1 Régu<strong>la</strong>rités<br />

Comme le montraient déjà les tris à p<strong>la</strong>t (→5.1.3), <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> est un phénomène<br />

rare par rapport à <strong>la</strong> non-<strong>ponctuation</strong>. On pouvait donc s’attendre à ce que <strong>la</strong> présence<br />

d’une marque <strong>dans</strong> un contexte qui l’attire soit tout simplement moins régulière que<br />

son absence <strong>dans</strong> un contexte qui <strong>la</strong> repousse. Les tris croisés ne s’opposent pas à c<strong>et</strong>te<br />

conclusion <strong>et</strong> un rapide test perm<strong>et</strong> de s’en assurer.<br />

Reprenons toutes les spécificités positives <strong>et</strong> regroupons <strong>dans</strong> un premier échantillon<br />

(désigné du nom attraction) tous les pourcentages enregistrés pour les constituants<br />

attirant significativement le marquage <strong>dans</strong> les tableaux ci-dessus. Faisons ensuite<br />

de même avec les répulsions, non pas en considérant le pourcentage de marquage,<br />

mais <strong>la</strong> différence de 100 diminué de ce dernier (échantillon nommé répulsion).<br />

Nous obtenons deux distributions dont <strong>la</strong> différence des médianes peut être<br />

évaluée à l’aide d’un test nommé test de Wilcoxon. 45 Nous avons reporté les résultats<br />

du test, ainsi qu’une représentation des deux échantillons, <strong>dans</strong> les graphiques de <strong>la</strong><br />

figure 5.59. Les encoches figurant de part <strong>et</strong> d’autre de <strong>la</strong> médiane <strong>dans</strong> le troisième<br />

graphique sont un moyen graphique de m<strong>et</strong>tre en évidence <strong>la</strong> différence entre les médianes<br />

des deux échantillons: de manière générale, si les encoches de deux boîtes ne<br />

figurent pas en vis-à-vis, ce<strong>la</strong> signifie que les médianes sont significativement différentes.<br />

46 Le graphique est très c<strong>la</strong>ir.<br />

Les courbes montrent que <strong>la</strong> distribution de <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>rité de marquage est bimodale,<br />

ce qui est généralement l’indice que l’échantillon observé est le résultat d’un<br />

mé<strong>la</strong>nge entre deux échantillons différents. Il devrait être possible de regrouper les<br />

constituants (par position, par fonction, <strong>et</strong>c.) de manière à m<strong>et</strong>tre en évidence ces<br />

deux groupes, mais aucun des découpages que nous avons pu effectuer n’a abouti à<br />

une séparation n<strong>et</strong>te.<br />

Il ressort de <strong>la</strong> différence entre les fréquences d’attraction <strong>et</strong> les fréquences de<br />

répulsion que <strong>la</strong> présence de <strong>ponctuation</strong> autour d’un constituant d’un type qui <strong>la</strong> repousse<br />

est n<strong>et</strong>tement plus prégnante que son absence <strong>dans</strong> un environnement l’attirant.<br />

Extrapolons ainsi: si un ponctogramme apparaît alors qu’il ne le devrait pas suivant les<br />

tendances décelées <strong>dans</strong> ce chapitre, il est p<strong>la</strong>usible que les causes de son occurrence<br />

doivent être recherchées ailleurs, c’est-à-dire soit <strong>dans</strong> le contexte immédiat, soit à un<br />

niveau d’analyse qui ne soit pas exclusivement morphosyntaxique.<br />

5.3.3.2 Tableaux synoptiques<br />

a. Visualisation simultanée des tris croisés. Les vingt-huit graphiques de tendances<br />

<strong>et</strong> les commentaires que nous en avons fait ci-dessus ont chacun leur intérêt propre,<br />

sans toutefois présenter une vue d’ensemble de <strong>la</strong> situation. Pour construire une telle<br />

45 Les distributions ne sont pas normales (→4.1.2) <strong>et</strong> requièrent un test non paramétrique, indépendant<br />

de <strong>la</strong> forme de <strong>la</strong> distribution (Howell 1998, ch. 18). Les tests non paramétriques ont<br />

l’avantage de ne pas nécessiter que les données soient distribuées d’une manière particulière<br />

pour être applicables (<strong>la</strong> plupart des tests paramétriques supposent <strong>la</strong> normalité des distributions).<br />

Ils ont cependant l’inconvénient de manquer de puissance, c’est-à-dire d’augmenter<br />

les chances de comm<strong>et</strong>tre l’erreurβ(voir page 157). Le test est effectué par <strong>la</strong> fonction R<br />

wilcox.test().<br />

46 Voir l’aide de R, ?boxplot.<br />

219


220<br />

Densité<br />

Densité<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0.030<br />

0.025<br />

0.020<br />

0.015<br />

0.010<br />

0.005<br />

0.000<br />

0.4<br />

0.3<br />

0.2<br />

0.1<br />

0.0<br />

Attraction<br />

0 20 40 60 80<br />

Répulsion<br />

92 94 96 98 100<br />

Test de Wilcoxon: p = 8.7e−17<br />

Attraction Répulsion<br />

FIG. 5.59 – Proportions de marquage<br />

18<br />

16<br />

14<br />

12<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

18<br />

16<br />

14<br />

12<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0


vue, il faut combiner les résultats des différents graphiques. On obtient ainsi deux tableaux<br />

synthétiques: un pour le marquage par un ponctogramme à l’initiale <strong>et</strong> un pour<br />

le marquage par un ponctogramme à <strong>la</strong> finale. Les tableaux ne donnent certes pas d’informations<br />

qui ne soient déjà apportées par l’analyse détaillée, mais ils en présentent<br />

une sélection de manière simultanée, de façon à faire apparaître les ressemb<strong>la</strong>nces <strong>et</strong><br />

les différences.<br />

Pour chaque combinaison positionnelle <strong>et</strong> morphosyntaxique (verticalement) <strong>et</strong><br />

chaque type de structure intégrante (horizontalement), le tableau indique si le type de<br />

marquage concerné est attiré significativement (indiqué par un carré noir), significativement<br />

si l’ajustement de Šidàk est négligé (triangle noir) <strong>et</strong> non significativement<br />

(p<strong>et</strong>it disque noir). Les symboles b<strong>la</strong>ncs représentent les répulsions <strong>et</strong> correspondent<br />

au même c<strong>la</strong>ssement (carré, triangle, disque). Dans les cas où le nombre d’attestations<br />

d’une structure n’atteint pas 10 ou est absent à un niveau d’intégration particulier, <strong>la</strong><br />

case est <strong>la</strong>issée vide.<br />

Pour PPD, le tableau obtenu sur <strong>la</strong> base des principes exposés est donc reporté <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> figure 5.60. Le tableau correspondant au marquage final est donné <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure<br />

5.61. Ces deux résumés ont été conçus de manière à m<strong>et</strong>tre en évidence les ressemb<strong>la</strong>nces<br />

<strong>et</strong> les différences entre les constituants de même MI (verticalement) <strong>et</strong> entre<br />

les MI où se rencontre un même type de constituant (horizontalement). Nous avons<br />

commencé par séparer les tendances observées en <strong>syntaxe</strong> argumentale (à gauche)<br />

de celles observées en <strong>syntaxe</strong> immédiate (à droite), étant donné que peu de modalités<br />

de MM se r<strong>et</strong>rouvent <strong>dans</strong> les deux types d’intégration. Pour rendre les deux<br />

sous-tableaux plus lisibles, nous avons permuté les lignes <strong>et</strong> les colonnes de manière<br />

à regrouper les tendances significatives en deux groupes, les plus denses qu’il a été<br />

possible.<br />

Ces tableaux, couplés aux analyses faites <strong>dans</strong> <strong>la</strong> section→5.2.2, synthétisent<br />

notre exploration en une série de points forts <strong>et</strong> de questions qui nous serviront de<br />

guides par <strong>la</strong> suite.<br />

b. Nécessité d’écarter les constituants aux bornes de <strong>la</strong> structure qui les contient.<br />

Étant donné <strong>la</strong> récursivité <strong>et</strong> l’attraction du marquage aux bornes, chercher <strong>dans</strong> ce<br />

qui n’est pas aux bornes paraît plus raisonnable. La plupart du temps, <strong>dans</strong> le cas des<br />

structures propositionnelles, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> a tendance à être attestée au début ou à<br />

<strong>la</strong> fin des constituants englobants. La fréquence de ce marquage est parfois, 47 suffisamment<br />

forte pour occulter <strong>la</strong> présence d’autres tendances plus subtiles. L’examen<br />

des tris croisés débarrassés des positions extrêmes (initiales pour PPD <strong>et</strong> finales pour<br />

PPF) a ainsi montré que certains types de constituants attiraient le marquage plus c<strong>la</strong>irement<br />

qu’on ne l’aurait pensé. Il est donc utile de construire de nouveaux tableaux<br />

synoptiques, fondés c<strong>et</strong>te fois sur les tests effectués à partir des échantillons modifiés.<br />

Le tableau 5.62 synthétise les tendances de <strong>ponctuation</strong> initiale, alors que le tableau<br />

5.63 synthétise les tendances de <strong>ponctuation</strong> finale.<br />

Du fait de leur dépendance par rapport aux constructions de niveau d’intégration<br />

syntaxique supérieur, les constituants dont <strong>la</strong> modalité de MI vaut synt ou synt-arg ne<br />

pourraient être traités de <strong>la</strong> même manière. Nous verrons ci-dessous (→5.3.3.3 e) les<br />

options que nous avons choisies quant au traitement de ces unités.<br />

47 Voir→6.1.1 où les fréquences dépassent les 80%.<br />

221


0,0,Co,0,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

1,0,C6,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

1,0,S1,0,0<br />

1,0,A4,0,0<br />

0,0,C5,pers,0<br />

1,0,A4,¬pers,1<br />

0,1,C5,¬pers,1<br />

1,0,R3,0,1<br />

1,0,R2,0,0<br />

1,0,C5,pers,1<br />

1,0,C5,0,1<br />

1,0,A4,0,1<br />

0,0,R2,pers,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

1,0,P0,0,0<br />

1,0,C5,0,0<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,1,C5,pers,1<br />

1,1,R2,¬pers,0<br />

0,1,S1,pers,1<br />

1,0,R2,¬pers,0<br />

0,1,A4,pers,1<br />

0,0,C5,¬pers,1<br />

1,0,R3,0,0<br />

0,1,S1,0,0<br />

0,1,A4,¬pers,1<br />

0,1,R3,0,1<br />

0,1,A4,0,0<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,C6,0,0<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,1,P0,0,0<br />

222<br />

phrase pers ¬pers−arg ¬pers pers−arg<br />

1,0,Dt,0,1<br />

1,0,Ap,¬pers,0<br />

1,0,Ap,0,0<br />

0,0,Dt,0,0<br />

0,0,Ap,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

1,1,Ap,0,0<br />

1,0,Ap,0,1<br />

1,0,Rl,0,0<br />

1,0,Dt,0,0<br />

0,1,Dt,¬pers,1<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,Ap,pers,1<br />

0,1,Dt,0,1<br />

0,1,Dt,0,0<br />

0,1,Ap,pers,1<br />

0,1,Ap,¬pers,0<br />

0,1,Ap,0,1<br />

0,1,Ap,0,0<br />

0,0,Dt,0,1<br />

0,0,Ap,¬pers,0<br />

synt−arg synt<br />

Attraction significative<br />

Attraction significative (si non ajustée)<br />

Attraction non significative (seuil 5%)<br />

Répulsion significative<br />

Répulsion significative (si non ajustée)<br />

Répulsion non significative (seuil 5%)<br />

FIG. 5.60 – Tableau synoptique des tendances générales, PPD


0,1,C5,0,1<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,1,R3,0,1<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,S1,0,0<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,1,A4,0,0<br />

0,1,C5,pers,1<br />

0,1,C5,¬pers,1<br />

0,0,C5,pers,0<br />

0,0,R2,pers,1<br />

0,0,R3,0,1<br />

1,0,R3,0,1<br />

0,1,S1,pers,1<br />

0,1,A4,pers,1<br />

0,1,A4,¬pers,1<br />

1,1,R2,¬pers,0<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

1,0,C5,pers,1<br />

0,0,C5,¬pers,1<br />

1,0,R2,¬pers,0<br />

1,0,C5,0,1<br />

1,0,R3,0,0<br />

1,0,A4,¬pers,1<br />

1,0,A4,0,1<br />

1,0,A4,0,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,0,C6,0,0<br />

1,0,C6,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

1,0,P0,0,0<br />

1,0,S1,0,0<br />

1,0,C5,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

phrase pers pers−arg¬pers−arg ¬pers<br />

1,0,Dt,0,1<br />

0,1,Dt,¬pers,1<br />

0,1,Dt,0,1<br />

0,1,Dt,0,0<br />

0,1,Ap,pers,1<br />

0,1,Ap,¬pers,0<br />

0,1,Ap,0,1<br />

0,1,Ap,0,0<br />

0,0,Dt,0,1<br />

0,0,Ap,pers,1<br />

1,1,Ap,0,0<br />

0,0,Dt,0,0<br />

1,0,Dt,0,0<br />

1,0,Ap,0,1<br />

0,0,Ap,¬pers,0<br />

1,0,Ap,¬pers,0<br />

1,0,Ap,0,0<br />

0,0,Ap,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

synt−arg synt<br />

Attraction significative<br />

Attraction significative (si non ajustée)<br />

Attraction non significative (seuil 5%)<br />

Répulsion significative<br />

Répulsion significative (si non ajustée)<br />

Répulsion non significative (seuil 5%)<br />

FIG. 5.61 – Tableau synoptique des tendances générales, PPF<br />

223


0,0,Co,0,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,C5,pers,0<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,1,C5,¬pers,1<br />

0,0,R2,pers,1<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,C5,pers,1<br />

0,1,S1,pers,1<br />

0,1,A4,pers,1<br />

0,0,C5,¬pers,1<br />

0,1,R3,0,1<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,1,S1,0,0<br />

0,1,A4,¬pers,1<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,1,A4,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

0,0,C6,0,0<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,0,P0,0,0<br />

phrase pers ¬pers−argpers−arg ¬pers<br />

Attraction significative<br />

Attraction significative (si non ajustée)<br />

Attraction non significative (seuil 5%)<br />

Répulsion significative<br />

Répulsion significative (si non ajustée)<br />

Répulsion non significative (seuil 5%)<br />

FIG. 5.62 – Tableau synoptique des tendances générales, PPD (sans les<br />

constituants initiaux)<br />

5.3.3.3 Points forts <strong>et</strong> questions<br />

Nous sommes à présent en mesure de visualiser c<strong>la</strong>irement quels liens entre les<br />

constructions <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> sont les plus intéressants. Les quatre tableaux synoptiques<br />

m<strong>et</strong>tent en relief des ressemb<strong>la</strong>nces <strong>et</strong> des différences entre les lignes <strong>et</strong> les<br />

colonnes. Les points forts de ces synthèses nous perm<strong>et</strong>tent de poser les questions qui<br />

nous guideront <strong>dans</strong> <strong>la</strong> suite de notre recherche.<br />

a. Critère positionnel <strong>et</strong> marquage de <strong>la</strong> phrase. Ce que les deux premiers tableaux<br />

synoptiques montrent, 48 c’est que les constituants finaux attirent globalement <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

finale, alors que les constituants initiaux attirent plutôt <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale.<br />

Pour ce qui concerne le marquage initial, remarquons tout d’abord qu’à l’excep-<br />

48 Voir les figures 5.60 <strong>et</strong> 5.61.<br />

224


0,0,C5,0,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,R2,pers,1<br />

0,0,C5,pers,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

1,0,R3,0,1<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

1,0,C5,pers,1<br />

0,0,C5,¬pers,1<br />

1,0,R2,¬pers,0<br />

1,0,C5,0,1<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

1,0,A4,0,0<br />

1,0,R3,0,0<br />

1,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

1,0,A4,0,1<br />

1,0,R2,0,0<br />

0,0,C6,0,0<br />

1,0,C6,0,0<br />

1,0,C5,0,0<br />

1,0,P0,0,0<br />

1,0,S1,0,0<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

phrase pers pers−arg¬pers−arg ¬pers<br />

Attraction significative<br />

Attraction significative (si non ajustée)<br />

Attraction non significative (seuil 5%)<br />

Répulsion significative<br />

Répulsion significative (si non ajustée)<br />

Répulsion non significative (seuil 5%)<br />

FIG. 5.63 – Tableau synoptique des tendances générales, PPF (sans les<br />

constituants finaux)<br />

tion des constituants immédiats des propositions dont le prédicat n’est pas un verbe<br />

conjugué à un mode personnel, les attractions semblent concentrées en position initiale<br />

(modalité de MM commençant par 1,0) <strong>et</strong> les répulsions sont particulièrement<br />

présentes à <strong>la</strong> finale (0,1).<br />

À <strong>la</strong> finale, aux bornes des structures intégrantes, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre les positions des<br />

constituants <strong>et</strong> leur <strong>ponctuation</strong> finale est encore plus systématique qu’elle ne l’était<br />

pour le marquage initial. Il n’y a pratiquement pas d’exception qui soit statistiquement<br />

significative: s’ils sont initiaux, les constituants repoussent généralement significativement<br />

<strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>; s’ils sont finaux, ils l’attirent.<br />

Néanmoins, pour les propositions personnelles qui n’ont pas le statut d’énoncé,<br />

<strong>la</strong> proportion de résultats non significatifs est assez importante pour qu’on se pose <strong>la</strong><br />

question de savoir si le lien entre les positions extrêmes <strong>et</strong> <strong>la</strong> tendance au marquage<br />

225


est spécifique de <strong>la</strong> phrase. Si l’on observe les propositions non personnelles, il serait<br />

peu raisonnable de conclure qu’il existe une tendance à marquer leur premier constituant<br />

<strong>et</strong> à ne pas marquer le dernier. Au contraire, ces propositions ne se caractérisent<br />

quasiment que par des phénomènes particuliers, comme le rej<strong>et</strong> de PPD par P0 <strong>et</strong> l’attraction<br />

par C5 (→d). L’analyse effectuée jusqu’à présent ne donne pas de réponse à<br />

<strong>la</strong> question du marquage de <strong>la</strong> phrase, puisque les dépouillements des différents types<br />

de structures ont été faits de manière indépendante. Il est donc nécessaire d’effectuer<br />

une étude ciblée à ce suj<strong>et</strong>.<br />

b. Prédicat. Le rej<strong>et</strong> du marquage par le prédicat <strong>dans</strong> toute position autre que l’initiale<br />

(en particulier au début de <strong>la</strong> phrase, qui est le seul contexte où le marquage est<br />

effectivement attiré) semble être commun à toutes les sortes de propositions. Il faudra<br />

également se demander quelles conditions font que le prédicat initial d’une proposition<br />

non personnelle en <strong>syntaxe</strong> immédiate attire le marquage. La situation est encore<br />

plus univoque pour le marquage final, qui est toujours repoussé, à moins que le prédicat<br />

achève <strong>la</strong> structure à <strong>la</strong>quelle il est intégré. Face à un rej<strong>et</strong> d’une telle systématicité,<br />

comment expliquer que certains prédicats soient tout de même marqués?<br />

c. Actants. Si l’on ignore les tendances positionnelles, qui sont les plus fortes, on peut<br />

é<strong>la</strong>blir une liste précise, reprenant les actants au marquage atypique.<br />

Une fois les constituants initiaux r<strong>et</strong>irés de l’échantillon, les attractions particulièrement<br />

fortes vis-à-vis de PPD.1 concernent: 49<br />

– 0,0,S1,0,0: phrase<br />

– 0,1,S1,pers,1: phrase<br />

– 0,0,R2,0,0: phrase,¬pers<br />

– 0,1,R2,0,0: phrase<br />

– 0,0,R2,pers,1: pers<br />

– 0,1,R2,pers,1:¬pers-arg<br />

Quant à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale, les actants l’attirant sont:<br />

– 0,0,S1,0,0: phrase<br />

– 0,0,R2,0,0: phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers<br />

– 0,0,R2,pers,1: phrase, pers<br />

– 0,0,R2,¬pers,0: phrase, pers<br />

– 0,0,R3,0,1: phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers<br />

– 1,0,R3,0,1: phrase<br />

– 0,0,A4,0,1: pers-arg,¬pers-arg, pers<br />

Il est nécessaire d’étudier indépendamment chacun de ces types d’actants.<br />

d. Marginalité des C5. À côté des quelques actants particulièrement marqués, les circonstants<br />

le sont encore plus fortement. On constate d’ailleurs que les attractions sont<br />

en général c<strong>la</strong>irement significatives. Le phénomène le plus prégnant <strong>dans</strong> le tableau<br />

du marquage initial est le comportement des incidentes (0,0,C5,pers,0), qui attirent<br />

généralement <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale, en particulier au niveau de <strong>la</strong> phrase <strong>et</strong> de <strong>la</strong><br />

proposition personnelle.<br />

C<strong>et</strong>te position étonnante des incidentes n’est pas le seul phénomène digne d’intérêt.<br />

Tout d’abord, le marquage initial des différents C5 en position finale se différencie<br />

49 Chaque type de constituant est suivi de son ou ses niveau(x) d’intégration syntaxique.<br />

226


de celui des autres constituants. Ce<strong>la</strong> est particulièrement le cas au niveau de <strong>la</strong> phrase,<br />

où l’on observe, sans même r<strong>et</strong>irer les constituants aux bornes, que les tendances de<br />

marquage sont non significatives, alors que le rej<strong>et</strong> est très n<strong>et</strong> pour les autres constituants.<br />

De manière générale, à part au niveau de <strong>la</strong> phrase (où le contraste principal est<br />

d’ordre positionnel), les tendances qui caractérisent C5, lorsqu’elles sont présentes,<br />

vont <strong>dans</strong> le sens du marquage (ou d’une tendance non significative) <strong>et</strong> non du rej<strong>et</strong>.<br />

Le marquage final des C5 ne se trouvant pas à une des bornes du constituant qui les<br />

intègre est également particulièrement présent, mais il concerne alors essentiellement<br />

les constituants complexes, c’est-à-dire vérifiant MR.1 ou une autre nature que MN.0.<br />

Les attractions vis-à-vis de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale (une fois les constituants initiaux<br />

r<strong>et</strong>irés) sont:<br />

– 0,0,C5,0,1: pers,¬pers<br />

– 0,0,C5,pers,0: phrase, pers-arg<br />

– 0,1,C5,0,0: phrase,¬pers-arg, pers,¬pers<br />

– 0,1,C5,0,1: phrase, pers-arg, pers<br />

– 0,1,C5,¬pers,1: phrase, pers<br />

– 0,1,C5,pers,1: phrase<br />

Les attractions concernant PPF.1 sont:<br />

– 0,0,C5,0,0: phrase,¬pers-arg,¬pers<br />

– 0,0,C5,0,1: phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers,¬pers<br />

– 0,0,C5,pers,0: phrase, pers-arg<br />

– 0,0,C5,¬pers,1: phrase<br />

– 0,0,C5,pers,1: phrase, pers-arg, pers<br />

– 1,0,C5,pers,1: phrase<br />

Chacun de ces types de circonstant devra être étudié indépendamment.<br />

e. Appositions <strong>et</strong> déterminants. Au niveau d’intégration immédiat, le raffinement des<br />

données est assez faible <strong>et</strong> nous a déjà posé problème à plusieurs reprises. Nous avons<br />

des difficultés à appréhender <strong>la</strong> tendance au marquage des constituants Ap <strong>et</strong> Dt qui<br />

ne se trouvent pas aux bornes du constituant les intégrant. On se doute déjà que <strong>la</strong><br />

prise en considération exclusive des variables choisies jusqu’à présent ne suffira pas<br />

à aborder ce problème, qui dépasse le modèle morphosyntaxique tel que nous l’avons<br />

conçu.<br />

Par ailleurs, il est probable que les phénomènes de marquage observés au niveau<br />

de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> immédiate sont liés à des tendances touchant directement des structures<br />

situées plus haut <strong>dans</strong> <strong>la</strong> hiérarchie syntaxique ou plus généralement répandues. Il<br />

nous semble que le marquage des constituants MI.synt-arg <strong>et</strong> MI.synt ne pourra être<br />

appréhendé qu’une fois achevée l’étude de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> au niveau actanciel.<br />

f. C6 <strong>et</strong> re<strong>la</strong>teurs (dont coordonnants). Les coordonnants <strong>et</strong> les autres re<strong>la</strong>teurs occupent<br />

une position morphosyntaxiquement déterminée <strong>dans</strong> le syntagme – les re<strong>la</strong>teurs<br />

simples sont presque systématiquement à l’initiale <strong>et</strong> les coordonnants ne sont<br />

que très rarement à l’une des extrémités.<br />

Le comportement de PPD reste très cohérent d’une colonne à l’autre du tableau.<br />

Les coordonnants attirent le marquage initial <strong>dans</strong> tous les cas. Quant aux re<strong>la</strong>teurs<br />

initiaux (non coordonnants), ils attirent le marquage quand ils sont constituants immédiats<br />

soit de propositions personnelles à fonction argumentale, soit de propositions<br />

227


non personnelles. Les re<strong>la</strong>teurs des constituants non propositionnels rej<strong>et</strong>tent le marquage<br />

en contexte immédiat (ou bien l’opposition n’est pas significative). Ce<strong>la</strong> rem<strong>et</strong><br />

en question les tendances que les tris croisés m<strong>et</strong>taient en évidence: il semblerait que<br />

le type de constituant intégrant ait une influence sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des re<strong>la</strong>teurs.<br />

Pour PPF, les tendances sont globalement contraires à celles décelées pour PPD:<br />

coordonnants <strong>et</strong> re<strong>la</strong>teurs repoussent significativement <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale quelles<br />

que soient <strong>la</strong> nature <strong>et</strong> <strong>la</strong> fonction du constituant qui les contient directement – mis à<br />

part pour le coordonnant <strong>dans</strong> les propositions non personnelles en contexte immédiat,<br />

pour lequel <strong>la</strong> tendance n’est pas c<strong>la</strong>ire.<br />

À ces observations, il faut ajouter que les constituants initiaux des «re<strong>la</strong>tives»,<br />

de nature non propositionnelle non re<strong>la</strong>tés intégrés à une proposition personnelle ne<br />

jouant pas le rôle d’argument se comportent comme des re<strong>la</strong>teurs par rapport à <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> finale <strong>et</strong> <strong>la</strong> repoussent.<br />

g. Coordination. Par ailleurs, <strong>la</strong> question des coordonnants ouvre celle de <strong>la</strong> coordination,<br />

que les dépouillements ont jusqu’à présent totalement négligée. Le coordonnant<br />

n’étant qu’une spécification supplémentaire (→3.4.7.2), il y a lieu de se demander<br />

comment fonctionne le marquage entre les membres qu’il ne sert pas à relier.<br />

h. Interférences. Pour toutes les tendances décelées, figurent en trame de fond deux<br />

questions importantes auxquelles les tris croisés ne donnent pas de réponse. Premièrement,<br />

le lien n’est-il pas spécifique à un ou plusieurs documents? Dans <strong>la</strong> mesure<br />

où nous avons considéré les documents comme indistincts, il peut nous avoir échappé<br />

que certaines attractions ou répulsions mises en évidence <strong>dans</strong> ce chapitre soient spécifiques<br />

à un p<strong>et</strong>it ensemble de documents contenant de nombreuses attestations.<br />

Deuxièmement, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> n’est-elle pas liée à un environnement morphosyntaxique<br />

particulier, plutôt qu’à <strong>la</strong> structure à <strong>la</strong>quelle elle paraît liée? Par exemple, ne<br />

peut-on pas dire que les incidentes attirent le marquage initial, en raison du constituant<br />

qui les précède <strong>et</strong> non à cause de leur nature propre?<br />

228


6 Fréquences de marquage<br />

Les conclusions <strong>et</strong> les questions amenées par l’examen des tris croisés sur une variable<br />

de synthèse 1 formeront le point de départ de ce chapitre. Prenant appui sur ces<br />

tendances principales, nous allons m<strong>et</strong>tre en évidence celles qui peuvent être généralisées<br />

<strong>et</strong> montrer comment les constructions qu’elles impliquent se comportent par<br />

rapport au marquage. C’est donc <strong>dans</strong> ce chapitre que nous dépasserons le repérage<br />

du marquage à valeur simplement visuelle, pour identifier exactement sur quelles unités<br />

portent les signes. Nous aurons alors identifié l’interaction entre le système de <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> structuration morphosyntaxique.<br />

Nous commencerons par exposer <strong>la</strong> procédure suivie (→6.0). Viendra ensuite une<br />

série d’analyses détaillées. Dans un premier temps, nous ferons l’étude du marquage<br />

en <strong>syntaxe</strong> argumentale <strong>et</strong> <strong>dans</strong> les cas de coordination, ce qui mènera à de premières<br />

conclusions (→6.1). En nous servant de ces dernières, nous aborderons les constructions<br />

en <strong>syntaxe</strong> immédiate (→6.2), puis <strong>la</strong> question des re<strong>la</strong>teurs <strong>et</strong> des C6 (→6.3).<br />

Au terme de ce parcours, nous aurons une idée n<strong>et</strong>te de <strong>la</strong> manière dont <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

se distribue autour des constituants, tout au moins du point de vue de sa fréquence.<br />

6.0 Procédure d’analyse<br />

En premier lieu, voyons comment nous avons défini nos données (→6.0.1) <strong>et</strong> par<br />

quelles étapes sont passées chacune des études effectuées <strong>dans</strong> les sections ultérieures<br />

(→6.0.2).<br />

6.0.1 Définition des données<br />

La définition des individus <strong>et</strong> des variables servant à leur description n’est pas problématique:<br />

les individus resteront les constructions <strong>et</strong> constituants.<br />

Quant aux variables descriptives de base, elles seront généralement identiques à<br />

celles employées <strong>dans</strong> le cadre du tri croisé sur <strong>la</strong> variable synthétique MM. Nous<br />

ajouterons cependant trois variables supplémentaires, dont une partie ou l’ensemble<br />

sera mobilisé pour chaque analyse (→6.0.1.1). Posant à nouveau le délicat problème<br />

de <strong>la</strong> récursivité, nous aurons à expliquer <strong>la</strong> manière dont les individus ont été sélectionnés<br />

pour former les échantillons dont nous aurons besoin (→6.0.1.2).<br />

1 Voir, au chapitre précédent,→5.3 <strong>et</strong> en particulier <strong>la</strong> synthèse, sous→5.3.3.<br />

229


6.0.1.1 Variables additionnelles<br />

Pour affiner le travail déjà effectué, il nous faudra enrichir <strong>la</strong> description des individus<br />

à l’aide de variables supplémentaires. La première d’entre elles sera <strong>la</strong> référence de<br />

<strong>la</strong> charte <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle le constituant ou <strong>la</strong> phrase a été relevé. C<strong>et</strong>te précision réintroduit<br />

de manière systématique l’individualité des documents, de façon à ce qu’ils<br />

ne soient plus nécessairement considérés comme indistincts. C<strong>et</strong>te variable prendra le<br />

nom de RB (pour ‘référence bibliographique’); ses modalités seront les 148 dates des<br />

documents dépouillés telles que nous les citons <strong>dans</strong> <strong>la</strong> liste des références en fin de<br />

volume.<br />

La deuxième <strong>et</strong> <strong>la</strong> troisième variables ajoutées décrivent l’environnement des<br />

constituants. Tout constituant immédiat est susceptible, quelle que soit <strong>la</strong> structure<br />

qui l’intègre, d’être suivi ou précédé d’un autre constituant de même niveau d’intégration<br />

syntaxique – bien entendu, les constituants initiaux ont comme particu<strong>la</strong>rité de ne<br />

pas être précédés d’un autre constituant, de même que les constituants finaux ne sont<br />

suivis par aucun autre. 2 Nous appellerons contexte immédiat c<strong>et</strong> environnement direct<br />

des constituants étudiés. Les variables décrivant le contexte immédiat reprennent <strong>la</strong><br />

description morphosyntaxique des constituants (MM) qui entourent l’individu. Elles<br />

prendront comme noms MMP pour le constituant précédent <strong>et</strong> MMS pour le constituant<br />

suivant. Par exemple, <strong>dans</strong> le circonstant prenant <strong>la</strong> forme du syntagme:<br />

«el moıs · de jvle» (Document 1236–07, 9).<br />

le déterminant de jvle constitue le contexte immédiat se trouvant à <strong>la</strong> suite du mot moıs,<br />

lequel est donc défini entre autres par <strong>la</strong> modalité 0,1,Dt,0,1 de <strong>la</strong> variable MMS, soit<br />

MMS.0,1,Dt,0,1. Réciproquement, moıs est le contexte immédiat se trouvant devant<br />

le déterminant, soit MMP.0,0,Ap,0,0.<br />

D’autres nouvelles variables seront parfois mobilisées. Nous les présenterons en<br />

temps utile.<br />

6.0.1.2 Sélection des individus<br />

L’épineuse question de <strong>la</strong> récursivité (→5.1.3.2 a) se pose spécifiquement pour chaque<br />

construction faisant l’obj<strong>et</strong> d’un examen particulier. Dans certains cas, aucune récursivité<br />

n’est possible, notamment avec les constituants qui ne se trouvent pas à l’une des<br />

limites de <strong>la</strong> structure qui les intègre. Ainsi, jamais 0,0,Ap,0,0 ne posera de problème<br />

à c<strong>et</strong> égard, puisque son premier ou son dernier constituant n’auront jamais <strong>la</strong> même<br />

valeur de MM. Dans d’autres cas, le phénomène refait surface. Par exemple, <strong>dans</strong> le<br />

cadre de l’étude du marquage de <strong>la</strong> proposition, il est inévitable que l’on trouve des<br />

mots qui soient à <strong>la</strong> fois à <strong>la</strong> fin d’une phrase <strong>et</strong> d’une subordonnée qui l’achèverait,<br />

comme <strong>dans</strong>:<br />

2<br />

Il arrive que l’ordre linéaire ne corresponde pas à une séquence de constituants de même<br />

niveau d’intégration. Dans ce cas, le contexte immédiat ne peut être étudié de manière aussi<br />

simple. Nous avons r<strong>et</strong>iré de l’échantillon toutes ces structures complexes, dont <strong>la</strong> liste ficgure<br />

<strong>dans</strong> les annexes dep-6.0.1.1.notMMP-PPD <strong>et</strong> dep-6.0.1.1.notMMS-PPF.<br />

230


«Conute choise soit a tos ke l’an de_grasce m cc quatre_vins <strong>et</strong> chinq, [. . .] vinrent par<br />

devant nos [. . .] me sires Simons, [4] vestis delle Magdalene a_Treste, d’une part, <strong>et</strong> freres<br />

Giles, maistres delle Va Benoite, d’atre part.» (Document 1286–03–23, 2).<br />

où le mot part souligné est à <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> phrase, mais également de <strong>la</strong> subordonnée.<br />

On ne peut éliminer complètement les inconvénients liés à <strong>la</strong> récursivité si l’on<br />

s’obstine à vouloir garder l’ensemble des individus pour effectuer un test. Pour que<br />

l’expérience soit utile, nous devons commencer par isoler les différentes structures les<br />

unes des autres, en ne considérant que les constituants indépendants. Pratiquement, s’il<br />

faut, par exemple, comparer le marquage des phrases à celui des subordonnées, nous<br />

sélectionnerons donc exclusivement les individus qui sont à l’extrémité de gauche ou<br />

de droite (en fonction du marquage étudié) d’une <strong>et</strong> une seule proposition – phrase ou<br />

subordonnée.<br />

De manière générale, si nous étudions <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale nous exclurons de<br />

l’échantillon les constituants dont le premier mot est également celui d’un autre constituant.<br />

Quand nous étudierons <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale, nous procéderons de <strong>la</strong> même manière<br />

avec les derniers mots. Ainsi, ni <strong>la</strong> phrase, ni <strong>la</strong> subordonnée de l’exemple cité<br />

ci-dessus ne seront conservées.<br />

6.0.2 Étapes de l’analyse<br />

De manière générale, nous aborderons <strong>la</strong> fréquence du marquage pour chaque structure<br />

étudiée. L’analyse prendra un tour différent en fonction du constituant ou de <strong>la</strong><br />

structure étudié(e).<br />

La première étape du traitement de chacune de ces questions particulières sera de<br />

vérifier si les attractions ou répulsions observées ne sont pas caractéristiques d’un ou<br />

de quelques documents particuliers, représentés par <strong>la</strong> variable RB.<br />

Chaque fois que ce<strong>la</strong> sera possible, le contexte immédiat sera testé; de <strong>la</strong> même<br />

manière que nous l’aurons fait par rapport à <strong>la</strong> variable RB, nous vérifierons si certains<br />

contextes immédiats ne sont pas particulièrement surreprésentés.<br />

Dans les cas où <strong>la</strong> structure se prête à <strong>la</strong> comparaison avec une ou plusieurs autres,<br />

l’examen sera alors contrastif. Les constituants intéressants qui suivent les mêmes tendances<br />

<strong>et</strong> se ressemblent d’un point de vue morphosyntaxique seront alors comparés<br />

du point de vue de <strong>la</strong> fréquence de leur marquage. On peut théoriquement arriver à<br />

deux observations: soit les fréquences de marquage sont c<strong>la</strong>irement différentes, soit<br />

on ne peut statistiquement affirmer c<strong>et</strong>te différence. S’il est possible d’en déceler une,<br />

ce<strong>la</strong> signifie que, d’une manière ou d’une autre, <strong>la</strong> structure a une certaine individualité<br />

par rapport à d’autres qui lui ressemblent. Il faudra souvent procéder à plusieurs<br />

tests successifs pour analyser <strong>la</strong> structure du tableau.<br />

Nous emploierons essentiellement le test duχ 2 <strong>et</strong> le test exact de Fisher 3 pour<br />

évaluer <strong>la</strong> pertinence des venti<strong>la</strong>tions. Nous ferons sporadiquement appel à d’autres<br />

techniques; par exemple, le test de Wilcoxon sur des échantillons indépendants, le<br />

test de Kruskal-Wallis 4 ou <strong>la</strong> représentation sous forme de courbes de densité ou de<br />

«boîtes à moustaches» (→4.1.2). Le fonctionnement des outils nouveaux sera exposé<br />

quand nous en ferons usage pour <strong>la</strong> première fois.<br />

3 Voir, respectivement,→5.2.1.2 <strong>et</strong>→5.2.1.5.<br />

4 Voir Howell 1998, 740–741.<br />

231


6.1 Examen des structures argumentales <strong>et</strong> de <strong>la</strong> coordination<br />

Pour des raisons qui apparaîtront au fur <strong>et</strong> à mesure du développement de c<strong>et</strong>te section,<br />

l’idéal est de traiter <strong>dans</strong> un premier temps les structures argumentales ainsi que <strong>la</strong><br />

coordination. La synthèse des résultats obtenus pourra alors être exploitée <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

suite, lors du traitement de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> en <strong>syntaxe</strong> immédiate (→6.2).<br />

Les structures seront décrites <strong>dans</strong> un ordre reflétant l’organisation de <strong>la</strong> structure<br />

argumentale: tout d’abord <strong>la</strong> phrase <strong>et</strong> <strong>la</strong> proposition (→6.1.1), puis le prédicat<br />

(→6.1.2), les différents actants <strong>et</strong> A4 (→6.1.3) <strong>et</strong> les circonstants (→6.1.4). Nous étudierons<br />

enfin <strong>la</strong> coordination <strong>et</strong> dresserons un premier bi<strong>la</strong>n (→6.1.5).<br />

6.1.1 Phrase <strong>et</strong> proposition personnelle<br />

Comme nous l’avons expliqué ci-dessus (→5.3.2.1), l’énoncé non phrastique exprimant<br />

un procès a été assimilé à <strong>la</strong> phrase pour les dépouillements qui suivent.<br />

Il existe une tendance à marquer le début <strong>et</strong> <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> phrase, c’est du moins ce<br />

que nous apprennent les tris croisés sur <strong>la</strong> variable MM lorqu’ils sont effectués au niveau<br />

de <strong>la</strong> phrase. De même, les propositions personnelles sont surtout marquées après<br />

leur dernier constituant. Morphosyntaxiquement, notre modèle distingue les phrases<br />

des autres propositions personnelles par <strong>la</strong> capacité que les phrases ont à jouer le<br />

rôle d’énoncé (→3.4.2.5 b). Les propositions personnelles ont ainsi une fonction syntaxique<br />

propre à l’intérieur d’une proposition (fonction argumentale) ou d’un syntagme<br />

non propositionnel (fonction immédiate). 5 On peut donc se demander si c<strong>et</strong>te<br />

différence morphosyntaxique correspond à une différence significative de fréquence<br />

de marquage.<br />

La fréquence du marquage initial, puis celle du marquage final seront examinées<br />

indépendamment. Nous considérerons les mots par rapport à leur position <strong>dans</strong> <strong>la</strong> proposition<br />

personnelle. Si nous tentons d’étudier <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre les propositions <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> initiale, nous devons, pour chaque mot, répondre à quatre questions: 1/ le<br />

mot est-il au début de <strong>la</strong> phrase? 2/ le mot est-il au début d’une subordonnée à fonction<br />

d’argument? 3/ le mot est-il au début d’une subordonnée en <strong>syntaxe</strong> immédiate? 4/ y<br />

a-t-il un ponctogramme devant ce mot? Pour étudier <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale, les individus<br />

sont décrits en posant les questions correspondantes (le mot est-il à <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong><br />

phrase? <strong>et</strong>c.).<br />

Comme nous désirons comparer le marquage des différentes sortes de propositions<br />

personnelles, nous r<strong>et</strong>irerons de l’échantillon tous les individus pour lesquels <strong>la</strong><br />

réponse aux trois premières questions est «non».<br />

6.1.1.1 Fréquence du marquage initial<br />

Vérifions que les tendances sont bien générales (→a) avant de traiter l’opposition<br />

comme si le corpus ne constituait qu’un seul grand texte (→b). Voyons enfin ce qui<br />

5 Voir→3.2.3.<br />

232


PPD.0 PPD.1<br />

Début de phrase.0 2287 240 2527<br />

Début de phrase.1 344 1380 1724<br />

2631 1620 4251<br />

χ 2 = 2159.62, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

TAB. 6.1 – Tri croisé début de phrase×PPD<br />

PPD.0 PPD.1<br />

Début de phrase.0 1994 216 2210<br />

Début de phrase.1 336 1173 1509<br />

2330 1389 3719<br />

χ 2 = 1767.02, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

PPD.0 PPD.1<br />

334.23 -542.82<br />

-489.91 795.65<br />

θ 38.2<br />

PPD.0 PPD.1<br />

268.22 -449.93<br />

-392.82 658.95<br />

θ 32.2<br />

TAB. 6.2 – Tri croisé début de phrase×PPD, (sans les documents1265-<br />

05b, 1272-03, 1283-02-13a, 1289-01-12)<br />

se passe lorsque l’on considère les proportions prises pour chaque document indépendamment<br />

(→c). 6<br />

a. Tendances par document. Le test de décomposition est un test ultérieur à <strong>la</strong> constatation<br />

que les phrases sont marquées au début: il vise à voir uniquement si certains<br />

documents privilégient davantage ce type de marque. Le tri croisé sur l’ensemble<br />

du corpus confirme sans surprise que <strong>la</strong> position initiale de <strong>la</strong> phrase attire effectivement<br />

PPD.1 (table 6.1). Reste à savoir si c<strong>et</strong>te tendance n’est pas spécifique à un<br />

p<strong>et</strong>it nombre de documents. Si nous croisons <strong>la</strong> modalité PPD des individus en tête de<br />

phrase avec <strong>la</strong> référence de <strong>la</strong> charte <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle on les trouve, nous voyons comment<br />

les tendances d’attraction (figure 6.1) <strong>et</strong> de répulsion (figure 6.2) du marquage initial<br />

se décomposent. Le premier graphique montre quels documents seraient susceptibles<br />

de déstabiliser les effectifs, de sorte qu’en ignorant <strong>la</strong> répartition des phrases entre les<br />

textes, on aurait l’impression que le marquage est un phénomène général, alors qu’il ne<br />

serait limité qu’à un nombre restreint de textes. Du fait qu’il m<strong>et</strong> en évidence le phénomène<br />

opposé – quelles chartes se distinguent de l’ensemble par l’absence de marquage<br />

initial de <strong>la</strong> phrase –, le second tableau nous intéresse n<strong>et</strong>tement moins. On voit ainsi<br />

qu’un ensemble de quatre documents se distingue du reste du corpus – par précaution,<br />

nous considérons de <strong>la</strong> même manière les individus significatifs après correction.<br />

Que se passerait-il si nous refaisions le même tri croisé que ci-dessus (tableau 6.1),<br />

après avoir enlevé de <strong>la</strong> tabu<strong>la</strong>tion tous les individus relevés <strong>dans</strong> ces documents? Le<br />

nouveauχ 2 (table 6.2) montre un écart significatif orienté exactement <strong>dans</strong> le même<br />

sens que le précédent. Le rapport de chances, bien qu’inférieur, reste très élevé. En<br />

conclusion, les quatre documents repérés ne déséquilibrent pas le corpus.<br />

Appliquons le même procédé aux propositions argumentales pour voir si <strong>la</strong> répulsion<br />

repérée par le tri croisé suivant est spécifique à quelques documents (table 6.3).<br />

Il est déjà visible que, par rapport à <strong>la</strong> phrase, les écarts sont orientés <strong>dans</strong> <strong>la</strong> direction<br />

opposée. Leθest par ailleurs beaucoup plus p<strong>et</strong>it. Par rapport aux documents,<br />

6 Les structures ignorées à cause de <strong>la</strong> récursivité sont énumérées <strong>dans</strong> l’annexe dep-<br />

6.1.1.1.removed-PPD.<br />

233


234<br />

1272−03<br />

1289−01−12<br />

1283−02−13a<br />

1265−05b<br />

1273−05−12<br />

1272−06−22<br />

1265−05a<br />

1270−06−06a<br />

1266−06−13<br />

1270−05−10<br />

1263−05<br />

1275−08<br />

1265−11−13<br />

1263−05−27a<br />

1267−10−22<br />

1270−09−29<br />

1271−07−25<br />

1276−02−24<br />

1282−12−22<br />

1288−02b<br />

1276−06−10b<br />

1277−05−04<br />

1263−11<br />

1271−04−20<br />

1289−07−19<br />

1278−04−06<br />

1263−03−31<br />

1265−07−04<br />

1271−05−22<br />

1271−12−09<br />

1278−08−01<br />

1270−03−24<br />

1280−05−04<br />

1267−08−28<br />

1243−07−09<br />

1265−04−15<br />

1275−01−10a<br />

1288−02a<br />

1277−06−12<br />

1260−05−09<br />

1260−02−21b<br />

1271−03−18<br />

1271−12−22<br />

1289−04−19<br />

1270−11−26<br />

1242−05−02<br />

1289−03−05<br />

1278−10−17<br />

1289−04−05<br />

1244−01−19<br />

1280−07−20<br />

1289−08−01<br />

1280−05−05<br />

1280−08−09<br />

1284−05−11<br />

1283−12−26<br />

1268−03−10<br />

1276−07−22<br />

1270−04−16<br />

1247−06<br />

1260−05−30b<br />

1276−06−10a<br />

1278−04−04a<br />

1236−05<br />

1260−02−21a<br />

1274−05−31b<br />

1252−03−01a<br />

1274−05−31a<br />

Attractions (seuil adapté 0.0754%)<br />

0.000122 1<br />

FIG. 6.1 – Attractions entre PPD <strong>et</strong> <strong>la</strong> phrase par charte<br />

Répulsions (seuil adapté 0.0754%)<br />

8.22e−14 1<br />

FIG. 6.2 – Répulsions entre PPD <strong>et</strong> <strong>la</strong> phrase par charte<br />

62/62 (100%)<br />

49/51 (96%)<br />

63/68 (93%)<br />

33/34 (97%)<br />

18/18 (100%)<br />

14/14 (100%)<br />

13/13 (100%)<br />

13/13 (100%)<br />

18/19 (95%)<br />

18/19 (95%)<br />

11/11 (100%)<br />

11/11 (100%)<br />

17/18 (94%)<br />

10/10 (100%)<br />

10/10 (100%)<br />

10/10 (100%)<br />

10/10 (100%)<br />

10/10 (100%)<br />

10/10 (100%)<br />

10/10 (100%)<br />

16/17 (94%)<br />

15/16 (94%)<br />

14/15 (93%)<br />

14/15 (93%)<br />

14/15 (93%)<br />

19/21 (90%)<br />

18/20 (90%)<br />

12/13 (92%)<br />

17/19 (89%)<br />

17/19 (89%)<br />

20/23 (87%)<br />

15/17 (88%)<br />

15/17 (88%)<br />

23/27 (85%)<br />

9/10 (90%)<br />

9/10 (90%)<br />

9/10 (90%)<br />

9/10 (90%)<br />

22/26 (85%)<br />

17/20 (85%)<br />

9/11 (82%)<br />

9/11 (82%)<br />

13/16 (81%)<br />

13/16 (81%)<br />

17/21 (81%)<br />

10/12 (83%)<br />

15/18 (83%)<br />

0/15 (0%)<br />

2/13 (15%)<br />

12/30 (40%)<br />

10/23 (43%)<br />

3/10 (30%)<br />

5/11 (45%)<br />

5/11 (45%)<br />

5/11 (45%)<br />

7/14 (50%)<br />

18/29 (62%)<br />

12/20 (60%)<br />

6/11 (55%)<br />

24/33 (73%)<br />

10/14 (71%)<br />

8/10 (80%)<br />

8/10 (80%)<br />

11/15 (73%)<br />

8/11 (73%)<br />

11/14 (79%)<br />

12/16 (75%)<br />

12/16 (75%)


PPD.0 PPD.1<br />

Début de prop. arg..0 2076 1503 3579<br />

Début de prop. arg..1 555 117 672<br />

2631 1620 4251<br />

1263−05−27b<br />

1263−05−27a<br />

1272−03<br />

χ 2 = 143.94, ddl=1, p= 3.67e−33 ★★★<br />

PPD.0 PPD.1<br />

-8.73 14.18<br />

46.52 -75.54<br />

TAB. 6.3 – Tri croisé début de prop. argumentale×PPD<br />

Attractions (seuil adapté 0.465%)<br />

0.639 1<br />

θ 3.43<br />

3/11 (27%)<br />

2/10 (20%)<br />

7/38 (18%)<br />

FIG. 6.3 – Attractions entre PPD <strong>et</strong> <strong>la</strong> proposition argumentale par charte<br />

1283−02−13a<br />

1289−01−12<br />

1242−05−02<br />

1271−04−20<br />

1278−08−01<br />

1247−06<br />

1243−07−09<br />

1265−05b<br />

Répulsions (seuil adapté 0.465%)<br />

0.0999 1<br />

2/35 (5.7%)<br />

2/32 (6.2%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

1/13 (7.7%)<br />

2/19 (10.5%)<br />

1/11 (9.1%)<br />

2/15 (13.3%)<br />

FIG. 6.4 – Répulsions entre PPD <strong>et</strong> <strong>la</strong> proposition argumentale par charte<br />

PPD.0 PPD.1<br />

Début de prop. imm..0 899 1497 2396<br />

Début de prop. imm..1 1732 123 1855<br />

2631 1620 4251<br />

χ 2 = 1380.27, ddl=1, p= 4.08e−302 ★★★<br />

TAB. 6.4 – Tri croisé début de prop. immédiate×PPD<br />

PPD.0 PPD.1<br />

-229.92 373.41<br />

296.98 -482.32<br />

θ 23.4<br />

on construit donc les tableaux de décomposition des figures 6.3 <strong>et</strong> 6.4, qui montrent<br />

qu’aucun document ne se distingue particulièrement – notons cependant que très peu<br />

de chartes attestent suffisamment <strong>la</strong> construction pour pouvoir être évaluées.<br />

Quant aux propositions en <strong>syntaxe</strong> immédiate, le tri croisé montre également<br />

qu’elles repoussent <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale (table 6.4). La répulsion est encore plus<br />

forte qu’au niveau de <strong>la</strong> proposition argumentale. On observera donc le graphique des<br />

répulsions par rapport aux documents (figure 6.6). On y remarque immédiatement<br />

que <strong>la</strong> structure est bien attestée <strong>dans</strong> de nombreux textes, mais qu’aucun d’eux ne se<br />

distingue par une répulsion particulière du marquage.<br />

En fin de compte, les tendances générales peuvent être considérées comme telles:<br />

aucun document ou groupe de documents ne paraît déstabiliser à lui seul les attractions<br />

ou répulsions du marquage.<br />

b. Dépouillements généraux. Le fait que les tris croisés ci-dessus soient orientés différemment<br />

(attraction de PPD.1 pour <strong>la</strong> phrase <strong>et</strong> répulsion pour les autres modalités)<br />

est l’indice d’une différence entre les fréquences, mais ne suffit pas à confirmer <strong>la</strong> si-<br />

235


1236−12−15<br />

1273−05−12<br />

1280−08−14<br />

1274−02−24<br />

1236−07<br />

1265−11−13<br />

1276−02−24<br />

1263−03−31<br />

1286−03<br />

1236−05<br />

1268−03−01<br />

1270−04−07<br />

1247−06<br />

1275−08<br />

1237−12<br />

1267−07−06<br />

1281−03<br />

1283−12−26<br />

1289−07−19<br />

1264−09−07<br />

1270−05−10<br />

1263−05−27b<br />

1243−07−09<br />

1263−05−27a<br />

1270−06−06a<br />

1266−06−13<br />

1263−11<br />

1276−06−10b<br />

Attractions (seuil adapté 0.0666%)<br />

2.32e−12 1<br />

7/11 (63.6%)<br />

8/20 (40.0%)<br />

5/13 (38.5%)<br />

5/14 (35.7%)<br />

4/10 (40.0%)<br />

7/28 (25.0%)<br />

4/13 (30.8%)<br />

3/13 (23.1%)<br />

3/14 (21.4%)<br />

3/15 (20.0%)<br />

3/19 (15.8%)<br />

2/10 (20.0%)<br />

3/20 (15.0%)<br />

3/21 (14.3%)<br />

2/12 (16.7%)<br />

2/13 (15.4%)<br />

2/13 (15.4%)<br />

2/13 (15.4%)<br />

2/13 (15.4%)<br />

1/14 (7.1%)<br />

2/16 (12.5%)<br />

1/13 (7.7%)<br />

1/12 (8.3%)<br />

1/12 (8.3%)<br />

1/12 (8.3%)<br />

1/11 (9.1%)<br />

2/25 (8.0%)<br />

2/21 (9.5%)<br />

FIG. 6.5 – Attractions entre PPD <strong>et</strong> <strong>la</strong> proposition immédiate par charte<br />

0 1<br />

phrase 344 1380 1724<br />

prop. arg. 555 117 672<br />

prop. imm. 1732 123 1855<br />

2631 1620 4251<br />

χ 2 = 2186.92, ddl=2, p= 0 ★★★<br />

0 1<br />

−489.91 ★★★ 795.65 ★★★<br />

46.52 ★★★ −75.54 ★★★<br />

296.98 ★★★ −482.32 ★★★<br />

TAB. 6.5 – Tri croisé types de propositions×PPD<br />

gnificativité du contraste. Pour ce faire, il est nécessaire de rassembler les trois types<br />

de propositions en un seul tri croisé.<br />

Commençons l’analyse en faisant une tabu<strong>la</strong>tion. Les individus en sont les mots en<br />

début de proposition. Les variables décrivant ces derniers sont: 1/ le type de construction<br />

au début de <strong>la</strong>quelle ils se trouvent; 2/ <strong>la</strong> présence ou l’absence d’une <strong>ponctuation</strong><br />

initiale. On obtient le tableau de contingence suivant (à gauche <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 6.5). Il<br />

est absolument c<strong>la</strong>ir que <strong>la</strong> phrase se démarque fortement des autres structures par une<br />

<strong>ponctuation</strong> beaucoup plus fréquente. Leχ 2 reste extrêmement élevé pour un tableau<br />

à deux degrés de liberté.<br />

Les propositions qui ne sont pas des phrases sont, comme le sens des attractions<br />

perm<strong>et</strong> de le voir, caractérisées par un rej<strong>et</strong> important de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> à l’initiale: on<br />

est déjà assuré qu’unχ 2 opposant <strong>la</strong> première ligne aux deux autres serait significatif à<br />

un seuil inférieur au millième. La question est à présent de savoir si <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> distingue<br />

également les subordonnées entre elles. À ce propos, aucun des tests effectués<br />

jusqu’à présent n’apporte <strong>la</strong> moindre information.<br />

Il est légitime d’effectuer plusieurs tests consécutifs sur des sous-tables (Agresti<br />

236


1280−07−20<br />

1278−08−01<br />

1277−06−12<br />

1278−04−06<br />

1271−12−09<br />

1244−01−19<br />

1260−05−09<br />

1268−03−10<br />

1252−03−01a<br />

1280−05−04<br />

1274−05−31a<br />

1276−07−22<br />

1290−08−24<br />

1265−04−15<br />

1271−04−20<br />

1270−03−24<br />

1278−04−04a<br />

1242−05−02<br />

1274−05−31b<br />

1283−02−13a<br />

1271−05−22<br />

1260−05−14<br />

1264−04<br />

1271−03−18<br />

1275−01−10a<br />

1282−12−22<br />

1289−03−05<br />

1289−08−01<br />

1271−12−22<br />

1271−07−25<br />

1277−03−23<br />

1277−05−04<br />

1278−10−17<br />

1278−12−03<br />

1284−02−12<br />

1284−05−11<br />

1285−02−24<br />

1285−07−04<br />

1287−09−08<br />

1289−04−19<br />

1265−05b<br />

1253−03−01<br />

1260−02−21a<br />

1260−10−02<br />

1284−06−09<br />

1272−03<br />

1267−08−28<br />

1270−11−26<br />

1289−01−12<br />

Répulsions (seuil adapté 0.0666%)<br />

0.202 1<br />

0/36 (0.0%)<br />

0/32 (0.0%)<br />

0/30 (0.0%)<br />

0/29 (0.0%)<br />

0/28 (0.0%)<br />

0/27 (0.0%)<br />

0/23 (0.0%)<br />

0/22 (0.0%)<br />

0/20 (0.0%)<br />

0/20 (0.0%)<br />

0/18 (0.0%)<br />

0/18 (0.0%)<br />

0/18 (0.0%)<br />

0/17 (0.0%)<br />

0/17 (0.0%)<br />

0/16 (0.0%)<br />

0/16 (0.0%)<br />

0/15 (0.0%)<br />

0/15 (0.0%)<br />

3/67 (4.5%)<br />

0/14 (0.0%)<br />

0/13 (0.0%)<br />

0/13 (0.0%)<br />

0/13 (0.0%)<br />

0/13 (0.0%)<br />

0/13 (0.0%)<br />

0/13 (0.0%)<br />

0/12 (0.0%)<br />

1/29 (3.4%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

1/19 (5.3%)<br />

2/33 (6.1%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

3/48 (6.2%)<br />

1/26 (3.8%)<br />

1/20 (5.0%)<br />

3/49 (6.1%)<br />

FIG. 6.6 – Répulsions entre PPD <strong>et</strong> <strong>la</strong> proposition immédiate par charte<br />

2002, 82–84), en groupant ou en supprimant les lignes <strong>et</strong> les colonnes de manière à<br />

respecter les règles suivantes. 7 Comme le présente A<strong>la</strong>n Agresti (2002, 84):<br />

«1. The df 8 for the subtables must sum to df for the full table.<br />

Each cell count in the full table must be a cell count in one and only one subtable.<br />

2. Each marginal total of the full table must be a marginal total for one and only one subtable.»<br />

7<br />

Ces règles de décomposition sont basées sur le rapport de vraisemb<strong>la</strong>nce, statistique proche<br />

duχ 2 noté G2 , dont <strong>la</strong> formule (cf. Howell 1998, 179) est (o <strong>et</strong> e ont <strong>la</strong> même signification<br />

que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> formule duχ 2 (voir note 14, p. 178):<br />

G 2 <br />

o<br />

<br />

= 2 o×ln<br />

(6.1)<br />

e<br />

Le rapport de vraisemb<strong>la</strong>nce calculé sur <strong>la</strong> table initiale correspond à <strong>la</strong> somme des rapports<br />

de vraisemb<strong>la</strong>nce de toutes les sous-tables obéissant aux critères cités.<br />

8 C’est-à-dire le nombre de degrés de liberté.<br />

237


0 1<br />

phrase 344 1380 1724<br />

prop. 2287 240 2527<br />

2631 1620 4251<br />

χ 2 = 2159.62, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

0 1<br />

-489.91 795.65<br />

334.23 -542.82<br />

θ 38.2<br />

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons: ★★★ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)<br />

TAB. 6.6 – Tri croisé phrases <strong>et</strong> autres prop.×PPD<br />

0 1<br />

prop. arg. 555 117 672<br />

prop. imm. 1732 123 1855<br />

2287 240 2527<br />

χ 2 = 65.44, ddl=1, p= 5.98e−16 ★★★<br />

0 1<br />

-4.65 44.31<br />

1.68 -16.05<br />

θ 2.97<br />

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons: ★★★ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)<br />

TAB. 6.7 – Tri croisé prop. argumentales ou non×PPD<br />

En construisant <strong>la</strong> table de contingence correspondant au contraste que nous venons<br />

de relever, on obtient <strong>la</strong> table 6.6, où <strong>la</strong> dernière ligne du tri correspond à <strong>la</strong> somme,<br />

colonne par colonne, des deux dernières lignes de <strong>la</strong> table de contingence précédente.<br />

L’écart est extrêmement important <strong>et</strong> le rapport de chances est énorme. Nous sommes<br />

<strong>dans</strong> une situation où le contraste est tellement évident qu’il ne serait pas nécessaire<br />

de faire un test pour l’adm<strong>et</strong>tre. La simple lecture des documents inviterait n’importe<br />

quel lecteur attentif à <strong>la</strong> même conclusion. Ce test prouve à quel point les exceptions<br />

à <strong>la</strong> tendance générale sont insignifiantes.<br />

D’autre part, nous pouvons opérer un nouveau test opposant exclusivement les<br />

subordonnées entre elles, c’est-à-dire sur <strong>la</strong> base d’un tableau de contingence ne comportant<br />

que les deux dernières lignes de <strong>la</strong> tabu<strong>la</strong>tion donnée au début de c<strong>et</strong>te section<br />

(tableau 6.5). La nouvelle table de contingence (table 6.7) montre à nouveau une<br />

différence remarquable, les deux probabilités étant infimes. Les propositions de type<br />

argumental sont donc plus fréquemment marquées.<br />

Pour des raisons mathématiques dont l’exposé n’a pas sa p<strong>la</strong>ce ici, 9 il est préférable<br />

de faire l’économie d’un test supplémentaire – par rapport aux conditions de<br />

décomposition, 10 le test initial a 2 ddl <strong>et</strong> chacun des deux tests ultérieurs en a un seul<br />

(ou bien les comparaisons ne seraient plus indépendantes). On ne peut éliminer toutes<br />

les propositions qui ne sont pas des phrases <strong>et</strong> n’ont pas une fonction argumentale <strong>et</strong><br />

faire un test sur <strong>la</strong> nouvelle tabu<strong>la</strong>tion. Néanmoins, ses résultats sont impliqués par<br />

ceux des deux tests précédents. Il ne serait de toute manière pas utile de comparer a<br />

posteriori le marquage de <strong>la</strong> phrase <strong>et</strong> celui des propositions immédiates: <strong>la</strong> première<br />

9<br />

«It might seem more natural to compute G2 for the (J− 1) separate 2×2 tables that pair<br />

each column with a particu<strong>la</strong>r one, say the <strong>la</strong>st. However, these component statistics are not<br />

independent and do not sum to G2 for the full table. This is beyond our scope at this stage<br />

but re<strong>la</strong>tes to the contrasts of log probabilities that form the log odds ratios for the two tables<br />

not being orthogonal.» (Agresti 2002, 82).<br />

10<br />

Voir page 237.<br />

238


Densité<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

0.00 0.02 0.04 0.06 0.08<br />

phrase<br />

prop. arg.<br />

prop. imm.<br />

0 20 40 60 80 100<br />

148 147 146<br />

prop. imm. prop. arg. phrase<br />

FIG. 6.7 – Graphiques des fréquences de marquage initial des propositions<br />

tabu<strong>la</strong>tion montrait déjà que <strong>la</strong> ligne correspondant à ces dernières s’opposait au reste<br />

du tableau.<br />

On peut donc synthétiser les résultats de l’analyse de <strong>la</strong> fréquence du marquage<br />

initial en une série de conclusions re<strong>la</strong>tives: <strong>la</strong> phrase a un taux élevé de <strong>ponctuation</strong><br />

initiale, <strong>la</strong> proposition en <strong>syntaxe</strong> argumentale a un taux moyen de <strong>ponctuation</strong> initiale<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> proposition en <strong>syntaxe</strong> immédiate a un taux bas de <strong>ponctuation</strong> initiale.<br />

c. Proportions par document. Une autre manière d’aborder <strong>la</strong> question consiste à<br />

considérer les documents comme des individus définis par trois variables continues: le<br />

pourcentage de phrases marquées qu’ils contiennent, le pourcentage de propositions<br />

argumentales marquées <strong>et</strong> le pourcentage de propositions immédiates marquées – en<br />

ne conservant que les individus non ambigus. C<strong>et</strong>te approche n’est évidemment possible<br />

que parce qu’un grand nombre d’individus sont à notre disposition pour chaque<br />

charte.<br />

La distribution des valeurs de chacune de ces trois variables peut alors être repré-<br />

239


PRB seuil ajusté<br />

Kruskal-Wallis 8.68e−56 ★★★<br />

Wilcoxon: phrase <strong>et</strong> p. arg. 5.19e−36 ★★★ ★★★<br />

Wilcoxon: phrase <strong>et</strong> prop. imm. 1.19e−46 ★★★ ★★★<br />

Wilcoxon: prop. arg. <strong>et</strong> prop. imm. 5.01e−02 ✩✩✩ ✩✩✩<br />

TAB. 6.8 – Probabilités de différence de marquage initial des propositions<br />

sentée sous <strong>la</strong> forme d’une courbe ou d’une boîte à moustache (figure 6.7). 11 Les<br />

courbes montrent que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de <strong>la</strong> phrase se caractérise par une tendance<br />

inverse très prononcée par rapport à celle des autres propositions: comme lesχ 2 le<br />

montraient, <strong>la</strong> phrase attire manifestement plus le marquage. Par contre, les courbes<br />

concernant les propositions subordonnées décroissent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> même direction. Le<br />

fait que les encoches des boîtes correspondantes se recouvrent indique que si l’on<br />

considère les taux de chaque charte, <strong>la</strong> différence entre les subordonnées s’estompe.<br />

Néanmoins, <strong>la</strong> dispersion des données autour des médianes est différente: les boîtes<br />

montrent des propositions immédiates ne dépassant 30% de marquage initial que <strong>dans</strong><br />

des cas exceptionnels, alors que les pourcentages sont répartis de manière beaucoup<br />

plus lâche <strong>dans</strong> le cas des propositions argumentales; les courbes de densité sont tout<br />

aussi limpides.<br />

Il est possible de calculer les probabilités de l’absence de différence (H0) entre les<br />

médianes des trois distributions à l’aide de tests non paramétriques – qui n’imposent<br />

pas que les distributions aient une forme particulière (Howell 1998, ch. 18). Malheureusement,<br />

le test de Wilcoxon 12 ne suffit plus à évaluer H0 en présence de plus de<br />

deux échantillons. On utilise alors le test de Kruskal-Wallis (Howell 1998, 740–741),<br />

dont H1 stipule qu’au moins un des échantillons a une médiane différente des autres.<br />

On effectue ensuite un test a posteriori en comparant les échantillons deux à deux –<br />

test de Wilcoxon ajusté par <strong>la</strong> correction de Šidàk (Abdi 2007). Les statistiques calculées<br />

confirment tout à fait ce que l’examen des encoches pouvait nous apprendre (table<br />

6.8). 13 Les médianes des proportions de marquage des deux types de subordonnées ne<br />

sont pas significativement différentes. La probabilité non modifiée par l’ajustement de<br />

Šidàk était déjà à <strong>la</strong> limite de <strong>la</strong> significativité. Ce<strong>la</strong> pourrait signifier que <strong>la</strong> différence<br />

observée <strong>dans</strong> lesχ 2 est en réalité caractéristique de quelques documents comprenant<br />

un grand nombre des constructions, alors que <strong>la</strong> situation de chaque charte prise<br />

isolément est beaucoup plus floue.<br />

Les conclusions sont donc différentes suivant qu’on envisage tous les documents<br />

comme s’ils constituaient un seul texte ou qu’on préserve leur individualité. De manière<br />

générale, il y a un écart très n<strong>et</strong> entre les fréquences de marquage des trois types<br />

de propositions, mais le contraste entre les subordonnées est certainement caractéristique<br />

d’un nombre limité de documents. Si l’on considère tous les documents comme<br />

participant à <strong>la</strong> construction du même texte, on perd complètement c<strong>et</strong>te particu<strong>la</strong>rité.<br />

11<br />

Voir les dépouillements en annexe: 6.1.1.1.c.proportions-phrase, 6.1.1.1.c.proportionsproparg<br />

<strong>et</strong> 6.1.1.1.c.proportions-propimm.<br />

12<br />

Déjà employé ci-dessus (→5.3.3.1).<br />

13<br />

Bien entendu, le test de Kruskal-Wallis ne doit pas être ajusté, puisqu’il porte sur l’ensemble<br />

des échantillons.<br />

240


PPF.0 PPF.1<br />

Fin de phrase.0 568 553 1121<br />

Fin de phrase.1 191 753 944<br />

759 1306 2065<br />

1272−03<br />

1283−02−13a<br />

1265−05b<br />

1265−05a<br />

1276−06−10b<br />

1289−03−05<br />

1289−01−12<br />

1270−05−10<br />

1266−06−13<br />

1271−05−22<br />

1263−03−31<br />

1265−07−04<br />

1270−03−24<br />

1271−12−09<br />

1271−12−22<br />

1280−05−04<br />

1289−07−19<br />

1278−04−06<br />

1277−06−12<br />

1267−08−28<br />

χ 2 = 202.91, ddl=1, p= 4.85e−46 ★★★<br />

TAB. 6.9 – Tri croisé fin de phrase×PPF<br />

Attractions (seuil adapté 0.171%)<br />

0.00305 1<br />

PPF.0 PPF.1<br />

59.04 -34.31<br />

-70.11 40.75<br />

θ 4.05<br />

FIG. 6.8 – Attractions entre PPF <strong>et</strong> <strong>la</strong> phrase par charte<br />

6.1.1.2 Fréquence du marquage final<br />

38/38 (100%)<br />

22/23 (96%)<br />

18/19 (95%)<br />

11/11 (100%)<br />

11/11 (100%)<br />

11/11 (100%)<br />

17/18 (94%)<br />

10/10 (100%)<br />

13/14 (93%)<br />

12/13 (92%)<br />

11/12 (92%)<br />

10/11 (91%)<br />

10/11 (91%)<br />

9/10 (90%)<br />

9/10 (90%)<br />

9/10 (90%)<br />

9/10 (90%)<br />

8/10 (80%)<br />

12/14 (86%)<br />

14/17 (82%)<br />

La même procédure s’applique sans encombre à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale. Appliquons<br />

ainsi les mêmesχ 2 sur l’ensemble des individus r<strong>et</strong>enus, en considérant <strong>la</strong> fin des<br />

structures, ainsi que <strong>la</strong> présence ou non d’un ponctogramme à leur suite. Les effectifs<br />

sont beaucoup plus faibles que ceux qui étaient mobilisés pour <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale.<br />

Un grand nombre d’individus ont en eff<strong>et</strong> dû être r<strong>et</strong>irés du fait qu’ils cumu<strong>la</strong>ient<br />

plusieurs positions. 14<br />

a. Tendances par document. Vérifions tout d’abord globalement l’association entre <strong>la</strong><br />

position à <strong>la</strong> finale d’une phrase <strong>et</strong> le marquage (table 6.9). L’attraction est assurée,<br />

mais on voit qu’elle est moins forte que pour PPD.<br />

Un seul document se démarque de l’ensemble par une <strong>ponctuation</strong> remarquablement<br />

régulière (figures 6.8 <strong>et</strong> 6.9). Notons qu’en raison du r<strong>et</strong>ranchement de nombreuses<br />

structures pour éviter de considérer les propositions s’achevant au même endroit,<br />

peu de chartes rassemblent suffisamment de données pour être testées. R<strong>et</strong>irer<br />

les phrases de ce document de l’échantillon ne change pas <strong>la</strong> tendance générale,<br />

comme en témoigne <strong>la</strong> table 6.10. De même, le lien entre PPF <strong>et</strong> les propositions de<br />

fonction argumentale peut être testé à l’aide du tri de <strong>la</strong> table 6.11, qui <strong>la</strong>isse voir que<br />

14 Les structures ignorées à cause de <strong>la</strong> récursivité sont énumérées <strong>dans</strong> l’annexe dep-<br />

6.1.1.2.removed-PPF.<br />

241


1278−10−17<br />

1283−12−26<br />

1268−03−10<br />

1244−01−19<br />

1270−11−26<br />

1252−03−01a<br />

1247−06<br />

1260−05−30b<br />

1260−05−09<br />

1278−08−01<br />

Répulsions (seuil adapté 0.171%)<br />

3.28e−09 1<br />

FIG. 6.9 – Répulsions entre PPF <strong>et</strong> <strong>la</strong> phrase par charte<br />

PPF.0 PPF.1<br />

Fin de phrase.0 562 523 1085<br />

Fin de phrase.1 191 715 906<br />

753 1238 1991<br />

χ 2 = 196.77, ddl=1, p= 1.06e−44 ★★★<br />

0/10 (0%)<br />

4/11 (36%)<br />

8/17 (47%)<br />

9/18 (50%)<br />

10/14 (71%)<br />

7/10 (70%)<br />

15/20 (75%)<br />

10/13 (77%)<br />

9/12 (75%)<br />

9/12 (75%)<br />

PPF.0 PPF.1<br />

56.04 -34.09<br />

-67.12 40.82<br />

θ 4.02<br />

TAB. 6.10 – Tri croisé fin de phrase×PPF, (sans le document 1272-03)<br />

PPF.0 PPF.1<br />

Fin de prop. arg..0 684 1182 1866<br />

Fin de prop. arg..1 75 124 199<br />

759 1306 2065<br />

χ 2 = 0.04, ddl=1, p= 0.834 ✩✩✩<br />

PPF.0 PPF.1<br />

-0.01 0<br />

0.05 -0.03<br />

TAB. 6.11 – Tri croisé fin de prop. argumentale×PPF<br />

PPF.0 PPF.1<br />

Fin de prop. imm..0 266 877 1143<br />

Fin de prop. imm..1 493 429 922<br />

759 1306 2065<br />

χ 2 = 198.91, ddl=1, p= 3.61e−45 ★★★<br />

θ 1.05<br />

PPF.0 PPF.1<br />

-56.54 32.86<br />

70.09 -40.73<br />

TAB. 6.12 – Tri croisé fin de prop. immédiate×PPF<br />

θ 3.79<br />

<strong>la</strong> tendance ne peut être déterminée avec certitude. Peu soumise aux extrêmes, c<strong>et</strong>te<br />

absence de tendance ne peut être imputée à un seul document. 15<br />

Le même test effectué sur les propositions immédiates donne à voir une tendance<br />

à <strong>la</strong> répulsion, n<strong>et</strong>te c<strong>et</strong>te fois, entre c<strong>et</strong>te structure <strong>et</strong> le marquage final (table 6.12). Le<br />

p<strong>et</strong>it tableau décomposant les écarts par document ne nous apprend pas grand-chose,<br />

nous l’avons reporté en annexe. 16<br />

b. Dépouillements généraux. En croisant le type de structure à <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

finale, on obtient les résultats de <strong>la</strong> table 6.13. Une opposition est apparente<br />

15 Voir l’annexe 6.1.1.2.table-propargRBxPPF-all, où l’on voit que <strong>la</strong> construction ne compte<br />

généralement pas assez d’attestations par document pour que l’écart puisse être testé.<br />

16 Voir 6.1.1.2.figure-propimmxPPF.<br />

242


0 1<br />

phrase 191 753 944<br />

prop. arg. 75 124 199<br />

prop. imm. 493 429 922<br />

759 1306 2065<br />

χ 2 = 221.75, ddl=2, p= 7.03e−49 ★★★<br />

0 1<br />

−70.11 ★★★ 40.75 ★★★<br />

0.05 ✩✩✩ −0.03 ✩✩✩<br />

70.09 ★★★ −40.73 ★★★<br />

TAB. 6.13 – Tri croisé types de propositions×PPF<br />

0 1<br />

phrase 191 753 944<br />

autre proposition 568 553 1121<br />

759 1306 2065<br />

χ 2 = 202.91, ddl=1, p= 4.85e−46 ★★★<br />

0 1<br />

-70.11 40.75<br />

59.04 -34.31<br />

θ 4.05<br />

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons: ★★★ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)<br />

TAB. 6.14 – Tri croisé phrases <strong>et</strong> autre proposition×PPF<br />

0 1<br />

prop. arg. 75 124 199<br />

prop. imm. 493 429 922<br />

568 553 1121<br />

χ 2 = 15.68, ddl=1, p= 7.48e−05 ★★★<br />

0 1<br />

-6.62 6.8<br />

1.43 -1.47<br />

θ 1.9<br />

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons: ★★★ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)<br />

TAB. 6.15 – Tri croisé propositions argumentales ou non×PPF<br />

entre le marquage de <strong>la</strong> phrase <strong>et</strong> celui des autres propositions, dont les contributions<br />

sont assez proches, alors que <strong>la</strong> direction de l’écart est opposée. Les contributions de<br />

<strong>la</strong> deuxième ligne sont annulées par <strong>la</strong> présence de ces deux scores antagonistes.<br />

La table réduite (6.14, qui groupe donc les lignes en fonction de l’orientation de<br />

l’écart) oppose à nouveau les phrases aux subordonnées. Il n’y a pas vraiment de<br />

surprise, mais on voit que le rapport de chances est beaucoup plus p<strong>et</strong>it qu’il ne l’était<br />

<strong>dans</strong> le rapport ci-dessus, entre le marquage des propositions <strong>et</strong> le marquage initial<br />

(tableau 6.4).<br />

Pour compléter ce tableau, il faut examiner <strong>la</strong> manière dont les propositions argumentales<br />

s’opposent aux propositions immédiates (table 6.15). La différence entre<br />

les deux types de subordonnées émerge de ce test, qui nous montre un écart toujours<br />

significatif entre les fréquences. L’ajustement de Šidàk n’invalide pas le résultat.<br />

En conséquence, <strong>la</strong> gradation de <strong>la</strong> fréquence de <strong>ponctuation</strong> finale est donc simi<strong>la</strong>ire<br />

à celle de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale, mais moins prononcée. Exprimées re<strong>la</strong>tivement,<br />

les tendances de marquage sont: les phrases s’opposent aux subordonnées <strong>et</strong> les deux<br />

types de subordonnées sont distincts.<br />

c. Proportions par document. Considérons, comme nous l’avons fait pour <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

initiale, les documents comme des individus définis par trois variables continues<br />

(pourcentage de phrases marquées à <strong>la</strong> finale, pourcentage de propositions argumentales<br />

<strong>et</strong> pourcentage de propositions immédiates).<br />

243


Densité<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

0.005 0.015<br />

phrase<br />

p. arg.<br />

p. imm.<br />

0 20 40 60 80 100<br />

147 67 144<br />

p. imm. p. arg. phrase<br />

FIG. 6.10 – Graphiques des fréquence de marquage final des propositions<br />

Les courbes <strong>et</strong> boîtes à moustaches se rapportant à ces distributions sont visibles<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 6.10. 17 Les renseignements que les graphiques fournissent à propos<br />

des propositions argumentales sont particulièrement intéressants. La courbe comporte<br />

deux modes (somm<strong>et</strong>s), localisés à 0 <strong>et</strong> un peu moins de 100%. La présence de deux<br />

modes signifie généralement que <strong>la</strong> distribution étudiée rassemble deux échantillons<br />

issus de popu<strong>la</strong>tions distinctes. En l’occurrence, certaines chartes ont tendance à marquer<br />

toutes les propositions argumentales, alors que d’autres n’en marquent aucune.<br />

La dispersion des fréquences est de ce fait très <strong>la</strong>rge, ce qui est particulièrement visible<br />

quand on regarde <strong>la</strong> boîte centrale du graphique au bas de <strong>la</strong> figure 6.10.<br />

Les tests de Kruskal-Wallis <strong>et</strong> les tests a posteriori ajustés donnent des résultats<br />

concordant aux conclusions amenées par les graphiques (table 6.16). Il y a donc bien<br />

au moins une différence significative entre les trois distributions: celle qui oppose<br />

17 Voir les dépouillements 6.1.1.2.c.proportions-phrase, 6.1.1.2.c.proportions-proparg <strong>et</strong><br />

6.1.1.2.c.proportions-propimm en annexe.<br />

244


PRB seuil ajusté<br />

Kruskal-Wallis 1.69e−14 ★★★<br />

Wilcoxon: phrase <strong>et</strong> p. arg. 3.85e−02 ✩✩★ ✩✩✩<br />

Wilcoxon: phrase <strong>et</strong> p. imm. 1.56e−17 ★★★ ★★★<br />

Wilcoxon: p. arg. <strong>et</strong> p. imm. 2.77e−02 ✩✩★ ✩✩✩<br />

TAB. 6.16 – Probabilités de différence de marquage final des propositions<br />

les phrases aux propositions personnelles immédiates. Les autres contrastes sont trop<br />

peu marqués pour être exploitables: même sans ajustement, ils sont beaucoup moins<br />

significatifs (phrase vs p. arg. est d’ailleurs à <strong>la</strong> limite du seuil de 5%).<br />

d. Deux popu<strong>la</strong>tions. L’hétérogénéité de <strong>la</strong> distribution bimodale invite à re<strong>la</strong>tiviser<br />

les résu<strong>la</strong>ts ne perm<strong>et</strong>tant pas de rej<strong>et</strong>er H0: puisqu’il y a probablement deux popu<strong>la</strong>tions<br />

mêlées, <strong>la</strong> solution raisonnable consisterait à les considérer comme disjointes.<br />

Divisons l’échantillon en quatre sous-échantillons, en fonction de <strong>la</strong> proportion de<br />

marquage des subordonnées argumentales: 0%, 100%, entre 0% <strong>et</strong> 100% (non inclu,<br />

c<strong>et</strong> intervalle se note ]0;100%[) <strong>et</strong> un dernier groupe comprenant les chartes dont aucune<br />

proposition argumentale n’a pu être r<strong>et</strong>enue (NA). En eff<strong>et</strong>, nous n’avons pas<br />

<strong>la</strong> possibilité d’expliquer par une autre variable <strong>la</strong> différence entre les chartes des<br />

deux popu<strong>la</strong>tions. De ce fait, tous les pourcentages intermédiaires posent problème.<br />

De même, les chartes dont nous n’avons pas pu r<strong>et</strong>irer <strong>la</strong> moindre proposition personnelle<br />

argumentale font partie de l’échantillon total, mais n’entrent évidemment <strong>dans</strong><br />

aucune catégorie; <strong>la</strong> donnée est considérée comme manquante.<br />

En réalité, <strong>la</strong> situation est difficile à évaluer, parce que les effectifs des constructions<br />

différentes des phrases sont souvent limités à quelques unités, voire à une seule<br />

par charte. 18 On peut cependant garder <strong>la</strong> répartition en quatre groupes comme hypothèse<br />

de travail.<br />

Si l’on construit donc les boîtes à moustaches correspondant d’une part au pourcentage<br />

de marquage des phrases <strong>dans</strong> les chartes de chacun des groupes, d’autre part<br />

au marquage des propositions immédiates, on obtient les graphiques de <strong>la</strong> 246 (les<br />

données manquantes sont séparées des autres par une ligne verticale).<br />

Observons les graphiques avant d’effectuer le moindre test. De manière générale<br />

<strong>dans</strong> les deux ensembles, les médianes <strong>la</strong>issent apparaître une gradation: plus le pourcentage<br />

de marquage des propositions argumentales augmente, plus <strong>la</strong> médiane se<br />

rapproche de 100%.<br />

Le groupe NA présente toujours une dispersion qui couvre toutes les valeurs.<br />

Si l’on regarde les encoches, pour les phrases, le groupe NA n’est distinct que du<br />

groupe 100%. En n’analysant que les documents des groupes associés à un pourcentage,<br />

on voit que seul le groupe 0% se distingue bien des deux autres. La situation<br />

est simi<strong>la</strong>ire pour les propositions immédiates, mais le groupe 0% semble distinct du<br />

groupe intermédiaire.<br />

Les calculs de probabilités (test de Kruskal-Wallis <strong>et</strong> tests de Wilcoxon non pairés<br />

ajustés) correspondent tout à fait au graphique 6.11 pour ce qui est de <strong>la</strong> phrase,<br />

comme on le voit <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 6.17. On constate en outre que les ajustements de Šidàk<br />

ne modifient pas excessivement <strong>la</strong> significativité des tests.<br />

18 Voir les dépouillements compl<strong>et</strong>s en annexe: dep-6.1.1.2.proparg-PPF.<br />

245


246<br />

Fréquence de marquage des phrases<br />

Fréquence de marquage des p. imm.<br />

0 20 40 60 80 100<br />

0 20 40 60 80 100<br />

81 20 17 30<br />

NA 0% ]0,100%[ 100%<br />

Fréquence de marquage des p. arg.<br />

81 20 17 30<br />

NA 0% ]0,100%[ 100%<br />

Fréquence de marquage des p. arg.<br />

FIG. 6.11 – Graphiques des fréquences de marquage final de <strong>la</strong> phrase<br />

(haut) <strong>et</strong> de <strong>la</strong> p. imm. (bas) par rapport à p. arg.


PRB PRB ajustée<br />

Kruskal-Wallis 0.00286 ✩★★<br />

Wilcoxon: 0% <strong>et</strong> ]0,100%[ 0.01035 ✩✩★ ✩✩✩<br />

Wilcoxon: 0% <strong>et</strong> 100% 0.00100 ✩★★ ✩★★<br />

Wilcoxon: ]0,100%[ <strong>et</strong> 100% 0.60992 ✩✩✩ ✩✩✩<br />

Wilcoxon: NA <strong>et</strong> 0% 0.57453 ✩✩✩ ✩✩✩<br />

Wilcoxon: NA <strong>et</strong> 100% 0.00442 ✩★★ ✩✩★<br />

Wilcoxon: NA <strong>et</strong> ]0,100%[ 0.05692 ✩✩✩ ✩✩✩<br />

TAB. 6.17 – Probabilités de différence de fréquence de marquage final<br />

de <strong>la</strong> phrase par rapport à p. arg.<br />

PRB PRB ajustée<br />

Kruskal-Wallis 6.88e−04 ★★★<br />

Wilcoxon: 0% <strong>et</strong> ]0,100%[ 2.85e−02 ✩✩★ ✩✩✩<br />

Wilcoxon: 0% <strong>et</strong> 100% 7.48e−05 ★★★ ★★★<br />

Wilcoxon: ]0,100%[ <strong>et</strong> 100% 5.86e−02 ✩✩✩ ✩✩✩<br />

Wilcoxon: NA <strong>et</strong> 0% 1.84e−02 ✩✩★ ✩✩✩<br />

Wilcoxon: NA <strong>et</strong> 100% 6.58e−03 ✩★★ ✩✩★<br />

Wilcoxon: NA <strong>et</strong> ]0,100%[ 9.55e−01 ✩✩✩ ✩✩✩<br />

TAB. 6.18 – Fréquence de marquage final de <strong>la</strong> p. imm. par rapport à p.<br />

arg.: statistiques<br />

Les mêmes tests appliqués aux fréquences de marquage des propositions immédiates<br />

donnent <strong>la</strong> table 6.18. L’ajustement oblige à rej<strong>et</strong>er les distinctions entre NA <strong>et</strong><br />

0% (ce<strong>la</strong> est visible <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure p. 246 si l’on observe les encoches des boîtes), ainsi<br />

qu’entre 0% <strong>et</strong> ]0,100%[. Les chartes qui marquent toujours les p. arg. ont une n<strong>et</strong>te<br />

tendance à marquer d’autant plus les phrases <strong>et</strong> les p. imm.<br />

On r<strong>et</strong>iendra que le contraste fondamental oppose n<strong>et</strong>tement les groupes 0% <strong>et</strong><br />

100%. Le fait que <strong>la</strong> subdivision en quatre c<strong>la</strong>sses mène à <strong>la</strong> constatation de ce<br />

contraste, parfaitement cohérent, est un sérieux argument en faveur de <strong>la</strong> distinction<br />

réelle entre les chartes qui marquent <strong>et</strong> celles qui ne marquent pas les propositions argumentales.<br />

Bien entendu, <strong>la</strong> non-significativité des contrastes (en particulier avec des<br />

tests non paramétriques <strong>et</strong> des ajustements sévères 19 ) ne signifie pas pour autant que<br />

ces contrastes n’existent pas – il subsiste un risque de comm<strong>et</strong>tre l’erreurβ–, mais le<br />

fait qu’ils soient n<strong>et</strong>tement moins importants perm<strong>et</strong> tout de même de leur reconnaître<br />

une position intermédiaire. Ainsi, le groupe des NA <strong>et</strong> celui des ]0,100%[ se trouvent<br />

à mi-chemin entre les deux autres, ce qui confirme l’intuition selon <strong>la</strong>quelle il fal<strong>la</strong>it<br />

distinguer deux popu<strong>la</strong>tions.<br />

En généralisant ces dernières conclusions, il semblerait donc qu’il existe une cohérence<br />

interne à chaque charte, qui fait que les tendances de <strong>ponctuation</strong> sont, pour<br />

les propositions au moins, orientées <strong>dans</strong> le même sens.<br />

6.1.1.3 Synthèse de l’analyse sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de <strong>la</strong> phrase<br />

Que r<strong>et</strong>enir de c<strong>et</strong> examen? Les différents tests ont mené à <strong>la</strong> conclusion que les<br />

phrases étaient toujours beaucoup plus marquées que les subordonnées.<br />

19 Voir note 45.<br />

247


a. Cohérence à travers le corpus. Trois tendances ont pu être décelées, en fonction<br />

de <strong>la</strong> structure impliquée. Les phrases sont les unités les plus stables <strong>et</strong> l’attraction<br />

qu’elles manifestent vis-à-vis du marquage semble répandue <strong>dans</strong> presque tout le corpus.<br />

L’inverse est vrai de <strong>la</strong> part des propositions immédiates, qui rej<strong>et</strong>te au contraire<br />

fortement <strong>la</strong> présence de <strong>ponctuation</strong>, en particulier à l’initiale.<br />

Par ailleurs, les derniers tests effectués sur les proportions de marquage final par<br />

document ont montré que non seulement les propositions de fonction argumentale ne<br />

sont pas nécessairement toujours moins marquées que les phrases, mais surtout que<br />

leur marquage se fait de manière différente suivant le document <strong>dans</strong> lequel on les<br />

rencontre. La présence de <strong>ponctuation</strong> est d’autre part visiblement liée au reste des<br />

tendances concernant les autres propositions, puisque <strong>la</strong> proportion de phrases <strong>et</strong> de<br />

subordonnées de fonction immédiate marquées augmente avec celle des subordonnées<br />

argumentales. Ce<strong>la</strong> a d’importantes conséquences sur <strong>la</strong> manière dont nous devrions,<br />

à l’avenir, considérer l’é<strong>la</strong>boration du corpus: pour c<strong>la</strong>sser les documents <strong>et</strong> tenter<br />

d’expliquer c<strong>et</strong>te variation, il serait nécessaire d’avoir à notre disposition un ensemble<br />

de variables supplémentaires, définissant les documents de manière plus externe. Il<br />

est possible qu’on puisse décrire les chartes émanées de certaines autorités ou datant<br />

d’une certaine époque comme étant plus ou moins marquées que <strong>la</strong> moyenne.<br />

Malheureusement, c<strong>et</strong>te démarche n’est pas possible à l’heure actuelle, où le corpus<br />

exploitable est encore bien maigre.<br />

b. La phrase comme «unité de lecture». Quoi qu’il arrive, <strong>la</strong> phrase est toujours n<strong>et</strong>tement<br />

distinguée des autres propositions par le fait qu’elle attire plus systématiquement<br />

un ponctogramme à chacune de ses bornes. C<strong>et</strong>te observation est extrêmement importante:<br />

elle montre que l’unité phrase, telle que nous l’avons définie empiriquement <strong>et</strong><br />

telle que l’ont conçue intuitivement les philologues jusqu’à présent, constituait réellement<br />

une unité de lecture pour les scribes. Ces derniers ressentaient le besoin d’en<br />

marquer le début <strong>et</strong> <strong>la</strong> fin plus souvent qu’ils ne marquaient les limites des propositions<br />

n’ayant pas le statut d’énoncé.<br />

Au delà de <strong>la</strong> significativité de <strong>la</strong> différence, l’intensité montre à quel point elle<br />

était présente: nous avons remarqué que les rapports de chances, notamment ceux<br />

impliqués <strong>dans</strong> l’étude de PPD (→6.1.1.1), étaient énormes. La distinction entre les<br />

différents types de subordonnées est plus floue.<br />

L’étude répond donc à une question fondamentale à <strong>la</strong>quelle les premiers travaux<br />

sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale avaient mené:<br />

«[Selon Hélène Naïs 1979, <strong>dans</strong> le ms. B de <strong>la</strong> Conqueste de Constantinople, l]a <strong>ponctuation</strong><br />

n’a pas de caractère grammatical, elle vise plutôt à m<strong>et</strong>tre en valeur les qualités esthétiques<br />

des pages <strong>et</strong> à souligner les éléments intéressants du texte (les sous-titres étant absents), de<br />

sorte qu’il est difficile de repérer les éléments initiaux de <strong>la</strong> phrase – ce qui pose <strong>la</strong> question<br />

de savoir à quelle réalité correspond <strong>la</strong> notion de phrase en ancien français.» (Gruaz 1980,<br />

9, nous soulignons).<br />

Comment les scribes médiévaux concevaient-ils <strong>la</strong> phrase d’un point de vue morphosyntaxique?<br />

Au regard de ce que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des chartes peut nous apprendre, il y<br />

a tout lieu de croire que leurs conceptions ne différaient pas grandement des nôtres.<br />

c. Proportions expliquées. Il est dès lors utile d’examiner les tendances sous un autre<br />

angle, en observant non plus les mots, mais les positions entre les mots. Ces positions<br />

sont alors considérées comme des individus <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent de ne plus distinguer<br />

248


P.0 P.1<br />

Phrase.0 57615 4572 62187<br />

Phrase.1 420 1462 1882<br />

58035 6034 64069<br />

χ 2 = 10583.54, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

P.0 P.1<br />

29.3 -281.83<br />

-968.23 9312.43<br />

θ 43.9<br />

TAB. 6.19 – Proportions de marquage expliqué par <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de <strong>la</strong><br />

phrase<br />

FAB FRE<br />

0 57615 99.28<br />

1 420 0.72<br />

58035 100<br />

0<br />

1<br />

0 10000 20000 30000 40000 50000<br />

TAB. 6.20 – Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de phrase ou non) pour les<br />

positions non ponctuées<br />

FAB FRE<br />

0 4572 75.77<br />

1 1462 24.23<br />

6034 100<br />

0<br />

1<br />

0 1000 2000 3000 4000<br />

TAB. 6.21 – Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de phrase ou non) pour les<br />

positions ponctuées<br />

<strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale. Chaque individu est défini par deux<br />

variables aux modalités dichotomiques: <strong>la</strong> première variable spécifie si <strong>la</strong> position est<br />

remplie par un ponctogramme ou non; <strong>la</strong> valeur de <strong>la</strong> deuxième variable répond à <strong>la</strong><br />

question: «C<strong>et</strong>te position correspond-elle à <strong>la</strong> limite d’une phrase?». En répondant à<br />

ces questions pour toutes les positions entre les mots, on construit <strong>la</strong> table de contingence<br />

6.19. Il est à peine nécessaire de commenter le rapport de chances. La valeur<br />

de ce dernier est si élevée qu’elle autorise à extrapoler: non seulement le lecteur habitué<br />

à parcourir des chartes sait que les phrases sont plus fréquemment marquées que<br />

les autres propositions, mais, en plus, il s’attend à ce que <strong>la</strong> plupart, sinon toutes les<br />

phrases qu’il rencontrera soient délimitées c<strong>la</strong>irement par l’emploi de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>.<br />

Observons à présent séparément les deux colonnes du tableau de contingence au<br />

travers des tris à p<strong>la</strong>ts correspondants. La première colonne (table 6.21), qui reprend<br />

les positions non marquées, montre que <strong>la</strong> proportion de phrases est effectivement<br />

infime. La deuxième colonne (table 6.20) indique que <strong>la</strong> description de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

médiévale ne pourrait se limiter à <strong>la</strong> définition de <strong>la</strong> seule tendance selon <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong><br />

phrase attire le marquage. Les limites des phrases «expliquent» un peu moins du quart<br />

des ponctogrammes.<br />

d. Re<strong>la</strong>tion avec d’autres tendances. D’autre part, il y a lieu de remarquer que le rej<strong>et</strong><br />

qui caractérise l’association entre MF.Rl <strong>et</strong> PPD.1 trouve ici une illustration concrète:<br />

les subordonnées commencent en eff<strong>et</strong> presque toujours par un re<strong>la</strong>teur – à l’exception<br />

des cas de parataxe <strong>et</strong> des incidentes, que nous traiterons plus loin (→6.1.4.1). Les<br />

re<strong>la</strong>teurs seront étudiés de manière détaillée ci-dessous (→6.3).<br />

249


FAB FRE<br />

0 7547 97.54<br />

1 190 2.46<br />

7737 100<br />

6.1.2 Prédicat<br />

0<br />

1<br />

0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000<br />

TAB. 6.22 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les prédicats non initiaux<br />

Les tris croisés généraux nous ont appris que les prédicats rej<strong>et</strong>aient massivement<br />

le marquage, à moins qu’ils ne se trouvent en position initiale ou finale<br />

(→5.3.3.3 b). Nous allons étudier <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale (→6.1.2.1) <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

finale (→6.1.2.2) des prédicats qui ne se trouvent pas aux bornes des structures<br />

<strong>dans</strong> lesquelles ils sont intégrés. Nous verrons ensuite le cas particulier du lien entre<br />

PPD.1 <strong>et</strong> les prédicats qui sont les premiers consituants de subordonnées de mode non<br />

personnel (1,0,P0,0,0 avec MI.¬pers,→6.1.2.3).<br />

6.1.2.1 P0 <strong>et</strong> PPD de manière générale<br />

Si nous sélectionnons tous les prédicats qui ne figurent pas en position initiale du<br />

constituant qui les contient <strong>et</strong> que nous faisons le tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> variable PPD pour ces<br />

individus, nous obtenons <strong>la</strong> table 6.22, qui manifeste c<strong>la</strong>irement <strong>la</strong> conséquence de <strong>la</strong><br />

répulsion du marquage initial: <strong>la</strong> proportion de constituants marqués est minime.<br />

a. Tendances par document. Employons à nouveau le même procédé que ci-dessus<br />

(→6.1.1.1 a) pour vérifier si <strong>la</strong> tendance à <strong>la</strong> répulsion, que nous avons observée en<br />

considérant que tous les documents étaient identiques, n’est pas caractéristique d’une<br />

ou plusieurs chartes particulières.<br />

Dans un premier temps, seul le graphique des répulsions nous r<strong>et</strong>iendra: c’est en eff<strong>et</strong><br />

une tendance à ne pas marquer le prédicat que nous avons pu souligner ci-dessus. Si<br />

celle-ci est caractéristique d’un p<strong>et</strong>it ensemble de chartes, il se pourrait bien que <strong>la</strong><br />

tendance générale observée soit en réalité limitée à ce nombre restreint. Or, il n’en est<br />

rien: aucun document ne repousse significativement les ponctogrammes devant P0,<br />

comme l’indique <strong>la</strong> figure 6.13. Il faut noter que ce procédé vise à révéler l’absence<br />

de lien significatif, c’est-à-dire H0. Or, comme on l’a vu plus haut en exposant les<br />

concepts de base de <strong>la</strong> description <strong>et</strong> de l’inférence statistiques, il n’est pas légitime<br />

d’essayer de prouver l’hypothèse nulle (→4.1.3.1). Il importe donc de bien se rendre<br />

compte que ces tests, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où ils ne m<strong>et</strong>tent pas en évidence d’associations<br />

entre les documents <strong>et</strong> le (non-)marquage, ne prouvent pas l’absence d’attraction ou<br />

de répulsion, mais se contentent de dire que les écarts observés ne suffisent pas à se<br />

persuader de leur présence. Dans un cas comme celui-là, on peut adopter <strong>la</strong> position<br />

pragmatique suivante: jusqu’à preuve du contraire, étant donné que rien ne prouve<br />

qu’il y ait une association, nous estimerons qu’elle n’existe pas.<br />

b. Examen du contexte immédiat: tri général. À présent que nous avons admis que <strong>la</strong><br />

tendance à rej<strong>et</strong>er PPD.1 est commune à l’ensemble des chartes, interrogeons-nous sur<br />

l’environnement de P0. Si le rej<strong>et</strong> est en eff<strong>et</strong> une tendance bien n<strong>et</strong>te, il n’en est pas<br />

pour autant une tendance absolue. Il souffre donc des exceptions. Peut-on remarquer<br />

que ces exceptions sont liées à un type de constituant particulier précédant le prédicat?<br />

250


1237−12<br />

1283−02−13b<br />

1272−03<br />

1280−08−14<br />

1281−03<br />

1237−09−16<br />

1270−05−10<br />

1241−09<br />

1268−03−01<br />

1287−09−08<br />

1260−02−03<br />

1288−02b<br />

1263−11<br />

1265−11−13<br />

1275−08<br />

1289−07−19<br />

1236−07<br />

1271−07−07a<br />

1289−04−19<br />

1282−03−03<br />

1263−03−31<br />

1277−07−01<br />

1289−01−12<br />

1290−08−24<br />

1263−05−27a<br />

1277−05−19<br />

1259−01−16<br />

1270−04−07<br />

1271−05−22<br />

1281−03−03<br />

1277−03−23<br />

1288−02a<br />

1274−02−24<br />

1283−05−02<br />

1281−06−06<br />

1286−05−15<br />

1249−06−25<br />

1271−12−03a<br />

1282−02−01a<br />

1265−05a<br />

1271−12−03b<br />

1274−09−06<br />

1275−01−10b<br />

1243−08−15<br />

1286−03−23<br />

1287−10<br />

1271−09−17<br />

1274−06−30<br />

1271−04−20<br />

1273−12<br />

1275−01−10a<br />

1267−08−28<br />

1274−05−31b<br />

1260−10−02<br />

1287−06−24<br />

1286−03<br />

1260−02−21b<br />

1268−03−25<br />

1264−04<br />

1247−06<br />

1263−05−27b<br />

1289−03−05<br />

1270−06−06a<br />

1267−10−29<br />

Attractions (seuil adapté 0.0351%)<br />

3.99e−05 1<br />

6/47 (12.8%)<br />

4/33 (12.1%)<br />

12/205 (5.9%)<br />

4/35 (11.4%)<br />

4/37 (10.8%)<br />

3/23 (13.0%)<br />

5/76 (6.6%)<br />

3/36 (8.3%)<br />

4/65 (6.2%)<br />

3/41 (7.3%)<br />

2/20 (10.0%)<br />

3/44 (6.8%)<br />

5/104 (4.8%)<br />

4/78 (5.1%)<br />

4/82 (4.9%)<br />

3/55 (5.5%)<br />

2/28 (7.1%)<br />

2/28 (7.1%)<br />

3/61 (4.9%)<br />

2/34 (5.9%)<br />

3/66 (4.5%)<br />

2/35 (5.7%)<br />

7/203 (3.4%)<br />

3/68 (4.4%)<br />

3/74 (4.1%)<br />

2/41 (4.9%)<br />

1/40 (2.5%)<br />

1/40 (2.5%)<br />

3/75 (4.0%)<br />

1/39 (2.6%)<br />

2/42 (4.8%)<br />

2/42 (4.8%)<br />

1/38 (2.6%)<br />

1/38 (2.6%)<br />

1/37 (2.7%)<br />

1/37 (2.7%)<br />

1/36 (2.8%)<br />

1/36 (2.8%)<br />

1/36 (2.8%)<br />

2/44 (4.5%)<br />

1/35 (2.9%)<br />

1/35 (2.9%)<br />

1/35 (2.9%)<br />

1/12 (8.3%)<br />

1/34 (2.9%)<br />

1/34 (2.9%)<br />

1/33 (3.0%)<br />

1/32 (3.1%)<br />

2/79 (2.5%)<br />

2/48 (4.2%)<br />

2/48 (4.2%)<br />

4/123 (3.3%)<br />

2/75 (2.7%)<br />

1/28 (3.6%)<br />

1/28 (3.6%)<br />

2/51 (3.9%)<br />

1/27 (3.7%)<br />

1/27 (3.7%)<br />

2/52 (3.8%)<br />

3/92 (3.3%)<br />

2/64 (3.1%)<br />

2/64 (3.1%)<br />

2/60 (3.3%)<br />

1/21 (4.8%)<br />

FIG. 6.12 – Attractions entre PPD <strong>et</strong> le prédicat par document<br />

251


252<br />

1283−02−13a<br />

1278−08−01<br />

1274−05−31a<br />

1276−06−10b<br />

1252−03−01a<br />

1280−05−04<br />

1260−05−09<br />

1280−07−20<br />

1260−02−21a<br />

1273−05−12<br />

1264−09−07<br />

1265−04−15<br />

1278−04−06<br />

1242−05−02<br />

1236−05<br />

1283−12−26<br />

1243−07−09<br />

1270−04−16<br />

1282−12−22<br />

1263−05<br />

1268−08−02a<br />

1268−03−10<br />

1270−09−29<br />

1284−06−09<br />

1289−08−01<br />

1278−12−03<br />

1284−02−12<br />

1285−02−24<br />

1263−05−27c<br />

1260−05−30b<br />

1265−07−04<br />

1270−11−26<br />

1276−02−24<br />

1268−08−02b<br />

1267−07−06<br />

1236−12−15<br />

1276−09−16<br />

1280−05−05<br />

1285−07−04<br />

1289−04−05<br />

1271−12−22<br />

1272−06−22<br />

1265−05b<br />

1267−03−23<br />

1280−08−09<br />

1276−07−22<br />

1270−06−06b<br />

1284−05−11<br />

1276−06−10a<br />

1260−05−14<br />

1263−07−15<br />

1271−03−18<br />

1266−06−13<br />

1260−05−30a<br />

1267−10−22<br />

1271−07−07b<br />

1271−07−25<br />

1271−12−09<br />

1278−10−17<br />

1237−10−12<br />

1253−03−01<br />

1269−02−23<br />

1277−06−12<br />

1270−03−24<br />

1263−07−19<br />

1268−05−31<br />

1272−07−08<br />

1278−04−04a<br />

1252−03−01b<br />

1264−11−29<br />

1275−05−27<br />

1284−10−04<br />

1271−12−03c<br />

1283−02−21<br />

1277−05−04<br />

1244−01−19<br />

1263−07−20<br />

1268−08−02c<br />

1279−03−10<br />

1285−07−21<br />

1255−05−21<br />

1260−06−09<br />

Répulsions (seuil adapté 0.0351%)<br />

0.0718 1<br />

2/292 (0.68%)<br />

0/135 (0.00%)<br />

0/77 (0.00%)<br />

0/76 (0.00%)<br />

0/73 (0.00%)<br />

0/71 (0.00%)<br />

0/70 (0.00%)<br />

1/126 (0.79%)<br />

0/68 (0.00%)<br />

0/68 (0.00%)<br />

0/63 (0.00%)<br />

0/62 (0.00%)<br />

1/116 (0.86%)<br />

0/60 (0.00%)<br />

0/54 (0.00%)<br />

0/51 (0.00%)<br />

0/50 (0.00%)<br />

0/48 (0.00%)<br />

0/48 (0.00%)<br />

0/45 (0.00%)<br />

0/44 (0.00%)<br />

1/95 (1.05%)<br />

0/42 (0.00%)<br />

0/41 (0.00%)<br />

0/41 (0.00%)<br />

1/41 (2.44%)<br />

1/41 (2.44%)<br />

1/41 (2.44%)<br />

0/40 (0.00%)<br />

0/39 (0.00%)<br />

0/39 (0.00%)<br />

1/87 (1.15%)<br />

1/43 (2.33%)<br />

1/44 (2.27%)<br />

1/45 (2.22%)<br />

0/34 (0.00%)<br />

0/33 (0.00%)<br />

0/32 (0.00%)<br />

0/32 (0.00%)<br />

0/32 (0.00%)<br />

1/78 (1.28%)<br />

1/48 (2.08%)<br />

3/165 (1.82%)<br />

0/30 (0.00%)<br />

1/49 (2.04%)<br />

1/76 (1.32%)<br />

0/29 (0.00%)<br />

1/50 (2.00%)<br />

0/28 (0.00%)<br />

1/51 (1.96%)<br />

1/51 (1.96%)<br />

1/51 (1.96%)<br />

1/73 (1.37%)<br />

0/27 (0.00%)<br />

0/27 (0.00%)<br />

0/27 (0.00%)<br />

1/52 (1.92%)<br />

2/90 (2.22%)<br />

1/53 (1.89%)<br />

0/26 (0.00%)<br />

0/26 (0.00%)<br />

0/16 (0.00%)<br />

2/112 (1.79%)<br />

1/69 (1.45%)<br />

0/25 (0.00%)<br />

0/25 (0.00%)<br />

0/25 (0.00%)<br />

1/55 (1.82%)<br />

0/17 (0.00%)<br />

0/24 (0.00%)<br />

0/18 (0.00%)<br />

0/18 (0.00%)<br />

0/23 (0.00%)<br />

0/23 (0.00%)<br />

1/57 (1.75%)<br />

2/107 (1.87%)<br />

0/22 (0.00%)<br />

0/22 (0.00%)<br />

0/22 (0.00%)<br />

0/22 (0.00%)<br />

0/20 (0.00%)<br />

0/20 (0.00%)<br />

FIG. 6.13 – Répulsions entre PPD <strong>et</strong> le prédicat par document


0,0,C5,0,1<br />

0,0,S1,0,0<br />

1,0,C5,0,1<br />

1,0,A4,0,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

1,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,A4,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.205%)<br />

2.24e−42 1<br />

38/235 (16.2%)<br />

69/1575 (4.4%)<br />

5/32 (15.6%)<br />

4/23 (17.4%)<br />

2/13 (15.4%)<br />

16/486 (3.3%)<br />

2/34 (5.9%)<br />

2/75 (2.7%)<br />

FIG. 6.14 – Attractions entre PPD <strong>et</strong> le prédicat par construction précédente<br />

1,0,C5,0,0<br />

0,0,P0,0,0<br />

1,0,S1,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

1,0,C6,0,0<br />

0,0,C6,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

1,0,R3,0,0<br />

1,0,P0,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

1,0,A4,0,1<br />

1,0,R2,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.205%)<br />

2.02e−07 1<br />

4/1240 (0.32%)<br />

6/778 (0.77%)<br />

4/640 (0.62%)<br />

0/374 (0.00%)<br />

0/351 (0.00%)<br />

0/176 (0.00%)<br />

0/138 (0.00%)<br />

0/124 (0.00%)<br />

0/110 (0.00%)<br />

0/10 (0.00%)<br />

0/11 (0.00%)<br />

0/35 (0.00%)<br />

17/767 (2.22%)<br />

0/17 (0.00%)<br />

0/18 (0.00%)<br />

0/23 (0.00%)<br />

2/105 (1.90%)<br />

FIG. 6.15 – Répulsions entre PPD <strong>et</strong> le prédicat par construction précédente<br />

En croisant les deux variables (PPD <strong>et</strong> MMP) pour le premier échantillon, 20 nous<br />

pouvons décomposer le tableau de contingence (figures 6.14 <strong>et</strong> 6.15).<br />

c. Examen du contexte immédiat: attractions. En observant les attractions, nous essayons<br />

de repérer quels environnements perm<strong>et</strong>tent à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> d’apparaître malgré<br />

<strong>la</strong> répulsion manifeste entre PPD.1 <strong>et</strong> <strong>la</strong> fonction P0. Ce sont essentiellement les<br />

circonstants re<strong>la</strong>tés de nature non propositionnelle qui se démarquent. On peut citer,<br />

en guise d’exemples: 21<br />

«· / <strong>et</strong> a <strong>la</strong> requeſte mon ſeıgnor · jehan [19] deuant dıt / auonſ noſ míſ noſtre seel auuec le ſíen<br />

seel a ceſ preſenteſ l<strong>et</strong>treſ» (Document 1264–04, 18).<br />

«/ <strong>et</strong> tel hyr<strong>et</strong>age por ces · ıııj · muís <strong>et</strong> tel cens ke dıt eſt / reportat johans deuant dıs en [14]<br />

maíns de maıoírs deuant díſ» (Document 1271–12–09, 13).<br />

« je wel ke deſ pluſ aparıllıeſ meules com trouera entourſ mı · ſoıent paıeſ les˘ ˘<br />

couſtengeſ de<br />

me ſepulture» (Document 1272–03, 2).<br />

Dans ces cas, les constituants formant le contexte direct du prédicat font partie de<br />

ceux pour lesquels nous avions repéré une tendance au marquage final <strong>dans</strong> le chapitre<br />

précédent (→5.3.3.3). Nous y reviendrons quand nous traiterons les circonstants<br />

(→6.1.4).<br />

20 Voir <strong>la</strong> table de contingence en annexe, 6.1.2.1.table-P0-MMPxPPD.<br />

21 Le P0 est souligné. Voir le relevé compl<strong>et</strong> dep-6.1.2.1.P0-PPD. On y voit que ces constituants<br />

C5, s’ils ne sont pas initiaux, se rencontrent immédiatement après un C6.<br />

253


Les autres types de constituants précédant P0 sont moins faciles à commenter.<br />

Ainsi, les formes de 0,0,S1,0,0 sont assez hétéroclites <strong>et</strong> inattendues, 22 étant donné<br />

que ce type de constituant est censé rej<strong>et</strong>er massivement le marquage final. Malgré<br />

les difficultés qu’on éprouve à y repérer quelque régu<strong>la</strong>rité, on trouve néanmoins <strong>la</strong><br />

formule _qui le vesture/l’afaitement/. . . fist_ attestée quinze fois – mais on ne peut faire<br />

autre chose que simplement relever le phénomène:<br />

«· <strong>la</strong> quele conıſſanche johans condıſt delle roſe cıtaíns [13] de lıege kı <strong>la</strong>faıtıſon en fıſt · míſt<br />

ens elle warde des homes delle chıſe díeu kí [14] <strong>la</strong> furent preſens» (Document 1281–06–06,<br />

12).<br />

Par ailleurs, le S1 contient une subordonnée qui s’achève en sa fin <strong>dans</strong> de nombreux<br />

cas; par exemple:<br />

«· conute [2] choſe ſoıt a˘ ˘<br />

chaſcun <strong>et</strong> a˘ ˘<br />

tos / que damoıſelle sýbılle fılhe mon ſaıngnor leone<br />

cheualır de˘ ˘<br />

n˙yuelle kı ıa fut / vínt par deuant [3] noſ <strong>et</strong> par deuant leſ hommeſ de˘ ˘<br />

le chıeſe deu<br />

/ entre ſaınte maríe <strong>et</strong> ſaınt <strong>la</strong>mbert» (Document 1260–05–14, 1).<br />

«· <strong>et</strong> ſı eſt a ſauoır ke ſe lı doı preudome deuant dıt / ´v cıl kı [13] pour lun ´v pour eaus deus<br />

ſeroıent prıs ´v enuoıe au ıour de le taxatıon faıre par lokıſon deuant dıte / preſıſcent [14] vn<br />

tıerch pour ce kıl ne ſe porroıent acorder / lı dıs <strong>et</strong> le taxatıons des deus de ces troıs ſeroıt<br />

tenus» (Document 1263–05–27b, 12).<br />

Le seul moyen de traiter efficacement ces attestations serait de prendre en considération<br />

tous les niveaux d’intégration syntaxique pour vérifier si ce détail vaut <strong>la</strong> peine<br />

d’être pris en compte. Comme nous l’avons déjà dit, <strong>la</strong> démarche n’est pas envisageable<br />

(→4.2.3).<br />

Les A4 simples initiaux sont peu nombreux, ce qui nous donne <strong>la</strong> possibilité de<br />

les énumérer:<br />

« · [. . .] foemenſ de touteſ leſ choſeſ deſeure eſcrıteſ · fach ıou mon ſıgneur ıehan de hodege<br />

[. . .] <strong>et</strong> mon ſıgneur ernol de begıenler [. . .]» (Document 1272–03, 43).<br />

«· <strong>la</strong> ou cıs íugement fut faıs <strong>et</strong> rendus par˘ ˘<br />

deuant [22] nos · furent noſtre uoír íureít · <strong>et</strong> íugeor<br />

[. . .]» (Document 1265–11–13, 21).<br />

«[22] · <strong>la</strong> ov cıſte reconıſſanche fut faíte <strong>et</strong> cís recors · fut [. . .] radeles dıle» (Document<br />

1275–01–10, 22).<br />

«· <strong>la</strong> ov totes ces choſes deſoíreſcrıtes furent faıtes / furent homes de le cıſe deu» (Document<br />

1274–05–31a, 23).<br />

Il est remarquable que ces constituants soient du type _<strong>la</strong> ou ces choses furent faites_<br />

<strong>dans</strong> trois cas sur quatre. Or, pour avoir acquis l’habitude de parcourir des chartes de<br />

l’époque, nous savons que <strong>la</strong> structure en question – tout comme <strong>la</strong> formule relevée<br />

pour S1 – fait partie du style formu<strong>la</strong>ire des documents. Il est évidemment impossible<br />

de dépasser <strong>la</strong> simple constatation, mais nous verrons que ce type de correspondance<br />

éventuelle entre une formule <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> n’est pas limité aux alentours de P0 (par<br />

exemple,→6.1.3.9).<br />

22 Voir le dépouillement compl<strong>et</strong> dep-6.1.2.1.P0-MMP00S100-PPD.<br />

254<br />

’<br />


Les autres attractions <strong>dans</strong> le contexte immédiat MMP.0,0,R3,0,1 n’atteignent pas<br />

le seuil corrigé <strong>et</strong> ne nous apprennent pas grand-chose:<br />

«· nos faıſons ſauoír a˘ ˘<br />

tous ke nos a damme agnes hubıne de ho˙y / auons en donírs conteís<br />

rechıes / quarante˘ ˘<br />

s<strong>et</strong> · mars [4] de˘ ˘<br />

lıegoıs» (Document 1288–02b, 3).<br />

«[. . .] par <strong>la</strong> cıteıt [6] ſı que lı banſ dure · a toteſ <strong>la</strong>ıeſ perſones · prendra om vn eſcot par<br />

proudomeſ por ceſte d<strong>et</strong>te paıer <strong>et</strong> [7] anıtır» (Document 1260–02–03, 5).<br />

d. Examen du contexte immédiat: répulsions. Quant au rej<strong>et</strong> du marquage, il s’agit<br />

de <strong>la</strong> tendance <strong>la</strong> plus régulière, mais un certain nombre de constituants lui sont particulièrement<br />

liés. Seuls les C5 non re<strong>la</strong>tés initiaux s’opposent significativement au<br />

marquage. Ce<strong>la</strong> ne concerne en fait que les propositions non personnelles en <strong>syntaxe</strong><br />

immédiate, du type _devant dit_ .<br />

«· <strong>et</strong> [20] ceſ choſeſ deuant dıteſ ſunt faıteſ · <strong>la</strong>n del jncarnatıon jheſu crıſt · m · cc · <strong>et</strong>˘ ˘<br />

tren /<br />

[21]teſ<strong>et</strong>tíme · el moıs de decembre» (Document 1237–12, 19).<br />

«<strong>et</strong> auuec [5] ceſ choſeſ deuant díteſ deuonſ noſ reprende del eveske deuant dít sıſıante <strong>et</strong> dıs<br />

marchıeſ de terre ke noſ [6] deuonſ aſeneír a leueſke deuant dít · entre d˙ynant <strong>et</strong> franchíermont<br />

· <strong>et</strong> entre waromme <strong>et</strong> <strong>la</strong> roche» (Document 1242–05–02, 4).<br />

Remarquons que tous les cas où il y a tout de même un ponctogramme sont en bout<br />

de ligne:<br />

«· [16] [. . .] noſ ıakemínſ maıreſ <strong>et</strong> lı eſceuín deſor / [17] eſcrít auonſ penduſ noſ saıaſ a ceſ<br />

preſenſ l<strong>et</strong>treſ [. . .]» (Document 1272–06–22, 16).<br />

«/ le [29] queıl recor <strong>et</strong> le queıl temongnage · wılheames de ſaın loren deſeur dıs / míſt ens eno<br />

[30]ſtre warde sı ke maíres» (Document 1290–08–24, 28).<br />

«<strong>et</strong> par [13] · ce ke les changeſ <strong>et</strong> leſ conuenanceſ kı cı ſunt devıſeeſ ſoıent pluſ fermeſ <strong>et</strong> [14]<br />

mıelz conuteſ auonſ noſ faıt ſaeleır ceſte l<strong>et</strong>tre del ſael les poures de ˘ ˘<br />

ſor ·· [15] nommeız»<br />

(Document 1260–10–02, 12).<br />

«· <strong>et</strong> fut deuıſeít <strong>la</strong> así ke mes ſıres corbeas <strong>et</strong> lj atre deſoırdít poíoent raquere cel cens<br />

deſoırdít dedens doıs ans prochaínement · [16] venant · apres <strong>la</strong> date de ces l<strong>et</strong>tres preſens ·<br />

[. . .]» (Document 1275–08, 15).<br />

«· <strong>et</strong> país comandames dant henon deſoír / [22] dít a oes de <strong>la</strong> maıſon de <strong>la</strong> ual ſaínt <strong>la</strong>mbert<br />

deſoírnomeıe es · vínte boníer daluen deſoírnomez ſı ke [23] droís <strong>et</strong> loís porte» (Document<br />

1274–05–31a, 21).<br />

Les autres tendances ne dépassent pas le seuil corrigé, mais demeurent révé<strong>la</strong>trices.<br />

Comme on s’y attendait, le fait qu’un P0 en précède un autre ne favorise pas le marquage.<br />

23 Ce type de séquence correspond à <strong>la</strong> construction qui fait se suivre un auxiliaire<br />

<strong>et</strong> un participe: 24<br />

«· [13] <strong>et</strong> por ce que ce ſoít fermement tenut · / lı veſkeſ · <strong>et</strong> lı cuenſ · j ont pendut lorſ · sa˙yauſ»<br />

(Document 1236–12–15, 12).<br />

23 Voir le dépouillement exhaustif dep-6.1.2.1.P0-MMP00P000-PPD en annexe.<br />

24 Voir cependant le paragraphe Problèmes de <strong>la</strong> section Analyses syntaxiques <strong>dans</strong> les annexes.<br />

255


FAB FRE<br />

0 5451 96.98<br />

1 170 3.02<br />

5621 100<br />

0<br />

1<br />

0 1000 2000 3000 4000 5000<br />

TAB. 6.23 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF pour les prédicats non finaux<br />

«<strong>et</strong> por co que ce ſoıt ferme [7] coze je aı pendu mon ſáal a ceſ l<strong>et</strong>treſ» (Document<br />

1237–10–12, 6).<br />

Les rares cas marqués sont tous des coordinations:<br />

«· <strong>et</strong> moı prıa mes ſıres <strong>et</strong> mes freres ſı [29] com ılh auo<strong>et</strong> en couent a freres de <strong>la</strong> vaus<br />

ſaínt <strong>la</strong>mbert ke ıe totes ces choſes kı deſoure ſunt dıtes [30] greaſſe / loaſſe / <strong>et</strong> conſentıſſe»<br />

(Document 1267–08–28, 28).<br />

«· <strong>et</strong> ceſt h˙yr<strong>et</strong>age ne pu<strong>et</strong> ılh ne ſeı hoır / vendre / deſchangıer / ne oblıgıer [10] ne trecenſer<br />

ſens <strong>la</strong>ſſens de˘ ˘<br />

<strong>la</strong> maıſon» (Document 1271–05–22, 9).<br />

Les autres rej<strong>et</strong>s pertinents avant correction du seuil sont cohérents avec ce que nous<br />

avions relevé: les S1 non propositionnels initiaux, ainsi que les re<strong>la</strong>teurs (→6.3), imposent<br />

un rej<strong>et</strong> important du signe devant eux.<br />

6.1.2.2 P0 <strong>et</strong> PPF de manière générale<br />

Après avoir observé les re<strong>la</strong>tions entre P0 <strong>et</strong> PPD, voyons ce qu’il en est de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

finale. Changeons donc d’échantillon pour sélectionner les individus de fonction<br />

P0 qui ne se trouvent pas à <strong>la</strong> finale pour c<strong>et</strong>te nouvelle sélection. Le tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong><br />

variable PPF (tri à p<strong>la</strong>t pour PPF: voir table 6.23).<br />

a. Tendances par document. Le graphique des répulsions 25 de <strong>la</strong> modalité PPF.1 par<br />

rapport à <strong>la</strong> référence du document où se trouve l’occurrence ne nous montre aucune<br />

tendance significative à repousser PPF.1. Ces ensembles de tests confirment que, jusqu’à<br />

preuve du contraire, aucune charte ne se distingue particulièrement des autres en<br />

ce qui concerne les répulsions.<br />

Il y a du reste un p<strong>et</strong>it nombre de documents qui attirent le marquage plutôt qu’ils<br />

ne le rej<strong>et</strong>tent (figure 6.16). Nous n’avons malheureusement pas pu tirer de conclusions<br />

à leur suj<strong>et</strong>.<br />

b. Examen du contexte immédiat. Suivant <strong>la</strong> même progression que pour PPD, nous<br />

croisons <strong>la</strong> présence d’un ponctogramme à <strong>la</strong> finale avec le type de constituant suivant<br />

directement le prédicat. La manière dont les répulsions <strong>et</strong> les attractions sont différenciées<br />

se dessine <strong>dans</strong> les graphiques 6.17 <strong>et</strong> 6.18. Il ne nous paraît pas nécessaire<br />

d’illustrer les attractions: on voit que les types de constituants attirant significativement<br />

le plus d’apparitions de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> sont les coordonnants <strong>et</strong> deux types de<br />

circonstants, sur lesquels nous reviendrons. 26 Ce<strong>la</strong> est c<strong>la</strong>irement en accord avec les<br />

tendances générales.<br />

Les cas de répulsion les plus importants qui se démarquent statistiquement<br />

25 Voir annexes.<br />

26 Voir, respectivement,→6.1.5 <strong>et</strong>→6.1.4.<br />

256


1270−06−06a<br />

1289−01−12<br />

1271−07−07a<br />

1241−09<br />

1287−10<br />

1236−12−15<br />

1272−06−22<br />

1275−08<br />

1237−12<br />

1280−08−14<br />

1260−02−03<br />

1289−07−19<br />

1283−05−02<br />

1237−09−16<br />

1267−07−06<br />

1264−09−07<br />

1263−11<br />

1268−03−01<br />

1290−08−24<br />

1237−10−12<br />

1277−03−23<br />

1273−05−12<br />

1267−08−28<br />

1249−06−25<br />

1263−03−31<br />

1271−12−03a<br />

1289−04−05<br />

1265−11−13<br />

1283−02−13b<br />

1275−01−10a<br />

1277−06−12<br />

1287−09−08<br />

1288−02b<br />

1288−02a<br />

1276−02−24<br />

1265−05b<br />

1286−03<br />

1285−02−24<br />

1274−09−06<br />

1267−10−29<br />

1271−05−22<br />

1289−03−05<br />

1264−11−29<br />

1268−03−25<br />

1277−07−01<br />

1247−06<br />

1252−03−01b<br />

1260−02−21b<br />

1271−12−03c<br />

1283−02−21<br />

1287−06−24<br />

Attractions (seuil adapté 0.0351%)<br />

5.21e−13 1<br />

10/44 (22.7%)<br />

18/158 (11.4%)<br />

6/26 (23.1%)<br />

5/31 (16.1%)<br />

4/28 (14.3%)<br />

4/32 (12.5%)<br />

4/35 (11.4%)<br />

5/54 (9.3%)<br />

4/44 (9.1%)<br />

3/27 (11.1%)<br />

2/17 (11.8%)<br />

3/37 (8.1%)<br />

2/19 (10.5%)<br />

2/20 (10.0%)<br />

3/41 (7.3%)<br />

3/42 (7.1%)<br />

4/66 (6.1%)<br />

3/43 (7.0%)<br />

3/43 (7.0%)<br />

2/23 (8.7%)<br />

2/23 (8.7%)<br />

3/50 (6.0%)<br />

5/103 (4.9%)<br />

2/27 (7.4%)<br />

3/53 (5.7%)<br />

2/28 (7.1%)<br />

2/30 (6.7%)<br />

3/56 (5.4%)<br />

2/31 (6.5%)<br />

1/32 (3.1%)<br />

3/62 (4.8%)<br />

1/30 (3.3%)<br />

1/30 (3.3%)<br />

1/29 (3.4%)<br />

1/27 (3.7%)<br />

5/127 (3.9%)<br />

2/39 (5.1%)<br />

1/25 (4.0%)<br />

1/23 (4.3%)<br />

1/13 (7.7%)<br />

2/55 (3.6%)<br />

2/54 (3.7%)<br />

1/19 (5.3%)<br />

1/19 (5.3%)<br />

1/19 (5.3%)<br />

3/81 (3.7%)<br />

1/16 (6.2%)<br />

1/16 (6.2%)<br />

1/17 (5.9%)<br />

1/17 (5.9%)<br />

1/17 (5.9%)<br />

FIG. 6.16 – Marquage final du prédicat par document (attractions)<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,S1,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,R2,pers,1<br />

0,1,R3,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.205%)<br />

2.65e−27 1<br />

47/379 (12.4%)<br />

9/141 (6.4%)<br />

6/86 (7.0%)<br />

13/290 (4.5%)<br />

6/119 (5.0%)<br />

18/506 (3.6%)<br />

14/422 (3.3%)<br />

1/13 (7.7%)<br />

2/54 (3.7%)<br />

FIG. 6.17 – Attractions entre le prédicat <strong>et</strong> PPF par construction suivante<br />

257


0,1,A4,0,1<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

0,1,A4,0,0<br />

0,0,A4,¬pers,1<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,A4,pers,1<br />

0,1,A4,¬pers,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.205%)<br />

0.00167 1<br />

0/327 (0.00%)<br />

6/628 (0.96%)<br />

0/161 (0.00%)<br />

0/155 (0.00%)<br />

4/349 (1.15%)<br />

7/396 (1.77%)<br />

2/169 (1.18%)<br />

0/72 (0.00%)<br />

0/67 (0.00%)<br />

0/60 (0.00%)<br />

0/38 (0.00%)<br />

0/37 (0.00%)<br />

13/485 (2.68%)<br />

0/11 (0.00%)<br />

0/19 (0.00%)<br />

10/345 (2.90%)<br />

FIG. 6.18 – Répulsions entre le prédicat <strong>et</strong> PPF par construction suivante<br />

concernent d’une part les P0 à <strong>la</strong> suite d’un 0,1,A4,0,1. Tous les P0 marqués devant<br />

un autre P0 sont des coordinations:<br />

« [1] noſ [. . .] faıſonſ a ſauoír [. . .] ke noſ [. . .] auonſ · doneíe · ordeneíe · <strong>et</strong> deuíſeíe · a noſtre<br />

volente ceſte forme de paíſ · kı en ceſ l<strong>et</strong>reſ [4] eſt eſcríte» (Document 1241–09, 1, deux<br />

formes).<br />

«· <strong>et</strong> sılh auıent en acun tens kı uenrat ke celle halle deuant˘ ˘<br />

dıte le que [16]le ılh ont fatte a leur<br />

propres coſt <strong>et</strong> aleur propres deſpens / cha<strong>et</strong> / ard<strong>et</strong> / v empír<strong>et</strong> en˘ ˘<br />

partıe u˘ ˘<br />

en˘ ˘<br />

tot / nos [. . .] por<br />

lemoıtı<strong>et</strong> des coſt <strong>et</strong> des deſpens [. . .] ſummes oblıgı<strong>et</strong> <strong>et</strong> aſtraínt» (Document 1263–11, 15).<br />

«· <strong>et</strong> ıe por deu <strong>et</strong> por <strong>la</strong> prıere mon saıngnor mon frere ce ke fut faıt des [31] vnze boníers par<br />

deuant luí <strong>et</strong> par mes homes / greıe / lou / <strong>et</strong> conferme» (Document 1267–08–28, 30).<br />

«· <strong>et</strong> moı prıa mes ſıres <strong>et</strong> mes freres ſı [29] com ılh auo<strong>et</strong> en couent a freres de <strong>la</strong> vaus<br />

ſaínt <strong>la</strong>mbert ke ıe totes ces choſes kı deſoure ſunt dıtes [30] greaſſe / loaſſe / <strong>et</strong> conſentıſſe»<br />

(Document 1267–08–28, 28).<br />

«· <strong>et</strong> ceſt h˙yr<strong>et</strong>age ne pu<strong>et</strong> ılh ne ſeı hoır / vendre / deſchangıer / ne oblıgıer [10] ne trecenſer<br />

ſens <strong>la</strong>ſſens de˘ ˘<br />

<strong>la</strong> maıſon» (Document 1271–05–22, 9).<br />

De plus, de nombreux contextes n’attirent jamais le ponctogramme. Ils ont donc une<br />

fréquence de marquage de 0%. Néanmoins, c<strong>et</strong>te répulsion ne peut être jugée significative<br />

en raison du faible effectif évalué. Gardons à l’esprit que quelle que soit leur<br />

position <strong>dans</strong> les graphiques, ces différents constituants suivant P0 repoussent globalement<br />

<strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de manière significative, puisqu’ils se trouvent à <strong>la</strong> suite d’un<br />

prédicat. Ce sont les tendances les plus extrêmes que nous venons de décrire.<br />

6.1.2.3 1,0,P0,0,0 <strong>et</strong> PPD <strong>dans</strong> MI.¬pers<br />

Présentons à présent brièvement le cas particulier des individus vérifiant à <strong>la</strong> fois<br />

MM.1,0,P0,0,0 <strong>et</strong> MI.¬pers, qui se démarquent des autres prédicats par leur attraction<br />

vis-à-vis de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale.<br />

En sélectionnant l’échantillon comprenant les prédicats initiaux <strong>dans</strong> les propositions<br />

infinitives ou participiales (table 6.24), on voit qu’ il y a très peu d’attestations<br />

de ce lien. Si bien que notre examen doit se limiter à un simple relevé:<br />

258


FAB FRE<br />

0 37 92.5<br />

1 3 7.5<br />

40 100<br />

0<br />

1<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

TAB. 6.24 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD pour les 1,0,P0,0,0 <strong>dans</strong> ¬pers<br />

«[1] · noſ [. . .] faıſons connıſſant a touſ cıas kı verront ceſ preſens l<strong>et</strong>tres · ke freſſens [. . .]<br />

acquıſt bıen <strong>et</strong> loıalment [. . .] víntequatre ſols [. . .] ſor leur maıſon kılh ont adınant [6] <strong>et</strong> ſor<br />

le cortılh deríerle maıſon · kı˘ ˘<br />

ſı<strong>et</strong> enle ruwe do couíert puíſh · joındant le maıſon jehan [. . .]»<br />

(Document 1255–05–21, 1).<br />

«· meſſıreſ gerars de hermeeıſ deman / [6]doítſor leſ maſuıerſ <strong>la</strong>beſſe deuant dıtte <strong>et</strong> le couent<br />

· maınent a hermeeıs [. . .] forche <strong>et</strong> reſteal · <strong>et</strong> corrueıe» (Document 1263–03–31, 3).<br />

«· <strong>et</strong> se˘ ˘<br />

príe <strong>et</strong> requíer auſí a˘ ˘<br />

manbor de˘ ˘<br />

<strong>la</strong>˘ ˘<br />

moíne deſeur dítte quıl donent [19] <strong>et</strong> ſoíent tenuſ<br />

de doner a˘ ˘<br />

freres precheurs de˘ ˘<br />

lıege de ˘ ˘<br />

ſeur nomeít l<strong>et</strong>tres de˘ ˘<br />

recogníſance · de · vıj · mars<br />

de˘ ˘<br />

cens deſeur dít / ſaelees de˘ ˘<br />

ſaeal de˘ ˘<br />

<strong>la</strong>˘ ˘<br />

moíne de˘ ˘<br />

poures de˘ ˘<br />

<strong>la</strong>˘ ˘<br />

cíteıt de˘ ˘<br />

lıege» (Document<br />

1283–02–13b, 18).<br />

Les trois attestations sont tirées de documents différents <strong>et</strong> ne nous voyons pas quel<br />

point commun perm<strong>et</strong>trait de les regrouper.<br />

6.1.2.4 Synthèse<br />

Tirons les premières conclusions de ces examens détaillés. Bien que le travail se soit<br />

jusqu’ici focalisé sur le marquage du prédicat, il paraît déjà profitable de généraliser<br />

les observations. Les faits relevés inclinent à penser que les tendances mises en évidence<br />

au chapitre précédent sont correctes <strong>et</strong> cohérentes, mais que le modèle qui a<br />

servi à les faire émerger souffre de limitations.<br />

a. Cohérence à travers tout le corpus. Nous avons pu constater que nous n’étions<br />

assuré de <strong>la</strong> significativité du marquage des P0 que pour un nombre très limité de documents,<br />

alors qu’aucune charte ne paraît rej<strong>et</strong>er particulièrement les ponctogrammes<br />

autour du prédicat. Le rej<strong>et</strong> est donc un phénomène général, qui caractérise très c<strong>la</strong>irement<br />

une fonction. Nous en concluons que les scribes ne marquaient généralement<br />

pas le prédicat, à moins que quelque chose d’autre que <strong>la</strong> fonction de ce constituant<br />

ne les y pousse, comme le contexte immédiat.<br />

b. Examen du contexte immédiat. Le contexte influence manifestement <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

du prédicat de manière très visible. La prise en considération du contexte perm<strong>et</strong> de<br />

comprendre les «exceptions à <strong>la</strong> règle» qui voudraient qu’on ne p<strong>la</strong>ce pas de ponctogramme<br />

devant ou à <strong>la</strong> suite d’un P0: s’il est présent, le ponctogramme marque très<br />

certainement une autre structure, qui attire sa présence par ailleurs. Ainsi, <strong>dans</strong> les<br />

phrases:<br />

«<strong>et</strong> <strong>la</strong> endroıt míſmeſ loeraí · <strong>et</strong> fera loer me femme <strong>et</strong> tenír le paíſ kı eſt fáte entre le glıze<br />

<strong>et</strong> mon / [5] ſegnor ernol de que ıl eſt faıſ eſcrıſ quı enſı encommence · jo ernoſ» (Document<br />

1237–10–12, 4).<br />

«· <strong>et</strong> ſı moıns ıauoıt · v rıenſ ne [17] venıſt · nos deuons del nostre en toz kas paıer les cınquante<br />

muís» (Document 1265–05a, 16).<br />

’<br />

259


il est raisonnable de penser que <strong>la</strong> présence du ‹·› qui suit loeraí <strong>et</strong> auoıt est liée au<br />

coordonnant.<br />

La question de <strong>la</strong> coordination, que nous n’avions abordée qu’au travers des re<strong>la</strong>teurs<br />

coordonnants au chapitre précédent, prend ici une dimension plus complète.<br />

Les attestations sont très c<strong>la</strong>ires: on ne rencontre de ponctogrammes entre deux P0 de<br />

même niveau d’intégration syntaxique que <strong>dans</strong> le cas d’une coordination. Le phénomène<br />

est important, puisque l’environnement, tant précédant que suivant <strong>la</strong> position<br />

en question, est particulièrement réfractaire à <strong>la</strong> présence du marquage. Nous verrons<br />

plus loin comment <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de coordination, qu’elle soit spécifiée ou non, est liée à<br />

<strong>la</strong> présence d’un ponctogramme (→6.1.5).<br />

Malheureusement, les analyses morphosyntaxiques du contexte des prédicats que<br />

nous avons pu é<strong>la</strong>borer ne perm<strong>et</strong>tent pas toujours de poser avec autant d’assurance<br />

une conclusion de ce type quand le marquage ne correspond pas aux tendances générales.<br />

Dans ce cas, il est possible que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> soit explicable par des structures<br />

qui dépassent le cadre du point de vue morphosyntaxique.<br />

c. Formules. Le style formu<strong>la</strong>ire des documents n’a pas été pris en considération pour<br />

é<strong>la</strong>borer le modèle d’analyse syntaxique employé. En conséquence, nous n’avons encore<br />

aucun moyen de r<strong>et</strong>rouver <strong>et</strong> de comparer ces formules <strong>et</strong> de vérifier nos hypothèses<br />

à l’aide de tests adéquats. Remarquons simplement leur présence <strong>et</strong> posons <strong>la</strong><br />

question (qui restera ouverte) de leur rapport à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>. Jusqu’à présent, nous<br />

avons ainsi repéré (le symbole ‹⊗› représente l’endroit où on peut trouver un ponctogramme):<br />

– _x [= représentant de l’autorité] qui l’afaitement fit⊗mit en <strong>la</strong> garde de. . ._ ;<br />

– _<strong>la</strong> ou ces vestures furent faites⊗furent x [= témoins]_ .<br />

d. Priorité du marquage. Toutes ces constatations sont soutenues par un fait: bien que<br />

<strong>la</strong> force de <strong>la</strong> répulsion soit considérable <strong>et</strong> qu’on puisse quasiment parler de règle, le<br />

marquage semble prioritaire par rapport au non-marquage. Adm<strong>et</strong>tre que <strong>la</strong> présence<br />

d’un ponctogramme peut être liée à une partie seulement de son environnement revient<br />

à hiérarchiser ce dernier. Il faut dépasser ce que nous disions plus haut au suj<strong>et</strong> de:<br />

«<strong>et</strong> <strong>la</strong> endroıt míſmeſ loeraí · <strong>et</strong> fera loer me femme <strong>et</strong> tenír le paíſ kı eſt fáte entre le glıze<br />

<strong>et</strong> mon / [5] ſegnor ernol de que ıl eſt faıſ eſcrıſ quı enſı encommence · jo ernoſ» (Document<br />

1237–10–12, 4).<br />

Le ponctogramme ‹·› n’est pas seulement attiré par le coordonnant: il y a lieu d’ajouter<br />

que seul ce dernier conditionne sa présence.<br />

Poser <strong>la</strong> priorité du marquage sur le non-marquage nous m<strong>et</strong> en mesure de<br />

répondre à <strong>la</strong> question posée par <strong>la</strong> possibilité qu’un phénomène d’absorption<br />

(→5.1.3.2 a) soit présent. Lorsque <strong>la</strong> répulsion est régulière, il n’y a pas d’absorption:<br />

le signe présent ne marque pas le constituant qui rej<strong>et</strong>te <strong>la</strong> présence d’un ponctogramme,<br />

mais celui qui le suit ou le précède. On peut d’ores <strong>et</strong> déjà s’attendre à ce que<br />

c<strong>et</strong>te explication convienne à tout ce qui rej<strong>et</strong>te quasi systématiquement <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>,<br />

comme c’est le cas des re<strong>la</strong>teurs. Nous aurons l’occasion de le montrer ci-dessous<br />

(→6.3).<br />

260


FAB FRE<br />

0 1073 76.42<br />

1 331 23.58<br />

1404 100<br />

6.1.3 Actants <strong>et</strong> A4<br />

0<br />

1<br />

0 200 400 600 800 1000<br />

TAB. 6.25 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,0,S1,0,0<br />

(niveau: phrase)<br />

Comme nous allons le voir, les conclusions amenées par l’examen du marquage du<br />

prédicat sont loin d’être contredites pas les observations concernant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

gravitant autour des actants S1, R2, R3 <strong>et</strong> A4 que nous allons examiner successivement.<br />

À partir de c<strong>et</strong>te section <strong>et</strong> jusqu’à <strong>la</strong> fin du chapitre, les dépouillements <strong>et</strong> tableaux<br />

qui n’apparaissent pas <strong>dans</strong> le texte peuvent être consultés <strong>dans</strong> les annexes. 27 Nous<br />

les y avons rangés suivant une clef de c<strong>la</strong>ssement correspondant à leur numéro de section,<br />

28 <strong>la</strong> modalité de MM concernée (sans les virgules de séparation 29 ) <strong>et</strong> <strong>la</strong> variable<br />

<strong>ponctuation</strong>nelle étudiée. Les différentes tables sont identifiées par <strong>la</strong> clef table, <strong>et</strong> les<br />

figures par <strong>la</strong> clé figure. Les tableaux de contingence sont généralement au nombre<br />

de deux: un tableau compl<strong>et</strong> (clef all) <strong>et</strong> un tableau reprenant les modalités dont les<br />

effectifs marginaux sont inférieurs à dix (clef fqlt10). 30 Quant aux dépouillements, ils<br />

sont identifiés par <strong>la</strong> clef dep. Nous ne renverrons pas systématiquement à ces annexes.<br />

Par contre, lorsque le traitement d’un type de constituant aura nécessité des dépouillements<br />

<strong>et</strong> des tests complémentaires mais non reportés <strong>dans</strong> le texte, nous donnerons le<br />

nom de l’annexe correspondante.<br />

6.1.3.1 0,0,S1,0,0 (phrase): PPD<br />

Au niveau d’intégration MI.phrase, lorsqu’il n’est ni initial, ni re<strong>la</strong>té, ni propositionnel,<br />

le suj<strong>et</strong> attire le marquage initial. Les proportions des modalités de PPD pour ce<br />

type de constituant sont représentées <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 6.25. En sélectionnant les 0,0,S1,0,0<br />

<strong>et</strong> en croisant <strong>la</strong> variable PPD avec <strong>la</strong> variable correspondant à <strong>la</strong> référence du document<br />

où l’individu apparaît, on obtient les probabilités des figures 6.19 <strong>et</strong> 6.20. Il est<br />

possible que les quelques documents auxquels est associée une probabilité significative<br />

d’attraction soient les seuls où le marquage est effectivement attiré – les effectifs<br />

sont assez élevés. Si nous r<strong>et</strong>irons de l’échantillon les documents ne dépassant pas le<br />

seuil non corrigé (5%) <strong>et</strong> que nous croisons à nouveau MM <strong>et</strong> PPD pour les constituants<br />

qui n’apparaissent pas à l’initiale, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre 0,0,S1,0,0 <strong>et</strong> l’attraction reste<br />

stable, avec une probabilité de 6.324188e−23. En d’autres termes, <strong>la</strong> tendance estbel<br />

<strong>et</strong> bien de portée générale.<br />

Observons à présent <strong>la</strong> manière dont l’environnement influence le marquage ini-<br />

27 Ces dernières contiennent également tous les tableaux employés <strong>dans</strong> <strong>la</strong> présente étude.<br />

28 Parfois, pour des raisons techniques, le numéro est à un niveau hiérarchique supérieur; par<br />

exemple, les tableaux correspondant à <strong>la</strong> section 6.1.3.1 sont référencés en 6.1.3.<br />

29 Pour des raisons techniques également, le signe ‹¬› est remp<strong>la</strong>cé par not.<br />

30 L’ordre des clefs n’est pas nécessairement fixe.<br />

261


262<br />

1274−02−24<br />

1276−06−10a<br />

1268−03−25<br />

1265−05a<br />

1278−08−01<br />

1272−03<br />

1274−05−31a<br />

1260−05−30b<br />

1265−11−13<br />

1263−03−31<br />

1237−12<br />

1243−07−09<br />

1283−02−13a<br />

1242−05−02<br />

1289−07−19<br />

1278−04−06<br />

1265−07−04<br />

1289−01−12<br />

1265−05b<br />

1289−04−19<br />

1276−07−22<br />

Attractions (seuil adapté 0.0967%)<br />

1.82e−09 1<br />

20/27 (74%)<br />

11/18 (61%)<br />

9/14 (64%)<br />

9/16 (56%)<br />

9/21 (43%)<br />

10/25 (40%)<br />

9/22 (41%)<br />

7/16 (44%)<br />

7/16 (44%)<br />

6/13 (46%)<br />

5/12 (42%)<br />

4/10 (40%)<br />

11/36 (31%)<br />

4/11 (36%)<br />

4/11 (36%)<br />

7/25 (28%)<br />

4/13 (31%)<br />

12/46 (26%)<br />

6/25 (24%)<br />

4/15 (27%)<br />

5/19 (26%)<br />

FIG. 6.19 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)<br />

1244−01−19<br />

1268−03−10<br />

1247−06<br />

1271−03−18<br />

1277−06−12<br />

1263−05−27c<br />

1274−05−31b<br />

1289−03−05<br />

1280−07−20<br />

1259−01−16<br />

1263−05<br />

1271−05−22<br />

1280−05−04<br />

1252−03−01a<br />

1271−12−09<br />

1266−06−13<br />

1271−12−22<br />

1270−03−24<br />

1270−04−16<br />

1267−08−28<br />

1289−04−05<br />

1236−05<br />

1270−05−10<br />

1278−10−17<br />

1265−04−15<br />

1285−07−04<br />

1260−05−09<br />

1276−06−10b<br />

1260−02−21a<br />

1263−11<br />

1264−11−29<br />

1271−04−20<br />

Répulsions (seuil adapté 0.0967%)<br />

0.00607 1<br />

0/28 (0.0%)<br />

1/26 (3.8%)<br />

1/25 (4.0%)<br />

0/15 (0.0%)<br />

1/18 (5.6%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

2/23 (8.7%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

2/22 (9.1%)<br />

2/21 (9.5%)<br />

1/15 (6.7%)<br />

2/20 (10.0%)<br />

1/14 (7.1%)<br />

2/18 (11.1%)<br />

1/12 (8.3%)<br />

1/12 (8.3%)<br />

3/20 (15.0%)<br />

1/10 (10.0%)<br />

2/15 (13.3%)<br />

2/15 (13.3%)<br />

3/19 (15.8%)<br />

2/14 (14.3%)<br />

2/13 (15.4%)<br />

3/16 (18.8%)<br />

3/14 (21.4%)<br />

2/10 (20.0%)<br />

2/10 (20.0%)<br />

2/10 (20.0%)<br />

2/11 (18.2%)<br />

FIG. 6.20 – Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)


0,0,S1,0,0<br />

1,0,R3,0,1<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,A4,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.394%)<br />

1.16e−49 1<br />

88/105 (84%)<br />

74/107 (69%)<br />

55/78 (71%)<br />

46/110 (42%)<br />

7/12 (58%)<br />

FIG. 6.21 – Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)<br />

0,0,P0,0,0<br />

1,0,C6,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

1,0,P0,0,0<br />

1,0,R2,0,0<br />

1,0,C5,0,0<br />

1,0,C5,0,1<br />

0,0,C5,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.394%)<br />

2.14e−26 1<br />

9/343 (2.62%)<br />

2/217 (0.92%)<br />

6/135 (4.44%)<br />

0/41 (0.00%)<br />

2/42 (4.76%)<br />

7/49 (14.29%)<br />

14/74 (18.92%)<br />

5/29 (17.24%)<br />

FIG. 6.22 – Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)<br />

tial. Les attractions <strong>et</strong> répulsions entre le contexte immédiat précédent <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

initiale sont représentées <strong>dans</strong> les figures 6.21 <strong>et</strong> 6.22. Les attractions visibles<br />

sont de deux types: soit le contexte immédiat est un autre suj<strong>et</strong>, soit il est d’un type<br />

pour lequel nous avons déjà repéré une tendance à attirer le marquage final. Dans le<br />

premier cas, qui rej<strong>et</strong>te H0 avec <strong>la</strong> probabilité <strong>la</strong> plus basse, nous avons affaire à une<br />

re<strong>la</strong>tion de coordination, comme <strong>dans</strong>:<br />

«· <strong>et</strong> ſı furent auſı sıres [26] gıles de jehagnhe chevalıers · rıgaz de <strong>la</strong> nouevılhe · <strong>et</strong> wılheames<br />

kon dıſt wıloıe ſes freres · <strong>et</strong> [27] albers de vıous <strong>et</strong> pluſour autre teſmoıng» (Document<br />

1266–06–13, 25).<br />

Déjà observé en analysant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> du prédicat, le lien entre le marquage initial<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> coordination apparaît comme de plus en plus p<strong>la</strong>usible. Les autres contextes,<br />

comme on le verra ci-dessous au suj<strong>et</strong> des circonstants (→6.1.4), suffisent généralement<br />

à expliquer <strong>la</strong> présence de <strong>ponctuation</strong>. À ce stade, il faut conclure que l’attraction<br />

observée entre le marquage initial <strong>et</strong> 0,0,S1,0,0 n’est probablement pas intrinsèquement<br />

liée à ce type de constituant, mais plutôt à une série de contextes spécifiques<br />

où ces suj<strong>et</strong>s sont attestés.<br />

Quant aux répulsions, elle n’ont rien d’étonnant, puisqu’elles correspondent aux<br />

répulsions observées entre <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale <strong>et</strong> les prédicats, les C6 <strong>et</strong> les coordonnants.<br />

6.1.3.2 0,0,S1,0,0 (phrase): PPF<br />

D’après les tendances repérées, les suj<strong>et</strong>s non re<strong>la</strong>tés <strong>et</strong> non propositionnels attirent<br />

également le marquage final. Les proportions sont celles de <strong>la</strong> table 6.26. Vérifions à<br />

nouveau l’association entre le marquage final de 0,0,S1,0,0 <strong>et</strong> les différents documents<br />

du corpus (figures 6.23 <strong>et</strong> 6.24). Comme pour le marquage initial, un certain nombre<br />

de documents ressortent de l’ensemble. En comparant <strong>la</strong> colonne de gauche du dernier<br />

graphique à celle du graphique 6.19, on voit que les documents qui sont significative-<br />

263


264<br />

FAB FRE<br />

0 1147 81.7<br />

1 257 18.3<br />

1404 100<br />

0<br />

1<br />

0 200 400 600 800 1000<br />

TAB. 6.26 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,S1,0,0<br />

(niveau: phrase)<br />

1274−02−24<br />

1265−05a<br />

1237−12<br />

1276−06−10a<br />

1265−11−13<br />

1268−03−25<br />

1274−05−31a<br />

1265−07−04<br />

1260−05−30b<br />

1278−04−06<br />

1289−04−19<br />

1271−12−09<br />

1276−07−22<br />

1259−01−16<br />

1263−05<br />

1271−05−22<br />

1263−03−31<br />

1266−06−13<br />

Attractions (seuil adapté 0.0967%)<br />

8.52e−23 1<br />

25/27 (93%)<br />

11/16 (69%)<br />

9/12 (75%)<br />

11/18 (61%)<br />

8/16 (50%)<br />

7/14 (50%)<br />

9/22 (41%)<br />

6/13 (46%)<br />

6/16 (38%)<br />

8/25 (32%)<br />

5/15 (33%)<br />

6/20 (30%)<br />

5/19 (26%)<br />

2/10 (20%)<br />

2/10 (20%)<br />

5/22 (23%)<br />

3/13 (23%)<br />

3/14 (21%)<br />

FIG. 6.23 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)<br />

1289−01−12<br />

1272−03<br />

1268−03−10<br />

1265−05b<br />

1260−05−09<br />

1280−07−20<br />

1270−04−16<br />

1274−05−31b<br />

1289−03−05<br />

1243−07−09<br />

1260−02−21a<br />

1289−04−05<br />

1236−05<br />

1252−03−01a<br />

1271−03−18<br />

1278−08−01<br />

1265−04−15<br />

1271−12−22<br />

1277−06−12<br />

1283−02−13a<br />

1242−05−02<br />

1263−05−27c<br />

1289−07−19<br />

1271−04−20<br />

1244−01−19<br />

1263−11<br />

1264−11−29<br />

1270−03−24<br />

1280−05−04<br />

1270−05−10<br />

1267−08−28<br />

1285−07−04<br />

1276−06−10b<br />

1247−06<br />

1278−10−17<br />

Répulsions (seuil adapté 0.0967%)<br />

0.0217 1<br />

2/46 (4.3%)<br />

0/25 (0.0%)<br />

1/26 (3.8%)<br />

1/25 (4.0%)<br />

0/16 (0.0%)<br />

1/23 (4.3%)<br />

0/12 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

1/15 (6.7%)<br />

1/15 (6.7%)<br />

1/15 (6.7%)<br />

2/21 (9.5%)<br />

1/14 (7.1%)<br />

2/18 (11.1%)<br />

2/18 (11.1%)<br />

5/36 (13.9%)<br />

1/11 (9.1%)<br />

1/11 (9.1%)<br />

1/11 (9.1%)<br />

2/11 (18.2%)<br />

4/28 (14.3%)<br />

1/10 (10.0%)<br />

1/10 (10.0%)<br />

2/12 (16.7%)<br />

3/21 (14.3%)<br />

2/15 (13.3%)<br />

3/20 (15.0%)<br />

2/13 (15.4%)<br />

2/14 (14.3%)<br />

4/25 (16.0%)<br />

3/19 (15.8%)<br />

FIG. 6.24 – Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)


0,0,S1,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,1,S1,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,0,A4,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.341%)<br />

2.61e−70 1<br />

88/105 (84%)<br />

41/124 (33%)<br />

7/10 (70%)<br />

25/109 (23%)<br />

2/10 (20%)<br />

5/25 (20%)<br />

FIG. 6.25 – Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,1,R2,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.341%)<br />

4.87e−13 1<br />

34/440 (7.7%)<br />

13/162 (8.0%)<br />

2/57 (3.5%)<br />

3/46 (6.5%)<br />

1/26 (3.8%)<br />

6/55 (10.9%)<br />

1/13 (7.7%)<br />

2/19 (10.5%)<br />

4/25 (16.0%)<br />

FIG. 6.26 – Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,S1,0,0 (niveau: phrase)<br />

ment liés au marquage final sont tous observés <strong>dans</strong> le groupe de ceux qui attiraient le<br />

marquage initial. Malgré ces ressemb<strong>la</strong>nces, une fois les quelques documents attirant<br />

le marquage r<strong>et</strong>irés de l’effectif, les constituants 0,0,S1,0,0 n’attirent plus le marquage<br />

au niveau d’intégration MI.phrase.<br />

Le graphique des attractions vis-à-vis du contexte immédiat montre que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

de coordination a un poids particulièrement important, puisque seuls les coordonnants<br />

ou d’autres S1 se démarquent effectivement (figures 6.25 <strong>et</strong> 6.26).<br />

Il semble que seules les constructions coordonnées soient particulièrement propices<br />

au marquage. Nous concluons donc à nouveau que l’attraction entre 0,0,S1,0,0<br />

<strong>et</strong> PPF, limitée à quelques chartes, est certainement due au contexte d’occurrence de<br />

ces suj<strong>et</strong>s <strong>dans</strong> une re<strong>la</strong>tion de coordination, dont nous avons constaté à plusieurs reprises<br />

l’influence sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>.<br />

La répulsion liée à un contexte immédiat prenant <strong>la</strong> forme d’un prédicat est cohérente<br />

avec l’analyse de ce dernier, tandis que les répulsions propres aux C5 correspondent<br />

à ce qui avait été repéré <strong>dans</strong> l’analyse ci-dessus (→5.3.2.1 b).<br />

6.1.3.3 0,1,S1,pers,1 (phrase): PPD<br />

D’après le tri à p<strong>la</strong>t, l’effectif des actants de fonction suj<strong>et</strong> qui prennent <strong>la</strong> forme<br />

d’une subordonnée <strong>et</strong> s’achèvent en fin de phrase est assez réduit, mais les proportions<br />

dévoilent une <strong>ponctuation</strong> re<strong>la</strong>tivement fréquente (table 6.27). Aucune charte ne<br />

regroupe un effectif suffisant d’attestations pour qu’on puisse tester <strong>la</strong> distribution du<br />

marquage entre les documents. 31 Nous ne nous attarderons pas sur <strong>la</strong> question, pas<br />

plus que sur l’examen contrastif du contexte, étant donné <strong>la</strong> limpide venti<strong>la</strong>tion du tri<br />

croisé entre PPD <strong>et</strong> <strong>la</strong> forme de <strong>la</strong> structure précédente (table 6.28). Dans les faits,<br />

les 0,1,S1,pers,1 correspondent à un nombre restreint de structures stéréotypées: les<br />

31 Voir annexes.<br />

265


FAB FRE<br />

0 35 71.43<br />

1 14 28.57<br />

49 100<br />

0<br />

1<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

TAB. 6.27 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,1,S1,pers,1<br />

(niveau: phrase)<br />

PPD.0 PPD.1<br />

MMP.0,0,A4,0,1 2 0 2<br />

MMP.0,0,A4,¬pers,1 3 0 3<br />

MMP.0,0,C5,0,0 2 0 2<br />

MMP.0,0,P0,0,0 2 0 2<br />

MMP.0,0,R3,0,1 26 14 40<br />

35 14 49<br />

TAB. 6.28 – Tri croisé entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants de type<br />

0,1,S1,pers,1 (niveau: phrase)<br />

types _conute chose soit que. . ._ <strong>et</strong> _est a savoir que. . ._ . 32 Les exemples sont tous très<br />

semb<strong>la</strong>bles pour le premier de ces types:<br />

«· conute choſe ſoıt a˘ ˘<br />

chaſcun <strong>et</strong> atos · que g˙yleſ maıreſ [3] de n˙yuelle <strong>et</strong> lı eſcheuín de n˙yuelle<br />

vınrent par deuant noſ alıege» (Document 1260–05–30b, 2).<br />

«· conute choſe ſoıt achaſcun <strong>et</strong> atoſ ke lı maıreſ <strong>et</strong> lı eſcheuín de n˙yuelle [3] vınrent par<br />

deuant noſ a˘ ˘<br />

lıege» (Document 1260–05–30a, 2).<br />

Cependant, l’affinité avec le marquage ne concerne que les constructions directement<br />

précédées d’un R3, ce qui exclut les attestations impliquées <strong>dans</strong> <strong>la</strong> formule du<br />

type _est a savoir que. . ._ :<br />

«<strong>et</strong> eſt [13] aſauoır aſſı ke parmí ceſte amoíne doıtons faıre ſon anıuerſare · ıııj · foıſ <strong>la</strong>n a<br />

quatre temporas de<strong>la</strong>n» (Document 1284–05–11, 12).<br />

De même, les autres cas – qui ne correspondent pas à des formules – ne sont pas<br />

marqués:<br />

«· com enſı ſoıt ke nos aıenſ entendut par le verrıteıt de prodomeſ / ke [3] vns beſtens / <strong>et</strong> vne<br />

querele eſtoıt eſmute» (Document 1273–05–12, 2).<br />

«· <strong>et</strong> ſeſt auſı de ma volente <strong>et</strong> de mon conſentement ke mes ſıres [7] deſor dıs lor a<br />

quıtte <strong>et</strong> done en almoıne sılh auoıt nul droıt de m<strong>et</strong>tre peſchor enſ es eaıwes» (Document<br />

1268–08–02a, 6 <strong>et</strong> sa copie Document 1268–08–02b, 6).<br />

Nous voyons reparaître ici, de manière encore plus n<strong>et</strong>te qu’à propos du prédicat,<br />

une tendance autant liée à <strong>la</strong> fonction syntaxique du constituant qu’à son emploi <strong>dans</strong><br />

un style formu<strong>la</strong>ire.<br />

32 Voir le dépouillement exhaustif en annexe.<br />

266


FAB FRE<br />

0 594 79.41<br />

1 154 20.59<br />

748 100<br />

0<br />

1<br />

0 100 200 300 400 500<br />

TAB. 6.29 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,0,R2,0,0<br />

(niveaux: phrase, ¬pers)<br />

1272−03<br />

1283−02−13a<br />

1289−01−12<br />

1247−06<br />

1280−05−05<br />

1274−05−31b<br />

Attractions (seuil adapté 0.301%)<br />

3.14e−19 1<br />

41/63 (65%)<br />

22/34 (65%)<br />

15/36 (42%)<br />

6/11 (55%)<br />

6/11 (55%)<br />

7/17 (41%)<br />

FIG. 6.27 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers)<br />

1267−08−28<br />

1260−05−09<br />

1277−06−12<br />

1280−07−20<br />

1265−05b<br />

1276−07−22<br />

1268−03−10<br />

1244−01−19<br />

1270−11−26<br />

1252−03−01a<br />

1263−03−31<br />

Répulsions (seuil adapté 0.301%)<br />

0.132 1<br />

0/13 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

1/17 (5.9%)<br />

1/14 (7.1%)<br />

1/12 (8.3%)<br />

1/10 (10.0%)<br />

1/10 (10.0%)<br />

FIG. 6.28 – Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers)<br />

6.1.3.4 0,0,R2,0,0 (phrase,¬pers): PPD<br />

Après avoir traité les attractions liées aux constituants de fonction suj<strong>et</strong>, voyons comment<br />

se comportent les régimes. Les proportions de marquage initial de 0,0,R2,0,0<br />

sont représentées <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 6.29.<br />

Comme nous allons le voir, l’association entre 0,0,R2,0,0 <strong>et</strong> le marquage initial<br />

est soumise à des conditions très limitées. Tout d’abord, un certain nombre de documents<br />

manifestent tout particulièrement c<strong>et</strong>te tendance (figure 6.27). Parmi ces six<br />

documents, quatre ont <strong>la</strong> particu<strong>la</strong>rité d’être des testaments, comme le protocole de<br />

trois d’entre eux 33 le montre c<strong>la</strong>irement:<br />

«· jou heluís dıtte daıſ [. . .] fach en me boen ſenſ teſtament de˘ ˘<br />

touſ meſ bıenſ meuleſ <strong>et</strong><br />

hır<strong>et</strong>age · <strong>et</strong> ordenance [2] enſı com eſcrít˘ ˘<br />

eſt cı apres» (Document 1272–03, 1).<br />

«· je <strong>la</strong>mbers dele foſſe [. . .] de tos mes bíens [2] que ıe˘ ˘<br />

aí en mueble <strong>et</strong> en hír<strong>et</strong>age · a champ<br />

<strong>et</strong> a vılhe˘ ˘<br />

faı˘ ˘<br />

deuíſe» (Document 1283–02–13b, 1).<br />

«· ju baſtíens apeles dawans [. . .] ordenne deuíſe · <strong>et</strong> faís mon teſtament [. . .] de tos [2] meſ<br />

bıens mobles <strong>et</strong> hır<strong>et</strong>ages enſı ke chí par deſos eſt eſcrıt» (Document 1289–01–12, 1).<br />

33 Voir note 76.<br />

267


0,0,R3,0,1<br />

1,0,R3,0,1<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,S1,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.465%)<br />

7.52e−26 1<br />

45/61 (74%)<br />

12/12 (100%)<br />

12/15 (80%)<br />

9/10 (90%)<br />

9/26 (35%)<br />

13/44 (30%)<br />

26/118 (22%)<br />

FIG. 6.29 – Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers)<br />

0,0,P0,0,0<br />

1,0,C6,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.465%)<br />

1.19e−13 1<br />

7/216 (3.2%)<br />

1/88 (1.1%)<br />

5/73 (6.8%)<br />

4/48 (8.3%)<br />

FIG. 6.30 – Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers)<br />

De même, <strong>la</strong> charte 1247–06 constitue une liste de legs:<br />

«· s˙yreſ wılheameſ · lı preſtreſ de ſaınt albıer [<strong>et</strong>c.] funt conıſance · ke damoıſeelhe lıeıarſ<br />

fılhe saıngnor t˙yrı de jace at <strong>la</strong>ıſſı<strong>et</strong> [3] az dammeſ de robermont le moıtıe dum molín kelle<br />

tenoıt vltre lez monſ le jardín <strong>et</strong> les cenſ <strong>et</strong> lez chaponſ <strong>et</strong> lez t˙yerchenſ ky jᢠ˘<br />

partínent [4] al<br />

molín ſaz che kelle jat <strong>la</strong>ıſſı<strong>et</strong> ſus marothe <strong>la</strong> fılhe ſon antaín dalor · ııj · muj de muture ſa<br />

vıe» (Document 1247–06, 1).<br />

En refaisant les tests croisant <strong>la</strong> variable MM <strong>et</strong> <strong>la</strong> variable PPD à tous les niveaux<br />

concernés, nous constatons que l’attraction ne subsiste qu’au niveau MI.¬pers (figures<br />

6.29 <strong>et</strong> 6.30). 34<br />

Observons quelques attestations représentatives de ces R2 à l’intérieur des testaments<br />

(on repère aisément les R2 qui expriment les legs <strong>dans</strong> les exemples qui<br />

suivent):<br />

« je <strong>la</strong>ıſ aſ ponſ de lıege refaere <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enír · x ſols · [27] al baſ cornıllon · xx ſols en pıtance<br />

al hoſpıtal nouıal de ſaınt crıſtofle · x ſols <strong>et</strong> vn lıt · a celuí de ſaınt ıehan baptıste · dıſ ſ · a<br />

celuí de tıenlemont · x ſ pour doner en couteſ en chemíſeſ <strong>et</strong> en ſollerſ [28] ou promıer íuíer<br />

apres me mort · dız mars a jehan me frere · xl ſ · a henrıon ſe fıl · xx ſ a mon ſıgneur<br />

ernol preſtre de begıenler · sıgneur gılon provost · aſ deuſ preſtres del hoſpıtal · a ſıgneur<br />

wıll de begıenler · [29] sıgneur henrí de lens · sıgneur morıal de <strong>la</strong>ntremengeſ · a ceſcun des<br />

preſtres de ſaınt denıs <strong>et</strong> deſ perrochıenſ dou chapıtle nostre damme de lıege · vn trentel · <br />

a ceſcune encluſe de líege <strong>et</strong> dou forborc · vj d a meſ [30] necıenſ · vaedane · x ſ · adıle · v<br />

ſ · flor<strong>et</strong>te de begıenler · x ſ · agneſ de prıceı · x ſ · auaen le ſereur mon ſıgneur ernol · x ſ ·<br />

emíſſe de lens · x ſ a ceſcun deſ enfanſ jehan daıſ · ſens henrıon · xx ſ · <strong>et</strong> ſıl [31] muerent<br />

· voıſent de lun a <strong>la</strong>utre a heluıt fılle ıadıſ robın me marıt · dız ſols <strong>et</strong> le huge kı fu ſe pere<br />

a caterıne fılle me frere · vn lıt˘ ˘<br />

<strong>et</strong> íj´ lıncheıeſ a damme oſſımont · x ſ · a robın ſe frere<br />

· x ſ a [32] heluít fílle me frere · le lıt kı fu damme maghın me ſereur a caterıne fılle me<br />

frere · lx ſols ſele bıen ſe prveue al dít de meſ foemenſ · <strong>et</strong> ſe ce non · ſe ſoıent don<strong>et</strong> pour<br />

deu a aelıſ me dammíſele · xx · ſ [33] a frere ıehan de waremme deſ croıſıeſ · x ſols ſe mí<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

34 Voir <strong>la</strong> probabilité <strong>dans</strong> <strong>la</strong> première colonne de 6.1.3.00R200PPDstable.<br />

268<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />

’<br />


FAB FRE<br />

0 1356 84.22<br />

1 254 15.78<br />

1610 100<br />

0<br />

1<br />

0 200 400 600 800 1000 1200<br />

TAB. 6.30 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,R2,0,0<br />

(niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers)<br />

foement le voıent en ceſt paıſ deuens le promıer demí an apres me mort · autrement níent a<br />

mahíllon me nechıen · v ſ · waſſemu<strong>et</strong> <strong>et</strong> vedel<strong>et</strong>te [34] · ceſcune v ſ pour querre les orızonſ<br />

enſı com boen ſamblera a meſ foemenſ · xl ſ» (Document 1272–03, 26).<br />

’<br />

’<br />

«· je˘ ˘<br />

<strong>la</strong>ís auſí a˘ ˘<br />

ceſcun preſtre parrochíen de˘ ˘<br />

lıege enteıl · <strong>et</strong> por requerre les orıſons a˘ ˘<br />

ual ſaín<br />

creſtofle · v · mars · <strong>et</strong> en˘ ˘<br />

<strong>la</strong>˘ ˘<br />

parroche ſaínt albíer / [47] · ııj · mars · a˘ ˘<br />

<strong>la</strong>beíe de˘ ˘<br />

ſolıere · x · ſ · <strong>et</strong><br />

a maron le fılhe thírí de˘ ˘<br />

ſaín mort · x · ſ» (Document 1283–02–13b, 46).<br />

La simple observation de ces attestations <strong>la</strong>isse voir que les chiffres sont souvent délimités<br />

par un ponctogramme les précédant, voire un ponctogramme de part <strong>et</strong> d’autre.<br />

Il est par ailleurs c<strong>la</strong>ir, lorsque l’on inspecte les attestations de niveau MI.¬pers, 35<br />

qu’une fois les documents les plus fortement marqués r<strong>et</strong>irés de l’échantillon, l’attraction<br />

implique surtout les chiffres.<br />

Nous avons déjà constaté ci-dessus (→6.1.2.1 ou→6.1.3.3) que le marquage ne<br />

pouvait toujours être expliqué à l’aide de l’analyse syntaxique à cause de l’influence<br />

que les formules faisaient peser sur les tendances observées. Dans le cas présent, nous<br />

sommes à nouveau amené à constater que l’analyse morphosyntaxique ne suffit pas,<br />

mais pour une tout autre raison, d’ordre sémantique c<strong>et</strong>te fois: les chiffres ont <strong>la</strong> particu<strong>la</strong>rité<br />

d’exprimer une valeur numérique – apparemment, que c<strong>et</strong>te valeur soit exprimée<br />

en chiffres «romains» ou non ne change rien à <strong>la</strong> situation.<br />

6.1.3.5 0,0,R2,0,0 (phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers): PPF<br />

Nous avons remarqué que les constituants 0,0,R2,0,0 étaient liés à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale.<br />

Lorsqu’on regarde quelles proportions sont marquées, on obtient:<br />

a. Tendances par document. En effectuant les tris croisés (figure 6.31) entre les références<br />

des documents <strong>et</strong> le marquage de ce type de constituant, on voit que trois<br />

documents comportent n<strong>et</strong>tement plus d’attestations de 0,0,R2,0,0 que les autres <strong>et</strong><br />

que <strong>la</strong> majorité des occurrences qu’ils contiennent sont suivies d’un ponctogramme.<br />

Les trois documents qui se démarquent sont trois des testaments attirant également le<br />

marquage initial (→6.1.3.4). Si on les r<strong>et</strong>ire du corpus <strong>et</strong> qu’on croise à nouveau MM<br />

<strong>et</strong> PPF, <strong>la</strong> significativité de l’attraction entre PPF.1 <strong>et</strong> MM.0,0,R2,0,0 ne subsiste pas<br />

au niveau de <strong>la</strong> phrase. 36<br />

b. Examen du contexte immédiat. N’arrêtons pas là. Si nous conservons l’échantillon<br />

compl<strong>et</strong> (incluant les trois testaments), nous pouvons voir comment se distribuent les<br />

types de constituants qui suivent le plus souvent ces régimes marqués (figures 6.33 <strong>et</strong><br />

6.34).<br />

Deux des trois types attirant significativement le marquage (les Co <strong>et</strong> les R2) font<br />

35 Voir dep-6.1.3.4.00R200.<br />

36 Voir 6.1.3.00R200PPFstable.<br />

’<br />

’<br />

269


270<br />

1289−01−12<br />

1272−03<br />

1283−02−13a<br />

1278−04−06<br />

1274−05−31b<br />

1288−02b<br />

1265−05a<br />

1275−08<br />

1263−07−15<br />

1281−03<br />

1247−06<br />

1263−11<br />

1270−05−10<br />

1263−03−31<br />

1271−12−03b<br />

1289−03−05<br />

1272−06−22<br />

1265−11−13<br />

1271−04−20<br />

1241−09<br />

1263−05<br />

1268−03−01<br />

1278−08−01<br />

1271−12−03a<br />

1288−02a<br />

1290−08−24<br />

1263−05−27a<br />

1273−05−12<br />

1260−05−14<br />

1270−03−24<br />

1277−05−04<br />

Attractions (seuil adapté 0.0855%)<br />

8.25e−07 1<br />

22/54 (41%)<br />

30/91 (33%)<br />

24/77 (31%)<br />

6/16 (38%)<br />

6/18 (33%)<br />

4/11 (36%)<br />

4/13 (31%)<br />

5/18 (28%)<br />

4/15 (27%)<br />

3/10 (30%)<br />

5/21 (24%)<br />

5/21 (24%)<br />

4/18 (22%)<br />

3/13 (23%)<br />

3/13 (23%)<br />

3/13 (23%)<br />

4/19 (21%)<br />

3/19 (16%)<br />

3/19 (16%)<br />

2/12 (17%)<br />

2/12 (17%)<br />

2/12 (17%)<br />

3/18 (17%)<br />

2/11 (18%)<br />

2/11 (18%)<br />

2/11 (18%)<br />

4/24 (17%)<br />

4/24 (17%)<br />

3/15 (20%)<br />

2/10 (20%)<br />

2/10 (20%)<br />

FIG. 6.31 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬persarg,<br />

pers)<br />

1276−07−22<br />

1260−05−09<br />

1244−01−19<br />

1280−05−05<br />

1259−01−16<br />

1265−04−15<br />

1275−01−10b<br />

1276−06−10b<br />

1268−03−10<br />

1236−05<br />

1243−07−09<br />

1270−09−29<br />

1275−01−10a<br />

1266−06−13<br />

1270−11−26<br />

1260−02−21a<br />

1270−06−06a<br />

1280−07−20<br />

1264−09−07<br />

1267−08−28<br />

1277−06−12<br />

1280−05−04<br />

1274−05−31a<br />

1252−03−01a<br />

1271−12−09<br />

1237−12<br />

1265−07−04<br />

1287−09−08<br />

1265−05b<br />

Répulsions (seuil adapté 0.0855%)<br />

0.09 1<br />

0/21 (0.0%)<br />

0/18 (0.0%)<br />

1/27 (3.7%)<br />

0/17 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

1/20 (5.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

1/16 (6.2%)<br />

2/23 (8.7%)<br />

1/15 (6.7%)<br />

1/15 (6.7%)<br />

2/21 (9.5%)<br />

2/13 (15.4%)<br />

3/25 (12.0%)<br />

2/14 (14.3%)<br />

2/14 (14.3%)<br />

1/11 (9.1%)<br />

3/21 (14.3%)<br />

2/15 (13.3%)<br />

1/10 (10.0%)<br />

1/10 (10.0%)<br />

1/10 (10.0%)<br />

4/29 (13.8%)<br />

FIG. 6.32 – Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬persarg,<br />

pers)


0,0,R2,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,R3,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.394%)<br />

2.30e−19 1<br />

15/17 (88%)<br />

59/208 (28%)<br />

12/46 (26%)<br />

3/21 (14%)<br />

FIG. 6.33 – Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬persarg,<br />

pers)<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.394%)<br />

2.81e−06 1<br />

1/154 (0.65%)<br />

15/291 (5.15%)<br />

8/104 (7.69%)<br />

0/18 (0.00%)<br />

2/32 (6.25%)<br />

18/171 (10.53%)<br />

4/41 (9.76%)<br />

4/41 (9.76%)<br />

11/92 (11.96%)<br />

FIG. 6.34 – Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,R2,0,0 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬persarg,<br />

pers)<br />

directement penser qu’il y a, de <strong>la</strong> même manière que pour P0 <strong>et</strong> S1, une tendance au<br />

marquage en cas de coordination.<br />

Sur le p<strong>la</strong>n sémantique, ces contextes <strong>dans</strong> les testaments montrent de longues<br />

listes associant des patients (legs) à leur bénéficiaire (légataire), ce qui se traduit morphosyntaxiquement<br />

par l’emploi de paires de R2 <strong>et</strong> R3. En analysant le corpus, nous<br />

avons choisi de considérer que les différentes paires associant l’expression des legs à<br />

celle des légataires étaient coordonnées, 37 ce qui fait de chaque patient un R2 non initial,<br />

non propositionnel <strong>et</strong> non re<strong>la</strong>té. Il est en eff<strong>et</strong> possible – c’est même <strong>la</strong> solution<br />

qui malmène le moins le modèle 38 – de dire, pour le premier des contextes cités, par<br />

exemple, que le prédicat principal <strong>la</strong>ıſ est complémenté par chacun des groupes de R2<br />

<strong>et</strong> R3 qui le suivent. Il faut donc rapprocher c<strong>et</strong>te attraction de celle que nous avons<br />

déjà observée plus haut pour les P0 <strong>et</strong> S1 coordonnés: <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de coordination est<br />

liée à <strong>la</strong> présence des ponctogrammes.<br />

Une autre façon de voir <strong>la</strong> situation serait de considérer que c<strong>et</strong> enchaînement de<br />

paires (qui peut, comme le premier exemple ci-dessus l’atteste, être très long) défie les<br />

contraintes habituelles de taille des constituants grâce à son caractère conventionnel<br />

très marqué: <strong>dans</strong> un testament, on s’attend à rencontrer ce genre de liste. De ce point<br />

de vue, on aurait ainsi affaire à une sorte de formule, moins stéréotypée que celles rencontrées<br />

aux articu<strong>la</strong>tions fondamentales des actes, mais tout de même suffisamment<br />

figée pour perm<strong>et</strong>tre l’expression d’un message raccourci.<br />

Nous parlerons plus des R3 impliqués <strong>dans</strong> <strong>la</strong> section qui leur sera dédiée cidessous<br />

(→6.1.3.11).<br />

Quant à <strong>la</strong> seule répulsion statistiquement significative, on voit qu’elle concerne<br />

37 Voir le paragraphe Problèmes <strong>dans</strong> <strong>la</strong> section Analyses syntaxiques des annexes.<br />

38 Dans l’analyse que nous avions donnée de Document 1272–03 (voir Mazziotta à paraître),<br />

nous avions estimé que les associations en question étaient des énoncés non phrastiques, avec<br />

«ellipse du prédicat».<br />

271


FAB FRE<br />

0 6 60<br />

1 4 40<br />

10 100<br />

0<br />

1<br />

0 1 2 3 4 5 6<br />

TAB. 6.31 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,0,R2,pers,1<br />

(niveau: pers)<br />

FAB FRE<br />

1 17 58.62<br />

0 12 41.38<br />

29 100<br />

1<br />

0<br />

0 5 10 15<br />

TAB. 6.32 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,R2,pers,1<br />

(niveaux: phrase, pers)<br />

PPF.0 PPF.1<br />

MMS.0,0,Co,0,0 10 15 25<br />

MMS.0,0,P0,0,0 1 0 1<br />

MMS.0,1,C5,0,1 0 1 1<br />

MMS.0,1,C5,pers,1 1 1 2<br />

12 17 29<br />

TAB. 6.33 – Tri croisé entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,R2,pers,1 (niveaux: phrase, pers)<br />

un environnement correspondant à un P0, ce qui suit <strong>la</strong> tendance générale <strong>et</strong> s’écarte<br />

des cas que nous venons d’aborder.<br />

6.1.3.6 0,0,R2,pers,1 (pers): PPD<br />

Les quelques attestations relevées ne suffisent pas à effectuer <strong>la</strong> moindre analyse<br />

L’observation des contextes d’occurrence 39 n’apporte aucune information que nous<br />

ayons pu exploiter 40 .<br />

6.1.3.7 0,0,R2,pers,1 (phrase, pers): PPF<br />

Comme on le voit <strong>dans</strong> le tri à p<strong>la</strong>t (table 6.32), ce type de constituant est très peu<br />

attesté, mais fréquemment marqué. 41 Aucun document ne peut, à cause des faibles<br />

fréquences, être distingué des autres. 42<br />

Un tri croisé impliquant les constituants rencontrés à <strong>la</strong> suite de <strong>la</strong> structure montre<br />

de manière très c<strong>la</strong>ire que <strong>la</strong> coordination joue ici un rôle prépondérant (table 6.33). Le<br />

marquage est donc certainement dû à des causes extérieures à l’analyse du constituant<br />

en lui-même.<br />

39 Voir les annexes.<br />

40 Voir les tables en annexe.<br />

41 Voir les annexes.<br />

42 Voir les annexes.<br />

272


FAB FRE<br />

0 217 78.34<br />

1 60 21.66<br />

277 100<br />

0<br />

1<br />

0 50 100 150 200<br />

TAB. 6.34 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,1,R2,0,0<br />

(niveau: phrase)<br />

1272−03<br />

1283−02−13a<br />

1289−01−12<br />

Attractions (seuil adapté 1.70%)<br />

6.86e−06 1<br />

12/18 (67%)<br />

10/19 (53%)<br />

6/11 (55%)<br />

FIG. 6.35 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,1,R2,0,0 (niveau: phrase)<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,C5,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.73%)<br />

0.00043 1<br />

14/25 (56%)<br />

15/34 (44%)<br />

4/11 (36%)<br />

FIG. 6.36 – Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,1,R2,0,0 (niveau: phrase)<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.73%)<br />

8.38e−07 1<br />

4/80 (5%)<br />

3/27 (11%)<br />

5/26 (19%)<br />

3/14 (21%)<br />

FIG. 6.37 – Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,1,R2,0,0 (niveau: phrase)<br />

6.1.3.8 0,1,R2,0,0 (phrase): PPD<br />

Les proportions: indiquent un marquage important, dont on peut voir, d’après le graphique<br />

6.35, 43 que seules ressortent quelques attractions, qui concernent deux des<br />

testaments relevés quand nous avons étudié 0,0,R2,0,0 (→6.1.3.4). La probabilité 44<br />

que l’attraction entre PPD.1 <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te modalité de MM est due à des causes aléatoires<br />

est trop forte si l’on r<strong>et</strong>ire ces documents du corpus.<br />

D’autre part, si l’on examine les constituants qui se rencontrent devant les R2 étudiés<br />

(figure 6.36), nous constatons que les tendances sont très proches de celles <strong>dans</strong><br />

lesquelles les constituants 0,0,R2,0,0 sont impliqués. Au vu de ces similitudes, nous<br />

concluons que le marquage initial de 0,1,R2,0,0 n’est, lui non plus, pas dû au régime<br />

lui-même, mais à une combinaison de facteurs impliquant son contexte immédiat <strong>et</strong> le<br />

type d’acte juridique enregistré par le document où le constituant est attesté.<br />

43 Aucune répulsion ne se manifeste <strong>dans</strong> les modalités de RB r<strong>et</strong>enues; voir les annexes.<br />

44 Voir annexe 6.1.3.01R200PPDstable.<br />

273


FAB FRE<br />

1 8 53.33<br />

0 7 46.67<br />

15 100<br />

1<br />

0<br />

0 2 4 6 8<br />

TAB. 6.35 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,1,R2,pers,1<br />

(niveau: ¬pers-arg)<br />

<br />

faisons R2 [savoir]<br />

R2<br />

que. . . <br />

FIG. 6.38 – Structure de savoir faisons que. . .<br />

[a savoir]<br />

faisons que. . . <br />

A4 R2<br />

re<strong>la</strong>tion attributive<br />

FIG. 6.39 – Structure de a savoir faisons que. . . (rappel)<br />

6.1.3.9 0,1,R2,pers,1 (¬pers-arg): PPD<br />

C<strong>et</strong>te structure n’est pas très fréquente, mais plus de <strong>la</strong> moitié des occurrences sont<br />

marquées (table 6.35). Comme ce<strong>la</strong> apparaît n<strong>et</strong>tement <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table croisant les références<br />

au marquage – reléguée aux annexes –, on ne peut pas dire que l’attraction soit<br />

cantonnée à certains documents.<br />

Un dépouillement compl<strong>et</strong>45 révèle que c<strong>et</strong>te structure correspond en fait à une<br />

formule stéréotypée <strong>dans</strong> nos documents: <strong>la</strong> construction _savoir faisons que. . ._ . Par<br />

exemple:<br />

«[1] ·· ge jehanſ aínſnes fıs le conte de los faſ ſauoır a touſ ceuls quí ceſ l<strong>et</strong>tres [2] verront <strong>et</strong><br />

oíront / que <strong>la</strong> terre que meſ ſıres meſ peres · arnols cuenſ de loſ <strong>et</strong> de [3] chín˙y a donee <strong>et</strong><br />

aſſenee en maríage a moí <strong>et</strong> a ma feme ˙yſabeau dont ele eſt doé que [4] ge aı promíſ au deuant<br />

dıt mon ſeıgnor mon pere par ma foı creantee loıau / [5]ment / deuant mon ſeıgnor · henrí par<br />

<strong>la</strong> grace de díeu eueſque de lıege / que tant [6] come ge víuraí / ıl receura <strong>et</strong> prendra leſ fruíſ<br />

<strong>et</strong> leſ renteſ» (Document 1264–04, 1).<br />

«[4] nos faıſons ſauoír a˘ ˘<br />

tous / ke nos a damme agnes hubíne de ho˙y auons en donıers conteıs<br />

rechıes / quarante s<strong>et</strong> · mars de˘ ˘<br />

lıe / [5]goıs» (Document 1288–02a, 3).<br />

Malgré le p<strong>et</strong>it nombre d’attestations, <strong>la</strong> significativité de l’écart, couplée à <strong>la</strong> possibilité<br />

d’observer toutes les occurrences, nous perm<strong>et</strong> de dépasser <strong>la</strong> simple constatation<br />

d’une affinité possible entre une formule <strong>et</strong> une structure morphosyntaxique: <strong>dans</strong><br />

ce cas précis, ces deux p<strong>la</strong>ns (énonciatif <strong>et</strong> grammatical) coïncident exactement.<br />

Cependant, on trouve des constructions formu<strong>la</strong>ires proches (apparaissant aux<br />

mêmes endroits <strong>dans</strong> les documents ou formées sur les mêmes lexèmes), mais syntaxiquement<br />

décrites de manière très différente. Par exemple, si <strong>la</strong> structure _savoir<br />

faisons que. . ._ s’analyse effectivement comme indiqué <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 6.38. La structure<br />

_a savoir faisons que. . ._ est par contre décrite <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 6.39. 46<br />

45 Voir le dépouillement compl<strong>et</strong> en annexe.<br />

46 Voir→3.4.4.6, où nous justifions c<strong>et</strong>te différence.<br />

274


FAB FRE<br />

0 76 77.55<br />

1 22 22.45<br />

98 100<br />

0<br />

1<br />

0 10 20 30 40 50 60 70<br />

TAB. 6.36 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,R2,¬pers,0 (niveaux: phrase, pers)<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 1.70%)<br />

0.0382 1<br />

6/12 (50%)<br />

10/34 (29%)<br />

FIG. 6.40 – Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,R2,¬pers,0 (niveaux: phrase, pers)<br />

Répulsions (seuil adapté 1.70%)<br />

0,0,C5,0,0 1/12 (8.3%)<br />

0.378 1<br />

FIG. 6.41 – Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,R2,¬pers,0 (niveaux: phrase, pers)<br />

Or, du point de vue énonciatif, on voit que l’information est portée à <strong>la</strong> connaissance<br />

du récepteur de manière simi<strong>la</strong>ire <strong>dans</strong> les deux cas: le thème (formule) précède<br />

le propos. De même, en limitant l’analyse morphosyntaxique au lexique mobilisé pour<br />

construire les deux formules, il faut conclure que ce sont les mêmes unités qui sont<br />

utilisées. Il y aurait donc lieu de s’interroger sur <strong>la</strong> cohérence entre les deux formules<br />

par rapport à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>. Malheureusement, il n’est pas possible, faute d’un encodage<br />

adéquat, de r<strong>et</strong>rouver toutes les attestations de <strong>la</strong> deuxième forme (avec un<br />

re<strong>la</strong>teur devant savoir), ce qui empêche toute comparaison.<br />

6.1.3.10 0,0,R2,¬pers,0 (phrase, pers): PPF<br />

Le tri à p<strong>la</strong>t est donné <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 6.36. Les tests habituels montrent que l’attraction<br />

n’est pas spécifique à un p<strong>et</strong>it groupe de documents particuliers. 47<br />

L’examen des formes à <strong>la</strong> suite d’un de ces R2 marqués doit se limiter aux attractions<br />

(figure 6.40). Deux observations ressortent de ce graphique. D’une part, les<br />

coordonnants occupent à nouveau une position prédominante en matière d’attraction<br />

du marquage. Quelques exemples illustrent bien ce genre de cas:<br />

«· <strong>et</strong> noſ lı arbıtre deſor ˘ ˘<br />

nomeıt preſıenſ ennoſ le faís del arbıtre [. . .] ke noſ deuıenſ<br />

enquerre droıturıerement entre lune parole <strong>et</strong> <strong>la</strong>utre · <strong>et</strong> oír le uerteít a cheſcun» (Document<br />

1263–03–31, 6).<br />

«· [16] je <strong>la</strong>ıſ al deſeure dıt henrıon [. . .] v mars · par enſı [. . .] quıl nen puıſt faere don ne<br />

deuıſe · aínſ reuıngnent a meſ foemens [. . .]» (Document 1272–03, 15).<br />

’<br />

D’autre part, bien que l’attraction les concernant de manière indépendante n’atteigne<br />

47 Voir les annexes.<br />

’<br />

275


FAB FRE<br />

0 347 68.85<br />

1 157 31.15<br />

504 100<br />

0<br />

1<br />

0 50 100 150 200 250 300<br />

TAB. 6.37 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,R3,0,1<br />

(niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers)<br />

1272−03<br />

1283−02−13a<br />

1289−01−12<br />

Attractions (seuil adapté 1.70%)<br />

3.85e−10 1<br />

29/37 (78%)<br />

43/69 (62%)<br />

8/13 (62%)<br />

FIG. 6.42 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,R3,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬persarg,<br />

pers)<br />

0,1,S1,pers,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,1,R2,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.73%)<br />

0.00444 1<br />

14/40 (35%)<br />

8/21 (38%)<br />

7/32 (22%)<br />

2/10 (20%)<br />

FIG. 6.43 – Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF pour les constituants<br />

de type 0,0,R3,0,1 (niveau: phrase), réduit<br />

pas le seuil de probabilité de 5%, les autres constituants participant à l’attraction du<br />

marquage sont tous des circonstants; les deux types les plus fortement liés à PPF.1 font<br />

partie de ceux qui ont été relevés <strong>dans</strong> le cadre de <strong>la</strong> recherche de tendances générales<br />

(→5.3.3.3).<br />

C<strong>et</strong>te combinaison de facteurs (coordonnant ou circonstant à <strong>la</strong> suite) «explique»<br />

presque toutes les occurrences de ponctogrammes derrière 0,0,R2,¬pers,0. On peut<br />

donc se perm<strong>et</strong>tre de conclure que ce dernier n’attire pas <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>.<br />

6.1.3.11 0,0,R3,0,1 (phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers): PPF<br />

Certains régimes R3 attirent également PPF; pour les 0,0,R3,0,1, le tri à p<strong>la</strong>t de PPF<br />

est <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 6.37.<br />

a. Tendances par document. La tabu<strong>la</strong>tion que nous avons déjà effectuée plusieurs<br />

fois est éloquente (le manque d’effectifs empêche de se prononcer à propos des répulsions):<br />

quand on regarde les décomptes de près (figure 6.42), on voit que trois<br />

documents apparaissent <strong>dans</strong> les attractions. Ces trois documents sont exactement les<br />

mêmes que ceux qui attiraient le marquage à <strong>la</strong> fin de 0,0,R2,0,0. De fait, en r<strong>et</strong>irant<br />

les deux textes significatifs du corpus avant de croiser MM <strong>et</strong> PPF, on voit que les R3<br />

n’attirent plus significativement PPF.1 qu’au niveau de <strong>la</strong> phrase. 48<br />

Le graphique évaluant les re<strong>la</strong>tions entre les contextes immédiats <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

à ce niveau prend <strong>la</strong> forme de <strong>la</strong> figure 6.43. 49 Qu’elles attirent ou repoussent <strong>la</strong><br />

48 Voir les probabilités 6.1.3.00R301PPFstable.<br />

49 Voir le relevé des attestations en annexe: dep-6.1.3.00R301reduced-PPF.<br />

276


0,0,C5,0,1<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.73%)<br />

0.126 1<br />

2/31 (6.5%)<br />

6/57 (10.5%)<br />

2/21 (9.5%)<br />

FIG. 6.44 – Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF pour les constituants<br />

de type 0,0,R3,0,1 (niveau: phrase), réduit<br />

FAB FRE<br />

1 96 72.18<br />

0 37 27.82<br />

133 100<br />

1<br />

0<br />

0 20 40 60 80<br />

TAB. 6.38 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 1,0,R3,0,1<br />

(niveau: phrase)<br />

PPF.0 PPF.1<br />

MMS.0,0,C5,0,0 1 0 1<br />

MMS.0,0,P0,0,0 1 0 1<br />

MMS.0,0,S1,0,0 33 74 107<br />

35 74 109<br />

TAB. 6.39 – Tri croisé MMS × PPF, pour les constituants de type<br />

1,0,R3,0,1 (niveau: phrase, Document 1272-03 r<strong>et</strong>iré)<br />

<strong>ponctuation</strong> à <strong>la</strong> suite d’un 0,0,R3,0,1, toutes les constructions suffisamment attestées<br />

pour être soumises à unχ 2 sont propices à <strong>la</strong> présence du marquage initial. C’est du<br />

moins ce qui est ressorti de <strong>la</strong> conclusion du chapitre précédent. Par ailleurs, quand<br />

le constituant suivant est un R2 non propositionnel, il s’agit <strong>la</strong> plupart du temps d’un<br />

chiffre. 50<br />

Pour les niveaux autres que <strong>la</strong> phrase, il faut donc conclure, comme nous l’avions<br />

déjà fait pour <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale de 0,0,R2,0,0 (→6.1.3.4) que l’attraction manifestée<br />

par 0,0,R3,0,1 vis-à-vis du marquage final est liée à une toute p<strong>et</strong>ite partie<br />

seulement du corpus, composée de textes d’un type énonciatif tout à fait spécifique<br />

(testaments). Au niveau de <strong>la</strong> phrase, les ponctogrammes sont vraisemb<strong>la</strong>blement dus<br />

à une combinaison de facteurs impliquant le contexte immédiat de 0,0,R3,0,1.<br />

6.1.3.12 1,0,R3,0,1 (phrase): PPF<br />

La proportion de présence de <strong>ponctuation</strong> est ici exceptionnellement élevée (table<br />

6.38). Aucune charte ne contient suffisamment d’attestations pour qu’il soit possible<br />

de calculer si elle se distingue particulièrement de l’ensemble.<br />

L’examen du contexte immédiat montre que <strong>la</strong> construction est particulièrement<br />

attestée devant un suj<strong>et</strong> (table 6.39). Par ailleurs, quand le marquage précède systéma-<br />

50 Voir <strong>la</strong> liste des attestations en annexe: dep-6.1.3.00R301reduced-PPF.<br />

277


FAB FRE<br />

0 327 81.55<br />

1 74 18.45<br />

401 100<br />

0<br />

1<br />

0 50 100 150 200 250 300<br />

TAB. 6.40 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,A4,0,1<br />

(niveaux: pers-arg, ¬pers-arg, pers)<br />

tiquement un suj<strong>et</strong>, 51 <strong>la</strong> construction se rencontre tout au début de <strong>la</strong> charte. Elle en<br />

constitue ce que les diplomatistes nomment adresse: 52<br />

«[1] a tos cheaz kı ces l<strong>et</strong>tres veront / lı maıres <strong>et</strong> lı eſkeuín de nandren / saluz en deu»<br />

(Document 1270–03–24, 1).<br />

«[1] a˘ ˘<br />

toz ceaz kı ces l<strong>et</strong>tres veront <strong>et</strong> oront / henrıs cheualıers sıres de hermale saluz <strong>et</strong><br />

conıſance [2] de verıte» (Document 1271–04–20, 1).<br />

«[1] a toſ cheauſ kı ceſ preſens l<strong>et</strong>treſ verront <strong>et</strong> oront ·· lı homme dele chıſe deu font conoıſtre<br />

verıteıt» (Document 1274–02–24, 1).<br />

Cependant, <strong>la</strong> forme de l’adresse est codée <strong>dans</strong> le type discursif qu’est <strong>la</strong> charte,<br />

<strong>et</strong> le fait qu’elle précède immédiatement <strong>la</strong> suscription invite à hésiter: que marque<br />

le ponctogramme, en fin de compte? marque-t-il l’adresse? marque-t-il <strong>la</strong> suscription?<br />

D’autant que certains cas non marqués reportent visiblement le signe devant le<br />

deuxième mot de <strong>la</strong> suscription:<br />

«[1] atous cheas kı ches preſens l<strong>et</strong>tres vıeront <strong>et</strong> oront lı ·· homes delle chıſe dıeu / ſalus <strong>et</strong><br />

conoıſtre verıteít» (Document 1287–06–24, 1).<br />

La fréquence <strong>et</strong> <strong>la</strong> cohérence du marquage sont telles que nous devons souligner à<br />

nouveau l’importance du style formu<strong>la</strong>ire, bien que nous soyons obligé de le négliger<br />

pour l’instant. Du fait que <strong>la</strong> structure syntaxique correspond presque toujours à<br />

<strong>la</strong> formule d’adresse, il reste envisageable de ne considérer que l’aspect grammatical<br />

du constituant <strong>et</strong> d’en tirer une tendance de <strong>ponctuation</strong>: 1,0,R3,0,1 attire bien le<br />

marquage.<br />

6.1.3.13 0,0,A4,0,1 (pers-arg,¬pers-arg, pers): PPF<br />

Une importante proportion de 0,0,A4,0,1 sont marqués à <strong>la</strong> finale (table 6.40). Alors<br />

que les effectifs demeurent trop réduits pour qu’on puisse vérifier si un document se<br />

démarque particulièrement, on peut par contre observer les contextes immédiats les<br />

plus liés au marquage.<br />

Selon <strong>la</strong> figure 6.45, le contexte attirant le marquage final est MMS.0,0,S1,0,0,<br />

type de constituant qui attire apparemment le marquage (au niveau de <strong>la</strong> phrase seulement),<br />

mais dont l’examen approfondi révèle que c<strong>et</strong>te tendance est due à des causes<br />

51 En réalité, bien souvent, l’énoncé n’est pas phrastique, mais correspond à un de ceux que<br />

nous avons assimilés à <strong>la</strong> phrase pour simplifier le traitement (→5.3.2.1).<br />

52 Voir le dépouillement compl<strong>et</strong> en annexe.<br />

278


0,0,S1,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.465%)<br />

3.72e−13 1<br />

26/43 (60%)<br />

9/25 (36%)<br />

13/50 (26%)<br />

3/11 (27%)<br />

3/13 (23%)<br />

FIG. 6.45 – Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,A4,0,1 (niveaux: pers-arg, ¬pers-arg, pers)<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,1,A4,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.465%)<br />

6.92e−07 1<br />

3/112 (2.7%)<br />

0/29 (0.0%)<br />

0/13 (0.0%)<br />

1/15 (6.7%)<br />

3/17 (17.6%)<br />

5/29 (17.2%)<br />

FIG. 6.46 – Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,A4,0,1 (niveaux: pers-arg, ¬pers-arg, pers)<br />

extérieures (→6.1.3.1). Un certain nombre de 0,0,A4,0,1 sont l’expression du lieu<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> partie de <strong>la</strong> charte que les diplomatistes nomment exposé. 53<br />

6.1.3.14 Synthèse<br />

À ce stade, <strong>et</strong> avant de passer à l’étude des circonstants, on peut synthétiser les découvertes<br />

en enrichissant les conclusions auxquelles avait mené l’examen du marquage<br />

du prédicat (→6.1.2.4). En règle générale, les faits détaillés complètent c<strong>et</strong>te première<br />

synthèse ou m<strong>et</strong>tent en évidence des phénomènes différents.<br />

Sans revenir sur les questions de priorité du marquage, nous passerons en revue<br />

les autres points abordés à propos du prédicat.<br />

a. Cohérence à travers le corpus. La question de <strong>la</strong> cohérence des liens entre les<br />

constituants <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> à l’intérieur de l’ensemble du corpus prend toute sa<br />

dimension lorsque nous étudions les actants. Parfois, nous avons constaté qu’à l’instar<br />

des tendances manifestées autour du prédicat, il n’était pas possible de reléguer<br />

certaines tendances à un p<strong>et</strong>it groupe de documents, puisque l’intensité des liens (probabilités)<br />

restait grosso modo identique, que ces documents soient présents ou non.<br />

Dans d’autres cas, 54 par contre, les tendances observées sont cantonnées à un très<br />

p<strong>et</strong>it nombre de documents, partageant qui plus est une caractéristique commune: il<br />

s’agit de testaments. Ce type d’action juridique est d’une telle singu<strong>la</strong>rité que sa mise<br />

à l’écrit 55 rend possible (voire oblige) l’emploi de structures particulières, lesquelles<br />

attirent à leur tour une <strong>ponctuation</strong> spécifique. Dans ce cas, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> se fait<br />

l’indice d’un type discursif particulier. Soyons néanmoins prudent: trois testaments<br />

ressortent ainsi du lot, non l’ensemble d’entre eux. . .<br />

On pourrait par ailleurs disséquer les différentes attractions <strong>et</strong> répulsions négligées<br />

jusqu’ici pour éventuellement m<strong>et</strong>tre en évidence des groupements de chartes, mais<br />

53 Voir note 78.<br />

54 Par exemple, R2, cf.→6.1.3.4, ou R3, cf.→6.1.3.11.<br />

55 D’après <strong>la</strong> conception de Marie-Guy Boutier, exposée ci-dessus, sous→3.1.2.1 b.<br />

279


une étude sérieuse à ce suj<strong>et</strong> nécessiterait que soit c<strong>la</strong>irement défini un protocole de<br />

description extralinguistique des documents du corpus, fondé, par exemple, sur un<br />

c<strong>la</strong>ssement en fonction des protagonistes impliqués <strong>dans</strong> l’acte juridique.<br />

De <strong>la</strong> même manière que P0, le marquage des actants semble associé à des conditions<br />

qui les dépassent, de sorte que <strong>la</strong> plupart des ponctogrammes pourraient être liés<br />

à l’environnement des actants plutôt qu’à leurs caractéristiques propres.<br />

b. Contexte immédiat. La plupart des constituants attirant le marquage (final) peuvent<br />

être mis en re<strong>la</strong>tion avec le constituant de même niveau d’intégration qui se trouve<br />

directement à leur suite:<br />

– 0,0,S1,0,0 est suivi d’un autre suj<strong>et</strong> ou d’un coordonnant;<br />

– 0,0,R2,0,0 (<strong>dans</strong> certains testaments) est suivi d’un coordonnant, d’un autre R2 ou<br />

d’un autre groupe exprimant le patient <strong>et</strong> le bénéficiaire;<br />

– 0,0,R2,¬pers,0 <strong>et</strong> 0,0,R2,pers,1 sont suivis d’un coordonnant ou d’un circonstant.<br />

Il est à présent très c<strong>la</strong>ir que les environnements morphosyntaxiques attirant le<br />

marquage peuvent être rangés en deux catégories: 1/ ceux qui sont impliqués <strong>dans</strong><br />

une re<strong>la</strong>tion de coordination; 2/ ceux qui sont à proximité d’un circonstant. Presque<br />

toutes les attractions m<strong>et</strong>tent en évidence ces mêmes affinités. À ce stade, on voit donc<br />

combien il est nécessaire de décrire <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> autour des circonstants <strong>et</strong> celle qui<br />

apparaît en cas de coordination.<br />

c. Re<strong>la</strong>tions avec les autres points de vue. Aux deux formules semb<strong>la</strong>nt attirer le marquage<br />

devant le prédicat, il faut ajouter celles qui interviennent aux alentours des<br />

actants:<br />

– 0,1,R2,pers,1 (→6.1.3.9): _savoir faisons⊗que x [= exposé ou dispositif de l’acte]_ ;<br />

– 1,0,R3,0,1 (→6.1.3.12): _a tous ceux qui ces l<strong>et</strong>tres verront . . .⊗x[= auteur de<br />

l’acte] fait savoir. . ._ .<br />

Ces formules paraissent liées au marquage <strong>et</strong> sont de portée générale.<br />

On peut dire que les suites d’associations entre les legs <strong>et</strong> les légataires <strong>dans</strong> les<br />

testaments ont également une forme conventionnelle prévisible, qui attire le marquage<br />

– voir les sections sur 0,0,R2,0,0 (→6.1.3.4) <strong>et</strong> 0,0,R3,0,1 (→6.1.3.11):<br />

_a y [= un légataire]⊗z[= legs]_<br />

où le ponctogramme marque en quelque sorte l’élision du prédicat (→6.1.3.5). À nouveau,<br />

ce recensement de formules remarquables ne peut dépasser <strong>la</strong> simple constatation,<br />

faute de dépouillements exhaustifs.<br />

D’autre part, l’examen des attestations de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale des 0,0,R2,0,0<br />

(→6.1.3.4) mène à considérer le cas du marquage des chiffres (romains ou non), qui<br />

paraissent attirer <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> – bien qu’aucun test ne puisse être fait. Si ce lien<br />

existe, le marquage ne porte pas sur une structure syntaxique, ni sur une formule<br />

propre aux chartes, mais sur un certain contenu, relevant du point de vue sémanticoréférentiel.<br />

d. Unités de lecture. Au bout de l’examen du marquage des actants, nous sommes<br />

à même d’ajouter un p<strong>et</strong>it nombre de positions supplémentaires à celles qui attirent<br />

<strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>. Une p<strong>et</strong>ite proportion de ponctogrammes «expliqués» complète ainsi<br />

<strong>la</strong> première synthèse que nous avons pu faire au suj<strong>et</strong> de <strong>la</strong> phrase (→6.1.1.3). La<br />

280


P.0 P.1<br />

Act.0 57158 4297 61455<br />

Act.1 457 275 732<br />

57615 4572 62187<br />

χ 2 = 988.39, ddl=1, p= 6e−217 ★★★<br />

P.0 P.1<br />

0.86 -10.83<br />

-72.14 909.05<br />

θ 8<br />

TAB. 6.41 – Proportions de marquage expliqué par <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des<br />

actants<br />

FAB FRE<br />

0 57158 99.21<br />

1 457 0.79<br />

57615 100<br />

0<br />

1<br />

0 10000 20000 30000 40000 50000<br />

TAB. 6.42 – Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite d’actant ou non) pour les<br />

positions non ponctuées<br />

FAB FRE<br />

0 4297 93.99<br />

1 275 6.01<br />

4572 100<br />

0<br />

1<br />

0 1000 2000 3000 4000<br />

TAB. 6.43 – Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite d’actant ou non) pour les<br />

positions ponctuées<br />

liste des actants considérés comme propices à l’apparition d’un ponctogramme est <strong>la</strong><br />

suivante pour PPD:<br />

– 0,1,S1,pers,1, au niveau MI.phrase (→6.1.3.3);<br />

– 0,1,R2,pers,1, au niveau MI.¬pers-arg (→6.1.3.9).<br />

Pour PPF, <strong>la</strong> liste est:<br />

– 0,0,R3,0,1, uniquement pour Document 1272–03 <strong>et</strong> Document 1283–02–13b<br />

(→6.1.3.11);<br />

– 1,0,R3,0,1 (→6.1.3.12);<br />

– 0,0,A4,0,1, aux niveaux MI.pers, MI.pers-arg <strong>et</strong> MI.¬pers-arg (→6.1.3.13).<br />

Une fois les limites d’énoncés r<strong>et</strong>irées de l’effectif des positions entre les mots,<br />

ces dernières peuvent être définies par deux variables dichotomiques: <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

est attirée à c<strong>et</strong> endroit par un actant de <strong>la</strong> liste (oui ou non); <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> est présente<br />

ou non. On peut dès lors construire le tri croisé de <strong>la</strong> table 6.41. Le test duχ 2 confirme<br />

que les actants sélectionnés attirent bel <strong>et</strong> bien <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>. On voit toutefois que le<br />

rapport de chances est ici plus p<strong>et</strong>it qu’il ne l’était pour les positions aux limites des<br />

énoncés (→6.1.1.3 c).<br />

Comme en témoignent les effectifs, parmi les constituants non marqués, peu font<br />

partie de <strong>la</strong> catégorie des actants attirant le marquage. Le fait est encore plus perceptible<br />

présenté sous <strong>la</strong> forme d’un tri à p<strong>la</strong>t (table 6.42). Si nous observons les<br />

constituants marqués, le tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> table 6.43, révèle que très peu de ponctogrammes<br />

sont expliqués par les tendances de marquage des actants. Néanmoins, bien<br />

281


que peu fréquentes, ces constructions n’en demeurent pas moins régulièrement marquées.<br />

Le fait qu’elles ne suffisent même pas à expliquer 10% des occurrences de<br />

ponctogrammes n’apparaissant pas aux limites des énoncés ne signifie pas qu’elles<br />

soient insignifiantes, mais que l’analyse ne doit pas s’arrêter là: <strong>dans</strong> <strong>la</strong> section suivante<br />

nous allons voir que l’examen du marquage des circonstants perm<strong>et</strong> d’enrichir<br />

substantiellement c<strong>et</strong> inventaire des positions liées à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>.<br />

6.1.4 Circonstants<br />

Jusqu’à présent, <strong>la</strong> position marginale des circonstants d’un point de vue morphosyntaxique<br />

se répercute sur leur <strong>ponctuation</strong>: <strong>dans</strong> de nombreux cas ci-dessus, le marquage<br />

peut être «expliqué» par <strong>la</strong> proximité directe des constituants avec un circonstant<br />

attirant particulièrement <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>.<br />

Les configurations morphosyntaxiques qui ont été jugées dignes d’intérêt au terme<br />

de l’examen général (→5.3.3.3) seront abordées ci-dessous <strong>dans</strong> l’ordre suivant:<br />

– 0,0,C5,pers,0;<br />

– 0,0,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg,¬pers): PPF;<br />

– 0,0,C5,0,1 (pers,¬pers): PPD;<br />

– 0,0,C5,0,1 (phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers,¬pers): PPF;<br />

– 0,0,C5,¬pers,1 (phrase): PPF;<br />

– 0,0,C5,pers,1 (phrase, pers-arg, pers): PPF;<br />

– 1,0,C5,pers,1 (phrase): PPF;<br />

– 0,1,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg, pers,¬pers): PPD;<br />

– 0,1,C5,0,1 (phrase, pers-arg, pers): PPD;<br />

– 0,1,C5,¬pers,1 (phrase, pers): PPD;<br />

– 0,1,C5,pers,1 (phrase): PPD.<br />

6.1.4.1 0,0,C5,pers,0<br />

De toutes les structures prises par les circonstants, les incidentes prennent <strong>la</strong> forme<br />

<strong>la</strong> plus susceptible d’une analyse contrastive: nous avons défini l’incidente comme<br />

une proposition de mode personnel qui assume <strong>la</strong> fonction C5 sans être re<strong>la</strong>tée<br />

(→3.4.4.5 b). Il faut donc poser <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> fréquence du marquage de ces structures<br />

par rapport à <strong>la</strong> fréquence du marquage de <strong>la</strong> phrase. Ces unités, si proches des<br />

énoncés, mais dont l’enchâssement trahit <strong>la</strong> dépendance, sont-elles aussi bien délimitées<br />

que le sont les phrases? D’autre part, <strong>la</strong> seule différence morphosyntaxique entre<br />

une subordonnée circonstancielle <strong>et</strong> une incidente est <strong>la</strong> présence d’un re<strong>la</strong>teur. C<strong>et</strong>te<br />

proximité a-t-elle un écho <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>?<br />

Suivant notre modèle, une incidente ne se trouve jamais à <strong>la</strong> fin ou au début de<br />

<strong>la</strong> phrase, ce qui simplifie <strong>la</strong> sélection des individus, puisque nous ne sommes pas<br />

confronté au phénomène de récursivité, comme c’était le cas lorsqu’il était question de<br />

comparer <strong>la</strong> phrase aux autres subordonnées (→6.1.1). On concevra donc facilement<br />

une variable à deux modalités, distinguant les propositions qui sont des phrases d’une<br />

part <strong>et</strong> les incidentes d’autre part.<br />

Cependant, lorsque nous avons exposé les choix posés afin de déterminer le niveau<br />

d’intégration des C5 (→3.4.7.4 a), nous avons vu qu’en cas de doute, nous avons<br />

282


0 1<br />

phrase 8655 2675 11330<br />

incidente (phrase) 8 13 21<br />

incidente (autre) 15 15 30<br />

8678 2703 11381<br />

Test exact de Fisher, p= 3.08e−06 ★★★<br />

Valeur attendue minimale = 4.99<br />

0 1<br />

0.03 ✩✩✩ −0.09 ✩✩✩<br />

−4.01 ✩✩★ 12.87 ★★★<br />

−2.71 ✩✩✩ 8.7 ✩★★<br />

TAB. 6.44 – Tri croisé phrases <strong>et</strong> incidentes×PPD<br />

considéré que les C5 se trouvaient au niveau le plus élevé de <strong>la</strong> hiérarchie syntaxique<br />

à chaque fois que ce<strong>la</strong> était possible. Certaines incidentes ne peuvent être «remontées»<br />

au niveau de <strong>la</strong> phrase, <strong>et</strong> leur enchâssement <strong>dans</strong> un constituant de niveau inférieur à<br />

<strong>la</strong> phrase est manifeste; par exemple:<br />

«· je weılh <strong>et</strong> ordene ke se johans meſ freres v <strong>la</strong>mbon seſ fıls · weılent <strong>et</strong> puıſſent aſſenner<br />

· vı mars [4] de cens hír<strong>et</strong>ablement bíen aſſís a eſtímatíon de˘ ˘<br />

preusdommes / a manbors de<br />

˘ ˘<br />

<strong>la</strong>moíne de˘ ˘<br />

poures de <strong>la</strong> cíteít delíege · que [5] lı · vj · mars de˘ ˘<br />

cens les queís ıaı <strong>la</strong>ſſíes en me<br />

teſtament ſor˘ ˘<br />

ma maıſon dele˘ ˘<br />

foſſe dont lí manbor de˘ ˘<br />

<strong>la</strong>mone ſont rechí [6]ueurſ · <strong>et</strong> rendeurs<br />

a˘ ˘<br />

ríre a freres precheurs delıege · le ıor de mon annıuerſare cheſcun an · ſoıent quíttes <strong>et</strong><br />

paıſueles [7] a ıohan me˘ ˘<br />

frere <strong>et</strong> a˘ ˘<br />

<strong>la</strong>mbon ſe˘ ˘<br />

fılh · <strong>et</strong> a˘ ˘<br />

ceas kí apres eaus tenront hír<strong>et</strong>ablement<br />

le˘ ˘<br />

maıſon deſeur dítte» (Document 1283–02–13a, 3).<br />

Pour notre examen, nous avons donc séparé les incidentes qu’il était possible d’analyser<br />

comme des C5 de <strong>la</strong> phrase des autres, ce qui nous perm<strong>et</strong> de créer une variable<br />

à trois modalités, suivant le type de structure auquel nous sommes confronté: phrase,<br />

incidente (phrase) <strong>et</strong> incidente (autre). Nous allons donc croiser ces dernières avec les<br />

valeurs des modalités PPD <strong>et</strong> PPF.<br />

Nous séparons derechef l’étude de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale de celle de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

finale. Pour chacune d’elles, nous examinons d’abord s’il y a une différence entre<br />

le marquage de <strong>la</strong> phrase <strong>et</strong> celui des deux types d’incidentes, avant d’observer <strong>la</strong><br />

manière dont se comportent les circonstants propositionnels re<strong>la</strong>tés par rapport aux<br />

phrases <strong>et</strong> aux incidentes. Ces dernières étant peu représentées, il n’est pas possible de<br />

s’assurer qu’aucune charte ou contexte immédiat particulier ne correspond à ce type<br />

de structure. 56<br />

a. Fréquence du marquage initial. En guise de première tabu<strong>la</strong>tion, croisons le type<br />

de proposition considéré <strong>et</strong> PPD. On obtient un tableau de six cases (table 6.44). Le<br />

test sur l’ensemble du tableau est significatif, mais le contraste entre les cases n’est<br />

pas particulièrement marqué. Les deux types d’incidentes se distinguent des phrases<br />

par leur attraction vis-à-vis du marquage initial.<br />

Si l’on regroupe les incidentes en additionnant les totaux des colonnes des deux<br />

dernières lignes en une seule, on obtient <strong>la</strong> tabu<strong>la</strong>tion 6.45, qui indique c<strong>la</strong>irement que<br />

les phrases <strong>et</strong> les incidentes sont globalement distinctes. Le rapport de chances nous<br />

apprend que les phrases sont environ quatre fois moins marquées que les incidentes.<br />

Qu’en est-il de l’écart entre les différentes sortes d’incidentes? L’analyse du soustableau<br />

ne tenant pas compte de <strong>la</strong> phrase donne <strong>la</strong> table 6.46. Malgré un rapport de<br />

56 On voit <strong>dans</strong> les tableaux figurant en annexe qu’il n’y a pas de charte ou de structure particulière<br />

qui se r<strong>et</strong>rouve <strong>dans</strong> l’environnement des incidentes marquées.<br />

’<br />

283


0 1<br />

phrase 8655 2675 11330<br />

incidente 23 28 51<br />

8678 2703 11381<br />

χ 2 = 25.75, ddl=1, p= 3.88e−07 ★★★<br />

0 1<br />

0.03 -0.09<br />

-6.49 20.84<br />

θ 3.94<br />

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons: ★★★ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)<br />

TAB. 6.45 – Tri croisé phrases <strong>et</strong> incidentes (groupées)×PPD<br />

0 1<br />

incidente (phrase) 8 13 21<br />

incidente (autre) 15 15 30<br />

23 28 51<br />

0 1<br />

-0.23 0.19<br />

0.16 -0.13<br />

θ 1.63<br />

χ 2 = 0.31, ddl=1, p= 0.579 ✩✩✩<br />

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons: ✩✩✩ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)<br />

Valeur attendue minimale = 9.47<br />

TAB. 6.46 – Tri croisé incidentes×PPD<br />

0 1<br />

phrase 8655 2675 11330<br />

incidente (phrase) 8 13 21<br />

C5,pers,1 142 16 158<br />

8805 2704 11509<br />

Test exact de Fisher, p= 5.91e−08 ★★★<br />

Valeur attendue minimale = 4.93<br />

0 1<br />

−0.02 ✩✩✩ 0.06 ✩✩✩<br />

−4.05 ✩✩★ 13.19 ★★★<br />

3.69 ✩✩✩ −12.02 ✩★★<br />

TAB. 6.47 – Tri croisé phrases, incidentes <strong>et</strong> autres circonstants propositionnels×PPD<br />

chances re<strong>la</strong>tivement élevé, il n’est absolument pas possible d’inférer un lien entre les<br />

variables. Il est vrai que si un test ne parvient pas à rej<strong>et</strong>er H0 ce<strong>la</strong> ne signifie pas pour<br />

autant qu’il faut considérer que c<strong>et</strong>te hypothèse est démontrée (→4.1.3.1), mais les<br />

contributions sont si faibles qu’on ne pourrait ignorer <strong>la</strong> faiblesse du contraste.<br />

Il y a donc bien une gradation, qui distingue <strong>la</strong> phrase de l’incidente, mais aucun<br />

moyen de s’assurer que le comportement de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> varie en fonction de<br />

l’insertion syntaxique des incidentes.<br />

Examinons à présent le tableau de contingence croisant les phrases, incidentes<br />

<strong>et</strong> autres propositions personnelles subordonnées à <strong>la</strong> phrase avec PPD (sans tenir<br />

compte de celles qui se trouvent en début de phrase, pour lesquelles le marquage interférerait<br />

bien évidemment avec celui de <strong>la</strong> phrase) – il ne paraît pas pertinent d’intégrer<br />

les incidentes de niveau inférieur, puisqu’elles constituent des unités qui ne pourraient<br />

être comparées aux C5 de phrase.<br />

Au niveau de <strong>la</strong> phrase, les attractions montraient déjà que les incidentes se distinguaient<br />

des autres C5 propositionnels de mode personnel. Les tests sur l’échantillon<br />

limité confirment c<strong>et</strong>te tendance (table 6.47). Les incidentes sont apparemment<br />

284


0 1<br />

incidente (phrase) 8 13 21<br />

C5,pers,1 142 16 158<br />

150 29 179<br />

0 1<br />

-5.23 27.08<br />

0.7 -3.6<br />

θ 14.4<br />

Test exact de Fisher, p= 3.23e−07 ★★★<br />

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons: ★★★ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)<br />

Valeur attendue minimale = 3.4<br />

TAB. 6.48 – Tri croisé incidentes <strong>et</strong> autres circonstants propositionnels<br />

× PPD<br />

0 1<br />

phrase 8637 2702 11339<br />

incidente (phrase) 6 17 23<br />

incidente (autre) 11 16 27<br />

8654 2735 11389<br />

χ 2 = 49.98, ddl=2, p= 1.40e−11 ★★★<br />

Valeur attendue minimale = 5.52<br />

0 1<br />

0.05 ✩✩✩ −0.16 ✩✩✩<br />

−7.54 ✩★★ 23.85 ★★★<br />

−4.41 ✩✩★ 13.97 ★★★<br />

TAB. 6.49 – Tri croisé phrases <strong>et</strong> incidentes×PPF<br />

à considérer comme des structures plus proches des phrases que des autres subordonnées<br />

circonstancielles.<br />

Ensuite, au vu du dernier sous-tableau, on ne pourrait confondre les incidentes <strong>et</strong><br />

les subordonnées circonstancielles re<strong>la</strong>tées au point de vue de leur marquage initial<br />

(table 6.48). La probabilité est également très faible <strong>et</strong>θatteint à nouveau une valeur<br />

intuitivement perceptible. On peut synthétiser c<strong>et</strong>te description de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale<br />

par une gradation: <strong>la</strong> phrase est plus marquée que les incidentes, qui sont plus<br />

marquées que l’ensemble des autres circonstancielles.<br />

b. Fréquence du marquage final. Remarquons tout d’abord que les effectifs sont trop<br />

faibles pour pouvoir vérifier si quelque document serait significativement différent de<br />

<strong>la</strong> majorité.<br />

Qu’en est-il du marquage final? Si nous construisons un tableau de contingence<br />

simi<strong>la</strong>ire à celui que nous avons obtenu en croisant les phrases <strong>et</strong> les différents types<br />

d’incidentes avec PPD, remp<strong>la</strong>çant ce dernier par PPF, nous obtenons <strong>la</strong> table 6.49.<br />

Le résultat de l’analyse statistique de <strong>la</strong> tabu<strong>la</strong>tion est simi<strong>la</strong>ire à celui que nous avons<br />

observé pour PPD: les incidentes se distinguent des autres propositions étudiées, par<br />

une tendance à attirer le marquage.<br />

Par ailleurs, <strong>la</strong> différence de marquage entre les phrases <strong>et</strong> l’ensemble des incidentes<br />

paraît plus forte qu’avec PPD (table 6.50). Enfin, il n’est à nouveau pas possible<br />

de distinguer les incidentes entre elles (table 6.51): <strong>la</strong> valeur duχ 2 est si faible qu’il<br />

paraît raisonnable de considérer que l’hypothèse nulle n’est certainement pas loin de<br />

<strong>la</strong> réalité.<br />

Passons à présent à <strong>la</strong> comparaison des phrases, incidentes <strong>et</strong> autres subordonnées<br />

circonstancielles qui ne se trouvent pas en fin de phrase. Ces dernières sont, d’après<br />

<strong>la</strong> décomposition de l’écart de <strong>la</strong> table 6.52, n<strong>et</strong>tement moins marquées que les autres<br />

modalités. Par contre, comme on peut le voir <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 6.53, <strong>la</strong> distinction entre les<br />

incidentes <strong>et</strong> les autres subordonnées circonstancielles est très floue.<br />

285


286<br />

0 1<br />

phrase 8637 2702 11339<br />

incidente 17 33 50<br />

8654 2735 11389<br />

χ 2 = 46.23, ddl=1, p= 1.05e−11 ★★★<br />

0 1<br />

0.05 -0.16<br />

-11.6 36.7<br />

θ 6.2<br />

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons: ★★★ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)<br />

TAB. 6.50 – Tri croisé phrases <strong>et</strong> incidentes×PPF<br />

0 1<br />

incidente (phrase) 6 17 23<br />

incidente (autre) 11 16 27<br />

17 33 50<br />

0 1<br />

-0.42 0.22<br />

0.36 -0.19<br />

θ 1.95<br />

χ 2 = 0.63, ddl=1, p= 0.429 ✩✩✩<br />

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons: ✩✩✩ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)<br />

Valeur attendue minimale = 7.82<br />

TAB. 6.51 – Tri croisé phrases <strong>et</strong> incidentes (phrase)×PPF<br />

0 1<br />

phrase 8637 2702 11339<br />

incidente (phrase) 6 17 23<br />

C5,pers,1 53 85 138<br />

8696 2804 11500<br />

χ 2 = 136.13, ddl=2, p= 2.76e−30 ★★★<br />

Valeur attendue minimale = 5.61<br />

0 1<br />

0.46 ✩✩✩ −1.42 ✩✩✩<br />

−7.46 ✩★★ 23.14 ★★★<br />

−25.27 ★★★ 78.37 ★★★<br />

TAB. 6.52 – Tri croisé phrases, incidentes <strong>et</strong> circonstants propositionnels<br />

× PPF<br />

0 1<br />

incidente (phrase) 6 17 23<br />

C5,pers,1 53 85 138<br />

59 102 161<br />

0 1<br />

-0.7 0.4<br />

0.12 -0.07<br />

θ 1.77<br />

χ 2 = 0.81, ddl=1, p= 0.367 ✩✩✩<br />

Après ajustement de Šidàk pour 2 comparaisons: ✩✩✩ (seuils: 0.0253, 0.00501, 5e-04)<br />

Valeur attendue minimale = 8.43<br />

TAB. 6.53 – Tri croisé incidentes <strong>et</strong> circonstants propositionnels×PPF


FAB FRE<br />

0 564 80.8<br />

1 134 19.2<br />

698 100<br />

0<br />

1<br />

0 100 200 300 400 500<br />

TAB. 6.54 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,C5,0,0<br />

(niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers)<br />

1289−01−12<br />

1267−08−28<br />

1247−06<br />

1278−08−01<br />

1265−05b<br />

Attractions (seuil adapté 0.366%)<br />

0.0119 1<br />

9/21 (43%)<br />

4/12 (33%)<br />

6/25 (24%)<br />

3/12 (25%)<br />

3/13 (23%)<br />

FIG. 6.47 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers)<br />

1280−07−20<br />

1271−05−22<br />

1270−03−24<br />

1244−01−19<br />

1270−11−26<br />

1272−03<br />

1280−05−04<br />

1283−02−13a<br />

1271−12−09<br />

Répulsions (seuil adapté 0.366%)<br />

0.134 1<br />

0/14 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

1/12 (8.3%)<br />

1/11 (9.1%)<br />

1/11 (9.1%)<br />

3/22 (13.6%)<br />

1/10 (10.0%)<br />

8/42 (19.0%)<br />

2/12 (16.7%)<br />

FIG. 6.48 – Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers)<br />

c. Synthèse. L’analyse du comportement des incidentes par rapport à ce qui leur ressemble<br />

le plus (d’une part les phrases proprement dites, d’autre part les propositions<br />

personnelles C5 re<strong>la</strong>tées au niveau de <strong>la</strong> phrase) montre que les 0,0,C5,pers,0 sont des<br />

unités que l’on peut qualifier d’intermédiaires, c<strong>la</strong>irement distinctes des deux autres<br />

types de structures. Par contre, il n’est pas possible de distinguer des tendances différentes<br />

quant au marquage des différents types d’incidentes.<br />

C<strong>et</strong>te position correspond tout à fait au problème que soulèvent intrinsèquement<br />

les 0,0,C5,pers,0: bien que n’étant pas tout à fait des phrases indépendantes, elles<br />

sont perçues comme des unités plus autonomes que les subordonnées. À notre avis,<br />

devenant l’indice de <strong>la</strong> conscience linguistique du scribe, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> reflète c<strong>et</strong>te<br />

perception.<br />

6.1.4.2 0,0,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg,¬pers): PPF<br />

Les proportions de marquage des 0,0,C5,0,0 sont celles de <strong>la</strong> table 6.54; <strong>et</strong> l’on peut<br />

constater qu’une seule charte attire ce marquage (figure 6.47). En r<strong>et</strong>irant c<strong>et</strong>te charte<br />

de l’échantillon, <strong>la</strong> probabilité que les 0,0,C5,0,0 soient liés à PPF.1 ne change à aucun<br />

niveau. 57<br />

Comme en témoignent les figures 6.49 <strong>et</strong> 6.50, peu de contextes immédiats res-<br />

57 Voir l’annexe 6.1.4.00C500PPFstable.<br />

287


0,1,C5,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.366%)<br />

2.02e−19 1<br />

38/59 (64%)<br />

21/45 (47%)<br />

12/34 (35%)<br />

8/26 (31%)<br />

5/18 (28%)<br />

10/43 (23%)<br />

3/11 (27%)<br />

10/48 (21%)<br />

FIG. 6.49 – Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers)<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,0,S1,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.366%)<br />

1.65e−11 1<br />

4/181 (2.2%)<br />

0/51 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

2/18 (11.1%)<br />

5/33 (15.2%)<br />

5/29 (17.2%)<br />

FIG. 6.50 – Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, ¬pers)<br />

FAB FRE<br />

0 294 92.16<br />

1 25 7.84<br />

319 100<br />

0<br />

1<br />

0 50 100 150 200 250<br />

TAB. 6.55 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,0,C5,0,1<br />

(niveaux: pers, ¬pers)<br />

sortent. En observant les dépouillements, 58 on remarque que les attestations relevées<br />

au niveau de <strong>la</strong> phrase sont souvent aux alentours de chiffres. Par exemple:<br />

« · ce choſes ſont faıteſ <strong>la</strong>n del jncarna / [13]tıon noſtre sangeor · mılhe · doıſ cens <strong>et</strong> tr<strong>et</strong>e ſıs ·<br />

el moıſ de ma˙y» (Document 1236–05, 12).<br />

«· cıſte [24] choze <strong>et</strong> ceſ l<strong>et</strong>treſ furent faıteſ <strong>la</strong>n noſtre ſaíngnor · mılh · deucenſ <strong>et</strong> quarante<br />

troız · le londı apreſ leſ otaueſ de le treme» (Document 1244–01–19, 23).<br />

«<strong>et</strong> de cez x a l · ıııj · denıers · revat arríre · j · denıers · al trefonſ» (Document 1247–06, 20).<br />

Toutefois, c<strong>et</strong>te correspondance n’est pas systématique. En outre, aux autres niveaux,<br />

les chiffres n’interviennent pas.<br />

6.1.4.3 0,0,C5,0,1 (pers,¬pers): PPD<br />

C<strong>et</strong>te construction n’est pas souvent attestée (voir table 6.55). Le seul document qui<br />

ressort (figures 6.51 <strong>et</strong> 6.52) ne perturbe pas les attractions, qui restent identiques<br />

si on l’ignore. Quant à l’environnement attirant le marquage, il est essentiellement<br />

formé de circonstants (figure 6.53). En observant les attestations, on voit que c’est <strong>la</strong><br />

58 Voir en annexe.<br />

288


1270−04−07<br />

1265−11−13<br />

1255−05−21<br />

1278−08−01<br />

1283−02−13a<br />

Attractions (seuil adapté 0.73%)<br />

0.0402 1<br />

3/10 (30%)<br />

2/12 (17%)<br />

1/10 (10%)<br />

2/16 (12%)<br />

2/16 (12%)<br />

FIG. 6.51 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers)<br />

1265−05b<br />

1271−12−22<br />

Répulsions (seuil adapté 0.73%)<br />

0.679 1<br />

0/11 (0%)<br />

0/11 (0%)<br />

FIG. 6.52 – Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers)<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.73%)<br />

8.23e−08 1<br />

14/51 (27%)<br />

2/10 (20%)<br />

3/21 (14%)<br />

FIG. 6.53 – Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers)<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

1,0,S1,0,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.73%)<br />

0.0130 1<br />

2/102 (2.0%)<br />

0/43 (0.0%)<br />

0/38 (0.0%)<br />

0/15 (0.0%)<br />

FIG. 6.54 – Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,0,1 (niveaux: pers, ¬pers)<br />

coordination qui ressort. Par exemple:<br />

«· de <strong>la</strong>terre [. . .] ke damme odıerne <strong>et</strong> ſez fıs ſıreſ gıles attenue a nodueſ a ramelhıes en<br />

dıme groſſe <strong>et</strong> menue · en patronage de glıse · en cenſ · en chaponſ en terreſ arables <strong>et</strong> en [4]<br />

toteſ atreſ renteſ ſıreſ gıles <strong>et</strong> ſa˘ ˘<br />

mere reconoıſent a le glıſe <strong>et</strong> c<strong>la</strong>ıment quıtte le quarte part<br />

[. . .]» (Document 1236–05, 2).<br />

«[1] · noſ [. . .] faıſons connıſſant a touſ cıas kı verront ceſ preſens l<strong>et</strong>tres · ke freſſens lı<br />

beggíne com [4] dıſt lı dıegle acquıſt bıen <strong>et</strong> loıalment par nom dachat · a˘ ˘<br />

<strong>la</strong>mbert vennıſon <strong>et</strong><br />

a˘ ˘<br />

ge [5]luj´t ſe femme · víntequatre ſols [. . .] appaıer chaſcon an a˘ ˘<br />

touſ jourſ ceſ · vıntequatre<br />

ſols de cenſ [8] a · ıj´ · termíneſ · moıtí<strong>et</strong> a feſte ſaín jehan baptıſte · <strong>et</strong> moıtı<strong>et</strong> a noıel · par<br />

teılh droıt [9] <strong>et</strong> par teılh amende ke on paí<strong>et</strong> les atres cens en˘ ˘<br />

le vılhe de dínant» (Document<br />

1255–05–21, 1).<br />

«· [8] <strong>et</strong> lı abeſſe <strong>et</strong> lı couens de robıermont deſordıs reſpondírent encontre eauſ en tel maníere<br />

· ke cíls hírr<strong>et</strong>age lor fut [9] doneíz en almoíne · de ıohan le boríoıs <strong>et</strong> de rau ſe fılh · ſı ke del<br />

droıt hoír kı ahír<strong>et</strong>eıſ en˘ ˘<br />

fut par le cuert <strong>et</strong> [10] par les íugeors · sı ke loıs <strong>et</strong> íugement port<strong>et</strong> ·<br />

<strong>et</strong> ſı quılh aparoít par les l<strong>et</strong>treſ pen<strong>dans</strong> quılh en˘ ˘<br />

auoıent de moı · [11] <strong>et</strong> par les l<strong>et</strong>tres quılh<br />

auoıent de mon saıngnor rogıer de waſſenberge · cuí frere ıe ou · <strong>et</strong> par les oeureſ kı faıteſ<br />

en [12] furent par noſ · <strong>et</strong> par les íugeors kı a íugıer en orent · kı par íugement a˘ ˘<br />

le requeſte<br />

289


FAB FRE<br />

0 1162 71.03<br />

1 474 28.97<br />

1636 100<br />

0<br />

1<br />

0 200 400 600 800 1000<br />

TAB. 6.56 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,C5,0,1<br />

(niveaux: phrase, pers-arg, ¬pers-arg, pers, ¬pers)<br />

1270−06−06a<br />

1265−11−13<br />

1268−03−01<br />

1263−03−31<br />

1236−12−15<br />

1270−04−07<br />

1275−01−10b<br />

1273−05−12<br />

1288−02a<br />

1272−03<br />

1270−09−29<br />

1272−06−22<br />

1271−07−07a<br />

1275−08<br />

1265−04−15<br />

1288−02b<br />

1255−05−21<br />

1275−01−10a<br />

1263−05−27b<br />

1277−05−04<br />

1270−05−10<br />

1289−01−12<br />

1265−05a<br />

1290−08−24<br />

1278−08−01<br />

1242−05−02<br />

Attractions (seuil adapté 0.0777%)<br />

1.66e−06 1<br />

17/22 (77%)<br />

18/27 (67%)<br />

16/24 (67%)<br />

13/20 (65%)<br />

8/11 (73%)<br />

10/16 (62%)<br />

10/16 (62%)<br />

8/15 (53%)<br />

8/15 (53%)<br />

21/55 (38%)<br />

5/10 (50%)<br />

5/10 (50%)<br />

6/13 (46%)<br />

7/16 (44%)<br />

9/22 (41%)<br />

7/17 (41%)<br />

8/22 (36%)<br />

5/13 (38%)<br />

4/10 (40%)<br />

4/10 (40%)<br />

3/10 (30%)<br />

7/24 (29%)<br />

5/15 (33%)<br />

5/16 (31%)<br />

10/33 (30%)<br />

4/12 (33%)<br />

FIG. 6.55 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬persarg,<br />

pers, ¬pers)<br />

·· <strong>la</strong>beſſe <strong>et</strong> le couent deuant˘ ˘<br />

dít [13] lor líurarent ceſte terre · par verge · <strong>et</strong> par meſure · <strong>et</strong><br />

abonarent · <strong>et</strong> paıs commandarent par íugement · ſı ke loı porte» (Document 1265–11–13,<br />

7).<br />

6.1.4.4 0,0,C5,0,1 (phrase, pers-arg,¬pers-arg, pers,¬pers): PPF<br />

Les proportions de marquage de c<strong>et</strong>te structure sont parmi les plus élevées (table 6.56).<br />

a. Tendances par document. La décomposition de <strong>la</strong> tabu<strong>la</strong>tion entre les références<br />

<strong>et</strong> PPF indique que l’attraction est caractéristique de trois documents (sept sans les<br />

ajustements, voir figure 6.55). Mais même si l’on r<strong>et</strong>ire les 0,0,C5,0,1 contenus <strong>dans</strong><br />

ces sept chartes de l’échantillon, l’attraction reste du même ordre. 59<br />

b. Contexte immédiat. On peut se pencher sans crainte sur l’examen du contexte<br />

immédiat à <strong>la</strong> suite de ces constituants (figures 6.57 <strong>et</strong> 6.58). Les constructions<br />

qui suivent généralement un de ces circonstants marqués sont les coordonnants, les<br />

0,0,S1,0,0 <strong>et</strong>, <strong>dans</strong> une moindre mesure, les incidentes <strong>et</strong> les 0,1,C5,0,0.<br />

59 Les tests figurent en annexe.<br />

290


1274−05−31b<br />

1265−05b<br />

1260−02−21a<br />

1274−05−31a<br />

1271−12−09<br />

1267−08−28<br />

1271−12−22<br />

1270−04−16<br />

1276−06−10b<br />

1266−06−13<br />

1280−07−20<br />

1278−04−06<br />

1263−05<br />

1283−12−26<br />

1260−05−09<br />

1276−07−22<br />

1270−11−26<br />

1271−03−18<br />

1271−07−07b<br />

1271−04−20<br />

1264−09−07<br />

1270−03−24<br />

1287−09−08<br />

1247−06<br />

1263−05−27c<br />

1271−12−03a<br />

1263−11<br />

1263−05−27a<br />

1236−05<br />

1284−05−11<br />

1271−05−22<br />

1260−05−14<br />

1283−02−13b<br />

1244−01−19<br />

1252−03−01a<br />

1277−06−12<br />

1264−04<br />

1283−02−13a<br />

1265−07−04<br />

1276−06−10a<br />

Répulsions (seuil adapté 0.0777%)<br />

0.0138 1<br />

0/18 (0.0%)<br />

7/51 (13.7%)<br />

0/13 (0.0%)<br />

1/18 (5.6%)<br />

2/22 (9.1%)<br />

3/25 (12.0%)<br />

2/20 (10.0%)<br />

2/19 (10.5%)<br />

2/18 (11.1%)<br />

2/17 (11.8%)<br />

3/20 (15.0%)<br />

1/11 (9.1%)<br />

1/10 (10.0%)<br />

1/10 (10.0%)<br />

2/14 (14.3%)<br />

3/18 (16.7%)<br />

4/22 (18.2%)<br />

2/13 (15.4%)<br />

2/13 (15.4%)<br />

5/25 (20.0%)<br />

3/17 (17.6%)<br />

3/17 (17.6%)<br />

3/16 (18.8%)<br />

2/12 (16.7%)<br />

2/12 (16.7%)<br />

2/12 (16.7%)<br />

8/33 (24.2%)<br />

6/25 (24.0%)<br />

3/14 (21.4%)<br />

3/14 (21.4%)<br />

5/21 (23.8%)<br />

2/10 (20.0%)<br />

2/10 (20.0%)<br />

4/17 (23.5%)<br />

4/17 (23.5%)<br />

3/11 (27.3%)<br />

3/13 (23.1%)<br />

13/45 (28.9%)<br />

4/15 (26.7%)<br />

3/12 (25.0%)<br />

FIG. 6.56 – Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬persarg,<br />

pers, ¬pers)<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,C5,pers,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,A4,pers,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,1,R2,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.270%)<br />

1.43e−06 1<br />

130/327 (40%)<br />

9/11 (82%)<br />

51/121 (42%)<br />

40/103 (39%)<br />

6/10 (60%)<br />

21/65 (32%)<br />

7/22 (32%)<br />

15/50 (30%)<br />

FIG. 6.57 – Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬persarg,<br />

pers, ¬pers)<br />

291


0,0,P0,0,0<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,1,R3,0,1<br />

0,0,C6,0,0<br />

0,1,R2,pers,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.270%)<br />

7.43e−05 1<br />

38/219 (17%)<br />

0/16 (0%)<br />

0/16 (0%)<br />

0/16 (0%)<br />

5/37 (14%)<br />

34/144 (24%)<br />

41/170 (24%)<br />

24/101 (24%)<br />

3/16 (19%)<br />

8/33 (24%)<br />

13/47 (28%)<br />

FIG. 6.58 – Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, ¬persarg,<br />

pers, ¬pers)<br />

FAB FRE<br />

0 11 61.11<br />

1 7 38.89<br />

18 100<br />

0<br />

1<br />

0 2 4 6 8 10<br />

TAB. 6.57 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,C5,¬pers,1 (niveau: phrase)<br />

FAB FRE<br />

1 115 63.54<br />

0 66 36.46<br />

181 100<br />

1<br />

0<br />

0 20 40 60 80 100<br />

TAB. 6.58 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,C5,pers,1<br />

(niveaux: phrase, pers-arg, pers)<br />

6.1.4.5 0,0,C5,¬pers,1 (phrase): PPF<br />

Nous ne pouvons dégager de tendances c<strong>la</strong>ires sur <strong>la</strong> base des attestations examinées,<br />

si ce n’est que deux d’entre elles figurent <strong>dans</strong> le document 1272–03 <strong>et</strong> sont<br />

marquées comme les 0,0,R3,0,1 que nous avons analysés ci-dessus (→6.1.3.11):<br />

« je <strong>la</strong>ıſ aſ ponſ de lıege refaere <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enír · x ſols [. . .] pour doner en couteſ en chemíſeſ <strong>et</strong><br />

en ſollerſ [28] ou promıer íuíer apres me mort · dız mars [. . .] pour querre les orızonſ enſı<br />

com boen ſamblera a meſ foemenſ · xl ſ» (Document 1272–03, 26).<br />

Il est p<strong>la</strong>usible que <strong>la</strong> dimension sémantique prime <strong>dans</strong> ce contexte.<br />

6.1.4.6 0,0,C5,pers,1 (phrase, pers-arg, pers): PPF<br />

’<br />

’<br />

La structure est également très souvent marquée (table 6.58). L’attraction (figure 6.59)<br />

ne semble pas limitée à une charte en particulier 60 <strong>et</strong> l’examen du contexte (figures<br />

6.61 <strong>et</strong> 6.62) ne nous en apprend pas davantage.<br />

60 Voir le tableau en annexe.<br />

292<br />


1272−03<br />

1265−05b<br />

Attractions (seuil adapté 1.70%)<br />

0.0841 1<br />

16/19 (84%)<br />

9/10 (90%)<br />

FIG. 6.59 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)<br />

Répulsions (seuil adapté 1.70%)<br />

1247−06 1/11 (9.1%)<br />

0.000388 1<br />

FIG. 6.60 – Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 1.70%)<br />

0.0474 1<br />

68/96 (71%)<br />

7/10 (70%)<br />

FIG. 6.61 – Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)<br />

Répulsions (seuil adapté 1.70%)<br />

0,0,C5,0,0 5/14 (36%)<br />

0.048 1<br />

FIG. 6.62 – Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,C5,pers,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)<br />

FAB FRE<br />

0 5 50<br />

1 5 50<br />

10 100<br />

0<br />

1<br />

0 1 2 3 4 5<br />

TAB. 6.59 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 1,0,C5,pers,1<br />

(niveau: phrase)<br />

6.1.4.7 1,0,C5,pers,1 (phrase): PPF<br />

Le peu d’attestations <strong>dans</strong> le corpus (voir table 6.59) ne nous <strong>la</strong>isse d’autre choix<br />

que de les citer:<br />

« · se vnſ hom dıſt <strong>la</strong>ıt a autre · v ·» ſouſ doít (Document 1241–09, 4).<br />

«· ſe vnſ hom fıert autre ſanſ ſaínc [5] corant · xx · ſols doít» (Document 1241–09, 4).<br />

«· sıl eſt deuenſ leſ deuſ promıers ans apres [14] me mort generauſ paſſageſ outre mer · je<br />

<strong>la</strong>ıſ a˘ ˘<br />

le croíſ díx marſ de líeíoes» (Document 1272–03, 13).<br />

« se ıe _ſuí _tenue_ pour mı v pour autrvı par promeſſe v par autre raıſon · a perſone v a˘ ˘<br />

líu<br />

a cuí ıe aıe <strong>la</strong>ıſſı<strong>et</strong> v don<strong>et</strong> en ceſt eſcrıt v autrement · íe wel [37] que tout ſo<strong>et</strong> en paıement · /<br />

ſe ıe ne le deuıſe nommeement a paıer» (Document 1272–03, 36).<br />

’<br />

293<br />


FAB FRE<br />

0 303 74.08<br />

1 106 25.92<br />

409 100<br />

0<br />

1<br />

0 50 100 150 200 250 300<br />

TAB. 6.60 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,1,C5,0,0<br />

(niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers, ¬pers)<br />

Attractions (seuil adapté 1.70%)<br />

1265−05b 6/11 (55%)<br />

0.0646 1<br />

FIG. 6.63 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers,<br />

¬pers)<br />

1272−03<br />

1283−02−13a<br />

Répulsions (seuil adapté 1.70%)<br />

0.100 1<br />

1/17 (5.9%)<br />

5/20 (25.0%)<br />

FIG. 6.64 – Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers,<br />

¬pers)<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

Attractions (seuil adapté 0.639%)<br />

9.76e−12 1<br />

39/64 (61%)<br />

36/92 (39%)<br />

FIG. 6.65 – Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers,<br />

¬pers)<br />

«· quant chefut faít ·· lı homme dele chıſe deu / lı commandarent enſ país · <strong>et</strong> lı fıſent toteſ les<br />

droıtureſ / ſı com [15] ſuelt faıre atels veſtureſ» (Document 1274–02–24, 14).<br />

Certains signes figurent devant des chiffres, mais les effectifs sont si faibles que nous<br />

ne pouvons nous prononcer.<br />

6.1.4.8 0,1,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg, pers,¬pers): PPD<br />

Les proportions de marquage sont figurées <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 6.60. Pour peu qu’on puisse<br />

observer les associations entre PPD <strong>et</strong> certains documents (l’effectif est généralement<br />

insuffisant pour ce faire), elles sont toutes non significatives (figures 6.63 <strong>et</strong> 6.64). 61<br />

Quand on regarde de près quelles structures précèdent ces circonstants, on voit que<br />

ce sont principalement d’autres circonstants qui attirent significativement <strong>la</strong> présence<br />

du ponctogramme. Si l’on observe les attestations, on découvre que l’eschatocole revient<br />

fréquemment: 62<br />

61 Voir le tableau en annexe.<br />

62 Voir le dépouillement compl<strong>et</strong> en annexe.<br />

294


0,0,P0,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.639%)<br />

1.11e−07 1<br />

7/109 (6.4%)<br />

0/12 (0.0%)<br />

1/12 (8.3%)<br />

2/16 (12.5%)<br />

11/51 (21.6%)<br />

4/21 (19.0%)<br />

FIG. 6.66 – Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,1,C5,0,0 (niveaux: phrase, ¬pers-arg, pers,<br />

¬pers)<br />

FAB FRE<br />

0 697 84.08<br />

1 132 15.92<br />

829 100<br />

PPD.0 PPD.1<br />

LCF.0 344 87 431<br />

LCF.1 20 31 51<br />

364 118 482<br />

TAB. 6.61 – Tri croisé position finale ou non×PPD<br />

0<br />

1<br />

0 100 200 300 400 500 600<br />

TAB. 6.62 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,1,C5,0,1<br />

(niveaux: phrase, pers-arg, pers)<br />

«· cıſte [24] choze <strong>et</strong> ceſ l<strong>et</strong>treſ furent faıteſ <strong>la</strong>n noſtre ſaíngnor · mılh · deucenſ <strong>et</strong> quarante<br />

troız · le londı apreſ leſ otaueſ de le treme» (Document 1244–01–19, 23).<br />

«· che fut faıt en <strong>la</strong>n del ıncarnatıon noſtre saıngnour ıhesucrıſt · m o · [31] · cc o · lxııj o · le<br />

derrıen ıour de march» (Document 1263–03–31, 30).<br />

«· chefut faıt <strong>et</strong> doneít · <strong>la</strong>n <strong>et</strong> les jours deſeur nomeís» (Document 1289–07–19, 22).<br />

On peut vérifier c<strong>et</strong>te association entre <strong>la</strong> fin de l’eschatocole <strong>et</strong> le marquage<br />

initial en tabu<strong>la</strong>nt une variable binaire indiquant si le constituant est ou non à <strong>la</strong><br />

fin de <strong>la</strong> charte (LCF) avec <strong>la</strong> variable PPD (tableau 6.61). Le tri croisé est par<strong>la</strong>nt<br />

(χ 2 = 38.4907, p=5.502e−10): l’association entre <strong>la</strong> position en fin de charte <strong>et</strong> ce<br />

marquage est n<strong>et</strong>te. Ce qu’on découvre ici est donc à <strong>la</strong> limite de <strong>la</strong> morpho<strong>syntaxe</strong> <strong>et</strong><br />

fait à nouveau entrer en jeu le style formu<strong>la</strong>ire.<br />

6.1.4.9 0,1,C5,0,1 (phrase, pers-arg, pers): PPD<br />

La proportion de 0,1,C5,0,1 marqués à l’initiale est appréciable (table 6.62). Elle ne<br />

paraît pas liée à un document en particulier (<strong>la</strong> probabilité de H0 est très élevée pour<br />

tous les documents, cf. figures 6.67 <strong>et</strong> 6.68).<br />

L’affinité du marquage <strong>et</strong> d’un contexte immédiat constitué d’un autre circonstant<br />

est à nouveau très c<strong>la</strong>ire (figure 6.69). Les 0,1,C5,0,1 prennent des formes très di-<br />

295


1283−02−13a<br />

1271−04−20<br />

1270−05−10<br />

1278−08−01<br />

1270−11−26<br />

1236−05<br />

1272−03<br />

1273−05−12<br />

Attractions (seuil adapté 0.270%)<br />

0.576 1<br />

9/45 (20%)<br />

3/12 (25%)<br />

3/13 (23%)<br />

3/13 (23%)<br />

2/12 (17%)<br />

2/11 (18%)<br />

7/39 (18%)<br />

2/10 (20%)<br />

FIG. 6.67 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)<br />

1267−08−28<br />

1268−03−10<br />

1244−01−19<br />

1266−06−13<br />

1265−11−13<br />

1271−12−09<br />

1260−05−09<br />

1271−12−22<br />

1289−01−12<br />

1276−06−10b<br />

1265−05b<br />

Répulsions (seuil adapté 0.270%)<br />

0.262 1<br />

0/12 (0.0%)<br />

0/12 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

1/12 (8.3%)<br />

1/12 (8.3%)<br />

1/11 (9.1%)<br />

1/11 (9.1%)<br />

3/21 (14.3%)<br />

1/10 (10.0%)<br />

2/16 (12.5%)<br />

FIG. 6.68 – Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,0,R2,¬pers,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.568%)<br />

5.1e−09 1<br />

24/53 (45%)<br />

30/107 (28%)<br />

15/56 (27%)<br />

12/44 (27%)<br />

FIG. 6.69 – Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.568%)<br />

9.54e−09 1<br />

7/213 (3.3%)<br />

1/80 (1.2%)<br />

2/53 (3.8%)<br />

22/162 (13.6%)<br />

4/28 (14.3%)<br />

FIG. 6.70 – Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,1,C5,0,1 (niveaux: phrase, pers-arg, pers)<br />

verses <strong>et</strong> nous n’avons pu dégager de points communs fréquents pour les occurrences<br />

ponctuées. 63<br />

6.1.4.10 0,1,C5,¬pers,1 (phrase, pers): PPD<br />

C<strong>et</strong>te structure, qui prend <strong>la</strong> forme d’une infinitive re<strong>la</strong>tée, est également très peu attestée<br />

(table 6.63). En conséquence, il est prévisible qu’aucun document ne contienne<br />

63 Voir le dépouillement en annexe.<br />

296


FAB FRE<br />

0 30 71.43<br />

1 12 28.57<br />

42 100<br />

0<br />

1<br />

0 5 10 15 20 25 30<br />

TAB. 6.63 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type<br />

0,1,C5,¬pers,1 (niveaux: phrase, pers)<br />

FAB FRE<br />

0 21 70<br />

1 9 30<br />

30 100<br />

0<br />

1<br />

0 5 10 15 20<br />

TAB. 6.64 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,1,C5,pers,1<br />

(niveau: phrase)<br />

assez d’occurrences de <strong>la</strong> construction pour qu’on puisse tester son association. 64<br />

Cependant, <strong>et</strong> <strong>la</strong> différence avec <strong>la</strong> structure qui précède est majeure, ces C5 marqués<br />

sont très cohérents: un coup d’œil sur les attestations, dont voici les trois premières,<br />

65<br />

«· <strong>et</strong> ſıl auenoít que lı eueſkeſ [11] ſe pleínſıſt que hon lı feíſt tort · / noſ deuonſ enuoíer douz<br />

de noſ homeſ <strong>la</strong> v on lí [12] feroıt tort /<br />

· por ſauoír ſe on lı˘ ˘<br />

faſoít tort v non» (Document<br />

1243–07–09, 10).<br />

«· <strong>et</strong> ſı neſt enſı ſe˘ ˘<br />

rauenrat le maıſon maıntenant · por achateır vín [19] <strong>et</strong> oſtez al ſacrament»<br />

(Document 1247–06, 18).<br />

«· <strong>et</strong> par lor jugement cele díme groſſe <strong>et</strong> menue [11] de peres rendıemes nos a <strong>la</strong> maıſon<br />

deuant dıte · por tenír <strong>et</strong> recíuoır perp<strong>et</strong>uement [12] sı comme˘ ˘<br />

lour dıme lıgement» (Document<br />

1265–05b, 10).<br />

montre que le re<strong>la</strong>teur employé est toujours por. On avait pu adm<strong>et</strong>tre, au vu des sections<br />

précédentes – étude du prédicat (→6.1.2.1) <strong>et</strong> des actants (→6.1.3) –, que <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> ne dépendait pas uniquement de <strong>la</strong> morpho<strong>syntaxe</strong>, mais qu’elle suivait<br />

certainement des tendances liées à <strong>la</strong> structure énonciative des documents <strong>et</strong> au style<br />

formu<strong>la</strong>ire. Avec ce type de structure, on peut en outre s’interroger sur les mots employés<br />

pour marquer les re<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> étendre <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> aux considérations<br />

portant sur lexique employé.<br />

6.1.4.11 0,1,C5,pers,1 (phrase): PPD<br />

C<strong>et</strong>te fois, plus du quart des constituants de ce type attirent le marquage (table 6.64).<br />

La tabu<strong>la</strong>tion – reléguée aux annexes – entre les références des documents <strong>et</strong> le marquage<br />

<strong>la</strong>isse voir qu’aucun texte ne rassemble suffisamment d’attestations pour être<br />

évalué.<br />

64 Voir le tableau en annexe.<br />

65 Voir le dépouillement compl<strong>et</strong> en annexe.<br />

297


Du reste, les constructions correspondant à ce type sont très variées. À titre<br />

d’exemple, on peut citer: 66<br />

«· <strong>et</strong> chaſcune de noſ partıeſ · at ceſ le [19]treſ ſemb<strong>la</strong>nz mot a˘ ˘<br />

mot eſcrıteſ · keleſ ne puıſſent<br />

eſtre changıeſ ne muees» (Document 1237–12, 18).<br />

«· <strong>et</strong> ce paıment doıent ılh [8] faıere des díj´s muıs enſı com ılh eſt deuıſ<strong>et</strong> de moıs en moız<br />

entırement · quenke molın auenge» (Document 1252–03–01a, 7).<br />

«· lı quel quatre repromíſent [12] couent a tenír de part mon ſaıngnor gerar de quarante marſ<br />

de lıgoıs · ſılh eıſſoít de nos dís» (Document 1263–03–31, 11).<br />

«· les˘ ˘<br />

quez nos paıerons tant ke nos víuerons · <strong>et</strong> <strong>la</strong> maıſons [14] apres le deces de nos <strong>et</strong> dame<br />

adeılhıen deuant dıte · quant elle entırement <strong>la</strong> dıme recíuerat» (Document 1265–05a, 13).<br />

Si bien que nous n’avons pu leur trouver un point commun qui les caractériserait.<br />

6.1.4.12 Synthèse<br />

a. Cohérence. Bien que souvent trop peu représentées pour perm<strong>et</strong>tre un test en bonne<br />

<strong>et</strong> due forme, les structures <strong>la</strong>issent voir que, <strong>dans</strong> le cas où les effectifs suffisent, il n’y<br />

a pas d’exclusivité ou de quasi exclusivité, comme c’était le cas pour les actants. Les<br />

phénomènes de marquage sont, jusqu’à preuve du contraire, répartis <strong>dans</strong> l’ensemble<br />

du corpus.<br />

b. Contexte. Lorsque les effectifs le perm<strong>et</strong>tent, il est possible de s’assurer que les<br />

constituants attirent une <strong>ponctuation</strong> aux alentours les uns des autres, mais on ne voit<br />

pas reparaître les actants attirant le marquage repérés précédemment. Ce<strong>la</strong> conforte<br />

l’idée de l’indépendance du marquage.<br />

Les circonstants marqués se rencontrent <strong>dans</strong> l’entourage d’autres C5, ce qui ne<br />

choque pas <strong>dans</strong> les quelques cas évalués. Théoriquement, <strong>la</strong> définition des circonstants<br />

<strong>dans</strong> le modèle fait qu’ils ne sont pas considérés comme prévus par le schéma<br />

actanciel du lexème verbal assumant <strong>la</strong> fonction P0 (→3.4.2.3). Par conséquent, le<br />

nombre de constituants possibles n’est pas fixé. Les différents circonstants sélectionnant<br />

le même prédicat peuvent généralement être jugés indépendants, mais le fait<br />

relevé ci-dessus nous incite à nous demander s’il ne vaudrait pas mieux les décrire<br />

comme des coordonnés. En eff<strong>et</strong>, prenons l’exemple suivant:<br />

«· [Elles 67 ] furent faıteſ <strong>la</strong>n noſtre ſaíngnor · mılh · deucenſ <strong>et</strong> quarante troız · le londı apreſ<br />

leſ otaueſ de le treme» (Document 1244–01–19, 24).<br />

C<strong>et</strong>te phrase, qui contient les deux circonstants <strong>la</strong>n noſtre ſaíngnor mılh deucenſ <strong>et</strong><br />

quarante troız <strong>et</strong> le londı apreſ leſ otaueſ de le treme, est représentée comme <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> figure 6.71 d’après notre modèle, ce qui n’est pas très différent de ce qu’on observe<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 6.72. 68 Il existe cependant une re<strong>la</strong>tion sémantique entre les deux<br />

circonstants qui n’est pas du même ordre que celle observée généralement en cas de<br />

66 Voir le dépouillement compl<strong>et</strong> en annexe.<br />

67 Nous pronominalisons cıſte choze <strong>et</strong> ceſ l<strong>et</strong>treſ pour simplifier l’exposé.<br />

68 Voir 3.4.7.2 sur <strong>la</strong> schématisation de <strong>la</strong> coordination.<br />

298


l’an Nostre Saignor. . . le londi aprés. . . <br />

C5 C5<br />

furent faites<br />

S1<br />

[Elles]<br />

FIG. 6.71 – Structure d’une phrase comprenant deux circonstants (modèle<br />

choisi)<br />

coordination<br />

<br />

l’an Nostre Saignor. . . le londi aprés. . .<br />

C5 C5<br />

furent faites<br />

S1<br />

[Elles]<br />

FIG. 6.72 – Structure d’une phrase comprenant deux circonstants (modèle<br />

alternatif)<br />

coordination. Ce<strong>la</strong> se traduit morphosyntaxiquement par l’absence généralisée de coordonnant<br />

spécifiant <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre les deux C5.<br />

Qu’on accepte l’idée que les circonstants sont coordonnés ou non ne change rien<br />

à l’attraction qu’ils manifestent de manière générale par rapport au marquage. C<strong>et</strong>te<br />

attraction semble d’autant plus forte que les circonstants sont en contact les uns avec<br />

les autres.<br />

c. Hors de <strong>la</strong> morpho<strong>syntaxe</strong>. À <strong>la</strong> liste des formules relevées jusqu’à présent, il faut<br />

peut-être ajouter <strong>la</strong> portion finale de l’eschatocole, de forme variée.<br />

Par ailleurs, l’étude des 0,1,C5,¬pers a mis en évidence l’emploi systématique<br />

du re<strong>la</strong>teur por. Pour approfondir l’étude de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre les lexèmes mobilisés,<br />

les structures qu’ils servent à construire <strong>et</strong> leur <strong>ponctuation</strong>, il serait nécessaire de<br />

lemmatiser le corpus. L’entreprise pourrait commencer par les adverbes re<strong>la</strong>teurs.<br />

d. Proportions expliquées. Si l’on adm<strong>et</strong> de ranger les constituants parmi les unités<br />

attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>, on peut dresser <strong>la</strong> liste des attractions, de <strong>la</strong> même manière<br />

que nous l’avons fait ci-dessus pour les actants. Ainsi, pour <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale, les<br />

circonstants attirant sa présence sont:<br />

– 0,0,C5,pers,0;<br />

– 0,1,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg,pers,¬pers);<br />

– 0,0,C5,0,1 (pers,¬pers);<br />

– 0,1,C5,0,1 (phrase,pers-arg,pers);<br />

– 0,1,C5,¬pers,1 (pers,phrase);<br />

– 0,1,C5,pers,1 (phrase).<br />

299


P.0 P.1<br />

ActCirc.0 54919 3479 58398<br />

ActCirc.1 2696 1093 3789<br />

57615 4572 62187<br />

χ 2 = 2733.45, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

P.0 P.1<br />

12.26 -154.49<br />

-188.95 2381.1<br />

θ 6.4<br />

TAB. 6.65 – Proportions de marquage expliqué par <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des<br />

compléments<br />

FAB FRE<br />

0 3479 76.09<br />

1 1093 23.91<br />

4572 100<br />

0<br />

1<br />

0 500 1000 1500 2000 2500 3000<br />

TAB. 6.66 – Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de complément ou non) pour<br />

les positions ponctuées<br />

Parallèlement, pour <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale, nous r<strong>et</strong>enons les attractions impliquant les<br />

constituants:<br />

– 0,0,C5,pers,0;<br />

– 0,0,C5,0,0 (¬pers-arg,¬pers);<br />

– 0,0,C5,0,1 (phrase,pers-arg,¬pers-arg,pers,¬pers);<br />

– 0,0,C5,¬pers,1 (phrase);<br />

– 0,0,C5,pers,1 (phrase,pers-arg,pers);<br />

– 1,0,C5,pers,1 (phrase).<br />

Nous pouvons ainsi reconsidérer les résultats de <strong>la</strong> synthèse sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des<br />

actants (→6.1.3.14), <strong>et</strong> construire un tri croisé sur <strong>la</strong> base de <strong>la</strong> définition de chaque<br />

position entre deux mots (limites de l’énoncé exceptées) par deux variables répondant<br />

aux questions: <strong>la</strong> position est-elle à <strong>la</strong> limite d’un actant ou d’un circonstant attirant<br />

<strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> à c<strong>et</strong> endroit? <strong>la</strong> position est-elle effectivement marquée d’un ponctogramme?<br />

Ce<strong>la</strong> nous perm<strong>et</strong> de construire <strong>la</strong> table 6.65. En dehors du marquage de <strong>la</strong><br />

phrase, les positions reconnues comme attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> sont significativement<br />

beaucoup plus marquées que les autres.<br />

À nouveau, si nous envisageons les exceptions à ces tendances, il est plus fréquent<br />

que les positions ne soient pas marquées alors que le contexte attire <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

plutôt que le contraire. Ainsi, considérer les circonstants comme des environnements<br />

propices à l’apparition de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> perm<strong>et</strong> d’augmenter <strong>la</strong> proportion de ponctogrammes<br />

expliqués par leur position (table 6.66) sans pour autant augmenter de manière<br />

démesurée <strong>la</strong> quantité de constructions non marquées alors qu’elles pourraient<br />

l’être (table 6.67).<br />

6.1.5 Coordination<br />

D’après les analyses effectuées jusqu’à présent, l’influence de <strong>la</strong> coordination sur<br />

l’emploi de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> est apparemment aussi importante que généralisée. On a<br />

en eff<strong>et</strong> vu apparaître son influence tant aux alentours du prédicat que des actants <strong>et</strong><br />

300


FAB FRE<br />

0 54919 95.32<br />

1 2696 4.68<br />

57615 100<br />

0<br />

1<br />

0 10000 20000 30000 40000 50000<br />

TAB. 6.67 – Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de complément ou non) pour<br />

les positions non ponctuées<br />

même, <strong>dans</strong> une certaine mesure, des circonstants. La coordination est donc un type de<br />

construction qui touche tous les niveaux d’intégration syntaxique. En tant que telle, on<br />

pourrait exiger de l’étude du marquage de <strong>la</strong> coordination qu’elle tienne compte d’un<br />

important nombre de variables pour être tout à fait fiable. Néanmoins, <strong>la</strong> généralité de<br />

<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion sur le p<strong>la</strong>n morphosyntaxique justifie une approche unifiée, où les coordinations<br />

de niveaux argumental <strong>et</strong> immédiat seront étudiées sans être distinguées.<br />

Les données ont été sélectionnées <strong>et</strong> annotées (→6.1.5.1) de manière à perm<strong>et</strong>tre<br />

un traitement approprié de <strong>la</strong> problématique (→6.1.5.2).<br />

6.1.5.1 Préparation des données<br />

La sélection des constituants qui formeront l’échantillon de notre analyse devra tenir<br />

compte de ce que nous avons découvert à ce point de l’exposé (a). Les variables disponibles<br />

ne suffisant pas à aborder les coordinations, nous serons amené à définir une<br />

nouvelle variable, plus adéquate au traitement de <strong>la</strong> problématique (b <strong>et</strong> c).<br />

a. Sélection des individus. L’étude de <strong>la</strong> phrase, des actants <strong>et</strong> des circonstants a mis<br />

en évidence une série d’environnements qui favorisaient l’apparition de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>.<br />

Il est probable que ces tendances interagissent avec <strong>la</strong> manière dont <strong>la</strong> coordination<br />

influence <strong>la</strong> présence des ponctogrammes. Dans une logique simi<strong>la</strong>ire à celle qui<br />

nous a poussé à écarter les propositions partageant une de leurs limites avec une autre<br />

quand nous avons étudié leur marquage, 69 il nous paraît profitable de ne pas intégrer<br />

à l’échantillon les constituants dont <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> peut déjà être «expliquée» par un<br />

des environnements pouvant être considérés comme <strong>la</strong> justifiant.<br />

b. Ajout d’une nouvelle variable. Pour étudier de manière approfondie <strong>la</strong> construction,<br />

nous avons dû créer une nouvelle variable décrivant les constituants, à <strong>la</strong>quelle<br />

nous avons assigné le sigle MC. Les modalités de c<strong>et</strong>te variable décrivent <strong>la</strong> position<br />

du constituant <strong>dans</strong> un ensemble coordonné: MC.¬coord indique que l’unité n’est pas<br />

coordonnée; MC.début signifie qu’il s’agit de <strong>la</strong> première unité du groupe coordonné;<br />

MC.fin qu’il s’agit de <strong>la</strong> dernière <strong>et</strong> MC.centre que l’unité est coordonnée, mais n’est<br />

ni en première, ni en dernière position. Par exemple, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phrase:<br />

«[1] jakemes lı prouoſt · johans lı doınſ · lı archıakene <strong>et</strong> toz lı capıtelez [. . .]» (Document<br />

1236–05, 1).<br />

<strong>la</strong> valeur de MC pour le constituant jakemes lı prouoſt est MC.début; celle de johans lı<br />

doınſ <strong>et</strong> de lı archıakene est MC.centre; celle de toz lı capıtelez correspond à MC.fin.<br />

Plusieurs constituants peuvent ainsi avoir comme modalité MC.centre tout en faisant<br />

69 Voir→6.0.1.2 sur les raisons qui nous poussent à r<strong>et</strong>irer de chaque échantillon les unités<br />

partageant une de leurs limites avec une autre unité du même échantillon.<br />

301


PPD.0 PPD.1<br />

MC.¬coord. 67480 2996 70476<br />

MC.début 2284 414 2698<br />

MC.fin 2872 139 3011<br />

MC.centre 2677 1559 4236<br />

75313 5108 80421<br />

χ 2 = 7508.82, ddl=3, p= 0 ★★★<br />

PPD.0 PPD.1<br />

33.2 ★★★ −489.55 ★★★<br />

−23.3 ★★★ 343.54 ★★★<br />

0.97 ✩✩✩ −14.27 ★★★<br />

−419.46 ★★★ 6184.53 ★★★<br />

TAB. 6.68 – Tri croisé des positions de coordination <strong>et</strong> PPD<br />

partie du même groupe coordonné. Pour simplifier le traitement, le coordonnant qui<br />

spécifie <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion reçoit <strong>la</strong> modalité de MC correspondant à sa position, exactement<br />

comme s’il était lui-même coordonné, c’est-à-dire, généralement MC.centre.<br />

c. Cas particulier des groupes de constituants. Le traitement est plus complexe <strong>dans</strong><br />

le cas de coordination de groupes de constituants, comprenant par exemple un prédicat<br />

<strong>et</strong> un ensemble d’arguments:<br />

«· <strong>et</strong> [10] ıe cel meíme droıt [. . .] lor quıtte auſı <strong>et</strong> lor done en almoıne / ſe nul droıt ı˘ ˘<br />

aj»<br />

(Document 1268–08–02b, 9).<br />

La valeur de MC pour les différents arguments dépend alors de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> étudiée<br />

(initiale ou finale). Dans tous les cas, les arguments regroupés <strong>dans</strong> un membre<br />

coordonné qui ne se trouvent ni au début, ni à <strong>la</strong> fin de ce membre reçoivent <strong>la</strong> modalité<br />

MC.¬coord. C’est le cas de done <strong>et</strong> en <strong>dans</strong> l’exemple ci-dessus. Si on étudie<br />

<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> coordination <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale, tout argument autre que le<br />

premier du groupe sera également MC.¬coord, alors que le premier sera MC.début,<br />

MC.centre ou MC.final, en fonction de <strong>la</strong> position de l’ensemble du groupe <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

structure rassemb<strong>la</strong>nt les éléments coordonnés. Par exemple, seul le constituant lor<br />

sera décrit par <strong>la</strong> modalité MC.début. Pour <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale, on procède de même,<br />

mais en ne marquant que l’argument final (ici, almoıne).<br />

6.1.5.2 Analyse<br />

Nous n’avons à ce jour pas développé de moyen perm<strong>et</strong>tant d’extraire efficacement le<br />

contexte immédiat des groupes coordonnés. Aussi, les analyses fournies ci-dessous ne<br />

tiennent pas compte des constituants qui précèdent ou suivent les groupes coordonnés.<br />

Pour étudier <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des différents membres coordonnés, il ne paraît pas<br />

nécessaire d’aborder distinctement <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale des<br />

constituants. Nous commencerons par traiter <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale <strong>dans</strong> toutes les<br />

positions correspondant aux modalités de <strong>la</strong> variable MC (a, b <strong>et</strong> c) avant de nous<br />

focaliser sur le marquage final du dernier membre (d).<br />

a. Tabu<strong>la</strong>tion générale. Une fois l’échantillon sélectionné <strong>et</strong> les constituants décrits<br />

à l’aide de <strong>la</strong> variable MC, il est aisé de construire <strong>la</strong> tabu<strong>la</strong>tion 6.68, qui croise les<br />

modalités de <strong>la</strong> nouvelle variable avec celles de PPD. La venti<strong>la</strong>tion est très significative.<br />

La décomposition de l’écart, sur le tableau de droite, présente principalement les<br />

MC.¬coord <strong>et</strong> les MC.fin comme repoussant PPD.1.<br />

302


PPD.0 PPD.1<br />

MC.¬coord. 67480 2996 70476<br />

MC.début 2284 414 2698<br />

69764 3410 73174<br />

χ 2 = 717.29, ddl=1, p= 5.21e−158 ★★★<br />

PPD.0 PPD.1<br />

1.24 -25.3<br />

-32.31 660.94<br />

θ 4.08<br />

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons: ★★★ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)<br />

TAB. 6.69 – Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord <strong>et</strong><br />

MC.début <strong>et</strong> PPD<br />

PPD.0 PPD.1<br />

MC.¬coord. 67480 2996 70476<br />

MC.centre 2677 1559 4236<br />

70157 4555 74712<br />

χ 2 = 7390.31, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

PPD.0 PPD.1<br />

25.57 -393.77<br />

-425.35 6551.31<br />

θ 13.1<br />

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons: ★★★ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)<br />

TAB. 6.70 – Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord <strong>et</strong><br />

MC.centre <strong>et</strong> PPD<br />

PPD.0 PPD.1<br />

MC.¬coord. 67446 2979 70425<br />

MC.centre 562 931 1493<br />

68008 3910 71918<br />

χ 2 = 9597.14, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

PPD.0 PPD.1<br />

10.84 -188.62<br />

-511.54 8897.43<br />

θ 37.5<br />

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons: ★★★ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)<br />

TAB. 6.71 – Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord <strong>et</strong><br />

MC.centre <strong>et</strong> PPD (coordonnants r<strong>et</strong>irés)<br />

b. Attractions. Lorsqu’on compare séparément <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de MC.¬coord <strong>et</strong> des<br />

modalités MC.début <strong>et</strong> MC.centre, 70 on voit tout d’abord que l’attraction est effective<br />

pour MC.début (table 6.69).<br />

De même (table 6.70), 71 les constituants MC.centre (parmi lesquels on compte<br />

les coordonnants, rappelons-le) s’opposent également à <strong>la</strong> tendance propre à <strong>la</strong> noncoordination.<br />

En r<strong>et</strong>irant les coordonnants (table 6.71), le rapport de chances est n<strong>et</strong>tement<br />

plus élevé.<br />

c. Répulsions. Les constituants non coordonnés <strong>et</strong> les constituants finaux d’une coordination<br />

s’opposent ensemble à <strong>la</strong> présence de marquage. Ils peuvent à leur tour<br />

être comparés (table 6.72). Les constituants qui rej<strong>et</strong>tent <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> ne s’opposent<br />

pas entre eux significativement. L’observation de quelques attestations perm<strong>et</strong> d’en<br />

entrevoir <strong>la</strong> raison:<br />

70 La répartition des attractions par document ne modifie pas l’orientation <strong>et</strong> <strong>la</strong> significativité<br />

de l’écart. Voir l’annexe 6.1.5.figure-coord-init.<br />

71 La répartition des attractions par document ne modifie pas l’orientation <strong>et</strong> <strong>la</strong> significativité<br />

de l’écart. Voir 6.1.5.figure-coord-centre.<br />

303


PPD.0 PPD.1<br />

MC.¬coord. 67480 2996 70476<br />

MC.fin 2872 139 3011<br />

70352 3135 73487<br />

χ 2 = 0.86, ddl=1, p= 0.355 ✩✩✩<br />

PPD.0 PPD.1<br />

0 -0.04<br />

-0.04 0.87<br />

θ 1.09<br />

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons: ✩✩✩ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)<br />

TAB. 6.72 – Tri croisé des positions de coordination MC.¬coord <strong>et</strong><br />

MC.fin <strong>et</strong> PPD<br />

0,0,Ap,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

1,0,Ap,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 1.27%)<br />

4.56e−237 1<br />

78/112 (70%)<br />

17/24 (71%)<br />

7/13 (54%)<br />

FIG. 6.73 – Marquage initial de MC.fin par constituant précédent<br />

Répulsions (seuil adapté 1.27%)<br />

0,0,Co,0,0 29/2771 (1.0%)<br />

1e−300 1<br />

FIG. 6.74 – Marquage initial de MC.fin par constituant précédent<br />

«· ˙yſabeaz [recevra] · ııj · ſoz · de cenſ [. . .] · ſelle perſoure en relıgıon · <strong>et</strong> ſelle est mananſ á<br />

ſaínt crıſtofle» (Document 1247–06, 17).<br />

«· lı tenant ſunt ſıres henrotte de nuefvıs · t˙yrıs de pre<strong>et</strong> · v<strong>la</strong>r le / [19] peıſſıres <strong>et</strong> gılez lı<br />

chínuz <strong>et</strong> autre prodome · louuís de flemale maıres de lıege · ewras de lowe <strong>et</strong> <strong>la</strong>mbeılhoırs<br />

pan / [20]cherons» (Document 1252–03–01a, 18).<br />

La présence d’un coordonnant devant le dernier membre semble impliquer le nonmarquage.<br />

Et en eff<strong>et</strong>, si l’on examine les constituants qui précèdent un individu à <strong>la</strong><br />

modalité MC.fin <strong>et</strong> qu’on croise leur type (MM) avec <strong>la</strong> présence de <strong>ponctuation</strong>, <strong>la</strong><br />

recherche des modalités de MM particulièrement significatives donne des graphiques<br />

peu fournis, mais limpides (figures 6.73 <strong>et</strong> 6.74): <strong>dans</strong> tous les cas où MC.fin n’est<br />

pas précédé d’un coordonnant, il y a attraction significative du marquage. La situation<br />

est très fréquente <strong>dans</strong> le cas des nombres:<br />

«· sacent [2] tuj´t ken <strong>la</strong>n delle jncarnatıon noſtre ſaínor jhesucrıſt · m · cc · lxíj´ · [. . .]»<br />

(Document 1263–07–20, 1).<br />

Toutefois, l’attraction est également visible <strong>dans</strong> des contextes moins spécifiques:<br />

«· apres nos auons teılh conuent entre nos <strong>et</strong> les deuant˘ ˘<br />

dıs maıeur / ſkeuíns / jureıs <strong>et</strong> tot<br />

lecommun / [13] ke tote lımoıtıes des preus <strong>et</strong> des rentes kı uenront de celle halle dor en˘ ˘<br />

auant<br />

ſerat noſtre [. . .]» (Document 1263–11, 12).<br />

où l’ensemble maıeur / ſkeuíns / jureıs est apposé à les deuant dıs. D’autres contextes<br />

sont possibles, comme:<br />

304


[constituant]<br />

spécification<br />

<br />

re<strong>la</strong>tion mot spécifiant reste du constituant<br />

FIG. 6.75 – Représentation de <strong>la</strong> spécification (rappel)<br />

re<strong>la</strong>tion<br />

addition<br />

<br />

[Ermensens. . . marchisse d’Arlon] [<strong>et</strong>] [Henri. . . marchis d’Arlon]<br />

S1 S1<br />

faisons<br />

R2<br />

[conissiance ke. . .]<br />

FIG. 6.76 – Structure de Ermensens. . . <strong>et</strong> Henri. . . (rappel)<br />

«· <strong>et</strong> de tout ce ke deſeure · eſt dıt deuons nous faıre boene ſevrteı au conte deuant dıt par<br />

nos l<strong>et</strong>res <strong>et</strong> par [10] les l<strong>et</strong>res dou chapıtle deuant dıt · <strong>et</strong> les l<strong>et</strong>rres de nos boenes uıles · <strong>et</strong><br />

par les l<strong>et</strong>res le conte de los / mon ſegneur wıl<strong>la</strong>ume dauteríue · le [11] ſegneur de stene · le<br />

ſegneur de borne · mon ſegneur renart dargentea · le ſegneur de moreaumeıs · mon ſegneur<br />

therrı de rochefort · mon ſegneur go / [12]defroı de caumont» (Document 1263–05–27c, 9).<br />

La distinction entre les chiffres (romains) <strong>et</strong> les autres appositions ne relevant pas de<br />

<strong>la</strong> morpho<strong>syntaxe</strong> – du moins <strong>dans</strong> le modèle que nous proposons –, nous n’avons pu<br />

traiter efficacement le marquage l’environnant.<br />

En attendant une étude précise du suj<strong>et</strong>, on peut toutefois se risquer à commenter<br />

c<strong>et</strong>te opposition entre le marquage du dernier membre par un ponctogramme ou par<br />

un re<strong>la</strong>teur. À notre avis, elle rem<strong>et</strong> en question <strong>la</strong> manière dont nous avons analysé<br />

<strong>la</strong> spécification de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de coordination ainsi que <strong>la</strong> position du coordonnant<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> hiérarchie syntaxique. En eff<strong>et</strong>, comme les tendances générales l’ont montré,<br />

<strong>et</strong> comme nous n’allons pas tarder à le détailler (→6.3), le rej<strong>et</strong> de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale<br />

est commun aux coordonnants <strong>et</strong> aux autres re<strong>la</strong>teurs. Or, <strong>la</strong> position du re<strong>la</strong>teur<br />

<strong>dans</strong> l’emboîtement des constituants est celle schématisée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> structure 6.75, suivant<br />

<strong>la</strong> conception généralement admise que nous avons faite nôtre (→3.2.2.2). Au<br />

contraire, quand nous avons analysé d’une manière qui illustre notre conception de <strong>la</strong><br />

coordination (→3.4.7.2) <strong>la</strong> phrase suivante,<br />

«[. . .] Ermensens, contesse de Luceleborc <strong>et</strong> de La Roche <strong>et</strong> marchisse d’Arlon, <strong>et</strong> Henris,<br />

ses fils, quens de Lucele-[2]-borc <strong>et</strong> marchis d’Arlons, faisons conissiance [. . .] ke [. . . ]»<br />

(Document 1242–05–02, 1).<br />

nous avons dessiné le schéma 6.76. Dans ce dernier, le re<strong>la</strong>teur <strong>et</strong> est extérieur aux<br />

deux membres coordonnés.<br />

Toutefois, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> semble se conformer plus aisément à une analyse qui<br />

traiterait de manière identique le coordonnant <strong>et</strong> les autres re<strong>la</strong>teurs (figure 6.77).<br />

305


[membre 1]<br />

spécification<br />

<br />

coordination [coordonnant] membre 2<br />

FIG. 6.77 – Représentation de <strong>la</strong> spécification de <strong>la</strong> coordination (revue)<br />

PPF.0 PPF.1<br />

MC.¬coord. 56124 5415 61539<br />

MC.début 1910 714 2624<br />

MC.fin 1237 255 1492<br />

MC.centre 3466 925 4391<br />

62737 7309 70046<br />

χ 2 = 1568.01, ddl=3, p= 0 ★★★<br />

PPF.0 PPF.1<br />

18.37 ★★★ −157.71 ★★★<br />

−82.45 ★★★ 707.71 ★★★<br />

−7.38 ✩★★ 63.36 ★★★<br />

−55.41 ★★★ 475.62 ★★★<br />

TAB. 6.73 – Tri croisé des positions de coordination (sans MF.Co) <strong>et</strong><br />

PPF<br />

d. Marquage final du dernier constituant. Le marquage final du dernier constituant<br />

coordonné 72 paraît également significatif. En r<strong>et</strong>irant les coordonnants de l’échantillon,<br />

on construit effectivement le tri croisé 6.73. Quand on regarde le tableau de<br />

droite, <strong>la</strong> décomposition de l’écart indique que tous les constituants coordonnés attirent<br />

le marquage par rapport à une non-coordination. Puisque toutes les positions<br />

impliquées <strong>dans</strong> <strong>la</strong> coordination ont été abordées <strong>dans</strong> l’exposé sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale,<br />

seule nous intéresse l’avant-dernière ligne du tri croisé, qui montre que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

finale est généralement attirée par le dernier membre. Cependant, l’attraction<br />

paraît moins forte que pour les constituants au début ou au milieu de <strong>la</strong> coordination.<br />

6.1.5.3 Synthèse<br />

Nous arrivons ainsi à <strong>la</strong> conclusion que le marquage des membres d’une coordination<br />

est généralisé: quelle que soit leur position, ils sont marqués, à moins qu’ils ne soient<br />

précédés directement d’un coordonnant. C<strong>et</strong>te tendance au marquage <strong>et</strong> <strong>la</strong> force de<br />

l’exception qui lui est associée nous perm<strong>et</strong>tent, d’une part, d’augmenter sensiblement<br />

<strong>la</strong> proportion de ponctogrammes pouvant être expliqués <strong>et</strong>, d’autre part, de critiquer<br />

le modèle employé.<br />

a. Proportions expliquées. Sans tenir compte des positions entre les mots se trouvant<br />

aux limites de constituants qui pourraient justifier <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>, 73<br />

nous pouvons – comme nous l’avons fait précédemment pour ces constituants attirant<br />

<strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> – construire un tri croisé des positions entre les mots. Celui-ci est<br />

fondé sur deux variables dichotomiques: 1/ <strong>la</strong> position est-elle au début ou à <strong>la</strong> fin<br />

d’un membre coordonné (mais pas à <strong>la</strong> fin d’un coordonnant)? 2/ <strong>la</strong> position est-elle<br />

ponctuée? Le résultat prend <strong>la</strong> forme de <strong>la</strong> table 6.74. Non seulement le test duχ 2<br />

est significatif, mais de plus, le rapport de chances est particulièrement élevé. La pro-<br />

72 La répartition par document ne paraît pas significative, voir annexe 6.1.5.figure-coord-fin.<br />

73 Voir ci-dessus les sections sur le marquage de <strong>la</strong> phrase (→6.1.1), des actants (→6.1.3) <strong>et</strong><br />

des circonstants (→6.1.4).<br />

306


P.0 P.1<br />

Coord.0 49266 2147 51413<br />

Coord.1 8349 2425 10774<br />

57615 4572 62187<br />

χ 2 = 4391.94, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

P.0 P.1<br />

55.98 -705.4<br />

-267.12 3366.14<br />

θ 6.66<br />

TAB. 6.74 – Proportions de marquage expliqué par <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de <strong>la</strong><br />

coordination<br />

FAB FRE<br />

1 2425 53.04<br />

0 2147 46.96<br />

4572 100<br />

1<br />

0<br />

0 500 1000 1500 2000<br />

TAB. 6.75 – Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de coordination ou non) pour<br />

les positions ponctuées<br />

FAB FRE<br />

0 49266 85.51<br />

1 8349 14.49<br />

57615 100<br />

0<br />

1<br />

0 10000 20000 30000 40000<br />

TAB. 6.76 – Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de coordination ou non) pour<br />

les positions non ponctuées<br />

portion de ponctogrammes aux limites des constituants coordonnés explique un grand<br />

nombre d’occurrences.<br />

Les tris à p<strong>la</strong>t correspondant aux colonnes de ce tri croisé montrent en eff<strong>et</strong> en<br />

quelle mesure ces décomptes sont importants. Plus de <strong>la</strong> moitié des ponctogrammes<br />

attestés sont impliqués <strong>dans</strong> une coordination (table 6.75). Mais ce<strong>la</strong> ne signifie pas<br />

pour autant que le marquage soit systématique (table 6.76): plus que toute autre tendance,<br />

celle du marquage de <strong>la</strong> coordination est loin d’être une règle. Il nous semble<br />

que ce<strong>la</strong> soulève une autre question que nous ne sommes pas encore en mesure de<br />

traiter pour des raisons techniques: 74 le nombre de membres impliqués <strong>dans</strong> <strong>la</strong> coordination,<br />

ou <strong>la</strong> nature de ces membres (groupements de constituants argumentaux ou<br />

simples constituants) n’influencent-ils pas le marquage?<br />

Néanmoins, nous pouvons nous satisfaire de ces résultats provisoires <strong>et</strong> les combiner<br />

à ceux livrés par l’étude du marquage des phrases <strong>et</strong> des constituants de <strong>syntaxe</strong><br />

argumentale (table 6.77). Les proportions de <strong>la</strong> deuxième colonne du tri croisé <strong>la</strong>issent<br />

voir qu’une grande partie des ponctogrammes peuvent être justifiés par une des tendances<br />

mises à jour (table 6.78). Quant à <strong>la</strong> première colonne (table 6.79), elle nous<br />

indique que les environnements attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> sont généralement marqués.<br />

b. Critique du modèle. Par ailleurs, l’examen de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de <strong>la</strong> coordination a<br />

mené à revisiter <strong>la</strong> manière dont nous avons analysé les coordonnants <strong>dans</strong> le corpus.<br />

Nous proposons de tenter l’expérience de leur appliquer une analyse simi<strong>la</strong>ire à celle<br />

74 Voir→0.5.2 sur les difficultés posées par le traitement automatisé des données.<br />

307


P.0 P.1<br />

any.0 47057 1335 48392<br />

any.1 11063 4712 15775<br />

58120 6047 64167<br />

χ 2 = 10241.32, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

P.0 P.1<br />

237.34 -2281.19<br />

-728.08 6997.88<br />

θ 15<br />

TAB. 6.77 – Proportions de marquage expliqué par une tendance générale<br />

FAB FRE<br />

1 4712 77.92<br />

0 1335 22.08<br />

6047 100<br />

1<br />

0<br />

0 1000 2000 3000 4000<br />

TAB. 6.78 – Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de constituant attirant le marquage<br />

ou non) pour les positions ponctuées<br />

FAB FRE<br />

0 47057 80.97<br />

1 11063 19.03<br />

58120 100<br />

0<br />

1<br />

0 10000 20000 30000 40000<br />

TAB. 6.79 – Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de constituant attirant le marquage<br />

ou non) pour les positions non ponctuées<br />

que nous avons employée pour traiter les autres re<strong>la</strong>teurs. Un marquage réparti de <strong>la</strong><br />

sorte:<br />

⊗ constituant A⊗constituant B⊗<br />

est une invitation visuelle à considérer que le contenu du constituant B forme un bloc.<br />

Plus qu’une simple correction de détail, c<strong>et</strong>te révision montre que <strong>la</strong> confrontation<br />

de phénomènes peut ouvrir <strong>la</strong> réflexion sur les modèles qui ont servi à les formaliser.<br />

6.2 Syntaxe immédiate<br />

Dans une analyse déductive comme <strong>la</strong> nôtre, <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> immédiate doit forcément être<br />

abordée en dernier lieu. Comme nous l’avons annoncé <strong>dans</strong> <strong>la</strong> synthèse du chapitre<br />

→5, <strong>la</strong> présence de <strong>ponctuation</strong> autour des constituants au niveau de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> immédiate<br />

peut très bien être due à des phénomènes de marquage intervenant plus haut<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> hiérarchie syntaxique ou à des phénomènes généraux, comme <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

de <strong>la</strong> coordination.<br />

Si nous considérons que les tendances décelées <strong>dans</strong> <strong>la</strong> section→6.1 «expliquent»<br />

<strong>la</strong> présence d’un grand nombre de ponctogrammes, ceux d’entre eux pouvant être justifiés<br />

par une de ces tendances ne doivent pas être pris en compte pour tenter de découvrir<br />

les attractions <strong>et</strong> répulsions liant les modalités de MM <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> en <strong>syntaxe</strong><br />

immédate. En conséquence, nous devrons commencer l’étude par une révision des ta-<br />

308


leaux synoptiques proposés (→6.2.1). Nous serons alors en mesure de repérer les<br />

tendances, auxquelles nous donnerons le nom de ruptures, qui méritent un traitement<br />

approfondi (→6.2.2).<br />

6.2.1 Révision des tableaux synoptiques pour <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> immédiate<br />

Avant de commencer les analyses, nous allons sélectionner exclusivement les individus<br />

dont le marquage éventuel ne peut être imputé à une des tendances déjà repérées<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> section précédente. Par exemple, <strong>dans</strong>:<br />

«[1] jakemes lı prouoſt · johans lı doınſ · lı archıakene <strong>et</strong> toz lı capıtelez [. . .]» (Document<br />

1236–05, 1).<br />

les différents ‹·› qui séparent les syntagmes jakemes lı prouoſt, johans lı doınſ, <strong>et</strong>c.<br />

peuvent être expliqués par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de coordination <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle ils sont impliqués.<br />

Il n’est pas utile de compter le constituant johans parmi les 1,0,Ap,0,0, de l’échantillon<br />

servant aux tris croisés de MM <strong>et</strong> PPD en contexte MI.synt-arg, puisque le ponctogramme<br />

qui le précède peut être interprété comme une marque due à <strong>la</strong> coordination.<br />

S’il n’y avait pas eu de ponctogramme à c<strong>et</strong> endroit, il n’aurait pas été utile non plus<br />

de garder le constituant.<br />

De même, les constituants dont le premier mot se trouve au début d’une phrase<br />

ou d’un actant ou circonstant attirant PPD.1 doivent être r<strong>et</strong>irés de l’échantillon quand<br />

nous étudions <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre MM <strong>et</strong> PPD. Pareillement, les tris croisés entre MM <strong>et</strong><br />

PPF sont effectués sur un échantillon ne contenant pas de constituants dont le dernier<br />

mot termine une phrase, un actant ou un circonstant attirant PPF.1.<br />

C<strong>et</strong>te réduction opérée, nous allons effectuer à nouveau les quatre tris croisant MM<br />

<strong>et</strong> PPD, puis MM <strong>et</strong> PPF aux deux niveaux d’intégration MI.synt-arg (arguments non<br />

propositionnels) <strong>et</strong> MI.synt (constituants non propositionnels de fonction immédiate).<br />

Ce<strong>la</strong> fait, nous évaluerons le lien entre chacune des modalités de MM <strong>et</strong> le marquage,<br />

de <strong>la</strong> même manière que nous l’avons fait ci-dessus (→5.3.2.4 <strong>et</strong>→5.3.2.7).<br />

Nous ne présenterons ici que les nouveaux tableaux synoptiques <strong>et</strong> renvoyons aux<br />

annexes pour le détail des graphiques décrivant les attractions <strong>et</strong> répulsions qui ont<br />

servi à construire ces nouvelles synthèses.<br />

Le premier tableau synoptique révèle essentiellement que peu de constituants attirent<br />

<strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale (figure 6.78). La <strong>ponctuation</strong> apparaissant devant le premier<br />

constituant immédiat d’une structure ne sera pas traitée: pour les structures de<br />

<strong>syntaxe</strong> argumentale, on peut considérer qu’elle est déjà traitée en détails par le biais<br />

des analyses préa<strong>la</strong>blement effectuées (de→6.1.1 à→6.1.4). Pour les structures de<br />

<strong>syntaxe</strong> immédiate, <strong>la</strong> situation est un peu plus compliquée, mais justifie également<br />

qu’on ne s’attarde pas à décrire <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des constituants initiaux. En eff<strong>et</strong>, si<br />

un constituant initial de niveau MI.synt est marqué, même s’il est le premier d’un<br />

syntagme contractant une re<strong>la</strong>tion immédiate, il constiturea en une rupture (par récursivité)<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> cohésion du syntagme. Par exemple, <strong>dans</strong><br />

«· <strong>et</strong> ſe ıl auenoít que˘ ˘<br />

<strong>la</strong> terre quı eſt entre vı [14]neı / <strong>et</strong> mueze reuenoıt a noſ · / v une partíe de<strong>la</strong><br />

terre / noſ deuonſ leueſke <strong>et</strong> leglıſe [15] rem<strong>et</strong>re enteıl tenure que ıl furent an tenſ le conte ·<br />

thıebaut de bar le peıre le com / [16]te · hanrı quı eſt morſ vtre meír» (Document 1243–07–09,<br />

13).<br />

309


1,0,Dt,0,1<br />

1,0,Rl,0,0<br />

1,0,Ap,0,0<br />

0,1,Ap,pers,1<br />

1,1,Ap,0,0<br />

1,0,Dt,0,0<br />

0,1,Dt,¬pers,1<br />

0,1,Dt,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,Dt,0,0<br />

0,0,Ap,pers,1<br />

0,0,Ap,0,0<br />

0,1,Ap,0,1<br />

0,1,Ap,0,0<br />

0,0,Dt,0,1<br />

0,0,Ap,¬pers,0<br />

0,1,Dt,0,1<br />

0,1,Ap,¬pers,0<br />

synt−arg synt<br />

Attraction significative<br />

Attraction significative (si non ajustée)<br />

Attraction non significative (seuil 5%)<br />

Répulsion significative<br />

Répulsion significative (si non ajustée)<br />

Répulsion non significative (seuil 5%)<br />

FIG. 6.78 – Tableau synoptique des tendances en <strong>syntaxe</strong> immédiate,<br />

PPD (revu)<br />

1,0,Dt,0,1<br />

0,1,Dt,0,1<br />

0,1,Dt,0,0<br />

0,1,Ap,¬pers,0<br />

0,1,Ap,0,1<br />

0,1,Ap,0,0<br />

0,0,Ap,pers,1<br />

0,1,Ap,pers,1<br />

0,0,Ap,¬pers,0<br />

0,0,Dt,0,1<br />

0,0,Dt,0,0<br />

0,1,Dt,¬pers,1<br />

1,0,Ap,¬pers,0<br />

1,0,Ap,0,1<br />

0,0,Rl,0,0<br />

1,0,Dt,0,0<br />

1,0,Ap,0,0<br />

0,0,Ap,0,0<br />

1,0,Rl,0,0<br />

synt−arg synt<br />

Attraction significative<br />

Attraction significative (si non ajustée)<br />

Attraction non significative (seuil 5%)<br />

Répulsion significative<br />

Répulsion significative (si non ajustée)<br />

Répulsion non significative (seuil 5%)<br />

FIG. 6.79 – Tableau synoptique des tendances en <strong>syntaxe</strong> immédiate,<br />

PPF (revu)<br />

le mot thıebaut, qui est décrit par <strong>la</strong> modalité MM.1,0,Ap,0,0 <strong>dans</strong> le syntagme<br />

souligné, est marqué à l’initiale. La description de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de ce dernier<br />

(MM.0,1,Ap,0,0) suffit néanmoins à comprendre le ponctogramme. Ainsi, seuls les<br />

0,0,Ap,0,0 (au niveau MI.synt) <strong>et</strong> les 0,1,Ap,pers,1 (aux deux niveaux) nous intéresseront.<br />

Le second tableau synoptique (figure 6.79, traitant de PPF) montre que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

finale est attirée par un plus grand nombre de constituants. Néanmoins, de<br />

<strong>la</strong> même manière que pour PPD, ce sont les constituants finaux qui sont les plus<br />

nombreux à être liés au marquage. Pour les mêmes raisons que pour PPD, seuls<br />

310


FAB FRE<br />

0 3515 96.57<br />

1 125 3.43<br />

3640 100<br />

0<br />

1<br />

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500<br />

TAB. 6.80 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,0,Ap,0,0<br />

(niveau: synt)<br />

les constituants non finaux r<strong>et</strong>iendront notre attention: 1,0,Dt,0,1 au niveau MI.synt,<br />

0,0,Ap,¬pers,0 au niveau MI.synt-arg <strong>et</strong> 0,0,Ap,pers,1 (aux deux niveaux).<br />

6.2.2 Examen des ruptures<br />

Les quelques types de constituants attirant le marquage sans se trouver aux bornes<br />

sont donc:<br />

– 0,0,Ap,0,0 (synt): PPD;<br />

– 0,1,Ap,pers,1 (synt-arg, synt): PPD;<br />

– 1,0,Dt,0,1 (synt): PPF;<br />

– 0,0,Ap,pers,1 (synt-arg, synt): PPF;<br />

– 0,0,Ap,¬pers,0 (synt-arg): PPF.<br />

Nous les étudierons <strong>dans</strong> c<strong>et</strong> ordre.<br />

6.2.2.1 0,0,Ap,0,0 (synt): PPD<br />

Les proportions apparaissent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 6.80. La distribution du marquage entre<br />

les documents montre qu’un p<strong>et</strong>it nombre de chartes se distinguent du reste du corpus<br />

(figure 6.80). 75 Si nous enlevons ces chartes de l’échantillon, l’attraction disparaît. On<br />

ne peut pas dire que le phénomène soit général.<br />

D’autre part, quand on regarde quels sont les constituants qui, précédant les<br />

0,0,Ap,0,0, attirent le marquage initial de ce dernier, on voit que les ponctogrammes<br />

apparaissent essentiellement au contact d’autres 0,0,Ap,0,0 (figure 6.81). L’examen<br />

détaillé des contextes révèle que ce sont des nombres ou des noms de personnes<br />

(presque exclusivement):<br />

«· <strong>et</strong> ſe ıl auenoít que˘ ˘<br />

<strong>la</strong> terre quı eſt entre vı [14]neı / <strong>et</strong> mueze reuenoıt a noſ · / v une partíe de<strong>la</strong><br />

terre / noſ deuonſ leueſke <strong>et</strong> leglıſe [15] rem<strong>et</strong>re enteıl tenure que ıl furent an tenſ le conte ·<br />

thıebaut de bar le peıre le com / [16]te · hanrı quı eſt morſ vtre meír» (Document 1243–07–09,<br />

13).<br />

«· ce faıt <strong>la</strong>n del jncarnatıon [27] de nostre ſaıngnor mılh <strong>et</strong> · cc · quarante ſ<strong>et</strong> · ens elle moıſ<br />

de juníj´» (Document 1247–06, 26).<br />

«· <strong>et</strong> les · xxıııj · ſols · de [10] cenſ apaíer a termıneſ kı par˘ ˘<br />

deſeur ſont deuıſeís werpírent cılh<br />

<strong>la</strong>mbers vennıſons˘ ˘<br />

<strong>et</strong> ſe [11] femme · <strong>et</strong> affaıtont a˘ ˘<br />

celı freſſent · par deuant noſ ſeans en justıce<br />

par teılh droıt com [12] jlh dıerent ſolonc le loı <strong>et</strong> le coſtume dele vılhe de dínant · appoſſeír a˘ ˘<br />

lı <strong>et</strong> a˘ ˘<br />

ſon oır a touſ [13] jourſ en˘ ˘<br />

paıſ ſens calenge» (Document 1255–05–21, 9).<br />

75 Le graphique des répulsions n’apporte aucune information; il est relégué aux annexes.<br />

311


312<br />

1271−12−09<br />

1272−07−08<br />

1276−02−24<br />

1283−12−26<br />

1283−02−13a<br />

1255−05−21<br />

1264−09−07<br />

1263−05−27c<br />

1271−07−07a<br />

1274−05−31b<br />

1267−10−22<br />

1280−05−04<br />

1290−08−24<br />

1278−04−06<br />

1278−08−01<br />

1271−03−18<br />

1284−05−11<br />

1280−08−14<br />

1271−05−22<br />

1270−05−10<br />

1289−04−19<br />

1289−03−05<br />

1276−06−10b<br />

1275−01−10a<br />

1289−01−12<br />

1275−08<br />

1272−06−22<br />

1271−07−07b<br />

1286−05−15<br />

1289−07−19<br />

1288−02a<br />

1287−06−24<br />

1271−12−03c<br />

1288−02b<br />

1264−04<br />

1287−09−08<br />

1243−07−09<br />

1270−09−29<br />

1274−09−06<br />

1286−03−23<br />

1265−04−15<br />

1284−06−09<br />

Attractions (seuil adapté 0.0386%)<br />

9.2e−20 1<br />

14/51 (27.5%)<br />

10/28 (35.7%)<br />

5/22 (22.7%)<br />

4/17 (23.5%)<br />

14/153 (9.2%)<br />

3/13 (23.1%)<br />

5/37 (13.5%)<br />

3/15 (20.0%)<br />

4/26 (15.4%)<br />

6/57 (10.5%)<br />

3/20 (15.0%)<br />

3/32 (9.4%)<br />

2/17 (11.8%)<br />

4/62 (6.5%)<br />

3/44 (6.8%)<br />

2/25 (8.0%)<br />

2/29 (6.9%)<br />

1/29 (3.4%)<br />

1/27 (3.7%)<br />

1/26 (3.8%)<br />

1/26 (3.8%)<br />

1/25 (4.0%)<br />

2/32 (6.2%)<br />

1/24 (4.2%)<br />

2/58 (3.4%)<br />

2/33 (6.1%)<br />

1/23 (4.3%)<br />

1/22 (4.5%)<br />

1/21 (4.8%)<br />

1/21 (4.8%)<br />

1/20 (5.0%)<br />

1/11 (9.1%)<br />

1/18 (5.6%)<br />

1/18 (5.6%)<br />

1/12 (8.3%)<br />

1/12 (8.3%)<br />

1/17 (5.9%)<br />

1/16 (6.2%)<br />

1/16 (6.2%)<br />

1/16 (6.2%)<br />

2/42 (4.8%)<br />

1/15 (6.7%)<br />

FIG. 6.80 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,Ap,0,0 (niveau: synt)<br />

0,0,Ap,0,0<br />

1,0,Ap,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.73%)<br />

7.22e−33 1<br />

125/866 (14.4%)<br />

68/829 (8.2%)<br />

FIG. 6.81 – Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,Ap,0,0 (niveau: synt)<br />

1,0,Rl,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,Ap,¬pers,0<br />

1,0,Dt,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.73%)<br />

2.42e−29 1<br />

39/2111 (1.8%)<br />

2/224 (0.9%)<br />

2/35 (5.7%)<br />

0/13 (0.0%)<br />

0/12 (0.0%)<br />

FIG. 6.82 – Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,Ap,0,0 (niveau: synt)


FAB FRE<br />

0 1467 93.26<br />

1 106 6.74<br />

1573 100<br />

0<br />

1<br />

0 200 400 600 800 1000 1200 1400<br />

TAB. 6.81 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type<br />

0,1,Ap,pers,1 (niveaux: synt, synt-arg)<br />

«[1] nos guís cuens de f<strong>la</strong>ndres faızons ſauoır atos ke nos · geramont <strong>et</strong> les appendances · <strong>et</strong><br />

bornehem <strong>et</strong> les appendances · kı aſtoıent noſtre franc aluel auons receut enfıes [2] lıgement<br />

atenır de mon ſaıngnor henrı par le graſſe de deu eueſke de lıege · <strong>et</strong> de ſes ſucceſſeurs<br />

eueſkes de lıege perp<strong>et</strong>uement · entel maníere ke nos <strong>et</strong> noſtre ſucceſ [3]ſeur conte v conteſſes<br />

de f<strong>la</strong>ndres deuons tenır geramont <strong>et</strong> bornehem <strong>et</strong> leur appendances deuant˘ ˘<br />

dıs del eueſke<br />

deuantdıt <strong>et</strong> de ſes ſucceſſeurs eueſkes de lıege a vn [4] fıes lıgement ſaues les feateıs le roı<br />

de france · le ·· conte de haınnau · le ·· roı dalemaıngne · le ·· roı dengl<strong>et</strong>ere · <strong>et</strong> leueſke de<br />

cambraı» (Document 1263–05–27a, 1).<br />

«· / <strong>et</strong> a <strong>la</strong> requeſte mon ſeıgnor · jehan [19] deuant dıt / auonſ noſ míſ noſtre seel auuec le ſíen<br />

seel a ceſ preſenteſ l<strong>et</strong>treſ a tenır de nous en fıef hır<strong>et</strong>auelement» (Document 1263–05–27c,<br />

3).<br />

«· entre ces doz parolles lı ·· abbeſſe <strong>et</strong> lı maıson de <strong>la</strong> vas benoı<strong>et</strong> dune part · [12] <strong>et</strong> lı enfant<br />

mon ſaínor wılleame de corwaremme deuant dít datre part ſe mıſent en˘ ˘<br />

mon ſaínor lıbıere<br />

butore de geneffe [13] ceualır ſor paíne de · lx · mars de lıgoıez quılh tenroíent che quılh<br />

dıroí<strong>et</strong>» (Document 1264–09–07, 11).<br />

En conséquence, ce<strong>la</strong> signifie que le modèle morphosyntaxique n’est à nouveau d’aucun<br />

secours pour évaluer <strong>la</strong> pertinence de l’association. Tout comme nous l’avons<br />

remarqué au suj<strong>et</strong> des formules, il est peu utile à <strong>la</strong> description des nuances sémantiques<br />

véhiculées par les mots. Nous remarquons intuitivement ce que d’autres ont<br />

de nombreuses fois relevé précédemment: 76 il y a des ‹·› autour des chiffres, <strong>et</strong> les<br />

noms de personnes physiques ou les syntagmes désignant des personnes morales sont<br />

parfois précédés d’un ponctogramme. Dans le cas de 0,0,Ap,0,0, presque toutes les<br />

attestations de marquage initial appartiennent à c<strong>et</strong>te catégorie. Le problème, tel que<br />

nous l’avons rencontré plusieurs fois jusqu’à présent, est de savoir en quelle mesure<br />

ces ponctogrammes sont impliqués <strong>dans</strong> les tendances de marquage des actants, des<br />

circonstants ou de <strong>la</strong> coordination. Dans l’état actuel d’é<strong>la</strong>boration du corpus, il n’est<br />

pas possible de procéder autrement que par un dépouillement manuel des textes, ce<br />

qui n’est pas envisageable.<br />

6.2.2.2 0,1,Ap,pers,1 (synt-arg, synt): PPD<br />

L’examen du tri à p<strong>la</strong>t n’apporte presque rien (table 6.81), mais <strong>la</strong> présence abondante<br />

de 0,0,Ap,pers,1 devant les 0,1,Ap,pers,1 marqués à l’initiale fait penser que <strong>la</strong> coordination<br />

joue à nouveau un rôle important <strong>dans</strong> l’explication du marquage (figure<br />

6.83).<br />

Cependant, il est étonnant de mentionner ici <strong>la</strong> coordination, puisque nous avons<br />

r<strong>et</strong>iré tous les constituants dont le marquage pouvait être éc<strong>la</strong>iré par ce type de structure<br />

dès le début de <strong>la</strong> section→6.2. Nous rencontrons ici le même problème que<br />

76 Voir par exemple Guyotjeannin <strong>et</strong> al. 1993, 307–308.<br />

313


0,0,Ap,pers,1<br />

0,0,Ap,¬pers,0<br />

0,0,Dt,0,1<br />

0,1,Ap,0,0<br />

0,0,Dt,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.639%)<br />

4.2e−36 1<br />

24/48 (50.0%)<br />

5/37 (13.5%)<br />

10/118 (8.5%)<br />

2/14 (14.3%)<br />

3/29 (10.3%)<br />

FIG. 6.83 – Attractions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,1,Ap,pers,1 (niveaux: synt, synt-arg)<br />

1,0,Ap,0,0<br />

0,0,Ap,0,0<br />

0,0,Co,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.639%)<br />

0.000234 1<br />

9/404 (2.2%)<br />

38/828 (4.6%)<br />

0/83 (0.0%)<br />

FIG. 6.84 – Répulsions significatives entre MMP <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,1,Ap,pers,1 (niveaux: synt, synt-arg)<br />

FAB FRE<br />

0 31 88.57<br />

1 4 11.43<br />

35 100<br />

0<br />

1<br />

0 5 10 15 20 25 30<br />

TAB. 6.82 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 1,0,Dt,0,1<br />

(niveau: synt)<br />

celui détaillé ci-dessus au suj<strong>et</strong> des circonstants (→6.1.4.2): <strong>dans</strong> le modèle employé,<br />

les différentes appositions, constituants du même syntagme, ne sont pas considérées<br />

comme coordonnées, à moins qu’un re<strong>la</strong>teur ne l’explicite. Il est donc possible que<br />

le marquage de <strong>la</strong> structure soit dû à ce contexte d’occurrence, mais nous ne pouvons<br />

le vérifier. L’examen de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale de 0,0,Ap,pers,1 ci-dessous confirmera<br />

c<strong>et</strong>te impression.<br />

6.2.2.3 1,0,Dt,0,1 (synt): PPF<br />

L’association est trop peu attestée pour qu’un test soit possible (table 6.82), mais les<br />

attestations sont c<strong>la</strong>ires:<br />

«lı eueſkes · <strong>et</strong> lı cuens deuant dít · renoueleront le couenanches jadís faítes entre lome de<br />

[10] bone memore · huart jadıs eueſke de líege · <strong>et</strong> le conte phılíppe de namur» (Document<br />

1263–07–15, 9).<br />

«/ <strong>et</strong> lı hyr<strong>et</strong>ages kı est afaıtıez eſt teíz / de <strong>la</strong> curt de nandren · ııj · bonıers en vne pıeche<br />

en [16]〈...〉ke / de˘ ˘<br />

<strong>la</strong>˘ ˘<br />

maıſon demı bonıers de terre deſeur le stoke en heve / <strong>et</strong> · ı · bonıer de<br />

pr<strong>et</strong> <strong>la</strong>˘ ˘<br />

meımes / de <strong>la</strong> curt maıſtres arnut · v · jornalz de terre kı gıſt en vne [17]〈pıe〉che en<br />

hıerſaıng» (Document 1271–12–09, 15).<br />

«[1] a tous cheaus kı ches preſens l<strong>et</strong>tres vıeront <strong>et</strong> oront · nos ſuers ermenghars par le dıeu<br />

paſſıenche ·· abbeſſe <strong>et</strong> tous [2] lı ·· couens delle vas benoıte de lordene de c˙ytea dune part<br />

· <strong>et</strong> ju humbıers corbeas cheualıers ſıre dawans dautre [3] ſalus <strong>et</strong> conıſſanche de verrıteít»<br />

(Document 1287–09–08, 1).<br />

314


FAB FRE<br />

0 47 61.84<br />

1 29 38.16<br />

76 100<br />

0<br />

1<br />

0 10 20 30 40<br />

TAB. 6.83 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,Ap,pers,1<br />

(niveaux: synt, synt-arg)<br />

PPF.0 PPF.1<br />

MMS.0,0,Ap,0,0 7 2 9<br />

MMS.0,0,Ap,pers,1 3 1 4<br />

MMS.0,0,Co,0,0 51 29 80<br />

MMS.0,1,Ap,0,0 11 2 13<br />

MMS.0,1,Ap,pers,1 24 24 48<br />

MMS.0,1,Dt,0,1 1 1 2<br />

MMS.0,1,Dt,¬pers,1 1 1 2<br />

MMS.1,0,Ap,0,0 1 0 1<br />

99 60 159<br />

TAB. 6.84 – Tri croisé entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,Ap,pers,1 (niveaux:synt, synt-arg)<br />

FAB FRE<br />

0 106 89.08<br />

1 13 10.92<br />

119 100<br />

0<br />

1<br />

0 20 40 60 80 100<br />

TAB. 6.85 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type<br />

0,0,Ap,¬pers,0 (niveau: synt-arg)<br />

Dans tous les cas, les raisons du marquage peuvent être rapprochées de celles observées<br />

pour 0,0,Ap,0,0: ce sont soit des chiffres, soit des noms ou des titres de personnes<br />

qui suivent les 1,0,Dt,0,0 ponctués à <strong>la</strong> finale.<br />

6.2.2.4 0,0,Ap,pers,1 (synt-arg, synt): PPF<br />

Il n’est pas possible de calculer les attractions re<strong>la</strong>tives au contexte immédiat (table<br />

6.83). Par contre, une simple tabu<strong>la</strong>tion comme 6.84 indique que presque toutes les<br />

attestations pourraient être assimilées à des coordinations. Parmi les occurrences marquées<br />

à <strong>la</strong> finale, seul un p<strong>et</strong>it nombre ne se trouve pas à <strong>la</strong> suite d’une autre proposition<br />

re<strong>la</strong>tée de mode personnel ou d’un coordonnant. Il est vraisemb<strong>la</strong>ble que le marquage<br />

final de <strong>la</strong> structure ne soit pas dû à autre chose que son contexte.<br />

6.2.2.5 0,0,Ap,¬pers,0 (synt-arg): PPF<br />

Peu de constructions entrent <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te catégorie (table 6.85). Les attestations paraissent<br />

liées à ce que nous venons de remarquer pour toutes les autres ruptures en<br />

<strong>syntaxe</strong> immédiate: le mot qui suit peut être un chiffre ou servir à désigner une personne.<br />

Ainsi,<br />

315


«· <strong>et</strong> deſ dıſ · v · marſ a warder [. . .] · fach ıe manborſ meſ foemens [. . .]» (Document 1272–03,<br />

16).<br />

’<br />

«· [. . .] les doıs damoıſelles deſeur dıttes rendírent tantoíſt apres chu a deuant [14] dıt · s˙ymon<br />

en <strong>la</strong>nſage le boníer dalu deuant dıt [. . .]» (Document 1290–08–24, 11).<br />

Ou bien le constituant suivant est une proposition en apposition:<br />

«· en teſmoıgnage de <strong>la</strong> quel choſe / nous auons donne ces preſentes l<strong>et</strong>res au conte de [23]<br />

f<strong>la</strong>ndres deuant nommeıtſeelees de noſtreſeel · kı furent donees en <strong>la</strong>n del jncarnatıon noſtre<br />

ſegneur jeshu crıſt / mıl · deus cens · [24] soıſſante <strong>et</strong> troıs · le ıour de <strong>la</strong> trıníte» (Document<br />

1263–05–27c, 22).<br />

«· en teſ / [15]moıgnage de <strong>la</strong> quel choſe / nous auons ces preſentes l<strong>et</strong>res donees au conte de<br />

f<strong>la</strong>ndres deuant dıt ſeelees de [16] no ſeel · kı furent donees en <strong>la</strong>n del jncarnatıon noſtre<br />

ſegneur jeshu crıſt / m · cc · soıſſante <strong>et</strong> troıs · le ıour de le trı / [17]níteít» (Document<br />

1263–05–27b, 14).<br />

«· com enſı ſoıt ke nos aıenſ entendut par le verrıteıt de prodomeſ / ke [3] vns beſtens / <strong>et</strong> vne<br />

querele eſtoıt eſmute entre me damme <strong>la</strong>bbeſſe <strong>et</strong> le couent dele val benoıte dele ordene de<br />

c˙yteaux dune part · <strong>et</strong> el˙yas dele aıle · [4] <strong>et</strong> corbeal dawans · <strong>et</strong> damoıſelle adılhe <strong>et</strong> ju<strong>et</strong>te<br />

fılhes ıadıs a˘ ˘<br />

saıngnor ıohan coſtant dautrepart · dendroıt dune voıe dune treſchambre kı ſı<strong>et</strong><br />

deleıs les berrodıers [5] <strong>et</strong> dune altre uoıe dune treſchambre kı sı<strong>et</strong> deleıs le ponceal ıoíndant<br />

deſ ſtueues dele val benoıte · ´v enſ lı maſſuer dele val benoıte ont eut lor aıſes <strong>et</strong> lor voıtures»<br />

(Document 1273–05–12, 2).<br />

Un seul cas n’est pas réductible à une tendance déjà observée:<br />

«/ <strong>et</strong> lenueſtırons dou chaſtel [4] <strong>et</strong> des appendances devant dıs / a tenır de nous en fıef<br />

hır<strong>et</strong>auelement» (Document 1263–05–27c, 3).<br />

6.2.3 Synthèse<br />

Difficilement exploitables <strong>dans</strong> l’état actuel du modèle d’analyse, les structures relevant<br />

de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> immédiate semblent devoir leur marquage exclusivement à des<br />

phénomènes sémantiques (nombres, noms de personnes) ou à <strong>la</strong> coordination. Il se<br />

pourrait que seul 0,1,Ap,pers,1 soit particulièrement marqué à l’initiale. Toutefois,<br />

il faut adm<strong>et</strong>tre qu’à ce niveau, sa participation à l’«explication» de l’ensemble des<br />

ponctogrammes serait limitée à quelques unités.<br />

Peut-être faudrait-il revoir <strong>la</strong> manière dont nous analysons les constituants de <strong>syntaxe</strong><br />

immédiate pour que notre modèle soit plus utile à <strong>la</strong> description des re<strong>la</strong>tions<br />

entre <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>et</strong> les constituants de ce niveau d’intégration. Il ne s’agit bien entendu<br />

pas de modifier le modèle en fonction des ponctogrammes observés – pareille<br />

démarche serait incompatible avec notre méthode 77 –, mais plutôt de raffiner notre<br />

description, notamment en prenant en compte les contraintes positionnelles qui pèsent<br />

sur <strong>la</strong> structuration séquentielle des constituants (par exemple, li est toujours initial).<br />

Il ne s’agit pas non plus d’intégrer au modèle des faits qui ne relèvent pas directement<br />

de <strong>la</strong> morpho<strong>syntaxe</strong>, comme le fait que nous ayons affaire à des chiffres ou des noms<br />

de personnes.<br />

77 Nous avons d’emblée souligné notre volonté de faire en sorte que les modèles d’analyse de<br />

l’écriture <strong>et</strong> de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> soient indépendants (→0.1.2).<br />

316


Dans ces conditions, nous avons décidé de ne pas employer les maigres résultats<br />

de c<strong>et</strong>te section pour augmenter <strong>la</strong> quantité de ponctogrammes expliqués.<br />

6.3 Re<strong>la</strong>teurs <strong>et</strong> C6<br />

Dès les premiers tris croisés entre les fonctions <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> (→5.2.2.2), nous<br />

constations <strong>la</strong> n<strong>et</strong>te tendance qu’ont les C6 <strong>et</strong> les coordonnants à attirer <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

initiale <strong>et</strong>, à l’instar des autres re<strong>la</strong>teurs, à repousser <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale. Ce sont<br />

essentiellement ces tendances, non démenties par l’analyse des re<strong>la</strong>tions entre MM <strong>et</strong><br />

les variables PPD <strong>et</strong> PPF, qui nous occuperont tout au long de c<strong>et</strong>te section.<br />

Nous n’aborderons pas ici le problème du marquage initial des re<strong>la</strong>teurs non coordonnants.<br />

À notre avis, le fait d’avoir traité précédemment <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale des<br />

structures re<strong>la</strong>tées nous dispense de devoir étudier les liens entre PPD <strong>et</strong> les re<strong>la</strong>teurs.<br />

6.3.1 Attraction de PPD.1 par les C6 <strong>et</strong> les coordonnants<br />

Les tableaux synoptiques m<strong>et</strong>tent en évidence des tendances d’attraction semb<strong>la</strong>bles<br />

de <strong>ponctuation</strong> initiale pour les C6 <strong>et</strong> les coordonnants. C<strong>et</strong>te convergence nous pousse<br />

à revenir sur <strong>la</strong> distinction, posée a priori, entre ces deux fonctions.<br />

6.3.1.1 Ressemb<strong>la</strong>nces<br />

Les coordonnants <strong>et</strong> les C6 partagent un certain nombre de caractéristiques communes:<br />

du point de vue du lexique mobilisé, les formes les plus employées en fonction<br />

de C6 (<strong>et</strong> <strong>et</strong> ne) peuvent également assumer <strong>la</strong> fonction de coordonnant. 78 D’autre<br />

part, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion que les coordonnants spécifient unit le plus souvent des unités ou<br />

des groupes d’unités de même fonction syntaxique. Or, par rapport au texte qu’elles<br />

servent à construire, les phrases partagent des propriétés communes. On pourrait<br />

même dire que le sens véhiculé par les formes <strong>et</strong> ou ne ne varie pas fondamentalement<br />

avec leur fonction.<br />

Ces similitudes pourraient éventuellement mener à <strong>la</strong> conclusion que <strong>la</strong> distinction<br />

entre les fonctions est purement artificielle: un C6 ne serait qu’un coordonnant au<br />

niveau de <strong>la</strong> phrase. Nous allons nous livrer à une analyse contrastive, pour vérifier<br />

si, d’un point de vue quantitatif, il existe une différence significative entre les deux<br />

emplois des mêmes lexèmes.<br />

6.3.1.2 Données numériques<br />

La généralité du marquage initial des C6 <strong>et</strong> des coordonnants sera d’abord évaluée.<br />

Nous passerons ensuite à l’analyse des tris croisés <strong>et</strong> des proportions de marquage par<br />

document, de manière à apprécier l’importance de l’écart entre le comportement des<br />

C6 <strong>et</strong> celui des coordonnants par rapport à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale.<br />

a. Tris à p<strong>la</strong>t <strong>et</strong> distribution <strong>dans</strong> le corpus. Tout d’abord, les tris à p<strong>la</strong>t effectués sur<br />

<strong>la</strong> variable PPD des constituants de fonction C6 ou Co montrent qu’une quantité ap-<br />

78 Pour un aperçu des formes de C6, voir→3.4.2.3 b.<br />

317


FAB FRE<br />

1 780 77.84<br />

0 222 22.16<br />

1002 100<br />

1<br />

0<br />

0 200 400 600<br />

TAB. 6.86 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 1,0,C6,0,0<br />

(niveau: phrase)<br />

FAB FRE<br />

0 2415 74.08<br />

1 845 25.92<br />

3260 100<br />

0<br />

1<br />

0 500 1000 1500 2000<br />

TAB. 6.87 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPD, pour les constituants de type 0,0,Co,0,0<br />

(niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers,<br />

¬pers-arg)<br />

1272−03<br />

1265−05b<br />

1270−05−10<br />

1283−02−13a<br />

1266−06−13<br />

1289−01−12<br />

1265−11−13<br />

1276−06−10b<br />

1265−05a<br />

1267−08−28<br />

1271−04−20<br />

1271−12−09<br />

1263−03−31<br />

1263−11<br />

1289−04−19<br />

1278−08−01<br />

1271−12−22<br />

1270−11−26<br />

1271−05−22<br />

1277−06−12<br />

1242−05−02<br />

1270−03−24<br />

Attractions (seuil adapté 0.171%)<br />

0.0196 1<br />

23/23 (100%)<br />

25/26 (96%)<br />

16/16 (100%)<br />

31/34 (91%)<br />

14/14 (100%)<br />

20/21 (95%)<br />

12/12 (100%)<br />

11/11 (100%)<br />

10/10 (100%)<br />

18/20 (90%)<br />

12/13 (92%)<br />

12/13 (92%)<br />

10/11 (91%)<br />

9/10 (90%)<br />

9/10 (90%)<br />

16/19 (84%)<br />

8/10 (80%)<br />

15/19 (79%)<br />

10/12 (83%)<br />

12/15 (80%)<br />

9/11 (82%)<br />

9/11 (82%)<br />

FIG. 6.85 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 1,0,C6,0,0 (niveau: phrase)<br />

préciable de mots sont marqués à l’initiale. Selon les tris à p<strong>la</strong>t pour C6 <strong>et</strong> pour les<br />

coordonnants (tables 6.86 <strong>et</strong> 6.87), il est déjà visible, en les comparant intuitivement,<br />

que <strong>la</strong> fréquence re<strong>la</strong>tive de C6 marqués est <strong>la</strong>rgement supérieure à celle des coordonnants.<br />

Nous pouvons donc poser l’hypothèse H1 que C6 est plus marqué que Co.<br />

Vérifions à présent <strong>la</strong> distribution du marquage <strong>dans</strong> les différents documents du<br />

corpus. Dans le cas des C6, le nombre de chartes comprenant assez d’attestations pour<br />

être soumises au test est limité (du fait qu’il est nécessaire que <strong>la</strong> charte contienne<br />

dix phrases commençant par un C6), mais perm<strong>et</strong> de construire les graphiques 6.85 <strong>et</strong><br />

6.86. Les attractions semblent réparties <strong>dans</strong> tout le corpus car les deux documents attirant<br />

le marquage avant correction du seuilαne paraissent pas déstabiliser l’écart. En<br />

eff<strong>et</strong>, une fois ces documents r<strong>et</strong>irés de l’échantillon, on peut calculer une probabilité<br />

infime que C6 ne soit pas soit lié à PPD.1 au niveau de <strong>la</strong> phrase. 79<br />

79 Voir l’annexe 6.4.10C600PPDstable.<br />

318


1280−07−20<br />

1244−01−19<br />

1268−03−10<br />

1283−12−26<br />

1276−07−22<br />

1247−06<br />

1236−05<br />

1252−03−01a<br />

Répulsions (seuil adapté 0.171%)<br />

8.59e−06 1<br />

3/13 (23%)<br />

7/20 (35%)<br />

9/19 (47%)<br />

5/11 (45%)<br />

7/13 (54%)<br />

17/25 (68%)<br />

7/11 (64%)<br />

9/12 (75%)<br />

FIG. 6.86 – Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 1,0,C6,0,0 (niveau: phrase)<br />

PPD.0 PPD.1<br />

MF.C6 356 801 1157<br />

MF.Co 2420 846 3266<br />

2776 1647 4423<br />

χ 2 = 684.4, ddl=1, p= 7.4e−151 ★★★<br />

TAB. 6.88 – Tri croisé C6 ou Co×PPD<br />

PPD.0 PPD.1<br />

-188.69 318.04<br />

66.85 -112.67<br />

θ 6.44<br />

De même, malgré <strong>la</strong> quantité plus importante de documents attirant spécifiquement<br />

le marquage initial des coordonnants (voir le graphique page 320) l’attraction<br />

entre ces derniers <strong>et</strong> PPD.1 reste stable une fois l’échantillon réduit (figure 6.88). 80<br />

b. Tri croisé. Il en résulte que nous pouvons effectuer un tri croisé entre MF <strong>et</strong> PPD<br />

sur un échantillon composé uniquement des constituants ayant fonction de C6 ou de<br />

Co (table 6.88). Les calculs accompagnant <strong>la</strong> tabu<strong>la</strong>tion ne font que confirmer nos<br />

premières impressions: <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion n’est pas aléatoire <strong>et</strong> manifeste une différence<br />

de proportion (θ) très importante: les C6 sont plus marqués que les coordonnants.<br />

c. Proportions par document. Étant donné <strong>la</strong> quantité d’attestations disponibles, nous<br />

pouvons compléter le simple tri croisé par une étude des proportions de <strong>ponctuation</strong><br />

de ces deux structures par charte. 81 Les échantillons mènent à <strong>la</strong> construction des graphiques<br />

6.89, p. 322 (le dernier graphique comporte les résultats d’un test de Wilcoxon<br />

entre les deux échantillons). Les graphiques sont très c<strong>la</strong>irs <strong>et</strong> confirment les résultats<br />

du tri croisé: malgré une tendance à attirer le marquage initial commune aux C6 <strong>et</strong> aux<br />

coordonnants, ces derniers sont moins marqués.<br />

d. Synthèse. De manière générale, les C6 <strong>et</strong> les Co diffèrent. Or, ce qui les sépare n’est<br />

pas d’ordre lexical, mais d’ordre re<strong>la</strong>tionnel, <strong>et</strong> est, au départ, basé exclusivement sur<br />

<strong>la</strong> capacité qu’a <strong>la</strong> phrase à assumer le statut d’énoncé. Si c<strong>et</strong>te différence correspond<br />

à une opposition du point de vue de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>, il est fort probable que les scribes<br />

eux-mêmes distingaient les emplois. La fréquence de <strong>ponctuation</strong> est donc l’indice<br />

que les structures n’étaient pas considérées de <strong>la</strong> même manière.<br />

Il est possible que <strong>la</strong> tendance à marquer le coordonnant dépende du constituant<br />

qui le suit. L’analyse n’a pas été faite, parce qu’elle nécessite que le corpus soit apprêté<br />

d’une manière qui corresponde à une autre analyse du coordonnant. 82<br />

80<br />

Voir l’annexe 6.4.10Co00PPDstable.<br />

81<br />

Suivant le même procédé que celui employé pour étudier le marquage de <strong>la</strong> phrase<br />

(→6.1.1.1 c).<br />

82<br />

L’encodage de <strong>la</strong> coordination est présenté <strong>dans</strong> <strong>la</strong> section Analyses syntaxiques des annexes.<br />

319


1274−02−24<br />

1270−06−06a<br />

1289−01−12<br />

1265−11−13<br />

1263−07−15<br />

1283−02−13a<br />

1280−08−14<br />

1267−10−29<br />

1271−07−07a<br />

1263−03−31<br />

1236−07<br />

1273−05−12<br />

1260−02−03<br />

1270−05−10<br />

1267−07−06<br />

1237−12<br />

1278−08−01<br />

1288−02b<br />

1241−09<br />

1271−12−03a<br />

1288−02a<br />

1272−06−22<br />

1270−09−29<br />

1271−07−07b<br />

1259−01−16<br />

1265−05a<br />

1268−03−01<br />

1275−08<br />

1280−05−04<br />

1281−03<br />

1286−03<br />

1271−12−03b<br />

1265−07−04<br />

1271−12−09<br />

1283−02−13b<br />

1264−11−29<br />

1271−12−22<br />

1267−08−28<br />

1289−03−05<br />

1271−04−20<br />

1266−06−13<br />

1265−04−15<br />

1285−02−24<br />

1263−05−27c<br />

1276−06−10b<br />

1276−02−24<br />

1260−05−30a<br />

1268−03−25<br />

1277−03−23<br />

1283−02−21<br />

1270−04−07<br />

1284−05−11<br />

Attractions (seuil adapté 0.0398%)<br />

1.80e−10 1<br />

23/29 (79%)<br />

24/33 (73%)<br />

41/73 (56%)<br />

30/48 (62%)<br />

16/23 (70%)<br />

41/96 (43%)<br />

10/14 (71%)<br />

9/12 (75%)<br />

12/19 (63%)<br />

17/33 (52%)<br />

7/10 (70%)<br />

20/45 (44%)<br />

8/14 (57%)<br />

11/23 (48%)<br />

9/18 (50%)<br />

10/21 (48%)<br />

18/47 (38%)<br />

8/17 (47%)<br />

6/13 (46%)<br />

6/13 (46%)<br />

7/16 (44%)<br />

10/26 (38%)<br />

7/17 (41%)<br />

6/14 (43%)<br />

5/11 (45%)<br />

9/24 (38%)<br />

12/34 (35%)<br />

13/38 (34%)<br />

10/28 (36%)<br />

6/15 (40%)<br />

9/25 (36%)<br />

5/12 (42%)<br />

8/22 (36%)<br />

12/36 (33%)<br />

6/17 (35%)<br />

4/11 (36%)<br />

11/36 (31%)<br />

11/37 (30%)<br />

6/19 (32%)<br />

14/49 (29%)<br />

5/19 (26%)<br />

7/27 (26%)<br />

5/16 (31%)<br />

9/31 (29%)<br />

8/30 (27%)<br />

6/22 (27%)<br />

4/14 (29%)<br />

3/10 (30%)<br />

3/10 (30%)<br />

3/10 (30%)<br />

5/17 (29%)<br />

8/29 (28%)<br />

FIG. 6.87 – Attractions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg,<br />

synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg)<br />

6.3.2 Répulsions de PPF.1<br />

Les re<strong>la</strong>teurs <strong>et</strong> les C6 ont également en commun un rej<strong>et</strong> très prononcé de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

finale.<br />

Nous renvoyons aux annexes pour l’examen de <strong>la</strong> répartition du phénomène par<br />

document: les graphiques <strong>et</strong> calculs ne m<strong>et</strong>tant en évidence aucune charte déstabilisant<br />

l’écart, on peut considérer <strong>la</strong> tendance au rej<strong>et</strong> comme une générale.<br />

6.3.2.1 C6<br />

Les proportions de marquage montrent que le nombre de re<strong>la</strong>teurs ou C6 suivis d’un<br />

ponctogramme est très réduit (table 6.89) <strong>et</strong> le nombre d’attestations d’un poncto-<br />

320


1280−07−20<br />

1268−03−10<br />

1274−05−31b<br />

1276−07−22<br />

1280−08−09<br />

1274−05−31a<br />

1290−08−24<br />

1281−06−06<br />

1287−09−08<br />

1271−09−17<br />

1263−05−27a<br />

1283−12−26<br />

1268−08−02a<br />

1282−12−22<br />

1260−02−21a<br />

1276−06−10a<br />

1289−04−19<br />

1270−06−06b<br />

1279−03−10<br />

1289−08−01<br />

1267−10−22<br />

1276−09−16<br />

1270−11−26<br />

1236−05<br />

1278−10−17<br />

1278−12−03<br />

1260−05−09<br />

1264−04<br />

1286−05−15<br />

1283−05−02<br />

1270−04−16<br />

1280−05−05<br />

1263−05−27b<br />

1284−06−09<br />

1277−05−04<br />

1277−05−19<br />

1281−03−03<br />

1287−06−24<br />

1289−04−05<br />

1282−02−01a<br />

1244−01−19<br />

1267−03−23<br />

1242−05−02<br />

1271−07−25<br />

1284−02−12<br />

1268−05−31<br />

1271−05−22<br />

1252−03−01a<br />

1278−04−04a<br />

1260−05−30b<br />

1268−08−02b<br />

1286−03−23<br />

1275−01−10b<br />

1263−05<br />

1270−03−24<br />

1271−03−18<br />

1282−03−03<br />

1252−03−01b<br />

1255−05−21<br />

1260−10−02<br />

1243−07−09<br />

1263−11<br />

1273−12<br />

1277−06−12<br />

1274−09−06<br />

1275−01−10a<br />

1287−10<br />

1289−07−19<br />

1274−06−30<br />

1278−04−06<br />

1260−05−14<br />

1264−09−07<br />

1272−03<br />

1247−06<br />

1277−07−01<br />

1272−07−08<br />

1265−05b<br />

Répulsions (seuil adapté 0.0398%)<br />

5.39e−05 1<br />

3/70 (4.3%)<br />

2/47 (4.3%)<br />

0/25 (0.0%)<br />

2/34 (5.9%)<br />

0/21 (0.0%)<br />

1/25 (4.0%)<br />

2/31 (6.5%)<br />

0/18 (0.0%)<br />

1/24 (4.2%)<br />

0/17 (0.0%)<br />

5/45 (11.1%)<br />

1/22 (4.5%)<br />

0/14 (0.0%)<br />

2/26 (7.7%)<br />

3/31 (9.7%)<br />

1/19 (5.3%)<br />

4/35 (11.4%)<br />

0/12 (0.0%)<br />

0/12 (0.0%)<br />

2/23 (8.7%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

5/38 (13.2%)<br />

2/22 (9.1%)<br />

2/22 (9.1%)<br />

2/22 (9.1%)<br />

3/27 (11.1%)<br />

1/16 (6.2%)<br />

1/16 (6.2%)<br />

2/21 (9.5%)<br />

3/26 (11.5%)<br />

1/15 (6.7%)<br />

1/14 (7.1%)<br />

1/14 (7.1%)<br />

4/28 (14.3%)<br />

1/13 (7.7%)<br />

1/13 (7.7%)<br />

1/13 (7.7%)<br />

1/13 (7.7%)<br />

1/12 (8.3%)<br />

7/40 (17.5%)<br />

2/16 (12.5%)<br />

4/25 (16.0%)<br />

3/20 (15.0%)<br />

2/15 (13.3%)<br />

1/10 (10.0%)<br />

6/32 (18.8%)<br />

7/36 (19.4%)<br />

4/23 (17.4%)<br />

2/14 (14.3%)<br />

2/14 (14.3%)<br />

2/14 (14.3%)<br />

3/18 (16.7%)<br />

8/39 (20.5%)<br />

4/22 (18.2%)<br />

4/22 (18.2%)<br />

2/13 (15.4%)<br />

2/12 (16.7%)<br />

2/12 (16.7%)<br />

2/12 (16.7%)<br />

5/24 (20.8%)<br />

12/51 (23.5%)<br />

3/15 (20.0%)<br />

11/47 (23.4%)<br />

4/19 (21.1%)<br />

5/23 (21.7%)<br />

4/16 (25.0%)<br />

4/16 (25.0%)<br />

5/20 (25.0%)<br />

11/46 (23.9%)<br />

6/24 (25.0%)<br />

6/24 (25.0%)<br />

18/73 (24.7%)<br />

4/18 (22.2%)<br />

3/14 (21.4%)<br />

2/10 (20.0%)<br />

13/52 (25.0%)<br />

FIG. 6.88 – Répulsions significatives entre RB <strong>et</strong> PPD, pour les constituants<br />

de type 0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg,<br />

synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg)<br />

321


322<br />

Densité<br />

Densité<br />

1.0<br />

0.8<br />

0.6<br />

0.4<br />

0.2<br />

0.0<br />

2.5<br />

2.0<br />

1.5<br />

1.0<br />

0.5<br />

0.0<br />

2.5<br />

2.0<br />

1.5<br />

1.0<br />

0.5<br />

0.0<br />

C6<br />

0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0<br />

Coordonnants<br />

0.0 0.2 0.4 0.6 0.8<br />

Test de Wilcoxon: p = 0<br />

C6 Co<br />

FIG. 6.89 – Proportions de marquage des C6 <strong>et</strong> des Co<br />

32<br />

28<br />

24<br />

20<br />

16<br />

12<br />

8<br />

4<br />

0<br />

40<br />

36<br />

32<br />

28<br />

24<br />

20<br />

16<br />

12<br />

8<br />

4<br />

0


FAB FRE<br />

0 997 99.5<br />

1 5 0.5<br />

1002 100<br />

0<br />

1<br />

0 200 400 600 800<br />

TAB. 6.89 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 1,0,C6,0,0<br />

(niveau: phrase)<br />

FIG. 6.90 – Réalisation de ponctogramme après un C6: grattage<br />

(Document 1270–09–29, 18)<br />

gramme à <strong>la</strong> suite d’un 1,0,C6,0,0 est si faible que seul un examen manuel est envisageable:<br />

« [15] <strong>et</strong> · che ke deuant dıt eſt par nostre arbıtre commandons noſ a˘ ˘<br />

tenír az partıez deuant<br />

dıteſ ſor le paínne kı míſe íeſt» (Document 1270–04–16, 15).<br />

«· <strong>et</strong> · [ı] ſılh navoıt paıſ le xııj · mvı de˘ ˘<br />

ſpeate [19] devan˘ ˘<br />

dıſ devenſ lotavle de˘ ˘<br />

ſent andrıe · lı<br />

vıj · bonıer [20] dalue deſor dıt ſunt le poureſ ſen demíner ſen nul aıor [21]nemen feır parcouent<br />

faıt» (Document 1270–09–29, 18).<br />

«· <strong>et</strong> · nos lí eſkeuıen [28] de líege deſoírnomeít conıſſons ke nos fumes · a ces [29] conuenances<br />

<strong>et</strong> a ceſt recort kı cí deſoír eſt eſcrís [30] <strong>et</strong> ke lí maíres deuant˘ ˘<br />

dís le míſt en nostre warde · <strong>et</strong><br />

[31] ke nos bíen en awímes nos droıtures» (Document 1275–01–10, 27).<br />

«<strong>et</strong> / [26] par chu ke che ſoıt ferme choſe <strong>et</strong> eſtaule sı auons nos pendut a ces preſens · l<strong>et</strong>tre<br />

nostre saíal [27] en teſmongnage de verıteıt» (Document 1280–05–04, 25).<br />

«· <strong>et</strong> / [30] ce ſera tantoſt apres mon treſpaſ» (Document 1283–02–13b, 29).<br />

Il est impossible de justifier l’apparition de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> à <strong>la</strong> suite de ces C6 par<br />

leur environnement morphosyntaxique. Il faut se limiter à observer que, <strong>dans</strong> trois des<br />

cinq cas en présence, le ponctogramme interagit avec le reste du système graphique.<br />

Ainsi, <strong>la</strong> deuxième attestation ci-dessus se réalise comme montré <strong>dans</strong> <strong>la</strong> photographie<br />

6.90, où l’on voit que le ponctogramme précède un linéogramme qui a été gratté. Il<br />

est possible que le ‹·› présent derrière le ‹z–› soit lié à une unité qui n’apparaît pas <strong>dans</strong><br />

le texte final. Il faut dès lors conclure que le ponctogramme est là par erreur.<br />

Les deux dernières occurrences de <strong>la</strong> liste présentent des ponctogrammes en fin de<br />

ligne.<br />

6.3.2.2 Re<strong>la</strong>teurs non coordonnants<br />

Les re<strong>la</strong>teurs non coordonnants repoussent également <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale, mais les<br />

fréquences absolues du tri à p<strong>la</strong>t suivant montrent que les ponctogrammes apparaissent<br />

parfois à leur suite (table 6.90). Que nous apprend le contexte immédiat de ces re<strong>la</strong>teurs?<br />

D’après les figures 6.91 <strong>et</strong> 6.92, les constituants qui attirent <strong>la</strong> présence de<br />

323


FAB FRE<br />

0 11610 99.15<br />

1 100 0.85<br />

11710 100<br />

0<br />

1<br />

0 2000 4000 6000 8000 10000<br />

TAB. 6.90 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 1,0,Rl,0,0 (niveaux:<br />

phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers, ¬persarg)<br />

0,0,Ap,0,0<br />

0,0,C5,pers,1<br />

0,0,Rl,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.394%)<br />

5.59e−15 1<br />

87/5577 (1.6%)<br />

1/32 (3.1%)<br />

1/78 (1.3%)<br />

FIG. 6.91 – Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 1,0,Rl,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg,<br />

synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg)<br />

0,1,Ap,0,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,0,Dt,0,0<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,0,P0,0,0<br />

0,0,Ap,¬pers,0<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,0,R2,0,0<br />

Répulsions (seuil adapté 0.394%)<br />

9.4e−08 1<br />

11/4353 (0.25%)<br />

0/1013 (0.00%)<br />

0/10 (0.00%)<br />

0/14 (0.00%)<br />

0/189 (0.00%)<br />

0/185 (0.00%)<br />

0/33 (0.00%)<br />

0/85 (0.00%)<br />

0/50 (0.00%)<br />

0/53 (0.00%)<br />

FIG. 6.92 – Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 1,0,Rl,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg,<br />

synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg)<br />

marquage sont les 0,0,Ap,0,0. En conséquence, vu les découvertes présentées <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

section→6.2, nous avons certainement affaire à des nombres ou des noms de personnes.<br />

L’examen des attestations 83 indique en eff<strong>et</strong> que presque tous les cas de marquage<br />

concernent des re<strong>la</strong>teurs précédant un nombre ou un titre; par exemple:<br />

«· lequeles · xvıj · verges baduíns lı marchans kı <strong>la</strong>lut vendı tínt en hır<strong>et</strong>age [8] por · xxıj ·<br />

ſtırs deſpeate bone <strong>et</strong> loıaz chaſcun an alıege alíuerer aſe deſpens · <strong>et</strong> a <strong>la</strong> [9] meſure de˘ ˘<br />

lıege»<br />

(Document 1263–07–20, 7).<br />

«[9] <strong>et</strong> je par le jugement <strong>et</strong> lenſengnement de˘ ˘<br />

mes homes donaı en fıez al ·· abbeıt <strong>et</strong> a couent<br />

deuant [10] dıt tot luſage <strong>et</strong> tot le droıt ke je auoı en leawe deſor dıte ſen nıent a˘ ˘<br />

r<strong>et</strong>enír / sauf<br />

les [11] dro<strong>et</strong>ures mes peſſoers de flones / dengıs <strong>et</strong> de chamont» (Document 1271–04–20, 9).<br />

Apparemment, presque toutes les attestations de signes à <strong>la</strong> suite des constituants<br />

peuvent être justifiées par des causes extérieures à <strong>la</strong> morpho<strong>syntaxe</strong>.<br />

Par ailleurs, il est également remarquable qu’une seule attestation de PPF.1 n’apparaît<br />

pas au niveau de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> immédiate, comme le montre <strong>la</strong> tabu<strong>la</strong>tion 6.91; <strong>la</strong><br />

voici:<br />

83 Voir le dépouillement en annexe.<br />

324


PPF.0 PPF.1<br />

MI.pers 575 0 575<br />

MI.pers-arg 700 1 701<br />

MI.¬pers 105 0 105<br />

MI.¬pers-arg 270 0 270<br />

MI.synt 5215 47 5262<br />

MI.synt-arg 4745 52 4797<br />

11610 100 11710<br />

TAB. 6.91 – Tri croisé MI×PPF pour les constituants 1,0,Rl,0,0<br />

FAB FRE<br />

0 3207 98.37<br />

1 53 1.63<br />

3260 100<br />

0<br />

1<br />

0 500 1000 1500 2000 2500 3000<br />

TAB. 6.92 – Tri à p<strong>la</strong>t de PPF, pour les constituants de type 0,0,Co,0,0<br />

(niveaux: phrase, pers, pers-arg, synt, synt-arg, ¬pers,<br />

¬pers-arg)<br />

0,0,R2,0,0<br />

0,0,Ap,0,0<br />

0,1,R2,0,0<br />

0,1,C5,0,1<br />

0,1,Ap,0,0<br />

Attractions (seuil adapté 0.190%)<br />

0.000202 1<br />

*<br />

9/163 (5.5%)<br />

20/697 (2.9%)<br />

3/64 (4.7%)<br />

3/103 (2.9%)<br />

10/518 (1.9%)<br />

FIG. 6.93 – Attractions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg,<br />

synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg)<br />

«<strong>et</strong> otrıons a˘ ˘<br />

<strong>la</strong>˘ ˘<br />

cıteıt delıege · que / ſe [8] eſtoıt rebelles de paír les ferm<strong>et</strong>ez deuant dıtes /<br />

elle le˘ ˘<br />

poroıt [9] deſtraíndre a˘ ˘<br />

paır · en quel manıere que mıes lur˘ ˘<br />

ſemblera afaıre · ſennos [10]<br />

aforfaıre de rıen · <strong>et</strong> aler en ˘ ˘<br />

contre noſtre íuſtıce» (Document 1249–06–25, 7).<br />

Nous ne nous hasarderons pas à commenter c<strong>et</strong>te occurrence, pour <strong>la</strong>quelle nous ne<br />

voyons aucune explication p<strong>la</strong>usible.<br />

Les observations sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale des re<strong>la</strong>teurs confirment que les phénomènes<br />

attirant le marquage sont prioritaires sur ceux attirant le non-marquage<br />

(→6.1.2.4).<br />

6.3.2.3 Re<strong>la</strong>teurs coordonnants<br />

Les re<strong>la</strong>teurs coordonnants marqués à <strong>la</strong> finale sont peu nombreux également (table<br />

6.92) <strong>et</strong> ce sont à nouveau les 0,0,Ap,0,0 qui ressortent (figure). Nous devons donc<br />

faire un dépouillement manuel, 84 qui nous apprend que les nombres sont le plus souvent<br />

marqués. Par exemple:<br />

84 Voir en annexe.<br />

325


0,0,P0,0,0<br />

0,0,C5,0,1<br />

0,1,P0,0,0<br />

0,1,Ap,pers,1<br />

0,0,Dt,0,0<br />

0,0,R3,0,0<br />

0,1,R2,¬pers,0<br />

0,0,Rl,0,0<br />

0,0,A4,0,0<br />

0,0,R3,0,1<br />

0,1,Dt,0,1<br />

0,1,R3,0,1<br />

0,1,R2,pers,1<br />

0,0,C5,0,0<br />

0,1,C5,0,0<br />

0,1,S1,0,0<br />

0,1,Dt,0,0<br />

0,1,Ap,¬pers,0<br />

0,0,S1,0,0<br />

0,1,A4,0,1<br />

0,0,A4,0,1<br />

0,0,Dt,0,1<br />

Répulsions (seuil adapté 0.190%)<br />

0.0924 1<br />

0/217 (0.00%)<br />

0/195 (0.00%)<br />

0/134 (0.00%)<br />

0/83 (0.00%)<br />

0/12 (0.00%)<br />

0/12 (0.00%)<br />

0/12 (0.00%)<br />

0/73 (0.00%)<br />

0/13 (0.00%)<br />

0/63 (0.00%)<br />

1/134 (0.75%)<br />

0/17 (0.00%)<br />

0/18 (0.00%)<br />

1/71 (1.41%)<br />

0/20 (0.00%)<br />

0/46 (0.00%)<br />

0/23 (0.00%)<br />

0/25 (0.00%)<br />

6/382 (1.57%)<br />

0/26 (0.00%)<br />

0/35 (0.00%)<br />

0/29 (0.00%)<br />

FIG. 6.94 – Répulsions significatives entre MMS <strong>et</strong> PPF, pour les constituants<br />

de type 0,0,Co,0,0 (niveaux: phrase, pers, pers-arg,<br />

synt, synt-arg, ¬pers, ¬pers-arg)<br />

[5] le craſ enſ ele voıe de ſaín remacle por vínt ſos de˘ ˘<br />

«· conute choſe ſoıt achaſcun <strong>et</strong> atoſ ke [3] noſ auonſ don<strong>et</strong> warníer le bolengıer con dıſt de<br />

rumezéſ vne maſon [4] en˘<br />

lıgoıſ cheſcun an [6] <strong>et</strong> quatre chaponſ<br />

˘<br />

hır<strong>et</strong>age luj´ <strong>et</strong> ſeſ oırſ kı ſı<strong>et</strong> apont damercuer deleſ lemaıſon johan<br />

apaıer · x · ſols anoıel <strong>et</strong> · ıııj · chaponſ · <strong>et</strong> · x · ſols ale ſaín [7] johan baptıſtre <strong>et</strong> a · ıj · ſols ·<br />

de˘ ˘<br />

requíſtıſon doír aautre» (Document 1252–03–01b, 2).<br />

«· [3] sacent treſtuít cılh kı ſunt · <strong>et</strong> kı a venír ſunt kenz el an dele jncarnatıon nostre ſangor [4]<br />

jheſu crıſt · m · <strong>et</strong> · cc · <strong>et</strong> · lx · vıj · lendemaín dele feſte ſaínt ſ˙ymon · <strong>et</strong> ſaínt jude · vınrent<br />

[5] pardeuant noſ · entre ſaínte marıe · <strong>et</strong> ſaínt <strong>la</strong>mbert a lıege · werrıſ lı fız dame raínewj´ [6]<br />

de holonge ſor jer dune part · <strong>et</strong> ſıre arnulz lı preſtreſ · cape<strong>la</strong>ínz del alte ſaínt jakeme [7] de<br />

g˙yneffe dautre part» (Document 1267–10–29, 2).<br />

6.4 Conclusions sur <strong>la</strong> fréquence du marquage<br />

Au cours de ce chapitre, nous avons progressivement examiné les constituants attirant<br />

ou repoussant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de manière significative.<br />

6.4.1 Cohérence <strong>dans</strong> le corpus<br />

Quand les effectifs suffisent à le tester, les tendances peuvent être considérées comme<br />

générales. Il n’y a donc aucune raison de penser, comme on a pu le dire précédemment<br />

à propos d’autres documents, que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des chartes est «sommaire» <strong>et</strong> qu’elle<br />

n’«obéi[t pas] à des règles précises» (Monfrin 1974, lxiv). Bien sûr, nous n’avons<br />

généralement examiné que des tendances <strong>et</strong> non des règles d’implication. En ce sens,<br />

il est certain que les utilisateurs de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale avaient <strong>la</strong> possibilité<br />

de poser des choix, mais nous avons pu identifier un certain nombre de structures<br />

particulièrement liées à l’emploi de ponctogrammes.<br />

Malgré tout, il est fréquent que quelques documents manifestent une régu<strong>la</strong>rité<br />

326


plus importante que les autres <strong>dans</strong> le respect de certaines tendances, 85 voire soient<br />

les seuls à les attester. 86<br />

De même quasi chaque tendance délimite un p<strong>et</strong>it ensemble de chartes qui s’opposent<br />

aux tendances générales. Ainsi, alors que <strong>la</strong> plupart des chartes marquent régulièrement<br />

les limites de <strong>la</strong> phrase, certaines n’emploient pas un ponctogramme à<br />

c<strong>et</strong>te position (→6.1.1.1 a <strong>et</strong>→6.1.1.2 a). Pareillement, alors que <strong>la</strong> fonction de coordonnant<br />

attire généralement PPD.1, quelques textes repoussent particulièrement c<strong>et</strong>te<br />

tendance.<br />

L’existence d’une ligne directrice commune <strong>et</strong> d’inclinaisons plus ou moins marquées<br />

à suivre <strong>la</strong> mouvance générale ou à s’en détacher correspond à ce qui est observable,<br />

en linguistique traditionnelle, lorsqu’on parle de normes <strong>et</strong> d’usages, ceux-ci se<br />

positionnant par rapport à celles-là. En d’autres termes, il y a tout lieu de penser qu’il<br />

est envisageable d’étudier <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> sous l’angle de sa variation. Le marquage<br />

des actants <strong>dans</strong> les testaments (→6.1.3.4,→6.1.3.5 <strong>et</strong>→6.1.3.11) <strong>et</strong> <strong>la</strong> propension à<br />

marquer certaines structures formu<strong>la</strong>ires 87 pourraient former l’embryon d’une étude<br />

variationnelle de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société – en fonction des types discursifs <strong>et</strong> des<br />

structures textuelles. Bien entendu, tout reste à faire: non seulement ce type d’étude<br />

demanderait qu’un nombre considérablement supérieur de documents soient examinés,<br />

mais en plus les notions de description diplomatique sont, nous l’avons déploré<br />

(→6.1.3.14 a), encore trop vagues pour perm<strong>et</strong>tre une analyse fine de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre<br />

l’acte juridique <strong>et</strong> l’acte écrit. 88 Enfin, les descriptions diaphasiques <strong>et</strong> diastratiques<br />

nécessitent que soit pris en compte un nombre conséquent de variables extralinguistiques,<br />

relevant tant de l’histoire que de <strong>la</strong> sociologie.<br />

6.4.2 Interférences non contrôlées<br />

Notre choix initial était de ne considérer que <strong>la</strong> structuration morphosyntaxique des<br />

textes (→0.1.1.2). Nous n’avons donc pas établi de cadres descriptifs précis concernant<br />

les points de vue sémantique <strong>et</strong> énonciatif. 89<br />

Néanmoins, l’observation directe des attestations <strong>dans</strong> leur contexte a permis de<br />

montrer concrètement les limites de l’analyse fondée sur <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>: <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

des constituants est parfois liée à des faits d’ordre sémantique ou énonciatif.<br />

6.4.2.1 Interférences sémantiques<br />

Du reste, l’analyse de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> en <strong>syntaxe</strong> immédiate (→6.2) <strong>et</strong> l’examen des attestations<br />

al<strong>la</strong>nt à l’encontre des tendances générales <strong>dans</strong> le cadre de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> argu-<br />

85<br />

Il suffit par exemple d’observer <strong>la</strong> manière dont se répartissent les documents du marquage<br />

initial de <strong>la</strong> phrase (→6.1.1.1) pour voir que certains d’entre eux ponctuent <strong>la</strong> phrase <strong>dans</strong><br />

tous les cas.<br />

86<br />

Voir, pour le marquage final de 0,0,R3,0,1, par exemple, <strong>la</strong> figure 6.42, page 276.<br />

87<br />

Voir les inventaires <strong>dans</strong> les synthèses pour chaque section:→6.1.2.4 c pour le prédicat,<br />

→6.1.3.14 c pour les actants <strong>et</strong> A4 <strong>et</strong>→6.1.4.12 c pour les circonstants.<br />

88<br />

Souvenons-nous de <strong>la</strong> réflexion sur <strong>la</strong> nature de l’unité texte <strong>et</strong> de ses re<strong>la</strong>tions avec le<br />

contexte de sa construction (→3.1.2.1 b).<br />

89<br />

Voir→3.1.3.1 sur <strong>la</strong> théorie des trois points de vue.<br />

327


mentale (par exemple,→6.1.3.5) ou du marquage des re<strong>la</strong>teurs (notamment→6.3.2.2)<br />

font penser que certains faits dont le point de vue morphosyntaxique n’est pas à même<br />

de rendre compte, influencent le marquage de manière non négligeable. Ces faits sont<br />

de nature sémantique. Ainsi, les chiffres paraissent «encadrés» par une <strong>ponctuation</strong> de<br />

part <strong>et</strong> d’autre, alors que les noms de personnes ou les titres sont parfois marqués à<br />

l’initiale par un ponctogramme. En employant des méthodes statistiques, il n’est pas<br />

possible, sans dépasser le cadre étroit de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>, d’être assuré de l’importance de<br />

ces tendances, puisque nous n’avons pas les moyens d’extraire l’ensemble des chiffres<br />

ou l’ensemble des noms de personnes.<br />

C<strong>et</strong> état des lieux est gênant. Le marquage des chiffres est sans conteste celui<br />

qui a été intuitivement perçu comme le plus répandu. Les noms de personnes sont<br />

également bien reconnus comme un facteur attirant le marquage. 90 En somme, ces<br />

tendances sont ainsi justifiées par une recherche philologique, mais c<strong>et</strong>te dernière ne<br />

justifie pas qu’on les prenne en considération <strong>dans</strong> une étude censée se limiter à décrire<br />

les re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>. Selon nous, c’est le fait que c<strong>et</strong>te<br />

<strong>ponctuation</strong> soit fréquente <strong>et</strong> qu’elle interfère avec <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> syntaxique qui justifie<br />

que nous en tenions compte. Un marquage à valeur non syntaxique est forcément<br />

distribué autour des structures syntaxiques, c’est là un fait évident qui a été relevé dès<br />

les premières études sur le suj<strong>et</strong>. 91 En outre, un marquage fréquent a <strong>la</strong> propriété d’influencer<br />

dramatiquement les décomptes <strong>dans</strong> lesquels il est impliqué. Il y a donc un<br />

danger à ne pas considérer les faits extérieurs à <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>: par exemple, celui de considérer<br />

qu’une structure entière est souvent marquée à l’initiale, alors que son marquage<br />

est lié au fait qu’elle débute souvent par un chiffre ou un nom de personne. . .<br />

C’est pourquoi nous nous devrions de vérifier, pour chaque tendance, si les chiffres<br />

<strong>et</strong> les noms n’y sont pas impliqués outre mesure. Pour pouvoir appliquer des méthodes<br />

numériques à ce problème, il faudra attendre que notre corpus soit enrichi d’une lemmatisation<br />

appropriée. Nous avons néanmoins pu le faire intuitivement de manière<br />

satisfaisante à chaque fois que les effectifs rendaient l’opération manuelle raisonnablement<br />

réalisable.<br />

6.4.2.2 Interférences énonciatives<br />

Du fait de l’emploi que les protagonistes d’une action juridique font de l’obj<strong>et</strong> charte,<br />

<strong>la</strong> rédaction du texte de c<strong>et</strong>te dernière est tributaire de conventions de rédaction formalisées<br />

<strong>et</strong> formu<strong>la</strong>ires.<br />

Contrairement aux interférences ayant trait au caractère sémantique des unités,<br />

l’importance du marquage de structures stéréotypées, qui revêt une dimension énonciative<br />

<strong>et</strong> pragmatique, ne nous m<strong>et</strong> pas autant <strong>dans</strong> l’embarras. Comme le montre particulièrement<br />

l’étude du marquage des actants, les formules attirant le marquage sont<br />

souvent d’une forme morphosyntaxique particulière, qui <strong>la</strong>isse penser que l’aspect<br />

énonciatif converge avec l’aspect morphosyntaxique. Ainsi, les structures 1,0,R3,0,1<br />

semblent réservées à l’adresse du texte (→6.1.3.12), de même que les 0,1,R2,pers,1<br />

comme régime d’un prédicat à l’infinitif sont liées à des formules du type _faisons<br />

90 Voir Monfrin 1974, lxiv.<br />

91 Voir Marchello-Nizia 1978, 48.<br />

328


savoir que. . ._ . Lorsque <strong>la</strong> correspondance est si n<strong>et</strong>te, nous estimons que le modèle<br />

syntaxique suffit à rendre compte de <strong>la</strong> tendance.<br />

Cependant, non seulement certaines formules échappent à c<strong>et</strong>te régu<strong>la</strong>rité –<br />

comme c’est le cas de _x qui l’afaitement fit_ , relevé en étudiant le marquage du prédicat<br />

–, mais en plus, il n’est pas possible de tenir compte simultanément de <strong>la</strong> présence<br />

<strong>et</strong> de l’absence du marquage sans un dépouillement exhaustif.<br />

À nouveau, privé de décomptes précis nous avons néanmoins relevé le phénomène,<br />

<strong>dans</strong> l’attente sur le système de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>dans</strong> ses re<strong>la</strong>tions avec d’autres<br />

points de vue que celui sur lequel nous avons concentré nos efforts.<br />

6.4.3 Remise en question du modèle<br />

L’intérêt de <strong>la</strong> confrontation des deux modèles construits <strong>dans</strong> <strong>la</strong> première partie n’est<br />

pas exclusivement pratique. Nous avons vu à plusieurs reprises que l’analyse pouvait<br />

mener à <strong>la</strong> remise en question des fondements épistémologiques de <strong>la</strong> description du<br />

champ morphosyntaxique. Au travers de faits concr<strong>et</strong>s, nous avons ainsi pu formuler<br />

quatre critiques importantes.<br />

6.4.3.1 Lexèmes employés<br />

La structure 0,1,R2,pers,1 a attiré notre attention sur <strong>la</strong> formule _savoir faisons que. . .<br />

, qui alterne <strong>dans</strong> les documents avec <strong>la</strong> formule _a savoir faisons que. . ._ (→6.1.3.9).<br />

Or, malgré <strong>la</strong> ressemb<strong>la</strong>nce des deux formules (elles ne diffèrent que par l’emploi<br />

du re<strong>la</strong>teur), <strong>la</strong> structure «profonde» que nous proposons les envisage comme radicalement<br />

différentes (→3.4.4.6). Notre modèle ne tient pas assez compte du lexique<br />

employé, lequel relève du point de vue morphosyntaxique.<br />

_<br />

6.4.3.2 Coordination <strong>et</strong> apposition<br />

La mise en évidence de l’importance de <strong>la</strong> coordination vis-à-vis de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

s’est faite progressivement, en examinant le contexte immédiat des constituants marqués.<br />

Nous avons, par exemple, remarqué que les 0,0,S1,0,0 attiraient le marquage<br />

final lorsqu’ils étaient suivis d’un autre constituant du même type ou d’un coordonnant.<br />

92 L’observation de faits semb<strong>la</strong>bles pour d’autres constituants 93 a mené à <strong>la</strong><br />

conclusion que <strong>la</strong> coordination était fortement impliquée vis-à-vis de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>.<br />

Il nous fal<strong>la</strong>it donc étudier l’attraction entre les structures coordonnées <strong>et</strong> le marquage.<br />

D’autres faits proches de <strong>la</strong> coordination n’ont pas été considérés comme en relevant.<br />

Ainsi, nous avons vu que les propositions comprenaient fréquemment plusieurs<br />

circonstants successifs, mais non coordonnés d’après notre modèle (→6.1.4.12 b). De<br />

même, les propositions re<strong>la</strong>tées de mode personnel en <strong>syntaxe</strong> immédiate se succèdent<br />

régulièrement sans que le fait ne soit décrit comme une coordination. Il y aurait lieu<br />

de reprendre le problème <strong>dans</strong> son ensemble, peut-être pour étendre <strong>la</strong> notion de coordination.<br />

92 Voir <strong>la</strong> figure 6.25, page 265.<br />

93 Voir par exemple les figures 6.29 <strong>et</strong> 6.33.<br />

329


6.4.3.3 Description de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> immédiate<br />

Nous ne reviendrons pas longuement sur ce problème, qui constitue selon nous <strong>la</strong><br />

principale faiblesse du modèle décrit au chapitre→3. Bien qu’économique, le modèle<br />

ne suffit pas à rendre compte de toutes les subtilités de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> immédiate. Il<br />

a néanmoins permis de comprendre un certain nombre de mécanismes <strong>et</strong> de m<strong>et</strong>tre<br />

en re<strong>la</strong>tion les tendances de <strong>ponctuation</strong> liées à <strong>la</strong> morpho<strong>syntaxe</strong> à celles liées à <strong>la</strong><br />

sémantique.<br />

6.4.3.4 Coordonnants <strong>et</strong> autres re<strong>la</strong>teurs<br />

Traitée spécifiquement, <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> coordination nous a également amené à<br />

réviser <strong>la</strong> manière dont nous concevons l’insertion syntaxique des coordonnants<br />

(→6.1.5.3 b). Le rôle démarcatif de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> invite en eff<strong>et</strong> à comprendre les<br />

blocs qu’elle perm<strong>et</strong> d’isoler comme des groupements de constituants fonctionnant<br />

ensemble. Or, notre analyse du coordonnant le p<strong>la</strong>çait en quelque sorte «en dehors»<br />

de tous les syntagmes ou groupes coordonnées (→3.4.7.2). L’examen de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

sert ici de révé<strong>la</strong>teur. Peut-être le modèle est-il inutilement compliqué? Il semble<br />

qu’assimiler le fonctionnement des coordonnants à celui des autres re<strong>la</strong>teurs ne nuirait<br />

pas à <strong>la</strong> finesse de <strong>la</strong> description.<br />

6.4.4 «Règles» <strong>et</strong> proportions de marquage expliqué<br />

Nous pouvons conclure en formu<strong>la</strong>nt l’hypothèse suivante: <strong>la</strong> cohérence des tendances<br />

témoigne qu’il existe un consensus, une pratique partagée par une communauté, dont<br />

les membres connaissent un certain nombre de règles qu’ils appliquent <strong>et</strong> un certain<br />

nombre de tendances qu’ils sont libres de suivre ou non.<br />

6.4.4.1 Interdictions<br />

Si l’on adm<strong>et</strong> que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> a une fonction visuelle générale d’aide à <strong>la</strong> lecture, sa<br />

présence <strong>dans</strong> des endroits incongrus devient un obstacle à l’intelligibilité, alors que<br />

son absence là où on pourrait <strong>la</strong> rencontrer reste généralement anodine. En somme, si<br />

l’on doit parler de «règles», il y a lieu de les nommer interdictions:<br />

– on ne ponctue pas le prédicat (→6.1.2.4);<br />

– on ne m<strong>et</strong> pas de ponctogramme à <strong>la</strong> suite d’un re<strong>la</strong>teur ou d’un C6 (→6.3.2);<br />

– on ne rompt pas <strong>la</strong> cohésion du syntagme.<br />

Face à ces règles, nous avons pu observer un certain nombre de licences, toutes<br />

liées au contexte immédiat:<br />

– <strong>la</strong> coordination attire <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>;<br />

– bien que ce<strong>la</strong> ne soit pas vérifié, les chiffres <strong>et</strong> les noms de personnes perm<strong>et</strong>tent <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong>.<br />

Ainsi, les environnements favorables prévalent sur ceux qui rej<strong>et</strong>tent <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>.<br />

Ces observations révèlent toute <strong>la</strong> dimension fonctionnelle de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>: l’absence<br />

de marque correspond à une indication de continuité, <strong>la</strong> fonction principale<br />

330


P.0 P.1<br />

any.0 47057 1335 48392<br />

any.1 11063 4712 15775<br />

58120 6047 64167<br />

χ 2 = 10241.32, ddl=1, p= 0 ★★★<br />

P.0 P.1<br />

237.34 -2281.19<br />

-728.08 6997.88<br />

θ 15<br />

TAB. 6.93 – Proportions de marquage expliqué par une tendance générale<br />

(repris)<br />

FAB FRE<br />

1 4712 77.92<br />

0 1335 22.08<br />

6047 100<br />

1<br />

0<br />

0 1000 2000 3000 4000<br />

TAB. 6.94 – Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de constituant attirant le marquage<br />

ou non) pour les positions ponctuées (repris)<br />

FAB FRE<br />

0 47057 80.97<br />

1 11063 19.03<br />

58120 100<br />

0<br />

1<br />

0 10000 20000 30000 40000<br />

TAB. 6.95 – Tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> position (limite de constituant attirant le marquage<br />

ou non) pour les positions non ponctuées (repris)<br />

des ponctogrammes paraissant jusqu’à présent être <strong>la</strong> démarcation des unités. Ne pas<br />

m<strong>et</strong>tre de ponctogramme revient à préserver l’unité graphique des mots entourant <strong>la</strong><br />

position qui aurait pu être ponctuée. Les «unités de lecture» médiévales sont telles<br />

que le contexte immédiat du prédicat <strong>et</strong> les mots suivant les re<strong>la</strong>teurs en sont rarement<br />

détachés, ce qui nous conforte <strong>dans</strong> l’analyse que nous avons pu donner de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

entre différents types d’arguments <strong>et</strong> le prédicat (→3.4.2) <strong>et</strong> du statut hiérarchique des<br />

re<strong>la</strong>teurs (→3.2.2.2 <strong>et</strong>→3.4.4.2).<br />

6.4.4.2 Régu<strong>la</strong>rité des tendances<br />

On pourrait dire que <strong>la</strong> sélection d’un p<strong>et</strong>it nombre de tendances fortes perm<strong>et</strong><br />

d’expliquer une proportion avoisinant 80% des ponctogrammes (table 6.93). Si, de<br />

manière abstraite, beaucoup de structures sont effectivement «ponctuables», <strong>dans</strong> les<br />

faits, seules certaines d’entre elles attirent effectivement <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>. On peut regarder<br />

les résultats d’une autre manière, <strong>et</strong> construire le tableau 6.96, qui reprend,<br />

pour chaque tendance attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>, les proportions de présence effective<br />

d’un ponctogramme. Ainsi, <strong>dans</strong> le graphique 6.95, les barres foncées représentent<br />

<strong>la</strong> fréquence absolue de non-marquage des positions indentifiées sur l’axe vertical.<br />

Les barres c<strong>la</strong>ires expriment <strong>la</strong> quantité de marquage <strong>dans</strong> les mêmes positions. On y<br />

visualise c<strong>la</strong>irement que toutes les attractions n’ont pas <strong>la</strong> même régu<strong>la</strong>rité. La <strong>ponctuation</strong><br />

de l’énoncé est <strong>la</strong> plus régulière <strong>et</strong> explique un très grand nombre de positions,<br />

alors que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des membres coordonnés est <strong>la</strong> moins systématique, mais explique<br />

<strong>la</strong> plus grande partie des occurrences de ponctogrammes. La <strong>ponctuation</strong> des<br />

331


0 1<br />

Coordination 8423 2480 10903<br />

Circonstant 2265 844 3109<br />

Actant 459 275 734<br />

Énoncé 420 1462 1882<br />

11567 5061 16628<br />

TAB. 6.96 – Tri croisé des proportions de marquage×environnements<br />

Énoncé<br />

Actant<br />

Circonstant<br />

Coordination<br />

Présence<br />

Absence<br />

0 2000 4000 6000 8000<br />

FIG. 6.95 – Graphique des proportions de marquage expliqué par les environnements<br />

actants <strong>et</strong> des A4 est intermédiaire, de même que celle des circonstants. Nous avons<br />

toutefois vu que <strong>la</strong> première était très spécifique à certains types de documents ou à<br />

certaines formules figées (→6.1.3.14), alors que <strong>la</strong> seconde est plus répandue <strong>et</strong> paraît<br />

se rapprocher de <strong>la</strong> coordination (→6.1.4.12 b).<br />

6.4.4.3 Puissance explicative<br />

Les dépouillements <strong>et</strong> analyses résolvent <strong>la</strong> question de savoir jusqu’où il faut aller<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> recherche des unités, mais exclusivement <strong>dans</strong> le cadre du modèle proposé<br />

comme référence. Si nous avions considéré toute position comme étant ponctuable,<br />

nous aurions «justifié» toute <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>, sans pour autant l’expliquer de manière<br />

satisfaisante.<br />

En posant les limites d’un modèle, puis celles fixées par les effectifs, les proportions<br />

<strong>et</strong> les tests statistiques adéquats, nous avons volontairement limité <strong>la</strong> puissance<br />

explicative de notre exposé, reléguant <strong>la</strong> responsabilité de l’explication d’une partie<br />

des phénomènes <strong>ponctuation</strong>nels à d’autres études.<br />

332


7 Forme du marquage<br />

Les deux derniers chapitres ont été entièrement focalisés sur les re<strong>la</strong>tions qu’entr<strong>et</strong>enaient<br />

les constructions syntaxiques avec les modalités de PPD <strong>et</strong> de PPF, c’est-à-dire<br />

des variables dont les modalités sont très abstraites, opposant simplement <strong>la</strong> présence<br />

à l’absence de ponctogramme – voir→5.0 sur <strong>la</strong> définition de ces variables, en particulier→5.0.2.3.<br />

Ce choix initial, visant à canaliser les données pour perm<strong>et</strong>tre un<br />

traitement général, a abouti à <strong>la</strong> définition de grandes tendances expliquant une grande<br />

partie des occurrences de ponctogrammes <strong>dans</strong> les chartes.<br />

Les grandes lignes ont été tracées. Il nous paraît opportun de revenir aux formes<br />

de ponctogrammes <strong>et</strong> d’étudier leurs re<strong>la</strong>tions avec <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>.<br />

Nous commencerons par présenter les données soumises à l’analyse, ce qui aboutira<br />

à <strong>la</strong> création d’un grand tableau de contingence. La forme des ponctogrammes sera<br />

confrontée au contexte syntaxique de leurs attestations (→7.1). Ce tableau sera ensuite<br />

soumis à l’analyse factorielle des correspondances, outil particulièrement adapté à<br />

notre problématique. C<strong>et</strong>te démarche mènera à <strong>la</strong> découverte de plusieurs associations<br />

de forme <strong>et</strong> de structure (→7.2). Celles-ci seront testées à l’aide de techniques<br />

simi<strong>la</strong>ires à celles que nous avons employées précédemment (→7.3). Enfin, nous observerons<br />

les occurrences des ponctogrammes les plus rares (→7.4).<br />

7.1 Données soumises à l’analyse<br />

Nous devons définir les données soumises à l’analyse. Nous verrons tout d’abord<br />

quelles formes de ponctogrammes apparaissent <strong>dans</strong> les documents <strong>et</strong> en quelle quantité<br />

chacune d’entre elles est attestée (→7.1.1). Nous serons alors à même de m<strong>et</strong>tre<br />

les occurrences de ces signes en re<strong>la</strong>tion avec les structures syntaxiques. Ce<strong>la</strong> mènera<br />

à <strong>la</strong> construction du tableau de contingence qui sera soumis aux analyses (→7.1.2).<br />

7.1.1 Fréquence des ponctogrammes<br />

Dans ce chapitre, l’individu étudié est le ponctogramme. Chaque individu est défini<br />

par une variable dont les modalités sont les différentes formes que prennent les signes.<br />

En effectuant un tri à p<strong>la</strong>t sur c<strong>et</strong>te variable, on obtient le tableau 7.1. Bien qu’il ne<br />

nous informe pas encore sur <strong>la</strong> manière dont les ponctogrammes interagissent avec<br />

<strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>, ce tri à p<strong>la</strong>t nous appelle à <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce. En eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong> surabondance de <strong>la</strong><br />

forme ‹·› <strong>et</strong> <strong>la</strong> faible fréquence de <strong>la</strong> majorité des autres ponctogrammes risquent de<br />

compliquer l’analyse.<br />

D’autre part, on présume que <strong>la</strong> grande variété de forme des signes était superflue<br />

333


FAB FRE<br />

· 4681 78.46<br />

/ 863 14.47<br />

· 179 3<br />

·· 108 1.81<br />

· / 62 1.04<br />

53 0.89<br />

; 7 0.12<br />

// 6 0.1<br />

– 3 0.05<br />

: 2 0.03<br />

·/ 1 0.02<br />

·· 1 0.02<br />

5966 100.01<br />

’<br />

TAB. 7.1 – Tri à p<strong>la</strong>t des formes de ponctogrammes<br />

pour <strong>la</strong> majorité des scribes: malgré l’abondance de signes disponibles <strong>et</strong> <strong>la</strong> variété<br />

des constructions, il est probable que <strong>la</strong> plupart de ces dernières soient marquées de <strong>la</strong><br />

même manière, quelles que soient leurs différences.<br />

Nous devons donc trouver l’outil adéquat au traitement de ces effectifs déséquilibrés.<br />

7.1.2 Création du tableau de contingence<br />

Au delà de leur intérêt propre, les tendances que nous avons considérées comme générales<br />

nous offrent un ensemble qui peut servir de cadre de référence pour une étude<br />

plus ciblée. Nous ne sommes plus perdu devant un énorme ensemble de structures variées,<br />

puisque nous avons pu m<strong>et</strong>tre en évidence que <strong>la</strong> majorité des ponctogrammes<br />

se manifestaient <strong>dans</strong> des contextes particuliers. Plutôt que de considérer à ce stade<br />

l’ensemble des environnements syntaxiques possibles, nous ne sélectionnerons parmi<br />

eux que ceux dont nous sommes certain qu’ils attirent le marquage. Ainsi, les ponctogrammes<br />

sont définis par une seconde variable: l’environnement syntaxique attirant<br />

le marquage, c’est-à-dire sept modalités:<br />

1. Énoncé: le ponctogramme se trouve entre deux énoncés (voir <strong>la</strong> synthèse<br />

→6.1.1.3).<br />

2. Actant D: le ponctogramme se trouve devant un actant attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale<br />

(→6.1.2.4).<br />

3. Actant F: le ponctogramme se trouve derrière un actant attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

finale (→6.1.2.4).<br />

4. C5 D: le ponctogramme se trouve devant un circonstant attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

initiale (→6.1.3.14).<br />

5. C5 F: le ponctogramme se trouve derrière un circonstant attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

finale (→6.1.3.14).<br />

6. Coord.: le ponctogramme se trouve à une des bornes d’un constituant coordonné<br />

<strong>et</strong> ne suit pas un coordonnant (→6.1.5).<br />

7. Aucun: le ponctogramme n’est pas expliqué par une des tendances mises à jour.<br />

Pour respecter les contraintes de construction des tables de contingence, nous avons<br />

r<strong>et</strong>iré de l’échantillon les positions correspondant simultanément à plusieurs ten-<br />

334


Aucun Actant F Actant D C5 F C5 D Coord. Énoncé<br />

– 1 0 0 0 0 0 2 3<br />

; 0 0 0 0 0 0 7 7<br />

: 1 0 0 0 0 0 1 2<br />

· / 25 0 0 15 3 8 4 55<br />

· 42 44 0 48 7 16 7 164<br />

/ 227 12 9 108 37 272 109 774<br />

// 4 0 0 1 0 1 0 6<br />

· 961 82 14 162 106 1765 1165 4255<br />

·/ 0 0 0 0 0 1 0 1<br />

·· 70 9 0 3 0 15 8 105<br />

·· 0 0 0 0 0 0 1 1<br />

0 0 0 0 0 11 23 34<br />

1331 147 23 337 153 2089 1327 5407<br />

’<br />

TAB. 7.2 – Tri croisé environnement×forme du ponctogramme<br />

dances. La tabu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> variable décrivant <strong>la</strong> forme avec celle décrivant l’environnement<br />

produit <strong>la</strong> table de contingence 7.2. Devant un tel tableau, il est difficile<br />

d’avoir une idée d’ensemble de <strong>la</strong> manière dont les lignes <strong>et</strong> les colonnes sont effectivement<br />

associées. Un test sur l’ensemble n’est pas possible, étant donné l’importante<br />

quantité de cases présentant un effectif très faible, voire nul. 1 Il n’est pas non plus<br />

envisageable de comparer entre elles toutes les cellules: on aboutirait à un ensemble<br />

inexploitable – parce que trop <strong>la</strong>rge – de tests dépendant les uns des autres. Tout ce<br />

qu’on peut déjà remarquer est que certains signes, très rares, ne sont attestés que <strong>dans</strong><br />

des environnements très limités, alors que le signe ‹·› est toujours le plus fréquent,<br />

quel que soit l’environnement <strong>dans</strong> lequel on le rencontre.<br />

Nous devons donc nous servir d’une technique qui nous perm<strong>et</strong>te d’y voir plus<br />

c<strong>la</strong>ir <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te grande table de contingence.<br />

7.2 Analyse factorielle des données<br />

Dans le monde francophone, 2 on utilise couramment l’analyse factorielle des correspondances<br />

(AFC) pour analyser de grands tableaux de contingence. L’AFC fait partie<br />

de <strong>la</strong> famille des statistiques exploratoires. Ces dernières s’opposent aux statistiques<br />

inférentielles, dont relèvent tous les tests que nous avons employés jusqu’ici. En eff<strong>et</strong>,<br />

elles visent à donner un aperçu général de <strong>la</strong> structure des données, non à calculer des<br />

probabilités.<br />

Pour faciliter <strong>la</strong> lecture de grandes tables de contingence, l’AFC les divise en une<br />

série de tables unidimensionnelles simples (→7.2.1). Ces tables simples sont ensuite<br />

combinées en une représentation graphique bi– ou tridimensionnelle (→7.2.2) qui peut<br />

être interprétée (→7.2.3).<br />

1 Voir <strong>la</strong> colonne des totaux <strong>dans</strong> le tableau de contingence 7.2.<br />

2 Les méthodes factorielles n’ont pas conquis aussi aisément les statisticiens anglo-saxons<br />

(M<strong>et</strong>er <strong>et</strong> al. 1994); en témoigne le volumineux Méthodes statistiques en sciences humaines<br />

de David C. Howell (1998), qui ne mentionne pas c<strong>et</strong>te technique <strong>dans</strong> le panorama qu’il<br />

dresse.<br />

335


67.73%<br />

17.81%<br />

10.49%<br />

3.52%<br />

0.41%<br />

0.04%<br />

0.00<br />

0.02<br />

0.04<br />

Valeurs propres<br />

FIG. 7.1 – Décomposition en valeurs propres<br />

0.06<br />

0.08<br />

0.10<br />

0.12<br />

CD1 CT1 CS1<br />

Aucun -0.13 0.03 -0.20<br />

Actant F -1.40 0.41 -0.76<br />

Actant D -0.06 0.00 -0.01<br />

C5 F -0.85 0.34 -0.82<br />

C5 D -0.18 0.01 -0.27<br />

Coord. 0.17 0.08 0.74<br />

Énoncé 0.26 0.13 0.64<br />

TAB. 7.3 – Points-colonnes, données numériques (1 er facteur)<br />

7.2.1 Décomposition du tableau<br />

La base de l’AFC est <strong>la</strong> décomposition en facteurs. Celle-ci simplifie les tableaux de<br />

contingence complexes en plusieurs p<strong>et</strong>ites tables unidimensionnelles qui, lorsqu’on<br />

les considère toutes simultanément, perm<strong>et</strong>tent d’appréhender le tableau entier. 3 . Chacune<br />

de ces p<strong>et</strong>ites tables, ou facteurs, représente une partie de l’information contenue<br />

<strong>dans</strong> le grand tableau (son inertie ). La proportion d’inertie expliquée par chaque facteur<br />

décroît rapidement: le premier d’entre eux explique une grande partie de l’inertie,<br />

le deuxième un peu moins, le troisième encore un peu moins, <strong>et</strong>c. L’inertie est ainsi<br />

décomposée en valeurs singulières (Lebart/Salem 1994, 15–31, Greenacre 1994, 12–<br />

14). On parle également de trace (Lebart/Salem 1994, 90).<br />

Il faut cinq facteurs pour expliquer l’intégralité de <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion du tableau de<br />

contingence sur lequel nous travaillons. On peut voir que <strong>la</strong> proportion de l’inertie<br />

totale expliquée diminue rapidement <strong>dans</strong> le graphique 7.1. Chaque facteur peut être<br />

interprété un axe, qui s’étend <strong>dans</strong> l’intervalle ]−∞;∞[. C<strong>et</strong> axe possède un point<br />

central appelé origine, dont <strong>la</strong> coordonnée est 0. Chaque ligne <strong>et</strong> chaque colonne<br />

du tableau correspond à une coordonnée sur c<strong>et</strong> axe; on parle de points-lignes <strong>et</strong> de<br />

points-colonnes. Ces points sont calculés de manière à pondérer les p<strong>et</strong>its effectifs <strong>et</strong><br />

les prendre en compte. Pour <strong>la</strong> table étudiée, les points-colonnes sont positionnés sur<br />

le premier axe suivant les coordonnées (CD) données <strong>dans</strong> <strong>la</strong> première colonne du<br />

tableau 7.3 (les colonnes suivantes seront expliquées ensuite). On voit que certains<br />

points sont positionnés <strong>dans</strong> l’intervalle ]−∞;0[ <strong>et</strong> d’autres <strong>dans</strong> l’intervalle ]0;∞[.<br />

C<strong>et</strong>te répartition représente une opposition entre les modalités associées aux points<br />

positifs <strong>et</strong> celles associées aux points négatifs. Plus un point est éloigné de l’origine,<br />

3 Les calculs nécessaires à l’AFC ont été effectués à l’aide du paqu<strong>et</strong> ADE-4. Les graphes <strong>et</strong><br />

tableaux ont été générés à l’aide d’un ensemble de fonctions que nous avons écrites; voir le<br />

fichier R/cor.R <strong>dans</strong> le paragraphe consacré à R de <strong>la</strong> section Ressources des annexes.<br />

336


plus <strong>la</strong> force du contraste <strong>dans</strong> lequel il est impliqué est grande. Par exemple, les actants<br />

<strong>et</strong> les circonstants ponctués à <strong>la</strong> finale ont une coordonnée négative très basse<br />

<strong>et</strong> s’opposent ainsi fortement à tous les autres points. Notons que le signe de <strong>la</strong> coordonnée<br />

n’a pas d’autre valeur que celle de marquer une opposition: si l’on multipliait<br />

toutes les coordonnées par−1, l’axe serait interprété de manière simi<strong>la</strong>ire <strong>et</strong> mènerait<br />

aux mêmes conclusions.<br />

La deuxième colonne du tableau 7.3, CT, donne <strong>la</strong> contribution (Lebart <strong>et</strong> al. 1998,<br />

94–95) du point à <strong>la</strong> construction du facteur. La somme des contributions des points<br />

vaut 1 pour chaque axe. Plus <strong>la</strong> contribution d’un point est élevée, plus il est important<br />

<strong>dans</strong> le contraste inhérent au facteur. Ainsi, <strong>la</strong> contribution du point-ligne représentant<br />

les circonstants attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale est plus élevée que celle du point de<br />

l’énoncé.<br />

Du fait que les facteurs simplifient <strong>la</strong> grande table de contingence, <strong>la</strong> position<br />

des points sur les axes n’est qu’une approximation. La qualité de celle-ci est donnée<br />

par une mesure nommée cosinus carré (Lebart <strong>et</strong> al. 1998, 95–97), reportée <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

troisième colonne (CS) du tableau. Plus <strong>la</strong> valeur absolue du nombre figurant <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

colonne des cosinus carrés est proche de l’unité, plus <strong>la</strong> coordonnée calculée est fiable;<br />

un cosinus carré n’est jamais négatif (puisqu’il est le carré d’un cosinus) <strong>et</strong> le signe<br />

qui précède <strong>la</strong> valeur reportée <strong>dans</strong> le tableau correspond à celui de <strong>la</strong> coordonnée. Le<br />

point-ligne des circonstants attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale est plutôt bien représenté sur<br />

c<strong>et</strong> axe, alors que celui des circonstants attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale l’est très mal.<br />

En conséquence, l’interprétation du facteur doit ignorer les points de faible cosinus<br />

carré. Il n’existe pas de règle mathématique fixant une limite à <strong>la</strong> qualité des points à<br />

considérer (Lebart <strong>et</strong> al. 1998, 97).<br />

7.2.2 Représentation bidimensionnelle<br />

Chaque facteur équivaut donc à un axe sur lequel sont positionnés des points plus ou<br />

moins bien représentés. La combinaison des coordonnées données par tous les axes<br />

obtenus par décomposition en valeurs propres perm<strong>et</strong> de dessiner un espace à k dimensions,<br />

où k est le nombre d’axes. Dans c<strong>et</strong> espace, <strong>la</strong> projection géométrique du tableau<br />

de contingence est parfaite (<strong>la</strong> somme des cosinus carrés d’un point vaut 1): chaque<br />

facteur corrige l’approximation fournie par le(s) précédent(s) jusqu’à ce qu’aucune<br />

correction supplémentaire ne soit possible (Cibois 2000, 27–34). Malheureusement,<br />

l’être humain est incapable d’appréhender efficacement plus de deux dimensions –<br />

trois dimensions constituant naturellement un maximum. Les représentations tridimensionnelles<br />

ne sont pas facilement interprétables, parce que l’observateur est obligé<br />

de choisir un point de vue pour observer l’espace, ce qui élimine automatiquement <strong>la</strong><br />

troisième dimension. C’est pourquoi on construit une visualisation p<strong>la</strong>naire du tableau<br />

de contingence en prenant en considération les deux premiers axes de l’espace calculé.<br />

Ce p<strong>la</strong>n représente <strong>la</strong> partie de l’inertie équiva<strong>la</strong>nt à <strong>la</strong> somme des contributions des<br />

vecteurs impliqués <strong>dans</strong> sa construction. Bien que réducteur, un p<strong>la</strong>n formé par les<br />

deux premiers axes d’une AFC correspond souvent à une grande partie de l’inertie du<br />

tableau – Il dépasse généralement 90% de c<strong>et</strong>te dernière.<br />

Pour dessiner ce p<strong>la</strong>n, nous avons donc besoin de deux axes fournissant les coordonnées<br />

des points-colonnes du tableau 7.4 (<strong>la</strong> colonne R indique pour chaque point<br />

<strong>la</strong> proportion de qualité de représentation dont les axes précédents ne rendent pas<br />

337


CD1 CT1 CS1 CD2 CT2 CS2 R<br />

Aucun -0.13 0.03 -0.20 0.16 0.19 0.32 0.49<br />

Actant F -1.40 0.41 -0.76 -0.76 0.46 -0.23 0.02<br />

Actant D -0.06 0.00 -0.01 0.52 0.03 0.49 0.50<br />

C5 F -0.85 0.34 -0.82 0.23 0.09 0.06 0.12<br />

C5 D -0.18 0.01 -0.27 0.19 0.03 0.28 0.45<br />

Coord. 0.17 0.08 0.74 0.00 0.00 0.00 0.26<br />

Énoncé 0.26 0.13 0.64 -0.16 0.19 -0.25 0.12<br />

Contribution de f2 : 0.0345 (17.81 %)<br />

TAB. 7.4 – Points-colonnes, données numériques<br />

0.4<br />

0.2<br />

0.0<br />

−0.2<br />

−0.4<br />

−0.6<br />

Actant F<br />

−0.8<br />

−1.0<br />

C5 F<br />

−0.5<br />

Actant D<br />

C5 Aucun D<br />

0.0<br />

Coord.<br />

Contribution de f1 : 0.1312 (67.73 %)<br />

Énoncé<br />

FIG. 7.2 – Analyse factorielle des correspondances: points-colonnes<br />

compte). En utilisant les coordonnées du premier axe pour positionner horizontalement<br />

les points <strong>et</strong> les coordonnées du second axe pour positionner verticalement les<br />

points, on dessine le p<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> figure 7.2. Seul le centre des disques correspond aux<br />

coordonnées. La surface des disques est proportionnelle à <strong>la</strong> qualité (cosinus carré)<br />

cumulée des points sur les deux axes employés. Grâce à c<strong>et</strong>te représentation, on peut<br />

interpréter efficacement <strong>la</strong> distance qui sépare les différentes modalités. Par exemple,<br />

Actant F est plus éloigné de Actant D que de C5 F.<br />

Les points-lignes sont positionnés <strong>dans</strong> un espace distinct. Sur <strong>la</strong> base des coordonnées<br />

du tableau 7.5, on dessine le p<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> figure 7.3 (les formes ‹· › <strong>et</strong> ‹· /›<br />

sont rendues respectivement par ‹?› <strong>et</strong> ‹!›). Chacun des deux espaces construits de <strong>la</strong><br />

sorte donne une idée de <strong>la</strong> manière dont chaque modalité se comporte par rapport aux<br />

autres modalités de <strong>la</strong> même variable. On proj<strong>et</strong>te les deux p<strong>la</strong>ns ainsi obtenus <strong>dans</strong><br />

un seul espace (figure 7.4; <strong>la</strong> couleur des disques n’a pas d’autre fonction que celle<br />

de perm<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> distinction des points-lignes <strong>et</strong> des points-colonnes), ce qui perm<strong>et</strong><br />

d’interpréter les re<strong>la</strong>tions entre les points-lignes <strong>et</strong> les points-colonnes. Du fait que<br />

les espaces sont ajustés (par contraction ou di<strong>la</strong>tation) de manière à être combinés,<br />

l’interprétation de <strong>la</strong> distance entre les points-lignes <strong>et</strong> les points-colonnes ne peut se<br />

faire intuitivement.<br />

338<br />


Contribution de f2 : 0.0345 (17.81 %)<br />

1.0<br />

0.5<br />

0.0<br />

−0.5<br />

−1.0<br />

?<br />

−1.5<br />

−1.0<br />

!<br />

//<br />

··<br />

−0.5<br />

0.0<br />

:<br />

·<br />

−−<br />

0.5<br />

Contribution de f1 : 0.1312 (67.73 %)<br />

/<br />

·/<br />

<br />

·· ;<br />

FIG. 7.3 – Analyse factorielle des correspondances: points-lignes<br />

Contribution de f2 : 0.0345 (17.81 %)<br />

1.0<br />

0.5<br />

0.0<br />

−0.5<br />

−1.0<br />

Contribution du p<strong>la</strong>n : 0.1657 (85.54 %)<br />

?<br />

Actant F<br />

−1.5<br />

−1.0<br />

!<br />

//<br />

C5 F ··<br />

/<br />

C5 Aucun D<br />

Coord. :<br />

· ·/<br />

Énoncé<br />

−−<br />

−0.5<br />

Actant D<br />

0.0<br />

0.5<br />

Contribution de f1 : 0.1312 (67.73 %)<br />

FIG. 7.4 – Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes<br />

<strong>et</strong> environnement<br />

<br />

·· ;<br />

339


7.2.3 Interprétation<br />

CD1 CT1 CS1 CD2 CT2 CS2 R<br />

– 0.36 0.00 0.10 -0.29 0.00 -0.07 0.83<br />

; 0.72 0.01 0.17 -0.88 0.03 -0.25 0.58<br />

: 0.18 0.00 0.03 0.00 0.00 0.00 0.97<br />

· / -0.71 0.04 -0.42 0.73 0.16 0.43 0.15<br />

·<br />

/ -0.26 0.07 -0.36 0.32 0.42 0.55 0.10<br />

// -0.55 0.00 -0.23 0.79 0.02 0.47 0.29<br />

· 0.13 0.10 0.88 -0.05 0.05 -0.11 0.01<br />

·/ 0.46 0.00 0.13 -0.02 0.00 0.00 0.87<br />

·· -0.52 0.04 -0.23 0.20 0.02 0.04 0.74<br />

·· 0.72 0.00 0.17 -0.88 0.00 -0.25 0.58<br />

0.64 0.02 0.36 -0.60 0.07 -0.32 0.32<br />

’ -1.76 0.72 -0.92 -0.52 0.23 -0.08 0.00<br />

TAB. 7.5 – Points-lignes, données numériques<br />

L’interprétation doit suivre un p<strong>et</strong>it nombre de règles simples que nous allons illustrer<br />

concrètement en faisant l’analyse de l’ensemble du p<strong>la</strong>n.<br />

Généralement, on commence par interpréter le premier facteur, puis le second,<br />

avant de m<strong>et</strong>tre en re<strong>la</strong>tion les points-lignes <strong>et</strong> les points-colonnes.<br />

a. Interprétation du premier axe. Le premier axe exprime naturellement l’essentiel de<br />

l’information. Parmi les ponctogrammes (points-lignes), il oppose essentiellement ‹· ›<br />

(ici représenté par ‹?›) aux autres ponctogrammes, comme <strong>la</strong> contribution de ce point<br />

l’indique c<strong>la</strong>irement. Les ponctogrammes le plus n<strong>et</strong>tement distingués comprennent<br />

‹·›, dont <strong>la</strong> position proche du centre montre le faible pouvoir discriminant. En d’autres<br />

termes, on s’attend à ce que les formes délimitées par un ‹· › soient n<strong>et</strong>tement plus<br />

spécifiques que celles ponctuées d’un simple point.<br />

Les types d’environnement (points-colonnes) les mieux représentés <strong>et</strong> contribuant<br />

le plus à <strong>la</strong> construction du premier axe sont les actants <strong>et</strong> circonstants ponctués à <strong>la</strong><br />

finale d’une part <strong>et</strong> coordonnants d’autre part.<br />

b. Interprétation du deuxième axe. Le deuxième axe m<strong>et</strong> en évidence l’opposition<br />

entre, d’une part, le groupe formé par ‹› <strong>et</strong> ‹··› <strong>et</strong>, d’autre part, le groupe formé par<br />

‹/› <strong>et</strong> ‹· /› (ici représenté par ‹!›). Pour ce qui est des environnements, il oppose c<strong>et</strong>te<br />

fois les circonstants <strong>et</strong> les actants ponctués à <strong>la</strong> finale, rapprochant ces derniers de<br />

l’énoncé.<br />

c. Interprétation des p<strong>la</strong>ns. Si l’on considère simultanément les deux p<strong>la</strong>ns (celui des<br />

points-lignes <strong>et</strong> celui des points-colonnes), il est possible de déceler les re<strong>la</strong>tions existant<br />

entre les ponctogrammes <strong>et</strong> les environnements. Néanmoins, pour des raisons<br />

mathématiques, 4 il n’est pas correct d’interpréter directement les distances entre un<br />

point-ligne <strong>et</strong> un point-colonne. Par contre, on peut examiner <strong>la</strong> position d’un pointligne<br />

par rapport à tous les points-colonnes (<strong>et</strong> vice-versa). 5 Une autre manière de<br />

procéder pour apprécier <strong>la</strong> distance entre un point-ligne <strong>et</strong> un point-colonne est de calculer<br />

l’angle formé par l’origine des axes (qui est le somm<strong>et</strong> de c<strong>et</strong> angle) <strong>et</strong> ces deux<br />

4 Cf. Lebart/Salem 1994, 88, «En fait, il n’est pas licite d’interpréter [l]es proximités croisées<br />

entre un point-ligne <strong>et</strong> un point-colonne, car les deux points ne sont pas <strong>dans</strong> le même espace<br />

au départ.» La représentation simultanée des deux espaces contracte un des deux p<strong>la</strong>ns<br />

(ibid.).<br />

5 Cf. Lebart/Salem 1994, 88.<br />

340<br />

’<br />


points. 6 Si l’angle est aigu, il y a attraction entre les points (<strong>et</strong> donc entre les modalités<br />

correspondantes). Si l’angle est obtus, il y a répulsion. Un angle droit représente<br />

l’indépendance.<br />

Par exemple, le point-colonne C5 F <strong>et</strong> le point-ligne du ponctogramme ‹› dessinent<br />

un angle obtus dont le somm<strong>et</strong> est l’origine des deux axes. Il y a donc répulsion<br />

entre les circonstants attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale <strong>et</strong> le ponctogramme ‹›. Par contre,<br />

le point-ligne du ponctogramme ‹/› dessinerait un angle aigu avec l’origine <strong>et</strong> le pointcolonne<br />

C5 F; pareille configuration indique une attraction entre les modalités.<br />

En suivant ces principes, le p<strong>la</strong>n livre principalement les informations suivantes:<br />

1. l’attraction <strong>la</strong> plus forte est sans conteste celle qui lie les actants ponctués à <strong>la</strong><br />

finale au ‹· › <strong>et</strong> au ‹›;<br />

2. les C5 ponctués à <strong>la</strong> finale ressemblent à ces actants par leur attraction de ‹· ›, mais<br />

s’en distinguent par une attraction singulière envers ‹/› <strong>et</strong> ‹· /›;<br />

3. bien que peu éloignés du centre en raison de leur association avec ‹·›, les énoncés<br />

se rapprochent des actants ponctués à <strong>la</strong> finale par leur attraction envers le ponctogramme<br />

‹›.<br />

’<br />

Comme le montre <strong>la</strong> dernière colonne des données numériques (colonne R qui<br />

contient <strong>la</strong> part d’information négligée pour chaque point), un nombre important de<br />

ponctogrammes restent non expliqués par les deux premiers axes. De même, l’environnement<br />

constitué par <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> initiale des actants <strong>et</strong> l’absence d’environnement<br />

spécifique est mal représenté. Normalement, si les données en valent <strong>la</strong> peine, on<br />

complète l’analyse fournie par les deux premiers axes en examinant successivement<br />

tous les axes suivants. Néanmoins, on gagnerait certainement en c<strong>la</strong>rté en supprimant<br />

du traitement tous les ponctogrammes dont l’effectif est très faible. Ce<strong>la</strong> perm<strong>et</strong>trait<br />

certainement au point-ligne correspondant à ‹··› de se trouver représenté efficacement.<br />

Il y a donc tout intérêt à réfléchir à <strong>la</strong> manière de réduire le tableau.<br />

7.2.4 Réduction du tableau de contingence<br />

Bien que l’AFC perm<strong>et</strong>te de se servir d’effectifs très p<strong>et</strong>its, c<strong>et</strong>te capacité peut poser<br />

problème:<br />

«L’analyse factorielle des correspondances [. . .] pondère les p<strong>et</strong>its effectifs <strong>et</strong> les prend ainsi<br />

en compte: c’est même là une de ses qualités reconnues. Cependant, c<strong>et</strong>te qualité peut se<br />

transformer en piège. Il suffit pour ce<strong>la</strong> que quelques modalités soient prises en même temps<br />

par un tout p<strong>et</strong>it nombre d’individus <strong>et</strong> qu’ainsi ce regroupement apparaisse <strong>dans</strong> le premier<br />

facteur d’analyse.» (Cibois 1997, 309).<br />

À ce problème, auquel Philippe Cibois donne le nom d’eff<strong>et</strong> de distinction, il faut<br />

ajouter le fait que <strong>la</strong> table de contingence ne tient absolument pas compte de <strong>la</strong> répartition<br />

entre les documents. Il est dès lors possible que certaines tendances observées<br />

soient caractéristiques d’un p<strong>et</strong>it nombre de chartes particulières.<br />

Il est donc utile d’inspecter préa<strong>la</strong>blement les modalités de faible effectif <strong>et</strong> de<br />

modifier le tableau de contingence en r<strong>et</strong>irant celles d’entre elles qui seraient, d’une<br />

6 Voir Cibois 2000, 16–17.<br />

’<br />

341


0 1<br />

1272-03 57 42 99<br />

Autres 76 4 80<br />

133 46 179<br />

TAB. 7.6 – Tri croisé RB×actant ponctuable à <strong>la</strong> finale pour ‹ · ›<br />

1265−05b<br />

1263−03−31<br />

Attractions (seuil adapté 1.70%)<br />

0.00424 1<br />

FIG. 7.5 – Attractions entre CiF <strong>et</strong> RB pour punctus ‹· ›<br />

’<br />

8/10 (80%)<br />

5/10 (50%)<br />

Répulsions (seuil adapté 1.70%)<br />

1272−03 26/99 (26%)<br />

0.0333 1<br />

FIG. 7.6 – Répulsions entre CiF <strong>et</strong> RB pour punctus ‹· ›<br />

part, trop rares, d’autre part, trop spécifiques (→7.2.4.1). Ce tableau réduit rendra<br />

possible une analyse moins tributaire de tendances marginales (→7.2.4.2).<br />

7.2.4.1 Modalités de faible effectif<br />

Nous aborderons successivement <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale des actants <strong>et</strong> des circonstants<br />

ainsi que <strong>la</strong> forme des ponctogrammes rares avant de proposer un tableau de contingence<br />

réduit.<br />

a. Marquage final des actants. Nous savons que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale des actants est<br />

parfois un phénomène limité à un nombre de chartes très restreint. 7 Si l’on observe en<br />

eff<strong>et</strong> <strong>la</strong> manière dont <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des actants par ‹· › se distribue entre les documents,<br />

on obtient <strong>la</strong> tabu<strong>la</strong>tion 7.6. 8 C<strong>et</strong>te venti<strong>la</strong>tion est éloquente: nul besoin de test pour<br />

constater que l’association ne concerne qu’un seul document, qui s’est déjà distingué<br />

de nombreuses fois quand nous étudiions les fréquences de marquage. 9<br />

b. Marquage final des circonstants. Dès lors que <strong>la</strong> première attraction n’a pas lieu<br />

d’être considérée comme générale, on peut se demander si chacun des trois ponctogrammes<br />

attirés par les circonstants ponctués à <strong>la</strong> finale n’est pas spécifique de documents<br />

particuliers. Selon les figures 7.5 <strong>et</strong> 7.6, pour le signe ‹· ›, un document se<br />

démarque. Pour ‹/›, trois documents pourraient se démarquer, mais ne franchissent<br />

pas le seuil corrigé (figures 7.7 <strong>et</strong> 7.8). Pour ‹· /›, il n’y a pas d’attraction significative<br />

(figure 7.9 <strong>et</strong> 7.10). En somme, si une distorsion est introduite par ces quelques associations<br />

(qui, du reste, ne concernent qu’une p<strong>et</strong>ite proportion des ponctogrammes<br />

impliqués), il est certain qu’elle est bien moindre que celle que nous venons de constater<br />

au suj<strong>et</strong> des actants.<br />

7 Voir en particulier le cas du marquage final des R2,→6.1.3.5.<br />

8 Voir <strong>la</strong> tabu<strong>la</strong>tion complète <strong>dans</strong> l’annexe 7.2.4.1.table-RB-punctuselevatus.<br />

9 Voir, entre autres,→6.1.3.4 ou→6.1.3.11.<br />

342<br />

’<br />

’<br />

’<br />


1263−11<br />

1263−05−27b<br />

1270−06−06a<br />

1268−08−02b<br />

1264−04<br />

1263−05−27a<br />

1288−02a<br />

1267−07−06<br />

1283−02−13a<br />

1274−02−24<br />

1267−08−28<br />

1271−04−20<br />

1271−12−09<br />

1271−12−22<br />

1276−07−22<br />

1287−09−08<br />

1289−04−05<br />

1268−03−10<br />

1270−11−26<br />

1271−05−22<br />

1260−05−14<br />

1287−10<br />

1271−03−18<br />

1287−06−24<br />

1271−07−07a<br />

1270−03−24<br />

1289−04−19<br />

1290−08−24<br />

1272−06−22<br />

1280−08−14<br />

1273−05−12<br />

1288−02b<br />

Attractions (seuil adapté 0.160%)<br />

0.00387 1<br />

FIG. 7.7 – Attractions entre CiF <strong>et</strong> RB pour punctus ‹/›<br />

Répulsions (seuil adapté 0.160%)<br />

0.00853 1<br />

FIG. 7.8 – Répulsions entre CiF <strong>et</strong> RB pour punctus ‹/›<br />

11/24 (46%)<br />

8/15 (53%)<br />

13/38 (34%)<br />

5/11 (45%)<br />

4/10 (40%)<br />

6/18 (33%)<br />

7/24 (29%)<br />

5/17 (29%)<br />

7/26 (27%)<br />

4/19 (21%)<br />

7/34 (21%)<br />

8/36 (22%)<br />

2/47 (4.3%)<br />

3/36 (8.3%)<br />

1/20 (5.0%)<br />

0/11 (0.0%)<br />

0/10 (0.0%)<br />

1/16 (6.2%)<br />

3/28 (10.7%)<br />

3/28 (10.7%)<br />

1/15 (6.7%)<br />

1/14 (7.1%)<br />

2/20 (10.0%)<br />

1/13 (7.7%)<br />

4/30 (13.3%)<br />

2/18 (11.1%)<br />

2/15 (13.3%)<br />

3/20 (15.0%)<br />

3/19 (15.8%)<br />

3/16 (18.8%)<br />

4/23 (17.4%)<br />

3/17 (17.6%)<br />

Attractions (seuil adapté 1.70%)<br />

1273−12 5/13 (38%)<br />

1272−03<br />

1236−12−15<br />

0.838 1<br />

FIG. 7.9 – Attractions entre CiF <strong>et</strong> RB pour punctus ‹ · / ›<br />

Répulsions (seuil adapté 1.70%)<br />

0.456 1<br />

FIG. 7.10 – Répulsions entre CiF <strong>et</strong> RB pour punctus ‹· / ›<br />

2/11 (18%)<br />

3/11 (27%)<br />

343


Aucun Actant D C5 F C5 D Coord. Énoncé<br />

· 956 14 158 105 1743 1136 4112<br />

/ 209 8 93 35 253 106 704<br />

·<br />

·<br />

41 0 47 7 16 7 118<br />

/ ··<br />

24<br />

70<br />

0<br />

0<br />

15<br />

3<br />

3<br />

0<br />

8<br />

15<br />

4<br />

8<br />

54<br />

96<br />

1300 22 316 150 2035 1261 5084<br />

’<br />

TAB. 7.7 – Tri croisé environnement×forme du ponctogramme (revu)<br />

Aucun Actant D C5 F C5 D Coord. Énoncé<br />

· 961 14 162 106 1765 1165 4173<br />

/ 227 9 108 37 272 109 762<br />

· 42 0 48 7 16 7 120<br />

· / 25 0 15 3 8 4 55<br />

·· 70 0 3 0 15 8 96<br />

1325 23 336 153 2076 1293 5206<br />

’<br />

TAB. 7.8 – Tri croisé environnement×forme du ponctogramme (revu)<br />

c. Ponctogrammes rares. Il est évident que les ponctogrammes attestés une seule fois<br />

se verront attirés fortement par l’environnement <strong>dans</strong> lequel ils ont été relevés. C’est<br />

par exemple le cas de ‹··›, qui est attiré par l’énoncé. Avec ce type de répartition,<br />

soit les points sont mal représentés, soit ils mobilisent une part trop grande de l’inertie<br />

pour leur intérêt. Compte tenu des effectifs disponibles, il paraît raisonnable de r<strong>et</strong>irer<br />

de l’effectif des ponctogrammes tous ceux dont <strong>la</strong> forme apparaît moins de dix fois.<br />

Enfin, l’association des actants ponctués à <strong>la</strong> finale <strong>et</strong> de ‹› ne concerne également<br />

qu’un seul document (à nouveau Document 1272–03), qui contient à lui seul toutes les<br />

attestations du signe (→7.2.4.1). Quand on voit l’importance que ce ponctogramme a<br />

eu <strong>dans</strong> le tracé des coordonnées du p<strong>la</strong>n factoriel général, on est presque certain<br />

que les premiers résultats obtenus sont loin de se conformer à une réalité <strong>la</strong>rgement<br />

partagée. Il faut donc rem<strong>et</strong>tre en question ces conclusions un peu hâtives.<br />

d. Réduction du tableau. Pour être le plus prudent possible, reconstituons un nouveau<br />

p<strong>la</strong>n factoriel sur <strong>la</strong> base d’une table de contingence d’où nous avons r<strong>et</strong>iré <strong>la</strong> colonne<br />

correspondant aux actants ponctués à <strong>la</strong> finale, les lignes des ponctogrammes peu<br />

attestés ou exclusifs à un document <strong>et</strong> les quelques chartes susceptibles de biaiser les<br />

re<strong>la</strong>tions entre ‹· › ou ‹/› <strong>et</strong> les circonstants. Le résultat de <strong>la</strong> réduction est <strong>la</strong> table de<br />

contingence 7.7. C<strong>et</strong>te table est très bien représentée par le p<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> figure 7.11,<br />

p. 345. 10<br />

Cependant, nous pourrions également nous baser sur le tableau de contingence<br />

gardant les décomptes liés aux chartes associant significativement (ou presque) le<br />

ponctogrammes aux circonstants ponctués à <strong>la</strong> finale (table 7.8). En eff<strong>et</strong>, en effectuant<br />

une AFC sur c<strong>et</strong>te table, on obtient le p<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> figure 7.12, qui peut être<br />

simplifié en séparant <strong>la</strong> représentation des points-lignes de celle des points-colonnes<br />

(figure 7.13). Ce p<strong>la</strong>n <strong>la</strong>isse paraître que l’espace n’est pas modifié de manière sensible<br />

par <strong>la</strong> présence des documents qui pourraient le distordre. Nous nous baserons<br />

donc sur c<strong>et</strong>te seconde table revue <strong>et</strong> le p<strong>la</strong>n qui y correspond pour effectuer <strong>la</strong> suite<br />

’<br />

10 Voir les tableaux des données numériques en annexe: 7.2.4.1.table-revised-rows <strong>et</strong><br />

7.2.4.1.table-revised-cols.<br />

344


78.72%<br />

18.01%<br />

3.23%<br />

0.04%<br />

Contribution de f2 : 0.0217 (18.01 %)<br />

0.2<br />

0.0<br />

−0.2<br />

−0.4<br />

−0.6<br />

−0.8<br />

−1.0<br />

0.00<br />

−1.5<br />

0.02<br />

Valeurs propres<br />

−1.0<br />

0.04<br />

−0.5<br />

0.06<br />

0.08<br />

Points−lignes <strong>et</strong> points−colonnes<br />

Contribution du p<strong>la</strong>n : 0.1168 (96.73 %)<br />

?<br />

C5 F<br />

!<br />

C5 D<br />

Actant D<br />

Coord.<br />

/<br />

Énoncé<br />

·<br />

0.0<br />

Contribution de f1 : 0.0951 (78.72 %)<br />

··<br />

Aucun<br />

FIG. 7.11 – Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes<br />

<strong>et</strong> environnement<br />

345


346<br />

79.31%<br />

17.31%<br />

3.33%<br />

0.05%<br />

Contribution de f2 : 0.0214 (17.31 %)<br />

0.2<br />

0.0<br />

−0.2<br />

−0.4<br />

−0.6<br />

−0.8<br />

−1.0<br />

0.00<br />

0.02<br />

−1.0<br />

Valeurs propres<br />

0.04<br />

−0.5<br />

0.06<br />

0.08<br />

Contribution du p<strong>la</strong>n : 0.1194 (96.62 %)<br />

?<br />

C5 F<br />

!<br />

C5 D<br />

Actant D<br />

/<br />

0.0<br />

Contribution de f1 : 0.098 (79.31 %)<br />

··<br />

Aucun<br />

Coord. Énoncé<br />

·<br />

FIG. 7.12 – Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes<br />

<strong>et</strong> environnement


Contribution de f2 : 0.0214 (17.31 %)<br />

Contribution de f2 : 0.0214 (17.31 %)<br />

0.4<br />

0.2<br />

0.0<br />

−0.2<br />

−0.4<br />

0.2<br />

0.0<br />

−0.2<br />

−0.4<br />

−0.6<br />

−0.8<br />

−1.0<br />

C5 F<br />

−1.0<br />

−1.5<br />

?<br />

−0.8<br />

−0.6<br />

−0.4<br />

C5 D<br />

Actant D<br />

Aucun<br />

−0.2<br />

0.0<br />

Contribution de f1 : 0.098 (79.31 %)<br />

!<br />

−1.0<br />

−0.5<br />

Coord.<br />

Énoncé<br />

0.0<br />

Contribution de f1 : 0.098 (79.31 %)<br />

FIG. 7.13 – Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes<br />

<strong>et</strong> environnement (points-lignes <strong>et</strong> points-colonnes<br />

séparés)<br />

des analyses. Les données numériques pour les points-lignes figurent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 7.9.<br />

La table 7.10 représente les points-colonnes.<br />

7.2.4.2 Analyse du tableau réduit<br />

a. Interprétation du premier axe. Le premier axe distribue les quatre ponctogrammes<br />

les plus attestés en deux catégories: le ‹·› d’une part, <strong>et</strong> les ‹/›, ‹· › <strong>et</strong> ‹· /› d’autre part.<br />

Tous ces ponctuants sont très bien représentés sur le premier axe. On voit que le punctus<br />

est très proche de l’origine, ce qui montre sa faible valeur discriminante, alors que<br />

les autres ponctuants sont graduellement de plus en plus éloignés de <strong>la</strong> coordonnée 0.<br />

De <strong>la</strong> même manière, le premier axe oppose le groupement comprenant l’énoncé<br />

/<br />

··<br />

0.2<br />

·<br />

’<br />

347


CD1 CT1 CS1 CD2 CT2 CS2 CD3 CT3 CS3 R<br />

· 0.14 0.15 0.98 0.01 0.01 0.01 0.01 0.04 0.01 0.00<br />

/ -0.39 0.23 -0.90 0.03 0.00 0.00 -0.13 0.62 -0.10 0.00<br />

·<br />

· / -1.05 0.12 -0.97 -0.13 0.01 -0.01 0.13 0.04 0.02 0.00<br />

·· -0.36 0.02 -0.11 -1.03 0.91 -0.89 0.04 0.01 0.00 0.00<br />

’ -1.42 0.48 -0.95 0.25 0.07 0.03 0.23 0.29 0.02 0.00<br />

TAB. 7.9 – Points-lignes, données numériques<br />

CD1 CT1 CS1 CD2 CT2 CS2 CD3 CT3 CS3 R<br />

Aucun -0.17 0.08 -0.34 -0.24 0.67 -0.66 0.00 0.00 0.00 0.00<br />

Actant D -0.23 0.00 -0.10 0.13 0.00 0.03 -0.66 0.47 -0.86 0.00<br />

C5 F -1.01 0.67 -0.94 0.24 0.18 0.06 0.06 0.05 0.00 0.00<br />

C5 D -0.28 0.02 -0.62 0.17 0.04 0.23 -0.13 0.13 -0.14 0.01<br />

Coord. 0.15 0.09 0.82 0.06 0.07 0.14 -0.03 0.10 -0.04 0.00<br />

Énoncé 0.24 0.15 0.88 0.06 0.04 0.06 0.06 0.25 0.06 0.00<br />

TAB. 7.10 – Points-colonnes, données numériques<br />

<strong>et</strong> les phénomènes de coordination à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale des circonstants, qui forment<br />

un deuxième groupe (les autres points ne sont pas bien représentés). Dans ce dernier,<br />

on voit que les circonstants attirant le ponctogramme final sont les mieux représentés<br />

<strong>et</strong> qu’ils contribuent re<strong>la</strong>tivement bien à l’inertie de l’axe, alors que les autres points<br />

ont une contribution plus faible.<br />

b. Interprétation du deuxième axe. Le deuxième axe corrige le premier en le précisant.<br />

En ce qui concerne les points-lignes, le vecteur détache fortement ‹··› de l’ensemble<br />

des autres ponctogrammes – très mal représentés <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te dimension. Pour<br />

les points-colonnes, le facteur oppose essentiellement <strong>la</strong> modalité Aucun à C5 F.<br />

c. Interprétation des p<strong>la</strong>ns. La comparaison simultanée des deux p<strong>la</strong>ns associe l’environnement<br />

à <strong>la</strong> forme de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>. Trois groupes se détachent:<br />

1. l’énoncé <strong>et</strong> <strong>la</strong> coordination sont ponctués par ‹·›, qui reste, comme en première<br />

analyse, très peu discriminant;<br />

2. les circonstants sont associés de manière très forte aux ponctogrammes ‹/›, ‹· /› <strong>et</strong><br />

‹· ›;<br />

3. les environnements n’attirant pas spécifiquement <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> sont caractérisés<br />

essentiellement par l’attraction de ‹··›, qui leur est spécifique.<br />

’<br />

Par ailleurs, il faut remarquer que:<br />

3. les ponctogrammes les plus fréquents sont ceux qui sont les moins spécifiques;<br />

4. enfin, eu égard à <strong>la</strong> forme des ponctogrammes employés, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des actants<br />

<strong>et</strong> des circonstants attirant un ponctogramme initial est d’un très faible intérêt.<br />

d. Interprétation du troisième facteur. Comme nous l’annoncions ci-dessus, lorsque<br />

les données le justifient, il est envisageable de continuer l’interprétation des différents<br />

facteurs. Le troisième facteur peut nous révéler d’autres oppositions ignorées par le<br />

p<strong>la</strong>n construit sur <strong>la</strong> base des deux premiers. On construit généralement un nouveau<br />

p<strong>la</strong>n (figure 7.14) à l’aide des axes 2 <strong>et</strong> 3 pour observer les informations livrées par<br />

ce troisième facteur (le premier axe du graphique est simi<strong>la</strong>ire au deuxième axe du<br />

graphique précédent). Pour interpréter ce p<strong>la</strong>n, où les points ont forcément des cosinus<br />

348


Contribution de f3 : 0.0041 (3.33 %)<br />

Contribution de f3 : 0.0041 (3.33 %)<br />

0.4<br />

0.2<br />

0.0<br />

−0.2<br />

−0.4<br />

0.0<br />

−0.2<br />

−0.4<br />

−0.6<br />

··<br />

−1.0<br />

−0.8<br />

−0.6<br />

−0.4<br />

−0.2<br />

0.0<br />

0.2<br />

Contribution de f2 : 0.0214 (17.31 %)<br />

−0.4<br />

Aucun<br />

−0.2<br />

Énoncé<br />

0.0<br />

Coord.<br />

!<br />

C5 D<br />

Actant D<br />

0.2<br />

·<br />

C5 F<br />

/<br />

0.4<br />

Contribution de f2 : 0.0214 (17.31 %)<br />

FIG. 7.14 – Analyse factorielle des correspondances: forme des ponctogrammes<br />

<strong>et</strong> environnement (points-lignes <strong>et</strong> points-colonnes<br />

séparés), facteurs 2 <strong>et</strong> 3<br />

carrés moins élevés que sur le p<strong>la</strong>n précédent, il est nécessaire de se souvenir que tous<br />

les facteurs à partir du deuxième sont des corrections 11 des précédents. De ce fait,<br />

<strong>la</strong> valeur des cosinus carrés sur ces axes a moins d’importance que les oppositions<br />

qu’ils m<strong>et</strong>tent en évidence. Ainsi, on peut observer essentiellement une opposition qui<br />

détache fortement Act D du reste des points-colonnes, l’associant, de même que <strong>la</strong><br />

coordination <strong>et</strong> C5 I, au ponctogramme ‹/›.<br />

Au terme de c<strong>et</strong>te description, nous sommes en mesure de réduire les données<br />

à une p<strong>et</strong>ite série d’oppositions dominantes. Néanmoins, l’AFC étant une technique<br />

exploratoire, il est possible que les résultats qu’elle nous livre ne soient pas statistique-<br />

11 Ceci est expliqué très simplement <strong>dans</strong> Cibois 2000, 84–85.<br />

?<br />

349


C5 F Énoncé ou Coord.<br />

· 162 2930 3092<br />

/ 108 381 489<br />

·<br />

·<br />

48 23 71<br />

/ 15<br />

333<br />

12<br />

3346<br />

27<br />

3679<br />

’<br />

Test exact de Fisher, p= 2.39e−70 ★★★<br />

Valeur attendue minimale = 2.44<br />

C5 F Énoncé ou Coord.<br />

−49.64 ★★★ 4.94 ✩✩★<br />

91.79 ★★★ −9.13 ✩★★<br />

268.94 ★★★ −26.77 ★★★<br />

64.51 ★★★ −6.42 ✩✩★<br />

TAB. 7.11 – Tri croisé forme des ponctogrammes (réduit)×environnement<br />

(C5F, Énoncé, Coord.)<br />

C5 F Énoncé ou Coord.<br />

· 162 2930 3092<br />

Autres 171 416 587<br />

333 3346 3679<br />

χ 2 = 339.19, ddl=1, p= 9.57e−76 ★★★<br />

C5 F Énoncé ou Coord.<br />

-49.64 4.94<br />

261.48 -26.02<br />

θ 7.43<br />

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons: ★★★ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)<br />

TAB. 7.12 – Tri croisé attraction de ‹·›<br />

ment significatifs. En eff<strong>et</strong>, l’AFC décrit <strong>la</strong> structure des écarts <strong>et</strong> non leur intensité. 12<br />

N’importe quelle table de contingence, pour peu qu’elle ne corresponde pas exactement<br />

à <strong>la</strong> table des valeurs attendues (→5.2.1.2), a une structure que l’AFC est capable<br />

de m<strong>et</strong>tre en évidence, sans pour autant s’assurer de sa significativité statistique.<br />

7.3 Tests statistiques sur les groupements obtenus<br />

Les tests qui suivent perm<strong>et</strong>tent d’évaluer <strong>la</strong> pertinence des tendances détectées.<br />

a. Attraction entre ‹·› <strong>et</strong> le groupe formé par l’énoncé <strong>et</strong> <strong>la</strong> coordination. Testons<br />

les groupements (table 7.11). Il y a bien, globalement, une cause non aléatoire qui<br />

organise <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion des données <strong>dans</strong> le tableau. L’AFC ne nous a pas trompé.<br />

Tout d’abord, ce qui est visible <strong>dans</strong> <strong>la</strong> première ligne du tableau de droite que nous<br />

venons de donner, ‹·› est associé aux constructions qui ne sont pas des C5 attirant <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> finale. Le tri croisé spécifique figure <strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 7.12. À nouveau, ce<strong>la</strong><br />

est simi<strong>la</strong>ire à ce que dessinait le p<strong>la</strong>n factoriel. D’après <strong>la</strong> décomposition de l’écart<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> table 7.11, l’opposition est loin d’être <strong>la</strong> plus importante: <strong>la</strong> troisième ligne<br />

dessinerait un contraste bien plus fort. Que c<strong>et</strong>te différence d’intensité se conforme<br />

tout à fait à ce que l’AFC nous apprenait n’a rien d’étonnant; l’intérêt du test est<br />

essentiellement de montrer <strong>la</strong> probabilité que l’opposition observée sur le p<strong>la</strong>n est<br />

pertinente.<br />

b. Gradation de l’attraction entre ‹·› <strong>et</strong> les différents environnements. Que dire à présent<br />

de l’opposition des environnements qui attirent le punctus? Selon <strong>la</strong> table 7.13,<br />

<strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite séparation apparaissant sur le troisième facteur, qui opposait l’énoncé à <strong>la</strong><br />

coordination, est significative, du moins du point de vue exclusif du marquage par ‹·›.<br />

12 Voir Cibois 2000, 121–122. Pour un exemple détaillé, voir Cibois 1997, 300–309.<br />

350


Énoncé Coord.<br />

· 1165 1765 2930<br />

Autres 120 296 416<br />

1285 2061 3346<br />

χ 2 = 17.89, ddl=1, p= 2.34e−05 ★★★<br />

Énoncé Coord.<br />

TAB. 7.13 – Tri croisé ‹·›×contexte l’attirant<br />

C5 F Énoncé ou Coord.<br />

/ 108 381 489<br />

· ou /<br />

· 63<br />

171<br />

35<br />

416<br />

98<br />

587<br />

’<br />

χ 2 = 68.39, ddl=1, p= 1.34e−16 ★★★<br />

1.4 -0.88<br />

-9.9 6.17<br />

θ 1.63<br />

C5 F Énoncé ou Coord.<br />

-8.33 3.42<br />

41.57 -17.09<br />

θ 6.35<br />

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons: ★★★ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)<br />

TAB. 7.14 – Tri croisé attraction de ‹/›<br />

C5 F Énoncé ou Coord.<br />

· 48 23 71<br />

· / 15 12 27<br />

63 35 98<br />

’<br />

C5 F Énoncé ou Coord.<br />

0.12 -0.22<br />

-0.32 0.58<br />

θ 1.67<br />

χ 2 = 0.77, ddl=1, p= 0.381 ✩✩✩<br />

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons: ✩✩✩ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)<br />

Valeur attendue minimale = 9.64<br />

TAB. 7.15 – Tri croisé opposition ‹· › vs ‹· /›<br />

C<strong>et</strong>te conclusion en amène une autre, qui ne fait que renforcer l’hypothèse de <strong>la</strong> distinction<br />

n<strong>et</strong>te entre les C6 <strong>et</strong> les coordonnants: les phrases <strong>et</strong> les membres impliqués<br />

<strong>dans</strong> une re<strong>la</strong>tion de coordination ne sont pas considérés comme équivalents, puisque<br />

le choix d’un autre signe que ‹·› paraît fortement lié à <strong>la</strong> coordination.<br />

c. Gradation de l’attraction entre les circonstants ponctués à <strong>la</strong> finale <strong>et</strong> les différents<br />

ponctogrammes. On peut ensuite voir comment ‹/› s’oppose aux deux autres ponctogrammes<br />

(table 7.14). La virgu<strong>la</strong> se distingue des autres ponctogrammes proches des<br />

C5 attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> finale par le fait qu’elle est moins spécifique à c<strong>et</strong> environnement.<br />

En d’autres termes, ce que le premier p<strong>la</strong>n m<strong>et</strong>tait en évidence est à nouveau<br />

corroboré par une faible probabilité.<br />

Qu’en est-il à présent de l’opposition entre les deux formes ‹· › <strong>et</strong> ‹· /›? On ne peut<br />

pas dire que les deux formes du punctus elevatus soient distinctes (table 7.15), ce qui<br />

justifie leur proximité <strong>dans</strong> l’AFC effectuée ci-dessus.<br />

d. Attraction entre ‹··› <strong>et</strong> l’absence de contexte attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>. D’après un test<br />

opposant simplement l’absence d’environnement particulièrement propice à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

à tous les environnements de ce type (voir table 7.16), le ‹··› est bel <strong>et</strong> bien spécifique<br />

à <strong>la</strong> modalité Aucun. Le dépouillement compl<strong>et</strong>13 montre que le ponctogramme<br />

apparaît généralement devant les noms de personnes <strong>et</strong> les titres; par exemple:<br />

13 Ce dernier a été effectué sur l’ensemble des attestations de ‹··›. Voir l’annexe dep-7.3.puncti.<br />

’<br />

’<br />

351


Aucun Autres<br />

·· 70 26 96<br />

Autres 1255 3855 5110<br />

1325 3881 5206<br />

χ 2 = 113.6, ddl=1, p= 1.60e−26 ★★★<br />

Aucun Autres<br />

84.98 -29.01<br />

-1.6 0.55<br />

θ 8.27<br />

Après ajustement de Šidàk pour 4 comparaisons: ★★★ (seuils: 0.0127, 0.00251, 0.00025)<br />

TAB. 7.16 – Tri croisé ‹··›×contexte l’attirant<br />

« cheſt aſauoır en hommeſ dıſcreız <strong>et</strong> honeſtes · mon ſaíngnor ·· guíon de [9] bomont <strong>et</strong> mon<br />

ſaíngnor henrí de haloız chanonnes delle glıſe deuant dıte» (Document 1270–04–07, 8).<br />

«nos jamaıs a [26] nul˘ ˘<br />

jor ne ferıens ne ne soferoens a faere ne a dıre choſe par coı lı ·· abbes<br />

<strong>et</strong> lı couens deuant dıs [27] fuſt encombreız de tenır paſıblement le droıture <strong>et</strong> luſage del eawe<br />

deuant dıte» (Document 1271–04–20, 25).<br />

À nouveau, seule une étude approfondie de ce phénomène sémantique perm<strong>et</strong>trait de<br />

s’assurer que ces observations sont significatives.<br />

7.4 Ponctogrammes rares<br />

Nous avons temporairement négligé l’analyse des ponctogrammes ‹–›, ‹;›, ‹:›, ‹//›,<br />

‹·/› <strong>et</strong> ‹··› en raison de leur rar<strong>et</strong>é. Leur faible fréquence empêche de les intégrer aux<br />

analyses statistiques. Il est toutefois possible de commenter leur apparition de manière<br />

intuitive. Même limitée à ces quelques signes moins fréquents, c<strong>et</strong>te approche m<strong>et</strong> à<br />

notre disposition un certain nombre d’informations sur le fonctionnement général de<br />

<strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>. La description qui suit est un commentaire détaillé des occurrences<br />

des ponctogrammes rares: ‹:› (→7.4.1), ‹–› (→7.4.2), ‹;› (→7.4.3), ‹//› (→7.4.4), ‹·/›<br />

(→7.4.5), ‹··› (→7.4.6).<br />

7.4.1 Ponctogramme ‹:›<br />

Le ponctogramme ‹:› n’apparaît que deux fois, <strong>dans</strong> deux chartes distinctes:<br />

«altrement ce kı cı de / [17]uant eſt dıt : reuenrat a le maıſon deuant dıte» (Document 1247–06,<br />

16).<br />

«· <strong>et</strong> <strong>la</strong> affaıtat me dame kathelíne deuant dıte a ſes [7] troıs enfans deſour nomeıſ [. . .] se<br />

deme kı ſı<strong>et</strong> a˘ ˘<br />

no [8]vılhe [. . .] <strong>et</strong> kı eſkeır lour deuoıt apreſ ſon deces : <strong>et</strong> sı furent lı troıſ<br />

enfans deſour dıs enſ [10] empaıs commandeıs [. . .]» (Document 1271–07–25, 6).<br />

Les réalisations du ponctogramme sont assez différentes. La plus ancienne est<br />

celle de <strong>la</strong> figure 7.15 <strong>et</strong> <strong>la</strong> seconde est celle de <strong>la</strong> figure 7.16. Le r<strong>et</strong>our à <strong>la</strong> substance<br />

mobilisée par ce que nous avions interprété comme une forme ‹:› fait penser<br />

que ces deux attestations réalisent certainement des ponctogrammes différents. S’ils<br />

semblent déjà matériellement distincts, les environnements syntaxiques <strong>dans</strong> lesquels<br />

ils apparaissent sont loin d’être identiques: le premier correspond peut-être à <strong>la</strong> limite<br />

352


FIG. 7.15 – Réalisation de ‹:› (Document 1247–06, 17)<br />

FIG. 7.16 – Réalisation de ‹:› (Document 1271–07–25, 9)<br />

FIG. 7.17 – Réalisation de ‹–› (Document 1277–07–01, 14)<br />

d’un circonstant ou d’une proposition personnelle apposée; le second figure entre deux<br />

énoncés.<br />

Alors que <strong>la</strong> complexité des traits de <strong>la</strong> première des deux formes ne <strong>la</strong>isse aucun<br />

doute quant à l’intention du scribe qui l’a tracée, on peut se demander si <strong>dans</strong> le<br />

deuxième cas, unique <strong>dans</strong> le corpus, <strong>la</strong> forme ‹:› n’est pas un accident. Le scribe a<br />

peut-être malencontreusement taché le manuscrit, de sorte qu’un nouveau point, plus<br />

p<strong>et</strong>it <strong>et</strong> moins n<strong>et</strong>, est venu s’ajouter au-dessus du premier. Il est impossible de le savoir,<br />

mais rien ne s’opposerait, d’un point de vue fonctionnel, à assimiler ce second<br />

colon à un simple punctus, dont nous avons constaté l’affinité avec le marquage de<br />

l’énoncé.<br />

7.4.2 Ponctogramme ‹–›<br />

Le ponctogramme ‹–› apparaît deux fois <strong>dans</strong> un contexte précis, sous (semble-t-il) <strong>la</strong><br />

même plume, <strong>la</strong> même année:<br />

«· <strong>la</strong> quele coníſ [11]ſance gılheſ [. . .] mıſt enſ elle warde des [12] homes delle chıeſe deu kı <strong>la</strong><br />

furent preſens – a ceſte veſture a faíre furent ·· homeſ [13] delle chıeſe deu [. . .]» (Document<br />

1277–03–23, 10).<br />

«· <strong>la</strong> quele co [13]níſſance ſıreſ ıohanſ de <strong>la</strong>rdíer [. . .] míſt [14] enſ elle warde deſ homeſ delle<br />

chıeſe deu kı <strong>la</strong> furent preſens – a ceſte veſtu [15]re a faíre furent homeſ delle chíeſe deu [. . .]»<br />

(Document 1277–07–01, 12).<br />

Le signe n’apparaît que devant <strong>la</strong> liste des témoins ayant assisté à l’action juridique.<br />

La réalisation du ponctogramme est très simi<strong>la</strong>ire <strong>dans</strong> les deux cas (figure<br />

7.17).<br />

Le fait que le ponctogramme soit en contact direct avec le linéogramme qui le suit<br />

pose question. Il est possible que le trait formant ce que nous avons transcrit comme<br />

353


FIG. 7.18 – Réalisation de ‹–› (Document 1286–05–15, 2)<br />

un ponctogramme fasse en réalité partie du linéogramme ‹a›, lui-même marqué par un<br />

hétérogramme. Dans ce cas, il faudrait transcrire plus simplement:<br />

«[. . .] homes delle chıeſe deu kı <strong>la</strong> furent preſens a ceſte veſture a faíre furent ·· homeſ [13]<br />

delle chıeſe deu [. . .]»<br />

Tant au point de vue de leur contexte d’occurrence que de leur substance, les deux<br />

attestations que nous venons d’examiner ne sont pas solidaires de l’attestation isolée<br />

suivante:<br />

«conutte choſe ſoıt a tos · ke <strong>la</strong>n de graſce · m · cc · quatrevíns <strong>et</strong> sıez le merkedı – [3] apres<br />

le saín seruaıs · vínrent par deuant nos [. . . ]» (Document 1286–05–15, 2).<br />

Comme le <strong>la</strong>isse voir <strong>la</strong> réalisation du signe (figure 7.18), <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> segmentation<br />

des unités ne se pose pas: le ‹–› suit <strong>et</strong> est distinct de ‹merkedı›. Par ailleurs,<br />

<strong>dans</strong> l’éventualité où les deux attestations de 1277 seraient effectivement des ponctogrammes,<br />

elles se différencient également de l’attestation de 1286 par l’épaisseur du<br />

trait employé pour les dessiner.<br />

Enfin, du point de vue de <strong>la</strong> valeur des signes, les deux premières attestations sont<br />

à <strong>la</strong> limite entre deux énoncés, ce qui n’est pas le cas de <strong>la</strong> troisième.<br />

7.4.3 Ponctogramme ‹;›<br />

Le ponctogramme ‹;› apparaît exclusivement à <strong>la</strong> fin d’un énoncé:<br />

«<strong>et</strong> le doıt ſıres gıles <strong>et</strong> ſa mere loer en toz líus <strong>la</strong> ulıglıſe vorrat ; <strong>et</strong> por ce [12] ke ce ſoıt ferme<br />

<strong>et</strong>˘ ˘<br />

ſtable auonoſ a ce l<strong>et</strong>reſ pendut noſtre ſaeal» (Document 1236–05, 11).<br />

«[14] <strong>et</strong> <strong>la</strong>uons donee a damme agnes ſouent nomee · <strong>et</strong> a˘ ˘<br />

freres precheours de˘ ˘<br />

lıege deſeur dít<br />

/ en teſmoínage de veríteıt ;» (Document 1288–02a, 14).<br />

«[1] a˘ ˘<br />

tous chıaus kı ces l<strong>et</strong>tres verront <strong>et</strong> oront [. . .] ſalus <strong>et</strong> conıſſance de verıteıt ; [3] nos<br />

faıſons ſauoír a˘ ˘<br />

tous / ke nos a damme agnes hubíne de ho˙y auons en donıers conteıs rechıes<br />

/ quarante s<strong>et</strong> · mars de˘ ˘<br />

lıe / [4]goıs» (Document 1288–02a, 1).<br />

«· <strong>et</strong> <strong>la</strong>uons donee a damme agnes ſouent nomee · <strong>et</strong> a˘ ˘<br />

freres precheours de˘ ˘<br />

lıege de ˘ ˘<br />

ſeur dít<br />

/ en teſmoínage de veríteıt ; [15] che fut faıt <strong>et</strong> doneít en˘ ˘<br />

<strong>la</strong>n de˘ ˘<br />

graſſe · mılhe · dueſ˘ ˘<br />

cens ·<br />

quatrevíns · <strong>et</strong> ſ<strong>et</strong> · en moıs de feurıer» (Document 1288–02b, 14).<br />

«· jtem je <strong>la</strong>ís · dous ſos · por requerre les orıſons [30] de prodomes <strong>et</strong> de bone gens deuens<br />

lıege <strong>et</strong> defours ; <strong>et</strong> en totes cheſ deuíſes je r<strong>et</strong>en me p<strong>la</strong>ín poouer de muer [. . .]» (Document<br />

1289–01–12, 29).<br />

354


FIG. 7.19 – Réalisation de ‹//› (Document 1283–12–26, 10)<br />

«· en apres · je <strong>la</strong>ıs han<strong>et</strong> [. . .] chu ke ju aí de terre a croıtoır · <strong>et</strong> quatre chapons kí gıſent a<br />

haſtal ; en apres je <strong>la</strong>ís <strong>la</strong>nbuíche [8] me fılh · les maıſons kí ſıente ver˘ ˘<br />

les bons enfans [. . .]»<br />

(Document 1289–01–12, 6).<br />

«· premíerement · je voılh ke me d<strong>et</strong>res <strong>et</strong> mí tortfaıt ſılh ıat nul · ſoent paı<strong>et</strong> do pluſ aparlhı<strong>et</strong><br />

do míen ; en apres je <strong>la</strong>í damme anes [3] me femmeſes humíers [. . .]» (Document 1289–01–12,<br />

2).<br />

Nous pouvons éventuellement considérer que ‹;› est une forme «renforcée» de ‹·›,<br />

mais c<strong>et</strong>te hypothèse ne peut être confirmée <strong>dans</strong> l’état actuel de notre documentation.<br />

Nous ne nous prononcerons pas davantage.<br />

7.4.4 Ponctogramme ‹//›<br />

Le ponctogramme ‹//› paraît avoir un emploi systématique: il est exclusivement utilisé<br />

pour marquer un ajout:<br />

«· <strong>et</strong> lor quıttat _// sıres baduıns lı vowes //_ le fıez <strong>et</strong> lom/ [10]mage <strong>et</strong> frank alut lor enfıſt»<br />

(Document 1260–02–21a, 9).<br />

«· conute [2] choſe ſoıt a tos ke <strong>la</strong>n de graſce · m · ccıııj xx <strong>et</strong> on · a tírch jour del moís de<br />

marche _// a lentreıe /_ vínrent pardeuant nos [. . .]» (Document 1282–03–03, 1).<br />

«· conute choſe soıt a tos ke [. . .] vínrent pardeuant nos entre saınte marıe <strong>et</strong> saín <strong>la</strong>mbıer a<br />

lıge [4] sours anes abbeſſe de robermont pour lı <strong>et</strong> pour ſe couent _// dune part //_ · <strong>et</strong> fılepeaz<br />

lı fıs adam de her [5]meıes kı ja fut dautre part» (Document 1282–12–22, 2).<br />

«· <strong>et</strong> ces xx _// muıs //_ · deſpeate lı maıſon doıt paıer a fılepea [. . .]» (Document 1283–12–26,<br />

10).<br />

«<strong>et</strong> che prouarent ılh por frere s˙ymon le [4] príor deſ bonſ _enfans //_ por ſangnor ponchar<br />

preſtre <strong>et</strong> chappel<strong>la</strong>ın deuens le glıſe ſaín píerre <strong>et</strong> por baſtuele fılle ſangnor baſtín dawans<br />

deuant dít leſ ques noſ feſímeſ jurer» (Document 1289–04–05, 3).<br />

C<strong>et</strong> emploi est très c<strong>la</strong>ir <strong>dans</strong> <strong>la</strong> réalisation présentée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 7.19, où l’on voit<br />

par ailleurs que l’édition que nous fournissons <strong>dans</strong> <strong>la</strong> transcription n’est pas tout à<br />

fait représentative des topèmes mobilisés.<br />

Contrairement aux autres ponctogrammes, <strong>la</strong> fonction de ‹//› semble être de marquer<br />

une anomalie <strong>dans</strong> <strong>la</strong> substance sur <strong>la</strong>quelle sont déployées les unités linguistiques.<br />

Le signe n’est pas à proprement parler syntaxique, parce qu’il ne ponctue pas<br />

une structure particulière. En revanche, il sert <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> en indiquant que les mots p<strong>la</strong>cés<br />

au-dessus de <strong>la</strong> ligne doivent être compris comme occupant une p<strong>la</strong>ce spécifique<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne graphique.<br />

355


7.4.5 Ponctogramme ‹·/›<br />

FIG. 7.20 – Réalisation de ‹·/› (Document 1274–05–31a, 27)<br />

FIG. 7.21 – Réalisation de ‹··› (Document 1289–01–12, 2)<br />

Le ponctogramme ‹·/› n’apparaît qu’une seule fois, <strong>dans</strong><br />

«aſauoír eſt · ſıres johans de <strong>la</strong>rdíer eſkeuıens de lıege kı les veſtures <strong>et</strong> les afaıtemens<br />

deſoíreſcrıs [26] fıſt · herbers de le roſe · gerars <strong>et</strong> buchars frere · johans lí fís ſaıgnor johan de<br />

<strong>la</strong>rdıer · <strong>la</strong>mbers de [27] <strong>la</strong> ríuıere · baduıens pıfes ·/ <strong>dans</strong> fılıpes moínes de <strong>la</strong> maıſon de <strong>la</strong> val<br />

ſaínt <strong>la</strong>mbert <strong>et</strong> pluſoír [28] autre» (Document 1274–05–31a, 25).<br />

La matérialité du signe pose question (figure 7.20). Elle est d’autant plus problématique<br />

que l’autre expédition du même document, qui nous paraît être de <strong>la</strong> même main<br />

(Document 1274–05–31b), n’emploie pas ce ponctogramme au même endroit. C<strong>et</strong>te<br />

observation pose <strong>la</strong> délicate question des copies, que nous ne traiterons pas.<br />

7.4.6 Ponctogramme ‹··›<br />

Le ponctogramme ‹··› n’est attesté qu’une seule fois (figure 7.21):<br />

«· ju baſtíens [. . .] ordenne deuíſe · <strong>et</strong> faís mon teſtament par <strong>la</strong>ſent de˘ ˘<br />

dame anes me femme<br />

de tos [2] meſ bıens mobles <strong>et</strong> hır<strong>et</strong>ages enſı ke chí par deſos eſt eſcrıt ·· premíerement · je<br />

voılh ke me d<strong>et</strong>res <strong>et</strong> mí tortfaıt ſılh ıat nul · ſoent paı<strong>et</strong> [. . .]» (Document 1289–01–12, 1).<br />

Nous nous limiterons à remarquer que ce signe apparaît, comme ‹›, à <strong>la</strong> limite de<br />

deux énoncés.<br />

7.5 Synthèse<br />

L’analyse factorielle <strong>et</strong> les tests par lesquels nous l’avons validée ont mis en évidence<br />

l’existence de plusieurs associations entre les environnements <strong>et</strong> <strong>la</strong> forme du marquage.<br />

Les effectifs mobilisés par chaque type de ponctogramme ont des implications<br />

sémiotiques évidentes (→7.5.1). L’examen individuel de formes rares pose quant à lui<br />

plusieurs questions d’ordres méthodologique <strong>et</strong> théorique (→7.5.2).<br />

7.5.1 Implications sémiotiques de <strong>la</strong> variété des formes<br />

L’étude sur <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> forme des ponctogrammes <strong>et</strong> l’environnement qui appelle<br />

leur apparition est révé<strong>la</strong>trice de <strong>la</strong> manière dont les signes parlent au lecteur.<br />

356


Les deux caractéristiques les plus fortes de <strong>la</strong> variété du marquage médiéval sont sa facultativité<br />

(→7.5.1.1) <strong>et</strong>, corro<strong>la</strong>irement, <strong>la</strong> force des signes les plus rares (→7.5.1.2).<br />

7.5.1.1 Facultativité<br />

Le fait le plus marquant lorsqu’on étudie <strong>la</strong> forme des ponctogrammes est <strong>la</strong> faible<br />

rentabilisation de <strong>la</strong> variété de signes disponibles (→7.1.1) au profit d’un usage fréquent<br />

<strong>et</strong> généralisé du simple ‹·›. Un même scribe peut donc ponctuer des structures<br />

aussi différentes que des phrases, des circonstants en se ou des coordinations à l’aide<br />

du même ponctogramme.<br />

Comme le montrait <strong>la</strong> table de contingence de <strong>la</strong> section→7.1.2, quelle que soit <strong>la</strong><br />

structure ou le constituant ponctué, le ponctogramme dont l’effectif est le plus fréquent<br />

est toujours ‹·›.<br />

Il en ressort qu’à <strong>la</strong> conclusion «<strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> n’est pas obligatoire», formulée<br />

<strong>dans</strong> le chapitre précédent (→5.3.3.3), nous sommes en droit d’ajouter que là où elle<br />

est utilisée, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> peut généralement se réduire à un simple point.<br />

Certaines conditions attirant <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> n’attestent cependant<br />

jamais ‹·› <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te fonction: nous avons vu que les ajouts étaient systématiquement<br />

indiqués à l’aide de ‹//›, qui paraît réservé à c<strong>et</strong> emploi. Il s’agit de cas rares, de<br />

nature ne relevant pas de <strong>la</strong> morpho<strong>syntaxe</strong>, mais d’un «accident» <strong>dans</strong> <strong>la</strong> substance<br />

mobilisée par l’écriture. Ces signes fonctionnent en dehors du système de re<strong>la</strong>tions<br />

entre <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>.<br />

7.5.1.2 Force<br />

Puisque <strong>la</strong> présence d’un ponctogramme entre deux mots est une marque pour l’œil<br />

par opposition à l’absence de toute <strong>ponctuation</strong>, l’emploi d’un signe rare constitue<br />

une «surmarque». En eff<strong>et</strong>, les ponctogrammes rares sont, du point de vue de <strong>la</strong> substance,<br />

plus é<strong>la</strong>borés que les signes fréquents: le nombre de périgrammes (→2.2.3.2 a)<br />

impliqués <strong>dans</strong> leur tracé est plus important.<br />

D’autre part, du point de vue de leur fonction, les signes un peu moins fréquents<br />

sont attirés par les fonctions les plus spécifiques, 14 alors que les ponctogrammes vraiment<br />

rares sont en général limités à des emplois très particuliers. 15<br />

Nous pouvons à nouveau enrichir nos conclusions, précisant que non seulement <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong>, si elle est facultative, n’en est pas moins organisée: on ne peut p<strong>la</strong>cer un<br />

ponctogramme n’importe où (→6.4.4), mais en plus, les signes ne sont pas interchangeables<br />

à volonté. Les scribes n’avaient pas <strong>la</strong> possibilité d’employer n’importe quel<br />

signe à un endroit pouvant être ponctué.<br />

7.5.2 Problèmes liés à <strong>la</strong> substance<br />

Du reste, l’observation des ponctogrammes les plus rares nous mène à une réflexion<br />

méthodologique sur <strong>la</strong> validité des transcriptions (→7.5.2.1), ainsi qu’à une remise<br />

14 Voir <strong>la</strong> distance des points par rapport à l’origine sur les axes de l’AFC (→7.2.2).<br />

15 Voir les cas de ‹//› (→7.4.4), ‹;› (→7.4.3) <strong>et</strong> ‹–› (→7.4.2).<br />

357


en perspective théorique sur les re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>et</strong> le reste du système<br />

graphique (→7.5.2.2).<br />

7.5.2.1 Validité des transcriptions<br />

À plusieurs reprises, nous avons vu que l’examen des formes rares pouvait mener à rem<strong>et</strong>tre<br />

en question le travail philologique effectué avant que le moindre dépouillement<br />

n’ait pu être fait. 16<br />

Ainsi, est-il vraiment nécessaire de distinguer ‹· › de ‹· /›, puisqu’il n’est pas possible<br />

de prouver que ces ponctogrammes sont différents eu égard aux constructions qu’ils<br />

ponctuent? 17<br />

De même, un bon nombre de signes rares posent question. La forme ‹:› est-elle attestée<br />

deux fois, ou bien ne regrouperait-elle pas artificiellement deux ponctogrammes<br />

différents? La forme ‹·/› existe-t-elle réellement ou est-elle due à une rature du scribe<br />

sous <strong>la</strong> plume duquel elle apparaît? Le ponctogramme ‹–› existe-t-il réellement ou le<br />

trait qui le forme fait-il partie d’un linéogramme?<br />

7.5.2.2 Ponctogrammes <strong>et</strong> système graphique<br />

Enfin, <strong>la</strong> dernière question philologique, à propos de ‹–›, dépasse <strong>la</strong> simple remise<br />

en cause de l’édition: elle ouvre <strong>la</strong> discussion sur les re<strong>la</strong>tions entre le système de<br />

<strong>ponctuation</strong> au sens strict <strong>et</strong> le reste du système graphique médiéval. Si un ponctogramme<br />

est considéré comme une marque pour l’œil, c<strong>et</strong>te fonction sémiotique n’est<br />

pas exclusive du p<strong>et</strong>it ensemble de signes dont nous nous sommes occupé.<br />

À ce stade, on peut avancer plusieurs hypothèses de travail, sur lesquelles sont<br />

généralement basées les tentatives de définition de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> au sens <strong>la</strong>rge<br />

(→2.3.2.2). Les unités comme les plérétopes (→2.2.2.2) ou les hétérogrammes<br />

(→2.2.3.1) pourraient:<br />

– remp<strong>la</strong>cer <strong>la</strong> présence d’un ponctogramme <strong>dans</strong> une des positions qui l’attirent;<br />

– s’ajouter à un ponctogramme déjà présent, de manière, par exemple, à suppléer<br />

l’expressivité faisant défaut au simple ‹·›, ou de manière à renforcer une marque<br />

déjà bien visible;<br />

– marquer d’autres unités, définies du point de vue morphosyntaxique ou d’un tout<br />

autre point de vue.<br />

16 Voir <strong>la</strong> section Transcriptions des annexes.<br />

17 Voir→7.3 c.<br />

358<br />


8 Conclusion<br />

Arrivé au terme de notre étude, efforçons-nous de faire le point sur notre démarche.<br />

Nous procèderons en trois temps. Tout d’abord, nous résumerons <strong>la</strong> progression de<br />

l’étude: en reprenant le p<strong>la</strong>n exposé <strong>dans</strong> l’introduction (→0.3), nous montrerons comment<br />

chaque étape a été acheminée d’une problématique précise à un résultat exploitable<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> suite du travail, pour finalement mener à une conclusion (→8.1) <strong>et</strong> à un<br />

tableau de synthèse (→8.1.3). Nous essayerons ensuite de m<strong>et</strong>tre nos découvertes à<br />

l’épreuve de nouveaux matériaux, en confrontant les tendances remarquées à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

de deux chartes dont l’édition a été publiée récemment (→8.2). Enfin, nous<br />

présenterons les perspectives nouvelles que nous croyons avoir ouvertes <strong>et</strong> <strong>la</strong> manière<br />

dont il sera possible d’améliorer les résultats (→8.3).<br />

8.1 Progression<br />

Conscient des limites de notre approche, nous avons commencé par faire le pari que<br />

<strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> pouvait expliquer <strong>la</strong> majorité des ponctogrammes (→0.1.2). C<strong>et</strong>te optique<br />

nous a guidé durant tout le développement au bout duquel nous arrivons, dont le but<br />

était de répondre à <strong>la</strong> question:<br />

Comment, d’après ce qu’on peut observer <strong>dans</strong> les chartes écrites en français à Liège avant<br />

1292, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> originale interagit-elle avec <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française médiévale?<br />

Nous avons d’emblée positionné notre étude par rapport à <strong>la</strong> réflexion sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

médiévale (→0.1.1), osant le pari que <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> peut servir de point de référence<br />

pour expliquer <strong>la</strong> plus grande partie de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des chartes. Nous avons ensuite<br />

décrit <strong>la</strong> constitution du corpus.<br />

Face à une pareille question, il n’était pas envisageable de commencer immédiatement<br />

à dépouiller les documents: il nous fal<strong>la</strong>it définir avec exactitude les différents<br />

concepts dont nous allions avoir besoin.<br />

8.1.1 Première partie: modélisation<br />

La première partie du travail a ainsi été consacrée à <strong>la</strong> définition, sur des bases empiriques,<br />

des concepts mobilisés. Partant du sens commun <strong>et</strong> des principes fondamentaux<br />

de l’analyse linguistique c<strong>la</strong>ssique (tenant du structuralisme <strong>et</strong> du fonctionnalisme),<br />

nous avons exploité les matériaux à notre disposition pour en dégager des<br />

359


notions, <strong>dans</strong> une approche inductive par son rapport aux faits, mais déductive par sa<br />

progression.<br />

Ainsi, au chapitre→2, l’observation du tracé des unités graphiques sur le parchemin<br />

nous a amené à abstraire les catégories nécessaires à une modélisation de<br />

l’ensemble des unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite, pour lesquelles nous proposons une terminologie<br />

neuve reflétant notre analyse. Nous avons progressivement défini <strong>la</strong>ngue écrite,<br />

puis scriptèmes, grammèmes, <strong>et</strong>c., progressant des unités les plus générales aux unités<br />

les plus particulières. Ce n’est qu’à ce prix que nous avons pu enfin délimiter exactement,<br />

le moins intuitivement possible, notre propre acception du mot <strong>ponctuation</strong>:<br />

«ensemble des ponctogrammes d’une <strong>la</strong>ngue écrite spécifique» (→2.3.1.2). Dans c<strong>et</strong>te<br />

définition, le terme ponctogramme désigne une unité minimale de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite<br />

(scriptème,→2.2.1) n’organisant pas l’espace (grammème,→2.2.1 également), exprimant<br />

un contenu (plérégramme,→2.2.2), ne dépendant pas matériellement d’une<br />

autre unité (autogramme,→2.2.3.1), construit à l’aide de traits qui ne se combinent<br />

pas obligatoirement sur un même axe (nébulogramme,→2.2.3.2 a) <strong>et</strong> non paraphrasable<br />

par d’autres unités significatives (→2.2.4.1 b). . . Employer ce terme ne pouvait<br />

se faire qu’à <strong>la</strong> fin d’un exposé détaillé, passant en revue tous les hyperonymes impliqués.<br />

De manière moins audacieuse du point de vue de <strong>la</strong> terminologie employée, nous<br />

avons également tenté d’exposer notre conception de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> (chapitre→3). À nouveau,<br />

c’est le corpus qui nous a servi de guide: une fois les phrases délimitées de manière<br />

empirique, toutes les structures syntaxiques ont été passées en revue, nommées<br />

<strong>et</strong> intégrées <strong>dans</strong> un système théorique fondé sur <strong>la</strong> notion, héritée d’A<strong>la</strong>in Lemaréchal,<br />

de re<strong>la</strong>tion minimale (→3.2.1.2). Nous sommes parti de l’existence d’un lien<br />

sémantique entre les unités en présence <strong>et</strong> nous avons caractérisé <strong>la</strong> manière dont ce<br />

lien était spécifié (→3.2.2.2).<br />

Nous croyons, au delà de l’intérêt pratique de c<strong>et</strong>te première partie, que les<br />

concepts dégagés peuvent être jugés suffisamment généraux sinon pour servir à <strong>la</strong><br />

comparaison d’autres systèmes graphiques ou syntaxiques, du moins afin de constituer<br />

une base à leur description.<br />

8.1.2 Deuxième partie: analyse des données<br />

Une fois les concepts définis <strong>et</strong> l’ensemble du corpus annoté, 1 il a été envisageable de<br />

répondre à <strong>la</strong> question posée. Néanmoins, l’ensemble des données disponibles, de par<br />

sa nature <strong>et</strong> son abondance, rendait l’approche traditionnelle – ou plutôt manuelle –<br />

difficilement applicable. C’est pourquoi nous avons ouvert <strong>la</strong> seconde partie du travail<br />

en annonçant le recours à des méthodes plus outillées: les statistiques. 2<br />

Ces méthodes présentées, nous avons sélectionné six caractéristiques morphosyntaxiques<br />

<strong>et</strong> positionnelles que nous avons jugées fondamentales pour décrire tous les<br />

constituants. Ces variables répondaient à six questions: 1/ du point de vue de l’ordre<br />

linéaire des mots, le constituant est-il le premier de <strong>la</strong> structure qu’il sert à construire?<br />

2/ le constituant est-il le dernier de <strong>la</strong> structure qu’il sert à construire? 3/ quelle est <strong>la</strong><br />

1 Voir <strong>la</strong> section Analyses syntaxiques des annexes.<br />

2 Voir→4, en particulier→4.2, où nous exposons le détail des raisons <strong>et</strong> des implications de<br />

ce choix.<br />

360


nature <strong>et</strong> le niveau d’intégration syntaxique de <strong>la</strong> structure qui le contient? 4/ quelle<br />

est <strong>la</strong> fonction du constituant? 5/ est-il de nature propositionnelle (mode personnel<br />

ou non)? 6/ est-il re<strong>la</strong>té? Nous avons ensuite pu m<strong>et</strong>tre en re<strong>la</strong>tion les réponses à ces<br />

questions <strong>et</strong> <strong>la</strong> simple présence de <strong>ponctuation</strong> de part <strong>et</strong> d’autre des constituants, sans<br />

tenir compte, <strong>dans</strong> un premier temps, de <strong>la</strong> forme des ponctogrammes. 3<br />

Pour ce faire, nous avons essentiellement employé les techniques statistiques les<br />

plus c<strong>la</strong>ssiques en sciences humaines: l’analyse des tableaux de contingence à l’aide<br />

du test duχ 2 (→5.2.1.2). Après avoir évalué <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre chacune des six variables<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>, nous avons constaté l’inefficacité de <strong>la</strong> méthode (→5.2.3), ce<br />

qui nous a conduit à en rechercher une autre, perm<strong>et</strong>tant d’envisager simultanément<br />

toutes les variables morphosyntaxiques <strong>et</strong> positionnelles. 4 Ces nouveaux dépouillements<br />

nous ont permis de repérer, au milieu de <strong>la</strong> masse de constituants inégalement<br />

marqués par <strong>la</strong> présence d’un ponctogramme, ceux dont le marquage ou le rej<strong>et</strong> du<br />

marquage avait <strong>la</strong> plus faible probabilité d’être dû au hasard. Ce qui est ressorti de<br />

c<strong>et</strong>te première étape, où les données étaient réduites à une représentation très abstraite,<br />

c’est une liste de points forts concernant (→5.3.3.3):<br />

– <strong>la</strong> différence de fréquence entre le marquage de <strong>la</strong> phrase <strong>et</strong> celui des autres propositions;<br />

– <strong>la</strong> spécificité du marquage d’un certain nombre de types d’arguments;<br />

– le rej<strong>et</strong> manifeste du marquage du prédicat;<br />

– <strong>la</strong> faible fréquence de marquage à <strong>la</strong> suite des re<strong>la</strong>teurs;<br />

– <strong>la</strong> forte présence de marquage devant les coordonnants.<br />

Nous avons ainsi pu observer que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> n’était pas obligatoire, mais que sa<br />

présence était certainement liée à un contexte syntaxique spécifique.<br />

Ensuite, ces grandes lignes ont pu être inspectées de manière plus concrète: pour<br />

chaque tendance qui le justifiait, nous avons évalué <strong>la</strong> probabilité que l’attraction ou<br />

<strong>la</strong> répulsion observée soit généralisée. Nous avons adopté <strong>la</strong> position pragmatique selon<br />

<strong>la</strong>quelle toute tendance suffisamment fréquente pouvait être considérée comme<br />

générale si le fait de r<strong>et</strong>irer les chartes qui <strong>la</strong> manifestaient de manière significative<br />

de l’échantillon ne changeait pas significativement <strong>la</strong> probabilité d’attraction (par<br />

exemple,→6.1.1.1 a). Il en est ressorti que <strong>la</strong> plupart des tendances observées étaient<br />

générales ou trop faiblement illustrées pour être évaluées de ce point de vue.<br />

Par ailleurs, nous avons essayé de m<strong>et</strong>tre en re<strong>la</strong>tion <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> avec le<br />

contexte immédiat, ce qui nous a <strong>la</strong>issé observer que beaucoup de constituants étaient<br />

davantage, voire exclusivement marqués au contact d’autres constituants attirant également<br />

le marquage 5 ou <strong>dans</strong> un contexte de coordination. 6<br />

C<strong>et</strong> examen détaillé des tendances mises en évidence au chapitre→5 perm<strong>et</strong> en<br />

fin de compte de faire le tri parmi les tendances <strong>et</strong> de repérer celles qui sont manifestement<br />

dues à l’entourage du constituant ou au document <strong>dans</strong> lequel il est attesté. En<br />

observant plus intuitivement les attestations, nous avons également pu repérer, comme<br />

3 Le détail des modalités sélectionnées pour ces variables est exposé sous→5.0.2.<br />

4 Voir→5.3, en particulier→5.3.1, où nous expliquons comment nous avons procédé.<br />

5 Voir, par exemple, le cas du marquage du prédicat,→6.1.2.1 c.<br />

6 Voir, par exemple, le cas du suj<strong>et</strong>,→6.1.3.1.<br />

361


nous nous y attendions, 7 un certain nombre de tendances liées à des facteurs étrangers<br />

à <strong>la</strong> morpho<strong>syntaxe</strong>: <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de formules spécifiques au type discursif, celle des<br />

chiffres ou encore <strong>la</strong> présence d’un ponctogramme devant les noms de personnes.<br />

En outre, l’examen du détail des attestations nous a amené à proposer des révisions<br />

concernant le modèle d’analyse morphosyntaxique présenté au chapitre→3 (→6.4.3):<br />

1/ il conviendrait que soient pris en compte les lexèmes employés; 2/ <strong>la</strong> notion de <strong>la</strong><br />

coordination pourrait être étendue à des groupements de constituants que nous n’avons<br />

pas considérés comme coordonnés; 3/ il serait peut-être profitable de considérer les<br />

coordonnants de <strong>la</strong> même manière que les autres re<strong>la</strong>teurs. D’autre part, nous avons<br />

insisté sur le fait que l’analyse des structures en <strong>syntaxe</strong> immédiate gagnerait à être<br />

moins abstraite.<br />

De c<strong>et</strong>te étude de <strong>la</strong> fréquence du marquage est ressorti un ensemble d’environnements<br />

propices à <strong>la</strong> présence de <strong>ponctuation</strong>.<br />

À ce moment, il nous a été possible de réintroduire les considérations portant sur <strong>la</strong><br />

forme des ponctogrammes <strong>et</strong> d’employer l’Analyse Factorielle des Correspondances<br />

(AFC) pour décrire les données (→7.2). Nous avons effectué un tri croisé pour mesurer<br />

les associations entre <strong>la</strong> forme des ponctogrammes <strong>et</strong> <strong>la</strong> tendance au marquage<br />

spécifique à <strong>la</strong> position où se trouvait ce ponctogramme (ce qui incluait l’absence<br />

d’environnement attirant le marquage). Après une analyse exploratoire, nous avons<br />

complété notre étude par une série de tests évaluant <strong>la</strong> probabilité que les regroupements<br />

entre <strong>la</strong> forme des ponctogrammes <strong>et</strong> l’environnement <strong>dans</strong> lequel on les rencontre<br />

soit due au hasard (→7.3). Dans <strong>la</strong> majorité des cas observés, les contrastes mis<br />

en évidence par l’AFC correspondaient à des oppositions significatives.<br />

L’étude détaillée de <strong>la</strong> forme a mené à <strong>la</strong> conclusion suivante: les ponctogrammes<br />

autres que ‹·› sont plus rares, <strong>et</strong> leur emploi paraît plus spécifique à un environnement<br />

donné. En d’autres termes: non seulement les scribes ne ponctuaient pas n’importe où,<br />

mais, en plus, ils n’employaient pas indifféremment les signes.<br />

Les méthodes ne perm<strong>et</strong>tant pas de traiter de manière efficace les ponctogrammes<br />

peu attestés, nous les avons simplement commentés, <strong>la</strong>issant de côté les statistiques<br />

pour une étude plus philologique (→7.4). Ces observations ont mené, d’une part, à<br />

<strong>la</strong> critique de <strong>la</strong> validité de <strong>la</strong> transcription: 1/ certaines distinctions entre les formes<br />

sont peut-être superflues; 8 2/ certaines unités peuvent être confondues avec d’autres. 9<br />

D’autre part, <strong>la</strong> forme des ponctogrammes pose <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre les<br />

ponctogrammes <strong>et</strong> le reste du système graphique (→7.4.2).<br />

8.1.3 Tableau de synthèse<br />

En bout de course, une partie des résultats nous paraissent bien assurés <strong>et</strong> stables <strong>et</strong><br />

mériteraient d’être mis à l’épreuve de matériaux différents de ceux ayant servi <strong>dans</strong><br />

c<strong>et</strong>te étude. Ces résultats que nous considérons comme suffisamment sûrs pour être<br />

conservés <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te conclusion sont reportés <strong>dans</strong> le tableau de <strong>la</strong> page 363.<br />

La première colonne contient l’environnement attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> (chapitre<br />

→6), <strong>la</strong> deuxième colonne propose un sigle pouvant être intégré à un texte dont on<br />

7 Voir en particulier l’analyse du marquage des structures en <strong>syntaxe</strong> immédiate, sous→6.2.2.<br />

8<br />

Voir le cas du contraste entre ‹· › <strong>et</strong> ‹· / › (→7.3).<br />

9<br />

Voir, par exemple, le cas de ‹–› (→7.4.2).<br />

362<br />


Structure Sigle Positions Formes<br />

Énoncé Énoncé ⊗x⊗ ‹›, ‹;›<br />

Coordination Coord. ⊗x⊗<strong>et</strong>y⊗ ‹/›<br />

Actants ⊗x (‹ · ›)<br />

– 0,1,S1,pers,1 (MI.phrase)<br />

– 0,1,R2,pers,1 (¬pers-arg)<br />

– 1,0,R3,0,1<br />

– 0,0,A4,0,1 (pers,pers-arg,¬pers-arg)<br />

Circonstants ‹ · ›, ‹ /<br />

· ›<br />

– 0,0,C5,pers,0 Incidente ⊗x⊗<br />

– 0,0,C5,0,1 (pers,¬pers) 0,0,C5,0,1 ⊗x⊗<br />

– 0,1,C5,0,0 (phrase,¬pers-arg,pers,¬pers) 0,1,C5,0,0 ⊗x<br />

– 0,1,C5,0,1 (phrase,pers-arg,pers) 0,1,C5,0,1 ⊗x<br />

– 0,1,C5,¬pers,1 (pers,phrase) 0,1,C5,¬pers,1 ⊗x<br />

– 0,1,C5,pers,1 (phrase) 0,1,C5,pers,1 ⊗x<br />

– 0,0,C5,0,0 (:pers-arg,:pers) 0,0,C5,0,0 x⊗<br />

– 0,0,C5,0,1 (phrase,pers-arg,¬pers-arg) 0,0,C5,0,1 x⊗<br />

– 0,0,C5,¬pers,1 (phrase) 0,0,C5,¬pers,1 x⊗<br />

– 0,0,C5,pers,1 (phrase,pers-arg,pers) 0,0,C5,pers,1 x⊗<br />

– 1,0,C5,pers,1 (phrase) 1,0,C5,pers,1 x⊗<br />

Autres (non confirmé par les statistiques)<br />

– chiffres x ⊗x⊗<br />

– titres, noms de personnes,. . . NP ⊗x ‹··›<br />

Répulsions<br />

– P0 NA ø x ø<br />

– C6 NA x ø<br />

– Co NA x ø<br />

– Rl NA x ø<br />

TAB. 8.1 – Tableau synthétique des tendances dégagées<br />

S1<br />

R2<br />

R3<br />

A4<br />

’<br />

’<br />

.<br />

363


étudie <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>. Nous l’exploiterons <strong>dans</strong> <strong>la</strong> section suivante (→8.2). La troisième<br />

colonne indique <strong>la</strong> position des ponctogrammes (indiquée par ‹⊗›) par rapport<br />

au constituant. La dernière colonne reprend les associations entre les environnements<br />

<strong>et</strong> les formes (chapitre→7).<br />

8.2 À l’épreuve d’autres matériaux<br />

Tentons une expérience. Dépassons à présent le corpus que nous avons exploité.<br />

Oublions-le <strong>et</strong> ne gardons que les conclusions auxquelles il a permis d’aboutir.<br />

Rep<strong>la</strong>çons-nous ensuite <strong>dans</strong> une situation pratique fréquente pour le philologue <strong>et</strong><br />

pour l’historien de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue affectionnant le r<strong>et</strong>our aux sources: <strong>la</strong> lecture d’un texte,<br />

sans l’aide d’un ordinateur, sans analyse préa<strong>la</strong>ble. Comment appliquer les résultats<br />

de notre travail à de nouveaux matériaux? Les tendances dégagées aident-elles à comprendre<br />

les documents?<br />

Nous avons choisi ces documents <strong>dans</strong> des volumes d’éditions diplomatiques récents:<br />

l’édition des chartes luxembourgeoises de 1226 à 1281 de l’équipe de Günter<br />

Holtus <strong>et</strong> al. (2003) <strong>et</strong> l’édition des chartes champenoises de 1270 à 1300 de Pi<strong>et</strong>er<br />

Reenen (2007). Dans ces deux volumes, nous avons choisi <strong>la</strong> charte <strong>la</strong> plus ancienne<br />

accompagnée d’une photographie du document, ce qui nous a permis de vérifier <strong>la</strong><br />

qualité de <strong>la</strong> transcription.<br />

Nous avons fait l’exercice d’annoter ces chartes au fur <strong>et</strong> à mesure de leur lecture.<br />

Pour chaque ponctogramme, nous avons indiqué par un sigle 10 à sa suite quelle<br />

tendance dégagée <strong>dans</strong> notre étude était à même d’en expliquer <strong>la</strong> valeur. Les chevrons<br />

à l’intérieur de ces sigles pointent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> direction du constituant concerné. Par<br />

exemple, indique que le constituant à droite du ponctogramme est un chiffre. Si plusieurs<br />

tendances expliquent simultanément un ponctogramme, elles sont séparées par ‹;›. Les<br />

? indiquent les doutes <strong>et</strong> font l’obj<strong>et</strong> d’une discussion à <strong>la</strong> suite de <strong>la</strong> lecture.<br />

8.2.1 Charte luxembourgeoise ou lorraine de 1245<br />

C<strong>et</strong>te première charte (Holtus <strong>et</strong> al. 2003, Document 11, 11 mai 1245 ; reproduction<br />

p. 689), localisée au Luxembourg ou en Lorraine d’après les éditeurs, compte trenteneuf<br />

ponctogrammes:<br />

– ‹·› est attesté trente-huit fois;<br />

– ‹–› est attesté une fois (ligne 9).<br />

Nous ne nous occuperons pas du ‹–›, qui relève de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> de mot (→3.2.3), ni du<br />

dernier ‹·›, qui achève <strong>la</strong> charte.<br />

8.2.1.1 Lecture suivie<br />

Commençons par lire le texte intégralement, en reportant à <strong>la</strong> droite des ponctogrammes<br />

le sigle résumant <strong>la</strong> ou les raison(s) de sa présence. Nous reproduisons <strong>la</strong><br />

10 Celui donné <strong>dans</strong> le tableau 8.1.3.<br />

364


transcription de l’édition sans aucune modification 11 autre que l’ajout de sigles pour<br />

expliquer <strong>la</strong> poncuation.<br />

«Wéry, archidiacre de M<strong>et</strong>z <strong>et</strong> Henri I er de Houffalize tranchent le débat opposant <strong>la</strong> comtesse<br />

Ermesinde de Luxembourg <strong>et</strong> ses deux fils au couvent de Saint Sauveur de M<strong>et</strong>z <strong>et</strong><br />

attribuent à ce dernier <strong>la</strong> prévôté de Beuvange. 12<br />

[1] Je Werriſ Arcediacreſ De Mez · Et Je Henriſ de Hvfailize faſonſ coigniſſant atouz<br />

ceouz ke ceſ l<strong>et</strong>treſ [2] vairont <strong>et</strong> oront ke dou beſtant ki eſtoit entre Madame <strong>la</strong>conteſſe De<br />

lucenbourc · <strong>et</strong> Mon ſeignor [3] Henri · Et monſeignor Gerairt · ceſ douz<br />

filz dune part · kil diſſo[7]ient ke˘ ˘<br />

lichapitreſ auoit aquaſteit · dont il diſſoient · ? ken lor enfaiſoit<br />

tort · Ne il ne˘ ˘<br />

lor oj´r · Et ſi auons<br />

[9] dit en nostre dit kil <strong>la</strong>qujſſent · Et ſi auonſ dit ancores ke˘ ˘<br />

lichapitreſ acquiſſ<strong>et</strong> leſ<br />

damaigeſ ke meſ–[10]ſireſ Henriſ · <strong>et</strong> liſien firent aſ Hommeſ debiouenges · <br />

Et apreſ auonſ dit · ? ke meſ ſireſ Henriſ ranſ<strong>et</strong> achapitre [11] por˘ ˘<br />

lour propreſ damaigeſ ·<br />

x> l · elmoiſ de mai · quant li˘ ˘<br />

miliareſ coroit par · Co>;x> M · ;


d. Coordination. La coordination est fréquente <strong>dans</strong> le document <strong>et</strong> explique vingtdeux<br />

ponctogrammes, dont trois liés également au marquage des chiffres (l. 15) <strong>et</strong> un<br />

autre lié au marquage des circonstants (l. 3).<br />

Dans deux cas, on pourrait considérer qu’il y a coordination entre deux propositions<br />

de mode personnel re<strong>la</strong>tées en <strong>syntaxe</strong> immédiate, pour peu qu’on accepte c<strong>et</strong>te<br />

révision de notre modèle d’analyse: 13<br />

«ceſt aſauoír deſ damaigeſ ke liſires [5] Henriſ [. . .] Et de<strong>la</strong>uowerie de biouenges · kil<br />

diſſo[7]ient ke˘ ˘<br />

lichapitreſ auoit aquaſteit · dont il diſſoient · ken lor enfaiſoit tort» (4).<br />

e. Chiffres. Si on accepte leur influence sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>, les chiffres expliquent<br />

deux marquages à eux seuls (l. 11) <strong>et</strong> se combinent avec <strong>la</strong> coordination <strong>dans</strong> trois<br />

autres cas (l. 15).<br />

f. Tendances floues. Six ponctogrammes apparaissent à des endroits non prévus par<br />

les tendances r<strong>et</strong>enues. Tout d’abord:<br />

«il diſſoient · ken lor enfaiſoit tort» (7).<br />

«Auonſ dit <strong>et</strong> raporteit · ke ma [8] dame <strong>la</strong>conteſſe <strong>et</strong> ſuj dou˘ ˘<br />

fill dauant dit · nj´ant nont · anceſ<br />

choceſ dauant diteſ» (7).<br />

«Et apreſ auonſ dit · ke meſ ſireſ Henriſ ranſ<strong>et</strong> achapitre [11] por˘ ˘<br />

lour propreſ damaigeſ · l ·<br />

livres de Meceins» (10).<br />

Le marquage de 0,1,R2,pers,1 est toujours en attraction, non significative partout, sauf<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> formule _faisons savoir que_ . 14<br />

En contexte immédiat, nous relevons:<br />

«Et pour ce ke ce ſoit ferme choſe <strong>et</strong> [14] aſtaule ſi anſunt ceſ l<strong>et</strong>treſ ſeeleieſ de noſ ſeeſ en<br />

˘ ˘<br />

temognage de verite · ke furent faiteſ lov [15] Juedi apreſ leſ octaueſ ſainte croix» (14).<br />

La structure 0,1,Ap,pers,1 attire le marquage initial, 15 mais nous n’avons pas gardé<br />

c<strong>et</strong>te tendance en raison de son affinité avec le contexte immédiat formé d’un<br />

0,0,Ap,pers,1 ponctué à droite.<br />

Enfin, nous sommes étonné par <strong>la</strong> présence de ponctogrammes <strong>dans</strong> <strong>la</strong> position<br />

relevée ci-dessous:<br />

«Auonſ dit <strong>et</strong> raporteit · ke ma [8] dame <strong>la</strong>conteſſe <strong>et</strong> ſuj dou˘ ˘<br />

fill dauant dit · nj´ant nont · anceſ<br />

choceſ dauant diteſ» (7, 2 attestations).<br />

C<strong>et</strong>te <strong>ponctuation</strong> est complètement imprévisible: elle n’est justifiée par aucune tendance<br />

<strong>et</strong> «transgresse» l’interdiction de marquage après le prédicat. Les causes du<br />

marquage doivent certainement être cherchées ailleurs que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong>.<br />

13 Voir→6.2.2.2, où nous constatons le phénomène.<br />

14 Voir le tableau synoptique de <strong>la</strong> page 224, ainsi que l’analyse→6.1.3.9.<br />

15 Voir→6.2.2.2.<br />

366


8.2.1.3 Résultats<br />

Seuls six signes sur les trente-sept ponctogrammes analysés résistent à une analyse<br />

fondée sur les tendances dégagées. Ce<strong>la</strong> correspond à 16.21% de l’effectif. C<strong>et</strong>te proportion<br />

atteint 21.62% si l’on exclut les justifications non syntaxiques (marquage des<br />

chiffres). Il nous semble que ces nombres restent suffisamment bas pour conclure que<br />

les grandes lignes du marquage des structures syntaxiques sont tout à fait pertinentes<br />

<strong>dans</strong> le cas de c<strong>et</strong>te charte.<br />

8.2.2 Charte champenoise de 1270<br />

La charte (Reenen 2007, Document 1, 11 avril 1270 ; reproduction p. XIV-XV) contient<br />

vingt-huit ponctogrammes:<br />

– dix-huit ‹/›;<br />

– neuf ‹.›;<br />

– un ‹· ›.<br />

’<br />

Nous n’analyserons pas le ‹/› apparaissant à <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> deuxième ligne, ce ponctogramme<br />

relevant de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> de mot.<br />

8.2.2.1 Lecture suivie<br />

Nous reproduisons <strong>la</strong> transcription de l’édition en introduisant quelques modifications.<br />

Premièrement, toute modernisation a été r<strong>et</strong>irée. Ainsi certaines virgules, qui s’étaient<br />

introduites <strong>dans</strong> <strong>la</strong> transcription, ont été supprimées. De même, nous avons enlevé les<br />

séparations de mots <strong>et</strong> les agglutinations proposées par l’éditeur. Deuxièmement, nous<br />

avons jugé nécessaire de corriger certains passages, ce que nous avons indiqué par des<br />

notes. L’éditeur emploie ‹.› pour transcrire le punctus que nous représentons par ‹·›.<br />

«Assignation par Erart, sire de Vallery <strong>et</strong> connétable de Champagne, sur ses cens de Cerv<strong>et</strong>,<br />

en faveur de l’infirmière de l’abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains de Troyes, à commencer<br />

par sa cousine Isabelle <strong>et</strong> en continuant après sa mort, de 50 sous tournois annuels donnés<br />

à l’abbaye par son père [Jean, sires de Vallery] 16 pour <strong>la</strong> célébration de son anniversaire.<br />

[1] A touz cauz qui cez presentes l<strong>et</strong>res verront <strong>et</strong> orront / en son boen sens / <strong>et</strong> en sa bone memoire / Cinquante solz de<br />

tournois de Rente chascun an 18<br />

· le ior com fera anniuersare en leglise / Je les diz Cinquante solz asie19 ’<br />

a [5] penre <strong>et</strong> a receuoir Chascun an / ? le ior de feste saint 20 Remi ou chief doctobre /<br />

en mes cens de Ceruel . Et Weil [6] <strong>et</strong> Commant que li dit Cin-<br />

16<br />

Note de l’éditeur.<br />

17<br />

L’édition ne reproduit pas c<strong>et</strong>te ‹/›.<br />

18<br />

L’édition transcrit ‹;›.<br />

19<br />

L’édition transcrit afie. Nous proposons une autre lecture.<br />

20 L’édition transcrit ‹Saint›.<br />

367


quante solt soient rendu <strong>et</strong> paie a ma chiere Cousine ysabel dou chastel enfermiere de nostre<br />

dame de Troies tant com ele viura / 0,1,C5,¬pers,1> por faire <strong>la</strong> pittance au Couuent / 0,1,C5,0,0><br />

le ior com fera 21 <strong>la</strong>nniuersare [8] mon seignor mon pere / Et apres son deces ie Weil<br />

<strong>et</strong> conmant / ? que il soient rendu <strong>et</strong> paie chascun an au terme [9] desus dit a <strong>la</strong>nfermerie de<br />

celle eglise . <strong>la</strong> quele sera tenue a departir les diz Cinquante soulz au dit Couuent le<br />

ior de <strong>la</strong>nniuersare deuant dit / Et a ce don garder <strong>et</strong> tenir enterinement / par quel<br />

que raison que ce soit . Et en tesmoignage de <strong>la</strong> quel chose / <br />

mil . ; CC . ; lx <strong>et</strong> Nuef le venredi deuant pasques / 0,1,C5,0,1> ou mois de<br />

auril» 22<br />

8.2.2.2 Signes expliqués<br />

a. Énoncé. Les sept énoncés successifs de ce document sont tous ponctués. Quatre<br />

d’entre eux sont marqués par ‹·›, trois par ‹/›. L’individualité de <strong>la</strong> structure est à<br />

nouveau appuyée par <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>.<br />

b. R3. Le R3 qui ouvre <strong>la</strong> charte (l’adresse) est ponctué, comme ce<strong>la</strong> a été fréquemment<br />

relevé <strong>dans</strong> notre corpus.<br />

c. Circonstants. Les circonstants justifient le marquage de dix ponctogrammes, dont<br />

un figurant à <strong>la</strong> frontière entre deux circonstants attirant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> (l. 5). Ce dernier<br />

signe a <strong>la</strong> forme ‹/›, comme sept autres ponctogrammes marquant un C5. Un seul<br />

est marqué par ‹·› (l. 11) <strong>et</strong> un autre par ‹· › (l. 3).<br />

d. Coordination. Trois coordinations sont marquées par ‹/› <strong>et</strong> trois autres, impliquant<br />

des chiffres, par ‹·›.<br />

e. Chiffres. Tous les chiffres marqués le sont par le ponctogramme ‹·›. Trois d’entre<br />

eux sont combinés à une coordination (l.12).<br />

f. Tendances floues. Seules deux attestations ne rentrent pas <strong>dans</strong> le canevas dessiné<br />

par nos conclusions. La première précède à nouveau un 0,1,R2,pers,1:<br />

’<br />

«Et apres son deces ie Weil <strong>et</strong> conmant / que il soient rendu <strong>et</strong> paie chascun an au terme [9]<br />

desus dit a <strong>la</strong>nfermerie de celle eglise.» (8).<br />

La seconde est située entre deux circonstants:<br />

«Je les diz Cinquante solz asie a [5] penre <strong>et</strong> a receuoir Chascun an / le ior de feste saint Remi<br />

ou chief doctobre» (4).<br />

Il est possible de justifier <strong>la</strong> présence du ponctogramme en étendant <strong>la</strong> notion de coordination<br />

(→6.4.3.2) ou en simplifiant <strong>la</strong> description des circonstants. Nous ne le ferons<br />

pas.<br />

21 L’édition introduit ici une ‹/› que nous considérons comme un trait de plume insignifiant: il<br />

n’a pas <strong>la</strong> même forme que les ‹/› du document <strong>et</strong> est rattaché au ‹a› qui le précède.<br />

22 L’édition introduit ici un ‹.› absent du manuscrit.<br />

368


8.2.2.3 Résultats<br />

En nous refusant d’intégrer les chiffres aux facteurs explicatifs des ponctogrammes, <strong>la</strong><br />

proportion de signes justifiés par leur environnement est de vingt sur vingt-six ponctogrammes,<br />

ce qui correspond à un pourcentage de 76.92%. Ce pourcentage grimpe à<br />

92.31% si nous acceptons ces ponctogrammes marquant les chiffres.<br />

D’autre part, <strong>la</strong> forme des ponctogrammes employés se singu<strong>la</strong>rise de ce que nous<br />

avons pu observer globalement <strong>dans</strong> les chartes liégeoises par <strong>la</strong> présence massive du<br />

ponctogramme ‹/›, qui correspond à lui seul à près de deux tiers des ponctogrammes.<br />

Par contre, le ‹· › est bien à <strong>la</strong> limite finale d’un circonstant (→7.2.4.2 c) <strong>et</strong> les ‹·› ne<br />

sont attestés (à une exception près) que <strong>dans</strong> l’entourage des énoncés <strong>et</strong> de structures<br />

coordonnées. Ces deux dernières associations se conforment très bien aux tendances<br />

des chartes liégeoises (→7.2.4.2 c également).<br />

8.2.3 Apports des analyses<br />

’<br />

Que r<strong>et</strong>irer de ces deux lectures? Tout d’abord, elles sont pour l’essentiel compatibles<br />

avec les grandes lignes dégagées <strong>dans</strong> <strong>la</strong> deuxième partie de notre étude, malgré l’origine<br />

géographique différente de ces deux nouvelles chartes.<br />

Il est donc déjà possible d’affirmer que l’extension géographique des faits dépasse<br />

Liège <strong>et</strong> ses environs: même si les documents lus ici étaient exceptionnels par rapport<br />

aux autres chartes de <strong>la</strong> même région, tout <strong>dans</strong> le mode de transmission des chartes<br />

nous conforte au moins <strong>dans</strong> l’idée que les documents ont été écrits à des endroits<br />

différents. 23<br />

Nous pourrions même r<strong>et</strong>enir c<strong>et</strong>te hypothèse selon <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> proximité de ces<br />

documents avec les nôtres est exceptionnelle <strong>et</strong> ne reflète pas <strong>la</strong> situation générale,<br />

ce<strong>la</strong> ne modifierait en rien <strong>la</strong> conclusion suivante: il existe une pratique commune,<br />

géographiquement répandue.<br />

Du reste, les faits de <strong>ponctuation</strong> qui ne correspondent pas à de grandes tendances<br />

sont généralement attestés ailleurs <strong>dans</strong> notre corpus. 24 Leur présence <strong>dans</strong> ces documents<br />

témoigne une fois encore de <strong>la</strong> variation à c<strong>et</strong> égard, une variation dont <strong>la</strong><br />

description est à présent envisageable par rapport à <strong>la</strong> référence que constitue notre<br />

conclusion.<br />

8.3 Perspectives<br />

Considérons à présent c<strong>et</strong>te conclusion comme un nouveau point de départ. Nous<br />

avons déjà évalué ce qu’elle apporte <strong>et</strong> <strong>la</strong> manière dont nous avons répondu à notre<br />

question. Tournons-nous à présent vers le futur: comment peut-on envisager <strong>la</strong> suite<br />

du travail sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des chartes <strong>et</strong>, plus généralement, sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale?<br />

Tout d’abord, le travail permanent d’enrichissement du corpus perm<strong>et</strong>tra, en intégrant<br />

éventuellement l’édition de chartes d’autres régions ou d’autres types de textes,<br />

23<br />

L’auteur qui s’identifie <strong>dans</strong> <strong>la</strong> suscription, les lieux mentionnés, <strong>et</strong>c. Voir Carolus-Barré<br />

1964 <strong>et</strong> Monfrin 1968.<br />

24<br />

Mis à part deux ponctogrammes relevés sous→8.2.1.1, in fine.<br />

369


de pallier les problèmes liés au manque d’effectif frappant certaines constructions ou<br />

certaines formes de ponctogrammes (→8.3.1). Ensuite, nous verrons comment pourra<br />

être envisagée <strong>la</strong> prise en considération de phénomènes linguistiques n’ayant pas été<br />

exploités <strong>dans</strong> l’analyse (→8.3.2). Enfin, le champ pourra également être étendu par <strong>la</strong><br />

mise en re<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>et</strong> d’autres phénomènes relevant de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite<br />

(→8.3.3).<br />

8.3.1 Enrichissement du corpus<br />

L’évolution du proj<strong>et</strong> Khartês (→0.2.1) perm<strong>et</strong>tra d’augmenter progressivement <strong>la</strong><br />

taille du corpus des chartes liégeoises, puis hutoises, namuroises, <strong>et</strong>c. Par ailleurs,<br />

les efforts de <strong>la</strong> communauté scientifique pour rassembler des matériaux perm<strong>et</strong>tant<br />

d’étudier <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite des textes <strong>et</strong> en donner une édition sous forme électronique<br />

se multiplient. Le mouvement concerne entre autres l’édition de chartes: les sources<br />

des documents traités <strong>dans</strong> Holtus <strong>et</strong> al. 2003 sont électroniques (180 documents entre<br />

1228 <strong>et</strong> 1281), l’édition des chartes lorraines (290 documents avant 1271) est en cours<br />

(Gleßgen 2005). On peut également espérer que <strong>la</strong> version électronique annoncée de<br />

l’édition des chartes de l’Aube (Reenen 2007) sera diplomatique (72 chartes entre<br />

1270 <strong>et</strong> 1298).<br />

Les textes littéraires sont également en cours d’édition. Certains sont déjà anciens,<br />

comme le proj<strong>et</strong> Charr<strong>et</strong>te, pionnier de l’édition électronique (Uitti 1998 <strong>et</strong>, pour un<br />

état des lieux plus récent Murray 2005); d’autres sont toujours en cours d’é<strong>la</strong>boration,<br />

comme le proj<strong>et</strong> Banque de Français Médiéval, partim. 5, entièrement dédié à <strong>la</strong><br />

transcription diplomatique de manuscrits pour <strong>la</strong> plupart littéraires (Lavrentiev 2005).<br />

Quels que soient les types de textes <strong>et</strong> leur localisation, une édition attentive à <strong>la</strong><br />

transcription fidèle des ponctogrammes pourra servir à enrichir les résultats de notre<br />

étude: en augmentant le volume de données, les modalités peu attestées des variables<br />

décrivant <strong>la</strong> morpho<strong>syntaxe</strong> ou <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> devraient atteindre un niveau suffisant<br />

de représentation (→8.3.1.1). En outre, c<strong>et</strong> accroissement des matériaux rendra possible<br />

<strong>et</strong> nécessaire <strong>la</strong> réflexion sur le c<strong>la</strong>ssement de ces derniers suivant des critères<br />

extralinguistiques (→8.3.1.2).<br />

8.3.1.1 Meilleure représentation des modalités<br />

Du fait de l’emploi généralisé du test duχ 2 pour décrire nos données, nous avons<br />

dû écarter de l’analyse les modalités décrivant <strong>la</strong> position <strong>et</strong> <strong>la</strong> structure morphosyntaxique<br />

des constituants trop peu représentés. 25 Il est certain qu’une partie des constituants<br />

ainsi négligés relèvent de tendances au marquage spécifiques. Un agrandissement<br />

du corpus perm<strong>et</strong>tra d’augmenter l’effectif de ces structures jusqu’à un niveau<br />

suffisamment élevé pour être pris pleinement en considération. 26<br />

25 Sur les conditions d’application du test, voir→5.2.1.2 b. Sur <strong>la</strong> manière dont nous avons<br />

écarté les constituants, voir notamment→5.3.1.3.<br />

26 Les structures peu attestées sont partiellement prises en considération, notamment lorsque<br />

nous vérifions, par une série deχ 2 , quelles modalités se distinguent de toutes les autres<br />

(→5.3.1.3): les modalités cactéristiques d’un faible effectif d’individus sont toujours intégrées<br />

<strong>dans</strong> un groupe comprenant toutes les modalités à l’exception de celle qui est testée.<br />

370


En outre, le tri à p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> variable décrivant <strong>la</strong> forme des ponctogrammes<br />

(→7.1.1) <strong>la</strong>isse voir que certains d’entre eux, comme ‹;› ou ‹›, sont très peu attestés<br />

<strong>dans</strong> notre corpus. Or, nous savons que tous les signes étaient employés par un<br />

grand nombre de scribes différents. 27 Malgré leur re<strong>la</strong>tive rar<strong>et</strong>é, ces ponctogrammes<br />

sont répandus, <strong>et</strong> l’augmentation de <strong>la</strong> taille du corpus nous livrera certainement de<br />

nouvelles attestations, rendant possible une étude statistique.<br />

8.3.1.2 Meilleure description externe<br />

Augmenter le nombre de chartes disponibles devra également perm<strong>et</strong>tre de dépasser<br />

le stade actuel, où les chartes sont, sauf exception, toutes considérées comme appartenant<br />

au même genre de texte. 28 Nous avons constaté que quelques testaments paraissaient<br />

se distinguer des autres textes par une <strong>ponctuation</strong> spécifique des actants. 29<br />

Nous pensons qu’il ne s’agit pas d’un fait isolé: l’action juridique enregistrée par le<br />

texte imprime une structure à ce dernier, <strong>la</strong>quelle est servie par une <strong>ponctuation</strong> adéquate.<br />

Pour parfaire l’étude des tendances de marquage des constituants, il importera<br />

au moins de distinguer les types de chartes, ce qui ne portera ses fruits qu’une fois que<br />

<strong>la</strong> quantité de documents disponibles perm<strong>et</strong>tra de constituer des groupes fournis.<br />

L’introduction de textes relevant d’autres types discursifs que les chartes nous<br />

obligera à é<strong>la</strong>borer une meilleure description externe des matériaux, fondée non seulement<br />

sur <strong>la</strong> typologie textuelle, mais aussi sur <strong>la</strong> tradition dont est issu le document.<br />

8.3.2 Faits linguistiques exploités<br />

8.3.2.1 Approfondissement <strong>et</strong> amélioration du modèle<br />

À plusieurs reprises, nous avons attiré l’attention sur <strong>la</strong> perfectibilité du modèle syntaxique<br />

employé. 30 L’analyse des données a permis de reconsidérer celui-ci à propos<br />

de structures particulières. Nous avons vu que plusieurs changements étaient envisageables,<br />

en particulier concernant, d’une part, l’extension de <strong>la</strong> notion de coordination<br />

aux combinaisons de circonstants (en <strong>syntaxe</strong> argumentale) ou d’appositions (en <strong>syntaxe</strong><br />

immédiate) 31 <strong>et</strong>, d’autre part, <strong>la</strong> modification de <strong>la</strong> position des coordonnants<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> représentation de <strong>la</strong> hiérarchie syntaxique. 32<br />

Dans le même ordre d’idées, <strong>la</strong> description pourrait être précisée au niveau de <strong>la</strong><br />

<strong>syntaxe</strong> immédiate, pour <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> bipartition entre les déterminants <strong>et</strong> les appositions<br />

semble trop générale pour perm<strong>et</strong>tre un c<strong>la</strong>ssement fin (→6.4.3.3).<br />

27 Voir les nombreux exemples <strong>dans</strong> Parkes 1992.<br />

28 Voir <strong>la</strong> définition du terme charte sous→3.1.2.1 b.<br />

29 Voir <strong>la</strong> conclusion sur <strong>la</strong> fréquence du marquage (→6.4.1).<br />

30 Nous avons conclu le chapitre→3 en <strong>la</strong> soulignant.<br />

31 Voir <strong>la</strong> synthèse→6.4.3.2.<br />

32 Voir <strong>la</strong> synthèse→6.4.3.4.<br />

371


8.3.2.2 Autres points de vue<br />

Les résultats encourageants obtenus en tenant le simple pari que <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> est à même<br />

d’expliquer seule une grande partie de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> (→0.1.1.2) ne justifieraient évidemment<br />

pas que l’on s’en contente. Nous pouvons à présent nous servir de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

syntaxique comme d’un cadre de référence pour commencer à travailler sur les<br />

re<strong>la</strong>tions entre les ponctogrammes <strong>et</strong> d’autres points de vue 33 sur les textes: le p<strong>la</strong>n sémantique<br />

<strong>et</strong> le p<strong>la</strong>n énonciatif. Cependant, l’examen du p<strong>la</strong>n morphosyntaxique ayant<br />

conduit à l’identification de faits sémantiques <strong>et</strong> énonciatifs paraissant particulièrement<br />

liés à <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>, il nous paraît envisageable de restreindre <strong>la</strong> description de<br />

ces p<strong>la</strong>ns à une série limitée de phénomènes intéressants.<br />

Ainsi pensons-nous qu’une grande partie de l’apport du p<strong>la</strong>n sémantique en <strong>la</strong><br />

matière pourra être appréhendée par <strong>la</strong> seule catégorisation des nombres <strong>et</strong> des noms<br />

de personnes <strong>et</strong> d’institutions (→6.2.3). De même, l’étude des structures énonciatives<br />

pourra se limiter à l’identification des formules <strong>et</strong> des éléments les plus stables de <strong>la</strong><br />

composition du discours diplomatique.<br />

8.3.3 Interférences avec le système graphique<br />

Ayant à notre disposition un ensemble précis d’environnements expliquant <strong>la</strong> présence<br />

de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>, nous pourrons nous servir de c<strong>et</strong> ensemble comme d’un nouveau<br />

point de référence pour confronter <strong>la</strong> répartition des ponctogrammes avec celle des hétérogrammes<br />

ou des différents topèmes. Par exemple, concernant les hétérogrammes,<br />

nous pourrons essayer de répondre à des questions du type:<br />

– l’emploi des hétérogrammes perm<strong>et</strong>-il de pallier le manque d’expressivité du punctus?<br />

– observe-t-on un phénomène de supplétion? Les hétérogrammes apparaissent-ils aux<br />

endroits non marqués où l’on pourrait néanmoins trouver un ponctogramme?<br />

– y a-t-il des cas où le marquage par un hétérogramme ne correspond pas du tout à<br />

une tendance relevée pour le marquage à l’aide de ponctogrammes?<br />

Concernant les topèmes, nous pourrons nous demander ceci:<br />

– l’agglutination des mots concerne-t-elle les mêmes unités que celles qui rej<strong>et</strong>tent <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong>?<br />

– peut-on observer une cohérence entre l’emploi de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> de mot (coupures<br />

de mots au passage à <strong>la</strong> ligne) <strong>et</strong> les faits d’agglutination?<br />

La réponse à ces questions perm<strong>et</strong>tra de m<strong>et</strong>tre en re<strong>la</strong>tion les unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite<br />

sur <strong>la</strong> base de faits empiriques <strong>et</strong> non <strong>dans</strong> <strong>la</strong> démarche hypothético-déductive qui a<br />

été suivie par tous les travaux posant l’interdépendance de ces unités (→0.1.1).<br />

En somme, les travaux à venir seront stimu<strong>la</strong>nts, parce qu’ils perm<strong>et</strong>tront d’articuler <strong>la</strong><br />

p<strong>et</strong>ite pièce que nous avons révélée au grand ensemble, qui implique tous les aspects<br />

du système de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Nous n’avons pas fini de compter les points<br />

33 Sur <strong>la</strong> théorie des trois points de vue, voir→3.1.3.1.<br />

372


Bibliographie<br />

A Travaux<br />

Abdi, Hervé, Bonferroni and Šidák corrections for multiple comparisons, in: Neil J. Salkind<br />

(ed.), Encyclopedia of Measurement and Statistics, Thousand Oaks, Sage, 2007, 103–107.<br />

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Saint-Lambert à Liège, 1236–05.<br />

— 12 octobre. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1237–10–12.<br />

— 16 décembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1237–09–16.<br />

— décembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1237–12.<br />

— septembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1241–09.<br />

— 2 mai. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1242–05–02.<br />

— 15 août. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1243–08–15.<br />

— 9 juill<strong>et</strong>. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1243–07–09.<br />

— 19 janvier. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1244–01–19.<br />

— juin. Archives de l’État à Liège, Couvent<br />

de Robermont à Robermont, 1247–06.<br />

— 25 juin. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1249–06–25.<br />

— 1 er mars. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent de Robermont à Robermont,<br />

1252–03–01 (= 1252–03–01a).<br />

— 1 er mars. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent de Robermont à Robermont,<br />

1252–03–01 (= 1252–03–01b).<br />

— 21 mai. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1255–05–21.<br />

— 16 janvier. Archives de l’État à<br />

Liège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1259–01–16.<br />

— mai. Archives de l’État à Liège, Couvent<br />

de Robermont à Robermont, 1259–05.<br />

— 14 mai. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1260–05–14.<br />

378<br />

— 2 octobre. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1260–10–02.<br />

— 21 février. Archives de l’État à<br />

Liège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1260–02–21 (= 1260–02–21a).<br />

— 21 février. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent de Robermont à Robermont,<br />

1260–02–21 (= 1260–02–21b).<br />

— 3 février. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1260–02–03.<br />

— 30 mai. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Benoît à Liège, 1260–05–30<br />

(= 1260–05–30a).<br />

— 30 mai. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent de Robermont à Robermont,<br />

1260–05–30 (= 1260–05–30b).<br />

— 9 juin. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent de Robermont à Robermont,<br />

1260–06–09.<br />

— 9 mai. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1260–05–09.<br />

— 15 juill<strong>et</strong>. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1263–07–15.<br />

— 19 juill<strong>et</strong>. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1263–07–19.<br />

— 20 juill<strong>et</strong>. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1263–07–20.<br />

— 27 mai. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1263–05–27 (= 1263–05–27a).<br />

— 27 mai. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1263–05–27 (= 1263–05–27b).<br />

— 27 mai. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1263–05–27 (= 1263–05–27c).<br />

— 31 mars. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent de Robermont à Robermont,<br />

1263–03–31.<br />

— novembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1263–11.<br />

— 29 novembre. Archives de l’État à<br />

Liège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1264–11–29.<br />

— 4. Archives de l’État à Liège, Cathédrale<br />

Saint-Lambert à Liège, 1264–04.


— 7 septembre. Archives de l’État à<br />

Liège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1264–09–07.<br />

— 13 novembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent de Robermont à Robermont,<br />

1265–11–13.<br />

— 15 avril. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1265–04–15.<br />

— 4 juill<strong>et</strong>. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1265–07–04.<br />

— mai. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1265–05 (= 1265–05a).<br />

— mai. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1265–05 (= 1265–05b).<br />

— 13 juin. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1266–06–13.<br />

— 22 octobre. Archives de l’État à<br />

Liège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1267–10–22.<br />

— 28 août. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1267–08–28.<br />

— 29 octobre. Archives de l’État à<br />

Liège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1267–10–29.<br />

— 6 juill<strong>et</strong>. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1267–07–06.<br />

— 1 er mars. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1268–03–01.<br />

— 2 août. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1268–08–02 (= 1268–08–02a).<br />

— 2 août. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1268–08–02 (= 1268–08–02b).<br />

— du 26 février au 10 mars. Archives de<br />

l’État à Liège, Abbaye du Val-Benoît à<br />

Liège, 1268–03–10.<br />

— 23 février. Archives de l’État à<br />

Liège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1269–02–23.<br />

— 10 mai. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1270–05–10.<br />

— 16 avril. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1270–04–16.<br />

— 24 mars. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1270–03–24.<br />

— 26 novembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1270–11–26.<br />

— 29 septembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Hôpital des Pauvres-en-Île à Liège,<br />

1270–09–29.<br />

— 6 juin. Archives de l’État à Liège,<br />

Hôpital Saint-Christophe à Liège,<br />

1270–06–06.<br />

— 7 avril. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1270–04–07.<br />

— 16 août. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1271–08–16.<br />

— 17 septembre. Archives de l’État à<br />

Liège, Cathédrale Saint-Lambert à<br />

Liège, 1271–09–17.<br />

— 20 avril. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1271–04–20.<br />

— 22 décembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1271–12–22.<br />

— 22 mai. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1271–05–22.<br />

— 25 juill<strong>et</strong>. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1271–07–25.<br />

— 3 décembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1271–12–03 (= 1271–12–03a).<br />

— 3 décembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1271–12–03 (= 1271–12–03b).<br />

— 9 décembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1271–12–09.<br />

— après le 3 décembre. Archives de l’État<br />

à Liège, Cathédrale Saint-Lambert à<br />

Liège, 1271–12–03.<br />

— 22 juin. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent de Robermont à Robermont,<br />

1272–06–22.<br />

— 8 juill<strong>et</strong>. Archives de l’État à Liège,<br />

Collégiale Saint-Martin à Liège,<br />

1272–07–08.<br />

— mars. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent des Dominicains de Liège,<br />

1272–03.<br />

— 12 mai. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1273–05–12.<br />

— décembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent des Dominicains de Liège,<br />

1273–12.<br />

379


Document, 24 février. Archives de l’État<br />

à Liège, Couvent de Robermont à<br />

Robermont, 1274–02–24.<br />

— 30 juin. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1274–06–30.<br />

— 31 mai. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1274–05–31 (= 1274–05–31a).<br />

— 31 mai. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1274–05–31 (= 1274–05–31b).<br />

— 10 janvier. Archives de l’État à<br />

Liège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1275–01–10.<br />

— août. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Benoît à Liège, 1275–08.<br />

— 10 juin. Archives de l’État à Liège, Collégiale<br />

Saint-Denis à Liège, 1276–06–10<br />

(= 1276–06–10a).<br />

— 10 juin. Archives de l’État à Liège, Collégiale<br />

Saint-Denis à Liège, 1276–06–10<br />

(= 1276–06–10b).<br />

— 22 juill<strong>et</strong>. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1276–07–22.<br />

— 24 février. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1276–02–24.<br />

— 1 er juill<strong>et</strong>. Archives de l’État à Liège,<br />

Collégiale Saint-Martin à Liège,<br />

1277–07–01.<br />

— 23 mars. Archives de l’État à Liège,<br />

Collégiale Saint-Martin à Liège,<br />

1277–03–23.<br />

— 3 février. Archives de l’État à Liège,<br />

Cathédrale Saint-Lambert à Liège,<br />

1277–02–03.<br />

— 4 mai. Archives de l’État à Liège, Collégiale<br />

Saint-Martin à Liège, 1277–05–04.<br />

— 17 octobre. Archives de l’État à<br />

Liège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1278–10–17.<br />

— 1 er août. Archives de l’État à Liège,<br />

Collégiale Saint-Denis à Liège,<br />

1278–08–01.<br />

— 3 décembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1278–12–03.<br />

— 6 avril. Archives de l’État à Liège, Collégiale<br />

Saint-Martin à Liège, 1278–04–06.<br />

— 20 juill<strong>et</strong>. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1280–07–20.<br />

— 4 mai. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1280–05–04.<br />

380<br />

— 6 juin. Archives de l’État à Liège,<br />

Hôpital des Pauvres-en-Île à Liège,<br />

1281–06–06.<br />

— 2 février. Archives de l’État à Liège,<br />

Collégiale Saint-Martin à Liège,<br />

1282–02–01.<br />

— 22 décembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent de Robermont à Robermont,<br />

1282–12–22.<br />

— 3 mars. Archives de l’État à Liège, Collégiale<br />

Saint-Martin à Liège, 1282–03–03.<br />

— 13 février (ajout). Archives de l’État<br />

à Liège, Couvent des Dominicains de<br />

Liège, 1283–02–13 (= 1283–02–13a).<br />

— 13 février (ajout). Archives de l’État<br />

à Liège, Couvent des Dominicains de<br />

Liège, 1283–02–13 (= 1283–02–13b).<br />

— 21 février. Archives de l’État à<br />

Liège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1283–02–21.<br />

— 26 décembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent de Robermont à Robermont,<br />

1283–12–26.<br />

— 11 mai. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent de Robermont à Robermont,<br />

1284–05–11.<br />

— 12 février. Archives de l’État à<br />

Liège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1284–02–12.<br />

— 4 octobre. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1284–10–04.<br />

— 21 juill<strong>et</strong>. Archives de l’État à Liège,<br />

Hôpital des Pauvres-en-Île à Liège,<br />

1285–07–21.<br />

— 4 juill<strong>et</strong>. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1285–07–04.<br />

— 15 mai. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent de Robermont à Robermont,<br />

1286–05–15.<br />

— 23 mars. Archives de l’État à Liège,<br />

Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1286–03–23.<br />

— 24 juin. Archives de l’État à Liège, Abbaye<br />

du Val-Saint-Lambert à Seraing,<br />

1287–06–24.<br />

— 8 septembre. Archives de l’État à<br />

Liège, Abbaye du Val-Benoît à Liège,<br />

1287–09–08.<br />

— octobre. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent des Dominicains de Liège,<br />

1287–10.<br />

— février (seconde expédition). Archives de<br />

l’État à Liège, Couvent des Dominicains<br />

de Liège, 1288–02 (= 1288–02b).


— février. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent des Dominicains de Liège,<br />

1288–02 (= 1288–02a).<br />

— 19 juill<strong>et</strong>. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent de Robermont à Robermont,<br />

1289–07–19.<br />

— 1 er décembre. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent des Dominicains de Liège,<br />

1289–01–12.<br />

— 5 avril. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent des Dominicains de Liège,<br />

1289–04–05.<br />

— 5 mars. Archives de l’État à Liège,<br />

Couvent des Dominicains de Liège,<br />

1289–03–05.<br />

— 24 août. Archives de l’État à Liège,<br />

Hôpital des Pauvres-en-Île à Liège,<br />

1290–08–24.<br />

381


Index<br />

C<strong>et</strong> index des notions a été conçu pour perm<strong>et</strong>tre au lecteur de r<strong>et</strong>rouver facilement les<br />

endroits où les notions sont définies ou ceux où elles sont particulièrement impliquées<br />

<strong>dans</strong> le raisonnement. Il ne s’agit donc pas d’un index exhaustif. Les entrées ont été<br />

pensées pour perm<strong>et</strong>tre une consultation intuitive de l’ouvrage <strong>et</strong> ne prétendent pas à<br />

<strong>la</strong> même systématicité que le p<strong>la</strong>n du travail. Ainsi, nous n’avons reporté sous l’entrée<br />

marquage (<strong>ponctuation</strong>) que les principales sections traitant <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des structures<br />

que nous avons jugées les plus intéressantes. Reprendre toutes les structures<br />

traitées aurait fait double emploi avec <strong>la</strong> table des matières <strong>et</strong> aurait nuit à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rté de<br />

l’index. Les ‹–› <strong>dans</strong> les sous-entrées reprennent <strong>la</strong> ved<strong>et</strong>te du niveau supérieur.<br />

A4, 98–101, 116<br />

abréviation, 36–37<br />

– par graphisme, 36, 37<br />

absorption des ponctogrammes, voir ponctogramme<br />

accord, 92, 123<br />

actant, 90–96<br />

– chez G. Lazard, 55, 87<br />

régime 2, 92–93<br />

régime 2 vs régime 3, 95–96, 116–<br />

117<br />

régime 3, 92–93, 107–108<br />

rôle sémantique des –s, 91–92<br />

suj<strong>et</strong>, 92–93, 106–107<br />

– non exprimé, 84<br />

action juridique, 6<br />

adjectif, 74<br />

adverbe, 74–75, 96, 127–130<br />

re<strong>la</strong>tion entre –s, 129–130<br />

AFC, voir analyse factorielle des correspondances<br />

ajustement de probabilité<br />

– de Bonferroni, 194<br />

– de Šidàk, 193–194<br />

alphagramme (chez J. Anis), 23, 41<br />

ambiguïté, 55, 84<br />

anachronisme, 19, 56, 149<br />

anacoluthe, 81<br />

analyse déductive, voir démarche déductive<br />

analyse factorielle des correspondances,<br />

335–341, 344–350<br />

cosinus carré, 337<br />

facteur, 336–337<br />

inertie, 336<br />

p<strong>la</strong>n factoriel, 337–338<br />

point-ligne/point-colonne, 336<br />

analyse synthétique, voir démarche synthétique<br />

apposition, 122–124<br />

– d’adverbes, 129<br />

hiérarchie des –s, 143–145<br />

le terme – est peu précis, 172<br />

arbitrarité, 21<br />

argument, 86<br />

– adverbial, 110–111<br />

– nominal, 106–110<br />

– propositionnel, 111–118<br />

mode non personnel, 114–118<br />

mode personnel, 111–114<br />

construction des –s, 106–119<br />

aspect, 72<br />

attraction, 181<br />

attribut<br />

– du «complément d’obj<strong>et</strong> direct»,<br />

100–101<br />

– du suj<strong>et</strong>, 94–95, 99–100<br />

infinitif –, 115–116<br />

autogramme, 30–31<br />

autonomisme, 22–24, 40<br />

autonymie, 148<br />

auxiliaire vs auxilié, 104–106<br />

axe, 32–33, 36<br />

rupture d’–, 33–34<br />

«b<strong>la</strong>nc» graphique, 44–45<br />

boîte à moustaches, 155<br />

Bonferroni, voir ajustement de –<br />

383


C5, voir circonstant exprimant le cadre du<br />

procès<br />

C6, voir circonstant exprimant l’organisation<br />

des énoncés<br />

caractère (métaconcept), 14, 20, 24<br />

cas<br />

«– régime», 107<br />

«– suj<strong>et</strong>», 106<br />

indéclinable, 76<br />

le – n’est pas une catégorie, 73–74<br />

catégorie, 71<br />

– nominale, 73<br />

– verbale, 72<br />

le cas n’est pas une –, voir cas, le –<br />

n’est pas une catégorie<br />

caténogramme, 33<br />

cénégramme, 29<br />

cénétope, 29–30<br />

charte<br />

– comme un document formalisé, 81<br />

définition diplomatique, 49<br />

définition linguistique, 50<br />

χ 2 , voir test du chi-carré<br />

circonstance, 55<br />

circonstant, 96–98, 108–109<br />

– chez G. Lazard, 55, 88<br />

c<strong>la</strong>ssement sémantique des –s, 145–<br />

146<br />

exprimant l’organisation des énoncés,<br />

98<br />

exprimant le cadre du procès, 97–98<br />

«remontée» du –, 212<br />

circu<strong>la</strong>rité du raisonnement, 48, 71, 77<br />

code<br />

– écrit, 20<br />

indépendance par rapport au code<br />

oral, 23<br />

cohésion du texte, 98<br />

combinaison, 92, 124<br />

– chez L. Hjelmslev, 61<br />

schématisation d’une –, 93, 103<br />

commutation, 26, 58–59, 93–96<br />

comparaisons multiples, 193<br />

complément d’«agent», 97, 101<br />

complémentation, 103<br />

portée des –s, 145–146<br />

compréhension, 56, 57<br />

compétence (le linguiste moderne n’a pas<br />

de – linguistique en afr.), 57<br />

concept, 14<br />

hiérarchisation des –s, 17<br />

schématisation d’un –, 17<br />

conjonction, voir re<strong>la</strong>teur<br />

– n’est pas une «partie du discours»,<br />

74<br />

constante (chez L. Hjelmslev), 60<br />

constel<strong>la</strong>tion (chez L. Hjelmslev), 60<br />

384<br />

constituant<br />

– immédiat, 63, 90<br />

environnement des –s, 230<br />

limite des –s, 43, 79, 118, 187–188<br />

contenu, 54, voir expression<br />

contexte immédiat, voir constituant, environnement<br />

des –s<br />

contrainte, voir marque, 65, 88<br />

contribution<br />

– à l’inertie, voir analyse factorielle<br />

des correspondances<br />

– au chi-carré, 180–181<br />

coordination, 141–143<br />

– chez Cl. Hagège, 62<br />

– des énoncés, 83–85<br />

modèle revu de <strong>la</strong> –, 305<br />

coorientation, 89, 92, 94, 116, 123, 129,<br />

132, 144<br />

coréférence, voir coorientation<br />

cosinus carré, voir analyse factorielle des<br />

correspondances<br />

définition<br />

– en extension, 40<br />

– en intension, 14, 40<br />

degrés de liberté (en statistiques), 179<br />

démarche<br />

– déductive, 69, 76–77<br />

identité de statut des unités de<br />

même niveau, 76<br />

– sémasiologique, 3<br />

– synthétique, 80<br />

limites de <strong>la</strong> – analytique, 77<br />

densité (courbe de –), 154–155<br />

dépendance, 60–63, 129<br />

– chez Tesnière, 61<br />

schématisation d’une –, 103<br />

détermination, voir noyau, 124–126<br />

– chez Cl. Hagège, 62<br />

– chez L. Hjelmslev, 60<br />

portée des –s, 146–147<br />

déverbal, 72<br />

discontinuité, 147–148<br />

discours, 50<br />

– vs parole <strong>et</strong> <strong>la</strong>ngue, 51–52<br />

dispersion des données, voir données<br />

distinctif (vs significatif), 25<br />

distribution (en statistiques), 153–155<br />

– bimodale, 219<br />

– hypergéométrique, 181<br />

– normale, 155<br />

document, 49–50<br />

donnée<br />

–s atypiques, 155<br />

–s catégorielles, 153<br />

–s discrètes, 153<br />

dispersion des –s, 155


hétérogénéité des –s, 6, 152<br />

le mot <strong>et</strong> le texte comme –s, 49–52<br />

réduction des –s, voir réduction<br />

double articu<strong>la</strong>tion, 21, 25, 27, 29<br />

écart à l’indépendance, 156<br />

structure de l’–, 178, 180–181<br />

écart-type, 155<br />

échantillon, 152<br />

écriture<br />

spatialité de l’–, 24, 30–34, 43<br />

système de l’–, 19<br />

effectif, 152<br />

– insuffisant, 160, 162<br />

empirisme, 19, 25, 79<br />

définition empirique de <strong>la</strong> phrase,<br />

79–81<br />

énoncé, 53, 54, 77–86<br />

– non phrastique, 81–82, 119–122<br />

– comme reliquat de l’analyse, 81<br />

– exprimant un procès, 119–121<br />

– n’ exprimant pas un procès,<br />

121–122<br />

– non phrastiques<br />

assimi<strong>la</strong>tion des – à <strong>la</strong> phrase,<br />

194<br />

phrase-énoncé, 53, 72, 79–81<br />

énonciateur (changement d’–), 83<br />

énonciation, 54<br />

erreur<br />

– a priori, 11, 162–163<br />

– accidentelle, 11, 162–163<br />

– de <strong>la</strong> première espèce (α), 157<br />

– de <strong>la</strong> seconde espèce (β), 157<br />

eschatocole (en diplomatique), 294<br />

exception (les statistiques m<strong>et</strong>tent en évidence<br />

les –s), 163<br />

expression<br />

– vs. contenu, 64–65<br />

p<strong>la</strong>n de l’–, 26<br />

extension, voir définition en –<br />

facteur, voir analyse factorielle des correspondances<br />

factitif<br />

– avec agent, 116–117<br />

– sans agent, 115<br />

falsifiabilité, 23, 163<br />

figement, 109, 144<br />

Fisher, voir test exact de –<br />

fonction, 66<br />

forme, 27<br />

– <strong>et</strong> substance, 26<br />

formu<strong>la</strong>ire, 254, 260, 274, 278, 280, 299,<br />

329<br />

genre (catégorie), 73<br />

glossographisme, 22, 23<br />

grammaticalité, 57<br />

grammème, 27–29<br />

combinaison de –s, 32–34<br />

construction d’un –, 32–34<br />

interdépendance entre les –s <strong>et</strong> les<br />

topèmes, 28<br />

graphème<br />

– chez Cl. Tournier, 41<br />

– chez J. Anis, 23, 41<br />

– chez N. Catach, 22<br />

graphiques (en statistiques), 153–155<br />

graphisme, voir abréviation<br />

H0, voir hypothèse nulle<br />

H1, voir hypothèse alternative<br />

habitudes graphiques, 2<br />

hétérogramme, 30–31<br />

histogramme, 154<br />

hyperonyme, 15<br />

hyponyme, 15<br />

hypothèse<br />

– alternative (H1), 156–157<br />

– nulle (H0), 156–157<br />

test d’–, 155–157<br />

idiolecte, 26<br />

inattendu, 162–163<br />

incidente, voir proposition –<br />

indéclinable, voir cas<br />

indépendance des observations, 179–180<br />

individu (en statistiques), 152–153<br />

hiérarchie des –s, 174<br />

regrouper ou éliminer les –s, 192<br />

inertie, voir analyse factorielle des correspondances<br />

infinitif, voir proposition infinitive, 139–<br />

140<br />

verbes de perception <strong>et</strong> –, 117–118<br />

ininterprétabilité, 59<br />

intégration (niveau d’–), 77<br />

intension, voir définition en –<br />

interdépendance (chez L. Hjelmslev), 60<br />

intonation, 23, voir prosodie<br />

intonèmes (chez N. Catach), 41<br />

intuition, 38, 48, 57, 70, 164<br />

jugement d’acceptabilité, 57<br />

Khartês (proj<strong>et</strong> d’édition), 5<br />

<strong>la</strong>ngue<br />

– vs parole <strong>et</strong> disours, 51–52<br />

– écrite, 20–24<br />

<strong>la</strong>tin, 148–149<br />

énoncés en – r<strong>et</strong>iré du corpus, 168<br />

385


lexème, 51–52, 70<br />

lexique, 55<br />

linéogramme, 33–41<br />

linguistique générale, 149<br />

littera notabilior, voir «majuscule»<br />

logogramme, 35<br />

– chez J. Anis, 23, 41<br />

– chez N. Catach, 22<br />

«majuscule», 2, 30, 44<br />

marquage (<strong>ponctuation</strong>)<br />

– vs non-marquage, 176<br />

– d’A4, 261–282<br />

– <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phrase, 194–200<br />

– <strong>dans</strong> <strong>la</strong> proposition non personnelle<br />

argumentale, 205–208<br />

– <strong>dans</strong> <strong>la</strong> proposition non personnelle<br />

immédiate, 215–216<br />

– <strong>dans</strong> <strong>la</strong> proposition personnelle argumentale,<br />

201–204<br />

– <strong>dans</strong> <strong>la</strong> proposition personnelle<br />

immédiate, 211–215<br />

– <strong>dans</strong> les arguments non propositionnels,<br />

208–211<br />

– <strong>dans</strong> les constituants non propositionnels<br />

immédiats, 216<br />

– de <strong>la</strong> coordination, 228, 300–308<br />

– de <strong>la</strong> phrase, 197, 224–226, 232–<br />

249<br />

– de <strong>la</strong> proposition personnelle,<br />

232–249<br />

– des C6, 227–228, 317–332<br />

– des actants, 226, 261–282<br />

– des appositions, 227, 308–317<br />

– des circonstants, 226–227, 282–<br />

300<br />

– des coordonnants, 227–228<br />

– des déterminants, 227<br />

– des déterminations, 308–317<br />

– des re<strong>la</strong>teurs, 227–228, 317–332<br />

– du prédicat, 250–260<br />

– selon <strong>la</strong> fonction syntaxique, 183<br />

– selon <strong>la</strong> nature, 184<br />

– selon <strong>la</strong> position, 185–186<br />

– selon <strong>la</strong> présence d’un re<strong>la</strong>teur,<br />

185<br />

– selon le niveau d’intégration, 182–<br />

183<br />

facultativité du –, 357<br />

force du –, 357<br />

forme du –, voir ponctogramme,<br />

forme des –s<br />

interdiction de –, 330–331<br />

interférences entre le – <strong>et</strong> le reste du<br />

système graphique, 372<br />

non-marquage du prédicat, 226<br />

synthèse du –, 362–364<br />

386<br />

marque, voir contrainte, 65–67, 88<br />

– intégrative, 62<br />

–s à plusieurs niveaux, 68<br />

hiérarchisation des –s, 65<br />

superposition des –s, 65, 108<br />

matière, 27<br />

médiane, 155<br />

modalité (en statistiques), 153<br />

mode (catégorie), 72<br />

– comme marque de subordination,<br />

85<br />

morphogramme (chez N. Catach), 22<br />

morphologie<br />

– vs <strong>syntaxe</strong>, 59–67<br />

stabilité de <strong>la</strong> description morphologique,<br />

56–57<br />

morpho<strong>syntaxe</strong><br />

– vs sémantique, 87<br />

confusion des p<strong>la</strong>ns morphosyntaxique<br />

<strong>et</strong> sémantique, 69<br />

mot, 50–52<br />

moyenne, 155<br />

nébulogramme, 33, 41<br />

néologie, voir terminologie<br />

nœud (chez L. Tesnière), 61<br />

– des noeuds, 61<br />

nom, 73–74<br />

nombre (catégorie), 73<br />

notes tironiennes, 35, voir abréviation<br />

notion floue, 48<br />

noyau, 124, voir détermination<br />

– chez A. Martin<strong>et</strong>, 61<br />

obj<strong>et</strong>, 14<br />

obj<strong>et</strong> (<strong>dans</strong> le processus de conceptualisation),<br />

20<br />

occurrence, 51–52<br />

organisation de l’espace, 28<br />

orientation, 88–89<br />

paramètre (en statistiques), 155<br />

paraphrasabilité, 34–37<br />

parataxe, 85, 133<br />

parole<br />

– vs <strong>la</strong>ngue <strong>et</strong> discours, 51–52<br />

– performative, 50<br />

participant, 55, 87<br />

parties du discours, 69–76<br />

c<strong>la</strong>ssement traditionnel des –, 75–76<br />

concept flou, 69<br />

définition morphologique des –, 71–<br />

76<br />

définition syntaxique des –, 70–71<br />

définition traditionnelle des –, 69–70<br />

perception (verbes de – <strong>et</strong> infinitif), voir infinitif


périgramme, 33<br />

pertinence (inaccessible pour le lecteur<br />

moderne), 26<br />

phonocentrisme, 22<br />

phonogramme (chez N. Catach), 22<br />

phonographisme, 22–23, 40<br />

phrase, voir énoncé, 77–86<br />

– vs proposition, 101<br />

– définition empirique, 79–81<br />

– «verbale» vs – «nominale», 79–80<br />

phrase-énoncé, voir énoncé<br />

plérégramme, 29–31<br />

– indécomposable, 32<br />

autonomie des –s, 30–31<br />

plérétope, 29–30<br />

plurisystème, 22, 34–37<br />

point de vue (théorie des trois –s), 53–55<br />

dialectique entre les –, 55<br />

point-ligne/point-colonne, voir analyse<br />

factorielle des correspondances<br />

ponctème, 41<br />

ponctogramme, 35, 42<br />

absorption des –s, 175<br />

forme des –s, 161, 333–358<br />

formes rares, 352–358<br />

<strong>ponctuation</strong><br />

– au sens étendu/restreint, 43<br />

– comme marquage, voir marquage<br />

fonction démarcative de <strong>la</strong> –, 43<br />

popu<strong>la</strong>tion (en statistiques), 152<br />

pragmatique, 56<br />

prédication (chez Cl. Hagège), 62<br />

préposition, voir re<strong>la</strong>teur<br />

– n’est pas une «partie du discours»,<br />

74<br />

procès, 55, 72, 87<br />

pronom, 74<br />

forme du – de <strong>la</strong> troisième personne,<br />

91–96<br />

proposition, 86, 101<br />

– avec prédicat non personnel, 135–<br />

137<br />

– avec prédicat personnel, 131–135<br />

– «complétive»<br />

en re<strong>la</strong>tion avec un adverbe non<br />

re<strong>la</strong>teur, 135<br />

en re<strong>la</strong>tion avec un nom, 134<br />

– incidente, 85, 113–114<br />

– infinitive, 101, 114–118, 137<br />

– participiale, 101, 136–137<br />

– personnelle, 101<br />

– «re<strong>la</strong>tive»<br />

en re<strong>la</strong>tion avec un adverbe non<br />

re<strong>la</strong>teur, 134–135<br />

en re<strong>la</strong>tion avec un nom, 131–<br />

134<br />

– «re<strong>la</strong>tive» ou «complétive»<br />

en re<strong>la</strong>tion avec un adverbe re<strong>la</strong>teur,<br />

135<br />

propriété (métaconcept), 14<br />

prosodie, 78–79<br />

proto-science, 13, 23<br />

protocole (en diplomatique), 81<br />

prédicat, 79, 86, 87<br />

– «principal», 111<br />

construction du –, 104–106<br />

R2, voir actant régime 2<br />

R3, voir actant régime 3<br />

rapport de chances, 180<br />

reconstruction, 56<br />

récursivité (des structures syntaxiques),<br />

160, 174–176, 179–180, 221,<br />

230<br />

réduction<br />

– des données, 8, 159–160<br />

– sémiotique, 26<br />

regard (cognition), 14, 20<br />

régissant (chez L. Tesnière), 61<br />

re<strong>la</strong>teur, 107–108<br />

– comme délimiteur, 108<br />

– complexe, 130<br />

– de proposition, 111–114<br />

re<strong>la</strong>tion entre le – <strong>et</strong> le reste du syntagme,<br />

127–128<br />

re<strong>la</strong>tion, 66<br />

– minimale, 62–63, 65, 89<br />

– médiate, 95, 139<br />

schématisation d’une –, 104<br />

schématisation d’une –, 101–104<br />

représentation (cognition), 20, 24, 26, 27,<br />

87<br />

représentations linguistiques, 5<br />

répulsion, 181<br />

référent, 144<br />

S1, voir actant suj<strong>et</strong><br />

satellite (chez A. Martin<strong>et</strong>), 62<br />

schématisation<br />

– d’une dépendance, 93<br />

– d’une combinaison, 103<br />

– d’une dépendance, 103<br />

– d’une re<strong>la</strong>tion, 103<br />

– d’une re<strong>la</strong>tion médiate, 104<br />

scriptème, 27<br />

nombre de –s, 35<br />

seing notarial (en diplomatique), 81<br />

sélection, 125<br />

– chez L. Hjelmslev, 61<br />

portée des –s, 145–147<br />

sémasiologie, voir démarche sémasiologique<br />

«semi-auxiliaire», 115<br />

387


sens, 28<br />

Šidàk, voir ajustement de –<br />

significatif<br />

– vs distinctif, 25<br />

– en statistiques, 156<br />

simplicité de <strong>la</strong> description, 59, 139<br />

– en statistiques, 160<br />

solidarité (chez L. Hjelmslev), 61<br />

spécification, 65<br />

– analytique segmentale du nom,<br />

107–109<br />

– analytique séquentielle du nom,<br />

109–110<br />

– de <strong>la</strong> détermination, 126–127<br />

– en discours, 111<br />

– en <strong>la</strong>ngue, 111, 129<br />

– segmentale, 66<br />

– synthétique du nom, 106–107<br />

sous-spécification, 107, 112, 118,<br />

149<br />

statistiques (les – résument les données),<br />

153<br />

structure argumentale, 86–104<br />

structure syntaxique, 49<br />

subordonné (chez L. Tesnière), 61<br />

subordonnée, voir proposition «complétive»<br />

substance, 24, 27<br />

– graphique vs – phonique, 22<br />

<strong>syntaxe</strong><br />

– argumentale, 68<br />

– de mot, 68<br />

– immédiate, 68<br />

faits de – argumentale mêlés à des<br />

faits de – immédiate, 172<br />

morphologie vs –, voir morphologie<br />

niveaux d’analyse syntaxique, 67–<br />

68<br />

parallélisme entre – argumentale <strong>et</strong><br />

– immédiate, 137–141<br />

tableau de contingence, 177, 334–335<br />

télescopage (<strong>dans</strong> le flux graphique), 27<br />

temps (catégorie), 72<br />

temps «composés», 104–106<br />

terminologie, 149<br />

choix terminologiques, 19<br />

néologie, 15<br />

recadrage terminologique, 13<br />

récupération de terme, 15, 49<br />

système terminologique, 15<br />

tradition, 48<br />

test<br />

– de Shapiro-Wilks, 155<br />

– de Wilcoxon, 219<br />

– du chi-carré, 177–180<br />

– exact de Fisher, 181<br />

388<br />

texte, 49–50, 54<br />

textes non littéraires, 5<br />

texture (en linguistique textuelle), 50, 82<br />

θ, voir rapport de chances<br />

thématisation, 140–141<br />

théorie des trois points de vue, 3, voir point<br />

de vue<br />

titre (sire, dame), 144<br />

topème, voir grammème, 27–30<br />

topogramme (chez J. Anis), 23, 41<br />

tradition (description –nelle), 48<br />

traduction, 56<br />

transcodage, 40<br />

transcription, 25–27, 358<br />

trans<strong>la</strong>tif, 70<br />

trans<strong>la</strong>tion, 70, 109<br />

tri<br />

– croisé, voir test exact de Fisher,<br />

test du chi-carré <strong>et</strong> rapport de<br />

chances, 177–181<br />

limites des –s par variable, 189–<br />

190<br />

– à p<strong>la</strong>t, 170–171<br />

triple organisation de l’énoncé, voir point<br />

de vue, théorie des trois points<br />

de vue<br />

type discursif, 8<br />

unité<br />

– de lecture (chez Chr. Marchello-<br />

Nizia), 2<br />

– discrète, 28<br />

– non discrète, 28<br />

– ponctuable (chez A. Lavrentiev), 4<br />

– significative, 28<br />

valeur (d’une variable, en statistiques), 152<br />

variable<br />

– chez L. Hjelmslev, 60<br />

– en statistiques, 152–153<br />

– morphosyntaxique, 168–169<br />

– <strong>ponctuation</strong>nelle, 169<br />

– positionnelle, 169<br />

variance, 155<br />

variation libre, 55<br />

verbe, 72–73<br />

– chez G. Lazard, 55<br />

– comme prédicat, 87<br />

– conjugué à un mode personnel<br />

comme centre de <strong>la</strong> phrase, 79<br />

– principal, voir prédicat principal<br />

forme «nominale» du –, 72<br />

Wilcoxon, voir test de –

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