Défis de la mission en Afrique par Daniel Bourdanné - of /documents
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mo<strong>de</strong>rnes dictées <strong>par</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt.. Selon d’autres auteurs comme Barthélémy Kotchi, l’afrique<br />
doit « savoir reconstruire une culture <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t ». Axelle Kabou ne dit pas autre<br />
chose quand elle <strong>par</strong>le <strong>de</strong> <strong>la</strong> vulnérabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture africaine. Pour elle c’est l’<strong>Afrique</strong> qui<br />
refuse le développem<strong>en</strong>t. On pourrait ici p<strong>en</strong>ser à une sorte <strong>de</strong> rebellions, d’indocilité<br />
s’exprimant <strong>par</strong> cette sorte <strong>de</strong> refus. L’un <strong>de</strong>s rares théologi<strong>en</strong> s’exprimant ouvertem<strong>en</strong>t sur <strong>la</strong><br />
question, Kä Mana semble abor<strong>de</strong>r dans le même s<strong>en</strong>s, <strong>en</strong> proposant que le Christianisme<br />
dans sa vitalité soit un ferm<strong>en</strong>t pour <strong>la</strong> construction d’une société africaine nouvelle.<br />
Toutes les indications données sembl<strong>en</strong>t converger vers <strong>la</strong> culture comme cause interne du<br />
blocage <strong>de</strong> l’<strong>Afrique</strong>. N’est-ce pas un champ missiologique qui s’ouvre gran<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t ici ?<br />
P<strong>la</strong>cé dans le contexte <strong>de</strong> <strong>la</strong> globalisation, les défis <strong>de</strong> l’<strong>Afrique</strong> ouvr<strong>en</strong>t à l’<strong>en</strong>trée du 3 e<br />
millénaire une opportunité missiologique sans précé<strong>de</strong>nt non seulem<strong>en</strong>t à l’église africaine<br />
mais à l’église mondiale. C’est pourquoi je p<strong>en</strong>se qu’au début <strong>de</strong> ce siècle, une réflexion<br />
missiologique s’impose, ne serait-ce que pour faire le point du passé et tracer <strong>de</strong>s nouveaux<br />
chemins pour le siècle qui s’ouvre. Tracer le chemin pour une missiologie chréti<strong>en</strong>ne, c’est<br />
d’abord, écouter. A mon humble avis, l’écoute est <strong>la</strong> meilleure métho<strong>de</strong> herméneutique qui<br />
soit. Car <strong>la</strong> <strong>mission</strong> que nous avons à faire et à vivre est d’abord <strong>mission</strong> <strong>de</strong> Dieu. C’est Dieu<br />
qui premièrem<strong>en</strong>t nous a <strong>de</strong>vancé et nous <strong>de</strong>vance toujours dans l’histoire. C’est <strong>par</strong>ce qu’il<br />
nous <strong>de</strong>vance qu’il nous appelle pour le suivre. L’<strong>en</strong>voie, <strong>la</strong> <strong>mission</strong> est un dép<strong>la</strong>cem<strong>en</strong>t, un<br />
mouvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>rrière le maître, le Père et l’auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>mission</strong>. En ce début du 3 e millénaire,<br />
<strong>de</strong>s <strong>en</strong>jeux nouveaux sont ap<strong>par</strong>us qu’il faille pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte. L’un <strong>de</strong>s <strong>en</strong>jeux est <strong>la</strong><br />
globalisation. Comm<strong>en</strong>t l’Eglise répondra-t-elle à ces nouvelles réalités dans une façon<br />
créatrice et dans l’écoute <strong>de</strong> Dieu ? Comm<strong>en</strong>t re-évaluer nos présuppositions, les rectifier si<br />
possible les changer <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> compte <strong>la</strong> somme <strong>de</strong> traditions et d’expéri<strong>en</strong>ces historiques<br />
accumulées ? C’est dans cette optique que je propose <strong>de</strong> voir l’<strong>Afrique</strong> comme opportunité<br />
pour une nouvelle approche missiologique.<br />
3. L’<strong>Afrique</strong> comme opportunité missiologique du 3 e millénaire.<br />
Je ne m’ét<strong>en</strong>drai pas sur <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> nouveaux <strong>par</strong>adigmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>mission</strong>. J’ose espérer que<br />
<strong>de</strong>s spécialistes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Mission travaill<strong>en</strong>t à ce<strong>la</strong> avec ar<strong>de</strong>ur. De grands histori<strong>en</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>mission</strong><br />
protestante comme Jean-François Zorn d’ailleurs att<strong>en</strong>du ici et <strong>de</strong>s sommités comme Samuel<br />
Escobar et bi<strong>en</strong> d’autres qui travaill<strong>en</strong>t dans l’ombre s’attèl<strong>en</strong>t certainem<strong>en</strong>t à défricher le<br />
chemin. Je ne sais pas jusqu’où le processus d’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>mission</strong> est allé. Mais pour le<br />
francophone que je suis, l’évocation directe faite <strong>par</strong> lr pr<strong>of</strong>esseur Jean-François Col<strong>la</strong>nge <strong>en</strong><br />
1996 m’indique que quelque chose bouillonne dans <strong>la</strong> marmite quand il écrit :<br />
« Ce n’est un secret pour personne que <strong>la</strong> <strong>mission</strong> connaît actuellem<strong>en</strong>t – du moins<br />
dans nos Eglises historiques – une crise qui n’est pas conjoncturelle. Elle s’interroge –<br />
nous nous interrogeons – <strong>en</strong> pr<strong>of</strong>on<strong>de</strong>ur sur son s<strong>en</strong>s, sur ses raisons d’être, voire sur<br />
l’utilité même <strong>de</strong> <strong>la</strong> poursuivre. Elle remet <strong>en</strong> question au moins ses modalités, qui ne<br />
veul<strong>en</strong>t plus rassembler à un quelconque impérialisme culturel ou au paternalisme<br />
infantilisant que le colonialisme traînait avec lui » 10<br />
Ma lecture <strong>de</strong> ces mots <strong>de</strong> Jean-François Col<strong>la</strong>nge m’indique que <strong>la</strong> <strong>mission</strong> chréti<strong>en</strong>ne est<br />
déficitaire, semble avoir perdu son âme. Je constate que <strong>la</strong> <strong>mission</strong> actuelle est dominée <strong>par</strong><br />
l’institutionnalisme, l’économie et le marketing. Sans le savoir ou à cause <strong>de</strong> notre défaite, <strong>la</strong><br />
10 J. –F. Col<strong>la</strong>ndge, « voici je fais toutes choses nouvelles, réconciliation et<br />
reconstruction ». in Les Cahiers <strong>de</strong> Mission, Forum <strong>mission</strong>naire <strong>de</strong> Strasbourg, 1-3<br />
novembre 1996