Le coin lecture - Séminaire Saint-François
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2010- 2 0 1 1<br />
Audi Alteram Partem<br />
P R E S S F<br />
P A G E 34<br />
Par Louis-Philippe Pleau<br />
www.radio-canada.ca<br />
<strong>Le</strong> 15 mars dernier, l’ex-ministre de la Justice du Québec Me Marc<br />
Bellemare lançait sur la station CJMF-FM les premières d’une longue<br />
suite d’affirmations qui allaient ébranler la machine politique et<br />
les fondements de la magistrature du Québec : des accusations de<br />
corruption dans la construction, secondées plus tard par des allégations<br />
d’influence indue au cours du procédé de nomination des juges.<br />
C’est quatre mois plus tard, après de multiples péripéties, que<br />
Marc Bellemare témoignera finalement devant une commission<br />
d’enquête publique créée le 15 avril suivant pour faire la lumière sur<br />
ces dernières allégations: la Commission d’enquête sur le processus de nomination des juges, ou Commission<br />
Bastarache.<br />
<strong>Le</strong> mandat de la commission est double : il s’agit d’abord de faire la lumière sur les allégations de Marc Bellemare<br />
sur de possibles trafics d’influence à travers le processus de nomination des juges de la Cour du Québec,<br />
des cours municipales et des membres du Tribunal administratif du Québec et formuler, le cas échéant, des recommandations<br />
sur d’éventuelles modifications à apporter au processus de nomination.<br />
A titre de premier témoin, Marc Bellemare raconte qu’il a reçu des pressions indues du collecteur de fond libéral<br />
Franco Fava, que leurs rencontres ont souvent eu lieu au Restaurant Michaelangelo (restaurant italien chic<br />
de Québec), et comment, ayant informé Jean-Charest (le premier ministre) de ces pressions le 2 septembre<br />
2003, ce dernier lui a demandé de respecter les recommandations de M. Fava. Par la suite, lors de la démission<br />
de Me Bellemare, M. Charest lui aurait dit avant son départ de garder le secret sur tout ce qui concerne la nomination<br />
des juges, M. Fava, etc. Questionné sur la possibilité qu’il ait pris des notes à ce sujet, Me Bellemare<br />
produisit un unique carton sur lequel étaient griffonnées plusieurs abréviations. Il justifia l’absence d’autres<br />
notes en disant qu’il a une excellente mémoire et est peu enclin à écrire pour se souvenir d’événements passés.<br />
Dès lors, Jean Charest convoque immédiatement une conférence de presse afin d’affirmer que les propos de<br />
Marc Bellemare sont faux. <strong>Le</strong>s sondages, qui jusqu’alors avaient proclamé que la majorité de la population<br />
croyait Me Bellemare, explosent en sa faveur et proclament l’ex-ministre champion de l’opinion publique. <strong>Le</strong>s<br />
médias crient à la démission imminente de Jean-Charest…<br />
Puis, les témoignages se succèdent : coordonnatrice à la sélection des juges, ex-directeur du bureau du sousministre,<br />
anciens chef de cabinet et attaché de presse de Marc Bellemare… On décrit un processus étanche en<br />
vase clos (qui n’empêche cependant personne de mentionner à sa famille qu’il est candidat à la magistrature),<br />
on parle d’un ministre parfois problématique à la prise de note prolifique (oups!), et on raconte comment les<br />
repas en compagnie de Me Bellemare se prenaient plutôt Chez Hector Patates qu’au Michelangelo…