gros I planI Autopsie de l’enfer Pays minuscule situé en Afrique centrale, le Rwanda jouit d’un profil paradisiaque. Béni par un climat tempéré, l’eau y coule et la terre y est fertile. Malgré quelques tensions internes, le peuple rwandais vivait, somme toute, en harmonie jusqu’au jour où les colonisateurs européens sont débarqués. Dès leur arrivée, les Belges ont tout de suite privilégié les Tutsis, des descendants d’Africains du Nord aux traits fins rappelant ceux des blancs. Nettement plus nombreux, les Hutus, agriculteurs au physique négroïde, ont été méprisés. Devenait aussi Tutsi tout homme jugé riche, et Hutu, tout homme pauvre. Cristallisée par l’instauration d’une carte d’identité ethnique, nourrie par le poids des années et les aléas d’un régime politique instable, la haine a explosé. Pour les Hutus, les Tutsis – et tous leurs sympathisants – sont devenus les «cafards» à écraser. Bien qu’habitué aux lourdes réalités du tiers-monde, Luck Mervil frémit encore des témoignages sordides qu’on lui a confiés. «Le film est dur, explique l’acteur, mais ce ne sera jamais aussi dur que ce qu’ils ont vécu. Quand j’étais là-bas, un gars me disait: “Regarde les gens. Une personne sur trois que tu vois a tué.”» Sur un ton très calme pour atténuer l’horreur des mots, Mervil relate l’enfer de plusieurs familles Hutus pacifistes, forcées de tuer leurs voisins Tutsis sous peine d’être torturées puis exécutées par des Hutus radicaux. Il s’en tiendra à ce récit horrible avant de conclure: «J’ai entendu des choses bien pires encore. Tellement que je regrette de les savoir. On ne peut pas revenir de là insensible.» En seulement trois mois, le génocide aura causé la mort de 800 000 à un million d’innocents et l’humiliation d’au moins 250 000 femmes violées. S’ajoute au triste bilan l’explosion des cas de VIH (déjà élevés avant la tragédie) et du nombre d’orphelins. Pour un Muzungu (un Blanc, un Occidental), difficile de se mettre à la place des survivants. Mais la vie continue. La philosophie des rescapés a surpris Picard. «La présence de la mort rend les gens très vivants. Ils n’ont pas des problèmes d’immortels, ils ont des problèmes de mortels. Les choses qui semblent importantes le deviennent moins et ce qui semble moins important le devient plus.» CAMÉRA AU POING Robert Favreau ne passe pas par quatre chemins lorsqu’on lui demande d’expliquer son choix de réaliser un film sur le génocide rwandais: «Comme 90 % des Occidentaux, je suis passé <strong>com</strong>plètement à côté de cette catastrophe au moment où elle s’est déroulée, confie-t-il. Je me sentais mal d’avoir manqué un tel drame. Le roman et son adaptation n’ont peut-être pas permis de remédier à cette situation, mais au moins de <strong>com</strong>bler une partie du trou mémoriel et de conscience que je ressentais.» Dès le départ, le réalisateur des Muses orphelines a insisté pour tourner à Kigali, l’endroit même où la majeure partie du drame s’est déroulée. «Comment aurais-je pu rendre ces événements réels alors que j’y étais absent, alors que je ne suis pas Rwandais, alors que je méconnais cette culture? Comment aurais-je pu rester authentique en filmant en Angola ou à Haïti?» demande-t-il. Par souci d’authenticité, Favreau a également confié plusieurs personnages secondaires et la famous québec 24 | avril 2006 Sur les écrans le 14 avril, Un dimanche à Kigali marque la vivacité d’un cinéma québécois ouvert sur le monde. Luck Mervil s’en réjouit. Pour lui, la pertinence de l’œuvre est indiscutable. Luc Picard abonde: «Je ne sais pas si le film peut aider le Rwanda <strong>com</strong>me tel, mais je crois que ça permettra d’éveiller les consciences face à un tel danger, au mystère de la violence, de la barbarie et à l’indifférence qu’on avait face à cette dernière.» majorité des rôles de figuration à des Rwandais. Une situation délicate: il y a à peine dix ans, la plupart de ces acteurs vivaient le drame live et n’avaient pas le luxe de crier «coupez!» lorsqu’ils en avaient assez. Pour cette raison, des psychologues et du personnel de soutien étaient présents en tout temps sur le plateau. «Quand on a 300 personnes étendues <strong>com</strong>me si elles avaient été assassinées, il est normal que, de temps à autre, quelqu’un craque. On voulait être en mesure de faire face aux imprévus de cette nature. Mais ils ne se sont pas produits très souvent.» Après Hôtel Rwanda, J’ai serré la main du diable et Sometimes in April, un autre film sur ces événements tragiques était-il nécessaire? «On a fait des milliers de films sur le massacre des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, rappelle Favreau. Ce sont des sujets qui sont tellement <strong>com</strong>plexes que personne ne peut prétendre en faire le tour. Ce serait prétentieux de vouloir changer les choses avec un seul film. Tout ce que je souhaite, c’est qu’Un dimanche à Kigali contribue à ouvrir les cœurs, qu’il contribue à élargir les sensibilités.» – Jean-François Légaré
COUREZ <strong>LA</strong> CHANCE DE GAGNER un coffret-DVD <strong>com</strong>prenant les 3 premiers films de la série ainsi qu’un laissez-passer pour voir Version française de SCARY MOVIE 4 Remplissez ce bon de participation et envoyez-le à l'adresse suivante : CONCOURS FILM DE PEUR 4 : 1255, RUE UNIVERSITÉ, BUREAU 306, MONTRÉAL (QUÉBEC), H3B 3W4 Nom: Adresse: Ville: Code postal: Téléphone (jour): Téléphone (soir) : Courriel: ÀL' À<strong>LA</strong>FFICHE DÈS LE 14 AVRIL ' Les 20 gagnants recevront leur prix par la poste. Le tirage sera effectué le 25 avril. Réglements disponibles chez Vivafilm. AFFICHE DÈS LE 14 AVRIL