Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Par Max MOUTTE<br />
Tous à la fête...<br />
L’été, c’est un fait, a toujours rimé à <strong>Bandol</strong> avec festivités. Conséquence <strong>de</strong><br />
notre « civilisation <strong>de</strong>s loisirs », celles-ci, <strong>de</strong> nos jours, prennent, d’année en année,<br />
un peu plus d’ampleur et s’étalent sur toute la saison touristique. Il faut dire que<br />
l’enjeu pour l’économie locale est considérable. Comme dans toutes les gran<strong>de</strong>s stations<br />
balnéaires du littoral, il s’agit non seulement d’attirer le touriste mais aussi <strong>de</strong><br />
le gar<strong>de</strong>r le plus longtemps possible. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. Les<br />
réjouissances, au début du siècle <strong>de</strong>rnier, se concentraient, en effet, sur quelques<br />
jours seulement et avaient un caractère plus bon enfant. Les nostalgiques du passé y<br />
trouveront indéniablement leur compte, d’autres <strong>de</strong> quoi sourire et certains, pourquoi<br />
pas, quelques sources d’inspiration.<br />
Autres temps, autres mœurs… En 1908, la « Gran<strong>de</strong> Fête Locale » » durait quatre<br />
jours, mobilisant déjà l’ensemble <strong>de</strong>s associations et les commerces locaux. Elle<br />
avait lieu durant la secon<strong>de</strong> quinzaine du mois <strong>de</strong> juillet et débutait, le samedi, par<br />
une retraite aux flambeaux à « 9 heures du soir » comme le précisaient les affiches<br />
<strong>de</strong> l’époque. Ce coup d’envoi d’un programme pour le moins <strong>de</strong>nse, était orchestré<br />
magistralement par la Philharmonique <strong>de</strong> <strong>Bandol</strong> tandis que les artères principales du<br />
village s’illuminaient tout au long d’une joyeuse procession.<br />
A TERRE COmmE SUR mER<br />
Le len<strong>de</strong>main dimanche, les « hostilités » reprenaient à terre comme sur mer.<br />
Dès « 9 heures du matin » les coureurs à pied entraient en lice au top <strong>de</strong> départ du<br />
Sporting-Club <strong>Bandol</strong>ais. Une heure plus tard, Les « Gran<strong>de</strong>s Régates Régionales»<br />
déployaient leurs voiles dans la Baie, sur l’initiative <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s Régates <strong>de</strong> <strong>Bandol</strong>.<br />
Un pactole <strong>de</strong> 1150 francs en espèces, objets d’art et médailles récompensaient,<br />
alors, les équipages les plus performants.<br />
Les disciplines plus artistiques n’étaient pas négligées pour autant. Ainsi, un<br />
« Concours <strong>de</strong> Romances » prenait place en milieu <strong>de</strong> matinée au « Café <strong>de</strong> l’Industrie<br />
», doté d’un prix <strong>de</strong> 10 francs.<br />
Le temps d’une pause déjeuner bien méritée et les cœurs s’échauffaient, à nouveau,<br />
avec l’ouverture du « Grand bal Gratuit » au cours duquel le « Maestro BER-<br />
GONZO et les Premiers Solistes <strong>de</strong> la région » laissaient libre court à leur talent.<br />
A noter que ces grands bals étaient généreusement « offerts aux étrangers . » A<br />
leur égard, le Comité <strong>de</strong>s Fêtes <strong>de</strong> l’époque n’hésitez à placar<strong>de</strong>r : ceux d’entre eux<br />
« qui honoreront cette fête <strong>de</strong> leur présence trouveront un accueil sympathique <strong>de</strong><br />
la part <strong>de</strong>s habitants et protection <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s autorités locales. Comme quoi, on<br />
avait un sens affirmé <strong>de</strong> l’hospitalité à <strong>Bandol</strong> qui, déjà, laissait entrevoir sa vocation<br />
touristique.<br />
Pour couronner la fin <strong>de</strong> cette après-midi dominicale, les divertissements se<br />
poursuivaient généralement du côté <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> <strong>Bandol</strong> à Sanary par d’intrépi<strong>de</strong>s<br />
chevauchées. Pas moins <strong>de</strong> cinq courses <strong>de</strong> chevaux qu’ils soient <strong>de</strong> « Taille » ou ne<br />
dépassant pas 1M50, 1M45 voire 1M40 étaient proposées aux compétiteurs avec<br />
<strong>de</strong> très nombreux prix allant <strong>de</strong> 100 à 2 francs et le versement d’une partie <strong>de</strong>s entrées.<br />
Les inscriptions étaient prises en mairie jusqu’à une heure avant la première<br />
épreuve.<br />
L’éLECTRICITé EN PRImE<br />
Le soir, un « Grand Feu d’Artifice », flamboyant et pétaradant, signalait la reprise<br />
<strong>de</strong>s amusements. « Composé <strong>de</strong> magnifiques pièces », il sortait, précisait-on, «<br />
<strong>de</strong>s Ateliers POUNET Frères <strong>de</strong> Gréasque dans les Bouches-du-Rhône. Il était suivi,<br />
immédiatement après par la reprise du « Grand Bal » qui clôturait, tard dans la nuit,<br />
cette première journée <strong>de</strong> fête.<br />
Durant <strong>de</strong>ux jours encore, celle-ci <strong>de</strong>vait battre son plein.<br />
Ainsi, concours <strong>de</strong> natation, <strong>de</strong> boules « ferrées à petits clous », <strong>de</strong> ballons dont<br />
le « diamètre pourra varier entre 8 et 12 centimètres », voire d’escrime succédaient<br />
à <strong>de</strong>s compétitions diverses et variées : courses <strong>de</strong> bicyclettes, d’ânes, <strong>de</strong> bateaux<br />
miniature, à la voile « réservée aux bateaux <strong>de</strong> la localité » et autres « Gran<strong>de</strong>s<br />
Régates Régionales à l’Aviron. »<br />
Côté ambiance musicale, les « Concours <strong>de</strong> Chansonnettes » du « Bar du progrès<br />
» et l’incontournable « Grand bal Gratuit » entrecoupés <strong>de</strong> formidables batailles<br />
<strong>de</strong> confetti ou du jeu <strong>de</strong> la bague en boghey pour ceux qui ne craignaient pas d’être<br />
éclaboussés, témoignaient d’un sens <strong>de</strong> la fête et du plaisir <strong>de</strong> se retrouver ensemble<br />
en toute simplicité.<br />
Bref, ce qui pourrait nous paraître aujourd’hui quelque peu désuet sinon parfois<br />
naïf, était, alors, tout <strong>de</strong> même marqué du sceau du progrès. N’indiquait-on pas que<br />
« bals et quai du port seront brillamment illuminés à l’électricité » ?<br />
9