Cours3. Applications continues et homéomorphismes 1 ... - LATP
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Université de Provence<br />
Topologie 2<br />
<strong>Cours3.</strong> <strong>Applications</strong> <strong>continues</strong> <strong>et</strong><br />
<strong>homéomorphismes</strong><br />
1 Rappel sur les images réciproques<br />
Soit une application f d’un ensemble X vers un ensemble Y <strong>et</strong> soit une<br />
partie P de l’ensemble d’arrivée Y . L’image réciproque par f de la partie P<br />
est la partie de X formée des éléments dont l’image appartient à la partie P.<br />
f −1 (P) = { x ∈ X | f(x) ∈ P }<br />
Exemple. L’image réciproque de l’intervalle [−1, 4[ par l’application x ↦→<br />
x 2 de R dans R est l’ensemble:<br />
f −1 ([−1, 4[) = { x ∈ R | x 2 ∈ [−1, 4[ }<br />
= ] − 2,2[<br />
Remarque. L’image réciproque se comporte bien pour les opérations ensemblistes:<br />
l’image réciproque de la réunion est bien la réunion des images<br />
réciproques, l’image réciproque de la partie vide est bien la partie vide,<br />
l’image réciproque de l’intersecion est bien l’intersection des images réciproques,<br />
l’image réciproque de la partie pleine Y est bien la partie pleine X.<br />
Ou encore l’image réciproque du complémentaire dans Y d’une partie P de<br />
Y est le complémentaire dans X de l’image réciproque de P.<br />
Attention! Ne pas confrondre la notation f −1 (P) pour une partie P <strong>et</strong> la<br />
notation f −1 (y) pour un élément y. D’un côté, l’image réciproque f −1 (P) par<br />
une application f d’une partie P de l’espace d’arrivée est toujours définie.<br />
De l’autre, quand f est bijective, elle adm<strong>et</strong> une bijection réciproque aussi<br />
notée f −1 (d’où le risque de confusion). C<strong>et</strong>te bijection réciproque est une<br />
application de Y vers X qui associe à un élément y de l’espace d’arrivée Y<br />
l’élement:<br />
f −1 (y) = l’élément de X dont l’image par f vaut y,<br />
= la solution x de l’équation y = f(x).<br />
1
Quand f est bijective, c<strong>et</strong>te équation adm<strong>et</strong> bien une solution unique. C<strong>et</strong>te<br />
notation f −1 (y) n’aura de sens que si f est bijective.<br />
2 <strong>Applications</strong> <strong>continues</strong><br />
Définition. Une application f d’un espace topologique X vers un espace<br />
topologique Y sera dite continue en un point x de l’ensemble de départ X si<br />
pour tout voisinage du point f(x), l’image réciproque de ce voisinage est une<br />
voisinage de x.<br />
Remarque. Quans X <strong>et</strong> Y sont des espaces métriques, on peut donner<br />
une définition équivalente de la continuité de f au point x:<br />
∀ε > 0 ∃α > 0 ∀y ∈ B(x, α) f(y) ∈ B(f(x), ε).<br />
Définition. Une application f d’un espace topologique vers un autre sera<br />
dite continue si elle est continue en tout point de son ensemble de départ.<br />
Exemple 1. Les fonctions polynomiales sont des fonctions <strong>continues</strong> sur<br />
R.<br />
Exemple 2. Les fonctions trigonométriques sin, cos <strong>et</strong> tan sont des fonctions<br />
<strong>continues</strong> (les deux premières sur R, la troisième sur son ensemble de<br />
départ R\{ π + nπ | n ∈ Z}).<br />
2<br />
Exemple 3. Exemple de fonction non continue: la fonction f définie sur<br />
R par f(x) = 1 quand x est positif <strong>et</strong> par f(x) = 0 quand x est strictement<br />
négatif: elle n’est pas continue en 0.<br />
Exemple 4. Les fonctions polynomiales de deux variables sont <strong>continues</strong><br />
sur R2 (typiquement la fonction qui associe à un point (x, y) de R2 le nombre<br />
x3 + xy − 7y).<br />
Exemple 5. Un exemple simple de fonction continue sur R mais non dérivable:<br />
la fonction valeur absolue est bien continue <strong>et</strong> n’est pas dérivable en<br />
0.<br />
Proposition. Soient X <strong>et</strong> Y deux espaces topologiques <strong>et</strong> f une application<br />
de X vers Y . Alors les trois propriétés suivantes sont équivalentes.<br />
(a) L’application f est continue.<br />
(b) L’image réciproque par f de tout ouvert de Y est un ouvert de X.<br />
(c) L’image réciproque par f de tout fermé de Y est un fermé de X.<br />
Démonstration. L’équivalence entre (b) <strong>et</strong> (c) est une évidence si on se<br />
souvient que l’image réciproque du complémentaire est le complémentaire de<br />
l’image réciproque.<br />
2
Il reste à prouver l’équivalence entre (a) <strong>et</strong> (b). Supposons (b) vérifiée<br />
<strong>et</strong> prouvons que f est continue en un point x quelconque de X. Soit V un<br />
voisinage de f(x) dans Y . Alors f(x) appartient à l’ouvert int(V ) <strong>et</strong> donc x<br />
appartiendra à f −1 (int(V )) ouvert lui-aussi par hypothèse. Comme int(V )<br />
est inclus dans V , l’image réciproque f −1 (int(V )) sera incluse dans l’image<br />
réciproque f −1 (V ). Donc x appartient à un ouvert inclus dans f −1 (V ), autrement<br />
dit f −1 (V ) est bien un voisinage de x. On a prouvé la continuité de<br />
f en un point x quelconque de X donc f est continue.<br />
Réciproquement, supposons f continue <strong>et</strong> prouvons que l’image réciproque<br />
par f d’un ouvert O de Y est un ouvert de X. Soit x un point de<br />
f −1 (O). Comme O est un ouvert, il est un voisinage de chacun de ses points<br />
<strong>et</strong> donc notamment un voisinage du point f(x). Par continuité de f en x,<br />
l’image réciproque f −1 (O) sera donc un voisinage de x. On a donc prouvé<br />
que f −1 (O) était un voisinage de chacun de ses points donc f −1 (O) est bien<br />
un ouvert.<br />
Exemple. La fonction f définie sur R par f(x) = 1 quand x est positif <strong>et</strong><br />
par f(x) = 0 quand x est strictement négatif n’était pas continue. En eff<strong>et</strong><br />
l’image réciproque par f de l’ouvert ] 1 3 , [ est l’intervalle [0, + ∞[ qui n’est<br />
2 2<br />
pas ouvert.<br />
Remarque. Si X <strong>et</strong> Y sont des espaces métriques, on pourra donner une<br />
quatrième propriété équivalente:<br />
(d) Si une suite (xn)n∈N de points de X tend vers une limite l ∈ X,<br />
la suite des images (f(xn))n∈N tendra dans Y vers l’image f(l) de la limite<br />
(admis).<br />
Proposition. Soient trois espace topologiques X, Y <strong>et</strong> Z <strong>et</strong> deux applications<br />
<strong>continues</strong> f de X vers Y <strong>et</strong> g de Y vers Z. Alors la composée g ◦ f est<br />
continue.<br />
Démonstration. Soit O un ouvert de Z. Alors g−1 (O) est un ouvert de Y<br />
par continuité de g <strong>et</strong> donc (g ◦f) −1 (O) (= f −1 (g−1 (O)))) est bien un ouvert<br />
de X par continuité de f.<br />
3 Isométries<br />
Soient, dans le plan, deux segments de même longueur, par exemple les<br />
segments [A, B] <strong>et</strong> [C D] (si on choisit les points A = (0,0), B = (5,0), C =<br />
(1,2) <strong>et</strong> D = (5,5)). Intuitivement, il semble possible d’envoyer le segment<br />
[A, B] sur le segment [C, D] sans déformation. En revanche, on n’enverra pas<br />
3
sans déformation le segment [A, B] sur un arc de cercle ni sur un segment<br />
de longueur différente. Pour envoyer [A, B] sur [C, D], utilisons la bijection<br />
suivante: <br />
[A, B] → [C, D]<br />
f :<br />
(t,0) ↦→ (1 + 4 3<br />
t, 2 + 5 5t) On constate, pour tous points P <strong>et</strong> Q de [A, B], la propriété suivante:<br />
d(f(P), f(Q)) = d(P, Q)<br />
(où d désigne la distance euclidienne). C<strong>et</strong>te propriété correspond à l’idée<br />
intuitive de mouvement sans déformation. Mathématiquement, on parlera<br />
d’isométrie.<br />
Définition. Soient (X, dX) <strong>et</strong> (Y, dY ) deux espaces métriques. Une bijection<br />
f de X vers Y sera appelée une isométrie si elle vérifie:<br />
∀(x, x ′ ) ∈ X 2<br />
dY (f(x), f(x ′ )) = dX(x, x ′ ).<br />
Deux espaces métriques seront dits isométriques s’il existe une isométrie de<br />
l’un vers l’autre.<br />
Explication. En général, on sait qu’une bijection perm<strong>et</strong> d’identifier son<br />
ensemble de départ <strong>et</strong> son ensemble d’arrivée (identification point par point).<br />
En algèbre par exemple, il arrive qu’une bijection entre deux groupes G1<br />
<strong>et</strong> G2 soit telle que les lois des deux groupes soient “les mêmes via c<strong>et</strong>te<br />
identification”. On dit alors que la bijection est un isomorphisme de groupes<br />
<strong>et</strong> on sait que toutes les propriétés algébriques seront conservées si on passe de<br />
G1 à G2 via c<strong>et</strong>te identification. Par exemple G1 sera abélien si <strong>et</strong> seulement<br />
si G2 l’est, G1 sera cyclique si <strong>et</strong> seulement si G2 l’est <strong>et</strong>c.<br />
De même, une bijection entre deux espaces métriques identifie bien sûr<br />
ces espaces point par point <strong>et</strong> elle sera une isométrie quand les deux distances<br />
seront “les mêmes via c<strong>et</strong>te identification”. Dans la pratique, toutes les propriétés<br />
qui s’expriment en termes de distance seront préservées, par exemple<br />
le diamètre.<br />
Définition. On appelle diamètre d’un espace métrique (X, d) la borne supérieure<br />
de l’ensemble suivant:<br />
{d(x, y) | (x, y) ∈ X 2 }<br />
Remarque. C’est soit un réel positif soit +∞ (ça pourra même être −∞<br />
si X est vide!).<br />
4
Exemple. Dans le plan, pour la distance euclidienne, le diamètre d’un<br />
cercle sera son diamètre au sens habituel. Le diamètre d’un carré sera la<br />
longueur de sa diagonale.<br />
Proposition. Deux espaces métriques isométriques auront le même diamètre.<br />
C’est intuitivement évident puisque le diamètre est une propriété qui s’exprime<br />
en termes de distance (une propriété métrique) mais (exercice) écrivez<br />
quand même une démonstration.<br />
Un autre exemple de propriété métrique: la complétude.<br />
Proposition. Un espace métrique isométrique à un espace compl<strong>et</strong> sera compl<strong>et</strong><br />
lui aussi.<br />
4 Homéomorphismes<br />
Soit C le cercle d’équation:<br />
La bijection:<br />
f :<br />
x 2 + y 2 = 1.<br />
[0, 1[ → C<br />
t ↦→ exp(i2πt)<br />
correspond à l’idée intuitive de collage. On a collé les extrémités de l’intervalle<br />
pour obtenir le cercle. On a intuitivement créé une continuité supplémentaire.<br />
Ce ne sera pas un homéomorphisme.<br />
La bijection réciproque f −1 correspond à l’idée intuitive de découpage, ça<br />
ne sera pas non plus un homéomorphisme.<br />
Soit E l’ellipse d’équation:<br />
x 2 + 2y 2 = 1.<br />
La bijection suivante n’est pas une isométrie:<br />
<br />
C → E<br />
(x,y) ↦→ (x, y √ 2 )<br />
Elle déforme le cercle en une ellipse mais, intuitivement, c’est une déformation<br />
faite sans couper le cercle <strong>et</strong> sans collage. Mathématiquement, ce sera un<br />
homéomorphisme. Il est temps de définir c<strong>et</strong>te notion.<br />
Définition. Soient X <strong>et</strong> Y deux espaces topologiques <strong>et</strong> f une bijection de<br />
X vers Y . La bijection f sera appelée un homéomorphisme si toute partie O<br />
5
de Y vérifie:<br />
(O est un ouvert de Y) ⇔ (f −1 (O) est un ouvert de X).<br />
Autrement dit un homéomorphisme est une bijection f telle que f <strong>et</strong> la bijection<br />
réciproque f −1 soient toutes les deux <strong>continues</strong>.<br />
Définition. Deux espaces topologiques seront dits homéomorphes s’il existe<br />
un homéomorphisme de l’un vers l’autre.<br />
Remarque. On appelle propriété topologique toute propriété qui s’exprime<br />
en termes d’ouverts (ou de fermés). Si deux espaces sont homéomorphes,<br />
toute propriété topologique vérifiée par l’un sera aussi vérifiée par l’autre. Une<br />
des grandes questions qu’étudie la topologie est de savoir quand deux espaces<br />
sont homéomorphes, c’est-à-dire sont les mêmes à certaines déformations<br />
près.<br />
Proposition. La composée de deux <strong>homéomorphismes</strong> est un homéomorphisme.<br />
La bijection réciproque d’un homéomorphisme est un homéomorphisme.<br />
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