Anderson,Poul-[La pa..
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Everard demanda à se retirer dans un salon. Il y <strong>pa</strong>ssa les<br />
minutes suivantes à réfléchir à l’urgence de son problème. En<br />
théorie, il avait tout le temps voulu pour le résoudre ; s’il le<br />
souhaitait, il pouvait même remonter en amont, à condition que<br />
personne ne le voie manifester ce qui ap<strong>pa</strong>raîtrait comme un don<br />
d’ubiquité. En pratique, une telle tactique comportait des risques<br />
qui n’étaient acceptables qu’en dernière extrémité. Non seulement il<br />
pouvait déclencher une boucle causale potentiellement<br />
incontrôlable, mais il était possible que le cours des événements<br />
ordinaires soit lui aussi perturbé. Et la probabilité d’une telle<br />
occurrence ne pouvait que croître à mesure que les opérations<br />
gagnaient en complexité. Par ailleurs, il était im<strong>pa</strong>tient d’en finir<br />
avec cette mission, de garantir à nouveau l’existence du monde qui<br />
l’avait engendré, et cela n’avait rien que de très naturel.<br />
Une ample silhouette franchit le rideau servant de porte. Sarai<br />
s’agenouilla devant lui. « Ta servante respectueuse attend le bon<br />
vouloir de son maître, dit-elle d’une voix empreinte d’émotion.<br />
— Relève-toi. Mets-toi à ton aise. Je souhaite seulement te poser<br />
quelques questions. »<br />
Elle battit des cils et rougit jusqu’à la pointe de son nez. « Qu’il<br />
en soit fait selon les vœux de mon seigneur, dont je suis à jamais la<br />
débitrice. »<br />
Ses propos ne traduisaient ni veulerie, ni coquetterie, se<br />
rappela-t-il. Pas un instant elle n’envisageait de le séduire ni de<br />
l’implorer. Une fois qu’elle avait sacrifié à la déesse, une<br />
Phénicienne pieuse se devait de rester chaste. Sarai lui était tout<br />
simplement reconnaissante. Il en fut touché.<br />
« Mets-toi à ton aise, répéta-t-il. Fais appel à ton esprit. Le roi<br />
m’a demandé d’enquêter sur des hommes qui ont jadis rendu visite<br />
à son père, alors que le règne du glorieux Abibaal touchait à sa fin. »<br />
Elle ouvrit de grands yeux. « J’étais à peine née, maître.<br />
— Je le sais. Mais que savent les domestiques les plus âgés ? Tu<br />
les connais sûrement tous. Peut-être certains d’entre eux servaientils<br />
le trône en ce temps-là. Peux-tu les interroger ? »<br />
Elle porta une main à son front, ses lèvres, son cœur – le signe<br />
d’obéissance. « Puisque telle est la volonté de mon seigneur. »<br />
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