Tout commence mal... - Index of
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service, laver la vaisselle et ne pas traîner dans nos jambes. » C’était signé de l’œil habituel,<br />
et sous le feuillet étaient glissées quatre ou cinq piécettes pour les achats.<br />
Violette et Klaus lurent le message tout en avalant leur pitance matinale, une bouillie<br />
d’avoine grisâtre et grumeleuse que le comte laissait pour eux sur un coin du réchaud. Ils<br />
échangèrent un regard consterné.<br />
— Aucun de nous ne sait cuisiner, dit Klaus.<br />
— Non, soupira Violette. Réparer les fenêtres, passe encore : j’ai trouvé comment m’y<br />
prendre. Ramoner la cheminée, c’est pareil. Tous ces trucs-là m’intéressent. Mais cuisiner ?<br />
Je suis nulle. À part le pain grillé…<br />
— Et encore, le pain grillé, quelquefois tu le fais brûler.<br />
Tous deux sourirent en songeant à certain jour des temps heureux. Ils s’étaient levés<br />
très tôt pour <strong>of</strong>frir à leurs parents un petit déjeuner surprise, mais Violette avait laissé brûler<br />
le pain et leurs parents, sentant la fumée, étaient descendus quatre à quatre, prêts à appeler<br />
les pompiers. À la vue de Violette et Klaus penauds devant leur pain charbonneux, ils avaient<br />
éclaté de rire. L’épisode s’était achevé autour d’une grande platée de crêpes.<br />
— Si seulement ils étaient ici, murmura Violette. (Elle n’avait pas besoin de préciser qui.)<br />
Ils auraient vite fait de nous emmener loin de cette horrible baraque.<br />
— S’ils étaient ici, dit Klaus (et la colère montait dans sa voix), nous ne serions pas chez<br />
cette espèce de comte, pour <strong>commence</strong>r. Oh ! je déteste cet endroit, Violette ! Je déteste<br />
cette maison ! Je déteste notre chambre ! Je déteste ces corvées qu’on nous fait faire, et je<br />
déteste le comte Olaf !<br />
— Moi aussi, je déteste tout ça, avoua Violette.<br />
Son frère la regarda, soulagé. Parfois, le simple fait de clamer haut et fort qu’on déteste<br />
quelque chose – et surtout d’entendre quelqu’un approuver – suffit pour se sentir un peu<br />
mieux.<br />
— Je déteste tout ce qui nous arrive en ce moment, reprit Violette. Mais il faut garder le<br />
menton haut.<br />
Garder le menton haut, dans le vocabulaire de leur père, c’était rester optimiste. Vaille<br />
que vaille.<br />
Je sais, dit Klaus, mais c’est dur de garder le menton haut quand un Comte Olaf-face-derat<br />
n’arrête pas de vous faire courber la tête.<br />
— Djiouk ! lança Prunille de sa voix perçante, en tapant sur la table avec sa cuillère à<br />
bouillie.<br />
Arrachés à leur petite parenthèse, Violette et Klaus se replongèrent dans la lecture des<br />
instructions du jour.<br />
— On pourrait peut-être trouver un livre de cuisine, suggéra Klaus, et lire dedans<br />
comment s’y prendre ? Préparer un repas simple, ça n’a sûrement rien de sorcier.<br />
Ils passèrent cinq bonnes minutes à ouvrir et refermer les placards du comte. En vain.<br />
Pas trace de livre de cuisine.<br />
— Je l’aurais parié, commenta Violette. Tu en as vu, toi, des livres, dans cette maison ?<br />
La mine de Klaus s’allongea.<br />
— Pas l’ombre d’un. Et si tu savais comme ça me manque ! J’ai une idée : si on essayait<br />
d’aller dans une bibliothèque ?<br />
— D’accord, mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, je te rappelle, nous préparons à dîner<br />
pour dix personnes.