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n° 59
DIOCESE D’AIX-EN-PROVENCE ET D’ARLES - www.aixarles.catholique.fr
Eglise
Novembre 2012 d’Aix
et d’ Arles
Le numéro : 3,80 E - Abonnement : 35 E - Abonnement de soutien : 50 E
Revue mensuelle diocesaine d’informations
numéro
SPECIAL
En encart :
Abonnement
découverte

L’ Enseignement catholique
dans le doyenné Salon - Val de Durance
ÉCOLE
LA PRÉSENTATION DE MARIE
162, rue Maréchal Joffre
13300 SALON-DE-PROVENCE
04 90 56 08 16
ÉCOLE
VIALA-LACOSTE
76, avenue Gaston Cabrier
13300 SALON-DE-PROVENCE
04 90 56 62 34
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SAINT-JEAN
76, avenue Georges Borel
13300 SALON-DE-PROVENCE
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SAINT-MICHEL
Rond-point de Pont Royal
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13370 MALLEMORT
09 66 93 70 82
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LA PRÉSENTATION DE MARIE
162, rue Maréchal Joffre
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VIALA-LACOSTE
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JEANNE-D’ARC
10, avenue Frédéric Mistral
13410 LAMBESC
04 42 57 16 86
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N°59
Novembre 2012
Abonnement : 35 D
Abonnement de soutien : 50 D
Le numéro : 3,80 D
Éditeur :
Association diocésaine
7, cours de la Trinité
CS 70782
13625 Aix-en-Provence cedex 1
Tél. : 04 42 17 58 00
Fax : 04 42 17 58 12
Courriel :
communication@aixarles.cef.fr
Site : www.aixarles.catholique.fr
Directeur de la publication
& de la rédaction :
Jean-Claude Escaffit
Comité de rédaction :
Francette Bon-Mardion
Cathy Cassan
Paul Chovelon
Marie-Jo Clain
Sophie Lecomte
Geneviève Ratier
Claudette Tricoire
Secrétariat de rédaction
Service photo :
Marie-Jo Clain
Tél. : 04 42 17 58 31
communication@aixarles.cef.fr
Abonnement :
Antoine Virzi
Tél. : 04 42 17 59 05
Commission paritaire
n° 0116 L 80235
Dépôt légal :
Janvier 2012
Réalisation :
Studio Mazenod
laurent@studiomazenod.com
http://www.studiomazenod.com
Imprimerie :
Paul Roubaud,
16, rue M al Joffre
13100 Aix-en-Provence
Photo de couverture :
Marie-Jo Clain
Carnet
Agenda
de M gr Christophe Dufour .............................................................. p. 04
Éditorial ..................................................................................................................... p. 05
Au cœur du diocèse
Prises de vue
Evénements en images ...................................................................... p. 06
Carnet
Agenda
du diocèse d’Aix et Arles ................................................................. p. 08
Partageons
Famille diocésaine / Annonces ..................................................... p. 09
En bref ....................................................................................................................... p. 10
Dossier ......................................................................................p. 11
« Diaconia 2013 » Servons la fraternité
Les évêques de France ont voulu rappeler à chaque baptisé que le service
du plus pauvre - la diaconie - est essentiel pour la vie de l’Église.
Depuis près de deux ans, notre diocèse, avec les services et mouvements,
s’est mis en marche. Avec la publication de ce numéro spécial, M gr Dufour
élargit la mobilisation à tous. Le 11 novembre dans toutes nos paroisses,
il nous invite à nous mettre au service de la fraternité. A nous
appuyer sur les initiatives solidaires dans le diocèse. Avec ces 13 pages
de reportages et de témoignages, voici un florilège de 26 actions parmi
d’autres, dans les domaines de l’exclusion, de la solidarité internationale,
de la santé et du handicap. Avec des méditations, une bibliographie
et des conseils pratiques.
Rencontre avec...
Lionel Castanier, médecin et diacre
« Au service de la pauvreté physique et morale » ............p. 24
Médias, culture et communication ...............................p. 26
03
Sommaire

04
Carnet
E. G. P. R.
Eglise d’Aix et d’Arles
Novembre 2012
Revue n°59
Agenda
de M gr Christophe Dufour
Quelques dates
dans l’agenda de notre archevêque
1 er novembre - 10h30
Aix - Cathédrale Saint-Sauveur
Messe
2 au 8 novembre
Lourdes
Assemblée plénière des évêques
9 novembre
Aix
Conseil épiscopal
11 novembre - 10 heures
Martigues - Eglise Saint-Genest
Confirmations
13 novembre
Aix - Séminaire Saint-Luc
Lecture spirituelle
15 novembre
Aix - La Nativité
Exposition Fra Angelico
NEGREL
Peinture - Décoration
16 novembre
Aix
Conseil épiscopal avec les doyens
17 novembre
Grans - Domaine de Petite
Conseil pastoral diocésain
18 novembre - 15h30
Châteaurenard
Ordination diaconale d’Emile Chaussy
18 - 19 novembre
Lambesc - Sufferchoix
Conseil presbytéral
22 novembre
Aix - Enseignement catholique
Conseil de tutelle
23 novembre - 1 er décembre
Rome
Visite ad limina avec les évêques des 25
diocèses des provinces ecclésiastiques de
Marseille, Lyon, Toulouse, Montpellier,
Clermont.
■ Nomination
dans le diocèse
Pour le service de la mission
apostolique dans
notre Église diocésaine,
je nomme :
M. l’abbé Thierry Gallay, doyen,
selon les canons 553-555.
Cette nomination prendra effet
le 1er octobre 2012.
J’invite tous les fidèles de
notre diocèse à soutenir par
la prière celui qui a accepté
une nouvelle mission pour la
croissance du Royaume de
Dieu.
Fait à Aix-en-Provence,
le 19 octobre 2012
† Christophe DUFOUR
Archevêque d’Aix et d’Arles
Hervé CHIAVERINI
Chancelier
Zone Artisanale - 195, rue Jean de Guiramand - Pôle d’activité
13858 AIX-EN-PROVENCE Cedex 3
Tél. : 04 42 24 30 84 - Fax : 04 42 39 78 04
Courriel : egprnegrel@wanadoo.fr

« J’ai eu faim et vous m’avez invité
à votre table ; j’ai eu soif, et vous
m’avez donné à boire de l’eau de chez
vous ; j’étais un Rom et vous m’avez
accueilli ; j’étais nu et vous m’avez
habillé grâce à vos vestiaires ; j’étais
malade et vous m’avez visité chez moi
ou à l’hôpital ; j’étais en prison et
vous êtes venus me voir » (cf. Mt 25,
35-36). Ce sont des pages d’Évangile
écrites avec de l’encre encore fraîche
ou griffonnées sur un parterre de sable.
On y entend distinctement le Maître
redire à ses disciples les exigences de
l’amour du prochain.
Diaconia : qu’es acò ?
Voilà donc un numéro spécial pour
nous expliquer ce qu’est Diaconia,
vous dites-vous peut-être. On va enfin
tout comprendre de cette démarche de
charité vécue, tout savoir sur la manière
d’y participer simplement, là où nous
sommes. Nous aurons même peut-être
quelques recettes toutes prêtes qu’il
nous suffira de réchauffer avant de les
re-servir ! Diaconia est-ce vraiment
un plat prêt à consommer ? A travers
la multitude d’initiatives solidaires de
notre diocèse présentées ici, ce sont des
pages d’Évangile que nous sommes invités
à relire.
N’est-ce pas cette petite fille d’un
camp de Rom, sortant une piécette de
sa poche, elle qui ne sait pas encore
ce que signifie le mot « solidarité » ?
Des pages d’Évangile
à vivre ici
Désormais, on ne parlera
plus uniquement
de l’obole de la veuve !
Et ce « Notre Père »,
en araméen - la langue
même de Jésus - jailli
d’une famille irakienne,
lors d’une fête
paroissiale ? Enfin, làbas,
ce jeune homme
- riche peut-être ? -
auquel on a tendu la
main un jour et qui
la tend à son tour,
comme on le fait en
venant communier :
son groupe s’appelle
Eucharistein !
Plus loin, mais en
écho, on entend la voix d’un homme
vêtu de blanc qui, ouvrant une porte,
rappelle que « la foi, opérant par la
charité devient un nouveau critère
d’intelligence et d’action qui change
toute la vie de l’homme » (Benoît XVI
Porta Fidei n°6 ). Et chez nous, cette
femme « sans papiers » de rajouter :
« Notre foi, c’est notre seule raison
d’espérer ».
C’est vrai, on l’avait bien vu, c’est « la
foi, l’espérance, la charité », que nous
rappelle notre évêque dans sa lettre pastorale…
Tout est désormais possible,
tout peut être vécu maintenant. Ce sont
donc bien des pages d’Évangile !
P. Michel Isoard
Vicaire général
Édito
Revue n°59
Novembre 2012
Eglise d’Aix et d’Arles
05
P Michel Isoard

06
Au cœur du diocèse
Eglise d’Aix et d’Arles
Novembre 2012
Revue n°59
Evénements
en images
27 septembre
(Aix - St-Esprit)
Messe de rentrée universitaire
6 octobre
(Grans - Domaine de Petite)
Rencontre avec les responsables
des mouvements familiaux
du diocèse
- Marie-Jo Clain -
30 septembre
(Aix - La Baume)
Rencontre avec la communauté
« Vie chrétienne »

7 octobre
(Grans - Domaine de Petite)
Rencontre des diacres du diocèse
14 octobre
(Trets)
Remise de la lettre pastorale
13 octobre
(Aix - La Baume)
Colloque Vatican II
Au cœur du diocèse
17 octobre
(Notre-Dame du Laus)
Pèlerinage des séminaristes
Revue n°59
Novembre 2012
Eglise d’Aix et d’Arles
07

08
Carnet
Eglise d’Aix et d’Arles
Novembre 2012
Revue n°59
Agenda
diocésain
Ordination diaconale
d’Emile Chaussy
18 novembre
Eglise Saint-Denys
de Châteaurenard à 15h30
■ Manifestations
N.-D.-de-Beauregard
2 novembre - 14h30
Pèlerinage pour les vocations. Avec
l’Hospitalité Sainte-Marthe
Cercle de silence
10 novembre - 11h30 à 12h
Aix et Salon
- Aix-La Rotonde, côté Allées provençales
- Salon (devant la mairie)
Veillée chants de Taizé
28 novembre - 20 heures
Aix-chapelle des oblats (60, cours
Mirabeau,)
aixtaize@gmail.com
■ Conférences
ACAT
10 et 11 novembre
Notre-Dame-du-Laus
Rassemblement régional ouvert à
tous sur le thème : « La place de
l’étranger en France ».
Contact : Michel Dravet
04 42 59 18 32
Chrétiens cinéma
19 novembre - 20.30
Aix - Maison diocésaine
Débat sur « Amour » d’Haneke, Palme
d’Or 2012. (voir critique p. 26)
Le visage oriental de l’Église
21 Novembre - 18h30
Aix - Maison diocésaine
Ecole Cathédrale : conférence du P.
Jean-Marie Mérigoux (o.p.) sur les
Églises catholiques d’Orient.
Contact : Sr Marie-Claire Brezet
04 42 23 44 54
Samedis de Saint-Sauveur
24 novembre - 15h à 16h30
Aix- Cathédrale, cave aux Huiles
« Le temps de Noël, la Nativité et ses
images » par le P. Bernard Maitte,
théologien.
Contact : « Cathédrale Vivante »
34, place des Martyrs de la Résistance
Rencontres œcuméniques
26 novembre - 20h à 22h
4 rue Villars à Aix
Conférence : Jésus, pièces à conviction
: « De l’homme de Nazareth au
Christ de la foi » avec Hugues Cousin,
exégète, Faculté de théologie de
Lyon.
Contact : Alain et Pascale Cougard
04 42 92 19 01
cougard.pa@wanadoo.fr
Le CCFD avec Guy Aurenche
9 Décembre - 9h à 17h
Domaine de Petite - Grans
« La solidarité , une bonne nouvelle
pour aujourd’hui » : conférence de
Guy Aurenche, président du CCFD-
Terre solidaire.
Contact : Antoinette Filippi
04 42 06 63 59
antoinette.filippi@orange.fr
■ Retraites & formation
Session Liturgie
2 au 5 novembre
Saint-Michel de Frigolet
Découvrir et comprendre l’esprit de
la liturgie.
Contact : Frère Sébastien
04 90 95 70 07
Retraite fondamentale
12 au 18 novembre
Sufferchoix-Lambesc
« Dieu a tellement aimé le monde
qu’Il lui a donné Son Fils » Jn 3,
16, par le P. Bernard Maitte, directeur
des études au séminaire.
04 42 57 14 86
sufferchoix@orange.fr
Ecole de prière N.-D. de Vie
14 novembre - 20h30 à 22h
Aix - 7, butte des 3 moulins
Les premiers pas dans l’oraison
Un mercredi par mois.
06 12 60 18 10
Fleurir en Liturgie
15 novembre et 13 janvier
Aix - St-François
De 9h à 17h sur le thème « Gloire à
Dieu » « Je monterai jusqu’à l’autel
du Seigneur »
Contact : Paule Ivarra
04 42 20 02 18
« Cana Espérance »
17 et 18 novembre
Centre N.D du Roucas - Marseille
« Séparé, divorcé, comment se reconstruire.
» Week-end régional pour
les personnes séparées, divorcées, non
remariées. Les enfants sont accueillis.
Contact : Jost Geneviève
06 37 30 40 19
genevieve.jost@free.fr

Lire le Nouveau Testament
20 novembre - 20 heures
Aix - Centre Saint-Jean
Exposé introductif suivi d’une discussion
sur un texte. Participation
régulière indispensable.
04 42 38 25 70
Initiation à la prière
20 novembre - 20h30 à 22 heures
Aix - Maison diocésaine
« Ta prière est exaucée » : L’annonce
à Zacharie, la naissance de
Jean-Baptiste… : Luc 1
Avec le P. Zamit et Guillaume Vivicorsi,
du séminaire St Luc.
06 50 79 32 63
Week-end de ressourcement
23 au 25 novembre
La Roque d’Anthéron
« Ma royauté ne vient pas de ce
monde » ( Jn 18,36) avec les Petits
Frères de l’Évangile.
04 42 50 59 89
fpe.laroque@free.fr
Christ ressuscité dans les
actes des apôtres
21 - 28 novembre
Sufferchoix - Lambesc
Session avec le P. Cotte avec découverte
de la Provence.
Décès
04 42 57 14 86
sufferchoix@orange.
■ A la Baume-lès-Aix
Nous apprenons avec tristesse le décès de Robert Martinez,
75 ans, qui a été délégué diocésain à la Coopération
missionnaire durant les années 90. Ses obsèques ont eu
lieu à Bouc-Bel-Air le 16 octobre.
18 novembre : Collecte nationale du
Secours catholique
Contact : www.secours-catholique.asso.fr
Délégation diocésaine :
2, bd Marechal Leclerc - Encagnane - 13090 Aix-en-Provence
04 42 64 20 20 / sc-aix-arles@secours-catholique.org
Évangile de saint Matthieu
avec les Exercices d’Ignace
de Loyola
9 novembre
Six vendredis de 20h30 à 22h, avec
Pierre Olry, sj
Retraite dans la vie
10 novembre
Pour commencer ou poursuivre une
démarche d’exercices spirituels. Accompagnement
individuel…
Sept samedis de 10h15 à 11h45,
avec Nathalie Arrighi et une équipe
d’accompagnateurs.
Visages de la Chine contemporaine
17 novembre - 9h à 13h
Colloque à travers le regard d’artistes,
de philosophes, d’étudiants
et de professionnels chinois et français.
Suivi d’un buffet chinois. Sur
inscription préalable.
Formation à l’accompagnement
spirituel
17 novembre
Huit samedis de 14h15 à 17h15.
Avec P. Alain Feuvrier, sj, Mme Hélène
Outré, psychothérapeute.
L’étranger au Cinéma
18 novembre - 17h30 à 21h15
Welcome or not welcome ? Comment
le cinéma de ces dernières années
a-t-il traité le thème de l’étranger
? Cinq soirées. Présentation,
film, débat. Avec le P. Jacques Lefur.
A l’écoute des écrivains
26 novembre
Atelier de lecture à haute voix.
Quatre lundis de 14h30 à 16h30,
avec Pascale Cougard, professeur de
lettres.
Refaire sa vie
30 novembre - 20 heures
Quelles forces spirituelles et quelle
part d’illusion dans ce « refaire sa
vie » ? Colloque avec Christus. Avec
projection du film Don’t come knocking,
de Wim Wenders (2005), suivie
d’un débat avec Jacques Lefur, pss.
Journée de réflexion
1er décembre - 9h30 à 17 heures
Avec Remi de Maindreville, sj, rédacteur
en chef de la revue Christus,
Bernadette Avon, conseillère
conjugale, Moïse Mouton, sj, bibliste,
Pierre Pasquini, professeur
agrégé de philosophie, Geneviève
de Taisne, psychanalyste…
Coordination : Thierry Lamboley, sj
04 42 16 10 30
programme@labaumeaix.com
Famille diocésaine
DVD « Le génie et le voile » à Jouques
A l’occasion du cinquantenaire de la mort de Mère Geneviève
Gallois (1888-1952), un documentaire présente
la vie et l’art de cette moniale au talent exceptionnel,
dont l’œuvre mystique est à la fois réaliste et surnaturelle.
Peintre, dessinateur, graveur et maître verrier, elle
est une artiste aux multiples facettes. Elle abandonne le
dessin satirique lorsque, convertie, elle entre chez les Bénédictines
en 1917. On connaît surtout d’elle « La vie
du petit Saint Placide », chef-d’œuvre de spiritualité et
d’humour, publié en 1952.
DVD à l’abbaye de Jouques (22 €. On peut également voir une partie
de ses œuvres dans le musée qui lui est consacré à l’abbaye Notre-
Dame-de-Fidélité. (sur rendez-vous au 04 42 57 80 17).
Partageons
Revue n°59
Novembre 2012
Eglise d’Aix et d’Arles
09

10
Dans un atelier
En bref
Eglise d’Aix et
d’Arles
Novembre 2012
Revue n°59
Actualités
en bref...
A propos du mariage
des personnes du même sexe
Sous la plume de Matthieu Rougé, le Service pastoral d’études politiques
a publié une réflexion sur le mariage des personnes du même
sexe et l’adoption.
En réponse au projet de loi gouvernemental, il donne 10 raisons contre
la légalisation, « sans connotation religieuse ». Il oppose une approche
sociale à une vision individualiste de l’union. Voici les principaux arguments
(Texte complet sur www.aixarles.catholique.fr).
◗ 1. Le mariage est une forme de vie précise mais pas exclusive. Il y a des célibataires, des concubins…
Respecter les personnes homosexuelles, c’est ne pas se plier à un seul modèle.
◗ 2. Le mariage n’est pas la reconnaissance publique des sentiments, c’est l’inscription de la
filiation dans une institution stable, notamment pour protéger la mère.
◗ 3. Le statut économique du mariage est lié à sa fonction sociale.
◗ 4. Le mariage entre personnes de même sexe entraînerait la fin du mariage civil.
◗ 5. Conséquences d’une déstructuration du mariage : pourquoi limiter à deux le nombre de
partenaires, à partir du moment où l’on sort du modèle de la procréation ?
◗ 6. Le mariage entre personnes de même sexe aggraverait le communautarisme.
◗ 7. Privilégier les droits « de » l’enfant plutôt que le droit « à » l’enfant. L’adoption consiste
fondamentalement à donner des parents à des enfants qui en sont dépourvus et non l’inverse.
◗ 8. L’adoption (actuellement admise NDLR) par les célibataires est un faux argument.
◗ 9. Le mariage entre personnes de même sexe fragiliserait l’adoption internationale, un
grand nombre de pays interrompraient l’adoption vers notre pays.
◗ 10. Le recours à la Gestation Pour Autrui (GPA, pas actuellement dans le projet gouvernemental
NDLR) est largement identifié comme une atteinte à la dignité des femmes.
Mouvements familiaux et CPM
Les responsables au domaine de Petite
A l’invitation de Bernadette et Jean-Luc Folliot, délégués
diocésains de la Commission famille, 42 responsables de 20
mouvements familiaux et équipes paroissiales de préparation
au mariage se sont retrouvés toute une journée le 6 octobre
pour apprendre à mieux se connaître, se soutenir et agir ensemble
au service des familles de notre diocèse. Une pédagogie
interactive, avec petits groupes, sketchs, jeu, temps de
prière… a favorisé ce désir de tisser les liens. Des initiatives
positives réalisées par divers mouvements ont été présentées,
stimulant la créativité. Et en point d’orgue, M gr Dufour a partagé sa vision
pastorale pour la famille dans notre diocèse. Avec des chantiers en
perspective, comme celui de mieux communiquer. Bref : dans une mer
mouvementée pour la famille, de quoi donner un élan nouveau pour oser
avancer au large, jeter les filets et s’entraider entre barques !
La fraternité chez les Français
Un sondage Pèlerin-Sofres
Pour 60 % des Français, c’est la
montée de l’individualisme qui
menace le plus la fraternité dans
notre société, avant celle des
inégalités (59%), de la violence
(49%) et la crise économique
(44%). Pour 73 % des Français
elle s’exerce avant tout en famille
(63% entre amis). C’est ce
qui ressort d’un sondage de Pèlerin-Sofres
pour Diaconia 2013.
C’est d’abord une manière de
se comporter avec les autres
(40% ), largement devant une
valeur républicaine.
Carmel d’Arles fermé
L’annonce aux paroissiens
C’est « avec beaucoup de peine »
que les carmélites d’Arles ont
annoncé le 7 octobre, aux paroissiens
de la ville la fermeture de
leur couvent. La raison : « Notre
communauté ne possède plus le
nombre suffisant des sœurs pour
lui assurer une autonomie vitale
et spirituelle. Il n’y a pas non plus
de perspective de vocations, ni
d’aide venant d’autres carmels. »
SEM
150 visiteurs à Sufferchoix
À l’initiative de Geneviève Rep,
responsable du service évangélique
des malades qui compte
plus de 350 bénévoles dans le
diocèse, 150 visiteurs de malades
se sont retrouvés le 11 septembre
au foyer de Sufferchoix
à Grans pour une récollection.
Au programme : Réflexion avec
le P. Isoard sur les visages de
Dieu, eucharistie, témoignages
et échanges sur la foi à travers la
souffrance...

Rencontre à Lambesc
DOSSIER
« DIACONIA 2013 »
Servons la fraternité
Chrétiens, nous sommes tous concernés par la solidarité ! Avec l’opération Diaconia
2013, les évêques de France ont voulu rappeler à chaque baptisé que le service du plus pauvre
est essentiel pour la vie de l’Église. Depuis près de deux ans, notre diocèse s’est mis en marche.
Au cours de l’année 2011-2012, nous avons essayé de conjuguer « diaconie et parole » : avec
la mise en œuvre de Tables ouvertes paroissiales et des échanges autour de la parole de Dieu.
Depuis cette rentrée d’automne, nous sommes invités à célébrer la Fraternité. Avec en point
d’orgue, le rassemblement national de Lourdes à l’Ascension 2013, qui sera également une
rampe de lancement.
Un livre diocésain des fragilités et des merveilles a commencé à recenser les initiatives fraternelles.
Vous en donner un florilège, avec des idées à la clé, tel est l’objet de ce numéro exceptionnel
d’Eglise d’Aix et d’Arles, distribué dans toutes les paroisses.
Oui, dans nos villages, nos villes et nos quartiers, servons la fraternité !
Jean-Marie Chellai,
Délégué diocésain à la Diaconie
Jean-Claude Escaffit,
Directeur d’Église d’Aix et d’Arles
11
Dossier
EAA n°59 - Novembre 2012

EAA n°59 - Novembre 2012
12
DIACONIA 2013 « Exclusion »
Table ouverte contre la solitude
Agapes amicales à St-Rémy-de-Provence
Il a plu à verse toute la matinée mais, en ce dimanche de septembre,
le ciel s’est éclairci, enveloppant d’une bonne odeur humide le foyer paroissial
de Saint-Rémy-de Provence. La table est mise. Une table ouverte
à toutes les personnes seules.
Elles sont invitées au partage par
l’association « Familles rurales ».
Katie, Marie, Monique, des bénévoles
de la paroisse, ont mis une
jolie nappe et des couverts. Un
vrai repas de fête… On a fait circuler
des affichettes et le bouche à
oreilles a fonctionné pour annoncer
l’événement. C’est une première.
Vont-ils venir ?
Les convives arrivent à l’heure.
Pour la plupart des clients réguliers
des Restos du cœur. On voit des visages
interrogatifs et curieux. Une
dame a même apporté son caddie
à remplir, comme à l’épicerie solidaire.
Mais non, chère Madame,
aujourd’hui on va vivre ce moment ensemble, en apportant
un peu de soi… avec nos chips, nos cacahuètes
et nos pistaches pour ouvrir l’appétit, avec nos pizzas.
Sans oublier le petit chien invité aussi… pour les miettes
qui tomberont. Ni surtout l’amitié des bénévoles qui ont
accepté de donner un peu de leur temps. Quelques-uns
ont préparé les plats : salades, tartes, gâteaux marocains,
tiramisu….
On parle, on rit, on est bien ensemble. Sous ce soleil
chaleureux, l’après-midi s’étire, s’étire, comme pour
repousser le retour à cette satanée solitude. On partage
aussi avec pudeur les accidents de la vie qui nous
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu
abandonné ? (…) Mon Dieu, le jour j’appelle
et tu ne réponds pas, même la nuit je n’ai pas de
repos (…) Tu m’as répondu ! J’annoncerai ton nom
à mes frères, en pleine assemblée je te louerai :
« Louez-le Seigneur, toute la race de Jacob, glorifiez-le
(…) car il n’a pas rejeté, il n’a pas réprouvé
le malheureux dans sa misère ; il ne s’est pas
voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte »
Psaume 21
Jean-Loup Brun
ont amenés ici. Un vent léger passe en ce dimanche de
septembre. On se promet de ne pas rater le prochain repas.
Et quand on se quitte, on voit même la dame repartir
avec son caddie plein… d’un vrai bonheur.
Familles rurales
A l’initiative de Diaconia 2013 qui suggère aux
paroisses et aux communautés d’organiser des «
tables ouvertes », l’association Familles rurales propose,
chaque dernier dimanche du mois à midi,
un temps de convivialité pour rompre avec la solitude,
qui est une forme d’exclusion. Familles rurales
est le premier mouvement familial en France.
Composé de 3 000 associations locales, il regroupe
180 000 familles adhérentes. Les 45 000 bénévoles
et 20 000 salariés animent le réseau. Sur le secteur
de Saint-Rémy-de-Provence, l’association apporte
une aide éducative aux familles, notamment aux
femmes maghrébines (atelier de couture, alphabétisation)
et leur offre un support administratif, particulièrement
pour le montage de micro crédits.
Rencontre fraternelle à « Etoiles de Noël » à Aix

Avec les Équipes St-Vincent
À Port-de-Bouc
■ Réapprendre le quotidien
Des stages pour réapprendre la vie quotidienne, lire, compter, cuisiner,
gérer un budget, tenir propres sa maison et sa famille. Pendant 6 mois,
un an au plus, des femmes sont accueillies par les équipes Saint-Vincent
de Port-de-Bouc. Elles cheminent vers la réinsertion : « Elles pourront
utiliser les notions d’informatique ou d’éducation sanitaire reçues pour
trouver un emploi, mais notre but est d’abord de leur faire reprendre
leurs vies en mains », explique Odile Guez responsable de cette antenne.
Le premier contact de ces femmes avec cette association de chrétiennes
est souvent lié à la nécessité de s’alimenter. « Les assistantes sociales
nous sollicitent. Pour répondre à l’urgence, nous avons été contraintes
d’établir quelques règles. Nous étudions les revenus des familles et, grâce
à la Banque alimentaire et au magasin Carrefour de Châteauneuf-les-
Martigues, nous fournissons des colis à celles qui n’ont, une fois les dépenses
fixes couvertes, pas plus de 7 euros par jour et par personne ».
Lorsque les femmes suivent un stage, subventionné par le Conseil général,
leur assiduité est récompensée : « Vivre, c’est aussi respecter un engagement
», dit Odile Guez. Les stagiaires reçoivent des bons d’achat d’une
valeur de 800 cents euros par mois et dont elles ne payent que la moitié.
L’équipe Saint-Vincent de Port-de-Bouc emploie 9 salariés, tous les autres
intervenants sont des bénévoles. Accompagnés par un prêtre et des religieux,
tous se retrouvent régulièrement pour des moments de réflexion
spirituelle. Certaines familles se joignent parfois au temps de prière. Ici,
l’exemple du service rendu à l’autre est le seul « outil » employé pour
permettre, parfois, de (re)trouver le chemin de la foi.
Michèle Taddei
Equipe Saint-Vincent
Les Amarantes, entrée L, av. Pablo-Neruda - 13110 Port-de Bouc - Tél. : 04 42 06 02 73
Témoignages
■ « Ouvrir son cœur »
Françoise, créatrice d’une association
pour les sans-abri : « Pour aborder
l’autre, il faut faire tomber la barrière
de la crainte. Cela suppose de se laisser
toucher, de poser d’emblée un regard
de bienveillance et de confiance. Dans
l’Évangile, on trouve cette phrase : Et
Jésus fut pris de pitié. Il faut se laisser
porter par cette émotion, levier de
l’action. »
■ La nuit des miracles
Un 24 décembre, dans la si bien nommée
association Etoiles de Noël,
créée à Aix à l’initiative de quelques
paroisses, du Secours catholique, de
l’Église évangélique et de l’Église réformée
de France. Une dame, seule
et sans travail, bavarde avec un jeune
homme qui lui demande ce qu’elle va
faire en cette nuit de Noël : « Comme
d’habitude, rien » répond-elle… Il
appelle sa femme, enceinte, et ils décident
de recevoir chez eux cette esseulée.
Elle passera même la nuit dans
ce foyer inconnu, devenu son refuge
d’amitié…
■ Dieu est amour
Au cours d’une « table ouverte », un
musulman dont la situation vient d’être
régularisée s’exprime : « On ne comprend
pas pourquoi la loi est si dure ;
nous voulons simplement faire bien
vivre nos enfants. Nous n’avons pas la
même croyance mais une seule chose
compte, l’amour de Dieu ; c’est le
même pour tous. Grâce à lui, on peut
vivre ensemble ».
13
Etoiles de Noël
EAA n°59 - Novembre 2012

EAA n°59 - Novembre 2012
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Emmanuel et Caroline de Foresta devant chez eux.
DIACONIA 2013 « Exclusion »
Les gènes de la solidarité
Emmanuel et Caroline en famille
Ils sont impliqués en couple dans Solidarités Nouvelles face au Chômage
(SNC) et dans une association qui soutient des petits orphelins du
Cambodge. Comme dans bien d’autres causes encore… Comment est né
leur engagement solidaire ?
« Les valeurs de solidarité
sont plutôt une
évidence pour nous…
C’est peut-être inscrit
dans nos gènes ! »
finit par lâcher Emmanuel
de Foresta.
Est-ce par tradition
dans cette vieille famille
aixoise dont les
ancêtres ont été chevaliers
de l’Ordre de
Malte ? La question
fait sourire ce chrétien
un tantinet rebelle qui
avait embrassé avec
passion la contestation
étudiante et a épousé
une juriste d’origine
vietnamienne. « Fidèle
d’Amnesty international
depuis
l’âge de 18 ans, je fais
partie d’Avocats sans
frontières, confie son
épouse, Caroline. A 25
ans, j’ai participé à
la fondation des boutiques
de droit. On conseillait les gens sans moyens ; on
préparait même les dossiers de divorce ‘gratos’, ce qui a
secoué le cocotier du barreau ! » Et Emmanuel et
Heureux les pauvres en esprit,
car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
Heureux les affligés,
car ils seront consolés.
Heureux les affamés et assoiffés de la justice,
car ils seront rassasiés
Extrait des Béatitudes (Matthieu 5)
Caroline de poursuivre en chœur : « Quand on se trouve
face à des souffrances, des injustices, on ne peut pas ne
rien faire. C’est évident. »
Il est des évidences qu’il faut pourtant cultiver. Chez
les Foresta, elles ont germé à l’occasion de diverses
rencontres. En 1995, c’est une conférence de Jean-Baptiste
de Foucauld. Cet inspecteur des finances proche de
Jacques Delors (voir son interview dans EAA de juin
2012), est venu parler de Solidarités nouvelles face au
chômage, une chaîne de bénévoles qu’il avait fondée
pour accompagner les demandeurs d’emploi par l’écoute,
le soutien, la convivialité. « On a alors décidé en couple
et avec des amis, de monter une antenne à Aix, dit Emmanuel
de Foresta. Même si je n’ai jamais été directement
confronté au chômage, j’ai pu éprouver, comme
architecte d’intérieur, ce que ressent un chômeur, lors de
périodes sans travail. » Deuxième opportunité, en 2000,
dans l’avion qui les conduit vers le Cambodge. « On a
lu dans un magazine un article sur « Pour un sourire
d’enfant ». Bouleversés par la vie de ces gosses sur des
décharges, on décide d’aller rencontrer à Phnom-Penh
le fondateur de cette ONG, Christian Des Pallières. Et
nous voilà embarqués dans l’aventure, pour plusieurs
années de soutien en France. Pour nous, pour la cohésion
de notre couple, de notre famille, ces engagements
sont importants. Les réunions se déroulent à la maison,
avec nos amis. Cette dimension de convivialité est fondamentale
et a été un exemple pour nos deux enfants, de
25 et 26 ans, à qui on a pu transmettre ces valeurs des
Béatitudes qu’ils cultivent à leur tour. »
Témoignages
■ Maman « sans-papiers »
Jean-Claude Escaffit
« Qu’est-ce qu’on est nous ? On n’a pas de papier. On
n’a pas de toit à nous. On est comme du vent, rien d’autre
que du vent ! Pour nous, c’est pas grave. C’est pour les
enfants, on doit croire pour eux. Et notre foi, c’est notre
seule raison d’espérer ».
Association « Vivons ensemble » Mallemort

■ Étudiants
au Samu social
« La température de son corps atteignait dangereusement
celle du sol gelé… Si nous n’avions pas été là, il
ne passait pas la nuit ». Cette phrase glaçante de Christophe,
étudiant de 22 ans, décrit pourtant une triste réalité,
celle de ces froides nuits d’hiver au cours desquelles
la météo prend le dessus
sur la vie des sans-abris.
Depuis un an, l’aumônerie
étudiante du Saint-
Esprit d’Aix apporte son
concours au SAMU social
chaque vendredi.
La soirée débute par
la distribution de plats
chauds à la permanence de la Rotonde. Après 22h s’ensuivent
les maraudes dans les rues. « Nous donnons de
la nourriture et des couvertures à ceux que nous avons
repérés, mais ce dont ils ont le plus besoin, c’est d’être
écoutés, poursuit Christophe, retrouver un peu d’humanité
dans cette ville où ils errent à peine frôlés par leurs
semblables. Nous rencontrons beaucoup de jeunes virés
de chez leurs parents ou leurs conjoints, terrifiés à l’idée
de devoir mendier pour survivre. Certains ont un travail
et sont parfaitement insérés dans la société, mais dorment
dans leur voiture. Parfois, les rencontres sont étonnantes,
comme celle de cet homme bien mis, s’exprimant
dans un langage châtié. Je l’aurai croisé dans un autre
contexte, impossible de soupçonner qu’il était SDF. Mais
quelle joie partagée quand on apprend à un SDF qu’une
place s’est libérée dans un foyer ! » S. L.
« Seigneur Jésus, je viens te demander pardon
pour tout le mal que j’ai pu commettre autour
de moi, de ce que j’ai gardé de rancune, de ce
que j’ai été haineux.
Oui, je suis rempli de colère, oh Jésus, pardonne
moi et remplis mon cœur de ton amour pour que
moi aussi je sois capable de pardonner à toutes ces
personnes qui tout le temps me frustrent, me manquent
de respect, me méprisent ».
Prière d’un détenu
■ Un lieu transitoire vers le parloir
Difficilement supportable de voir ces mamans attendre
sous la pluie avec leurs enfants pour accéder au parloir
des prisons. Pour pallier cette absence de « lieu transitoire
», des associations ont créé, il y
a une vingtaine d’années, des foyers
d’accueil pour les familles de détenus,
lieu de décompression pour éviter
la claustrophobie liée à l’univers
carcéral. Ce sont la Halte Vincent à
Luynes, le Centre d’Accueil des Parloirs
à Salon, L’Amandier à Arles et
Espoir et Avenir à Tarascon.
Prison de Salon
Andrée, retraitée, bénévole au CAP depuis 2000 est
particulièrement fière du foyer de Salon : « Il est magnifique.
Ce sont les prisonniers qui l’ont décoré sur le
thème du Roi Lion. Et nous, nous tentons d’y apporter
un peu de chaleur et de convivialité face à la détresse
abyssale que rencontrent ces familles. Il y a ces jeunes
femmes seules avec des bébés et ces parents qui se demandent
de façon lancinante ce qu’ils ont raté pour en
arriver là. Par une présence discrète, nous les écoutons
sans juger ni pénétrer dans leur intimité. Parfois
nous sommes impuissants face à la souffrance qui les
submerge. Parfois nous nous réjouissons quand une famille
nous annonce fièrement qu’elle ne reviendra plus
ou quand les yeux d’enfants pétillent à l’idée de voir
papa pendant une permission. »
■ Quitter la prostitution
Sophie Lecomte
« Pour quitter la prostitution, il faut que nous rencontrions
des gens qui nous aiment assez pour que nous
puissions nous aimer nous-mêmes. » Marina.
« Chers amis du Mouvement du Nid qui m’avez aidée à
faire le pas. Vous avez eu confiance en moi. Vous m’avez
crue quand je vous ai dit : « Je veux arrêter ». Cette
confiance, je ne l’oublierai jamais ; elle m’a propulsée
en avant ». Florence
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Halte Vincent à Luynes
EAA n°59 - Novembre 2012

EAA n°59 - Novembre 2012
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DIACONIA 2013 « Solidarité internationale »
L’accompagnement des Roms
Histoire d’un dialogue
Ils sont plusieurs centaines dans notre diocèse, chassés d’un lieu à
un autre, pourchassés constamment. A Velaux pourtant, les Roms font
l’objet d’une prise en charge collective. Exemple de collaboration entre
des associations et les pouvoirs publics.
Mgr Dufour dans un camp, quelque part dans les Bouches-du-Rhône (Photo
prise il y a plusieurs mois).
Au bout d’un chemin de terre, une quarantaine de
caravanes de bric et de broc posées autour d’une
ferme désaffectée. Un soleil qui cogne, un vent qui balaye
fort. Poussière, broussailles échevelées. Aucun
point d’eau. Et des détritus qui commencent à s’entasser
ça et là, au milieu de tas de ferraille, d’enfants qui
courent et de mères qui s’affairent. Des rires, des cris,
la vie… D’un côté des pompiers en alerte, un maire qui
s’inquiète. Un sérieux problème.
De l’autre, des associations qui accompagnent ces exclus.
Et enfin la rencontre, le dialogue qui se noue entre
ces familles, les services de la ville et les représentants
de l’ordre public. Petits pas par petits pas, chacun avançant
vers l’autre, si différent dans ses représentations et
ses attentes.
Hélène Mayer
Secours catholique
C’est ainsi que le risque incendie est
contrôlé par un nettoyage « coupefeu
». C’est ainsi aussi par exemple,
que la mairie met en place une benne
à ordures, en bas du chemin, et que
chaque semaine, les familles contribuent
aux frais à hauteur de 2 euros
par caravane. Pas grand-chose ? Et
pourtant… Petite page d’Évangile : un
jour de collecte, une fillette est allée
chercher au fond de sa poche 2 centimes
d’euros préparés et fièrement
a déposé son obole. Elle avait compris,
la petite, où était sa dignité et où
commençait aussi la solidarité.
Accompagner cette population, c’est
être les artisans du lien, provoquer
et nourrir la collaboration entre tous
les acteurs. Il suffit alors - mais c’est
beaucoup - que chacun quitte ses
peurs et se reconnaisse « homme de
bonne volonté ». Et c’est ainsi que
petit à petit, l’humanité grandit.
Humanitaires unis
M. et N. sont parents de quatre enfants. Ils ont dû
quitter la Kabylie de façon dramatique, parce que
enfants de harki. Ils ont vécu clandestinement dans
notre région, dans des conditions très précaires.
Grâce à la mobilisation de plusieurs personnes sensibles
à la situation périlleuse de cette famille, dont
un prêtre et un militant du CCFD qui l’ont logée,
grâce à l’action de toutes les associations humanitaires
de Martigues qui ont uni leurs efforts, M, N
et leurs enfants, ont à présent un peu plus stabilisé
leur situation et peuvent vivre hors de l’angoisse.
Lydia et Henri (CCFD)

Témoignages
■ Famille irakienne en pays salonnais
Une deuxième famille venant d’Irak est arrivée aux Canourgues. Le 23
septembre dernier, la communauté paroissiale, 300 personnes, s’est retrouvée
à Saint-Jean-de-Garguier. L’occasion pour tous de lier connaissance.
Le Père Michel Desplanches a présenté, avec tous les nouveaux arrivés
sur notre territoire, nos amis irakiens. Puis, au cours de l’Eucharistie,
il les a invités à venir dire le Notre Père en araméen, leur langue qui fut
aussi celle de Jésus : une ouverture sur la richesse des Églises orientales.
Ce fut un moment émouvant.
Pour le pique-nique, ils avaient préparé des plats de leur pays, qu’ils
ont partagés. Beaucoup de personnes ont été impressionnées par cette largesse.
Leur arrivée parmi nous nous sollicite aussi : ils ne parlent pas
français alors qui donnerait du temps pour les aider à apprendre ? Pour
les visiter, leur faire découvrir notre région ? Les conduire à Marseille un
dimanche, pour qu’ils puissent participer à leur liturgie à la paroisse chaldéenne
? Recevons d’eux toute cette richesse de l’Orient et partageons ce
que nous pouvons donner.
■ Roger, condamné à mort
Lettre adressée à des militants de
l’ACAT (Action des chrétiens pour
l’abolition de la torture et de la peine
de mort), par Roger, condamné à
mort aux Etats-Unis :
« Vous avez fait briller le soleil dans
cette vieille prison du couloir de la
mort. Mes amis, même si mon temps
arrive à son terme, je veux que vous
sachiez que mon existence aurait été
insignifiante si vous ne m’aviez pas
aidé à vivre jusqu’à la fin. »
Petite sœur de Jésus
Les migrants, richesse d’une nation
« Il faut tout faire pour que les migrants participent, avec leur
propre héritage, au bien commun culturel, spirituel, humain de
l’ensemble national auquel ils s’agrègent. Cela suppose ouverture,
respect mutuel, dialogue, échange. Ceux qui les accueillent doivent
comprendre les exigences du partage et du respect en bannissant tout
esprit de suffisance, d’orgueil, d’égoïsme. »
Jean Paul II - le 17 octobre 1985
Congrès mondial de la pastorale de l’émigration,
A l’ASTI
Stupeur et tremblements
Une jeune indienne s’est pendue avec
son sari après avoir tué sa fille handicapée
! Parmi ceux qui lui apprenaient
la langue française, personne n’a compris.
Derrière son sourire se cachait une
grande détresse due à trop de solitude,
trop d’humiliations dans sa famille.
Ce fait divers a profondément touché
l’équipe de l’ASTI qui, depuis, est attentive
à donner du temps à la parole et
à l’écoute.
A Alleins
Cueilleuses latinos
D’où viennent les cueilleuses de
fraises ? Neuf heures de travail par
jour, six jours sur sept, un logement
dans des algécos. Et la saison
des fraises finie, elles
passent à d’autres productions,
attendant le moment
de retrouver leur mari et de
repartir deux mois dans leur
pays. Difficile de rencontrer
ces dizaines de femmes
venues d’Amérique Latine,
mais pas impossible pour
qui s’en donne la peine.
Comme Monique.
A Port-de-Bouc
Marins de tous pays
Un marin roumain, un vrai costaud, a
eu besoin de l’aide d’un bénévole du
Seaman’s club de Port-de-Bouc pour
envoyer deux mandats. Le marin a
voulu donner au bénévole le reste de
son argent pour le dédommager des
frais. Celui-ci lui a proposé de donner
cet argent aux enfants de son pays. Il a
fait pleurer « cette armoire à glace » !
17
Le P. Desplanches et la famille irakienne
EAA n°59 - Novembre 2012

EAA n°59 - Novembre 2012
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À l’hopital Monteperrin
DIACONIA 2013 « Santé - Handicap »
Aumônier à Montperrin
L’écoute pour alléger le fardeau
Parce que «les maladies psychiques mettent les patients face à un
abîme de doutes et de peurs » Christine Pajon a voulu que l’aumônerie
de l’Hôpital psychiatrique Montperrin, située dans le bâtiment dédié
aux arts contemporains, soit un lieu de vie et de joie.
Seigneur, mon Dieu et mon salut,
Dans cette nuit où je crie en ta présence,
que ma prière parvienne jusqu’à toi,
Ouvre l’oreille à ma plainte.
Car mon âme est rassasiée de malheur,
et ma vie est au bord de l’abîme (...)
Enfermé je n’ai pas d’issue
à force de souffrir, mes yeux s’éteignent.
Je t’appelle, Seigneur tout le jour, je tends les
mains vers toi...
Extrait du psaume 87
Michèle Taddei
Là, l’écoute n’est ni cultuelle, ni thérapeutique, même si
l’action qu’elle conduit est soutenue par la foi et si elle
aide à, sinon guérir, du moins trouver un sens à la maladie
psychiatrique. Parfois, la prière jaillit mais elle n’est
pas imposée, elle s’impose d’elle-même. La messe dominicale
(célébrée le vendredi !) et les temps de prières,
c’est dans la chapelle de l’hôpital que ça se passe...
Avant Montperrin, Christine avait en charge l’aumônerie
d’une maternité, à Nancy. Elle y côtoyait le questionnement
des parents qui venaient de perdre un enfant, né ou
à naître. Là, elle a découvert ce qu’elle ne sait nommer
- un talent, une vocation, une grâce ? - la capacité à
« accompagner ». Pour ce poste aixois, elle est devenue
psychanalyste afin de comprendre les rouages de la maladie,
l’angoisse des patients devant ces « autres » qu’ils
sont devenus : « Ceux qui poussent la porte du bureau
m’apportent leurs souffrances et, souvent, leur solitude
: pour pouvoir les aider, il faut que je leur donne de
l’attention bien sûr mais aussi un peu d’air du dehors,
un peu de vie « de l’extérieur », un peu d’humour... »
D’autant qu’il n’y a aucun autre espace de parole « non
thérapeutique » dans la structure.
Tous les deux ans,
Christine Pajon
emmène une dizaine
de patients
à Lourdes, pour le
pèlerinage diocésain,
accompagnée
dans sa démarche
par le Secours Catholique.
Cette
maman de cinq enfants met toutes ses actions entre les
mains de Dieu : « Une infime partie de ceux qui viennent
sont là parce que c’est un lieu catholique, la plupart
viennent pour poser leur fardeau. Chaque fois que
je suis face à un nouveau venu, je pense à la religieuse à
laquelle j’ai succédé à la maternité de Nancy qui, avant
d’entrer dans une chambre, avait coutume de dire: « Je
suis arrivée devant une porte, je vais l’ouvrir, après ce
sera à Dieu de jouer... » Et Il répond toujours présent ! »
Christine Pajon, 2 e à gauche

■ « Tendre la main qu’on m’a tendue »
A 26 ans, Rémy a déjà vécu plusieurs vies. Celle d’un enfant
entouré de l’affection des siens. Celle d’un adolescent en
rupture. Dépression, perte de la foi, alcool, drogue, avec des
descentes vertigineuses vers la destruction. Jusqu’à sa rencontre
avec les sœurs de la Visitation de Tarascon, puis avec la
fraternité Eucharistein. Dans cette communauté franciscaine
qui s’est donnée pour mission d’accueillir des personnes en
souffrance, Rémy par la prière, par le travail manuel, s’est reconstruit.
Il a retrouvé sa vie et un but : tendre la main qu’on lui
a tendue. « Avant », il voulait devenir éducateur spécialisé, il va
partir bientôt à Madagascar, s’occuper
d’enfants emprisonnés :
« Je veux témoigner que Dieu
n’oublie personne, qu’Il peut
permettre à ceux qui souffrent
de redevenir vivants, plus forts.
Dieu m’a aidé, je souhaite Le remercier
en me mettant au service
des autres ». Rémy partage son
engagement avec sa fiancée qui
l’accompagnera à Madagascar.
Ensemble, ils se souviennent que
Eucharistein veut dire, en grec,
« rendre grâce ». Michèle Taddei
Rémy Témoignages
■ Sophie au chevet de Marie-Louise
Mère de famille de 56 ans, habitant à Peynier, Sophie est cadre
supérieur. Elle visite depuis 5 ans des personnes dépendantes à
Fuveau. Une révélation et une source de joie.
« J’ai rejoint le service évangélique des malades, au moment
où, à la recherche d’emploi, j’ai dû faire un break dans ma
carrière professionnelle. Cela s’est fait naturellement. Je dois
dire que j’ai été sensibilisée par notre histoire familiale, en
accompagnant mon père en fin de vie et mes beaux-parents
dans leur maison de retraite. Ce mystère de la fin de vie me
touche beaucoup.
Aujourd’hui, je visite une merveilleuse dame de 95 ans, le
lundi. Je vais tout d’abord me recueillir à l’église, vider ma
tête de mes préoccupations professionnelles. Chez elle, cela
commence toujours par un échange amical ; je lui donne des
nouvelles de la paroisse, du village. Puis nous nous confions
ensemble au Seigneur, nous lisons l’Évangile et j’en fais un
commentaire. Puis je lui donne la communion devant le petit
autel qui a été dressé.
Cette prière partagée est un moment intime, intense. C’est le
Christ que je vois en Marie-Louise qui m’apporte beaucoup
dans ma vie de foi. Je ressors chaque fois de cette visite très
sereine. »
Recueilli par J.-C. E
■ « J’ai appris à écouter »
« J’étais bénévole à la Croix-Rouge, mais l’antenne de mon
secteur a fermé. Parce que j’étais invalide, je suis donc restée
quelques années un peu en retrait de la société, n’osant pas me
mêler aux autres. Ensuite est arrivée, inévitable, la descente
aux enfers. A la maladie s’est ajoutée la pauvreté. J’avais des
enfants à élever et à nourrir, mais pas assez de courage pour
demander de l’aide, pas assez d’humilité sans doute aussi. Il
y a toujours un peu de honte à frapper aux portes des associations.
Une rencontre a tout changé. J’ai accepté le soutien
qu’on m’offrait. Etre bénévole, je connaissais ; là, j’ai découvert
qu’on pouvait accepter la main tendue. J’ai été aidée et
je suis redevenue aidante. Pour l’avoir vécu, je sais ce que
le désespoir veut dire.
Je donne ce que je peux,
un sourire, la chaleur
humaine, du réconfort.
J’ai trouvé le plaisir de
donner, une revalorisation.
J’ai appris à écouter
et à parler. J’ai compris
ce que voulaient
dire « solidarité » et «
humanité ». Etre bénévole
prend du temps,
certes, mais enrichit
vraiment ma vie et lui
donne un sens. »
19
Marie-Louise, avec Michel-Antoine, diacre
EAA n°59 - Novembre 2012

EAA n°59 - Novembre 2012
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DIACONIA 2013 « Santé - Handicap »
Handicapés
■ Quand les éducateurs
ne sont pas ceux qu’on croit
« Ici, on parle de personnes porteuses
de handicap » précise d’emblée
Monique, catéchiste depuis 25
ans en Arles. Une façon de bien faire comprendre que l’être
humain prime sur son handicap. Le ton est donné ! Aujourd’hui,
les enfants de l’IME de Fontvieille ont grandi
: ils sont soit en formation dans un IMPRO (Institut
Médico-Professionnel) soit dans un foyer de vie pour
adultes. Pas question de les abandonner. Monique continue
de les accompagner dans des groupes de partage où
il ne s’agit pas d’intellectualiser mais de partir de leurs
expériences de vie. « Il est vrai qu’ils ne sont pas tous
très doués pour résoudre les problèmes de maths ou
pour réciter les Fables de La Fontaine ; en revanche, au
cours de nos rencontres ils se montrent particulièrement
brillants dans la prière et l’écoute des autres » témoigne
Sabine qui participe à l’aventure des Ravis de Bernadette
à Salon, un groupe qui réunit des adultes porteurs ou non
d’un handicap.
Les témoignages sont unanimes pour dire leur soif de
vie spirituelle. « Quand ils disent « Jésus est mon ami »
cela a du sens et même leur visage se transfigure » ,
« Père , je te bénis d’avoir caché cela aux
sages et aux intelligents et de l’avoir révélé
aux tout-petits »
explique Monique. « Ils parlent avec tout leur corps, et
pour certains, c’est la seule façon de s’exprimer. Avec
eux, je fais l’expérience de la présence de Dieu ». Sabine
témoigne, à sa façon de leur enthousiasme et de leur
attention à l’Évangile : « J’ai été témoin d’une extraordinaire
réconciliation entre deux personnes de notre
groupe. Ce qui se déroulait sous nos yeux nous dépassait.
Dieu était à l’œuvre au cœur de ces personnes que
l’on dit vulnérables et qui ont montré la force que peut
donner l’Esprit Saint ! »
Monique et Sabine, et avec elles toutes les personnes
impliquées dans l’accompagnement des personnes porteuses
de handicap, ne cherchent pas à mesurer l’aide
qu’elles apportent mais sont très conscientes de tout ce
qu’elles reçoivent. « J’espère faire avec eux encore un
bon bout de chemin, conclut Sabine, certaine qu’ils sont
pour moi d’excellents éducateurs à la sagesse et à la
patience ! » Francette Bon-Mardion
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Les Ravis de Bernadette, 3 octobre 2011

DIACONIA 2013 « Liturgie »
Jean-Loup Brun
L’étole diaconale
Signe de l’humanité qui souffre et espère
L’étole que je porte depuis 12 ans comme diacre est pour moi le signe
du bonheur de ma rencontre avec Dieu en même temps que l’humble
partage avec des hommes et des femmes en quête de sens.
l’autel, en tenue liturgique, je suis là silencieux,
À avec mes frères et pour mes frères, comme plombés
au sol par le poids des soucis et des misères, que je
porte avec eux, comme eux. Dans le même temps, je me
tourne vers le Seigneur, en élevant mon cœur vers
Quelques références de textes bibliques
Vivre le lavement des pieds : Jean 13, 14-15 :
« Si je vous ai lavé les pieds, c’est pour que vous
fassiez comme moi, j’ai fait pour vous. »
Vivre la fraternité : Gn 1, 26-31. Jn 15, 12-16.
Jn 15, 9-12. Jn 1, 19. Jn 4, 7-9. Romains 12, 14-18. 1
Co 13 et 14.
« Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez
fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à
moi que vous l’avez fait. » Mat. 25, 34-40
Autant de textes qui permettent de célébrer le frère
en paroisse ou seul, de partager ses questions et expériences,
à la lumière de l’Ecriture.
Vivre aussi la rencontre par le mime, entre jeunes et
adultes. ou l’expression corporelle.
lui dans la foi en son amour inlassable.
Entre ciel et terre, mon étole exprime
ces deux tensions, cette déchirure
qui passe par le cœur. La déchirure
de l’humanité qui souffre et espère.
Mais l’étole de travers me rappelle
aussi le harnais des porteurs de faits,
celui des dockers qui passaient la
sangle de leur charge sur l’épaule opposée.
Le diacre n’est-il pas celui qui
amène dans son sac le poids de toutes
les peines, les souffrances, mais aussi
les joies de ses frères… au plus près
du corps et du sang du Seigneur, versé
pour notre salut ?
« Ce qui montrera à tous les
hommes que vous êtes mes disciples,
c’est l’amour que vous aurez
les uns pour les autres. » Jn, 13, 34
■ Méditation sur la rencontre
Jean-Loup Brun
Diacre
Osons la fraternité… Nous avons surement rencontré le
visage du Christ dans celui d’un frère, du prochain ? Diaconia
2013 s’appuie sur cette expérience. Une rencontre
décisive, bouleversante, qui fait que, dans ma relation
à Dieu et aux autres, plus rien n’est comme avant. Mes
yeux voient ce qu’ils ne voyaient pas, mon cœur comprend
ce qui ne l’atteignait pas. Dieu vivant en nous,
nous fait voir et aimer l’exclu que nous ne voyions pas. Il
nous fait être solidaires de sa condition. Cette rencontre
fait que cet ami ne se côtoie pas seulement à la messe du
dimanche, mais à tout instant. Que le pauvre me renvoie
à ma propre pauvreté, que ses blessures me renvoient à
mes propres blessures et me fait marcher, à ses côtés,
dans la tendresse humble rassurante d’un autre sauvé.
« Aimer c’est tout donner, c’est se donner soi-même. »
Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus.
21
EAA n°59 - Novembre 2012

EAA n°59 - Novembre 2012

DIACONIA 2013 « Pratique »
Basilique du Rosaire
L
’Ascension
2013 sera le
point d’orgue de
la démarche avec
ce rassemblement
national voulu
par nos évêques.
Mais ce ne sera
pas l’ultime étape
de la démarche.
Les deux premières années de Diaconia ont été consacrées
à la collecte de témoignages - regroupés dans les livres
blancs diocésains des « Fragilités et des merveilles » (voir
notre site www.aixarles.catholique.fr) - ainsi qu’à une
réflexion sur la façon dont les célébrations liturgiques et
la préoccupation du frère se nourrissent mutuellement.
Lourdes 2013 pourquoi ?
- Pour favoriser la rencontre de l’autre avec sa différence
- Pour vivre une expérience de fraternité et de partage de foi
- Pour mutualiser les expériences vécues dans la démarche
Diaconia et échanger
- Pour être force de propositions dans sa communauté
comme au coeur de la société
Lourdes 2013 comment ?
Au cours des trois jours seront proposés des temps de
célébrations, d’échanges, de fête et de recueillement.
Des forums permettront à chacun d’expérimenter la coconstruction
à partir de la prise de parole des personnes
en situation de fragilité. Le village de la rencontre, installé
au coeur des sanctuaires de Lourdes, accueillera de
nombreuses animations et ateliers.
Dans le contexte des réflexions menées par la Conférence
des Évêques de France sur l’écologie, le rassemblement
se construit dans une démarche « éco-responsable », en
partenariat avec la Ville de Lourdes et des acteurs locaux.
Comment accepter de changer nos manières de
consommer, pour un vrai « vivre ensemble » ? Ce sera
une dimension essentielle de ce rassemblement.
Objectif Lourdes
Du 9 au 11 mai, des milliers de catholiques
de France mettront en commun à Lourdes leurs
expériences et, surtout, les solutions concrètes
proposées par chaque diocèse, mouvement,
groupe, association ou particulier pour enrichir
la communauté chrétienne.
Lourdes 2013 avec qui ?
Les inscriptions se font par diocèse, y compris pour les
mouvements, les services et les instituts de vie consacrée.
Pour permettre à des personnes en situation de fragilité
d’y être acteurs, des actions locales et nationales
de recherche de financement se mettent progressivement
en place.
Aix-Arles en marche
- Notre diocèse prévoit une délégation de 100 personnes,
avec un départ le 8 mai et un retour le 11 après-midi. Des
bulletins d’inscription vont circuler dans les paroisses et
sur le site diocéain. Les personnes intéressées doivent
répondre par courrier. Prix du déplacement : 280 euros
payables en trois fois.
Inscriptions (par voie postale uniquement) auprès du délégué
diocésain à la diaconie, Jean-Marie Chellai
Maison diocésaine - 7, cours de la Trinité - 13625 Aix cedex 01
diaconie@aixarles.cef.fr / Tél. : 04 42 17 59 01
- Mais c’est aussi l’occasion pour tous les diocésains
d’accompagner la démarche, ici en Provence, par des
initiatives de toutes sortes : tables ouvertes, rencontres,
spectacles, célébrations, réflexions en aumôneries, enquêtes…
Et d’enrichir ainsi notre Livre des Merveilles.
Pour aller plus loin
www.diaconia2013.fr et www.aixarles.caholique.fr
Des publications
- Les cahiers de l’Atelier n°530 :
« Diaconie et Parole »
- Les cahiers de l’Atelier n° 534 :
« Célébrer la diaconie »
- Hors-série La Vie
« Le service du frère, une expérience de foi »
- Hors-série Prions en Église
« Parole de Dieu, service du frère »
- Hors-série Magnificat
« Célébrer, servir »
23
EAA n°59 - Novembre 2012

24
Rencontre avec...
Eglise d’Aix et d’Arles
Novembre 2012
Revue n°59
Lionel Castanier, médecin et diacre
« Au service de la pauvreté physique et morale »
Retrouvez la vidéo de cet entretien
sur notre site aixarles.catholique.fr
Vous partagez votre temps entre l’hôpital et
l’Eglise. Cela doit demander une grande disponibilité
?
Effectivement, il en faut pour ces deux vocations
qui sont assez liées et ont le bonheur de s’harmoniser.
Les diacres sont les serviteurs des pauvres.
Être médecin, c‘est pour moi être au service de
cette pauvreté physique ou morale. J’ai beaucoup
de chance par rapport à d’autres diacres, car mon
métier s’insère dans ma vocation.
Médecin, est-ce une vocation précoce ?
Si je vous dis la vérité… Au départ je voulais être
vétérinaire ! Ma mère était médecin et, la voyant
trop absente, cela m’a refroidi de faire pareil.
Mais comme « les chiens ne font pas des chats »,
vous voilà médecin comme maman !
C’est un peu plus compliqué que ça. Quand je suis
rentré d’Abidjan où mes parents résidaient, pour
aller à Paris faire des études de « véto », j’ai traversé
une année de désert. C’est alors que je me suis
tourné vers Dieu. J’ai beaucoup lu, dont un livre
de Mère Teresa qui a compté dans ma vie. Par ses
écrits, elle m’a transmis la vocation d’aller soigner
les Hommes.
Et pourquoi la médecine d’urgence ?
Propos recueillis par
Jean-Claude Escaffit
Médecin urgentiste à l’hôpital d’Aix-en-Provence, Lionel Castanier est aussi
diacre permanent du diocèse. « Sauveteur et serviteur » : deux activités
qu’il mène tambour battant. Rencontre avec un passionné de l’Evangile et
du prochain.
Je n’ai pas vraiment choisi. Cela m’est tombé dessus,
avec un médecin qui m’a transmis cette passion.
Cela correspond à mon caractère d’homme
d’action un peu turbulent, toujours en train de courir
! L’urgentiste doit s’adapter à une grande variété
de situations. Et il peut voir les résultats presque
immédiats de son action, en soulageant bien des
souffrances.
Mais si vous sauvez des vies, vous êtes confronté
à la souffrance et à la mort ?
On ne sauve pas des vies. Je crois qu’il n’y a que
le Seigneur. Avec toute une équipe médicale, nous
participons à la survie des personnes, nous les aidons
à passer un cap.
Mais plus que quiconque vous êtes confronté à
l‘échec, à la mort. Comment vivez-vous cela ?
J’éprouve toujours de la peine. La mort nous renvoie
à notre propre finitude. Mais cette fin, dans la
mesure où elle n’arrive pas prématurément, ne me
perturbe pas plus que cela. Nous autres médecins,
nous devrions être capables d’accompagner les
personnes qui sont au seuil de la mort.
La mort d’enfants, le malheur innocent, cela ne
vous a jamais perturbé ?
Bien sûr. Cela me met en colère… même après
Dieu ! Ma première réaction d’homme, c’est une
révolte intérieure. Mais on s’explique après avec
le Seigneur ! Je sais bien que Dieu n’est pas responsable
; il nous accompagne dans nos épreuves,
il nous aide à les vivre, à les traverser. Ce qui est
dur dans ce métier, ce n’est pas seulement de traiter
les pathologies des patients, mais d’accompagner
également les souffrances des familles.

Vous arrive-t-il de prier durant vos interventions
?
Tout le temps. En plus de ma prière quotidienne,
la liturgie des heures. Mon activité est une prière
permanente.
Dans le documentaire du Jour du Seigneur qui
vous est consacré, vous dites « être serviteur
auprès des malades et offrir cette vie au service
du corps souffrant ». Comment reliez-vous
votre métier à votre ministère dans l’Église ?
L’étincelle de départ,
c’est une phrase de
Mère Teresa : « Quand
je touche le corps de
ceux qui souffrent dans
leur cœur, dans leur
chair, je touche le corps
du Christ ». Pour moi
cela a été une révélation
: panser les
plaies du Christ
à travers l’autre.
J’ai ressenti son
appel concret :
Lionel, c’est là
que je t’attends.
C’est là qu’est
née ma vocation
de médecin.
Et votre vocation
de diacre ?
J’ai eu l’intuition
tout petit que je serai
un jour appelé au
service de l’Église. Il
y a eu des rencontres
fondamentales, comme avec les pères missionnaires,
en Afrique où j’habitais. Mais ma prise de
conscience s’est surtout faite à l’occasion de mon
service militaire en Polynésie française où j’ai été
accueilli par des diacres. Ils sont nombreux à avoir
des fidèles à servir dans les archipels. Quand je
suis rentré de l’armée, je me suis précipité dans le
bureau du P. Aliger qui était à l’époque le responsable
du service diaconal...
Comme célibataire, vous n’avez jamais pensé
au sacerdoce ?
Chaque vocation a sa spécificité. Le diaconat et la
médecine s’harmonisent. Je ne me vois pas laisser
tomber cette vocation médicale.
Le diaconat dans le célibat nourrit
ma vocation médicale et me
fait vivre entièrement donné.
Qu’est-ce qui est le plus stressant :
le sauvetage dans l’urgence ou
l’homélie à la cathédrale ?
Les deux sont très stressants !
Mais le stress me permet de
donner le meilleur de moimême.
Qu’avez-vous envie
de transmettre dans
vos homélies ?
L’humanité du Christ.
Moi qui suis très sensible
au corps humain
: l’incarnation.
Et dans votre milieu médical ?
Je vous rappelle que je travaille dans un hôpital
public. Et nous sommes tenus à en respecter la
laïcité.
Mais je suppose que vous êtes repéré ?
Rencontre avec...
Bien sûr, depuis 25 ans que je travaille au centre
hospitalier d’Aix… J’y suis entré comme interne.
Mes collègues savent que je suis porté par des
valeurs chrétiennes. C’est un témoignage sans
discours, de l’évangélisation passive en quelque
sorte… On me met aussi au courant chaque fois
que des religieux ou religieuses entrent à l’hôpital.
Comme d’ailleurs on vient me chercher pour des
personnes en souffrance d’autres religions. Je travaille
également beaucoup avec l’aumônier.
Comment sensibiliser les catholiques à la so-
www.aixarles.catholique.fr
lidarité, notamment dans le cadre de l’opéra-
site
tion Diaconia ?
notre
Notre société conduit à un individualisme forcené.
sur
Il y a beaucoup de chemin à faire à la fois dans
l’accueil, l’écoute et le témoignage avec des paroles
et des actes. Je suis frappé de voir dans ma
entretien cet
vie de diacre le nombre de gens qui ont besoin de
de
parler. On est dans une société qui crève de solitude.
Apprenons à retrouver le sens de la frater-
vidéo la
nité, de la communauté. Ce qui est aussi signifié
dans notre partage de la messe dominicale. Apprenons
en somme à nous aimer les uns les autres. Retrouvez
Revue n°59
Novembre 2012
Eglise d’Aix et d’Arles
25

26 Médias, culture & communication
Eglise d’Aix et d’Arles
Novembre 2012
Revue n°59
Livres
La bibliothèque diocésaine recommande
Pour une Eglise diaconale :
les chrétiens au service de la société
Antoine Sondag
DDB, 2012. 132 pages
Ce petit livre très accessible introduit aux enjeux
de Diaconia 2013. Antoine Sondag, prêtre du Secours
catholique, redit les fondements de cet enseignement
à la lumière de l’Écriture. Or celle-ci, affirme
l’auteur, est bien fidèle au Christ lorsqu’elle
est servante, « en posture de diaconie dans la société
» à travers ses mouvements et ses ONG.
« Elle est le prolongement de Jésus, son image,
son corps lorsqu’elle accomplit ce service ». C.T.
Diaconia. Le service dans la Bible
Cahiers de l’Evangile, mars 2012, n° 159
79 pages, 144 pages
Le terme « diaconie » caractérise une dimension
essentielle de la vie chrétienne. Ce dossier élargit
le propos à une réflexion sur les conséquences
Cinéma
Amour
de Michaël Haneke
Ce film, présenté au
Festival de Cannes, dominait
de très haut la
Sélection Officielle et
obtenait une Palme d’Or
méritée. C’est un film
français, tourné par un
réalisateur autrichien,
Michaël Haneke, qui
mérite notre attention
pour trois raisons.
D’abord et avant tout
pour ses qualités artistiques.
Haneke atteint
ici le sommet de son art.
Avec dignité et sobriété,
il suit un couple parisien
âgé, servi par des interprètes exceptionnels,
Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva,
tous deux bouleversants de vérité. Photographie,
couleurs, mise en scène sont splendides, avec la
note d’énigme chère à ce réalisateur.
concrètes du salut selon les Écritures : fin de la
servitude en Égypte et don de la vie en Christ selon
saint Paul. Une seconde partie invite à lire et
à méditer les textes fondateurs qui nous présentent
la figure du Christ serviteur. Claudette Tricoire
Le goût d’un monde solidaire
René Valette
Editions de l’Atelier 2011 - 144 pages
Comment s’engager pour
la solidarité sans prendre le
temps de se ressourcer ? Ancien vice-recteur de
l’Université catholique de Lyon, ex- président du
CCFD et des Amis de l’hebdo La Vie, René Valette
nous livre, à travers son parcours fort riche,
des repères spirituels et éthiques qui fondent tout
engagement. De la Bible aux défis planétaires
à relever, en passant par l’enseignement social
de l’Eglise, ce livre argumenté et pédagogique
éveille le désir de s’engager pour une terre solidaire.
Jean-Claude Escaffit
Car le film aborde une question majeure de nos
sociétés : le vieillissement, la grande dépendance,
l’approche de la mort. La vieille dame
est touchée par une maladie grave, mais elle fait
promettre à son mari de la garder à la maison.
On suit dès lors tous les gestes d’amour de ce
vieux couple, les soins quotidiens, l’attention à
la parole devenue difficile, l’usure progressive
de l’une, la fatigue de l’autre, tout cela avec retenue
et émotion.
Mais « Amour » soulève aussi la question brûlante
de l’euthanasie, et c’est pourquoi il sera
discuté. Ce n’est pas le rôle des artistes d’apporter
une réponse aux grandes questions d’éthique,
mais leur rôle peut être de les poser. Le choix fait
de garder sa femme à la maison conduit à méconnaître
l’existence des soins palliatifs, cette
thérapie si humaine pour conduire jusqu’au seuil
de la mort. Les œuvres d’art ne sont pas des leçons
de morale ; elles sont faites pour donner à
réfléchir.
Jacques Lefur

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et Maîtrise de l’eau
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et conduite des systèmes d’exploitation
Abonnez-vous Abonnement normal : 35 E - de soutien : 50 E
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Règlement par chèque bancaire ou postal à l’ordre de « Église d’Aix et d’Arles » à adresser à :
Église d’Aix et d’Arles, 7 cours de la Trinité, casier 16, 13625 Aix-en-Provence cedex 1 - Tél. : 04 42 17 59 05 - Fax : 04 42 17 59 94 - Courriel : eaa@aixarles.cef.fr

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