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Rencontre avec...<br />
Eglise d’Aix et d’Ar<strong>le</strong>s<br />
Novembre 2012<br />
Revue n°59<br />
Lionel Castanier, médecin et diacre<br />
« Au service de la pauvreté physique et mora<strong>le</strong> »<br />
Retrouvez la vidéo de cet entretien<br />
sur notre site aixar<strong>le</strong>s.catholique.fr<br />
Vous partagez votre temps entre l’hôpital et<br />
l’Eglise. Cela doit demander une grande disponibilité<br />
?<br />
Effectivement, il en faut pour ces deux vocations<br />
qui sont assez liées et ont <strong>le</strong> bonheur de s’harmoniser.<br />
Les diacres sont <strong>le</strong>s serviteurs des pauvres.<br />
Être médecin, c‘est pour moi être au service de<br />
cette pauvreté physique ou mora<strong>le</strong>. J’ai beaucoup<br />
de chance par rapport à d’autres diacres, car mon<br />
métier s’insère dans ma vocation.<br />
Médecin, est-ce une vocation précoce ?<br />
Si je vous dis la vérité… Au départ je voulais être<br />
vétérinaire ! Ma mère était médecin et, la voyant<br />
trop absente, cela m’a refroidi de faire pareil.<br />
Mais comme « <strong>le</strong>s chiens ne font pas des chats »,<br />
vous voilà médecin comme maman !<br />
C’est un peu plus compliqué que ça. Quand je suis<br />
rentré d’Abidjan où mes parents résidaient, pour<br />
al<strong>le</strong>r à Paris faire des études de « véto », j’ai traversé<br />
une année de désert. C’est alors que je me suis<br />
tourné vers Dieu. J’ai beaucoup lu, dont un livre<br />
de Mère Teresa qui a compté dans ma vie. Par ses<br />
écrits, el<strong>le</strong> m’a transmis la vocation d’al<strong>le</strong>r soigner<br />
<strong>le</strong>s Hommes.<br />
Et pourquoi la médecine d’urgence ?<br />
Propos recueillis par<br />
Jean-Claude Escaffit<br />
Médecin urgentiste à l’hôpital d’Aix-en-Provence, Lionel Castanier est aussi<br />
diacre permanent du diocèse. « Sauveteur et serviteur » : deux activités<br />
qu’il mène tambour battant. Rencontre avec un passionné de l’Evangi<strong>le</strong> et<br />
du prochain.<br />
Je n’ai pas vraiment choisi. Cela m’est tombé dessus,<br />
avec un médecin qui m’a transmis cette passion.<br />
Cela correspond à mon caractère d’homme<br />
d’action un peu turbu<strong>le</strong>nt, toujours en train de courir<br />
! L’urgentiste doit s’adapter à une grande variété<br />
de situations. Et il peut voir <strong>le</strong>s résultats presque<br />
immédiats de son action, en soulageant bien des<br />
souffrances.<br />
Mais si vous sauvez des vies, vous êtes confronté<br />
à la souffrance et à la mort ?<br />
On ne sauve pas des vies. Je crois qu’il n’y a que<br />
<strong>le</strong> Seigneur. Avec toute une équipe médica<strong>le</strong>, nous<br />
participons à la survie des personnes, nous <strong>le</strong>s aidons<br />
à passer un cap.<br />
Mais plus que quiconque vous êtes confronté à<br />
l‘échec, à la mort. Comment vivez-vous cela ?<br />
J’éprouve toujours de la peine. La mort nous renvoie<br />
à notre propre finitude. Mais cette fin, dans la<br />
mesure où el<strong>le</strong> n’arrive pas prématurément, ne me<br />
perturbe pas plus que cela. Nous autres médecins,<br />
nous devrions être capab<strong>le</strong>s d’accompagner <strong>le</strong>s<br />
personnes qui sont au seuil de la mort.<br />
La mort d’enfants, <strong>le</strong> malheur innocent, cela ne<br />
vous a jamais perturbé ?<br />
Bien sûr. Cela me met en colère… même après<br />
Dieu ! Ma première réaction d’homme, c’est une<br />
révolte intérieure. Mais on s’explique après avec<br />
<strong>le</strong> Seigneur ! Je sais bien que Dieu n’est pas responsab<strong>le</strong><br />
; il nous accompagne dans nos épreuves,<br />
il nous aide à <strong>le</strong>s vivre, à <strong>le</strong>s traverser. Ce qui est<br />
dur dans ce métier, ce n’est pas seu<strong>le</strong>ment de traiter<br />
<strong>le</strong>s pathologies des patients, mais d’accompagner<br />
éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s souffrances des famil<strong>le</strong>s.