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■ Étudiants<br />
au Samu social<br />
« La température de son corps atteignait dangereusement<br />
cel<strong>le</strong> du sol gelé… Si nous n’avions pas été là, il<br />
ne passait pas la nuit ». Cette phrase glaçante de Christophe,<br />
étudiant de 22 ans, décrit pourtant une triste réalité,<br />
cel<strong>le</strong> de ces froides nuits d’hiver au cours desquel<strong>le</strong>s<br />
la météo prend <strong>le</strong> dessus<br />
sur la vie des sans-abris.<br />
Depuis un an, l’aumônerie<br />
étudiante du Saint-<br />
Esprit d’Aix apporte son<br />
concours au SAMU social<br />
chaque vendredi.<br />
La soirée débute par<br />
la distribution de plats<br />
chauds à la permanence de la Rotonde. Après 22h s’ensuivent<br />
<strong>le</strong>s maraudes dans <strong>le</strong>s rues. « Nous donnons de<br />
la nourriture et des couvertures à ceux que nous avons<br />
repérés, mais ce dont ils ont <strong>le</strong> plus besoin, c’est d’être<br />
écoutés, poursuit Christophe, retrouver un peu d’humanité<br />
dans cette vil<strong>le</strong> où ils errent à peine frôlés par <strong>le</strong>urs<br />
semblab<strong>le</strong>s. Nous rencontrons beaucoup de jeunes virés<br />
de chez <strong>le</strong>urs parents ou <strong>le</strong>urs conjoints, terrifiés à l’idée<br />
de devoir mendier pour survivre. Certains ont un travail<br />
et sont parfaitement insérés dans la société, mais dorment<br />
dans <strong>le</strong>ur voiture. Parfois, <strong>le</strong>s rencontres sont étonnantes,<br />
comme cel<strong>le</strong> de cet homme bien mis, s’exprimant<br />
dans un langage châtié. Je l’aurai croisé dans un autre<br />
contexte, impossib<strong>le</strong> de soupçonner qu’il était SDF. Mais<br />
quel<strong>le</strong> joie partagée quand on apprend à un SDF qu’une<br />
place s’est libérée dans un foyer ! » S. L.<br />
« Seigneur Jésus, je viens te demander pardon<br />
pour tout <strong>le</strong> mal que j’ai pu commettre autour<br />
de moi, de ce que j’ai gardé de rancune, de ce<br />
que j’ai été haineux.<br />
Oui, je suis rempli de colère, oh Jésus, pardonne<br />
moi et remplis mon cœur de ton amour pour que<br />
moi aussi je sois capab<strong>le</strong> de pardonner à toutes ces<br />
personnes qui tout <strong>le</strong> temps me frustrent, me manquent<br />
de respect, me méprisent ».<br />
Prière d’un détenu<br />
■ Un lieu transitoire vers <strong>le</strong> parloir<br />
Diffici<strong>le</strong>ment supportab<strong>le</strong> de voir ces mamans attendre<br />
sous la pluie avec <strong>le</strong>urs enfants pour accéder au parloir<br />
des prisons. Pour pallier cette absence de « lieu transitoire<br />
», des associations ont créé, il y<br />
a une vingtaine d’années, des foyers<br />
d’accueil pour <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s de détenus,<br />
lieu de décompression pour éviter<br />
la claustrophobie liée à l’univers<br />
carcéral. Ce sont la Halte Vincent à<br />
Luynes, <strong>le</strong> Centre d’Accueil des Parloirs<br />
à Salon, L’Amandier à Ar<strong>le</strong>s et<br />
Espoir et Avenir à Tarascon.<br />
Prison de Salon<br />
Andrée, retraitée, bénévo<strong>le</strong> au CAP depuis 2000 est<br />
particulièrement fière du foyer de Salon : « Il est magnifique.<br />
Ce sont <strong>le</strong>s prisonniers qui l’ont décoré sur <strong>le</strong><br />
thème du Roi Lion. Et nous, nous tentons d’y apporter<br />
un peu de cha<strong>le</strong>ur et de convivialité face à la détresse<br />
abyssa<strong>le</strong> que rencontrent ces famil<strong>le</strong>s. Il y a ces jeunes<br />
femmes seu<strong>le</strong>s avec des bébés et ces parents qui se demandent<br />
de façon lancinante ce qu’ils ont raté pour en<br />
arriver là. Par une présence discrète, nous <strong>le</strong>s écoutons<br />
sans juger ni pénétrer dans <strong>le</strong>ur intimité. Parfois<br />
nous sommes impuissants face à la souffrance qui <strong>le</strong>s<br />
submerge. Parfois nous nous réjouissons quand une famil<strong>le</strong><br />
nous annonce fièrement qu’el<strong>le</strong> ne reviendra plus<br />
ou quand <strong>le</strong>s yeux d’enfants pétil<strong>le</strong>nt à l’idée de voir<br />
papa pendant une permission. »<br />
■ Quitter la prostitution<br />
Sophie Lecomte<br />
« Pour quitter la prostitution, il faut que nous rencontrions<br />
des gens qui nous aiment assez pour que nous<br />
puissions nous aimer nous-mêmes. » Marina.<br />
« Chers amis du Mouvement du Nid qui m’avez aidée à<br />
faire <strong>le</strong> pas. Vous avez eu confiance en moi. Vous m’avez<br />
crue quand je vous ai dit : « Je veux arrêter ». Cette<br />
confiance, je ne l’oublierai jamais ; el<strong>le</strong> m’a propulsée<br />
en avant ». Florence<br />
15<br />
Halte Vincent à Luynes<br />
EAA n°59 - Novembre 2012