Identité chrétienne-Identité soignante - Polyclinique Saint-Laurent
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puis dit: « Je viens vous voir. J’ai commencé mon boulot ce matin ; vous êtes le premier que je viens<br />
voir car sans vous je ne serais plus de ce monde. »<br />
Aujourd’hui, je ne peux donner que de mon superflu. La seule chose que je puisse donner de mon<br />
essentiel, c’est du temps. Donner du temps, au risque de se faire dire que l’on perd son temps, c’est<br />
ce que nous pouvons donner de mieux. Donner de son essentiel.<br />
Verset 35 : « tirant 2 pièces d’argent il les donna à l’aubergiste et lui dit : « prends soin de<br />
lui… »..Partir et transmettre. Ne pas imposer aux autres les contraintes de sa bonne action ; ne pas<br />
être généreux de la générosité des autres et pourtant savoir partir et passer la main ; savoir ne pas<br />
attendre de retour d'un acte de compassion, ne pas aller jusqu'au bout et laisser peut-être à un autre<br />
les fruits de la reconnaissance. C'est justement là la juste distance et l’équilibre du temps à donner.<br />
C’est très difficile et ne peut se faire sans une vie d’équipe ou règne la collégialité. La collégialité, qui<br />
n’exclut pas l’autorité et la hiérarchie - est primordiale dans la pratique du soin pour un chrétien. Ceci<br />
est illustré par l’organisation actuelle des unités de soins palliatifs ou la concertation quotidienne<br />
favorise la cohésion d’une équipe et le soin aux patients.<br />
Ainsi il me souvient d’une décision clinique difficile prise par l’un de nous sans concertation, mais pas<br />
sans raison. Le résultat ne fut pas à la hauteur des espoirs et toute l’équipe en a souri. Si cette<br />
décision avait été expliquée et partagée (elle était bonne), l’échec aurait été vécu plus<br />
fraternellement.<br />
Il me souvient aussi de cette patiente en fin de vie à laquelle j’étais très attaché au point de revenir<br />
toutes les 5 minutes dans le service pour « bricoler » le traitement. La confiance et paradoxalement le<br />
respect, donc la possibilité de s’écouter a permis à une infirmière, nettement plus jeune que moi de<br />
me dire : « Ce n’est ni votre mère, ni votre fille, ni votre femme : fichez-nous la paix ! »<br />
Verset 36 « Lequel des trois à ton avis s’est montré le prochain de l'homme qui était tombé sur des<br />
bandits. »<br />
Le légiste a demandé qui est mon prochain. Par cette réponse le Christ situe le légiste comme étant<br />
le malade ! Avec beaucoup de tact. Jésus essaye de lui faire comprendre que c'est lui le malade ; le<br />
juste endurci.<br />
Par ailleurs Jésus a inversé les rôles : ce n'est pas le soignant qui se bombarde prochain, c'est le<br />
malade qui choisit son prochain : c'est moi qui suis le prochain du malade et non pas le malade qui<br />
est mon prochain.<br />
Rappelons l’expérience des piscines de Lourdes et le saisissement que représentent ces personnes<br />
qui se laissent mettre à nu par des inconnus pour présenter leur confiance et leur fragilité à Dieu<br />
par l’intercession de leur Mère du ciel : Vraiment on ne sait pas ici qui est le prochain de l’autre et<br />
lequel accepte de se faire proche. Cette expérience est un guide dans ma vie professionnel : lorsque<br />
l’on éprouve ceci dans la relation on est peut-être juste.<br />
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