Télécharger - Syndicat professionnel des ingénieurs d'Hydro-Québec
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Équipements : « Si tu organises cette maîtrise en deux<br />
mois, je te donne le fric ». Don McGillis, un ancien de<br />
la Shawinigan Water and Power Company et un <strong>des</strong><br />
pères du 735 kV, connaissait tous les professeurs<br />
spécialisés à travers le monde. Elle côtoyait aussi Gilles<br />
Baril et Gilles Sauvé (RSW). À ce moment-là, on<br />
mettait en service le réseau de la Baie James. Après<br />
avoir complété sa maîtrise, elle travaillera sur de<br />
nombreux dossiers majeurs, dont la première<br />
interconnexion à courant continu (CC) à Châteauguay<br />
qui permettait <strong>des</strong> échanges avec nos voisins du sud;<br />
les grands automatismes de réseaux tels que<br />
Manœuvre automatique d’inductance shunt (MAIS) et<br />
Rejet de production et télédelestage de charge (RPTC),<br />
le projet d’Amélioration de la Fiabilité du Réseau de<br />
Transport (AFRT).<br />
Pour elle, l’obstacle le plus important dans les années<br />
1970 était d’être une femme. Cela s’est atténué à<br />
partir de 1978 et pouvait même devenir un avantage<br />
puisque les femmes étaient peu nombreuses. Par<br />
contre, elle a vécu un enfer à GE, certains <strong>ingénieurs</strong><br />
ne toléraient pas de femme au bureau. Il y avait aussi<br />
<strong>des</strong> malaises lors de ses étu<strong>des</strong> à l’École<br />
Polytechnique. Certains hommes pensaient que les<br />
femmes réussissaient parce qu’elles avaient de<br />
l’intuition…<br />
La tuerie survenue à l’École Polytechnique en 1989 l’a<br />
« jetée à terre ». Elle a suivi beaucoup de cours à cet<br />
endroit, et elle donnait même <strong>des</strong> cours lorsqu’elle<br />
faisait sa maîtrise en génie nucléaire. Il lui a fallu <strong>des</strong><br />
mois à « passer par-<strong>des</strong>sus » ce triste épisode de notre<br />
histoire.<br />
Durant cette longue carrière, un <strong>des</strong> changements<br />
importants qu’elle a observé est la dévalorisation de la<br />
fonction d’ingénieur et la complexification de la tâche.<br />
C’est le même phénomène dans les infrastructures :<br />
on ne s’en occupe pas, on a le sentiment que tout se<br />
fait par ordinateur, qu’on n’a plus besoin de penser<br />
alors que c’est beaucoup plus difficile parce qu’il y a<br />
beaucoup plus d’informations et il faut faire le tri. On<br />
est moins conscient de l’impact du travail de<br />
l’ingénieur sur les coûts d’investissement <strong>des</strong> projets.<br />
C’est le syndrome du plombier : parce qu’on n’a plus<br />
de pannes, on n’en parle plus, mais lorsque ça ne<br />
coule plus, tu es dans le trouble! Lors du verglas en<br />
janvier 1998, tout le monde a compris à quoi servaient<br />
les <strong>ingénieurs</strong>.<br />
Du côté syndical, elle a aussi vu <strong>des</strong> changements.<br />
Dans les années 1980, on était <strong>des</strong> militants, et il n’y<br />
avait pas de problèmes de quorum, il y avait de gros<br />
dossiers. On a perdu beaucoup de terrain depuis le<br />
début <strong>des</strong> années 2000. On a oublié à quoi sert un<br />
syndicat, l’aspect « collectif » a disparu. Plusieurs<br />
<strong>ingénieurs</strong> pensent qu’ils seront traités différemment<br />
du reste parce qu’ils sont bons.<br />
Elle se souvient <strong>des</strong> « feuilles vertes <strong>des</strong> années 80 » :<br />
on réorganisait et 10 % <strong>des</strong> <strong>ingénieurs</strong> devenaient<br />
excédentaires. Il y avait <strong>des</strong> listes : les plus vieux<br />
excédentaires avaient <strong>des</strong> feuilles vertes : les postes<br />
étaient réservés pour les excédentaires, tous les autres<br />
ne pouvaient pas changer de poste. Après un certain<br />
temps de ce régime, les <strong>ingénieurs</strong> sont devenus plus<br />
militants! Elle se souvient aussi de la vague de mises à<br />
pied de spécialistes, au moment où le <strong>Syndicat</strong> <strong>des</strong><br />
spécialistes 4250 n’existait pas. Aujourd’hui, les jeunes<br />
pensent qu’on les aime et qu’on les gardera!<br />
Après cette longue carrière, elle se dit que si c’était à<br />
refaire, elle referait le même parcours! Son plus beau<br />
défi technique a été la crise du verglas : on était en<br />
temps réel. Les solutions étaient dans le champ<br />
quelques jours plus tard, plutôt que <strong>des</strong> années plus<br />
tard. Tous les dossiers de l’international étaient aussi<br />
palpitants : le Pérou, le Chili, le Venezuela, le Dakota.<br />
Sa vision pour les <strong>ingénieurs</strong> du <strong>Québec</strong> : ils sont<br />
indispensables, il faudrait plus de femmes en génie, ça<br />
devrait être 50/50 partout! Plus particulièrement pour<br />
la carrière d’un jeune ingénieur à Hydro <strong>Québec</strong>,<br />
Danielle pense qu’il y a plus de défis maintenant que<br />
lorsqu’elle a commencé sa carrière à Hydro-<strong>Québec</strong> :<br />
de jeunes <strong>ingénieurs</strong> avec seulement trois ans<br />
d’expérience travaillent sur <strong>des</strong> compensateurs<br />
statiques. Il y a encore beaucoup à faire : le réseau est<br />
de plus en plus complexe avec l’avènement de<br />
nouvelles technologies et de plus en plus difficile à<br />
exploiter à cause <strong>des</strong> nombreuses contraintes<br />
d’exploitation. <br />
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L’ É C H O FÉVRIER-MARS 2012