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Texte 5 Éthique environnementale

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<strong>Éthique</strong> et politique 340-JCA/B<br />

TEXTE 5<br />

Un dialogue entre un utilitariste, un croyant, une protectrice des droits des animaux,<br />

un partisan de la libération animale et une environnementaliste.<br />

LA CRUAUTE ENVERS LES ANIMAUX<br />

UTILITARISTE- N’y a-t-il pas au monde pratique<br />

plus cruelle que la chasse aux bébés phoques?<br />

Dès 1976, Brigitte Bardot rejoignait, entre autres,<br />

Brian Davis de l’International Fund for Animal<br />

Welfare et déclenchait une vaste campagne<br />

médiatique internationale afin de dénoncer<br />

l'horrible massacre des bébés phoques au Canada.<br />

Les méthodes employées sont d'une cruauté<br />

hallucinante: les blanchons âgés de quinze jours à<br />

peine se laissent aisément approcher par les<br />

chasseurs, confiants qu'ils sont envers l'espèce<br />

humaine. Ils sont alors assommés à grands coups<br />

L’ÉTHIQUE ENVIRONNEMENTALE<br />

par<br />

John Hospers<br />

Tiré de : Human Conduct. Problems of Ethics,<br />

Harcourt Brace College Publishers, Troisième edition,<br />

Chapitre 8, 1996.<br />

Traduction, adaptation et notes de Jean Laberge.<br />

«L’environnement est si crucial pour notre survie et notre<br />

existence qu’il doit transcender la politique et devenir une valeur<br />

centrale, commune à tous les membres de la société. Permettezmoi<br />

d’illustrer ma pensée. Au début des années quarante, quand<br />

j’étais encore gamin, il y avait partout des écritaux portant<br />

l’inscription «Défense de cracher» parce que qu’autrement les gens<br />

auraient expectoré sur le plancher des tramways et des immeubles.<br />

… dans notre société, il est maintenant convenu que cela ne se fait<br />

pas : ne pas cracher en public est une vertu que nous tenons tous<br />

comme allant de soi. Il faut que nous en arrivions au même résultat<br />

dans nos rapports avec la nature qui nous entoure.»<br />

David Suzuki, L’équilibre sacré : redécouvrir sa place dans la<br />

nature<br />

1<br />

de gourdin, puis dépecés sur place, parfois encore<br />

conscients, sous les yeux d’autres petits, qui<br />

seront massacrés de la même façon quelques<br />

instants plus tard, et devant les mères<br />

impuissantes qui restent souvent plusieurs jours<br />

auprès du petit corps ensanglanté, dépouillé de sa<br />

fourrure et laissé sur la glace par les assassins :<br />

elles tentent de réchauffer le cadavre nu et de<br />

l'allaiter encore… En soutenant la chasse aux<br />

phoques, le ministère des Pêches et Océans du<br />

Canada est complice de pratiques cruelles<br />

infligées aux animaux. Les Canadiens sont ainsi<br />

les complices de ces massacres puisque c’est par


leurs impôts qu’ils subventionnent Pêches et<br />

Océans Canada.<br />

CROYANT- Attention ! Vous sautez vite aux<br />

conclusions, mon cher. Le problème, c’est que<br />

ces phoques mangent des quantités considérables<br />

de morues et d’autres espèces commerciales de<br />

poissons. Il faut savoir que le troupeau de<br />

phoques atteint actuellement 5,8 millions de<br />

têtes ! C’est énorme. En fait, les responsables<br />

canadiens des pêcheries dans le Golfe n’hésitent<br />

pas à parler de surpopulation.<br />

LIBÉRATION ANIMALE- Et alors ? Cessons donc<br />

de manger des poissons et laissons vivre, je vous<br />

prie, les phoques en paix !<br />

CROYANT- Les poissons de même que les autres<br />

animaux ont été créés par Dieu pour notre bon<br />

usage. On ne peut en user à notre convenance.<br />

C’est ce que dit la Bible : «Dieu dit : “Faisons<br />

l’homme à notre image… et qu’[il] domine[nt]<br />

sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les<br />

bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les<br />

bestioles qui rampent sur terre.» (Genèse 1 26).<br />

UTILITARISTE- Voilà bien la vision<br />

anthropocentriste du monde ! On ne saurait<br />

mieux dire ! En fait, Aristote avait déjà pavé la<br />

voie à la pensée anthropocentriste religieuse au<br />

sujet des animaux. Dans ses Politiques, le<br />

philosophe écrit en effet:<br />

Les plantes existent pour les animaux et les<br />

animaux pour l’homme… Si donc la nature<br />

ne fait rien d’inachevé ni rien en vain, il est<br />

nécessaire que ce soit pour les hommes que<br />

2<br />

la nature ait fait tout cela (les plantes et les<br />

animaux.) (1)<br />

Nous nous préoccupons des animaux parce que<br />

nous nous soucions d’abord de nous. Il existe des<br />

milliards d’espèces animales sur cette planète et<br />

nous, nous ne nous soucions que d’une petite<br />

fraction d’entre elles oubliant toutes les autres.<br />

Quel culot !... Ainsi, selon vous, on peut faire ce<br />

qu’il nous plaît des animaux ?<br />

CROYANT- Oui, sauf d’être cruel. La Bible<br />

interdit la cruauté envers les animaux, car la<br />

cruauté forme en nous une habitude malsaine que<br />

nous pouvons dès lors diriger sur nos frères<br />

humains.<br />

UTILITARISTE- Si nous pouvions tuer et torturer<br />

les animaux sans que cela engendre en nous<br />

l’habitude de la cruauté envers les humains,<br />

pourrions-nous tout de même tuer et torturer les<br />

animaux ?<br />

CROYANT- Non, la cruauté est interdite autant à<br />

l’égard des animaux que des humains. Les<br />

animaux font partie de la Création de Dieu, et<br />

l’on se doit de respecter la Création.<br />

Dieu dit : «Que la terre produise des<br />

êtres vivants selon leur espèce :<br />

bestiaux, bestioles, bêtes sauvages selon<br />

leur espèce» et Dieu vit que cela était<br />

bon. (Genèse, 1 24-45)<br />

Puisque Dieu a jugé que les animaux sont une<br />

bonne chose, nous avons le devoir d’en prendre<br />

(1) Aristote, Les Politiques, I, 8, 1256b 15-25.


soin. Dieu nous a légué ce bien en partage. Nous<br />

sommes, si vous voulez, les locataires du monde<br />

et, comme tout locataire doit veiller aux biens de<br />

son propriétaire, nous nous devons de faire un<br />

bon usage de ce qui ne nous appartient pas.<br />

UTILITARISTE- Peut-être avez-vous raison. Mais<br />

je reviens au massacre des bébés phoques : n’estce<br />

pas cruel ?<br />

CROYANT- J’en conviens. Êtes-vous croyant ?<br />

UTILITARISTE- Non. En tout cas, je ne saurais<br />

croire en un Dieu malveillant impuissant à<br />

empêcher la cruauté et qui permet les<br />

catastrophes naturelles. Il faut se soucier de tous<br />

les animaux, dont l’être humain, de tous les êtres<br />

en fait qui sont en mesure de ressentir de la<br />

douleur. Quant aux plantes et aux roches, je ne<br />

sais quoi dire. Lorsqu’on demanda au philosophe<br />

utilitariste Jeremy Bentham (1748-1832)<br />

pourquoi on ne devrait pas maltraiter les<br />

animaux, la réponse qu’il donna fut simple mais<br />

essentielle: «parce qu’ils souffrent.»<br />

CROYANT- Il est difficile, voire impossible, de<br />

savoir jusqu’à quel degré les animaux ressentent<br />

de la douleur. Contrairement à ce que vous<br />

prétendiez plus tôt, la méthode utilisée pour tuer<br />

les bébés phoques n’est pas cruelle : il s’agit de la<br />

méthode d’abattage la plus expéditive qui soit<br />

puisqu’elle détruit en quelques secondes le<br />

cervelet et provoque une mort cérébrale totale. À<br />

ce stade, aucun animal ne peut sentir ou réagir ;<br />

pas plus qu’un humain mort cliniquement ne sent<br />

3<br />

le prélèvement de son cœur. De plus, les animaux<br />

n’éprouvent pas ce que nous nous ressentons, par<br />

exemple en relation avec l’avenir ou la mort.<br />

L’idée de la mort n’existe pas vraiment pour eux.<br />

A-t-on déjà vu un animal se suicider ? L’animal<br />

ne se demande pas pourquoi il existe. Il existe, un<br />

point c’est tout. Un phoque sait-il qu’il va mourir<br />

un jour? Voilà la grande différence entre<br />

l’homme et l’animal : le premier sait qu’il va<br />

mourir.<br />

UTILIRATISTE- Il n’y a pas de doute cependant<br />

que les animaux éprouvent de la douleur comme<br />

nous en éprouverions en subissant les traitements<br />

que nous leur infligeons. Voyez le traitement<br />

atroce que nous infligeons aux bébés phoques :<br />

c’est de la cruauté à l’état pur ! Saviez-vous que<br />

la plupart de ces bébés ne sont pas massacrés<br />

immédiatement ? Ils sont d'abord ficelés, arrachés<br />

à la banquise par hélicoptère puis laissés sans<br />

nourriture dans des «camps de la mort» pendant<br />

deux, voire trois semaines, en attendant la mue.<br />

Ils sont alors dépecés…<br />

CROYANT- Si les choses se passent bel et bien<br />

comme vous dites, j’avoue que j’ai honte<br />

d’appartenir à l’espèce humaine en entendant ces<br />

récits épouvantables. Mais vous savez, la<br />

souffrance est parfois nécessaire. Une opération<br />

chirurgicale peut être douloureuse, mais elle est<br />

nécessaire pour recouvrer la santé. Cela vaut<br />

autant pour les humains que pour les animaux.


UTILITARISTE- J’en conviens : la douleur est<br />

parfois un instrument menant vers le bien. Tout<br />

de même, cela ne justifie en aucune manière<br />

l’acharnement impitoyablement que des hommes<br />

mettent à massacrer des animaux doux et sans<br />

défense ?<br />

CROYANT- Là-dessus, je suis tout à fait d’accord<br />

avec vous. Vous devez reconnaître cependant que<br />

la mort de bébés phoques est nécessaire à la<br />

conservation des stocks de morues et d’autres<br />

espèces de poissons.<br />

UTILITARISTE- Attention ! Ce mot «nécessaire»<br />

doit être employé ici avec prudence, car c’est<br />

«nécessaire» pour qui au juste, sinon pour nous,<br />

consommateurs de viande ? Nous pourrions vivre<br />

sans manger de viande.<br />

CROYANT- Si nous habitions dans la jungle, les<br />

lions seraient bien contents de nous dévorer !<br />

UTILIRATISTE- C’est vrai. Admettez toutefois<br />

que les lions sont incapables de faire des choix<br />

moraux, car ils n’ont aucune idée de ce qui est<br />

bien et mal, mis à part le fait qu’ils peuvent<br />

éprouver du plaisir et de la douleur. Nous, nous<br />

sommes la seule espèce à disposer d’un «sens<br />

moral». On ne peut pas dire qu’il est du devoir du<br />

lion de nous manger ; mais il est correct de dire<br />

qu’il est de notre devoir de ne pas manger les<br />

animaux.<br />

CROYANT- Ou bien le lion mange de la viande,<br />

ou bien il meurt : il n’a pas le choix. C’est un<br />

carnivore : il ne peut vivre sans viande.<br />

4<br />

UTILIRATISTE- Nous, nous pouvons vivre sans<br />

viande ! Nous ne sommes pas carnivores, mais<br />

bien omnivores. La viande est un luxe dont nous<br />

pourrions nous passer. En cessant de manger de la<br />

viande, nous épargnerions la vie de nombreux<br />

animaux.<br />

CROYANT- Les Inuits ne peuvent se passer de la<br />

viande de phoque, car cultiver la terre leur est<br />

impossible. La chasse aux phoques est pour eux,<br />

non seulement un moyen de subsistance, mais<br />

une activité traditionnelle. Bref, ils n’ont tout<br />

simplement pas le choix de tuer les phoques.<br />

UTILITARISTE- C’est vrai, les Inuits n’ont pas le<br />

choix de chasser le phoque. Mais nous, nous<br />

avons le choix !<br />

CROYANT- En fait, si c’est la douleur infligée aux<br />

animaux qui vous révulse tant, il suffit de savoir<br />

tuer un animal sans lui causer de douleurs. Au<br />

tout début de l’humanité, les hommes élevèrent<br />

du bétail. Ces bêtes broutaient l’herbe des<br />

champs. À ce qu’il semble, ces animaux vivaient<br />

une existence paisible, du moins jusqu’au jour où<br />

l’homme a commencé à les abattre. Ne craignant<br />

pas la mort, ces animaux ne se doutaient à aucun<br />

moment qu’ils finiraient à l’abattoir. Je pense que<br />

jusque là ils ont mené une vie agréable ou, du<br />

moins, une vie convenable. Par ailleurs, il faut<br />

dire que si les vaches n’avaient pas été élevées<br />

pour leur viande, elles n’auraient jamais vu le<br />

jour. Elles ont donc vécu une vie confortable et


sont mortes sans douleur. Je ne vois pas très bien<br />

ce qui vous embarrasse tant.<br />

UTILITARISTE- J’accepte qu’on puisse tuer des<br />

animaux pour leur viande pour autant que leur vie<br />

soit douce et agréable et leur mort sans douleur.<br />

Mais il n’en a pas toujours été ainsi et ce n’est pas<br />

le cas aujourd’hui. Je vois que vous êtes peu<br />

informé sur le sujet. N’avez-vous jamais entendu<br />

parler du célèbre ouvrage de Peter Singer, La<br />

libération animale(2) ? Savez-vous par exemple<br />

comment sont élevés les veaux ? Écoutez un peu<br />

ce que raconte à ce sujet le livre de Singer.<br />

Si on leur permettait de grandir en<br />

gambadant dans les prés, [les veaux]<br />

développeraient leurs muscles et rendraient<br />

leur chair plus coriace en consommant des<br />

calories aux dépens de l’éleveur qui paie<br />

leur nourriture. En même temps, ils<br />

mangeraient de l’herbe, et leur chair<br />

perdrait cette teinte pâle qu’elle a à la<br />

naissance. Par conséquent, les producteurs<br />

spécialisés dans les veaux les mènent<br />

directement du marché aux enchères à une<br />

unité de confinement. Là, dans une grange<br />

reconvertie ou dans un hangar construit<br />

spécialement à cette fin se trouvent des<br />

rangées de boxes en bois, d’une largeur de<br />

55 cm chacun sur une longueur de 140 cm.<br />

Les boxes ont un plancher en lattes de bois<br />

à clairevoie surélevé par rapport au sol en<br />

béton de bâtiment. Quand ils sont petits, les<br />

veaux sont attachés par une chaîne autour<br />

du cou pour qu’ils ne puissent pas se<br />

tourner dans leur box. (On la leur enlèvera<br />

éventuellement lorsqu’ils auront assez<br />

grandi pour que l’étroitesse de leur box<br />

(2) L’ouvrage original anglais est paru en 1975. Sa<br />

traduction française est parue à Paris, chez Grasset, en<br />

1993.<br />

5<br />

suffise à les empêcher de se tourner.) Ils<br />

n’ont ni paille ni autre litière, car ils<br />

risqueraient de la manger et de gâter du<br />

coup la pâleur de leur chair. Ils ne<br />

quitteront leur box que pour être menés à<br />

l’abattoir.(3) […]<br />

Les animaux abattus rituellement aux<br />

États-Unis, au lieu d’être rapidement jetés<br />

au sol et tués presque immédiatement<br />

comme c’est le cas ailleurs, peuvent se voir<br />

enchaîner par une patte arrière, hisser en<br />

l’air et rester suspendus, entièrement<br />

conscients, la tête en bas sous la chaîne<br />

roulante, pendant une période de deux à<br />

cinq minutes – et parfois beaucoup plus<br />

longtemps en cas d’imprévu sur la «chaîne<br />

d’abattage» – avant que ne vienne le coup<br />

de couteau. […]<br />

L’animal, suspendu la tête en bas, les<br />

articulations rompues et une patte souvent<br />

cassée, se tord violemment dans la terreur<br />

et la douleur, et il faut donc souvent<br />

l’agripper par le cou ou le retenir par une<br />

pince insérée dans les narines pour qu’il<br />

soit possible de le tuer d’un seul geste,<br />

comme l’exige la loi religieuse.(4)<br />

Voilà le véritable prix à payer pour que des gens<br />

puissent déguster leur savoureux bifteck ! Je<br />

pourrais vous parler du triste sort réservé aux<br />

porcs ainsi qu’aux poulets. Il n’est pas<br />

surprenant à ce compte que les abattoirs<br />

obtiennent le plus grand chiffre d’affaires,<br />

toutes industries confondues. Qui peut soutenir<br />

cette vision infernale d’animaux torturés et<br />

massacrés ? La plupart d’entre nous qui<br />

mangeons de la viande sommes ignorants de ce<br />

que nous infligeons comme souffrance aux<br />

(3) Peter Singer, La libération animale, op. cit., p. 204-<br />

205.<br />

(4) Ibid., p. 155-156.


animaux. Aucun journal de nouvelles agricoles<br />

ne nous informe de cette triste réalité. C’est un<br />

commerce. Les éleveurs font des affaires. C’est<br />

d’abord une affaire de gros sous. Un éleveur de<br />

poulets déclarait : «Si je m’intéresse à ce type<br />

d’entreprise commerciale, c’est pour en tirer le<br />

maximum de profit, un point c’est tout.» Pour<br />

que son commerce soit rentable, l’éleveur n’a<br />

pas le choix d’élever une grande quantité de<br />

veaux, de porcs ou de poulets. Ces animaux sont<br />

entassés dans des cages ou dans des enclos audelà<br />

de ce qu’un animal peut endurer.<br />

CROYANT- Supposons qu’aujourd’hui même<br />

cessent les souffrances infligées aux animaux<br />

domestiques ainsi qu’aux animaux abattus dans<br />

les abattoirs, maintiendriez-vous toujours qu’il<br />

ne faut plus consommer de viande ?<br />

UTILITARISTE- Ce serait merveilleux : finie la<br />

cruauté sans nom ! Mais cela ne se produira pas.<br />

Tant que les animaux seront tués pour nourrir<br />

les humains, ce commerce criminel perdurera.<br />

Personnellement, je ne vois pas comment tuer<br />

un animal sans douleur. Même si tous les soins<br />

sont pris, il y aura des bavures. Le mieux est de<br />

cesser de consommer de la viande. Ainsi<br />

seulement disparaîtra le commerce de la viande<br />

et ces abattoirs odieux. Il n’y a pas d’autre<br />

solution.<br />

CROYANT- Vous admettez cependant que les<br />

gens aiment manger de la viande. Le plaisir<br />

6<br />

compte pour un utilitariste comme vous, n’estce<br />

pas ?<br />

UTILITARISTE- C’est vrai. Les gens prennent<br />

plaisir à consommer de la viande. Quand ils sont<br />

un moment sans manger de la viande, ils<br />

éprouvent un besoin irrésistible d’en manger.<br />

Mais ce plaisir n’est absolument pas comparable<br />

à l’énorme quantité de souffrances qu’il<br />

engendre. Si, avant de s’asseoir et de dîner, les<br />

gens prenaient conscience des conditions<br />

déplorables dans lesquelles sont élevés les<br />

animaux et de la manière dont ils sont abattus,<br />

ils perdraient vite tout appétit !<br />

CROYANT- Les gens prennent plaisir aussi à la<br />

chasse.<br />

UTILITARISTE- C’est vrai. Les chasseurs<br />

aiment chasser, mais l’animal traqué et tué<br />

n’aime évidemment pas ça. Souvent, le chasseur<br />

oublie le canard ou le chevreuil blessé ; il le<br />

laisse mourir. Rien ne doit venir perturber son<br />

petit plaisir sadique.<br />

CROYANT- J’imagine que votre opinion est la<br />

même concernant les corridas ou tout autre sport<br />

du même genre ?<br />

UTILITARISTE- Évidemment ! Fort<br />

heureusement, la tauromachie ainsi que les<br />

combats de coqs sont interdits aux États-Unis.<br />

Les rodéos sont cependant permis. Encore une<br />

fois, nous oublions que ces rodéos causent de<br />

grandes souffrances aux chevaux. Dans les<br />

jardins zoologiques, les animaux sont séquestrés


toute leur vie et cela, pour le bon plaisir de nos<br />

enfants. Emprisonner un animal, c’est le tuer.<br />

Derrière la grille, les gens oublient que l’animal<br />

veut être libre comme nous. Et que dire de ces<br />

animaleries où des chiens sont entassés dans des<br />

cages sans pouvoir se mouvoir librement. Ils<br />

sont constamment épiés et surveillés, car ils<br />

veulent s’évader. Si j’en avais le pouvoir,<br />

j’enfermerais dans une cage le propriétaire de<br />

l’une de ces animaleries afin qu’il réalise ce que<br />

c’est que de vivre ainsi séquestré !<br />

CROYANT- Je présume que vous condamnez<br />

aussi les courses de chevaux, bien que les<br />

chevaux aiment la course et la compétition.<br />

UTILITARISTE- C’est du pareil au même : nous<br />

usons des animaux à nos propres fins. Et je<br />

doute que les chevaux aiment se soumettre à<br />

tous nos caprices.<br />

CROYANT- Je suis curieux de voir jusqu’où<br />

vous êtes prêt à aller pour la défense des<br />

animaux. Êtes-vous contre le dressage des<br />

chevaux ? Si oui, comment pensez-vous que nos<br />

ancêtres auraient pu se déplacer sans le cheval ?<br />

UTILITARISTE- Je concède que le cheval a<br />

permis le progrès. Si les chevaux ont été bien<br />

traités, les souffrances qu’ils ont pu subir au<br />

cours de l’histoire sont moindres que le plaisir<br />

que l’être humain leur doit. Leur vie au service<br />

de l’homme est plus intéressante que celle des<br />

mustangs qui parcourent le Nevada et qui,<br />

souvent, meurent de faim.<br />

7<br />

CROYANT- Les cirques d’animaux offrent à la<br />

famille beaucoup de plaisirs, n’est-ce pas ?<br />

UTILITARISTE- Le dressage d’animaux<br />

comporte habituellement beaucoup de<br />

contrariétés. Lorsqu’un éléphant se cabre et<br />

écrase son maître, mes sympathies vont à<br />

l’éléphant plutôt qu’au dresseur… Il ne peut<br />

fourrager dans les savanes puisqu’il est<br />

constamment confiné et contraint de faire ce<br />

dont il n’a pas envie, d’aller là il n’a pas<br />

l’intention d’aller. Lorsque le dresseur est<br />

autoritaire – attitude nécessaire s’il veut que<br />

l’animal fasse les pitreries qui amusent la foule<br />

-, il lui inflige des souffrances ou, du moins, des<br />

contraintes afin de s’assurer de sa docilité.<br />

Abolissons cette tyrannie de l’homme sur les<br />

animaux ! Elle ne justifie pas les quelques<br />

moments de plaisir que prennent les enfants à<br />

les voir faire des âneries. Prenons conscience<br />

des souffrances que nous leur infligeons !<br />

Cessons de les brutaliser puisque, comme le dit<br />

Bentham, «ils souffrent». Nous n’avons aucun<br />

droit sur eux. Nous pouvons nous passer des<br />

plaisirs qu’ils nous procurent, et il existe bien<br />

d’autres façons de nous amuser.<br />

Durcissons donc les lois contre la<br />

cruauté envers les animaux exercée par les<br />

humains : agissons, par exemple, contre celui<br />

qui part en voyage en laissant son chien attaché<br />

sans nourriture ni eau, contre celui qui le<br />

confine à un espace limité; contre la personne


qui se lasse de son animal et l’abandonne. Bon<br />

nombre de Québécois en vacances en Floride<br />

font l’acquisition d’un chien qu’ils abandonnent<br />

ensuite en repartant, de sorte que des centaines<br />

de chiens abandonnés circulent à la recherche de<br />

nourriture.<br />

CROYANT- Au fond, ce que vous souhaitez,<br />

c’est que les animaux soient libres.<br />

UTILITARISTE- C’est ce qu’ils sont dans la<br />

nature et c’est ce qu’ils retrouveront une fois<br />

relâchés. Toutefois, si nous adoptons un chien<br />

ou un chat, notre devoir est de nous en occuper.<br />

Que cela nous plaise ou non, nous n’avons pas<br />

le droit de l’abandonner. L’animal a été tiré de<br />

la nature ; sa vie dépend maintenant de nous.<br />

Son existence est désormais entre nos mains. Si<br />

nous désirons nous en départir, il faut lui trouver<br />

un foyer d’adoption. Ceux et celles qui<br />

commettent le crime d’abandonner un animal<br />

devraient être eux-mêmes abandonnés en pleine<br />

nature afin qu’ils comprennent ce qu’ils font<br />

subir à leur animal.<br />

Environ un animal sur trois est<br />

abandonné, et la vie animale dans les villes est<br />

brève et misérable. Les propriétaires d’animaux<br />

devraient castrer leur bête, évitant ainsi le<br />

problème de la surpopulation animale, et des<br />

vies misérables seraient épargnées.<br />

LES DROITS DES ANIMAUX<br />

8<br />

DROIT DES ANIMAUX- Je suis restée silencieuse<br />

jusqu’à maintenant. Bien que je sois d’accord<br />

avec vous, l’Utilitariste, concernant la cruauté<br />

que l’humain inflige aux animaux, je trouve que<br />

vous n’allez pas assez loin. Vous avez admis tout<br />

à l’heure que l’on peut user des animaux à la<br />

condition de ne pas les maltraiter. Vous dites<br />

qu’il est correct d’élever du bétail pour nourrir<br />

des humains à la condition que ces animaux<br />

puissent se prélasser dans de verts pâturages,<br />

qu’ils ne soient pas confinés dans des enclos<br />

exigus et, enfin, qu’ils aient droit à une mort<br />

douce. Là-dessus, je ne suis plus du tout d’accord.<br />

Tout animal, comme d’ailleurs tout être humain,<br />

possède le droit à la vie. Tuer un animal, même<br />

sans le faire souffrir, c’est le priver du droit<br />

inaliénable à la vie. Lorsque nous tuons un<br />

animal, nous le faisons suivant nos propres<br />

intérêts ; nous ne traitons pas l’animal comme<br />

ayant une fin en lui-même, mais un comme un<br />

moyen pour nos propres fins. Certes, l’animal n’a<br />

peut-être pas la conscience de la mort ou de<br />

l’avenir. Il possède cependant des yeux pour voir,<br />

des oreilles pour entendre et un nez pour sentir. Il<br />

a aussi un cerveau qui traite des informations sur<br />

la base de quoi il prend une décision. Tout<br />

comme nous, il dispose de terminaisons<br />

nerveuses par où il ressent la douleur. Si vous<br />

arrachez un bébé éléphant à sa mère, ou encore si<br />

vous tuez la maman, le petit éléphant restera<br />

traumatisé tout au long de sa vie car, lorsque son


nouveau maître humain le quitte<br />

momentanément, il entre en crise. La cruauté<br />

exercée envers l’animal est condamnable, car il a<br />

les mêmes droits que l’humain. Le tuer, le<br />

mutiler, ou encore en user pour nos propres fins<br />

sans tenir compte de ses préférences, c’est violer<br />

ses droits.<br />

UTILITARISTE- Est-il toujours condamnable de<br />

tuer un animal pour s’alimenter ? L’animal a-t-il<br />

donc la même valeur que l’humain?<br />

DROIT DES ANIMAUX- Je ne pense pas que<br />

l’animal ait la même valeur que l’humain, car il<br />

n’est pas en mesure, par exemple, de créer une<br />

œuvre d’art, d’inventer l’automobile, ou même de<br />

mettre au point des remèdes pour se guérir. La vie<br />

humaine a plus de valeur que la vie animale, eux<br />

que nous qualifions d’«inférieurs». Notez que,<br />

contrairement aux humains, les animaux de la<br />

même espèce ne s’entretuent pas. Ils n’ont pas<br />

inventé la bombe nucléaire et ne polluent pas<br />

l’environnement. Ce que je dis, c’est que tout<br />

animal a les mêmes droits que nous.<br />

UTILITARISTE- Supposons que vous êtes coincée<br />

quelque part dans l’Arctique. Pour survivre, il<br />

vous faut tuer des animaux. Serait-il mal de le<br />

faire ?<br />

DROIT DES ANIMAUX- Pour survivre, je le<br />

concède, je serai contrainte de tuer des animaux.<br />

Mais uniquement dans ces circonstances. Si, à la<br />

suite d’un accident d’avion, je me retrouvais,<br />

avec d’autres, dans un endroit désert où il n’y a<br />

9<br />

rien à manger, il serait légitime de manger un de<br />

nos semblables pour survivre, mais seulement<br />

après que la personne soit morte naturellement du<br />

froid ou de la faim. Admettez que c’est là une<br />

situation exceptionnelle. Parfois, il nous faut<br />

trancher entre le droit des uns et celui des autres ;<br />

j’en conviens parfaitement, mais le conflit des<br />

droits n’est pas la règle.<br />

UTILITARISTE- Bien. Supposons que des rats<br />

infestent votre maison et mangent le contenu de<br />

votre garde-manger. La situation devient si<br />

alarmante qu’il est impossible d’habiter chez<br />

vous. Qu’allez-vous faire ? Sérieusement, allezvous<br />

refuser d’employer du poison à rats ou je ne<br />

sais quels autres moyens pour éliminer la<br />

vermine?<br />

DROIT DES ANIMAUX- Il y a toujours les chats…<br />

UTILITARISTE- Les chats vont donc effectuer le<br />

sale boulot que vous refusez de faire. Ils vont tuer<br />

les rats et, puisque cela n’est pas moralement<br />

répréhensible, vous vous débarrassez des rats sans<br />

en porter l’odieux. Admettez donc que des rats<br />

vont mourir, que les chats ou vous-même en serez<br />

responsables. Or, puisque des rats vont mourir,<br />

leurs droits seront donc bafoués.<br />

DROIT DES ANIMAUX- Un droit ne peut être violé<br />

que par un être qui soit en mesure de faire un<br />

choix moral. Or, seul l’être humain est en mesure<br />

de faire pareil choix.<br />

UTILITARISTE- Les chats sont donc fort utiles.<br />

Que feriez-vous s’ils n’existaient pas ? Vous


verriez-vous contrainte de tuer les rats vousmême?<br />

DROIT DES ANIMAUX- La question est alors la<br />

suivante : c’est eux ou moi. Si un lion m’attaque,<br />

je me défends. Si des rats mettent ma vie en jeu,<br />

je les extermine.<br />

UTILITARISTE- C’est un peu fort de dire que<br />

votre vie serait alors en jeu ; c’est au mieux<br />

inconfortable. Vous pourriez déménager ou<br />

encore vous résoudre à cohabiter avec la vermine,<br />

s’il vrai que vous vous devez de respecter les<br />

droits de celle-ci.<br />

Voici un moyen permettant de savoir<br />

jusqu’où vous êtes prêtes à allez pour la défense<br />

des droits des animaux. Êtes-vous en faveur des<br />

expérimentations en laboratoire pratiquées sur les<br />

animaux ? Un grand nombre d’animaux y<br />

meurent. Ce sont des humains comme vous et<br />

moi qui les tuent. Ces expérimentations ont<br />

cependant l’immense avantage de sauver des vies<br />

humaines.<br />

DROIT DES ANIMAUX- Ces expérimentations sont<br />

totalement inhumaines. Des milliers d’animaux<br />

sont séquestrés et sacrifiés pour les fins de<br />

recherches inutiles ou d’expériences déjà menées<br />

antérieurement. Certains sont asphyxiés,<br />

empoisonnés, électrocutés, horriblement mutilés ;<br />

bref, ils sont soumis à d’abominables tortures.<br />

Des lapins sont délibérément frappés de cécité<br />

dans le but ridicule d’améliorer des produits<br />

cosmétiques. Des chercheurs affament des rats<br />

10<br />

pour savoir combien de chocs électriques à haut<br />

voltage ils peuvent tolérer avant de trouver la<br />

nourriture, ou encore pour savoir s’ils sont assez<br />

intelligents pour trouver le chemin menant à la<br />

nourriture. Tout cela dans quel but au juste ? Je<br />

vais vous le dire : pour qu’un candidat au doctorat<br />

rédige une thèse démontrant que lorsqu’un animal<br />

est privé de l’une autre de ses capacités, il<br />

accomplit des choses extraordinaires. Non mais,<br />

quel sadisme ! Enfermons ces chercheurs dans<br />

des cages ! Dans les cours de biologie, les élèves<br />

dissèquent des grenouilles. Pour quelle raison au<br />

juste ? Dans quel but ? Dans le film «E.T.», des<br />

élèves libèrent les grenouilles et tout le monde<br />

applaudit. Ils ont raison d’applaudir. Je ne<br />

comprends pas comment un chercheur peut en<br />

même temps torturer des chats dans son<br />

laboratoire et soigner son chat à la maison…<br />

UTILITARISTE- La grande majorité de ces<br />

expérimentations sont vaines, injustifiables et<br />

cruelles. Toutefois, certaines d’entre elles sont<br />

bénéfiques pour les humains. Impossible par<br />

exemple de tester un nouveau vaccin sur<br />

l’humain ; il convient d’abord de vérifier ses<br />

effets sur l’animal. Faudrait-il donc d’abord<br />

pratiquer les tests sur l’humain ?<br />

DROIT DES ANIMAUX- Non. Et tester le nouveau<br />

vaccin sur l’animal, c’est le traiter comme un<br />

moyen pour nos propres fins humaines. Il est<br />

préférable de se passer du vaccin plutôt que de<br />

mutiler ou de tuer l’animal.


UTILITARISTE- Voilà des sentiments fort nobles!<br />

Mais supposons que votre enfant soit atteinte<br />

d’une maladie mortelle. Vous apprenez que des<br />

recherches menées sur des animaux ont permis de<br />

mettre au point un remède assurant la guérison de<br />

la maladie dont souffre votre enfant. Êtes-vous<br />

toujours contre les expérimentations sur les<br />

animaux ? La vie de votre enfant n’est-elle pas<br />

plus importante que celle d’un cobaye animal ?<br />

DROIT DES ANIMAUX- Je veux bien concéder que<br />

la vie de ma fille est plus importante que celle de<br />

l’animal cobaye, parce que ma fille a plus de<br />

potentialités qu’un animal n’en a. Je reconnais<br />

que chacun, ma fille comme l’animal, a droit à la<br />

vie, et c’est la raison pour laquelle, le cœur<br />

déchiré, je sacrifierai la vie de l’animal. Nous<br />

faisons face encore ici à un conflit entre des<br />

droits. Et devant ce dilemme, j’opte pour l’être<br />

qui a le plus de valeur, en l’occurrence mon<br />

enfant.<br />

UTILITARISTE- Il apparaît clairement que votre<br />

choix se base sur le fait que vous êtes un être<br />

humain. Avouez-vous donc que vous avez un<br />

préjugé favorable envers l’être humain !<br />

DROIT DES ANIMAUX- Ce n’est pas vrai, malgré<br />

les apparences du contraire. J’affirme de manière<br />

impartiale qu’un être humain a plus de valeur<br />

qu’un animal parce que le premier a la capacité<br />

de penser, de faire des choix, de créer des œuvres<br />

d’art et de pratiquer la science. Aucun être autre<br />

que l’humain ne peut réaliser ces choses. La perte<br />

11<br />

d’un être humain est plus considérable que celle<br />

d’un rat. Cela dit, soyons très clair : ce jugement<br />

ne vaut seulement que dans les cas où nous<br />

sommes confrontés à un conflit de droits : ou bien<br />

l’animal meurt ou bien c’est l’humain. Dans la<br />

vaste majorité des cas, nous ne sommes pas<br />

devant un tel conflit : l’animal meurt simplement<br />

pour que nous, les humains, en décidons ainsi<br />

pour nos propres fins. C’est la raison pour<br />

laquelle je demeure férocement opposée aux<br />

expérimentations pratiquées sur les animaux.<br />

Celles-ci ne sont que de la poudre aux yeux<br />

justifiant le meurtre d’animaux.<br />

LA LIBERATION ANIMALE<br />

LIBÉRATION ANIMALE- Je me suis moi aussi<br />

tenu à l’écart de la conversation jusqu’ici.<br />

J’abonde dans le sens du Droit des animaux. Tout<br />

comme elle va plus loin que l’Utilitariste, je vais<br />

encore plus loin qu’elle. Il faut savoir que la<br />

population humaine a décuplé au cours du siècle<br />

passé. La conséquence de cette croissance est la<br />

réduction de l’espace vital des animaux par la<br />

destruction de l’habitat de milliers d’espèces. En<br />

somme, nous, les humains, avons détruit en<br />

grande partie l’environnement où vivaient les<br />

animaux depuis de millions d’années. Le temps<br />

est maintenant venu de rétrocéder aux animaux<br />

leur espace vital car, bientôt, nous allons


complètement les anéantir. Nous avons envahi<br />

leurs territoires et, au moyen de la chasse, nous<br />

les avons bannis des forêts et des savanes.<br />

DROIT DES ANIMAUX- Comment leur rendre le<br />

territoire que nous leur avons pris ?<br />

LIBÉRATION ANIMALE- Le temps n’est plus à la<br />

discussion ou à la protestation pacifique. Que<br />

feriez-vous si l’on agressait votre sœur ou si l’on<br />

attentait à la vie de votre mère ? Vous feriez tout<br />

ce qui est en votre pouvoir, n’est-ce pas, pour<br />

sauver leur vie. Il est ridicule de faire le pied de<br />

grue devant un laboratoire de recherche en<br />

brandissant une pancarte de protestation ; il est<br />

vain de vous plaindre à votre député. Il est urgent<br />

que ces chercheurs qui torturent les animaux en<br />

procédant à des expérimentations comprennent<br />

qu’ils jouent avec leur vie en continuant à torturer<br />

les animaux. Vous allez voir qu’ainsi ils vont<br />

cesser immédiatement leurs expérimentations.<br />

Sans menaces, ils ne feront rien. Tuons ces<br />

meurtriers ! Nous chassons et tuons des créatures<br />

innocentes pour le «pur» plaisir du sport. Nous<br />

les piégeons et les tuons pour nous saisir de leur<br />

peau. Nous, les envahisseurs du territoire animal,<br />

nous devons cesser ce génocide ! Nous leur avons<br />

volé leurs territoires et, dans moins d’un siècle,<br />

nous les aurons éliminés. Nous sommes<br />

coupables d’«animacide» et, comme tout<br />

criminel, nous devons être punis pour nos crimes.<br />

La terre se serait mieux portée si l’être humain<br />

n’y était jamais apparu.<br />

12<br />

UTILITARISTE- J’exècre la cruauté envers les<br />

animaux, mais la comparaison entre un crime<br />

contre une personne proche et briser l’aile d’un<br />

oiseau est boiteuse. Blesser un animal est-il aussi<br />

grave qu’un viol, par exemple ?<br />

LIBÉRATION ANIMALE- Oui !!! C’est parce que<br />

vous êtes humain que vous êtes incapable de<br />

prendre position en faveur des animaux. Les<br />

animaux ne méritent en aucune façon ce génocide<br />

massif dont ils sont victimes. C’est nous,<br />

humains, qui en sommes coupables – même si<br />

bon nombre d’entre nous n’avons jamais<br />

maltraité d’animal de notre vie ou que nous ne<br />

mangeons pas de viande. Nous faisons cependant<br />

partie d’une civilisation où la destruction<br />

systématique des animaux constitue une part<br />

essentielle de notre mode de vie. Les autoroutes<br />

et les automobiles ont tué par milliers des<br />

animaux. Nous occupons des plaines et des forêts<br />

qui leur appartenaient de plein droit. Là où ils<br />

vivaient, nous avons bâti des maisons et des<br />

usines. L’unique espoir des animaux, c’est que<br />

nous disparaissions de la planète. Plus nous nous<br />

cramponnerons à cette planète-terre, plus nous<br />

assisterons à la dévastation de l’environnement.<br />

DROIT DES ANIMAUX- Vous parlez comme si<br />

tous les animaux avaient des droits mais pas les<br />

êtres humains. D’après vous, seuls les animaux<br />

méritent d’être sauvés, pas les humains. Je ne suis<br />

pas convaincue que du fait qu’ils étaient les<br />

premiers à habiter la terre, les animaux ont droit


de propriété sur elle. Il faut savoir que les<br />

animaux n’ont aucune notion du droit à la<br />

propriété - mis à part leur instinct territorial.<br />

L’homme a le droit de construire sa maison et de<br />

cultiver la terre, tout comme l’animal a le droit de<br />

vivre dans les forêts. Pourquoi ne pas chercher à<br />

vivre en harmonie les uns avec les autres au lieu<br />

de nous entretuer ?<br />

LIBÉRATION ANIMALE- Nous construisons des<br />

supermarchés à grande surface. Nous nous<br />

déplaçons sur de vastes autoroutes. Un tout petit<br />

nombre de golfeurs jouent sur des terrains<br />

immenses. Peu d’animaux survivent à la<br />

spoliation de leur territoire. La croissance actuelle<br />

de la population mondiale n’offre aucun avenir<br />

aux animaux. En raison de l’activité humaine, des<br />

milliers d’espèces sont aujourd’hui disparues.<br />

Rares sont les oiseaux sur les terrains de golf.<br />

Autrefois, il y avait davantage de nuées de<br />

pigeons voyageurs, à telle enseigne qu’elles<br />

obscurcissaient le soleil ; le dernier spécimen a<br />

été abattu il y a une dizaine d’années environ.<br />

Dans une décennie ou deux, les léopards ainsi que<br />

les rhinocéros auront disparu. Les derniers<br />

représentants de l’espèce seront exposés dans des<br />

jardins zoologiques. Et vous persistez à dire qu’il<br />

ne s’agit pas là de domination ? Qui croyez-vous<br />

est responsable de tout ce gâchis? Êtes-vous à ce<br />

point aveugle ? Ne voyez-vous pas où tout cela<br />

conduit ? Pourtant, devant le drame qui se joue,<br />

13<br />

vous restez là, passive, sans rien faire, sauf vous<br />

perdre en vaines paroles.<br />

L’ENVIRONNEMENTALISME<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- C’est à mon tour de<br />

prendre la parole et j’ai bien des choses à dire. En<br />

tant qu’environnementaliste, et je ne suis pas<br />

d’accord avec tout ce discours entourant les<br />

fameux droits des animaux. Moi, je veille à la<br />

protection de milliards d’espèces végétales et<br />

animales et, par-dessus tout, à la préservation de<br />

leur environnement. Tuer un animal, c’est une<br />

chose ; détruire son environnement, c’est une<br />

toute autre histoire. En tuant un animal, d’autres<br />

de la même espèce vont le remplacer ; en<br />

détruisant son habitat, on détruit les conditions<br />

nécessaires à l’existence de son espèce. Vous<br />

voulez tuer les phoques ? C’est simple : détruisez<br />

leur environnement. Voilà le crime que l’être<br />

humain commet contre les animaux : il détruit<br />

l’environnement.<br />

La partisane des droits des animaux<br />

s’indigne de ce que nous tuons des animaux. Elle<br />

ne nous a rien dit cependant de la détérioration<br />

progressive par les humains des conditions de vie<br />

des animaux. Voilà une façon bien plus radicale<br />

de tuer des milliards d’êtres vivants.


DROIT DES ANIMAUX- En cherchant à préserver<br />

les espèces animales, votre démarche est la même<br />

que la mienne.<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Attention : moi je<br />

parle de la préservation des espèces, pas de la<br />

préservation des membres particuliers des<br />

espèces. À vous entendre, nous aurions<br />

l’obligation de préserver chaque membre<br />

particulier des espèces, chaque rat, chaque<br />

serpent, chaque chat, etc. Vous, les défenseurs<br />

des droits des animaux, vous dites qu’il est tout<br />

autant condamnable de tuer un rat qu’il l’est de<br />

tuer un représentant d’une espèce en voie de<br />

disparition. Toutes les espèces ont leur place dans<br />

l’ordre global de la nature, de telle sorte qu’il est<br />

primordial, pour nous comme pour eux, de<br />

préserver les espèces dans l’ordre de la nature. En<br />

tuant tous les serpents, par exemple, vous<br />

favoriseriez la surpopulation de rats.<br />

DROIT DES ANIMAUX- Pendant tout l’hiver, ma<br />

voisine, une vieille dame, nourrit les moineaux<br />

pour qu’ils ne meurent pas de faim. Est-ce mal ?<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Non pas mal, mais<br />

vain. Si chacun devait nourrir les moineaux<br />

durant l’hiver, il y aurait surpopulation d’oiseaux<br />

au printemps et ils finiraient par crever de faim<br />

car il n’y aura pas assez de vers de terre pour les<br />

nourrir. D’ailleurs, la population excédentaire<br />

mourra d’une manière ou d’une autre. Vous,<br />

partisans des droits des animaux, vous accordez<br />

trop d’importance à la préservation de chacun des<br />

14<br />

membres d’une espèce. Vous êtes confrontés à<br />

des situations aberrantes. Prenons le cas du lapin.<br />

Lorsque les Anglais l’introduisirent en Australie,<br />

d’autres espèces furent éliminées. Il n’y avait<br />

aucun mammifère en Australie. Or, le mammifère<br />

s’adapte mal aux conditions naturelles de<br />

l’Australie ; les fermiers durent abattre des<br />

millions de lapins, sans quoi un grand nombre<br />

d’autres espèces indigènes seraient tout<br />

simplement disparues.<br />

DROIT DES ANIMAUX- C’est l’homme qui<br />

introduisit le lapin dans une région hostile aux<br />

mammifères. C’est lui qui en est coupable.<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Des personnes bien<br />

intentionnées veulent préserver les éléphants les<br />

plus en santé et les mieux adaptés. Or, les<br />

éléphants sont trop nombreux pour le territoire<br />

qu’ils occupent. Les hommes pratiquent alors ce<br />

qu’on appelle la “tonte du troupeau” : il s’agit<br />

d’éliminer la population excédentaire afin que le<br />

reste puisse survivre.<br />

DROIT DES ANIMAUX- C’est nous, encore une<br />

fois, qui sommes responsables de ces crimes. En<br />

s’installant partout en Afrique, l’homme a réduit<br />

le territoire dont jouissaient les éléphants. Il est<br />

donc faux de prétendre qu’il y aurait trop<br />

d’éléphants, car s’il y a en trop, c’est que nous<br />

avons limité leur territoire. Lorsque nous étions<br />

moins nombreux, ou avant notre venue en<br />

Afrique, les éléphants disposaient de tout l’espace<br />

nécessaire à leur développement.


ENVIRONNEMENTALISTE- À vous entendre,<br />

l’homme devrait disparaître complètement de la<br />

surface de la terre sous prétexte qu’il brime les<br />

droits des autres animaux ! Si vous voulez<br />

respecter la vie des animaux humains et nonhumains,<br />

il va falloir faire des choix et en<br />

sacrifier certains. Ce qui me préoccupe, ce n’est<br />

pas le respect des droits des animaux humains et<br />

des non-animaux, mais celui de l’environnement.<br />

Prenons la question de l’élevage du bétail.<br />

L’élevage des bovins est devenu une grande<br />

industrie en Afrique en raison de la demande du<br />

marché outre-mer. C’est le moyen par lequel les<br />

pays d’Afrique remboursent leur dette nationale.<br />

Mais à la différence des animaux non-humains de<br />

l’endroit, les bovins ne sont pas immunisés contre<br />

la mouche tsé-tsé de sorte qu’on a dû protéger le<br />

bétail en vaporisant des insecticides partout, en<br />

particulier sur les cours d’eau, ce qui entraîna la<br />

pollution des rivières et l’extermination de<br />

nombreuses espèces végétales et animales<br />

indigènes. L’élevage du bétail pose donc des<br />

problèmes environnementaux.<br />

UTILITARISTE- Vous venez de montrer très<br />

clairement que l’élevage du bétail comporte un<br />

grand nombre de conséquences nuisibles<br />

imprévisibles.<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Absolument.<br />

Toutefois, vous et moi divergeons d’avis quant<br />

aux raisons pour lesquelles nous nous opposons<br />

tous deux à l’élevage de bétail. Vous, utilitariste,<br />

15<br />

vous condamnez la méthode par laquelle le bétail<br />

est élevé et finalement abattu. C’est la souffrance<br />

des animaux non-humains qui vous incite à<br />

condamner ces pratiques. Pour ma part, ce que je<br />

condamne, ce sont les impacts environnementaux<br />

de l’élevage du bétail, c’est-à-dire ses<br />

conséquences désastreuses sur les terres arables,<br />

pour les autres espèces végétales et animales, sur<br />

les forêts, la multiplication des substances<br />

toxiques, etc.<br />

DROIT DES ANIMAUX- Je ne vois toujours pas où<br />

vous voulez en venir. Quelle thèse défendez-vous<br />

au juste ? Quel est le véritable problème selon<br />

vous ?<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Aldo Leopold, le père<br />

du mouvement écologique contemporain(5),<br />

écrit : «Une chose est juste lorsqu’elle tend à<br />

préserver l’intégrité, la stabilité et la beauté de la<br />

communauté biotique. Elle est injuste lorsqu’elle<br />

tend à l’inverse.»(6)<br />

DROIT DES ANIMAUX- Pourriez-vous être plus<br />

clair ?<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Si des animaux<br />

humains ou non-humains nuisent à<br />

l’environnement, il faut les sacrifier. En somme,<br />

le critère ultime du bien et du mal est le respect<br />

(5) Aldo Leopold (11 janvier 1887 à Burlington - 21 avril<br />

1948) est un scientifique naturaliste, ainsi qu'un écologiste<br />

américain. Il est l'auteur de plusieurs livres, dont :<br />

Almanach d'un comté des sables : suivi de quelques<br />

croquis, Paris, GF Flammarion, 2000 (première<br />

publication en 1949) ; L'Écologisme, un mode de vie,<br />

Paris, Éditions Gallimard, 1995.<br />

(6) Aldo Leopold, Almanach d’un comté des sables, op.


de l’environnement. Un exemple suffira à le<br />

montrer: l’élimination par l’homme des loups du<br />

sud-ouest des États-Unis fut désastreuse, car la<br />

disparition des loups engendra un déséquilibre<br />

environnemental. En effet, une fois les loups<br />

disparus, les cerfs «ont proliféré au point de<br />

rendre impossibles la survie et la reproduction des<br />

plantes qui les nourrissent.», écrit Leopold. Il<br />

poursuit :<br />

Le hêtre, l’érable et l’if en Europe, l’if du<br />

Canada et le cèdre blanc dans les États de<br />

l’Est, l’acajou des montagnes et le rosier<br />

des rochers dans les États de l’Ouest sont<br />

des exemples de nourriture du cerf mis en<br />

danger par la croissance artificielle du<br />

cerf. La composition de la flore, depuis les<br />

fleurs sauvages jusqu’aux arbres des<br />

forêts, est graduellement appauvrie, et les<br />

cerfs à leur tour sont rabougris par la<br />

malnutrition.»(7)<br />

D’autre part, il est bon de préserver des<br />

espèces en voie de disparition, comme le lynx et<br />

le cougar. Certes, ce sont des prédateurs<br />

sanguinaires qui aiment «s’amuser» avec leurs<br />

victimes, mais ils sont indispensables à l’équilibre<br />

environnemental. De même, certaines plantes<br />

sont indispensables à la stabilité et la beauté de<br />

l’environnement, mais les brebis sont néfastes à<br />

l’intégrité de la flore, de sorte qu’il est bien de les<br />

éliminer. «L’éthique de la Terre» (Land ethic)<br />

cit., p. 283.<br />

(7) Ibid. p. 218.<br />

16<br />

entend donc tuer des animaux afin d’assurer la<br />

survie des «communautés biotiques.»<br />

Avec tout le zèle d’un réformateur de la<br />

morale, Leopold expose les usages indus et les<br />

erreurs de jugement de l’animal humain relatif à<br />

l’environnement. Celui-ci déplace les espèces<br />

sans saisir l’impact de ses décisions. La nouvelle<br />

éthique de la Terre est bien plus radicale que<br />

toutes les autres qui ont vu le jour avant elle.<br />

Vous vous indignez de ce que des animaux sont<br />

tués brutalement pour satisfaire notre désir de<br />

manger de la viande ? Leopold répond que vous<br />

n’avez pas un tableau d’ensemble de la situation.<br />

Aldo Leopold n’éprouva aucune gêne à tuer un<br />

animal ; en fait, la chasse était pour lui une<br />

passion. Il a tout fait cependant pour préserver<br />

l’habitat des espèces animales. Il croyait que les<br />

espèces naissent et disparaissent naturellement. Il<br />

condamnait cependant les décisions irréfléchies<br />

prises par l’homme pour mater les espèces en<br />

détruisant leur habitat. D’après Leopold, il est de<br />

toute première importance pour l’humanité de<br />

préserver un environnement sain. Les défenseurs<br />

des droits des animaux n’en ont cure. Ils ne<br />

cherchent qu’à préserver la vie des animaux. Ils<br />

enseignent le végétarisme lequel comporte son lot<br />

de conséquences néfastes, car il entraîne la<br />

surpopulation animale. Le respect du droit des<br />

animaux domestiques n’est pas la priorité de ceux<br />

qui, comme moi, adhèrent à l’«éthique<br />

<strong>environnementale</strong>» car le respect du droit des


animaux «contribue à l’érosion de l’intégrité, de<br />

la stabilité et de la beauté des communautés<br />

biotiques dans lesquelles les animaux<br />

s’insèrent.»(8.)<br />

UTILITARISTE- Tenez-vous l’animal humain,<br />

plus que toute autre espèce animale, comme le<br />

principal contrevenant à l’éthique<br />

<strong>environnementale</strong> que vous défendez ?<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Je ne partage pas<br />

l’avis des partisans du droit des animaux selon<br />

lesquels nous serions les seuls coupables de tous<br />

les maux des animaux non-humains et que tout ce<br />

que nous mériterions, c’est de disparaître de la<br />

planète. L’homme a autant le droit d’habiter la<br />

planète que n’importe quelle autre espèce. Certes,<br />

l’homme est le principal responsable des maux<br />

qui affligent actuellement la planète. Là-dessus,<br />

je ne pense pas à ce qui défraie les manchettes,<br />

soit l’augmentation des gaz à effet de serre et la<br />

destruction de la couche d’ozone(9). Ces<br />

phénomènes ne résultent en effet pas forcément<br />

de l’activité humaine, mais ils apportent de l’eau<br />

au moulin à ceux qui veulent s’en servir pour<br />

exercer leur domination sur le monde. Ces<br />

phénomènes sont dus à des processus naturels,<br />

comme les éruptions volcaniques. Je pense plutôt<br />

à des réalités courantes, telles la pollution des<br />

(8) John Baird Callicott, In Defense of the Land Ethic,<br />

Albany, State U of New York, 1989, p. 23.<br />

(9) L’auteur écrit ces lignes en 1996. Le phénomène de<br />

l’effet de serre est connu depuis 200 ans. L’intensification<br />

du phénomène a été mesurée en 2000. Voir Fred Pearce,<br />

Le réchauffement climatique, Paris, Pearson Éducation<br />

17<br />

cours d’eau, celle de l’air et l’épandage de<br />

matières chimiques dangereuses sur les sols. Ces<br />

atteintes à l’environnement mettent en péril toute<br />

vie, pas uniquement la vie humaine. De plus,<br />

certaines des interventions humaines ne sont pas<br />

forcément mauvaises. Le DDT est aujourd’hui<br />

banni, mais il fut efficace ; des milliers gens dans<br />

le bassin du Pacifique doivent la vie à cet<br />

insecticide. Le nucléaire est une source d’énergie<br />

propre et saine à la condition qu’on sache s’en<br />

servir avec précaution pour ne pas répéter des<br />

accidents comme celui de Tchernobyl. Non, ce<br />

dont l’homme est responsable, c’est ce à quoi les<br />

gens ne songent jamais, par exemple, les<br />

conséquences de la monoculture.<br />

UTILITARISTE- Qu’y a-t-il donc de mal à ne<br />

cultiver qu’un seul produit ?<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Rien, du moins de<br />

prime abord. Par le passé, l’agriculteur semait sur<br />

ces terres du maïs, du blé, du trèfle, de l’avoine.<br />

Toutes sortes d’arbres donnaient également des<br />

fruits en abondance. Le purin servait d’engrais<br />

d’usage. Puis vint l’agriculture industrielle,<br />

beaucoup plus sophistiquée et faisant appel à des<br />

machines coûteuses à l’aide desquelles<br />

l’agriculteur peut cultiver efficacement de vastes<br />

prairies. Il en résulta une dévalorisation de la<br />

culture à petite échelle puisqu’elle n’était plus<br />

rentable. Aujourd’hui, l’agriculteur industriel<br />

cultive un seul produit sur d’immenses<br />

France, 2003. Note de JL.


superficies qu’il arrose de fertilisants chimiques,<br />

sans tenir compte que la culture de plusieurs<br />

produits favorise l’interaction d’une multitude<br />

d’espèces végétales et animales.<br />

Le danger qui guette la monoculture est sa<br />

très grande vulnérabilité. Il faut savoir, en effet,<br />

que les êtres vivants forment un écosystème<br />

d’une immense complexité. L’animal humain<br />

s’acharne à défaire les liens serrés qui tissent cet<br />

écosystème. Il est aisé de récolter à l’aide de<br />

machines les champs de blé qui s’étendent à perte<br />

de vue, mais ces champs sont aussi la proie facile<br />

d’insectes et de micro-organismes qui prolifèrent<br />

de manière catastrophique. De bonnes récoltes de<br />

maïs ou de blé sont rendues possibles grâce à la<br />

mise au point de fongicides qui éliminent les<br />

champignons. «Mère-Nature ne se laisse<br />

cependant pas abuser». C’est pourtant bien ce que<br />

l’animal humain cherche à faire. À la différence<br />

des partisans des droits des animaux, nous nous<br />

efforçons d’avoir une vue d’ensemble de la vie<br />

animale. Eux, s’indignent de la mort d’un animal<br />

non-humain, nous, nous tentons de conserver<br />

l’ensemble des écosystèmes afin que toutes les<br />

plantes ainsi que tous les animaux puissent<br />

survivre et s’épanouir.<br />

UTILITARISTE- Le principal responsable de tout<br />

ce gâchis est l’homme, n’est-ce pas ?<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- C’est vrai. La forêt<br />

amazonienne rassemble le plus vaste échantillon<br />

de flore et de faune de toute la planète de telle<br />

18<br />

sorte que le climat terrestre en dépend. Aux prises<br />

avec un grave problème de surpopulation, le<br />

gouvernement brésilien résolut malgré tout<br />

d’exploiter l’Amazonie par le développement de<br />

l’agriculture. La construction de l’autoroute<br />

amazonienne fut entreprise dans les années 1960<br />

et on accorda dans la jungle des lopins de terre<br />

qui furent défrichés et ensuite habités.<br />

Malheureusement, l’Amazonie n’est pas propice<br />

à l’agriculture. Le sol est pauvre et, une fois les<br />

arbres déracinés, il devient friable et vulnérable à<br />

aux pluies abondantes. Qu’à cela ne tienne, la<br />

jungle fut défrichée et cultivée. Au bout de<br />

seulement deux années, le sol étant épuisé, on<br />

avança plus loin dans la jungle, mais le sol<br />

continuait à s’éroder. Finalement, les habitants<br />

s’approvisionnèrent ailleurs. Quand on abat les<br />

arbres, le sol s’érode et l’agriculture devient alors<br />

impossible. Il faut des millions d’années pour que<br />

le sol s’enrichisse à nouveau. Vous, partisans des<br />

droits des animaux, vous déplorez la mort d’un<br />

grand nombre d’animaux alors que je déplore<br />

pour ma part que des espèces entières, végétales<br />

et animales, sont disparues à tout jamais. Je<br />

déplore surtout que ces terres, par la faute de<br />

l’animal humain, soient désormais inhabitables.<br />

UTILITARISTE- Les indigènes ont cependant<br />

habité pendant des siècles dans cette jungle<br />

amazonienne.<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Oui, car ils savaient<br />

comment y vivre. Ils pratiquaient la méthode de


défrichement par le feu, c’est-à-dire qu’ils<br />

repéraient d’abord un endroit, puis, ils abattaient<br />

les arbres qu’ils brûlaient ensuite et dont ils<br />

répandaient les cendres sur le sol comme<br />

fertilisant. Pendant un certain nombre d’années,<br />

ils habitaient la région ; puis ils allaient ailleurs<br />

recommencer le processus. Lorsque la population<br />

est peu nombreuse, tout va bien. Dans le bassin<br />

amazonien, la densité n’est que d’une personne<br />

par mille au carré. Une densité de population<br />

supérieure ne pourrait cependant y vivre.<br />

UTILITARISTE- Franchement, cette méthode de<br />

brûlis est cruelle. Songeons aux animaux qui<br />

meurent de manière atroce, brûlés vifs !<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Faudrait-il à ce<br />

compte condamner la foudre qui allume des feux<br />

de forêts ? Or, ces feux dévastateurs nourrissent<br />

le sol de sorte que, quelques années plus tard, une<br />

riche végétation renaît. Je conviens que la<br />

pratique de défrichement par le feu peut paraître<br />

cruelle pour les êtres vivants habitant la forêt,<br />

mais cette méthode produit une végétation<br />

luxuriante assurant la vie à un très grand nombre<br />

d’animaux qui, autrement, ne verraient pas le<br />

jour.<br />

UTILITARISTE- J’ai l’impression que tous les<br />

maux que vous dénoncez ont pour cause la<br />

surpopulation humaine.<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Je ne saurais dire ce<br />

qu’on doit entendre au juste par «trop de gens».<br />

La terre compte actuellement cinq milliards<br />

19<br />

d’humains(10), et sur certains continents, des<br />

humains vivent mieux qu’ils n’ont jamais vécu au<br />

cours des siècles précédents. Nous ne réalisons<br />

pas les graves dangers que ce grand nombre nous<br />

fait courir. Quand les hommes sont débarqués sur<br />

l’île de Pâques - cette île de Polynésie dans le<br />

Pacifique oriental -, tout leur paraissait<br />

paradisiaque : climat doux, le sol riche, la<br />

végétation luxuriante, etc. La population ne cessa<br />

de croître et, bientôt, on fut contraint d’abattre les<br />

arbres à un rythme effréné. C’est ainsi que<br />

disparurent les arbres, le bois de chauffage et les<br />

bateaux à rames. Beaucoup de gens moururent, et<br />

les totems furent impuissants à endiguer le<br />

désastre écologique.<br />

Grâce en bonne partie à la médecine<br />

moderne, la population de l’Himalaya, au Népal,<br />

a crû au cours des dernières décennies. Des<br />

fermes, des maisons et des routes furent<br />

construites. En contrepartie, une fois les forêts<br />

rasées, le vieux sol riche se répandit désormais au<br />

bas de la montagne, dans les plaines de l’Inde.<br />

Aujourd’hui, les forêts ne sont plus là pour retenir<br />

le sol qui fuit sous la poussée des pluies<br />

diluviennes du printemps.<br />

À Madagascar vivent les espèces de<br />

singes les plus proches de l’homme. Les habitants<br />

ont déboisé les forêts où vivaient ces primates<br />

(ainsi que d’autres espèces animales en voie de<br />

(10) La terre comptait 6 590 313 823 personnes le jeudi 25<br />

janvier 2007 à 10 h 29 min et 24 s. Source :<br />

http://www.populationmondiale.com


disparition) si bien que leur habitat a été détruit.<br />

Bientôt, certains de ces animaux se retrouveront<br />

essentiellement dans nos zoos.<br />

Le tigre du Bengale est l’un des animaux<br />

les plus gracieux qui soit. Aujourd’hui, il est en<br />

voie d’extinction. Pourquoi ? Parce que la<br />

population humaine croît à vive allure et s’installe<br />

dans les nouveaux territoires déboisés d’où elle<br />

chasse l’animal. Ceux qui restent sont déplacés<br />

vers des parcs où vit le buffle, la proie privilégiée<br />

du tigre du Bengale. Le buffle se nourrit de<br />

végétation ; le tigre de buffles. Au temps de<br />

sécheresse et lorsque la famine sévit, les gens<br />

chassent illégalement le buffle dans le parc tout<br />

en réclamant des autorités politiques la<br />

permission de chasser légalement. Des humains<br />

qui crèvent de faim ne sont-ils pas plus<br />

importants que les buffles ? font-ils valoir. Une<br />

dérogation à la loi est alors autorisée, mais<br />

seulement pour un temps. On rouvre alors le parc<br />

temporairement aux chasseurs, mais la famine<br />

sévit toujours. Entre temps, des buffles ont été<br />

tués et les tigres crèvent désormais de faim. Ainsi<br />

vont les choses depuis toujours… Oui, lorsque la<br />

population humaine augmente, les animaux en<br />

payent le prix. L’environnement aussi. Vous<br />

désirez préserver les animaux ? Réduisez la<br />

population humaine. Sur un même territoire, il est<br />

impossible d’accroître la population humaine et<br />

sauvegarder la population animale.<br />

20<br />

UTILITARISTE- D’un point de vue écologique,<br />

quel serait le nombre acceptable de la population<br />

mondiale ?<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Je dirais que ce<br />

nombre devrait être le même que celui des ours.<br />

En tout cas, il ne devrait pas dépasser le milliard,<br />

comme au début du XX e siècle.<br />

UTILITARISTE- À l’heure actuelle [1996], la<br />

population mondiale dépasse les cinq milliards;<br />

ce nombre doublera dans les cinquante<br />

prochaines années. Que suggérez-vous ?<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Il y a quatre milliards<br />

de personnes de trop… Loin de moi cependant<br />

l’idée d’éliminer tous ces gens ! Réfléchissons<br />

cependant aux conséquences de l’augmentation<br />

de la population mondiale. Certes, la technologie<br />

permet d’accroître considérablement la<br />

population en plus d’assurer l’existence à cinq<br />

milliards de personnes de vivre. Mais la<br />

technologie a des limites, et l’existence de cinq<br />

milliards d’humains comporte forcément un coût.<br />

UTILITARISTE- Lequel ?<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Un coût esthétique<br />

d’abord. Songeons que la terre sera un jour si<br />

peuplée que les espaces verts auront disparus.<br />

Nous nous marcherons sur les pieds - comme<br />

nous le faisons déjà dans les mégalopoles<br />

surpeuplées. Un coût sanitaire ensuite, car de<br />

nouveaux microbes apparaîtront ainsi que de<br />

nouvelles maladies infectieuses, plus virulentes et<br />

fatales encore que ne l’est actuellement le sida, et


plus aisément transmissibles que la rougeole(11).<br />

On assistera également à l’extinction progressive<br />

du règne animal – phénomène d’ailleurs déjà en<br />

cours. La désertification chamboulera le climat<br />

planétaire : il y a aura encore plus de régions<br />

désertes là où, hier encore, il y avait des terres<br />

fertiles. On lit dans la Bible qu’hier encore Israël<br />

était «une terre florissante où coulait le lait et le<br />

miel» ; aujourd’hui, ce n’est plus qu’un désert.<br />

L’Afrique est frappée par de constantes<br />

sécheresses en raison de la désertification : des<br />

terres qui ne sont bonnes qu’au pacage sont<br />

aménagées pour l’agriculture ; mais les vents<br />

dispersent la fine couche de terre cultivable de<br />

sorte que le désert croît, et la population africaine<br />

meurt de faim. Plus d’humains sur terre, moins de<br />

terres arables disponibles. Finalement, les terres<br />

arables ne suffiront plus à nourrir la quantité<br />

énorme d’humains. Même avec le support de la<br />

haute technologie, les gens continueront de<br />

dépendre des fruits de la terre.<br />

UTILITARISTE- La nature serait-elle donc cruelle<br />

et insensible ?<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- La nature n’est pas<br />

cruelle, seul l’humain peut l’être. Dire que la<br />

nature se soucie (ou ne se soucie pas) de la vie,<br />

c’est «l’anthropomorphiser». La nature est, voilà<br />

(11) Depuis 2004, l'Organisation mondiale de la santé<br />

(OMS) craint les ravages de la grippe aviaire qui, si elle<br />

s'humanisait, c’est-à-dire si elle passait d'une panzootie à<br />

une pandémie (où le virus H5N1 serait transmis à<br />

l’humain), elle serait susceptible de tuer jusqu'à 100<br />

millions de personnes parmi plusieurs milliards de<br />

21<br />

tout. Certains faits de la nature sont cependant<br />

assez nets: des êtres vivants se reproduisent à un<br />

rythme tel qu’un tout petit nombre survit et peut<br />

«goûter les délices de la vieillesse». Certains<br />

victimes de prédateurs, sont tués et dévorés. C’est<br />

le destin de la plupart des herbivores. D’autres<br />

meurent de faim en raison de l’insuffisance de la<br />

nourriture. D’autres encore périssent des<br />

conséquences des changements climatiques : il<br />

fait trop chaud, trop froid, il y a trop d’humidité<br />

ou pas assez. L’animal humain peut être frappé<br />

par ces calamités. La technologie lui a permis<br />

jusqu’ici d’écarter ces fléaux, mais ce n’est que<br />

partie remise, car ils frappent déjà. Dans un passé<br />

relativement proche, la variole, le choléra et la<br />

typhoïde décimèrent des millions d’êtres<br />

humains. Voilà des faits de nature<br />

incontournables : ils nous imposent leur loi.<br />

DROIT DES ANIMAUX- La mort n’est-elle donc<br />

pas une catastrophe à vos yeux ?<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- La mort n’est une<br />

catastrophe que pour celui ou celle qui en est<br />

victime. Pour la nature, voici la loi : la mort des<br />

uns assure la survie des autres. La mort fait donc<br />

partie intégrante du processus de vie.<br />

UTILITARISTE- Je comprends ce que vous dites.<br />

Je songeais plutôt à la manière dont les êtres<br />

meurent. Il faut être insensible pour accepter<br />

froidement le drame de l’existence.<br />

malades. Note de JL.


ENVIRONNEMENTALISTE- Le lion ne peut<br />

survivre qu’en tuant d’autres animaux ; il chasse<br />

le gnou, l’attrape et le dévore encore vivant.<br />

L’anaconda tue une chèvre par strangulation,<br />

l’étouffant jusqu’à ce que mort s’ensuive. Les<br />

animaux dans la jungle sont, en effet, sans pitié.<br />

C’est la seule façon de rester en vie : telle est la<br />

loi de la nature. La vaste majorité des êtres<br />

vivants ne meurent pas de mort douce.<br />

UTILITARISTE- Cela vous laisse-t-il indifférent ?<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Je conviens avec vous<br />

que l’existence animale est faite de souffrances et<br />

de douleurs, mais je ne pense pas que l’on puisse<br />

faire quoi que ce soit pour améliorer<br />

véritablement la situation.<br />

UTILITARISTE- Peter Singer ainsi que d’autres<br />

utilitaristes suggèrent que l’on nourrisse les<br />

animaux avec des grains enrobés de contraceptifs.<br />

Il existerait des tonnes de grains stockés par les<br />

autorités gouvernementales qui pourraient servir à<br />

nourrir les animaux sauvages afin d’éviter la<br />

famine à beaucoup d’entre eux.<br />

ENVIRONNEMENTALISTE- Bien que louable,<br />

cette intention est vaine, car vous n’aideriez ainsi<br />

qu’un tout petit nombre d’animaux. N’oubliez pas<br />

que ce sont des animaux sauvages, de sorte qu’il<br />

n’est pas aisé de les amener dans des abris.<br />

L’instinct les pousse à se déplacer en quête de<br />

nourriture. Dans l’éventualité où nous serions en<br />

mesure de les attraper, ces animaux résisteraient<br />

22<br />

au confinement. Même capturés et nourris, ils<br />

préféreront la vie sauvage.<br />

UTILITARISTE- Nous avons le devoir de les aider<br />

car, comme le dit Bentham, ils souffrent !<br />

ENVIRONNEMENTALISTE-- Je crois que nous<br />

faisons preuve de ce que j’appellerai de<br />

«l’empathie sélective» à l’égard de la souffrance<br />

animale. Je veux par exemple préserver la vie<br />

d’un très jeune et charmant lionceau ; je veux<br />

même l’adopter, car sa maman vient de mourir.<br />

Que ferais-je de lui une fois qu’il sera adulte ?<br />

Impossible de le garder chez moi. L’instinct lui<br />

dicte de tuer des herbivores. Je le remets donc<br />

dans la nature, et il fait sa première victime. À<br />

partir de ce moment, il ne me paraît plus<br />

sympathique. Les serpents et les rats ne soulèvent<br />

pas notre sympathie. Certes, les partisans des<br />

droits des animaux clament qu’il est mal de tuer<br />

un animal, mais nous n’en faisons pas une règle<br />

morale. (Ne tuerais-je pas le cobra qui s’apprête à<br />

étrangler un poupon ?) Voyons les choses telles<br />

qu’elles sont : les droits des animaux sont un<br />

luxe. La nature n’est pas un film de Walt Disney.<br />

C’est la lutte pour la vie contre la mort.<br />

UTILITARISTE- Si la nature a été créée par un<br />

être, quel qu’il soit, cet être est un monstre<br />

sadique. La souffrance animale est si terrible et si<br />

considérable qu’il vaudrait mieux que tous les<br />

animaux meurent immédiatement afin que les<br />

générations futures d’animaux n’aient pas à<br />

souffrir atrocement à leur tour.


QUESTION SUR LE TEXTE 5<br />

L’éthique <strong>environnementale</strong><br />

Définissez la position éthique de chacun des participants dans le dialogue<br />

précédent.<br />

l’utilitariste :_______________________________________________________<br />

_________________________________________________________________<br />

_________________________________________________________________<br />

le croyant :________________________________________________________<br />

_________________________________________________________________<br />

_________________________________________________________________<br />

la protectrice des droits des animaux :<br />

_________________________________________________________________<br />

_________________________________________________________________<br />

_________________________________________________________________<br />

le partisan du mouvement de la libération animale : ________________________<br />

_________________________________________________________________<br />

_________________________________________________________________<br />

_________________________________________________________________<br />

l’environnementaliste : ______________________________________________<br />

_________________________________________________________________<br />

_________________________________________________________________<br />

_________________________________________________________________

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