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Caractérisation hydrogéophysique d'un dépôt fluvioglaciaire ...

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N° d’ordre 2008-ISAL-0018<br />

Année 2008<br />

Thèse<br />

<strong>Caractérisation</strong> <strong>hydrogéophysique</strong> d’un <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>. Evaluation de l’effet de<br />

l’hétérogénéité hydrodynamique sur les<br />

Jury composé de :<br />

écoulements en zone non-saturée.<br />

présentée devant<br />

L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon<br />

pour obtenir<br />

le grade de docteur<br />

École doctorale de chimie de Lyon.<br />

Chimie, Procédés, Environnement<br />

Spécialité Sciences de l’Environnement Industriel et Urbain<br />

par<br />

David Goutaland<br />

Soutenue le 11 avril 2008 devant la Commission d’examen<br />

Jean-François Buoncristiani Maître de conférence Examinateur<br />

Bernard Chocat Professeur Président du jury<br />

Jean-Sébastien Dubé Professeur Directeur de thèse<br />

Didier Graillot Directeur de recherche Rapporteur<br />

Denis Jongmans Professeur Rapporteur<br />

Thierry Winiarski Chargé de recherche Directeur de thèse<br />

Cette thèse a été effectuée au Laboratoire des Sciences de l’Environnement de l’ENTPE de Vaulx-en-Velin


INSA Direction de la Recherche - Écoles Doctorales 2007<br />

SIGLE ECOLE DOCTORALE NOM ET COORDONNEES DU RESPONSABLE<br />

CHIMIE<br />

E.E.A.<br />

E2M2<br />

EDIIS<br />

EDISS<br />

Math IF<br />

MEGA<br />

SSED<br />

CHIMIE DE LYON<br />

http://sakura.cpe.fr/ED206<br />

M. Jean Marc LANCELIN<br />

Insa : R. GOURDON<br />

ELECTRONIQUE,<br />

ELECTROTECHNIQUE, AUTOMATIQUE<br />

http://www.insa-lyon.fr/eea<br />

M. Alain NICOLAS<br />

Insa : D. BARBIER<br />

ede2a@insa-lyon.fr<br />

Secrétariat : M. LABOUNE<br />

AM. 64.43 – Fax : 64.54<br />

EVOLUTION, ECOSYSTEME,<br />

MICROBIOLOGIE, MODELISATION<br />

http://biomserv.univ-lyon1.fr/E2M2<br />

M. Jean-Pierre FLANDROIS<br />

Insa : S. GRENIER<br />

INFORMATIQUE ET INFORMATION<br />

POUR LA SOCIETE<br />

http://ediis.univ-lyon1.fr<br />

M. Alain MILLE<br />

Secrétariat : I. BUISSON<br />

INTERDISCIPLINAIRE SCIENCES-<br />

SANTE<br />

M. Didier REVEL<br />

Insa : M. LAGARDE<br />

MATERIAUX DE LYON<br />

M. Jean Marc PELLETIER<br />

Secrétariat : C. BERNAVON 83.85<br />

MATHEMATIQUES ET INFORMATIQUE<br />

FONDAMENTALE<br />

M. Pascal KOIRAN<br />

Insa : G. BAYADA<br />

MECANIQUE, ENERGETIQUE, GENIE<br />

CIVIL, ACOUSTIQUE<br />

M. Jean Louis GUYADER<br />

Secrétariat : M. LABOUNE<br />

PM : 71.70 –Fax : 87.12<br />

SCIENCES DES SOCIETES, DE<br />

L’ENVIRONNEMENT ET DU DROIT<br />

Mme Claude-Isabelle BRELOT<br />

Insa : J.Y. TOUSSAINT<br />

M. Jean Marc LANCELIN<br />

Université Claude Bernard Lyon 1<br />

Bât CPE<br />

43 bd du 11 novembre 1918<br />

69622 VILLEURBANNE Cedex<br />

Tél : 04.72.43 13 95<br />

lancelin@hikari.cpe.fr<br />

M. Alain NICOLAS<br />

Ecole Centrale de Lyon<br />

Bâtiment H9<br />

36 avenue Guy de Collongue<br />

69134 ECULLY<br />

Tél : 04.72.18 60 97 Fax : 04 78 43 37 17<br />

eea@ec-lyon.fr<br />

Secrétariat : M.C. HAVGOUDOUKIAN<br />

M. Jean-Pierre FLANDROIS<br />

CNRS UMR 5558<br />

Université Claude Bernard Lyon 1<br />

Bât G. Mendel<br />

43 bd du 11 novembre 1918<br />

69622 VILLEURBANNE Cédex<br />

Tél : 04.26 23 59 50/ 06 07 53 89 13, Fax 04 26 23 59 49<br />

e2m2@biomserv.univ-lyon1.fr<br />

M. Alain MILLE<br />

Université Claude Bernard Lyon 1<br />

LIRIS - EDIIS<br />

Bâtiment Nautibus<br />

43 bd du 11 novembre 1918<br />

69622 VILLEURBANNE Cedex<br />

Tél : 04.72. 44 82 94 Fax 04 72 44 80 53<br />

ediis@liris.cnrs.fr - alain.mille@liris.cnrs.fr<br />

M. Didier REVEL<br />

Hôpital Cardiologique de Lyon<br />

Bâtiment Central28 Avenue Doyen Lépine<br />

69500 BRON<br />

Tél : 04.72.35 72 32<br />

Didier.revel@creatis.uni-lyon1.fr<br />

M. Jean Marc PELLETIER<br />

INSA de Lyon<br />

MATEIS<br />

Bâtiment Blaise Pascal<br />

7 avenue Jean Capelle<br />

69621 VILLEURBANNE Cédex<br />

Tél : 04.72.43 83 18 Fax 04 72 43 85 28<br />

Jean-marc.Pelletier@insa-lyon.fr<br />

M.Pascal KOIRAN<br />

Ecole Normale Supérieure de Lyon<br />

46 allée d’Italie<br />

69364 LYON Cédex 07<br />

Tél : 04.72.72 84 81 Fax : 04 72 72 89 69<br />

Pascal.koiran@ens-lyon.fr<br />

Secrétariat : Fatine Latif - latif@math.univ-lyon1.fr<br />

M. Jean Louis GUYADER<br />

INSA de Lyon<br />

Laboratoire de Vibrations et Acoustique<br />

Bâtiment Antoine de Saint Exupéry<br />

25 bis avenue Jean Capelle<br />

69621 VILLEURBANNE Cedex<br />

Tél :04.72.18.71.70 Fax : 04 72 18 87 12<br />

mega@lva.insa-lyon.fr<br />

Mme Claude-Isabelle BRELOT<br />

Université Lyon 2<br />

86 rue Pasteur<br />

69365 LYON Cedex 07<br />

Tél : 04.78.69.72.76 Fax : 04.37.28.04.48<br />

Claude-isabelle.brelot@univ-lyon2.fr


Remerciements<br />

Je tiens en premier lieu à remercier pour leur encadrement mes directeurs de thèse, M.<br />

Thierry Winiarski et M. Jean-Sébastien Dubé. J’exprime ma sincère reconnaissance à M. Thierry<br />

Winiarski, à l’initiative de ce sujet de recherche, je le remercie pour la confiance qu’il m’a accordée,<br />

pour son encadrement enrichissant et de grande qualité scientifique, pour les échanges quotidiens<br />

qui m’ont guidé tout au long de la thèse, et bien sûr son enthousiasme et sa bonne humeur<br />

quotidienne. D’un peu plus loin, et lors de mes deux séjours au Québec, M. Jean-Sébastien Dubé m’a<br />

également beaucoup apporté à travers nos discussions, il a manifesté un intérêt constant à l’égard de<br />

ce sujet de recherche, et je le remercie pour ses remarques constructives et sa disponibilité.<br />

Je remercie également M. Yves Perrodin de m’avoir accueilli au sein du Laboratoire des<br />

Sciences de l’Environnement, et sans qui cette thèse n’aurait peut-être pas vu le jour.<br />

Mes remerciements vont à M. Didier Graillot, Directeur de Recherche à l’Ecole des Mines de<br />

Saint Etienne, et M. Denis Jongmans, Professeur à l’Université Joseph Fourier de Grenoble, pour avoir<br />

examiné ce travail de thèse et pour en être les rapporteurs, ainsi que M. Bernard Chocat, Professeur<br />

à l’INSA de Lyon, et M. Jean-François Buoncristiani, Maître de Conférences à l’Université de<br />

Bourgogne, pour m’avoir fait l’honneur de participer au jury.<br />

Cette thèse doit beaucoup à la collaboration avec le Laboratoire Régional d’Autun du CETE de<br />

Lyon pour l’acquisition et l’analyse des données géophysiques. Je remercie tout particulièrement M.<br />

Grégory Bièvre, actuellement en thèse au LGIT, pour son implication dans toutes les campagnes<br />

d’acquisition, et pour sa contribution à l’analyse des données. Je le remercie pour le temps qu’il a<br />

consacré à ce sujet et pour les discussions enrichissantes, et je lui souhaite beaucoup de réussite<br />

pour sa thèse.<br />

Je tiens à remercier M. Michel Chouteau et M. Bernard Giroux, professeur et chercheur à<br />

l’Ecole Polytechnique de Montréal, pour le temps qu’ils m’ont accordé lors de mes séjours québécois,<br />

pour leurs conseils et leur contribution concernant le traitement et l’analyse des données<br />

géophysiques. Je remercie également M. Denis Marcotte, professeur à l’Ecole Polytechnique de<br />

Montréal, pour l’initiation aux géostatistiques.<br />

Je remercie sincèrement M. Jean-François Buoncristiani de m’avoir accueilli à l’Université de<br />

Dijon, de m’avoir initié à la sédimentologie des formations <strong>fluvioglaciaire</strong>s, pour son aide et ses<br />

conseils sur les interprétations sédimentologiques, et pour les explications instructives lors de nos<br />

missions à Chamonix et en Islande.<br />

Mes remerciements vont également à M. Rafael Angulo-Jaramillo, chargé de recherche CNRS<br />

au LTHE, et M. Laurent Lassabatère, ITPE chercheur au LCPC, qui ont participé activement aux<br />

campagnes d’essais d’infiltration, et qui m’ont conseillé sur l’analyse des essais d’infiltration Beerkan,<br />

et la modélisation des écoulements non-saturés, toujours dans la bonne humeur.<br />

Je tiens à remercier les étudiants de l’ENTPE qui ont grandement contribué aux résultats de<br />

cette thèse, merci donc à Arnaud Ganaye, Bertrand Perrin, Hélène Arambourou, Henri Cazalets et<br />

Julien Arpaia.<br />

Je remercie également le laboratoire des Géomatériaux de l’ENTPE, et notamment M. Ali<br />

Mesbah, pour m’avoir permis de réaliser les analyses granulométriques dans son laboratoire.


Je n’oublie pas l’aide précieuse de M. Marc Danjean sur le terrain et au laboratoire, je le<br />

remercie pour sa disponibilité de tous les instants (quelles que soient les conditions météo !) et son<br />

grand esprit pratique. Je remercie plus généralement toutes les personnes qui ont participé aux<br />

manipulations expérimentales sur le terrain.<br />

Je remercie toute l’équipe du Laboratoire des Sciences de l’Environnement, qui a contribué à<br />

rendre agréables ces années de thèse. Un merci particulier à mes deux co-bureaux pendant ces<br />

années, Clotilde et Manue, pour nos petites discussions quotidiennes et leur gentillesse, et<br />

également pour le soutien en fin de thèse. Je pense également à toutes les personnes avec qui j’ai<br />

travaillé ou que j’ai croisées pendant ces trois années et demies : Alain, Andrey, Anne-Laure (merci<br />

pour les week-ends à Champé !), Alicia (merci pour ton sourire de tous les jours, et les séances<br />

piscine du mercredi midi !), Bernard, Cécile, Claude, Emilie, les deux Hélène, Jean-Philippe, Houssem,<br />

Isabelle, Laurent, Laurence, le grand Marc (merci de m’avoir fait participer à tes manips !), Martine,<br />

les deux Muriel, Ruth (et son formidable sourire), Sylvie, Thérèse, Xavier au LSE, et puis Jean-Philippe<br />

(merci pour les discussions sur nos sujets de thèse, et pour les autres moins sérieuses des pauses de<br />

midi), Josiane, Fernando, Samir, et le personnel de la STEPPE lors de mes séjours montréalais. Merci<br />

également aux thésards croisés lors de manips sur le terrain, et qui m’ont aidé ponctuellement, je<br />

pense notamment à Sébastien Le Coustumer et Mickaël Denis.<br />

Je n’oublie pas pour finir mes amis, ainsi que mes parents et ma sœur, qui m’ont<br />

continuellement encouragé pendant ces trois ans, en m’apportant leur soutien et en me remontant<br />

le moral quand celui-ci commençait à baisser. Un grand merci.<br />

Ces travaux ont bénéficiés de l’aide financière des programmes de recherche « ACI<br />

Ecosphère Continentale : EMMAUS » et « ANR Écotechnologie et Développement Durable :<br />

ECCOPLUIE », ainsi que de l’aide technique de la fédération de recherche OTHU. Les deux séjours au<br />

Canada ont été réalisés dans le cadre de la 60 ème commission permanente de coopération Franco-<br />

Québecoise.


Tables des matières<br />

Liste des figures ..................................................................................................... 9<br />

Liste des tableaux ................................................................................................ 17<br />

Introduction ......................................................................................................... 19<br />

A. Contexte et objectifs ........................................................................................ 21<br />

I. L’infiltration des eaux pluviales en milieu urbain....................................................... 21<br />

II. Les échelles d’étude d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire correspondant à l’échelle de l’ouvrage<br />

urbain .................................................................................................................................... 22<br />

III. L’approche <strong>hydrogéophysique</strong> ................................................................................ 24<br />

IV. Objectifs et démarche générale .............................................................................. 26<br />

IV.1. Objectifs ................................................................................................................................. 26<br />

IV.2. Démarche générale et organisation de la thèse .................................................................... 27<br />

V. Description sommaire du site étudié ....................................................................... 29<br />

B. <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et<br />

hétérogénéité ................................................................................................................. 31<br />

I. Hétérogénéités sédimentaires des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s ......................................... 31<br />

I.1. Les formations <strong>fluvioglaciaire</strong>s : des <strong>dépôt</strong>s de systèmes fluviatiles en tresse ........................ 31<br />

I.1.1. Caractéristiques générales d’un système fluviatile en tresse ........................................... 31<br />

I.1.2. Le cas des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s ..................................................................................... 33<br />

I.2. Les formes de <strong>dépôt</strong>s et les faciès sédimentaires associés aux plaines d’épandage<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> ............................................................................................................................................... 38<br />

I.3. Typologie des hétérogénéités sédimentaires de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires ........... 43<br />

I.3.1. Echelle du lithofaciès ........................................................................................................ 43<br />

I.3.2. Echelle de l’élément architectural .................................................................................... 51<br />

I.3.3. Echelle de l’environnement de <strong>dépôt</strong> ............................................................................... 52<br />

I.4. Synthèse et conclusion ............................................................................................................. 52<br />

II. Matériels et méthodes ............................................................................................ 54<br />

II.1. Description des sites étudiés ................................................................................................... 54<br />

II.1.1. Dépôts glaciaires et <strong>fluvioglaciaire</strong>s de l’Est lyonnais ...................................................... 54<br />

II.1.2. Epandage <strong>fluvioglaciaire</strong> des Bossons .............................................................................. 56<br />

II.1.3. Epandage <strong>fluvioglaciaire</strong> du Breidamerkurjokull ............................................................. 57<br />

II.2. Méthode .................................................................................................................................. 59<br />

II.2.1. <strong>Caractérisation</strong> de l’architecture sédimentaire du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais<br />

................................................................................................................................................................. 59<br />

II.2.2. Evaluation de l’analogie sédimentaire du <strong>dépôt</strong> de l’Est lyonnais et des <strong>dépôt</strong>s<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s actuels ............................................................................................................................. 61<br />

II.3. Analyses sédimentologiques et granulométriques ................................................................. 63<br />

II.3.1. <strong>Caractérisation</strong> sédimentologique ................................................................................... 63<br />

II.3.2. Analyses granulométriques .............................................................................................. 63<br />

III. Résultats et discussions .......................................................................................... 65<br />

III.1. <strong>Caractérisation</strong> sédimentologique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais ........................ 65<br />

III.1.1. Caractéristiques sédimentaires des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s de l’Est lyonnais ........... 65<br />

III.1.2. Description des parois d’excavation et interprétation des éléments architecturaux ..... 73<br />

III.2. Analyse de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s analogues récents ........................................................... 77<br />

III.2.1. Evaluation de l’analogie entre lithofaciès quaternaires et récents ................................ 77<br />

III.2.2. Description de l’affleurement <strong>fluvioglaciaire</strong> du Breidamerkurjökull ............................. 80<br />

III.3. Conclusion .............................................................................................................................. 81<br />

5


C. <strong>Caractérisation</strong> tridimensionnelle de l’hétérogénéité texturale et structurale du<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> par méthodes géophysiques ........................................................... 82<br />

I. Hydrogéophysique et <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s ............................................................ 82<br />

I.1. <strong>Caractérisation</strong> d’unités hydrogéologiques ("hydrogeological mapping") .............................. 83<br />

I.2. Les méthodes géophysiques adaptées à une caractérisation <strong>hydrogéophysique</strong> des <strong>dépôt</strong>s<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s .............................................................................................................................................. 84<br />

I.2.1. Radar géologique .............................................................................................................. 84<br />

I.2.2. Les autres méthodes géophysiques utilisables sur des <strong>dépôt</strong>s sédimentaires ............... 101<br />

I.3. Conclusion et choix méthodologiques ................................................................................... 106<br />

II. Matériels et méthodes ........................................................................................... 108<br />

II.1. Méthode ................................................................................................................................ 108<br />

II.1.1. Calibrage des signaux géophysiques ............................................................................. 109<br />

II.1.2. Détermination de modèles stratigraphiques du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> .......................... 109<br />

II.2. Grilles d’acquisition ............................................................................................................... 110<br />

II.2.1. Bassin d’infiltration ........................................................................................................ 110<br />

II.2.2. Zone A ............................................................................................................................ 110<br />

II.2.3. Zone B ............................................................................................................................ 111<br />

II.2.4. Zone C ............................................................................................................................ 111<br />

II.3. Investigation géophysique .................................................................................................... 112<br />

II.3.1. Radar géologique ........................................................................................................... 112<br />

II.3.2. Résistivité électrique ...................................................................................................... 114<br />

II.4. Interpolation tridimensionnelle par krigeage des interfaces entre faciès géophysiques ..... 115<br />

II.5. Modélisation des réflecteurs radar ....................................................................................... 116<br />

III. Résultats et discussion .......................................................................................... 117<br />

III.1. Calibrage des signaux géophysiques .................................................................................... 117<br />

III.1.1. Résultat préliminaire : évaluation de la vitesse de propagation des ondes EM ........... 117<br />

III.1.2. Confrontation directe des parois d’excavation avec les profils géophysiques<br />

correspondant ........................................................................................................................................ 120<br />

III.1.3. Conclusion ..................................................................................................................... 129<br />

III.1.4. <strong>Caractérisation</strong> tridimensionnelle des hétérogénéités sédimentaires ......................... 130<br />

III.1.5. Typologie de faciès géophysiques reliés aux caractéristiques sédimentaires du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> ......................................................................................................................................... 134<br />

III.2. Définition et validation d’un modèle stratigraphique de <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> ................... 135<br />

III.2.1. Modèle stratigraphique de la zone Nord de la grille C ................................................. 136<br />

III.2.2. Modèle stratigraphique de la zone Ouest de la grille C ................................................ 141<br />

III.2.3. Interprétation des profils géophysiques mesurés sur la grille C ................................... 145<br />

III.3. Synthèse et conclusion ......................................................................................................... 147<br />

D. <strong>Caractérisation</strong> des propriétés hydrodynamiques des hydrofaciès du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> ................................................................................................................ 148<br />

I. Les propriétés hydrodynamiques des hydrofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s ............................ 148<br />

I.1. Les propriétés hydrodynamiques caractéristiques d’un milieu poreux non-saturé .............. 148<br />

I.1.1. Etat énergétique de l’eau en zone non-saturée et notion de pression capillaire ........... 148<br />

I.1.2. Courbe de rétention capillaire ........................................................................................ 149<br />

I.1.3. Conductivité hydraulique ................................................................................................ 151<br />

I.1.4. Equation de l’écoulement en zone non-saturée ............................................................. 153<br />

I.2. Les propriétés hydrodynamiques de lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s ............................................ 155<br />

I.2.1. Méthodes de caractérisation hydrodynamique à l’échelle de l’hydrofaciès .................. 156<br />

I.2.2. Relation entre lithofaciès et hydrofaciès ........................................................................ 157<br />

I.2.3. Importance de la caractérisation à l’échelle macroscopique de l’élément architectural 159<br />

I.3. Les méthodes d’estimation des propriétés hydrodynamiques appropriées aux lithofaciès<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s ............................................................................................................................................ 159<br />

I.3.1. <strong>Caractérisation</strong> des propriétés hydrodynamiques par essais in situ Beerkan et méthode<br />

BEST ....................................................................................................................................................... 160<br />

6


I.3.2. <strong>Caractérisation</strong> des propriétés hydrodynamiques par méthodes prédictives ................ 161<br />

I.4. Synthèse et choix méthodologiques ...................................................................................... 166<br />

II. Matériels et méthodes ........................................................................................... 168<br />

II.1. Méthode ................................................................................................................................ 168<br />

II.1.1. <strong>Caractérisation</strong> des propriétés hydrodynamiques d’hydrofaciès analogues ................. 169<br />

II.1.2. Détermination des hydrofaciès modèles du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> et évaluation du<br />

modèle hydrostratigraphique ................................................................................................................ 169<br />

II.2. <strong>Caractérisation</strong> hydrodynamique des lithofaciès par essais Beerkan et méthode BEST....... 171<br />

II.2.1. Mesure des variations de teneurs en eau dans le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> ........................ 173<br />

II.2.1. Modélisation des écoulements en zone non-saturée .................................................... 175<br />

III. Résultats et discussions ......................................................................................... 178<br />

III.1. Analyse préliminaire des essais d’infiltration ....................................................................... 178<br />

III.2. Estimation des propriétés hydrodynamiques des hydrofaciès ............................................ 180<br />

III.2.1. Cas des hydrofaciès sableux et à matrice sableuse ...................................................... 180<br />

III.2.2. Cas des graviers sans matrice ....................................................................................... 183<br />

III.2.3. Conclusion ..................................................................................................................... 184<br />

III.3. Détermination des hydrofaciès représentatifs..................................................................... 184<br />

III.3.1. Calage des propriétés hydrodynamiques sur un état initial désaturé .......................... 185<br />

III.3.2. Discussion sur le choix des hydrofaciès ........................................................................ 187<br />

III.3.3. Evaluation du modèle hydrostratigraphique ................................................................ 189<br />

III.4. Conclusion ............................................................................................................................ 196<br />

E. Discussion sur l’effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements de<br />

la zone non-saturée du bassin d’infiltration .................................................................... 199<br />

I. <strong>Caractérisation</strong> des écoulements bidimensionnels en zone non-saturée ................... 199<br />

I.1. <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité d’écoulement ................................................................. 200<br />

I.2. Discussion sur les écoulements préférentiels ........................................................................ 203<br />

I.2.1. Ecoulement de type "drain" ............................................................................................ 203<br />

I.2.2. Effets de barrière capillaire et funneled flows ................................................................ 204<br />

II. Apport de la caractérisation tridimensionnelle........................................................ 207<br />

II.1. Modélisations d’écoulement en trois dimensions (Hydrus 3D) ............................................ 207<br />

II.1.1. Discrétisation du domaine ............................................................................................. 208<br />

II.1.2. Définition du modèle hydrostratigraphique .................................................................. 208<br />

II.1.3. Conditions aux limites .................................................................................................... 209<br />

II.1.4. Conditions initiales ......................................................................................................... 210<br />

II.2. <strong>Caractérisation</strong> de l’écoulement en trois dimensions ........................................................... 210<br />

III. Définition d’une typologie d’écoulements préférentiels ......................................... 212<br />

IV. Conclusion ............................................................................................................ 215<br />

F. Conclusions et perspectives ............................................................................. 217<br />

G. Références bibliographiques ........................................................................... 223<br />

Annexes .............................................................................................................. 231<br />

7


Chapitre A<br />

Liste des figures<br />

Figure 1 : synoptique d'organisation des thèmes et sous thèmes de recherche de l’OTHU. En<br />

rouge, le sous-thème sur lequel porte les travaux présentés. .............................................................. 22<br />

Figure 2 : méthodologie générale de la thèse .......................................................................... 28<br />

Figure 3 : a) situation des bassins de rétention/décantation et d’infiltration dans la zone<br />

industrielle située au sud de la ville de Chassieu à l’Est de l’agglomération lyonnaise. b) Photo<br />

aérienne (image Google Earth de 2007) et c) principe de fonctionnement des deux bassins. ............ 29<br />

Chapitre B<br />

Figure 4 : division de la surface du bassin d’infiltration en trois zones, notées zones A, B et C<br />

du nord vers le sud. ............................................................................................................................... 30<br />

Figure 5 : types de systèmes fluviatiles et caractéristiques principales des chenaux .............. 32<br />

Figure 6 : systèmes fluviatiles modèles et caractéristiques physiques associées. Les systèmes<br />

en tresse sont entourés en rouge. D’après Reading (1996). ................................................................. 32<br />

Figure 7 : positionnement des plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> au sein des environnements<br />

glaciaires. ............................................................................................................................................... 33<br />

Figure 8 : évolution de l’environnement de <strong>dépôt</strong> en fonction de la distance à la marge<br />

glaciaire ................................................................................................................................................. 35<br />

Figure 9 : Variation de la taille de grain maximale (axe le plus long) en fonction de la distance<br />

au front glaciaire de sept plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> actives. Les sandurs des glaciers Giga et<br />

Skeidara sont islandais, les autres sont localisés au sud-est de l’Alaska. D’après Smith (1985)........... 36<br />

Figure 10 : séquences verticales typiques d’un <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, suivant l’environnement<br />

de <strong>dépôt</strong> : a) proximal (type Scott), b) intermédiaire (type Donjek), c) distal (type Platte). D’après<br />

Miall (1978). .......................................................................................................................................... 37<br />

Figure 11 : modèle conceptuel des <strong>dépôt</strong>s de rivière en tresse. Exemples de barre composite<br />

constituée d’un amalgame de barre unitaire dans un contexte de sédimentation active, et d’un<br />

remplissage de chenal abandonné par des barres unitaires. D’après Bridge et Lunt (2006). .............. 39<br />

Figure 12 : rides de courant et stratification entrecroisée associée ........................................ 39<br />

Figure 13 : hypothèse de migration de nappes de charriage de graviers. D’après Recking<br />

(2006). ................................................................................................................................................... 40<br />

Figure 14 : sections longitudinale (a) et transversale (b) représentant les macrostratifications<br />

internes aux barres unitaires. D’après Lunt et al. (2004a) et Bridge et Lunt (2006). ............................ 41<br />

Figure 15 : sections transversales (a et b) et longitudinales (c) de barres composites du<br />

modèle de rivière en tresse de Lunt et al. (2004a) et Bridge et Lunt (2006). L’exagération verticale est<br />

de 2:1. Les traits ne représentent que les stratifications macroscopiques (traits fins noirs) à<br />

mégascopiques (traits forts verts). ........................................................................................................ 42<br />

Figure 16 : section transversale d’un remplissage de chenal de rivière en tresse (Lunt et al.<br />

(2004a), Bridge et Lunt (2006)). L’exagération verticale est de 2:1. Les traits ne représentent que les<br />

stratifications macroscopiques (traits fins noirs) à mégascopiques (traits forts verts). ....................... 43<br />

Figure 17 : exemple de graviers sans matrice : a) graviers sans matrice granoclassés à<br />

stratification plane entre deux lithofaciès de graviers sableux, et b) alternance de graviers sableux et<br />

de graviers sans matrice à stratification entrecroisée. Photos de Lunt et Bridge (Lunt et Bridge, 2007).<br />

............................................................................................................................................................... 49<br />

9


Figure 18 : hypothèses concernant la formation d’alternance de graviers sans matrice et de<br />

graviers sableux bimodaux. L’écoulement se fait de la gauche vers la droite dans tous les cas. D’après<br />

Lunt et Bridge (2007). ............................................................................................................................ 50<br />

Figure 19 : exemple d’éléments architecturaux de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires de la<br />

vallée du Rhin décrits par Heinz et Aigner (2003b) ............................................................................... 52<br />

Figure 20 : a) carte géomorphologique (Mandier, 1984), b) carte géologique simplifiée, et c)<br />

modèle numérique de terrain de l’Est lyonnais. Le site étudié est figuré par un point rouge. ............ 54<br />

Figure 21 : a) situation du Glacier des Bossons et de la zone étudiée, b) carte géologique<br />

simplifiée du versant Nord du massif du Mont Blanc, et c) position du sandur étudié (délimité en<br />

rouge) par rapport au glacier. PAG : Petit Age Glaciaire (environ 1550 à 1850). ................................. 56<br />

Figure 22 : réseau de chenaux du sandur des Bossons en septembre 2004, et barres de sables<br />

et de graviers associés ........................................................................................................................... 57<br />

Figure 23 : Carte des sédiments de surfaces de la zone proglaciaire du Breidamerkurjökull.<br />

D’après Evans et Twigg (2002). ............................................................................................................. 58<br />

Figure 24 : méthodologie utilisée pour la description des structures sédimentaires du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais. Les analyses suivies d’une étoile ont été étudiées par Ganaye (2006)<br />

et Arambourou (2007), et ne seront pas présentées dans le cadre de la thèse. .................................. 59<br />

Figure 25 : emprise des excavations réalisées dans les zones A et B du bassin DjR ................ 60<br />

Figure 26 : parois verticales des excavations réalisées dans la zone A (a) et la zone B (b), et<br />

division des parois en sections de 1,5 m de large. ................................................................................ 61<br />

Figure 27 : photographie de l’affleurement décrit dans le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> du<br />

Breidamerkursandur. Cet affleurement est le résultat de l’incision des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s par le<br />

torrent proglaciaire provenant du Breidamerkurjökull. ....................................................................... 62<br />

Figure 28 : distribution granulométrique cumulée des échantillons de lithofaciès S-x des<br />

zones A et B. .......................................................................................................................................... 65<br />

Figure 29 : détails des structures sédimentaires internes au lithofaciès S-x décrit sur la paroi<br />

d’excavation de la zone B. ..................................................................................................................... 66<br />

Figure 30 : hypothèse de remplissage sableux de creux d’érosion .......................................... 67<br />

Figure 31 : distribution granulométrique cumulée des échantillons de lithofaciès Gcm (a) et<br />

Gcm,b (b) des zones A et B. ................................................................................................................... 67<br />

Figure 32 : distribution granulométrique cumulée des échantillons de lithofaciès Gcg,o et<br />

Gcx,o des zones A et B. .......................................................................................................................... 69<br />

Figure 33 : triangle textural représentant les fractions en graviers (D > 2 mm), en sables (2<br />

mm > D > 63 µm), et en fines (argiles et silts, D < 63 µm) et les domaines de variation<br />

granulométrique des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s sous-jacents au bassin DjR. ...................................... 71<br />

Figure 34 : représentation schématique du grain moyen (diamètre des bulles) et du<br />

classement de Folk et Ward (suivant le code couleur) des 86 échantillons prélevés sur la paroi de<br />

l’excavation de la zone A. ...................................................................................................................... 72<br />

Figure 35 : représentation schématique du grain moyen (diamètre des bulles) et du<br />

classement de Folk et Ward (suivant le code couleur) des 41 échantillons prélevés sur la paroi de<br />

l’excavation de la zone B. ...................................................................................................................... 72<br />

Figure 36 : interprétation de la paroi d’excavation de la zone A aux échelles du lithofaciès et<br />

de l’élément architectural. .................................................................................................................... 73<br />

Figure 37 : courbes de fréquence granulométrique associées aux tamisats à 1mm des<br />

échantillons A-S3-1, A-S3-2, A-S3-3 et A-S3-4 ....................................................................................... 74<br />

Figure 38 : interprétation de la paroi d’excavation de la zone B aux échelles du lithofaciès et<br />

de l’élément architectural. .................................................................................................................... 76<br />

Figure 39 : triangle textural représentant les fractions en graviers (D > 2 mm), en sables (2<br />

mm > D > 63 μm), et en fines (argiles et silts, D < 63 μm) des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s caractérisés<br />

en surface de la zone proglaciaire des Bossons et de l’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> du Breidamerkurjökull<br />

en Islande. Les domaines de variation granulométrique des lithofaciès quaternaires caractérisés à<br />

10


partir des échantillons prélevés sur les parois d’excavation des zones A et B sont également<br />

représentés............................................................................................................................................ 78<br />

Figure 40 : classement granulométrique en fonction du grain moyen des lithofaciès<br />

caractérisés en surface de plaines d’épandage actuelles (les échantillons correspondent à ceux du<br />

Tableau 8). Les domaines de variation associés aux lithofaciès ont été représentés. Les zones<br />

entourées de pointillées correspondent à des zones de tolérances associées à ces domaines de<br />

variation. ............................................................................................................................................... 79<br />

Figure 41 : coupe stratigraphique de l’affleurement du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> du<br />

Breidamerkurjökull, et photographie associée. L’échelle verticale est exagérée 3 fois par rapport à<br />

l’échelle horizontale. ............................................................................................................................. 80<br />

Figure 42 : exemple de remplissage sableux en surface du Breidamerkursandur ................... 81<br />

Chapitre C<br />

Figure 43 : exemple d’acquisition au radar géologique ........................................................... 84<br />

Figure 44 : principe d’acquisition à offset constant (mode réflexion). E : émetteur, R :<br />

récepteur ............................................................................................................................................... 86<br />

Figure 45 : principe d’une acquisition CMP. L’acquisition CMP traduit l’accroissement de la<br />

durée du trajet de l’onde (temps en ordonnées) à mesure que les antennes s’éloignent l’une de<br />

l’autre (offset en abscisse). Cette acquisition permet de déterminer le profil de vitesse de<br />

propagation des ondes EM dans le sol investigué. E : émetteur, R : récepteur. .................................. 86<br />

Figure 46 : nombre de publications scientifiques produites annuellement entre 1981 et 2001<br />

sur le radar géologique, ainsi que sur ses applications en géologie et en sédimentologie en particulier.<br />

D’après Neal (Neal, 2004)...................................................................................................................... 90<br />

Figure 47 : exemple de stratification au sein de formations sédimentaires, engendrées par<br />

des changements de : a) composition (présence d’argiles), b) granulométrie (sables et graviers), c)<br />

forme des grains (allongés ou arrondis), d) orientation des grains et e) tassement des grains, et à<br />

l'origine de réflecteurs radar. D’après Neal (2004) ............................................................................... 91<br />

Figure 48 : terminologie utilisée pour la description et l’interprétation de radargrammes, en<br />

terme de surfaces, packages et faciès radar. La description fait intervenir les géométries en deux et<br />

trois dimensions. D’après Neal (Neal, 2004). ........................................................................................ 93<br />

Figure 49 : séquence de traitement applicable à une étude sédimentologique. D’après Neal<br />

(Neal, 2004). .......................................................................................................................................... 94<br />

Figure 50 : typologie des coupes horizontales de bloc radar tridimensionnels (time slices) liés<br />

aux <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s de la vallée du Rhin. D’après Beres et al. (1999). .................................... 100<br />

Figure 51 : exemple d’interprétation de l’architecture tridimensionnelle d’un <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> par analyse de blocs pseudo-3D d’images radar (acquisition sur une grille de maille de<br />

1 à 5 m). Les unités 2 à 5 correspondent à l’agencement complexe de remplissages de creux<br />

d’érosion. D’après Heinz et Aigner (2003a). ....................................................................................... 100<br />

Figure 52 : dispositifs d’acquisition de panneau électrique les plus couramment utilisés, et<br />

diagramme de sensibilité associé. AB est le dipôle d’injection, MN est le dipôle de mesure, a est la<br />

distance minimale entre deux électrodes. .......................................................................................... 102<br />

Figure 53 : exemple d’étude couplant a) une étude sédimentologique et plusieurs méthodes<br />

géophysiques : b) radar géologique, c) sismique réfraction, c) panneau électrique. D’après Bowling et<br />

al. (2007). ............................................................................................................................................ 104<br />

Figure 54 : méthodologie utilisée pour la définition d’un modèle stratigraphique du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> étudié à une échelle réduite représentative de l’ouvrage d’infiltration ..................... 108<br />

Figure 55 : schéma du bassin d’infiltration DjR et emplacement des grilles d’acquisition A, B<br />

et C pour les mesures géophysiques. La grille large de 5 m n’est pas représentée. Les grilles A et B<br />

sont situées chacune en arrière d’une excavation, afin de calibrer les signaux géophysiques aux<br />

11


hétérogénéités sédimentaires. L’emprise des excavations sur les grilles d’acquisition est représentée.<br />

............................................................................................................................................................. 110<br />

Figure 56 : emplacement des zones d’étude réduites nord et ouest sur la grille C ............... 111<br />

Figure 57 : acquisition CMP dans la partie Nord du puits de mesure. La fréquence d’antenne<br />

utilisée est de 400 MHz. ...................................................................................................................... 114<br />

Figure 58 : mesure de la résistivité électrique par panneau électrique au niveau de la grille A.<br />

Les 8 profils de résistivité mesurés correspondent aux 8 lignes orientées NS les plus à l’est de la grille.<br />

............................................................................................................................................................. 115<br />

Figure 59 : comparaison (a) de la photographie panoramique de la section A, et (b) du profil<br />

radar correspondant. Les limites des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s principaux (a) sont mises en évidence.<br />

Les points A à H sont les points de corrélation utilisés pour l’évaluation de la vitesse de propagation<br />

des ondes EM. ..................................................................................................................................... 117<br />

Figure 60 : comparaison (a) de la photographie panoramique de la section B, et (b) du profil<br />

radar correspondant. Les limites des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s principaux (a) sont mises en évidence.<br />

Les points A à F sont les points de corrélation utilisés pour l’évaluation de la vitesse de propagation<br />

des ondes EM. ..................................................................................................................................... 117<br />

Figure 61 : a) profil CMP réalisé au nord de la grille C et demi-hyperboles principales utilisées<br />

pour l’estimation du profil de vitesses NMO (en rouge, les demi-hyperboles, et en vert, les multiples<br />

interprétés par le logiciel Reflex), b) analyse de semblance du profil CMP et profil des vitesses NMO<br />

(en blanc), c) profil des vitesses d’intervalle déduites des vitesses NMO........................................... 119<br />

Figure 62 : a) profil CMP réalisé à l’ouest de la grille C et demi-hyperboles principales utilisées<br />

pour l’estimation du profil de vitesses NMO (en rouge, les demi-hyperboles, et en vert, les multiples<br />

interprétés par le logiciel Reflex), b) analyse de semblance du profil CMP et profil des vitesses NMO<br />

(en blanc), c) profil des vitesses d’intervalle déduites des vitesses NMO........................................... 119<br />

Figure 63 : comparaison de l’interprétation sédimentologique de la paroi d’excavation de la<br />

zone A (a), à l’échelle des éléments architecturaux (unités 1 à 4) et des lithofaciès, avec le profil radar<br />

mesuré avec l’antenne de 400 MHz (b). Une interprétation du profil radar, notamment les surfaces<br />

radar correspondant aux limites des unités 1 à 4 (traits forts en pointillés), est proposée (c). ......... 121<br />

Figure 64 : comparaison de l’interprétation sédimentologique de la paroi d’excavation de la<br />

zone A (a), à l’échelle des éléments architecturaux (unités 1 à 4) et des lithofaciès, avec le profil radar<br />

mesuré avec l’antenne de 200 MHz (b). Une interprétation du profil radar, notamment les surfaces<br />

radar correspondant aux limites des unités 1 à 4 (traits forts en pointillés), est proposée (c). ......... 122<br />

Figure 65 : comparaison de a) l’interprétation sédimentologique de la paroi d’excavation de<br />

la zone A, et b) du profil de résistivité électrique correspondant. ...................................................... 123<br />

Figure 66 : comparaison de l’interprétation sédimentologique de la paroi d’excavation de la<br />

zone B (a), à l’échelle des éléments architecturaux (unités 5 à 7) et des lithofaciès, avec le profils<br />

radar mesuré avec l’antenne de 400 MHz (b). Une interprétation du profil radar, notamment les<br />

surfaces radar correspondant aux limites des unités 5 à 7 (traits forts en pointillés), est proposée (c).<br />

............................................................................................................................................................. 126<br />

Figure 67 : comparaison de l’interprétation sédimentologique de la paroi d’excavation de la<br />

zone B (a), à l’échelle des éléments architecturaux (unités 6 et 7) et des lithofaciès, avec le profils<br />

radar mesuré avec l’antenne de 900 MHz (b). Une interprétation du profil radar, notamment les<br />

surfaces radar correspondant aux limites des unités 6 et 7 (traits forts en pointillés), est proposée (c).<br />

............................................................................................................................................................. 127<br />

Figure 68 : comparaison de l’interprétation sédimentologique de la paroi d’excavation de la<br />

zone B (a), à l’échelle des éléments architecturaux (unités 5 à 7) et des lithofaciès, avec le profils<br />

radar mesuré avec l’antenne de 200 MHz (b). Une interprétation du profil radar, notamment les<br />

surfaces radar correspondant aux limites des unités 5 à 7 (traits forts en pointillés), est proposée (c).<br />

............................................................................................................................................................. 128<br />

Figure 69 : niveaux à coloration orangée sur la paroi d’excavation de la zone B, traduisant la<br />

présence d’oxydes de fer dans le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> ...................................................................... 129<br />

12


Figure 70 : interprétation croisée de la paroi d’excavation de la zone A (a) décomposée en<br />

unités de <strong>dépôt</strong> et lithofaciès, et investigations géophysiques réalisées en arrière de cette paroi [bloc<br />

GPR pseudo-3D (b) et bloc 3D de résistivité électrique apparente (c)]. ............................................. 131<br />

Figure 71 : résultat de l’inversion en trois dimensions. La diminution de la résistivité<br />

correspond au remplissage de creux d’érosion de l’unité 3. .............................................................. 132<br />

Figure 72 : interprétation tridimensionnelle des éléments de <strong>dépôt</strong> situés en arrière de la<br />

paroi d’excavation de la zone B. .......................................................................................................... 133<br />

Figure 73 : profil radar (a) et interprétation (b), correspondant à y = 3 m sur la Figure 56 (les<br />

surfaces radar sont en traits forts pointillés), et profilage électrique (c) correspondant à y = 5m (sur la<br />

Figure 56), mesurés sur la zone Nord de la grille C. ............................................................................ 136<br />

Figure 74 : interprétation tridimensionnelle des éléments architecturaux du bloc radar de la<br />

zone nord de la grille C ........................................................................................................................ 137<br />

Figure 75: modèle stratigraphique interprétatif à l’échelle du lithofaciès de la zone nord de la<br />

grille C, correspondant au profil y=3m de la Figure 56. Le remplissage sableux est supposé homogène.<br />

............................................................................................................................................................. 139<br />

Figure 76 : a) modèle géométrique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> dans la zone nord de la grille C<br />

entré dans le module MatGPR et b) profil radar synthétique obtenu après modélisation (fréquence<br />

de 400 MHz). c) Profil radar mesuré avec l’antenne de 400 MHz correspondant. ............................. 140<br />

Figure 77 : surface radar et unités principales du profil GPR correspondant à x = 0 m (sur la<br />

Figure 56), mesuré sur la zone ouest de la grille C. ............................................................................. 141<br />

Figure 78 : interprétation tridimensionnelle des éléments architecturaux du bloc radar de la<br />

zone ouest de la grille C....................................................................................................................... 142<br />

Figure 79 : modèle stratigraphique interprétatif à l’échelle du lithofaciès de la zone ouest de<br />

la grille C, correspondant au profil x = 0 m de la Figure 56. ................................................................ 143<br />

Figure 80 : a) modèle géométrique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> dans la zone ouest de la grille C<br />

entré dans le module MatGPR et b) profil radar synthétique obtenu après modélisation (fréquence<br />

de 400 MHz). c) Profil radar correspondant mesuré avec l’antenne de 400 MHz. ............................. 144<br />

Figure 81 : extension latérale d’une barre de graviers, interprétée à partir du bloc radar<br />

pseudo-3D de la grille C ....................................................................................................................... 145<br />

Figure 82 : extension latérale de la couche massive de graviers, interprétée à partir du bloc<br />

radar pseudo-3D de la grille C ............................................................................................................. 146<br />

Figure 83 : extension latérale du remplissage sableux, interprétée à partir du bloc radar<br />

pseudo-3D de la grille C ....................................................................................................................... 146<br />

Chapitre D<br />

Figure 84 : effet de la granulométrie sur la courbe de rétention capillaire. D’après Miyasaki<br />

(1988). ................................................................................................................................................. 150<br />

Figure 85 : courbe de rétention capillaire d’un sable, modélisée par les relations de van<br />

Genuchten (1981) et de Brooks et Corey (1964). ............................................................................... 151<br />

Figure 86 : dépendance de la conductivité hydraulique vis-à-vis de la pression capillaire pour<br />

deux sols de nature différente ............................................................................................................ 152<br />

Figure 87 : courbe de conductivité hydraulique d’un sable, modélisée par les relations de van<br />

Genuchten (1981) et de Brooks et Corey (1964). ............................................................................... 153<br />

Figure 88 : exemple de méthodes in situ de mesure de la conductivité hydraulique saturée<br />

d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire hétérogène. a) Mesure par essai de pompage. La mesure intègre<br />

l’information à l’échelle macro- à mégascopique, et ne fournit qu’une estimation globale de la<br />

conductivité hydraulique. b) Mesure à l’échelle mésoscopique. Des essais au perméamètre à phase<br />

gazeuse ou des essais Beerkan (ces essais sont décrits au II.2) permettent d’estimer la conductivité<br />

hydraulique de chaque lithofaciès constituant le <strong>dépôt</strong> sédimentaire. D’après Dai et al. (2004). .... 156<br />

13


Figure 89 : estimation des conductivités hydrauliques saturées des principaux lithofaciès<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s. D’après Jussel et al. (1994), Andersen et al. (1999), Bersezio et al. (1999), Klingbeil et<br />

al. (1999), Heinz et al. (2003), Kostic et al. (2005). ............................................................................. 158<br />

Figure 90 : relation entre lithofaciès et hydrofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires proposée par<br />

Klingbeil et al. (1999). .......................................................................................................................... 159<br />

Figure 91 : algorithme d’estimation des paramètres de forme par la méthode BEST<br />

(Lassabatère et al., 2006) .................................................................................................................... 163<br />

Figure 92 : algorithme d’estimation des paramètres d’échelle par la méthode BEST<br />

(Lassabatère et al., 2006) .................................................................................................................... 164<br />

Figure 93 : méthodologie utilisée pour la détermination d’hydrofaciès modèles du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais et l’évaluation du modèle hydrostratigraphique établie à partir de ces<br />

hydrofaciès. En bleu, le résultat de l’étude géophysique (Chapitre C). .............................................. 168<br />

Figure 94 : localisation du puits de mesures expérimentales dans le bassin d’infiltration, et<br />

position des sondes TDR dans les zones nord (TDR1, TDR2 et TDR3) et ouest (TDR4, TDR5, TDR6) .. 170<br />

Figure 95 : réalisation d’un essai Beerkan (a), et matériel requis pour cet essai (b). Les<br />

volumes d’eau contenus dans les verres en plastique sont successivement infiltrés dans l’anneau<br />

cylindrique enfoncé de quelques millimètres dans le sol. Le temps nécessaire à l’infiltration de<br />

chacun des volumes est mesuré. Pour limiter les fuites latérales sur des lithofaciès à granulométrie<br />

grossière, un joint à la bentonite humidifiée peut être mis en place sur le pourtour de l’anneau (c).<br />

............................................................................................................................................................. 172<br />

Figure 96 : exemple de résultat fourni par un essai Beerkan (points expérimentaux en bleu) et<br />

de l’ajustement des modèles de courbes d’infiltration au régime transitoire (courbe noire) et<br />

permanent (courbe rouge). a) Courbe d’infiltration cumulée en fonction du temps, exprimée en<br />

volume par unité de surface. b) Flux infiltré en fonction du temps.................................................... 172<br />

Figure 97 : schéma du dispositif de mesure installé dans le puits expérimental, lors d’un essai<br />

d’infiltration en surface du bassin ....................................................................................................... 173<br />

Figure 98 : a) puits de mesure et cylindre d’infiltration situé dans la zone nord. b) A l’intérieur<br />

du puits, positionnement des sondes TDR, placées en bout des tubes de prolongation, dans le<br />

manchon de tamisat à 5mm en bout des tubes PVC. c) Enfoncement du cylindre d’infiltration de 2 à 5<br />

cm dans le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, et joint à la bentonite humidifiée sur le pourtour afin de limiter les<br />

fuites latérales. d) Plaquage d’un plastique sur le fond et les parois du cylindre, et remplissage du<br />

cylindre par un volume d’eau connu, mesuré au débitmètre. e) A t=0, le plastique est fendu à l’aide<br />

d’un cutter, et est retiré pour laisser l’eau s’infiltrer. f) Mesure de la variation de teneur en eau en<br />

surface lors de l’infiltration. ................................................................................................................ 174<br />

Figure 99 : a) modèle stratigraphique de la zone Nord à la verticale des sondes TDR, défini<br />

après interprétation des profils géophysiques. b) Domaine modélisé correspondant à la zone réduite<br />

de 4,5 m x 3 m entourée en rouge sur la figure a. c) Conditions aux limites imposées au domaine<br />

modélisé. ............................................................................................................................................. 176<br />

Figure 100 : courbes expérimentales d’infiltration cumulée en fonction du temps mesurées<br />

sur les lithofaciès analogues représentatifs des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s de l’Est lyonnais et sur des<br />

lithofaciès de surface du bassin DjR, et domaines de variation des courbes pour chaque type de<br />

lithofaciès. Les codes des échantillons font référence aux campagnes de mesure : B04 = Bossons<br />

2004, B05 = Bossons 2005, B06 = Bossons 2006, I05 = Islande 2005, et DjR06 = bassin DjR 2006. ... 178<br />

Figure 101 : comparaison des estimations de conductivité hydraulique saturée des<br />

hydrofaciès S-x, Gcx,o, Gcm et Gcm,b par la méthode BEST et la relation de Kozeny-Carman (calcul<br />

avec le dixième percentile, et avec l’expresssion de Kozeny-Carman) avec des valeurs issues de la<br />

littérature (Jussel et al., 1994; Anderson et al., 1999; Bersezio et al., 1999; Klingbeil et al., 1999; Heinz<br />

et al., 2003; Kostic et al., 2005) ........................................................................................................... 180<br />

Figure 102 : courbes de rétention capillaire (a, c, e) et courbes de conductivité hydraulique en<br />

fonction de la pression capillaire (b, d, f) respectivement des hydrofaciès S-x, Gcm,b et Gcm,<br />

représentatifs du <strong>dépôt</strong> de l’Est lyonnais. ........................................................................................... 182<br />

14


Figure 103 : a) courbe de rétention capillaire, estimée à partir du modèle d’Arya et Paris, et<br />

modélisée avec le modèle de van Genuchten avec condition de Burdine (r²=0,996), et b) courbe de<br />

conductivité hydraulique de l’hydrofaciès Gcx,o. ............................................................................... 184<br />

Figure 104 : méthode de détermination des hydrofaciès représentatif du comportement<br />

hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> au niveau de la zone nord du puits de mesure (calage des<br />

propriétés hydrodynamiques). Les hydrofaciès A, B et D sont choisis parmi les hydrofaciès analogues,<br />

l’hydrofaciès C correspond aux propriétés hydrodynamiques des graviers sans matrice estimées par<br />

le modèle d’Arya et Paris. ................................................................................................................... 185<br />

Figure 105 : évolution des teneurs en eau modélisées avec Hydrus2D suite au drainage à<br />

partir d’un état initial de saturation totale en eau. a) Exemple d’une configuration d’hydrofaciès<br />

inadaptée, conduisant à une erreur relative trop importante par rapport aux teneurs en eau du<br />

Tableau 24. b) Configuration d’hydrofaciès retenue (les paramètres correspondant sont présentés<br />

dans le Tableau 25).............................................................................................................................. 186<br />

Figure 106 : a) courbes de rétention en eau et b) courbe de conductivité hydraulique des<br />

hydrofaciès représentatifs du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais................................................. 188<br />

Figure 107 : comparaison de l’évolution de la teneur volumique en eau mesurée par sondes<br />

TDR dans le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sous-jacent au bassin d’infiltration et modélisée avec Hydrus2D, en<br />

surface (a), et à 50 cm (b) et 115 cm (c) de profondeur, lors de l’essai DjR-N1 (conditions initiales<br />

humides). ............................................................................................................................................. 190<br />

Figure 108 : comparaison de l’évolution de la teneur volumique en eau mesurée par sondes<br />

TDR dans le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sous-jacent au bassin d’infiltration et modélisée avec Hydrus2D, en<br />

surface (a), et à 50 cm (b) et 115 cm (c) de profondeur, lors de l’essai DjR-N2 (conditions initiales<br />

humides). ............................................................................................................................................. 193<br />

Figure 109 : flux infiltrés en fonction de la saturation initiale du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> : a)<br />

conditions initiales sèches (essai DjR-N1), b) conditions initiales humides (essai DjR-N2). ............... 194<br />

Chapitre E<br />

Figure 110 : variations du champ de teneur en eau et de pression capillaire associés aux<br />

phases d’infiltration (entre t = 0 min et t = 60 min) et de drainage (t = 120 min et t = 300 min, soit<br />

respectivement 1 h et 4 h après la fin de l’infiltration) de l’essai DjR-N1 ........................................... 201<br />

Figure 111 : courbes de conductivité hydraulique en fonction de la pression capillaire K(h) des<br />

quatre hydrofaciès modèles ................................................................................................................ 202<br />

Figure 112 : écoulement préférentiel de type drain par les graviers sans matrice (cas de<br />

l’hydrofaciès Gcx,o à proximité de la surface du bassin) .................................................................... 203<br />

Figure 113 : écoulement préférentiel de type entonnoir généré par des effets de barrière<br />

capillaire impliquant des graviers sans matrice .................................................................................. 204<br />

Figure 114 : illustration schématique d’un effet entonnoir du à un effet de barrière capillaire.<br />

D’après Kung (1990). ........................................................................................................................... 205<br />

Figure 115 : illustration schématique d’un écoulement de type entonnoir, et zones<br />

d’écoulement à l’interface entre les deux lithofaciès impliqués dans l’effet de barrière capillaire.<br />

D’après Heilig et al. (2003). ................................................................................................................. 206<br />

Figure 116 : a) distribution de la teneur en eau de part et d’autre d’une interface sable<br />

fin/sable grossier, et b) distribution d’ions chlorure correspondante (les couleurs sombres sont<br />

associées aux concentrations les plus élevées), mesurées dans un <strong>dépôt</strong> fluviatile sableux par Heilig<br />

et al. (2003). Les barrières capillaires peuvent conduire à une forte régionalisation des concentrations<br />

de solutés. D’après Heilig et al. (2003). ............................................................................................... 206<br />

Figure 117 : définition du maillage du domaine modélisé, par extrusion verticale par pas de 5<br />

cm d’un maillage horizontal triangulaire de base (maillage bidimensionnel de type Hydrus 2D) ..... 208<br />

Figure 118 : illustration de la construction du modèle hydrostratigraphique tridimensionnel<br />

............................................................................................................................................................. 208<br />

15


Figure 119 : a) modèle stratigraphique de la zone nord, représentant les interfaces entre<br />

éléments architecturaux du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> (Chapitre C), b) conditions aux limites imposées au<br />

domaine modélisé et c) modèle hydrostratigraphique tridimensionnel de la zone nord,<br />

correspondant au domaine modélisé sous Hydrus3D (la flèche indique l’ouest). ............................. 209<br />

Figure 120 : variations de teneurs en eau et de pressions capillaires suite à un épisode<br />

pluvieux dans la zone nord du puits expérimental. La phase d’infiltration dure 30 heures. .............. 211<br />

Figure 121 : écoulement de type entonnoir (entouré en noir), mis en évidence dans la zone<br />

de progradation des graviers sans matrice (unité 9 du modèle stratigraphique de la zone nord,<br />

Chapitre C). L’écoulement lors de la phase de drainage suit la ligne de plus grande pente de ces<br />

hydrofaciès. ......................................................................................................................................... 212<br />

16


Chapitre A<br />

Liste des tableaux<br />

Liste des tableaux<br />

Tableau 1 : échelles d’observation associées aux unités sédimentaires (d’après Klingbeil et al.<br />

(1999)). .................................................................................................................................................. 23<br />

Tableau 2 : synthèse des échelles spatiale et temporelle d’unités stratigraphiques, et des<br />

propriétés physiques et hydrodynamiques associées, ainsi que les objets et outils d’analyse<br />

correspondant (d’après Miall (1988) et Heinz et Aigner (2003b)). La zone grisée correspond à<br />

l’intersection entre la typologie d’échelle établie et l’échelle de l’ouvrage urbain. ............................. 25<br />

Chapitre B<br />

Tableau 3 : stratifications et échelles associées aux formes de <strong>dépôt</strong> d’un système en tresse.<br />

D’après Lunt et al. (2004a). ................................................................................................................... 43<br />

Tableau 4 : code de classification des lithofaciès alluvionnaires proposé par Miall (1978) et<br />

étendu par Klingbeil et al. (1999). Ce code consiste en la juxtaposition d’indices du type i1 I1 i2 i3, i4<br />

(exemple : cGcm,i) ................................................................................................................................. 44<br />

Tableau 5 : typologie des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s de <strong>dépôt</strong>s quaternaires de système<br />

proglaciaire en tresse de la vallée du Rhin. D’après Siegenthaler et Huggenberger (1993), Heinz et al.<br />

(2003), et Kostic et al. (2007). Photos de Kostic et al. (2007). .............................................................. 45<br />

Tableau 6 : Calcul des paramètres descriptifs (grain moyen et classement) d’une distribution<br />

granulométrique par la méthode de Folk et Ward. représente le ième percentile de la courbe<br />

granulométrique cumulée. D’après Blott et Pye (2001). ...................................................................... 64<br />

Tableau 7 : Typologie de lithofaciès du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sous-jacent au bassin DjR. Le<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> est majoritairement constitué par les lithofaciès Gcm et Gcm,b........................ 70<br />

Tableau 8 : lithofaciès retenus pour leur représentativité du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est<br />

lyonnais en terme de granulométrie grossière Graviers-Sables-Fines.................................................. 79<br />

Chapitre C<br />

Tableau 9 : méthodes géophysiques utilisées en fonction des objectifs fixés pour l’étude.<br />

D’après Hubbard et Rubin (2005).......................................................................................................... 83<br />

Tableau 10 : propriétés électriques et diélectriques de différents milieux, ainsi que les<br />

profondeurs d’investigation et résolutions, obtenus pour des fréquences d’antennes de 80 à 120<br />

MHz. NS : non-saturé, S : saturé. Les données marquées d’un * sont calculées à partir des données de<br />

la littérature et une fréquence d’antenne de 100 MHz. D’après Asprion et Aigner (1997), Beres et<br />

Haeni (1991), Mari et al. (1998), et Neal (2004). .................................................................................. 87<br />

Tableau 11 : fréquences d’antenne utilisées pour différentes études au radar géologique de<br />

<strong>dépôt</strong>s glaciaires, <strong>fluvioglaciaire</strong>s et glaciolacustres ............................................................................. 88<br />

Tableau 12 : vitesses de propagation d’ondes électromagnétiques au sein de <strong>dépôt</strong>s<br />

sédimentaires constitués de sables et graviers non-saturés ................................................................ 89<br />

Tableau 13 : faciès radar en deux dimensions, caractérisés avec une antenne de 50 MHz à<br />

partir des travaux de Beres et al. (1999) et Regli et al. (2002). D’après Regli et al. (2002) .................. 98<br />

Tableau 14 : valeurs typiques de résistivité électriques pour différents matériaux et types de<br />

<strong>dépôt</strong>s sédimentaires. ......................................................................................................................... 103<br />

17


Liste des tableaux<br />

Tableau 15 : valeurs typiques de vitesses sismiques d’ondes P pour différents matériaux et<br />

types de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires. .......................................................................................................... 105<br />

Tableau 16 : traitements in situ et après mesures, réalisés sur les profils radar mesurés sur les<br />

grilles d’acquisition à mailles fines A, B et C ....................................................................................... 113<br />

Tableau 17 : coordonnées des points utilisés pour l’estimation de la vitesse moyenne de<br />

propagation des ondes électromagnétiques dans le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, au niveau des parois<br />

d’excavation des zones A et B. ............................................................................................................ 118<br />

Tableau 18 : typologie des réflecteurs GPR et des résistivités électriques liés aux lithofaciès,<br />

aux éléments et événements de <strong>dépôt</strong>. .............................................................................................. 135<br />

Tableau 19 : propriétés diélectrique et résistive des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s utilisées pour<br />

la modélisation des réflecteurs radar. La permittivité électrique est calculée par la formule de Topp<br />

(Topp et al., 1980) à partir des teneurs volumiques en eau mesurées sur les échantillons de la paroi<br />

d’excavation de la zone A. La résistivité est estimée à partir des profilages électriques réalisés sur la<br />

grille A. ................................................................................................................................................. 139<br />

Chapitre D<br />

Tableau 20 : paramètres d’entrée d’Hydrus2D, et méthode d’estimation associée ............ 175<br />

Tableau 21 : lithofaciès retenus après application des seuils de tolérance sur l’ajustement 181<br />

Tableau 22 : paramètres de forme et d’échelle liés à l’hydrofaciès Gcx,o, estimés à partir de<br />

l’ajustement du modèle de van Genuchten sur la courbe de rétention capillaire définie avec le<br />

modèle d’Arya et Paris. ....................................................................................................................... 183<br />

Tableau 23 : caractéristiques des propriétés hydrodynamiques caractéristiques des quatre<br />

hydrofaciès. ......................................................................................................................................... 184<br />

Tableau 24 : teneurs volumiques en eau mesurées par sondes TDR à 0, 0,5 et 1,15m de<br />

profondeur dans la zone nord du puits de mesures après une période de 20 jours sans précipitations,<br />

et utilisées pour le calibrage des hydrofaciès ..................................................................................... 185<br />

Tableau 25 : paramètres de forme (n) et d’échelle (θr, θs, hg et Ks) des courbes de rétention<br />

et de conductivité modélisés par les modèles de van Genuchten avec condition de Mualem, utilisés<br />

pour la modélisation des écoulements non saturés sous Hydrus2D. ................................................. 187<br />

Tableau 26 : comparaison des teneurs en eau initiales mesurées expérimentalement et<br />

modélisées avec Hydrus2D, en surface et à 0,5 m et 1,15 m de profondeur, pour les essais DjR-N2 et<br />

DjR-N1 ................................................................................................................................................. 192<br />

Chapitre E<br />

Tableau 27 : typologie non exhaustive d’écoulements préférentiels induits par<br />

l’hétérogénéité sédimentaire du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sous-jacent au bassin DjR, définie à partir de<br />

l’étude d’une parcelle élémentaire du bassin ..................................................................................... 214<br />

18


Introduction<br />

Introduction<br />

Près de 50 % de la population mondiale vit en milieu urbain. En Europe, 80 % de la<br />

population est urbaine, et ce pourcentage est en continuelle augmentation (Biasioli et al., 2006).<br />

Cette urbanisation grandissante est à l’origine d’une modification profonde du cycle naturel de l’eau,<br />

notamment à l’interface entre la ville et les ressources en eau souterraine. D’une part,<br />

l’accroissement de la population urbaine, mais également des activités anthropiques, engendre une<br />

augmentation de la demande en eau potable, et donc un prélèvement accru des ressources en eau<br />

souterraines. D’autre part, l’imperméabilisation de la surface en milieu urbain favorise le<br />

ruissellement des eaux pluviales 1 au détriment de l’infiltration et donc de la recharge des nappes<br />

souterraines. D’un point de vue qualitatif, la dégradation de la qualité des eaux restituées à la nappe<br />

représente un risque de contamination des sols et des ressources en eau. La gestion durable des<br />

eaux souterraines en milieu urbanisé passe notamment par une amélioration des connaissances<br />

concernant les processus du cycle hydrologique souterrain et des flux de contaminants impliqués<br />

dans la zone non-saturée de l’interface entre la ville et la nappe.<br />

Au sein de cette interface, les ouvrages urbains agissent sur les flux d’eaux et de polluants en<br />

profondeur. Un ouvrage urbain se définit comme une unité élémentaire de la ville considérée comme<br />

un système urbain (Winiarski, 2004). Il existe plusieurs types d’ouvrages urbains, en fonction de leur<br />

usage : infrastructure de transport (par exemple, trémies routières, tunnels, métro, parcs<br />

automobiles), bâtiments (par exemple, sous-sols de bâtiments, fondations), ou ouvrages<br />

d’assainissement (par exemple, bassin de rétention, bassin d’infiltration). Ces ouvrages ont un impact<br />

à la fois quantitatif et qualitatif vis-à-vis du bilan du cycle hydrologique souterrain. Cet impact est<br />

propre à chaque ouvrage. L’impact quantitatif se traduit par exemple par une limitation des flux<br />

infiltrés par imperméabilisation (infrastructures routières de surface, …), une modification des<br />

champs d’écoulement souterrain par effet de barrière physique (tunnels, parcs souterrains, …), mais<br />

également une favorisation d’un cycle hydrologique plus proche du cycle naturel (technique<br />

d’assainissement alternative par infiltration des eaux pluviales). L’impact peut également être<br />

qualitatif, les polluants produits ou véhiculés par les ouvrages urbains pouvant contribuer à une<br />

détérioration de la qualité du milieu souterrain et des ressources en eau (infiltration d’eaux pluviales<br />

contaminées en métaux lourds ou hydrocarbures, …). L’échelle de l’ouvrage est donc une échelle<br />

d’intérêt pour l’étude des flux d’eau et de polluants dans la zone non-saturée de l’interface entre la<br />

ville et la nappe.<br />

Cette interface peut se décomposer en deux compartiments (Winiarski, 2004) : le<br />

compartiment allochtone, ou anthropogène, et le compartiment autochtone 2 . Le compartiment<br />

allochtone correspond à la première couche de l’interface. Elle est constituée par le remaniement et<br />

l’accumulation d’origine anthropique de matériaux de nature diverses, résidus de l’activité humaine<br />

sur parfois plusieurs siècles. Ces remblais sont fortement hétérogènes, et peuvent constituer une<br />

source de pollution. Le compartiment autochtone est constitué par la formation géologique en place<br />

sous-jacente. La majorité des aires urbaines sont situées sur des <strong>dépôt</strong>s sédimentaires quaternaires,<br />

essentiellement des <strong>dépôt</strong>s alluvionnaires. Ces <strong>dépôt</strong>s constituent d’importantes aquifères,<br />

surmontées par une zone non-saturée jouant un rôle dominant dans les mécanismes de rétention<br />

des contaminants. C’est à ce compartiment autochtone que nous nous sommes intéressés dans ce<br />

travail.<br />

1 Le eaux pluviales regroupent les eaux météoritiques et les eaux de ruissellement pluvial.<br />

2 Le terme autochtone est pris dans son sens général, et signifie « formé sur place ».<br />

19


Introduction<br />

Les <strong>dépôt</strong>s sédimentaires constituant les aquifères et les zones non-saturées du<br />

compartiment autochtone sont complexes, tridimensionnels, hétérogènes et généralement<br />

anisotropiques (Fraser and Davis, 1998). Les hétérogénéités hydrodynamiques peuvent générer des<br />

flux préférentiels d’écoulement, conduisant à un transfert de contaminant en profondeur dans le<br />

<strong>dépôt</strong> et jusqu’à la nappe. Ces hétérogénéités hydrodynamiques sont reliées à la nature complexe<br />

des processus génétiques d’érosion et de sédimentation, qui ont souvent résulté en une distribution<br />

fortement hétérogène des faciès sédimentaires. La compréhension de la façon dont les<br />

hétérogénéités sédimentaires affectent les écoulements d’eau et les flux de polluants est ainsi<br />

nécessaire dans une optique de préservation durable des ressources en eau souterraine<br />

(Huggenberger and Aigner, 1999; Klingbeil et al., 1999; Bridge and Hyndman, 2004).<br />

L’objectif de ce travail est de mieux comprendre le rôle de l’hétérogénéité sédimentaire et<br />

hydrodynamique d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire à l’échelle de l’ouvrage urbain sur les écoulements dans la<br />

zone non-saturée. Ce travail a porté sur un ouvrage urbain particulier, à savoir un bassin d’infiltration<br />

d’eaux pluviales, et à un type de <strong>dépôt</strong> sédimentaire que sont les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s. Le choix<br />

d’un ouvrage d’infiltration permet de s’affranchir du compartiment allochtone, dans la mesure où<br />

l’infiltration des eaux pluviales se fait directement dans le <strong>dépôt</strong> sédimentaire. Cet objectif ne peut<br />

être atteint que par l’utilisation d’une approche adaptée à la caractérisation de la distribution<br />

spatiale à l’échelle de l’ouvrage des propriétés sédimentaires et hydrodynamiques d’un <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>. Nous avons donc évalué l’utilisation d’une approche <strong>hydrogéophysique</strong> afin de<br />

déterminer les unités hydrogéologiques pertinentes à l’échelle de l’ouvrage d’infiltration. Le Chapitre<br />

A revient sur le contexte de ce travail et sur ces objectifs.<br />

20


A. Contexte et objectifs<br />

Chapitre A – Contexte et objectifs<br />

I. L’infiltration des eaux pluviales en milieu urbain<br />

En milieu urbain, le recours à des techniques alternatives d’assainissement des eaux pluviales<br />

par infiltration est de plus en plus fréquent (Barraud et al., 2002). L’infiltration des eaux pluviales<br />

permet de réduire le volume d’eaux pluviales dans les réseaux d’assainissement, tout en assurant<br />

une fonction de recharge des nappes souterraines urbaines, très sollicitées. Parmi les techniques<br />

alternatives d’infiltration, les bassins de rétention-infiltration, souvent précédés d’un bassin de<br />

rétention, sont parmi les plus utilisés, notamment dans les zones périurbaines éloignées du réseau<br />

hydrographique (Dechesne et al., 2005). Les eaux pluviales véhiculent cependant une pollution<br />

accumulée d’abord dans l’atmosphère (15 à 25 % de la pollution contenue dans les eaux pluviales<br />

selon Chocat (1997)), puis lors du lessivage des polluants accumulés pendant les périodes de temps<br />

secs sur les surfaces imperméables, et enfin lors de leur transit dans les réseaux d’assainissement.<br />

Cette charge polluante (matière en suspension, métaux lourds, nutriments, sels , hydrocarbures,<br />

pesticides, …) présente un risque de dégradation du sol récepteur et des ressources en eau. Winiarski<br />

et al. (2006) ont ainsi mesuré des concentrations significatives de métaux lourds jusqu’à 1,5 m dans<br />

la zone non-saturée de bassins d’infiltration, et Malard et al. (2004) ont identifié une modification<br />

des caractéristiques (conductivité, oxygène dissous, température notamment) de la partie supérieure<br />

de la nappe sous-jacente au bassin d’infiltration suite à des épisodes pluvieux.<br />

C’est dans ce contexte d’évaluation des risques potentiels de dégradation du milieu naturel<br />

liés aux eaux pluviales qu’a été créé en 1999 l’Observatoire de Terrain en Hydrologie Urbaine (OTHU)<br />

dans la région lyonnaise. Cet observatoire de terrain regroupe actuellement 8 établissements de<br />

recherche (BRGM, Cemagref, Ecole Centrale de Lyon, ENTPE, INSA, Universités Lyon I, Lyon II et Lyon<br />

III). L’OTHU a pour but de recueillir des données in situ afin d’évaluer les risques environnementaux<br />

liés aux rejets urbains de temps de pluie, en vue de la protection et de la restauration des milieux<br />

récepteurs, et de proposer aux décideurs des éléments stratégiques de gestion des eaux pluviales et<br />

de conception des ouvrages d’assainissement (Barraud et al., 2002). Les objectifs de l’OTHU sont<br />

donc à la fois des objectifs d’amélioration des connaissances scientifiques sur les flux de rejets<br />

urbains de façon générale, mais également des objectifs de proposition et de développement de<br />

solutions applicables par les gestionnaires d’ouvrages d’assainissement. Cet observatoire intègre des<br />

données pluridisciplinaires, dans les domaines de la climatologie, l’hydrologie, l’hydraulique, la<br />

mécanique du sol, la chimie, la biologie, l’hydrobiologie, la sociologie ou l’économie. L’OTHU est<br />

financé notamment par le Grand Lyon, qui bénéficie des résultats et des propositions de stratégie de<br />

gestion émanant des différents travaux scientifiques. Les financements proviennent également de<br />

l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, des ministères de la Recherche et de l’Ecologie, du<br />

Développement et de l’Aménagement Durable, et de la région Rhône-Alpes, à travers notamment<br />

différents programmes de recherche (par exemple, le programme ANR ECOPLUIE).<br />

Les travaux de recherche s’articulent autour de quatre thèmes principaux, récapitulés dans le<br />

synoptique de la Figure 1 :<br />

- thème 1 : connaissance des flux entrants ;<br />

- thème 2: connaissance et maîtrise des flux produits ;<br />

- thème 3: connaissance et impact des flux rejetés ;<br />

- thème 4: métrologie des hydrosystèmes et méthodologies des observations.<br />

Les travaux présentés s’inscrivent dans le thème portant sur l’évaluation de l’impact des flux<br />

rejetés vers le milieu récepteur constitué du sous-sol et des eaux souterraines. Afin d’évaluer cet<br />

impact potentiel, il est dans un premier temps nécessaire de connaître les mécanismes d’écoulement<br />

21


Chapitre A – Contexte et objectifs<br />

et de transfert de polluants à travers la zone non-saturée sous-jacente aux ouvrages d’infiltration.<br />

Ces mécanismes dépendent fortement de la nature des sous-sols. En milieu urbain, la majorité des<br />

bassins de rétention-infiltration (qu’on appellera bassins d’infiltration par la suite) sont implantés sur<br />

des formations alluvionnaires, de type fluviatiles ou <strong>fluvioglaciaire</strong>s. Lors du dimensionnement de ces<br />

ouvrages, l’approche hydrogéologique, consistant à considérer homogène ce type de formation, a<br />

été privilégiée. Cependant, cette approche, valable à l’échelle d’un bassin versant, ne l’est plus à<br />

l’échelle du bassin d’infiltration : les hétérogénéités de ces <strong>dépôt</strong>s, tant texturales que structurales,<br />

peuvent être à l’origine d’un transport différentiel, conduisant à une contamination en profondeur<br />

des sous-sols ou des ressources en eaux souterraines. L’évaluation de l’impact des eaux pluviales<br />

passe donc par une meilleure connaissance des hétérogénéités des formations alluvionnaires. Ces<br />

hétérogénéités couvrent une large gamme d’échelles. Nous ne nous sommes intéressés qu’aux<br />

hétérogénéités ayant une influence à l’échelle de l’ouvrage urbain.<br />

Figure 1 : synoptique d'organisation des thèmes et sous thèmes de recherche de l’OTHU. En rouge, le sousthème<br />

sur lequel porte les travaux présentés.<br />

II. Les échelles d’étude d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire correspondant à<br />

l’échelle de l’ouvrage urbain<br />

De façon générale, les échelles de caractérisation des structures géologiques, ainsi que des<br />

propriétés hydrogéologiques correspondantes, sont définies suivant la taille des caractéristiques<br />

géologiques (approche de description statique), l’origine génétique (approche dynamique), et les<br />

volumes concernés par les mesures hydrogéologiques (approche analytique) (Koltermann et<br />

Gorelick, 1996).<br />

Klingbeil et al. (1999) propose une classification de 5 échelles d’observation distinctes,<br />

récapitulées dans le Tableau 1. Cette approche descriptive permet de disposer d’une terminologie<br />

d’échelle en fonction des dimensions caractéristiques des unités sédimentaires, appelées également<br />

formes de <strong>dépôt</strong>.<br />

Les éléments caractéristiques décrits par Klingbeil et al. (1999) vont du grain (échelle<br />

microscopique) au bassin sédimentaire (échelle gigascopique). Entre ces deux échelles extrêmes, les<br />

échelles mésoscopique (liée à l’échantillon, ou au lithofaciès), macroscopique (lié à l’élément<br />

architectural ou élément de <strong>dépôt</strong>) et mégascopique (lié au corps sédimentaire caractérisé sur un<br />

affleurement) complètent la classification. Un lithofaciès correspond à une unité sédimentaire<br />

homogène d’un point de vue génétique. Il s’agit donc d’une unité lithologique, dont les éléments<br />

constitutifs ont connu la même histoire de transport et de <strong>dépôt</strong> (Heinz et al., 2003). Une lentille de<br />

sable constitue par exemple un lithofaciès. A l’échelle macroscopique, l’élément architectural est<br />

22


Chapitre A – Contexte et objectifs<br />

associé à une unité sédimentaire tridimensionnelle caractérisée par un assemblage de lithofaciès,<br />

une géométrie externe et une stratification interne (Miall, 1999). Un élément architectural est le<br />

produit d’un processus particulier ou d’une suite de processus de <strong>dépôt</strong>. Un remplissage de<br />

paléochenal est un exemple d’élément architectural. Le lien entre lithofaciès et éléments<br />

architecturaux, mais également entre les différents éléments de la classification, montre qu’il existe<br />

une relation hiérarchique entre les formes de <strong>dépôt</strong>s à différentes échelles. Il s’agit du concept de<br />

hiérarchie des tailles des formes de <strong>dépôt</strong>, développé par Miall (1988). Cette approche montre le lien<br />

fort existant entre les échelles spatiale et temporelle. La hiérarchie des tailles des formes de <strong>dépôt</strong><br />

est contrôlée par la hiérarchie temporelle. A chaque forme de <strong>dépôt</strong> caractérisée à une échelle<br />

spatiale donnée, il est donc possible d’associer une échelle temporelle caractéristique de la durée de<br />

la genèse de cette forme de <strong>dépôt</strong>.<br />

Tableau 1 : échelles d’observation associées aux unités sédimentaires (d’après Klingbeil et al. (1999)).<br />

Echelle d’observation Eléments caractéristiques Dimensions caractéristiques<br />

Microscopique Pores et grains < décimètres<br />

Mésoscopique Echantillons, lithofaciès Centimétriques à métriques<br />

Macroscopique Elément architectural Métriques à décamétriques<br />

Mégascopique Corps sédimentaire Décamétriques à hectométriques<br />

Gigascopique Bassin sédimentaire > centaines de mètres<br />

Le rôle du sédimentologue est de décrire l’agencement spatial des structures sédimentaires,<br />

et de les relier à un processus génétique. L’hydrogéologue cherche quant à lui à identifier les unités<br />

au sein desquels les propriétés hydrogéologiques sont homogènes (Koltermann et Gorelick, 1996;<br />

Webb et Matthew Davis, 1998; Anderson et al., 1999). Les différentes unités sédimentaires peuvent<br />

ainsi être décrites en fonction de leurs propriétés hydrogéologiques (Heinz et Aigner, 2003b). Cette<br />

approche analytique a pour but de relier le volume de milieu poreux investigué par méthode<br />

hydrogéologique aux caractéristiques sédimentaires identifiables à l’échelle de cette investigation<br />

(Koltermann et Gorelick, 1996).<br />

Galloway et Sharp (1998) identifient ainsi les caractéristiques hydrogéologiques identifiables<br />

aux 5 échelles précédentes. Les échelles extrêmes correspondent aux hétérogénéités microscopiques<br />

et gigascopiques. Les premières s’étudient à l’échelle des grains et des pores en expériences de<br />

laboratoire. L’évaluation de propriétés étroitement corrélées, telles que la porosité, la géométrie des<br />

pores ou la texture des sédiments, permet la prédiction qualitative de propriétés hydrodynamiques,<br />

comme la conductivité hydraulique. Les hétérogénéités gigascopiques sont la traduction de<br />

l’évolution des systèmes de <strong>dépôt</strong>s et des séquences stratigraphiques sur une durée de l’ordre de 1<br />

Ma. L’échelle gigascopique est celle de l’estimation des ressources en eau et des études régionales<br />

d’aquifères. Ces deux types d’échelle ne correspondent pas à l’échelle de l’ouvrage urbain, elles sont<br />

soit trop fines (échelle microscopique), soit trop larges (échelle gigascopique), pour décrire les<br />

processus du cycle hydrologique dans la zone non-saturée de l’interface ville-nappe.<br />

Les échelles intermédiaires, en revanche, sont liées aux études locales d’écoulement, et<br />

interviennent donc à l’échelle de l’ouvrage urbain. L’échelle mésoscopique reflète les<br />

caractéristiques des lithofaciès, comme par exemple la stratification sédimentaire. La mesure de la<br />

conductivité hydraulique ou de la dispersivité d’un lithofaciès se fait à cette échelle. L’anisotropie de<br />

la conductivité hydraulique est dépendante des stratifications, et est donc très structurée. Les<br />

grandeurs caractéristiques à cette échelle sont d’ordre centimétrique à métrique. Cette échelle<br />

correspond aux plus petites unités hydrogéologiques caractérisables (Anderson, 1989). Les lithofaciès<br />

peuvent agir en tant que chemins préférentiel d’écoulement (Heinz et Aigner, 2003b). Les lithofaciès<br />

peuvent être décrits sur le terrain, et étudié en laboratoire. Les études de laboratoire sont<br />

typiquement des études en colonnes, où les écoulements sont considérés en une dimension.<br />

23


Chapitre A – Contexte et objectifs<br />

Les caractéristiques macroscopiques incluent l’agencement interne des structures<br />

macroscopiques (éléments architecturaux), la distribution des conductivités hydrauliques verticales<br />

et latérales (pouvant changer de façon abrupte à la frontière entre deux lithofaciès), la stratification<br />

(reflétant l’organisation spatiale des lithofaciès). C’est à cette échelle que l’hétérogénéité doit être<br />

délimitée et quantifiée, afin de prédire les écoulements. A cette échelle locale, l’hydrogéologue<br />

s’intéresse typiquement aux écoulements et aux flux de contaminants. Les grandeurs<br />

caractéristiques à cette échelle sont métriques à décamétriques. Les écoulements et les flux à cette<br />

échelle sont généralement considérés en 3 dimensions.<br />

Ces deux dernières échelles constituent des échelles d’étude à privilégier à l’échelle de<br />

l’ouvrage. L’échelle mégascopique permet quant à elle d’améliorer la compréhension des<br />

hétérogénéités sédimentaires décrites aux échelles inférieures, via la connaissance d’un<br />

environnement de <strong>dépôt</strong>. L’échelle mégascopique correspond à l’échelle des systèmes d’écoulement<br />

locaux à régionaux. Cette échelle intervient dans l’évaluation et la gestion des ressources en eau des<br />

aquifères, ainsi que l’évaluation de pollutions sur le long terme.<br />

Dans une optique de compréhension des flux d’eau et de polluants dans la zone non-saturée,<br />

l’étude d’un <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> à l’échelle de l’ouvrage doit donc se faire aux échelles du lithofaciès<br />

et de l’élément architectural (échelles mésoscopique et macroscopique). L’échelle mégascopique<br />

permet de comprendre ces processus à une échelle plus large, intégrant les informations obtenues<br />

aux échelles inférieures. Par exemple, les temps d’arrivées d’eau de la surface à la nappe par<br />

infiltration peuvent être étudiés à cette échelle, et doivent prendre en compte les informations sur<br />

les écoulements préférentiels caractérisés aux échelles méso- et macroscopique.<br />

Une synthèse des échelles de caractérisation a notamment été proposée par Heinz et Aigner<br />

(2003b). Cette synthèse est reprise en partie dans le Tableau 2. Ce tableau renvoie aux différentes<br />

échelles de caractérisation, notamment aux échelles mésoscopique, macroscopique et<br />

mégascopique correspondants à l’échelle de l’ouvrage urbain, ainsi qu’aux unités stratigraphiques et<br />

hydrogéologiques associées, et aux outils d’investigation correspondant. Les outils géophysiques<br />

constituent des outils privilégiés pour l’étude des hétérogénéités sédimentaires à l’échelle de<br />

l’ouvrage. Ce travail s’est appuyé sur ces outils, via une approche <strong>hydrogéophysique</strong>.<br />

III. L’approche <strong>hydrogéophysique</strong><br />

La caractérisation des processus d’écoulement dans la zone non-saturée de bassin<br />

d’infiltration requiert la connaissance des hétérogénéités texturales, structurales et<br />

hydrodynamiques d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire aux échelles pertinentes à l’échelle de l’ouvrage urbain,<br />

c’est-à-dire aux échelles mésoscopique (échelles du lithofaciès) et macroscopique (échelle de<br />

l’élément architectural). Les techniques classiques d’investigation ne sont pas adaptées à ces<br />

échelles. Les essais de pompage fournissent par exemple des paramètres effectifs à une échelle plus<br />

large que les longueurs typiques des structures sédimentaires (Beres et al., 1999; Klingbeil et al.,<br />

1999; Regli et al., 2002). De plus, les discontinuités latérales fréquentes à ces échelles rendent<br />

difficile l’interpolation entre les informations ponctuelles obtenues par carottage. Au cours de la<br />

dernière décennie, le développement d’une nouvelle discipline, l’<strong>hydrogéophysique</strong>, a permis<br />

d’améliorer la caractérisation des unités hydrogéologiques à une échelle fine. Le terme<br />

<strong>hydrogéophysique</strong> est une contraction de l’anglais signifiant « géophysique appliquée à<br />

l’hydrogéologie ». Il s’agit donc d’une branche particulière de la géophysique appliquée aux études<br />

hydrogéologiques. L’<strong>hydrogéophysique</strong> se distingue ainsi d’autres types d’investigations<br />

géophysiques ayant par exemple pour application le génie civil, la géoarchéologie, la glaciologie ou<br />

l’environnement, bien que les méthodes employées soient identiques (Hubbard et Rubin, 2005).<br />

24


Chapitre A - Contexte et objectifs<br />

Tableau 2 : synthèse des échelles spatiale et temporelle d’unités stratigraphiques, et des propriétés physiques et hydrodynamiques associées, ainsi que des objets<br />

et outils d’analyse correspondants (d’après Miall (1988) et Heinz et Aigner (2003b)). La zone grisée correspond à l’intersection entre la typologie d’échelle établie<br />

et l’échelle de l’ouvrage urbain.<br />

Echelle<br />

Unité<br />

stratigraphique<br />

Dimensions<br />

caractéristiques<br />

Microscopique Grains et pores < décimètre<br />

Mésoscopique<br />

Macroscopique<br />

Mégascopique<br />

Gigascopique<br />

Lithofaciès<br />

Eléments de<br />

<strong>dépôt</strong> (ou<br />

éléments<br />

architecturaux)<br />

Corps<br />

sédimentaire<br />

Séquence<br />

génétique<br />

Remplissage de<br />

bassin<br />

sédimentaire<br />

Décimétriques à<br />

métriques<br />

Métriques à<br />

décamétriques<br />

extension<br />

latérale de<br />

l’ordre de 10 m<br />

à 10 km,<br />

épaisseur décamétrique<br />

extension<br />

latérale de<br />

l’ordre de 10 1 –<br />

10 2 km,<br />

épaisseur de<br />

l’ordre de 10 1 –<br />

10 3 m<br />

Echelle<br />

hydrogéologique<br />

associée<br />

Type d’application<br />

hydrogéolo-gique associée<br />

25<br />

Flux<br />

considérés<br />

Laboratoire Colonne (estimation Ks) 1D<br />

Locale<br />

Régionale<br />

Ecoulements, transferts de<br />

polluant et de chaleur<br />

Evaluation et gestion des<br />

ressources en eau d’un<br />

aquifère (échelle du champ<br />

captant), écoulement<br />

régionaux d’aquifère,<br />

évaluation de la pollution à<br />

long terme<br />

3D<br />

2D<br />

Propriétés étudiées Objets et outils d’analyse<br />

Minéralogie, granulométrie, morphologie<br />

(sphéricité, angularité, texture de surface),<br />

surface spécifique, teneur en matière<br />

organique<br />

Fabrique (support clastique/matriciel),<br />

granoclassement, classement<br />

granulométrique, stratifications internes,<br />

granulométrie<br />

Conductivité hydraulique, porosité<br />

Forme (forme générale, dimensions :<br />

longueur, largeur, épaisseur), surface<br />

frontière, structure sédimentaire interne,<br />

composition interne de lithofaciès<br />

Distribution locale des perméabilités,<br />

longueurs de corrélation hydraulique,<br />

connectivité des unités perméables<br />

Reconstitution de la combinaison de<br />

processus sédimentaires à l’origine du corps<br />

sédimentaire<br />

Etude de l’influence sur les écoulements<br />

locaux à régionaux<br />

Dynamiques glaciaires, indépendantes des<br />

environnements de <strong>dépôt</strong>s locaux<br />

Aquifères majeures<br />

Enregistrement de la distribution 3D des<br />

séquences et corps sédimentaires, contrôlée<br />

par les cycles glaciaires<br />

Echantillons<br />

Affleurement, carottes<br />

Code de classification sédimentologique,<br />

analyses granulométriques<br />

Essais in situ : essais Beerkan, pneumatic<br />

tests (Klingbeil, 1998) ; Essais en<br />

laboratoire : essais en colonne<br />

Affleurement<br />

Analyses des éléments architecturaux en<br />

3D afin de reconstruire les anciens<br />

systèmes fluviatiles<br />

Outils géophysiques : radar géologique,<br />

résistivité électrique<br />

Affleurements, carottage<br />

Outils géophysiques : radar géologique,<br />

sismique, tomographie électrique<br />

Etude d’affleurement analogue<br />

Essais de pompage<br />

Carottages<br />

Profils sismiques<br />

Profils sismiques


Chapitre A - Contexte et objectifs<br />

L’<strong>hydrogéophysique</strong> vise à améliorer la compréhension des systèmes hydrogéologiques<br />

(hétérogénéités et propriétés hydrogéologiques à différentes échelles), afin par exemple d’estimer la<br />

recharge des ressources en eau souterraine ou de modéliser le transport de contaminants (Hubbard<br />

et Rubin, 2005). Cette discipline s’est développée pour fournir des informations quantitatives sur les<br />

paramètres hydrodynamiques de la subsurface utilisables comme paramètres d’entrée dans des<br />

modèles d’écoulement ou de transport de contaminants (Hubbard et Rubin, 2005).<br />

Une première approche largement utilisée consiste à partir des signaux géophysiques<br />

mesurés à estimer directement les propriétés hydrodynamiques par l’intermédiaire de relations<br />

pétrophysiques, reliant les données géophysiques aux propriétés hydrogéologiques (la teneur en eau<br />

par exemple). Hubbard et Rubin (2005) listent les méthodes géophysiques utilisées dans le cadre de<br />

cette approche, en fonction des objectifs fixés pour l’étude. Les méthodes les plus couramment<br />

utilisées sont la tomographie électrique de surface ou en forage, les méthodes sismiques, le radar<br />

géologique de surface ou en forage. La plupart des études sont réalisées en zone saturée, et peu<br />

d’études s’intéressent à la caractérisation des propriétés hydrogéologiques de la zone non-saturée.<br />

L’estimation de la teneur en eau en zone non-saturée a été par exemple réalisée par radar<br />

géologique (van Overmeeren et al., 1997; Grote et al., 2003; Huisman et al., 2003; Lunt et al., 2005),<br />

par résistivité électrique (Banton et al., 1997; Yeh et al., 2002), ou par la combinaison des deux<br />

méthodes (Dannowski et Yaramanci, 1999). Cette approche <strong>hydrogéophysique</strong> présente souvent le<br />

problème de l’incertitude et de la non-unicité potentielle de la relation entre propriétés<br />

géophysiques et hydrogéologiques (Hubbard et al., 1997; Hyndman et Tronicke, 2005).<br />

Hubbard et Rubin (2005) définissent une seconde approche <strong>hydrogéophysique</strong> connue sous<br />

le nom d’hydrogeological mapping, et visant à caractériser les unités hydrogéologiques à l’échelle<br />

locale. Cette approche consiste à déduire des mesures géophysiques des informations sur la<br />

géométrie des unités et des interfaces de la subsurface. Des propriétés hydrodynamiques sont<br />

ensuite associées à chaque unité caractérisée. L’analyse sédimentologique est primordiale dans<br />

l’interprétation de profils géophysiques mesurés sur des <strong>dépôt</strong>s sédimentaires (Fraser et Davis,<br />

1998). Cette analyse permet de comprendre le paléoenvironnement de <strong>dépôt</strong> d’une formation<br />

sédimentaire, et ainsi de développer des modèles représentant de façon réaliste et continue dans<br />

l’espace les faciès sédimentaires, c’est-à-dire les géométries, les caractéristiques des interfaces et les<br />

hétérogénéités des aquifères ou des zones non-saturées. A ces faciès sédimentaires, caractérisés par<br />

mesures géophysiques, associées à des données directes provenant d’affleurements ou de<br />

carottages, sont substitués des faciès hydrogéologiques, caractérisés par des propriétés<br />

hydrodynamiques homogènes. Ces propriétés sont caractérisées par méthodes hydrogéologiques,<br />

sur le terrain ou en laboratoire.<br />

C’est cette dernière approche qui a été utilisée au cours de cette thèse. Nous avons utilisé<br />

cette approche afin de définir un modèle hydrostratigraphique réaliste de la zone non-saturée du<br />

bassin d’infiltration étudié, à partir d’une information sédimentologique détaillée sur la structure<br />

sédimentaire du <strong>dépôt</strong> sous-jacent au bassin d’infiltration aux échelles du lithofaciès et de l’élément<br />

architectural, d’une investigation géophysique à la résolution correspondant à ces échelles, et d’une<br />

caractérisation des propriétés hydrodynamiques à l’échelle du lithofaciès.<br />

IV. Objectifs et démarche générale<br />

IV.1. Objectifs<br />

L’objectif est tout d’abord de caractériser les hétérogénéités sédimentaires et<br />

hydrodynamiques du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais, aux échelles du lithofaciès et de<br />

l’élément architectural, correspondant à l’échelle de l’ouvrage urbain. Il s’agit de définir un modèle<br />

26


Chapitre A - Contexte et objectifs<br />

hydrostratigraphique représentatif de ces hétérogénéités, et traduisant le comportement<br />

hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> en conditions non-saturées.<br />

Cette caractérisation hydrostratigraphique nous a amené dans un deuxième temps à étudier<br />

l’influence de ces hétérogénéités sur l’écoulement dans la zone non-saturée sous-jacente à un bassin<br />

d’infiltration d’eaux pluviales. L’objectif est en particulier d’évaluer la présence de chemins<br />

préférentiels d’écoulement lors des phases d’infiltration d’eaux pluviales.<br />

Afin de définir un modèle hydrostratigraphique réaliste, nous avons utilisé une approche<br />

<strong>hydrogéophysique</strong> d’hydrogeological mapping. La démarche générale, développée ci-dessous, a ainsi<br />

été évaluée en tant qu’approche utilisable pour la détermination d’unités hydrogéologiques de<br />

<strong>dépôt</strong>s superficiels, pertinentes à l’échelle de l’ouvrage urbain.<br />

IV.2. Démarche générale et organisation de la thèse<br />

La démarche générale de la thèse suit le schéma proposé ci-dessous ( Figure 2).<br />

Il s’agit dans un premier temps de caractériser de façon détaillée l’architecture sédimentaire<br />

du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sous-jacent au bassin d’infiltration. Une étude sédimentologique du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> a donc été réalisée, afin de mettre en évidence une typologie locale des lithofaciès et<br />

éléments architecturaux <strong>fluvioglaciaire</strong>s. Une interprétation paléoenvironnementale a été proposée.<br />

L’interprétation de ces unités sédimentaires a été facilitée par l’étude de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

actuels, analogues à celui de l’Est lyonnais. Cette étude sédimentologique est présentée au Chapitre<br />

B.<br />

Cette information sédimentologique, correspondant à une information directe (hard data)<br />

mais ponctuelle, a été utilisée pour calibrer les méthodes géophysiques utilisées, à savoir le radar<br />

géologique et le profilage électrique, qui fournissent une information continue mais indirectement<br />

corrélée aux hétérogénéités sédimentaires (soft data). Une typologie des faciès géophysiques a<br />

ensuite été établie sur la base de ce calibrage. Cette typologie a été utilisée pour définir un modèle<br />

stratigraphique en trois dimensions du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, de résolution mésoscopique (échelle du<br />

lithofaciès), et au niveau d’une parcelle élémentaire du bassin d’infiltration. Les résultats concernant<br />

cette étude géophysique sont présentés au Chapitre C.<br />

Afin de définir un modèle hydrostratigraphique traduisant le comportement<br />

hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> en zone non-saturée, une caractérisation des propriétés<br />

hydrodynamiques caractéristiques associées aux lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s a été réalisée. Cette<br />

caractérisation a été effectuée sur des lithofaciès présents en surface de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

actuels, dont l’analogie sédimentaire avec les lithofaciès de l’Est lyonnais a été vérifiée (Chapitre B).<br />

L’utilisation d’une méthode in situ (méthode BEST) et d’un modèle prédictif (modèle d’Arya et Paris)<br />

a permis de déterminer les courbes de rétention capillaire et de conductivité hydraulique de chaque<br />

lithofaciès de la typologie. Des hydrofaciès modèles, représentatifs du comportement<br />

hydrodynamique en zone non-saturée du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> étudié, ont été définis. La<br />

comparaison de profils hydriques mesurés expérimentalement dans la zone non-saturée du bassin à<br />

des profils hydriques modélisés à partir du modèle hydrostratigraphique ainsi défini a permis<br />

d’évaluer ce modèle. La caractérisation des hydrofaciès modèles fait l’objet du Chapitre D.<br />

27


Chapitre A - Contexte et objectifs<br />

28<br />

Figure 2 : méthodologie générale de la thèse


Chapitre A - Contexte et objectifs<br />

Enfin, le Chapitre E est consacré à l’étude de l’influence des hétérogénéités du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> sur l’écoulement dans la zone non-saturée sous-jacente au bassin d’infiltration. Les<br />

flux préférentiels d’écoulement susceptibles de se produire lors des phases d’infiltration d’eaux<br />

pluviales ont été déterminés.<br />

V. Description sommaire du site étudié<br />

Le site étudié est un bassin d’infiltration situé à l’Est de l’agglomération lyonnaise, dans la<br />

commune de Chassieu. Ce bassin d’infiltration recueille les eaux pluviales provenant d’un bassin<br />

versant constitué par une zone industrielle d’une superficie de 185 ha, située au sud de Chassieu<br />

(Figure 1). Le bassin versant est imperméabilisé à 75 %, il est équipé <strong>d'un</strong> réseau séparatif. Le bassin<br />

d’infiltration, d’une surface d’1 ha, est creusé dans des alluvions <strong>fluvioglaciaire</strong>s dont la conductivité<br />

hydraulique saturée moyenne varie entre 7.10 -3 et 9.10 -3 m.s -1 (BURGEAP, 1995). Ces alluvions<br />

surmontent un substratum molassique tertiaire situé à environ 35 m de profondeur. Une description<br />

géologique plus complète des <strong>dépôt</strong>s quaternaires de l’Est lyonnais est donnée dans le Chapitre B.<br />

La nappe se situe à une profondeur de 13 m sous la surface infiltrante du bassin. Le bassin<br />

d’infiltration est précédé par un bassin de rétention-décantation, qui assure la décantation des<br />

matières en suspension. Le bassin d’infiltration est communément appelé bassin Django Reinhardt.<br />

Par la suite, nous utiliserons l’abréviation bassin DjR lorsque nous y ferons référence.<br />

Figure 3 : a) situation des bassins de rétention/décantation et d’infiltration dans la zone industrielle située au<br />

sud de la ville de Chassieu à l’Est de l’agglomération lyonnaise. b) Photo aérienne (image Google Earth de<br />

2007) et c) principe de fonctionnement des deux bassins.<br />

29


Chapitre A - Contexte et objectifs<br />

Notons que les bassins de rétention/décantation et d’infiltration actuels sont le résultat<br />

d’une réhabilitation datant du début de l’année 2002 d’un site constitué par un bassin de rétention,<br />

un bassin d'infiltration et un bassin d'infiltration/rétention. La réhabilitation fait suite notamment à<br />

un colmatage important du bassin d’infiltration (accumulation d’une couche de sédiments urbains de<br />

plusieurs centimètres d’épaisseur en surface, contamination du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sur une<br />

épaisseur de plusieurs dizaines de centimètres).<br />

Par la suite, nous distinguerons trois zones dans le bassin d’infiltration (Figure 4). La zone<br />

nord-ouest sera appelée zone A, la zone nord-est zone B, et la zone la plus au sud zone C.<br />

Figure 4 : division de la surface du bassin d’infiltration en trois zones, notées zones A, B et C du nord vers le<br />

sud.<br />

30


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

B. <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation<br />

entre genèse et hétérogénéité<br />

I. Hétérogénéités sédimentaires des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

Les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s représentent une part importante des formations quaternaires, et<br />

sont parmi les aquifères les plus répandues et productives des bassins sédimentaires quaternaires en<br />

Europe (Zappa et al., 2006). Ces <strong>dépôt</strong>s connaissent une forte pression anthropique (Biasioli et al.,<br />

2006). A titre d’exemple, 72 % de la population du bassin versant du Rhône vit sur des <strong>dépôt</strong>s<br />

fluviatiles et <strong>fluvioglaciaire</strong>s, qui ne représentent que 25 % de la surface totale du bassin versant<br />

(Arambourou, 2007). Limiter l’impact des activités anthropiques sur ces <strong>dépôt</strong>s passe tout d’abord<br />

par une bonne connaissance de leur structure sédimentaire, afin notamment d’améliorer la gestion<br />

des ressources en eau souterraine, de comprendre les mécanismes de transferts de polluants en vue<br />

d’une remédiation adaptée, ou encore d’optimiser l’exploitation de ces <strong>dépôt</strong>s en tant que granulats<br />

dans des carrières ou des gravières (Kostic et al., 2007). Cette organisation structurale est liée à la<br />

genèse de ces formations. La connaissance des processus de transport et de sédimentation de ces<br />

<strong>dépôt</strong>s est une clé pour la compréhension de leur architecture.<br />

Les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s sont mis en place par des systèmes fluviatiles en tresse (Smith,<br />

1985; Reading, 1996). Cette sédimentation est commune à d’autres types de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires,<br />

comme les cônes alluviaux ou les <strong>dépôt</strong>s alluvionnaires grossiers (Smith, 1985). Dans un premier<br />

temps, nous caractériserons les <strong>dépôt</strong>s associés à ce type de système fluviatile, et nous verrons<br />

quelle est la spécificité des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s (I.1). Les formes de <strong>dépôt</strong>s et faciès sédimentaires<br />

associés aux plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> seront décrites dans un deuxième temps (I.1.2). Enfin,<br />

une typologie des hétérogénéités sédimentaires, basée sur la description sédimentologique de<br />

<strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires, sera proposée (I.3).<br />

I.1. Les formations <strong>fluvioglaciaire</strong>s : des <strong>dépôt</strong>s de systèmes fluviatiles en<br />

tresse<br />

I.1.1. Caractéristiques générales d’un système fluviatile en tresse<br />

Un système fluviatile est caractérisé par la forme de ses chenaux. Celle-ci varie depuis le type<br />

rectiligne, à dynamique d’écoulement modérée, jusqu’au type en tresse, à morphologie très instable<br />

(Figure 5). Les types intermédiaires correspondent aux méandres fluviatiles et aux chenaux<br />

anastomosés. Les systèmes rectiligne et en méandres sont associés à une sédimentation dans un<br />

chenal unique, plus ou moins sinueux, alors que la sédimentation liée aux chenaux en tresse et<br />

anastomosés se produit dans un environnement à chenaux multiples (Cojan et Renard, 1999).<br />

La Figure 6 présente des modèles de ces différents systèmes, ainsi que les caractéristiques<br />

physiques liées à la forme des chenaux et aux types de <strong>dépôt</strong> associés. Les systèmes en tresse se<br />

retrouvent dans des environnements sédimentaires variés, allant des <strong>dépôt</strong>s grossiers (par exemple,<br />

le système Upper Scott en Alaska) à des <strong>dépôt</strong>s majoritairement sableux (par exemple, le système<br />

Brahmapoutre en Inde). La Photo 1 illustre l’exemple du système de chenaux en tresse de la Scott<br />

River en Alaska.<br />

31


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Figure 5 : types de systèmes fluviatiles et caractéristiques principales des chenaux<br />

Figure 6 : systèmes fluviatiles modèles et caractéristiques physiques associées. Les systèmes en tresse sont<br />

entourés en rouge. D’après Reading (1996).<br />

32


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Les caractéristiques principales d’un système en tresse sont la stabilité faible à modérée et<br />

un ratio largeur/profondeur élevé des chenaux, une faible sinuosité, et un débit irrégulier. Le<br />

transport sédimentaire se fait par charge de fond ou mixte (charge de fond et charge en suspension).<br />

La sédimentation donne lieu à la présence de bancs ou barres, constituant des accumulations de<br />

sables, graviers ou galets, formant relief dans un chenal. L’évolution du système se traduit par la<br />

migration latérale ou vers l’aval des chenaux et des barres. La grande majorité des barres sont des<br />

corps sédimentaires complexes, résultant de plusieurs phases d’érosion et de <strong>dépôt</strong> dépendant de la<br />

fluctuation du courant. La stratification engendrée est généralement entrecroisée.<br />

Photo 1 : exemple du système en tresse de la plaine d’épandage de la Slims River (Canada)<br />

I.1.2. Le cas des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

Les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s sont mis en place dans les zones actives des plaines alluviales en<br />

aval des marges glaciaires, appelées plaine d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> ou sandur (de l’islandais<br />

signifiant sand plain - plaine de sable ; Figure 7). La sédimentation est une sédimentation de système<br />

fluviatile à chenaux en tresse (Smith, 1985; Maizels, 1995; Reading, 1996).<br />

Figure 7 : positionnement des plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> au sein des environnements glaciaires.<br />

D’après Reading (1996).<br />

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Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Les origines du caractère tressé des chenaux des sandurs sont complexes et<br />

interdépendantes (Smith, 1985). Les explications avancées sont notamment l’alimentation<br />

abondante d’une charge de fond grossière (graviers et éléments plus grossiers) par le produit de<br />

l’érosion glaciaire, renforcée par les niveaux d’eau fluctuant dus à des débits variables d’eaux de<br />

fonte glaciaire (variation saisonnière ou dépendante de la météorologie) et à la position changeante<br />

de la marge glaciaire, une pente forte et des chenaux peu profonds, ainsi que l’absence de<br />

végétations sur les berges contribuant à leur instabilité (Smith, 1985; Reading, 1996). Notons que ces<br />

paramètres ne sont pas nécessaires pour initier un système en tresse de façon générale (Bridge et<br />

Lunt, 2006). La sédimentation dans un sandur est également influencée par la présence de blocs de<br />

glace enfouis dans les sédiments (à l’origine de kettles), et se caractérise par la faible proportion de<br />

particules fines (Smith, 1985; Reading, 1996).<br />

Les propriétés physiques caractéristiques des systèmes en tresse des sandurs sont détaillées<br />

ci-après. Le lien entre ces propriétés et les hétérogénéités à différentes échelles est ensuite explicité.<br />

I.1.2.a. Propriétés caractéristiques des épandages <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

I.1.2.a.i. Fluctuations des débits d’eaux de fonte<br />

Les entrées d’eaux de fonte glaciaire dans l’environnement proglaciaire sont caractérisées<br />

par une forte variabilité du débit, régulière et irrégulière (Maizels, 1995). Les variations régulières de<br />

débit se font à des échelles de temps différentes, elles traduisent les variations diurnes, saisonnières,<br />

ainsi que les périodes d’avancée et de retrait de la marge glaciaire (Smith, 1985; Maizels, 1995).<br />

A ces variations régulières peuvent être surimposées des épisodes de forts débits irréguliers<br />

dans le temps. Ces épisodes sont souvent associés aux orages d’été ou d’automne, particulièrement<br />

ceux se produisant après une période de forte chaleur (Maizels, 1995). Ces débits intenses générés<br />

par les précipitations conduisent aux crues d’eaux de fonte les plus fortes (Maizels, 1995). Certains<br />

épisodes de crues à débit exceptionnels, appelés Jökulhlaups, correspondent à une très forte charge<br />

sédimentaire et produisent des <strong>dépôt</strong>s spécifiques (Russell et al., 2001; Magilligan et al., 2002).<br />

Maizels (1995) rapporte par exemple des débits de 40000 m 3 /s pour des jökulhlaups enregistrés dans<br />

la zone proglaciaire du Vatnajökull en Islande.<br />

L’hydrologie des sandurs est donc très variable temporellement. Cette variabilité a un impact<br />

sur la sédimentation dans la zone proglaciaire. Lorsque le débit est faible, les eaux de fonte sont<br />

restreintes à un réseau de quelques chenaux interconnectés, n’influençant que très peu les<br />

structures émergées des sandurs. Cette phase de débit n’a pas de contribution significative à la<br />

morphologie générale. A débit intermédiaire, la plaine d’épandage est partiellement inondée, et la<br />

morphologie des sandurs est localement remodelée par le nouveau système de chenaux mis en<br />

place. A fort régime d’écoulement, l’ensemble de la plaine d’épandage est recouverte par les eaux de<br />

fonte. L’écoulement est très compétent, et détruit le réseau de chenaux existant, ainsi que les<br />

structures de <strong>dépôt</strong>s associées. Un réseau complètement remodelé est attendu lors de la phase de<br />

vannage suivant un événement à fort débit d’eaux de fonte (Siegenthaler et Huggenberger, 1993).<br />

I.1.2.a.ii. Charge sédimentaire élevée<br />

La charge sédimentaire caractérise la quantité d’éléments détritiques transportés par les<br />

eaux de fonte. La charge sédimentaire élevée des chenaux de sandur s’explique par la disponibilité<br />

d’un point de vue érosion/transport des matériaux détritiques faiblement consolidés, produits de<br />

l’érosion glaciaire. L’abondance de sédiments glaciaires facilement mobilisables est la cause d’un<br />

transport et d’un taux de sédimentation bien plus élevé que durant des périodes interglaciaires.<br />

Ainsi, le débit de sédiment, durant les périodes glaciaires et pour un temps substantiel après ces<br />

34


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

périodes, n’a pas de comparaison avec les taux de sédimentation actuels. Smith (1985) distingue la<br />

période proglaciaire de la période paraglaciaire. La première correspond à la phase de déglaciation,<br />

pendant laquelle la charge sédimentaire est la plus élevée mais décroît rapidement. L’accumulation<br />

de sédiments est la plus forte durant cette période. Pendant la période paraglaciaire, la décroissance<br />

de la charge sédimentaire suit une allure asymptotique.<br />

Les types de sandur<br />

I.1.2.a.iii. Morphologie des sandurs<br />

Il existe deux types de sandurs : les sandurs de vallée et les sandurs de plaine. Les premiers<br />

sont généralement associés aux glaciers de cirque ou de vallée. Ces sandurs remplissent les<br />

dépressions laissées en aval du front glaciaire. Leur topographie est relativement plane, cachant les<br />

irrégularités sous-jacentes du bedrock, ou des formes de modelés glaciaires comme les moraines, les<br />

eskers, les drumlins ou les kames (Maizels, 1995). Elles sont formées par un chenal principal en fond<br />

de vallée, auquel sont connectés de multiples chenaux secondaires. Des exemples modernes sont<br />

nombreux dans les vallées des chaînes montagneuses englacées (par exemple, le sandur de la Scott<br />

River en Alaska). Les sandurs de plaines sont quant à eux plus larges que les sandurs de vallée, et<br />

sont associés aux calottes glaciaires. L’organisation des chenaux au sein de ces sandurs correspond à<br />

plusieurs systèmes en tresse, à l’origine du <strong>dépôt</strong> de sédiments sur une large surface. Des analogues<br />

modernes sont les sandurs des plaines côtières du sud de l’Islande, une partie du sud-ouest de<br />

l’Alaska ou l’ouest du Groënland (Maizels, 1995). Le sandur le plus étendu est celui du<br />

Skeidararsandur en Islande. Son front glaciaire est large de 40 km, et la zone proglaciaire située entre<br />

le front glaciaire et la mer s’étend sur 30 km. Les plaines d’épandage du Pléistocène, dont celles<br />

présentent devant les inlandsis eurasien ou laurentien en Amérique du Nord, étaient plus étendues<br />

(Maizels, 1995). Au dernier maximum glaciaire, le front du lobe lyonnais du glacier du Rhône<br />

s’étendait par exemple sur plus de 100 km (Buoncristiani et Campy, 2004), et la plaine d’épandage<br />

proglaciaire s’étendait sur une vingtaine de kilomètres.<br />

Evolution du système de chenaux en fonction de la distance à la marge glaciaire<br />

Trois zones plus ou moins distinctes peuvent être distinguées au sein de la surface d’un<br />

sandur (Figure 8). Ces zones sont reliées à la distance par rapport à la marge glaciaire. Ce sont les<br />

zones proximale, intermédiaire, et distale.<br />

Figure 8 : évolution de l’environnement de <strong>dépôt</strong> en fonction de la distance à la marge glaciaire. D’après<br />

Campy et Macaire (2003).<br />

La zone proximale est la zone la plus proche de la marge glaciaire. Elle contient les chenaux<br />

d’eaux de fonte, en faible nombre. Ces chenaux sont étroits et profonds, et incisent fortement les<br />

sédiments dans lesquels ils se sont développés (Smith, 1985). Cette incision est le produit de<br />

l’accommodation de la pente du cours d’eau vers un régime d’écoulement et une charge<br />

sédimentaire normale. Cette incision limite donc la formation de chenaux en tresse. Les chenaux de<br />

la zone proximale sont essentiellement caractérisés par un transport de la charge de fond graveleuse.<br />

35


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Cette zone accumule principalement les sédiments charriés par le glacier ou apportés par des crues<br />

d’eaux de fonte. La zone proximale peut contenir des blocs de glace enfouis, conduisant à la<br />

formation de kettles (kettled sandur).<br />

La zone intermédiaire se caractérise par un réseau de larges chenaux en tresse peu profonds<br />

et distincts. Leur position est très changeante. A débit normal (hors crues d’eaux de fonte), une large<br />

partie de l’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> est constituée par un réseau de chenaux abandonnés. La partie<br />

active n’occupe qu’une faible partie de la plaine d’épandage.<br />

Enfin, la zone distale se caractérise par un réseau mal défini de chenaux peu profonds. Cette<br />

zone est souvent en contact avec un lac ou une mer. En cas de crue, les eaux recouvrent la totalité de<br />

la plaine d’épandage, ce qui conduit à une immersion des barres sableuses. Des sables de nature<br />

éolienne peuvent recouvrir les zones distales non-actives d’un sandur (Smith, 1985) ou les<br />

environnements côtiers (Maizels, 1995).<br />

Excepté pendant les phases de fort régime d’écoulement, une grande partie de la plaine<br />

d’épandage reste inactive. Certaines zones peuvent ainsi se végétaliser, ou être soumises à une<br />

déflation (érosion éolienne) et à la formation de dunes. Ces phénomènes dépendent des variations<br />

climatiques et de la vitesse d’érosion des chenaux proglaciaires, qui, par leur fluctuation, balayent la<br />

plaine d’épandage.<br />

I.1.2.b. Les hétérogénéités liées aux propriétés caractéristiques des<br />

épandages <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

L’analyse des propriétés caractéristiques des sandurs met en évidence des hétérogénéités<br />

propres aux <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s à différentes échelles.<br />

Tout d’abord, une hétérogénéité liée au type de sandur existe à l’échelle large du bassin<br />

sédimentaire. A cette même échelle, le changement de morphologie entre les zones proximales et<br />

distales induit une évolution de la granulométrie moyenne des éléments détritiques et une<br />

hétérogénéité des séquences sédimentaires. La granulométrie moyenne tend à décroître au fur et à<br />

mesure de l’éloignement du front glaciaire. L’allure de cette décroissance est approximativement<br />

exponentielle. La vitesse de décroissance de la granulométrie est cependant très variable d’un<br />

sandur à l’autre (Figure 9), et peut occasionnellement ne pas être observée (Smith, 1985). Le<br />

gradient granulométrique est d’autant plus fort que le taux d’aggradation proximal, lié à la fréquence<br />

des crues d’eaux de fonte, est élevé (Smith, 1985).<br />

Figure 9 : Variation de la taille de grain maximale (axe le plus long) en fonction de la distance au front<br />

glaciaire de sept plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> actives. Les sandurs des glaciers Giga et Skeidara sont<br />

islandais, les autres sont localisés au sud-est de l’Alaska. D’après Smith (1985).<br />

36


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

L’évolution de cette granulométrie moyenne se reflète dans celle des séquences de <strong>dépôt</strong>.<br />

Les séquences sédimentaires verticales des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s sont classiquement représentées<br />

par trois séquences types, correspondant à l’éloignement progressif des environnements de <strong>dépôt</strong>s<br />

par rapport au front glaciaire (Reading, 1996) : le type Scott (environnement proximal à fort régime<br />

d’écoulement), le type Donjek (environnement intermédiaire à charge de fond grossière) et le type<br />

Platte (environnement distal de <strong>dépôt</strong> à dominante sableuse). La Figure 10 synthétise ces trois<br />

séquences types. Les séquences type Scott et Platte sont référencées sur la Figure 6.<br />

Le type Scott a été décrit à partir de l’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> de la Scott River en Alaska. La<br />

séquence type est dominée par des <strong>dépôt</strong>s à granulométrie grossière, qui représentent des<br />

sédiments de crues (Cojan et Renard, 1999). Les graviers représentent une fraction supérieure à 90%<br />

de la séquence (Cojan et Renard, 1999). Les faciès les plus fins s’accumulent lors des phases de<br />

décrues ou d’étiage. Le type Donjek est caractéristique des rivières en tresse composées de chenaux<br />

et de zones surélevées au-dessus du niveau de l’eau (Cojan et Renard, 1999). La charge de fond est<br />

sablo-graveleuse. Les graviers représentent 10 à 90% de la séquence (Cojan et Renard, 1999). Les<br />

cycles grano-décroissants débutent par des faciès grossiers de barres de graviers. Les zones<br />

surélevées ne reçoivent de sédiments que lors de crues et les parties hautes couvertes de<br />

végétations retiennent les particules fines. Enfin, la séquence type Platte, en référence à la Platte<br />

River au Canada, est caractéristique de <strong>dépôt</strong>s à dominante sableuse, mis en place dans des chenaux<br />

très larges et peu profonds, sans différenciation nette entre les chenaux et les zones surélevées<br />

(Cojan et Renard, 1999).<br />

Figure 10 : séquences verticales typiques d’un <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, suivant l’environnement de <strong>dépôt</strong> : a)<br />

proximal (type Scott), b) intermédiaire (type Donjek), c) distal (type Platte). D’après Miall (1978).<br />

L’analyse des séquences sédimentaires montre tout d’abord une hétérogénéité liée aux<br />

éléments de <strong>dépôt</strong>s. Par exemple, les cycles grano-décroissants du type Scott traduisent la migration<br />

de barre de graviers, ceux du type Donjek des remplissages de chenaux. Cette hétérogénéité est<br />

d’ordre macroscopique (échelle de l’élément architectural). Les séquences sédimentaires mettent<br />

également en évidence une hétérogénéité mésoscopique liée aux différentes unités lithologiques,<br />

37


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

caractérisées par leur distribution granulométrique. La gamme de variation granulométrique des<br />

sédiments <strong>fluvioglaciaire</strong>s s’étale en effet des sables fins aux graviers grossiers (Maizels, 1995). La<br />

fraction granulométrique la plus fine, composées des argiles et des silts, est lessivée par les eaux de<br />

fonte et ne représente pas plus de 5% (Maizels, 1995). L’hétérogénéité granulométrique traduit celle<br />

du produit de l’érosion glaciaire, ainsi que des environnements de <strong>dépôt</strong>s. Enfin, les stratifications<br />

internes aux unités lithologiques, dues aux différentes phases de <strong>dépôt</strong>, constituent les<br />

hétérogénéités microscopiques (par exemple, laminations internes des sables). Ces séquences de<br />

<strong>dépôt</strong> montrent une hétérogénéité verticale, qui se retrouve également latéralement (passage<br />

latéral d’un élément architectural ou d’une unité lithologique à un(e) autre).<br />

La variabilité des propriétés caractéristiques des sandurs engendre donc des hétérogénéités<br />

à différentes échelles. Une hétérogénéité existe entre les zones proximales, intermédiaires et<br />

distales, caractérisées chacune par une séquence sédimentaire verticale type. Cette échelle sera par<br />

la suite considérée comme l’échelle de l’environnement de <strong>dépôt</strong>. A l’échelle macroscopique, une<br />

hétérogénéité existe entre les différents éléments de <strong>dépôt</strong>s. Enfin, l’hétérogénéité d’ordre<br />

mésoscopique est associée aux faciès sédimentaires, ou lithofaciès, de nature différente, et<br />

l’hétérogénéité microscopique est associée à la stratification interne à ces faciès.<br />

Le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais, étudié dans le cadre de la thèse, est<br />

majoritairement composé de graviers (fraction en graviers de 77 % d’après Février (2001)). Il<br />

correspond à la séquence Donjek avec une forte proportion de la fraction en graviers. Par la suite,<br />

nous nous intéresserons donc plus particulièrement aux <strong>dépôt</strong>s grossiers, formés par des systèmes<br />

en tresse à charge de fond grossière.<br />

I.2. Les formes de <strong>dépôt</strong>s et les faciès sédimentaires associés aux plaines<br />

d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

La compréhension de l’organisation structurale des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s requiert une<br />

bonne connaissance de la mise en place des formes de <strong>dépôt</strong>s et des faciès sédimentaires par les<br />

systèmes en tresse. Nous nous baserons pour cela sur le modèle conceptuel de Lunt et al. (2004a;<br />

2004b) et Bridge et Lunt (2006). Ce modèle (Figure 11) décrit la nature des formes de <strong>dépôt</strong>, ainsi<br />

que la stratification engendrée par leur migration, à plusieurs échelles d’observation. Ce modèle est<br />

dérivé de l’étude de la rivière Sagavanrirktok en Alaska, et correspond à des <strong>dépôt</strong>s formés sous des<br />

forts régimes d’écoulement, et non modifiés lors d’épisodes de courant d’intensité plus faible (Lunt<br />

et al., 2004a). Il décrit les relations hiérarchiques entre les formes de <strong>dépôt</strong>s, à trois échelles de<br />

caractérisation.<br />

L’échelle la plus large est celle des macroformes de <strong>dépôt</strong>, correspondant aux barres<br />

unitaires (unit bars) et aux barres composites (compound bars), ainsi qu’aux remplissages de<br />

chenaux. Les mésoformes, correspondant aux dunes et aux nappes de charriage de graviers (bedload<br />

sheets), sont décrites à l’échelle mésoscopique des unités lithologiques ou lithofaciès (Heinz et<br />

Aigner, 2003b). Enfin, l’échelle la plus petite, correspondant à l’échelle microscopique des grains<br />

(Heinz et Aigner, 2003b), est celle des rides et des lits plans (Smith, 1985).<br />

De par les relations hiérarchiques entre les différentes formes de <strong>dépôt</strong>, la description d’une<br />

forme de <strong>dépôt</strong> nécessite la connaissance des formes de <strong>dépôt</strong>s des échelles inférieures. Nous<br />

commencerons donc par décrire les microformes de <strong>dépôt</strong>, puis les mésoformes et macroformes.<br />

38


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Figure 11 : modèle conceptuel des <strong>dépôt</strong>s de rivière en tresse. Exemples de barre composite constituée d’un<br />

amalgame de barre unitaire dans un contexte de sédimentation active, et d’un remplissage de chenal<br />

abandonné par des barres unitaires. D’après Bridge et Lunt (2006).<br />

I.2.1.a. Les microformes<br />

Figure 12 : rides de courant et stratification entrecroisée associée<br />

Les microformes correspondent aux rides. Les rides se forment à bas régime d’écoulement,<br />

ou lors d’épisodes de courant de forte intensité dans des zones protégées du système fluviatile (où<br />

l’écoulement est ralenti). Elles sont essentiellement sableuses, et à crêtes sinueuses. Les rides se<br />

retrouvent généralement dans les creux des dunes, les dépressions des barres unitaires, les<br />

remplissages de chenaux, les qqueues<br />

ueues de barres composites et les <strong>dépôt</strong>s de berges (Lunt et al.,<br />

2004a). Les rides à crêtes sinueuses produisent une stratification centimétrique entrecroisée en auge<br />

(Figure 12).<br />

I.2.1.b. Les mésoformes<br />

I.2.1.b.i. Nappes de charriage de graviers<br />

Les nappes de charriage de graviers ( (bedload sheets) ) forment un faible relief à la surface de<br />

barres de chenaux, et dans les chenaux lorsque la vitesse de courant est juste supérieure à la vitesse<br />

d’entraînement des graviers (Lunt et al., , 2004a). Les dimensions de ces couches sont très variées, ce<br />

sont des formes transitoires pouvant conduire à des dunes de graviers. Elles pourraient n’exister<br />

qu’en présence d’un sédiment à granulométrie étalée (Recking, 2006).<br />

39


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

La migration de ces nappes de charriage de graviers (Figure 13) conduit à une stratification<br />

plane de graviers sans matrice ou de graviers sableux. Ces structures planes peuvent avoir une<br />

surface basale d’érosion. Les nappes de charriage de graviers peuvent présenter un granoclassement<br />

normal, elles sont alors communément surmontées par du sable. Ces formes de <strong>dépôt</strong> peuvent<br />

également ne présenter aucune tendance de granoclassement, ou alors un granoclassement inverse,<br />

qui peut s’expliquer par leur migration sous régime d’écoulement intense entraînant le déplacement<br />

de tous les grains du lit (Lunt et al., 2004a). A la base de ces structures, on retrouve des graviers et<br />

cailloux ou galets imbriqués.<br />

Figure 13 : hypothèse de migration de nappes de charriage de graviers. D’après Recking (2006).<br />

I.2.1.b.ii. Dunes de graviers<br />

Les dunes sont définies comme des structures asymétriques, dont les dimensions<br />

caractéristiques sont de l’ordre de grandeur de l’épaisseur de la couche d’eau les ayant générées, à la<br />

différence des rides dont les dimensions sont comparables à quelques tailles de grains (Kleinhans,<br />

2004). Les dunes sont formées lors d’épisodes à fort régime d’écoulement soit en surface des barres<br />

de sables et/ou de graviers, soit dans les chenaux. Dans les dépressions des dunes, des drapages<br />

sableux peuvent se former.<br />

La migration des dunes engendre une stratification des sables et/ou graviers entrecroisée en<br />

auge, la plus communément observée au sein des barres de graviers et des remplissages de chenaux.<br />

Les stratifications entrecroisées de graviers ont une forte proportion de graviers grossiers à leur base<br />

associée à la présence de graviers imbriqués. Les couches entrecroisées sont composées de graviers<br />

sableux, de graviers sans matrice, ou d’alternance entre ces deux lithofaciès. Ces alternances<br />

peuvent être le résultat des variations temporelles de la force du courant entraînant les sédiments,<br />

ou par la migration de formes de <strong>dépôt</strong>s de plus faible échelle (par exemple, des nappes de charriage<br />

de graviers) sur la crête des dunes (ces hypothèses sont détaillées au I.3.1.b). Les <strong>dépôt</strong>s<br />

hétérométriques de sables et graviers sont associés à un régime d’écoulement plus fort, entraînant<br />

un déplacement plus important des graviers. Le sable en suspension est alors déposé avec les<br />

graviers sur la face aval de la dune.<br />

I.2.1.c. Les macroformes<br />

Une barre, ou banc, est définie comme une forme de <strong>dépôt</strong>s au sein d’un chenal, avec des<br />

dimensions longitudinales et une hauteur comparables respectivement à la largeur et à la<br />

profondeur du chenal l’ayant formé (Lunt et al., 2004a). Les chenaux principaux et les barres<br />

associées (dits de premier ordre) sont les plus larges dans le lit de la rivière en tresse. Des chenaux de<br />

plus petite taille peuvent inciser les barres de premier ordre. Ces chenaux seondaires (cross-bar<br />

40


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

channels) sont associés à leurs propres barres de second ordre (Lunt et al., 2004a). Nous<br />

distinguerons deux types de barres en fonction de leur histoire de formation : les barres simples ou<br />

unitaires (unit bars), ayant une histoire de <strong>dépôt</strong> relativement simple et homogène, et les barres<br />

composites (compound bars), constituées de plusieurs barres unitaires, et produit de plusieurs<br />

phases répétées d’érosion et de <strong>dépôt</strong> à l’origine d’une stratification complexe (Smith, 1985).<br />

I.2.1.c.i. Les barres unitaires (unit bars)<br />

Une barre unitaire est située immédiatement en aval d’un creux d’érosion. Elle est allongée<br />

dans le sens du courant, et se forme essentiellement par apports de sédiments, puis éventuellement<br />

par incision du <strong>dépôt</strong> (Smith, 1985). La section d’une barre unitaire est asymétrique dans le sens du<br />

courant, la face aval ayant la pente plus forte (pente inclinée à l’angle de repos des sables/graviers<br />

ou à un angle plus faible). La surface des barres unitaires présente des graviers et galets imbriqués<br />

(pavage de graviers en surface) et des nappes de charriage de graviers à faible régime d’écoulement,<br />

des dunes sablo-graveleuses lors de régimes d’écoulement plus intenses. Les barres unitaires sont<br />

composées principalement de graviers sableux, de sables et de couches de graviers sans matrice. La<br />

granulométrie la plus grossière est observée sur les crêtes des barres unitaires.<br />

La migration d’une barre unitaire produit une macrostratification inclinée (Figure 14).<br />

L’inclinaison ne dépasse généralement pas 10°. L’angle peut cependant augmenter et atteindre<br />

l’angle de repos des graviers sableux (Lunt et al., 2004a). La migration périodique de la barre, due à<br />

l’augmentation du régime d’écoulement, induit la présence à la base de chaque stratification<br />

macroscopique d’une granulométrie grossière, communément des graviers sans matrice, prenant<br />

l’inclinaison de la face aval. Lorsque l’écoulement retrouve un régime inférieur, le sable se dépose<br />

dans la dépression située immédiatement à l’aval de la barre unitaire. La granulométrie s’affine<br />

généralement vers le haut (faciès de graviers sableux, puis faciès sableux), mais certaines barres<br />

unitaires ne présentent aucun granoclassement. Les mélanges de sables et graviers sont transportés<br />

sous forme de dunes à la surface des barres. Les sables se retrouvent principalement dans les parties<br />

aval et supérieure d’une barre unitaire.<br />

Figure 14 : sections longitudinale (a) et transversale (b) représentant les macrostratifications internes aux<br />

barres unitaires. D’après Lunt et al. (2004a) et Bridge et Lunt (2006).<br />

I.2.1.c.ii. Les barres composites (compound bars)<br />

Les barres composites sont constituées d’un assemblage de plusieurs barres unitaires,<br />

allongé dans le sens du courant. Elles migrent vers l’aval et latéralement, par accrétion de barres<br />

unitaires dans les parties amont et aval ainsi que sur les côtés, et par érosion des parties amont et<br />

latérale. Cette migration engendre des macro- à mégastratifications entrecroisées, dont l’inclinaison<br />

41


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

est orientée vers le thalweg du chenal adjacent (Figure 15). L’inclinaison est plus forte à proximité<br />

des chenaux. La section longitudinale présente un pendage faible (


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

entrecroisée, dont l’origine est la migration de dunes de graviers lors d’épisodes de fort régime<br />

d’écoulement.<br />

Figure 16 : section transversale d’un remplissage de chenal de rivière en tresse (Lunt et al. (2004a), Bridge et<br />

Lunt (2006)). L’exagération verticale est de 2:1. Les traits ne représentent que les stratifications<br />

macroscopiques (traits fins noirs) à mégascopiques (traits forts verts).<br />

Le Tableau 3 récapitule les formes de <strong>dépôt</strong> aux différentes échelles, et leur stratification<br />

associée. L’hétérogénéité sédimentaire correspondant à ces éléments est notamment observable<br />

dans des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires, comme celui de l’Est lyonnais étudié dans le cadre de<br />

la thèse. Une typologie des hétérogénéités sédimentaires de <strong>dépôt</strong>s quaternaires analogues à celui<br />

de l’Est lyonnais, en lien avec les formes de <strong>dépôt</strong>s décrites précédemment, est proposée au<br />

paragraphe I.3.<br />

Tableau 3 : stratifications et échelles associées aux formes de <strong>dépôt</strong> d’un système en tresse. D’après Lunt et<br />

al. (2004a).<br />

Formes de <strong>dépôt</strong>s Type de stratification correspondante<br />

Rides Microstratification entrecroisée<br />

Nappe de charriage de graviers Couches planes<br />

Dune de graviers Mésostratification entrecroisée<br />

Barre de graviers<br />

unitaires<br />

composites<br />

Litage simple macroscopique<br />

Litage complexe macro- à mégascopique<br />

Remplissage de<br />

chenal<br />

chenal secondaire Remplissage de chenal simple<br />

chenal principal Remplissage de chenal composite<br />

I.3. Typologie des hétérogénéités sédimentaires de <strong>dépôt</strong>s<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires<br />

Au travers de la description de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires, une typologie des<br />

hétérogénéités aux échelles du lithofaciès (I.3.1), de l’élément architectural (I.3.2) et de<br />

l’environnement de <strong>dépôt</strong> (I.3.3) est proposée.<br />

I.3.1. Echelle du lithofaciès<br />

I.3.1.a. Code de classification sédimentologique<br />

Un lithofaciès est une unité lithologique correspondant à une unité génétique, c’est-à-dire<br />

formée par un processus homogène de transport et de <strong>dépôt</strong> (Heinz et al., 2003). Un lithofaciès est<br />

donc caractérisé par une genèse homogène. La description d’un lithofaciès requiert ainsi la<br />

connaissance de paramètres reliés indirectement à sa mise en place, à savoir entre autres la<br />

distribution granulométrique, le classement, l’arrangement des grains, le degré d’usure et d’arrondi,<br />

l’existence d’une stratification interne, le type de stratification.<br />

Le code de classification le plus largement utilisé pour la caractérisation des formations<br />

alluvionnaires est le code de Miall (1978), développé initialement à la fin des années 1970 pour la<br />

43


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

caractérisation des lithofaciès fluviatiles. Ce code a été adapté pour les formations glaciaires par<br />

Eyles et al. (1983), puis par Keller (1996), par la prise en compte notamment de granulométries<br />

grossières de type blocs. Siegenthaler et Huggenberger (1993) reconnaissent des caractéristiques<br />

spécifiques aux <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s, à savoir les lithofaciès bimodaux et les graviers sans matrice.<br />

Klingbeil et al. (1999) les intègrent dans un code de classification largement repris pour la<br />

caractérisation des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s (Kleineidam et al., 1999; Heinz et Aigner, 2003b; Heinz et<br />

al., 2003; Goutaland et al., 2005; Kostic et al., 2005; Becht et al., 2007; Kostic et Aigner, 2007; Kostic<br />

et al., 2007).<br />

Ce code (Tableau 4) est constitué par une suite de lettres (i1 I1 i2 i3, i4) précisant la fraction<br />

granulométrique majoritaire (en majuscule) et éventuellement la fraction secondaire (en minuscule)<br />

si elle est jugée importante (i1 / I1 : g / G pour graviers, s / S pour sables, f / F pour fines ; c pour<br />

cailloux et b pour blocs 3 ), le support de la texture (i2 : c pour une texture à support clastique, ou<br />

clast-supported, i.e. grains jointifs, m pour une texture à support matriciel, ou matrix-supported, i.e.<br />

grains non-jointifs au sein d’une matrice, - pour des lithofaciès sans matrice), leur structure<br />

sédimentaire (i3 : m pour massif, x pour stratifié), et éventuellement des informations<br />

complémentaires (i4 : o pour structure « ouverte » sans matrice, b pour granulométrie bimodale, i<br />

pour imbrication de graviers, et a pour structure d’alternance).<br />

Tableau 4 : code de classification des lithofaciès alluvionnaires proposé par Miall (1978) et étendu par<br />

Klingbeil et al. (1999). Ce code consiste en la juxtaposition d’indices du type i1 I1 i2 i3, i4 (exemple : cGcm,i)<br />

Indice Caractéristiques Abbréviations<br />

i1<br />

I1<br />

Fraction<br />

granulométrique<br />

secondaire<br />

Fraction<br />

granulométrique<br />

majoritaire<br />

44<br />

b : blocs<br />

c : cailloux<br />

g : graviers<br />

s : sables<br />

f : fines<br />

G : graviers<br />

S : sables<br />

F : fines<br />

i2 Texture Graviers c : clast-supported (support par grain)<br />

m : matrix-supported (matrice abondante)<br />

Sables - : pas de matrice fine dans les sables<br />

i3 Structure sédimentaire x : stratifié<br />

m : massif (pas de stratification interne)<br />

i4<br />

Informations<br />

additionnelles<br />

g : granoclassement (normal)<br />

o : open framework<br />

b : bimodal<br />

a : alternance entre deux lithofaciès issus d’une même<br />

phase de <strong>dépôt</strong><br />

i : imbrications de graviers<br />

I.3.1.b. Typologie des lithofaciès quaternaires<br />

Une typologie des principaux lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s peut être dégagée par analyse des<br />

études menées sur des formations quaternaires <strong>fluvioglaciaire</strong>s. La gamme des sites étudiés permet<br />

de penser que cette typologie est applicable pour toute formation <strong>fluvioglaciaire</strong> quaternaire.<br />

3 Les classes granulométriques sont définies à partir de la classification de Wentworth (1922). Si D est<br />

le diamètre des grains, ces classes sont définies de la façon suivante : argiles : D < 4 µm ; silts : 4 µm < D < 63<br />

µm ; sables : 63 µm < D < 2 mm ; graviers : 2 mm < D < 64 mm ; cailloux : 64 mm < D < 256 mm ; blocs : 256<br />

mm < D


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Tableau 5 : typologie des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s de <strong>dépôt</strong>s quaternaires de système proglaciaire en tresse de la vallée du Rhin. D’après Siegenthaler et Huggenberger<br />

(1993), Heinz et al. (2003), et Kostic et al. (2007). Photos de Kostic et al. (2007).<br />

Sables<br />

S-x<br />

S-h<br />

Sables et<br />

graviers<br />

GS-x<br />

Graviers<br />

sableux<br />

Gcm<br />

Gcx<br />

Gcm,i<br />

Granulométrie Stratification Interprétation<br />

- sables fins à grossiers<br />

- sables moyens majoritaires<br />

- absence de matrice silteuse<br />

ou argileuse<br />

- sables pauvrement à bien<br />

classés<br />

- mélanges de sables et<br />

graviers<br />

- sables moyens à graviers<br />

moyens<br />

- bien classés<br />

- lithofaciès le plus commun<br />

- sables fins aux graviers<br />

grossiers et cailloux<br />

- lithofaciès pauvrement<br />

classé<br />

- 10-30% de sables et 70-90%<br />

de graviers<br />

- fraction argileuse


Graviers<br />

sableux<br />

riches en<br />

cailloux et<br />

blocs<br />

Gcm,i<br />

cGcm,i<br />

bGcm,i<br />

Alternance<br />

de graviers<br />

sableux<br />

bimodaux et<br />

de graviers<br />

sans matrice<br />

Gcg,a<br />

(=Gcm,b+ Gcg,o)<br />

Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Tableau 5 : suite<br />

- graviers majoritaires<br />

- présence de cailloux et de<br />

blocs<br />

- matrice essentiellement<br />

composée de sables et de<br />

graviers fins<br />

- lithofaciès<br />

rudimentairement classé<br />

- présence éventuelle<br />

d’argiles et de silts<br />

- structure constituée de<br />

deux lithofaciès<br />

- lithofaciès inférieur de<br />

graviers à support clastique<br />

avec une matrice sableuse<br />

composée de sables moyens<br />

bien classés à des mélanges<br />

polymodaux pouvant<br />

contenir des fines (Gcm,b)<br />

- lithofaciès supérieur<br />

constitué de graviers très<br />

bien classés sans matrice<br />

sableuse ou fine (Gcg,o)<br />

- granoclassement normal<br />

- présence occasionnelle de<br />

silts et d’argiles drapant les<br />

graviers sans matrice<br />

46<br />

- support clastique<br />

- stratification massive et<br />

subhorizontale<br />

- léger pendage dans la direction<br />

du paléo-écoulement<br />

- imbrication des éléments<br />

grossiers au sein des unités<br />

massives<br />

- épaisseur pouvant atteindre<br />

1,5m<br />

- stratification horizontale ou<br />

entrecroisée<br />

- épaisseur centimétrique à<br />

décimétrique<br />

- asymétrie possible d’épaisseur<br />

entre les deux lithofaciès,<br />

conduisant à la présence d’un<br />

lithofaciès bimodal seul<br />

- transport en masse de sables,<br />

graviers, cailloux et blocs par<br />

traction en charge de fond<br />

- <strong>dépôt</strong> rapide sans<br />

granoclassement des particules<br />

- plusieurs interprétations<br />

récapitulées sur la Figure 18 :<br />

changement de débit des eaux de<br />

fonte, migration de mésoformes<br />

de <strong>dépôt</strong> en surface de barre,<br />

ségrégation granulométrique à la<br />

crête des dunes et des barres de<br />

graviers


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Cette typologie, présentée dans le Tableau 5, est inspirée des travaux menés sur les<br />

formations <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires de la vallée du Rhin (formations pléistocènes décrites par<br />

Siegenthaler et Huggenberger (1993), Jussel et al. (1994), Kleineidam et al. (1999), Klingbeil et al.<br />

(1999), Heinz et al. (2003), et correspondant à une sédimentation dans un système proglaciaire en<br />

tresse (Siegenthaler et Huggenberger, 1993)), sur les formations du dernier maximum glaciaire du<br />

glacier de Côme au Nord de l’Italie (formations morainiques, <strong>fluvioglaciaire</strong>s et glaciolacustres<br />

décrites par Bersezio (1999) et Zappa (2006)), sur les formations <strong>fluvioglaciaire</strong>s déposées lors du<br />

retrait du Green Bay Lobe à la fin de la glaciation tardive du Wisconsin (Anderson et al., 1999), sur les<br />

formations du delta gilbertien quaternaire (formations décrites par Kostic et al. (2005)).<br />

L’étude sédimentologique met en avant 5 lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s principaux : des sables<br />

très bien classés (S-x), des graviers bien classés (GS-x), des mélanges sablo-graveleux mal classés<br />

(Gcm), des alternances de graviers et de mélanges sablo-graveleux (Gcg,a), et des graviers riches en<br />

cailloux et blocs ((c,b)Gcm,i) (Heinz et al., 2003). Les caractéristiques granulométriques de ces<br />

lithofaciès sont récapitulées dans le Tableau 5.<br />

I.3.1.b.i. Graviers sableux (Gcm, Gcx, (c,b)Gcm,i)<br />

Siegenthaler et Huggenberger (1993), Jussel et al. (1994), Huggenberger et Regli (2006)<br />

distinguent deux types de graviers sableux, les graviers gris (Grey Gravels) et les graviers bruns<br />

(Brown Gravels). Ces graviers ont été reliés au code du Tableau 4 par Heinz et al. (2003). Les graviers<br />

bruns ont pour code (c,b)Gcm(,i), les graviers gris sont généralement classés sous le code Gcm.<br />

Graviers gris et graviers bruns peuvent être considérés comme une sorte de matrice <strong>fluvioglaciaire</strong>,<br />

dans laquelle sont intercalés des lithofaciès secondaires, comme les sables et les alternances de<br />

graviers (Jussel et al., 1994).<br />

Les graviers gris correspondent à des graviers sableux pauvrement à modérément classés,<br />

dont la distribution granulométrique s’étale des sables fins aux graviers, et occasionnellement<br />

cailloux. Ces graviers sableux comportent une fraction sableuse comprise entre 10 et 30%, et une<br />

fraction en graviers comprises entre 70 et 90% (Heinz et al., 2003). La fraction silto-argileuse ne<br />

dépasse pas 5% (Huggenberger et Regli, 2006). Ce type de lithofaciès est le plus commun dans les<br />

<strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s (Heinz et al., 2003; Kostic et al., 2007). Les lits de graviers gris sont mal définis,<br />

et ont une épaisseur de quelques décimètres (Heinz et al., 2003). La stratification interne est<br />

horizontale ou entrecroisée (Siegenthaler et Huggenberger, 1993). Les lits individuels sont séparés<br />

les uns des autres par de fines couches de sables, une proportion variable de matrice, et des<br />

différences dans la taille maximale des grains (Heinz et al., 2003). L’orientation des grains est<br />

parallèle à la stratification lorsque les unités sont entrecroisées, et dans le cas de lits horizontaux, les<br />

éléments les plus grossiers sont imbriqués (Heinz et al., 2003). Le mauvais classement de ce<br />

lithofaciès implique un <strong>dépôt</strong> rapide (Heinz et al., 2003; Kostic et al., 2007), pouvant se produire lors<br />

d’une phase de vannage (Kostic et al., 2007). Ce lithofaciès correspond à une nappe de charriage de<br />

graviers, déposé lors d’écoulement à fort régime, détruisant l’armure de graviers en surface des<br />

barres ou dans le lit des rivières (Siegenthaler et Huggenberger, 1993; Heinz et al., 2003). La<br />

migration de ces nappes de graviers se fait par impulsions (Siegenthaler et Huggenberger, 1993;<br />

Heinz et al., 2003). La stratification entrecroisée est la continuation de la stratification horizontale<br />

dans les dépressions en auge (Siegenthaler et Huggenberger, 1993).<br />

Les graviers bruns sont des graviers sableux rudimentairement classés, contenant des<br />

cailloux et des blocs. Ils peuvent contenir des silts et des argiles (Huggenberger et Regli, 2006). Cette<br />

fraction argilo-silteuse est à l’origine de la coloration brune de ce lithofaciès (Siegenthaler et<br />

Huggenberger, 1993). Les graviers bruns présentent communément une imbrication des éléments les<br />

plus grossiers (Heinz et al., 2003; Kostic et al., 2007). Les lits de graviers bruns peuvent atteindre une<br />

épaisseur de 1,5m, et sont caractérisés par une stratification horizontale ou massive (Heinz et al.,<br />

47


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

2003; Huggenberger et Regli, 2006). Les lits sont inclinés avec un léger pendage dans la direction du<br />

paléoécoulement (Heinz et al., 2003). Ce lithofaciès correspond à un <strong>dépôt</strong> rapide de sédiments<br />

hétérométriques sous condition d’écoulement à forte compétence (Siegenthaler et Huggenberger,<br />

1993). Ce régime d’écoulement est interprété comme un régime transitoire entre un flot de débris et<br />

un transport fluvial de charge de fond (Siegenthaler et Huggenberger, 1993). Il s’agit d’un transport<br />

en masse d’un mélange allant des sables aux blocs, sous la forme de traction carpets (Figure 19). Ce<br />

type de transport requiert une forte charge en suspension (Heinz et al., 2003; Kostic et al., 2007). La<br />

pauvreté du classement et l’absence de stratification justifient l’hypothèse d’un écoulement de type<br />

flot de débris (Heinz et al., 2003).<br />

I.3.1.b.ii. Sables stratifiés (S-x, S-h)<br />

Ce type de lithofaciès est représenté par des sables pauvrement à très bien classés (Jussel et<br />

al., 1994; Heinz et al., 2003; Huggenberger et Regli, 2006), dont la distribution granulométrique<br />

s’étale des sables fins aux sables grossiers (Heinz et al., 2003). Les sables moyens prédominent. Les<br />

lentilles ne comportent pas de grains de diamètre supérieur à 2mm (Jussel et al., 1994). Les fractions<br />

silteuse et argileuse sont absentes.<br />

Ces sables se retrouvent dans des creux d’érosion, soit comme couche de fond couvrant la<br />

morphologie basale, soit marginalement en partie latérale de sédiments grossiers (Heinz et al.,<br />

2003). Heinz et al. (2003) reportent des épaisseurs de lithofaciès S-x allant jusqu’à 0,7m. Les sables<br />

peuvent présenter des mésostratifications entrecroisées planes ou en auges, ou horizontales ou à<br />

faible angle d’inclinaison (Anderson et al., 1999). La première stratification s’interprète comme la<br />

migration de dunes sableuses à bas régime d’écoulement. Cette migration a lieu sur des<br />

macroformes de type barre unitaire. Le code de classification est S-x. La seconde est due soit à la<br />

divergence d’un écoulement rapide sur une barre de chenal (<strong>dépôt</strong> de débordement par exemple),<br />

soit par aggradation à bas régime d’écoulement sur une surface plane ou légèrement inclinée sur les<br />

flancs d’un chenal (Anderson et al., 1999). Le code de classification est S-h. On peut également<br />

retrouver des lamines (stratification microscopique) dans des sables fins (Anderson et al., 1999;<br />

Bersezio et al., 1999), formées par migration de rides sableuses lors d’un flux de vannage en surface<br />

d’une barre ou dans une dépression locale de la plaine d’épandage (Anderson et al., 1999).<br />

I.3.1.b.iii. Graviers sans matrice et mésoformes associées<br />

(Gcg,o, Gcx,o)<br />

Les graviers sans matrice se caractérisent par une distribution granulométrique unimodale de<br />

graviers moyens à grossiers. Ils se caractérisent par un grain moyen de diamètre supérieur à 2mm,<br />

une fraction sableuse négligeable, et un classement généralement inférieur à 2,5Φ (Lunt et Bridge,<br />

2007). Ils ont occasionnellement un drapage silteux ou argileux (Siegenthaler et Huggenberger, 1993;<br />

Huggenberger et Regli, 2006), pouvant résulter d’un apport tardif par les eaux souterraines lors<br />

d’une phase secondaire (Siegenthaler et Huggenberger, 1993). Ces lithofaciès présentent<br />

généralement un granoclassement. Les graviers sans matrice ont une stratification plane ou<br />

entrecroisée. Ces deux types de mésostratifications se retrouvent au sein de macrostratifications<br />

correspondant à la migration de barres unitaires (Siegenthaler et Huggenberger, 1993; Lunt et al.,<br />

2004a). Les stratifications planes sont communément d’épaisseur centimétrique à décimétrique, et<br />

ont une extension latérale de l’ordre du mètre à la dizaine de mètres. Les strates s’affinent<br />

généralement vers le haut. Ces strates sont généralement recouvertes et sont généralement situés<br />

au-dessus de graviers sableux bimodaux. Les strates entrecroisées sont généralement composées de<br />

graviers sans matrice seuls, ou d’alternance entre graviers sans matrice et graviers sableux<br />

bimodaux. Elles peuvent avoir une épaisseur décimétrique et une extension latérale métrique à<br />

décamétrique. Les graviers sans matrice se retrouvent également sous la forme de couches<br />

48


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

individuelles, dont l’origine est la migration de dunes ou de nappes de graviers en surface de barre<br />

unitaire (Lunt et Bridge, 2007).<br />

Figure 17 : exemple de graviers sans matrice : a) graviers sans matrice granoclassés à stratification plane<br />

entre deux lithofaciès de graviers sableux, et b) alternance de graviers sableux et de graviers sans matrice à<br />

stratification entrecroisée. Photos de Lunt et Bridge (Lunt et Bridge, 2007).<br />

Les alternances de graviers sans matrice et les graviers sableux bimodaux ont été décrites à<br />

plusieurs reprises dans la littérature (Siegenthaler et Huggenberger, 1993; Jussel et al., 1994;<br />

Klingbeil et al., 1999; Heinz et Aigner, 2003b; Heinz et al., 2003; Goutaland et al., 2005; Kostic et al.,<br />

2005; Huggenberger et Regli, 2006; Kostic et Aigner, 2007). Ce lithofaciès d’alternance, dont la<br />

classification selon le code du Tableau 4 est Gcg,a, et également nommé gravel couplets<br />

(Siegenthaler et Huggenberger, 1993; Jussel et al., 1994; Huggenberger et Regli, 2006), est une unité<br />

à deux niveaux, avec un niveau inférieur constitué par des graviers sableux à support clastique,<br />

bimodaux, et un niveau supérieur composé de graviers sans matrice à support clastique, pauvrement<br />

à bien classés (Siegenthaler et Huggenberger, 1993; Jussel et al., 1994; Heinz et al., 2003). Ces deux<br />

niveaux présentent un granoclassement normal, ce qui justifie l’interprétation de cette alternance<br />

comme étant une seule unité génétique, et donc un seul lithofaciès (Heinz et al., 2003). Ce lithofaciès<br />

se présente sous la forme de couches horizontales ou inclinées. La matrice sableuse du niveau<br />

inférieur a une granulométrie allant des sables moyens bien classés à une distribution polymodale<br />

pouvant inclure des fractions fines (Heinz et al., 2003). La fraction granulométrique des sables<br />

grossiers n’est pas présente (Jussel et al., 1994). Lorsque le niveau inférieur présente une distribution<br />

granulométrique bimodale, le granoclassement est bien développé (Heinz et al., 2003).<br />

Plusieurs hypothèses concernant l’origine de ces alternances ont été proposées (Figure 18).<br />

Elles peuvent être classées en trois groupes : les hypothèses liées aux variations de débit des eaux de<br />

fonte, les hypothèses liées à la migration de mésoformes de <strong>dépôt</strong> sur des barres, et les hypothèses<br />

liées à la ségrégation granulométrique dans la zone de courant de retour des faces aval des barres.<br />

Lunt et Bridge (2007) ont vérifié expérimentalement les deux derniers types d’hypothèses.<br />

Les alternances entre graviers sans matrice et graviers sableux bimodaux peuvent être dues à<br />

un changement de débit des eaux de fonte, conduisant à un entraînement différentiel des grains par<br />

le courant. Smith (1985) suggère que, lors de la décroissance du régime d’écoulement, le sable en<br />

suspension se dépose et remplit les interstices entre les graviers, conduisant à la formation de<br />

graviers sableux bimodaux. Un colmatage des pores par les particules fines peut alors se produire,<br />

laissant libres les pores des graviers situés sous le colmatage. Lunt et Bridge (2007) montrent<br />

49


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

expérimentalement que l’infiltration de sable se fait sur une épaisseur correspondant à quelques<br />

diamètres de grains. La mise en place peut être associée aux variations diurnes du débit des eaux de<br />

fonte. L’alternance granoclassée reflète un cycle entier de débit. Steel et Thompson (1983)<br />

interprètent quant à eux les sables bimodaux comme des <strong>dépôt</strong>s sous fort régime d’écoulement, les<br />

graviers sans matrice fins à un courant en décroissance énergétique, et les graviers à support<br />

matriciel fin les surmontant comme des <strong>dépôt</strong>s sous faible régime d’écoulement. Clifton (1973) et<br />

Ikeda (1982) suggèrent que les graviers sans matrice sont le produit d’un lessivage tardif des<br />

éléments fins (sables) par des flux de vannage lors de la décroissance de l’énergie du courant.<br />

Figure 18 : hypothèses concernant la formation d’alternance de graviers sans matrice et de graviers sableux<br />

bimodaux. L’écoulement se fait de la gauche vers la droite dans tous les cas. D’après Lunt et Bridge (2007).<br />

Le lithofaciès Gcg,a peut également être le produit de la migration de mésoformes de <strong>dépôt</strong>s<br />

(dunes de graviers, bedload sheets) sur des barres. Rust (1984) propose d’interpréter l’alternance<br />

comme la migration de dunes de graviers jusqu’au versant aval d’une barre. Lorsqu’une dune arrive à<br />

la crête de la barre, elle s’écroule sur la face aval et génère une couche de graviers sans matrice. Les<br />

graviers sableux bimodaux sont interprétés comme un <strong>dépôt</strong> normal des charges solides et en<br />

suspension sur le versant aval. Cette hypothèse ne rend cependant pas compte de la bimodalité<br />

observée des graviers sableux. Ainsi, Anketell et Rust (1990) complètent cette théorie en incluant le<br />

rôle du tri granulométrique par la séparation des flux à la crête des dunes. Carling (1996) propose le<br />

même mécanisme pour les nappes de charriage de graviers.<br />

Enfin, des hypothèses sont liées à la ségrégation granulométrique due à la séparation des flux<br />

à la crête de dunes et de barres unitaires. Carling et Glaister (1987) attribuent la formation de<br />

50


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

graviers sans matrice à la séparation des fractions sableuse et graveleuse dans la zone de séparation<br />

des flux à la crête des dunes. Les graviers dépourvus de matrice sableuse (restée en suspension à la<br />

crête de la dune) s’écroulent sur le versant aval de la dune. La fraction sableuse en suspension<br />

s’accumule dans les dépressions des dunes. Les graviers sableux bimodaux se forment par infiltration<br />

tardive du sable dans les interstices des graviers. Le sable peut progresser sous la forme de rides de<br />

courant migrant à contre-courant du flux principal dans la zone de courant de retour. Dans la partie<br />

supérieure du versant aval de la dune, le contre-courant n’est pas suffisamment fort pour amener les<br />

sables à infiltrer les interstices (graviers sans matrice). Ce mécanisme est évoqué par Siegenthaler et<br />

Huggenberger (1993) pour interpréter à la fois les strates planaires et entrecroisées des alternances<br />

entre graviers sans matrice et graviers sableux bimodaux. Ils associent chaque "couple" à la migration<br />

d’une simple dune de graviers. Le mécanisme peut produire un lithofaciès Gcg,a horizontal, mais<br />

aussi incliné si la dune se déplace sur les faces latérales de creux d’érosion ou de barre dans la plaine<br />

d’épandage. Les paramètres les plus importants dans la ségrégation granulométrique sur le versant<br />

aval des dunes sont le classement granulométrique du sédiment arrivant au point de séparation, la<br />

hauteur de la barre ou de la dune par rapport à la granulométrie moyenne du sédiment, la vitesse de<br />

l’écoulement au point de séparation en comparaison de la vitesse de toutes les fractions<br />

granulométriques, la fréquence des flots de grains (Kleinhans, 2004).<br />

Huggenberger et Regli (Huggenberger et Regli, 2006) fournissent une interprétation des<br />

alternances Gcg,a à stratifications tangentielles à une surface d’érosion, et surmontées par des<br />

couches à stratifications horizontales. La stratification tangentielle peut être due à la migration de<br />

dunes de graviers sur les faces de creux d’érosion situés en aval de barre de graviers. La migration<br />

des dunes produit une alternance de graviers sans matrice et de graviers sableux bimodaux, par le<br />

mécanisme explicité plus haut. La migration de la barre de graviers est à l’origine de graviers sans<br />

matrice à stratification horizontale surmontant le remplissage du creux d’érosion.<br />

I.3.2. Echelle de l’élément architectural<br />

Les éléments architecturaux de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s ont été décrits par Heinz et al. (2003)<br />

et Huggenberger et Regli (2006). La description de ces formes de <strong>dépôt</strong>s est effectuée aux échelles<br />

mésoscopiques et macroscopiques. Les formes les plus abondantes, et donc les mieux préservées<br />

dans les <strong>dépôt</strong>s quaternaires, sont de quatre types (Huggenberger et Regli, 2006) : les remplissages<br />

de dépressions (scour or trough fills) ; les barres et dunes de graviers ; les nappes de charriages de<br />

graviers et les tapis de traction (traction carpets, <strong>dépôt</strong>s massifs de graviers sableux<br />

hétérométriques) ; et les <strong>dépôt</strong>s de berges. Ces éléments se répartissent en deux catégories (Heinz et<br />

al., 2003) : les remplissages de structures érodées (caractérisés par une surface basale concave<br />

d’érosion), et les éléments d’accrétion (stratification de type aggradante ou progradante).<br />

Les remplissages de dépressions sont construits sur une surface d’érosion basale. Ils peuvent<br />

être composés de lithofaciès Gcg,a, Gcm, S-x ou GS-x (Heinz et al., 2003; Huggenberger et Regli,<br />

2006). Leur stratification interne est généralement parallèle à la surface d’érosion basale.<br />

Les éléments d’accrétion ont une stratification massive ou horizontale (nappes de charriage<br />

de graviers) ou entrecroisée (migration de dunes de graviers). La stratification massive est le produit<br />

d’un fort régime d’écoulement ayant entraîné des éléments très hétérométriques (lithofaciès<br />

(c,b)Gcm(,i)). La stratification horizontale, souvent mal définie, peut être due à une variation de la<br />

fraction sableuse, à une alternance entre deux textures différentes, à des niveaux sableux, graveleux,<br />

ou de blocs et de cailloux (Huggenberger et Regli, 2006). En ce qui concerne les <strong>dépôt</strong>s d’accrétion à<br />

stratification entrecroisée, il s’agit de migration de dunes de graviers. Ces éléments sont<br />

principalement composés de lithofaciès Gcg,a, avec des passages occasionnels de lithofaciès GS-x ou<br />

S-x (Heinz et al., 2003).<br />

51


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Figure 19 : exemple d’éléments architecturaux de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires de la vallée du Rhin<br />

décrits par Heinz et Aigner (2003b)<br />

I.3.3. Echelle de l’environnement de <strong>dépôt</strong><br />

L’échelle du paléoenvironnement de <strong>dépôt</strong> est celle des corps sédimentaires. Heinz et al.<br />

(2003) distinguent trois principaux paléoenvironnements de <strong>dépôt</strong>s dans les formations<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s de la vallée du Rhin, en fonction du débit des eaux de fonte : les zones de débit<br />

principale, intermédiaire et mineure. La zone de débit principale est caractérisée par une dominante<br />

de macroformes de <strong>dépôt</strong>s de remplissage de dépression. La structure interne est composée<br />

essentiellement de lithofaciès Gcg,a et Gcm (Heinz et al., 2003). Des éléments d’accrétion, stratifiés<br />

horizontalement et composés de lithofaciès Gcm et cGcm, sont présents occasionnellement. La zone<br />

de débit intermédiaire est principalement constituée d’éléments d’accrétion, stratifiés<br />

horizontalement (Gcm) ou massifs (c,bGcm). La zone de débit mineure est composée d’éléments de<br />

<strong>dépôt</strong>s variés, principalement des nappes de charriages de graviers et des dunes de graviers. Les<br />

couches de graviers sans matrice sont en général non-interconnectées entre elles, et souvent<br />

séparées par des zones d’éléments fins.<br />

I.4. Synthèse et conclusion<br />

Les hétérogénéités sédimentaires observées dans les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires<br />

correspondent aux formes de <strong>dépôt</strong>s en formation en surface des sandurs. Les éléments<br />

architecturaux, comme les structures de remplissage (remplissage de chenal ou de creux d’érosion)<br />

ou les éléments d’accrétion (par exemple, les traction carpets), correspondent aux macroformes de<br />

<strong>dépôt</strong> décrites sur des systèmes de rivière en tresse à charge de fond grossière. Ces éléments<br />

architecturaux sont à l’origine d’une hétérogénéité macroscopique. Les lithofaciès, correspondant<br />

aux unités lithologiques formées par un processus homogène de transport et de <strong>dépôt</strong>, et<br />

constituant l’architecture interne des éléments architecturaux, sont à l’origine d’une hétérogénéité<br />

mésoscopique. A partir de l’étude bibliographique, une typologie de 5 lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s a<br />

52


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

été proposée (Tableau 5). A une échelle plus large, les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s peuvent être<br />

interprétés en fonction de l’environnement de <strong>dépôt</strong>, associé notamment au débit des eaux de fonte<br />

glaciaire.<br />

Cette relation entre hétérogénéité et genèse des formations <strong>fluvioglaciaire</strong>s met en avant<br />

l’importance de l’interprétation génétique dans la caractérisation structurale de ces <strong>dépôt</strong>s<br />

sédimentaires. La compréhension de la distribution spatiale des lithofaciès ne peut se faire dans ce<br />

type de <strong>dépôt</strong> que si le contexte génétique à l’origine de la mise en place de ces lithofaciès est connu.<br />

Cette interprétation génétique est facilitée par l’étude d’analogues de <strong>dépôt</strong> quaternaires. Les<br />

processus de transport et de sédimentation régnant actuellement en surface des sandurs sont<br />

similaires à ceux existant lors de la dernière période glaciaire en marge des fronts glaciaires. L’étude<br />

des dynamiques de mises en place des sédiments dans les sandurs est une aide à l’interprétation des<br />

<strong>dépôt</strong>s anciens.<br />

Ce chapitre a pour objectif la caractérisation du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais, sousjacent<br />

au bassin d’infiltration DjR, aux échelles mésoscopique (échelle texturale du lithofaciès) et<br />

macroscopique (échelle structurale des éléments architecturaux) correspondant à l’échelle de<br />

l’ouvrage. Cette caractérisation a été effectuée par une approche sédimentologique, visant à<br />

interpréter génétiquement les hétérogénéités sédimentaires. La description des lithofaciès a été<br />

effectuée avec le code de Miall (1978) étendu, présenté au Tableau 4. L’analogie des dynamiques de<br />

mise en place des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s permet de faire l’hypothèse de la présence en surface de<br />

plaines d’épandage récentes de lithofaciès analogues aux lithofaciès quaternaires de l’Est lyonnais.<br />

Cette analogie de lithofaciès permettrait notamment de réaliser des essais de caractérisation des<br />

propriétés hydrodynamiques des lithofaciès. L’évaluation de cette analogie est présentée dans ce<br />

chapitre.<br />

53


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

II. Matériels et méthodes<br />

L’objectif de l’étude sédimentologique est de caractériser l’architecture sédimentaire du<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais, afin notamment d’établir une typologie des lithofaciès et des<br />

éléments architecturaux propre au site étudié (le bassin d’infiltration de Chassieu). Ces formes de<br />

<strong>dépôt</strong> ont été caractérisées sur les parois de deux excavations creusées dans le bassin d’infiltration.<br />

L’analogie entre les lithofaciès types de l’Est lyonnais et des lithofaciès de plaines d’épandage<br />

actuelles a de plus été évaluée. L’étude d’équivalents actuels est une phase clé pour la<br />

caractérisation réaliste des hétérogénéités sédimentaires quaternaires. L’analogie des mécanismes<br />

de mise en place, à savoir des processus d’érosion, de transport et de <strong>dépôt</strong>, permet de comprendre<br />

les environnements de <strong>dépôt</strong> à l’origine de l’organisation structurale et texturale d’un <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>. Les équivalents actuels étudiés sont la zone proglaciaire des Bossons près de<br />

Chamonix et le sandur du Breidamerkurjökull en Islande.<br />

Dans un premier temps, une description des trois sites étudiés (<strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s de<br />

l’Est lyonnais, des Bossons, et du Breidamerkurjökull) est proposée (II.1). Cette description permet<br />

notamment de justifier le choix des deux équivalents actuels. La méthodologie utilisée pour la<br />

caractérisation sédimentologique du <strong>dépôt</strong> de l’Est lyonnais et l’évaluation de l’analogie<br />

sédimentaires des <strong>dépôt</strong>s actuels est ensuite présentée (II.2). Enfin, les outils d’analyse utilisés sont<br />

décrits au II.3.<br />

II.1. Description des sites étudiés<br />

II.1.1. Dépôts glaciaires et <strong>fluvioglaciaire</strong>s de l’Est lyonnais<br />

Figure 20 : a) carte géomorphologique (Mandier, 1984), b) carte géologique simplifiée, et c) modèle<br />

numérique de terrain de l’Est lyonnais. Le site étudié est figuré par un point rouge.<br />

L’Est lyonnais se situe dans une zone de comblement de l’effondrement tertiaire de la vallée<br />

du Rhône. Ce comblement est tout d’abord constitué d’une molasse miocène, composée de<br />

sédiments détritiques, majoritairement sableux dans les parties les plus profondes (<strong>dépôt</strong> dans un<br />

environnement marin lors d’une transgression du bras de mer périalpin il y a environ 16 Ma), et<br />

devenant plus grossiers sur le haut de la formation (cailloutis puis conglomérats, déposés dans un<br />

environnement continental vers 10 Ma). Cette molasse a plusieurs centaines de mètres d’épaisseur<br />

54


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

dans l’Est lyonnais, typiquement de l’ordre de 300m. L’érosion plus ou moins marquée de la molasse<br />

a donné lieu à un relief de surface proche du relief actuel. Mandier (1984) décrit la molasse au niveau<br />

d’un affleurement situé sur la commune de Grenay. Elle présente un faciès de sable jaune. Ce faciès<br />

est retrouvé en sondage au niveau de la colline de Genas, à 21,4 m de profondeur sous les <strong>dépôt</strong>s<br />

quaternaires (Mandier, 1984).<br />

Au Quaternaire, les avancées et reculs successifs du lobe lyonnais du glacier du Rhône lors<br />

des différentes glaciations sont à l’origine de la mise en place sur la molasse miocène de <strong>dépôt</strong>s<br />

d’origine glaciaire (moraines, alluvions <strong>fluvioglaciaire</strong>s, loess). Le relief issu de l’histoire quaternaire<br />

est notamment marqué par les collines morainiques radiales, entre lesquelles les eaux de fonte du<br />

glacier du dernier maximum glaciaire ont produit les couloirs <strong>fluvioglaciaire</strong>s (Mandier, 1984; Franc,<br />

2005). Ces couloirs (du Nord au Sud, couloirs de Meyzieux, de Décines et d’Heyrieux) sont<br />

représentés sur la Figure 20.<br />

Les collines ont une ossature molassique surmontée par des formations quaternaires<br />

principalement morainiques recouvertes par des loess würmiens (Franc, 2005). D’après Mandier<br />

(1984), les formations quaternaires surmontant la molasse sont complexes et ne sont pas<br />

uniquement de nature morainique. La molasse est surmontée par des alluvions <strong>fluvioglaciaire</strong>s riches<br />

en quartzites et relativement pauvre en calcaire, puis par un <strong>dépôt</strong> morainique de même nature<br />

pétrographique. Cet ensemble est à nouveau surmonté par un <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, dont la nature<br />

pétrographique, essentiellement calcaire et pauvre en quartzite, contraste avec les <strong>dépôt</strong>s sousjacents.<br />

L’ensemble de ces <strong>dépôt</strong>s quaternaires est couvert par une formation morainique à faciès<br />

variés, tantôt de moraine de fond à farine glaciaire abondante et galets striés, tantôt de moraine<br />

d’ablation à faciès plus caillouteux riche en calcaire (Mandier, 1984).<br />

Mandier interprète cette alternance d’alluvions <strong>fluvioglaciaire</strong>s et de <strong>dépôt</strong>s morainiques<br />

comme les fluctuations rissiennes du glacier du Rhône. Le premier complexe correspondrait à une<br />

avancée du glacier, précédé par un sandur, qui se retire de façon importante lors d’une période<br />

interglaciaire. Le retour du glacier engendre la mise en place d’un sandur, recouvert par une moraine<br />

à faciès varié. Cette moraine, érodée et recouverte de loess, forme actuellement le relief des collines<br />

de la plaine de l’Est lyonnais. Lors du retrait de ce glacier rissien, des zones surcreusées auraient<br />

constituée l’amorce des futurs couloirs <strong>fluvioglaciaire</strong>s würmiens. La base de ces alluvions<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s est constituée de la moraine argileuse à blocs (Mandier, 1984).<br />

Mandier (2003) tente de dater les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s et les différents stades d’avancée<br />

du glacier rhodanien au Würm. Des loess situés sur les alluvions <strong>fluvioglaciaire</strong>s à Mions (commune<br />

située dans le couloir <strong>fluvioglaciaire</strong> d’Heyrieux) ont été datés vers 20000 BP (Franc, 2005). Cet âge<br />

fixe la date avant laquelle les alluvions <strong>fluvioglaciaire</strong>s ont été mises en place. Ces alluvions ont<br />

probablement été mises en place au stade D (vers 22000 BP) ou C (vers 37000 BP), définis par<br />

Mandier (2003). Ces <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s n’atteignent pas la molasse. Mandier (1984) rapporte<br />

qu’à la base des alluvions <strong>fluvioglaciaire</strong>s apparaît une moraine "argileuse à blocs".<br />

Le bassin d’infiltration étudié est localisé sur la Figure 20. Il est situé au sud de la commune<br />

de Chassieu. Cette commune est en partie située sur la colline à dominante morainique de Genas. Le<br />

sud de la ville, se situe dans le couloir <strong>fluvioglaciaire</strong> de Décines. Les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s datent du<br />

Würm récent d’après Mandier (1984). Le bassin est situé à une distance d’environ 13 km des stades<br />

d’avancée D et C de Mandier. L’épaisseur de la zone non-saturée est de 13 m sous la surface du<br />

bassin (soit 18 m sous la surface topographique).<br />

55


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

II.1.2. Epandage <strong>fluvioglaciaire</strong> des Bossons<br />

La plaine d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> des Bossons est située en aval du glacier des Bossons,<br />

glacier localisé sur les pentes nord du massif du Mont Blanc (Figure 21). Le glacier des Bossons est un<br />

glacier de vallée. La plaine d’épandage est large de 40 m, et s’étend sur une longueur de 220 m<br />

(Maizels, 1979). Cette vallée est confinée entre deux moraines latérales, s’élevant à près de 100 m<br />

au-dessus de la plaine d’épandage. Ces moraines datent du Petit Age Glaciaire. Ce sandur de vallée<br />

est marqué par les avancées et retraits successifs du glacier au cours du dernier siècle. D’après<br />

Maizels (1979), le glacier atteignait en 1945 le centre de la plaine d’épandage. Il a connu une période<br />

de recul rapide de 660 m entre 1941 et 1952, puis une phase d’avancée jusqu’en 1982, où le glacier<br />

atteignait à nouveau le centre de la plaine d’épandage (Maizels, 1979; Vincent et al., 2004; Winiarski<br />

et al., 2007).<br />

Figure 21 : a) situation du Glacier des Bossons et de la zone étudiée, b) carte géologique simplifiée du versant<br />

Nord du massif du Mont Blanc, et c) position du sandur étudié (délimité en rouge) par rapport au glacier.<br />

PAG : Petit Age Glaciaire (environ 1550 à 1850).<br />

Malgré son étendue faible par rapport à des sandurs de plaine, la zone proglaciaire des<br />

Bossons a l’avantage de concentrer sur une surface d’environ 1 ha des environnements de <strong>dépôt</strong>s<br />

sédimentaires variés, d’une zone proximale à régime d’écoulement principalement érosif à une zone<br />

distale où se déposent des éléments fins de type silto-argileux. Cette variété est à l’origine d’une<br />

distribution très variée de lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s, des plus grossiers sur le haut de la plaine<br />

d’épandage, aux faciès plus fins sur le bas. La représentativité importante de cette zone justifie donc<br />

l’étude de ce sandur.<br />

La zone proglaciaire se divise en deux zones distinctes (Winiarski et al., 2007), représentées<br />

sur la Figure 22. La zone amont, de pente moyenne 7,7%, se caractérise par un <strong>dépôt</strong> d’éléments<br />

grossiers (cailloux, blocs, graviers grossiers), d’origine glaciaire (<strong>dépôt</strong>s morainiques, apports<br />

réguliers du glacier) ou provenant des éboulis des moraines latérales. La zone aval, à pente moins<br />

forte (1,8 % en moyenne), est organisée suivant un système de chenaux en tresse. Les barres et<br />

56


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

berges associées sont constituées essentiellement de sables et de graviers, ainsi que d’éléments plus<br />

fins (silts et argiles). La partie la plus en aval du sandur est végétalisée.<br />

Figure 22 : réseau de chenaux du sandur des Bossons en septembre 2004, et barres de sables et de graviers<br />

associés<br />

II.1.3. Epandage <strong>fluvioglaciaire</strong> du Breidamerkurjokull<br />

Le Vatnajökull, au sud-est de l’Islande, est, par sa surface de 8300 km², le 3 ème glacier le plus<br />

étendu au monde, après les glaces antarctiques et la calotte groënlandaise. Cet inlandsis constitue<br />

70% de la surface de glacier en Islande. Nous avons étudié les <strong>dépôt</strong>s proglaciaires d’une de ses<br />

langues terminales, le Breidamerkurjökull (Figure 23). Par son extension de 20 km, cette langue<br />

terminale a une échelle comparable à celle du lobe du glacier du Rhône lors du dernier maximum<br />

glaciaire, ce qui justifie l’étude de sa zone proglaciaire.<br />

Le Breidamerkurjökull se caractérise par ses moraines médianes bien développées (Evans et<br />

Twigg, 2002). La morphologie proglaciaire est marquée par des <strong>dépôt</strong>s morainiques (moraines de<br />

poussée, moraines moutonnées), des modelés infraglaciaires (drumlins, till), des <strong>dépôt</strong>s<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s, et des lacs proglaciaires en contact avec le glacier : le Stemmulon et le Jökulsarlon<br />

dans la partie est et le Breidarlon dans la partie ouest de la zone proglaciaire (Evans et Twigg, 2002).<br />

La limite des <strong>dépôt</strong>s morainiques correspond à l’extension du glacier au Petit Age Glaciaire.<br />

Les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s constituent la majorité des <strong>dépôt</strong>s proglaciaires (couleur jaune sur<br />

la Figure 23). Le Breidamerkursandur est large de 20 km, et fait 5 km de long (Evans et Twigg, 2002).<br />

Un réseau complexe de chenaux abandonnés, maintenant végétalisés en surface, constitue la quasitotalité<br />

de ces <strong>dépôt</strong>s. Les zones de sédimentation <strong>fluvioglaciaire</strong> active sont actuellement<br />

concentrées autour des 3 principales rivières d’évacuation des eaux de fonte, correspondant à des<br />

points bas du relief, où la profondeur de sédiments accumulés est la plus faible.<br />

57


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

a)<br />

b)<br />

Photo 2 : photographies panoramiques de la plaine d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> du Breidamerkurjökull, à l’est<br />

du Breidarlon. Le torrent proglaciaire principal provient d’un tunnel sous-glaciaire situé à l’ouest de la<br />

moraine médiane visible à droite de la photographie a).<br />

Evans et Twigg (2002) reconnaissent deux types principaux de sédimentation <strong>fluvioglaciaire</strong> :<br />

une sédimentation produisant des cônes de sandur par transport des sédiments proglaciaires au<br />

large de la marge glaciaire, et une sédimentation <strong>fluvioglaciaire</strong> parallèle à la marge glaciaire et<br />

située entre la marge et les points hauts de la topographie. Les zones étudiées correspondent à la<br />

deuxième configuration. Ces zones (Figure 23) sont situées entre la marge glaciaire du<br />

Breidamerkurjökull, le Breidarlon et les <strong>dépôt</strong>s morainiques (moraines moutonnées) et till localisés<br />

au sud-est de la moraine médiane Mavabyggdarond (zone ouest, Photo 2), et le long de la rivière<br />

d’évacuation la plus à l’est (zone est). La zone ouest est balayée par un chenal proglaciaire principal<br />

incisant les alluvions <strong>fluvioglaciaire</strong>s en place et les formations glaciaires. Le chenal d’évacuation est<br />

dans la continuité d’un chenal sous-glaciaire, son exutoire est le Breidarlon.<br />

Figure 23 : Carte des sédiments de surfaces de la zone proglaciaire du Breidamerkurjökull. D’après Evans et<br />

Twigg (2002).<br />

58


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

II.2. Méthode<br />

II.2.1. <strong>Caractérisation</strong> de l’architecture sédimentaire du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais<br />

L’objectif de l’étude sédimentologique est de caractériser l’architecture sédimentaire du<br />

<strong>dépôt</strong>, c’est-à-dire les lithofaciès et les éléments architecturaux, associés à un environnement de<br />

<strong>dépôt</strong> propre au site étudié. Afin de décrire ces structures sédimentaires, un affleurement du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> est nécessaire. L’absence d’affleurement <strong>fluvioglaciaire</strong> analogue à proximité du bassin<br />

d’infiltration nous a amené à creuser des tranchées dans le bassin, dans le but de dégager des parois<br />

utilisables pour une description sédimentologique. L’approche suivie est présentée sur la Figure 24.<br />

La description sédimentologique sur le terrain a été complétée par des analyses granulométriques<br />

d’échantillons prélevés de façon stratifiée sur les parois d’excavation.<br />

Phase de terrain Excavation du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

Description sédimentologique des lithofaciès et des éléments de <strong>dépôt</strong><br />

Echantillonnage stratifié du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

Phase de laboratoire Granulométrie grossière par tamisage des échantillons<br />

Granulométrie<br />

fine du tamisat<br />

à 1 mm par<br />

granulométrie<br />

laser<br />

Analyse des<br />

éléments traces<br />

métalliques après<br />

minéralisation à<br />

l’eau régale du<br />

tamisat à 1 mm *<br />

Figure 24 : méthodologie utilisée pour la description des structures sédimentaires du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de<br />

l’Est lyonnais. Les analyses suivies d’une étoile ont été étudiées par Ganaye (2006) et Arambourou (2007), et<br />

ne seront pas présentées dans le cadre de la thèse.<br />

II.2.1.a. Excavations<br />

Deux excavations à la pelle mécanique ont chacune mis à jour une paroi verticale, sur<br />

laquelle a été effectuée la description sédimentologique aux échelles du lithofaciès et de l’élément<br />

architectural. Ces excavations ont été réalisées dans la zone A (mai 2005) et dans la zone B (avril<br />

2004). L’emprise de ces excavations est reportée sur la Figure 25. La Photo 3 montre la réalisation de<br />

l’excavation de la zone A. Ces excavations ont été creusées suivant deux directions perpendiculaires<br />

entre elles, de façon à obtenir la plus longue caractérisation latérale possible dans deux sections<br />

orthogonales croisant l'orientation du paléoécoulement proglaciaire. L’orientation de la paroi<br />

d’excavation de la zone A était ainsi de 18° N, et de 110° N pour la zone B.<br />

Les dimensions des parois verticales sont de 13,5 m de long et 2,5 m de profondeur pour<br />

l’excavation réalisée dans la zone A, et 15 m de long et 3 m de profondeur dans le cas de celle<br />

réalisée dans la zone B. Ces dimensions ont été déterminés de façon à ce qu'à la fois les<br />

hétérogénéités texturales (échelle décimétrique) et structurales (échelle métrique) puissent être<br />

observables.<br />

59<br />

Analyse de la<br />

matière<br />

organique par<br />

perte au feu *<br />

Analyse<br />

géochimique<br />

par<br />

diffraction X *


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Notons qu’une investigation au radar géologique (ainsi qu’en panneau électrique pour la<br />

zone A) de la tranche verticale de sous-sol correspondant à ces parois a été réalisée 24 heures avant<br />

les excavations (Chapitre C).<br />

Figure 25 : emprise des excavations réalisées dans les zones A et B du bassin DjR<br />

Photo 3 : réalisation de l’excavation de la zone A. La paroi d’excavation visible est celle qui a été décrite<br />

sédimentologiquement.<br />

60


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

II.2.1.b. Echantillonnage des lithofaciès<br />

Les parois d’excavation ont été divisées par sections de 1,5 m de large (9 sections pour<br />

l’excavation de la zone A, 10 sections pour celle de la zone B), afin de réaliser un échantillonnage des<br />

lithofaciès par section. Ces sections ont été numérotées par ordre croissant du sud vers le nord pour<br />

l’excavation de la zone A, et de l’ouest vers l’est pour l’excavation de la zone B. Le choix de la largeur<br />

des sections a permis d'éviter une surreprésentation d’un même lithofaciès (extension latérale<br />

métrique des lithofaciès). Les deux parois d’excavation, ainsi que leur division en sections, sont<br />

présentées sur la Figure 26.<br />

L’échantillonnage a été réalisé du haut vers le bas, à l’aide d’une pelle couloir et d’une<br />

truelle. En ce qui concerne la zone B, les sections S1 et S10 en bord d’excavations n’ont pas été<br />

échantillonnées, et deux échantillons ont été prélevés sur les parois latérales de l’excavation. Les<br />

échantillons ont été nommés de la façon suivante suivant : α-Sx-y, où α correspond à la zone étudiée<br />

(A ou B), x représente le numéro de la section (1 ≤ x ≤ 9, x = 0 pour les parois latérales) et y<br />

représente le numéro de l’échantillon au sein de la section x dans l’ordre de l’échantillonnage, du<br />

haut vers la bas de l’excavation (l’échantillon α-Sx-1 est le plus proche de la surface du bassin). Au<br />

sein des lithofaciès, les prélèvements ont été effectués de manière aléatoire.<br />

Au total, 86 échantillons ont été prélevés sur la paroi de l’excavation réalisée dans la zone A,<br />

et 41 sur la paroi de l’excavation de la zone B. Ces échantillons ont subi une analyse granulométrique<br />

par tamisage. Les échantillons de la zone A ont également été analysé par granulométrie laser.<br />

Figure 26 : parois verticales des excavations réalisées dans la zone A (a) et la zone B (b), et division des parois<br />

en sections de 1,5 m de large.<br />

II.2.2. Evaluation de l’analogie sédimentaire du <strong>dépôt</strong> de l’Est lyonnais<br />

et des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s actuels<br />

II.2.2.a. Description sédimentologique d’un affleurement<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong><br />

Un affleurement du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> du Breidamerkurjökull, produit par l’incision des<br />

<strong>dépôt</strong>s de la plaine d’épandage par le torrent proglaciaire principal se jetant dans le Breidarlon<br />

61


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

(Figure 23), a été étudié. La coupe décrite fait 15 m de long, pour une hauteur moyenne de 1 m<br />

(Figure 27). Trois logs stratigraphiques, à 3 m, 6 m et 10 m, ont été levés. Un échantillonnage des<br />

lithofaciès caractérisés au niveau de ces logs a été réalisé (8 échantillons prélevés). Les éléments<br />

architecturaux et les lithofaciès ont été comparés avec ceux décrits dans le <strong>dépôt</strong> quaternaire de l’Est<br />

lyonnais.<br />

Figure 27 : photographie de l’affleurement décrit dans le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> du Breidamerkursandur. Cet<br />

affleurement est le résultat de l’incision des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s par le torrent proglaciaire provenant du<br />

Breidamerkurjökull.<br />

II.2.2.b. Etude des lithofaciès de surface de sandur<br />

L’analogie des processus de transport et de <strong>dépôt</strong> entre les sandurs actuels et les sandurs du<br />

Pléistocène permet de supposer une analogie sédimentaire de lithofaciès entre la surface des<br />

sandurs actuels et les <strong>dépôt</strong>s quaternaires. Cette analogie sédimentaire peut permettre d’une part<br />

d’observer l’environnement de <strong>dépôt</strong> dans lequel ce lithofaciès s’est formé (cette observation<br />

permettant de proposer une interprétation réaliste de l’agencement spatial des lithofaciès de <strong>dépôt</strong><br />

quaternaires), et d’autre part, du fait de l’accessibilité des lithofaciès de surface contrairement aux<br />

lithofaciès quaternaires, de réaliser des essais de caractérisation, notamment hydrodynamique, afin<br />

de déterminer des propriétés caractéristiques extrapolables aux lithofaciès quaternaires.<br />

L’hypothèse a été évaluée par comparaison des lithofaciès de surface des sandurs des Bossons et du<br />

Breidamerkurjökull avec le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> quaternaire de l’Est lyonnais.<br />

Les structures sédimentaires des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s présents en surface de plaines<br />

d’épandage récentes sont difficiles à observer, dans la mesure où les lithofaciès ont une faible<br />

épaisseur, et leur faible cohésion (hormis les lithofaciès sableux ou fins) ne permet pas d’effectuer<br />

une coupe stratigraphique. Nous avons fait l’hypothèse que les caractéristiques sédimentaires se<br />

réduisaient à la simple distribution granulométrique, sans prise en compte de la stratification interne<br />

aux lithofaciès caractérisés.<br />

Au total, 38 échantillons ont été prélevés en surface de la zone proglaciaire des Bossons<br />

(échantillonnage en septembre 2004, septembre 2005, et octobre 2006), et 9 échantillons en surface<br />

du sandur du Breidamerkurjökull (échantillonnage en juillet 2005). Les distributions<br />

granulométriques, ainsi que les paramètres descriptifs associés, ont été comparées à ceux des<br />

lithofaciès caractérisés dans le <strong>dépôt</strong> de l’Est lyonnais.<br />

62


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

II.3. Analyses sédimentologiques et granulométriques<br />

II.3.1. <strong>Caractérisation</strong> sédimentologique<br />

II.3.1.a. Lithofaciès<br />

Les lithofaciès ont été mesurés en épaisseur et longitudinalement, et décrits suivant des<br />

considérations de granulométrie (galets, graviers, sables, présence de fines), de fabrique (support<br />

clastique ou matriciel), de stratifications internes, de granoclassement. Le code de Miall (1978)<br />

étendu, présenté au Tableau 4 (I.3.1.a), a permis de synthétiser les informations collectées lors de<br />

cette description. Nous rappelons que ce code est constitué par une suite de lettres (i1 I1 i2 i3, i4)<br />

précisant la fraction granulométrique majoritaire (en majuscule) et éventuellement la fraction<br />

secondaire (en minuscule) si elle est jugée importante (i1 / I1 : g / G pour graviers, s / S pour sables, f /<br />

F pour fines ; c pour cailloux et b pour blocs), le support de la texture (i2 : c pour une texture à<br />

support clastique, ou clast-supported, i.e. grains jointifs, m pour une texture à support matriciel, ou<br />

matrix-supported, i.e. grains non-jointifs au sein d’une matrice, - pour des lithofaciès sans matrice),<br />

leur structure sédimentaire (i3 : m pour massif, x pour stratifié), et éventuellement des informations<br />

complémentaires (i4 : o pour structure « ouverte » sans matrice, b pour granulométrie bimodale, i<br />

pour imbrication de graviers, et a pour structure d’alternance).<br />

II.3.1.b. Eléments architecturaux<br />

Les éléments architecturaux sont caractérisés sur les affleurements de <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

(parois d’excavation pour le <strong>dépôt</strong> de l’Est lyonnais, incision des <strong>dépôt</strong>s proglaciaires dans le cas du<br />

Breidamerkursandur). Chaque élément architectural correspond à une configuration particulière de<br />

lithofaciès. La stratification des lithofaciès (mésostratification correspondant à une changement de<br />

lithologie ou de pendage) est donc caractéristique d’un éléments architectural. L’analyse de ces<br />

stratifications permet ainsi de délimiter et d’interpréter les éléments architecturaux (par exemple,<br />

des mésostratifications en auge peuvent être caractéristiques d’une structure de remplissage).<br />

II.3.2. Analyses granulométriques<br />

En ce qui concerne les analyses granulométriques, les classes granulométriques auxquelles il<br />

est fait référence sont celles de Wentworth (1922). Ces classes sont définies de la façon suivante (D<br />

est le diamètre des grains) : argiles : D < 4 µm ; silts : 4 µm < D < 63 µm ; sables : 63 µm < D < 2 mm ;<br />

graviers : 2 mm < D < 64 mm ; cailloux : 64 mm < D < 256 mm ; blocs : 256 mm < D.<br />

II.3.2.a. Analyse granulométrique par tamisage<br />

Les analyses granulométriques ont été réalisées par tamisage à sec selon la norme NF P94-<br />

056, à l’exception des échantillons de la zone B du bassin DjR qui ont été analysés dans un premier<br />

temps par tamisage par voie humide selon la norme NF P18-560, puis par tamisage à sec selon la<br />

norme NF P94-056.<br />

Les échantillons de la zone B ont été les premiers à être analysés. Le tamisage par voie<br />

humide a permis de séparer la fraction fine des fractions les plus grossières. Au regard des faibles<br />

fractions fines (argiles et silts) mesurées (inférieures à 5 %), la première phase de tamisage par voie<br />

humide, coûteuse en temps, a été abandonnée.<br />

II.3.2.b. Analyse granulométrique par diffraction laser<br />

Ces analyses ont été réalisées selon la norme NF ISO 13320-1 sur les tamisats à 1mm des<br />

échantillons. L'appareil utilisé est un Mastersizer 2000 (gamme de mesure de 20nm à 2mm), avec le<br />

63


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

module de dispersion d’échantillons Hydro G (Malvern, Royaume Uni). Le choix du tamisat à 1mm a<br />

été fait afin d’éviter la détérioration de l’appareil (le tamisat à 2 mm peut comporter des éléments<br />

dont la dimension la plus longue excède 2mm). Le dispersant utilisé est de l’eau (indice de<br />

réfraction : 1,33 à 20°C). La sonde à ultrasons du module de dispersion a été utilisée afin de disperser<br />

les agrégats éventuels.<br />

II.3.2.c. Paramètres descriptifs des distributions granulométriques<br />

Les paramètres descriptifs des distributions granulométriques généralement étudiés sont le<br />

grain moyen, le classement (qui traduit l’étalement de la distribution autour du grain moyen),<br />

l’asymétrie (asymétrie de la distribution par rapport à une distribution idéale centrée sur la<br />

moyenne), et l’acuité (correspondant au degré de concentration des grains autour de la moyenne ou<br />

à proximité des queues de la distribution granulométrique). Par la suite, nous présentons seulement<br />

les résultats concernant le grain moyen et le classement.<br />

Ces paramètres ont été estimés avec le logiciel Gradistat (Blott et Pye, 2001). Gradistat<br />

réalise cette estimation par méthode graphique (méthode de Folk et Ward) ou par la méthode<br />

mathématique des moments. Les calculs par la méthode des moments sont effectués sur la base<br />

d’une distribution granulométrique log-normale. On suppose donc que la courbe de fréquence<br />

représentée en échelle logarithmique suit une loi normale. Le choix de cette méthode n’est donc pas<br />

approprié à une distribution plurimodale. Les résultats présentés ont donc été calculés à partir de la<br />

méthode de Folk et Ward. Cette méthode est applicable à toute distribution granulométrique, qu’elle<br />

soit unimodale ou plurimodale. Elle n’exige qu’un nombre limité de points expérimentaux<br />

(percentiles à 5%, 16%, 25%, 50%, 75%, 84%, et 95%). Lorsque les points expérimentaux manquent,<br />

une valeur interpolée est calculée. L’interpolation faite par Gradistat est linéaire. Les paramètres<br />

descriptifs sont calculés à partir des relations présentées au Tableau 6. Un des avantages de cette<br />

méthode réside dans le fait qu’il n’est pas nécessaire de connaître les queues de distributions<br />

(particules les plus grossières et les plus fines), qui peuvent être difficiles à obtenir<br />

expérimentalement, notamment pour les granulométries les plus fines.<br />

Tableau 6 : Calcul des paramètres descriptifs (grain moyen et classement) d’une distribution<br />

granulométrique par la méthode de Folk et Ward. représente le ième percentile de la courbe<br />

granulométrique cumulée. D’après Blott et Pye (2001).<br />

Grain moyen Classement<br />

<br />

<br />

64<br />

<br />

<br />

,


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

III. Résultats et discussions<br />

III.1. <strong>Caractérisation</strong> sédimentologique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est<br />

lyonnais<br />

La description sédimentologique de la formation <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais est effectuée<br />

aux échelles correspondant à l’échelle de l’ouvrage. Il s’agit des échelles mésoscopique, ou échelle<br />

du lithofaciès, et macroscopique, ou échelle de l’élément architectural. Dans un premier temps, nous<br />

établissons une classification des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s décrits sur les parois des deux<br />

excavations réalisées dans le bassin DjR. Sur la base de cette classification, nous décrivons<br />

l’organisation de ces lithofaciès-types en éléments architecturaux. Enfin, l’interprétation<br />

paléoenvironnementale permet d’aborder une troisième échelle intervenant à l’échelle de l’ouvrage,<br />

l’échelle mégascopique, nécessaire dans le cas de notre site d’étude à la compréhension globale de la<br />

formation <strong>fluvioglaciaire</strong> sous-jacente.<br />

III.1.1. Caractéristiques sédimentaires des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s de<br />

l’Est lyonnais<br />

L’hétérogénéité texturale du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais se traduit par la présence<br />

de trois ensembles de lithofaciès distincts. Il s’agit tout d’abord de graviers sableux, présents en très<br />

forte majorité sur les parois d’excavation décrites. Nous verrons que cet ensemble est composé de<br />

deux lithofaciès distincts. Il s’agit ensuite de deux ensembles minoritaires, que sont les graviers sans<br />

matrice fine, caractérisés par leur structure macroporeuse, et les sables, contrastant fortement avec<br />

les deux ensembles précédents de par leur granulométrie plus fine. La typologie des lithofaciès est<br />

présentée au Tableau 7.<br />

III.1.1.a. Lithofaciès sableux S-x<br />

Ce lithofaciès est composé en très large majorité de sables fins à grossiers (Figure 28). Le<br />

grain moyen des échantillons de sable prélevés sur la paroi de la zone A est de 325 ± 43 μm. Il est<br />

significativement plus élevé et variable dans le cas des échantillons sableux de la zone B (617 ± 240<br />

μm). Aucune matrice argileuse et/ou silteuse n’est présente. Ce lithofaciès est modérément bien à<br />

modérément classé d’après la classification de Folk et Ward. Il s’agit du lithofaciès, avec le lithofaciès<br />

de graviers sans matrice, qui a le meilleur classement granulométrique. Des structures sédimentaires<br />

correspondant aux phases de <strong>dépôt</strong> des sables sont clairement identifiables. La classification de ce<br />

lithofaciès suivant le code de Heinz et al. (2003) est S-x.<br />

Figure 28 : distribution granulométrique cumulée des échantillons de lithofaciès S-x des zones A et B.<br />

65


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Au niveau de la paroi d’excavation de la zone A, le lithofaciès sableux S-x est présent entre les<br />

sections S1 et S4, au sein <strong>d'un</strong>e épaisse lentille d'épaisseur approchant 1 m à sa base. Cette lentille se<br />

divise en deux parties, marquée chacune par leur limite Nord biseautée (S3 pour la lentille supérieure<br />

et S4 pour la lentille inférieure). Les contrastes de teneur en eau permettent de suivre les structures<br />

sédimentaires internes à cette lentille sableuse (Photo 4). A la base de la partie inférieure de la<br />

lentille, la stratification est oblique tangentielle. L’inclinaison est orientée vers le Nord. Elle évolue<br />

vers le haut de la lentille vers une stratification en rides grimpantes progradantes. Dans la partie<br />

supérieure, la stratification est oblique et légèrement inclinée vers le sud. Les sables sont plus fins<br />

dans la partie supérieure. Cette granulométrie plus fine entraîne une teneur en eau plus élevée à ce<br />

niveau.<br />

Photo 4 : lentille sableuse présente entre les sections S1 et S4 de la paroi d’excavation de la zone A. Les<br />

structures sédimentaires sont nettement visibles.<br />

Au niveau de la paroi d’excavation de la zone B, le lithofaciès S-x est constitué de sables<br />

moyens à grossiers, rudimentairement classés. Les lithofaciès sableux ont une épaisseur d’une<br />

dizaine de centimètres et une extension latérale de plusieurs décimètres. La stratification est<br />

horizontale dans le cas de la lentille de sable la plus à l’ouest, et oblique parallèle aux limites des<br />

lentilles les plus à l’est. La granulométrie de la lentille située à l’ouest est plus fine.<br />

Figure 29 : détails des structures sédimentaires internes au lithofaciès S-x décrit sur la paroi d’excavation de<br />

la zone B.<br />

Ces sables ont des caractéristiques similaires à celles des lithofaciès sableux quaternaires<br />

décrits auparagraphe I.3.1.b.ii. En ce qui concerne la lentille de la zone A, les stratifications obliques<br />

tangentielles peuvent être interprétées comme la migration de rides ou de dunes sableuses sur les<br />

parois d’un creux d’érosion (Figure 30). Les sables ont rempli progressivement le creux d’érosion.<br />

66


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Cette stratification est surmontée par des rides grimpantes, produit de la migration de rides de sable.<br />

La stratification légèrement inclinée de la partie supérieure correspond à un lit plan, pouvant<br />

correspondre à une augmentation de la vitesse d’écoulement. Ces <strong>dépôt</strong>s se sont formés à bas<br />

régime d’écoulement, lors de flux de vannage, ou par apports ponctuels lors de crues de<br />

débordement. En ce qui concerne la zone B, la stratification parallèle à la forme globale en auge<br />

délimitée par les lithofaciès sableux s’interprète par l’aggradation de sables à bas régime<br />

d’écoulement (tapissage basal d’un creux d’érosion).<br />

Figure 30 : hypothèse de remplissage sableux de creux d’érosion. D’après Cojan et Renard (1999).<br />

III.1.1.b. Lithofaciès de graviers sableux Gcm et Gcm,b<br />

Ces lithofaciès sont constitués de graviers sableux rudimentairement classés à support<br />

clastique. Les distributions granulométriques sont présentées sur la Figure 31. La fraction en graviers<br />

représente 85 % environ. La distribution granulométrique s’étale des sables fins aux graviers et<br />

cailloux. La différence entre les lithofaciès Gcm et Gcm,b réside dans la distribution granulométrique.<br />

Le lithofaciès Gcm a une distribution granulométrique étalée (Figure 31a). Ce lithofaciès est<br />

généralement présent dans les 30 premiers centimètres sous la surface du bassin. Le lithofaciès<br />

Gcm,b a une distribution granulométrique bimodale (Figure 31b), avec un mode grossier<br />

correspondant à la fraction en graviers (principalement des granules selon la terminologie de<br />

Wentworth) et un mode de sables fins (centré sur un diamètre moyen de grain de 325 μm pour les<br />

lithofaciès de la zone A) correspondant à la matrice sableuse. La fraction massique sableuse <strong>d'un</strong><br />

lithofaciès Gcm,b est comprise en moyenne entre 15 et 20%. Cette plus grande quantité de sable fin<br />

dans le lithofaciès Gcm,b peut être due à un remplissage tardif de sable dans un lithofaciès<br />

essentiellement graveleux (Heinz et al., 2003). Ces lithofaciès se retrouvent sous la lentille de sable<br />

de la zone A. La sédimentation de grains sableux dans le creux d’érosion a pu engendrer une<br />

infiltration de sables dans les interstices de graviers, contribuant à augmenter la fraction sableuse et<br />

accentuer la bimodalité de la distribution granulométrique.<br />

Figure 31 : distribution granulométrique cumulée des échantillons de lithofaciès Gcm (a) et Gcm,b (b) des<br />

zones A et B.<br />

67


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Le lithofaciès Gcm,b alterne avec des lithofaciès de graviers sans matrice. Cette alternance,<br />

décrite au niveau d’autres <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires (I.3.1.b), constitue le lithofaciès Gcg,a.<br />

L’interprétation de cette alternance dans le cas du site étudié est présentée au III.1.1.c. En ce qui<br />

concerne le lithofaciès Gcm, il est à rapprocher des graviers gris (Grey Gravels) décrits dans les<br />

alluvions <strong>fluvioglaciaire</strong>s de la vallée du Rhin (I.3.1.b.i). Il présente des caractéristiques communes à<br />

ces lithofaciès, comme la stratification mal définie ou massive, et les pourcentages de sables (entre<br />

10 et 30%) et de graviers (entre 70 et 90%). De la même façon que pour les <strong>dépôt</strong>s quaternaires de la<br />

vallée du Rhin, ce lithofaciès s’interprète comme un <strong>dépôt</strong> sous fort régime d’écoulement. Ce<br />

lithofaciès peut correspondre à la migration de nappe de charriage de graviers.<br />

Notons enfin que certains lithofaciès Gcm échantillonnés sur la paroi d’excavation de la zone<br />

A présentent une coloration noire prononcée, associée à la fraction silteuse plus élevée que dans les<br />

autres lithofaciès (III.1.2.a). Ce lithofaciès est appelé par la suite "couche noire".<br />

III.1.1.c. Lithofaciès de graviers sans matrice Gcg,o ou Gcx,o<br />

Ce type de lithofaciès est composé de graviers à support clastique sans matrice sableuse ni<br />

fine (argile et/ou silts). Les distributions granulométriques des échantillons prélevés sont présentées<br />

sur la Figure 32. Ces lithofaciès sont modérément à rudimentairement classés. La granulométrie la<br />

plus grossière est centimétrique. L’épaisseur de ces lithofaciès est centimétrique à décimétrique.<br />

Leur extension latérale est décimétrique à métrique. Ces lithofaciès peuvent être granoclassés<br />

(granoclassement normal, classification Gcg,o suivant le code de Heinz et al. (2003)). Ces lithofaciès<br />

sont obliques (stratification plane ou tangentielle), horizontaux ou subhorizontaux.<br />

Les stratifications horizontales et subhorizontales correspondent à la migration de nappe de<br />

charriage de graviers (Lunt et al., 2004a). Les lithofaciès correspondant (Gcx,o) constituent la base<br />

des structures engendrées par la migration. Ils peuvent être associés à des lithofaciès à<br />

granulométrie hétérométrique, comme les lithofaciès Gcm.<br />

Les lithofaciès granoclassés Gcg,o sont associés aux graviers sableux bimodaux Gcm,b. Cette<br />

structure d’alternance s’observe sur les parois des deux excavations. Elle correspond au lithofaciès<br />

Gcg,a (Gravel Couplets) largement décrit dans les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires (Tableau 5).<br />

Nous distinguerons par la suite les deux lithofaciès composant cette unité génétique, car ils ont des<br />

propriétés hydrodynamiques très différentes (Chapitre D). Ces alternances ont une stratification<br />

plane inclinée ou tangentielle. Ces alternances correspondent à la migration de dunes de graviers. La<br />

ségrégation granulométrique à la crête des dunes a engendré la mise en place, dans le creux des<br />

dunes, de graviers sableux bimodaux, surmontés lors de la migration de la dune par des graviers sans<br />

matrice.<br />

La stratification tangentielle peut être due à la migration de dunes de graviers sur une face<br />

de creux d’érosion. La migration des dunes produit une alternance de graviers sans matrice et de<br />

graviers sableux bimodaux, par le mécanisme explicité plus haut. Cette stratification tangentielle<br />

peut être surmontée de graviers sans matrice à stratification horizontale ou subhorizontale. Cette<br />

stratification s’interprète comme la migration d’une nappe de charriage de graviers (ou d’une<br />

structure de dimensions plus élevées, comme une barre de graviers), à l’origine de graviers sans<br />

matrice à stratification horizontale surmontant le remplissage du creux d’érosion.<br />

68


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Figure 32 : distribution granulométrique cumulée des échantillons de lithofaciès Gcg,o et Gcx,o des zones A<br />

et B.<br />

III.1.1.d. Conclusion et discussion sur la typologie de lithofaciès<br />

établie<br />

III.1.1.d.i. Typologie de lithofaciès<br />

La caractérisation du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> à l’échelle mésoscopique met en évidence une<br />

typologie de 4 lithofaciès, présentée au Tableau 7. Les lithofaciès majoritaires sont les graviers<br />

sableux, qui se distinguent par la forme de leur distribution granulométrique, étalée en ce qui<br />

concerne le lithofaciès Gcm et bimodale dans le cas des lithofaciès Gcm,b. Deux types de lithofaciès<br />

minoritaires ont également été décrits. Il s’agit du lithofaciès S-x, constitué majoritairement de sables<br />

moyens et se présentant sous la forme de lentilles d’épaisseur très variable à stratifications internes,<br />

et des lithofaciès Gcg,o et Gcx,o, constitués de graviers sans matrice sableuse ou fine. Ces derniers<br />

sont associés aux graviers sableux bimodaux, au sein d’une structure d’alternance Gcg,a. L’ensemble<br />

de ces lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires a déjà été décrit au niveau d’autres <strong>dépôt</strong>s<br />

quaternaires, présentés au I.3.1.b. La typologie définie au niveau de l’Est lyonnais est cependant<br />

moins étendue que celle définie au Tableau 5. Les mélanges de sables et graviers GS-x,<br />

intermédiaires entre les sables et les graviers sableux, ainsi que les graviers sableux riches en cailloux<br />

et blocs (Brown gravels), n’ont pas été décrits au niveau des parois d’excavation. Cette différence de<br />

typologie s’explique par la faible représentativité des deux parois d’excavation par rapport à<br />

l’ensemble des sites d’études utilisés pour dresser la typologie du Tableau 5, et donc une gamme<br />

moins large d’environnement de <strong>dépôt</strong> à l’origine de la sédimentation des lithofaciès. La typologie<br />

établie est donc une typologie valable localement, au niveau du bassin d’infiltration.<br />

III.1.1.d.ii. Intérêt de l’analyse granulométrique<br />

Sur le diagramme triangulaire graviers/sables/fines de la Figure 33 a été représenté<br />

l’ensemble des lithofaciès échantillonnés sur les parois des deux excavations creusées dans le bassin<br />

DjR (117 échantillons au total, dont 16 lithofaciès S-x, 28 lithofaciès Gcx,o ou Gcg,o, 38 lithofaciès<br />

Gcm et 35 lithofaciès Gcm,b). L’analyse granulométrique par tamisage mécanique permet de<br />

distinguer facilement les lithofaciès sableux (fraction sableuse supérieure à 70% et fraction en<br />

particules fines inférieure à 5%), et dans une moindre mesure les graviers sans matrice (fraction en<br />

graviers supérieure à 90%). La distinction entre les deux types de graviers sableux est cependant<br />

moins nette. Les graviers sableux ont une fraction en graviers comprise entre 70 et 90%. La limite<br />

entre les lithofaciès Gcm et Gcm,b se situe à environ 15% de fraction sableuse.<br />

69


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

10 cm<br />

Tableau 7 : Typologie ypologie de lithofaciès du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sous sous-jacent jacent au bassin DjR. Le <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> est majoritairement constitué par les lithofaciès Gcm et Gcm,b.<br />

Photo<br />

Lithofaciès<br />

Faciès 1: S--x<br />

Sables moyens, pauvrement à bien classés, de grain moyen 325 ±<br />

43µm, m, sans matrice silteuse ou argileuse, laminations internes<br />

planes ou inclinées correspondant aux phases de <strong>dépôt</strong> des<br />

sables<br />

20 cm<br />

Faciès 2: Gcm<br />

Mélanges sablo-graveleux présentant une granulométrie étalée<br />

(sables fins à graviers grossiers), généralement présents dans<br />

les 30 premiers centimètres sous la surface du bassin, fraction de<br />

graviers prépondérante (85%)<br />

20 cm<br />

Faciès 3: Gcm,b<br />

Mélanges sablo-graveleux à granulométrie bimodale, présentant<br />

un mode grossier - graviers moyens à grossiers - et un mode<br />

sableux - matrice de sables moyens ( (325 µm)<br />

15 cm<br />

Faciès 4: Gcx,o/Gcg,o<br />

Lithologie<br />

Graviers raviers sans matrice sableuse, assez bien à bien classés, de<br />

taille centimétrique pour les éléments les plus grossiers, sous la<br />

forme de lentilles inclinées progradantes (Gcg,o) ou de fines<br />

couches subhorizontales (Gcx,o)<br />

70<br />

Distribution granulométrique


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Figure 33 : triangle textural représentant les fractions en graviers (D > 2 mm), en sables (2 mm > D > 63 µm),<br />

et en fines (argiles et silts, D < 63 µm) et les domaines de variation granulométrique des lithofaciès<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s sous-jacents au bassin DjR.<br />

L’analyse des paramètres descriptifs des distributions granulométriques (grain moyen et<br />

classement) permet de compléter l’analyse des fractions granulométriques. Les Figure 34 et Figure<br />

35 représentent les variations du grain moyen et du classement sur les parois d’excavation de la zone<br />

A et de la zone B respectivement. Les lithofaciès S-x se caractérisent par un grain moyen<br />

significativement plus faible que celui des autres lithofaciès graveleux. Les lithofaciès S-x sont<br />

également ceux qui ont le meilleur classement granulométrique. Les lithofaciès Gcg,o et Gcx,o ont<br />

également un meilleur classement que les autres lithofaciès graveleux. Ce classement est parfois<br />

aussi bon que les lithofaciès sableux. L’absence de matrice tend à augmenter le grain moyen de ces<br />

lithofaciès. A l’inverse, l’abondance de matrice sableuse des lithofaciès Gcm,b par rapport aux<br />

lithofaciès Gcm a tendance à diminuer le grain moyen de ce lithofaciès. Les lithofaciès Gcm,b sont<br />

donc les lithofaciès graveleux ayant le plus faible grain moyen et le plus mauvais classement<br />

granulométrique.<br />

Au regard de cette analyse, il semble que le grain moyen et le classement sont deux<br />

paramètres descriptifs des distributions granulométriques suffisants pour effectuer la distinction<br />

entre les quatre lithofaciès type, et notamment entre les deux lithofaciès de graviers sableux. Des<br />

analyses de variance ont été effectuées afin d’évaluer statistiquement la significativité des<br />

différences entre les lithofaciès majoritairement constitués de graviers vis-à-vis du grain moyen et du<br />

classement. En ce qui concerne le grain moyen, la différence entre le grain moyen des deux<br />

lithofaciès de graviers sableux est significative. La différence de distribution granulométrique entre<br />

ces deux lithofaciès entraîne une différence du classement également statistiquement significative.<br />

Le classement des graviers sans matrice est quant à lui significativement différent des deux types de<br />

graviers sableux.<br />

71


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

Figure 34 : représentation schématique du grain moyen (diamètre des bulles) et du classement de Folk et<br />

Ward (suivant le code couleur) des 86 échantillons prélevés sur la paroi de l’excavation de la zone A.<br />

Figure 35 : représentation schématique du grain moyen (diamètre des bulles) et du classement de Folk et<br />

Ward (suivant le code couleur) des 41 échantillons prélevés sur la paroi de l’excavation de la zone B.<br />

La comparaison du grain moyen et du classement, couplée avec la distinction des fractions en<br />

sables et graviers, permet donc de discriminer chacun des 4 lithofaciès. Ce résultat montre que ces<br />

paramètres sont discriminants vis-à-vis des lithofaciès, et peuvent donc être utilisés en tant que<br />

paramètres représentatifs des lithofaciès dans des analyses multivariées par exemple.<br />

Par la suite, l’analogie entre les lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires de l’Est lyonnais et les<br />

lithofaciès actuels sera effectuée sur la base des distributions granulométriques des échantillons et<br />

de ces 4 paramètres descriptifs. Notons bien que la seule analyse granulométrique ne rend pas<br />

compte des stratifications internes aux lithofaciès. Ces stratifications peuvent avoir un effet<br />

significatif sur l’anisotropie des propriétés hydrodynamiques. L’analyse granulométrique est<br />

simplement un moyen de comparaison des lithofaciès lorsque la structure sédimentaire n’est pas<br />

visible. Ceci est le cas des lithofaciès présents en surface de plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

récentes.<br />

72


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

III.1.2. Description des parois d’excavation et interprétation des<br />

éléments architecturaux<br />

III.1.2.a. Paroi d’excavation de la zone A<br />

III.1.2.a.i. Description<br />

Quatre unités principales ont été décrites au niveau de la paroi d’excavation de la zone A. Ces<br />

unités sont appelées unités 1, 2, 3 et 4, de la base vers le haut de la paroi d’excavation,<br />

correspondant à la surface du bassin (Figure 36).<br />

L'unité 1 est présente dans la partie nord de la paroi d’excavation. Elle se compose<br />

principalement de lithofaciès Gcm et Gcm,b, dans lesquels de fines couches de graviers sans matrice<br />

sont insérées. Ces couches pendent légèrement vers le nord. L'unité 2 se compose <strong>d'un</strong>e alternance<br />

de lithofaciès Gcm,b et de lithofaciès Gcg,o. Les couches de Gcg,o ont une épaisseur moyenne de 5<br />

cm. Ces couches sont inclinées vers le sud. Cette unité correspond donc à un changement de<br />

pendage des lithofaciès de graviers sans matrice. L'unité 3 se compose d’un épais lithofaciès S-x (1 m<br />

à sa base) dans la partie inférieure et de lithofaciès Gcm ou Gcm,b avec des lithofaciès Gcg,o<br />

intercalés dans la partie supérieure. Les structures sédimentaires ont été décrites au III.1.1.a. Le<br />

pendage des lithofaciès Gcg,o vers le Nord dans la partie supérieure de cette unité confirme<br />

l'hypothèse <strong>d'un</strong>e phase de <strong>dépôt</strong> identique à celle du sable. L'unité 4, située juste sous la surface du<br />

bassin, a une épaisseur d'environ 25 à 30 centimètres. Cette unité semble avoir été déposée dans un<br />

système à régime d’écoulement élevé, compte tenu de la distribution granulométrique étalée du<br />

lithofaciès Gcm. Cette unité est perturbée par les racines de la végétation présente en surface du<br />

bassin d’infiltration. Notons la présence d’un horizon noirâtre à la base de cette unité, correspondant<br />

au lithofaciès Gcm dénommé "couche noire".<br />

Figure 36 : interprétation de la paroi d’excavation de la zone A aux échelles du lithofaciès et de l’élément<br />

architectural.<br />

III.1.2.a.ii. Evolution de la fraction granulométrique fine<br />

en profondeur<br />

Les résultats présentés sur la Figure 37 correspondent à la section A-S3. L’évolution de la<br />

fraction granulométrique fine dans cette section est représentative de l’ensemble des sections de la<br />

paroi d’excavation de la zone A.<br />

La courbe granulométrique de la fraction inférieure à 1 mm correspondant à la couche de<br />

sédiment de surface a une nette allure bimodale. La fraction volumique du mode le plus fin (entre 40<br />

µm et 65 µm) est la plus importante (fraction volumique de 5,5% pour le lithofaciès A-S3-1, Figure<br />

37). Le mode secondaire, compris entre 250 µm et 450 µm (450µm pour le lithofaciès A-S3-1, Figure<br />

37, fraction volumique de 2,1%), traduit la présence d’éléments sableux dans la couche de surface.<br />

73


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

La fraction inférieure à 1 mm de la couche sous-jacente aux sédiments de surface, constituée<br />

d’un lithofaciès Gcm, a une allure bimodale peu marquée et inversée par rapport à la couche de<br />

sédiments. Le mode principal (fraction volumique de 9,5% pour le lithofaciès A-S3-2, Figure 37)<br />

correspond à des particules de 400 µm. Le mode secondaire s’est déplacé vers les granulométries<br />

plus grossières, et se situe entre 45 et 80µm. La base du lithofaciès Gcm, correspondant à l’horizon<br />

noir observé entre 20 et 30 cm de profondeur (lithofaciès dénommé "couche noire", échantillons de<br />

type A-Sx-3), a également une allure bimodale. Les deux modes granulométriques correspondent à<br />

ceux décrits pour le lithofaciès Gcm supérieur. Le pourcentage volumique du mode principal (400µm)<br />

est cependant plus faible (fraction volumique de 6,5% pour le lithofaciès A-S3-3, Figure 37), alors que<br />

celui du mode secondaire (60 µm) est plus significatif (fraction volumique de 3% pour le lithofaciès A-<br />

S3-3, Figure 37).<br />

Sous l’horizon noir, les courbes granulométriques des tamisats à 1 mm des échantillons sont<br />

similaires et unimodales. Le mode granulométrique est observé entre 300 et 400 µm, et les<br />

pourcentages volumiques dépassent 10%. Notons cependant que la position du grain moyen dépend<br />

du lithofaciès : le mode principal est déplacé vers les 300µm pour les échantillons correspondant au<br />

lithofaciès S-x. De plus, une légère augmentation de la fraction silteuse est à noter dans la partie<br />

supérieure de la lentille de sable.<br />

Figure 37 : courbes de fréquence granulométrique associées aux tamisats à 1mm des échantillons A-S3-1, A-<br />

S3-2, A-S3-3 et A-S3-4 (Ganaye et al., 2007).<br />

III.1.2.a.iii. Interprétation<br />

Le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> au niveau de la paroi d’excavation de la zone A peut être divisé en<br />

deux sous-systèmes, liés à la genèse du <strong>dépôt</strong>, ainsi qu’à l’influence de la couche de sédiments<br />

présente en surface du bassin d’infiltration.<br />

À la base de la paroi d’excavation (unités 1 à 3), la sédimentation dominante correspond à un<br />

remplissage de creux d’érosion. Ce remplissage est associé à la lentille sableuse, ainsi qu’aux<br />

74


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

alternances de graviers sans matrice et de graviers sableux, mises en places par migration de<br />

mésoformes de <strong>dépôt</strong> dans des creux d’érosion. Ces unités sont similaires aux structures "cut-andfill",<br />

décrites notamment par Heinz et al. (2003) dans la vallée du Rhin. Les lithofaciès constitutifs de<br />

ces unités sont de nature variée : Gcm, Gcm,b, Gcx,o, Gcg,o et S-x. Une interprétation de l’alternance<br />

de lithofaciès Gcg,o et Gcm,b à pendage tangentiel observée dans la partie nord de l'unité 3 est<br />

donnée par Huggenberger et Regli (2006). Cette alternance se développe simultanément avec la<br />

couche de graviers sus-jacente (fines couches de Gcx,o). Pendant la phase de <strong>dépôt</strong>, une variation<br />

brusque de la topographie, d’une couche de graviers en surface d’une barre vers un creux d’érosion,<br />

génère une zone de séparation d'écoulement, favorisant une ségrégation granulométrique et la mise<br />

en place d’une alternance de lithofaciès Gcg,o et Gcm,b tangentiel à la dépression. Ainsi, les<br />

ensembles Gcg,o/Gcm,b tangentiels peuvent être interprétés par la migration de dunes de graviers<br />

sur la face latérale d’un creux d’érosion correspondant à la limite basale de l’unité 3 dans la partie<br />

nord.<br />

Le niveau supérieur (unité 4 sur la Figure 36) correspond à un système à régime<br />

d'écoulement élevé, compte-tenu de la distribution granulométrique étalée du lithofaciès Gcm. Cette<br />

unité correspond à la zone racinaire de la végétation présente sur la surface du bassin d'infiltration.<br />

L’analyse au granulomètre laser a mis en évidence une plus grande quantité de particules silteuses<br />

que pour les lithofaciès des unités sous-jacentes, à l’origine d’une bimodalité de la distribution<br />

granulométrique des tamisats à 1mm. L’étude des minima des courbes granulométriques permet de<br />

mettre en évidence une séparation des deux modes observés à 105 µm environ (Arambourou, 2007).<br />

Cette fraction granulométrique fine, se retrouvant essentiellement dans les sédiments de surface,<br />

correspond à celle des particules transportées par les eaux pluviales (Arambourou, 2007). Cette<br />

fraction granulométrique peut-être considérée comme la signature des sédiments de surface, et<br />

n’est pas inhérente à la formation <strong>fluvioglaciaire</strong>. La présence de cette fraction granulométrique fine<br />

dans le lithofaciès Gcm sous-jacent est notamment visible à la base de l’unité 4. La quantité<br />

importante de particules fines explique l’horizon noirâtre, que nous avons dénommé "couche noire".<br />

La présence de particules silteuses au sein de l’unité 4 peut s’expliquer par une migration des<br />

sédiments de surface en profondeur, par l’intermédiaire de chemins préférentiels, notamment le<br />

long de l’appareil racinaire, ou par un changement de porosité ou de géochimie entre les deux soussystèmes<br />

caractérisés (Arambourou, 2007; Ganaye et al., 2007). La présence de ces particules<br />

silteuses peut contribuer à augmenter l’amplitude des réflecteurs GPR lors des périodes sèches (Van<br />

Dam et al., 2002).<br />

III.1.2.b. Paroi d’excavation de la zone B<br />

III.1.2.b.i. Description<br />

La Figure 38 représente l'affleurement de la zone B, ainsi que son interprétation<br />

sédimentologique. Trois unités principales ont été décrites, elles sont numérotées de 6 à 8 du bas<br />

vers le haut de l’excavation.<br />

L’unité 5, correspondant à des profondeurs supérieures à 2 m, est caractérisée par une<br />

progradation de l’alternance Gcg,o/Gcm,b entre les sections 1 à 6. Les couches de graviers sans<br />

matrice granoclassées, d’épaisseur décimétrique, sont inclinées vers l’ouest. Cette progradation est<br />

surmontée par de fines couches de graviers sans matrice subhorizontales. Ces fines couches<br />

s’observent également dans la partie est. Elles délimitent l’interface entre l’unité 5 et l’unité 6, située<br />

à des profondeurs comprises entre 0,7 m et 2 m. L’unité 6 est principalement constituée de graviers<br />

sableux, au sein desquels des lithofaciès sableux ou de graviers sans matrice sont intercalés. Ces<br />

lithofaciès minoritaires, inclinés ou en auge, décrivent une structure générale en auge s’étalant des<br />

sections 2 à 8. Les lithofaciès Gcg,o de cette unité ont une extension horizontale plus faible que ceux<br />

de l’unité inférieure. L’unité 7 se situe à des profondeurs inférieures à 1 m. Ce niveau est constitué<br />

75


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

d’une couche massive composée d’un lithofaciès de type Gcm, avec des passages de graviers sans<br />

matrice subhorizontaux d’extension latérale plurimétrique (lithofaciès Gcx,o). Ces graviers sans<br />

matrice délimitent l’interface entre les unités 6 et 7 dans la partie est de la paroi d’excavation. Cette<br />

limite n’a pas été caractérisée dans la partie ouest. Des horizons à coloration orangée, pouvant<br />

correspondre à des oxydes de fer, ont été caractérisés au niveau d’interfaces entre des graviers sans<br />

matrice et les graviers sableux. Notons enfin dans la partie supérieure de la section S1 la présence<br />

d’un lithofaciès sableux, dont la base est inclinée vers l’ouest.<br />

Figure 38 : interprétation de la paroi d’excavation de la zone B aux échelles du lithofaciès et de l’élément<br />

architectural.<br />

III.1.2.b.ii. Interprétation<br />

La progradation des alternances Gcg,a de l’unité 5 traduit la migration de dunes de graviers,<br />

de l’est vers l’ouest. Cette progradation pourrait être liée à la migration de dunes de graviers sur la<br />

face aval d’une barre de graviers, dont la migration aurait produit les fines couches de graviers sans<br />

matrice à l’interface entre les unités 5 et 6.<br />

Le passage à l’unité 6 est marqué par un changement de la stratification. Les lithofaciès S-x et<br />

Gcg,o sont inclinés ou en auge. L’organisation générale en auge correspond à un remplissage de<br />

creux entre les sections S2 et S8. De part et d’autres de cette structure, les graviers sableux,<br />

appartenant à des barres de graviers, sont majoritaires.<br />

L’étalement granulométrique du lithofaciès Gcm de l’unité 7 traduit un <strong>dépôt</strong> des éléments<br />

détritiques sous un régime d’écoulement élevé, à l’origine d’un apport massif d’éléments à<br />

granulométrie très variée. Cette unité correspond à une nappe de charriage de graviers. La présence<br />

de couches subhorizontales de graviers sans matrice correspond à la base d’une nappe de charriage<br />

de graviers. La migration par impulsions de ces mésoformes expliquerait la succession verticale des<br />

graviers sans matrice.<br />

III.1.2.c. Conclusion sur l’interprétation des éléments architecturaux<br />

Les unités mises en évidence sont typiques d’un système de <strong>dépôt</strong> grossier de rivière en<br />

tresse, caractéristiques des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s. Les principales structures mises en évidence sont<br />

des dunes de graviers, dont la migration produit des alternances entre graviers sans matrice et<br />

graviers sableux bimodaux (unités 1, 2, 3 et 5), des remplissages de creux, de nature variée<br />

(remplissage sableux du bas de l’unité 3, remplissage grossier de l’unité 6), et des nappes de<br />

charriage de graviers, mésoformes présentes principalement à proximité de la surface du bassin<br />

d’infiltration (unités 4 et 7). La présence de nappes de charriage de graviers traduit un <strong>dépôt</strong> sous<br />

régime d’écoulement élevé. Ce régime peut s’interpréter par un événement allocyclique, expliquant<br />

la présence du lithofaciès Gcm à des profondeurs similaires au niveau des zones A et B. Les<br />

dimensions des parois d’excavation sont cependant insuffisantes pour dégager entièrement les<br />

76


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

éléments architecturaux du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, notamment les barres de graviers auxquelles<br />

appartiennent les mésoformes caractérisées. Les éléments architecturaux sont analogues à ceux<br />

caractérisés au niveau d’autres <strong>dépôt</strong>s quaternaires, présentés sur la Figure 19. Ces éléments<br />

architecturaux ont été mis en place dans un paléoenvironnement correspondant à une zone de débit<br />

principale, caractérisée par des <strong>dépôt</strong>s constitués essentiellement de remplissages de creux à<br />

structure interne de lithofaciès Gcm et Gcg,a, et occasionnellement d’éléments d’accrétion à<br />

stratifications horizontales, composés de lithofaciès Gcm (Heinz et al., 2003).<br />

Au niveau de la zone A, l’augmentation de la fraction en particules silteuses au niveau de<br />

l’unité supérieure s’explique par une migration en profondeur des sédiments apportés par les eaux<br />

pluviales. Cette migration, engendrée par des chemins préférentiels d’écoulement ou par un<br />

changement de porosité ou de géochimie entre les unités 3 et 4, explique la présence d’un horizon<br />

noir entre 20 et 30 cm de profondeur. L’absence de cet horizon noir dans la zone B s’explique par le<br />

fonctionnement normal du bassin. La zone A est en effet la plus proche de l’entrée des eaux pluviales<br />

dans le bassin d ‘infiltration. Les sédiments issus des eaux pluviales s’accumulent donc en priorité<br />

dans cette zone.<br />

III.2. Analyse de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s analogues récents<br />

L’objectif de ce paragraphe est d’évaluer l’analogie des lithofaciès et des éléments<br />

architecturaux <strong>fluvioglaciaire</strong>s entre d’une part le <strong>dépôt</strong> quaternaire de l’Est lyonnais, et d’autre part<br />

les <strong>dépôt</strong>s des plaines d’épandage actuelles des Bossons et du Breidamerkurjökull. L’évaluation de<br />

cette analogie se fait sur la base de la distribution granulométrique à l’échelle du lithofaciès, et sur la<br />

base de la description de la structure sédimentaire à l’échelle de l’élément architectural.<br />

III.2.1. Evaluation de l’analogie entre lithofaciès quaternaires et récents<br />

Les lithofaciès caractérisés sur les deux plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> actuelles étudiées<br />

ont été représentés sur le triangle textural graviers/sables/fines, avec les domaines de variation<br />

granulométrique des lithofaciès quaternaires caractérisés au III.1.1.d (Figure 33). Le résultat est<br />

présenté sur la Figure 39.<br />

La Figure 39 montre que des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s analogues à ceux décrits dans l’Est<br />

lyonnais se retrouvent sur des plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> récentes. Cette analogie s’explique<br />

par la similarité des processus de mise en place de ces <strong>dépôt</strong>s. La Figure 39 montre également que la<br />

gamme de variation granulométrique des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s récents est plus importante que<br />

celles des lithofaciès quaternaires caractérisés sur les parois d’excavation du bassin DjR. Ceci peut<br />

s’expliquer par la faible représentativité des parois d’excavation par rapport à l’ensemble du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>. Par exemple, le lithofaciès GS-x, largement caractérisé dans les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

de la vallée du Rhin, n’a pas été caractérisé sur les parois d’excavation. Il pourrait cependant<br />

correspondre au "vide" entre les domaines de variation granulométrique des sables et des graviers<br />

sableux bimodaux. De plus, les conditions actuelles de sédimentation peuvent être différentes des<br />

conditions paléoenvironnementales à l’origine du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais.<br />

Au total, 23 des 47 lithofaciès récents étudiés ont des fractions granulométriques en<br />

graviers/sables/fines correspondant aux domaines de variation granulométrique des lithofaciès<br />

quaternaires de l’Est lyonnais. L’analyse des paramètres descriptifs des distributions<br />

granulométriques, à savoir le grain moyen et le classement, a permis d’affiner la classification des<br />

lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s récents, par comparaison de ces paramètres avec ceux estimés sur les<br />

échantillons du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais. Les échantillons de lithofaciès récents<br />

appartenant au domaine de variation des lithofaciès quaternaires dans le plan grain<br />

moyen/classement de la Figure 40 ont été retenus. Pour les lithofaciès Gcx,o et Gcg,o, caractérisés<br />

77


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

par un bon classement granulométrique, les échantillons proches du domaine de variation et situés<br />

du côté des valeurs de classement faible ont été également retenus (cas de l’échantillon B06-B9 sur<br />

la Figure 40). Pour le lithofaciès Gcm,b, caractérisé par un grain moyen plus faible que les autres<br />

lithofaciès graveleux, les échantillons proches du domaine de variation et situés du côté des faibles<br />

grains moyens ont été également retenus (cas des échantillons I05-B2 et I05-B9 sur la Figure 40). Au<br />

final, 18 lithofaciès analogues, considérés comme des lithofaciès représentatifs du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais, ont été retenus. Ces lithofaciès sont répertoriés dans le Tableau 8.<br />

Figure 39 : triangle textural représentant les fractions en graviers (D > 2 mm), en sables (2 mm > D > 63 μm),<br />

et en fines (argiles et silts, D < 63 μm) des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s caractérisés en surface de la zone<br />

proglaciaire des Bossons et de l’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> du Breidamerkurjökull en Islande. Les domaines de<br />

variation granulométrique des lithofaciès quaternaires caractérisés à partir des échantillons prélevés sur les<br />

parois d’excavation des zones A et B sont également représentés.<br />

La comparaison des paramètres descriptifs des distributions granulométriques met en<br />

évidence une analogie granulométrique entre les lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires de l’Est<br />

lyonnais caractérisés sur les parois d’excavation d’une part et des lithofaciès présents en surface de<br />

sandurs récents d’autre part. L’analogie des processus de transport et de sédimentation entre <strong>dépôt</strong>s<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s permet de supposer que la stratification interne aux lithofaciès de même type est<br />

analogue entre lithofaciès quaternaires et lithofaciès récents.<br />

Enfin, notons qu’une analyse morphométrique, portant sur la forme et l’angularité des<br />

grains, influant sur l’arrangement des grains et donc la stratification, permettrait de compléter de<br />

façon plus précise l’évaluation de l’analogie sédimentaire. Une analyse morphométrique a été<br />

réalisée sur les grains des échantillons prélevés sur les plaines d’épandage des Bossons et du<br />

Breidamerkurjökull. Des paramètres liés à la forme et à l’angularité des grains ont été déterminés.<br />

Ces paramètres ont également été quantifiés sur des échantillons du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est<br />

lyonnais, prélevé en surface du bassin DjR. La comparaison des paramètres estimés sur les sandurs<br />

actuels et en surface du bassin DjR est présentée en annexes (annexes 1 et 2). Cette comparaison<br />

montre qu’il n’existe pas de différences significatives d’angularité entre les trois sites étudiés, et que<br />

les échantillons des Bossons se distinguent des échantillons prélevés sur les deux autres sites pour un<br />

des deux paramètres liés à la forme des grains. Ces résultats sont toutefois à nuancer, dans la mesure<br />

où les lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s présents en surface du bassin DjR sont soumis aux cycles réguliers<br />

78


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

d’infiltration d’eaux pluviales, ainsi qu’à une fréquentation humaine, qui peuvent engendrer une<br />

érosion mécanique et chimique modifiant artificiellement la morphologie des grains. Une<br />

comparaison rigoureuse aurait nécessité d’évaluer ces paramètres morphométriques sur les<br />

échantillons prélevés sur les parois d’excavation.<br />

Figure 40 : classement granulométrique en fonction du grain moyen des lithofaciès caractérisés en surface de<br />

plaines d’épandage actuelles (les échantillons correspondent à ceux du Tableau 8). Les domaines de variation<br />

associés aux lithofaciès ont été représentés. Les zones entourées de pointillées correspondent à des zones de<br />

tolérances associées à ces domaines de variation.<br />

Tableau 8 : lithofaciès retenus pour leur représentativité du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais en terme<br />

de granulométrie grossière Graviers-Sables-Fines<br />

Lithofaciès Sites Echantillons Nombre<br />

Bossons 2004 B04-B1<br />

S-x Bossons 2006 B06-B20<br />

5<br />

Islande 2005 I05-B3, I05-B4, I05-B8<br />

Bossons 2004 B04-10<br />

Gcm,b Bossons 2006<br />

B06-B6, B06-B10, B06-B11,<br />

B06-B12<br />

8<br />

Islande 2005 I05-B1, I05-B2, I05-B9<br />

Gcm<br />

Bossons 2006<br />

Islande 2005<br />

B06-B18<br />

I05-B7<br />

2<br />

Gcx,o<br />

Bossons 2005<br />

Bossons 2006<br />

B05-B5<br />

B06-B9, B06-B13<br />

3<br />

Total 18<br />

79


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

III.2.2. Description de l’affleurement <strong>fluvioglaciaire</strong> du<br />

Breidamerkurjökull<br />

Figure 41 : coupe stratigraphique de l’affleurement du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> du Breidamerkurjökull, et<br />

photographie associée. L’échelle verticale est exagérée 3 fois par rapport à l’échelle horizontale.<br />

La description de l’affleurement de l’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> du Breidamerkurjökull met en<br />

avant le même type d’hétérogénéité texturale que celui de l’Est lyonnais, à savoir trois ensembles de<br />

lithofaciès que sont des sables, des graviers sans matrice sableuse ou fine, et des graviers sableux qui<br />

représentent le lithofaciès majoritaire. La granulométrie des graviers est visuellement beaucoup plus<br />

grossière que celle des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s de l’Est lyonnais, ce qui s’explique par la position<br />

proximale de l’épandage islandais.<br />

La coupe peut être interprétée comme la migration de barres de graviers sur une barre<br />

composite, constituée en partie de remplissages sableux. La migration est marquée par les couches<br />

de graviers sans matrice subhorizontale présentes dans les 30 premiers centimètres. La stratification<br />

interne du sable, à savoir des progradations inclinées vers l’ouest, correspond aux phases de <strong>dépôt</strong><br />

du remplissage. Au sein de la lentille sableuse, les alternances entre des sédiments à granulométrie<br />

dominante argilo-silteuse et des sédiments sableux traduisent les variations du régime d’écoulement.<br />

Le remplissage sableux peut être associé à un <strong>dépôt</strong> de débordement. Les lags de graviers traduisent<br />

une augmentation de la compétence du courant.<br />

Les dimensions des éléments architecturaux sont insuffisantes (seulement 1m de<br />

profondeur) et seul 1 affleurement a été décrit. La comparaison entre les deux contextes est donc<br />

difficile. Cependant, on retrouve des éléments caractéristiques, comme des barres de graviers ou des<br />

<strong>dépôt</strong>s sableux de remplissage, caractérisés au niveau du <strong>dépôt</strong> de l’Est lyonnais.<br />

80


Chapitre B : <strong>Caractérisation</strong> sédimentaire de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s : relation entre genèse et hétérogénéité<br />

1 m<br />

Figure 42 : exemple de remplissage sableux en surface du Breidamerkursandur<br />

III.3. Conclusion<br />

L’étude sédimentologique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais au niveau des deux parois<br />

d’excavation creusées dans le bassin DjR a permis de caractériser l’architecture sédimentaire aux<br />

échelles mésoscopique et macroscopique, et de relier les lithofaciès et les éléments architecturaux à<br />

la genèse de ce <strong>dépôt</strong>. Le <strong>dépôt</strong> de l’Est lyonnais est caractéristique d’un <strong>dépôt</strong> de système en tresse<br />

à charge de fond grossière, mis en place dans un paléoenvironnement correspondant à une zone de<br />

débit principale (Heinz et al., 2003). Une typologie de quatre lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s, caractérisés<br />

au niveau d’autres <strong>dépôt</strong>s quaternaires, a été établie. Cette typologie distingue deux lithofaciès<br />

majoritaires de graviers sableux (lithofaciès Gcm et Gcm,b), ainsi que deux types de lithofaciès<br />

minoritaires, de granulométrie sableuse pour l’un (lithofaciès S-x), et constitué de graviers sans<br />

matrice sableuse ou fine pour l’autre (lithofaciès Gcx,o ou Gcg,o). Ce dernier lithofaciès est associé<br />

aux graviers sableux bimodaux au sein d’une structure d’alternance Gcg,a, traduisant la migration de<br />

dunes de graviers. Ces lithofaciès constituent la structure interne des éléments architecturaux,<br />

caractérisée par des structures de remplissage, des progradations associées à des migrations de<br />

dunes de graviers, ou des nappes de charriage de graviers. Les dimensions des parois d’excavation<br />

n’ont cependant pas permis de caractériser dans leur totalité les éléments architecturaux, comme<br />

par exemple les barres de graviers. La caractérisation sédimentologique est valable à l’échelle locale<br />

du bassin d’infiltration. Les hétérogénéités mises en évidence peuvent ainsi se retrouver sous<br />

l’ensemble du bassin d’infiltration.<br />

Les informations obtenues jusqu’à présent ne sont que des données ponctuelles sur la<br />

structure sédimentaire. Elles ne reflètent que l’hétérogénéité sédimentaire en deux dimensions.<br />

L’évaluation du rôle de ces hétérogénéités sur les écoulements dans la zone non-saturée du bassin<br />

requiert cependant une connaissance de la répartition spatiale tridimensionnelle des lithofaciès du<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Le Chapitre C a pour objectif la caractérisation de l’architecture sédimentaire<br />

en trois dimensions de zones réduites représentatives de la zone non-saturée du bassin d’infiltration<br />

par méthodes géophysiques. L’approche utilisée est une approche <strong>hydrogéophysique</strong>, visant à<br />

obtenir un modèle hydrostratigraphique réaliste à l’échelle mésoscopique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>.<br />

L’obtention d’un modèle hydrostratigraphique de résolution mésoscopique de la zone nonsaturée<br />

du bassin DjR demande également la connaissance des propriétés hydrodynamiques de<br />

chacun des lithofaciès. La comparaison des caractéristiques granulométriques des lithofaciès<br />

quaternaires de l’Est lyonnais et des lithofaciès présents en surface de sandurs récents a permis de<br />

conclure à l’analogie sédimentaire entre ces lithofaciès. De par l’accessibilité des lithofaciès de<br />

surface, les plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> récentes constituent des zones privilégiées pour<br />

réaliser des essais de caractérisation hydraulique in situ. Par analogie, les propriétés<br />

hydrodynamiques des lithofaciès récents sont extrapolables au lithofaciès quaternaires. La<br />

caractérisation des propriétés hydrodynamiques des lithofaciès est développée au chapitre D.<br />

81<br />

1 m


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

C. <strong>Caractérisation</strong> tridimensionnelle de l’hétérogénéité texturale et<br />

structurale du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> par méthodes géophysiques<br />

I. Hydrogéophysique et <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

La compréhension des écoulements en zone non-saturée de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires<br />

hétérogènes à l’échelle de l’ouvrage urbain, c’est-à-dire aux échelles mésoscopique (échelles du<br />

lithofaciès) et macroscopique (échelle de l’élément architectural), requiert une caractérisation<br />

détaillée de la répartition tridimensionnelle des propriétés hydrauliques (Hubbard et Rubin, 2005).<br />

Les techniques classiques d’investigation ne sont pas adaptées à ces échelles. Les essais de pompage<br />

fournissent par exemple des paramètres effectifs à une échelle plus large que les longueurs typiques<br />

des structures sédimentaires (Beres et al., 1999; Klingbeil et al., 1999; Regli et al., 2002). De plus, les<br />

discontinuités latérales fréquentes à ces échelles rendent difficile l’interpolation entre les<br />

informations ponctuelles obtenues par carottages. Afin de pallier aux problèmes associés à ces<br />

techniques d’investigation, des méthodes géophysiques peuvent être utilisées dans le cadre d’études<br />

hydrogéologiques.<br />

L’<strong>hydrogéophysique</strong>, discipline de la géophysique appliquée aux études hydrogéologiques,<br />

vise notamment à fournir des informations quantitatives sur les paramètres hydrodynamiques de la<br />

subsurface à l’échelle locale, utilisables comme paramètres d’entrée dans des modèles d’écoulement<br />

et de transport (Hubbard et Rubin, 2005). Ces informations peuvent être obtenues directement à<br />

partir de mesures géophysiques, ou par couplage de mesures géophysiques et de mesures des<br />

propriétés hydrodynamiques à une échelle méso à macroscopique. En <strong>hydrogéophysique</strong>, deux<br />

approches sont donc généralement distinguées. Une première approche largement utilisée consiste<br />

à partir des signaux géophysiques mesurés à estimer directement les propriétés hydrodynamiques<br />

par l’intermédiaire de relations pétrophysiques, reliant les données géophysiques aux propriétés<br />

hydrogéologiques (la teneur en eau par exemple). Cette approche <strong>hydrogéophysique</strong> présente<br />

souvent le problème de l’incertitude et de la non-unicité potentielle de la relation entre propriétés<br />

géophysiques et hydrogéologiques (Hubbard et al., 1997; Hyndman et Tronicke, 2005). Une seconde<br />

approche, connue sous le nom d’hydrogeological mapping, vise à caractériser les unités<br />

hydrogéologiques à une échelle locale. Cette approche consiste à déduire des mesures géophysiques<br />

des informations sur la géométrie des unités et des interfaces de la subsurface. Des propriétés<br />

hydrodynamiques sont ensuite associées à chaque unité caractérisée. Cette dernière approche a été<br />

utilisée dans le cadre de ce travail. Elle est décrite plus amplement au I.1. Ce chapitre est consacré à<br />

la caractérisation géophysique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais. La caractérisation des<br />

propriétés hydrodynamiques de ce <strong>dépôt</strong> à l’échelle mésoscopique, partie intégrante de l’approche<br />

<strong>hydrogéophysique</strong> utilisée dans le cadre de ce travail, est présentée au Chapitre D.<br />

Les méthodes géophysiques ayant des résolutions variées, le choix d’une méthode<br />

géophysique s’effectue en fonction de l’objectif de l’étude et du niveau de résolution souhaité<br />

(Hubbard et Rubin, 2005). De plus, chaque méthode géophysique est sensible à plusieurs propriétés<br />

physiques, et une réponse géophysique n’a pas une interprétation unique. Ainsi, plusieurs méthodes<br />

peuvent être combinées lors d’une étude hydrogéologique (Hubbard et Rubin, 2005). Les méthodes<br />

géophysiques adaptées à une caractérisation <strong>hydrogéophysique</strong> des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s sont<br />

présentées au I.2.<br />

82


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

I.1. <strong>Caractérisation</strong> d’unités hydrogéologiques ("hydrogeological<br />

mapping")<br />

Cette approche est particulièrement utile aux échelles locales et régionales, associées<br />

notamment aux ressources en eau et au transport de contaminants (Hubbard et Rubin, 2005).<br />

Bristow et Jol (2003) et Bridge et Hyndman (2004) notamment ont illustré l’importance de<br />

caractériser précisément les géométries d’aquifères ou de la zone non-saturée dans le cadre<br />

d’études hydrogéologiques.<br />

Une approche couramment utilisée en hydrogeological mapping est de coupler des données<br />

de carottages ou d’affleurement aux mesures géophysiques de surface (Bridge et Hyndman, 2004).<br />

Les données de carottages ou d’affleurement sont des données "directes" (hard data ; Regli et al.<br />

(2004), Huggenberger et Regli (2006)). Bien que les données directes correspondent à la réalité<br />

géologique, elles présentent l’inconvénient de n’être que ponctuelles, rendant difficile l’interpolation<br />

entre ces données. Il est nécessaire d’obtenir une densité importante de données "directes", afin<br />

d’utiliser des méthodes géostatistiques, comme le krigeage par exemple, afin d’interpoler de façon<br />

réaliste la géométrie des faciès sédimentaires. Les données géophysiques sont quant à elle<br />

considérées comme des données "indirectes" (soft data ; Regli et al. (2004), Huggenberger et Regli<br />

(2006)), dans la mesure où ces données représentent les grandeurs géophysiques d’intérêt<br />

(permittivité diélectrique, conductivité électrique par exemple), pouvant après analyse être reliées<br />

aux caractéristiques sédimentaires et hydrogéologiques souhaitées. Dans le cas de l’hydrogeological<br />

mapping, ces caractéristiques sont les géométries des faciès du <strong>dépôt</strong> sédimentaire investigué. Ces<br />

données "indirectes" présentent l’avantage de fournir une information continue, et de plus nondestructive<br />

si les méthodes géophysiques employées sont des méthodes aériennes ou de surface. La<br />

combinaison de données "directes", permettant de connaître ponctuellement les faciès<br />

sédimentaires ainsi que leur géométrie et leur stratification réelles, avec des données géophysiques<br />

"indirectes" permet ainsi d’interpoler de façon réaliste entre les données "directes" les géométries<br />

des faciès sédimentaires. Cette approche a notamment été utilisée par Asprion et Aigner (1999),<br />

Beres et al. (1999), Heinz et Aigner (2003a), Kostic et al. (2005) pour caractériser des <strong>dépôt</strong>s<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires.<br />

Tableau 9 : méthodes géophysiques utilisées en fonction des objectifs fixés pour l’étude. D’après Hubbard et<br />

Rubin (2005)<br />

Objectifs Type d’acquisition Méthode<br />

Aérienne spectroscopie Gamma<br />

Géométrie des unités<br />

et des interfaces de la<br />

Surface<br />

résistivité électrique, électromagnétique, radar<br />

géologique, sismique réflexion<br />

subsurface Tomographie en forages résistivité électrique, radar géologique, sismique<br />

Diagraphies géophysique de forage<br />

Toit de la nappe Surface<br />

résistivité électrique, électromagnétique, sismique,<br />

radar géologique<br />

Topographie du<br />

Aérienne électromagnétique, spectroscopie Gamma, magnétique<br />

bedrock<br />

Surface électromagnétique, sismique<br />

Aérienne électromagnétique<br />

Intrusions salines<br />

Surface électromagnétique<br />

Diagraphies log d’induction électromagnétique<br />

Délimitation de pol-<br />

Aérienne électromagnétique<br />

lutions souterraines<br />

Surface radar géologique<br />

Zones de fractures,<br />

failles<br />

Aérienne<br />

Surface<br />

Diagraphies<br />

magnétique<br />

sismique, électromagnétique, radar géologique<br />

géophysique de forage<br />

83


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Cette approche géophysique est souvent employée avec des méthodes géophysiques<br />

aériennes ou de surface (Hubbard et Rubin, 2005). Le Tableau 9 recense différentes méthodes<br />

géophysiques utilisées en fonction des caractéristiques de subsurface recherchées.<br />

I.2. Les méthodes géophysiques adaptées à une caractérisation<br />

<strong>hydrogéophysique</strong> des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

Parmi les méthodes géophysiques utilisées en hydrogeological mapping, le radar géologique<br />

a été largement utilisé pour étudier les <strong>dépôt</strong>s sédimentaires, notamment parce que cette méthode<br />

est particulièrement adaptée à la caractérisation de sédiments peu conducteurs composés très<br />

majoritairement de sables et/ou graviers (Bristow et Jol, 2003). Plusieurs exemples d’études de<br />

<strong>dépôt</strong>s alluvionnaires quaternaires par radar géologique ont montré la capacité de la méthode<br />

d’hydrogeological mapping à définir des modèles hydrostratigraphiques tridimensionnels<br />

(Huggenberger et al., 1994; Asprion and Aigner, 1999; Beres et al., 1999; Heinz and Aigner, 2003b;<br />

Lunt et al., 2004; Kostic et al., 2005; Huggenberger and Regli, 2006).<br />

Nous nous attarderons donc dans un premier temps à décrire le principe du radar<br />

géologique, ainsi que l’analyse et l’interprétation des données qu’il fournit dans le cas des <strong>dépôt</strong>s<br />

sédimentaires. Le cas particulier des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires sera abordé. D’autres<br />

méthodes géophysiques, pouvant être combinées au radar géologique pour améliorer la<br />

caractérisation des géométries de subsurface, sont présentées dans un deuxième temps.<br />

I.2.1. Radar géologique<br />

I.2.1.a. Principe<br />

I.2.1.a.i. Généralités<br />

Le radar géologique, ou encore géoradar ou Ground Penetrating Radar (GPR), est un outil<br />

d’investigation géophysique de subsurface, basé sur la propagation d’ondes électromagnétiques à<br />

des fréquences variant de quelques dizaines de mégaHerz à quelques gigaHertz (ondes radio). De<br />

façon générale, un radar géologique est constitué d’une unité d’acquisition reliée à une antenne<br />

émettrice et une antenne réceptrice (Figure 43).<br />

Figure 43 : exemple d’acquisition au radar géologique<br />

84


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

L’unité d’acquisition assure la gestion de l’acquisition, enregistre et stocke les mesures. Elle<br />

permet éventuellement la visualisation directe des signaux mesurés. Lors de l’acquisition, certaines<br />

unités peuvent appliquer un prétraitement aux données mesurées (par exemple, filtres fréquentiels,<br />

gains, stacking).<br />

Les antennes peuvent être blindées (elles sont recouvertes d’une coque métallique qui dirige<br />

les ondes vers le sol et reçoit les ondes provenant du sol), pour être insensibles aux éventuels signaux<br />

parasites provenant d’objets dans le milieu aérien environnant (par exemple, bâtiments, pylônes,<br />

arbres). L’utilisation d’antennes blindées facilite ainsi l’interprétation des mesures GPR, notamment<br />

en milieu urbain.<br />

Il existe plusieurs types d’acquisition GPR, dépendant de l’objectif de l’étude. Pour les<br />

applications liées à l’étude de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires, les deux types d’acquisition les plus répandus<br />

sont l’acquisition à offset constant (mode réflexion) et l’acquisition à offset variable et point milieu<br />

commun ou acquisition CMP (pour Common Mid-Point) (Jol et Bristow, 2003).<br />

Acquisition à offset constant<br />

I.2.1.a.ii. Types d’acquisition<br />

Une acquisition à offset constant signifie que lors de l’acquisition, la distance entre antennes<br />

émettrice et réceptrice reste constante et que les deux antennes sont déplacées ensemble le long du<br />

profil (Figure 44). Ce type d’acquisition permet l’utilisation du radar géologique en mode<br />

monostatique (une seule antenne est utilisée à la fois pour émettre et recevoir les ondes<br />

électromagnétiques) ou en mode bistatique (les antennes émettrice et réceptrice sont séparées).<br />

L’antenne émettrice, en contact avec le sol, émet une courte impulsion électromagnétique<br />

en direction du sol, typiquement inférieure à 20 ns (Reynolds, 1997). L’impulsion a un spectre de<br />

fréquence centrée sur une fréquence dominante, appelée fréquence centrale d’antenne. En général,<br />

l’antenne est nommée suivant cette fréquence centrale d’émission (par exemple, on parlera d’une<br />

antenne de 200 MHz).<br />

L’onde électromagnétique ainsi générée se propage dans le sol, considéré comme un milieu<br />

diélectrique dont l’hétérogénéité dépend notamment de la nature pétrographique des roches, de la<br />

granulométrie des éléments, de la teneur en eau, de la présence d’éléments conducteurs, de la<br />

compaction. Les contrastes de propriétés diélectriques, entre deux lithologies différentes par<br />

exemple, entraînent la réflexion d’une partie de l’onde émise vers la surface, l’autre partie<br />

continuant à se propager en profondeur. Une antenne réceptrice recueille les signaux réfléchis en<br />

surface. Le signal recueilli constitue une trace du sous-sol en un point précis et à un instant donné<br />

(Perez, 2005). Cette trace représente les amplitudes associées aux réflecteurs en fonction du temps<br />

d’aller-retour (two-way-traveltime) d’une onde de la surface vers l’interface à l’origine de la<br />

réflexion. Le déplacement des antennes suivant un profil d’acquisition en surface permet d’obtenir<br />

plusieurs traces adjacentes. La juxtaposition des traces donne une coupe-temps, ou profil radar<br />

(encore appelé B-scan ou radargramme). Un radargramme donne des informations géométriques sur<br />

la structure auscultée. Il est souvent représenté avec une échelle de couleur corrélée aux amplitudes<br />

des signaux (Bièvre et Maurin, 2002). Les premiers réflecteurs détectés traduisent le couplage entre<br />

les antennes (onde directe dans l’air) et entre les antennes et le sol (onde directe air sol).<br />

85


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Figure 44 : principe d’acquisition à offset constant (mode réflexion). E : émetteur, R : récepteur<br />

Acquisition à offset variable et point milieu commun (CMP)<br />

L’acquisition à offset variable signifie que la distance entre les antennes émettrice et<br />

réceptrice n’est pas constante au cours d’une acquisition. L’acquisition à offset variable la plus<br />

couramment utilisée est l’acquisition en Point Milieu Commun, ou CMP. Elle se fait obligatoirement<br />

en mode bistatique : les antennes émettrice et réceptrice sont déplacées symétriquement de part et<br />

d’autre d’un point de mesure fixe (Figure 45). Les deux antennes sont éloignées par pas de mesure<br />

constant le long d’un profil d’acquisition en surface, centré sur le point milieu. Les réflexions sur une<br />

interface vont former des demi-hyperboles, dont la modélisation permet de déterminer le profil<br />

vertical de la vitesse de propagation au point milieu, et la profondeur des interfaces caractérisées<br />

(Loeffler, 2005).<br />

Les demi-hyperboles ont une équation de la forme :<br />

² <br />

<br />

où t0 est l’ordonnée à l’origine (temps au point milieu), et Vc est la vitesse de correction (ou<br />

vitesse NMO – Normal Move-Out), qui détermine la pente des asymptotes. L’analyse des vitesses<br />

consiste à sommer les amplitudes sur chaque demi-hyperboles (définie par une vitesse Vc) du plan xt.<br />

Les maxima d’amplitude, représentés dans un plan Vc-t, correspondent aux hyperboles réelles<br />

mesurées. L’analyse des vitesses permet de connaître le profil des vitesses de corrections, qui est<br />

ensuite relié au profil des vitesses d’intervalle entre chaque interface caractéristique (Henry, 1994).<br />

Ce profil correspond à la coupe verticale des vitesses de propagation par couche en fonction de la<br />

profondeur réelle. L’analyse de semblance permet une analyse de vitesse en évaluant le degré de<br />

corrélation des amplitudes mesurées avec un modèle théorique d’hyperbole (Reynolds, 1997).<br />

Figure 45 : principe d’une acquisition CMP. L’acquisition CMP traduit l’accroissement de la durée du trajet de<br />

l’onde (temps en ordonnées) à mesure que les antennes s’éloignent l’une de l’autre (offset en abscisse).<br />

Cette acquisition permet de déterminer le profil de vitesse de propagation des ondes EM dans le sol<br />

investigué. E : émetteur, R : récepteur.<br />

86


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

I.2.1.a.iii. Limites de la méthode<br />

Neal (2004) met en avant les limites de la méthode. Ces limites concernent notamment la<br />

résolution et la profondeur d’investigation du GPR, les variations verticales et latérales des vitesses<br />

de propagation d’ondes, les réflecteurs parasites, les bruits électromagnétiques environnant à<br />

l’étude.<br />

Résolution et profondeur d’investigation<br />

La profondeur de pénétration et la résolution dépendent de la fréquence de l’antenne et des<br />

caractéristiques du système d’acquisition, ainsi que des propriétés caractéristiques du milieu<br />

diélectrique. La profondeur maximale d’investigation est très difficile à estimer. Elle intervient<br />

théoriquement dans l’expression du bilan de liaison reliant la puissance émise par l’antenne<br />

émettrice à la puissance reçue par l’antenne réceptrice. Ce bilan de liaison fait intervenir des<br />

paramètres liés au système d’acquisition (par exemple, les gains et les efficacités des antennes, la<br />

longueur d’onde), et d’autres liés au milieu investigué (atténuation du milieu, taille des "cibles"). De<br />

façon générale, la profondeur de pénétration sera maximale si les antennes sont de basses<br />

fréquences radar, et si le milieu prospecté a une constante d’atténuation faible. Cette constante<br />

d’atténuation est directement reliée à la conductivité électrique du milieu, ainsi qu’à ses propriétés<br />

diélectriques. L’atténuation sera d’autant plus faible que la résistivité électrique à la fréquence<br />

d’étude est élevée (Annexe 3). L’atténuation du signal GPR est inversement proportionnelle à la<br />

résistivité électrique du matériau (Asprion et Aigner, 1997). La profondeur maximale d’investigation<br />

dépend donc de la propriété conductrice des matériaux : plus un matériau est résistant<br />

électriquement, plus la propagation des ondes électromagnétiques est facilitée.<br />

Le Tableau 10 présente notamment les profondeurs maximales d’investigation suivant la<br />

nature des matériaux investigués, ainsi que leur résitivité électrique. En pratique, l’utilisation du<br />

radar géologique est aléatoire pour des matériaux de résistivité inférieure à 100 Ω.m, et impossible<br />

pour des matériaux de résistivité inférieure à 50 Ω.m (Lagabrielle, 1992).<br />

Tableau 10 : propriétés électriques et diélectriques de différents milieux, ainsi que les profondeurs<br />

d’investigation et résolutions, obtenus pour des fréquences d’antennes de 80 à 120 MHz. NS : non-saturé, S :<br />

saturé. Les données marquées d’un * sont calculées à partir des données de la littérature et une fréquence<br />

d’antenne de 100 MHz. D’après Asprion et Aigner (1997), Beres et Haeni (1991), Gascoyne et Eriksen (2005),<br />

Mari et al. (1998), Milsom (2003) et Neal (2004).<br />

Nature du milieu<br />

Résistivité<br />

électrique<br />

(Ω.m)<br />

Permittivité<br />

diélectrique<br />

relative (εr)<br />

Vitesse de<br />

propagation des<br />

ondes<br />

électromagnétiques<br />

(m.ns -1 )<br />

87<br />

Profondeur<br />

maximale<br />

d’investigation<br />

(m)<br />

Résolution<br />

verticale<br />

(cm)<br />

Air - 1 0,3 - -<br />

Eau douce 20 - 100 80 0,03 20 -<br />

Glace > 5.10 4 4 0,15 > 1000 50 – 75 *<br />

Sables<br />

NS<br />

S<br />

80 – 1000<br />

20 – 200<br />

2,5 – 7,5<br />

20 – 31,6<br />

0,1 – 0,2<br />

0,05 – 0,08<br />

15 – 30<br />

5 – 10<br />

37,5 – 75<br />

15 – 30<br />

Sables et<br />

graviers<br />

NS<br />

S<br />

30 – 1400<br />

3,5 – 6,5<br />

15,5 – 17,5<br />

0,09 – 0,13<br />

0,06<br />

25 – 40<br />

10 – 15<br />

30 – 65 *<br />

20 – 30 *<br />

Silts<br />

NS<br />

S<br />

10 - 1000<br />

2,5 – 5<br />

22 – 30<br />

0,09 – 0,12<br />

0,05 – 0,07<br />

5 – 10<br />

3<br />

30 – 60 *<br />

16 – 35 *<br />

Argiles<br />

NS<br />

S<br />

10 – 50<br />

2,5 – 5<br />

15 – 40<br />

0,09 – 0,12<br />

0,05 – 0,07<br />

-<br />

2<br />

30 – 60 *<br />

16 – 35 *


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

La résolution verticale d’une antenne est définie comme la distance minimale entre deux<br />

interfaces pour que ces interfaces apparaissent distinctement sur les traces d’un radargramme. La<br />

résolution est théoriquement égale à λ/4, λ étant la longueur d’onde à la fréquence d’étude<br />

(Reynolds, 1997). La résolution réelle est d’environ λ/3 à λ/2 (Beres et Haeni, 1991). La longueur<br />

d’onde λ est liée à la vitesse v des ondes électromagnétiques, dépendant des propriétés<br />

diélectriques des matériaux investigués, et à la fréquence d’antenne f par la relation v = λ . f. Les plus<br />

hautes fréquences du spectre de fréquence envoyé par l’antenne émettrice sont atténuées lors de la<br />

propagation des ondes dans le sol, et la fréquence dominante du signal mesurée par l’antenne<br />

réceptrice est inférieure à la fréquence centrale de l’antenne émettrice (de 30 à 40% d’après Moller<br />

et Vosgerau [(2006)]). La résolution verticale la plus réaliste s’obtient à partir de la fréquence<br />

dominante de réception (Neal, 2004).<br />

La résolution verticale dépend donc à la fois des matériaux investigués et de la fréquence<br />

dominante du signal mesuré par l’antenne réceptrice. Elle sera d’autant meilleure que cette<br />

fréquence est élevée, et donc que l’antenne émettrice a une fréquence centrale élevée, et lorsque<br />

les matériaux investigués ont une permittivité élevée. Le Tableau 10 recense les résolutions<br />

verticales obtenues pour une antenne de 100 MHz sur différents matériaux. Cette résolution peut<br />

être améliorée par l’utilisation d’une antenne de fréquence plus élevée : la résolution verticale<br />

obtenue avec une antenne de fréquence centrale 400 MHz sur des sables non-saturés peut atteindre<br />

10 cm. Cette résolution est appropriée pour caractériser les structures décimétriques d’un <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>.<br />

Le choix de l’antenne dans une étude géophysique est donc primordial. Ce choix s’effectue<br />

de façon à obtenir le meilleur compromis entre profondeur d’investigation et résolution. Le Tableau<br />

11 recense les fréquences centrales d’antennes radar utilisées sur des <strong>dépôt</strong>s glaciaires,<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s ou glaciolacustres. Ces <strong>dépôt</strong>s ont pour point commun la granulométrie grossière des<br />

sédiments les composant. Les antennes utilisées ont des fréquences variant entre 50 MHz et 500<br />

MHz. Les antennes les plus couramment utilisées sont des antennes de 200 et 300 MHz.<br />

Tableau 11 : fréquences d’antenne utilisées pour différentes études au radar géologique de <strong>dépôt</strong>s glaciaires,<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s et glaciolacustres<br />

Référence Dépôts étudiés<br />

Fréquence d’antenne<br />

(MHz)<br />

Asprion et Aigner (1997; 1999)<br />

Delta glaciolacustre et <strong>dépôt</strong>s<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

300<br />

Beres et al. (1999) Dépôts <strong>fluvioglaciaire</strong>s 100<br />

Heinz et Aigner (2003a) Dépôts <strong>fluvioglaciaire</strong>s 300<br />

Huggenberger (1993) Dépôts <strong>fluvioglaciaire</strong>s 250<br />

Jakobsen et Overgaard (2002)<br />

Dépôts <strong>fluvioglaciaire</strong>s et moraines<br />

glaciaires<br />

50, 100, 200<br />

Kostic et al. (2005) Delta glaciolacustre 100<br />

Moller et Vosgerau (2006) Dépôts <strong>fluvioglaciaire</strong>s 100, 200<br />

Olsen et Andreasen (1995) Dépôts <strong>fluvioglaciaire</strong>s 300, 500<br />

Russell et al. (2001) Dépôts supraglaciaires 300<br />

Variations verticales et latérales des vitesses de propagation d’ondes<br />

L’acquisition au radar géologique produit des profils radar dont l’échelle verticale est une<br />

échelle de temps double, correspondant au temps d’aller retour d’une onde entre les antennes en<br />

surface et les interfaces entre milieux de propriétés électromagnétiques différentes. L’obtention d’un<br />

profil radar avec une échelle verticale en profondeur métrique ne se fait qu’en connaissance d’un<br />

profil de vitesse de propagation des ondes électromagnétiques dans les milieux investigués. La<br />

difficulté de cette conversion temps-double/profondeur réelle réside dans le fait qu’elle n’est pas<br />

88


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

linéaire : des variations significatives de vitesse de propagation se produisent verticalement et<br />

latéralement. La présence d’une nappe dans les <strong>dépôt</strong>s étudiés est par exemple à l’origine d’un<br />

contraste fort entre la vitesse de propagation dans la zone non-saturée et la vitesse de propagation<br />

sensiblement plus faible dans la zone saturée, due à la forte permittivité diélectrique de l’eau. Les<br />

variations latérales de vitesses sont liées par exemple à l’hétérogénéité sédimentaire d’un <strong>dépôt</strong>,<br />

résultant en des variations significatives de porosité ou de teneurs en particules fines. Ces variations<br />

sont cependant minimisées dans certains cas, ce qui permet de considérer une vitesse unique<br />

homogène dans le milieu investigué. C’est le cas de nombreux <strong>dépôt</strong>s sédimentaires constitués de<br />

sables et de graviers non-saturés (Neal, 2004). Ainsi, Beres et al. (1995; 1999), Van Dam et al. (2002;<br />

2003), Heinz et Aigner (2003a), Jakobsen et Overgaard (2002), Kostic et al. (2005), Moller et Vosgerau<br />

(2006) utilisent une vitesse de propagation d’ondes constante dans ce type de <strong>dépôt</strong>s. Le Tableau 12<br />

donne des valeurs de vitesses pour ce type de <strong>dépôt</strong>. Les vitesses varient de 0,09 m.ns -1 à 0,12 m.ns -1 .<br />

En ce qui concerne les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s, la valeur de 0,1 m.ns -1 est la plus courante.<br />

Tableau 12 : vitesses de propagation d’ondes électromagnétiques au sein de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires constitués<br />

de sables et graviers non-saturés<br />

Référence Dépôts étudiés<br />

Vitesses de propagation<br />

d’ondes EM (m.ns -1 )<br />

Beres et al. (1995) Dépôts <strong>fluvioglaciaire</strong>s 0,1<br />

Beres et al. (1999) Dépôts <strong>fluvioglaciaire</strong>s 0,1 et 0,12<br />

Heinz et Aigner (2003a) Dépôts <strong>fluvioglaciaire</strong>s 0,1<br />

Huggenberger (1993) Dépôts <strong>fluvioglaciaire</strong>s 0,09/0,1 (hiver) et 0,11 (été)<br />

Jakobsen et Overgaard (2002)<br />

Dépôts <strong>fluvioglaciaire</strong>s et moraines<br />

glaciaires<br />

0,1 et 0,11<br />

Kostic et al. (2005) Delta glaciolacustre 0,12<br />

Moller et Vosgerau (2006) Dépôts <strong>fluvioglaciaire</strong>s 0,12 et 0,13<br />

Olsen et Andreasen (1995) Dépôts <strong>fluvioglaciaire</strong>s 0,1<br />

Van Dam et al. (2003) Dépôts éoliens 0,12<br />

Distorsions, diffractions, et réflecteurs parasites<br />

Une antenne radar émet et reçoit l’énergie électromagnétique dans un cône tridimensionnel<br />

complexe. Les réflecteurs d’un profil radar en 2 dimensions peuvent provenir de n’importe quelle<br />

zone de ce cône tridimensionnel. Ceci a pour effet de produire des réflecteurs dont le pendage est<br />

plus faible que le pendage réel des interfaces géologiques (effet augmentant avec la profondeur), des<br />

diffractions causées par des points diffractant isolés (d’origine naturelle, comme des blocs isolés, des<br />

changements de faciès, des failles et diaclases, ou d’origine humaine, comme des canalisations, des<br />

câbles enterrés), des distorsions des réflecteurs incurvés (mauvais rendu des réflecteurs trop<br />

incurvés), ou des réflecteurs dont l’origine est situé en dehors du plan vertical (Neal, 2004). Ces<br />

réflecteurs, parasites au regard de l’objectif de l’étude, peuvent être supprimés ou corrigés lors de la<br />

phase de traitement du signal, notamment par migration des profils radar (I.2.1.b.iii).<br />

Sensibilité au bruit électromagnétique environnant<br />

Etant donné les larges bandes fréquentielles de réception d’une antenne, le radar géologique<br />

est très sensible aux interférences provenant d’autres sources d’ondes radio, comme les émetteurs<br />

radio et de télévision, les téléphones portables et leurs antennes relais, ou encore les talkie-walkies<br />

(Neal, 2004). Si le bruit environnant ne peut être évité, des filtres fréquentiels peuvent être appliqués<br />

sur les données afin de supprimer les composantes dont l’origine n’est pas l’antenne d’émission.<br />

De plus, un bruit "systématique" peut se produire, le plus commun étant le "ringing noise". Il<br />

s’agit de réflecteurs multiples sous la forme de bandes horizontales de basses fréquences, couvrant<br />

les réflecteurs primaires. Cet effet est fréquent lorsque les câbles utilisés sont métalliques, et peut<br />

89


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

être réduit si des câbles à fibres optiques sont employés. Cet effet se produit également lorsque les<br />

signaux radar font des allers-retours entre les antennes et une couche à conductivité élevée (par<br />

exemple, le toit d’une nappe à salinité élevée).<br />

I.2.1.b. Le radar géologique en sédimentologie<br />

La Figure 46 présente l'évolution du nombre de publications scientifiques portant sur le radar<br />

géologique, ainsi que sur ses applications géologiques en général et sédimentologiques en<br />

particulier. Le début des années 1990 est ainsi marqué par une croissance importante du nombre de<br />

publications portant sur les applications du GPR en sédimentologie. Cette augmentation va de pair<br />

avec le développement de la sédimentologie des aquifères, lié aux préoccupations<br />

environnementales croissantes (contamination des sols et eaux souterraines en milieu alluvionnaire).<br />

Les formations <strong>fluvioglaciaire</strong>s constituent une part importante des formations sédimentaires<br />

investiguées : Neal (2004) recense ainsi 40 publications entre 1991 et 2002 portant sur l’utilisation du<br />

radar géologique en sédimentologie glaciaire et <strong>fluvioglaciaire</strong>, sur un total de 240 publications<br />

portant sur les formations sédimentaires en général (par exemple, fluviatiles, éoliennes, deltaïques).<br />

Ce recensement montre l’intérêt croissant des sédimentologues concernant l’utilisation du GPR. Cet<br />

intérêt s’explique notamment par la bonne capacité du radar géologique à caractériser les<br />

formations sédimentaires à la résolution correspondant aux hétérogénéités sédimentaires étudiées.<br />

Figure 46 : nombre de publications scientifiques produites annuellement entre 1981 et 2001 sur le radar<br />

géologique, ainsi que sur ses applications en géologie et en sédimentologie en particulier. D’après Neal<br />

(Neal, 2004).<br />

I.2.1.b.i. L’origine des réflecteurs dans les <strong>dépôt</strong>s<br />

sédimentaires<br />

Le radar géologique est sensible aux variations du ratio air/eau/sédiments, à la quantité et au<br />

type de fluide occupant les pores du sédiment, aux changements de porosité, de granulométrie, de<br />

forme des grains ainsi que de leur orientation, et à la compaction du <strong>dépôt</strong> sédimentaire (Neal,<br />

2004). Ainsi, les caractéristiques sédimentaires, comme les structures sédimentaires et les limites<br />

lithologiques, mais également le toit de la nappe, sont visibles sur un profil radar (Neal, 2004).<br />

La teneur en eau est le facteur prépondérant affectant les propriétés électromagnétiques de<br />

<strong>dépôt</strong>s sédimentaires non-consolidés (Van Dam, 2001). Ce rôle prépondérant s’explique par les<br />

contrastes de permittivité diélectrique relative importants existant entre l’eau (εr = 80) d’une part, et<br />

90


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

la phase solide (grains sableux, graviers ; εr = 4-6) et l’air (εr = 1) en zone non-saturée d’autre part. La<br />

capacité d’un faciès sédimentaire à retenir l’eau est donc un facteur primordial dans l’explication de<br />

l’origine des réflecteurs radar. Ce facteur dépend notamment de la granulométrie d’un faciès, et plus<br />

particulièrement de sa fraction en particules fines et de l’interconnectivité des pores, ainsi que de sa<br />

teneur en oxydes de fer et en matière organique (Van Dam, 2001).<br />

Figure 47 : exemple de stratification au sein de formations sédimentaires, engendrées par des<br />

changements de : a) composition (présence d’argiles), b) granulométrie (sables et graviers), c) forme des<br />

grains (allongés ou arrondis), d) orientation des grains et e) tassement des grains, et à l'origine de réflecteurs<br />

radar. D’après Neal (2004)<br />

La stratification sédimentaire se traduit par des changements dans la composition du<br />

sédiment, ainsi que des changements de granulométrie, de forme, d’orientation et de compaction ou<br />

arrangement des grains (Figure 47). Ces changements influent sur la porosité, et donc sur la teneur<br />

en eau (Neal, 2004).<br />

Les oxydes de fer sont fréquemment observés dans des <strong>dépôt</strong>s sédimentaires. Ils sont formés<br />

de façon irrégulière au cours de la phase secondaire de diagenèse. Les conditions favorables de<br />

formation de ces oxydes se retrouvent notamment dans la zone de battement de la nappe, ou des<br />

zones caractérisées par une alternance humide et sèche (Van Dam, 2001). Les sous-sols de bassin<br />

d’infiltration, soumis à de fréquentes alternances entre phases humides et phases sèches, sont donc<br />

susceptibles de présenter des horizons d’oxydes de fer pouvant perturber les signaux géophysiques.<br />

Les oxydes de fer ont pour effet de diminuer sensiblement la vitesse de propagation des ondes EM.<br />

Van Dam (2001) mesure par exemple des variations de vitesse de 0,095 m.ns -1 (horizons avec<br />

présence de goethite, teneurs moyennes en fer de 5900 ppm) à 1,133 m.ns -1 (niveaux sans oxydes de<br />

fer, teneurs moyennes en fer de 130 ppm) dans des sables éoliens aux Pays-Bas. Cet effet ne<br />

s’explique pas par une modification des propriétés diélectriques et magnétiques, mais par la bonne<br />

capacité de rétention d’eau des oxydes de fer (Van Dam, 2001). Cette capacité de rétention accrue<br />

s’explique par leur grande surface spécifique par rapport aux grains de sables et graviers, générant<br />

une plus grande quantité d’eau adsorbée sur la phase solide. La croissance des précipités d’oxydes de<br />

fer engendre de plus une microporosité contribuant à la rétention d’eau par capillarité. Ces<br />

réflecteurs peuvent ainsi influencer fortement les radargrammes, notamment lors d’acquisitions<br />

réalisées en conditions sèches, et l’interprétation est rendue difficile car les horizons d’oxydes de fer<br />

sont indépendants de la structure sédimentaire. Les oxydes de fer peuvent soit contribuer à accroître<br />

l’amplitude de certains réflecteurs (horizons d’oxyde de fer parallèles à la stratification<br />

sédimentaire), soit modifier l’inclinaison de réflecteurs liés à la stratification sédimentaire (présence<br />

d’horizons d’oxyde de fer coupant les stratifications sédimentaires, et diminuant les vitesses dans<br />

une partie localisée des couches sédimentaires), être à l’origine d’une atténuation accrue du signal<br />

(de par l’augmentation des teneurs en eau), ou se surimposer aux réflecteurs liés à la structure<br />

sédimentaire et compliquer l’interprétation (Van Dam, 2001).<br />

91


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

De façon similaire, la présence de paléosol ou d’horizon à forte teneur en matière organique<br />

engendre des réflexions radar. Lors d’une phase de désaturation d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire, les<br />

niveaux plus minéraux (le <strong>dépôt</strong> sédimentaire) vont se désaturer plus rapidement que les niveaux à<br />

teneur non-négligeable en matière organique (sols, paléosols). Le contraste de propriétés<br />

diélectriques s’accentue donc lors de l’assèchement d’un <strong>dépôt</strong>, entre les niveaux essentiellement<br />

minéraux et les horizons de sols (Van Dam, 2001). Cette augmentation du contraste de permittivité<br />

diélectrique lors de l’assèchement d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire peut ainsi être utilisée pour localiser des<br />

niveaux de paléosols, ou des niveaux contenant une fraction de matière organique ou une fraction<br />

granulométrique fine plus importante. La comparaison entre des mesures au radar géologique<br />

effectuées en conditions proches de la saturation en eau et en conditions sèches permet de mettre<br />

en évidence les interfaces entre un horizon "organique" et un horizon "minéral". Ces interfaces sont<br />

en effet caractérisées sur un profil radar par une augmentation significative de l’amplitude du<br />

réflecteur relié à l’interface. Dans le cas de bassins d’infiltration, la présence en surface de sédiments<br />

issus du lessivage des surfaces urbaines engendre un colmatage des fonds de bassins d’infiltration.<br />

Ces sédiments peuvent s’infiltrer dans les sous-sols de bassin. Cette couche de sédiments, à teneur<br />

importante en matière organique, peut ainsi être à l’origine de réflecteurs radar d’autant plus<br />

important en amplitude que le sous-sol sera désaturé.<br />

Enfin, des phénomènes de déformation tardive peuvent être à l’origine de réflecteurs<br />

coupant les réflecteurs correspondant à la stratification d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire. Ces déformations<br />

peuvent être liées à des mécanismes glaciotectoniques, conduisant à des structures de déformation<br />

comme des plis, des chevauchements ou des failles. Ces structures peuvent être d’autant plus<br />

marquées sur un profil radar si un paléosol, développé lors d’une phase de retrait du glacier, et<br />

déformé ensuite lors d’une phase de réavancée, est présent dans le <strong>dépôt</strong>. Busby et Merritt (1999) et<br />

Overgaard et Jakobsen (2001) ont ainsi caractérisé par radar géologique des <strong>dépôt</strong>s de marge<br />

glaciaire déformés par glaciotectonisme, et notamment mis en évidence des chevauchements et des<br />

failles associées, des failles normales et inverses et des plis. Busby et Merritt (1999) ont également<br />

caractérisé des structures d’effondrement dues à la fonte de blocs de glace enfouis dans les<br />

sédiments.<br />

I.2.1.b.ii. Concept de stratigraphie radar<br />

Dès le début de l'utilisation du radar géologique en sédimentologie, de nombreux auteurs<br />

ont suggéré que les principes de stratigraphie sismique pourraient être appliqués à l’interprétation<br />

des profils GPR (Neal, 2004). Le terme de stratigraphie radar, se rapportant à la façon d'interpréter<br />

les profils radar réalisés sur des formations sédimentaires, est ainsi apparu pour la première fois au<br />

début des années 1990 (Jol et Smith, 1991). Les principes de la stratigraphie sismique se basent sur le<br />

concept selon lequel les réfecteurs sismiques sont parallèles aux stratifications sédimentaires à la<br />

résolution de l’étude. Ceci est généralement vrai dans la mesure où les sédiments stratifiés<br />

présentent une continuité lithologique – et donc une continuité de propriétés physiques –<br />

parallèlement aux surfaces de <strong>dépôt</strong> plutôt que dans une direction coupant ces surfaces. Ce concept<br />

de base en stratigraphie sismique est applicable à la stratigraphie radar, dans la mesure où les<br />

contrastes physiques définissant les unités sédimentaires sont essentiellement les mêmes, et les<br />

unités ont sensiblement les mêmes formes et structures internes, bien que les échelles considérées<br />

soient très différentes (Neal, 2004). La terminologie employée en stratigraphie radar s'est donc très<br />

fortement inspirée de celle existant en stratigraphie sismique.<br />

La stratigraphie radar peut se définir comme l’étude de la stratigraphie et des faciès de <strong>dépôt</strong><br />

par interprétation des données radar en utilisant les principes de la stratigraphie sismique (Jol et<br />

Bristow, 2003). La stratigraphie radar permet de diviser un profil radar en unités correspondant à des<br />

92


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

phases de sédimentation continues. Les profils radar sont subdivisés en séquences radar, ou<br />

"packages" radar, séparées par des surfaces de discontinuités, appelées surfaces radar (radar<br />

surfaces). Les packages radar sont interprétés en tant qu’unités génétiques de <strong>dépôt</strong><br />

tridimensionnelles (stratigraphies génétiquement liées), dont les frontières correspondent aux<br />

surfaces radar. Ces surfaces radar sont définies par 4 grands types de terminaisons de réflexions :<br />

erosional truncations, toplap, onlap, downlap.<br />

Le terme de faciès radar correspond aux caractéristiques des réflecteurs radar entre les<br />

surfaces radar (Beres et Haeni, 1991; van Overmeeren, 1998; Jakobsen et Overgaard, 2002). Ces<br />

caractéristiques sont la forme, le pendage, la continuité des réflecteurs et les relations entre<br />

réflecteurs. D'autres paramètres peuvent également intervenir, comme l'amplitude des réflexions ou<br />

leur vitesse interne (utilisation du radar géologique en mode CMP). Un faciès radar est associé à une<br />

unité sédimentaire tridimensionnelle, ses caractéristiques diffèrent des unités adjacentes<br />

(Huggenberger, 1993; Jol et Bristow, 2003). La terminologie employée, présentée sur la Figure 48, est<br />

similaire à celle utilisée en sédimentologie.<br />

L’analyse des caractéristiques des surfaces, packages et faciès radar permet une<br />

interprétation directe des conditions paléoenvironnementales et des processus à l’origine des<br />

structures d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire. De la même façon qu’en stratigraphie sismique, la règle générale<br />

de la stratigraphie radar selon laquelle les réflecteurs radar sont parallèles à la stratigraphie<br />

sédimentaire n’est pas toujours vérifiée. Il existe des exceptions, parmi lesquels notamment le<br />

réflecteur généré par le toit de la nappe, les diffractions causées par des blocs ou des discordances<br />

isolées, les signaux liés aux bruits électromagnétiques environnant. Il appartient à la personne<br />

chargée de l’interprétation d’identifier ces réflexions qui ne sont pas liées à la structure<br />

sédimentaire, et d'apporter les corrections nécessaires (Neal, 2004).<br />

Figure 48 : terminologie utilisée pour la description et l’interprétation de radargrammes, en terme de<br />

surfaces, packages et faciès radar. La description fait intervenir les géométries en deux et trois dimensions.<br />

D’après Neal (Neal, 2004).<br />

93


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Séquence de traitement<br />

I.2.1.b.iii. Le traitement et l’interprétation des données<br />

appropriés à une étude sédimentologique<br />

Le but du traitement des signaux géophysiques est d’atténuer les limites inhérentes à une<br />

acquisition par radar géologique afin d’obtenir une information en phase avec la réalité géologique<br />

et sédimentologique et d’avoir une interprétation réaliste (Neal, 2004). Le traitement utilisé est<br />

dépendant de plusieurs facteurs, dont l’objectif poursuivi lors de l’étude, les caractéristiques du site<br />

étudié, le système radar ainsi que les logiciels de traitements utilisés (Neal, 2004).<br />

Considérant la séquence de traitement utilisée par Neal (2004) pour traiter les radargrammes<br />

présentés dans son article de synthèse, les étapes principales d’un traitement de signaux GPR acquis<br />

dans le cadre d’une étude sédimentologique sont (Figure 49) :<br />

- la mise en forme des fichiers d’acquisition, ou profils bruts (correction du sens<br />

d’acquisition, soustraction des traces non-voulues, normalisation en distance, fusion ou<br />

découpe de profils radar) ;<br />

- ajustement de l’onde directe à un temps-double nul ;<br />

- filtre "dewow" (si aucun filtre passe-haut n’est appliqué lors de l’acquisition) ;<br />

- migration (à partir d’une analyse de vitesse réalisée par une acquisition en mode CMP) ;<br />

- correction topographique ;<br />

- gain (Automatic Gain Control ou AGC, gain linéaire).<br />

Le background removal et la phase instantanée d’un signal peuvent également être utilisés<br />

pour des études sédimentologiques.<br />

Figure 49 : séquence de traitement applicable à une étude sédimentologique. D’après Neal (Neal, 2004).<br />

La mise en forme des profils bruts consiste à préparer les fichiers pour les traitements futurs.<br />

Elle peut consister en la suppression de traces parasites, la correction du sens d’acquisition du profil,<br />

la fusion ou la découpe de certains fichiers. Une étape primordiale est la normalisation en distance<br />

des profils radar. Lorsque l’acquisition est effectuée avec un taux d’échantillonnage par unité de<br />

94


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

temps (nombre de scans par seconde), il est nécessaire d’affecter une distance à chaque trace radar<br />

mesurée. La normalisation en distance consiste à définir un nombre de traces par unité de longueur<br />

(par exemple, 40 traces par mètre). Ce nombre est déterminé en fonction de la vitesse de<br />

déplacement de l’opérateur lors de l’acquisition. Une vitesse de déplacement de l’ordre de 0,75 à 1<br />

m.s -1 est généralement prise. Le logiciel de traitement ajuste le nombre de traces afin qu’il<br />

corresponde au nombre imposé.<br />

L’ajustement de l’onde directe à un temps-double nul est nécessaire afin de réaliser une<br />

normalisation en profondeur réaliste. Cet ajustement consiste à aligner le premier réflecteur,<br />

correspondant à l’interface entre l’air et le sol, avec un temps-double nul.<br />

Le filtrage fréquentiel n’est utilisé qu’occasionnellement dans une étude sédimentologique. Il<br />

est utilisé afin de supprimer les composantes fréquentielles bruitant le signal d’intérêt. Un filtre<br />

passe-bas permet par exemple de supprimer le bruit haute-fréquence, dû par exemple à des<br />

émissions d’ondes radio. Le filtre "dewow" (passe-haut), fréquemment utilisé, permet de supprimer<br />

la composante fréquentielle de faible fréquence induit par la saturation du signal de l’antenne<br />

réceptrice (Neal, 2004). L’utilisation de filtre fréquentiel ne doit cependant pas se faire au détriment<br />

de la résolution.<br />

Le background removal consiste à soustraire à chaque trace individuelle la moyenne des<br />

traces d’un profil. Ce traitement a pour but de supprimer les réflecteurs horizontaux, comme<br />

l’interface air-sol ou le ringing noise par exemple. Ce traitement est utile en application<br />

sédimentologique, dans la mesure où il permet notamment de visualiser les réflecteurs proches de la<br />

surface et couverts par le réflecteur de forte amplitude correspondant à l’interface air/sol.<br />

Le traitement de migration a pour objectif de donner aux réflecteurs radar une position<br />

s’approchant de façon plus réaliste de celle des structures géologiques investiguées dans l’espace à<br />

deux dimensions de l’étude (Henry, 1994; Neal, 2004). La migration permet de supprimer les<br />

distorsions géométriques inhérentes à un profil radar sans traitement, comme les diffractions ou les<br />

pendages des couches géologiques. La migration a pour effet de modifier le pendage et la courbure<br />

des réflecteurs radar, et les diffractions engendrées par des points diffractant, comme par exemple<br />

un changement brutal de faciès ou un bloc enfoui de dimension importante par rapport à la<br />

résolution de l’étude (Neal, 2004). Ce type de traitement est nécessaire pour une étude<br />

sédimentologique, dans la mesure où la connaissance de la nature, de la forme et de la géométrie<br />

interne aux unités stratigraphiques est l’objet principal de l’étude. La suppression des diffractions<br />

permet d’avoir un signal géophysique non-"obscurci" et plus facilement interprétable. La correction<br />

des pendages permet d’approcher le pendage réel des couches géologiques investiguée. La migration<br />

permet également d’éviter une mauvaise interprétation due à la distorsion des réflecteurs radar. Le<br />

traitement de migration a cependant pour désavantage de ne pas préserver les amplitudes (Henry,<br />

1994) et d’engendrer un bruit de migration.<br />

Neal (2004) recense les principaux types de migrations, ainsi que leurs avantages et leurs<br />

inconvénients. Pour les études sédimentologiques, la migration de Kirchhoff a été utilisée de façon<br />

concluante (Neal, 2004). La migration ou sommation de Kirchhoff consiste à sommer les amplitudes<br />

le long d’une hyperbole de diffraction théorique, limitée latéralement par une fenêtre de sommation<br />

fixée lors du traitement, et définie par l’équation :<br />

² <br />

<br />

<br />

2<br />

<br />

Les asymptotes des hyperboles sont contrôlées par la vitesse du milieu. Cette vitesse est le<br />

paramètre à ajuster pour réaliser la bonne migration. Le traitement dépend aussi de la largeur de la<br />

95


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

fenêtre glissante utilisée. Cette méthode est adaptée pour des couches géologiques de pendage<br />

important (jusqu’à 90°). Cependant, elle ne permet de prendre en compte que les variations de<br />

vitesse verticales, et non latérales, et est très sensible au choix de la largeur de la fenêtre utilisée<br />

pour la sommation des amplitudes (Neal, 2004).<br />

La transformée de Hilbert peut également être utilisée afin de mesurer la phase instantanée<br />

d’un signal. La phase instantanée permet de mettre l’emphase sur la continuité d’un réflecteur radar.<br />

Ce paramètre est utilisé de façon commune en traitement de sismique réflexion (Yilmaz, 1987) afin<br />

d’affecter une plus grande importance aux réflecteurs d’amplitude faible. La représentation de la<br />

phase instantanée permet de s’affranchir des amplitudes des réflecteurs, seule la phase du signal est<br />

représentée. En application sédimentologique, ce type de traitement est intéressant dans la mesure<br />

où les profils traités sont facilement utilisables pour caractériser les pendages et la continuité des<br />

réflecteurs radar, même les plus faibles en amplitude. Ainsi, même en cas d’atténuation forte du<br />

signal en profondeur, la phase instantanée peut être utilisée pour interpréter les signaux<br />

géophysiques en terme de stratification sédimentaire.<br />

La correction topographique d’un profil consiste à affecter au temps-double nul<br />

(correspondant à l’interface air-sol) de chaque trace radar individuelle une altitude. Cette altitude est<br />

mesurée lors de l’acquisition, par exemple par GPS différentiel ou au théodolite de quelques points<br />

régulièrement répartis sur la grille d’acquisition. Il existe des dispositifs de mesures associés au<br />

système radar, par GPS ou système de roue codeuse.<br />

Enfin, des gains peuvent être appliqués. Ils permettent une meilleure visualisation des<br />

réflecteurs radar, mais modifient profondément l’amplitude du signal reçu. Une fois un gain<br />

appliqué, les amplitudes radar ne doivent donc pas être un critère de distinction entre faciès radar.<br />

Parmi les différents types de gains, le gain AGC (Automatic Gain Control) est fréquemment employé.<br />

Il consiste à appliquer des gains inversement proportionnels à la puissance du signal, et tend ainsi à<br />

égaliser les amplitudes d’un profil radar.<br />

Interprétation des profils GPR<br />

L’interprétation des profils radar est dépendante de l’objectif de l’étude géophysique. Jol et<br />

Bristow (2003) distinguent trois types d’approche : la recherche d’objet enterré, les études<br />

stratigraphiques, et les études sédimentaires. Dans le cas d’une étude stratigraphique,<br />

l’interprétation en terme de stratigraphie radar a pour but d’identifier les surfaces limites entre les<br />

phases de <strong>dépôt</strong>s, afin de reconstituer la chronologie relative de mise en place du <strong>dépôt</strong> étudié. Dans<br />

le cadre d’une étude sédimentaire, l’utilisateur a recours à une combinaison entre une analyse radar<br />

stratigraphique et une interprétation des faciès radar. Les surfaces limites et les réflexions internes<br />

aux unités de <strong>dépôt</strong>s caractérisées doivent être prises en compte (Jol et Bristow, 2003).<br />

L’interprétation des profils radar commence par la mise en évidence des réflecteurs radar<br />

principaux ainsi que leur terminaison. L’analyse de faciès radar consiste ensuite à définir des unités<br />

au sein desquelles les réflecteurs ont des caractéristiques homogènes. Ces faciès radar sont alors<br />

interprétés en terme de structures d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire et associés à des processus de mise en<br />

place des sédiments. L’étude géophysique de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires analogues à celui étudié et dont<br />

la stratification sédimentaire est connue permet de faciliter cette interprétation (Huggenberger,<br />

1993; Huggenberger et al., 1994; Asprion et Aigner, 1999; Beres et al., 1999; Heinz et Aigner, 2003a;<br />

Bersezio et al., 2007).<br />

Lors de l’interprétation, il est nécessaire d’identifier l’origine des réflecteurs radar. Cette<br />

origine peut être liée de façon naturelle aux changements de propriétés physiques du milieu (cf<br />

I.2.1.b.i), mais également due à des interférences consistant soit à des bruits à distribution aléatoire<br />

96


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

(par exemple, signal radio de surface), soit à des échos d’une surface marquée se traduisant par des<br />

réflecteurs multiples (Jol et Bristow, 2003). Des réflecteurs parasites peuvent aussi provenir d’ objets<br />

enterrés (câbles, canalisations enterrés), ou encore de structures à l’extérieur du plan 2D du profil<br />

(Jol et Bristow, 2003). La plupart de ces signaux parasites peut être supprimée par un traitement<br />

approprié.<br />

L’interprétation des profils radar reste la partie la plus subjective de la méthodologie GPR (Jol<br />

et Bristow, 2003). Idéalement, elle doit se faire indépendamment d’autres jeux de données, comme<br />

par exemple des sondages, ou des modèles sédimentaires interprétatifs (Jol et Bristow, 2003). La<br />

confrontation avec des données directes (hard data), comme les sondages, est cependant nécessaire<br />

pour valider cette interprétation.<br />

I.2.1.c. Les faciès radar associés à des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

quaternaires<br />

Le radar géologique a été largement employé pour décrire l’architecture de <strong>dépôt</strong>s<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s, notamment dans la vallée du Rhin (Huggenberger, 1993; Huggenberger et al., 1994;<br />

Beres et al., 1995; Asprion et Aigner, 1997, 1999; Beres et al., 1999; Regli et al., 2002; Kostic et<br />

Aigner, 2007) et au Danemark (Olsen et Andreasen, 1995; Jakobsen et Overgaard, 2002; Moller et<br />

Vosgerau, 2006). Huggenberger (1993) a évalué les coefficients de réflexion associés aux interfaces<br />

entre les principaux lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires, décrits au Chapitre B. Les investigations<br />

2D et 3D fournissent des informations différentes, utilisées pour définir des faciès radar et des<br />

surfaces radar de différentes natures.<br />

I.2.1.c.i. Les coefficients de réflexions associés aux<br />

interfaces entre lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

Huggenberger (1993) évalue les coefficients de réflexion des interfaces entre les différents<br />

lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s de la vallée du Rhin. Ces coefficients ont de<br />

façon générale une valeur plus élevée en conditions saturées qu’en conditions non-saturées. En<br />

conditions non-saturées, les contrastes les plus importants se produisent entre les graviers sans<br />

matrice d’une part, et les graviers sableux bimodaux (coefficient de réflexion de 0,08) et les sables<br />

(coefficient de réflexion de 0,1) d’autre part. Ceci s’explique par les contrastes de propriétés<br />

hydrodynamiques entre les deux types de lithofaciès (structure macroporeuse des graviers sans<br />

matrice s’opposant aux pores plus fins de lithofaciès à forte matrice sableuse ou de lithofaciès<br />

sableux). En conditions saturées, la lithologie contrôle les coefficients de réflexion. Les contrastes les<br />

plus importants sont entre les sables et les graviers bimodaux (coefficient de réflexion de 0,26), les<br />

sables et les graviers gris (coefficient de réflexion de 0,2) et les graviers sans matrice et les graviers<br />

bimodaux (coefficient de réflexion de 0,20).<br />

I.2.1.c.ii. Typologie de faciès radar 2D<br />

Une typologie de 4 faciès radar type est généralement distinguée (Tableau 13). Il s’agit des<br />

faciès à forme général en auge, les faciès à réflecteurs obliques, les faciès à réflecteurs parallèles et<br />

subparallèles, et les faciès "aveugles" ou pauvres en réflecteurs (Beres et al., 1999). Ces faciès ont été<br />

décrits majoritairement dans une direction perpendiculaire à l’écoulement du paléosystème en<br />

tresse.<br />

97


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Tableau 13 : faciès radar en deux dimensions, caractérisés avec une antenne de 50 MHz à partir des travaux<br />

de Beres et al. (1999) et Regli et al. (2002). D’après Regli et al. (2002)<br />

Cette typologie de 4 faciès intègre des caractéristiques générales sur les réflecteurs radar.<br />

Elle est affinée en fonction des caractéristiques des réflecteurs internes au faciès. Huggenberger<br />

(1993) distingue ainsi les faciès obliques tangentiels et les faciès obliques parallèles. Regli et al.<br />

(2002) complètent cette classification par des faciès obliques sigmoïdales. Les faciès parallèles ou<br />

subparallèles sont définis en fonction de leur continuité. Huggenberger (1993) différencie les faciès<br />

parallèles ou subparallèles continus des faciès "humocky" discontinus. Beres et al. (1999) incluent<br />

dans ce dernier type les réflecteurs chaotiques. Regli et al. (2002) distinguent également les<br />

réflecteurs subparallèles obliques. Chaque faciès radar est relié à une configuration de lithofaciès<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s. Les lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s utilisés ont été largement décrits au niveau de <strong>dépôt</strong>s<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s (Chapitre B). La relation entre les faciès radar et les lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s n’est<br />

pas unique : un même faciès radar peut correspondre à plusieurs configurations de lithofaciès<br />

différentes.<br />

Les faciès radar en auge sont fréquents dans les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s. Ces réflecteurs<br />

correspondent à des remplissages de creux d’érosion ou de chenaux, la surface basale est une<br />

surface d’érosion (Huggenberger, 1993). La structure interne est de nature variée, les réflecteurs<br />

correspondent à des alternances entre graviers sableux et graviers sans matrice (gravel couplets),<br />

mais aussi à des graviers gris (lithofaciès Gcm) ou des sables. Les formes en auge des réflecteurs sont<br />

observées dans une direction perpendiculaire au paléoécoulement. Dans les directions parallèles, les<br />

réflecteurs internes aux structures en auge sont inclinés. Ce type de faciès radar a notamment été<br />

décrit par Asprion et Aigner (1999), Jakobsen et Overgaard (2002) et Moller et Vosgerau (2006).<br />

Les faciès radar obliques sont associés à la migration de mésoformes de <strong>dépôt</strong>s. La migration<br />

au sein de creux d’érosion engendre une mésostratification tangentielle à la surface basale d’érosion,<br />

ce qui se traduit par un faciès radar oblique tangentiel. La migration de dunes de graviers produit<br />

98


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

une alternance entre des graviers sans matrice et des graviers sableux bimodaux (gravel couplets).<br />

Les interfaces entre ces deux lithofaciès correspondent à l’un des plus forts coefficients de réflexion<br />

d’ondes EM en zone non-saturée (Huggenberger, 1993). L’amplitude des réflecteurs obliques<br />

associés à cette alternance de lithofaciès est donc élevée. La migration de dunes de graviers est<br />

également à l’origine de réflecteurs obliques parallèles (Huggenberger, 1993). L’interprétation de ce<br />

faciès en tant que progradations dues à la migration de dunes ou de barres de graviers a également<br />

été proposée par Moller et Vosgerau (2006) et Asprion et Aigner (1999). Les faciès oblique tangentiel<br />

et oblique parallèle peuvent être également associés à des accrétions latérales (Huggenberger, 1993;<br />

Huggenberger et al., 1994; Beres et al., 1995). Les faciès obliques sigmoïdales correspondent à des<br />

réflecteurs dont les limites inférieures et supérieures sont tangentielles aux surfaces radar limites<br />

(Regli et al., 2002). Cette structure est associée à des remplissages de creux d’érosion (Huggenberger,<br />

1993). Ce faciès a également été décrit par Beres et Haeni (1991) dans le Connecticut aux Etats-Unis,<br />

et associé à des sables et silts finement stratifiés.<br />

En ce qui concerne les faciès parallèles, les réflecteurs horizontaux et subhorizontaux sont<br />

associés aux laminations internes aux couches de sables ou de silts (Huggenberger, 1993), ou aux<br />

couches de graviers à stratification horizontale (Huggenberger, 1993; Asprion et Aigner, 1997; Beres<br />

et al., 1999). Les faciès à réflecteurs discontinus sont caractérisés en tant que faciès "humocky" ou<br />

chaotiques. Ils indiquent la présence de lithofaciès de graviers sableux (Gcm, (c,b)Gcm,i), dans<br />

lesquels des graviers sans matrice peuvent être intercalés (Beres et al., 1999). Olsen et Andreasen<br />

(1995) décrivent des réflecteurs radar discontinus subhorizontaux, correspondant à des graviers à<br />

stratification horizontale ou massifs déposés en zone proximale et intermédiaire de sandur lors de la<br />

migration de barres de graviers.<br />

Les faciès à faible réflectivité (parfois appelés faciès "aveugles"), homogène et sans<br />

réflecteurs clairement identifiables, correspondent à des couches de graviers sableux<br />

hétérométriques (lithofaciès Gcm, ou graviers gris). Ces couches sont massives (sans stratifications<br />

internes), et des couches de graviers sans matrice peuvent être intercalées et générer des réflecteurs<br />

courts (Huggenberger, 1993). Beres et al. (1999) associent ce type de faciès radar à des graviers<br />

sableux homogènes (lithofaciès Gcm ou (c,b)Gcm,i), ou à des lentilles de sables ou de silts dont la<br />

stratification n’est pas résolue par le radar géologique. Beres et Haeni (1991) décrivent un faciès<br />

aveugle avec des diffractions isolées, et l’associent à des sédiments massifs avec présence de blocs.<br />

I.2.1.c.iii. Les informations apportées par une<br />

investigation 3D : faciès radar de "time<br />

slices" et caractérisation de l’architecture du<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

On distingue généralement les acquisitions 3D et les acquisitions pseudo-3D. Les premières<br />

font référence aux acquisitions sur des grilles à mailles très fines, dont le pas est inférieur au quart de<br />

la longueur d’onde correspondant à la fréquence centrale de l’antenne utilisée. Par exemple, une<br />

acquisition 3D avec une antenne de 250 MHz requiert une maille de 5 à 10 cm (Grasmueck et al.,<br />

2004). Cette méthode est très coûteuse en temps d’acquisition, mais s’avère intéressante pour la<br />

caractérisation très fine des structures sédimentaires sur une parcelle de taille réduite, ou<br />

l’établissement de coupes horizontales de profils radar, ou "time slices". A partir d’une investigation<br />

au radar géologique en trois dimensions, Beres et al. (1999) définissent ainsi une classification des<br />

faciès radar de "time slices". Ils reconnaissent ainsi une typologie basée sur 5 types de faciès<br />

horizontaux, présentés sur la Figure 50.<br />

99


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> aractérisation de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Figure 50 : typologie des coupes horizontales de bloc radar tridimensionnels (time time slices slices) liés aux <strong>dépôt</strong>s<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s glaciaires de la vallée du Rhin. D’après Beres et al. (1999).<br />

Les investigations pseudo pseudo-3D 3D correspondent aux investigations sur des grilles d’acquisition à<br />

mailles orthogonales ne corresp correspondant ondant pas aux critères des acquisitions 3D. Pour l’étude de<br />

l’architecture sédimentaire tridimensionnelle de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s, les mailles d’une étude<br />

pseudo-3D 3D sont typiquement d’ordre métrique (Heinz et Aigner, 2003a; Goutaland et al., 2008).<br />

Figure 51 : exemple d’interprétation de l’architecture tridimensionnelle d’un <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> par<br />

analyse de blocs pseudo-3D 3D d’images radar (acquisition sur une grille de maille de 1 à 5 m). Les unités 2 à 5<br />

correspondent à l’agencement ’agencement complexe de remplissages de creux d’érosion. D’après Heinz et Aigner<br />

(2003a).<br />

Heinz et Aigner (2003a) utilisent les investigations radar en pseudo pseudo-3D 3D afin de caractériser les<br />

éléments architecturaux de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s de la vallée du Rh Rhin. in. Ils distinguent deux types<br />

d’éléments architecturaux principaux : les remplissages de structures d’érosion ("cut-and-fill<br />

elements") ) et les éléments d’accrétion ou d’aggadation (" ("accretionary elements"). "). Les radargrammes,<br />

100


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

mesurés avec un pas de 1 m dans une direction et un pas de 1 à 5 m dans la direction orthogonale,<br />

ainsi que les coupes horizontales obtenues par interpolation, sont utilisées afin de délimiter les<br />

surfaces limites entre éléments architecturaux en trois dimensions. Cette étude permet d’évaluer le<br />

ratio entre les deux types d’éléments architecturaux, ainsi que d’évaluer statistiquement les<br />

dimensions moyennes de ces structures dans différents sites d’étude.<br />

I.2.2. Les autres méthodes géophysiques utilisables sur des <strong>dépôt</strong>s<br />

sédimentaires<br />

L’utilisation de méthodes géophysiques dans des milieux fortement hétérogènes est<br />

problématique dans la mesure où les paramètres pouvant expliquer les données géophysiques ne<br />

sont pas uniques, rendant l’interprétation ambigüe (Garambois et al., 2002). La combinaison de<br />

plusieurs méthodes géophysiques peut améliorer l’interprétation. Des études couplant l’utilisation<br />

du radar géologique et d’autres méthodes géophysiques comme le profilage électrique (par exemple,<br />

Garambois et al., 2002; Yaramanci et al., 2002; Gourry et al., 2003; Bowling et al., 2005; Bersezio et<br />

al., 2007), l’électromagnétique (par exemple, Gourry et al., 2003), la sismique (par exemple,<br />

Garambois et al., 2002) ou la résonance magnétique nucléaire de surface (par exemple, Yaramanci et<br />

al., 1999; Yaramanci et al., 2002) ont permis de caractériser des <strong>dépôt</strong>s sédimentaires. Les méthodes<br />

les plus couramment utilisées sont les méthodes électriques et sismiques. Les méthodes de mesure<br />

de la résistivité électrique sont en effet les plus couramment utilisées pour l’étude des unités<br />

hydrogéologiques (Yaramanci et al., 1999). La vitesse de propagation des ondes sismiques est quant<br />

à elle utilisée afin de détecter des interfaces dans la zone non-saturée (Garambois et al., 2002). La<br />

méthode de profilage électrique (ou panneau électrique) et les méthodes sismiques sont donc<br />

présentées succinctement dans cette partie.<br />

I.2.2.a. Le profilage électrique<br />

I.2.2.a.i. Principe<br />

La résistivité électrique d’un sol dépend essentiellement de ses teneurs en eau, en argile, et<br />

de la salinité de l’eau interstitielle (Reynolds, 1997). La conduction d’un courant électrique se fait<br />

principalement par l’eau contenue dans les pores, ou à l’interface entre les minéraux et l’eau des<br />

pores (conductivité électrique de surface). La résistivité électrique est donc fortement dépendante<br />

de l’hétérogénéité d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire, sa mesure permet d’évaluer les unités<br />

hydrogéologiques le constituant.<br />

La mesure de la résistivité électrique d’un sol se fait soit par prospection électrique active<br />

suite à l’injection d’un courant électrique dans le sous-sol (par exemple, profilage électrique, ou<br />

polarisation provoquée), soit par prospection passive (méthode de potentiel spontané) consistant à<br />

mesurer les courants électriques naturels présents dans le sous-sol (Reynolds, 1997). Nous<br />

n’aborderons que la méthode active de profilage (ou panneau) électrique.<br />

Le profilage électrique consiste à injecter dans le sol un courant électrique continu entre<br />

deux électrodes métalliques plantées en surface (définissant un dipôle d'injection généralement noté<br />

AB), et à mesurer la différence de potentiel induite entre deux autres électrodes, qui définissent un<br />

dipôle de mesure généralement noté MN, réparties sur un profil généralement rectiligne en surface.<br />

Les mesures sont effectuées suivant une séquence prédéfinie dépendant de la configuration choisie<br />

pour les électrodes (cf. I.2.2.a.ii), chaque séquence individuelle correspond à la mesure par un<br />

quadripôle constituée d’une paire d’électrodes d’injection et d’une paire d’électrodes de mesure.<br />

101


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Les valeurs de résistivités apparentes obtenues pour chacun des quadripôles de mesure sont<br />

reportées sur une pseudo-section, représentant les variations de la résistivité apparente du sous-sol<br />

dans le plan vertical défini par la ligne d’électrodes en surface. La résistivité apparente correspond<br />

aux valeurs de résistivité obtenue sur le terrain, et est dépendante de la configuration des<br />

électrodes. Elle correspond à la résistivité d’un terrain homogène qui, pour une configuration<br />

identique des électrodes et un même courant électrique injecté, donnerait la même mesure de<br />

potentiel électrique que le sol hétérogène réel (Reynolds, 1997). Une pseudo-section est obtenue en<br />

reportant les valeurs de résistivité apparente mesurées à une pseudo-profondeur dépendant de<br />

l’écartement des électrodes. Cet écartement détermine donc la profondeur d’investigation, plus il est<br />

important et plus la profondeur d’investigation est élevée.<br />

La coupe verticale représentant les résistivités réelles en fonction de la profondeur est<br />

obtenue par inversion de la pseudo-section de résistivité apparente. L’inversion consiste en un<br />

processus itératif qui tente de minimiser l’écart entre la pseudo-section mesurée et une pseudosection<br />

calculée à partir d’un modèle de résistivité électrique (Reynolds, 1997). La minimisation des<br />

écarts se fait généralement par la méthode des moindres carrés. Le modèle de résistivité obtenu<br />

après inversion n’est pas unique, d’autres solutions peuvent représenter correctement la résistivité<br />

réelle du sol. L’inversion a tendance à lisser les contrastes de résistivité.<br />

Cette méthode permet de fournir des coupes verticales (2D) des résistivités du sous-sol. Il est<br />

également possible de fournir des blocs de résistivité en 3 dimensions, par acquisition d’une<br />

séquence de profils électriques 2D parallèles entre eux, ou par acquisition 3D sur une grille<br />

d’acquisition en 2D en surface (Rubin et Hubbard, 2005).<br />

I.2.2.a.ii. Dispositifs d’acquisition<br />

Figure 52 : dispositifs d’acquisition de panneau électrique les plus couramment utilisés, et diagramme de<br />

sensibilité associé. AB est le dipôle d’injection, MN est le dipôle de mesure, a est la distance minimale entre<br />

deux électrodes.<br />

102


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Il existe plusieurs dispositifs d’acquisition, associés à la configuration des dipôles d’injection<br />

et de mesure au cours d’une prospection électrique. Les plus couramment utilisés sont les dispositifs<br />

Wenner, Schlumberger, et Dipôle-Dipôle. Ces dispositifs sont présentés sur la Figure 52. Reynolds<br />

(1997) propose des critères de comparaison des dispositifs afin de mettre en avant les avantages et<br />

les inconvénients de chaque méthode. Ceux-ci sont notamment associés à la contribution de chaque<br />

élément de volume du sous-sol à la différence de potentiel mesurée, ou fonction de sensibilité<br />

(Figure 52). Le dispositif Wenner a par exemple une bonne résolution verticale (due aux contours<br />

horizontaux de la fonction de sensibilité), mais sa profondeur d’investigation est faible par rapport<br />

aux autres méthodes. Le dispositif Dipôle-Dipôle permet une plus grande profondeur d’investigation,<br />

mais ce dispositif a une faible résolution verticale, du fait de l’orientation essentiellement verticale<br />

des contours de la fonction de sensibilité. Sa résolution horizontale est cependant meilleure que le<br />

dispositif Wenner. Le dispositif Wenner-Schlumberger (configuration particulière d’un dispositif<br />

Wenner) offre un compromis entre les deux autres méthodes en terme de résolution verticale et<br />

horizontale, ainsi qu’en profondeur d’investigation.<br />

I.2.2.a.iii. Application de la résistivité électrique pour la<br />

caractérisation d’hétérogénéités<br />

sédimentaires<br />

Le profilage électrique peut être utilisé pour la détection d’éléments architecturaux de<br />

<strong>dépôt</strong>s alluvionnaires. Baines et al. (2002) et Gourry et al. (2003) ont ainsi montré l’utilité de cette<br />

méthode afin de détecter la géométrie interne de <strong>dépôt</strong>s alluvionnaires, dont des remplissages<br />

sablo-graveleux de chenaux (Baines et al., 2002), et des paléochenaux fluviatiles (Gourry et al., 2003).<br />

La stratification et les changements de texture internes aux éléments architecturaux ne peuvent<br />

cependant pas être résolus (Bersezio et al., 2007). Le profilage électrique fonctionne aussi bien sur<br />

des <strong>dépôt</strong>s sédimentaires résistifs (sables et graviers "propres") que conducteurs (silts et argiles)<br />

(Baines et al., 2002). Cependant, les contrastes dans les <strong>dépôt</strong>s alluvionnaires se font principalement<br />

entre les sédiments grossiers, c’est-à-dire les sables et graviers, et les sédiments fins, composés<br />

essentiellement de silts et d’argiles (Bersezio et al., 2007).<br />

Tableau 14 : valeurs typiques de résistivité électrique pour différents matériaux et types de <strong>dépôt</strong>s<br />

sédimentaires. D’après Reynolds (1997).<br />

Type de sol<br />

Gamme de variations de<br />

résistivité électrique (Ω.m)<br />

Eau douce 20 – 100<br />

Eau salée < 10<br />

Glace > 5.10 4<br />

Argiles 4 – 150<br />

Sables secs 80 – 1050<br />

Sables saturés 20 -200<br />

Graviers 100 (saturés) – 1400 (secs)<br />

Sables et graviers 30 – 225<br />

Sables quaternaires/récents 50 – 100<br />

Alluvions 10 – 800<br />

Till 15 – 50<br />

Moraine 10 – 5000<br />

Le Tableau 14 présente des valeurs types de résistivité électrique de différents matériaux et<br />

types de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires. La méthode demande un fort contraste de propriétés résistives entre<br />

les unités à caractériser, afin que celles-ci soient clairement identifiées. Dans le cas des <strong>dépôt</strong>s<br />

alluvionnaires <strong>fluvioglaciaire</strong>s, dépourvus de fines, les contrastes se font principalement entre les<br />

103


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

lithofaciès à dominante sableuse et à dominante graveleuse. Les valeurs du Tableau 14 montrent que<br />

les gammes de variations de résistivité des sables et des graviers sont proches. En conditions nonsaturées,<br />

les graviers peuvent cependant avoir une résistivité électrique plus élevée que celle des<br />

sables. De plus, les contrastes lithologiques entre lithofaciès sableux ou à matrice sableuse et<br />

lithofaciès de graviers sans matrice peuvent engendrer des contrastes importants de porosité et<br />

donc de teneur en eau, renforçant ainsi les contrastes de résistivité. De la même façon que pour le<br />

radar géologique, les contrastes de propriétés hydrodynamiques peuvent ainsi avoir un effet<br />

important sur la distribution des résistivités électriques.<br />

Le profilage électrique a souvent été associé au radar géologique pour la caractérisation des<br />

hétérogénéités de subsurface. Bowling et al. (2005, 2007) utilisent ces deux méthodes afin de définir<br />

un modèle géologique conceptuel de <strong>dépôt</strong>s alluvionnaires dans le Mississipi aux Etats-Unis. Ils<br />

distinguent notamment des <strong>dépôt</strong>s de rivières en méandres et des <strong>dépôt</strong>s de rivière en tresse (Figure<br />

53). Cette interprétation est confirmée par des profils de sismique réflexion (le réflecteur R1 de la<br />

Figure 53c correspond à l’interface entre ces deux types de <strong>dépôt</strong>s alluvionnaires). Bersezio et al.<br />

(2007) ont montré que l’utilisation couplée d’une imagerie géophysique par radar géologique,<br />

panneau électrique (dispositif dipôle-dipôle) et sondages électriques verticaux, avec une analyse<br />

sédimentologique de <strong>dépôt</strong>s analogues, permet l’identification des unités stratigraphiques de <strong>dépôt</strong>s<br />

alluvionnaires de rivière en méandres à l’échelle des éléments architecturaux (chenaux, barres,<br />

<strong>dépôt</strong>s de berge).<br />

Figure 53 : exemple d’étude couplant a) une étude sédimentologique et plusieurs méthodes géophysiques :<br />

b) radar géologique, c) sismique réflexion, c) panneau électrique (Bowling et al., 2005; Bowling et al., 2007).<br />

Cette étude permet notamment de distinguer des <strong>dépôt</strong>s de rivière en méandres (entre 0 et 3-4 m de<br />

profondeur) et des <strong>dépôt</strong>s de rivière en tresse (profondeurs supérieures à 3-4 m ; interface entre les deux<br />

typres de <strong>dépôt</strong> correspondant au réflecteur R1 de la figure c). D’après Bowling et al. (2007).<br />

I.2.2.b. Méthodes sismiques<br />

La mesure des variations de la vitesse de propagation des ondes sismiques dans les sols peut<br />

être utilisée pour caractériser les interfaces des différentes unités constituant un <strong>dépôt</strong><br />

sédimentaire. Ces vitesses sont déterminées par méthodes sismiques, mesurant la déformation<br />

mécanique d’un sol consécutive à la propagation d’une onde sismique.<br />

104


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Le principe des méthodes sismiques consiste à générer un système d’ondes élastiques qui se<br />

propagent dans le sol, à partir d’un ébranlement (source sismique) naturel ou provoqué, en surface<br />

ou souterrain. Les ondes sismiques générées se réfléchissent, se réfractent ou diffractent sur des<br />

interfaces de discontinuité de vitesses sismiques. Des géophones placés en surface recueillent la<br />

réponse du sol investigué (Henry, 1994).<br />

Parmi les ondes sismiques, on distingue les ondes de volume (ondes P et S) et les ondes de<br />

surfaces (ondes de Rayleigh et de Love). Les ondes de surface sont notamment utilisées pour la<br />

technique sismique d’inversion des ondes de surface. Les ondes principalement utilisées en<br />

méthodes sismiques sont les ondes de volume.<br />

Les ondes P sont des ondes de compression, dont la propagation se traduit par une<br />

succession de compression et de dilatation du milieu soumis à l’onde mécanique. Les ondes de<br />

compression vibrent dans le sens de propagation (ondes longitudinales). Les ondes S sont des ondes<br />

de cisaillement, dont la propagation entraîne une déformation du milieu dans une direction<br />

perpendiculaire à l’incidence de l’onde (ondes transversales). Nous n’évoquerons que la sismique en<br />

onde de compression. Le Tableau 15 récapitule les gammes de variations d’onde P pour différents<br />

matériaux et types de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires. Les gammes de variations des vitesses entre les<br />

différents types de sédiments clastiques se recoupent, rendant l’interprétation non univoque et<br />

difficile sans l’apport d’informations fournies par d’autres méthodes géophysiques.<br />

Tableau 15 : valeurs typiques de vitesses sismiques d’ondes P pour différents matériaux et types de <strong>dépôt</strong>s<br />

sédimentaires. D’après Reynolds (1997).<br />

Type de sol<br />

Gamme de variations de<br />

vitesses d’ondes P (m.s -1 )<br />

Air 330<br />

Eau 1450 – 1530<br />

Glace 3000 – 4000<br />

Argiles 1000 - 2500<br />

Sables secs 200 – 1000<br />

Sables saturés 1500 – 2000<br />

Graviers 1000 – 2500<br />

Sables et graviers 400 – 2300<br />

Alluvions 1800 – 2000<br />

Till 800 – 2300<br />

Moraine 1500 – 2700<br />

Les méthodes sismiques sont classées en fonction de l’incidence de l’onde sismique émise.<br />

Les méthodes de sismique réflexion et de sismique réfraction sont distinguées. La sismique réflexion<br />

consiste à mesurer en surface les signaux réfléchis sur les interfaces séparant des zones de vitesses<br />

différentes, suivant la loi de Snell analogue à la loi optique de Descartes. Le résultat est un profil<br />

sismique représentant les principales interfaces en fonction du temps double d’aller-retour des<br />

ondes sismiques. Cette méthode ne permet pas cependant d’avoir une résolution verticale suffisante<br />

pour détecter les unités stratigraphiques submétriques de la proche surface. Pour la caractérisation<br />

des hétérogénéités de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires à l’échelle méso- à macroscopique, la sismique réflexion<br />

demande l’utilisation de sources haute-fréquence. Les sources sismiques haute-fréquence produisent<br />

généralement des ondelettes sismiques de fréquence inférieures à 300 MHz, ce qui entraîne une<br />

résolution verticale pour un <strong>dépôt</strong> sédimentaire non consolidé à vitesse de propagation de 500 m.s -1<br />

de l’ordre de 50 cm (Bowling et al., 2007). Cette résolution s’avère insuffisante pour l’étude de la<br />

stratification sédimentaire de <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> par exemple. L’utilisation d’une source hautefréquence<br />

est de plus limitée par la filtration naturelle du sol (absorption du signal en profondeur).<br />

Cette méthode n’est donc généralement pas utilisée pour la caractérisation de la structure de <strong>dépôt</strong><br />

sédimentaire à l’échelle méso- à macroscopique.<br />

105


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

D’après la loi de Snell, une onde sismique incidente est réfractée à l’interface entre deux<br />

matériaux de vitesse sismique contrastante si l’angle d’incidence atteint une valeur critique à<br />

l’origine d’une onde se déplaçant au niveau de cette interface. La méthode de sismique réfraction est<br />

basée sur la propagation des ondes réfractées. Cette méthode nécessite un gradient de vitesses de<br />

propagation avec la profondeur (nécessaire à l’existence d’un angle critique). Ce gradient explique<br />

que les ondes réfractées correspondent aux premières arrivées sur un enregistrement sismique<br />

(propagation plus rapide de l’onde sur le toit du milieu inférieur). On recueille des dromochroniques,<br />

c’est-à-dire des courbes temps-distances, dont les pentes sont inversement proportionnelles aux<br />

vitesses de propagation dans le milieu. La sismique réfraction est préférentiellement utilisée pour les<br />

investigations de la proche surface (Reynolds, 1997; Rubin et Hubbard, 2005; Bowling et al., 2007).<br />

Cette méthode est très utile pour identifier les interfaces majeures de la subsurface comme par<br />

exemple les toits de nappe ou la base d’aquifères, et est très adaptée aux <strong>dépôt</strong>s à stratifications<br />

subhorizontales. Bowling et al. (2007) utilise ainsi la sismique réfraction en complément du radar<br />

géologique et du profilage électrique, afin de caractériser les interfaces majeures internes à un <strong>dépôt</strong><br />

alluvionnaire. La sismique réfraction permet notamment de déterminer l’interface entre des <strong>dépôt</strong>s<br />

fluviatiles en méandre et des <strong>dépôt</strong>s de système en tresse (Figure 53). Sass (2006) couple également<br />

le radar géologique, le profilage électrique et la sismique réfraction afin de caractériser la structure<br />

interne d’un cône de déjection. La connaissance des vitesses de compression apporte une<br />

information complémentaire sur la nature des <strong>dépôt</strong>s et la détection du bedrock.<br />

Les méthodes sismiques n’offrent qu’une résolution limitée ne permettant pas de<br />

caractériser les structures stratigraphiques à l’échelle submétrique (par exemple, les paléochenaux<br />

ou les barres de graviers), et restent difficiles à relier à la lithologie (Bowling et al., 2007). Couplées à<br />

d’autres méthodes géophysiques, les méthodes sismiques fournissent cependant des informations<br />

complémentaires sur la stratigraphie d’un <strong>dépôt</strong> à l’échelle mégascopique.<br />

I.3. Conclusion et choix méthodologiques<br />

L’approche couramment utilisée en <strong>hydrogéophysique</strong>, consistant à obtenir une information<br />

continue sur la répartition des unités hydrogéologiques par combinaison de données directes<br />

ponctuelles, obtenues notamment par une étude sédimentologique menée localement à l’échelle<br />

d’étude, et de données indirectes continues, mesurées par méthodes géophysiques, a largement été<br />

employée pour la caractérisation de l’architecture sédimentaire tridimensionnelle et la répartition<br />

des unités hydrogéologiques de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires (Asprion et Aigner, 1999; Beres<br />

et al., 1999; Heinz et Aigner, 2003a; Kostic et al., 2005). L’étude sédimentologique réalisée au niveau<br />

du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais a ainsi permis d’obtenir des données directes sur<br />

l’architecture sédimentaire de ce <strong>dépôt</strong> (étude sédimentologique du Chapitre B). Sur la base de<br />

l’approche <strong>hydrogéophysique</strong> définie ci-dessus, ces données peuvent être couplées à des mesures<br />

géophysiques, afin de caractériser la répartition structurale des hétérogénéités sédimentaires du<br />

<strong>dépôt</strong> sédimentaire. Nous avons donc orienté notre étude suivant cette approche.<br />

Parmi les méthodes géophysiques utilisées pour la caractérisation <strong>hydrogéophysique</strong>, le<br />

radar géologique, ou Ground-Penetrating Radar (GPR) est la méthode qui a le plus largement été<br />

utilisée sur des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s. Ceci s’explique notamment par la faible atténuation des<br />

ondes électromagnétiques dans ce type de <strong>dépôt</strong>, dépourvu de la fraction granulométrique siltoargileuse,<br />

ainsi que de la résolution verticale fine pouvant être atteinte par cette méthode<br />

(résolution décimétrique avec une antenne de 400 MHz). Dans le cas de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires, les<br />

réflecteurs GPR sont principalement associés aux variations de teneur en eau, du fait de la valeur<br />

élevée de la permittivité électrique de l’eau par rapport aux sédiments et à l’air. La teneur en eau est<br />

directement corrélée à la stratification sédimentaire d’un <strong>dépôt</strong>, caractérisé par des changements de<br />

106


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

granulométrie, forme, orientation et arrangement des grains, mais également à d’autres variables<br />

secondaires comme la teneur en oxydes de fer ou la présence d’horizons à teneur en matière<br />

organique élevée. Le radar géologique est ainsi utilisable pour caractériser la structure sédimentaire<br />

d’un <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> aux échelles méso- à macroscopique. Les antennes les plus couramment<br />

utilisées pour la caractérisation de l’architecture d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire sont les antennes de 100 à<br />

300 MHz (Tableau 11). L’utilisation d’antennes de fréquence plus élevée permet une meilleure<br />

résolution verticale. L’interprétation de profils radar en terme de stratigraphie radar permet de<br />

définir des faciès radar, corrélables à des configurations de lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s (Tableau 1).<br />

Parmi ceux-ci, les graviers sans matrice sont ceux qui engendrent le plus fort coefficient de réflexion<br />

en zone non-saturée. Les principales structures <strong>fluvioglaciaire</strong>s, comme par exemple les remplissages<br />

de creux d’érosion ou les barres de graviers, sont identifiables par radar géologique.<br />

D’autres méthodes géophysiques peuvent également être utilisées pour caractériser<br />

l’architecture de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires. Le profilage électrique mesure les variations de résistivité<br />

électrique d’un sol. Dans le cas de <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, les contrastes de résistivité se font<br />

principalement entre les lithofaciès à dominante sableuse et les lithofaciès essentiellement<br />

constitués de graviers. Les méthodes de sismique réflexion haute résolution et de sismique réfraction<br />

ont également été utilisées, mais leur résolution n’est pas assez fine pour caractériser l’architecture<br />

sédimentaire à l’échelle méso- ou macroscopique. La combinaison de ces méthodes géophysiques<br />

avec le radar géologique permettent de limiter le problème de non-unicité des relations entre<br />

mesures géophysiques et unités sédimentaires, par l’apport d’informations complémentaires à celle<br />

obtenue sur la stratification sédimentaire par radar géologique. Le profilage électrique apporte ainsi<br />

une information sur la lithologie d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire, que n’apportent pas le radar géologique et<br />

les méthodes sismiques. Les méthodes sismiques apportent quant à elle une information sur les<br />

interfaces majeures d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire, à l’échelle mégascopique.<br />

Enfin, l’acquisition de plusieurs profils géophysiques adjacents à partir de grilles d’acquisition<br />

à mailles orthogonales permet de construire des blocs pseudo-3D ou 3D radar, ou des blocs de<br />

résistivité en 3 dimensions, qui permettent de caractériser l’architecture tridimensionnelle de <strong>dépôt</strong>s<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s (Heinz et Aigner, 2003a).<br />

De cette étude bibliographique, il ressort donc que le radar géologique est un outil<br />

d’investigation géophysique privilégié pour l’étude de <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> aux échelles<br />

mésoscopique (caractérisation de la configuration des lithofaciès) et macroscopiques (caractérisation<br />

des éléments architecturaux en 2D et 3D). Cette méthode a donc été utilisée pour caractériser le<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais. Les méthodes de profilage électrique et de sismique réfraction<br />

ont également été testées sur le bassin d’infiltration, afin de disposer de données géophysiques<br />

complémentaires à celles du radar géologique. Notons ici que nous ne présenterons pas les résultats<br />

concernant la sismique réfraction. La bonne profondeur d’investigation de cette méthode a permis<br />

de confirmer la profondeur du niveau statique de la nappe, entre 12 et 13,5 m de profondeur sous la<br />

surface du bassin d’infiltration. Mais la faible résolution n’a pas permis de résoudre l’hétérogénéité<br />

sédimentaire aux échelles méso- à macroscopiques.<br />

En ce qui concerne le radar géologique, nous avons testé différentes antennes, afin d’évaluer<br />

le pouvoir de résolution de chacune d’elle pour la détermination de la répartition des lithofaciès.<br />

Compte-tenu des antennes utilisés par d’autres auteurs et des antennes à disposition, nous avons<br />

orienté notre choix vers une antenne de 200 MHz, ainsi que vers deux autres antennes de fréquences<br />

plus élevées de 400 MHz et de 900 MHz.<br />

Enfin, les mesures géophysiques ont été réalisées sur des grilles d’acquisition orthogonales,<br />

de façon à définir des blocs pseudo-3D utilisables pour la caractérisation tridimensionnelle de<br />

l’architecture sédimentaire du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>.<br />

107


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

II. Matériels et méthodes<br />

II.1. Méthode<br />

L’objectif est de définir, à partir d’une investigation géophysique, un modèle stratigraphique<br />

du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> à une échelle réduite représentative de l’ouvrage d’infiltration, traduisant les<br />

hétérogénéités sédimentaires aux échelles mésoscopiques (lithofaciès) et macroscopiques (éléments<br />

architecturaux). Deux méthodes géophysiques, le radar géologique et la résistivité électrique, ont été<br />

utilisées. Dans un premier temps, un calibrage des signaux géophysiques à partir des descriptions<br />

sédimentologiques des parois d’excavation a été réalisé. Ce calibrage a notamment permis de définir<br />

une typologie de faciès géophysiques. Cette typologie a ensuite été utilisée afin de définir un modèle<br />

stratigraphique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Ce modèle a nécessité une validation, effectuée par<br />

comparaison de profils radar synthétiques avec les profils radar mesurés expérimentalement. La<br />

méthodologie suivie est représentée schématiquement sur la Figure 54.<br />

Comparaison des formes de <strong>dépôt</strong><br />

décrites sur les parois d’excavation<br />

des zones A et B avec les profils<br />

géophysiques correspondant<br />

Investigation géophysique sur les<br />

grilles d’acquisition fines en arrière<br />

des parois d’excavation<br />

Calibrage local des signaux géophysiques en<br />

fonction des caractéristiques des formes de<br />

<strong>dépôt</strong> en 2D et 3D<br />

Investigation d’une zone non connue<br />

d’un point de vue sédimentaire<br />

Figure 54 : méthodologie utilisée pour la définition d’un modèle stratigraphique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

étudié à une échelle réduite représentative de l’ouvrage d’infiltration<br />

108<br />

Interprétation des profils géophysiques<br />

mesurés sur la grille d’acquisition à partir<br />

des formes de <strong>dépôt</strong> décrites sur les parois<br />

d’excavation des zones A et B et des profils<br />

géophysiques correspondant<br />

Interprétation des signaux géophysiques en terme<br />

d’éléments architecturaux et de lithofaciès<br />

Modèle stratigraphique 3D<br />

Modélisation des signaux à partir du modèle stratigraphique et comparaison<br />

avec les signaux mesurés<br />

OUI<br />

concordance ?<br />

Modèle stratigraphique validé<br />

NON


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

II.1.1. Calibrage des signaux géophysiques<br />

Le calibrage des signaux géophysiques a pour objectifs la normalisation des profils radar en<br />

profondeur, et la traduction des signaux géophysiques en terme de forme de <strong>dépôt</strong> sédimentaire<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> aux échelles méso et macroscopique.<br />

La normalisation en profondeur des profils radar correspond à la conversion de l’unité<br />

verticale initiale en temps-double (exprimée en ns) en unité verticale métrique. Cette conversion<br />

revient à estimer la vitesse de propagation des ondes électromagnétiques dans le <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>. Cette vitesse est dépendante des propriétés physiques des lithofaciès. Idéalement, et<br />

compte-tenu de l’hétérogénéité lithologique, il serait nécessaire d’estimer les profils de vitesse de<br />

façon dense sur l’ensemble des profils, par méthode CMP. Nous avons fait l’hypothèse simplificatrice<br />

d’une vitesse de propagation homogène dans l’ensemble du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Cette vitesse a été<br />

estimée par confrontation des profils radar obtenus au droit des parois d’excavation creusées a<br />

posteriori de l’investigation géophysique. Des réflecteurs radar caractéristiques ont été corrélés à<br />

des interfaces sédimentaires clairement identifiées sur les parois des excavations des zones A et B.<br />

Une vitesse moyenne a ainsi été définie. Cette vitesse a été comparée aux vitesses estimées en deux<br />

points du bassin par méthode CMP, afin d’évaluer la pertinence de la méthode.<br />

D’autre part, le calibrage permet d’associer des faciès géophysiques aux caractéristiques<br />

sédimentaires des lithofaciès et des éléments architecturaux du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Un faciès<br />

géophysique se définit comme une unité de caractéristiques géophysiques homogènes. Ces<br />

caractéristiques sont dépendantes des propriétés physiques du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, et sont donc<br />

associées aux caractéristiques sédimentaires. Chaque méso et macrostructure <strong>fluvioglaciaire</strong> va ainsi<br />

générer un faciès géophysique particulier. Nous avons établi une typologie de ces faciès<br />

géophysiques, en se basant sur la délimitation en trois dimensions de ces faciès et des<br />

caractéristiques internes à ces faciès. Cette typologie a été associée aux formes et environnements<br />

de <strong>dépôt</strong>s caractérisés lors de l’étude sédimentologique.<br />

II.1.2. Détermination de modèles stratigraphiques du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong><br />

La typologie définie à l’étape précédente a pour but d’interpréter les signaux géophysiques<br />

en fonction des caractéristiques sédimentaires locales du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Les mesures<br />

géophysiques réalisées sur des zones réduites en surface du bassin d’infiltration peuvent ainsi être<br />

traduites en modèles stratigraphiques du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, représentatifs du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> sous l’ensemble du bassin d’infiltration. Ces modèles représentent l’architecture du<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, à savoir l’agencement spatial des éléments architecturaux et la répartition ainsi<br />

que la stratification des lithofaciès internes à ces éléments architecturaux.<br />

Chaque modèle nécessite une validation. Celle-ci a été effectuée par comparaison de profils<br />

radar synthétiques avec les profils radar mesurés expérimentalement. Les géométries des modèles<br />

stratigraphiques servent d’entrée pour la modélisation des réflecteurs radar. Cette modélisation<br />

nécessite d’affecter des propriétés électriques à chaque lithofaciès. La comparaison entre profils<br />

synthétique et mesuré permet de vérifier la compatibilité des modèles stratigraphiques avec les<br />

mesures géophysiques. Un modèle stratigraphique peut ainsi être validé. Les géométries des<br />

modèles validés serviront d’entrée pour la modélisation des écoulements dans un volume<br />

représentatif de la zone non-saturée du bassin d’infiltration.<br />

109


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

II.2. Grilles d’acquisition<br />

Une grille à maille grossière (5 m), ainsi que trois grilles à mailles fines (entre 1 et 1,5 m),<br />

dont deux jouxtant les excavations réalisées dans le bassin, ont été utilisées pour les investigations<br />

géophysiques. Ces grilles sont représentées sur la Figure 55.<br />

Figure 55 : schéma du bassin d’infiltration DjR et emplacement des grilles d’acquisition A, B et C pour les<br />

mesures géophysiques. La grille large de 5 m n’est pas représentée. Les grilles A et B sont situées chacune en<br />

arrière d’une excavation, afin de calibrer les signaux géophysiques aux hétérogénéités sédimentaires.<br />

L’emprise des excavations sur les grilles d’acquisition est représentée.<br />

II.2.1. Bassin d’infiltration<br />

Une grille d’acquisition de maille carrée de 5 m de côté a été définie pour l’investigation<br />

géophysique sur la totalité de la surface du bassin d’infiltration (1 ha environ). Cette grille est<br />

composée de 27 lignes d’acquisition orientées Nord-Sud (NS), auxquels ont été affectées les lettres A<br />

à Z puis AA d’Est en Ouest, et 33 lignes d’acquisition orientées Est-Ouest (EO), numérotées de 1 à 33<br />

du Nord vers le Sud.<br />

Les résultats présentés dans le cadre de la thèse correspondent à l’échelle de parcelles<br />

réduites du bassin (zones A, B et C présentées ci-dessous, échelle métrique à plurimétrique). Les<br />

résultats correspondant à la grille d’acquisition de maille de 5 m de côté (échelle large du bassin)<br />

ne seront pas présentés.<br />

II.2.2. Zone A<br />

Une grille d’acquisition fine de maille carrée de 1 m de côté a été définie dans la zone A du<br />

bassin DjR. Cette grille est située en arrière de la paroi d’excavation décrite (côté ouest de<br />

l’excavation). Cette grille est composée de 11 profils NS (longueur limitée par le talus du bassin,<br />

110


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

variant de 18 m à 30 m) et 26 profils EO (longueur limitée par le talus du bassin, variant de 3 m à 10<br />

m). Par rapport à la grille de maille 5 m, cette grille est située entre les lignes W et Z orientées NS, et<br />

les lignes 1 et 6 orientées EO.<br />

Les résultats présentés correspondent à une aire limitée de la zone d’étude, de dimensions<br />

15 m x 8 m (surface de 120 m²), et orientée à 18° N, parallèlement à la tranchée.<br />

II.2.3. Zone B<br />

Une grille d’acquisition fine de maille rectangulaire a été définie dans la zone B du bassin DjR.<br />

L’espacement entre deux lignes consécutives est de 1 m NS et de 1,5 m EO. Cette grille est composée<br />

de 11 profils NS (longueur totale de 6 m) et 7 profils EO (longueur totale de 15 m). Elle occupe une<br />

surface de 90 m². Cette grille ayant été utilisée en avril 2004, un an avant les mesures au GPS<br />

différentiel des mailles des autres grilles (réalisées en mai 2005), le recalage de la grille de la zone B<br />

sur la grille de maille 5 m est plus approximatif. Cette grille se situe approximativement entre les<br />

lignes C et F orientées NS, et les lignes 9 et 11 orientées EO.<br />

II.2.4. Zone C<br />

Figure 56 : emplacement des zones d’étude réduites nord et ouest sur la grille C<br />

Une grille d’acquisition fine de maille carrée de 1 m de côté a été définie dans la zone C du<br />

bassin DjR. Cette grille est composée de 16 profils NS (longueur limitée par le talus du bassin, variant<br />

de 10 m à 15 m) et 16 profils EO (longueur limitée par le talus du bassin, variant de 13 m à 15 m). Par<br />

rapport à la grille de maille 5 m, cette grille est située entre les lignes A et D orientées NS, et les<br />

lignes 26 et 29 orientées EO. Cette grille contient en partie centrale le puits de mesure situé au sud<br />

111


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

du bassin d’infiltration. L’emprise du puits est de 8 m², entre les lignes EO x = 4 m et x = 8 m, et les<br />

lignes NS y = 5 m et y = 9 m de la Figure 56.<br />

Une zone réduite de 15 m x 5 m, correspondant à la partie la plus au nord de la grille C a été<br />

définie. Cette zone, appelée zone nord, est orientée à 115° N. Une autre zone réduite de 8 m x 4 m a<br />

été définie à l’ouest du puits de mesure. Cette zone, appelée zone ouest, est orientée à 25 ° N. Ces<br />

deux zones sont localisées sur la Figure 56.<br />

II.3. Investigation géophysique<br />

Les méthodes géophysiques utilisées sont le radar géologique et le profilage électrique. Nous<br />

rappelons que les résultats concernant la méthode de sismique réfraction, testée sur le bassin mais<br />

n’ayant pas apporté d’informations pertinentes à l’échelle de l’étude, ne seront pas présentés dans la<br />

thèse.<br />

II.3.1. Radar géologique<br />

II.3.1.a. Acquisition<br />

Les mesures au radar géologique ont été effectuées sur l’ensemble des grilles d’acquisition<br />

(grille à maille grossière de 5 m, grilles à mailles fines de 1m).<br />

Les investigations réalisées en 2004 (grille B) ont été effectuées à l’aide du radar GSSI SIR<br />

system 10H (Geophysical Survey Systems Inc., Salem, U.S.A.) du Laboratoire Régional d’Autun. Le<br />

système a été associé à des antennes blindées de fréquences centrales 200 MHz, 400 MHz et 900<br />

Mhz. Le mode de fonctionnement du dispositif était monostatique (émetteur et récepteur<br />

confondus). Le dispositif d’acquisition et de traitement sur site du signal était embarqué dans un<br />

véhicule disposant d’une roue codeuse (enregistrement automatique de la distance). Les profils de<br />

mesure ont été réalisés à la fois avec la roue codeuse et à l’aide d’un dispositif d’enregistrement<br />

manuel de la distance, afin de marquer le début et la fin de la distance investiguée au géoradar.<br />

L’acquisition du signal s’est fait par un opérateur qui tire l’antenne le long du profil à investiguer.<br />

Les investigations réalisées en 2005 (grille A et C, grille à maille grossière de 5m) ont été<br />

effectuées avec le système d’acquisition GSSI SIR 3000 du Laboratoire Régional d’Autun. Ce système<br />

a été utilisé avec des antennes blindées de fréquence centrale 400 MHz pour les investigations à<br />

partir de la grille grossière, et des antennes de fréquences centrales 200 MHz et 400 MHz pour les<br />

grilles fines. Le fonctionnement du dispositif est monostatique. Les profils de mesure ont été réalisés<br />

à l’aide d’un dispositif d’enregistrement manuel de la distance, afin de marquer le début et la fin de<br />

la distance investiguée au géoradar, ainsi que les nœuds des grilles d’acquisition. L’acquisition du<br />

signal s’est fait par un opérateur qui tire l’antenne le long du profil à investiguer.<br />

Une acquisition en mode CMP (Common MidPoint, point milieu commun) a été réalisée en<br />

juillet 2007. Deux antennes de fréquence centrale 400 MHz ont été utilisées. Cette acquisition a<br />

permis d’évaluer la vitesse de propagation des ondes électromagnétiques au niveau de deux profils<br />

d’investigation, situé dans la zone C, au Nord et à l’Ouest du puits de mesure. Les acquisitions ont été<br />

faites avec un pas d’écartement de 10 cm (déplacement de chaque antenne de 5 cm de part et<br />

d’autre du point milieu). L’écartement initial des antennes était de 30 cm. L’acquisition au Nord du<br />

puits de mesure a été effectuée sur un profil rectiligne de 5,4 m correspondant à l’extrémité Nord de<br />

la grille C. Le traitement sur site appliqué est un filtre passe bande (25 – 800 MHz) et un stacking de<br />

100. L’acquisition à l’Ouest du puits a été effectuée sur un profil rectiligne de 5,5 m situé sur le profil<br />

x=13 m de la grille C. Le traitement sur site appliqué est un filtre passe bande (25 – 800 MHz) et un<br />

stacking de 100.<br />

112


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

II.3.1.b. Traitement des données<br />

L’ensemble des traitements appliqués aux mesures réalisées en mode réflexion est récapitulé<br />

dans le Tableau 16. Un traitement primaire est imposé lors de l’acquisition. Il s’agit d’un filtre passebande,<br />

réglé de façon à couper les fréquences inférieures à un quart de la fréquence centrale<br />

d’antenne et supérieures au double de la fréquence centrale d’antenne. Un gain linéaire est<br />

également appliqué, en fonction des conditions de terrain le jour de l’acquisition. Un stacking<br />

(moyenne des traces) est parfois utilisé. La fenêtre d’écoute est définie en fonction de l’atténuation<br />

du signal.<br />

Le traitement des données après mesure a été réalisé avec le logiciel Radan 6 version 5.0.7<br />

de GSSI. La séquence de traitement appliquée est inspirée de la séquence de la Figure 49. Cette<br />

séquence est constituée des traitements suivants : normalisation en distance, ajustement à zéro du<br />

réflecteur correspondant à l’interface air/sol avant sa soustraction par filtre horizontal (background<br />

removal), migration de Kirchhoff. La phase instantanée obtenue par transformée de Hilbert a<br />

également été étudiée, afin d’évaluer la continuité des principaux réflecteurs radar. Un gain linéaire<br />

a finalement été appliqué afin de visualiser correctement les signaux.<br />

Tableau 16 : traitements in situ et après mesures, réalisés sur les profils radar mesurés sur les grilles<br />

d’acquisition à mailles fines A, B et C<br />

Traitement Grille A (mai 2005) Grille B (avril 2004) Grille C (mai 2005)<br />

SIR 3000 SIR 10H SIR 3000<br />

200 400 200 400 900 MHz 200 400 MHz<br />

MHz MHz MHz MHz<br />

MHz<br />

Traitement Fenêtre 200 ns 150 ns 200 ns 80 ns 30 ns 200 ns 120 ns<br />

in situ d’acquisition<br />

Gain linéaire -10dB -12dB 0dB -5dB 10dB -12dB -12dB<br />

32dB 32dB 45dB 40dB 35dB 32dB 32dB<br />

Filtre passe- 25-400 100-800 50-400 100-800 225- 100-800 25-400<br />

bande MHz MHz MHz MHz 1800<br />

MHz<br />

MHz MHz<br />

Stack - - 3 5 5 - -<br />

Traitement Normalisation 40 40 40 40 40 40 40<br />

après en distance scans/m scans/m scans/m scans/m scans/m scans/m scans/m<br />

acquisition Ajustement<br />

du 1 er<br />

Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui<br />

réflecteur<br />

zéro<br />

à<br />

Migration Oui Oui Oui Oui Non Oui Oui<br />

Background<br />

Removal<br />

Oui Oui Oui Oui Non Oui Oui<br />

Transformée<br />

de Hilbert en<br />

Phase<br />

instantanée<br />

Oui Oui Oui Oui Non Oui Oui<br />

En ce qui concerne l’acquisition en mode CMP réalisée en 2007, le traitement a été réalisé<br />

avec le logiciel ReflexW 4.0 (Sandmeier Software, Karlsruhe, Allemagne). Une analyse de semblance a<br />

été effectuée, afin d’estimer le profil des vitesses de correction (vitesses NMO), puis les vitesses<br />

d’intervalle. La gamme de variation des vitesses d’intervalle a été comparée aux estimations de<br />

vitesse des ondes EM faites par corrélation entre la description sédimentologique des excavations et<br />

les profils radar correspondants.<br />

113


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Figure 57 : acquisition CMP dans la partie Nord du puits de mesure. La fréquence d’antenne utilisée est de<br />

400 MHz.<br />

II.3.1.c. Interprétation<br />

Les profils traités ont été analysés en terme de surface radar et de faciès radar, suivant la<br />

terminologie définie sur la Figure 48. Après normalisation en profondeur des coupe-temps, les faciès<br />

radar ont été corrélés aux éléments architecturaux et lithofaciès décrits lors de l’analyse<br />

sédimentologique. La relation entre faciès radar et textures et structures <strong>fluvioglaciaire</strong>s a été<br />

comparée à celle du Tableau 13..<br />

II.3.2. Résistivité électrique<br />

II.3.2.a. Acquisition<br />

Les acquisitions ont été effectuées avec le résistivimètre Terrameter SAS 4000, associé au<br />

système multi-électrodes LUND de la société ABEM. Le dispositif choisi est un dispositif dipôle-dipôle<br />

à 32 électrodes, avec un espacement d'électrode de 1 m. Cette configuration a été choisie afin<br />

d’avoir une résolution fine (espacement faible entre électrodes), tout en ayant une profondeur<br />

d’investigation suffisante, au moins égale à la profondeur de l’excavation (2,5 m). Compte-tenu du<br />

nombre d’électrodes et de leur espacement, la profondeur d’investigation peut atteindre 10 m.<br />

L’acquisition a été effectuée sur les profils NS de la grille A (Figure 58), et sur deux profils<br />

orthogonaux de la grille C, situés au Nord et à l’Ouest du puits de mesure. Au niveau de la grille A, les<br />

32 électrodes n’ont pas toutes été sollicitées, les profils étant limités dans leur partie nord par le<br />

talus du bassin. Au niveau de la grille C, seul 16 électrodes ont été utilisées.<br />

II.3.2.b. Inversions 2D et 3D<br />

Les profils de résistivités apparentes du sol ont été obtenus après inversion des signaux,<br />

réalisée avec le logiciel Res2Dinv (Loke et Barker, 1996). Une inversion 3D avec le logiciel Res3Dinv<br />

(Loke et Dahlin, 2002) a également été réalisée à partir des acquisitions réalisées dans la zone A.<br />

Les programmes Res2Dinv et Res3Dinv effectuent l’inversion des résistivités apparentes par<br />

une méthode d’optimisation par moindres carrés. A chaque itération, un modèle de résistivité est<br />

comparé avec la pseudo-section de résistivités apparentes mesurées. Si l’écart RMS (Root-Mean<br />

Square) entre le modèle et les mesures est suffisamment faible, le modèle est considéré valide, sinon<br />

une nouvelle itération correspondant à un modèle de résistivité différent est proposé. Entre 6 et 8<br />

itérations ont été nécessaires pour converger vers un modèle de résistivité 2D valide. En ce qui<br />

concerne les inversions réalisées avec Res3Dinv, 6 itérations ont été nécessaires pour converger vers<br />

un modèle de résistivité en 3 dimensions.<br />

114


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Figure 58 : mesure de la résistivité électrique par panneau électrique au niveau de la grille A. Les 8 profils de<br />

résistivité mesurés correspondent aux 8 lignes orientées NS les plus à l’est de la grille.<br />

II.4. Interpolation tridimensionnelle par krigeage des interfaces entre<br />

faciès géophysiques<br />

Les investigations géophysiques réalisées sur les grilles d’acquisition fines (mailles de 1 m)<br />

permettent d’obtenir des profils longitudinaux faiblement distants entre eux, recoupés par des<br />

profils transversaux également densément répartis. L’analyse de chacun des profils permet de<br />

délimiter les principaux faciès géophysiques, chaque faciès géophysique identifié sur un profil étant<br />

identifiable sur les profils adjacents. De proche en proche, il est ainsi possible d’évaluer l’extension<br />

latérale des faciès.<br />

Les interfaces entre faciès géophysiques (surface radar dans le cas d’un profil GPR) peuvent<br />

ainsi être représentées en trois dimensions, par interpolation de ces interfaces entre profils<br />

adjacents. Cette interpolation a été réalisée par krigeage des coordonnées tridimensionnelles (X, Y, Z)<br />

obtenues par digitalisation des interfaces sur les profils longitudinaux et transversaux. Cette<br />

digitalisation a été effectuée avec le logiciel Didger (Golden Software Inc., Golden, Colorado, USA),<br />

après calage des profils géophysiques en profondeur et par rapport à la grille d’acquisition en<br />

surface. Le krigeage a été choisi pour la possibilité de prendre en compte l’anisotropie des données<br />

(anisotropie liée à la genèse du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>), et du fait qu’il assure une variance d’estimation<br />

minimale.<br />

L’estimation des variogrammes expérimentaux a été effectuée avec le logiciel Surfer (Golden<br />

Software Inc., Golden, Colorado, USA). Sur ces variogrammes expérimentaux ont été ajustés des<br />

modèles linéaires anistropiques, avec effet de pépite (sauf indication contraire). Un modèle de<br />

variogramme a été défini pour chaque interface entre faciès géophysiques. Ces modèles ont été<br />

utilisés pour interpoler les profondeurs des interfaces sur l’ensemble de la surface des grilles<br />

d’acquisition.<br />

115


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Chaque faciès géophysique a ainsi été associé à une forme externe, caractéristique de la<br />

forme des éléments architecturaux. Cette forme externe a été utilisée comme caractéristique de la<br />

typologie de faciès géophysiques établie.<br />

II.5. Modélisation des réflecteurs radar<br />

Afin de valider les géométries du modèle stratigraphique, un modèle synthétique des<br />

réflecteurs radar a été défini à partir de l’interprétation des profils radar mesurés dans la zone nord<br />

de la grille C. Les réflecteurs radar modélisés ont été comparés aux réflecteurs mesurés. La<br />

modélisation a été effectuée pour une antenne de 400 MHz. Le modèle synthétique a été construit à<br />

partir des géométries proposées pour le modèle stratigraphique, et à partir des propriétés<br />

diélectrique (permittivité diélectrique) et résistive (résistivité électrique) des lithofaciès<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s. Les résistivités ont été définies à partir des mesures de résistivité électrique réalisées<br />

sur le bassin. Les permittivités diélectriques ont été évaluées à partir de mesures de teneur en eau<br />

sur les échantillons de lithofaciès prélevés sur la paroi d’excavation de la zone A du bassin. Ces<br />

teneurs en eau ont été reliées à la permittivité diélectrique par la formule de Topp (Topp et al.,<br />

1980) :<br />

3,03 9,3. 146,0. 76,7. <br />

Le modèle synthétique a été comparé au profil radar mesuré correspondant, afin de vérifier<br />

la compatibilité des géométries proposées avec les mesures. La modélisation a été effectuée avec le<br />

code MATGPR (Tzanis et Kafetsis, 2004), écrit sous Matlab. La méthode consiste en une extrapolation<br />

du champ électromagnétique dans le domaine pulsation-nombre d’onde, à partir de la solution des<br />

équations de Maxwell en deux dimensions (méthode Split-Step). L’algorithme utilisé pour la<br />

modélisation est celui de Bitry et Grandjean (1998).<br />

116


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

III. Résultats et discussion<br />

III.1. Calibrage des signaux géophysiques<br />

III.1.1. Résultat préliminaire : évaluation de la vitesse de propagation<br />

des ondes EM<br />

La normalisation en profondeur des profils radar requiert l’estimation de la vitesse de<br />

propagation des ondes électromagnétiques, supposée homogène dans le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sousjacent<br />

au bassin d’infiltration. Des réflecteurs radar caractéristiques ont été corrélés avec des<br />

interfaces entre deux lithofaciès clairement identifiés lors de la description sédimentologique des<br />

deux parois d’excavation. La Figure 59 (respectivement, Figure 60) présente les corrélations<br />

effectuées sur le profil radar de la paroi d’excavation de la zone A (respectivement, de la zone B). Le<br />

Tableau 17 récapitule la profondeur des points utilisés pour cette corrélation.<br />

Figure 59 : comparaison (a) de la photographie panoramique de la section A, et (b) du profil radar<br />

correspondant. Les limites des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s principaux (a) sont mises en évidence. Les points A<br />

à H sont les points de corrélation utilisés pour l’évaluation de la vitesse de propagation des ondes EM.<br />

Figure 60 : comparaison (a) de la photographie panoramique de la section B, et (b) du profil radar<br />

correspondant. Les limites des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s principaux (a) sont mises en évidence. Les points A<br />

à F sont les points de corrélation utilisés pour l’évaluation de la vitesse de propagation des ondes EM.<br />

117


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Tableau 17 : coordonnées des points utilisés pour l’estimation de la vitesse moyenne de propagation des<br />

ondes électromagnétiques dans le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, au niveau des parois d’excavation des zones A et B.<br />

Zone A<br />

Zone B<br />

Point Distance (m) Profondeur (m)<br />

118<br />

Temps double<br />

(ns)<br />

Vitesse de<br />

propagation<br />

(m/ns)<br />

A 3 0,75 16 0,094<br />

B 3 1,05 20 0,105<br />

C 5,5 0,5 9 0,111<br />

D 8 1,35 26 0,104<br />

E 9,5 0,75 14 0,107<br />

F 9,5 1,40 27 0,104<br />

G 12,2 0,75 15 0,1<br />

H 13,5 1,20 25 0,096<br />

A 3 2,25 41 0,109<br />

B 7,5 2,25 44 0,102<br />

C 9 1,65 31 0,106<br />

D 11,5 2,05 42 0,097<br />

E 12 0,65 13 0,1<br />

F 13,5 2,00 45 0,089<br />

La vitesse moyenne est de 0,103 ± 0,006 m.ns -1 au niveau de la zone A, et de 0,1005 ± 0,007<br />

m.ns -1 au niveau de la zone B. Nous avons retenu une vitesse moyenne de 0,1 m.ns -1 pour la<br />

normalisation des profils radar en profondeur. Cette vitesse est similaire aux vitesses de propagation<br />

estimées par méthode CMP dans des <strong>dépôt</strong>s quaternaires analogues (Beres et al., 1999; Jakobsen et<br />

Overgaard, 2002; Heinz et Aigner, 2003a; Kostic et al., 2005).<br />

Cette valeur est confrontée à l’estimation des profils de vitesse par méthode CMP en deux<br />

points du bassin d’infiltration, situés à proximité du puits de mesure. Les mesures en mode CMP ont<br />

été réalisées en 2007 dans la zone C, et dans des conditions expérimentales de saturation en eau du<br />

sol différentes de celles régnant lors des mesures réalisées en 2004 et en 2005. Les mesures CMP<br />

sont donc à comparer avec prudence avec les valeurs estimées par corrélation des profils radar et<br />

des parois d’excavation. Les résultats et l’analyse des mesures CMP sont présentés aux Figure 61 et<br />

Figure 62.<br />

Au niveau de la zone nord, les vitesses d’intervalle varient de 0,101 à 0,131 m.ns -1 . Au niveau<br />

de la zone ouest, les vitesses d’intervalle estimées varient de 0,109 à 0,133 m.ns -1 . Les vitesses<br />

estimées par méthode CMP sont sensiblement plus élevées que celles estimées par corrélation entre<br />

profils géophysiques et parois d’excavation. Ces différences peuvent s’interpréter par une teneur en<br />

eau plus faible due à un <strong>dépôt</strong> plus grossier dans la zone C.<br />

La vitesse de propagation de 0,1 m.ns -1 a été conservée pour réaliser la normalisation en<br />

profondeur sur l’ensemble des grilles d’acquisition. Néanmoins, l’interprétation des profils radar<br />

mesurés au niveau de la grille C seront analysés en gardant en mémoire l’incertitude portant sur les<br />

profondeurs métriques (le choix d’une vitesse de 0,11 m.ns -1 par exemple pour la normalisation en<br />

profondeur entraîne un décalage de 10 cm par mètre par rapport à un profil normalisé en<br />

profondeur avec une vitesse de 0,1 m.ns -1 ).


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Figure 61 : a) profil CMP réalisé au nord de la grille C et demi-hyperboles principales utilisées pour<br />

l’estimation du profil de vitesses NMO (en rouge, les demi-hyperboles, et en vert, les multiples interprétés<br />

par le logiciel Reflex), b) analyse de semblance du profil CMP et profil des vitesses NMO (en blanc), c) profil<br />

des vitesses d’intervalle déduites des vitesses NMO.<br />

Figure 62 : a) profil CMP réalisé à l’ouest de la grille C et demi-hyperboles principales utilisées pour<br />

l’estimation du profil de vitesses NMO (en rouge, les demi-hyperboles, et en vert, les multiples interprétés<br />

par le logiciel Reflex), b) analyse de semblance du profil CMP et profil des vitesses NMO (en blanc), c) profil<br />

des vitesses d’intervalle déduites des vitesses NMO.<br />

119


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

III.1.2. Confrontation directe des parois d’excavation avec les profils<br />

géophysiques correspondants<br />

III.1.2.a. Zone A<br />

III.1.2.a.i. Description des profils radar à 200 et 400 MHz<br />

La fenêtre d’acquisition était fixée à 150 ns avec l’antenne de 400 MHz. Nous n’avons retenu<br />

qu’une fenêtre de 60 ns, soit une profondeur de 3 m, correspondant à celle de l’excavation réalisée<br />

dans la zone A. En ce qui concerne les profils obtenus avec l’antenne de 200 MHz, la fenêtre<br />

d’acquisition était de 200 ns. Seule une fenêtre de 100 ns (soit 5 m de profondeur) a été retenue,<br />

compte-tenu de l’atténuation importante du signal en profondeur. Nous décrivons dans un premier<br />

temps les réflecteurs du profil obtenu avec l’antenne de 400 MHz (Figure 63), puis nous les<br />

comparons avec ceux mesurés avec l’antenne de 200 MHz (Figure 64).<br />

L’analyse de la stratigraphie radar permet de mettre en évidence trois surfaces radar<br />

principales, de part et d’autres desquelles un changement de pendage des réflecteurs a été<br />

caractérisé. Ces surfaces sont représentées sur la Figure 63. Les réflecteurs radar de la partie<br />

inférieure du profil radar de la Figure 63 b, entre les sections S4 et S9, sont continus et parallèles, et<br />

présentent un pendage vers le nord. Ces réflecteurs contrastent avec deux réflecteurs longs,<br />

continus, parallèles et à forte amplitude, s’étalant entre les sections S5 et S7. Le pendage de ces<br />

réflecteurs est opposé à celui des réflecteurs de la partie inférieure (orientation vers le sud). Entre les<br />

sections S1 et S5, les réflecteurs sont plus courts et moins continus que dans les zones décrits<br />

précédemment. Les réflecteurs situés entre 1,5 et 2,5 m présentent un pendage orientés vers le<br />

nord, qui évolue vers le haut vers des réflecteurs subhorizontaux ou ondulés, de faible amplitude.<br />

Ces réflecteurs sont surmontés par un réflecteur continu d’amplitude élevée, présentant des fines<br />

ondulations. Au-dessus de ce réflecteur, les réflecteurs d’amplitude élevée s’allongent à mesure que<br />

l’on se déplace vers la section S9. Ces réflecteurs ont un pendage orienté vers le nord. La<br />

stratification radar est tangentielle entre les sections S7 et S9. Enfin, proche de la surface, les<br />

réflecteurs sont longs, continus et subhorizontaux.<br />

Concernant le profil radar obtenu avec l’antenne de 200 MHz (Figure 64), la résolution est<br />

suffisante pour caractériser les surfaces radar identifiées avec l’antenne de 400 MHz. Elle est<br />

cependant trop grossière pour caractériser l’ensemble des stratifications identifiées à partir de<br />

l’antenne de 400 MHz. Les pendages des réflecteurs internes aux unités 1 et 2, et dans la partie<br />

supérieure de l’unité 3 sont caractérisés par l’antenne de 200 MHz. Cette antenne ne permet pas<br />

cependant de résoudre la stratification interne à la partie inférieure de l’unité 3, contrairement à<br />

l’antenne de 400 MHz. L’antenne de 200 MHz ne permet pas d’identifier les réflecteurs dans les<br />

premiers centimètres sous la surface du bassin. Aux profondeurs comprises entre 3 et 5 m, le signal<br />

est atténué et ne permet pas de visualiser correctement la stratigraphie. Une augmentation du gain<br />

montre une stratification globalement subhorizontale, sans réflecteur d’amplitude plus élevée<br />

s’individualisant des réflecteurs adjacents.<br />

120


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Figure 63 : comparaison de l’interprétation sédimentologique de la paroi d’excavation de la zone A (a), à<br />

l’échelle des éléments architecturaux (unités 1 à 4) et des lithofaciès, avec le profil radar mesuré avec<br />

l’antenne de 400 MHz (b). Une interprétation du profil radar, notamment les surfaces radar correspondant<br />

aux limites des unités 1 à 4 (traits forts en pointillés), est proposée (c).<br />

121


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Figure 64 : comparaison de l’interprétation sédimentologique de la paroi d’excavation de la zone A (a), à<br />

l’échelle des éléments architecturaux (unités 1 à 4) et des lithofaciès, avec le profil radar mesuré avec<br />

l’antenne de 200 MHz (b). Une interprétation du profil radar, notamment les surfaces radar correspondant<br />

aux limites des unités 1 à 4 (traits forts en pointillés), est proposée (c).<br />

III.1.2.a.ii. Description du profil de résistivité électrique<br />

Le profil de résistivité passant à la verticale de la paroi d’excavation est long de 32 m, seule la<br />

partie non-grisée sur la Figure 65b correspond directement à l’excavation. Quatre zones de<br />

résistivités ont été distinguées. Les résistivités inférieures à 650 Ω.m sont localisées à proximité de la<br />

surface du bassin, dans les premiers centimètres. Les valeurs de résistivité varient principalement de<br />

200 Ω.m à 500 Ω.m. Les résistivités comprises entre 650 Ω.m et 830 Ω.m correspondent à une zone<br />

située entre les distances -3 m et 3 m, bien individualisée sur le profil, et dont la forme générale est<br />

en auge. La résistivité y est plus faible que celles mesurées à la même profondeur. Les résistivités<br />

comprises entre 830 Ω.m et 1250 Ω.m sont majoritaires sur l’ensemble du profil. Ces valeurs<br />

122


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

correspondent à la valeur moyenne du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, majoritairement constitué de sables et<br />

graviers non-saturés. Les résistivités les plus élevées, supérieures à 1250 Ω.m, correspondent à des<br />

zones isolées, sur les bords latéraux du profil (probablement dues à l’effet des talus du bassin), et au<br />

niveau d’un lobe centré sur la distance de 5m en profondeur.<br />

Figure 65 : comparaison de a) l’interprétation sédimentologique de la paroi d’excavation de la zone A, et b)<br />

du profil de résistivité électrique correspondant.<br />

123


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

III.1.2.a.iii. Confrontation avec la description<br />

sédimentologique de la paroi d’excavation<br />

Les réflecteurs radar continus, parallèles, et à stratifications obliques orientées vers le nord<br />

de l’unité 1 correspondent à une alternance entre les graviers sans matrice et les graviers sableux<br />

bimodaux. Cette alternance n’est visible que localement sur la paroi d’excavation. Le radar<br />

géologique permet d’identifier l’étendue latérale de cette structure. Cette unité correspond à une<br />

migration de barre unitaire. Le pendage des réflecteurs augmente vers le nord, pour se rapprocher<br />

de l’angle de repos des graviers sableux. Les réflecteurs correspondant à une alternance<br />

Gcg,o/Gcm,b, que l’on retrouve dans l’unité 2 et dans la partie supérieure de l’unité 3, présentent<br />

des caractéristiques similaires : réflecteurs continus, parallèles entre eux, et à amplitude élevée. Les<br />

résistivités correspondant à cette alternance varient de 1000 Ω.m à 1400 Ω.m. Ces valeurs<br />

correspondent à des sables et graviers non-saturés, avec une fraction importante de graviers. Il n’est<br />

cependant pas possible d’identifier les unités 1 à 3, ni les lithofaciès internes aux unités.<br />

Dans la partie inférieure de l’unité 3, les réflecteurs inclinés vers le nord à la base de l’unité<br />

correspondent à la stratification interne du sable (stratification plane inclinée vers le nord).<br />

L’évolution de la stratification tangentielle vers une stratification en rides grimpantes se traduit par<br />

une évolution des réflecteurs radar vers des réflecteurs subhorizontaux et ondulés. De façon<br />

générale, les amplitudes des réflecteurs liés à la lentille sableuse sont faibles par rapport aux<br />

réflecteurs adjacents. L’interface entre la lentille sableuse et les graviers sableux la surmontant<br />

correspond au réflecteur continu et légèrement incliné. Le contraste granulométrique important se<br />

traduit par un réflecteur de forte amplitude. En ce qui concerne les résistivités, la forme incurvée de<br />

la base de l'unité 3 correspond à une diminution de la résistivité vers des valeurs de l’ordre de 600<br />

Ω.m à 700 Ω.m. Cette diminution correspond à un changement de la lithologie, et traduit la présence<br />

de la lentille sableuse.<br />

L’unité 4 est constituée de réflecteurs continus et subhorizontaux, correspondant à la surface<br />

d’érosion à la base de cette unité. Cette unité correspond à des résistivités faibles, de l’ordre de 200<br />

Ω.m à 600 Ω.m. En raison de la proximité de la surface de bassin, cette unité a une quantité plus<br />

élevée de particules fines (Ganaye et al., 2007). Ceci induit une teneur en eau élevée, et explique les<br />

faibles résistivités, ainsi que l’accentuation des amplitudes élevées des réflecteurs radar.<br />

Enfin, la profondeur d’investigation du profilage électrique électrique (espacement de 1 m<br />

entre électrodes adjacentes) est supérieure à celle de l’antenne de 400 MHz, et permet d’obtenir des<br />

valeurs de résistivité correspondant à une épaisseur de 2 m sous la base de l’excavation. Aux<br />

profondeurs entre 2,5 et 4,6 m, la résistivité est homogène hormis le lobe résistif centré sur la<br />

distance de 5 m. Les valeurs homogènes sont de l’ordre de 1000 Ω.m à 1200 Ω.m, ce qui correspond<br />

à des <strong>dépôt</strong>s essentiellement graveleux non-saturés. Le lobe résistif est interprété comme une<br />

quantité plus importante de graviers, pouvant correspondre à un lithofaciès de type (c,b)Gcm,i déjà<br />

décrit dans des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires.<br />

III.1.2.b. Zone B<br />

III.1.2.b.i. Description du profil radar<br />

La Figure 66 présente les profils radar mesurés à la verticale de la paroi d’excavation de la<br />

zone B, ainsi que les surfaces radar. La profondeur d’investigation est de 80 ns (soit 4 m de<br />

profondeur) avec l’antenne de fréquence centrale 400 MHz. Cette profondeur correspond à la<br />

fenêtre d’investigation fixée lors de l’acquisition. Cette fenêtre aurait pu être augmentée, le signal<br />

étant faiblement absorbé. Cette profondeur d’investigation correspond à la profondeur de<br />

124


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

l’excavation réalisée dans la zone B (excavation de 3 m de profondeur). Les fenêtres d’acquisition<br />

pour les antennes de 900 MHz et 200 MHz sont respectivement de 30 ns et de 120 ns. Ces fenêtres<br />

ont été conservées, elles correspondent respectivement à des profondeurs de 1,5 m et de 6 m. Dans<br />

un premier temps, les réflecteurs du profil radar à 400 MHz sont décrits, puis sont comparés dans un<br />

deuxième temps aux réflecteurs mesurés avec les deux autres antennes.<br />

Deux surfaces radar ont été recensées à partir du profil de la Figure 66 et du profil de phase<br />

instantanée. La surface radar située vers 2 m de profondeur est marquée par un changement de<br />

pendage entre les sections S1 et S7. Cette surface se poursuit au niveau des sections S7 à S10 par un<br />

réflecteur continu. La surface radar située entre 0,6 m et 1 m de profondeur correspond à une<br />

surface d’érosion expliquant le contraste entre les réflecteurs supérieurs longs et continus et les<br />

réflecteurs inférieurs courts. Ces deux surfaces délimitent 3 unités principales, numérotées de 5 à 7<br />

du bas vers le haut. Les réflecteurs de l’unité 5 sont continus et parallèles, ils présentent un pendage<br />

orienté vers l’ouest. Certains réflecteurs ont une amplitude élevée, traduisant un contraste<br />

sédimentaire important. Cette stratification oblique ne se poursuit pas dans la partie est (entre les<br />

sections S8 et S10), où la stratification est moins nette, et les réflecteurs deviennent plus courts.<br />

L’unité 6 présente plusieurs configurations de réflecteurs. La partie centrale présente une forme<br />

générale en auge, incurvée et concave vers le haut. Cette forme en auge est constituée de réflecteurs<br />

courts, la plupart à amplitude élevée. Le centre de cette forme en auge se situe au niveau des<br />

sections S4-S5. La stratification interne est entrecroisée en auge. De part et d’autre de cette forme<br />

en auge, les réflecteurs sont plans et inclinés, vers l’est dans la partie ouest, et d’orientation opposée<br />

dans la partie est. Les réflecteurs sont longs et continus. L’unité supérieure (unité 7) se caractérise à<br />

sa base par la surface d’érosion. Cette unité est constituée de longs réflecteurs continus, parallèles<br />

entre eux, et à forte amplitude. L’inclinaison des réflecteurs évoluent : inclinés vers l’ouest entre les<br />

sections S1 à S6, inclinés vers l’est entre les sections S7 à S10. Les réflecteurs sont parallèles à la<br />

surface d’érosion.<br />

En ce qui concerne le profil radar à 900 MHz (Figure 67), bien que la résolution soit plus fine,<br />

il n’apporte pas d’informations supplémentaires par rapport au profil à 400 MHz, et la profondeur<br />

d’investigation (1,5 m) est limitée par rapport à la profondeur de l’excavation. Cette fréquence<br />

d’antenne n’a donc pas été retenue par la suite.<br />

En ce qui concerne le profil radar à 200 MHz (Figure 68), les deux surfaces radar identifiées<br />

avec l’antenne de 400 MHz ont été caractérisées. La forme en auge de l’unité 6 est nettement visible.<br />

Les réflecteurs internes à cette structure ont une amplitude élevée, traduisant un fort contraste<br />

sédimentaire. La résolution est également suffisante pour résoudre les réflecteurs situés au-dessus<br />

de la surface radar la plus proche de la surface. Le faciès radar est le même que celui mesuré à<br />

l’antenne de 400 MHz (faciès parallèle). En ce qui concerne les réflecteurs en profondeur, le faciès<br />

oblique situé sous la seconde surface radar est également caractérisé avec l’antenne de 200 MHz,<br />

mais la stratification interne n’est pas résolue de façon précise.<br />

III.1.2.b.ii. Confrontation avec la description<br />

sédimentologique de la paroi d’excavation<br />

Les éléments de <strong>dépôt</strong> mis en évidence lors de la description sédimentologique sont détectés<br />

avec le radar géologique. Ces unités correspondent aux éléments architecturaux décrits lors de<br />

l’étude sédimentologique de la paroi d’excavation.<br />

125


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Figure 66 : comparaison de l’interprétation sédimentologique de la paroi d’excavation de la zone B (a), à<br />

l’échelle des éléments architecturaux (unités 5 à 7) et des lithofaciès, avec le profils radar mesuré avec<br />

l’antenne de 400 MHz (b). Une interprétation du profil radar, notamment les surfaces radar correspondant<br />

aux limites des unités 5 à 7 (traits forts en pointillés), est proposée (c).<br />

126


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Figure 67 : comparaison de l’interprétation sédimentologique de la paroi d’excavation de la zone B (a), à<br />

l’échelle des éléments architecturaux (unités 6 et 7) et des lithofaciès, avec le profils radar mesuré avec<br />

l’antenne de 900 MHz (b). Une interprétation du profil radar, notamment les surfaces radar correspondant<br />

aux limites des unités 6 et 7 (traits forts en pointillés), est proposée (c).<br />

127


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Figure 68 : comparaison de l’interprétation sédimentologique de la paroi d’excavation de la zone B (a), à<br />

l’échelle des éléments architecturaux (unités 5 à 7) et des lithofaciès, avec le profils radar mesuré avec<br />

l’antenne de 200 MHz (b). Une interprétation du profil radar, notamment les surfaces radar correspondant<br />

aux limites des unités 5 à 7 (traits forts en pointillés), est proposée (c).<br />

Les réflecteurs correspondant à une alternance Gcg,o/Gcm,b présentent des caractéristiques<br />

similaires aux réflecteurs correspondant à cette même structure investiguée au niveau de la zone A :<br />

réflecteurs continus, parallèles entre eux, et à amplitude élevée. La progradation de l’unité 5 est ainsi<br />

identifiable sur le profil radar. La limite supérieure de cette progradation se caractérise par le<br />

changement de pendage des réflecteurs du côté ouest, et par un réflecteur subhorizontal continu et<br />

128


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

d’amplitude élevée du côté est. Ce réflecteur correspond à la base d’une barre unitaire migrant sur<br />

l’unité 5.<br />

L’unité 6 est marquée par la stratification entrecroisée en auge des réflecteurs,<br />

correspondant à un remplissage de structure en auge. Cette structure en auge est identifiable sur le<br />

profil radar. De part et d’autre de cette macrostructure en auge, les réflecteurs sont obliques et<br />

inclinés vers la structure en auge. Ces réflecteurs pourraient correspondre à des barres de graviers<br />

délimitant un creux dans lequel se sont déposés des sables et graviers à stratification en auge. Le<br />

radar géologique permet une caractérisation détaillée de la structure sédimentaire.<br />

L’unité supérieure est caractérisée par des réflecteurs continus et de fortes amplitudes. Ces<br />

réflecteurs correspondent aux fines couches de graviers sans matrice, correspondant à une migration<br />

de nappe de charriage de graviers sur les niveaux inférieurs. L’interface entre les unités 6 et 7 est une<br />

surface d’érosion. Dans la partie ouest, des horizons d’oxydes de fer (Figure 69) contribuent à<br />

renforcer l’amplitude élevée des réflecteurs. Ces horizons sont associés majoritairement aux couches<br />

de graviers sans matrice. D’après Van Dam (2001), la présence d’oxydes de fer est associée à des<br />

alternances humides et sèches. La présence d’oxyde de fer sous la surface du bassin d’infiltration<br />

s’explique par le fonctionnement propre du bassin d’infiltration, conduisant à des alternances<br />

d’infiltration et de drainage, ainsi que par le contraste de propriétés hydrodynamiques entre les<br />

graviers sans matrice et les graviers sableux (Chapitre D).<br />

Figure 69 : niveaux à coloration orangée sur la paroi d’excavation de la zone B, traduisant la présence<br />

d’oxydes de fer dans le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

III.1.3. Conclusion<br />

III.1.3.a. Utilité et complémentarité des méthodes géophysiques<br />

Les réflecteurs radar sont en grande majorité directement corrélés à la stratification du<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Les horizons d’oxydes de fer (zone B), ainsi que les sédiments issus des eaux<br />

pluviales et présents dans les premiers centimètres sous la surface du bassin (zone A) contribuent à<br />

accroître l’amplitude des réflecteurs (majoritairement dans la proche surface), par leur pouvoir de<br />

rétention capillaire plus important que les sédiments <strong>fluvioglaciaire</strong>s. Ces résultats sont conformes à<br />

ceux de Van Dam (Van Dam, 2001).<br />

Les réflecteurs radar fournissent à la fois une information sur les éléments architecturaux du<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> (par la délimitation des surfaces radar), mais également sur leur stratification<br />

interne. Les caractéristiques des réflecteurs radar, notamment le pendage et les amplitudes, sont<br />

associées aux lithofaciès et agencements de lithofaciès (par exemple, les alternances Gcg,o/Gcm,b). Il<br />

est ainsi possible d’interpréter les réflecteurs radar à l’échelle du lithofaciès.<br />

La résistivité fournit quant à elle des informations sur la lithologie du <strong>dépôt</strong>. La résolution de<br />

cette méthode n’est cependant pas suffisante, l’information étant grossière et ne suffisant pas à elle<br />

129


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

seule à la définition de modèles stratigraphiques du <strong>dépôt</strong>. L’utilisation couplée de la résistivité<br />

électrique avec le radar géologique permet cependant de confirmer l’interprétation des éléments<br />

architecturaux, et de contribuer à l’interprétation des lithofaciès en fournissant une information sur<br />

la lithologie interne aux éléments architecturaux. Ainsi, la lentille sableuse de l’unité 3 est identifiée<br />

par résistivité électrique (diminution de la résistivité) et par radar géologique (diminution de<br />

l’amplitude, stratification interne du sable).<br />

Le radar géologique et la résistivité électrique sont donc deux méthodes complémentaires.<br />

Les résultats sont conformes notamment aux conclusions de Bowling et al. (2005; 2007) et de<br />

Bersezio et al. (2007) sur la complémentarité du radar géologique et de la résistivité électrique sur<br />

des <strong>dépôt</strong>s alluvionnaires.Les réflecteurs radar donnent une information facilement corrélable aux<br />

unités stratigraphiques (orientation et pendage des stratifications).<br />

III.1.3.b. Qualité des données radar<br />

Les résultats confirment la bonne aptitude du radar géologique à la caractérisation de <strong>dépôt</strong>s<br />

sédimentaires comme les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s. Le signal n’est pas atténué et les fenêtres<br />

d’acquisition sont de 120 ns à 150 ns. Ceci s’explique par la nature même du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>,<br />

lessivé de ses particules les plus fines, responsables de l’atténuation du signal radar. Cette bonne<br />

profondeur de pénétration autorise l’utilisation d’antennes de fréquence centrale élevée, ce qui<br />

permet d’obtenir une bonne résolution verticale tout en gardant une profondeur d’acquisition à<br />

l’échelle des parois d’excavation. L’antenne de 400 MHz est celle qui offre le meilleur compromis<br />

entre profondeur d’investigation et résolution verticale (Goutaland et al., 2005).<br />

La résolution verticale théoriquement atteignable est un quart de la longueur d’onde de la<br />

fréquence dominante mesurée par l’antenne réceptrice. Cette fréquence est de l’ordre de 260 MHz<br />

dans le cas de l’antenne de fréquence centrale 400 MHz. La résolution théorique est donc de 9,6 cm.<br />

En pratique, la résolution verticale est considérée de l’ordre du tiers à la moitié de la longueur d’onde<br />

(Beres et Haeni, 1991). La résolution verticale pouvant être obtenue avec l’antenne de 400 MHz est<br />

donc de l’ordre de 12 à 20 cm. Cette résolution correspond à l’épaisseur de couches granoclassées de<br />

graviers sans matrices par exemple, mais est supérieur aux fines lentilles de sables observées sur la<br />

paroi de l’excavation de la zone B. L’antenne de 400 MHz est donc à la limite de résolution du<br />

lithofaciès. Elle peut être utilisée, au même titre que l’antenne de 200 MHz, pour l’identification des<br />

macrostructures.<br />

III.1.4. <strong>Caractérisation</strong> tridimensionnelle des hétérogénéités<br />

sédimentaires<br />

Les éléments de <strong>dépôt</strong>, ou macrostructures du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, se caractérisent par une<br />

forme externe en trois dimensions, identifiable via l’acquisition de plusieurs profils géophysiques<br />

adjacents faiblement espacés (acquisition pseudo-3D). L’interprétation de ces profils permet<br />

l’identification des macrostructures en trois dimensions (par exemple, identification des packages<br />

radar).<br />

L’acquisition de profils géophysiques en arrière de la paroi d’excavation permet de<br />

confronter des profils géophysiques faiblement éloignés de cette paroi à sa description<br />

sédimentologique. Les faciès géophysiques sont reliés aux éléments architecturaux ainsi qu’au<br />

lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s. Le suivi d’une structure d’un profil géophysique au profil adjacent permet<br />

de délimiter les principales structures <strong>fluvioglaciaire</strong>s. Une interpolation entre les différents profils<br />

permet de tracer les limites entre éléments de <strong>dépôt</strong> en trois dimensions. Il est ainsi possible de<br />

relier chaque faciès géophysique à une forme externe délimitée par des surfaces radar et<br />

130


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

caractérisée par des réflecteurs internes et des résistivités caractéristiques. La stratification interne<br />

des réflecteurs radar traduit les mésostratifications sédimentaires du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Il est ainsi<br />

possible d’interpréter la stratigraphie radar en terme de lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s.<br />

III.1.4.a. Zone A<br />

En ce qui concerne la zone A, les quatre unités mises en évidence sur le profil correspondant<br />

à la paroi d’excavation se poursuivent en arrière de cette paroi. Les limites ont été détectées par les<br />

changements de pendage entre les unités sur les profils radar, et les faciès géophysiques<br />

caractéristiques mis en évidence sur les profils radar et de résistivité (Figure 70).<br />

L’unité 1 correspond à la migration d’une barre de graviers. Elle présente une anisotropie<br />

orientée à 153 °N. Les stratifications internes à cette unité, correspondant aux progradations, ont un<br />

pendage de 10 °, orienté vers le nord. La base de cette unité à une forme en auge (trough shape),<br />

avec une inclinaison moyenne de 2,4 ° vers le nord-est.<br />

Figure 70 : interprétation croisée de la paroi d’excavation de la zone A (a) décomposée en unités de <strong>dépôt</strong> et<br />

lithofaciès, et investigations géophysiques réalisées en arrière de cette paroi [bloc GPR pseudo-3D (b) et bloc<br />

3D de résistivité électrique apparente (c)].<br />

131


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

L’unité 2, de dimension réduite, se caractérise par sa forme de lentille. Son anisotropie est<br />

orientée à 172°N. Cette orientation est notamment visible sur la coupe horizontale du bloc radar<br />

pseudo-3D de la Figure 70 (couleur bleue entre les pointillés). Le pendage des mésostratifications<br />

interne est orienté vers le sud, et est de 4°.<br />

L’unité 3 se caractérise par ses stratifications internes, orientée vers le nord est. Le pendage<br />

de ces mésostratifications est de 10° au niveau des progradations situées le plus au nord. Cette unité<br />

a une forme externe en auge dans sa partie sud, dont l’anisotropie, correspondant à l’axe du fond du<br />

creux, est de 160°N. Dans l’hypothèse d’un creux interprété comme l’érosion d’un paléochenal, cette<br />

orientation indique la direction locale du paléoécoulement. Le remplissage sableux correspond aux<br />

zones les plus basses de ce creux, les résistivités relativement faibles de l’ordre de 700 Ω.m<br />

s’étendant sur les trois premiers mètres. Les résultats de l’inversion 3D (Figure 71) confirment<br />

l’orientation de ce remplissage. Cette structure s’étend vers le sud. La diminution des résistivités<br />

indique que le remplissage est essentiellement de nature sableuse.<br />

L’unité 4 a une surface basale (surface d’érosion) relativement plane et subhorizontale. Un<br />

modèle de variogramme linéaire isotropique a été ajusté sur le variogramme expérimental. Une<br />

dépression locale orientée nord-sud, correspondant à un creux d’érosion localisé, est cependant<br />

présente. La forme générale est tabulaire. La profondeur moyenne est de l’ordre de 20 à 30 cm.<br />

Figure 71 : résultat de l’inversion en trois dimensions. La diminution de la résistivité correspond au<br />

remplissage de creux d’érosion de l’unité 3.<br />

III.1.4.b. Zone B<br />

Les trois unités caractérisées sur le profil correspondant à la paroi d’excavation ont été<br />

identifiées sur les profils radar mesurés sur la grille B.<br />

132


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

La partie ouest de l’unité 5 correspond à une migration de dunes de graviers. Les<br />

progradations d’alternance Gcg,o/Gcm,b résultantes ont un pendage de 16 ° vers l’ouest. Le faciès<br />

radar est un faciès oblique sigmoïdale. Les amplitudes élevées sont associées au fort contraste<br />

granulométrique entre les graviers sans matrice et les graviers sableux bimodaux. Dans la partie est,<br />

les profils radar transversaux présentent un faciès oblique parallèle orienté vers le sud. La partie est<br />

de l’unité 5 pourrait correspondre à une barre de graviers bordant un creux d’érosion dans lequel<br />

auraient migré les dunes de graviers à l’origine de la progradation de la partie ouest.<br />

L’unité 6 correspond à un remplissage de creux entre deux barres de graviers. La partie ouest<br />

est constituée de réflecteurs radar obliques tangentiels à la surface radar la plus profonde. Dans la<br />

partie est, les réflecteurs sont obliques parallèles. Le pendage est orienté vers l’ouest. Les profils<br />

radar transversaux présentent un faciès oblique tangentiel, à inclinaison vers le nord. La partie est de<br />

l’unité 6 pourrait ainsi correspondre à une migration de dunes de graviers vers le nord-ouest. Entre<br />

les deux barres de graviers, un remplissage caractérisé par un faciès radar en auge et orienté<br />

approximativement à 135° N occupe la partie centrale.<br />

Figure 72 : interprétation tridimensionnelle des éléments de <strong>dépôt</strong> situés en arrière de la paroi d’excavation<br />

de la zone B.<br />

L’unité 7 a une surface basale d’érosion. Cette unité peut être décomposée en deux parties.<br />

La partie ouest à une surface basale subhorizontale et présente un faciès radar parallèle continu,<br />

correspondant à une migration de barre de graviers. La partie ouest est constituée de réflecteurs<br />

oblique tangentiels à la surface d’érosion, et d’amplitude élevée. Le pendage des réflecteurs est<br />

orienté vers l’ouest au niveau des sections 1 à 3. La partie ouest peut s’interpréter comme la<br />

migration de dunes de graviers dans un creux d’érosion.<br />

133


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

III.1.4.c. Conclusion<br />

La représentation pseudo-3D des profils radar permet de mettre en évidence les<br />

caractéristiques géométriques des principaux éléments architecturaux (forme externe, orientation,<br />

pendage), ainsi que l’organisation interne à ces macroformes (stratification radar associée à la<br />

stratification des lithofaciès). L’inversion 3D des résistivités apporte une information complémentaire<br />

sur la répartition tridimensionnelle des lithologies dominantes du <strong>dépôt</strong>, et permet ainsi de<br />

confirmer la nature sableuse du remplissage de l’unité 3 de la zone A.<br />

III.1.5. Typologie de faciès géophysiques reliés aux caractéristiques<br />

sédimentaires du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

Une typologie de trois faciès géophysiques, reliant les caractéristiques des réflecteurs GPR et<br />

de résistivité électrique aux structures sédimentaires, a été définie (Tableau 18). La variabilité des<br />

valeurs de résistivité en fonction de la saturation en eau de la subsurface est telle qu’aucune valeur<br />

de résistivité n’a été proposée dans la typologie, mais seulement les informations concernant la<br />

variation qualitative locale du champ de résistivité (à titre d’exemple, la résistivité de graviers peut<br />

varier de 100 Ω.m en milieu saturé à 1400 Ω.m en milieu fortement désaturé).<br />

Le faciès géophysique f1 est associé à la migration de nappe de charriage de graviers, ou des<br />

traction carpets, sous régime d’écoulement élevé. L’enveloppe externe de ce faciès est une forme de<br />

sheet. Cette migration entraîne la présence de couches subhorizontales de graviers sans matrice, à<br />

l’origine de l’amplitude élevée des réflecteurs radar (grille A, partie est de la grille B). Dans le<br />

contexte de notre étude, ces couches se retrouvent à proximité de la surface du bassin d’infiltration,<br />

ce qui induit une plus forte fraction de particules fines (silteuses) issues des sédiments d’eaux<br />

pluviales de surface. Cette fraction fine contribue à des teneurs en eau plus fortes que dans les<br />

couches adjacentes, ce qui se traduit par une diminution locale de la résistivité (grille A). Le faciès<br />

radar correspond au faciès parallèle continu du Tableau 13.<br />

Le faciès géophysique f2 est associé à des <strong>dépôt</strong>s de remplissage de creux d’érosion, ou de<br />

paléochenaux. Les réflecteurs radar sont courts, et leur amplitude peut diminuer dans le cas d’un<br />

remplissage sableux (lentille sableuse de la paroi d’excavation de la zone A). La stratification des<br />

réflecteurs est entrecroisée, les réflecteurs sont inclinés, en auge, ondulés. L’enveloppe externe de<br />

ce faciès peut être en forme de chenal ou de creux. Ce faciès est similaire au faciès en auge du<br />

Tableau 13. Les lithologies de ce remplissage sont variées. Dans le cas de remplissage sableux, la<br />

résistivité a des valeurs inférieures au <strong>dépôt</strong> adjacent au remplissage.<br />

Enfin, le faciès géophysique f3 est associé au <strong>dépôt</strong> résultant de la migration de méso et de<br />

macroformes de <strong>dépôt</strong>. Les inclinaisons des réflecteurs radar traduisent les stratifications internes à<br />

ces structures, de forme externe en auge ou de lentille. Dans le contexte du <strong>dépôt</strong> sous-jacent au<br />

bassin d’infiltration étudié, cette migration produit des alternances entre des lithofaciès de graviers<br />

sans matrice et des graviers sableux bimodaux. La présence de graviers sans matrice explique les<br />

amplitudes élevées des réflecteurs. La forte proportion de graviers induit des résistivités élevées<br />

lorsque le <strong>dépôt</strong> est désaturé. Les faciès radar du Tableau 13 associés sont les faciès obliques.<br />

134


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> aractérisation de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Tableau 18 : typologie des réflecteurs GPR et des résistivités électriques liés aux lithofaciès lithofaciès, aux éléments et<br />

événements de <strong>dépôt</strong>.<br />

Faciès<br />

f1<br />

f2<br />

f3<br />

Caractéristiques géophysiques Caractéristiques sédimentaires associées<br />

Caractéristiques des réflecteurs GPR<br />

Réflecteurs Structures internes<br />

Amplitude élevée, réflecteurs<br />

subhorizontaux ou à faible pendage,<br />

continus et parallèles<br />

Réflecteurs courts, wavy ou<br />

incurvés<br />

Amplitude relativement élevée,<br />

réflecteurs obliques, continus,<br />

subparallèles, parfois courts et<br />

incurvés<br />

Caractéristiques de la<br />

résistivité électrique<br />

Résistivités faibles (teneur en<br />

eau élevée, liée à une forte<br />

quantité de particules fines)<br />

Diminution locale de la<br />

résistivité (fraction sableuse<br />

plus importante)<br />

Augmentation locale de la<br />

résistivité (désaturation des<br />

macropores : fraction élevée<br />

de graviers)<br />

III.2. Définition et validation d’un modèle stratigraphique de <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong><br />

Les résultats concernant cette partie sont présentés de la façon suivante :<br />

- dans un premier temps, les profils radar et de résistivité mesurés sur les zones nord et<br />

ouest, zones réduites de la grille C de dimensions équivalentes à celles des grilles A et B,<br />

ont été interprétés à partir de la typologie du Tableau 18. . Un modèle stratigraphique de<br />

chaque zone a été défini. Ces modèles traduisent l’hétérogénéité texturale et structurale<br />

du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Une modélisation des réflecteurs radar est ef effectuée à partir de<br />

chaque modèle stratigraphique. Les profils radar modélisés sont comparés aux profils<br />

mesurés correspondant, pour validation du modèle stratigraphique. Une interprétation<br />

génétique du <strong>dépôt</strong> est proposée au niveau de chacune des deux zone zones.<br />

- dans un deuxième temps, les profils radar de l’ensemble de la grille C sont analysés, au<br />

regard de l’interprétation effectuée au niveau des zones réduites. Les hypothèses<br />

formulées sur la genèse du <strong>dépôt</strong> à partir de l’étude de la zone réduite sont évaluées à<br />

l’échelle de l’ensemble de la grille.<br />

Le choix des zones restreintes nord et ouest se justifie par la présence en profondeur de<br />

l’instrumentation du puits de mesure ( (Figure 56). ). Les modèles stratigraphiques proposés serviront de<br />

modèle géométrique d’entrée pour la modélisation des écoulements dans la zone non non-saturée. Les<br />

mesures de teneur en eau effectuées à partir du puits de mesure seront comparées aux va valeurs<br />

modélisées. Les résultats concernant les mesures de teneur en eau à partir du puits de mesure, et<br />

portant sur la modélisation des écoulements en zone non non-saturée, saturée, sont présentés dans les cchapitres<br />

D et E.<br />

135<br />

- Lithofaciès<br />

- Forme externes des éléments de <strong>dépôt</strong><br />

- Evénement de <strong>dépôt</strong><br />

- Gcm, quantité importante de particules fines<br />

- Forme tabulaire plane ou inclinée<br />

- Régime d’écoulement élevé<br />

- Principalement Gcm ou Gcm,b ; lentilles de<br />

lithofaciès SS-x<br />

et Gcx,o<br />

- Forme de chenal ou de creux d’érosion<br />

- Remplissage de structures d’érosion<br />

- Progradations d’alternance Gcg,o / Gcm,b<br />

- Forme en auge auge, ou lentille<br />

- Migration de dunes, de nappes de charriage<br />

ou de barre de graviers


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

III.2.1. Modèle stratigraphique de la zone Nord de la grille C<br />

La zone nord de la grille C occupe une surface de 15 m x 5 m, orientée à 115 °N. Cette zone<br />

est à la limite nord de la grille C.<br />

III.2.1.a. Description des faciès géophysiques<br />

La Figure 73 présente le profil radar de la zone nord correspondant à y = 3 m sur la Figure 56.<br />

Ce profil est représentatif des profils radar adjacents. Quatre unités se distinguent (numérotées de 8<br />

à 11 sur la Figure 73), délimitées par des surfaces radar correspondant à un changement de faciès<br />

géophysique. En ce qui concerne le profilage électrique, les conditions sèches de la zone non-saturée<br />

explique les valeurs élevées de résistivité.<br />

L’unité 8 se caractérise par des réflecteurs continus inclinés vers l’ouest dans la partie est, et<br />

des réflecteurs incurvés dans la partie ouest. Cette unité est caractérisée par des résistivités de<br />

l’ordre de 1800 à 2200 Ω.m.<br />

Figure 73 : profil radar (a) et interprétation (b), correspondant à y = 3 m sur la Figure 56 (les surfaces radar<br />

sont en traits forts pointillés), et profilage électrique (c) correspondant à y = 5m (sur la Figure 56), mesurés<br />

sur la zone Nord de la grille C.<br />

136


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

L’unité 9 est constituée de réflecteurs longs et à forte amplitude, continus, inclinés vers<br />

l’ouest, et parallèles entre eux. Les réflecteurs sont tangentiels à la surface basale de l’unité. Le faciès<br />

radar est un faciès oblique tangentiel. Cette unité correspond aux plus fortes valeurs de résistivité<br />

(2200 à 3000 Ω.m). Cette augmentation locale de la résistivité s’interprète par une fraction plus<br />

importante de graviers dans cette unité. Le faciès géophysique est typiquement un faciès f3.<br />

L’unité 10 se caractérise par des réflecteurs courts et discontinus, majoritairement ondulés et<br />

en auge (faciès radar en auge). L’amplitude des réflecteurs est faible dans cette unité, hormis un<br />

réflecteur d’amplitude élevée, incliné vers l’ouest, et traduisant un contraste sédimentaire plus<br />

marqué que pour les autres réflecteurs. En ce qui concerne les résistivités mesurées, elles diminuent<br />

par rapport à celles de l’unité 9 (valeurs comprises entre 1800 à 2500 Ω.m). Le faciès géophysique se<br />

rapproche d’un faciès de type f2, correspondant à un remplissage de structure creuse.<br />

L’unité supérieure (unité 11) est constituée de longs réflecteurs continus, subhorizontaux ou<br />

inclinés vers l’ouest, et à forte amplitude. Ces réflecteurs sont généralement parallèles entre eux.<br />

Des réflecteurs incurvés sont occasionnellement présents. Il s’agit d’un faciès radar parallèle continu.<br />

Cette unité correspond à la zone de plus faibles résistivités (valeurs comprises entre 1000 et 1900<br />

Ω.m ). Le faciès géophysique est typiquement un faciès f1.<br />

III.2.1.b. Description des faciès géophysiques en 3 dimensions<br />

Figure 74 : interprétation tridimensionnelle des éléments architecturaux du bloc radar de la zone nord de la<br />

grille C<br />

Le bloc radar pseudo-3D ainsi que les surfaces radar en 3 dimensions sont représentées sur la<br />

Figure 74. La forme externe de l’unité 8 n’a pu être déterminée, compte-tenu de la profondeur<br />

d’investigation limitée. L’unité 9 a une forme externe en auge, présentant une anisotropie orientée à<br />

0°N, et une ligne de plus grande pente inclinée de 9° vers l’est. L’unité 10 a une forme externe de<br />

chenal. L’axe de cette forme est orienté à 22°N. Enfin, l’unité 11 a une forme externe tabulaire<br />

inclinée. L’anisotropie est orientée à 87°N. La surface basale est inclinée de 4° vers le nord-ouest.<br />

137


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

III.2.1.c. Interprétation de la stratigraphie radar au niveau de la zone<br />

nord<br />

L’unité 8 est constituée dans sa partie est d’un faciès proche du type f3. Les stratifications<br />

inclinées peuvent s’interpréter comme la progradation d’alternances entre graviers sans matrice et<br />

graviers sableux bimodaux. La partie ouest, aux caractéristiques de remplissage (réflecteurs courts,<br />

entrecroisés, incurvés), est interprétée par un <strong>dépôt</strong> relativement homogène de graviers sableux. Les<br />

réflecteurs radar de forte amplitude peuvent être liés aux passages occasionnels de couches de<br />

graviers sans matrice ou de fines lentilles sableuses (analogues à celles présentes dans l’unité 6 de la<br />

zone B).<br />

En ce qui concerne l’unité 9, le faciès est de type f3. La configuration des réflecteurs est<br />

proche de celle de l’unité 1 dans la zone A, ou de l’unité 5 dans la zone B. Ces réflecteurs inclinés et à<br />

forte réflectivité correspondent aux contrastes entre couches de graviers sans matrice et graviers<br />

sableux bimodaux. La présence de graviers sans matrice contribue à accroître la fraction de graviers,<br />

ce qui explique les résistivités élevées. L’alternance graviers sans matrice/graviers sableux bimodaux<br />

s’interprète comme la migration de dunes de graviers. Cette migration s’est effectuée dans le sens<br />

des stratifications, vers l’est.<br />

L’unité 10, à faciès géophysique de type f2, est interprétée comme un remplissage de chenal.<br />

La diminution des résistivités par rapport à celles de l’unité 9, ainsi que la faiblesse des amplitudes<br />

des réflecteurs radar, justifient l’hypothèse d’un remplissage essentiellement sableux. Cette<br />

hypothèse est confortée par le fait que la stratification interne à l’unité 10 n’est pas résolue avec<br />

l’antenne de 200 MHz. La stratification radar observée sur le profil radar 400 MHz correspondrait à<br />

une stratification fine des sables. Le réflecteur d’amplitude élevée, incliné vers l’ouest, pourrait<br />

traduire la présence d’un lag de graviers au sein du remplissage.<br />

Enfin, l’unité 11 se caractérise par un faciès f1 typique. Le <strong>dépôt</strong> peut s’interpréter comme<br />

une couche massive constituée d’un mélange hétérométrique de sables et graviers (lithofaciès Gcm).<br />

Les réflecteurs à forte amplitude peuvent être générés par la présence de couches de graviers sans<br />

matrice subhorizontales, traduisant la migration de nappe de charriage ou de couches de graviers.<br />

Les passages de graviers sans matrice peuvent être sous la forme de couches de quelques<br />

centimètres d’épaisseur, étalées longitudinalement et avec un pendage dans le sens Nord-Sud. La<br />

configuration des réflecteurs est similaire à l’unité 7 de la zone B. L’amplitude élevée des réflecteurs<br />

peut être renforcée par la présence d’oxydes de fer aux interfaces graviers sans matrice/graviers<br />

sableux, ou par la présence de sédiments fins issus des eaux pluviales et infiltrés dans les premiers<br />

centimètres du bassin.<br />

Cette interprétation conduit au modèle interprétatif de répartition de lithofaciès de la Figure<br />

75. Il s’agit d’un modèle simplifié, dans la mesure où les stratifications internes au remplissage<br />

sableux ne sont pas prises en compte, et où le remplissage de l’unité 8 est constitué majoritairement<br />

de graviers sableux bimodaux. Ces simplifications se justifient par rapport aux observations de<br />

terrains. Les stratifications internes aux lithofaciès sableux sont des stratifications à l’échelle<br />

microscopique, elles correspondent aux changements de granulométrie, d’orientation ou<br />

d’arrangement des grains. Les hétérogénéités que nous cherchons à caractériser sont mésoscopiques<br />

à macroscopiques. Nous considérerons donc homogène le remplissage supposé sableux de l’unité 10.<br />

En ce qui concerne le choix du lithofaciès Gcm,b comme lithofaciès majoritaire de l’unité 8, ce choix a<br />

été effectué par comparaison à l’unité 6 de la zone B, constituée d’un remplissage de structure en<br />

auge par des lithofaciès de nature variée. Les graviers sableux caractérisés dans cette unité sont<br />

majoritairement bimodaux. De plus, la granulométrie du sol modèle du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

(granulométrie d’un échantillon moyen du <strong>dépôt</strong>, englobant l’ensemble de lithofaciès) est également<br />

à tendance bimodale.<br />

138


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Figure 75: modèle stratigraphique interprétatif à l’échelle du lithofaciès de la zone nord de la grille C,<br />

correspondant au profil y=3m de la Figure 56. Le remplissage sableux est supposé homogène.<br />

III.2.1.d. Validation du modèle stratigraphique<br />

III.2.1.d.i. Evaluation des propriétés diélectriques et<br />

résistives des lithofaciès<br />

Les résistivités électriques mesurées sur la grille C sont élevées, et ne correspondent pas aux<br />

valeurs typiques de résistivité électrique présentées dans le Tableau 14. Pour la modélisation des<br />

réflecteurs, nous avons préféré utiliser les mesures de résistivité électrique réalisées sur la grille A.<br />

Ces mesures présentent l’avantage d’être cohérentes entre elles (gamme de variation de résistivité<br />

similaire d’un profil à l’autre) et avec les valeurs issues de la littérature (Tableau 14). De plus, elles<br />

ont été corrélées avec les faciès sédimentaires, pour lesquels des mesures de teneur en eau par<br />

méthode gravimétrique ont été effectués. Les mesures de résistivité sur les grilles A et C ont toutes<br />

été réalisées en conditions sèches.<br />

Tableau 19 : propriétés diélectrique et résistive des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s utilisées pour la modélisation<br />

des réflecteurs radar. La permittivité électrique est calculée par la formule de Topp (Topp et al., 1980) à<br />

partir des teneurs volumiques en eau mesurées sur les échantillons de la paroi d’excavation de la zone A. La<br />

résistivité est estimée à partir des profilages électriques réalisés sur la grille A.<br />

S-x<br />

Lithofaciès<br />

Teneur volumique en<br />

eau (cm 3 /cm 3 )<br />

Permittivité<br />

diélectrique<br />

Résistivité<br />

(Ω.m)<br />

Total des échantillons<br />

Lentille supérieure<br />

13,7<br />

16,2<br />

6,9<br />

8,0<br />

800<br />

Gcm,b 13,4 6,7 1000<br />

Gcm 13,8 6,9 1000<br />

Gcg,o / Gcx,o 11,3 5,8 1200<br />

Le Tableau 19 récapitule les données d’entrée initiales utilisées pour la modélisation avec le<br />

code MATGPR, ainsi que les valeurs moyennes de teneurs volumiques en eau de chaque lithofaciès.<br />

Pour le lithofaciès sableux, la teneur en eau la plus faible correspond à la moyenne des teneurs en<br />

eau calculée à partir de l’ensemble des échantillons sableux, et la valeur le plus forte correspond à la<br />

moyenne calculée à partir des échantillons de la lentille supérieure seulement. La granulométrie plus<br />

fine de cette lentille explique la teneur volumique en eau plus élevée que la moyenne des<br />

échantillons sableux. Notons que les valeurs de permittivité diélectrique sont cohérentes avec les<br />

estimations de vitesses de propagation des ondes électromagnétiques par méthode CMP au niveau<br />

de la grille C (vitesse variant de 0,10 à 0,13 m/ns).<br />

139


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

III.2.1.d.ii. Modélisation des réflecteurs radar<br />

Un profil radar synthétique a été modélisé avec le module MatGPR à partir du modèle<br />

stratigraphique de la Figure 75. Le modèle géométrique d’entrée et le profil synthétique obtenu,<br />

ainsi que le profil radar mesuré correspondant, sont représentés sur la Figure 76.<br />

Figure 76 : a) modèle géométrique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> dans la zone nord de la grille C entré dans le<br />

module MatGPR et b) profil radar synthétique obtenu après modélisation (fréquence de 400 MHz). c) Profil<br />

radar mesuré avec l’antenne de 400 MHz correspondant.<br />

Le profil synthétique est un profil radar brut, n’ayant subi aucun traitement (ce qui explique<br />

les diffractions hyperboliques observées occasionnellement, notamment au sein de l’unité 11). Le<br />

profil mesuré, présenté sur la Figure 76c, est donc un profil sans traitement de migration, de<br />

background removal et de gain.<br />

Nous avons fait l’hypothèse d’un remplissage sableux homogène dans l’unité 10. Cette<br />

hypothèse entraîne un faciès sans réflecteurs sur le profil synthétique. Cette hypothèse<br />

simplificatrice ne permet pas de comparer ce faciès au faciès radar en auge du profil mesuré, dont les<br />

réflecteurs sont associés à la stratification interne du sable.<br />

Les fines couches de graviers sans matrice intercalées au sein du lithofaciès Gcm de l’unité 11<br />

engendrent les réflecteurs subhorizontaux, continues et de forte amplitude de la partie supérieure<br />

du profil synthétique. Les caractéristiques des réflecteurs sont similaires à celles du profil mesuré.<br />

L’interface entre les lithofaciès Gcm et S-x (interface entre l’unité 10 et l’unité 11) est à<br />

l’origine d’un contraste de propriétés diélectriques plus important qu’à l’interface entre les<br />

lithofaciès Gcm et Gcm,b (interface entre les unités 11 et 9). Cette caractéristique se retrouve, dans<br />

une moindre mesure, sur le profil mesuré. L’interface entre l’unité 11 et les unités inférieures est<br />

moins nette entre 0 et 3 m, dans la partie supérieure de l’unité 9.<br />

140


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Les graviers sans matrice inclinés vers l’est de l’unité 9 du modèle stratigraphique sont à<br />

l’origine d’une stratigraphie radar analogue à celle du profil mesuré. L’alternance entre les graviers<br />

sans matrice et les graviers sableux produit des réflecteurs d’amplitude similaire à celles observées<br />

sur le profil mesuré dans la partie supérieure de l’unité. L’atténuation dans le profil synthétique est<br />

cependant plus forte qu’au niveau du profil mesuré, et les graviers sans matrice du bas de l’unité 9<br />

n’engendrent pas de réflecteurs nets. Ceci peut s’expliquer par un choix de propriétés diélectriques<br />

et résistives non approprié. Compte-tenu des valeurs élevées de résistivité mesurées dans l’unité 9,<br />

l’affectation de résistivités plus fortes aux lithofaciès de cette unité engendrerait une atténuation<br />

plus faible.<br />

Enfin, au sein de l’unité 8, les géométries proposées sont à l’origine de réflecteurs similaires<br />

en terme de stratification et d’amplitude à ceux observés sur le profil mesuré.<br />

III.2.1.d.iii. Conclusion<br />

En conclusion, le modèle stratigraphique proposé est compatible avec les mesures radar. A<br />

l’exception de l’unité 10, supposée constituée d’un lithofaciès homogène, et de l’unité 9, pour<br />

laquelle les propriétés diélectriques et résistives affectées semblent inappropriées, le profil radar<br />

synthétique issu de ce modèle stratigraphique traduit les principales caractéristiques de la<br />

stratigraphie radar du profil mesuré correspondant. Le modèle stratigraphique de la zone Nord<br />

(Figure 75) est donc considéré valide.<br />

III.2.2. Modèle stratigraphique de la zone Ouest de la grille C<br />

La zone ouest de la grille C occupe une surface de 8 m x 4 m, orientée à 25 °N. Cette zone est<br />

à la limite nord-ouest de la grille C.<br />

III.2.2.a. Description des faciès radar<br />

Figure 77 : surface radar et unités principales du profil GPR correspondant à x = 0 m (sur la Figure 56), mesuré<br />

sur la zone ouest de la grille C.<br />

141


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Le profil de la Figure 77 est le profil correspondant à x = 0 m (bordure est du bloc) sur la<br />

Figure 56. Trois unités délimitées par deux surfaces radar sont à distinguer. La surface radar<br />

inférieure délimite un faciès radar en profondeur (unité 12) caractérisé par des réflecteurs longs et<br />

continus, subhorizontaux ou incurvés et entrecroisés, et un faciès radar supérieur (unité 13)<br />

constitué de réflecteurs longs, continus, inclinés vers le nord avec un angle quasiment constant (15°)<br />

et venant en downlap sur la surface radar. Le contact est tangentiel. Certains réflecteurs ont une<br />

amplitude plus élevée que les autres. Le faciès radar est un faciès oblique tangentiel. La surface radar<br />

supérieure est une surface d’érosion. De part et d’autre de cette surface radar, les pendages sont<br />

opposés. Les réflecteurs de l’unité 14 sont globalement longs et continus, d’amplitude élevée, et<br />

présentent une légère inclinaison vers le sud. Des réflecteurs plus courts et moins continus viennent<br />

s’intercaler. Il s’agit d’un faciès radar parallèle continu.<br />

III.2.2.b. Description des surfaces radar en 3 dimensions<br />

La Figure 78 présente les surfaces radar en 3 dimensions. L’unité 13 a une forme externe en<br />

auge. L’anisotropie est orientée à 345 °N. Cette unité est connectée avec l’unité 9 de la zone nord. Le<br />

faciès radar, les pendages internes des réflecteurs, ainsi que l’orientation de l’anisotropie des deux<br />

unités sont similaires. Ces deux unités correspondent ainsi à une même macroforme de <strong>dépôt</strong>.<br />

L’unité 14 a une forme externe tabulaire inclinée. Cette unité est connectée avec l’unité 11<br />

de la zone Nord. Le faciès radar, et les caractéristiques communes des réflecteurs de ces deux unités,<br />

notamment l’amplitude élevée, justifie l’hypothèse de l’appartenance des ces deux unités à la même<br />

macroforme de <strong>dépôt</strong>.<br />

Figure 78 : interprétation tridimensionnelle des éléments architecturaux du bloc radar de la zone ouest de la<br />

grille C<br />

142


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

III.2.2.c. Interprétation de la stratigraphie radar au niveau de la zone<br />

ouest<br />

L’unité 12 se caractérise par un faciès géophysique proche d’un faciès f2. Ce faciès<br />

correspond à un remplissage par des lithofaciès de nature varié. Les réflecteurs de fortes amplitudes<br />

sont associés à des graviers sans matrice ou à de fines lentilles sableuses.<br />

L’unité 13 est caractérisée par un faciès de type f3, caractéristique d’une alternance entre<br />

des graviers sans matrice et des graviers sableux bimodaux. Sa forme externe générale en auge, ainsi<br />

que la configuration parallèle tangentielle des réflecteurs indique une mise en place de cette<br />

structure d’alternance par migration de dunes de graviers au sein d’un creux d’érosion. Cette<br />

interprétation est cohérente avec celle de l’unité 9 de la zone Nord.<br />

En ce qui concerne l’unité 14, elle se caractérise par un faciès géophysique f1. Cette unité<br />

étant connectée à l’unité 11, l’interprétation est identique. Il pourrait s’agir d’une couche de gravier<br />

constituée de lithofaciès Gcm, avec des passages occasionnels de lithofaciès Gcx,o expliquant les<br />

réflecteurs à forte amplitude et traduisant la migration de nappes de charriage de graviers ou de<br />

couches de graviers sous des conditions très énergétiques.<br />

La Figure 79 présente une modèle interprétatif de répartition des lithofaciès au niveau de la<br />

zone ouest de la grille C. De la même façon que pour le modèle de la zone nord, il s’agit d’un modèle<br />

simplifié, dans la mesure où le remplissage de l’unité 12 est majoritairement constitué de graviers<br />

sableux bimodaux. Ce choix a été justifié précédemment.<br />

Figure 79 : modèle stratigraphique interprétatif à l’échelle du lithofaciès de la zone ouest de la grille C,<br />

correspondant au profil x = 0 m de la Figure 56.<br />

III.2.2.d. Validation du modèle stratigraphique<br />

III.2.2.d.i. Description du profil synthétique<br />

Un profil radar synthétique a été modélisé avec le module MatGPR à partir du modèle<br />

stratigraphique de la Figure 75, et des propriétés diélectriques et résistives du Tableau 19. Le modèle<br />

géométrique d’entrée et le profil synthétique obtenu, ainsi que le profil radar mesuré correspondant,<br />

sont représentés sur la Figure 80. Le profil mesuré au niveau de la zone ouest, présenté sur la Figure<br />

80c, est un profil auquel aucun traitement n’a été appliqué.<br />

Le contraste entre les couches de graviers sans matrice et le lithofaciès Gcm dans l’unité 14<br />

est compatible avec les reflecteurs continus et d’amplitude élevée du profil mesuré. La stratigraphie<br />

radar du profil synthétique est similaire à celle caractérisée expérimentalement. L’interface entre les<br />

lithofaciès Gcm et Gcm,b (interface entre les unités 13 et 14) produit un réflecteur qui n’est pas aussi<br />

marqué sur le profil mesuré que sur le profil synthétique, notamment dans la partie nord du profil.<br />

143


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

La stratigraphie radar interne à l’unité 13 du profil synthétique présente des caractéristiques<br />

de pendage analogues à celles du profil mesuré. Dans la partie supérieure de cette unité, les<br />

amplitudes des réflecteurs du profil synthétique sont proches de celles des réflecteurs du profil<br />

mesuré. Sur le bas de cette unité, le signal du profil synthétique est fortement atténué, ce qui ne<br />

permet pas de visualiser les contrastes entre les couches de graviers sans matrice et les graviers<br />

sableux bimodaux. Des réflecteurs de pendage similaire à la partie supérieure sont cependant<br />

visibles sur le profil mesuré. Comme pour le profil de la zone nord, ceci peut s’expliquer par un choix<br />

de propriétés diélectriques et résistives non approprié.<br />

Enfin, dans la partie nord de l’unité 12, le changement de stratigraphie radar entre les unités<br />

12 et 13 du profil synthétique traduit bien celui observé sur le profil mesuré. Dans la partie sud, les<br />

fines lentilles sableuses génèrent des réflecteurs d’amplitude plus élevée sur le profil synthétique<br />

que sur le profil mesuré, mais les diffractions générées par ces lentilles sont similaires aux réflecteurs<br />

du profil mesuré.<br />

Figure 80 : a) modèle géométrique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> dans la zone ouest de la grille C entré dans le<br />

module MatGPR et b) profil radar synthétique obtenu après modélisation (fréquence de 400 MHz). c) Profil<br />

radar correspondant mesuré avec l’antenne de 400 MHz.<br />

III.2.2.d.ii. Conclusion<br />

En conclusion, le modèle stratigraphique proposé est compatible avec les mesures radar. Le<br />

profil radar synthétique issu du modèle stratigraphique traduit les principales caractéristiques de la<br />

stratigraphie radar du profil mesuré correspondant, mis à part les réflecteurs inclinés vers le nord du<br />

bas de l’unité 13. L’atténuation trop importante peut toutefois s’expliquer par des propriétés<br />

diélectriques et résistives non appropriées dans cette unité. Le modèle stratigraphique de la zone<br />

ouest (Figure 75) est donc considéré valide.<br />

144


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

III.2.3. Interprétation des profils géophysiques mesurés sur la grille C<br />

L’interprétation de la stratigraphie du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> au niveau des zones nord et ouest<br />

a été élargie à l’ensemble de la grille C. Les corrélations effectuées entre les deux zones réduites ont<br />

mis en évidence la relation entres les unités caractérisées. Deux principaux éléments de <strong>dépôt</strong>s sont<br />

communs au niveau des zones nord et ouest.<br />

Il s’agit tout d’abord de la progradation d’alternance entre les graviers sans matrice et les<br />

graviers sableux bimodaux, correspondant aux unités 9 et 13. Cette progradation a été mise en place<br />

par migration de dunes de graviers dans un creux d’érosion, caractérisé au niveau de la zone ouest.<br />

Le pendage vers l’est des lithofaciès correspond à la direction de la migration. Les unités 9 et 13<br />

appartiennent donc à une barre de gravier. Les résistivités élevées mesurées dans cette macroforme<br />

au niveau de la zone nord traduisent une forte proportion de graviers sans matrice, pouvant<br />

expliquer également les fortes amplitudes des réflecteurs radar. Cette barre de graviers est délimitée<br />

sur la Figure 81.<br />

Figure 81 : extension latérale d’une barre de graviers, interprétée à partir du bloc radar pseudo-3D de la grille<br />

C<br />

Une seconde macroforme caractérisée au niveau des blocs nord et ouest correspond aux<br />

unités 11 et 14. Cette macroforme est présente dans les premiers centimètres sous la surface du<br />

bassin. Elle est caractérisée par un faciès géophysique f1, qui se poursuit sous l’ensemble de la grille<br />

C (Figure 82). La surface basale de cette macroforme est une surface d’érosion. Le faciès géophysique<br />

est interprété comme un <strong>dépôt</strong> sous un régime d’écoulement élevé ayant conduit à la mise en place<br />

d’une couche de graviers hétérométrique, dont le lithofaciès principal est le lithofaciès Gcm. Les<br />

stratifications internes à cette macroforme traduisent la migration de nappes de charriage en surface<br />

de barres de gravier voire d’une couche de graviers. Cette migration produit occasionnellement de<br />

fines couches de graviers sans matrice, analogues à celles caractérisées au niveau de l’unité 7 de la<br />

paroi d’excavation de la zone B. Les alternances humides et sèches peuvent être à l’origine de la<br />

présence d’horizons d’oxyde de fer, pouvant contribuer à diminuer les résistivités dans cette<br />

macroforme et augmenter l’amplitude des réflecteurs radar.<br />

145


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

Figure 82 : extension latérale de la couche massive de graviers, interprétée à partir du bloc radar pseudo-3D<br />

de la grille C<br />

L’analyse des profils radar de la grille C permet également de suivre le remplissage sableux<br />

caractérisé au niveau de l’unité 10 de la zone nord. Le faciès radar de cette unité se retrouve au<br />

niveau des profils situés au sud de la zone nord. La forme en auge est délimitée sur la Figure 83. La<br />

forme externe de cet élément de <strong>dépôt</strong> traduit la présence d’un paléochenal, orienté<br />

approximativement Sud-Nord. Ce paléochenal pourrait avoir des dimensions plus larges que celles de<br />

la simple structure en auge. En effet, la barre de graviers correspondant aux unités 9 et 13 a été mise<br />

en place par migration vers l’est. Cette barre aurait ainsi comblé en partie le paléochenal. La<br />

migration de la barre de graviers vers l’est peut expliquer le comblement en amont du paléochenal,<br />

qui aurait alors été rempli par des éléments fins de type sableux.<br />

Figure 83 : extension latérale du remplissage sableux, interprétée à partir du bloc radar pseudo-3D de la<br />

grille C<br />

L’analyse des profils géophysiques mesurés sur l’ensemble de la grille C met en évidence la<br />

nécessité de caractériser le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sur une surface d’échelle décamétrique. Les<br />

principales macroformes de <strong>dépôt</strong> ne peuvent être interprétées complètement qu’à cette échelle.<br />

146


Chapitre C : <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité structurale en trois dimensions par méthodes géophysiques<br />

L’interprétation paléoenvironnementale effectuée à cette échelle permet de confirmer les<br />

hypothèses sur l’agencement interne des éléments architecturaux (répartition spatiale des<br />

lithofaciès) formulées à partir de l’analyse des zones réduites nord et ouest.<br />

III.3. Synthèse et conclusion<br />

Par une approche <strong>hydrogéophysique</strong> couplant l’utilisation du radar géologique et du<br />

profilage électrique à l’étude sédimentologique décrite au Chapitre B, un modèle stratigraphique<br />

tridimensionnel du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> à une échelle réduite représentative de l’ouvrage<br />

d’infiltration a été défini. Ce modèle traduit l’hétérogénéité sédimentaire aux échelles<br />

mésoscopiques (lithofaciès) et macroscopiques (éléments architecturaux).<br />

Dans un premier temps, un calibrage des deux méthodes géophysiques sur les parois<br />

d’excavation des zones A et B a conduit à la définition d’une typologie de faciès géophysiques,<br />

associant les principales caractéristiques sédimentaires du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> aux caractéristiques<br />

des réflecteurs GPR et aux variations locales de résistivité électrique. Une typologie de 3 faciès<br />

géophysique a ainsi été définie (Tableau 18).<br />

Cette typologie a été utilisée dans un second temps afin d’interpréter les mesures<br />

géophysiques effectuées sur une zone réduite du bassin d’infiltration (grille C), et plus<br />

particulièrement sur les zones nord et ouest, instrumentables pour la mesure des variations de<br />

teneurs en eau et de succion à partir du puits de mesure. Un modèle stratigraphique correspondant<br />

à ces deux zones a été défini, et validé par confrontation d’un profil radar synthétique au profil radar<br />

mesuré correspondant. L’affectation de propriétés hydrodynamiques à chaque lithofaciès constitutifs<br />

des modèles stratigraphiques permettra de réaliser la modélisation des écoulements non-saturés.<br />

Les variations de teneur en eau modélisées pourront être comparées aux variations mesurées en<br />

conditions réelles. La détermination des propriétés hydrodynamiques des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

non-saturés fait l’objet du Chapitre D.<br />

L’interprétation des profils géophysiques confirment la nature du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Il<br />

s’agit d’un <strong>dépôt</strong> de système en tresse, caractérisée par des macroformes de type remplissage de<br />

creux d’érosion, barre de graviers, ou couche de graviers massives correspondant à un régime<br />

d’écoulement élevé. Cette dernière structure se retrouve au niveau des 3 zones étudiées, ce qui<br />

permet de faire l’hypothèse d’un événement allocyclique à régime d’écoulement élevé se traduisant<br />

par un <strong>dépôt</strong> hétérométrique sous l’ensemble du bassin. La présence de graviers sans matrice dans<br />

cette couche hétérométrique, traduisant la base de la migration de couche de graviers, peut avoir un<br />

impact sur les écoulements dans les premiers centimètres de la zone non-saturée. Nous revenons sur<br />

les flux d’écoulement induits par les couches de graviers sans matrice au Chapitre E. Les structures et<br />

textures sédimentaires observées sur les parois d’excavation des zones A et B sont potentiellement<br />

observables au niveau de la grille C, et par interpolation entre les différentes zones, sous l’ensemble<br />

du bassin d’infiltration DjR.<br />

Cette étude géophysique confirme la bonne capacité du radar géologique à résoudre les<br />

hétérogénéités sédimentaires à l’échelle macroscopique de l’élément architectural et à l’échelle<br />

mésocopique du lithofaciès. A cette échelle, le couplage du radar géologique avec le profilage<br />

électrique permet de valider les hypothèses formulées sur la lithologie dominante du <strong>dépôt</strong> à partir<br />

de l’interprétation de la stratification radar.<br />

147


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

D. <strong>Caractérisation</strong> des propriétés hydrodynamiques des hydrofaciès<br />

du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

Winiarski et al. (2004) ont montré que l’hétérogénéité sédimentaire naturelle d’un <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> à l’échelle métrique a un impact sur les écoulements non-saturés. A cette échelle, les<br />

lithofaciès peuvent en effet agir soit en tant que chemins préférentiels d’écoulement, soit en tant<br />

que barrière à l’écoulement (Heinz et Aigner, 2003b). Ce comportement hydrodynamique peut avoir<br />

un impact sur les mécanismes de transfert de polluants en profondeur. La modélisation des<br />

écoulements en zone non saturée d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire hétérogène requiert donc la<br />

connaissance des propriétés hydrodynamiques à l’échelle du lithofaciès. Par la suite, on appellera<br />

hydrofaciès les unités hydrogéologiques correspondant au lithofaciès et pour lesquelles des<br />

propriétés hydrodynamiques homogènes sont définies.<br />

Ce chapitre est consacré à la caractérisation des propriétés hydrodynamiques associées aux<br />

hydrofaciès, propriétés qui pourront être affectées aux lithofaciès des modèles stratigraphiques<br />

définis par interprétation des mesures géophysiques au chapitre précédent. Cette caractérisation fait<br />

partie intégrante de l’approche <strong>hydrogéophysique</strong> suivie dans le cadre de ce travail, et visant à<br />

définir un modèle hydrostratigraphique représentant de façon réaliste l’hétérogénéité<br />

hydrodynamique à l’échelle mésoscopique.<br />

L’objectif de cette caractérisation hydrodynamique est donc de définir les hydrofaciès<br />

caractéristiques du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais. Nous avons utilisé une approche<br />

d’analogue d’aquifère, consistant à caractériser les propriétés hydrodynamiques de lithofaciès<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s analogues en surface de plaines d’épandage actuelles (plaines d’épandage<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> des Bossons et du Breidamerkurjökull, décrites au Chapitre B), afin de les extrapoler<br />

aux lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires de l’Est lyonnais. Les hydrofaciès ainsi définis décrivent<br />

les propriétés hydrodynamiques caractéristiques des lithofaciès non-saturés, utilisables en tant que<br />

données d’entrée de modèles d’écoulements en zone non-saturée.<br />

I. Les propriétés hydrodynamiques des hydrofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

I.1. Les propriétés hydrodynamiques caractéristiques d’un milieu poreux<br />

non-saturé<br />

I.1.1. Etat énergétique de l’eau en zone non-saturée et notion de<br />

pression capillaire<br />

L’écoulement d’eau dans un milieu poreux se définit comme le déplacement de l’eau au sein<br />

des vides de ce milieu. Ce déplacement est dû à une variation du potentiel énergétique de l’eau. Ce<br />

potentiel énergétique se décompose en une composante d’énergie cinétique et une composante<br />

d’énergie potentielle. L’énergie cinétique est généralement négligée devant l’énergie potentielle, en<br />

raison des faibles vitesses d’écoulement dans les sols. L’énergie potentielle se décompose en 5<br />

termes (Kutilek et Nielsen, 1994) :<br />

Φ φg + φc + φo + φa + φe<br />

où φg est le potentiel gravitationnel, représentant l’énergie utilisable provenant des forces de<br />

gravité (Musy et Soutter, 1991), φc le potentiel capillaire ou matriciel, exprimant un gradient de<br />

pression d’eau au sein du milieu poreux, φo le potentiel osmotique, traduisant un gradient de<br />

148


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

concentration en éléments chimiques dans l’eau, φa le potentiel pneumatique, généré par un<br />

gradient de pression d’air à l’intérieur des pores par rapport à la pression atmosphérique, et φe le<br />

potentiel d’enveloppe, induit par la pression mécanique externe du milieu sus-jacent et transmis par<br />

le film d’eau enveloppant les grains solides (De Condappa, 2005). Les trois derniers termes ne sont<br />

généralement pas considérés. Le potentiel osmotique ne peut cependant pas être négligé dans le cas<br />

de certains sols très salins ou argileux (Lassabatère, 2002).<br />

Le potentiel sera donc assimilé à la résultante des potentiels gravitationnels et capillaires. Le<br />

potentiel énergétique peut s’exprimer en énergie par unité de volume. Dans cette unité, le potentiel<br />

de l’eau s’exprime sous la forme d’une charge (ou potentiel) hydraulique. Le potentiel gravitationnel<br />

est assimilé à la hauteur du point considéré (Haverkamp et al., 2007). Le potentiel matriciel est quant<br />

à lui exprimé sous la forme d’une charge de pression, positive en zone saturée, et négative en zone<br />

non-saturée.<br />

La valeur positive du potentiel matriciel en zone saturée est due à la pression hydrostatique<br />

exercée par la colonne d’eau située au-dessus du point considéré. En zone non-saturée, le potentiel<br />

matriciel correspond à l’état énergétique de l’eau retenue dans les pores d’un sol par capillarité et à<br />

la surface des grains par adsorption (Haverkamp et al., 2007). Le potentiel de pression négatif reflète<br />

ainsi l’affinité globale de l’eau pour l’ensemble de la matrice solide (Musy et Soutter, 1991). Il<br />

s’oppose au potentiel gravitationnel. Du fait de la grandeur des forces de capillarité et d’adsorption,<br />

le potentiel matriciel peut atteindre des valeurs négatives extrêmement importantes. Sa diminution<br />

peut se faire sur plusieurs ordres de grandeurs pour de faibles variations de teneurs en eau.<br />

Par la suite, le potentiel matriciel sera appelé pression capillaire (valeurs négatives). Par<br />

commodité, il sera également fait référence à la valeur positive de ce potentiel, appelée succion.<br />

I.1.2. Courbe de rétention capillaire<br />

En zone non-saturée, le degré de saturation en eau et la pression capillaire varient<br />

simultanément (Musy et Soutter, 1991). La saturation en eau est caractérisée par le volume relatif de<br />

l’eau dans un sol, ou teneur volumique en eau. La teneur volumique en eau varie d’une teneur en<br />

eau résiduelle, θr, correspondant au volume d’eau adsorbée à la surface des grains, à une teneur en<br />

eau saturée, θs, correspondant à un remplissage des vides par l’eau, sans présence d’air.<br />

Théoriquement, la teneur volumique en eau saturée est donc égale à la porosité du sol. Dans la<br />

réalité, elle est inférieure à la porosité, du fait de la présence d’air emprisonné dans certains pores<br />

du sol.<br />

La diminution de la teneur en eau, donc de la quantité d’eau dans les pores du sol, a pour<br />

effet de réduire le rayon de courbure des ménisques formés dans les interstices intergranulaires,<br />

augmentant ainsi la tension interne de l’eau, conformément à la loi de Laplace (Musy et Soutter,<br />

1991). Ainsi, en phase de drainage, la désaturation progressive de l’espace poral provoque une<br />

augmentation de la succion. Les pores les plus rapidement désaturés sont les pores les plus grossiers.<br />

Partant d’un état initialement saturé en eau, la valeur critique à partir de laquelle l’air pénètre dans<br />

les pores les plus grossiers de la matrice solide est appelée pression d’entrée d’air (air-entry suction).<br />

Cette valeur constitue un seuil de succion à partir duquel le sol commence à se désaturer. Cette<br />

pression d’entrée d’air est généralement faible pour les sols à granulométrie grossière, comme les<br />

<strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s, et augmente à mesure que la granulométrie des sols devient plus fine (Figure<br />

84). Comme la taille des pores dans des sols grossiers est généralement uniforme, le phénomène de<br />

désaturation est généralement plus marqué que pour des sols fins (Hillel, 1998). Aux succions<br />

élevées, l’eau n’est retenue que dans les pores les plus fins (par les forces capillaires), ainsi qu’à la<br />

surface de la matrice solide (par les forces d’adsorption). La teneur en eau tend alors vers sa valeur<br />

résiduelle.<br />

149


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

L’évolution simultanée de la teneur en eau et de la pression capillaire est mesurable<br />

expérimentalement. La courbe expérimentale obtenue est appelée courbe de rétention capillaire,<br />

elle relie la teneur volumique en eau d’un sol à sa pression capillaire et décrit la capacité d’un sol à<br />

stocker ou retenir l’eau dans les pores d’un sol (Haverkamp et al., 2007). Cette relation, fortement<br />

non-linéaire, a une forme caractéristique en S. Aux faibles succions, les forces capillaires<br />

prédominent sur les forces d’adsorption, et sont dépendantes principalement de la géométrie des<br />

pores, et donc de l’arrangement structural des grains (structure du sol, au sens géopédologique du<br />

terme). Aux fortes succions, les forces d’adsorption, dépendant de la surface spécifique des grains,<br />

prédominent sur les forces capillaires (Musy et Soutter, 1991).Du fait de la dépendance des forces<br />

de capillarité et d’adsorption à la texture et à la structure du sol, la relation entre le potentiel de<br />

pression et la teneur en eau constitue une caractéristique spécifique à un sol, ou plus généralement à<br />

un type de sol (Musy et Soutter, 1991). On parle ainsi de courbe hydrodynamique caractéristique<br />

d’un sol.<br />

Figure 84 : effet de la granulométrie sur la courbe de rétention capillaire. D’après Miyasaki (1988).<br />

La courbe de rétention capillaire présente une hystérèse (Figure 84). A teneur en eau<br />

identique, la courbe de drainage donne des valeurs de succion plus élevées que la courbe<br />

d’humidification (Musy et Soutter, 1991; Kutilek et Nielsen, 1994). Ce phénomène n’est<br />

fréquemment pas pris en compte, son influence étant souvent négligeable devant l’hétérogénéité et<br />

la variabilité spatiale des propriétés des sols (De Condappa, 2005; Haverkamp et al., 2007).<br />

La relation entre h et θ joue un rôle capital dans la description des écoulements de l’eau en<br />

milieu non-saturé (Musy et Soutter, 1991). Afin de connaître les variations de pression capillaire en<br />

fonction de la teneur en eau de façon continue en vue de modéliser les écoulements en zone nonsaturée,<br />

les valeurs expérimentales sont ajustées par des fonctions analytiques modélisant la courbe<br />

de rétention en eau. Ces fonctions analytiques sont ajustées par l’intermédiaire de paramètres<br />

d’ajustement, parmi lesquels on distingue les paramètres de forme, liés à la texture d’un sol, et les<br />

paramètres d’échelle, liés à la structure (au sens géopédologique) d’un sol (Haverkamp et al., 2005;<br />

Leij et al., 2005).<br />

Les modèles les plus répandus sont les modèles de van Genuchten (Van Genuchten, 1980) et<br />

de Brooks et Corey (Brooks et Corey, 1964) :<br />

<br />

<br />

1 <br />

<br />

(Van Genuchten, 1980)<br />

150


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

<br />

<br />

(Brooks et Corey, 1964)<br />

0<br />

où θ est la teneur volumique en eau, θr et θs respectivement les teneurs volumiques en eau<br />

résiduelles et à saturation, h la pression capillaire, et hg et hbc sont les paramètres d’échelle (on parle<br />

de paramètres d’échelle de pression) des modèles de van Genuchten et de Brooks et Corey<br />

respectivement, et λ, m et n sont des paramètres de forme (on parle de paramètres de forme de<br />

pression) de ces modèles. Les paramètres m et n sont couramment reliés par la relation :<br />

1 <br />

<br />

où km est un entier dépendant du modèle capillaire choisi (km = 1 pour le modèle de Mualem<br />

(Mualem, 1976) et km = 2 pour le modèle de Burdine (Burdine, 1953)). La Figure 85 représente la<br />

courbe de rétention capillaire d’un sol sableux, modélisée par les relations de van Genuchten et de<br />

Brooks et Corey.<br />

Figure 85 : courbe de rétention capillaire d’un sable, modélisée par les relations de van Genuchten (1981) et<br />

de Brooks et Corey (1964).<br />

I.1.3. Conductivité hydraulique<br />

La conductivité hydraulique traduit la capacité d’un sol à conduire la phase liquide (l’eau) au<br />

sein des vides de ce sol (Haverkamp et al., 2007). La conductivité hydraulique est très faible pour un<br />

sol sec, mais augmente rapidement lorsque le sol approche de la saturation (De Condappa, 2005), ce<br />

qui fait de la variation de la conductivité hydraulique en fonction de la teneur volumique en eau K(θ)<br />

une relation fortement non-linéaire (Haverkamp et al., 2007).<br />

A saturation, l’ensemble des pores peut participer à l’écoulement de l’eau. La conductivité<br />

hydraulique est alors maximale, sa valeur est la conductivité hydraulique saturée, notée Ks. Lors de la<br />

phase de drainage d’un sol, le milieu devient triphasique et une partie des vides de l’espace poral ne<br />

participe plus à l’écoulement de l’eau, engendrant ainsi une diminution de la section d’écoulement et<br />

une augmentation de la tortuosité. La diminution de la teneur en eau induit donc une diminution de<br />

la conductivité hydraulique (Musy et Soutter, 1991). La diminution de la conductivité hydraulique est<br />

rapide, et peut se faire sur plusieurs ordres de grandeurs pour de faibles variations de la teneur en<br />

eau (Musy et Soutter, 1991).<br />

151


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

De la même façon que pour les courbes de rétention capillaire, la relation entre la<br />

conductivité hydraulique d’un sol et sa teneur en eau, ou sa pression capillaire, est complexe et<br />

dépendante du type de sol considéré (Figure 86). Les sols les plus grossiers, présentant des pores de<br />

taille importante, ont les conductivités hydrauliques saturées les plus élevées. Ceci s’explique par un<br />

plus grand volume de macropores disponibles pour les écoulements rapides et essentiellement<br />

gravitaires de l’eau. En revanche, aux fortes succions correspondant à de faibles teneurs en eau,<br />

l’espace poral disponible pour la circulation de l’eau correspond aux pores les plus fins remplis d’eau.<br />

Les matériaux fins, à forte surface spécifique, sont ceux qui ont la plus forte conductivité hydraulique<br />

à très faibles pressions capillaires. Les différences de conductivité hydraulique entre les sols à<br />

granulométrie fine et les sols grossiers peuvent engendrer des effets de barrière capillaire,<br />

typiquement lorsqu’un sol fin surmonte un sol grossier. A faible saturation, seuls les pores les plus<br />

fins de la couche supérieure assurent la conduction de l’eau, la différence des tailles de pores à<br />

l’interface engendrant un effet de barrière à l’écoulement par capillarité dans la couche inférieure à<br />

pores plus grossiers (effet de barrière capillaire). Cet effet de barrière capillaire est décrit plus<br />

longuement dans le Chapitre E.<br />

Figure 86 : dépendance de la conductivité hydraulique vis-à-vis de la pression capillaire pour deux sols de<br />

nature différente<br />

Des fonctions analytiques sont utilisées pour modéliser les variations de la conductivité<br />

hydraulique en fonction de la teneur en eau. Le modèle de Brooks et Corey (1964) fait intervenir le<br />

paramètre de forme de conductivité η :<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

(Brooks et Corey, 1964)<br />

où K est la conductivité hydraulique, θ est la teneur volumique en eau, θr et θs<br />

respectivement les teneurs volumiques en eau résiduelles et à saturation, et Ks la conductivité<br />

hydraulique saturée (paramètre d’échelle de conductivité).<br />

Partant de l’expression proposée par Mualem (1976), la conductivité hydraulique peut être<br />

estimée à partir du modèle de courbe de rétention capillaire de van Genuchten (1980) de la façon<br />

suivante, où m est le paramètre de forme de pression défini précédemment :<br />

152


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

. 1 1 <br />

<br />

<br />

<br />

<br />

153<br />

<br />

(Van Genuchten, 1980)<br />

L’avantage de cette dernière expression est qu’elle ne fait pas intervenir un paramètre de<br />

forme supplémentaire par rapport à la relation de rétention capillaire. Cependant, l’application de<br />

l’expression de van Genuchten n’est valable que dans les cas restreints des sols particuliers décrits<br />

par un modèle capillaire donné (De Condappa, 2005). Le modèle de Brooks et Corey est donc<br />

préférentiellement utilisé. Les paramètres de forme de rétention λ et de conductivité η sont reliés<br />

par l’équation suivante :<br />

2<br />

2 <br />

<br />

où τ est adimensionnel et traduit la tortuosité suivant le modèle capillaire (τ = 0,5 pour le<br />

modèle de Mualem (Mualem, 1976) ; τ = 1 pour le modèle de Burdine (Burdine, 1953)).<br />

Figure 87 : courbe de conductivité hydraulique d’un sable, modélisée par les relations de van Genuchten<br />

(1981) et de Brooks et Corey (1964).<br />

I.1.4. Equation de l’écoulement en zone non-saturée<br />

L’écoulement de l’eau en zone non-saturée est régi par deux lois fondamentales : la loi de<br />

comportement dynamique de Darcy-Buckingham et la loi de continuité.<br />

La loi de Darcy, généralisée aux milieux non-saturés par Buckingham, traduit que sous l’effet<br />

d’un gradient de charge hydraulique H, un flux d’eau est induit dans le milieu poreux :<br />

. <br />

Cette loi traduit bien la fonction motrice du gradient de charge dans les écoulements. De<br />

façon analogue à la dynamique des milieux saturés, la conductivité hydraulique intervient dans la<br />

relation de proportionnalité entre la densité de flux et le gradient de potentiel. Sa dépendance à la<br />

teneur en eau du milieu poreux fait de la relation flux – gradient de potentiel une relation<br />

essentiellement non-linéaire (Musy et Soutter, 1991).<br />

L’équation de continuité traduit la conservation de la masse. La variabilité spatiale<br />

tridimensionnelle de la densité de flux est liée à la variabilité temporelle de la teneur en eau :


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

<br />

<br />

La combinaison des deux lois conduit à l’équation décrivant les écoulements en milieu<br />

poreux non-saturé :<br />

. <br />

<br />

Dans le cas d’un écoulement vertical (suivant un axe z orienté vers le bas), la charge<br />

hydraulique H se décompose en un potentiel de pression h et un potentiel gravitationnel z :<br />

<br />

. <br />

1<br />

<br />

Par substitution, on obtient l’équation générale des écoulements non-saturés verticaux :<br />

<br />

<br />

. 1 <br />

<br />

Cette expression peut s’écrire sous la forme de l’équation de Fokker-Planck :<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

. <br />

<br />

<br />

<br />

. . <br />

<br />

Détermination Terme gravitationnel<br />

d’hydrofaciès<br />

Sous cette forme, la teneur en eau est la variable principale de cette équation aux dérivées<br />

partielles. Les deux composantes primordiales d’un écoulement vertical se dégagent. Un terme<br />

gravitationnel correspond aux écoulements générés par les forces de gravité. Un terme capillaire est<br />

associé aux écoulements induits par capillarité. La diffusivité capillaire de l’eau peut être introduit :<br />

. <br />

<br />

En cas de saturation du milieu poreux, la teneur en eau est constante, mais le potentiel de<br />

pression continue à évoluer. Il est donc préférable d’exprimer l’équation précédente en fonction du<br />

potentiel de pression. On définit alors la capacité capillaire c(h), comme la variation de teneur en eau<br />

par unité de variation de potentiel de pression (pente de la relation θ(h)).<br />

. <br />

<br />

<br />

<br />

154


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Cette équation, connue sous le nom d’équation de Richards, décrit l’écoulement de l’eau en<br />

milieu variablement saturé. La modélisation des écoulements en zone non-saturée consiste à<br />

résoudre cette équation, par méthode numérique de façon générale. Cette modélisation nécessite la<br />

connaissance des variations continues de la conductivité hydraulique et de la pression capillaire.<br />

L’utilisation conjointe du modèle de conductivité hydraulique de Brooks et Corey avec le modèle de<br />

courbe de rétention capillaire de van Genuchten avec condition de Burdine est optimale, dans la<br />

mesure où cette combinaison est valide quel que soit le type de sol retenant l’eau par capillarité,<br />

sans devenir inconsistante avec la théorie générale de l’écoulement en zone non-saturée<br />

(Haverkamp et al., 2007).<br />

L’hétérogénéité du sol conditionne la variabilité des propriétés hydrodynamiques d’un point<br />

à un autre. Dans le cas d’un sol hétérogène, l’équation de continuité n’est pas modifiée et reste la<br />

même en tout point du sol. La loi dynamique doit quant à elle intégrer les variations spatiales de la<br />

conductivité hydraulique. Lorsque le milieu est hétérogène isotrope, ce qui est le cas dans un <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> (conductivité supposée isotrope au sein d’un lithofaciès), la conductivité hydraulique<br />

est une fonction spatiale scalaire K(x,y,z). La principale difficulté réside dans l’acquisition<br />

d’informations concernant la distribution spatiale de la conductivité hydraulique (Musy et Soutter,<br />

1991).<br />

I.2. Les propriétés hydrodynamiques de lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

Notons tout d’abord que les travaux existants traitant de l’évaluation des propriétés<br />

hydrodynamiques de lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong> ne portent que sur la zone saturée. Cette partie traite<br />

donc essentiellement des propriétés hydrodynamiques de la zone saturée, à savoir la conductivité<br />

hydraulique saturée et la porosité.<br />

La distribution de la conductivité hydraulique dans les aquifères est fortement dépendante<br />

de la répartition spatiale des lithofaciès (Heinz et Aigner, 2003b). Chaque lithofaciès est associée à<br />

une distribution granulométrique caractéristique. La diversité des granulométries entraîne une<br />

hétérogénéité dans la distribution des tailles de pores entre chaque lithofaciès, et donc une<br />

hétérogénéité d’ordre hydrodynamique. Andersen (1989) a ainsi montré que les propriétés<br />

sédimentaires, comme la distribution granulométrique, la texture ou la fabrique d’un lithofaciès,<br />

peuvent être reliées directement aux propriétés hydrodynamiques comme la conductivité<br />

hydraulique saturée ou la porosité. Andersen (1989) introduit ainsi le terme d’hydrofaciès. Ce terme<br />

est utilisé pour décrire les unités hydrogéologiques, homogènes d’un point de vue sédimentaire,<br />

c’est-à-dire correspondant aux lithofaciès (phase homogène de transport et de sédimentation), mais<br />

pouvant être anisotropique hydrodynamiquement (différence entre les conductivités hydrauliques<br />

saturées horizontales et verticales par exemple). Par la suite, nous utiliserons donc le terme<br />

hydrofaciès lorsque nous évoquerons les lithofaciès en tant qu’unités hydrogéologiques, pour<br />

lesquelles des propriétés hydrodynamiques caractéristiques sont connues.<br />

La caractérisation des propriétés hydrodynamiques des hydrofaciès est nécessaire pour<br />

décrire les écoulements d’eau dans un <strong>dépôt</strong> sédimentaire à une échelle locale, en vue d’améliorer le<br />

compréhension du transfert de contaminants (Anderson, 1989). A cette échelle, les hydrofaciès<br />

peuvent agir soit comme des chemins préférentiels d’écoulement, soit comme des barrières à<br />

l’écoulement (Heinz et Aigner, 2003b).<br />

155


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

I.2.1. Méthodes de caractérisation hydrodynamique à l’échelle de<br />

l’hydrofaciès<br />

La caractérisation des propriétés hydrodynamiques des hydrofaciès requiert l’utilisation de<br />

méthodes de détermination appropriées à l’échelle mésoscopique. Les techniques classiques<br />

d’investigation hydrogéologique, comme par exemple les essais de pompage, ne permettent pas<br />

d’avoir une résolution suffisante. Les essais de pompage intègrent l’information à l’échelle macro- à<br />

mégascopique, et ne fournissent qu’une estimation globale de la conductivité hydraulique (Figure<br />

88a). Il est donc essentiel de réaliser cette caractérisation sur un échantillon représentatif de<br />

l’hydrofaciès. Cette caractérisation peut s’effectuer en laboratoire ou directement sur le terrain. Des<br />

méthodes mathématiques prédictives permettent également d’estimer les propriétés<br />

hydrodynamiques à partir de la distribution granulométrique par exemple.<br />

Figure 88 : exemple de méthodes in situ de mesure de la conductivité hydraulique saturée d’un <strong>dépôt</strong><br />

sédimentaire hétérogène. a) Mesure par essai de pompage. La mesure intègre l’information à l’échelle<br />

macro- à mégascopique, et ne fournit qu’une estimation globale de la conductivité hydraulique. b) Mesure à<br />

l’échelle mésoscopique. Des essais au perméamètre à phase gazeuse ou des essais Beerkan (ces essais sont<br />

décrits au II.2) permettent d’estimer la conductivité hydraulique de chaque lithofaciès constituant le <strong>dépôt</strong><br />

sédimentaire. D’après Dai et al. (2004).<br />

En ce qui concerne les lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s, les méthodes de caractérisation en<br />

laboratoire ont été privilégiées jusqu’à présent. La conductivité hydraulique saturée a été estimée<br />

par perméamètre (Jussel et al., 1994; Heinz et al., 2003; Kostic et al., 2005) ou par perméamètre à<br />

phase gazeuse (Klingbeil et al., 1999). La porosité a été estimée à partir de la détermination de la<br />

masse volumique sèche (Klingbeil et al., 1999). Les essais ont cependant été effectués<br />

majoritairement sur des échantillons remaniés, dont l’agencement est non-représentatif de la<br />

structure en place, et ne rendent pas compte des anisotropies du terrain générées par<br />

l’hétérogénéité sédimentaire. En effet, la nature non-cohésive des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s ne permet<br />

pas facilement de réaliser des essais sur des échantillons non-déstructurés. Seuls des sables ont été<br />

analysés en laboratoire sans déstructuration de la stratigraphie (Jussel et al., 1994; Klingbeil et al.,<br />

1999).<br />

Des modèles mathématiques prédictifs ont également été utilisés pour estimer les<br />

conductivités hydrauliques saturées. Ces modèles utilisent l’information de la distribution<br />

156


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

granulométrique afin d’en déduire certaines propriétés hydrodynamiques. La conductivité<br />

hydraulique saturée a par exemple été estimée à partir des formules de Hazen (1893), Kozeny-<br />

Carmann (Kozeny, 1927; Carman, 1937), Beyer (1964), ou Panda et Lake (1994) par plusieurs auteurs<br />

(Anderson et al., 1999; Heinz et al., 2003; Kostic et al., 2005).<br />

La caractérisation in situ est la plus adaptée à la caractérisation hydrodynamique de <strong>dépôt</strong>s<br />

non-saturés. Les mesures sont en effet réalisées sur le <strong>dépôt</strong> en place, non remanié, et permettent<br />

ainsi de caractériser les anisotropies liées à la stratification sédimentaire. La caractérisation<br />

hydrodynamique in situ des lithofaciès d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire quaternaire demande un accès facile<br />

aux lithofaciès, ainsi qu’une instrumentation adaptée au terrain étudié. Cette caractérisation peut se<br />

faire sur des affleurements de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires analogues à des <strong>dépôt</strong>s souterrains (aquifères<br />

ou zones non-saturées inaccessibles et donc non-caractérisables hydrodynamiquement à l’échelle<br />

mésoscopique). Cette approche d’analogue d’aquifère a notamment été décrite par Huggenberger et<br />

Aigner (1999). Klingbeil (1998) a ainsi développé des essais in situ par perméamètre à phase gazeuse<br />

(mesure de la conductivité de la phase gazeuse dans un lithofaciès entre deux tiges métalliques<br />

d’injection et de mesure), afin d’estimer la conductivité hydraulique saturée de lithofaciès<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s décrits sur des affleurements de <strong>dépôt</strong>s quaternaires analogues à ceux constituant<br />

l’aquifère du bassin sédimentaire de la vallée du Rhin.<br />

Les méthodes utilisées jusqu’à présent ne rendent compte des propriétés hydrodynamiques<br />

que dans la zone saturée. Afin de décrire les écoulements d’eau en zone non-saturée des <strong>dépôt</strong>s<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s, il est nécessaire de connaître les courbes caractéristiques de rétention et de<br />

conductivité hydraulique. Les méthodes adaptées à la caractérisation des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s sont<br />

présentées au I.3.<br />

I.2.2. Relation entre lithofaciès et hydrofaciès<br />

La Figure 89 recense les estimations de conductivité hydraulique saturée de lithofaciès<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s analogues à ceux de l’Est lyonnais. Cette figure montre une hétérogénéité<br />

hydrodynamique entre lithofaciès, mais également interne aux lithofaciès. Les graviers sans matrice<br />

ont une conductivité hydraulique saturée significativement plus élevée que les autres lithofaciès. Les<br />

valeurs varient entre 10 -2 et 3.10 0 m.s -1 . Les écoulements dans ce type de lithofaciès peuvent donc<br />

être rapide en cas de saturation totale, et conduire à des flux préférentiels d’écoulement (Klingbeil et<br />

al., 1999; Heinz et Aigner, 2003b; Heinz et al., 2003). La conductivité hydraulique saturée des sables<br />

est la moins variable, elle oscille entre 10 -4 et 10 -3 m.s -1 . Elle est en moyenne plus élevée que celles<br />

des graviers sableux, ce qui s’explique par un bon classement granulométrique autour des sables<br />

moyens, alors que l’hétérométrie des graviers sableux génère une porosité plus faible. La fraction<br />

sableuse plus élevée des lithofaciès Gcm,b engendre une conductivité hydraulique saturée plus faible<br />

en moyenne que celle des lithofaciès Gcm.<br />

157


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 89 : estimation des conductivités hydrauliques saturées des principaux lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s.<br />

D’après Jussel et al. (1994), Andersen et al. (1999), Bersezio et al. (1999), Klingbeil et al. (1999), Heinz et al.<br />

(2003), Kostic et al. (2005).<br />

A partir de ces estimations, des auteurs ont établi une relation entre lithofaciès et<br />

hydrofaciès. Klingbeil et al. (1999) ont ainsi établi une relation entre des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

quaternaires et leur propriétés hydrodynamiques saturées (conductivité hydraulique saturée<br />

verticale et horizontale, porosité). Ils définissent une classification de 5 hydrofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s,<br />

en fonction des différents types de lithofaciès potentiellement observables dans un <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> quaternaire. Ces hydrofaciès sont les graviers bimodaux (hydrofaciès BM), les graviers<br />

sans matrice (hydrofaciès OW), les sables (hydrofaciès S), les graviers sableux massifs (hydrofaciès<br />

M), et les graviers à stratifications planes, en auge ou horizontales (hydrofaciès P/T/H). La Figure 90<br />

synthétise cette relation. Les graviers sans matrice (hydrofaciès OW) et les graviers bimodaux (BM),<br />

associés d’un point de vue sédimentologique, sont distingués dans le cadre de la classification<br />

hydrogéologique de par le fort contraste de conductivité hydraulique saturée existant entre les deux.<br />

La relation de Klingbeil et al. (1999) suppose que plusieurs types de lithofaciès ont des<br />

propriétés hydrodynamiques communes. La gamme d’hydrofaciès est donc moins étendue que celle<br />

des lithofaciès. Heinz et Aigner (2003b), à l’inverse, montrent que les caractéristiques texturales<br />

hétérogènes d’un même type de lithofaciès engendrent une variation importante des propriétés<br />

hydrodynamiques. Les lithofaciès sont ainsi subdivisés en plusieurs hydrofaciès. Cette subdivision se<br />

fait essentiellement entre les graviers sans matrice et les graviers sableux bimodaux, associés<br />

initialement au sein du lithofaciès d’alternance Gcg,a. Heinz et Aigner reconnaissent également des<br />

hydrofaciès en fonction des fractions extrêmes en cailloux ou en éléments fins, modifiant la<br />

conductivité du lithofaciès moyen.<br />

Il n’existe donc pas de relation univoque entre lithofaciès et hydrofaciès. Les relations<br />

établies dépendent à la fois de la façon dont les hydrofaciès sont considérés et des objectifs<br />

poursuivis par les auteurs (par exemple, simplification des propriétés hydrodynamiques en vue de<br />

modéliser les écoulements saturés dans un <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> pour Klingbeil et al. (1999) ;<br />

évaluation de la variabilité interne à un type de lithofaciès pour Heinz et Aigner (2003b)). Les<br />

relations établies par Klingbeil et al. (1999) et Heinz et Aigner (2003b) ont toutefois en commun la<br />

distinction entre les quatre types de lithofaciès caractérisés sur les parois d’excavations creusées<br />

dans le bassin DjR, soit si l’on considère la classification de Klingbeil : les graviers sans matrice<br />

(hydrofaciès OW), les deux types de graviers sableux Gcm (hydrofaciès M) et Gcm,b (hydrofaciès<br />

BM), et les sables (hydrofaciès S). Par la suite, nous conserverons cette distinction, correspondant à<br />

la typologie de lithofaciès établie au Chapitre B. Nous définirons les hydrofaciès comme les unités<br />

hydrogéologiques correspondant aux lithofaciès, et pour lesquelles des propriétés hydrodynamiques<br />

homogènes sont définies (Goutaland et al., 2007).<br />

158


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 90 : relation entre lithofaciès et hydrofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires proposée par Klingbeil et al.<br />

(1999).<br />

I.2.3. Importance de la caractérisation à l’échelle macroscopique de<br />

l’élément architectural<br />

Les éléments architecturaux sont caractérisés par un assemblage de lithofaciès, et donc<br />

d’hydrofaciès. Les éléments architecturaux déterminent donc la distribution locale des propriétés<br />

hydrodynamiques (Heinz et Aigner, 2003b). Les caractéristiques des assemblages d’hydrofaciès sont<br />

dépendantes du type de macroformes. Par exemple, les remplissages de creux d’érosion sont<br />

constitués d’alternances de mésoformes entrecroisées à conductivité hydraulique faible (sables,<br />

graviers sableux) et forte (graviers sans matrice). Ces unités s’opposent aux nappes de charriage de<br />

graviers, ou aux tractions carpets, constituant des éléments d’accrétion à forme tabulaire et<br />

stratification massive, à conductivité hydraulique homogène et faible (Heinz et Aigner, 2003b, cf<br />

Chapitre B). La connaissance de l’architecture interne des éléments architecturaux permet ainsi<br />

d’estimer la répartition des propriétés hydrodynamiques, les longueurs de corrélation des<br />

hydrofaciès, et la connectivité entre hydrofaciès de même nature (par exemple, les graviers sans<br />

matrice) (Heinz et Aigner, 2003b).<br />

L’évaluation de la connectivité entre hydrofaciès de conductivité élevée est primordiale pour<br />

estimer la présence de chemins préférentiels d’écoulements. Par exemple, Jussel et al. (1994)<br />

identifient des graviers sans matrice inclus dans une matrice de matériau à faible perméabilité. Dans<br />

ce cas, ils montrent que les inclusions de graviers sans matrice n’ont pas d’effets significatifs sur la<br />

conductivité hydraulique effective du champ d’écoulement. Néanmoins, si elles sont<br />

interconnectées, ces unités de graviers peuvent former des chemins préférentiels d’écoulement et<br />

ainsi avoir un effet sur le transport de contaminants.<br />

I.3. Les méthodes d’estimation des propriétés hydrodynamiques<br />

appropriées aux lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s<br />

Les résultats issus de la littérature n’apportent une information que sur les propriétés<br />

hydrodynamiques saturées (Ks et porosité essentiellement). Cette caractérisation n’a d’intérêt que<br />

pour la modélisation d’écoulements en aquifère, l’information étant insuffisante pour la<br />

modélisation des écoulements en zone non-saturée. Il est donc nécessaire de trouver d’autres<br />

méthodes de caractérisation, adaptées aux <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s (granulométrie essentiellement<br />

grossière), et permettant de connaître les courbes hydrodynamiques de rétention et de conductivité<br />

caractéristiques des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s. Nous distinguerons les méthodes d’estimation in situ<br />

et les méthodes prédictives (modèles mathématiques utilisant la distribution granulométrique).<br />

159


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

I.3.1. <strong>Caractérisation</strong> des propriétés hydrodynamiques par essais in situ<br />

Beerkan et méthode BEST<br />

La méthode BEST (Beerkan Estimation of Soil Transfer parameters), décrite par Lassabatère<br />

et al. (2006), permet de caractériser les courbes hydrodynamiques caractéristiques de rétention et<br />

de conductivité, par l’intermédiaire d’essais d’infiltration simple anneau à charge hydraulique nulle,<br />

ou essais Beerkan (Braud et al., 2005; Haverkamp et al., 2007). Cette méthode permet de déterminer<br />

les paramètres de forme et d’échelle des courbes de rétention capillaire h(θ) et de conductivité<br />

hydraulique K(θ), modélisée respectivement par les relations de van Genuchten avec condition de<br />

Burdine (équation 1) et de Brooks et Corey (équation 2) :<br />

<br />

<br />

1 <br />

<br />

et 1 <br />

<br />

(équation 1)<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

160<br />

(équation 2)<br />

où θ est la teneur volumique en eau, h la pression capillaire, θs et θr sont respectivement les<br />

teneurs en eau à saturation et résiduelle, Ks la conductivité hydraulique saturée, hg le paramètre<br />

d’échelle de la courbe de rétention d’eau, m, n et η des paramètres de forme. La teneur en eau<br />

résiduelle θr est considérée nulle. Les paramètres m et n sont reliés par la condition de Burdine. Les<br />

deux courbes caractéristiques sont donc entièrement décrites par 2 paramètres de forme (m ou n, et<br />

η) et 3 paramètres d’échelle (hg, Ks, θs).<br />

Les détails de la méthode et du principe d’estimation des paramètres (algorithme BEST) sont<br />

présentés sur les Figure 91 et Figure 92, et décrits plus amplement par Lassabatère et al. (2006). Les<br />

paramètres de forme, dépendant principalement de la texture du <strong>dépôt</strong> (Haverkamp et al., 2005; Leij<br />

et al., 2005), sont estimés à partir de la courbe de distribution granulométrique de la fraction<br />

inférieure à 2 mm du lithofaciès considéré et de la porosité du milieu. L'hypothèse est faite dans le<br />

cas de matériaux plus grossiers d’un écoulement via la partie matricielle sableuse et fine du<br />

matériau. Les paramètres d’échelle dépendent de la structure du <strong>dépôt</strong> (la structure est ici prise dans<br />

son sens pédogéologique, elle fait référence à l’arrangement spatial des grains). Ils sont déterminés<br />

par ajustement sur une courbe expérimentale d’infiltration cumulée, réalisée à partir d’un anneau<br />

cylindrique (essais Beerkan), de la solution analytique à l’équation de l’écoulement en zone nonsaturée<br />

pour une infiltration tridimensionnelle et axisymétrique à charge hydraulique nulle proposée<br />

par Haverkamp et al. (1994). Cette solution est de la forme suivante :<br />

- aux temps courts (régime transitoire) : . √ . . . <br />

- aux temps longs (régime permanent) : . . . <br />

où A, B et C sont des constantes, dépendante des conditions initiales et limites, et définies<br />

sur la Figure 92, et S est la sorptivité. La sorptivité traduit physiquement la capacité d’un sol à<br />

absorber l’eau sans l’action des forces gravitaires. Elle est dépendante des conditions initiales et<br />

limites (Haverkamp et al., 2007).<br />

La méthode BEST est considérée valide pour des fractions granulométriques inférieures à 2<br />

mm. Ceci permet de s’assurer de la présence de phénomènes capillaires, prédominants lors du<br />

régime transitoire de l’infiltration, et ainsi d’ajuster les expressions analytiques de l’infiltration<br />

cumulée aux données expérimentales. Dans le cas où la méthode BEST s’avère non valide (par<br />

exemple, cas de lithofaciès grossiers dont la fraction granulométrique inférieure à 2 mm est


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

négligeable), des modèles prédictifs, comme le modèle physico-empirique d’Arya et Paris (1981),<br />

peuvent être utilisés.<br />

I.3.2. <strong>Caractérisation</strong> des propriétés hydrodynamiques par méthodes<br />

prédictives<br />

I.3.2.a. Estimation des conductivités hydrauliques saturées<br />

La conductivité hydraulique saturée d’un sol peut être évaluée à partir de sa porosité ε et<br />

d’informations sur sa distribution granulométrique, à partir de l’équation générale de Kozeny-<br />

Carman (Kozeny, 1927; Carman, 1937), dont une expression a été donnée par Bear (1972) :<br />

. <br />

<br />

.<br />

<br />

1 . <br />

180<br />

où g est l’accélération gravitationnelle, μw la viscosité dynamique de l’eau, ρw la masse<br />

volumique de l’eau, et dm correspond à un diamètre de grain représentatif du sol. Le paramètre dm<br />

peut ainsi être un percentile de la distribution granulométrique (dixième percentile, médiane), le<br />

grain moyen, ou une fonction plus complexe prenant en compte l’intégralité de la distribution.<br />

La relation de Kozeny-Carmann définie plus haut peut être écrite en fonction du volume des<br />

vide e (associé à la porosité ε par la relation e = ε / (1+ ε)), de la surface spécifique S (m²/kg de<br />

solide), ainsi que d’un facteur C traduisant la forme et la tortuosité du milieu. Son expression est la<br />

suivante (Chapuis et Aubertin, 2003) :<br />

. <br />

. <br />

.<br />

. . 1 <br />

où DR est la densité solide spécifique (DR=ρs /ρw). Chapuis et Aubertin (2003) proposent une<br />

méthode d’estimation de la surface spécifique des grains basée sur la distribution granulométrique<br />

d’un matériau. Si on assimile le milieu poreux à un assemblage de sphères ou de cubes de diamètre<br />

ou de côté d, la surface spécifique S du milieu est donné par :<br />

6<br />

. <br />

où ρs est la densité solide des particules sphériques ou cubiques.<br />

Dans le cas de sols fins non-plastiques, la surface spécifique se calcule à partir de l’équation<br />

suivante (Chapuis et Aubertin, 2003) :<br />

6<br />

<br />

161<br />

<br />

. <br />

<br />

où la différence (PNoD - PNod) est le pourcentage massique de la fraction granulométrique<br />

comprise entre les diamètres d et D (D>d). La somme est calculée à partir d’un diamètre équivalent<br />

deq correspondant à la limite inférieure de la fraction de diamètre inférieure à un diamètre minimum<br />

de particules mesurable Dmin (Chapuis et Aubertin, 2003). Ce diamètre équivalent correspond au<br />

diamètre moyen des particules fines de diamètre inférieur à Dmin :<br />

1<br />

<br />

<br />

. <br />

<br />

<br />

<br />

3


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Chapuis et Aubertin (2003) ont évalué cette expression pour des sols de granulométrie et de<br />

nature variés : sables, sables et graviers, tills, argiles, résidus miniers. L’expression de Kozeny-Carman<br />

peut être exprimée sous forme logarithmique :<br />

<br />

. . 1 <br />

où A prend des valeurs comprises entre 0,29 et 0,51 pour des valeurs de C comprises entre<br />

0,2 et 0,5. La valeur de A = 0,5 proposée par les auteurs donne un bon ajustement sur les différents<br />

sols testés et cités plus haut.<br />

162


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

1- Données<br />

expérimentales<br />

2- Ajustement de<br />

l’équation F(D)<br />

sur la distribution<br />

granulométrique<br />

3- Détermination<br />

des paramètres<br />

de forme<br />

1-Masse sèche volumique ρd 2- Granulométrie cumulée ≤ 2mm<br />

Couples de points (D, FF)<br />

Détermination de la<br />

porosité ε<br />

1 <br />

<br />

Détermination de la<br />

dimension fractale s<br />

(Fuentes et al., 1998)<br />

racine de<br />

1 1<br />

Détermination du<br />

coefficient κ<br />

(Fuentes et al., 1998)<br />

<br />

2 1<br />

2. 1 <br />

Figure 91 : algorithme d’estimation des paramètres de forme par la méthode BEST (Lassabatère et al., 2006)<br />

163<br />

Ajustement de l’équation<br />

1 <br />

<br />

<br />

avec 1 <br />

<br />

sur les points expérimentaux (D, FF) après un changement<br />

de variable en <br />

<br />

pour s’assurer d’un point d’inflexion<br />

Minimisation de l’erreur relative Er<br />

∑ <br />

∑ <br />

Détermination de M, N et Dg<br />

. 1 Détermination de l’indice de forme pm<br />

.<br />

<br />

1 1<br />

; <br />

2<br />

Détermination des paramètres m,n et η<br />

2<br />

; 3<br />

1 . <br />

Calcul de cp<br />

Γ 1 <br />

. .<br />

<br />

Détermination de pM<br />

.<br />

<br />

avec 1 <br />

<br />

Résolution de<br />

avec 1 <br />

<br />

<br />

.<br />

.<br />

<br />

.


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

1- Données<br />

expérimentales<br />

Préparation des<br />

données<br />

2 – Calcul des<br />

constantes<br />

A, B et C, définies<br />

au D.I.3.1<br />

3 – Détermination<br />

de la sorptivité<br />

maximale<br />

4 – Estimation des<br />

paramètres<br />

d’échelle (θs, Ks,<br />

hg)<br />

1- Couples de points (I,t) 2 - Teneur gravimétrique en eau finale ws<br />

1. . 3 - Masse sèche volumique ρd<br />

<br />

et <br />

<br />

, j . . <br />

Figure 92 : algorithme d’estimation des paramètres d’échelle par la méthode BEST (Lassabatère et al., 2006)<br />

164<br />

<br />

<br />

<br />

Nend est le nombre de point considéré pour la régression linéaire<br />

Paramètre de forme η ; β et γ fixés (β≈0,6 et γ≈0,75)<br />

θ0 et θs déterminés expérimentalement à partir de<br />

teneurs gravimétriques en eau<br />

max<br />

..<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

min<br />

.<br />

<br />

. <br />

. 2 . 1 <br />

<br />

<br />

<br />

. <br />

.<br />

. <br />

<br />

0, <br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

On considère que l’infiltration n’est expliquée que par les phénomènes<br />

capillaires (on impose B=0), la fonction<br />

1, , 0 ∑ <br />

est minimisée.<br />

1- On ne considère plus B=0 (l’infiltration est<br />

expliquée par les phénomènes capillaires et<br />

gravitaires)<br />

1, , ∑ <br />

est minimisée de façon à<br />

obtenir la sorptivité S en fonction du temps.<br />

Ks est calculé à partir du débit asymptotique : . <br />

2- Détermination de la limite de validité de l’équation au régime transitoire :<br />

calcul du temps <br />

<br />

.<br />

. <br />

<br />

<br />

<br />

détermination de S et Ks pour cette valeur de t<br />

3- Calcul de hg : <br />

<br />

. .<br />

.<br />

Teneur volumique saturée en eau θs<br />

. , choix du plus grand t tel que t ≤ tmax ,


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

I.3.2.b. Estimation de la courbe de rétention capillaire par le modèle<br />

semi-physique d’Arya et Paris (1981)<br />

Ce modèle relie linéairement la distribution granulométrique d’un échantillon à sa<br />

distribution de taille de pores ou porosimétrie. Celle-ci est ainsi estimée à partir de la courbe<br />

granulométrique, qui est divisée en un nombre fini N de classes granulométriques. A la fraction<br />

granulométrique i (1 ≤ i ≤ N), définie par le nombre de particules Ni et par son grain moyen Ri, est<br />

associé un volume de pore considéré cylindrique et défini par son rayon ri et sa longueur li (volume<br />

de pore assimilé à un tube capillaire). L’indice des vides e est supposé identique pour toutes les<br />

classes granulométriques définies, et s’obtient expérimentalement via la mesure de la masse<br />

volumique sèche ρb (en g.cm -3 ) du matériau non-destructuré :<br />

<br />

<br />

où ρs est la masse volumique des particules (considérée égale à 2,65 g.cm -3 ).<br />

La longueur li est approximée en la considérant dans un premier temps égale à la longueur du<br />

pore passant le long d’un assemblage des Ni particules considérées sphériques. Ainsi, une première<br />

approximation grossière rend la longueur li égale à 2.Ni.Ri. Dans la réalité, les particules ne sont pas<br />

sphériques, et la taille des pores dépend de la forme des particules, de leur taille, de leur orientation<br />

(Arya et Paris, 1981). Chaque particule contribue donc à la longueur des pores d’une dimension plus<br />

importante que 2.Ri. Arya et Paris (1981) considère ainsi que le nombre total de particules<br />

considérées sphériques dans un sol naturel doit être augmenté d’un exposant α pour prendre en<br />

compte les irrégularités géométriques du milieu naturel. La longueur li associé au pore cylindrique de<br />

rayon ri s’exprime donc de la façon suivante :<br />

2. . <br />

où α est un facteur empirique lié à la tortuosité du milieu, égal à 1,38 (Arya et Paris, 1981).<br />

L’indice des vides e est considéré identique pour toutes les classes granulométriques<br />

définies:<br />

. <br />

où Vvi est le volume des vides correspondant à la classe granulométrique i et Vsi le volume<br />

occupé par les particules de la classe granulométrique i.<br />

En considérant un unique pore cylindrique par classe granulométrique, la relation<br />

précédente se développe :<br />

. . 4<br />

3 . . . <br />

En substituant li par l’expression définie plus haut, le rayon de chaque pore cylindrique ri peut<br />

s’exprimer à partir du rayon des grains moyens des classes granulométriques Ri :<br />

. 2<br />

3 . <br />

<br />

<br />

Le modèle est donc basé sur une relation linéaire entre la taille des pores ri et le rayon des<br />

grains Ri.<br />

165


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Le rayon des pores est ensuite relié à la pression capillaire via l’équation de Laplace :<br />

<br />

2. . cos Θ<br />

. . <br />

où γ est la tension de surface de l’eau et Θ est l’angle de contact.<br />

La teneur en eau est obtenue quant à elle par le calcul du volume d’eau remplissant les pores<br />

associés aux fractions i :<br />

<br />

. <br />

<br />

où Vtot est le volume total d’un échantillon, défini par Vtot = ρb ∑Wi<br />

<br />

Cette expression suppose que les volumes de pores associés à chaque classe<br />

granulométrique sont progressivement accumulés et remplis d’eau, de la classe granulométrique la<br />

plus fine jusqu’à la classe la plus grossière.<br />

Haverkamp et al. (2007) mettent en avant les limites de la méthode d’Arya et Paris. Ce<br />

modèle a tout d’abord tendance à surestimer les teneurs en eau. Arya et Paris considèrent que la<br />

totalité de l’espace poral se sature en eau, et identifient donc la teneur en eau à saturation à la<br />

porosité. Or, la saturation en eau n’est jamais totale en réalité, du fait notamment de<br />

l’emprisonnement d’air dans le sol. Une deuxième limite provient du choix d’un paramètre α<br />

constant. Haverkamp et al. (Haverkamp et al., 2007) montrent que ce choix n’est pas approprié, du<br />

fait de la dépendance de ce paramètre à la fois au type de sol et à la teneur en eau. Enfin, une<br />

dernière limite concerne la non-prise en compte du phénomène d’hystérèse. Néanmoins, le modèle<br />

d’Arya et Paris est facilement applicable lorsque seule la distribution granulométrique d’un sol est<br />

disponible. Malgré les limites évoquées, ce modèle est le plus largement utilisé (Haverkamp et al.,<br />

2007).<br />

I.4. Synthèse et choix méthodologiques<br />

La compréhension des écoulements dans la zone non-saturée d’un <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> à<br />

l’échelle mésoscopique requiert la connaissance des propriétés hydrodynamiques caractéristiques de<br />

chaque lithofaciès, à savoir les courbes de rétention capillaire et de conductivité hydraulique<br />

associées à chacun d’eux. Le terme d’hydrofaciès est préférentiellement utilisé afin de décrire les<br />

unités hydrogéologiques correspondant aux lithofaciès et pour lesquelles des propriétés<br />

hydrodynamiques supposées homogènes sont définies. Il ressort de cette étude bibliographique que<br />

les travaux menés jusqu’à présent n’ont porté que sur la caractérisation des propriétés<br />

hydrodynamiques de la zone saturée de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s, à savoir la conductivité hydraulique<br />

saturée ou la porosité, afin de comprendre les écoulements dans les aquifères. Ces propriétés sont<br />

insuffisantes pour modéliser et comprendre les écoulements spécifiques à la zone non-saturée.<br />

La détermination des propriétés hydrodynamiques caractéristiques demande des méthodes<br />

de caractérisation d’une part adaptée à l’échelle considérée, c’est-à-dire l’échelle de l’hydrofaciès, et<br />

d’autre part prenant en compte les anisotropies générées par la structure sédimentaire en place. Les<br />

méthodes in situ sont donc les plus adaptées. Parmi ces méthodes, la méthode BEST (Lassabatère et<br />

al., 2006) permet de déterminer les courbes hydrodynamiques caractéristiques à partir d’essais<br />

d’infiltration par simple anneau à charge hydraulique nulle, ou essais Beerkan. Si les méthodes in situ<br />

ne peuvent être employées (si les lithofaciès sortent du champ d’applicabilité de la méthode par<br />

166


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

exemple), des modèles prédictifs sont alors être utilisés. Le modèle semi-physique d’Arya et Paris<br />

(1981) est ainsi basé sur une relation linéaire entre granulométrie et porosimétrie, et permet<br />

d’obtenir la courbe de rétention capillaire à partir de la distribution granulométrique d’un lithofaciès.<br />

L’objectif de ce chapitre est de déterminer des hydrofaciès caractéristiques du<br />

comportement hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sous-jacent au bassin d’infiltration. Nous<br />

avons utilisé une approche similaire à l’approche d’analogues d’aquifère de Klingbeil et al. (1999). La<br />

méthode BEST a été testée sur les lithofaciès analogues des plaines d’épandage récentes, définis au<br />

Chapitre B. La représentativité des hydrofaciès ainsi caractérisés vis-à-vis du comportement<br />

hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> de l’Est lyonnais a été évaluée.<br />

167


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

II. Matériels et méthodes<br />

II.1. Méthode<br />

L’approche utilisée est une approche d’analogue d’aquifère similaire à celle de Klingbeil et al.<br />

(1999). Klingbeil et al. mesurent les propriétés hydrodynamiques de lithofaciès d’affleurements<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires afin de modéliser les écoulements dans des <strong>dépôt</strong>s analogues<br />

constituant l’aquifère de vallées alluviales. Dans le cadre de la thèse, les analogues étudiés sont des<br />

<strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s récents, actuellement en sédimentation dans les plaines d’épandage décrites<br />

au Chapitre B. Au même titre que les affleurements de <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires, les<br />

<strong>dépôt</strong>s actuels présentent l’avantage d’un accès aisé aux lithofaciès. La présence de lithofaciès<br />

analogues en surface de plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> facilite ainsi la réalisation d’essai de<br />

caractérisation hydrodynamique.<br />

Au Chapitre B, nous avons évalué l’analogie entre les lithofaciès quaternaires de l’est<br />

lyonnais, caractérisés au niveau des parois d’excavations creusées dans le bassin DjR, et d’autres<br />

lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s de plaines d’épandage récentes. Nous avons montré que les lithofaciès<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires et récents présentent une analogie en terme de granulométrie.<br />

L’analogie de mise en place (i.e. des mécanismes de transport et de sédimentation) permet de<br />

supposer que la stratification interne à chaque type de lithofaciès est également analogue à celle des<br />

lithofaciès de l’Est lyonnais. L’analogie sédimentaire justifie donc la réalisation d’essais de<br />

caractérisation hydrodynamique sur des lithofaciès actuels, afin d’extrapoler les propriétés<br />

caractérisées aux lithofaciès quaternaires.<br />

Phase de terrain<br />

Phase d’analyse<br />

Réalisation d’essais d’infiltration<br />

Beerkan sur les lithofaciès analogues<br />

de plaines d’épandage récentes<br />

Analyse préliminaire des essais d’infiltration<br />

validation de l’utilisation de la méthode BEST ?<br />

oui non<br />

Interprétation des essais d’infiltration<br />

par la méthode BEST<br />

Courbes de rétention capillaire et de<br />

conductivité hydraulique des hydrofaciès<br />

analogues<br />

Modèle stratigraphique en deux dimensions<br />

(interprétation de profils géophysiques, Ch. C)<br />

Figure 93 : méthodologie utilisée pour la détermination d’hydrofaciès modèles du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de<br />

l’Est lyonnais et l’évaluation du modèle hydrostratigraphique établie à partir de ces hydrofaciès. En bleu, le<br />

résultat de l’étude géophysique (Chapitre C).<br />

Au total, 18 échantillons de lithofaciès récents ont été retenus en tant que lithofaciès<br />

représentatifs de la formation <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais (Chapitre B). Les propriétés<br />

168<br />

Mesures TDR des variations de teneur<br />

en eau à 0, 0,5 et 1,15 m de profondeur<br />

suite à une infiltration d’eau<br />

Utilisation du modèle<br />

prédictif d’Arya et Paris<br />

Détermination des<br />

hydrofaciès<br />

représentatifs par<br />

comparaison des<br />

valeurs modélisées<br />

aux valeurs<br />

expérimentales<br />

Modélisation avec Hydrus2D<br />

des écoulements non-saturés<br />

dans une section verticale<br />

passant par les sondes TDR<br />

Détermination des hydrofaciès modèles du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais<br />

et évaluation du modèle hydrostratigraphique


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

hydrodynamiques de ces lithofaciès ont été caractérisées par des essais d’infiltration, ou par<br />

l’intermédiaire de modèles prédictifs (II.1.1). Les hydrofaciès traduisant le mieux le comportement<br />

hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> de l’Est lyonnais ont été retenus en tant qu’hydrofaciès modèles de ce<br />

<strong>dépôt</strong>. La détermination de ces hydrofaciès a été effectuée par comparaison de profils hydriques<br />

mesurés expérimentalement dans la zone non-saturée du bassin DjR à des profils hydriques<br />

modélisés à partir d’un modèle hydrostratigraphique, établi à partir du modèle stratigraphique défini<br />

au Chapitre C et des propriétés hydrodynamiques estimées sur les hydrofaciès analogues (II.1.2). La<br />

Figure 93 synthétise la méthodologie, décrite ci-dessous.<br />

II.1.1. <strong>Caractérisation</strong> des propriétés hydrodynamiques d’hydrofaciès<br />

analogues<br />

Afin de caractériser les propriétés hydrodynamiques d’hydrofaciès analogues, des essais<br />

d’infiltration ont été réalisés sur les deux sandurs actuels décrits précédemment (Chapitre B). Il s’agit<br />

des plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> de la zone proglaciaire des Bossons (3 campagnes d’essais<br />

d’infiltration en septembre 2004, septembre 2005 et octobre 2006) et l’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> du<br />

Breidamerkurjökull (1 campagne d’essais d’infiltration en juillet 2005). Les essais d’infiltration<br />

réalisés sont des essais simple anneau à charge hydraulique nulle en surface, ou essais Beerkan<br />

(méthode décrite au II.2). Ces essais sont interprétés par la méthode BEST, décrite au I.3.1. En cas<br />

d’inapplicabilité de la méthode BEST, le modèle semi-physique d’Arya et Paris, décrit au I.3.2.b, a été<br />

utilisé. Les 47 lithofaciès de surface de plaines d’épandage actuelles, caractérisés au Chapitre B, ont<br />

été analysés. Seuls les résultats correspondant aux 18 échantillons analogues seront présentés.<br />

Les mesures réalisées sur ces deux plaines d’épandage ont été comparées à des mesures<br />

effectuées en surface du bassin DjR (1 campagne de mesure réalisée en octobre 2006). Ces mesures<br />

ne sont données qu’à titre indicatif, les lithofaciès de surface du bassin DjR étant perturbés par la<br />

présence dans la proche surface de sédiments fins urbains apportés par les eaux pluviales (cf<br />

Chapitre B, III.1.2.a.ii). Les mesures dans le bassin DjR ont été réalisées après avoir ôté les premiers<br />

centimètres.<br />

Les lithofaciès étudiés ont été nommés en fonction des campagnes d’essai, de la façon<br />

suivante : βX-BY, où β fait référence au site étudié (B pour Bossons, I pour Islande, et DjR pour la<br />

surface du bassin d’infiltration), X correspond à l’année (04, 05 ou 06), et Y est le numéro de l’essai.<br />

II.1.2. Détermination des hydrofaciès modèles du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

et évaluation du modèle hydrostratigraphique<br />

Parmi les hydrofaciès caractérisés sur les plaines d’épandage récentes, il est nécessaire de<br />

déterminer ceux qui décrivent le mieux le comportement hydrodynamique des hydrofaciès du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> sous-jacent au bassin d’infiltration DjR.<br />

L’interprétation des profils géophysiques acquis autour du puits de mesures expérimentales<br />

de la zone C du bassin DjR a permis de proposer des modèles stratigraphiques du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> dans les zones nord et ouest, instrumentées pour la mesure de la teneur en eau à<br />

plusieurs profondeurs (Figure 94). Ces modèles ont été validés au Chapitre C. Nous ne considérerons<br />

par la suite que le modèle stratigraphique de la zone nord. Les teneurs volumiques en eau sont<br />

mesurées à partir du puits expérimental par méthode de réflectométrie dans le domaine temporel,<br />

ou méthode TDR (Time Domain Reflectometry) 4 .<br />

4 La méthode TDR consiste à envoyer une impulsion électromagnétique le long d’un guide d'ondes constitué<br />

généralement de deux tiges métalliques de longueur connue insérées dans le sol à investiguer, et à mesurer le<br />

temps de retour des ondes réfléchies en bout de tiges, appelé temps de transit (méthode analogue à celle du<br />

169


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 94 : localisation du puits de mesures expérimentales dans le bassin d’infiltration, et position des<br />

sondes TDR dans les zones nord (TDR1, TDR2 et TDR3) et ouest (TDR4, TDR5, TDR6)<br />

D’une part, l’infiltration d’eau à la verticale des sondes TDR permet de mesurer les variations<br />

de teneurs volumiques en eau suite à la propagation du front d’infiltration. D’autre part, l’affectation<br />

de propriétés hydrodynamiques aux lithofaciès constitutifs des modèles stratigraphiques permet de<br />

modéliser les écoulements non-saturés au niveau de la zone nord, et donc les variations de teneur en<br />

eau aux profondeurs des sondes TDR.<br />

Les hydrofaciès représentatifs du comportement hydrodynamique de la zone non-saturée du<br />

bassin DjR ont été déterminés de telle sorte que les variations de teneurs en eau modélisées<br />

approximent au mieux les teneurs en eau mesurées expérimentalement.<br />

La phase de calage du modèle hydrostratigraphique a consisté à déterminer les hydrofaciès<br />

permettant d’approcher au mieux le profil hydrique mesuré après une période de drainage de 20<br />

jours sans précipitations. Le choix de ce profil hydrique a été fait afin de disposer de teneurs en eau<br />

en période de temps sec, correspondant à un état d’équilibre hydrique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

(teneurs en eau stables).<br />

radar géologique). A partir de la longueur l des tiges et du temps de transit t, la constante diélectrique εr du sol<br />

peut être estimée via la relation suivante, où c est la vitesse de propagation des ondes dans le milieu investigué<br />

et c0 = 3.10 8 m.s -1 est la vitesse de propagation dans l’air : <br />

<br />

.<br />

. <br />

. La constante diélectrique est<br />

ensuite reliée à la teneur volumique en eau par la formule de Topp et al. (1980) :<br />

5,3. 10 2,92. 10 . 5,5. 10 . 4,3. 10 . <br />

170


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Le modèle hydrostratigraphique ainsi établi a ensuite été évalué, par comparaison des<br />

variations des teneurs en eau modélisées et mesurées au cours de deux essais d’infiltration (essais<br />

présenté au II.2.1), réalisées en conditions initiales sèches (essai DjR-N1), correspondant au profil<br />

hydrique utilisé pour le calage du modèle hydrostratigraphique, et en conditions initiales humides<br />

(essai DjR-N2). Les teneurs en eau ont été mesurées pendant la phase d’infiltration et 24 heures<br />

après la phase de drainage qui a suivi.<br />

II.2. <strong>Caractérisation</strong> hydrodynamique des lithofaciès par essais Beerkan et<br />

méthode BEST<br />

La Figure 95 illustre la réalisation d’un essai Beerkan. Cet essai consiste à infiltrer<br />

successivement des volumes d’eau dans un anneau cylindrique enfoncé de quelques milimètres dans<br />

le sol, et de mesurer le temps nécessaire à l’infiltration de chacun des volumes versés dans l’anneau.<br />

Un volume d’eau est versé immédiatement après la fin de l’infiltration du volume d’eau précédent.<br />

Cet essai fournit un ensemble de points expérimentaux correspondant aux volumes d’eau cumulés<br />

infiltrés dans l’anneau en fonction du temps V(t), ou la lame d’eau infiltrée cumulée I(t) en fonction<br />

du temps par division des volumes par la section de l’anneau. Des volumes d’eau sont infiltrés<br />

jusqu’à ce que le taux d’infiltration atteigne un régime permanent. Les points expérimentaux<br />

décrivent ainsi le régime transitoire et le régime permanent de l’infiltration.<br />

Avant la réalisation de l’essai, un volume de sol est prélevé afin de réaliser une analyse<br />

granulométrique par tamisage mécanique (norme NF P94-056).<br />

Une mesure de la masse volumique sèche du sol est également réalisée. Cette mesure peut<br />

s’effectuer par enfoncement d’un cylindre de dimensions connues dans le sol (mesure de la masse<br />

volumique en place par cylindre calibré, norme NF X31-501). Le volume prélevé, correspondant au<br />

volume interne du cylindre, est pesé après séchage à l’étuve. Une autre méthode consiste à prélever<br />

un volume de sol, dont la masse est mesurée après séchage, puis à couvrir les parois du trou effectué<br />

avec un plastique, et de mesurer avec une éprouvette graduée le volume d’eau nécessaire pour<br />

remplir le trou (méthode analogue à la méthode au sable, norme NF P94-061-3). Cette dernière<br />

méthode est notamment adaptée pour les sols les plus grossiers, nécessitant un volume<br />

représentatif plus grand.<br />

Enfin, un dernier prélèvement pour la mesure de la teneur en eau initiale est effectué. Pour<br />

éviter un trop grand nombre d’échantillons, la mesure de teneur en eau peut se faire sur les<br />

échantillons prélevés pour la granulométrie ou la mesure de la masse volumique sèche.<br />

Les volumes d’eau à infiltrer sont préparés à proximité de l’emplacement de l’anneau. Des<br />

volumes plus faibles sont utilisés pour les premiers points de mesure, de façon à caractériser du<br />

mieux possible le régime transitoire.<br />

L’anneau est enfoncé de quelques millimètres dans le sol, afin de limiter les fuites latérales<br />

sous l’anneau. Dans le cas d’un sol grossier (fraction élevée en graviers), un joint à la bentonite<br />

humidifiée est placé sur le pourtour extérieur de l’anneau, afin de limiter les flux latéraux (Figure<br />

95c). L’emplacement est choisi le plus plat et horizontal possible. Si ce n’est pas le cas, un nivelage à<br />

la pelle ou à la truelle est réalisé.<br />

A la fin de l’essai, immédiatement après la fin de l’infiltration du dernier volume, on prélève<br />

au centre de l’anneau un volume de sol pour la mesure de la teneur en eau finale.<br />

171


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 95 : réalisation d’un essai Beerkan (a), et matériel requis pour cet essai (b). Les volumes d’eau<br />

contenus dans les verres en plastique sont successivement infiltrés dans l’anneau cylindrique enfoncé de<br />

quelques millimètres dans le sol. Le temps nécessaire à l’infiltration de chacun des volumes est mesuré. Pour<br />

limiter les fuites latérales sur des lithofaciès à granulométrie grossière, un joint à la bentonite humidifiée<br />

peut être mis en place sur le pourtour de l’anneau (c).<br />

Cet essai est interprété par l’intermédiaire de la méthode BEST. L’expression analytique de<br />

l’infiltration cumulée tridimensionnelle axisymétrique de Haverkamp et al. (1994) est ajustée sur les<br />

points expérimentaux correspondant au régime transitoire de l’essai d’infiltration, afin d’estimer les<br />

variations de conductivité hydraulique et de sorptivité au cours de l’essai. Le paramètre d’échelle hg<br />

est estimé à partir de la relation liant la sorptivité aux paramètres d’échelle Ks, θs et hg (Haverkamp et<br />

al., 2007). L’algorithme de la méthode est décrit aux Figure 93 et Figure 95. Le code de calcul utilisé<br />

(écrit sous Matcad) a été développé au laboratoire des Sciences de l’Environnement par L.<br />

Lassabatère et R. Angulo-Jaramillo. La Figure 96 montre un exemple d’ajustement des courbes<br />

d’infiltration et de flux infiltré aux régimes permanent et transitoire. Lorsque l’erreur relative de<br />

l’ajustement par rapport aux données expérimentales est trop importante, l’essai d’infiltration n’est<br />

pas considéré comme exploitable.<br />

Figure 96 : exemple de résultat fourni par un essai Beerkan (points expérimentaux en bleu) et de<br />

l’ajustement des modèles de courbes d’infiltration au régime transitoire (courbe noire) et permanent<br />

(courbe rouge). a) Courbe d’infiltration cumulée en fonction du temps, exprimée en volume par unité de<br />

surface. b) Flux infiltré en fonction du temps.<br />

172


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

II.2.1. Mesure des variations de teneurs en eau dans le <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong><br />

II.2.1.a. Mise en place des sondes TDR<br />

Le puits de mesures expérimentales situé dans la zone C du bassin DjR permet de suivre<br />

l’évolution de la teneur en eau par mesures TDR en surface et à deux profondeurs (0,5m et 1,15m de<br />

profondeur), dans les zones nord et ouest (Figure 94). Les sondes placées en profondeur sont<br />

insérées en bout des tubes PVC subhorizontaux foncés par méthode ODEX dans le <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> (pas de déstructuration du <strong>dépôt</strong>) à une distance de 2 m du puits de mesure (Winiarski<br />

et al., 2004). Le dispositif de mesure est présenté sur la Figure 97. Le bout des tubes est constitué<br />

d’un manchon de sables graveleux, constitué à partir du tamisat à 5mm du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

prélevé lors de la mise en place des tubes PVC. L’utilisation d’un matériau tamisé permet d’assurer<br />

un meilleur contact entre les électrodes des sondes TDR et le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Avant la mise en<br />

place des sondes, les manchons ont préalablement été restructurés par compactage, afin d’assurer<br />

un contact sur toute la longueur des électrodes. Le placement des sondes TDR en bout de tube a été<br />

réalisé de telle sorte que les électrodes soient entièrement situées hors des tubes PVC. Pour faciliter<br />

la mise en place de l’instrumentation TDR, des tuyaux de prolongation ont été adaptés au corps des<br />

sondes.<br />

Les sondes TDR utilisées sont des sondes TRIME EZ de la société IMKO GmbH (Ettlingen,<br />

Allemagne). Ces sondes ont préalablement été étalonnées par la société IMKO. Cet étalonnage a été<br />

vérifié en laboratoire. Les électrodes des sondes font 16 cm de long. La précision des mesures est de<br />

+/- 1 % (respectivement +/- 2 %) entre 0 et 40 % de teneur volumique en eau (respectivement pour<br />

des teneurs en eau supérieures à 40 %). L’acquisition est assurée par un data logger IMKO TRIME-<br />

Logger, piloté par le logiciel TrimeLog installé sur un ordinateur portable (paramétrage du datalogger,<br />

recueil des données enregistrées sur le logger). Le pas de temps pour l’acquisition est de 1<br />

min. Les mesures de teneurs en eau sont effectuées simultanément par les six sondes. Chaque<br />

mesure dure 20 s. La capacité de stockage du data-logger permet de réaliser des mesures sur<br />

plusieurs semaines consécutives.<br />

Figure 97 : schéma du dispositif de mesure installé dans le puits expérimental, lors d’un essai d’infiltration en<br />

surface du bassin<br />

II.2.1.b. Essais d’infiltrations<br />

Afin de mesurer les variations de teneur en eau consécutives à la propagation d’un front<br />

d’infiltration avec une condition limite en surface contrôlée, un dispositif d’infiltration d’eau à partir<br />

d’un cylindre placé en surface du bassin a été mis en place dans les zones nord et ouest de puits de<br />

mesure (Métral, 2002; Vacherie, 2003).<br />

173


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 98 : a) puits de mesure et cylindre d’infiltration situé dans la zone nord. b) A l’intérieur du puits,<br />

positionnement des sondes TDR, placées en bout des tubes de prolongation, dans le manchon de tamisat à<br />

5mm en bout des tubes PVC. c) Enfoncement du cylindre d’infiltration de 2 à 5 cm dans le <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>, et joint à la bentonite humidifiée sur le pourtour afin de limiter les fuites latérales. d)<br />

Plaquage d’un plastique sur le fond et les parois du cylindre, et remplissage du cylindre par un volume d’eau<br />

connu, mesuré au débitmètre. e) A t=0, le plastique est fendu à l’aide d’un cutter, et est retiré pour laisser<br />

l’eau s’infiltrer. f) Mesure de la variation de teneur en eau en surface lors de l’infiltration.<br />

Le cylindre d’infiltration, d’un diamètre de 1m et d’une hauteur de 50 cm, est placé de telle<br />

sorte que le centre du cylindre soit situé à la verticale des sondes TDR (Figure 97). Le cylindre est<br />

enfoncé de 2 à 3 cm dans la formation <strong>fluvioglaciaire</strong> après excavation à la pioche et à la truelle d’un<br />

« anneau » correspondant au périmètre du cylindre. L’excavation est comblée à l’intérieur du<br />

cylindre par du matériau excavé. Un joint à la bentonite (préalablement humidifiée) est réalisé sur le<br />

pourtour extérieur du cylindre, de façon à limiter les fuites latérales.<br />

Un essai d’infiltration type est présenté sur la Figure 98. Le fond et les parois du cylindre sont<br />

tapissés par un plastique, dans lequel un volume d’eau initial est versé. L’infiltration débute à t = 0<br />

min, lorsque le plastique est tranché à l’aide d’un cutter. Une charge hydraulique constante est<br />

maintenue pendant 60 minutes. A t = 60 min, l’alimentation en eau est coupée, et les hauteurs d’eau<br />

174


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

sont mesurées toutes les minutes jusqu’à l’infiltration totale du volume d’eau contenu dans le<br />

cylindre. Les mesures de teneurs en eau se poursuivent au moins 24 h après la fin de l’infiltration.<br />

II.2.2. Modélisation des écoulements en zone non-saturée<br />

La modélisation des écoulements dans la zone non-saturée a été effectuée avec le logiciel<br />

Hydrus2D (Simunek et al., 1999). Les données d’entrée sont les paramètres de forme et d’échelle de<br />

l’équation de rétention et de conductivité de van Genuchten avec les conditions de Mualem (m=1-<br />

1/n). Il est donc nécessaire dans un premier temps d’ajuster les paramètres estimés à partir de la<br />

méthode BEST ou du modèle d’Arya et Paris, afin qu’ils correspondent aux données d’entrée<br />

d’Hydrus2D (II.2.2.a). Le modèle hydrostratigraphique d’entrée peut ensuite être construit sous<br />

Hydrus2D, à partir des modèles stratigraphiques obtenus au Chapitre C, des propriétés<br />

hydrodynamiques des hydrofaciès et des conditions aux limites correspondant aux deux phases de<br />

mesures décrites plus haut (II.2.2.b). Les hydrofaciès analogues décrivant le mieux le comportement<br />

hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sous-jacent au bassin d’infiltration DjR ont alors été<br />

déterminés.<br />

II.2.2.a. Détermination des paramètres d’entrée d’Hydrus<br />

La modélisation des écoulements non-saturés avec le logiciel Hydrus2D requiert la<br />

connaissance des paramètres de forme et d’échelle du modèle de courbe de rétention capillaire de<br />

van Genuchten avec condition de Mualem (m = 1 – 1/n). Or, la méthode BEST impose la condition de<br />

Burdine, soit m = 1 – 2/n. Il est donc nécessaire de déterminer les paramètres de forme et d’échelle<br />

appropriés aux entrées d’Hydrus2D. Cette détermination a été effectuée avec le logiciel libre RETC<br />

(Hollenbeck et al., 2000) développé par l’USSL (United States Salinity Laboratory, Riverside, USA)<br />

Ce logiciel est basé sur une méthode itérative consistant à minimiser la fonction définie par le<br />

carré du résiduel pondéré, défini par la somme des différences entre les données expérimentales et<br />

les données du modèle défini par ses paramètres d’ajustement (méthode des moindres carrés).<br />

L’optimisation porte à la fois sur les paramètres de forme et d’échelle des courbes de rétention<br />

capillaire et de conductivité hydraulique.<br />

La détermination des paramètres s’est déroulée en deux temps. Tout d’abord, le paramètre<br />

d’échelle θr est considéré nul (hypothèse formulée dans la méthode BEST). Les paramètres de forme<br />

n et d’échelle hg sont alors optimisés par le logiciel RETC. Un ajustement du seul paramètre de forme<br />

n entraîne un résiduel pondéré trop élevé. Dans un deuxième temps, la teneur en eau résiduelle est<br />

considérée non-nulle. Ce choix permet de disposer de données d’entrée plus réalistes pour la<br />

modélisation sous Hydrus (Cazalets, 2007; Goutaland et al., 2007).<br />

Tableau 20 : paramètres d’entrée d’Hydrus2D, et méthode d’estimation associée<br />

Paramètres d’entrée θr θs hg n Ks<br />

Estimation θr = 0 puis RETC BEST BEST puis RETC BEST puis RETC BEST<br />

II.2.2.b. Modélisation des écoulements<br />

La modélisation des écoulements a été réalisée avec le logiciel Hydrus2D, version 2.006<br />

(Simunek et al., 1999). Ce logiciel, développé par l’Agricultural Research Service de l’USDA (United<br />

States Department of Agriculture, Riverside, USA) en collaboration avec l’IGWMC (International<br />

Ground Water Modeling Center), permet la modélisation numérique d’écoulements bidimensionnels<br />

en milieu poreux variablement saturé (résolution numérique par la méthode des éléments finis de<br />

l’équation de Richards). Ce modèle est notamment adapté à la modélisation de milieu poreux<br />

multicouche.<br />

175


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 99 : a) modèle stratigraphique de la zone Nord à la verticale des sondes TDR, défini après<br />

interprétation des profils géophysiques. b) Domaine modélisé correspondant à la zone réduite de 4,5 m x 3<br />

m entourée en rouge sur la figure a. c) Conditions aux limites imposées au domaine modélisé.<br />

La modélisation a été réalisée dans un domaine correspondant à une zone réduite de 4,5 m<br />

de large et de 3 m de profondeur délimitée sur la Figure 99. Cette zone est centrée sur le cylindre<br />

d’infiltration placé en surface du bassin. Elle regroupe l’ensemble des hydrofaciès caractérisés dans<br />

le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> étudié. La discrétisation (18000 mailles triangulaires) a été effectuée de façon<br />

à obtenir le meilleur compromis entre temps de calcul et précision des résultats.<br />

Concernant les conditions limites choisies (Figure 99c), une condition de drainage libre a été<br />

fixée à la limite inférieure du modèle (gradient hydraulique vertical unitaire). Les limites latérales ont<br />

été considérées comme des surfaces de suintement (seepage faces), de façon à s’affranchir d’une<br />

accumulation d’eau non réaliste en bordure de domaine, en permettant les écoulements latéraux en<br />

cas de saturation du <strong>dépôt</strong> en bordure du domaine. De plus, nous avons principalement étudié les<br />

écoulements dans la partie centrale du domaine, afin de limiter l’influence de la condition de<br />

suintement sur les valeurs de teneur en eau et de pression capillaire. En surface, la zone ne<br />

correspondant pas au diamètre interne du cylindre est soumise à un flux d’évaporation constant de<br />

2,6 mm.j -1 . La partie interne du cylindre est soumise à un flux d’évaporation de 2,6 mm.j -1 lors de la<br />

phase de drainage, et à un flux imposé lors de la phase d’alimentation en eau, correspondant au<br />

débit d’eau versé par unité de surface mesuré lors de l’essai d’infiltration. Pendant la phase<br />

d’infiltration du volume résiduel (phase suivant l’arrêt de l’alimentation en eau, et correspondant à la<br />

durée nécessaire à l’infiltration totale du volume d’eau contenu dans le cylindre), le flux mesuré au<br />

bout d’une heure est appliqué (flux supposé constant jusqu’à la disparition de la lame d’eau dans le<br />

cylindre). La partie interne du cylindre est à nouveau soumise à un flux d’évaporation de 2,6 mm.j -1<br />

lors de la phase de drainage consécutive.<br />

En ce qui concerne la phase de calage du modèle hydrostratigraphique sur un profil hydrique<br />

à l’équilibre, les conditions initiales correspondent à une saturation complète du milieu. Le domaine<br />

est seulement soumis à un flux d’évaporation en surface. Les conditions de drainage libre et de<br />

suintement autorisent la désaturation du milieu. La durée totale de la modélisation est de 600000 s,<br />

soit près de 7 jours. Cette durée s’est montrée suffisante pour approcher le profil hydrique mesuré<br />

après 20 jours sans précipitations.<br />

176


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

En ce qui concerne la modélisation des essais d’infiltration, un drainage à partir d’une<br />

saturation totale a été modélisé sur une durée permettant d’atteindre un état de saturation proche<br />

de l’état de saturation initial mesuré avant réalisation des essais. Les mesures du débit d’eau versé<br />

pour maintenir une charge constante lors de l’essai, ramené à un flux par unité de surface, ont été<br />

utilisées pour imposer la condition limite dans la partie supérieure centrale du domaine. La phase<br />

d’infiltration dure une heure, et le domaine n’est à nouveau soumis qu’à un flux d’évaporation<br />

pendant 26 heures.<br />

Notons que nous ne présenterons dans ce chapitre que les valeurs modélisées aux points de<br />

mesure de la teneur en eau par sondes TDR. Les champs de teneur en eau et de pression capillaire<br />

seront présentés au Chapitre E, portant sur l’effet de l’hétérogénéité hydrodynamique sur les<br />

écoulements dans la zone non-saturée.<br />

177


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

III. Résultats et discussions<br />

III.1. Analyse préliminaire des essais d’infiltration<br />

Figure 100 : courbes expérimentales d’infiltration cumulée en fonction du temps mesurées sur les lithofaciès<br />

analogues représentatifs des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s de l’Est lyonnais et sur des lithofaciès de surface du<br />

bassin DjR, et domaines de variation des courbes pour chaque type de lithofaciès. Les codes des échantillons<br />

font référence aux campagnes de mesure : B04 = Bossons 2004, B05 = Bossons 2005, B06 = Bossons 2006, I05<br />

= Islande 2005, et DjR06 = bassin DjR 2006.<br />

La Figure 100 représente les courbes expérimentales d’infiltration mesurées par essais<br />

Beerkan sur les lithofaciès analogues des plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> actuelles (17 mesures).<br />

Elles ont été comparées à des mesures réalisées en surface du bassin DjR (4 mesures). Sur la Figure<br />

101, les estimations des conductivités hydrauliques saturées Ks par la méthode BEST sont comparées<br />

aux valeurs de la littérature (Jussel et al., 1994; Anderson et al., 1999; Bersezio et al., 1999; Klingbeil<br />

et al., 1999; Heinz et al., 2003; Kostic et al., 2005), ainsi qu’aux modèles d’estimation prédictifs<br />

présentés au I.3.2.a.<br />

Les lithofaciès Gcm sont ceux pour lesquels le volume infiltré par unité de temps est le plus<br />

faible en régime permanent. Ceci s’explique par leur distribution très hétérométrique, des sables fins<br />

aux graviers grossiers, conduisant à une plus faible porosité que les autres lithofaciès et une<br />

conductivité hydraulique plus faible à saturation (correspondant au régime permanent). Les<br />

estimations de Ks par méthode BEST sont en effet parmi les plus faibles (Figure 101), et sont<br />

inférieures à 1,5.10 -4 m.s -1 . Ces estimations sont acceptables au regard des valeurs de la littérature<br />

concernant le même lithofaciès (valeurs de la littérature très variables, du fait de la variabilité de la<br />

composition granulométrique de ce type de lithofaciès). Elles correspondent toutefois aux<br />

estimations les plus basses. Le faible nombre d’échantillons Gcm étudiés rend cependant les mesures<br />

moins représentatives, ce qui peut expliquer l’étalement plus faible des valeurs de Ks par rapport aux<br />

valeurs de la littérature, ou à celles correspondant aux lithofaciès Gcm,b, pour lequel un nombre plus<br />

178


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

important d’échantillons a été étudié. Les plus faibles volumes infiltrés par unité de temps lors de la<br />

mesure en surface du bassin DjR (DjR06-B4) sont attribués à la présence de sédiments urbains<br />

influençant la conductivité hydraulique du lithofaciès.<br />

Hormis les lithofaciès de graviers sans matrice, les sables sont les lithofaciès qui infiltrent en<br />

moyenne le plus large volume d’eau par unité de temps en régime permanent (les lithofaciès Gcm,b<br />

couvrent une plus large gamme de volumes infiltrés cumulés, dont notamment des volumes cumulés<br />

plus faibles). Les lithofaciès sableux correspondent à des sables bien classés, à faible proportion en<br />

particules argileuses et silteuses. Ces sables propres ont donc une conductivité hydraulique plus<br />

élevée que celle des graviers sableux hétérométriques en régime permanent. Les estimations de Ks<br />

par méthode BEST varient de 5,1.10 -5 à 9,8.10 -4 m.s-1 (Figure 101), et sont en effet plus élevées en<br />

moyenne que les estimations concernant le lithofaciès Gcm.<br />

Les variations des estimations de Ks des lithofaciès Gcm,b couvrent deux ordres de grandeur<br />

(les Ks varient entre 1,2.10 -5 et 8,9.10 -4 m.s -1 ; Figure 101). Cet étalement explique celui des courbes<br />

d’infiltration i(t) de la Figure 100 en régime permanent. La gamme de variations recouvre<br />

notamment celle des sables. On peut supposer que les écoulements s’effectuent via la matrice<br />

sableuse plus ou moins abondante de ces lithofaciès aux faibles pressions capillaires. La présence<br />

d’éléments grossiers, majoritaires dans ce lithofaciès, induit cependant une porosité plus faible que<br />

celle des sables, ainsi qu’une augmentation de la tortuosité de l’écoulement. Les graviers peuvent<br />

également engendrer des macroporosités, pouvant expliquer les valeurs les plus élevées de<br />

conductivité hydraulique saturée. Les échantillons de surface du bassin DjR sont ceux qui infiltrent le<br />

plus faible volume par unité de temps, ce qui peut être attribué à la présence de sédiments fins<br />

urbains limitant la conductivité hydraulique.<br />

En ce qui concerne les lithofaciès de graviers sans matrice, les volumes infiltrés par unité de<br />

temps sont les plus importants, ce qui s’explique par la nature macroporeuse de ce lithofaciès. Le<br />

régime transitoire n’est pas apparent sur les courbes, ce qui traduit une absence d’effet capillaire et<br />

un écoulement gravitaire à travers les pores grossiers dès le début des essais d’infiltration. Le régime<br />

permanent atteint ne correspond pas cependant à un état de saturation du sol. Les volumes infiltrés<br />

lors de l’essai ne sont en effet pas suffisants pour saturer les macropores de ce lithofaciès, le débit<br />

d’eau versé dans l’anneau étant plus faible que le volume infiltrable par unité de temps par les<br />

macropores. La courbe i(t) obtenue sur ces lithofaciès correspond donc au débit d’eau versée dans<br />

l’anneau Beerkan. Le régime permanent atteint correspond à un état partiellement saturé du milieu,<br />

ce qui entraîne une sous-estimation de la conductivité hydraulique saturée de ce lithofaciès par<br />

rapport aux valeurs de la littérature. Les conductivités hydrauliques saturées sont en effet estimées à<br />

des valeurs inférieures à 10 -3 m.s -1 , alors que les valeurs issues de la littérature sont supérieures à 10 -<br />

2 m.s -1 (Figure 101).<br />

A cette limite d’ordre expérimental s’ajoute une limite physique. La méthode BEST<br />

présuppose la présence de forces capillaires contrôlant majoritairement les écoulements en régime<br />

transitoire, afin d’utiliser pour ajuster les courbes d’infiltration la solution analytique à l’équation de<br />

l’écoulement en zone non-saturée pour une infiltration tridimensionnelle et axi-symétrique établie<br />

par Haverkamp et al. (1994). L’écoulement essentiellement gravitaire dans les macropores des<br />

graviers sans matrice ne permet donc pas d’utiliser la méthode BEST. Pour ce type de lithofaciès, les<br />

propriétés hydrodynamiques ont donc été estimées par le modèle semi-physique d’Arya et Paris. Les<br />

résultats sont présentés au III.2.2. Notons que le modèle prédictif de Kozeny-Carman fournit des<br />

valeurs de conductivité hydraulique saturée acceptables au regard des valeurs de la littérature.<br />

179


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 101 : comparaison des estimations de conductivité hydraulique saturée des hydrofaciès S-x, Gcx,o,<br />

Gcm et Gcm,b par la méthode BEST et la relation de Kozeny-Carman (calcul avec le dixième percentile, et<br />

avec l’expresssion de Kozeny-Carman) avec des valeurs issues de la littérature (Jussel et al., 1994; Anderson<br />

et al., 1999; Bersezio et al., 1999; Klingbeil et al., 1999; Heinz et al., 2003; Kostic et al., 2005)<br />

En ce qui concerne les lithofaciès sableux et de graviers sans matrice, la présence d’une<br />

fraction sableuse plus ou moins importante induit des forces capillaires non négligeables lors du<br />

régime transitoire des courbes d’infiltration. Les écoulements dans ces lithofaciès suivent l’équation<br />

de l’écoulement en milieu poreux non-saturé, et il est possible d’ajuster la solution analytique de<br />

Haverkamp et al. (1994) sur le régime transitoire des courbes d’infiltration cumulée. De plus, les<br />

conductivités hydrauliques saturées estimées par la méthode BEST sont en accord avec les valeurs<br />

issues de la littérature, ainsi qu’avec les estimations par le modèle de Kozeny Carmann, ce qui<br />

permet de valider la méthode BEST pour l’estimation des conductivités hydrauliques saturées pour<br />

ces trois lithofaciès. La méthode BEST a donc été appliquées à ces trois types de lithofaciès. Les<br />

résultats sont présentés au III.2.<br />

Notons que par la suite nous utiliserons de façon indifférenciée les termes lithofaciès et<br />

hydrofaciès, afin de décrire les unités hydrogéologiques correspondant aux lithofaciès auxquels<br />

sont affectées des propriétés hydrodynamiques homogènes. Nous conserverons les codes utilisés<br />

pour décrire les lithofaciès.<br />

III.2. Estimation des propriétés hydrodynamiques des hydrofaciès<br />

III.2.1. Cas des hydrofaciès sableux et à matrice sableuse<br />

Les courbes de rétention capillaire et de conductivité hydraulique des échantillons<br />

représentatifs des lithofaciès S-x, Gcm et Gcm,b sont représentés sur les Figure 102a et b. Les<br />

mesures effectuées sur quatre lithofaciès (B06-B6, I05-B2, I05-B9 et DjR06-B4) n’ont pas pu être<br />

exploitées (les données non-exploitables correspondent à des erreurs relatives trop importantes de<br />

l’ajustement de la solution analytique de Haverkamp et al. (1994) sur les courbes expérimentales<br />

d’infiltration cumulée). Au total, 6 échantillons représentatifs du lithofaciès S-x, 8 du lithofaciès<br />

Gcm,b et 2 du lithofaciès Gcm ont été retenus (Tableau 21).<br />

180


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Tableau 21 : lithofaciès retenus après application des seuils de tolérance sur l’ajustement<br />

Lithofaciès Sites Echantillons Nombre<br />

Bossons 2004 B04-B1<br />

S-x<br />

Bossons 2006<br />

Islande 2005<br />

B06-B20<br />

I05-B3, I05-B4, I05-B8<br />

6<br />

DjR 2006 DjR06-B6<br />

Bossons 2004 B04-B10<br />

Gcm,b<br />

Bossons 2006<br />

Islande 2005<br />

B06-B10, B06-B11,<br />

B06-B12<br />

I05-B2<br />

8<br />

DjR 2006<br />

DjR06-B7, DjR06-B8,<br />

DjR06-B9<br />

Gcm<br />

Bossons 2006<br />

Islande 2005<br />

B06-B18<br />

I05-B7<br />

2<br />

Total 16<br />

Une première remarque concerne la variabilité du comportement hydrodynamique de<br />

chaque hydrofaciès. Cette variabilité confirme l’hétérogénéité des propriétés hydrodynamiques<br />

constatées à partir de l’analyse des estimations des valeurs de conductivité hydraulique de la<br />

littérature (Figure 101). Ce constat confirme également les résultats de Heinz et Aigner (2003b), qui<br />

proposent une subdivision des lithofaciès en plusieurs hydrofaciès, dépendant des caractéristiques<br />

texturales des lithofaciès. Les caractéristiques structurales, correspondant aux stratifications internes<br />

aux hydrofaciès, notamment sableux, peuvent également influer sur la variabilité des propriétés<br />

hydrodynamiques, au même titre que le phénomène d’hystérésis, non pris en compte. L’analogie<br />

sédimentaire, réduite dans le cadre de ce travail à une analogie de granulométrie entre lithofaciès,<br />

n’engendre donc pas une analogie stricte d’hydrofaciès entre les différents sites d’études. Il n’existe<br />

pas de relation univoque entre lithofaciès et hydrofaciès. Cependant, l’analyse des courbes<br />

caractéristiques de rétention et de conductivité permet de décrire le comportement<br />

hydrodynamique "moyen" de chaque type d’hydrofaciès.<br />

Les hydrofaciès S-x ont une porosité plus élevée que les hydrofaciès Gcm et Gcm,b, ce qui<br />

engendre une teneur en eau à saturation plus forte en moyenne (Figure 102a). A saturation, les<br />

sables sont les lithofaciès les plus conducteurs en moyenne, avec les graviers sableux bimodaux. La<br />

rétention capillaire des sables est la moins forte (pression d’entrée d’air la plus faible en moyenne).<br />

Le bon classement granulométrique des hydrofaciès sableux, majoritairement composés de sables<br />

moyens, par rapport aux graviers sableux plus hétérométriques ( granulométrie variant des graviers<br />

aux sables fins), et où des microporosités plus fines que celles des sables peuvent être présentes,<br />

peut expliquer ces différences. Les conductivités hydrauliques des hydrofaciès sableux sont variables<br />

aux pressions capillaires les plus faibles (Figure 102b). Un hydrofaciès s’individualise des autres par<br />

une chute de la conductivité hydraulique à partir d’une pression d’entrée d’air de -10 mm. Il s’agit de<br />

l’hydrofaciès de surface du bassin DjR. Ce comportement hydrodynamique particulier peut<br />

s’expliquer par une déstructuration importante de cet hydrofaciès, due à une fréquentation humaine<br />

ayant engendré un remaniement superficiel (mesure effectuée à proximité du puits de mesure).<br />

L’évolution de la conductivité hydraulique des hydrofaciès Gcm,b est similaire à celle des<br />

sables (Figure 102d). Ceci peut s’expliquer par une conductivité hydraulique aux faibles pressions<br />

capillaires principalement contrôlée par la matrice sableuse de cet hydrofaciès. Le mode sableux de<br />

l’hydrofaciès Gcm,b est en effet centré sur un grain moyen identique à celui de l’hydrofaciès S-x (cf<br />

Chapitre B, III.1.1.). La gamme de variations des conductivités hydrauliques à saturation est<br />

cependant plus étendue. La présence de graviers plus ou moins abondante (fraction variable en<br />

graviers, de 70 % à 85 %, cf Chapitre B) peut expliquer cette variabilité. Les macroporosités<br />

181


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

engendrées par ces graviers peuvent contribuer aux conductivités hydrauliques les plus élevées à<br />

saturation. Les teneurs en eau à saturation sont les plus faibles (Figure 102c), hormis un hydrofaciès<br />

qui s’individualise des autres par une teneur en eau saturée supérieure à 30 %. Cette valeur élevée<br />

peut s’expliquer par une mauvaise estimation expérimentale (la teneur en eau est assimilée à la<br />

porosité, estimée à partir d’une estimation de la masse volumique sèche). L’hydrofaciès Gcm<br />

s’interprète quant à lui comme un <strong>dépôt</strong> massif hétérométrique, le <strong>dépôt</strong> des sables et des graviers<br />

se faisant en une seule phase, contrairement à l’hydrofaciès Gcm,b. La distribution granulométrique<br />

est donc plus étalée (présence de sables fins notamment). Cette différence de distribution<br />

granulométrique, et donc de porosimétrie, explique ainsi la rétention capillaire plus élevée de<br />

l’hydrofaciès Gcm proche de la saturation (Figure 102e). L’étalement granulométrique engendre<br />

également une tortuosité plus élevée de l’écoulement dans cet hydrofaciès. Sa conductivité<br />

hydraulique saturée est donc plus faible en moyenne que les autres hydrofaciès (Figure 102f).<br />

Figure 102 : courbes de rétention capillaire (a, c, e) et courbes de conductivité hydraulique en fonction de la<br />

pression capillaire (b, d, f) respectivement des hydrofaciès S-x, Gcm,b et Gcm, représentatifs du <strong>dépôt</strong> de<br />

l’Est lyonnais.<br />

182


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

III.2.2. Cas des graviers sans matrice<br />

La courbe de rétention capillaire des graviers sans matrice a été obtenue par le modèle<br />

d’Arya et Paris (1981), décrit au I.3.2.b. Un des paramètres d’entrée de ce modèle est la porosité.<br />

Celle-ci a été estimée à partir de valeurs de la littérature, confrontées aux estimations effectuées sur<br />

des lithofaciès récents. Une valeur de 0,36 (Klingbeil et al., 1999) a été retenue. Cette valeur<br />

correspond à l’estimation de la porosité à partir de la masse volumique sèche estimée sur<br />

l’échantillon B05-B5 (0,359) représentatif des graviers sans matrice du <strong>dépôt</strong> de l’Est lyonnais,<br />

considérant une masse volumique particulaire de 2,65 g.cm -3 . La distribution granulométrique de cet<br />

échantillon a été utilisée pour définir la courbe de rétention capillaire à partir du modèle d’Arya et<br />

Paris.<br />

L’ajustement du modèle de courbe de rétention capillaire de van Genuchten sur les points<br />

(θi, hi) a été effectué avec le logiciel RETC (Hollenbeck et al., 2000). Des hypothèses identiques à<br />

celles de la méthode BEST ont été formulées. Les paramètres m et n sont reliés par la condition de<br />

Burdine (m=1-2/n). La saturation résiduelle est supposée nulle. Ce choix est justifié par la très faible<br />

fraction sableuse et fine, ainsi que la présence de macropores, limitant la quantité d’eau retenue par<br />

capillarité et par adsorption à la surface des grains. L’ajustement présente une bonne corrélation<br />

avec les données estimées à partir du modèle d’Arya et Paris (r²=0.996). Les paramètres de forme et<br />

d’échelle ainsi estimés sont récapitulés au Tableau 22. La courbe de rétention capillaire est<br />

représentée sur la Figure 103 a).<br />

La courbe de conductivité hydraulique a été modélisée par le modèle de Brooks et Corey. La<br />

conductivité hydraulique a été choisie à partir de valeurs de la bibliographie, et comparée aux<br />

estimations des modèles de Kozeny Carman. Une valeur de 0,1 m.s -1 a été retenue. Cette valeur est<br />

proche des estimations réalisées à partir de lithofaciès de graviers sans matrice échantillonnés sur le<br />

bassin DjR avec les modèles de Kozeny-Carman (Ks = 0,126 m.s -1 estimée à partir de l’expression de<br />

Bear (1972) et du diamètre du dixième percentile ; : Ks = 0,09 m.s -1 avec la relation Chapuis et<br />

Aubertin (2003)). La courbe de conductivité hydraulique est représentée sur la Figure 103b.<br />

La courbe de rétention capillaire présente une allure en accord avec la structure<br />

macroporeuse du lithofaciès. La pression d’entrée d’air, correspondant à la pression capillaire pour<br />

laquelle le lithofaciès passe d’un état saturé à un état partiellement saturé, est de l’ordre de -2 mm,<br />

soit 25 à 200 fois inférieur à la pression d’entrée d’air des lithofaciès sableux ou à matrice sableuse.<br />

La pression d’entrée d’air faible est en accord avec la structure macroporeuse du lithofaciès. Cette<br />

structure macroporeuse explique les valeurs élevées de conductivité hydraulique, supérieures aux<br />

conductivités des autres hydrofaciès pour des teneurs volumiques en eau supérieures à 0,05<br />

cm 3 /cm 3 .<br />

Tableau 22 : paramètres de forme et d’échelle liés à l’hydrofaciès Gcx,o, estimés à partir de l’ajustement du<br />

modèle de van Genuchten sur la courbe de rétention capillaire définie avec le modèle d’Arya et Paris.<br />

m n η θs hg (mm) Ks (mm/s)<br />

0,275 2,757 5,641 0,36 -5,491 100<br />

183


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 103 : a) courbe de rétention capillaire, estimée à partir du modèle d’Arya et Paris, et modélisée avec le<br />

modèle de van Genuchten avec condition de Burdine (r²=0,996), et b) courbe de conductivité hydraulique de<br />

l’hydrofaciès Gcx,o.<br />

III.2.3. Conclusion<br />

Le Tableau 23 récapitule les principales caractéristiques associées au comportement<br />

hydrodynamique des hydrofaciès S-x, Gcm et Gcm,b, et Gcg,o/Gcx,o. Les caractéristiques considérées<br />

sont la porosité, et les conductivités hydrauliques à saturation et à faibles pressions capillaires.<br />

Tableau 23 : caractéristiques des propriétés hydrodynamiques caractéristiques des quatre hydrofaciès.<br />

Hydrofaciès Types d’écoulement Principales caractéristiques<br />

S-x<br />

- porosité élevée,<br />

- conductivité hydraulique à saturation élevée<br />

- faible porosité,<br />

Gcm,b<br />

Ecoulement contrôlé<br />

par les forces<br />

- comportement hydrodynamique aux faibles pressions capillaires<br />

similaires à celui des sables<br />

capillaires et - conductivité hydraulique à saturation élevée<br />

gravitationnelles - faible porosité,<br />

Gcm<br />

- conductivité hydraulique à saturation la plus faible en moyenne,<br />

- pression d’entrée d’air la plus élevée en moyenne (en valeur<br />

absolue)<br />

Ecoulement - écoulement rapide,<br />

Gcg,o / Gcx,o essentiellement - conductivité hydraulique à saturation très élevée,<br />

gravitaire - porosité élevée<br />

III.3. Détermination des hydrofaciès représentatifs<br />

La détermination des hydrofaciès représentatifs a été effectuée par comparaison de teneur<br />

volumique en eau mesurées expérimentalement à trois profondeurs de la zone non-saturée du<br />

bassin d’infiltration aux teneurs en eau modélisées à partir du modèle stratigraphique défini au<br />

Chapitre C et des propriétés hydrodynamiques estimées sur les hydrofaciès analogues. Dans un<br />

premier temps, les hydrofaciès les plus représentatifs d’un état hydrique stable du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> (forte désaturation du <strong>dépôt</strong>) ont été déterminés (III.3.1). La méthode de calage est<br />

présentée sur la Figure 104. Le choix des hydrofaciès retenu est discuté au III.3.2. La pertinence du<br />

choix de ces quatre hydrofaciès a été évaluée par comparaison des variations du profil hydrique suite<br />

à la propagation d’un front d’infiltration lors de deux essais d’infiltration, aux variations des teneurs<br />

en eau modélisées par Hydrus2D dans les conditions de ces essais d’infiltration (III.3.3). Ces essais ont<br />

été effectués d’une part en conditions initiales sèches (essai DjR-N1), correspondant à l’état hydrique<br />

utilisé pour le calage du modèle, et d’autre part en conditions initiales humides (essai DjR-N2).<br />

184


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 104 : méthode de détermination des hydrofaciès représentatif du comportement hydrodynamique du<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> au niveau de la zone nord du puits de mesure (calage des propriétés hydrodynamiques).<br />

Les hydrofaciès A, B et D sont choisis parmi les hydrofaciès analogues, l’hydrofaciès C correspond aux<br />

propriétés hydrodynamiques des graviers sans matrice estimées par le modèle d’Arya et Paris.<br />

III.3.1. Calage des propriétés hydrodynamiques sur un état initial<br />

désaturé<br />

La modélisation des écoulements (phase d’infiltration et de drainage dans la zone nord du<br />

puits de mesure) a été réalisée à partir du modèle stratigraphique interprétatif de la zone nord,<br />

décrit au Chapitre C. A chacun des 4 types de lithofaciès de ce modèle ont été affectées les<br />

propriétés hydrodynamiques d’un hydrofaciès, évaluées par méthode BEST sur un lithofaciès<br />

analogue actuel (S-x, Gcm, Gcm,b) ou à partir du modèle d’Arya et Paris (Gcg,o/Gcx,o). Les 4<br />

hydrofaciès utilisés pour la modélisation correspondent à une configuration d’hydrofaciès. Plusieurs<br />

configurations ont été évaluées, par comparaison avec les mesures expérimentales à trois<br />

profondeurs (Figure 104). Les hydrofaciès de la configuration permettant d’approcher au mieux les<br />

variations de teneur en eau mesurées ont été conservées en tant qu’hydrofaciès "modèles" du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> du l’Est lyonnais. Il s’agit de la phase de calage du modèle hydrostratigraphique.<br />

Ce calage a été effectué par comparaison des données modélisées par Hydrus2D sur les<br />

données expérimentales de profils hydriques en conditions sèches. Ces conditions sèches<br />

correspondent aux conditions initiales de l’essai d’infiltration réalisé le 24 avril 2007 dans la zone<br />

nord, après une période de 20 jours sans précipitations. Le choix de conditions initiales sèches a été<br />

fait afin de disposer de données concernant un profil hydrique à l’équilibre (teneurs en eau stables,<br />

correspondant à un état de désaturation avancé du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>). Les teneurs en eau<br />

correspondantes sont récapitulées dans le Tableau 24.<br />

Tableau 24 : teneurs volumiques en eau mesurées par sondes TDR à 0, 0,5 et 1,15m de profondeur dans la<br />

zone nord du puits de mesures après une période de 20 jours sans précipitations, et utilisées pour le<br />

calibrage des hydrofaciès<br />

Profondeur Teneur volumique en eau<br />

mesurée (cm 3 /cm 3 )<br />

Surface 0,036<br />

0,5 m 0,073<br />

1,15 m 0,141<br />

185


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

La Figure 105 compare les variations de teneur en eau modélisées à partir de deux<br />

configurations différentes d’hydrofaciès. Les variations de teneur en eau correspondent à un<br />

drainage du domaine modélisé à partir d’un état initial totalement saturé, et avec une condition<br />

limite en surface correspondant à un flux d’évaporation. La comparaison des Figure 105a et Figure<br />

105b montre que le changement de propriétés hydrodynamiques des hydrofaciès influence de façon<br />

significative le profil hydrique dans la zone non-saturée (évaluation de la sensibilité du modèle vis-àvis<br />

des propriétés hydrodynamiques). La Figure 105a montre un exemple de configuration<br />

d’hydrofaciès non appropriée, et conduisant à un écart trop important des teneurs en eau<br />

modélisées par rapport aux teneurs en eau mesurées expérimentalement. Les teneurs en eau<br />

modélisées en surface et à 0,5 m de profondeur sont surestimées par rapport aux teneurs en eau<br />

mesurées (teneurs en eau supérieures à 10 %), alors que la teneur en eau à 1,15 m de profondeur est<br />

quant à elle sous-estimée (teneur en eau de 12 %). L’hydrofaciès B06-B18, dont les propriétés ont été<br />

affectées aux graviers sableux hétérométriques (Gcm), a une conductivité hydraulique trop faible, qui<br />

limite l’infiltration dans le domaine modélisé. L’hydrofaciès I05-B8 (S-x) conduit quant à lui à une<br />

désaturation trop importante du remplissage sableux.<br />

La Figure 105b correspond à la configuration d’hydrofaciès permettant d’obtenir des valeurs<br />

de teneur en eau acceptables au regard des mesures expérimentales. Le temps de drainage<br />

nécessaire pour obtenir ces valeurs est de 142 h. La teneur en eau est alors de 5,5 % en surface (écart<br />

de 52,7 % par rapport à la valeur expérimentale du Tableau 24), 6,3 % à -0,5 m (écart de 13,7 % par<br />

rapport à la valeur expérimentale du Tableau 24) et de 15 % à -1,15 m (écart de 6,4 % par rapport à la<br />

valeur expérimentale du Tableau 24). Les valeurs modélisées à 0,5 m et 1,15 m de profondeur<br />

appartiennent à l’intervalle de précision de la mesure (+/- 1%).<br />

Figure 105 : évolution des teneurs en eau modélisées avec Hydrus2D suite au drainage à partir d’un état<br />

initial de saturation totale en eau. a) Exemple d’une configuration d’hydrofaciès inadaptée, conduisant à une<br />

erreur relative trop importante par rapport aux teneurs en eau du Tableau 24. b) Configuration d’hydrofaciès<br />

retenue (les paramètres correspondant sont présentés dans le Tableau 25).<br />

En surface, l’écart avec les valeurs expérimentales est plus important. Notons tout d’abord<br />

que la sonde TDR de surface était placée dans une zone dont la fraction sableuse était plus<br />

importante que celle des graviers sableux constituant le reste de la surface interne du cylindre.<br />

L’implantation de la sonde TDR dans le cylindre peut ainsi expliquer une désaturation plus rapide que<br />

186


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

les graviers sableux supposés occuper toute la surface interne du cylindre dans le modèle. Les écarts<br />

entre valeurs expérimentales et modélisées peuvent ainsi s’expliquer par ce biais expérimental.<br />

Cependant, nous n’avons pas à disposition de mesures de teneurs en eau dans les graviers sableux<br />

pour vérifier cette première hypothèse. La fine couche de graviers sans matrice subhorizontale entre<br />

les sondes TDR 1 et TDR 2 peut également avoir une influence sur les teneurs en eau modélisées en<br />

surface. Cazalets (2007) montre ainsi que le "rognage" de la lentille entre les sondes TDR 1 et TDR 2<br />

conduit à des valeurs réduites de teneur en eau en surface, plus proches des teneurs en eau<br />

mesurées, et qui n’affectent pas sensiblement les valeurs modélisées à -0,5 m. L’absence d’une<br />

troisième dimension dans la modélisation réalisée contribue de plus à accroître l’effet de la couche<br />

de graviers sans matrice. Les teneurs en eau modélisées en surface sont influencées par une<br />

accumulation d’eau au-dessus de la lentille de graviers sans matrice, qui pourrait être moindre si un<br />

écoulement dans la troisième dimension était modélisé.<br />

La configuration d’hydrofaciès conduisant aux variations modélisées de la Figure 105b a été<br />

retenue pour la définition du modèle hydrostratigraphique. Le Tableau 25 récapitule les hydrofaciès<br />

retenus, ainsi que les paramètres de forme et d’échelle des courbes de rétention et de conductivité.<br />

Nous rappelons que ces paramètres sont ceux des modèles de van Genuchten avec condition de<br />

Mualem, correspondant aux paramètres d’entrée d’Hydrus2D. La détermination de ces paramètres a<br />

été effectuée avec le logiciel RETC, par ajustement sur les courbes de rétention modélisées par la<br />

relation de van Genuchten avec conditons de Burdine pour les hydrofaciès S-x, Gcm et Gcm,b, et sur<br />

les points (θi, hi) obtenus avec le modèle d’Arya et Paris pour les hydrofaciès Gcx,o et Gcg,o. Afin de<br />

disposer de courbes hydrodynamiques plus réalistes, la teneur en eau résiduelle, considérée nulle<br />

lors de l’estimation des paramètres d’échelle, a été prise en compte lors de l’ajustement.<br />

Tableau 25 : paramètres de forme (n) et d’échelle (θr, θs, hg et Ks) des courbes de rétention et de<br />

conductivité modélisés par les modèles de van Genuchten avec condition de Mualem, utilisés pour la<br />

modélisation des écoulements non saturés sous Hydrus2D.<br />

Lithofaciès Echantillon θr (cm 3 /cm 3 ) θs (cm 3 /cm 3 ) hg (m) n Ks (m.s -1 )<br />

Gcm I05-B7 0,0107 0,274 -0,1562 1,7353 1,53.10 -4<br />

S-x B04-B1 0,013 0,359 -0,3559 1,7878 5,10.10 -5<br />

Gcx,o / Gcg,o B05-B5 0,005 0,36 -0,0076 1,934 1,00.10 -1<br />

Gcm,b B06-B11 0,0051 0,186 -0,2299 1,9336 1,91.10 -4<br />

III.3.2. Discussion sur le choix des hydrofaciès<br />

La Figure 106 représente les courbes de rétention et de conductivité hydraulique des quatre<br />

hydrofaciès du modèle hydrostratigraphique. Cette figure met ainsi en évidence l’hétérogénéité<br />

hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Les hydrofaciès sont évalués vis-à-vis du comportement<br />

hydrodynamique des hydrofaciès esquissé dans le Tableau 23.<br />

Les graviers sans matrice sont ceux qui ont la conductivité hydraulique saturée la plus élevée<br />

(0,1 m.s -1 ). Cette conductivité est supérieure de plus de deux ordres de grandeurs à celle des autres<br />

hydrofaciès. Cette différence de propriétés hydrodynamiques est en accord avec les différences<br />

notées dans la littérature et présentées sur la Figure 101. Cet hydrofaciès est également celui qui se<br />

désature le plus rapidement, compte-tenu de sa macroporosité.<br />

Cet hydrofaciès est celui qui a la plus forte teneur en eau à saturation avec l’hydrofaciès S-x.<br />

Les porosités des deux types de graviers sableux sont quant à elle plus faible, celle de l’hydrofaciès<br />

Gcm,b étant plus faible que celle de l’hydrofaciès Gcm. Ces valeurs sont en accord avec les tendances<br />

définies au Tableau 23.<br />

187


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 106 : a) courbes de rétention en eau et b) courbe de conductivité hydraulique des hydrofaciès<br />

représentatifs du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais<br />

L’évolution de la conductivité hydraulique est similaire entre les trois hydrofaciès S-x, Gcm et<br />

Gcm,b. La similarité de cette évolution est en accord avec le comportement hydrodynamique<br />

analogue des hydrofaciès Gcm,b et S-x aux faibles pressions capillaires. En ce qui concerne les deux<br />

types de graviers sableux, le faible écart entre les courbes K(h) traduit un comportement<br />

hydrodynamique assez proche de ces hydrofaciès dans le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais, qui<br />

se traduit également par des conductivités hydrauliques à saturation similaires.<br />

A saturation, les hydrofaciès Gcm et Gcm,b ont une conductivité hydraulique plus élevée que<br />

l’hydrofaciès S-x. Cette évolution des conductivités hydrauliques saturées est acceptable au regard<br />

des valeurs de la bibliographie (Figure 101). La valeur de la conductivité hydraulique saturée de<br />

l’hydrofaciès S-x est cependant faible par rapport à la moyenne des conductivités hydrauliques<br />

saturées estimées avec la méthode BEST, et par rapport aux valeurs de la littérature.<br />

La conductivité hydraulique saturée de l’hydrofaciès Gcm est élevée en comparaison de celle<br />

du sable. Ceci ne traduit pas l’évolution des conductivités à saturation décrite au Tableau 23. Cette<br />

188


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

différence est toutefois en accord avec la présence de macroporosités engendrés par la fraction<br />

graveleuse du l’hydrofaciès Gcm.<br />

La configuration d’hydrofaciès retenue décrit ainsi de manière acceptable le comportement<br />

hydrodynamique moyen de chaque hydrofaciès. Les propriétés hydrodynamiques sont cohérentes<br />

d’une part avec les valeurs de la bibliographie (valeur de la conductivité hydraulique saturée), mais<br />

également sont représentatives de chacun des types d’hydrofaciès. Les hydrofaciès du Tableau 25<br />

seront donc considérés comme des hydrofaciès modèles du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais,<br />

représentatif du comportement hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sous-jacent au bassin<br />

d’infiltration.<br />

III.3.3. Evaluation du modèle hydrostratigraphique<br />

La pertinence du choix de ces quatre hydrofaciès a été évaluée par comparaison des<br />

variations du profil hydrique suite à la propagation d’un front d’infiltration lors de deux essais<br />

d’infiltration, réalisés en conditions initiales sèches (essai DjR-N1) et humides (essai DjR-N2), aux<br />

variations des teneurs en eau modélisées par Hydrus2D dans les conditions de ces deux essais.<br />

III.3.3.a. Essai d’infiltration réalisé en conditions initiales sèches (essai<br />

DjR-N1)<br />

La comparaison de l’évolution des teneurs en eau mesurées et modélisées en surface et à<br />

0,5 m et 1,15 m de profondeur sous le cylindre d’infiltration est présentée sur la Figure 107.<br />

III.3.3.a.i. Evolution de la teneur en eau en surface<br />

En surface (Figure 107a), les mesures expérimentales montrent une augmentation rapide de<br />

la teneur en eau jusqu’à des valeurs supérieures à 35 % pendant les phases d’alimentation en eau (60<br />

min) et d’infiltration du volume résiduel (12 min). L’hydrofaciès de surface se désature ensuite<br />

rapidement dans un premier temps (décroissance linéaire), puis plus lentement lorsque les teneurs<br />

en eau deviennent inférieures à 20 %. La teneur en eau a une valeur proche de 10 % à la fin de<br />

l’enregistrement.<br />

Les variations de teneurs en eau modélisées décrivent de façon acceptable l’évolution réelle<br />

de la teneur en eau en surface. La modélisation traduit notamment l’augmentation rapide de la<br />

teneur en eau au début de la phase d’alimentation en eau et la désaturation rapide puis lente lors de<br />

la phase de drainage consécutive à l’infiltration du volume résiduel. L’évolution quantitative de la<br />

teneur en eau modélisée lors de cette phase de drainage est en accord avec les valeurs de teneurs en<br />

eau mesurées. Cependant, la teneur en eau modélisée atteint un palier correspondant à une<br />

saturation totale de l’hydrofaciès de surface lors des phases d’alimentation en eau et d’infiltration du<br />

volume résiduel (teneur en eau de 27,4 %, correspondant à la porosité de l’hydrofaciès modèle Gcm),<br />

alors que la teneur en eau réelle est supérieure à 35 % pendant ces deux phases, et les faibles<br />

variations de teneur en eau (entre 35 % et 37 %) ne traduisent pas une saturation totale. L’écart<br />

entre les valeurs modélisées et mesurées traduit une porosité de l’hydrofaciès de surface plus élevée<br />

que celle de l’hydrofaciès Gcm du modèle hydrostratigraphique. Cet écart peut en partie s’expliquer<br />

par l’implantation de la sonde TDR dans une zone plus sableuse, à l’origine d’une porosité plus<br />

élevée.<br />

189


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 107 : comparaison de l’évolution de la teneur volumique en eau mesurée par sondes TDR dans le<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sous-jacent au bassin d’infiltration et modélisée avec Hydrus2D, en surface (a), et à 50<br />

cm (b) et 115 cm (c) de profondeur, lors de l’essai DjR-N1 (conditions initiales humides).<br />

190


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

III.3.3.a.ii. Evolution de la teneur en eau à 0,5 m de<br />

profondeur<br />

A 0,5 m de profondeur (Figure 107b), l’augmentation significative de la teneur en eau,<br />

correspondant à l’arrivée du front d’infiltration, se produit 11 min après le début de l’essai DjR-N1.<br />

Cette augmentation est rapide (passage d’une teneur en eau de 8,1 % à t = 15 min à une teneur en<br />

eau de 45,3 % à t = 19 min), et la teneur en eau atteint un palier caractérisé par des valeurs oscillant<br />

entre 45,3 % et 46,4% (intervalle compris dans la précision de la mesure de +/- 2 % aux teneurs en<br />

eau supérieures à 40 %). Ce palier peut traduire une saturation du <strong>dépôt</strong> à cette profondeur. La<br />

désaturation se produit 1h10 après l’augmentation de la teneur en eau. Cette désaturation est rapide<br />

et linéaire dans un premier temps, puis plus lente lorsque les teneurs en eau sont inférieures à 20 %.<br />

A la fin de l’enregistrement, la teneur en eau mesurée est de 11,7 %.<br />

L’évolution qualitative de la teneur en eau à cette profondeur est similaire à celle mesurée<br />

en surface, ce qui est conforme au modèle stratigraphique (hydrofaciès identique à ces deux<br />

profondeurs). La modélisation effectuée traduit qualitativement le comportement hydrodynamique<br />

du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> (augmentation rapide de la teneur en eau, palier de teneur en eau lors de la<br />

phase d’alimentation en eau, désaturation lente lors de la phase de drainage). L’arrivée du front<br />

d’infiltration modélisée est légèrement en avance par rapport à l’arrivée mesurée. Le temps<br />

correspondant au début du drainage est quant à lui correctement modélisé.<br />

Lors des phases d’alimentation en eau et d’infiltration du volume résiduel, la teneur en eau<br />

modélisée est limitée par la porosité de l’hydrofaciès modèle Gcm, ce qui engendre un écart<br />

important entre les valeurs modélisées et mesurées. Les valeurs les plus élevées de la teneur en eau<br />

à 0,5 m de profondeur dépassent toutefois les estimations de porosité de l’ensemble des lithofaciès<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s, provenant de la littérature ou d’estimations de terrain. En supposant cette valeur<br />

correcte, la structure du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> à 0,5 m de profondeur est donc à très forte porosité. Il<br />

pourrait s’agir d’un sable, ou éventuellement d’une couche de graviers sans matrice, ces deux<br />

hydrofaciès ayant le volume poral le plus élevé. Compte-tenu du modèle hydrostratigraphique<br />

proposé (couche de graviers sableux hétérométrique avec passage occasionnel de graviers sans<br />

matrice), ainsi que de la difficulté à insérer la sonde TDR à cette profondeur, l’hypothèse des graviers<br />

sans matrice semble être la plus probable. Durant cette phase, l’augmentation de la pression<br />

capillaire est suffisante pour que ces couches se saturent en eau. Lors de la phase de drainage, la<br />

désaturation rapide peut traduire un drainage des macropores de cet hydrofaciès. La décroissance<br />

plus lente pourrait être associée à la diminution de la teneur en eau dans le manchon constitué du<br />

tamisat à 5 mm. Enfin, un biais expérimental ne peut pas être écarté. La difficulté de mise en place<br />

de la sonde TDR en bout des tubes subhorizontaux a pu engendrer une déstructuration partielle du<br />

manchon autour des électrodes, conduisant à une augmentation locale de la porosité.<br />

III.3.3.a.iii. Evolution de la teneur en eau à 1,15 m de<br />

profondeur<br />

A 1,15 m de profondeur (Figure 107c), l’allure des variations de teneurs en eau mesurées<br />

traduit un comportement fortement inertiel du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> à cette profondeur. La teneur en<br />

eau augmente significativement 28 minutes après le début de l’alimentation en eau. L’augmentation<br />

est lente, et atteint un palier de teneur en eau (21,8 %). La décroissance est ensuite lente jusqu’à des<br />

valeurs de teneurs en eau variant entre 17,2 et 18,3 %.<br />

Les teneurs en eau modélisées à cette profondeur sont celles qui présentent l’écart le plus<br />

important avec les teneurs en eau mesurées. L’augmentation rapide de la teneur en eau à l’arrivée<br />

du front d’infiltration ne traduit pas l’augmentation progressive mesurée à 1,15 m de profondeur. Le<br />

temps de propagation du front d’infiltration de la surface jusqu’à 1,15 m de profondeur est<br />

191


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

cependant correctement modélisé. Lors de la phase d’alimentation en eau, la teneur en eau<br />

modélisée atteint un palier correspondant à la teneur en eau saturée de l’hydrofaciès modèle S-x. Ce<br />

palier est largement supérieur au palier de teneur en eau mesuré. Celui-ci est de plus décalé par<br />

rapport au palier modélisé (le palier mesuré est atteint au cours de la phase de décroissance de la<br />

teneur en eau modélisée).<br />

Bien que nettement moins marqué que dans la réalité, le comportement inertiel caractérise<br />

les variations de teneurs en eau modélisées lors de la phase de drainage (désaturation lente). Le<br />

caractère inertiel des variations de teneur en eau à 1,15 m de profondeur peut notamment<br />

s’expliquer par le phénomène de dispersion du bulbe d’infiltration, d’autant plus marqué que<br />

l’infiltration a été réalisée en conditions sèches. L’aspect restrictif de la bi-dimensionnalité du<br />

domaine de modélisation ne rend pas compte de l’effet d’une troisième dimension. Cette différence<br />

avec l’infiltration réelle tridimensionnelle contribue à augmenter l’écart entre les teneurs en eau<br />

modélisée et mesurée. L’écart entre les valeurs modélisées et mesurées à cette profondeur peut<br />

traduire une hétérogénéité réelle plus grande entre 0,5 et 1,15 m de profondeur que celle du modèle<br />

hydrostratigraphique. En effet, nous avons fait l’hypothèse d’un remplissage sableux homogène. Une<br />

hétérogénéité interne à ce remplissage (par exemple, drapages silt-argileux, lags de graviers) peut<br />

contribuer au comportement inertiel ou à une déviation du flux d’écoulement limitant<br />

l’augmentation de la teneur en eau.<br />

III.3.3.b. Essai d’infiltration réalisé en conditions initiales humides<br />

(essai DjR-N2)<br />

De façon similaire à la modélisation de l’essai DjR-N1, les conditions initiales ont été établies<br />

par drainage du domaine modélisé à partir d’un état de saturation totale en eau. La durée de<br />

drainage a été déterminée de telle sorte que les teneurs en eau modélisées aux trois profondeurs de<br />

mesures sous le cylindre d’infiltration soient le plus proche possible des teneurs en eau mesurées<br />

initialement lors de l’essai DjR-N2. Le temps de drainage nécessaire a été de 29 heures. Les<br />

conditions initiales mesurées et modélisées de teneurs en eau en surface, et à 0,5 m et 1,15 m de<br />

profondeur, sont récapitulées dans le Tableau 26, et comparées aux conditions initiales mesurées et<br />

modélisées pour l’essai DjR-N1. Les teneurs en eau initiales de l’essai DjR-N2 sont supérieures aux<br />

teneurs mesurées initialement lors de l’essai DjR-N1 aux trois profondeurs de mesure. Les valeurs<br />

modélisées traduisent bien cette différence. Les écarts entre valeurs modélisées et mesurées<br />

initialement lors de l’essai DjR-N2, plus importants que les écarts correspondant lors de l’essai DjR-<br />

N1, s’expliquent par une humidité qui ne peut être seulement expliquée par le seul drainage vertical,<br />

mais peut être imputée également à des apports latéraux (écoulements réels tridimensionnels).<br />

Tableau 26 : comparaison des teneurs en eau initiales mesurées expérimentalement et modélisées avec<br />

Hydrus2D, en surface et à 0,5 m et 1,15 m de profondeur, pour les essais DjR-N2 et DjR-N1<br />

Teneurs en eau<br />

initiales modélisées<br />

(cm 3 /cm 3 )<br />

Essai DjR-N2 Essai DjR-N1<br />

Teneurs en eau<br />

initiales mesurées<br />

(cm 3 /cm 3 )<br />

192<br />

Teneurs en eau<br />

initiales modélisées<br />

(cm 3 /cm 3 )<br />

Teneurs en eau<br />

initiales mesurées<br />

(cm 3 /cm 3 )<br />

Surface 0,1037 0,071 0,055 0,0036<br />

0,5 m 0,0861 0,105 0,063 0,073<br />

1,15 m 0,1887 0,177 0,15 0,141<br />

La comparaison de l’évolution des teneurs en eau mesurées et modélisées en surface et à<br />

0,5 m et 1,15 m de profondeur sous le cylindre d’infiltration est présentée sur la Figure 108. Notons<br />

que la fin de l’enregistrement de l’essai DjR-N2 a été perturbée par une pluie expliquant<br />

l’augmentation des teneurs en eau au bout de 8 h. Cet épisode pluvieux est représenté sur la Figure<br />

108.


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 108 : comparaison de l’évolution de la teneur volumique en eau mesurée par sondes TDR dans le<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sous-jacent au bassin d’infiltration et modélisée avec Hydrus2D, en surface (a), et à 50<br />

cm (b) et 115 cm (c) de profondeur, lors de l’essai DjR-N2 (conditions initiales humides).<br />

193


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Les variations de teneurs en eau en surface et à 0,5 m de profondeur montrent que le <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> conserve un degré de saturation élevé sur une durée plus longue lors de l’essai DjR-N2<br />

que lors de l’essai DjR-N1. Ceci s’explique par un flux d’infiltration plus faible en conditions initiales<br />

humides qu’en conditions initiales sèches. Ce flux est assimilé au débit de l’alimentation en eau<br />

nécessaire au maintien d’une charge constante pendant une heure. La variation horaire du flux pour<br />

les deux essais est présentée sur la Figure 109. En conditions initiales sèches, ce flux est initialement<br />

supérieur à 0,5 mm.s -1 , et atteint une valeur de 0,2 mm.s -1 à la fin de l’essai. En conditions initiales<br />

humides, le flux est plus faible et tend rapidement vers une asymptote de 0,03 mm.s -1 .<br />

Figure 109 : flux infiltrés en fonction de la saturation initiale du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> : a) conditions initiales<br />

sèches (essai DjR-N1), b) conditions initiales humides (essai DjR-N2).<br />

III.3.3.b.i. Evolution de la teneur en eau en surface<br />

La modélisation traduit bien les variations qualitatives de la teneur en eau en surface (Figure<br />

108a). Les caractéristiques de ces variations mises en évidence en conditions initiales sèches<br />

(augmentation rapide de la teneur en eau lors de la phase d’alimentation en eau, décroissance<br />

rapide puis lente lors de la phase de drainage) sont également traduites en conditions initiales<br />

humides. Le flux mesuré lors de l’essai DjR-N2 (Figure 109) est appliqué en condition limite de<br />

surface. Le flux infiltré lors de l’essai permet d’obtenir des valeurs modélisées qualitativement en<br />

accord avec les valeurs mesurées plus faibles en conditions initiales humides qu’en conditions<br />

initiales sèches. Le flux imposé permet également de traduire la faible diminution de la teneur en eau<br />

lors de la phase d’alimentation en eau. Lors de la phase de drainage, la décroissance de la teneur en<br />

eau modélisée est cependant plus lente que celle mesurée. L’hydrofaciès modèle Gcm ne permet pas<br />

d’obtenir des valeurs maximales de teneurs en eau correspondant aux valeurs mesurées.<br />

III.3.3.b.ii. Evolution de la teneur en eau à 0,5 m de<br />

profondeur<br />

A 0,5 m de profondeur (Figure 108b), la modélisation traduit bien les variations mesurées<br />

lors de la phase d’alimentation en eau et lors de la phase de drainage. L’augmentation rapide suite à<br />

la propagation du front d’infiltration, mais néanmoins plus lente que lors de l’essai DjR-N1 (les<br />

variations s’infléchissent avant d’atteindre un palier), est bien traduite par le modèle. La valeur de la<br />

teneur en eau modélisée lors de la phase d’alimentation en eau (25 %) est cependant sous-estimée<br />

par rapport aux valeurs mesurées, aussi élevées que lors de l’essai DjR-N1 (45 %). Lors de la phase de<br />

drainage, les valeurs de teneurs en eau modélisées sont en accord avec les valeurs mesurées. Lors de<br />

la phase d’infiltration du volume résiduel, une décroissance lente de la teneur en eau est observée<br />

(Figure 108b). Cette décroissance lente traduit une désaturation progressive du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>,<br />

la diminution lente de la pression capillaire expliquant la désaturation progressive des pores les plus<br />

194


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

grossiers. Cette désaturation progressive n’est pas traduite par le modèle. L’hypothèse d’un flux<br />

constant, égal au flux mesuré en fin de phase d’alimentation en eau, est forte et conduit à une<br />

variation nulle non-réaliste de la teneur en eau pendant l’infiltration résiduelle.<br />

III.3.3.b.iii. Evolution de la teneur en eau à 1,15 m de<br />

profondeur<br />

Le comportement hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> à 1,15 m de profondeur est<br />

dépendant des conditions initiales de saturation du <strong>dépôt</strong>. La teneur en eau n’augmente que lors de<br />

l’essai DjR-N1, réalisé en conditions initiales sèches, et aucune variation de teneur en eau n’a été<br />

mesurée au cours de l’essai DjR-N2. L’augmentation significative de la teneur en eau mesurée lors de<br />

l’épisode pluvieux permet de plus de s’assurer du bon fonctionnement de la sonde TDR, et montre<br />

l’importance des apports d’eau non-verticaux dans la saturation du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> à cette<br />

profondeur. La comparaison des valeurs mesurées et modélisées (Figure 108c) montre que le modèle<br />

hydrostratigraphique ne traduit pas les variations de teneur en eau réelles à cette profondeur. Une<br />

augmentation de la teneur en eau a été modélisée, en fin de phase d’alimentation en eau. La<br />

propagation lente du front d’infiltration jusqu’à 1,15 m de profondeur traduit cependant le<br />

comportement inertiel, mis en évidence expérimentalement lors de l’essai DjR-N1 et lors de l’épisode<br />

pluvieux (augmentation lente de la teneur en eau sur la Figure 108c à partir de t = 750 min). Ce<br />

comportement inertiel est également traduit par l’augmentation lente de la teneur en eau pendant<br />

l’infiltration du volume résiduel, et la diminution lente lors de la phase de drainage.<br />

Cette différence entre les variations de teneur en eau mesurées et modélisées montre que<br />

l’hétérogénéité réelle est plus importante que l’hétérogénéité prise en compte par le modèle<br />

hydrostratigraphique, simplificateur. L’hétérogénéité interne à la structure de remplissage peut avoir<br />

un impact sur les écoulements. Afin d’améliorer la modélisation, le choix d’un hydrofaciès sableux<br />

moins conducteur à un état hydrique proche de la saturation que l’hydrofaciès modèle S-x, et<br />

conservant une conductivité hydraulique élevée aux faibles pressions capillaires (ce choix<br />

correspondrait à un sable plus fin que l’hydrofaciès modèle), pourrait permettre d’approcher de<br />

façon plus réaliste le comportement inertiel. En effet, en conditions initiales sèches (faibles pressions<br />

capillaires), à l’arrivée du front d’infiltration à l’interface entre l’hydrofaciès Gcm et l’hydrofaciès<br />

sableux, ce dernier, plus conducteur aux faibles pressions capillaires, permettrait au front<br />

d’infiltration de pénétrer la structure de remplissage. La propagation et la dispersion du front<br />

d’infiltration dans cette structure expliquerait les variations de teneur en eau mesurée à cette<br />

profondeur. En conditions initiales humides, les pressions capillaires sont plus élevées dans le <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>, et l’hydrofaciès Gcm serait initialement plus conducteur que l’hydrofaciès S-x. L’eau<br />

infiltrée serait ainsi préférentiellement dispersée dans cet hydrofaciès, et ne pénétrerait pas le<br />

remplissage sableux, moins conducteur.<br />

III.3.3.c. Conclusion sur l’évaluation du modèle hydrostratigraphique<br />

Le modèle hydrostratigraphique défini dans la zone nord du puits de mesure permet de<br />

traduire correctement l’évolution qualitative de la teneur en eau mesurée en surface et à 0,5 m de<br />

profondeur. Il traduit notamment l’augmentation rapide de la teneur en eau, qui reste élevée lors<br />

des phases d’alimentation en eau et d’infiltration du volume résiduel, ainsi que la décroissance de la<br />

teneur en eau suite à ces deux phases, rapide et linéaire dans un premier temps, puis plus lente<br />

lorsque la teneur en eau passe sous le seuil de 20 %. La teneur en eau saturée de l’hydrofaciès Gcm<br />

est cependant faible par rapport aux valeurs de teneurs en eau maximales mesurées en cours<br />

d’infiltration. A 0,5 m de profondeur, la désaturation lente du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> lors de l’essai DjR-<br />

N2 n’est pas traduite par le flux constant imposé en surface. A cette même profondeur, la valeur<br />

élevée de la teneur en eau pourrait être liée à une couche de graviers sans matrice. Enfin, le temps<br />

d’arrivée du front d’infiltration est correctement modélisé à 0,5 m de profondeur.<br />

195


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

A 1,15 m de profondeur, le modèle hydrostratigraphique ne traduit pas les variations réelles<br />

mesurées. En ce qui concerne l’essai DjR-N1, le temps d’arrivée du front d’infiltration est<br />

correctement modélisé. Cependant, les variations modélisées suite à cette arrivée ne traduisent pas<br />

le comportement fortement inertiel du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> à cette profondeur. L’augmentation<br />

rapide modélisée ne traduit pas l’augmentation lente de la teneur en eau mesurée. Lors de la phase<br />

de drainage, la décroissance lente des teneurs en eau modélisée est cependant en accord avec le<br />

comportement inertiel. En ce qui concerne l’essai DjR-N2, le modèle ne permet pas de traduire la<br />

variation nulle de la teneur en eau. Les variations modélisées traduisent cependant le comportement<br />

inertiel du remplissage sableux. Les écarts entre valeurs mesurées et modélisées peuvent être<br />

attribués à un choix inapproprié d’hydrofaciès sableux. D’autres essais Beerkan pourraient être<br />

réalisés, notamment sur des sables plus fins que l’hydrofaciès modèle S-x, afin de compléter les<br />

hydrofaciès analogues de type sableux. Ces écarts peuvent également être associés à une<br />

hétérogénéité réelle plus importante que celle traduite par le modèle hydrostratigraphique. Cette<br />

hétérogénéité peut être associée par exemple à une stratification interne à la structure de<br />

remplissage, et contribuant au comportement inertiel du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> à cette profondeur.<br />

Enfin, la prise en compte d’une troisième dimension dans les écoulements traduirait de façon plus<br />

réaliste la dispersion du front d’infiltration en profondeur.<br />

Les écarts entre les valeurs modélisées et mesurées sont cependant à nuancer du fait du<br />

faible nombre de points de mesure ne permettant qu’une comparaison très limitée avec le modèle,<br />

des incertitudes expérimentales, ou encore de la non-prise en compte du comportement<br />

hystérétique des courbes caractéristiques. Afin de valider les propriétés hydrodynamiques aux trois<br />

profondeurs, des expériences de mesures couplées de teneur en eau et de pression capillaire (par<br />

sonde tensiométrique) sont nécessaires. Ces expériences permettraient de caractériser in situ les<br />

courbes de rétention capillaire. Ces mesures réalisées en phase d’infiltration et en phase de drainage<br />

permettraient de plus de caractériser l’hystérèse associée à ces courbes. Il serait ainsi possible de<br />

déterminer les types d’hydrofaciès présents en profondeur, et d’affecter un hystérésis réaliste au<br />

hydrofaciès du modèle hydrostratigraphique.<br />

Enfin, la comparaison des mesures des variations de teneur en eau lors des essais DjR-N1 et<br />

DjR-N2 met en évidence un comportement hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> dépendant des<br />

conditions initiales de saturation du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Ce résultat met en avant l’hétérogénéité<br />

de l’écoulement associée à l’architecture <strong>fluvioglaciaire</strong>.<br />

III.4. Conclusion<br />

La caractérisation des propriétés hydrodynamiques des hydrofaciès du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

de l’Est lyonnais fait partie intégrante de l’approche <strong>hydrogéophysique</strong> développée, visant à définir<br />

un modèle hydrostratigraphique représentant de façon réaliste l’hétérogénéité hydrodynamique de<br />

ce <strong>dépôt</strong> à l’échelle mésoscopique. Les hydrofaciès sont définis comme les unités hydrogéologiques<br />

correspondant au lithofaciès et pour lesquelles des propriétés hydrodynamiques homogènes sont<br />

définies. L’objectif de cette caractérisation est de déterminer les propriétés hydrodynamiques nonsaturées<br />

caractéristiques, à savoir la courbe de rétention capillaire et la courbe de conductivité<br />

hydraulique, associées à chaque lithofaciès constituant les modèles stratigraphiques<br />

tridimensionnels définis par interprétation des mesures géophysiques (Chapitre C).<br />

L’approche utilisée dans le cadre de ce travail est une approche d’analogue d’aquifères<br />

(Klingbeil et al., 1999). Les propriétés hydrodynamiques des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s présents en<br />

surface de plaines d’épandage actuelles (les sandurs des Bossons et du Breidamerkurjökull, décrits au<br />

Chapitre B) ont été déterminés, afin de les extrapoler aux lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s quaternaires de<br />

l’Est lyonnais. Cette approche se justifie d’une part par l’analogie granulométrique entre les<br />

lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s actuels et quaternaires, montrée au Chapitre B, et d’autre part par<br />

196


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

l’accessibilité de ces lithofaciès en surface des plaines d’épandage, permettant de réaliser facilement<br />

plusieurs essais de caractérisation hydrodynamique in situ. Les méthodes de caractérisation in situ<br />

sont les plus adaptées, dans la mesure où les anisotropies générées par la structure sédimentaire en<br />

place est prise en compte. Nous avons fait l’hypothèse d’une analogie de stratification sédimentaire<br />

entre les lithofaciès quaternaires et actuels (hypothèse justifiée par l’analogie des processus de mise<br />

en place des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s).<br />

La méthode BEST, décrite par Lassabatère et al. (2006), a été utilisée afin de déterminer les<br />

courbes hydrodynamiques caractéristiques des hydrofaciès analogues sableux (S-x) et à matrice<br />

sableuse (Gcm et Gcm,b). En ce qui concerne les hydrofaciès de graviers sans matrice (Gcx,o et<br />

Gcg,o), pour lesquels la méthode BEST est inadaptée du fait des macroporosités de cet hydrofaciès,<br />

le modèle semi-physique d’Arya et Paris (1981), basé sur une relation linéaire entre granulométrie et<br />

porosimétrie, a permis d’obtenir les propriétés hydrodynamiques. Parmi l’ensemble des hydrofaciès<br />

analogues, les hydrofaciès traduisant le mieux le comportement hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> de l’Est<br />

lyonnais ont été retenus en tant qu’hydrofaciès modèles de ce <strong>dépôt</strong>. La détermination de ces<br />

hydrofaciès a été effectuée par comparaison de profils hydriques mesurés expérimentalement dans<br />

la zone non-saturée du bassin DjR à des profils hydriques modélisés avec Hydrus2D à partir du<br />

modèle stratigraphique de la zone nord défini au Chapitre C et des propriétés hydrodynamiques des<br />

hydrofaciès analogues.<br />

La comparaison des quatre hydrofaciès modèles traduit l’hétérogénéité hydrodynamique du<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Les graviers sans matrice se singularisent par une conductivité hydraulique à<br />

saturation de plus de deux ordres de grandeur supérieure à celle des autres hydrofaciès (Ks = 0,1 m.s -<br />

1 ). Aux faibles pressions capillaires, les hydrofaciès les plus conducteurs sont les sables et les graviers<br />

sableux. L’hydrofaciès modèle S-x est le plus conducteur aux pressions capillaires les plus faibles. Cet<br />

hydrofaciès se distingue des graviers sableux par une porosité élevée (35,9 %).<br />

Le modèle hydrostratigraphique défini à partir de ces hydrofaciès modèles traduit<br />

qualitativement l’évolution de la teneur en eau mesurée en surface et à 0,5 m de profondeur dans la<br />

zone nord du puits de mesure, suite à des essais d’infiltration en surface du bassin (infiltration à<br />

charge constante pendant 1h dans un cylindre d’1m de diamètre), réalisé en conditions initiales<br />

sèches et humides. Les mesures de teneurs en eau réalisée à 1,15 m de profondeur traduisent un<br />

comportement fortement inertiel du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> à cette profondeur, et dépendant des<br />

conditions initiales de saturation. Le modèle hydrostratigraphique, constitué par un remplissage<br />

sableux supposé homogène à cette profondeur, ne permet pas de traduire les variations de teneurs<br />

en eau, mais traduit dans une certaine mesure le comportement inertiel. Cette différence peut être<br />

associée à une hétérogénéité réelle plus importante que celle traduite par le modèle<br />

hydrostratigraphique, ou par des hydrofaciès sableux analogues ne correspondant pas à l’hydrofaciès<br />

réel en place dans la zone non-saturée du bassin d’infiltration. Des mesures couplées de teneurs en<br />

eau et de pression capillaire in situ permettraient de caractériser de façon réaliste les propriétés<br />

hydrodynamiques à cette profondeur.<br />

Les hydrofaciès modèles sont toutefois représentatifs du comportement hydrodynamique<br />

moyen de chaque type d’hydrofaciès. Ils traduisent de façon réaliste l’hétérogénéité<br />

hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais. Le modèle hydrostratigraphique permet<br />

ainsi d’évaluer l’effet de la structure sédimentaire du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> à l’échelle de l’hydrofaciès<br />

sur l’évolution des champs de teneur en eau et de pression capillaire, et donc les écoulements<br />

susceptibles de se produire dans la zone non-saturée du bassin d’infiltration.<br />

Enfin, d’un point de vue méthodologique, la caractérisation des courbes caractéristiques de<br />

lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s, traduisant le comportement hydrodynamique en zone non-saturée, est à<br />

notre connaissance la seule effectuée à ce jour. L’approche d’analogue d’aquifère appliquée à des<br />

197


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

lithofaciès de surface de <strong>dépôt</strong> actuel est prometteuse pour la détermination de ces propriétés dans<br />

d’autres environnements sédimentaires (<strong>dépôt</strong>s fluviatiles notamment). La simplicité d’exécution des<br />

essais Beerkan, ajoutée au fait que ces essais permettent une caractérisation in situ, fait de la<br />

méthode BEST une méthode à privilégier pour la détermination des propriétés hydrodynamiques.<br />

198


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

E. Discussion sur l’effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les<br />

écoulements de la zone non-saturée du bassin d’infiltration<br />

L’approche <strong>hydrogéophysique</strong> suivie dans le cadre de ce travail, couplant une caractérisation<br />

sédimentologique de l’architecture sédimentaire du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> (Chapitre B), une<br />

investigation géophysique par radar géologique et panneau électrique (Chapitre C), et une<br />

caractérisation des propriétés hydrodynamiques associés à chaque lithofaciès (Chapitre D), a permis<br />

de définir un modèle hydrostratigraphique tridimensionnel réaliste représentant l’hétérogénéité<br />

hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> dans la zone non-saturée du bassin d’infiltration. Malgré les<br />

limites évoquées précédemment, ce modèle traduit une hétérogénéité hydrodynamique<br />

représentative du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Les hydrofaciès modèles traduisent le comportement<br />

hydrodynamique moyen de chaque type d’hydrofaciès. Les hétérogénéités mises en évidence sont<br />

susceptibles de se retrouver dans la zone non-saturée du bassin d’infiltration.<br />

L’objectif de cette discussion est d’évaluer le potentiel du modèle hydrostratigraphique<br />

proposé à traduire le lien entre l’hétérogénéité hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>,<br />

caractérisée à l’échelle de l’hydrofaciès par notre approche <strong>hydrogéophysique</strong>, et l’hétérogénéité<br />

des écoulements dans la zone non-saturée du bassin. Il s’agit notamment d’évaluer la présence de<br />

chemins préférentiels d’écoulement, mise en évidence dans des environnements sédimentaires<br />

hétérogènes comparables, en zones saturée (Klingbeil, 1998; Bersezio et al., 1999) et non-saturée<br />

(Seiler et al., 2002; Ammann et al., 2003; Heilig et al., 2003; Jared West et Truss, 2006). Les chemins<br />

d’écoulement préférentiel se définissent par les parties du volume poral concentrant la majorité de<br />

l’écoulement se produisant dans un milieu poreux. Les flux préférentiels sont à l’origine d’un<br />

écoulement de l’eau et d’un transfert de solutés inégal au sein du milieu poreux (Walter et al., 2000).<br />

L’influence de l’hétérogénéité hydrodynamique sur les écoulements a été discutée à travers<br />

des modélisations d’écoulement en deux dimensions (I) et en trois dimensions (II) réalisée à partir du<br />

modèle hydrostratigraphique. L’étude des écoulements à travers ces deux types de modélisation<br />

nous a permis de mettre en évidence différents types d’écoulements préférentiels. Une typologie de<br />

ces écoulements préférentiels susceptibles de se produire dans la zone non-saturée du bassin<br />

d’infiltration est proposée au III.<br />

Notons que les écoulements non-saturés n’ont été étudiés qu’au niveau de la zone nord du<br />

puits de mesure. Cette zone, correspondant à une parcelle élémentaire du bassin d’infiltration, est<br />

supposée représentative du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> et des écoulements sous l’ensemble du bassin<br />

d’infiltration.<br />

I. <strong>Caractérisation</strong> des écoulements bidimensionnels en zone nonsaturée<br />

La discussion du rôle de l’hétérogénéité hydrodynamique sur les écoulements en zone nonsaturée<br />

est effectuée à partir de la modélisation avec Hydrus-2D de l’essai d’infiltration réalisé en<br />

conditions initiales sèches (essai DjR-N1). Cet essai est présenté au Chapitre D. Les informations<br />

concernant cette modélisation (domaine modélisé, conditions initiales et limites, paramètres<br />

d’entrée) sont présentés au Chapitre D. Le choix de cet essai se justifie par une meilleure traduction<br />

des variations de teneurs en eau mesurées à 1,15 m de profondeur que l’essai réalisé en conditions<br />

initiales humides. Dans un premier temps, l’hétérogénéité de l’écoulement, traduite par les<br />

variations des teneurs en eau et pressions capillaires au cours des phases d’infiltration et de drainage<br />

199


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 110 : voir légende p. 201<br />

de l’essai DjR-N1, est caractérisée (I.1). Cette caractérisation permet notamment de mettre en<br />

évidence des mécanismes d’écoulement préférentiels, qui sont discutés dans un deuxième temps<br />

(I.2). Les champs de variations de teneur en eau et de pression capillaire sont présentés sur la Figure<br />

110.<br />

I.1. <strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité d’écoulement<br />

Le champ initial de pressions capillaires (t = 0 min, Figure 110) met en évidence le lien entre<br />

l’hétérogénéité sédimentaire et l’hétérogénéité hydrodynamique. L’hétérogénéité principale est<br />

associée aux couches de graviers sans matrice. Cet hydrofaciès est à l’origine d’un gradient élevé de<br />

pression capillaire, à l’interface entre la partie supérieure de cet hydrofaciès et l’hydrofaciès la<br />

surmontant (Figure 110 : b). Ce gradient est du à une forte désaturation des graviers sans matrice. En<br />

effet, aux pressions capillaires élevées (état hydrique proche de la saturation), la conductivité<br />

hydraulique des hydrofaciès Gcx,o et Gcg,o est maximale, et dépasse de plus de deux ordres de<br />

grandeur la conductivité hydraulique des autres hydrofaciès (Chapitre D et Figure 111). En phase<br />

initiale de drainage, ces hydrofaciès sont donc ceux qui sont drainés le plus rapidement. Ce drainage<br />

entraine une diminution de la teneur en eau et de la pression capillaire, qui entraîne également une<br />

diminution rapide de la conductivité hydraulique, comme le montre la Figure 111. Les graviers sans<br />

matrice deviennent moins conducteurs que les 3 autres hydrofaciès, et sont alors impliqués dans des<br />

barrières à l’écoulement par capillarité. L’écoulement est concentré dans les microporosités de<br />

l’hydrofaciès surmontant les graviers sans matrice, et ne pénètre pas les macroporosités de cet<br />

hydrofaciès. Cet hydrofaciès est ainsi à l’origine d’un effet de barrière capillaire. La Figure 111<br />

montre que la pression capillaire critique, correspondant à la pression capillaire en-dessous de<br />

laquelle la conductivité hydraulique des hydrofaciès Gcg,o et Gcx,o devient inférieure à celle des trois<br />

autres hydrofaciès modèles, est de l’ordre de -20 à -30 mm. Cet effet de barrière capillaire explique<br />

les teneurs en eau plus élevées (Figure 110 : a) dans l’hydrofaciès surmontant les graviers sans<br />

matrice (accumulation d’eau s’écoulant par la couche supérieure, plus conductrice que les graviers<br />

sans matrice).<br />

La conductivité hydraulique élevée de ces hydrofaciès aux pressions capillaires élevées est<br />

responsable d’un écoulement préférentiel par ces couches de graviers sans matrice lors de la phase<br />

d’infiltration (t = 10 min, t = 30 min et t = 60 min, Figure 110). Au cours de cette phase, le flux imposé<br />

en surface engendre une augmentation de la pression capillaire dans le domaine modélisé. Le<br />

potentiel de pression atteint des valeurs positives, ce qui conduit à une saturation de la partie du<br />

domaine interne au front de propagation de l’infiltration. Cette augmentation de la pression<br />

capillaire touche les couches de graviers sans matrice proche de la surface, et se traduit par une<br />

saturation partielle en début d’infiltration (Figure 110 : c, t= 10 min, t = 30 min et t = 60 min), puis<br />

totale à la fin (Figure 110 : d, t= 60 min). La conductivité hydraulique élevée des graviers sans matrice<br />

200


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 110 : variations du champ de teneur en eau et de pression capillaire associés aux phases d’infiltration<br />

(entre t = 0 min et t = 60 min) et de drainage (t = 120 min et t = 300 min, soit respectivement 1 h et 4 h après la<br />

fin de l’infiltration) de l’essai DjR-N1<br />

201


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

entraîne un flux d’écoulement latéral élevé, interne aux hydrofaciès Gcx,o dans la partie supérieure<br />

du domaine. Ce flux contribue à augmenter les pressions capillaires dans la partie inférieure des<br />

graviers sans matrice, et donc à décaler le front d’infiltration dans la partie gauche du domaine<br />

modélisé (phénomène amorcé à t = 10 min, et nettement visible à t = 30 min et à t = 60 min, Figure<br />

110).<br />

Figure 111 : courbes de conductivité hydraulique en fonction de la pression capillaire K(h) des quatre<br />

hydrofaciès modèles<br />

L’écoulement préférentiel ainsi généré est assimilable à un "drain" (écoulement préférentiel<br />

de type "drain" par les couches de graviers sans matrice). La modélisation permet de traduire les<br />

écoulements rapides pouvant être occasionnés au sein de macropores de cet hydrofaciès.<br />

L’écoulement de type drain est essentiellement gravitaire (les teneurs en eau les plus élevées sont<br />

situées à la base des couches), et prend place suivant la ligne de plus grande pente de cet<br />

hydrofaciès. Ce type d’écoulement est conditionné par un flux suffisamment fort alimentant<br />

continuellement la partie supérieure de ces graviers, et permettant ainsi de maintenir une pression<br />

capillaire élevée.<br />

Cet écoulement de type drain s’observe dans les hydrofaciès Gcx,o de la partie supérieure du<br />

domaine modélisé (graviers sans matrice inclus dans la nappe de charriage de graviers supérieure).<br />

Lorsque le flux n’est pas suffisamment élevé dans la partie supérieure des couches de graviers sans<br />

matrice, la pression capillaire n’augmente pas suffisamment pour que la conductivité hydraulique<br />

des graviers sans matrice soit plus élevée que celles des autres hydrofaciès (Figure 111). La différence<br />

de conductivité entre les graviers sableux bimodaux et les graviers sans matrice engendre ainsi une<br />

déviation latérale de l’écoulement, à l’interface supérieure des graviers sans matrice. Cette déviation<br />

s’observe notamment à t = 60 min (Figure 110 : e), à la fin de la phase d’infiltration, dans les couches<br />

de graviers sans matrice situés sous le remplissage sableux, et s’observe essentiellement lors de la<br />

phase de drainage. En phase d’infiltration, une percée partielle de l’écoulement dans les graviers<br />

sans matrice se traduit par une augmentation de la teneur en eau dans la partie supérieure des<br />

graviers sans matrice. Notons que durant la phase d’infiltration, le remplissage sableux a un effet<br />

inertiel sur la propagation du front d’infiltration, le potentiel de pression positif étant limité à la base<br />

de ce remplissage (Figure 110 : f, t = 60 min).<br />

Lors de la phase de drainage, les zones de pressions capillaires les plus élevées sont le<br />

remplissage sableux (Figure 110 : g, t = 120 min), les parties supérieures des couches de graviers<br />

202


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

(Figure 110 : h, t = 120 min et t = 300 min), et des colonnes situées à la base des couches de graviers<br />

(Figure 110 : i, t = 120 min et t = 300 min). Ces deux dernières zones sont associées directement ou<br />

indirectement à des effets de barrière capillaire. Les couches de graviers sans matrice se désaturent<br />

en effet rapidement lors de la phase de drainage (t = 120 min et t = 300 min, Figure 110). Ces effets<br />

de barrière capillaire contribuent à maintenir une teneur en eau plus élevée dans les hydrofaciès<br />

surmontant les couches de graviers sans matrice (zones d’accumulation préférentielle d’eau). Les<br />

zones de saturation plus élevées à la base des couches de graviers sont associés à l’écoulement<br />

latéral engendré par la déviation du flux du à l’effet de barrière capillaire. Ces écoulements sont<br />

référencés en tant que funneled flows, ou écoulement en entonnoir.<br />

I.2. Discussion sur les écoulements préférentiels<br />

La caractérisation des écoulements en deux dimensions met en avant des mécanismes<br />

d’écoulement préférentiels, associés aux graviers sans matrice (hydrofaciès Gcx,o et Gcg,o). Ces<br />

écoulements préférentiels sont des écoulements de type "drain" et des écoulements en entonnoir<br />

(funneled flows).<br />

I.2.1. Ecoulement de type "drain"<br />

Au cours de la phase d’infiltration, l’augmentation des pressions capillaires entraîne une<br />

saturation des couches de graviers sans matrice, qui par leur conductivité hydraulique élevée par<br />

rapport aux autres hydrofaciès (aux pressions capillaires élevées), agissent comme des "drains"<br />

d’écoulement. L’écoulement se produisant dans ces hydrofaciès est rapide, et essentiellement<br />

gravitaire, l’écoulement suivant la ligne de plus grande pente. La Figure 112 illustre ce type<br />

d’écoulement préférentiel.<br />

Figure 112 : écoulement préférentiel de type drain par les graviers sans matrice (cas de l’hydrofaciès Gcx,o à<br />

proximité de la surface du bassin)<br />

Cet écoulement préférentiel a déjà été décrit dans la littérature. Il s’agit d’un écoulement<br />

particulier par les macropores d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire, correspondant à des "conduits" physiques à<br />

travers lesquels l’eau peut être rapidement transmise. Ce type d’écoulement est notamment<br />

référencé en tant que "short-circuiting flow" (Kung, 1990). Ce type d’écoulement préférentiel est<br />

notamment fréquent dans les <strong>dépôt</strong>s sédimentaires grossiers et non-cohésifs, comme les <strong>dépôt</strong>s<br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>s. Les graviers sans matrice, largement caractérisé dans les environnements de<br />

chenaux en tresse, peuvent agir en tant que chemins préférentiels de type "drain" (Klingbeil et al.,<br />

203


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

1999; Heinz et Aigner, 2003b; Heinz et al., 2003). La caractérisation de ces écoulements n’a<br />

cependant été réalisée qu’en zone saturée jusqu’à présent. Les résultats présentés montrent que ce<br />

type d’écoulement est également susceptible de se produire dans la zone non-saturée d’un <strong>dépôt</strong><br />

sédimentaire. Ce type d’écoulement dans la zone non-saturée est cependant conditionné par un flux<br />

d’alimentation en eau suffisant pour maintenir une pression capillaire élevée à l’interface supérieure<br />

des couches de graviers sans matrice. Par les écoulements rapides qu’ils génèrent, ces hydrofaciès<br />

peuvent avoir une influence sur le transfert de contaminants (Jussel et al., 1994; Klingbeil et al.,<br />

1999; Heinz et al., 2003).<br />

La modélisation sous Hydrus2D ne traduit cependant pas l’écoulement réel par les<br />

macropores de cet hydrofaciès. L’écoulement modélisé suit la loi de Richards, et ne traduit pas<br />

physiquement l’écoulement réel gravitaire par les macropores des graviers sans matrice. Afin de<br />

décrire les écoulements internes à ces couches de graviers sans matrice, un modèle adapté à la<br />

représentation des écoulements par ces macropores est nécessaire. Simunek et al. (2003) propose<br />

une revue des modèles représentant ce type d’écoulement. L’approche par ondes cinématiques (Di<br />

Pietro et al., 2003; Rousseau et al., 2004) pourrait par exemple permettre de traduire de façon plus<br />

réaliste les écoulements préférentiels de type "drain". De plus, une évaluation expérimentale du<br />

comportement hydrodynamique de ces hydrofaciès en modèle réduit de laboratoire permettrait<br />

également d’améliorer la compréhension de l’influence de ces hydrofaciès sur les écoulements en<br />

zone non-saturée.<br />

I.2.2. Effets de barrière capillaire et funneled flows<br />

Les hydrofaciès Gcg,o et Gcx,o sont également impliqués dans des effets de barrière<br />

capillaire. Une barrière capillaire correspond à une interface limitant fortement l’écoulement de l’eau<br />

par capillarité. Les effets de barrières capillaires se produisent aux interfaces entre une couche de<br />

granulométrie fine surmontant une couche de granulométrie grossière (Heilig et al., 2003). Dans le<br />

cas du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> étudié, la conductivité hydraulique des graviers sans matrice diminue<br />

fortement en phase de drainage, ce qui empêche l’écoulement de l’eau par capillarité. L’eau est<br />

retenue par capillarité dans les microporosités de l’hydrofaciès surmontant la couche de graviers<br />

sans matrice, conduisant ainsi à une accumulation locale d’eau.<br />

Figure 113 : écoulement préférentiel de type entonnoir généré par des effets de barrière capillaire<br />

impliquant des graviers sans matrice<br />

204


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Les effets de barrière capillaire impliquant des couches de graviers sans matrice inclinées<br />

(par exemple, hydrofaciès Gcg,o des progradations internes à une barre de gravier) sont à l’origine<br />

d’une déviation du flux d’écoulement. L’écoulement est concentré dans la couche surmontant<br />

l’interface de la barrière capillaire. Un écoulement à forte composante latérale est ainsi généré. Une<br />

illustration de la déviation du flux par effet de barrière capillaire est présentée sur la Figure 113.<br />

Ce type d’écoulement préférentiel a été décrit en tant que funneled flows (Miyasaki, 1988;<br />

Kung, 1990; Heilig et al., 2003), ou écoulement en entonnoir. La déviation de l’écoulement induit en<br />

effet un écoulement concentré à la base de la couche de granulométrie grossière impliquée dans<br />

l’effet de barrière capillaire (écoulement concentré dans une colonne, Figure 114). L’effet de ces<br />

écoulements en entonnoir est nettement visible lors de la phase de drainage modélisée. Ils<br />

engendrent une saturation plus importante dans des colonnes à la base des couches de graviers sans<br />

matrice (augmentation locale de la pression capillaire, Figure 110 : i).<br />

Figure 114 : illustration schématique d’un effet entonnoir du à un effet de barrière capillaire. D’après Kung<br />

(1990).<br />

Lorsque la pression capillaire augmente dans la partie supérieure des couches de graviers<br />

sans matrice (augmentation causée par à une accumulation d’eau), une percée des couches de<br />

graviers sans matrice par l’écoulement peut être engendrée. Cette percée se traduit sur les profils<br />

modélisés par une faible augmentation de la teneur en eau dans la partie supérieure des couches de<br />

graviers sans matrice. Cette percée partielle est également visible sur la Figure 113 : un flux<br />

d’écoulement vertical interne aux couches de graviers sans matrice est responsable de cette<br />

augmentation de la teneur en eau. Ce phénomène de percée partielle a notamment été caractérisé<br />

par Kung (1990), et étudié expérimentalement en laboratoire par Walter et al. (2000). Ces derniers<br />

distinguent ainsi trois zones particulières de l’écoulement à l’interface de la barrière capillaire (Figure<br />

115). La première correspond à une déviation de l’écoulement de l’eau par capillarité. Cet<br />

écoulement suit l’interface impliquée dans la barrière capillaire, sans pénétrer la couche sousjacente.<br />

Ce régime d’écoulement se poursuit tant que la pression capillaire à l’interface entre les<br />

deux couches impliquées est suffisamment faible pour empêcher l’écoulement dans les pores de la<br />

couche sous-jacente. Lorsque la pression capillaire devient suffisamment importante, une partie de<br />

l’eau pénètre dans la couche sous-jacente. Il s’agit de la zone de percée partielle. Enfin,<br />

l’augmentation de la pression capillaire conduit à une troisième zone correspondant à une percée<br />

complète de la couche sous-jacente (Walter et al., 2000). Le régime de percée complète est<br />

fortement dépendant de la pente de l’interface, ainsi que du flux d’eau sur la barrière capillaire.<br />

205


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 115 : illustration schématique d’un écoulement de type entonnoir, et zones d’écoulement à l’interface<br />

entre les deux lithofaciès impliqués dans l’effet de barrière capillaire. D’après Heilig et al. (2003).<br />

La compréhension des mécanismes d’écoulement aux interfaces des barrières capillaires<br />

naturelles d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire est primordiale pour la compréhension des mécanismes de<br />

transfert de polluants en profondeur dans ces <strong>dépôt</strong>s. Heilig et al. (2003) montrent l’impact<br />

significatif de barrières capillaires naturelles, présentes dans des <strong>dépôt</strong>s fluviatiles sableux, sur les<br />

écoulements et le transfert de solutés, par expérience de traçages in situ au chlorure. Les<br />

expériences montrent une forte régionalisation des chlorures, dans la partie supérieure de l’interface<br />

impliquée dans la barrière capillaire, ainsi que le phénomène de percée de l’écoulement de l’eau<br />

dans la couche sous-jacente (Figure 116). Ce phénomène de percée peut être du à un autre type<br />

d’écoulement préférentiel, connu sous le nom de digitations, généré par l’instabilité de la<br />

propagation du front d’infiltration. Les digitations sont des filets d’écoulements saturés, en forme de<br />

doigts de gants, dans une matrice environnante non-saturée. Les digitations sont générées par<br />

l’instabilité associée à la compression de l’air dans le sol suite à une infiltration, ou à une interface<br />

horizontale entre une couche supérieure à granulométrie fine et une couche inférieure à<br />

granulométrie plus grossière et sèche (Kung, 1990).<br />

Figure 116 : a) distribution de la teneur en eau de part et d’autre d’une interface sable fin/sable grossier, et<br />

b) distribution d’ions chlorure correspondante (les couleurs sombres sont associées aux concentrations les<br />

plus élevées), mesurées dans un <strong>dépôt</strong> fluviatile sableux par Heilig et al. (2003). Les barrières capillaires<br />

peuvent conduire à une forte régionalisation des concentrations de solutés. D’après Heilig et al. (2003).<br />

206


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

En ce qui concerne le phénomène de percée de l’écoulement, l’augmentation locale de la<br />

teneur en eau dans la partie supérieure des couches de graviers sans matrice, observée notamment<br />

lors des phases d’infiltration et de drainage modélisées (Figure 110, T = 60 min et T= 120 min), ne<br />

traduit pas l’écoulement réel susceptible de se produire par les macropores de ces couches de<br />

graviers. Une percée des couches de graviers sans matrice pourrait engendrer un écoulement rapide<br />

et gravitaire en profondeur. Ce type d’écoulement peut avoir une influence sur le transfert de<br />

polluants en profondeur.<br />

Notons enfin que les funneled flows peuvent également se produire lorsqu’une couche de<br />

forte impédance hydraulique est surmontée par une couche de plus forte conductivité. Le flux<br />

d’écoulement est alors dévié le long de l’interface, la pénétration de l’eau dans la couche de faible<br />

conductivité étant limitée. Ce cas peut correspondre à des inclusions d’éléments fins (silts, argiles)<br />

dans des <strong>dépôt</strong>s sédimentaires, notamment dans des structures de remplissage. Les drapages fins de<br />

type silto-argileux, observés par exemple dans un remplissage sableux de l’affleurement du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong> analogue actuel du Breidamerkurjökull (Chapitre B, paragraphe III.2.2.), peuvent<br />

conduire à ce type d’écoulement préférentiel. Par analogie sédimentaire, ce type d’hétérogénéité,<br />

non pris en compte dans le modèle hydrostratigraphique, est susceptible de se retrouver dans des<br />

structures de remplissages du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais. Ce type d’hétérogénéité peut<br />

expliquer les variations de teneur en eau observées expérimentalement lors des essais d’infiltration<br />

(Chapitre D).<br />

II. Apport de la caractérisation tridimensionnelle<br />

Les modélisations présentées jusqu’à présent ont permis de caractériser les écoulements en<br />

deux dimensions. Les écoulements préférentiels mis en évidence montrent cependant l’importance<br />

d’évaluer les écoulements en 3 dimensions. Par exemple, la modélisation bidimensionnelle ne<br />

permet pas de rendre compte des écoulements gravitaires réels tridimensionnels se produisant dans<br />

les couches de graviers sans matrice lors des phases d’infiltration. Une modélisation des écoulements<br />

en trois dimensions a donc été réalisée à partir du modèle hydrostratigraphique de la zone Nord.<br />

Cette modélisation correspond à l’infiltration consécutive à un épisode pluvieux réel (infiltration sur<br />

toute la surface de la zone Nord). L’objectif de cette modélisation en trois dimensions est d’évaluer<br />

l’apport de la caractérisation tridimensionnelle des hétérogénéités hydrodynamiques pour la<br />

compréhension des écoulements, notamment préférentiels, en zone non-saturée. La modélisation<br />

des écoulements en trois dimensions permet également d’évaluer l’effet des éléments<br />

architecturaux sur l’écoulement.<br />

II.1. Modélisations d’écoulement en trois dimensions (Hydrus 3D)<br />

La modélisation des écoulements tridimensionnels a été réalisée avec le logiciel Hydrus3D<br />

(Simunek et al., 2006). Ce logiciel permet de résoudre numériquement par les éléments finis<br />

l’équation générale en deux ou trois dimensions de l’écoulement en zone non-saturée (équation de<br />

Richards, définie au Chapitre D). La version utilisée est une version 3D-Standard (version Beta 0.7). La<br />

modélisation a été réalisée à partir du modèle hydrostratigraphique tridimensionnel de la zone Nord.<br />

Les étapes de construction du modèle sont présentées ci-dessous (II.1.1 : discrétisation du domaine ;<br />

II.1.2 : définition du modèle hydrostratigraphique ; II.1.3 : conditions aux limites ; II.1.4 : conditions<br />

initiales).<br />

207


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

II.1.1. Discrétisation du domaine<br />

La version d’Hydrus3D utilisée ne permet pas de réaliser un maillage 3D complet, c’est-à-dire<br />

un maillage de type tétraédrique, et permet seulement d’extruder dans la troisième dimension<br />

verticale le maillage triangulaire bidimensionnel défini dans un plan horizontal (maillage<br />

bidimensionnel similaire à celui d’Hydrus2D). La Figure 117 présente le maillage réalisé avec Hydrus<br />

3D. La discrétisation a été effectuée par Cazalets (2007). Le domaine modélisé correspond à celui du<br />

modèle stratigraphique de la zone nord, défini au Chapitre C, et a pour dimension 15 m (E-O) x 5 m<br />

(N-S) x 3 m (prof.). Le maillage dépend des géométries entrées dans le plan horizontal de base,<br />

correspondant notamment aux lignes de coupes qui pourront être effectuées dans le modèle lors de<br />

la visualisation des résultats. La discrétisation du domaine conduit à un nombre de 93650 nœuds. Le<br />

pas d’extrusion verticale est de 5 cm. Cette maille verticale correspond ainsi à la résolution verticale<br />

du modèle.<br />

Figure 117 : définition du maillage du domaine modélisé, par extrusion verticale par pas de 5 cm d’un<br />

maillage horizontal triangulaire de base (maillage bidimensionnel de type Hydrus 2D)<br />

II.1.2. Définition du modèle hydrostratigraphique<br />

Le modèle hydrostratigraphique d’entrée correspond au modèle stratigraphique établi par<br />

interprétation des profils radar et des profilages électriques de la zone nord (Chapitre C). La<br />

définition de ce modèle sous Hyrdus3D a été effectuée par Cazalets (2007). La construction du<br />

modèle consiste à définir sur chaque plan horizontal la géométrie des hydrofaciès (Figure 118). Les<br />

interfaces entre hydrofaciès ont dans un premier temps été digitalisées au sein du bloc radar pseudo-<br />

3D. La digitalisation a été effectuée avec le logiciel Didger (Golden Software Inc., Colorado, USA), sur<br />

chaque profil radar géoréférencé dans le référentiel de la zone nord. Les contours isohypses de ces<br />

interfaces ont ensuite été représentés avec le logiciel Surfer (Golden Software Inc., Colorado, USA),<br />

par équidistance de 5 cm. Ces contours isohypses ont ensuite été reportés dans chaque plan<br />

horizontal défini sous Hydrus3D (Figure 118). Les propriétés hydrodynamiques des hydrofaciès<br />

modèles ont ensuite été affectées (Figure 119c).<br />

Figure 118 : illustration de la construction du modèle hydrostratigraphique tridimensionnel<br />

208


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 119 : a) modèle stratigraphique de la zone nord, représentant les interfaces entre éléments<br />

architecturaux du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> (Chapitre C), b) conditions aux limites imposées au domaine modélisé<br />

et c) modèle hydrostratigraphique tridimensionnel de la zone nord, correspondant au domaine modélisé<br />

sous Hydrus3D (la flèche indique l’ouest).<br />

II.1.3. Conditions aux limites<br />

Les conditions aux limites sont similaires à celle entrées sous Hydrus2D. Ces conditions<br />

limites sont illustrées sur la Figure 119b. Une condition de drainage libre a été fixée sur la limite<br />

inférieure du domaine. Les surfaces latérales ont été considérées comme des surfaces de<br />

suintement.<br />

En surface, idéalement, connaissant les hauteurs d’eau dans le bassin pour un épisode<br />

pluvieux (données OTHU), une condition de charge variable, correspondant aux hauteurs d’eau<br />

mesurées dans le bassin, substituée lors de l’événement pluvieux à une condition de flux<br />

atmosphérique, aurait du être utilisée. Cette condition est la plus réaliste, elle intègre directement<br />

les mesures expérimentales de hauteur d’eau. Cependant, cette condition n’a pas permis la<br />

résolution numérique, les calculs n’ayant pu converger (Cazalets, 2007). Une condition de flux<br />

variable a donc été imposée sur l’ensemble de la surface supérieure. Le flux imposé correspond à la<br />

variation par unité de temps du volume d’eau dans le bassin, correspondant au volume infiltré (il faut<br />

donc soustraire à la variation de volume total le volume correspondant aux entrées d’eaux dans le<br />

bassin d’infiltration).<br />

Les flux ont donc été déterminés à partir des variations de hauteurs d’eau mesurées dans le<br />

bassin (mesures OTHU), ainsi que des apports provenant du bassin de rétention/décantation. Ces<br />

apports ont été supposés continus et constants, le débit d’entrée étant de 700 L/s. Cette hypothèse<br />

est réaliste dans le cas de forts épisodes pluvieux, et pour des temps suffisamment longs après la fin<br />

des précipitations. Les apports météoritiques ont été négligés. Le flux a ainsi été calculé de la façon<br />

suivante :<br />

<br />

<br />

é <br />

<br />

<br />

<br />

209<br />

1<br />

∆<br />

L’épisode pluvieux choisi correspond à une forte pluviométrie, engendrant des variations de<br />

hauteur d’eau cohérentes sur l’ensemble de la surface du bassin d’infiltration (épisode pluvieux du<br />

17 mai 2007, correspondant à une pluviométrie de 28,4 mm mesurée sur le site). Ces variations sont<br />

enregistrées par quatre capteurs de hauteurs d’eau répartis sur le bassin d’infiltration. De faibles


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 120 : voir légende p. 211<br />

précipitations n’engendrent une augmentation de la hauteur d’eau que pour les capteurs les plus<br />

proches de l’entrée des eaux pluviales. Les mesures de hauteur d’eau considérées sont celles qui<br />

fournissent des variations simultanées de la hauteur d’eau aux quatre points de mesure. Le choix de<br />

ce type d’épisode pluvieux permet de plus de s’assurer que l’infiltration d’eau se produit sur<br />

l’ensemble de la surface du bassin. Le flux imposé correspond à la phase de décroissance de la<br />

hauteur d’eau (Cazalets, 2007).<br />

II.1.4. Conditions initiales<br />

Les conditions initiales ont été fixées par drainage du domaine modélisé à partir d’un état de<br />

saturation totale du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Le temps de drainage a été fixé à 130000 s, soit 1,5 jours<br />

environ.<br />

II.2. <strong>Caractérisation</strong> de l’écoulement en trois dimensions<br />

La Figure 120 présente les résultats de la modélisation des écoulements tridimensionnels<br />

dans la zone nord du puits de mesure. La condition limite en surface correspond au flux infiltré lors<br />

de l’épisode pluvieux du 17 mai 2007. La durée d’infiltration est de 30 h.<br />

L’état initial (Figure 120, t = 0 h) confirme les résultats de la modélisation réalisée en deux<br />

dimensions. L’hétérogénéité principale correspond au gradient capillaire élevé engendré par les<br />

graviers sans matrice (Figure 120 : a). Ce gradient élevé traduit une désaturation importante de ces<br />

hydrofaciès, à l’origine d’un effet de barrière capillaire entraînant une saturation résiduelle plus<br />

importante dans l’hydrofaciès surmontant les graviers sans matrice.<br />

Lors de la phase d’infiltration, les écoulements préférentiels de type "drain" par les graviers<br />

sans matrice ne sont pas observés. Une augmentation de la teneur en eau interne à ces hydrofaciès<br />

traduit cependant une percée partielle de l’écoulement (Figure 120 : b, c, et f). Ce résultat traduit<br />

l’importance de la caractérisation tridimensionnelle des hétérogénéités hydrodynamiques. La<br />

modélisation bidimensionnelle a tendance à surestimer les pressions capillaires dans la partie<br />

supérieures des graviers sans matrice. L’accumulation d’eau dans la partie supérieure des graviers<br />

sans matrice ne traduit pas la déviation du flux dans une troisième dimension. L’absence de<br />

saturation totale lors de la modélisation en trois dimensions peut également être due à un flux<br />

d’alimentation en eau insuffisant des graviers sans matrice. La modélisation d’un flux d’entrée plus<br />

élevé permettrait d’évaluer cette hypothèse. Des zones de percée sont cependant observées, ce qui<br />

induit un risque d’écoulement rapide et gravitaire par les graviers sans matrice.<br />

210


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Figure 120 : variations de teneurs en eau et de pressions capillaires suite à un épisode pluvieux dans la zone<br />

nord du puits expérimental. La phase d’infiltration dure 30 heures.<br />

211


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

L’évolution temporelle du front d’infiltration (entre t = 1 h et t = 3 h, Figure 120) permet<br />

d’évaluer l’impact du remplissage sableux sur la propagation du front d’infiltration. Cette structure<br />

retarde la propagation du front d’infiltration (Figure 120 : d). L’hydrofaciès S-x est en effet moins<br />

conducteur que les autres hydrofaciès à un état hydrique proche de la saturation, correspondant aux<br />

pressions capillaires les plus élevées. Le front d’infiltration se propage préférentiellement par les<br />

structures constituées par des graviers sableux (nappes de charriage et barres de graviers). Le<br />

comportement inertiel se traduit également par les pressions capillaires restant élevées dans le<br />

remplissage sableux lors de la phase d’infiltration (Figure 120 : e). Ce comportement avait également<br />

été noté lors de la phase de drainage de l’essai DjR-N1 modélisé en deux dimensions.<br />

En fin de phase d’infiltration (t = 20 h), la diminution du flux en surface engendre une<br />

diminution globale des pressions capillaires dans le domaine modélisé. Cette diminution engendrent<br />

des effets de barrière capillaire impliquant les hydrofaciès de graviers sans matrice (Figure 120 : g), et<br />

se traduisant par une augmentation locale de la teneur en eau dans l’hydrofaciès supérieur.<br />

Les écoulements de type funneled flows se traduisent par une pression capillaire plus élevée<br />

dans des colonnes à la base des couches de graviers sans matrice lors de la phase de drainage du<br />

<strong>dépôt</strong> (Figure 120 : h). Les écoulements latéraux engendrés suivent la ligne de plus grande pente de<br />

ces hydrofaciès (Figure 121). La modélisation des écoulements en trois dimensions traduit ainsi de<br />

façon plus réaliste ce type d’écoulement préférentiel. Lors de la phase d’infiltration, les graviers sans<br />

matrice n’ont pas une influence importante sur la propagation globale du front d’infiltration. Le<br />

modèle hydrostratigraphique ne présente pas en effet pas d’interconnections entre les couches de<br />

graviers sans matrice. Dans ce cas, les risques d’écoulements rapides et gravitaires en profondeur<br />

sont limités (Jussel et al., 1994).<br />

Figure 121 : écoulement de type entonnoir (entouré en noir), mis en évidence dans la zone de progradation<br />

des graviers sans matrice (unité 9 du modèle stratigraphique de la zone nord, Chapitre C). L’écoulement lors<br />

de la phase de drainage suit la ligne de plus grande pente de ces hydrofaciès.<br />

III. Définition d’une typologie d’écoulements préférentiels<br />

Les résultats précédents permettent de dresser une typologie d’écoulements préférentiels<br />

susceptibles de se produire sous le bassin DjR (Tableau 27). Cette typologie est issue de l’étude des<br />

écoulements en zone non-saturée d’une parcelle élémentaire du bassin d’infiltration (zone nord du<br />

puits de mesure). Elle n’a donc qu’une valeur locale. L’environnement sédimentaire étant cependant<br />

le même à l’échelle du bassin d’infiltration (environnement de <strong>dépôt</strong> de systèmes en tresse),<br />

l’hypothèse d’extrapolation de cette typologie à l’ensemble du bassin d’infiltration est réaliste. Cette<br />

typologie, établie à partir des résultats des modélisations en 2 et 3 dimensions, n’est cependant pas<br />

212


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

exhaustive. D’autres types d’écoulement, associés aux hétérogénéités non pris en compte par le<br />

modèle hydrostratigraphique, et non caractérisés dans la zone nord, peuvent se produire.<br />

De par leur forte conductivité hydraulique saturée, les hydrofaciès de graviers sans matrice<br />

peuvent agir comme des chemins préférentiels d’écoulement de type drain. Les écoulements s’y<br />

produisant sont rapides et essentiellement gravitaires, et s’effectuent donc suivant le pendage le<br />

plus fort de ces unités. Ces chemins préférentiels d’écoulement ne sont activés qu’en cas de<br />

saturation des macropores de cet hydrofaciès. Cette condition est remplie lorsqu’un flux<br />

suffisamment fort alimente la partie supérieure des graviers. Les modélisations d’écoulement<br />

tridimensionnel ne permettent cependant pas de visualiser ce type d’écoulement. Des zones de<br />

percée sont cependant présentes, ce qui induit un risque de pénétration d’eau dans les couches de<br />

graviers sans matrice. La modélisation réalisée avec Hydrus ne permet pas alors de traduire<br />

l’écoulement réel se produisant par les macropores de ces hydrofaciès. Des modèles adaptés à ce<br />

type d’écoulement doivent être utilisés afin d’évaluer de façon plus réaliste ces écoulements de type<br />

drain. Des expériences sur des modèles réduits de laboratoire permettraient de plus d’évaluer les<br />

conditions de saturation de ces couches de graviers en zone non-saturée, et ainsi d’évaluer les<br />

risques d’écoulement rapide et gravitaire en profondeur.<br />

Les graviers sans matrice sont également impliqués dans des effets de barrière capillaire.<br />

Lorsque la pression capillaire n’est pas suffisamment élevée pour induire une percée de l’écoulement<br />

dans cet hydrofaciès, un flux latéral de type entonnoir est alors induit. Ces flux suivent l’interface<br />

entre les graviers sans matrice et l’hydrofaciès les surmontant. L’écoulement s’effectue le long de la<br />

ligne de plus grande pente de la limite supérieure des graviers sans matrice. Ce type d’écoulement se<br />

produit notamment dans les progradations de graviers sans matrice et de graviers sableux bimodaux<br />

constituant des barres de graviers, ou dans la partie supérieure des hydrofaciès Gcx,o subhorizontaux<br />

inclus dans le <strong>dépôt</strong> tabulaire massif présent dans les premiers décimètres sous la surface du bassin.<br />

La modélisation tridimensionnelle met en évidence des zones de percée partielle, caractéristiques<br />

des écoulements de type funneled flows décrits par Walter et al. (2000). Ces résultats confirment la<br />

présence de ce type d’écoulement dans des <strong>dépôt</strong>s sédimentaires naturels, déjà mise en évidence<br />

dans des <strong>dépôt</strong>s fluviatiles par Heilig et al. (2003). Lors de la phase d’infiltration, les graviers sans<br />

matrice n’ont pas d’influence sur la propagation globale du front d’infiltration. Les écoulements en<br />

entonnoir se mettent en place lors de la phase de drainage suivant l’infiltration.<br />

Enfin, à l’échelle plus large de l’élément architectural, les unités structurales de type<br />

remplissage sableux induisent également une hétérogénéité de la propagation du front d’infiltration<br />

et du champ de teneur en eau. Par leur conductivité hydraulique à saturation plus faible que celle<br />

des autres lithofaciès, les lentilles ou les remplissages constitués d’hydrofaciès S-x engendrent un<br />

retard de propagation du front d’infiltration par rapport aux structures constitués de graviers sableux<br />

(barres de graviers, nappes de charriage de graviers). Le comportement inertiel de cet hydrofaciès<br />

implique des temps de séjour de l’eau plus long dans les structures de remplissage, ce qui peut avoir<br />

un impact sur les transferts de polluants. La connaissance de la géométrie (orientation, pendage) de<br />

ces formes de <strong>dépôt</strong> est de plus primordiale afin d’estimer correctement les temps d’arrivée d’eau à<br />

la nappe sous-jacente.<br />

213


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

Tableau 27 : typologie non exhaustive d’écoulements préférentiels induits par l’hétérogénéité sédimentaire<br />

du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> sous-jacent au bassin DjR, définie à partir de l’étude d’une parcelle élémentaire du<br />

bassin<br />

Type d’écoulement<br />

préférentiel<br />

A l’échelle de<br />

l’hydrofaciès<br />

A l’échelle des<br />

éléments<br />

architecturaux<br />

Drains<br />

Ecoulement<br />

en entonnoir<br />

(funneled<br />

flows)<br />

Ecoulement<br />

préférentiel<br />

par les formes<br />

de <strong>dépôt</strong> de<br />

granulométrie<br />

grossière<br />

Description<br />

Ecoulement<br />

rapide et<br />

gravitaire par la<br />

structure<br />

macroporeuse<br />

des hydrofaciès<br />

Gcg,o et Gcx,o<br />

Ecoulement à<br />

composante<br />

latérale à<br />

l’interface d’une<br />

barrière<br />

capillaire<br />

impliquant les<br />

hydrofaciès<br />

Gcx,o et Gcg,o<br />

dans la couche<br />

inférieure ;<br />

percée partielle<br />

occasionnelle<br />

des graviers sans<br />

matrice<br />

Effet retard des<br />

structures de<br />

remplissages<br />

sableux,<br />

propagation plus<br />

rapide du front<br />

d’infiltration par<br />

les formes de<br />

<strong>dépôt</strong> à fraction<br />

granulométrique<br />

majoritaire en<br />

graviers (barres<br />

ou nappes de<br />

charriage de<br />

graviers)<br />

Condition<br />

d’existence<br />

Flux<br />

d’alimentation<br />

suffisamment<br />

élevé pour que<br />

l’augmentation<br />

de la pression<br />

capillaire dans<br />

la partie<br />

supérieure de<br />

ces<br />

hydrofaciès<br />

permette la<br />

percée de<br />

l’écoulement<br />

dans les<br />

macropores<br />

Effet de<br />

barrière<br />

capillaire<br />

Présence de<br />

structures de<br />

remplissage à<br />

granulométrie<br />

fine<br />

214<br />

Percée partielle<br />

Gcg,o<br />

Colonnes de<br />

saturation<br />

résiduelle<br />

plus élevée<br />

Illustration<br />

Déviation du flux<br />

Gcm,b<br />

Gcg,o


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

IV. Conclusion<br />

Cette discussion montre le potentiel du modèle hydrostratigraphique défini par l’approche<br />

<strong>hydrogéophysique</strong> utilisée dans le cadre de ce travail à traduire le lien entre l’hétérogénéité<br />

hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, caractérisée à l’échelle de l’hydrofaciès, et l’hétérogénéité<br />

des écoulements dans la zone non-saturée d’une parcelle élémentaire du bassin d’infiltration. La<br />

structure sédimentaire (hydrofaciès, éléments architecturaux) est notamment à l’origine de flux<br />

préférentiels d’écoulements, susceptibles de se produire dans la zone non-saturée du bassin<br />

d’infiltration. Les écoulements en 3 dimensions permettent de traduire de façon plus réaliste ces<br />

écoulements préférentiels. Une typologie de ces écoulements a pu être établie.<br />

A l’échelle mésoscopique (échelle de l’hydrofaciès), l’hétérogénéité de l’écoulement est<br />

associée aux couches de graviers sans matrice. Ces hydrofaciès sont impliquées dans des<br />

écoulements préférentiels de type drain (écoulement rapides et gravitaires par la structure<br />

macroporeuse de cet hydrofaciès) et de type entonnoir (effet de barrière capillaire dans la partie<br />

supérieure des graviers sans matrice, engendrant un écoulement latéral à l’interface de la barrière<br />

capillaire). Ce type d’écoulement préférentiel peut avoir un impact sur les mécanismes de transfert<br />

de contaminants, comme l’ont montré Heilig et al. (2003) dans des <strong>dépôt</strong>s fluviatiles. En ce qui<br />

concerne les écoulements de type drain, des modèles adaptés à la représentation des écoulements<br />

par les macropores des graviers sans matrice doivent être utilisés afin de modéliser de façon plus<br />

réaliste ce type d’écoulement. Les écoulements préférentiels engendrés par les graviers sans matrice<br />

doivent de plus être analysés en conditions contrôlées dans des modèles réduits de laboratoire, afin<br />

d’évaluer expérimentalement les conditions d’activation de ces chemins préférentiels, et leur impact<br />

sur les mécanismes de rétention/transfert de polluants.<br />

A l’échelle macroscopique, l’écoulement se produit préférentiellement par les éléments<br />

architecturaux constitués par des <strong>dépôt</strong>s à fraction granulométrique en graviers majoritaire, comme<br />

les barres de graviers ou les nappes de charriage de graviers. Les graviers sans matrice n’ont pas un<br />

impact sur la propagation globale du front d’infiltration. Ils influent sur les écoulements lors de la<br />

phase de drainage consécutive à l’infiltration s’ils ne sont pas interconnectés. Les remplissages<br />

sableux ont un effet retard sur la propagation du front d’infiltration (comportement inertiel). Les<br />

temps de séjour de l’eau à l’intérieur de ces structures sont plus longs que dans les éléments<br />

architecturaux plus grossiers. La connaissance de la géométrie des éléments architecturaux est<br />

notamment nécessaire pour améliorer les temps d’arrivée d’un front d’infiltration à la nappe.<br />

215


Chapitre E : Effet des hétérogénéités hydrodynamiques sur les écoulements en zone non-saturée<br />

216


F. Conclusions et perspectives<br />

Conclusions et perspectives<br />

Ce travail contribue à l’amélioration des connaissances sur les processus d’écoulements dans<br />

la zone non-saturée de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires hétérogènes, dans le contexte particulier de<br />

l’infiltration des eaux pluviales urbaines. Celles-ci véhiculent une charge polluante variable provenant<br />

des activités anthropiques, et présentent un risque de dégradation du sol récepteur et des<br />

ressources en eau lors de leur infiltration. La zone non-saturée sous-jacente aux bassins d’infiltration,<br />

souvent constituée de <strong>dépôt</strong>s alluvionnaires hétérogènes, joue un rôle primordial dans les<br />

mécanismes de transfert de polluants contenus dans les eaux pluviales. La compréhension de la<br />

façon dont ces hétérogénéités sédimentaires affectent les écoulements d’eau et les flux de polluants<br />

est ainsi nécessaire dans une optique de préservation durable des sols et des ressources en eau<br />

souterraine (Huggenberger et Aigner, 1999; Klingbeil et al., 1999; Bridge et Hyndman, 2004).<br />

Ce travail s’est focalisé sur l’étude du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais, constituant la<br />

zone non-saturée d’un bassin d’infiltration étudié dans le cadre de l’Observatoire de Terrain en<br />

Hydrologie Urbaine dans la région lyonnaise (bassin d’infiltration Django Reinhardt de Chassieu).<br />

L’objectif de ce travail était tout d’abord de caractériser les hétérogénéités sédimentaires et<br />

hydrodynamiques de ce <strong>dépôt</strong>, aux échelles du lithofaciès et de l’élément architectural,<br />

correspondant à l’échelle de l’ouvrage urbain, afin de définir un modèle hydrostratigraphique<br />

représentatif traduisant l’hétérogénéité hydrodynamique en conditions non-saturées. La<br />

caractérisation des hétérogénéités du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais a été réalisée par une<br />

approche <strong>hydrogéophysique</strong>, couplant une caractérisation de l’architecture sédimentaire du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>, une investigation géophysique du <strong>dépôt</strong> par radar géologique et profilage électrique,<br />

et une caractérisation des propriétés hydrodynamiques du <strong>dépôt</strong> à l’échelle de l’hydrofaciès.<br />

L’effet de cette hétérogénéité sur l’écoulement dans la zone non-saturée du bassin<br />

d’infiltration a été discuté dans un deuxième temps. La modélisation des écoulements en deux et<br />

trois dimensions a permis de vérifier les hypothèses de chemins préférentiels d’écoulement avancées<br />

lors d’études antérieures (Winiarski et al., 2004).<br />

<strong>Caractérisation</strong> de l’hétérogénéité sédimentaire<br />

L’étude sédimentologique a permis de caractériser la formation <strong>fluvioglaciaire</strong> à une échelle<br />

plus fine que celle d’études antérieures (David, 1967; Mandier, 1984, 2003). Le <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong><br />

quaternaire de l’Est lyonnais au niveau du site étudié est caractéristique d’un <strong>dépôt</strong> de système en<br />

tresse à charge de fond grossière. Ce type de <strong>dépôt</strong> a été largement décrit dans la vallée du Rhin<br />

(Huggenberger, 1993; Siegenthaler et Huggenberger, 1993; Beres et al., 1999; Heinz et al., 2003).<br />

La description des lithofaciès a été effectuée avec le code de Miall (1978) étendu par<br />

Klingbeil et al. (1999). Une typologie de quatre lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s a été établie. Cette<br />

typologie distingue deux lithofaciès majoritaires de graviers sableux, qui se différencient par la forme<br />

de leur distribution granulométrique, étalée en ce qui concerne le lithofaciès Gcm et bimodale dans<br />

le cas des lithofaciès Gcm,b. Deux types de lithofaciès minoritaires ont également été décrits. Il s’agit<br />

du lithofaciès S-x, constitué majoritairement de sables moyens et se présentant sous la forme de<br />

lentilles d’épaisseur très variable à stratifications internes, et des lithofaciès Gcg,o (granoclassés) et<br />

Gcx,o (stratifiés subhorizontalement), constitués de graviers sans matrice sableuse ou fine. Les<br />

graviers sans matrice sont associés aux graviers sableux bimodaux, au sein d’une structure<br />

d’alternance Gcg,a, traduisant la migration de dunes de graviers. Ces 4 lithofaciès ont été décrits<br />

dans d’autres <strong>dépôt</strong>s quaternaires analogues (Siegenthaler et Huggenberger, 1993; Jussel et al.,<br />

217


Conclusions et perspectives<br />

1994; Anderson et al., 1999; Bersezio et al., 1999; Kleineidam et al., 1999; Klingbeil et al., 1999; Heinz<br />

et al., 2003; Kostic et al., 2005; Zappa et al., 2006).<br />

Les éléments architecturaux associés sont des structures de remplissages, de nature variée<br />

(remplissage sableux de la zone A, remplissage grossier de la zone B), des barres de graviers<br />

constituées par des progradations d’alternances entre graviers sans matrice et graviers sableux<br />

bimodaux, correspondant à la migration de dunes de graviers, et des nappes de charriage de<br />

graviers, constituées d’une couche massive de graviers sableux hétérométriques Gcm, au sein de<br />

laquelle des couches de graviers sans matrice subhorizontale Gcx,o sont intercalées. Ces éléments<br />

sont caractéristiques d’un paléoenvironnement correspondant à la zone de débit principale définie<br />

par Heinz et al. (2003).<br />

Enfin, la relation entre genèse et hétérogénéité des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s met en avant<br />

l’importance de l’interprétation génétique dans la caractérisation structurale de ces <strong>dépôt</strong>s<br />

sédimentaires. Cette interprétation génétique est ainsi facilitée par l’étude d’analogues de <strong>dépôt</strong><br />

quaternaires, actuellement en formation dans des plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong>. L’étude de<br />

deux plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong> actuelles, à savoir celle du Glacier de Bossons dans le massif<br />

du Mont Blanc, et celle du Breidamerkurjökull en Islande, a permis déterminer des lithofaciès<br />

analogues à ceux de l’Est lyonnais sur la base des distributions granulométriques. De par<br />

l’accessibilité de ces lithofaciès, les plaines d’épandage actuelles constituent des zones privilégiées<br />

pour la caractérisation in situ des propriétés hydrodynamiques des lithofaciès <strong>fluvioglaciaire</strong>s.<br />

<strong>Caractérisation</strong> géophysique de l’architecture <strong>fluvioglaciaire</strong> en trois dimensions<br />

L’information sédimentologique obtenue aux échelles du lithofaciès et de l’élément<br />

architectural par description de parois d’excavation ne fournit qu’une information en deux<br />

dimensions, insuffisante pour la compréhension de l’architecture sédimentaire. En effet, celle-ci<br />

influence la répartition des propriétés hydrodynamiques, requise pour la compréhension des<br />

écoulements en zone non-saturée d’un <strong>dépôt</strong> sédimentaire hétérogène. Cette caractérisation a été<br />

réalisée par méthodes géophysiques. Les méthodes du radar géologique (antennes de fréquence<br />

centrale 200 MHz, 400 MHz et 900 MHz) et du profilage électrique ont montré leur bonne aptitude à<br />

décrire l’architecture sédimentaire.<br />

Les profils géophysiques ont dans un premier temps été calibrés sur les parois d’excavation<br />

décrites lors de l’étude sédimentologique. Les réflecteurs radar sont corrélés à la stratification du<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Des horizons d’oxydes de fer, et des niveaux présentant une fraction plus<br />

importante en particules silteuses provenant de sédiments d’eaux pluviales, présents dans les<br />

premiers centimètres sous la surface du bassin, peuvent contribuer à accroître l’amplitude des<br />

réflecteurs (majoritairement dans la proche surface). Les réflecteurs radar fournissent à la fois une<br />

information sur les éléments architecturaux du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> (par la délimitation des surfaces<br />

radar), mais également sur la stratification interne à ces macroformes. Les caractéristiques des<br />

réflecteurs radar, notamment le pendage et les amplitudes, sont associées aux lithofaciès et<br />

agencements de lithofaciès (par exemple, les alternances Gcg,o/Gcm,b). Il est ainsi possible<br />

d’interpréter les réflecteurs radar à l’échelle du lithofaciès. Les caractéristiques du <strong>dépôt</strong><br />

<strong>fluvioglaciaire</strong>, lessivé des fractions granulométriques les plus fines, permettent une bonne<br />

profondeur de pénétration du signal, et font du radar géologique un outil d’investigation privilégié<br />

des <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s (Huggenberger et al., 1994; Asprion et Aigner, 1999; Beres et al., 1999;<br />

Heinz et Aigner, 2003a; Lunt et al., 2004a; Kostic et al., 2005; Huggenberger et Regli, 2006). Dans<br />

notre cas, l’antenne de fréquence centrale de 400 MHz est celle qui offre le meilleur compromis<br />

entre résolution verticale et profondeur d’investigation, à l’échelle de l’ouvrage.<br />

218


Conclusions et perspectives<br />

Quant à la deuxième méthode utilisée (profilage électrique), elle fournit une information sur<br />

la lithologie du <strong>dépôt</strong>, mais ne permet pas d’obtenir une résolution suffisante. L’utilisation couplée<br />

de la résistivité électrique avec le radar géologique permet cependant de confirmer l’interprétation<br />

des éléments architecturaux, et de contribuer à l’interprétation des lithofaciès en fournissant une<br />

information sur la lithologie interne aux éléments architecturaux. Ces résultats confirment les<br />

travaux de Bowling et al. (2005; 2007) et de Bersezio et al. (2007) portant sur des <strong>dépôt</strong>s<br />

alluvionnaires.<br />

L’obtention de blocs pseudo-3D radar et des blocs de résistivité électrique en 3 dimensions a<br />

permis de caractériser l’architecture tridimensionnelle du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Cette caractérisation<br />

confirme la nature de <strong>dépôt</strong> de système en tresse du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> étudié.<br />

Une typologie de 3 faciès géophysiques a été définie. Elle associe les principales<br />

caractéristiques sédimentaires du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> aux caractéristiques des réflecteurs radar et<br />

aux variations locales de résistivité électrique. Cette typologie a été utilisée afin d’interpréter les<br />

mesures géophysiques réalisées autour d’un puits expérimental. Un modèle stratigraphique<br />

correspondant a ainsi été défini, et validé par confrontation d’un profil radar synthétique au profil<br />

radar mesuré correspondant.<br />

Ces modèles stratigraphiques traduisent l’hétérogénéité sédimentaire à l’échelle du<br />

lithofaciès. Bien que la seule approche géophysique permette d’obtenir une image convenable de<br />

l’architecture, la caractérisation de la répartition spatiale des lithofaciès nécessite un calibrage<br />

préliminaire des signaux géophysiques.<br />

<strong>Caractérisation</strong> des hydrofaciès<br />

La dernière composante de l’approche <strong>hydrogéophysique</strong> développée dans le cadre de ce<br />

travail consiste en une caractérisation des hydrofaciès, c’est-à-dire des propriétés hydrodynamiques<br />

homogènes des lithofaciès, utilisables pour la modélisation des écoulements dans la zone nonsaturée.<br />

Les travaux réalisés jusqu’à présent sur les <strong>dépôt</strong>s <strong>fluvioglaciaire</strong>s se sont focalisés sur la<br />

caractérisation des propriétés hydrodynamiques de la zone saturée (conductivité hydraulique<br />

saturée et porosité). Ces propriétés sont insuffisantes pour modéliser et comprendre les<br />

écoulements spécifiques à la zone non-saturée, exigeant la connaissance des courbes<br />

hydrodynamiques caractéristiques (courbes de rétention capillaire et de conductivité hydraulique).<br />

Par une approche d’analogue d’aquifère (Klingbeil et al., 1999), ces propriétés<br />

hydrodynamiques ont été estimées in situ sur les lithofaciès analogues caractérisés sur les plaines<br />

d’épandage actuelles. La méthode BEST (Lassabatère et al., 2006) a été utilisée afin de déterminer les<br />

hydrofaciès analogues sableux (S-x) et à matrice sableuse (Gcm et Gcm,b). Le modèle semi-physique<br />

d’Arya et Paris (1981), basé sur une relation linéaire entre granulométrie et porosimétrie, a permis<br />

d’obtenir les propriétés hydrodynamiques des hydrofaciès de graviers sans matrice. Des hydrofaciès<br />

modèles du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, représentatifs du comportement hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> de<br />

l’Est lyonnais en conditions hydriques stables, ont été définis.<br />

La comparaison des quatre hydrofaciès modèles traduit l’hétérogénéité hydrodynamique du<br />

<strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Les graviers sans matrice se singularisent par une conductivité hydraulique à<br />

saturation de plus de deux ordres de grandeur supérieure à celle des autres hydrofaciès (Ks = 0,1 m.s -<br />

1 ). Aux faibles pressions capillaires, les hydrofaciès les plus conducteurs sont les sables et les graviers<br />

sableux. L’hydrofaciès modèle S-x est le plus conducteur aux pressions capillaires les plus faibles. Cet<br />

hydrofaciès se distingue des graviers sableux par une porosité élevée (35,9 %).<br />

219


Conclusions et perspectives<br />

Le modèle hydrostratigraphique défini à partir du modèle stratigraphique de la zone nord du<br />

puits expérimental et des hydrofaciès modèles traduit de façon acceptable les variations de teneurs<br />

en eau mesurées en surface et à 0,5 m de profondeur, en conditions initiales sèches et humides, mais<br />

traduit mal le comportement particulier du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> à 1,15 m de profondeur. Ce<br />

comportement est fortement inertiel lors de la propagation d’une infiltration en conditions initiales<br />

sèches. Aucune variation de teneur en eau n’a été mesurée lors d’une infiltration en conditions<br />

initiales humides. Ce résultat met en évidence l’influence des conditions initiales de saturation sur les<br />

écoulements en zone non-saturée. La comparaison des valeurs mesurées et modélisées montre de<br />

plus que l’hétérogénéité réelle est plus importante que celle prise en compte dans le modèle<br />

hydrostratigraphique. Ainsi, le modèle hydrostratigraphique établi tend à sous-représenter<br />

l’hétérogénéité des écoulements en zone non-saturée.<br />

Les hydrofaciès modèles sont toutefois représentatifs du comportement hydrodynamique<br />

moyen de chaque type d’hydrofaciès. Le modèle hydrostratigraphique établi traduit une<br />

hétérogénéité hydrodynamique représentative du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, les hétérogénéités mises en<br />

évidence étant susceptibles de se retrouver dans la zone non-saturée du bassin d’infiltration.<br />

<strong>Caractérisation</strong> des écoulements préférentiels dans la zone non-saturée du bassin<br />

d’infiltration<br />

Bien que le modèle tende à sous-représenter l’hétérogénéité « réelle » des écoulements,<br />

leur modélisation avec Hydrus2D et Hydrus3D a montré le potentiel du modèle hydrostratigraphique<br />

à traduire une hétérogénéité des écoulements. Elle met notamment en évidence l’existence de<br />

chemins d’écoulement préférentiel.<br />

Une typologie d’écoulements préférentiels susceptibles de se produire dans la zone nonsaturée<br />

du bassin d’infiltration a ainsi été proposée. A l’échelle mésoscopique (échelle de<br />

l’hydrofaciès), l’hétérogénéité de l’écoulement est associée aux couches de graviers sans matrice.<br />

Ces hydrofaciès sont impliquées dans des écoulements préférentiels de type drain (écoulement<br />

rapides et gravitaires par la structure macroporeuse de cet hydrofaciès) et de type entonnoir (effet<br />

de barrière capillaire dans la partie supérieure des graviers sans matrice, engendrant un écoulement<br />

latéral à l’interface de la barrière capillaire). Ce type d’écoulement préférentiel peut engendrer un<br />

transfert hétérogène de contaminants (Heilig et al., 2003). A l’échelle macroscopique, l’écoulement<br />

se produit préférentiellement par les éléments architecturaux constitués par des <strong>dépôt</strong>s à fraction<br />

granulométrique en graviers majoritaire, comme les barres de graviers ou les nappes de charriage de<br />

graviers. Les graviers sans matrice n’ont pas d’impact sur la propagation globale du front<br />

d’infiltration s’ils ne sont pas interconnectés. Les remplissages sableux ont un effet retard sur la<br />

propagation du front d’infiltration (comportement inertiel).<br />

En conclusion générale, l’approche <strong>hydrogéophysique</strong> s’est avérée adaptée à la<br />

caractérisation hydrostratigraphique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Cette approche permet la construction<br />

de modèles traduisant le comportement hydrodynamique en milieu non-saturé, contribuant à la<br />

compréhension des mécanismes d’écoulement.<br />

220


Perspectives<br />

Conclusions et perspectives<br />

Les recherches futures peuvent s’orienter suivant deux directions : (1) amélioration des<br />

connaissances sur les mécanismes d’écoulement et de transfert en milieu hétérogène, et (2)<br />

adaptation de l’information obtenue sur la parcelle élémentaire à l’échelle de l’ouvrage, afin<br />

d’améliorer la gestion des bassins d’infiltration.<br />

Amélioration des connaissances sur les mécanismes d’écoulement<br />

Les propriétés hydrodynamiques obtenues par la méthode BEST sur des lithofaciès analogues<br />

doivent être confrontées à des mesures en laboratoire. En ce qui concerne les graviers sans matrice,<br />

il est nécessaire de mieux comprendre les mécanismes d’écoulement. Ces hydrofaciès sont en effet<br />

impliqués dans des écoulements de type drain et de type entonnoir. Les écoulements de type drain<br />

correspondent à un écoulement essentiellement gravitaire par les macropores des couches de<br />

graviers sans matrice. Les écoulements modélisés avec Hydrus suivent la loi de Richards, et ne<br />

traduisent pas de façon réaliste ce type d’écoulement préférentiel. Afin de décrire les écoulements<br />

internes à ces couches de graviers sans matrice, un modèle adapté à la représentation des<br />

écoulements par ces macropores, comme par exemple un modèle d’ondes cinématiques (Di Pietro<br />

et al., 2003; Rousseau et al., 2004), pourrait être utilisé pour traduire de façon plus réaliste ces<br />

écoulements.<br />

Afin de valider la typologie d’écoulements préférentiels mise en évidence par modélisation<br />

des écoulements, et d’améliorer la compréhension du comportement hydrodynamique des<br />

hydrofaciès, une étude expérimentale en conditions contrôlées est nécessaire (modèle physique,<br />

lysimètre, tranchée instrumentée). Elle permettra notamment de coupler l’approche<br />

hydrodynamique avec le transfert de polluant. En effet, des premiers résultats (Ganaye, 2006;<br />

Arambourou, 2007) ont montré une répartition des concentrations en éléments traces métalliques<br />

dépendante de celle des hydrofaciès.<br />

Nécessité de passage de la parcelle élémentaire à l’échelle du bassin<br />

Afin de répondre aux objectifs fixés au sein de l’OTHU, qui sont notamment d’évaluer le rôle<br />

de la zone non-saturée dans la gestion des eaux pluviales, il est nécessaire d’extrapoler les résultats<br />

concernant la caractérisation obtenus au niveau de la parcelle élémentaire à l’échelle plus large du<br />

bassin d’infiltration. Actuellement, cette extrapolation est rendue difficile car la résolution obtenue<br />

est adaptée à l’échelle de la parcelle, mais difficilement intégrable en l’état à l’échelle de l’ouvrage. A<br />

l’échelle de la parcelle, l’unité hydrogéologique de base est l’hydrofaciès, correspondant au<br />

lithofaciès. A l’échelle du bassin, il est nécessaire de définir l’équivalent de cette unité<br />

hydrogéologique, correspondant aux éléments architecturaux. Certains types d’éléments<br />

architecturaux correspondent cependant au lithofaciès, comme par exemple les structures de<br />

remplissage sableux. Les propriétés hydrodynamiques obtenues peuvent dans ce cas être affectées à<br />

ces éléments. Dans le cas d’éléments d’architecture plus complexe, comme par exemple les barres<br />

de graviers composées d’alternance de graviers sableux et de graviers sans matrice, il est nécessaire<br />

de définir des propriétés hydrodynamiques homogènes à l’échelle de l’élément architectural. Des<br />

outils de simulation stochastique (Scheibe et Murray, 1998) pourront être utilisés afin de représenter<br />

la répartition tridimensionnelle de ces éléments.<br />

221


Conclusions et perspectives<br />

222


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229


Références bibliographiques<br />

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alluvial aquifers at the facies scale. Journal of Hydrology, Vol. 325, pp.134-153.<br />

230


Références bibliographiques<br />

Annexes<br />

231


Annexes<br />

Annexe 1 : analyse morphologique des grains<br />

Comme la granulométrie, la morphologie des grains dépend des processus d’érosion, de<br />

transport et de <strong>dépôt</strong>. L’analyse quantitative de cette morphologie a le potentiel de fournir des<br />

informations sur l’histoire des sédiments avant la phase de <strong>dépôt</strong>. De plus, la morphologie des grains<br />

conditionne leur agencement spatial, qui a une influence sur les propriétés hydrodynamiques<br />

(notamment la tortuosité). L’analyse de la morphologie des grains peut ainsi aider à comprendre le<br />

comportement hydraulique d’un lithofaciès.<br />

Cette analyse a été effectuée sur les lithofaciès pour lesquels une caractérisation des<br />

propriétés hydrodynamiques a été réalisée. Le but de l’analyse morphologique est d’évaluer la part<br />

de la variabilité de ces propriétés imputée aux différences de caractéristiques entre les sites étudiés.<br />

Ces propriétés hydrodynamiques ont été évaluées par essais d’infiltration sur des lithofaciès<br />

analogues à ceux de l’Est lyonnais (Chapitre D). Ces essais d’infiltration ont été réalisés sur des<br />

lithofaciès non-saturés, afin de caractériser le régime transitoire d’infiltration où les forces capillaires<br />

sont supposées prédominantes. On suppose que ces effets capillaires ont lieu majoritairement dans<br />

la fraction inférieure à 2mm (Hillel, 1998). L’analyse morphologique a donc porté sur la fraction<br />

sableuse des lithofaciès. Les différences de morphologie entre les grains sableux peuvent expliquer<br />

en partie la variabilité des propriétés hydrodynamiques dans la zone non-saturée. De plus, les<br />

caractéristiques morphologiques des grains influencent la tortuosité de l’espace poral, et donc la<br />

porosité et la conductivité hydraulique saturée.<br />

Evans et Benn (2004) distinguent trois principales caractéristiques morphologiques. Il s’agit<br />

de la forme, de l’angularité et de la texture des grains. L’analyse quantitative de ces paramètres<br />

morphologiques est cependant difficile, les méthodes usuelles (méthodes visuelles de Krumbein<br />

(1941) et de Rittenhouse (1943), Figure 1) restant fortement subjectives. Peu de publications en<br />

sédimentologie portent sur cette analyse quantitative. Nous avons utilisé des méthodes développés<br />

dans le génie civil. Al-Rousan et al. (2007) proposent plusieurs méthodes de quantification des<br />

caractéristiques morphologiques par analyses d’images en deux dimensions.<br />

Les méthodes d’analyse d’images sont dépendantes de la résolution des images utilisées.<br />

Une image à basse résolution engendre des pixels plus gros, et donc une modification importante de<br />

la forme externe d’une particule (contour des images de grains en "escaliers"). L’analyse de la texture<br />

d’un grain est particulièrement dépendante de cette résolution. Ce paramètre morphologique n’a<br />

donc pas été pris en compte par la suite.<br />

Figure 1 : tableaux utilisés pour quantifier la forme de grains par comparaison visuelle avec les grains à<br />

analyser : a) classification de Rittenhouse (1943) portant principalement sur le roundness d’un grain, et b)<br />

classification de Krumbein (1941) portant principalement sur l’angularité d’un grain.<br />

232


Annexes<br />

Nous avons retenu deux méthodes de caractérisation de la forme de particules et une<br />

méthode d’estimation de l’angularité. Ces trois méthodes sont décrites ci-après. Le protocole<br />

expérimental utilisé est également présenté.<br />

Facteur de forme<br />

Cette méthode consiste à calculer le facteur de forme Q défini par l’équation suivante :<br />

4 A<br />

Q<br />

p²<br />

π<br />

=<br />

où p est le périmètre et A l’aire de la projection 2D d’une particule (Mertens et Elsen, 2006).<br />

Un grain de forme circulaire a un facteur de forme de 1. Les grains ayant une autre forme ont un<br />

facteur de forme inférieur à 1.<br />

Le facteur de forme Q ne permet pas d’estimer la forme d’un grain de façon indépendante de<br />

son angularité (Al-Rousan et al., 2007).<br />

Analyse par décomposition en séries de Fourier de la fonction R(θ)<br />

La fonction R(θ) est définie pour chaque grain projeté en 2D. Cette fonction définit pour<br />

chaque angle θ (0° < θ < 360°) la distance entre le centre de gravité de la projection 2D d’un grain et<br />

le bord de cette projection. R(θ) est donc une fonction périodique de période 2π, décomposable en<br />

séries de Fourier. Cette décomposition peut être utilisée pour analyser la forme, l’angularité et la<br />

texture d’un grain. La décomposition en série de Fourier de cette fonction s’écrit de la façon<br />

suivante :<br />

∑ ∞<br />

n=<br />

1<br />

[ a cos( nθ<br />

) + b sin( n ) ]<br />

R( θ ) = a +<br />

θ<br />

0<br />

n<br />

où an et bn sont les harmoniques de rang n de la décomposition en séries de Fourier<br />

(coefficient de Fourier). a0 correspond au rayon moyen du grain considéré (quantification de la<br />

granulométrie par analyse d’image). La forme, l’angularité et la texture des grains sont déterminées<br />

par sommation des différentes harmoniques de rang de plus en plus élevé.<br />

Wang et al. (2003) définissent ainsi le paramètre de forme αs par la relation suivante,<br />

correspondant à la somme des harmoniques de plus faible fréquence :<br />

2<br />

2<br />

4 ⎡⎛<br />

a<br />

⎤<br />

n ⎞ ⎛ bn<br />

⎞<br />

α = ∑ ⎢<br />

⎜<br />

⎟ + ⎜<br />

⎟ ⎥ .<br />

s<br />

j=<br />

1 ⎢⎝<br />

a0<br />

⎠ ⎝ a0<br />

⎠ ⎥<br />

⎣<br />

Le paramètre de forme αs permet de décrire la forme d’un grain sans être affecté par<br />

l’angularité de la particule (Al-Rousan et al., 2007).<br />

L’angularité peut être quantifiée par analyse de la décomposition en séries de Fourier de la<br />

fonction R(θ). Le paramètre d’angularité αr est défini par sommation des harmoniques de fréquence<br />

intermédiaire (Wang et al., 2003) :<br />

2<br />

2<br />

25 ⎡⎛<br />

a<br />

⎤<br />

n ⎞ ⎛ bn<br />

⎞<br />

α ∑ ⎢<br />

⎜<br />

⎟ + ⎜<br />

⎟<br />

r =<br />

⎥<br />

j=<br />

5 ⎢⎣<br />

⎝ a0<br />

⎠ ⎝ a0<br />

⎠ ⎥⎦ Le facteur d’angularité αr ne permet pas d’estimer l’angularité d’un grain sans être affecté<br />

par sa forme (Al-Rousan et al., 2007).<br />

233<br />

n<br />


Protocole expérimental<br />

Annexes<br />

Le protocole expérimental se décompose en deux temps. Il consiste tout d’abord à obtenir<br />

une image en deux dimensions des grains sableux. Cette phase est illustrée sur la Figure 2. Cette<br />

image est ensuite analysée afin de calculer les paramètres morphologiques décrits précédemment.<br />

L’obtention d’une image de grains de diamètre inférieur à 2 mm avec une bonne résolution<br />

exige un agrandissement visuel de ces grains. Cet agrandissement a été réalisé avec une loupe<br />

binoculaire, posée sur une table lumineuse de façon à rétroéclairer la feuille de papier blanche sur<br />

laquelle étaient disposés les grains de sable. Le rétroéclairage est nécessaire afin d’augmenter les<br />

contrastes entre les grains et la feuille de papier support, mais également pour éviter les ombres<br />

portées (un éclairage latéral n’aurait pas convenu). Les grains de sable sont séparés par tamisage,<br />

puis posés sur la feuille de papier et séparés manuellement avec une spatule. L’appareil photo est<br />

alors plaqué sur un des oculaires, afin de prendre une image qui doit alors être traitée avec un<br />

logiciel de retouche photo (suppression du pourtour noir de l’oculaire, traitement de la luminosité et<br />

du contraste, suppression des éléments parasites).<br />

Figure 2 : protocole expérimental d’obtention d’image 2D de grains sableux. a) Dispositif constitué d’une<br />

table lumineuse sur laquelle est placée une loupe binoculaire. La lumière émise par la table lumineuse<br />

rétroéclaire la feuille blanche posée à la base de la loupe binoculaire. b) Tamisage de la fraction sableuse à<br />

600 µm, 830 µm et 1mm, afin de récupérer les grains correspondant à ces fractions granulométriques. c)<br />

Séparation manuelle des grains à la binoculaire. d) Photographie des grains sableux, l’objectif de l’appareil<br />

photo est posé directement sur un oculaire. e) Image non-traitée des grains en 2D. f) Image traitée, utilisée<br />

comme entrée du code de calcul Matlab présenté à l’annexe 2.<br />

L’image traitée est alors utilisée comme entrée d’un code de calcul écrit sous Matlab, et<br />

présenté en annexe 2. Ce code de calcul est construit de manière à détecter dans un premier temps<br />

le pourtour des grains de sables, à individualiser chacun de ces pourtours, et à calculer à partir de<br />

ceux-ci les paramètres morphologiques définis dans les paragraphes précédents. La Figure 3 présente<br />

un exemple de grain de sable dont le pourtour a été délimité, et pour lequel la fonction R(θ) a été<br />

définie. Les résultats sont stockés dans un fichier Excel. La valeur moyenne et l’écart-type de chacun<br />

des paramètres sont finalement estimés pour chaque échantillon.<br />

234


Annexes<br />

Figure 3 : exemple de sortie du code de calcul Matlab de l’annexe 2. La fonction R(θ) est définie pour le grain<br />

sableux entouré en vert.<br />

Résultats<br />

Une ACP est effectuée afin d’organiser les échantillons des différents sites d’étude en<br />

fonction de leur morphologie. Les variables utilisées sont donc les 3 paramètres morphologiques : les<br />

paramètres de forme Q et αs et le paramètre d’angularité αr. Cette ACP est réalisée sur les<br />

échantillons des plaines d’épandage récentes des Bossons et du Breidamerkurjökull, ainsi que sur des<br />

échantillons de surface du bassin d’infiltration DjR. Ces échantillons sont ceux prélevés lors des essais<br />

d’infiltration sur ces sites (Chapitre D). L’objectif de cette ACP est d’évaluer la part de variabilité due<br />

aux changements de caractéristiques entre les différents sites. L’évaluation de cet "effet site" se fait<br />

par l’intermédiaire d’une analyse inter-groupe.<br />

L’ACP se résumera à l’étude du plan factoriel F1-F2 (Figure 4), expliquant à lui seul 80,79 % de<br />

l’inertie totale. L’axe factoriel F1 (respectivement l’axe F2) explique 45,74 % (respectivement 35,05<br />

%) de l’inertie totale. Les contributions les plus élevées à l’axe F1 sont celles des deux paramètres de<br />

forme (71,98% pour Q et 59,55% pour αs). Ces deux paramètres évoluent en sens inverse (lorsque Q<br />

augmente et se rapproche de 1, c’est-à-dire que la forme d’un grain se rapproche de celle d’une<br />

forme circulaire, αs diminue et tend vers 0), ce qui explique leur opposition sur l’axe F1. Cet axe<br />

factoriel est donc lié à la forme des particules. L’axe factoriel F2 est quant à lui principalement<br />

expliqué par le paramètre d’angularité (contribution de 86,45 % à cet axe). Cet axe traduit donc<br />

l’angularité des grains.<br />

Les échantillons ont été regroupés par sites d’étude. Les échantillons du bassin DjR et du<br />

Breidamerkurjökull sont ceux qui ont les formes les plus arrondies. Ceci peut s’expliquer par une<br />

phase de transport et d’érosion plus longue que dans le cas des échantillons prélevés sur l’épandage<br />

des Bossons (cette phase se résume à un transport rapide en suspension dans le torrent proglaciaire,<br />

et un <strong>dépôt</strong> dans la plaine d’épandage). Les échantillons des Bossons sont cependant ceux qui ont<br />

l’angularité la plus faible, alors que ceux du bassin DjR ont l’angularité la plus forte, mais aussi la plus<br />

variable. Les échantillons DjR06-I5, DjR06-I10 et DjR06-I12, qui ont le paramètre d’angularité le plus<br />

élevé, sont des échantillons de lithofaciès sableux. On peut supposer que les grains de sable de ces<br />

lithofaciès ont été transportés en suspension dans les chenaux proglaciaires et ont donc subi une<br />

érosion plus faible que les échantillons de graviers sableux, dont les grains sableux ont été en partie<br />

transportés en charge de fond. La contribution élevée des échantillons du bassin DjR à l’axe F2 peut<br />

1.5<br />

1.4<br />

1.3<br />

1.2<br />

1.1<br />

1<br />

0.9<br />

0.8<br />

0.7<br />

0 50 100 150 200 250 300 350<br />

235


Annexes<br />

donc s’expliquer par la part importante des échantillons de lithofaciès sableux par rapport à<br />

l’ensemble des échantillons (3 sur 7 échantillons prélevés sur le bassin DjR).<br />

L’analyse inter-groupe permet de quantifier la part de la variance des échantillons expliquée<br />

par les différences entre les sites. Celle-ci est évaluée à 24,64 % de l’inertie totale. Sans la prise en<br />

compte des échantillons de lithofaciès sableux du bassin DjR, la variance inter-site est évaluée à<br />

17,37 %. Cette diminution s’explique par un paramètre d’angularité moyen plus faible des<br />

échantillons du bassin DjR lorsque les lithofaciès sableux ne sont pas pris en compte. Cette analyse<br />

inter-site montre qu’il existe une différence morphologique entre les grains sableux des trois sites. Il<br />

existe donc un "effet site", qui peut avoir une influence notamment sur les propriétés<br />

hydrodynamiques. Cet effet site peut par exemple expliquer la différence de propriétés<br />

hydrodynamiques entre deux lithofaciès issus de deux sites différents, et considérés analogues.<br />

L’organisation des centres de gravité des échantillons de chaque site tend à montrer que les<br />

échantillons de la plaine d’épandage du Breidamerkurjökull ont des caractéristiques morphologiques<br />

plus proches des échantillons du <strong>dépôt</strong> de l’Est lyonnais que ceux de la plaine d’épandage des<br />

Bossons. Cette analyse est confirmée par des analyses de variance à un facteur correspondant à<br />

chacun des trois paramètres morphologiques. Ces analyses visent à évaluer statistiquement si les<br />

effets observés vis-à-vis de chaque site sont significatifs (p < 0,05). Les analyses sur les paramètres Q<br />

et αs ne montrent pas d’effets significatifs entre les trois sites d’étude. L’analyse réalisée sur le<br />

paramètre αr montre un effet significatif entre la plaine d’épandage des Bossons et les deux autres<br />

sites.<br />

L’effet site est cependant faible et a été négligé. Les différences sont significatives pour le<br />

paramètre αr, et ne le sont pas pour le paramètre Q, alors que ces deux paramètres traduisent tous<br />

les deux la forme des grains (cette différence peut également être due à la dépendance du<br />

paramètre Q vis-à-vis de l’angularité). En ce qui concerne l’influence sur les propriétés<br />

hydrodynamiques, la granulométrie a un effet prépondérant par rapport à la morphologie, dans la<br />

mesure où elle contrôle la distribution des tailles de pores.<br />

Figure 4 : résultats de l’analyse en composante principale réalisée sur l’ensemble des lithofaciès caractérisés<br />

sur les plaines d’épandage <strong>fluvioglaciaire</strong>s récentes. a) Cercle de corrélation avec pour variables les<br />

paramètres morphologiques. b) Valeurs propres de la matrice de corrélation. c) Plan factoriel F1-F2.<br />

236


Annexes<br />

Annexe 2 : code MATLAB - détermination des paramètres<br />

morphologiques de grains de sables<br />

N.B. : l’exemple est donné pour l’image .jpeg : B06-B13-one.jpg<br />

clear all;clc<br />

pack<br />

I=imread('B06-B13-one.jpg');<br />

BW=im2bw(I,0.90);<br />

boundaries = bwboundaries(BW);<br />

%détermination de i = nombre de formes dont le périmètre dépasse n<br />

pixels<br />

n=100;%on fixe la valeur de n<br />

i=0;%on initialise le compteur i à 0<br />

q=size(boundaries,1);%nombre de formes détectées sur l'image<br />

for k=1:q<br />

b=boundaries{k};<br />

if size(b,1)>n<br />

i=i+1;<br />

end<br />

end<br />

%stockage dans le vecteur K de la coordonnée dans la matrice<br />

'boundaries'des i formes dont le périmètre dépasse n pixels<br />

j=0;<br />

for k=1:q<br />

b=boundaries{k};<br />

if size(b,1)>n<br />

j=j+1;<br />

K(j,1)=k;<br />

end<br />

end<br />

h = figure;<br />

h1 = subplot(1,2,1);set(h1,'NextPlot','Add');<br />

imshow(I);<br />

h2=subplot(1,2,2);set(h2,'NextPlot','Add','XLim',[0 360],'Box','On');<br />

% imshow(I);<br />

for m=2:i<br />

h_ele = figure;figure(h_ele);<br />

h1e = subplot(1,2,1);set(h1e,'NextPlot','Add');<br />

imshow(I);<br />

h2e = subplot(1,2,2);set(h2e,'NextPlot','Add','XLim',[0<br />

360],'Box','On');<br />

plot(h1,boundaries{K(m,1)}(:,2),boundaries{K(m,1)}(:,1),'g','LineWidth',2);<br />

plot(h1e,boundaries{K(m,1)}(:,2),boundaries{K(m,1)}(:,1),'g','LineWidth',2)<br />

;<br />

A(m,1)=polyarea(boundaries{K(m,1)}(:,2),boundaries{K(m,1)}(:,1));<br />

peri=0;<br />

s(m,1)=size(boundaries{K(m,1)},1);<br />

for t=1:(s(m,1)-1)<br />

peri=peri+sqrt((boundaries{K(m,1)}(t+1,2)boundaries{K(m,1)}(t,2))^2+(boundaries{K(m,1)}(t+1,1)boundaries{K(m,1)}(t,1))^2);<br />

end<br />

P(m,1)=peri+sqrt((boundaries{K(m,1)}(1,2)boundaries{K(m,1)}(s(m,1),2))^2+(boundaries{K(m,1)}(1,1)boundaries{K(m,1)}(s(m,1),1))^2);<br />

Round(m,1)=(4*pi*A(m,1))/(P(m,1)^2);<br />

237


Annexes<br />

clear b;<br />

b=boundaries{K(m,1)};%b matrice des points frontière de l'élément<br />

%repérage de l'élément choisi<br />

%plot(h2,b(:,2),b(:,1),'g','LineWidth',2);<br />

%Coordonnées du centre de gravité G<br />

clear N;<br />

N=size(b,1);<br />

yG=sum(b(:,1))/N;<br />

xG=sum(b(:,2))/N;<br />

%détermination de la fonction R(Theta) = variation de la distance<br />

du centre de gravité G à la bordure de l'élément en fonction de l'angle<br />

clear R;<br />

iter=1:1:N;<br />

R(iter,1)=iter.*(2*pi/N);<br />

R(iter,2)=sqrt((b(iter,2)-xG).^2+(b(iter,1)-yG).^2);<br />

R_moyen = sum(R(iter,2))/N;<br />

%tracé de R en fonction de Theta<br />

plot(h2,R(:,1)*180/pi,R(:,2)/R_moyen);<br />

plot(h2e,R(:,1)*180/pi,R(:,2)/R_moyen);<br />

Y=fft(R(:,2));<br />

FRFORM(m,1)=((real(Y(2,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(2,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(3,1)<br />

)/Y(1,1))^2+(imag(Y(3,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(4,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(4,1))<br />

/Y(1,1))^2)+((real(Y(5,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(5,1))/Y(1,1))^2);<br />

FRANG(m,1)=((real(Y(6,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(6,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(7,1))<br />

/Y(1,1))^2+(imag(Y(7,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(8,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(8,1))/<br />

Y(1,1))^2)+((real(Y(9,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(9,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(10,1)<br />

)/Y(1,1))^2+(imag(Y(10,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(11,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(11,<br />

1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(12,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(12,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y<br />

(13,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(13,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(14,1))/Y(1,1))^2+(imag<br />

(Y(14,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(15,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(15,1))/Y(1,1))^2)+((<br />

real(Y(16,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(16,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(17,1))/Y(1,1))^2<br />

+(imag(Y(17,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(18,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(18,1))/Y(1,1))<br />

^2)+((real(Y(19,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(19,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(20,1))/Y(1<br />

,1))^2+(imag(Y(20,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(21,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(21,1))/Y<br />

(1,1))^2)+((real(Y(22,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(22,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(23,1<br />

))/Y(1,1))^2+(imag(Y(23,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(24,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(24<br />

,1))/Y(1,1))^2)+((real(Y(25,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(25,1))/Y(1,1))^2)+((real(<br />

Y(26,1))/Y(1,1))^2+(imag(Y(26,1))/Y(1,1))^2);<br />

end<br />

xlswrite('Round.xls',Round);<br />

xlswrite('FRFORM.xls',FRFORM);<br />

xlswrite('FRANG.xls',FRANG);<br />

238


Annexes<br />

Annexe 3 : théorie de propagation des ondes électromagnétiques<br />

(d’après Mari et al., 1998)<br />

Les équations de Maxwell conduisent à l'équation de propagation <strong>d'un</strong>e onde<br />

électromagnétique. En milieu isotrope homogène, le champ électrique E associé à la propagation<br />

<strong>d'un</strong>e onde plane vérifie l'équation:<br />

<br />

Le champ d'induction magnétique B vérifie également l'équation (1).<br />

Les constantes de proportionnalité ε (ε = ε0.εr), μ (μ = μ0.μr) et σ représentent la permittivité<br />

diélectrique, la perméabilité magnétique et la conductivité du milieu. Les constantes εr et μr sont les<br />

permittivité diélectrique et perméabilité magnétique relatives. Les constantes ε0 et μ0 sont les<br />

permittivité et perméabilité du vide (ou de l'air). Une onde électromagnétique se propage dans l'air<br />

sans atténuation à la vitesse c de 3.10 8 m /s (c = (μ0 ε0) -1/2 ).<br />

Le membre de droite de l'équation (1) est composé de deux termes. Le premier terme est un<br />

terme de diffusion, le second est un terme de propagation. L'équation de propagation <strong>d'un</strong>e onde<br />

acoustique ne comprend pas de terme de diffusion. Pour une propagation suivant la direction z<br />

(verticale) l'équation (1) devient:<br />

<br />

<br />

Une solution à l'équation (2) s'écrit :<br />

<br />

, . ..<br />

L'équation (3) est l'expression <strong>d'un</strong>e onde monochromatique de pulsation ω, se propageant<br />

dans la direction z à la vitesse de phase v = ω/β avec un coefficient d'atténuation α.. L'amplitude<br />

initiale à t = 0 et z = 0 est E0. Le nombre i est l'imaginaire pur (i² = -1).<br />

La combinaison des équations (2) et (3) conduit à établir la relation de dispersion :<br />

²<br />

Les constantes d'atténuation α et de phase β vérifient alors le système d'équations :<br />

. . <br />

2. . . . <br />

239<br />

(1)<br />

(2)<br />

(3)<br />

(4)<br />

(5)


Annexes<br />

La résolution du système (5) conduit à estimer les constantes d'atténuation α et de phase β :<br />

<br />

²<br />

1 1 <br />

. <br />

<br />

<br />

²<br />

2 1 1 <br />

. <br />

<br />

<br />

Le terme réel de la relation de dispersion (équation 4) correspond au phénomène de<br />

propagation, le terme imaginaire au phénomène de diffusion. Les deux phénomènes coexistent.<br />

Cependant, en fonction de la gamme de fréquences ω choisies, il est possible de privilégier l'un ou<br />

l'autre des phénomènes.<br />

La quantité σ/ωε permet de classer les matériaux :<br />

- en matériaux diélectriques (σ/ωε < 0,01) ;<br />

- en matériaux quasiconducteurs (0,01 < σ/ωε < 100) ;<br />

- en matériaux conducteurs (100 < σ/ωε).<br />

Pour les matériaux qui sont de bons conducteurs, les courants de déplacement sont<br />

négligeables devant les courants de conduction et l'équation (1) se réduit à une équation de<br />

diffusion. Pour des matériaux à faible conductivité et pour des fréquences ω élevées, les courants de<br />

déplacement prédominent, les courants de conduction deviennent négligeables et l'équation (1)<br />

peut être assimilée à une équation de propagation.<br />

En prospection radar, on choisit de travailler avec des fréquences ω élevées pour privilégier<br />

le phénomène de propagation:<br />

<br />

<br />

Dans ce cas, les constantes d'atténuation α et de phase β peuvent être approchées par les<br />

relations :<br />

<br />

²<br />

<br />

²<br />

1 <br />

<br />

2 2 <br />

<br />

À l'exception des objets métalliques ou des formations où les minéraux sont présents en<br />

grande abondance, la perméabilité magnétique relative μr (μr = μ/μ0) <strong>d'un</strong>e formation est proche de<br />

1. La quantité εμc² est alors proche de la permittivité diélectrique relative εr.<br />

240<br />

(7)<br />

(6)


Les équations (7) s'écrivent alors:<br />

1<br />

2 √ Annexes<br />

<br />

√ <br />

60 <br />

<br />

√ 60<br />

√ avec ε0 = (36π.10 9 ) -1 F/m<br />

En pratique, l'atténuation de l'onde électromagnétique (onde radar) est exprimée en dB/m et<br />

la vitesse v = ω/β en m/μs ou cm/ns.<br />

La vitesse de l'onde radar est généralement approchée par :<br />

<br />

√ <br />

v vitesse de l'onde radar, en m/μs<br />

C vitesse de la lumière dans le vide (300 m/μs)<br />

εr permittivité relative du matériau.<br />

L'atténuation de l'onde radar est donnée par :<br />

1640 1<br />

√ <br />

α atténuation, en dB/m<br />

ρ résistivité du terrain à la fréquence considérée (ω), en ohm.m<br />

εr permittivité relative du matériau.<br />

La permittivité εr varie de 1 pour l'air à 81 pour l'eau. Les minéraux les plus communs ont des<br />

permittivités εr comprises entre 4 et 9. C'est le contenu en eau qui influence de façon prépondérante<br />

la permittivité <strong>d'un</strong> sol ou <strong>d'un</strong>e roche. Le contenu en eau θ est le produit de la porosité Ф par la<br />

saturation en eau Sw. Des mesures expérimentales réalisées sur une grande diversité d'échantillons<br />

de roche ont permis de proposer une relation empirique liant εr à θ sous forme <strong>d'un</strong>e expression<br />

polynomiale du type:<br />

3,03 9,3. 146. 76,7. <br />

241<br />

(8)


242/243


FOLIO ADMINISTRATIF<br />

THESE SOUTENUE DEVANT L'INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON<br />

NOM : Goutaland DATE de SOUTENANCE : 11 avril 2008<br />

Prénoms : David<br />

TITRE : <strong>Caractérisation</strong> <strong>hydrogéophysique</strong> d’un <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>.<br />

Evaluation de l’effet de l’hétérogénéité hydrodynamique sur les écoulements en zone non-saturée.<br />

NATURE : Doctorat Numéro d'ordre : 2008-ISAL-0018<br />

Ecole doctorale : Ecole Doctorale Chimie, Procédés, Environnement de Lyon<br />

Spécialité : Sciences de l’Environnement Industriel et Urbain<br />

Cote B.I.U. - Lyon : CLASSE :<br />

RESUME :<br />

L’urbanisation croissante engendre une pression anthropique accrue sur les sols et les ressources en eau<br />

souterraine. La préservation durable de ces milieux requiert une meilleure compréhension des flux d’écoulement<br />

dans la zone non-saturée, prenant en compte les hétérogénéités du sous-sol, notamment naturelles, à l’échelle de<br />

l’ouvrage urbain. Cette étude vise à caractériser à cette échelle les hétérogénéités sédimentaires et<br />

hydrodynamiques du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais, afin d’évaluer l’influence de ces hétérogénéités sur<br />

l’écoulement en zone non-saturée. Par une approche <strong>hydrogéophysique</strong>, couplant une caractérisation<br />

sédimentologique des structures et textures sédimentaires, une investigation géophysique par radar géologique et<br />

panneau électrique, et une caractérisation des propriétés hydrodynamiques, un modèle hydrostratigraphique<br />

tridimensionnel du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> a été défini au niveau d’une parcelle élémentaire d’un bassin d’infiltration<br />

d’eaux pluviales. Ce modèle traduit l’hétérogénéité sédimentaire et hydrodynamique à l’échelle de l’hydrofaciès.<br />

Des mesures de teneurs en eau à trois profondeurs dans le <strong>dépôt</strong>, couplée à une modélisation numérique des<br />

écoulements non-saturés à partir du modèle hydrostratigraphique, a permis d’évaluer le comportement<br />

hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> lors d’une phase d’infiltration. Les résultats montrent l’influence de la<br />

saturation initiale du <strong>dépôt</strong> sur les écoulements dans la zone non-saturée. L’hétérogénéité de l’écoulement est<br />

notamment associée à la présence de chemins préférentiels. L’approche <strong>hydrogéophysique</strong> utilisée est prometteuse<br />

pour la caractérisation hydrostratigraphique de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires hétérogènes.<br />

MOTS-CLES :<br />

bassin d’infiltration, <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, écoulements préférentiels, Est lyonnais, hétérogénéités,<br />

hydrofaciès, <strong>hydrogéophysique</strong>, Hydrus2D/3D, lithofaciès, modélisation d’écoulement, radar géologique,<br />

résistivité électrique, zone non-saturée<br />

Laboratoire de recherche : Laboratoire des Sciences de l’Environnement – Ecole Nationale des Travaux<br />

Publics de l’Etat<br />

Directeurs de thèse: Thierry Winiarski, Jean-Sébastien Dubé<br />

Président de jury : Bernard Chocat<br />

Composition du jury : Jean-François Buoncristiani, Didier Graillot, Denis Jongmans


<strong>Caractérisation</strong> <strong>hydrogéophysique</strong> d’un <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>. Evaluation de l’effet de<br />

l’hétérogénéité hydrodynamique sur les écoulements en zone non-saturée.<br />

Résumé<br />

L’urbanisation croissante engendre une pression anthropique accrue sur les sols et les ressources en eau<br />

souterraine. La préservation durable de ces milieux requiert une meilleure compréhension des flux<br />

d’écoulement dans la zone non-saturée, prenant en compte les hétérogénéités du sous-sol, notamment<br />

naturelles, à l’échelle de l’ouvrage urbain. Cette étude vise à caractériser à cette échelle les hétérogénéités<br />

sédimentaires et hydrodynamiques du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> de l’Est lyonnais, afin d’évaluer l’influence de ces<br />

hétérogénéités sur l’écoulement en zone non-saturée. Par une approche <strong>hydrogéophysique</strong>, couplant une<br />

caractérisation sédimentologique des structures et textures sédimentaires, une investigation géophysique par<br />

radar géologique et panneau électrique, et une caractérisation des propriétés hydrodynamiques, un modèle<br />

hydrostratigraphique tridimensionnel du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> a été défini au niveau d’une parcelle<br />

élémentaire d’un bassin d’infiltration d’eaux pluviales. Ce modèle traduit l’hétérogénéité sédimentaire et<br />

hydrodynamique à l’échelle de l’hydrofaciès. Des mesures de teneurs en eau à trois profondeurs dans le<br />

<strong>dépôt</strong>, couplée à une modélisation numérique des écoulements non-saturés à partir du modèle hydrostratigraphique,<br />

a permis d’évaluer le comportement hydrodynamique du <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong> lors d’une phase<br />

d’infiltration. Les résultats montrent l’influence de la saturation initiale du <strong>dépôt</strong> sur les écoulements dans la<br />

zone non-saturée. L’hétérogénéité de l’écoulement est notamment associée à la présence de chemins<br />

préférentiels. L’approche <strong>hydrogéophysique</strong> utilisée est prometteuse pour la caractérisation<br />

hydrostratigraphique de <strong>dépôt</strong>s sédimentaires hétérogènes.<br />

Mots-clés : bassin d’infiltration, <strong>dépôt</strong> <strong>fluvioglaciaire</strong>, écoulements préférentiels, Est lyonnais, hétérogénéités,<br />

hydrofaciès, <strong>hydrogéophysique</strong>, Hydrus2D/3D, lithofaciès, modélisation d’écoulement, radar géologique,<br />

résistivité électrique, zone non-saturée<br />

Hydrogeophysical characterization of a glaciofluvial deposit. Evaluation of the effect of<br />

hydraulic heterogeneity on unsaturated flows.<br />

Abstract<br />

The increasing urbanization generates an anthropogenic pressure on subsoil and water resources. Their<br />

sustainable management requires a better understanding of water flows in the vadose zone, taking into<br />

account their heterogeneities, in particular natural, at the local scale. This study aims at characterizing at this<br />

scale the sedimentary and hydraulic heterogeneities of the glaciofluvial deposit located east of Lyon, in order<br />

to evaluate the influence of these heterogeneities on the unsaturated flows. By a hydrogeophysical approach,<br />

relying on a sedimentological characterization of the sedimentary structures and textures, a geophysical<br />

investigation using ground-penetrating radar and electrical resistivity, and a characterization of the hydraulic<br />

properties, a three-dimensional hydrostratigraphic model of the glaciofluvial deposit was defined on a<br />

reduced zone of a stormwater infiltration basin. This model shows the sedimentary and hydraulic<br />

heterogeneities at the hydrofacies scale. Measurements of water contents at three depths in the glaciofluvial<br />

deposit, coupled to a numerical modeling of the unsaturated flow from the hydrostratigraphic model, allowed<br />

to evaluate the hydraulic behavior of the glaciofluvial deposit during an infiltration. The results show the<br />

influence of the initial saturation of the deposit on the unsaturated flows. Heterogeneous flows are linked to<br />

preferential flow paths. The hydrogeophysical approach followed in this study is promising for the<br />

hydrostratigraphic characterization of heterogeneous sedimentary deposits.<br />

Keywords : stormwater infiltration basin, glaciofluvial deposit, preferential flows, East of Lyon,<br />

heterogeneities, hydrofacies, hydrogeophysics, Hydrus2D/3D, lithofacies, water flow modelling, groundpenetrating<br />

radar, electrical resistivity, vadose zone

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