Tectonics of Africa; Earth sciences; Vol.:6; 1971 - unesdoc - Unesco
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2. L’épisode sédimentaire et volcanique du nigritien-<br />
Tagengant se termine par une importante phase orogénique.<br />
Elle existe aussi dans l’Anti-Atlas et dans la dorsale Reguibate.<br />
Fait curieux, elle n’a presque pas laissé de traces parmi<br />
les âges radiogéniques rajeunis. Raisonnablement, elle devrait<br />
se placer entre 950 et 850 Ma. De tels âges ne sont guère<br />
fréquents parmi les roches rajeunies de l’Ahaggar ou de<br />
l’Anti-Atlas. On devra peut-être en conclure que le néocraton<br />
pharusien n’avait pas subi à cette époque de réchauffement<br />
“<br />
thermo-tectonique” notable. Pourtant une schistosité s’est<br />
développée localement non seulement dans les bassins de<br />
“<br />
poudingues pourprés” mais aussi dans le pharusien épimé-<br />
tamorphique et déjà intensément plissé (R. Caby et H.<br />
Moussu, 1968).<br />
3. Le fonctionnement du sillon Ouallen - Bled el Mas<br />
reprendra après la phase tectonique postnigritienne. 11 s’y<br />
déposera des grès fins et pélites des séries d’Ouallen - In Semmen.<br />
On sait que pendant cette époque le golfe de l’adoudounien<br />
inférieur à sédimentation dolomitique s’installe dans<br />
l’Anti-Atlas et que le vaste bassin de Taoudenni qui recouvre<br />
la moitié de l’Afrique occidentale reçoit une sédimentation<br />
détritique comportant localement des épisodes calcaires à<br />
stromatolites du type du groupe d’Atar (pa2 de la Carte<br />
tectonique).<br />
4. La phase tectonique anté-tillites bien connue dans<br />
toute l’Afrique occidentale, interrompt le fonctionnement<br />
normal du sillon Ouallen - Bled el Mas et détermine la discordance<br />
cartographique de la tillite IV sur les séries d’Ouallen<br />
et d’In Semmen. Datée sur le pourtour du bassin de Taoudenni<br />
de 650 à 620 Ma, cette phase n’est autre que le contrecoup<br />
de la phase katanguienne (uraninites de Shinkolobwe,<br />
620 Ma). Malgré ses effets apparemment bien plus faibles<br />
queceux dela phase post-nigritienne, cette phase a provoqué<br />
un important rajeunissement des roches de l’Ahaggar central<br />
et oriental (30 % des roches rajeunies mesurées).<br />
5. L’activité du sillon des “poudingues pourprés” ne<br />
s’arrête pas pour autant. 11 recoit d’abord une puissante tillite<br />
puis des dépôts gréseux pourprés. Cette fois-ci c’est l’équivalent<br />
lointain de l’adoudounieii supérieur (série lie de vin et<br />
série des calcaires supérieurs) et probablement du cambrien<br />
inférieur du Maroc.<br />
6. Le fonctionnement du sillon va enfin être définitivement<br />
arrêté par la phase baïkalienne, survenue à la fin du<br />
cambrien inférieur (550 Ma). R. Caby et H. Moussu qualifient<br />
ce plissement de moins intense que celui de la phase<br />
post-nigritienne (1968). Son intensité est maximale selon les<br />
axes des bassins. Il détermine une nouvelle surrection des<br />
zones séparant les bassins, bordés par de grands accidents<br />
méridiens. Néanmoins l’intensité des rajeunissements est plus<br />
faible que précédemment (15 à 20 % des roches rajeunies mesurées).<br />
C’est sans doute cet épisode qui est responsable du rejeu<br />
très important des accidents méridiens, dont certains joueraient<br />
en décrochements notables (R. Caby, 1968). En particulier,<br />
il faut citer l’accident de 4” 50’ qui borde à l’est le<br />
grand fossé pharusien. C’est surtout l’Ahaggar central et<br />
oriental qui a été exhaussé. L’érosion parvient à y enlever<br />
une tranche de plusieurs dizaines de kilomètres de hauteur.<br />
Ahaggar (Sahara central)<br />
Ainsi, au moment de la transgression des grès des Tassilis,<br />
tous les volcans nigritiens de cette zone sont depuis longtemps<br />
arasés et les couches pr<strong>of</strong>ondes plus ou moins rajeunies du<br />
bâti plissé et granitisé de l’Ahaggar sont décapées et mises à<br />
nu.<br />
7. Dorénavant (à partir de la date de i 550 Ma) nous<br />
retrouvons le régime de sédimentation de la couverture de<br />
plate-forme. Le néocraton et les sillons remplis par les poudingues<br />
pourprés sont définitivement aplanis. Sur cette surface<br />
étudiée et décrite par les géologues pétroliers (S. Bœuf<br />
el al., 1967-1968) se déposeront les grès des Tassilis.<br />
Malgré l’avis contraire de P. Legrand (1964), il semble<br />
que les grès du cambrien moyen existent bien à la base de<br />
cette série gréseuse. En effet une faunule du Tremadoc a été<br />
récemment découverte dans ces grès. Elle est précédée d’une<br />
discontinuité de sédimentation qui sépare donc l’ordovicien<br />
du cambrien moyen et correspond au laps de temps de 525-<br />
500 Ma. Ce sont précisément les dates qui caractérisent l’épisode<br />
tectonique damarien (T. N. Clifford, 1967), dont les<br />
maximums se situent vers 525-500 (ou même 475 Ma). Ils<br />
correspondent aux phases européennes “vendéenne” et<br />
“sarde” (baïkalien tardif ou salaïr). Le rajeunissement provoqué<br />
par l’épisode damarien a été particulièrement intense<br />
(40% des roches analysées). I1 est tout à fait disproportionné<br />
avec l’effet saisissable de cette phase (ou de ces phases) qui,<br />
comme nous l’avons dit, se traduit par la lacune du potsdamien<br />
et à peine une légère discordance à la base du Tremadoc.<br />
I1 faut penser qu’au contraire le flux thermo-tectonique a été<br />
particulièrement important et avait un caractère très général.<br />
8. Les phases calédoniennes (et plus particulièrement<br />
la phase taconique) déterminent des lacunes de sédimentation<br />
ou font naître des discordances internes au sein de la<br />
couverture tassilienne. La plus importante est la discordance<br />
“<br />
intra-caradocienne”, qui, d’après J. Destombes (1968), se-<br />
rait “intra-Ashgill”. Elle se situe à la base des tillites de la fin<br />
de l’ordovicien et date d’environ 440 Ma.<br />
Conclzrsion<br />
Cette rapide énumération des phases orogéniques successives<br />
qui se sont échelonnées dans l’Ahaggar au cours du précambrien<br />
supérieur et du paléozoïque inférieur nous éclaire,<br />
sinon sur le mécanisme du rajeunissement (qui est sans doute<br />
de nature thermo-métamorphique), tout au moins sur ses<br />
étapes.<br />
1. Le mouvement post-nigritien ( 5 900 Ma) qui a plissé l’ensemble<br />
nigritien-Tagengant et a arrêté l’évolution des volcans<br />
nigritiens n’a pas provoqué de rajeunissements<br />
notables.<br />
2. Par contre, la phase katanguienne (650-620 Ma) ou phase<br />
anté-tillites, dont les effets tectoniques passent presque<br />
1. Dans les chapitres ultérieurs, nous appellerons ces formations de comblement<br />
du précambrien supérieur (anté-tillites) “série I”. Les dépôts post-tillites<br />
seront désignés par le terme de ‘‘série 2”. Enfin la ‘‘série 3” ne sera autre que<br />
le “cambro (?)-ordovicien” de Taoudenni ou des Tassilis.<br />
2. Dans tout le bassin méditerranéen ainsi qu’au Maroc le cambrien supérieur<br />
n’existe pas. Le cambrien inférieur est suivi de schistes, puis de grès du cam-<br />
brien moyen, qui d’ailleurs n’atteignent pas le sommet de cet étage.<br />
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