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Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

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Arrogant. Voilà mon histoire. Il faut la croire, parce qu’elle est vraie.<br />

— Je te crois, répondit <strong>Perceval</strong>, mais je veux que tu me dises encore autre chose. Tu m’as parlé d’un<br />

mont surmonté d’un tertre où loge un serpent. Où se trouve-t-il ? – Ce n’est pas difficile, répondit<br />

l’homme noir et borgne. Je vais te compter les journées de voyage qui nous en séparent et t’expliquer<br />

comment le rejoindre. <strong>Le</strong> jour où tu partiras d’ici, tu arriveras avant la nuit à la cour des enfants du Roi<br />

des Souffrances. – Pourquoi les appelle-t-on ainsi ? – Je vais te l’expliquer. Ladite cour des enfants du<br />

Roi des Souffrances est située près d’un lac et d’une montagne. Des flancs de la montagne surgit un<br />

dragon qui vient se baigner chaque jour dans le lac. Or, ce dragon tue les enfants du Roi des Souffrances<br />

une fois par jour. – Je n’entends rien à ce que tu me contes ! – C’est pourtant ainsi. De là, si tu peux en<br />

partir, tu te rendras à la cour de la Comtesse des Prouesses. – En quoi consistent les prouesses dont se<br />

vante cette comtesse ? – Je vais te le dire. Sa maison se compose de trois cents hommes. À tout étranger<br />

qui survient, on raconte les prouesses de la famille. <strong>Le</strong>s trois cents hommes sont assis le plus près<br />

possible de la comtesse, non par manque d’égards pour les hôtes, mais afin d’exposer eux-mêmes les<br />

prouesses de sa maison. Et ces prouesses sont nombreuses. Chacun des hôtes doit les entendre avant<br />

d’être admis à la table de la comtesse. Ensuite, le jour où tu partiras de là, tu iras au Mont Douloureux<br />

dont on t’indiquera le chemin. Là, autour de ce Mont Douloureux, tu verras trois cents pavillons où sont<br />

établis les trois cents hommes qui montent la garde autour du serpent, attendant le moment favorable pour<br />

le tuer et pour s’emparer de la pierre qui prodigue autant d’or qu’on en veut. Voilà, seigneur, je t’ai dit<br />

tout ce que tu m’avais demandé de te révéler. – N’as-tu plus rien d’autre à me dire ? demanda <strong>Perceval</strong>. –<br />

Non, répondit l’homme noir, et c’est là pure vérité. – Dans ce cas, dit <strong>Perceval</strong>, je ne vois pas pourquoi<br />

tu vivrais plus longtemps. Tu as été un fléau pour tous les habitants de cette région, tu les as volés et<br />

massacrés sans pitié. Je vais faire en sorte que tu ne puisses plus jamais nuire à personne. » Et, sans<br />

hésiter, <strong>Perceval</strong> le tua en lui faisant voler la tête.<br />

La jeune fille qui avait parlé la première et qui lui avait révélé le sort qui l’attendait, lui dit alors :<br />

« Seigneur, si tu étais pauvre en venant ici, désormais, grâce au trésor du Noir Arrogant que tu viens de<br />

tuer, tu seras riche et puissant. Il possédait des terres abondantes en moissons et en gibiers de toutes<br />

sortes. Ces terres t’appartiennent, tu peux en disposer à ta guise. Au demeurant, n’as-tu pas remarqué<br />

quelles belles et avenantes filles se trouvent dans cette maison ? Tu pourras leur faire la cour et choisir<br />

celle qui te plaira le plus. – Je te remercie, jeune fille, répondit <strong>Perceval</strong>, mais je ne suis pas venu de<br />

mon pays pour prendre des richesses ni pour choisir femme. Au surplus, je vois ici des jeunes gens<br />

aimables : que chacune de vous prenne celui qu’elle considère comme le meilleur. Je ne veux aucun des<br />

biens de ce pays, je n’en ai pas besoin. Partagez-les entre vous et soyez heureux, tel est mon souhait le<br />

plus cher. »<br />

<strong>Le</strong> lendemain, <strong>Perceval</strong> prit donc congé de la jeune fille et se dirigea tout droit vers la cour des enfants<br />

du Roi des Souffrances. En y entrant, il n’aperçut que des femmes qui, assises dans une grande salle, se<br />

lamentaient. En le voyant, elles se levèrent et, non contentes de lui souhaiter la bienvenue, l’invitèrent à<br />

s’asseoir parmi elles. Mais il n’osa leur demander pourquoi elles se lamentaient. Pourtant, il se souvenait<br />

avec amertume du soir où il se trouvait chez le Roi Pêcheur et où tous les habitants de Corbénic se<br />

lamentaient de même en voyant passer la Lance qui saigne. Un si grand trouble le saisit qu’il n’entendait<br />

même pas ce que les femmes lui disaient.<br />

Il était là déjà depuis un certain temps quand il vit entrer dans la salle un cheval avec un cadavre en<br />

travers de la selle. L’une des femmes se leva, s’empara du cadavre et l’emporta jusqu’à une cuve qui se<br />

trouvait sur un feu de bois et dans laquelle bouillait un liquide. Elle y plongea le cadavre avant de lui<br />

appliquer un onguent qu’elle tirait d’un pot. Au bout d’un moment, <strong>Perceval</strong> vit le corps bouger et se<br />

redresser. L’homme qu’il avait vu mort sortit de la cuve, le salua, lui fit joyeux visage et s’en fut comme<br />

si de rien n’était. Peu après, deux cadavres arrivèrent de même, à dos de cheval, et la femme les ranima à

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