Cougaï - Damien Verhamme

poli demandant des explications. Aucune réponse.
Au moment de commander j’ai eu une violente envie de
vodka.
A la table près du chauffage, Koralie sirotait un blanc cassis.
Deux mecs l’accompagnaient. A son sourire il ne faisait
aucun doute qu’elle finirait sa nuit dans les bras de l’un des
deux, un type genre baroudeur-looser dont certaines femmes
raffolent. Je le connaissais vaguement mais j’étais incapable
de me rappeler son nom. Ça devenait la mode chez moi
depuis quelques temps. Impossible de me souvenir du nom
des gens. C’est que ça ne devait pas être d’une importance
vitale.
Je n’ai pas eu le culot de dire à Koralie qu’elle m’avait fait
bander pendant quelques mois. A quoi bon, c’était terminé
depuis que Didier m’avait soufflé :
— Koralie est bien mais elle a un gros cul !
C’était peut-être vrai, mais bon, Didier avait bien une gueule
d’ahuri et moi on ne peut pas dire que je possédais le corps
d’un jeune éphèbe.
Elle me fait penser à Virginie, Koralie, mais en moins bien.
Je me suis cassé sans rien dire. J’ai fait signe à Dominique
de mettre la vodka sur mon compte. Dans la GS, j’ai mis la
musique à fond. Otis Redding Live. La fameuse tournée
Stax en Europe au printemps 1967. J’ai failli percuter une
Honda Civic jaune qui venait de ma droite. Le conducteur
klaxonna comme un damné. Je lui répondis en faisant le
signe de la croix. Dieu est amour mon fils. J’adore jouer au
Pape dans sa voiture blindée. Ça devait être un pro du
volant. Un autocollant Ayrton Senna Touch sur son parebrise
arrière me le confirma pendant six cents mètres. Au
feu il vira à gauche. J’ai continué direction chez moi.
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