Cougaï - Damien Verhamme

qui elle devait emménager le lendemain, qui a réussi à prévenir
la police. Elles avaient rendez-vous pour faire quelques
achats. Des draps, des chemises de nuit, un percolateur et
un grille-pain. Ça semblait être la journée de l'électroménager.
Ne la voyant pas sortir de l’immeuble, l’amie avait osé franchir
la porte de l’atelier bien que Pascale Bagand (nom et prénom
de la femme de ménage) le lui avait toujours formellement
interdit. Ordre strict de l’artiste propriétaire des lieux. Depuis
(l'histoire s'est passée hier entre quinze heures et seize
heures) l'institutrice se trouve hospitalisée en état de choc
profond dans une clinique à l’est de la ville.
Le soir même, on arrêta Stéphane Kalosse, un de mes voisins,
au Sbang's où il travaille comme plongeur le week-end.
Spontanément, il avoua aux enquêteurs sans montrer la
moindre réticence, puis il se plongea dans un silence abyssal.
Chez lui (son atelier se trouvant en bas de la ville), les
enquêteurs ont trouvé sur la table de cuisine un manuscrit
complet détaillant minutieusement la préparation de ce que
l’auteur semblait considérer comme la quintessence de son
travail artistique. L'œuvre d'art absolue.
Dans le premier four se trouvaient deux pieds, dans le
second deux mains, dans le troisième un cœur, dans le quatrième
une tête sans les yeux et dans le dernier le reste d’un
minuscule corps de sexe féminin. Un polaroïd noir et blanc
scotché sur chaque four précisait le contenu initial, avant
l’implosion.
Stéphane Kalosse, trente-deux ans, était le père de Katy.
D’après le médecin légiste, elle avait entre cinquante-six
jours et quatre heures et cinquante-six jours et cinq heures
au moment de son décès. D’après l’inspecteur, les médecins
légistes racontent n’importe quoi.
La veille de son intervention, Stéphane Kalosse m’avait
emprunté quatre mètres de fils électriques ainsi que quelques
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