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1 Fonder le symbolique? Sur la mort et la loi1 ... - Université Laval

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échappe à chaque instant de vie des <strong>mort</strong>els car ils ne vivent jamais vraiment un seul instant comme <strong>mort</strong>els.<br />

De tous <strong>le</strong>s savoirs que l’homme peut détenir sur lui-même celui-ci est <strong>le</strong> plus répandu, <strong>le</strong> plus certain<br />

: tous <strong>le</strong>s hommes meurent, voilà bien par exemp<strong>le</strong> une des vérités <strong>le</strong>s plus fondamenta<strong>le</strong>s du sens<br />

commun. Mais en même temps chacun pour lui-même, au plus profond de sa psyché, se croit im<strong>mort</strong>el <strong>et</strong><br />

vit comme tel dira Lacan. La psychanalyse ne peut pas entériner <strong>le</strong> savoir du sens commun sur ce suj<strong>et</strong>,<br />

pas plus que sur d’autres, par exemp<strong>le</strong> <strong>la</strong> croyance qu’il y a des hommes <strong>et</strong> des femmes. El<strong>le</strong> ne peut pas<br />

non plus endosser une position philosophique -sur <strong>le</strong> thème de <strong>la</strong> <strong>mort</strong>- qui s’inspirerait de Hegel <strong>et</strong> Heidegger<br />

sous prétexte qu’ils assoient définitivement <strong>la</strong> philosophie athée de <strong>la</strong> <strong>mort</strong> dont el<strong>le</strong> a besoin. En<br />

analyse on analyse des croyances. La croyance selon <strong>la</strong>quel<strong>le</strong> on va mourir doit être considérée comme<br />

une croyance <strong>et</strong> plus précisément une croyance spécifique de l’ego. Mais par ail<strong>le</strong>urs l’inconscient fait que<br />

chacun se croit im<strong>mort</strong>el. Il va falloir expliquer comment l’ego peut se représenter <strong>la</strong> <strong>mort</strong> à venir <strong>et</strong> comment<br />

d’une certaine manière il <strong>le</strong> doit alors que l’ inconscient n’est pas simp<strong>le</strong>ment dans une ignorance de<br />

<strong>la</strong> <strong>mort</strong> mais bien au contraire dans un savoir qui <strong>la</strong> nie. C’est précisément en tant qu’intériorisation non<br />

consciente du discours commun, du « on-dit », que <strong>le</strong> moi apprend qu’il doit mourir. Et il peut se savoir<br />

<strong>mort</strong>el, en dépit de son désir d’im<strong>mort</strong>alité, parce que <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> l’iso<strong>le</strong> <strong>et</strong> que par <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> il peut se<br />

représenter comme absent <strong>et</strong> d’autres peuvent <strong>le</strong> faire 16 . C’est l’aliénation fondamenta<strong>le</strong> de l’ego qui explique<br />

maintenant pour Lacan comment <strong>le</strong> on-dit pénètre <strong>la</strong> subjectivité <strong>et</strong> vient contredire <strong>la</strong> croyance<br />

fondamenta<strong>le</strong>ment inconsciente en sa propre im<strong>mort</strong>alité.<br />

Ceci dit on ne peut nier qu’il existe un savoir de <strong>la</strong> <strong>mort</strong>. Le réel de sa propre <strong>mort</strong>, nul<strong>le</strong> subjectivité<br />

n’y peut certes accéder. Mais, pour autant que ce réel est nommé dans <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>et</strong> pris en charge par <strong>la</strong><br />

culture, il est su par <strong>le</strong>s autres. La <strong>mort</strong> de l’autre c’est <strong>le</strong> réel, voire ce qui est capab<strong>le</strong> de creuser « un trou<br />

16 La croyance en <strong>la</strong> <strong>mort</strong>alité est une croyance du moi en tant qu’il est tout entier pétri du on-dit <strong>et</strong> qu'il peut se peprésenter<br />

comma absent au croisement du <strong>symbolique</strong> <strong>et</strong> de l’imaginaire : « Le moi est lui-même un des éléments significatifs du<br />

discours commun, qui est <strong>le</strong> discours inconscient. Il est en tant que tel, en tant qu'image, pris dans <strong>la</strong> chaîne des symbo<strong>le</strong>s. Il<br />

est un élément indispensab<strong>le</strong> de l'insertion de <strong>la</strong> réalité <strong>symbolique</strong> dans <strong>la</strong> réalité du suj<strong>et</strong>, il est lié à <strong>la</strong> béance primitive du<br />

suj<strong>et</strong>. En ce<strong>la</strong>, en son sens originel, il est dans <strong>la</strong> vie psychologique du suj<strong>et</strong> humain l'apparition <strong>la</strong> plus proche, <strong>la</strong> plus<br />

intime, <strong>la</strong> plus accessib<strong>le</strong>, de <strong>la</strong> <strong>mort</strong>. Le rapport du moi <strong>et</strong> de <strong>la</strong> <strong>mort</strong> est extrêmement étroit, car <strong>le</strong> moi est un point de<br />

recoupement entre <strong>le</strong> discours commun, dans <strong>le</strong>quel <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> se trouve pris, aliéné, <strong>et</strong> sa réalité psychologique. Le rapport<br />

imaginaire est, chez l'homme, dévié, en tant que là se produit <strong>la</strong> béance par où se présentifie <strong>la</strong> <strong>mort</strong>. Le monde du symbo<strong>le</strong>,<br />

dont <strong>le</strong> fondement même est <strong>le</strong> phénomène de l'insistance répétitive, est aliénant pour <strong>le</strong> suj<strong>et</strong>, ou plus exactement il est<br />

cause de ce que <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> se réalise toujours ail<strong>le</strong>urs, <strong>et</strong> que sa vérité lui est toujours voilée par quelque partie. Le moi est à<br />

l'intersection de l'un <strong>et</strong> de l'autre. » Lacan, Jacques Le moi dans <strong>la</strong> théorie de Freud <strong>et</strong> dans <strong>la</strong> technique de <strong>la</strong> psychanalyse<br />

Séminaire 2, éditions du Seuil, Paris, 1978, p.245.<br />

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