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1 Fonder le symbolique? Sur la mort et la loi1 ... - Université Laval

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dans <strong>le</strong> réel ». C’est ce dont on fait l’expérience avec <strong>la</strong> <strong>mort</strong> du très proche. La <strong>mort</strong> de l’autre est bien<br />

dans ce cas ce terrib<strong>le</strong> savoir de l’impossibilité pour l’autre d’exister avec nous dans ce monde. Il est, si on<br />

s’en tient strictement à <strong>la</strong> définition du réel comme impossib<strong>le</strong>, l’authentique réel, même si comme <strong>le</strong> soulignait<br />

Lacan, ce réel ne pouvait être invoqué de façon pertinente pour <strong>la</strong> <strong>mort</strong> propre parce qu’on accédait<br />

seu<strong>le</strong>ment à l’anticipation imaginaire de c<strong>et</strong>te sienne <strong>mort</strong>. Mais dans chaque culture on assiste à <strong>la</strong> mise<br />

en p<strong>la</strong>ce d’un rituel funéraire <strong>et</strong> d’une symbolisation massive de <strong>la</strong> disparition réel<strong>le</strong> de l’autre. Lacan disait<br />

de <strong>la</strong> <strong>mort</strong> d’un être cher qu’el<strong>le</strong> est un trou dans <strong>le</strong> réel autour duquel pullu<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s formations signifiantes<br />

<strong>et</strong> n’hésitait pas alors à comparer <strong>le</strong>s épreuves du deuil <strong>et</strong> <strong>la</strong> psychose en soulignant que c’est<br />

l’inverse du mécanisme de <strong>la</strong> forclusion qui est à l’œuvre dans <strong>le</strong>s rituels funéraires: ce qui disparaît de<br />

<strong>symbolique</strong> dans <strong>le</strong> réel, ou ce qui est emporté d’investissement <strong>symbolique</strong> avec <strong>le</strong> disparu dans ce trou<br />

du réel, doit réapparaître dans <strong>la</strong> réalité, par <strong>la</strong> médiation du rituel . Mais comme dans <strong>la</strong> psychose <strong>la</strong> profusion<br />

des rites funéraires, <strong>et</strong> plus précisément piacu<strong>la</strong>ires, comme disait Durkheim, témoigne justement à<br />

son tour de ce foisonnement signifiant autour d’un trou dans <strong>le</strong> réel.<br />

On peut dire, comme <strong>le</strong> soulignait Denis Duclos, que <strong>la</strong> <strong>mort</strong> est en même temps pour ceux qui par<strong>le</strong>nt<br />

l’impossibilité d’exister <strong>et</strong> <strong>la</strong> nécessité définitive à être qu’appel<strong>le</strong> <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> : réduit à un nom sur une<br />

tombe. Le <strong>symbolique</strong> est <strong>mort</strong>ifère en soi perce qu’il appel<strong>le</strong> à se figer dans <strong>le</strong> signifiant. Le vivant par<strong>la</strong>nt<br />

ne totalise son existence que dans sa disparition pure <strong>et</strong> simp<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> <strong>et</strong> c’est pourquoi selon <strong>le</strong>s<br />

anciens <strong>le</strong> <strong>symbolique</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong> ont un étroit rapport avec <strong>la</strong> totalisation de l’existence. La loi de toute<br />

culture est ainsi de préserver ce qui a été porté par un nom de <strong>la</strong> disparition pure <strong>et</strong> simp<strong>le</strong>, de lui éviter <strong>la</strong><br />

seconde <strong>mort</strong> qui est <strong>la</strong> disparition de sa trace signifiante. La première <strong>mort</strong> est bien <strong>la</strong> <strong>mort</strong> réel<strong>le</strong>; mais<br />

el<strong>le</strong> n’est encore pour chacun que <strong>la</strong> première <strong>mort</strong> à <strong>la</strong>quel<strong>le</strong> peut succéder une deuxième <strong>mort</strong>. Le néant<br />

de <strong>la</strong> <strong>mort</strong> qui devrait simp<strong>le</strong>ment équivaloir au néant du non né est bien distingué spontanément dans <strong>la</strong><br />

croyance mythique <strong>et</strong> religieuse sous <strong>la</strong> forme d’une nécessité <strong>symbolique</strong> à être. C’est ainsi que <strong>le</strong> <strong>mort</strong><br />

apparaît aussi à l’homme comme ce qui demande à être reconnu <strong>et</strong> <strong>le</strong> disparu doit être reconnu dans <strong>la</strong><br />

singu<strong>la</strong>rité inactuel<strong>le</strong> de son « avoir-été ».<br />

Toute culture, au sens où <strong>le</strong>s anthropologues en par<strong>le</strong>nt, négocie une part significative du rapport à <strong>la</strong><br />

<strong>mort</strong> pour chacun, mais celui-ci est en même temps constitutif du rapport à soi-même dont par<strong>le</strong> Lacan<br />

dans <strong>la</strong> citation donnée en exergue, il est au fond ce qui singu<strong>la</strong>rise aussi bien ce rapport à soi. La culture<br />

dévoi<strong>le</strong> <strong>et</strong> voi<strong>le</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong> d’un même mouvement car toute culture est à <strong>la</strong> fois un savoir de <strong>la</strong> <strong>mort</strong> <strong>et</strong> un<br />

contournement de ce savoir. De tous <strong>le</strong>s savoirs que l’homme peut détenir sur <strong>la</strong> base du sens commun,<br />

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