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Dossier pédagogique George Dandin - Le Bateau Feu

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<strong>George</strong> <strong>Dandin</strong> de Molière<br />

Mise en scène de Jacques Osinski<br />

<strong>Le</strong> mari, la femme, l’amant...<br />

Molière, toujours Molière, encore Molière...<br />

Pourquoi les comédies du dramaturge du<br />

dix-septième siècle sont-elles toujours<br />

autant montées sur les scènes<br />

contemporaines ? Eh bien, tout<br />

simplement, et on ne cesse de le répéter,<br />

parce que ses textes restent très actuels.<br />

Malgré le classicisme de la langue, malgré<br />

les termes d’argot archaïques, les<br />

"testigué" ou autres "tudieu", que le<br />

spectateur d’aujourd’hui ne comprendrait<br />

pas sans le contexte de l’intrigue, le fond de<br />

celle-ci demeure atemporel. La critique des<br />

caractères, tels que l’avarice, la vénalité, la<br />

jalousie, la satire des mœurs, et notamment<br />

l’adultère dans <strong>George</strong> <strong>Dandin</strong>, ainsi que le<br />

comique purement gestuel des coups de<br />

bâton ou de l’amant caché dans le placard,<br />

fonctionnent aussi bien de nos jours qu’il y<br />

a quatre siècles.<br />

<strong>George</strong> <strong>Dandin</strong> n’est cependant pas la pièce la plus comique de Molière. Elle relève<br />

plus de la grande comédie que de la farce. Extrêmement grinçante, elle stigmatise<br />

les travers de la société de l’époque de Molière : la noblesse se sert des roturiers<br />

pour redorer son blason, mais ne se mélange jamais vraiment avec ce petit peuple<br />

et le méprise d’autant plus qu’elle a besoin de lui. Cette "lutte des classes" est l’un<br />

des thèmes majeurs de la pièce. Redoublée d’une intrigue qui montre la femme de<br />

<strong>Dandin</strong> badiner à sa barbe avec le voisin, un certain Clitandre, noble de sa condition<br />

et possédant donc les mêmes codes langagiers qu’elle, la satire est encore plus<br />

corrosive. On rit de ce pauvre <strong>Dandin</strong>, cocu ridicule, mais on a également pitié de lui<br />

; énervé de le voir sans fin bafoué, on attend en vain un dénouement libérateur.<br />

La mise en scène de Jacques Osinski fait ressortir ces nuances de tons et alterne<br />

justement les scènes légères, où le valet Lubin gaffe et re-gaffe, et les scènes plus<br />

amères où le héros est exclu de sa propre maison, humilié par tous ceux qui<br />

l’entourent, y compris sa bonne. <strong>Le</strong> décor, très contemporain et très froid, fait<br />

ressortir à la fois l’atemporalité de l’histoire et la cruauté de l’univers mis en scène.<br />

Un palier tout de marbre recouvert, une porte d’ascenseur vitrée, un éclairage d’une<br />

blancheur glaciale : le pauvre <strong>Dandin</strong> est condamné à rester dans cet espace peu<br />

chaleureux durant toute la pièce. C’est là que tout se joue, sur le seuil, à la frontière<br />

entre les classes et entre les êtres, qui jamais n’arrivent jamais ni à cohabiter ni à<br />

communiquer. Jacques Osinski réactualise ainsi discrètement la comédie de<br />

Molière, sans la dénaturer ; c’est une réussite.<br />

Caroline Vernisse<br />

Mise en ligne le 01/11/12

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