nouvelle | étoile | Le diable au corps Marianne Farley trouve un premier grand rôle flamboyant dans La Peau blanche. Elle revient sur ce tournage hors norme et sur l’évolution de sa carrière. I JEAN-FRANÇOIS LÉGARÉ Sa fine crinière dorée, ses grands yeux lumineux et le teint laiteux de son visage lui confèrent des allures d’ingénue. Pourtant, à l’approche de la trentaine, Marianne Farley semble se lasser de cette image. «Je suis une fille de paradoxes», laisse-t-elle simplement tomber. Sous les traits de la «petite fille tranquille» se cache en effet une jeune femme au parcours peu conventionnel. Dans une autre vie, bien avant celle du cinéma, c’est dans la peau d’une chanteuse pop que l’interprète principale du film La Peau blanche s’est fait connaître du public québécois. En 1996, elle fait paraître l’album «Histoire sans prénom» dont certaines chansons connaissent un succès instantané. À cette époque, on l’appelle uniquement par son prénom. «Tout a déboulé très vite et le succès a été très difficile à assumer. Et le plus drôle, c’est que je ne suis pas une fille de la pop. J’ai essayé d’assumer cette image de petite fille gentille mais je n’ai pas été capable», confie-t-elle. Le succès est tel que des producteurs français la remarquent et l’invitent à se rendre en Europe pour enregistrer un album qui ne verra finalement jamais le jour. Comme c’est souvent le cas dans le monde éphémère de la musique populaire, sa célébrité n’est qu’un feu de paille. «Avant, je faisais ce métier-là pour être aimée», avoue-t-elle. La dégringolade est donc difficile à encaisser pour la jeune femme qui, à l’époque, n’a que 20 ans. Mais ce coup dur la rend plus forte. Celle qui, depuis, ne se consacre plus qu’au jeu d’acteur, affiche une franchise déconcertante. «Aussi bizarre que cela puisse paraître, je ne me souviens plus vraiment de ma carrière de chanteuse. Maintenant, je fais mon métier par passion et ça ne me dérange plus si on ne m’aime pas», explique-t-elle. C’est le réalisateur Daniel Roby qui lui accorde son premier grand rôle francophone au cinéma. Dans son dernier film, La Peau blanche, elle incarne Claire Lefrançois, une mystérieuse jeune femme au teint clair dont un homme, interprété par Marc Paquet, s’éprend follement sans pourtant savoir pourquoi. Son personnage, «aussi paradoxal» que l’actrice elle-même, est hanté par un lourd secret de famille dont il n’arrive pas à se départir. «Fondamentalement, elle n’est pas capable de s’assumer, elle ne s’aime pas, raconte l’actrice. Au début, Daniel ne me voyait pas dans le rôle. Mais en lisant la description des personnages, je me suis rendu <strong>com</strong>pte que cette fille-là, c’était moi.» Cette «histoire d’amour qui vire à la tragédie» est tournée sans grands moyens, conférant un caractère sobre à la réalisation qui, selon l’actrice, rend l’histoire plus percutante. «Faute de budget, nous n’avions même pas de coiffeur sur le plateau. C’est donc moi qui devais m’arranger les cheveux», rigole-t-elle. La distribution, qui ne <strong>com</strong>pte pratiquement aucune personnalité connue, risque de révéler au public plusieurs nouveaux talents. «Le réalisateur a pris beaucoup de risques avec ce film», affirme celle qui se sent maintenant prête à faire face à l’attention que suscitera sans doute son rôle dès le 9 avril. «Mais la célébrité, j’ai déjà vécu cela. Maintenant, je sais pourquoi je suis là.» famous québec 24 | avril 2004
famous québec 25 | avril 2004 PHOTO: JOCELYN MICHEL POUR FAMOUS QUÉBEC